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Cours Afef Cherif Kilani

Université Tunis Carthage

Cours de Responsabilité Juridique

4ème année Architecture

Préparé par AFEF CHERIF KILANI

Année universitaire : 2017-2018

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Chapitre 1 : La responsabilité de droit commun

Section 1  : Définition et classification (droit, obligation et responsabilité)

§1 : Définition et classification du droit


§2 : Définition et sources des obligations
§3 : Définition et Classification de la responsabilité

Section2  : La responsabilité contractuelle (les contractants)

§1 : Les obligations contractuelles


• l’obligation de moyens
• l’obligation de résultat
• la présomption de responsabilité
• la solidarité passive et l’obligation solidaire
• l’extinction des obligations

§2 : L’engagement par convention ou contrat


• Définition du contrat
• Classifications des contrats
*D’après leur condition de formation
*D’après leurs effets
*D’après leurs genres :
a- Le contrat de vente
b- Le contrat de louage d’ouvrage
c- Le contrat de mandat

§3 : Les contrats de construction


• Les contrats de maîtrise d’œuvre
• Le contrat d’entreprise

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• Le contrat de maîtrise d’ouvrage déléguée

Section 3  : La responsabilité délictuelle (les tiers au contrat)

§1 : Le dommage ou préjudice

§2 : Le fait dommageable


• Le fait personnel
• Le fait d’autrui
• Le fait des choses

§3 : Le lien de causalité


• La preuve de causalité
• La cause étrangère

Chapitre II : La responsabilité spécifique des constructeurs :


La Responsabilité Décennale : la loi n° 94-9 du 31 janvier 1994

Section I: La Responsabilité et les Responsables dans le domaine de la construction :


§1- Contenu de la responsabilité décennale :
§2 : Les responsables dans le domaine de la construction et le contrôle technique :

Section II: L’assurance de la Responsabilité Décennale :

§1 : L’objet de la garantie décennale


§2 : Le contrat unique de chantier :

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Cours de responsabilité juridique

Chapitre 1 : La responsabilité de droit commun


Section 1  : Définition et classification des notions (introduction)
§1 : Définition et classification du droit
Le droit est l’ensemble des règles qui régissent la conduite de l'homme en société, les rapports
sociaux. Ces règles abstraites et obligatoires indiquent ce qui « doit être fait », les « droits et
devoirs » qui incombent aux citoyens d'une société donnée.
1. Distinction droit public/droit privé :
- Le droit public : c’est l’ensemble des règles qui régissent les rapports entre l’Etat et les
particuliers.
Le droit public défend l'intérêt général avec des prérogatives liées à la puissance publique. Il
concerne les rapports entre personnes publiques mais également personnes publiques et
personnes privées.
- Le droit privé : c’est l’ensemble des règles qui régissent les rapports entre les particuliers. Il
regroupe généralement le droit civil, le droit des affaires et le droit du travail.
2. Le droit commun
Le droit commun désigne l'ensemble des règles juridiques applicables à toutes les situations
qui ne font pas l'objet de règles spéciales ou particulières.
Les contrats par exemple sont en principe soumis aux règles du droit commun des contrats.
Mais les contrats spéciaux, tels que la vente, le mariage, ou la donation, sont soumis à un
régime spécifique qui déroge au droit commun des contrats.
3. Droit pénal/ droit civil :
- Le droit pénal  : est la branche du droit qui détermine les actes, les comportements
sanctionnés par les peines. Ces actes, ces comportements sont appelés infractions. En général,
le droit pénal englobe les situations dangereuses qui touchent la sécurité de toute la société, il
est appelé aussi droit criminel. Les infractions sont classées selon leur gravité les moins
graves sont les contraventions, puis les délits et les plus graves sont les crimes.
- Le droit civil : est une branche du droit privé qui régit les rapports entre les personnes, qu'il
s'agisse de personnes physiques ou de personnes morales, il comporte : le droit des
obligations et le droit des contrats spéciaux ; le droit des personnes ; le droit de la famille ; le
droit des biens ; le droit des successions.

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§2 : Définition et sources des obligations


1. Définition de l’obligation
Au sens large du terme, c’est un lien de droit entre deux ou plusieurs personnes capables de
s’obliger en vertu duquel l’une des parties peut contraindre l’autre à exécuter une prestation.
Cette prestation peut être de donner (transfert de propriété en cas de vente), de faire (faire
l’objet de l’engagement) ou de ne pas faire quelque chose (s’abstenir de d’établir un fond de
commerce dans le périmètre d’un fonds de commerce vendu par exemple).
On parle d’obligation parce qu’il y a un engagement à faire et une contrainte possible. Celui
qui oblige l’autre personne à lui faire une prestation est appelé le créancier et celui qui est
obligé de faire est appelé le débiteur.
- La capacité de s’obliger : est capable juridiquement toute personne majeure c’est à dire
ayant 18 ans révolus et dotée de la raison.

2. Les sources de l’obligation


Les obligations trouvent leurs sources soit dans les actes juridiques, soit dans les faits
juridiques.
a. L’acte juridique : est une manifestation intentionnelle de volonté en vue de produire des
effets de droit. Les conséquences juridiques sont donc voulues. Les actes juridiques peuvent
être :
- des actes unilatéraux : par lesquels une personne fait un acte de volonté pour s’obliger
juridiquement sans obliger autrui (tels que les donations, les testaments).
- des actes conventionnels sont des accords de volonté entre deux ou plusieurs personnes qui
s’engagent réciproquement (tels que les contrats).
b. le fait juridique : un fait, un événement indépendant de la volonté mais qui entraîne des
conséquences juridiques qui n’ont pas été directement recherchées (exemple : naissance,
accident, décès...). Le fait peut être aussi volontaire mais les effets juridiques qui lui sont liés
ne sont pas recherchés (exemple : fraude fiscale).
La loi attache des effets juridiques au fait en raison du dommage injustement causé à autrui.
Ces effets juridiques consistent en l’engagement de la responsabilité appelée responsabilité
délictuelle.
§3 : Définition et classification de la responsabilité
1-Définition : En droit, c’est l’obligation de réparer un préjudice (dommage) causé à autrui. Il
n’y a pas de responsabilité s’il n’y a pas d’obligation et s’il n’existe pas un préjudice.
- Le préjudice : c’est un dommage matériel ou moral.

