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IA Thiès Année 2019/2020

Lycée Serigne Amadou Cissé de Pire Classes : Tle


M. SARR

Cours sur le surréalisme


Introduction
Les bouleversements intervenus dans la première moitié du XXe siècle vont pousser l’homme a
reconsidéré ses rapports avec le réel. En rupture de repères, il cherche à recréer une nouvelle société
en faisant une table rase sur les toutes valeurs préexistantes : la morale, la culture, la religion la
politique. C’est dans ce contexte de siècle tourmenté avec la grande boucherie de la première guerre
mondiale que naitra le surréalisme. Né dans un contexte particulier le surréalisme a eu des précurseurs
immédiats et lointains. Il est marqué par des principes et des techniques d’écriture nouveaux qui vont
lui permettre de mener une révolution dans tous les domaines mais aussi d’explorer des thèmes
I origine définition et histoire du mouvement
Entre 1919 et 1930, les grands principes du mouvement sont posés. Héritiers de la première guerre
mondiale et du mouvement Dada, le surréalisme s’est manifesté à travers des tracts et des textes. Ainsi
Breton définit le surréalisme comme : « Automatisme psychique pur par lequel on se propose
d’exprimer, soit verbalement, soit de toute autre manière le fonctionnement réel de la pensée.
Dictée de la pensée en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, de toute préoccupation
esthétique ou morale. Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines
formes d’associations négligées jusqu’à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la
pensée ». Mais les surréalistes ont eu à s’inspirer de certains auteurs ou mouvements antérieurs
Des inspirateurs romantiques et symbolistes
Le surréalisme fut inspiré par le romantisme et le symbolisme. En effet Apollinaire un des
précurseurs du surréalisme fut un des plus grands poètes romantiques avant de s’en détacher,
dénonçant sa constance intellectuelle. Il publie Alcools et Calligrammes, œuvres révolutionnaires par
leur style et leur composition. Apollinaire inventa aussi le nom du futur mouvement dont André
Breton sera le chef de file : le "super-réalisme". De même Celaya Gabriel, poète romantique espagnol,
va être un autre inspirateur des surréalistes et s'en fera partisan à travers son recueil de poèmes intitulé
Marée de Silence (1935). Si les poètes romantiques ont eu à inspirer le surréalisme, il en est de même
avec les symbolistes. Gérard de Nerval eut également une influence conséquente sur le Surréalisme :
dans la plupart de ses œuvres, il insistait sur la signification des rêves. Le rêve est devenu un des
fondements du surréalisme. De plus, il évoque dans Les Filles du Feu "L’état de rêverie super-
naturaliste" que l’on retrouve dans Chimères. Ses œuvres se caractérisaient par une "exploration
poétique des frontières incertaines du rêve et du réel". Arthur Rimbaud, poète précoce, abandonna à
l’aube de ses 20 ans la poésie après avoir révolutionné le genre. Par son attachement au renouveau, il
fut l’objet d’une totale admiration de la part des surréalistes. Sa formule « je est un autre » sera la
quête surréaliste. Le poète symboliste Mallarmé les inspira également, et en particulier Breton et
Soupault qui rédigèrent ensemble Les Champs Magnétiques en 1919 : leur texte se basait sur les
découvertes de Freud, mais aussi sur le leitmotiv de Mallarmé, "rendre un sens plus pur au mot de
tribu". Cet ouvrage fut le premier livre véritablement surréaliste.
. De l'influence du Dadaïsme
Le mouvement surréaliste provient d’un autre mouvement appelé dadaïsme. Ces deux mouvements
virent le jour durant la période de l’entre-deux guerres. Tous deux sont caractérisés par des idées
révolutionnaires. C’est en 1922 qu’André Breton rompit avec Tzara. Certains dadaïstes se détachèrent
alors du mouvement pour en former un autre qui prit son indépendance en 1924 avec la publication du
Manifeste du Surréalisme d’André Breton.
Malgré cette rupture, le Surréalisme fut très influencé par le dadaïsme. Il conserve tout d’abord les
préoccupations dada : la spontanéité, l’inattendu, le subconscient, l’outrageant, l’irrationnel, la révolte
etc. Le mouvement dadaïste cherchait à renverser toutes les contraintes traditionnelles : le Surréalisme
s’inspira de cela mais de façon beaucoup moins radicale.
Ce qui parait être le point commun essentiel entre les deux mouvements est qu’ils dénonçaient
l’arrogance rationaliste de la fin du XIX° siècle, mise en échec par la guerre. Même si l’influence du
dadaïsme sur les surréalistes fut certaine, ces-derniers insistaient sur le fait que leur mouvement
rejetait le nihilisme extrémiste : ils étaient moins anti-intellectuels, et désiraient enfin reconstruire des
