Chapitre 4 Les Pertes de précontrainte 1 année Master VOA

BETON PRECONTRAINT Université de Mostaganem

LES PERTES DE PRECONTRAINTE

1) INTRODUCTION:

On désigne sous le nom « pertes de précontrainte » ou perte de tension toute différence entre
l‘effort exercé lors de la mise en tension et l’effort qui s’exerce dans l’armature en un point
quelconque et à un instant donné. On distingue deux familles de pertes :

a) Les Pertes Instantanées :

Se produisent dans un temps relativement court au moment ou lors de la mise en tension et de

la mise en précontrainte, appelées aussi les pertes de la mise en œuvre.

b) Les Pertes Différées :

Qui se produisent pendant un temps plus au moins long après mise en précontrainte (due au
fluage, au retrait, la relaxation des armatures).

En post tension, l’effort de précontrainte varie à la fois :

 Dans l’espace, avec l’abscisse le long du câble, du fait de frottement.

 Dans le temps, a cause du retrait et du fluage du béton et de la relaxation des armatures.

En pré tension, l’effort de précontrainte varie principalement dans le temps du fait de l’application
successive des actions.

2 ) PERTES DE PRECONTRAINTE PAR POST-TENSION :

2.1 Pertes Instantanées :

Elles sont propres au dispositif mécanique d’application de la précontrainte et comprennent

notamment :

 Les pertes par frottement

 Les chutes par glissement d’ancrage

Remarque :

On considère  p0 la valeur de la tension initiale appliquée sans subir des pertes, généralement elle ne
doit pas dépasser la plus faible valeur des valeurs suivantes :

Min ( 0,80 fprg , 0 ,90 fpeg ) en post-tension

Min (0,85 fprg , 0,95 fpeg ) en pré-tension

1
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2.1.1 Pertes par frottement :

Ce type de perte se produit par frottement des câbles de précontrainte sur la gaine lors de la
mise en tension quand on tend une armature avec une force P0 suivant le trace courbe, sa tension
diminue le long de la gaine, on distingue généralement deux types de pertes de frottement :

a) Frottement en ligne droite : La gaine rectiligne présente un tracé ondulé par rapport au tracé
rectiligne théorique, ces ondulations font naître des forces de frottement proportionnelles à la
tension et aux déviations angulaires.

b) Frottement courbe : Lors de la mise en tension, le câble se plaque contre la génératrice

intérieure de sa gaine dans la partie courbe de son tracé. Il en résulte un frottement entre le
câble à partir de son ancrage.

La relation permettant le calcul de la nouvelle tension de précontrainte après pertes et dues aux
frottements est donnée par :

p(x)= po e -(f α+ φx)

Tels que :

po : la tension à l’origine initiale;

e : la base des logarithmes népériens ;
f : coefficient de frottement en courbe (rd-1 ) ;
α : somme des déviations angulaires arithmétiques du câble sur la distance x (rd) ;
φ :coefficient de frottement en ligne (m-1 ) ;
x : la distance de la section considérée sur l’axe des abscisses par rapport à l’origine de
l’application de la précontrainte(m).

La perte de tension par frottement est estimée par la formule :

Δfrot(x) = po - p(x)

Δ frot (x) = po ( 1 - e -(f α+ φx) )

En pratique, pour les tracés usuels des armatures de la poutre α est petit, on peut admettre que :

Δfrot (x)  po ( f α+ φx)

po e -f α : c’est la perte de tension par frottement en courbe.

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po e –φx : c’est la perte de tension par frottement en ligne droite, sont dues à des déviations
angulaires ou locales sur site.
φ = αd. f

On admet que les déviations sont équivalentes à une ondulation régulière.