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Le dommage matériel c’est à dire la perte totale ou partielle d’un bien, la perte d’une situation
professionnelle ou morale.
Le dommage moral : c’est la situation de souffrance, l’atteinte à la vie privée d’une personne,
à son honneur, à sa considération.
2-Classification: la responsabilité peut être contractuelle ou délictuelle appelée aussi
extracontractuelle.
En effet, le préjudice peut résulter soit de l’inexécution d’une obligation découlant d’un
contrat, on parle alors de responsabilité contractuelle, soit d’un dommage causé à un tiers
sans contrat mais suite à une faute (accident) ou une violation d’un devoir imposé par la loi ou
la coutume (ex : devoir entre voisins). On parle alors de responsabilité délictuelle ou
extracontractuelle.
Section2 : La responsabilité contractuelle (les contractants)
§1. Les obligations contractuelles
L’obligation est un lien de droit entre deux ou plusieurs personnes en vertu duquel le
créancier peut contraindre le débiteur à exécuter une prestation.
Celui qui doit exécuter la prestation est dit : débiteur
Celui à qui on doit la prestation est dit : créancier
Les obligations sont classées en trois catégories :
-obligation de faire, ex : l’entrepreneur qui exécute un ouvrage
-obligation de ne pas faire : l’obligation de non-concurrence
-obligation de donner : la vente
Il existe une deuxième classification des obligations qui se base sur la distinction entre
obligation de moyen et obligation de résultat.
1) Obligation de moyens :
C’est une obligation par laquelle le débiteur n’est pas tenu par la réalisation d’un résultat. Ce
qui importe dans l’obligation de moyens c’est que le créancier peut mettre en cause la
responsabilité du débiteur s’il prouve que ce dernier a commis une faute.
Ex 1 : la responsabilité qui incombe au médecin vis-à-vis de son patient est une obligation de
moyens c’est à dire qu’il n’est pas responsable du résultat mais est obligé de mettre en œuvre
tous les moyens pour guérir son patient. Si le malade meurt, le médecin n’est pas responsable
de ce résultat sauf en cas de preuve que le médecin n’a pas fait l’effort nécessaire c’est à dire
utilisé les moyens nécessaires pour le guérir.

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Ex 2 : l’avocat est toujours responsable vis à vis de son client d’une obligation de moyens
c’est à dire qu’il n’est jamais tenu d’une obligation de résultat qui est de gagner le procès.
2) Obligation de résultat
C’est l’obligation en vertu de laquelle le débiteur est tenu de réaliser un résultat précis, ce qui
permet au créancier d’engager la responsabilité du débiteur en cas de non réalisation du
résultat.
Ex 1 : l’entrepreneur qui s’engage à livrer un ouvrage précis à une date précise.
Contrairement à l’obligation de moyens où le créancier apporte la preuve du manquement du
débiteur à ses obligations, dans l’obligation de résultat c’est au débiteur d’apporter la preuve
que le manquement au résultat est dû à une cause étrangère à sa volonté.
3) La présomption de responsabilité
La présomption de responsabilité est un principe selon lequel le législateur part du principe
qu'une personne est présumée responsable d'un dommage causé. En contre partie de cette
présomption, la personne sur laquelle pèse cette présomption de responsabilité peut invoquer
plusieurs cas qui lui permettent d'écarter cette responsabilité. Techniquement on parle dans ce
cas d'une exonération.
C'est ainsi qu'une personne présumée responsable peut s'exonérer en prouvant qu'un sinistre
est du:
- à un cas de force majeure ex: un orage, une tempête...
- au fait de la victime c’est à dire que la victime est activement intervenue dans la survenance
du sinistre ex: la victime sans l'autorisation du propriétaire se rend sur le chantier d'un
immeuble en construction et est tombée dans un trou.
- au fait d'un tiers c’est à dire que le responsable d'un sinistre est une autre personne que celle
sur laquelle pèse la présomption de responsabilité ex: quelqu'un glisse sur une peau de banane
qu'un passant identifie a jeté sur le sol devant votre maison.
4) l’obligation solidaire et l’obligation in solidum
Définie par l’article 176 COC : » il y a solidarité entre les débiteurs lorsque chacun d’eux est
personnellement tenu par la totalité de la dette et le créancier peut contraindre chacun des
débiteurs à l’accomplir en totalité ou en partie ». ex : trois personnes se déclarent solidaires de
l’obligation qu’elles doivent au créancier. Si l’une d’elle décède les deux autres sont obligées
d’accomplir l’obligation vis-à-vis du créancier. L’article 174 COC précise que la solidarité
entre les débiteurs ne se présume pas elle doit être prévue soit par la loi, soit par les parties
dans l’acte constitutif de l’obligation.
On distingue la solidarité passive de l’obligation solidaire :

