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IA Thiès Année 2019/2020

Lycée Serigne Amadou Cisse de Pire Classe Tle L


Cellule de français

Esthétique des genres : Le théâtre

I Définition

Etymologiquement, le théâtre vient du mot grec Théa qui signifie action de


regarder et de son dérivé theatron qui désigne le lieu où l’on assiste au
spectacle. En France, le mot, apparu vers 1200, a d’abord désigné le lieu d’une
représentation dramatique. Ce n’est véritablement qu’au XVIIesiècle, en
particulier avec l’abbé d’Aubignac, qu’il s’est enrichi d’un nouveau sens et a
signifié aussi l’art du comédien et celui du dramaturge. Dans son acception, le
mot désigne : l’édifice construit en vue de la représentation dramatique de
tout genre. Exemple le théâtre Daniel Sorano. Par extension et de façon
imagée, le théâtre est le lieu ou il se passe quelle chose. Exemple l’université de
Dakar est souvent le théâtre d’affrontements violents. Il peut aussi désigner
l’entreprise dramatique. Exemple le théâtre français ou Comédie française. Et
enfin le théâtre peut être défini comme l’art visant à représenter devant un
public, selon des conventions variables mais acceptées tacitement une suite
d’événements actions par des personnages vivant et parlant acteurs .cf
Dictionnaire Robert.

II Essai de Classification

La classification nous permettra de rendre compte de la richesse de ce genre :

1 - la tragédie

La tragédie trouve son origine dans l’Antiquité grecque. A cette époque, le mot
désignait un chant religieux dont on accompagnait le sacrifice d’un bouc aux
fêtes de Bacchus. D’ailleurs le mot est un composé de tragos(bouc) et
adein(chanter).Il a été introduit en France au XVIe siècle et était déjà empreint
d’une connotation funeste puisqu’il signifiait  « discours fatal ». Mais ce n’est
qu’au milieu du XVIe siècle que la tragédie devient un genre littéraire défini.
Ainsi dans l’Antiquité, la tragédie est une œuvre lyrique et dramatique en vers ,
représentant à l’aide d’acteurs et de chœurs, quelque illustre infortune
empruntée au mythe ou à l’histoire et propre à exploiter la terreur et la pitié et
à réaliser la catharsis ou purgation des passions chère à Aristote :  « Elle ne se
fait point par un récit mais par une représentation vive qui ,excitant la pitié et
la terreur , purge et tempère ces sortes de passions. C'est-à-dire qu’en
émouvant ces passions, elle leur ôte ce qu’elles ont d’excessif et de vicieux  ;
et les ramène à un état modéré et conforme à la raison  »ARISTOTEPoétique

A l’époque classique la tragédie se caractérise par :- d’illustres personnages :


rois, princes, dieux ; c’est pourquoi Pierre de Ronsard affirme : « la plainte
des seigneurs fut dite tragédie

L’action du commun fut dite comédie »

- des événements exceptionnels, mais vraisembles : la tragédie dénoue sous


nos yeux une crise dont l’issue est presque toujours sanglante car la fatalité
des dieux conduit les personnages à leur perte ; le respect des trois unités, des
bienséances, l’unité de ton : le style noble et l’alexandrin s’imposent. En un
mot la tragédie grecque, comme la tragédie classique au XVIIe siècle,
montrent l’homme en lutte contre le destin .Le héros tragique, soumis à des
forces qui le dépassent, est conduit vers un malheur inéluctable.Il doit susciter
la terreur et la pitié. La tragédie s’achève par la mort d’un ou de plusieurs
personnages. Exemple dans le théâtre classique français au XVIIe siècle, le
héros cornélien est soumis à un dilemme : il est placé face à des impératifs
opposés et inconciliables. Quant au héros racinien, sous l’emprise de la
passion amoureuse à laquelle il ne peut se soustraire, est conduit aux pires
égarements. Cessant de devenir un genre dominant vers la fin du XVIIIe siècle,
l’entre les deux guerres a vu un certain engouement et une renaissance de la
tragédie à travers les œuvres de Giraudoux, Anouilh, Sartre… Cependant la
fatalité n’est plus la règle ; c’est l’absurde qui semble être la loi des
tragédies modernes.

2 La comédie
Le mot est dérivé du latin comoedia, qui signifie « pièce de théâtre ». C’est
doté de ce sens qu’il est apparu dans la langue française en 1361. Au debut
du XVIe siècle il se spécialise et désigne une pièce de théâtre ayant pour but de
divertir. C’est à partir de ce moment que la comédie commence à s’affirmer
comme un genre à part entière distinct de la tragédie et aussi de la farce qui,
selon les doctes, ne relevait pas de la littérature. Au XVI é siècle, le genre se
spécialise et désigne une pièce de théâtre ayant pour but de divertir. Ses
caractéristiques principales sont liées à une fonction à la fois divertissante et
morale. Traditionnellement, elle prétend châtier les mœurs par le rire. C’est
pourquoi elle est souvent satire sociale. Son dénouement est souvent
heureux .elle expose des sujets empruntés à la vie ordinaire et non à l’histoire
ou au mythe. Ses personnages sont souvent fort peu individuels parfois stylisés
jusqu’à la caricature (valets …)

3 Le drame

Le mot vient du grec « drama » qui signifie action théâtrale. Le drame se


présente comme un instrument entre les deux genres. Elle est apte à combler
le vécu d’une société nouvelle. On met en avant la profession du négociant.

