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Stage en M&A : à quoi s’attendre ? 3


AlumnEye témoignent
15-19 minutes

Le stage en M&A est l’expérience tant attendue de beaucoup


d’étudiants en finance, mais avant de s’embarquer dans cette aventure,
trop peu d’entre eux savent réellement à quoi s’attendre. Qu’en est-il
du quotidien du stagiaire en M&A ? Quelle est sa charge de travail ?
Comment réussir son stage en M&A ?
Afin de vous éclairer sur le sujet, nous avons donné la parole à 3
étudiants passés par une telle expérience. Ces AlumnEye ont
découvert le M&A dans des structures très différentes : Andrea, ancien
stagiaire chez Rothschild et Lazard (Large cap) ; Aurélien, qui fut
stagiaire chez DC Advisory (boutique Mid cap internationale), et
Camille, passée par Capitalmind (boutique Mid cap également),
témoignent aujourd’hui pour vous donner un aperçu des points
communs et des différences entre leurs équipes respectives.

Pourquoi as-tu choisi de faire un stage en M&A ?

Andrea : Je pense que le M&A qu’on veuille en faire ou non sa


carrière, c’est une excellente école : ça permet de gérer des deadlines
dans un environnement très exigent, de voir tout un tas de secteurs,
côtoyer des problématiques de niveau CEO, CFO : c’est vraiment
passionnant. Aussi faire un stage en M&A permet de prendre du recul
sur pas mal de choses, de voir un petit peu la réalité du monde
professionnel, et ça permet de commencer par ce qu’il y a de plus
difficile, mettre des choses en perspectives et vérifier si c’est vraiment
ce que l’on veut faire. A titre personnel j’ai choisi cette voie car c’est un
métier technique, où l’on a besoin d’avoir un bon sens business, où il y
a pas mal de stratégie et enfin car c’est un métier où l’on apprend en
permanence que ce soit sur des entreprises, des secteurs, des façons
de faire. C’est vraiment très enrichissant sur ce point-là.
Camille : Je dirais que c’est d’abord pour l’aspect stratégique du
métier, on conseille les entreprises dans des moments clés. Notre
valeur ajoutée est d’autant plus significative en Mid cap car la plupart
du temps, le management des entreprises ne connaît rien aux process
et se repose vraiment sur le conseil ; on est donc impliqué à 100%
dans la stratégie de l’entreprise. Finalement, en M&A on a vite des
responsabilités et on apprend beaucoup, c’est ce qui me motive
vraiment. Tu dois te débrouiller aussi bien avec des choses basiques
(maîtrise d’Excel et de PowerPoint) que dans des tâches plus
compliquées comme créer un rapport pour ton client et en se plongeant
dans son entreprise afin de la comprendre parfaitement en quelques
jours.
Aurélien : Au départ, quand je suis arrivé en école de commerce, mon
objectif était de faire de la finance de marché. J’ai donc décidé
d’intégrer l’association finance de l’école et c’est là que j’ai appris ce
qu’était un DCF ou des trading comps par exemple. Cela m’a tout de
suite intéressé car contrairement à la finance de marché, la finance
d’entreprise permet de se retrouver au cœur du « problème », de la
machine. La réflexion stratégique est beaucoup plus présente, poussée
et importante. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de changer de
chemin et de me diriger en corporate finance. Et quoi de mieux que le
M&A pour se retrouver au milieu de toutes ces problématiques ?

Lire aussi : Entretien en M&A : les questions techniques


fréquentes

Quelles ont été tes tâches au quotidien ?