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- La solidarité passive : elle se caractérise par l’unicité et l’indivisibilité de l’objet de


l’obligation d’une part et par la communauté d’intérêt entre les codébiteurs.
- L’obligation in solidum : est une obligation de plusieurs personnes tenues chacune
responsable pour le tout envers le créancier. À la différence de la solidarité, il n'existe aucun
lien de représentation entre les débiteurs.
Cette obligation a pour source la loi ou la jurisprudence. Elle se distingue de l'obligation
solidaire qui a pour source le contrat.
Elle se caractérise d’une part par la divisibilité des obligations des différents intervenants qui
vont accomplir différentes prestations pour la réalisation d’un même résultat, ex : les
différentes tâches des différents intervenants dans la construction d’une maison. Ces
différents intervenants sont indépendants les uns des autres, chacun a une tâche précise et ils
ne sont pas solidaires en principe vis-à-vis du créancier.
D’autre part, l’obligation in solidum suppose l’absence de communauté d’intérêt entre les
débiteurs, ex entre l’architecte et l’entrepreneur sur chantier.
L’exemple type de l’obligation in solidum est le contrat qu’établit un maître d’ouvrage avec
les différentes parties agissant sur un chantier, où chaque partie est appelée à accomplir l’objet
de son obligation.
Remarque : En principe, entre l’architecte et l’entrepreneur il n’y a pas de solidarité dans la
mesure où il n’y a pas de communauté d’intérêt à l’exception de certains montages juridiques
comme les marchés clés en main.
5) L’extinction des obligations
Les obligations s’éteignent dans les cas suivants :
• Exécution parfaite : l’art. 340 COC prévoit : « L'obligation est éteinte lorsque la
prestation qui en est l'objet est faite au créancier, dans les conditions déterminées par
la convention ou par la loi  ».
• Impossibilité d’exécution : art. 345 COC
• Résiliation volontaire : les deux parties au contrat décident de mettre fin au contrat,
ceci est prévu à l’art. 414 COC : « Les obligations contractuelles s'éteignent lorsque,
aussitôt après leur conclusion, les parties conviennent d'un commun accorde de s'en
départir, dans les cas où la résolution est permise par la loi ».
• Prescription : art. 384 : c’est le passage d’un certain délai qui éteint l’obligation.
• Remise de la dette : art. 350 COC : c’est la renonciation du créancier à la dette. Ex en
droit des affaires, le créancier peut avoir intérêt à renoncer au premier contrat au profit
d’un deuxième plus avantageux.

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§2 : L’engagement par convention ou contrat


Le droit des contrats est régit par l’article 23 nouveau du COC (loi du 15 août 2005) et suivant
qui prévoit que : « La convention n'est parfaite que par l'accord des parties sur les éléments
essentiels de l'obligation, ainsi que sur toutes les autres clauses licites que les parties
considèrent comme essentielles ».
1. Définition du contrat
Le contrat est un acte juridique conventionnel issu d’un accord entre deux ou plusieurs
volontés ayant pour objet d’établir des obligations à la charge ou au bénéfice de chacune de
ces parties. De ce fait, il s’oppose à l’acte unilatéral qui engage la volonté d’une seule
personne.
Le contrat peut être entre deux personnes ou plusieurs personnes qui s’engagent
réciproquement il est appelé alors bilatéral ou synallagmatique.
Le principe en matière contractuelle est celui de l’autonomie de la volonté c’est à dire que la
volonté libre est la source de tout engagement contractuel. La formation du contrat et les
obligations qui en découlent supposent l’accord préalable des parties contractantes.
Ainsi, la formation de tout contrat suppose trois conditions :
- La capacité de s’obliger c’est à dire que la contractant doit être majeur, l’âge de la majorité
vient d’être fixé à 18 ans révolus par la loi du 26 juillet 2010 (avant il était de 20 ans), sain
d’esprit (art 58 coc) et non malade (art 3 et s. COC).
- L’objet du contrat doit être licite c’est à dire conforme à l’ordre public, aux bonnes mœurs
et à la loi (art 67 coc).
- Le consentement des parties (art 43 coc) : suppose que les parties sont d’accord,
consentantes sur les termes du contrat. Dans le cas contraire on parle de vices de
consentement, qui peuvent être soit : la violence ( art 50 coc) c’est à dire une contrainte
exercée sur un contractant en vue d’obtenir de celui-ci un consentement forcé), l’erreur qui
est une fausse représentation d'un élément essentiel du contrat par l'une des parties ce qui
entraîne la conclusion du contrat par l’autre partie et le dol (art 56 coc) c’est à dire une
manœuvre déloyale ou frauduleuse faite par un cocontractant dans le but d'amener l’autre
partie à conclure un contrat à des conditions désavantageuses de telle sorte que sans ces
manœuvres l’autre partie n’aurait pas contracté.

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Remarque : certains actes sont appelés compromis, promesse, protocole, avant-contrats… ils
sont assimilés à des contrats et sont soumis aux règles du contrat c’est à dire à l’article 23
COC et s.
2. Classifications des contrats
* Classification des contrats d’après leur condition de formation
a. Contrat consensuel : est un contrat qui ne nécessite pas une forme écrite, il est issu du
simple échange de consentement des parties.
b. Contrat solennel : il nécessite la forme écrite pour sa validité.
Cette forme peut être :
-Un acte notarié appelé aussi authentique, signé par un officier de l’Etat ex : contrat de
mariage ou de donation.
-Un acte sous seing privé c’est à dire signé par les parties ou par une personne ne représentant
pas l’Etat comme un avocat. Ex : contrat de location
c. Contrat réel : C’est un contrat qui se forme non seulement par l’échange du consentement
mais par la remise de la chose, cette chose doit être un bien meuble. Ex le contrat de prêt, le
contrat de gage, le contrat de dépôt…
d. Contrat de gré à gré : c'est un contrat ou chaque partie a le droit de donner son avis sur la
forme du contrat, contrairement au contrat d'adhésion ou au contrat de marchés publics où les
clauses sont fixées, et aucune discussion n'est possible.
e. Contrat d’adhésion : c’est le contrat dont les conditions sont prédéfinies par l’une des
parties. Ex les contrats d’assurances, les contrats téléphoniques, abonnement internent... où le
client adhère aux conditions « imposées » par l’autre partie.
* Classification des contrats d’après leurs effets
a. Contrat unilatéral : c’est un contrat où il n’y a pas de réciprocité d’obligations, ex : prêt,
donation,
b. Contrat synallagmatique : c’est le contrat où il y a réciprocité des obligations.
* Classification des contrats d’après leurs genres
Il y a trois types de contrats :
-le contrat de vente : art. 564 COC et suivant
-Le louage : art. 726 et suivant COC
Le mandat : art. 1104 et suivant COC.
a. le contrat de vente
C’est une convention par laquelle l’une des parties s’oblige à livrer une chose et l’autre à la
payer. Elle peut être faite par acte authentique ou sous seing privé. Il se compose de trois