αd =3/4 degré/m = 0,75˚ /m

Les valeurs des coefficients f et φ sont pris souvent forfaitairement dans les projets, peuvent être
mesurer sur chantier, Dans le cas courrant :

φ = 0.01 ~ 0.03 (m-1)

f = 0.15 ~ 0.24 (rad-1)

cas 1 : Perte par frottement :

On prend α = 0 câble rectiligne

po

po
Δp(x) max
p(x)

x l

cas 2 : Perte par frottement : câble courbe

On prend α ≠ 0 (câble à tracée courbe)

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On peut diminuer les pertes par frottement on tendant le câble de précontrainte sur les deux
extrémités, on aura une diminution de la perte sur toute longueur de la poutre, il existe un point dans la
zone centrale qui ne va pas subir aucun déplacement, ce point est tels que les tensions s’équilibrent de
part et d’autres. Il y a lieu aussi de signaler qu il est possible de réduire pratiquement les pertes
moyennant de l’emploi de huiles solubles qui seront déplacées ensuite par injection.

Le tableau suivant donne les valeurs des coefficients f et φ couramment utilisés en pratique
fonction de la nature de la gaine et l’huile utilisées.

Valeurs des coefficients f et φ usuels

Nature de la gaine
Câble huilé Câble sec
Feuillard agrafé f = 0.18 φ = 18. 10-4 f = 0.20 φ = 20. 10-4

Tube lisse f = 0.16 φ = 10. 10-4 f = 0.18 φ = 15. 10-4

Le tableau ci-dessous donne les valeurs des coefficients f et φ fonction de la nature des armatures

2.1.2 Pertes par glissement d’Ancrage : (Recul d’Ancrage)

Ce type de perte apparaît lorsque la force de traction de l’armature exercée par le vérin, est
reportée directement au béton par l’ancrage ; elle intervient au moment ou l’ancrage de l’armature
étant constitué, la tension du vérin est relâché Cette perte de tension résulte du glissement de
l'armature par rapport à son ancrage, du tassement ou de la déformation de l'ancrage.

Ce mouvement de glissement qui se fait dans le sens inverse de celui qui a été crée par la mise
en tension, provoque un frottement de signe opposé au précèdent dans le diagramme contrainte
abscisse, la droite représentative de la contrainte est de pente opposée a celle qui représente le
frottement. Ce glissement prend des valeurs de 1 à 12 mm suivant la puissance de l’ancrage et le
procédé de précontrainte utilisé.

En raisonnant sur un diagramme basé sur l’équation Δ = po (1- f α - φx) la tension sous vérin
vaut po et après blocage des clavette le glissement à l’ancrage est 2 , le glissement à l’ancrage ( g en
mètre) se répercute jusqu’à l’abscisse  .
Son influence diminue à partir de l’ancrage jusqu’à s’annuler à une distance «  » à partir de
laquelle la tension demeure inchangée.

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Action du glissement à l’ancrage sur la contrainte de l’armature

Le déplacement g du câble à l’intérieur de la gaine est gêné par les frottements entre le câble et
sa gaine. Au bout d’une certaine distance , la somme des efforts de frottement équilibre la perte de
tension due au glissement du câble et il n’y a plus de déplacement du câble par rapport à sa gaine. Le
tassement d’ancrage ne produit pas de perte de tension au-delà de la section située à l’abscisse x= .

Soit «g » l’intensité du glissement ou du recul d’ancrage, si Δ est la perte due au recul

d’ancrage donné par la relation :

x
1
g=
Ep   .dx
0

En développant Δ on trouve :


1 1 x
g=
Ep 
0
(p(x) -’ p(x)) dx =
Ep
Δog
2

0

1
g= (p0 -p0g ) 
Ep 2

Ep : le module d’élasticité de l’armature de

précontrainte = 200 000 MPa

 : Le déplacement jusqu'au se fait le recul d’ancrage.

appelé aussi La longueur du glissement du bloc
d’ancrage

On utilisant la loi des tringles semblables IJL et INM on

a:
 pA   pA1  pA   pB
=
2 l AB
On déduit après développement l’expression de la 
longueur d’influence du glissement :
g.E p .l AB
=
 pA   PB
g est pris égale expérimentalement à 12 mm

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2.1.3 Perte de tension par déformations instantanées du béton :

Ces pertes résultent d’un raccourcissement instantané du béton due à la non mise en tension
simultanée des câbles assurant la précontrainte, ces derniers ne sont pas tous mise en tension en même
temps , cela provoque une perte de tension.

