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Droit et arguments juridiques dans les relations internationales de l’Antiquité tardive à la fin du XVIIIe
siècle
DOI : 10.4000/books.pur.47665
Éditeur : Presses universitaires de Rennes
Année d’édition : 2016
Date de mise en ligne : 11 juillet 2018
Collection : Histoire
ISBN électronique : 9782753556003
http://books.openedition.org
Édition imprimée
ISBN : 9782753551237
Nombre de pages : 332
E E
, PUR, 2013.
LA FIGURE DE
L’AMBASSADEUR ENTRE MONDES
ÉLOIGNÉS. AMBASSADEURS, ENVOYÉS
OFFICIELS ET REPRÉSENTATIONS
DIPLOMATIQUES ENTRE ORIENT
ISLAMIQUE, OCCIDENT LATIN ET ORIENT
CHRÉTIEN ( E- E SIÈCLE)
NOTE DE L’ÉDITEUR
Publié avec le soutien de l’université de Nantes.
Remerciements
Cet ouvrage est issu d’un colloque organisé à Nantes les 5-6 juin
2014 à la Maison des sciences de l’homme Ange Guépin. Son
organisation avait été rendue possible grâce au soutien financier du
CRHIA (Centre de recherches en histoire internationales et
atlantique), du Labex EHNE, de l’université de Nantes, de l’Institut
universitaire de France, de Nantes Métropole et de la région Pays-de-
la-Loire. Nous souhaiterions exprimer notre reconnaissance à tous
ceux qui ont collaboré d’une manière ou d’une autre à la réalisation
de cette entreprise de recherche Thémis en diplomatie, en premier
lieu les auteurs, mais également Michel Catala, Stanislas Jeannesson,
John Tolan et Philippe Josserand, ainsi que Aurélie Cloarec et
Thomas Burel. Nous voudrions remercier tout particulièrement
Stéphane Péquignot et Marc Belissa qui ont accepté de rédiger les
conclusions de ce volume.
Introduction
NOTES
1. Archives des Affaires étrangères [AAE], correspondance politique [CP], Espagne, vol.
596, fol. 405, Vergennes à Montmorin, 17 décembre 1779.
2. KOSKENNIEMI M., From Apology to Utopia: The Structure of International Legal Argument.
Cambridge, Cambridge UP, 2005 [1989], p. 8-12 et DHONDT F., « Looking Beyond the Tip of the
Iceberg: Diplomatic Praxis and Legal Culture in the History of Public International Law »,
Rechtskultur – Zeitschrift für Europäische Rechtsgeschichte/European Journal of Legal
History/Journal européen d’histoire du droit, 2, 2013, p. 31-42.
3. Récemment encore, Gilles Veinstein soulignait la place de la diplomatie dans la
politique extérieure des Ottomans vis-à-vis des États chrétiens à l’époque moderne, allant à
l’encontre de certains historiens niant cette réalité diplomatique car ne s’appuyant que sur
une lecture trop idéologique des sources dont ils disposent : VEINSTEIN G., « Les fondements
juridiques de la diplomatie ottomane en Europe », Oriente moderno, no 2, 2008, p. 509-522.
4. VATTEL E. de, Le droit des gens ou principes de la loi naturelle appliqués à la conduite & aux
affaires des nations & des souverains, t. 1, Londres, 1758, p. 1. Sur la différence entre droit des
gens et droit international voir GAURIER D., Histoire du droit international, Rennes, Presses
universitaires de Rennes, 2005, p. 10-19.
5. KASER M., Ius Gentium, Cologne-Weïmar-Vienne, 1993 ; PADOA-SCHIOPPA A., « Profili del
diritto internazionale nell’alto medioevo », dans Le relazioni internazionali nell’alto medioevo,
Settimane di studio del centro italiano di studi sull’alto medioevo, no 58, Spolète, 2011, p. 1-78 ;
CHRYSOS E., « Perceptions of the International Community of States during the Middle Ages »,
BRUNNER K. et MERTA B. (dir.), Ethnogenese und Überlieferung, Vienne, 1994, p. 293-307 ; STEIGER
H., Die Ordnung der Welt. Eine Völkerrechtsgeschichte des karolingischen Zeitalters (741 bis 840),
Cologne-Weimar-Vienne 2010, p. 355-372. La présence d’un tel droit, garantissant
notamment l’immunité des ambassadeurs, est aussi une réalité en terre d’Islam, et ce dès les
tout premiers siècles : cf. HAMIDULLAH M., The Muslim Conduct of State, Lahore 19614, p. 57 et p.
147-148.