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éléments : le prix, la chose, le transfert de propriété. Ce contrat et un contrat consensuel et non


réel (art 583 coc)
b. Le contrat de louage d’ouvrage :
Il y a trois types de louages. : Louage de choses, louage de service et louage d’ouvrage.
- Le louage de choses est prévu par l’article 727 COC, c’est un contrat par lequel l’une des
parties cède à l’autre la jouissance d’une chose mobilière ou immobilière pendant un certain
temps moyennant un prix que l’autre s’engage à payer (contrat de location).
- Le louage de service c’est le contrat de travail.
- Le louage d’ouvrage : est prévu à l’art 866 et s coc, c’est le contrat par lequel une personne
s’engage à exécuter un ouvrage déterminé moyennant un prix que l’autre s’oblige à lui payer.
L’exemple type est le contrat d’entreprise ou le contrat de maîtrise d’œuvre.
L’art. 867 prévoit « L'entreprise de construction et tous autres contrats dans lesquels l'ouvrier
ou artisan fournit la matière sont considérés comme louage d'ouvrage ».
Remarque : le contrat de louage d’ouvrage se distingue du contrat de travail dans la nature de
la relation entre les parties. Le contrat de travail se caractérise par une relation de
subordination alors que dans le contrat de louage d’ouvrage le locataire d’ouvrage est
indépendant du maitre d’ouvrage.
*Condition de formation du contrat de louage d’ouvrage :
Il existe 3 conditions :
-la capacité de s’obliger.
-l’accord sur l’ouvrage loué.
-l’accord sur le prix de l’ouvrage.
*La forme du contrat de louage: il peut être :
- Consensuel qui ne nécessite pas une forme écrite. Il peut résulter simplement de l’entente
verbale des parties. Ex : les marchés à forfait, art. 884 COC (Marché par lequel on s'engage à
faire ou à fournir une chose pour un prix déterminé, à perte ou à gain. Traiter, prendre à
forfait. Faire un forfait avec un architecte pour la construction d'une maison. Marché à
forfait).
Les raisons de la nature consensuelle des contrats de louage d’ouvrage tiennent au fait que la
loi prévoit que la convention d’un prix est toujours sous-entendue selon l’article 837 COC. A
défaut il sera déterminé par un juge (art. 838 COC).
- De gré à gré : exemple le marché à bordereau, art. 882 COC (Le BPU (Bordereau des Prix
Unitaires) est principalement utilisé dans les marchés à bons de commande avec liste des prix
unitaires relatifs à chaque produit ou élément d'ouvrage)

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Remarque : Pour les marchés de gré à gré, les conditions de formation du contrat sont
discutées au fur et à mesure de son élaboration.
Dans Les marchés à forfait, les conditions et plus spécialement les prix sont dictés ou
forfaitisés à l’avance. De ce fait, ils sont les plus faciles en terme de gestion de contrat, mais
ils présentent des difficultés de modification des termes du contrat et essentiellement des prix,
contrairement aux marchés de gré à gré.
Dans la pratique, les contrats de louages d’ouvrage sont généralement passés par écrit, c’est le
cas des marchés publics. Pour les marchés privés il est aussi conseillé de passer des écrits afin
de garder une trace du contrat.
*Les obligations :
Les obligations sont réciproques :
-Réaliser l’ouvrage pour le commis d’ouvrage (architecte, ingénieur…)
-Payer le prix de l’ouvrage pour le maître d’ouvrage
c. Le mandat (art. 1104 et suivant)
Selon l’art. 1104 « le mandat est un contrat par lequel une personne charge une autre
d’accomplir un acte licite pour le commerçant ou la mandant » c’est à dire que c’est un
contrat par lequel une personne (le mandataire), est chargée de passer un acte juridique au
nom et pour le compte d'une autre personne (le mandant).
*les types de mandats :

• Le mandat peut être :

• Conventionnel : les pouvoirs du mandataire découlent d'une convention, d'un contrat.

• Légal ou électif le mandataire tient ses pouvoirs directement de la loi (ex. : le tuteur
est le mandataire légal du mineur, en ce qui concerne l'administration des biens de ce
dernier).

• Judiciaire : le mandataire est désigné par décision de justice (ex. : l'administrateur


provisoire, mandat d’arrêt, mandat de perquisition).