Le drame bourgeois est né en réaction contre la tragédie classique et ses


règles. Au XIX siècle le drame bourgeois a pour objectif de se libérer de ces
règles en proposant un mélange des genres pour la recherche de la vérité
intégrale.

III Essence du théâtre

Le théâtre est un genre littéraire très particulier. A la différence du roman qui


se consomme dans le creuset d’une lecture individuelle ou de la poésie, il n’est
le fait exclusif de la littérature. Le texte dramatique n’est pas fait spécialement
pour être lu mais joué. C’est présentement en fonction du jeu théâtral qu’il est
élaboré. En effet le théâtre est une création collective avec des acteurs et un
metteur en scène. Ces éléments réunis, le public peut alors apprécier.

IV Fonctions du théâtre
Le théâtre a joué un rôle social important depuis l’Antiquité et continue de
le jouer de nos jours. Ainsi nous allons dégager quelques unes de ses fonctions.

1 la fonction didactique

A toute époque on a assigné au théâtre un rôle majeur celui d’enseigner,


d’illustrer une morale, voire une politique. Dans le théâtre, l’on retrouve les
grands problèmes moraux de l’humanité. C’est ce qui a poussé Diderot a
affirmé : « le théâtre vit de morale  …Toute grande œuvre dramatique
suppose une question de morale et la suggère  ». Marmontel de
renchérir : « le grand art d’être utile aux hommes, c’est de tourner les plaisirs
au profit des mœurs ». Au delà de la fonction didactique basée sur la morale,
le théâtre assure une fonction politique. On retrouve cette fonction dans
beaucoup de pièces du XIXe siècle. C’est ainsi que le théâtre romantique se
charge de sous-entendus révolutionnaires ou libéraux. On retrouve ces idées
dans Ruy Blas d’Hugo de même que dans Hernani. Cette question va se
prolonger au XXe siècle à travers l’engagement. C’est l’exemple de Les mains
sales de Sartre.

2 La fonction miroir

Etant une représentation, l’une des fonctions essentielles du théâtre est d’offrir
à l’homme une image révélatrice du monde et de lui même. Il assure la même
fonction de miroir que le roman pour paraphraser Stendhal. C’est pourquoi
William Shakespeare affirme : « l’objet du théâtre a été dés l’origine et
demeure encore de présenter pour ainsi dire un miroir à la nature et de
montrer à la vertu son portrait, à la niaiserie son visage et au siècle même et
à la société de ce temps quels sont leurs aspects et leurs caractères  ». Le
théâtre est ainsi miroir de l’homme ; de ce fait il est privilégié pour explorer
l’âme humaine, les ressorts de sa psychologie. C’est ce qui fait dire à Victor
Hugo : «  Le theatre est un point d’optique.Tout ce qui existe dans le monde
,dans l’histoire, dans la vie , dans l’homme, tout doit et peut s’y réfléchir ,
mais sous la baguette magique de l’art ».Le théâtre peut refléter le destin de
l’homme. De par sa dimension symbolique et particulièrement par la tragédie,
le théâtre peut exprimer avec force l’affrontement de l’homme avec son destin.
Le théâtre sert alors de moyen révélateur : « Le théâtre est fait pour
apprendre aux gens qu’il y’a autre chose que ce qui se passe autour d’eux,
que ce qu’ils croient voir ou entendre, qu’il y’a un envers à ce qu’ils voient,
l’endroit des choses et des êtres, pour les révéler à eux-mêmes. », selon Louis
JOUVET. Le théâtre sert à exorciser nos démons, à conjurer le sort de nos
destinées.

Mais si le théâtre est un miroir, de surcroit une œuvre d’art, comme toute
œuvre d’art il ne se contente pas de reproduire platement la réalité. Selon A
Vigny « l’art c’est la vérité choisie  ».Ainsi le théâtre peut être un miroir
déformant. D’où le paradoxe souligner par V. Hugo « Le théâtre n’est pas le
pays du réel  : il y’a des arbres de carton, des palais de toile, un ciel de
haillons, de diamants de verres, de l’or clinquants, du fond sur la pêche, du
rouge sur la joue, un soleil qui sort de dessous terre. C’est le pays du vrai : il
y’a des cœurs humains sur la scène, des cœurs humains dans la coulisse, des
cœurs humains dans la salle. »

3 la fonction cathartique

Selon J. L Barrault « le théâtre est le premier sérum que l’homme ait inventé
pour se protéger de la maladie de l’angoisse.Partant de cette conception, le
théâtre assure et assume une fonction cathartique aussi bien pour l’auteur que
le spectateur. La catharsis de l’auteur apparait dans l’expression de ses
fantasmes intérieurs. Ce qui fait dire à E. Ionesco que «  Le théâtre est pour
moi la projection sur scène du monde du dedans  ; c’est dans mes rêves, dans
mes angoisses, dans les désirs obscurs, dans les contradictions extérieures
que pour ma part, je réserve le droit de prendre cette matière théâtrale  ».

4 la fonction ludique

La première fonction primordiale et naturelle du théâtre est avant tout de


divertir. Le théâtre est un spectacle qui enchante les sens et l’esprit. C’est ce
qui fait dire a J. Giraudoux que « le théâtre n’est pas un théorème mais un
spectacle ».

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