valeurs positives.
. De l'influence de la psychanalyse
Le Surréalisme s'inscrit dans le monde contemporain par une de ses principales sources
d'inspiration : la psychanalyse et les travaux du docteur Freud, qui furent connus en France dès le
début du XX° siècle. André Breton, le "pape du Surréalisme" fut le premier à s’inspirer de la
psychanalyse grâce à sa correspondance avec Théodore Fraenkel mais surtout grâce à ses études en
médecine à l’hôpital neurologique de Saint-Dizier. De 1900 à 1930, les surréalistes accèdent à
l’essentiel des concepts Freudiens grâce au psychiatre Hesnard et à Breton. Mais Breton ne voulut pas
en rester là et essaya de transposer la psychanalyse en poésie : il invente l’automatisme à association
libre. A partir de 1920 se démocratisent les "sommeils hypnotiques". Les surréalistes très intéressés
par ce nouveau procédé aident donc Hesnard à le théoriser et obtiennent en retour le soutien
scientifique de leurs propres travaux. Mais le Surréalisme a également influencé lui-même la
psychanalyse, notamment grâce à Dali et son concept de "paranoïa critique" qu’il développe dès 1930.
Lacan reconnaît alors que les travaux des surréalistes sont pertinents et adopte dans sa thèse la position
de Dali, Eluard et Breton concernant la paranoïa. Nous pouvons donc dire que ces deux mondes se
sont influencés mutuellement, aboutissant à l'invention de techniques originales.
II Principes et techniques d’écriture du surréalisme
Le surréalisme de par sa nature révolutionnaire et subversive est marqué par des principes et des
techniques d’écriture novateurs. Ainsi les principes surréalistes sont basés sur l’exploration de
l’inconscient et en relation avec la psychanalyse. Pour explorer cet inconscient, André Breton définit
une méthode d’écriture: l’écriture automatique. Elle consiste à écrire sous la dictée de l’inconscient
ou du hasard des phrases que la raison n’aurait jamais produites. L’autre principe qui découle du
premier est l’appel au rêve. Pour les surréalistes, le songe pourrait être la solution aux grandes
questions de la vie. Ainsi les surréalistes, qui veulent libérer l’imagination, pensent qu’il existe un
lien étroit entre la vie psychique et le monde extérieur : « Je crois à la résolution future de ces deux
états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité
absolue, de surréalité », écrit Breton. De même l’humour est l’un des principes premiers du
surréalisme. C’est une façon de préférer du plaisir au principe de réalité. Enfin l’un des principes
majeurs du surréalisme est la remise en cause des valeurs établies et l’esprit de révolte car après le
traumatisme de la guerre, les écrivains surréalistes refusent l’ordre établi, les conventions sociales
Pour mettre en évidence ces principes, les surréalistes expérimentent des techniques d’écriture autre
que l’écriture automatique. Il s’agit entre autre du cadavre exquis, du jeu des définitions, de
l’écriture sous hypnose.
III La révolution surréaliste
Le surréalisme : révolte contre la société et la culture
Au lendemain de la première un groupe de jeune en désaccord avec la guerre ont critiqué sans
complaisance la société en « rappelant qu’il y’a qu’au-delà de la guerre et des patries des hommes
indépendants qui vivent d’autres idéals » Réprimée par la société, la folie trouve sa défense dans le
surréalisme. C’est pourquoi les surréalistes veulent supprimer les asiles. De même étant épris de
liberté, ils se révoltent contre les règles sociales qui étouffent la liberté de l’individu. Ainsi ils
cherchent à supprimer les prisons et à licencier l’armée. C’est pourquoi ils veulent finir avec la
rationalité de la société bourgeoise, qui normalise la frontière entre représentation et réalité, entre
expérience esthétique et sphère pratique.
Le surréalisme représente, un principe de vie, de création, de libération a la différence du
classicisme, socle de la culture bourgeoise, qui évoque l’ordre, le contrôle et la répression. Ainsi il
incarne les protestations contre le parti du statut quo de l’État, de la raison instrumentale, agents
légitimant les guerres coloniales, l’esclavage, l’exploitation mercantile, et l’oppression par la classe, la
race et le sexe. C’est fort de cette révolte que les surréalistes  « se désolidarisent publiquement de
tout ce qui est français en paroles et en actions »mais surtout ils affirment a la suite de leur réponse
avec un papier sang de bœuf a Paul Claudel qui s’était permis de juger le sens de leur activité : « nous
déclarons trouver la trahison et tout ce qui, d’une façon ou d’une autre, peut nuire à la sureté de
l’Etat, beaucoup plus conciliable avec la poésie que la vente de grosses quantités de lard pour le
compte d’une nation de porcs et de chiens. »