Le mandat est en principe un acte consensuel, mais l’article 1152 COC pose des obligations à
la personne mandatée de prouver l’existence de son mandat.
*les droits et obligations de la personne mandatée
-agir au nom du mandant
-le droit éventuel à la rémunération (art. 1114 COC)
-répondre de ses actes au même titre que le mandant (art. 1118 du COC)

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-agir dans le cadre précis du mandat (art. 1121 COC)


-agir avec diligence et scrupuleusement (art. 1131-1132 COC)
Ex de mandat : la maîtrise d’ouvrage déléguée dans laquelle le maître d’ouvrage délégué est
mandaté par le maître d’ouvrage.
Paragraphe 3 : Les contrats de construction 
Le mot construction est un mot générique pour l’ensemble des domaines des contrats de
construction. Pourtant il existe plusieurs types de contrats de construction. On distingue
notamment les contrats de maîtrise d’œuvre qui sont relatifs à la phase d’études et les contrats
d’entreprises relatifs à la phase de réalisation.
1. Le contrat de maîtrise d’œuvre
* la nature du contrat de maîtrise d’œuvre : c’est un contrat de louage d’ouvrage dans lequel
l’une des parties (maître d’œuvre) s’engage à réaliser un ouvrage au profit du maître
d’ouvrage en toute indépendance. La question se pose sur le rôle de représentation que joue le
maître d’œuvre tel que l’architecte ou l’ingénieur vis-à-vis du maître d’ouvrage. En ce sens
est ce que le contrat de louage d’ouvrage peut constituer un mandat. La réponse est donnée
par l’article 1160 COC sur le mandat qui précise que le mandant peut quand bon lui semble
mettre fin au mandat, or dans le contrat de louage d’ouvrage la résiliation du contrat se fait
par l’accord des parties. 
- les contrats de maîtrise d’œuvre en droit public : sont régis par les cahiers des clauses
administratives générales (CCAG) études pour la phase études et par les Cahiers des Clauses
Administratives Générales (CCAG) travaux pour la phase réalisation. Ces cahiers sont prévus
par le décret 2002-3158 sur les marchés publics et qui prévoit dans son article 41 que les
cahiers de charge qui fixent les conditions dans lesquelles les marchés publics sont conclus
doivent notamment contenir les cahiers des clauses administratives générales qui fixent les
dispositions administratives applicables aux marchés publics.
-En droit privé ces contrats sont régis par les cahiers des clauses et conditions générales
(CCCG). Il est à noter que les contrats issus du droit privé ne sont pas soumis à des cahiers de
règlementation. Ils sont inspirés par l’effet d’engagement entre les parties.

* Obligations des parties :


Les obligations dépendent de la qualification donnée au contrat par les parties. En général,
contrairement à l’obligation de moyens qui caractérise les autres métiers libéraux, les
obligations qui résultent du contrat de louage d’ouvrage sont assez spécifiques.

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Ex 1 : l’obligation qui résulte d’un article portant sur la coordination des travaux est une
obligation de moyens.
Ex 2 : l’engagement sur le coût de l’ouvrage arrêté par l’architecte est une obligation de
résultat.
2. Le contrat d’entreprise :
Est aussi un contrat de louage d’ouvrage lié à la phase d’exécution. En général, on oppose le
contrat d’entreprise au contrat de vente immobilière. Le contrat de vente porte sur des droits
réels, celui du louage d’ouvrage porte sur des droits personnels.
Est-ce que le contrat de louage d’entreprise engendre une représentation du maître d’ouvrage
par l’entrepreneur ?
Non, le contrat d’entreprise ne confère aucun pouvoir de représentation du maître de
l’ouvrage par l’entrepreneur.
L’avantage du contrat d’entreprise, étant qualifié de contrat de louage d’ouvrage c’est
l’insubordination de l’entrepreneur vis-à-vis du maître de l’ouvrage. L’entrepreneur ne peut
pas être le salarié du maître de l’ouvrage. En effet, la subordination caractérise les contrats de
travail où le salarié doit obéir à son employeur.
* les conséquences juridiques de l’insubordination :
- l’engagement de la responsabilité de l’entrepreneur
- le maître d’ouvrage ne peut pas être responsable des dommages causés en cours des travaux
car la garde de l’ouvrage incombe à l’entrepreneur.
-l’immixtion du maître d’ouvrage : l’immixtion du maître de l’ouvrage est considérée comme
une faute lorsqu’elle est caractérisée et engendre un préjudice. Elle est appelée immixtion
fautive du maître de l'ouvrage et elle est une cause d'exonération de la responsabilité des
constructeurs.
- les obligations contractées par l’entreprise sont une obligation de résultat.
*Les genres de contrats d’entreprise
On distingue entre les contrats d’entreprises selon le nombre de contrats contractés par le
maître d’ouvrage. Il peut s’agir soit de marché unique soit de marchés multiples.
a) Le marché unique : un seul contrat d’entreprise est signé, une seule entreprise se chargera
des travaux, on l’appelle « entreprise générale ».
*Les avantages :
-Le lien juridique entre le maître d’ouvrage et l’entreprise générale est unique, ce qui veut dire
un seul contrat à gérer pour le maître d’ouvrage.

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-L’entreprise générale est responsable de l’ouvrage dans sa totalité, la responsabilité est ainsi
unique.
-Les entreprises générales sont généralement plus compétentes en terme de moyens humains
et techniques puisqu’ils ont recours à la sous-traitance.
-Gain de temps
* les inconvénients :
-l’inconvénient majeur est le surcoût relatif (parce que l’entreprise va payer les sous-traitant
en plus de sa marge bénéficiaire).
b) les marché multiples : on distingue deux catégories de contrats :
- les contrats en entreprises séparées : c’est la conclusion d’une succession de contrats
indépendants les uns des autres mais qui vont concerner la réalisation d’un même ouvrage
final. Chaque contrat est lié à un lot mais est totalement indépendant des autres lots.
*l’avantage : le coût est relativement moins cher
*Inconvénients :
-dilution et dispersion de la responsabilité
-Désorganisation : manque de coordination. En général dans ce type de contrat on désigne un
pilote qui assure la coordination entre les entreprises.
-il y a autant de contrats à gérer que d’entreprises
- les contrats en entreprises groupées : C’est une association ponctuelle, un groupement
momentané d’entreprises où chacune d’elles est titulaire du marché pour l’étude de son lot et
qui vont entamer en commun les travaux dans le but de la réalisation d’un même ouvrage.
Ce type de contrat suppose la désignation d’un mandataire commun. La forme du contrat est
une forme particulière car les entreprises doivent signer un acte d’association entre elles établi
sous seing privé.
Cet acte d’association entre les entreprises est un acte d’engagement des associés qui
constituent un groupement conjoint et solidaire, ce qui suppose l’engagement de la
responsabilité solidaire entre eux. (Communauté d’intérêt et indivisibilité de l’ouvrage)
Remarque : différence entre l’acte sous seing privé et l’acte authentique :
-l’acte SSP est un acte écrit, signé et authentifié par les parties, l’exemple type c’est le contrat
de bail immobilier
-l’acte authentique est un acte écrit, signé et authentifié par un officier public, exemple un
notaire et dont les affirmations font foi jusqu’à l’inscription en faux.
3. le contrat de maîtrise d’ouvrage déléguée