Andrea : Chez Lazard, les stagiaires sont totalement intégrés dans les
deals et les différentes opérations. En fonction du projet on peut avoir
des tâches très variées : préparation de slides PowerPoint, préparation
d’IM (Information Memorandum), de teasers, de documents à rendre
au board. On passe aussi beaucoup de temps à chercher des
informations, à les préparer pour que l’analyste puisse ensuite les
traiter de la façon la plus efficiente. Il y a également beaucoup de
process, c’est-à dire organiser les différentes réunions, suivre les
différentes parties prenantes d’un deal : auditeurs, avocats,
consultants.
Camille : Il y a tout d’abord la gestion de la dataroom qui consiste à
vérifier la validité des documents puis les trier. Je participe aussi au
travail de valorisation : on me donne un chiffre d’affaires et un
périmètre géographique et je cherche des comparables de
transactions. Je collabore également à l’élaboration de pitchs : analyse
de marchés, analyse de la concurrence…. Il m’arrive aussi de
participer à la rédaction de rapports stratégiques ou de notes
sectorielles : pour cela je revois les états financiers, j’étudie l’entreprise
ou un secteur en détails.
Aurélien : Je ne pense pas pouvoir parler de tâches quotidiennes, car
une journée ne se déroule jamais de la même manière, mais plutôt de
tâches en générale. Personnellement, je pense avoir eu de la chance
car j’ai eu l’occasion de travailler sur 7 mandats en 6 mois, que ce soit
en buy-side, sell-side ou même pour un refinancement. Cela m’a
permis d’avoir des tâches diversifiées. Bien sûr il y a les grands
classiques comme faire des trading comps, des transaction comps, des
profils, des screening, etc. Mais j’ai aussi pu construire un modèle de
rating et faire un peu de modeling.

Comment s’organise ta journée ?

Andrea : C’est la question à laquelle il est quasiment impossible de


répondre en M&A, parce que la nature du travail fait qu’en fonction des
deadlines les journées sont toutes différentes. Chez Lazard, j’arrivais
vers 9h, la première chose était de prendre connaissance des mails de
la nuit, voir quels vont être les top priorités de la matinée puis on se
met au travail et on répond aux différentes attentes. Généralement à
partir de 15-16h le gros du travail commence car la hiérarchie revient
de meetings et a eu des updates de la part des clients. Chez
Rothschild j’avais également des side-projects comme la mise à jour de
bases de données sur des boites cotées et dont je devais m’occuper
lorsque j’avais le temps.
Camille : La journée est rythmée par le client et ton donneur d’ordre.
Globalement il y a un planning sur la semaine qui te permet de ne pas
être débordé et d’allouer le bon temps à chaque sujet. Pour résumer je
sais à quelle heure j’arrive mais pas à quelle heure je pars mais en
moyenne mes journées s’étendent de 8h30 à 22h30.
Aurélien : En général, je suis mobilisé sur plusieurs exécutions et/ou
pitch en même temps. Typiquement il m’est arrivé d’être sur trois
process simultanément, chacun à un niveau d’avancement différent, et
en fonction de cela j’avais des slides à faire, des recherches à
effectuer, des documents à télécharger… En début d’après-midi mes
propositions étaient revues et je devais passer les marks-up
(corrections). En parallèle, il est possible qu’un MD (Managing Director)
me demande de travailler sur quelque chose en annexe, et ça peut
aller du simple profile au petit book un peu poussé sur un marché qui
l’intéresse. Il n’y a pas de journée type, je ne suis jamais entré dans
une sorte de routine et c’est ce qui rend le travail passionnant.

Comment es-tu formé(e) au cours du stage ?

Camille : J’ai été formée dès mon arrivée en stage. Pour ce qui est de
l’apprentissage du fonctionnement des bases de données que l’on
utilise au quotidien du type CapitalIQ, les prestataires sont venus
directement nous former sur place à l’utilisation de leurs outils. En
parallèle, nous avons bénéficié de formations des différents membres
de l’équipe : quelques heures sur la dataroom, sur les comparables,
sur Excel et PowerPoint. C’était vraiment très utile et ça m’a permis
d’être opérationnelle dès le début.
Aurélien : Il n’y avait pas vraiment de formation au début du stage
chez DC Advisory, à part une formation de 2h dans les bureaux de
Facset. Dans les boutiques en France, on apprend surtout sur le tas et
il ne faut pas être stressé si on a l’impression de faire des tâches
ingrates, c’est normal. Il y a un temps pour tout. On apprend petit à
petit à se connaître entre analystes et stagiaires. On gagne petit à petit
en responsabilité. Je pense qu’il faut surtout montrer que l’on a envie
d’apprendre, de poser des questions et ça viendra avec le temps. J’ai
beaucoup de chance aussi car l’équipe chez DCA est très pédagogue.
Les analystes prennent le temps de nous expliquer ce qu’il faut faire. Il
faut juste bien écouter et essayer de comprendre le plus vite possible
car ils ont beaucoup de sujets différents et revenir 2, 3, 4 fois pour
poser la même question, ce n’est pas faisable.