Une fois le premier câble tendue et ancré, la mise en tension du deuxième câble provoque un
racornissement du béton. Si la poutre comporte n câbles, le premier va subir un raccourcissement du
béton dues aux n-1 câbles suivants et ainsi de suite, seuls le énième câble ne suit pas cette perte.

Considérons une poutre a n câbles. On suppose que tous ces câbles développent la même force F

La perte moyenne affectant chacune des armatures et égale dans une section donnée à :

n 1 Ep
Δdi (x) = b0
2n Eij
Tel que : n : nombre de gaines
EP : module d’élasticité des armatures de précontrainte;
Eij : module instantané du béton au jour « j » ;
b0 : contrainte moyenne normale du béton
Pour :
n 1
 n = 2 le coefficient k = est égale à ¼
2n
 n=3 le coefficient k est égale à 1/3
 n=∞ le coefficient k est égale à 1/2
2.2 Pertes Différées : Ces pertes sont liées aux déformations différées du béton et de l’armature, on
peut faire la distinction des ::
Pertes dues au retrait du béton Δr
Pertes dues au fluage du béton Δfl
Pertes dues à la relaxation de l'acier Δrel

2.2.1 Pertes dues au retrait du béton Δr: Soit  r le raccourcissement d’une poutre du au retrait
qui s’effectue après la mise en tension. Les câbles de précontrainte, solidaires du béton subissent le
même raccourcissement que celui du béton, il s’ensuit une perte de tension qui a pour expression :

 r   r .E p
2.2.2 Pertes dues au fluage du béton Δfl:
A la différence des déformations du retrait, le fluage se développe sous l’effet d’une contrainte
constante, après le blocage des câbles, la déformation béton dans le temps va augmenter entraînant la
le même raccourcissement aux câbles, donc une perte de tension ( b=p ).
l  bc
Si on considère le raccourcissement instantané vaut : 
l Ebi

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l 2 bc
Le raccourcissement final vaut environ 3 , la perte due au fluage vaut donc :  fl 
l Ebi
Le raccourcissement des aciers de précontrainte vaut donc  fl , ce qui entraîne une perte de
Ep
précontrainte  fl  2. bc
E bj
Où :  bc représente la contrainte moyenne du béton au niveau du câble que l’on peut supposer
calculée à un temps infini. Pour plus de précision de l’estimation de la valeur de  fl , le règlement
BPEL propose la formule suivante :
Ep
 fl  ( b   M )
Eij
Tels que :
b : contrainte maximale dans le béton ; après les pertes instantanées.
M: contrainte finale dans le béton ; après les pertes différées.
j : l'âge du béton lors de sa mise en précontrainte.

2.2.3 Pertes dues à la relaxation des armatures Δrel: La relaxation de l’acier est un relâchement
de tension à longueur constante en fil du temps, c’est un phénomène de même nature que le fluage, un
câble tendu à une contrainte voisine de sa limite élastique et dont la longueur est maintenue constante,
voit sa contrainte diminuer au cours de temps, (d’environ 5 % pour les bons aciers et au bout d’un
temps infini). La perte de tension due à la relaxation de l’acier selon le BPEL est donnée par la

6   pi 
formule suivante :  p ( par relaxation)    0 . pi .1000
100  f prg 

Tels que :
 o Le coefficient pris égal à :
 0,43 pour les armatures à très basse relaxation
 0,30 pour les armatures à relaxation normale
 0,35 pour les autres armatures

1000 : est pris égal à :

 2,5 % pour les aciers à très basse relaxation
 8 % pour les aciers à relaxation normale

2.2.4 Evaluation des pertes de tension différées : Le perte totale différée due au 3 facteurs (fluage,
retrait, relaxation) est donnée par la formule :
5
 d   r   fl   rel
6
5
On introduit le coefficient réducteur pour tenir compte de la non dépendance des pertes la perte de
6
relaxation diminue sous l’effet du retrait et du fluage du béton.