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Le maître d’ouvrage délégué (MOD) est une personne qui reçoit par délégation le pouvoir de
représenter le maître d’ouvrage.
La délégation est un contrat de mandat par lequel le maître d’ouvrage donne mandat au maître
d’ouvrage délégué pour accomplir en son nom et pour son compte les actes administratifs,
juridiques et de gestion càd qu’il gère l’opération de construction pour le compte du maître
d’ouvrage dans sa globalité.
Le MOD doit agir comme s’il était exactement le maître d’ouvrage. Il engage par ses actes le
MO et il assume les responsabilités de ce dernier.
Les missions du MOD :
-gestion administrative : établir tous les actes nécessaires pour l’obtention des autorisations
administratives
Gestion financière : le MOD contrôle et ordonne les payements.
Remarque : Il y a d’autres contrats spécifiques liés à la construction tels que :
-L’assistance à maîtrise d’ouvrage
-Les ordonnances au pilotage et à la coordination (OPC)
Ce sont des missions d’études spécifiques qui ne constituent pas des mandats. Ce sont des
contrats où une personne assiste le maître d’ouvrage. Elle joue dans une certaine mesure le
rôle de MOD mais sans avoir de mandat càd sans agir au nom du MO et se limite à
l’assistance et au conseil.
Section 3 : la responsabilité délictuelle
La responsabilité délictuelle est la responsabilité de droit civil qui ne découle pas d’un contrat
mais d’un préjudice causé à autrui ce qui engendre l’obligation de le réparer.

Trois conditions sont dégagées pour mettre en œuvre la responsabilité délictuelle :

-un dommage : Le préjudice peut être matériel (qui touche le patrimoine), physique (corporel)
ou moral. Le dommage doit être quantifiable.

-une faute : c’est l’omission de faire ce que l’on était tenu de faire par la loi ou encore c’est
faire ce que la loi nous interdit de faire. C’est-à-dire le non-respect de la loi par un
comportement ou une omission qui serait de nature à causer un dommage à autrui.

-un lien de causalité  entre la faute et le dommage : La faute doit être la cause (même non
exclusive) du dommage.

§1 : Le dommage ou préjudice

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Le préjudice est le dommage causé à autrui d'une manière volontaire ou involontaire. Le


préjudice peut être causé par le fait d'une personne, par le fait d'un animal ou d'une chose, ou
encore par la survenance d'un événement naturel. Il est prévu à l’article 83 COC.

*Les caractères généraux du dommage 

Pour qu’un dommage soit réparable, il doit être direct, certain et protéger un intérêt légitime.

-Direct : càd le lien de causalité entre le fait dommageable et le dommage doit être établi.

-Certain : il est déterminé par trois conditions : il faut que le dommage soit actuel, présent et
réalisé.

L'exigence d'un dommage certain signifie qu'il ne peut y avoir de responsabilité que si l'on a
la certitude que le dommage s'est déjà réalisé (préjudice actuel) ou se réalisera (préjudice
futur) ex : personne qui devient invalide.

Aussi, la perte de chance est considérée comme un dommage réparable. C'est la disparition
d'une éventualité favorable qui devait se produire dans un avenir proche et qui n'a pas pu être
réalisée (exemple l'avocat qui ne pas fait appel dans le délai requis et qui fait perdre à son
client la chance de gagner le procès).

-Dommage légitime : càd que la demande de dédommagement doit viser à protéger un intérêt
légitime.

§2 : Le fait dommageable

Les articles 82 et suivants du COC distinguent trois régimes de responsabilité :

-Du fait personnel (83 coc)

-Du fait d’autrui (93-93 bis)

-Du fait des choses (96)

a. le fait personnel : Le fait personnel c’est la faute de la personne par un acte ou une
omission (manquement) qui cause un dommage à autrui.

L’article 83 COC prévoit : « Chacun est responsable du dommage moral ou matériel qu'il a


causé, non seulement par son fait, mais par sa faute, lorsqu’il est établi que cette faute en est
la cause directe. Toute stipulation contraire est sans effet. La faute consiste, soit à omettre ce
qu’on était tenu de faire, soit à faire ce dont on était tenu de s’abstenir, sans intention de
causer un dommage ».

Pour que la faute soit établie il faut

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-qu’il existe un fait illicite càd la faute peut naître soit de la violation d’une obligation légale
soit d’une obligation contractuelle

-que le fait soit imputable à son auteur pour pouvoir engager sa responsabilité. Cependant, le
mineur n’est pas responsable de ses actes car la conscience des actes est une des conditions de
l’existence de la responsabilité (art 105 et 106 COC). Aussi, pour que le fait soit considéré
comme faute il faut qu’il soit un fait libre ce qui veut dire que le dommage causé dans le cadre
de la légitime défense ou le cas fortuit et la force majeur n’engage pas la responsabilité (art.
104).

b. le fait d’autrui (art. 93 et 93 bis)

En matière pénale la responsabilité est toujours personnelle, elle ne peut pas résulter du fait
d’autrui. Par contre en matière civile la responsabilité peut naître du fait d’autrui, précisément
du fait des personnes dont on répond.