Quelles sont les qualités nécessaires à la réussite de ton


stage ?

Andrea : Les qualités nécessaires


sont d’abord humaines, on n’attend pas des stagiaires qu’ils soient des
brutes en finance, on cherche avant tout des gens rigoureux,
disciplinés, débrouillards et surtout agréables. Rigoureux et disciplinés
tout simplement car on attend du stagiaire qu’il devienne indépendant
et qu’on puisse compter sur son travail. La différence entre un bon
stagiaire et un mauvais c’est que le bon sera sûr de son travail,
capable d’envoyer un travail sans coquilles et des chiffres surs. Ensuite
débrouillard car le stagiaire doit être capable de juger si ce qu’on lui
demande de faire est faisable. Par exemple, un jour on m’avait
demandé de faire une recherche d’un chiffre et au bout d’une heure je
me suis rendue compte que cette information était introuvable car elle
n’existait pas, le rôle du stagiaire c’est de prendre son courage à deux
mains et d’aller en parler avec l’analyste plutôt que de perdre du temps,
il faut prendre des initiatives. Finalement le point le plus important c’est
que le stagiaire soit agréable, c’est à dire qu’a niveau égal, on
préfèrera le stagiaire qui est souriant, disponible et aimable à 2-3 h du
matin.
Camille : La première chose c’est qu’il faut être extrêmement
rigoureux, rendre des travaux impeccables, s’imposer une vraie
discipline en autonomie. Deuxièmement, il faut être à 100% dans son
boulot pour être capable de faire la petite chose en plus qu’on ne t’a
pas demandé et qui fera la différence : rester 1 h de plus pour faire une
recherche en plus ou arriver avant tout le monde le matin pour prendre
de l’avance. Et dernièrement, il faut aimer le métier. On travaille
beaucoup, il y a peu de moments dans la journée où l’on peut souffler,
il ne faut pas se laisser déborder : toujours être à jour, ce n’est pas
parce que l’on n’a rien à faire qu’il ne faut pas prendre de l’avance et à
l’inverse lorsque l’on est débordé, il faut être capable de dire à un
donneur d’ordre qu’on a une autre deadline.
Aurélien : La première qualité à avoir selon moi c’est la curiosité car
en tant que stagiaire on est souvent amené à exécuter des tâches et si
on n’est pas curieux, le travail devient de moins en moins intéressant,
la progression ralentie de manière exponentielle et les personnes avec
qui l’on travaille peuvent vite se rendre compte du manque d’intérêt du
stagiaire et donc lui donner des tâches moins importantes. Nous ne
sommes pas uniquement là pour faire des slides, si on pose des
questions, les analystes nous font davantage confiance car ils nous
sentent impliqués. Le deuxième conseil est d’être proactif. Au vu de la
charge de travail, le temps est compté, et si l’on peut permettre à son
analyste et à soi-même de gagner une heure dans sa journée en
prenant de l’avance ou en commençant une tâche qu’il ne nous a pas
encore demandé de faire, c’est valorisant et ça permet au stagiaire de
gagner la confiance de ses pairs. Cependant, c’est une qualité qui vient
avec le temps car sur un premier stage en M&A, on ne connaît pas très
bien les process et on a besoin d’être guidé mais avec l’expérience, on
peut mieux anticiper et sentir les choses. Enfin, je pense qu’il faut une
certaine capacité de travail. En effet, les heures sont longues, la charge
de travail peut-être très élevée et si l’on n’est pas capable de rester
concentré 15 heures de suite, je pense que ça peut être compliqué.

Quels conseils donnerais-tu aux futurs stagiaires en


M&A ?

