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Adaptation de Pierre LANDY, Musique du Japon,

éd. Buchet-Chastel, coll. Les traditions musicales, pp. 79-87.

Même si on laisse de côté les échelles à 3 ou à 4 sons, rencontrées dans la musique


populaire – ou folklorique – les échelles musicales en usage au Japon sont nombreuses et
variées. Certaines proviennent de la musique chinoise, d’autres de la musique autochtone
ou de la création originale du peuple japonais.
Les japonais utilisent les lexigraphes chinois pour les 12 hauteurs de sons fixes (obtenues
par le cycle pythagoricien des quintes) à partir desquels sont formés les modes
pentatonique et heptatonique.

Echelles d’origine chinoise :


On les rencontre dans la musique de cour, le gagaku, et dans les chants bouddhiques, le
shômyô :
— Elles comportent 5 sons principaux et deux sons auxiliaires dont les noms dérivent du
chinois.
— Il existe 2 principaux types d’échelles appelés ryô et ritsu :
— Ces deux échelles peuvent être transposé sur un des 12 sons étalons (les liu chinois).

Les 12 liu (selon la nomenclature japonaise).


Dans le gagaku on distingue seulement 6 modes [chôshi] (3 de type ryô + 3 de type
ritsu) tous nommés en fonction de leur finale dans le système japonais des hauteurs de son
fixes : le degré fondamental kyu prend la hauteur absolue des sons étalons.

Les 6 modes du gagaku


Dans la tradition du shômyô (chant bouddhique), en dehors des 2 types d’échelles ryo et
ritsu, on peut trouver une autre échelle (heptatonique) qui fut utilisée pour les mélodies
chokyoku :

Echelles d’origine japonaise :


Elles sont utilisées pour la musique dite « vulgaire », pour le zokugaku et dans la musique
de nô (abréviation de nôgaku). Les échelles en usage dans les musiques paysannes et dans
la musique de divertissement exécutée par le koto, le shamisen ou le shakuhachi,
appartiennent au système In-Yo, alors que les échelles de la musique nô et de la région
d’Okinawa sont d’un type particulier.

Le système In-Yo :
A l’époque d’Edo, 2 nouveaux systèmes tonals indigènes, insen et yôsen, ont été introduits
dans la musique savante. Tous deux sont des séries pentatoniques (respectivement
hémitonique et sans demi-ton [= anhémitonique]) construites sur des tétracordes
disjoints. L’insen est traditionnellement classé comme ritsu, le yôsen comme ryo.
La symétrie des tétracordes descendants rend l’insen et le yôsen idéaux pour la
« modulation » (à la sous-dominante par exemple), technique de composition
parfaitement exploitée dans les divers genres musicaux de l’époque.

Des deux systèmes tonals d’Edo, l’insen est le plus largement utilisé. Il a pénétré les parties
vocales et les parties d’instruments à vent du kagura et tous les genres de chant de cour.
Les parties mélodiques pour instruments à vent on été transformées en insen. Le chant
bouddhique et même le chant nô reflètent l’influence de l’insen.
— Ces échelles ont 5 degrés ; les degrés auxiliaires sont
— Les échelles In sont pentatoniques avec demi-tons alors que les échelles Yo n’ont pas de
demi-tons.
— La pente ascendante est différente de la pente descendante.
— Le degré fondamental Kyu peut prendre n’importe quelle hauteur. La notion de hauteur
absolue n’est pas prise en considération.

Selon Hisao Tanabe (in Japanese Music, 1960), souvent dans l’échelle Yo, le degré sho est
remplacé par le degré Eisho et l’échelle Yo peut ainsi prendre l’aspect suivant :
La plupart des pièces de musique pour le koto ont été écrites avec l’échelle In. Les deux
principaux accords du koto (cithare japonaise à 13 cordes) sont les suivants :

La corde n°13 peut prendre la hauteur d’un réb (Hon Kumoijoshi) ou d’un ré (Kumoijoshi).
Les notes données ci-dessus ne sont pas prise avec leur hauteur absolue, car le son donné
par la 1ère corde peut avoir la hauteur d’un sol, d’un la ou d’un mi.
Il existe 15 accords portant des noms différents d’après les deux grandes écoles de koto :
Ikuta et Yamada.
Ces gammes paraissent dérivées, surtout celle dite kumoï, du mode chinois ritsu.
Les gammes ainsi construites sont d’une mélancolie pénétrante, romanesque en quelque
sorte ; elles permettent sur le koto des effets de glissando très séduisants s’ils ne sont pas
trop répétés.

Echelle de la musique de nô :
L’échelle musicale dans la tradition du nô est particulière et ne ressemble ni aux échelles
d’origine chinoise, ni à celles du système In-Yo. Ces échelles comportent 3 degrés qui sont
de véritables « bornes » appelés littéralement Jo (haut), Chu (moyen) et Ge (bas) et qui
sont à distance de quarte l’un de l’autre. Le degré bas et éventuellement le degré haut
servent de finale.
En dehors de ces 3 degrés, il en existe 2 autres un peu moins importants, Kosoguri et Osae,
qui se trouvent respectivement l’un à une quarte ou à une quinte inférieure par rapport au
degré bas, l’autre à une quinte supérieure par rapport au degré haut. Entre ces 5 degrés se
placent d’autres degrés moins importants.

Cette échelle est utilisée pour les « chants doux ». Pour les « chants forts », l’échelle est la
suivante :

Echelle d’Okinawa (musique de Ryukyu) :


Plusieurs échelles appartiennent à des modes différents. Le système de notation musicale
est aussi particulier. Citons seulement une échelle connue parfois sous le nom d’ « échelle
d’Okinawa » ou « échelle de Ryukyu » :

Cette échelle est semblable à celle en usage chez les Djorat (centre Vietnam).
Remarques :
— La musique japonaise est dominée par l’échelle pentatonique avec demi-tons : do-réb-
fa-sol-la-do (échelle que l’on rencontre aussi dans la région de Sunda (en Indonésie).
— Si l’on considère les échelles japonaises comme résultant d’adjonction de tétracordes, la
plupart proviennent des adjonctions par disjonction (tétracorde do-fa + sol-do). Seules les
échelles dans le nô proviennent de l’adjonction par conjonction (tétracorde si-mi + mi-la)
— A part l’échelle du type ryo, celle des pièces appartenant au Hirajoshi, celle en usage
dans la musique de nô, les autres échelles présentent la même structure avec les degrés do-
fa-sol-do ; seuls les degrés mobiles ré et la changent de place.

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