Ainsi, cinq hypothèses sont envisageables concernant ce type de responsabilité :


-celle des parents du fait de leurs enfants
-celle des maîtres du fait de leurs domestiques
-celle des instituteurs du fait de leurs élèves
-celle des commettants du fait de leurs préposés
-celle des artisans du fait de leurs apprentis
c. Le fait des choses (art. 96)
Il s’agit des choses dont on a la garde. La notion de garde implique :
- que la chose existe
- l’établissement du fait de la chose
- qu’il y ait un gardien : est gardien de la chose celui qui en a l’usage et le contrôle.
§3. Le lien de causalité
a. La preuve de la causalité : c’est l’établissement du lien de cause à effet entre le dommage et
le fait. En matière de fait personnel, c’est à la victime d’apporter la preuve. En matière de
responsabilité du fait des choses il y a présomption de responsabilité : dés que le lien de
causalité est établi la responsabilité du gardien est engagée. Si la responsabilité du fait
personnel et du fait des choses sont assez clair en théorie, en pratique ce n’est pas aussi
évident. Deux cas de figurent se présentent :
- celui de la pluralité des causes : lorsque plusieurs causes sont concomitantes (ont lieu en
même temps), exemple : un carambolage dans lequel plusieurs voitures sont endommagées.

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Cours Afef Cherif Kilani

La question se pose de savoir quelle cause retenir ? On retient généralement la cause initiale
càd la première voiture qui a causé le carambolage.
- il y a plusieurs causes successives : le dommage n’apparait pas immédiatement, ex :
l’entrepreneur qui fait faillite et cause une défaillance à son fournisseur dans ce cas on retient
aussi la causa initiale.
b. La cause étrangère
La force majeure est définie par le COC comme étant un fait que l’homme ne peut pas
prévenir tel que le fait naturel, l’invasion ennemie (guerre), le fait du prince (décision
administrative qui rend impossible l’exécution de l’obligation comme la réquisition du
matériel)
La cause étrangère permet d’exonérer l’auteur du fait ou le gardien de sa responsabilité en
apportant la preuve que la cause du dommage n’a pas été directe mais due à une cause
étrangère. Le COC retient trois cas de causes étrangères :
- une cause issue du fait du tiers
-ou du fait de la victime
-ou du fait de la force majeure qui se caractérise par trois éléments : c’est un événement
imprévisible, irrésistible et extérieur.
- imprévisible : l’imprévisibilité s’entend d’un événement auquel on ne peut pas faire face

Chapitre III: La responsabilité Spécifique des constructeurs


(Responsabilité décennale)

Le législateur tunisien a mis à la charge des différents intervenants dans l’opération de


construction la responsabilité des fautes qu’ils commettent soit à la conception, la réalisation,
la direction ou le contrôle des travaux et ce pour une durée de dix ans à compter de la date de
réception de l’ouvrage. Le législateur a obligé le maître de l’ouvrage d’assurer la
responsabilité de tous les intervenants en vertu d’un contrat d’assurance unique par chantier
souscrit avant l’ouverture du chantier.

L’objectif de l’obligation de l’assurance de la responsabilité décennale consiste à


garantir l’indemnisation des dommages qui peuvent affecter les gros œuvres d’un ouvrage,
durant une période de dix ans, et que les intervenants dans l’opération de construction ne
peuvent supporter ou honorer.

Le cadre juridique et réglementaire de l’assurance de la responsabilité décennale en


Tunisie est constitué par les lois et décrets suivants :

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- La loi n° 94-9 du 31 janvier 1994, relative à la responsabilité et au contrôle technique


dans le domaine de la construction ;

- La loi n° 94-10 du 31 janvier 1994, relative à l’insertion d’un troisième titre dans le
code des assurances ;

- Le décret n° 95-415 du 6 mars 1995, fixant la liste des ouvrages non soumis à
l’obligation d’assurance de la responsabilité décennale des intervenants dans leur
réalisation ;

- Le décret n° 95-416 du 6 mars 1995, relatif à la définition des missions du contrôleur


technique et aux conditions d’octroi de l’agrément ;

- Le décret n° 97-1360 du 14 juillet 1997, complétant le décret n° 95-415 du 6 mars


1995, fixant la liste des ouvrages non soumis à l’obligation d’assurance de la
responsabilité décennale des intervenants dans leur réalisation ;

- Et en fin, le contrat d’assurance unique par chantier de la responsabilité décennale


dans le domaine de la construction.

Section I: La Responsabilité et les Responsables dans le domaine de la


construction :
1- Contenu de la responsabilité décennale :
L’article premier de la loi 94-9 précise que l’architecte, l’ingénieur, l’entrepreneur, le
bureau d’études, le bureau de contrôle technique ainsi que toute autre personne liée au maître
d’ouvrage par un contrat de louage d’ouvrage ou de services, sont responsables de plein droit
pendant dix ans à compter de la date de réception de l’ouvrage qu’ils ont conçu, réalisé ou
dirigé ou dont ils ont contrôlé les travaux, et ce en cas :

- d’effondrement total ou partiel de l’ouvrage,

- ou en cas de menace évidente d’effondrement,

- ou d’atteinte évidente à sa solidité au niveau des fondations, des structures, ou du


couvert, résultant :

- soit d’erreur de calcul ou de conception,

- soit du défaut des matériaux,

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- soit du vice dans la construction ou dans le sol.