Andrea : Je pense qu’il faut prendre les bons réflexes dès le début :
imprimer ses sources, prendre les devants, être très poli, être très carré
dans les mails, donner une bonne première impression, se montrer
souriant et avenant et motivé. Il faut surtout ne jamais se reposer sur
ses lauriers, et surtout rester humble. Ce qui a été particulièrement
marquant pour moi, c’est que chez Rothschild j’étais dans une promo
de rockstars et du coup ça me permettait de garder les pieds sur terre
car je savais que j’avais tout à prouver.
Camille : Au début de son stage, il faut se forcer à prendre les bonnes
habitudes sans attendre : apprendre rapidement les raccourcis clavier,
tenir au courant ses donneurs d’ordre, prendre des notes, écouter. Au
début ça prend du temps et de l’énergie, on emmagasine une
importante quantité d’informations dans un laps de temps très court
mais il faut prendre le pli pour pouvoir par la suite gagner du temps
avec les automatismes acquis. Le deuxième conseil que je donnerais
c’est d’être très organisé : il faut être très carré dans la prise de notes,
bien comprendre ce que l’on nous demande, gérer ses deadlines et
surtout communiquer, ne pas hésiter au début du stage à dire « je n’ai
pas compris, vous pouvez me réexpliquer » car il n’y a rien de pire que
de revenir à son bureau sans avoir compris ce que l’on devait faire.
Aurélien : Premier conseil sans hésiter : le networking, que ce soit par
curiosité pour le milieu ou pour se faire des contacts. C’est quelque
chose de beaucoup trop sous-estimé je pense. Personnellement, j’ai
commencé quand j’étais en deuxième année d’école de commerce et
ça m’a permis d’avoir beaucoup plus de facilités lorsque j’ai commencé
à chercher des stages. Le deuxième conseil que je donnerais c’est de
s’intéresser au monde de la finance : lire des articles de presse
économique, des études de marchés, s’intéresser aux différentes
sociétés, et pas seulement Hermès ou LVMH mais aussi les petites ou
les moins connues ou reconnues, qui constituent le tissu économique.
Cela permet d’avoir une certaine connaissance du marché bien utile
car en entretien ça peut jouer énormément.

Lire aussi : M&A : Analyst, Associate, VP, etc., quel rôle selon
votre grade ?

Quel est ton ressenti sur cette expérience ?


Andrea : A titre personnel j’ai adoré ma césure en M&A. C’était très
fatigant, j’étais vraiment épuisé à la fin mais j’ai rencontré des gens
brillantissimes, j’ai vu ce que c’était la réalité du monde professionnel,
j’ai travaillé sur des dossiers passionnants, j’ai vu que c’était
challengeant mais pas surhumain. Finalement j’ai adoré l’ambiance : le
M&A c’est une école accompagnée d’un prestige énorme. Je me
projette vraiment dans ce métier car il est en perpétuel mouvement et à
mesure que l’on va progresser dans la hiérarchie, le métier va devenir
de plus en plus commercial.
Camille : Que du positif et c’est pour cela que je me vois poursuivre
ma carrière en M&A. J’ai énormément appris, que ce soit sur la
méthodologie, le métier ou l’industrie, je suis toujours très stimulée au
quotidien. Je pense aussi que c’est l’équipe qui fait tout, une bonne
ambiance est vraiment primordiale dans un environnement aussi
exigeant que celui de la banque d’affaires. C’est aussi un stage très
responsabilisant car je travaille avec des Associates, VP, Director et
même parfois des Partners, la proximité avec le top management est
très enrichissante.
Aurélien : J’ai adoré. DC Advisory a une vraie culture d’entreprise, les
personnes qui y travaillent sont bienveillantes et vraiment très sympas.
J’y ai passé de très bons moments, que ce soit tard le soir quand la
deadline est à 9h00 le lendemain ou en soirée avec eux. Je me suis
vraiment beaucoup amusé et épanoui. En ce qui concerne le travail, je
trouve avoir eu énormément d’exposition, ce qu’on ne peut pas ou plus
retrouver dans la plupart des grandes banques de la place parisienne
car les stagiaires doivent partir à 20h ou 22h. On m’a donné beaucoup
de responsabilités, ce qui m’a permis d’apprendre et de comprendre
beaucoup plus de choses, que ce soit en matière de process ou de
technicité, que lors de mes précédents stages. Je le recommande
vivement à quiconque souhaitant s’investir et apprendre.
Alessandra Petiot, étudiante à Dauphine et contributrice du blog
AlumnEye

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