En un mot, la critique sartrienne des surréalistes qu’il considère comme de « jeunes bourgeois
turbulents qui veulent ruiner la culture parce qu’on les cultivés » montre toute la révolte du
surréalisme conte la culture.
Le surréalisme : révolte contre les canevas de la littérature(esthétique)
Avec les changements subis par la société, les surréalistes critiquent le « bon sens » des règles.
Stimulés par l’appel lancé par Breton afin d’inciter une « crise de la conscience » (dans son Second
Manifeste, daté de 1929), ils osent briser le seuil d’un réalisme raisonné pour découvrir une nouvelle
connaissance en pratiquant une « descente vertigineuse » au cœur des contrées secrètes et cachées du
psychisme.
De ce fait ils condamnent le langage d’usage de la bourgeoisie décadente en le déclarant dénaturé
et obstructionniste. Ce qui fait dire à Breton : « On feint de ne pas trop s'apercevoir que le
mécanisme logique de la phrase se montre à lui seul de plus en plus impuissant, chez l’homme, à
déclencher la secousse émotive qui donne réellement quelque prix à sa vie. » Alors qu’un langage
stéréotypé bloque « la vraie conviction » ou « le fonctionnement réel de la pensée », dans la mesure
où il peut s’extraire des formes conventionnelles, il peut également être utilisé comme « le moyen
d’une extraordinaire lucidité ». La révolte contre la littérature trouve son paroxysme dans la
célébration de la mort de Anatole France un des maitres officiels de la littérature à l’époque à travers
Un cadavre, violent pamphlet, un cadavre qu’ils auraient volontiers giflé. Pour laisser libre cours à
leurs pensées, les surréalistes initient des méthodes d’écriture telles que : l’écriture automatique, le
collage, le cadavre exquis … mais surtout ils explorent d’autres thèmes comme la folie, le rêve
l’inconscient …
Le surréalisme : révolte contre la morale, la religion et la politique
Pour détruire la morale bourgeoise et l’inégalité entre les classes, pour soutenir la liberté de
l’imagination et libérer les énergies libidinales refoulées dans le psychisme, le surréalisme naquit des
ruines nihilistes du mouvement Dada pour servir de fondement à la construction d’une société juste et
libre. Ainsi la morale, la religion et la politique sont critiquées par les surréalistes
D'après Breton, dans « Prolégomènes à un troisième manifeste ou non » (1942): « II faut non
seulement que cesse l'exploitation de l'homme par l'homme, mais que cesse l'exploitation de
l'homme par le prétendu « Dieu », d'absurde et provocante mémoire ». Si Breton ne crut pas en
Dieu, s'il rejeta toute notion de transcendance, c'est parce qu'il fut foncièrement humaniste. Il ne faisait
pas de l'homme un dieu mais il croyait que les réponses aux questions les surréalistes se posaient ne
proviendraient pas du dehors mais plutôt du dedans, de l'intérieur de l'homme lui-même. Pour F.
Alquié, Breton ne blasphémait pas contre Dieu mais contre les croyants : « Le blasphème surréaliste
n'injurie pas Dieu, mais les croyants; il veut bouleverser leur conscience, détruire en eux un
respect jugé vain, une idée sans objet, mettre à la place de ce que les surréalistes tiennent pour une
erreur la vérité de l'homme, et sa réalité, unique source de valeurs ».
Breton croit que la liberté vitale de l'artiste était inconciliable avec une soumission aux préceptes
arbitraires d'un parti politique. Il voulut que le surréalisme, qui se préoccupait de « la condition
humaine », se dissociât du communisme qui cherchait l'amélioration de « la condition sociale ».
Dans Qu’’est-ce que le surréalisme ?, Breton distingue entre « la libération de l'homme », que
délivrera la révolution prolétarienne, et « la libération de l'esprit », qu'amèneront les ouvrages
surréalistes, en disant que celle-là est « la condition sine qua non » de celle-ci. Il poursuit cependant
en déclarant : « Ces deux problèmes sont essentiellement distincts et nous estimons qu'ils
s'embrouilleraient déplorablement à ne pas vouloir le rester ». De plus, il craignait de voir le
surréalisme servir « à la littérature et à l'art de propagande ». En somme, l'union du communisme
avec le surréalisme aurait entraîné l'échec de celui-ci.

IV Les thèmes surréalistes

Les thèmes représentés sont liés au fantastique et au merveilleux. On y retrouve bien souvent la
représentation de l'amour fou, avec la femme, puis le rêve et ses associations étranges. On retrouve des
allégories, des figures mythologiques, des symboles. Le surréalisme, dans un domaine artistique ou
littéraire, est donc complètement décalé de l'image classique. Les thèmes favoris des surréalistes sont
le rêve, l’amour, le désir, la femme, le hasard et la folie.

      

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