La responsabilité s’étend également aux promoteurs immobiliers et à toute personne


qui à titre habituel ou professionnel, vendent après achèvement, un ouvrage qu’ils ont
construit ou fait construire, et toute autre personne qui, bien qu’agissant en qualité de
mandataire du propriétaire de l’ouvrage, accomplit une mission assimilable à celle d’un
promoteur immobilier.

2- Les responsables dans le domaine de la construction et le contrôle


technique :
L’article premier de la loi 94-9 précitée a énuméré la liste de tous les intervenants dans
l’opération de construction. L’élément nouveau dans cette liste, est l’implication des bureaux
d’études et du bureau de contrôle qui sont devenus responsables des atteintes à l’ouvrage
qu’ils ont conçu ou contrôlé et ce en cas d’effondrement total ou partiel ou en cas de menace
évidente d’effondrement ou d’atteinte évidente à sa solidité.

L’importance du rôle des bureaux de contrôle se manifeste à travers le chapitre 2 de la


loi n°94-9 du 31 janvier 1994 et le décret n°95-416 du 6 mars 1995 qui a défini les missions
du contrôleur technique et les conditions d’octroi de l’agrément. Le contrôle technique est
obligatoire dans tous les cas où la loi exige l’assurance de responsabilité des intervenants dans
la construction.

Les contrôleurs techniques, qui doivent être agréés par le Ministère de l’Equipement,
de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire, ont notamment pour mission de contribuer à
la prévention des différents aléas techniques susceptibles d’être rencontrés dans la réalisation
de l’ouvrage. Ils interviennent pour donner leurs avis au maître de l’ouvrage, à l’assureur et
aux intervenants, sur les problèmes d’ordre technique concernant en particulier la solidité de
l’ouvrage et la sécurité des personnes.

L’activité de contrôle technique est incompatible avec l’exercice de toute activité de


conception, d’exécution ou d’expertise d’un ouvrage objet du contrôle. Le contrôleur
technique n’est pas considéré comme mandataire du maître de l’ouvrage, et de ce fait, il ne
peut donner des ordres aux intervenants dans l’opération de construction.

Section II: L’assurance de la Responsabilité Décennale :

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Le fait d’être décennale, la responsabilité des intervenants dans la construction devient


lourde et peut être impossible à supporter si on ne lui trouve pas un cadre de garantie qui
couvre la défaillance de ces intervenants à réparer les dommages affectant les ouvrages et qui
peuvent, dans certains cas, atteindre des sommes colossales. En plus, il est possible que
certains intervenants, pour une raison ou une autre, cessent leurs activités.

Pour cela, nous avons pensé à instaurer un système d’assurance qui s’adapte à la
responsabilité pesant sur les intervenants, autrement dit, un système d’assurance qui réponde
au système de la responsabilité et ce par la couverture de tous les risques.

Sur cette base, la loi n° 94-10 du 31 janvier 1994, relative à l’insertion d’un troisième
titre dans le code des assurances a imposé une obligation au Maître de l’Ouvrage pour assurer,
auprès d’une entreprise d’assurance, la responsabilité de tous les intervenants dans l’opération
de construction, et ce en vertu d’un contrat d’assurance unique par chantier souscrit avant
l’ouverture du chantier.

a- L’objet de la garantie décennale :


Le contrat d’assurance de la responsabilité décennale a pour objet de garantir, avant
toute recherche de responsabilité, le paiement des dépenses relatives aux travaux de réparation
des dommages dont les assurés sont responsables.

Le contrat d’assurance garantit exclusivement :

- l’indemnisation des frais de remise en état des dommages matériels à l’ouvrage ayant
pour origine le gros œuvre, compromettant la stabilité ou la solidité de l’ouvrage et
résultant soir d’erreur de calcul ou de conception, soit du défaut des matériaux, soit
du vice dans la construction ou dans le sol ;

- l’indemnisation des frais de réparation des désordres à l’ouvrage occasionnés par la


menace évidente d’effondrement du gros œuvre ;

- les frais de démolition et du déblaiement nécessités par les sinistres garantis.

Les risques garantis sont :

- l’effondrement total ou partiel de l’ouvrage,

- la menace évidente d’effondrement,

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- et l’atteinte évidente à la stabilité des fondations, des structures du clos ou du


couvert.

b- Le Contrat unique de chantier :


Le contrat d’assurance unique par chantier de la responsabilité décennale est un contrat
de responsabilité. En effet, en cas d’indemnisation d’un sinistre, la compagnie d’assurance ne
peut pas exercer un recours contre l’intervenant responsable des dommages pour la restitution
de toutes les sommes versées à l’instar de ce qui se passe dans les contrats d’assurances
dommages.

Le maître de l’ouvrage souscrit le contrat d’assurance pour le compte de tous les


intervenants dans l’opération de construction pour la couverture de leurs responsabilités
décennales en se basant sur le principe de l’assurance pour le compte d’autrui comme le
prévoient les articles 3 et 4 du code des assurances.

A cet effet, il est permis au maître de l’ouvrage de retenir, sur les rémunérations
revenant à chaque intervenant dans le chantier, sa quote-part de la prime d’assurance après lui
avoir remis une copie du contrat d’assurance.

Certains ont pensé que le contrat unique par chantier est de nature à limiter la liberté
contractuelle des intervenants. Toutefois, et même si la nature de ce contrat impose aux
intervenants de renoncer à leurs droits de choisir leurs assureurs, les intervenants profitent des
avantages que les contrats d’assurance séparés ne peuvent leur octroyer :

- couverture de la responsabilité de tous les intervenants,

- garantie d’un coût d’assurance raisonnable.

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