6. Parmi ces cas d’école retenons celui relatif au double assassinat des ambassadeurs de
François Ier en 1541, par des hommes de main de Charles Quint selon toute vraisemblance,
exemple qui sera repris et analysé par Jean Bodin, Alberico Gentili ou encore Hugo Grotius,
entre autres : POUMARÈDE G., « Le « vilain et sale assassinat » d’Antonio Rincon et Cesare
Fregoso (1541). Un incident diplomatique exemplaire ? », BÉLY L. et POUMARÈDE G. (dir.),
L’incident diplomatique XVIe-XVIIIe siècle, Paris, A. Pedone, 2010, p. 7-44. Un autre exemple
témoigne d’une continuité remarquable entre le cœur du Moyen Âge et la première
modernité : l’aveuglement en 1172 d’Enrico Dandolo, alors ambassadeur vénitien à
Constantinople et futur doge, attesté par des sources vénitiennes – non sans exagérations –
est resté dans les mémoires et se trouve largement mentionné dans le traité sur les
ambassades de Conrad Braun, publié en 1548 à Mayence : BRAUN C., Les Cinq Livres sur les
Ambassades à destination de ceux qui sont totalement appliqués à la Chose publique, ou très utiles à
ceux qui remplissent une quelconque magistrature, et agréable à la lecture, Livre IV (Des privilèges
et des immunités des ambassadeurs), chapitre 2, traduction, introduction et notes de
Dominique GAURIER, Limoges, 2008, p. 272.
7. BÉLY L. et POUMARÈDE G. (dir.), L’incident diplomatique XVIe-XVIIIe siècle, op. cit.
8. LESAFFER R., « International Law and its History: The Story of an Unrequited Love »,
CRAVEN M., FITZMAURICE M. et VOGIATZI M. (dir.), Time, History and International Law, La Haye,
Martinus Nijhoff, 2006, p. 27-41 et du même auteur « Law and History: Law between Past
and Present », VAN KLINK B. et TAEKEMA S. (dir.), Law and Method: Interdisciplinary Research in
Law, Tübingen, Mohr Siebeck, 2011, p. 133-152. Pour un résultat concret de l’ouverture de
l’histoire du droit à l’histoire comme science humaine voir DHONDT F., Balance of power and
Norm Hierarchy : Franco-British Diplomacy after the Peace of Utrecht, Leyde-Boston, Brill, 2015.
9. Voir FREY, L. S., FREY, M. L., The History of Diplomatic Immunity, Columbus, Ohio
University Press, 1999.
Première partie. Droit et
organisation internationale
Les relations internationales au
Moyen Âge
Une construction entre droit international, pratique
diplomatique et système courtois
International Relations in the Middle Ages: Constructing Politics
between International Law, Diplomatic Practice and the Court
Martin Kintzinger
».
L’on pourra s’interroger sur le lien entre tout ceci et la
diplomatie dans l’Europe médiévale 4 . Il convient de revenir sur
violence que nous avons à faire dans les sources et ce langage n’est
pas toujours la preuve de l’usage de la violence. Tandis que ce
langage de la violence ouvre un large champ sémantique et permet
d’envisager la réalité sous des angles divers, il en va bien autrement
en ce qui concerne la diplomatie.
Une étude de Stéphane Péquignot datant de 2009, portant sur
l’histoire de la diplomatie du XIVe siècle, a par exemple montré qu’il
est très difficile de classer dans le détail les termes techniques
14 . Même un terme apparemment clair comme legatus n’a un
sens unique que lorsqu’il se réfère aux légats du pape. Pour les
messagers des cours princières européennes, il n’existait en
revanche aucun concept équivalent. Dans le même sens, Péquignot,
en 2009, a proposé une première contribution à l’étude de la
diplomatie médiévale dans une perspective globale. Ainsi a-t-il
constaté que fondamentalement « la pratique de la diplomatie est
(encore) au XVe siècle une réalité, mais le mot ne figure pas dans le
vocabulaire des hommes du temps. […] En fait, comme au XIVe siècle,
les acteurs de la scène internationale sont nombreux, variés et
inégaux en Occident 15 ».
elle ne relève pas d’un modèle théorique en tant que tel. Elle relève
bien plutôt d’un commentaire de la réalité politique, développé à
partir de la réflexion sur les constellations entre les regna et sur les
chances d’une politique de la paix en Europe.
Pourtant, cette pratique diplomatique devait bien exister dans la
réalité ! La prise en compte d’un élément relevant de la technique
lettrée médiévale devrait pouvoir nous aider pour l’étudier. Je veux
parler de la différence entre res et verba. Même si l’on ne trouve pas
dans les sources de termes concernant les réalités que nous étudions,
ni aucun ordre social ou aucune norme en relevant, la chose en tant
que telle a bien existé. L’on trouvait à l’époque des messagers
diplomatiques, des ambassadeurs dans les cours, des négociations
diplomatiques, des relations entre les princes et des accords
internationaux. Avant toute chose, il existait des représentations de
la manière dont on voulait et pouvait agir diplomatiquement et
politiquement au-delà des frontières du royaume.
Nous pouvons nous appuyer sur une formulation de Georges
Duby afin de décrire la situation que nous étudions : « l’imaginaire
pratique de la diplomatie ». Les recherches récentes travaillent en ce
sens sur l’histoire de la diplomatie en utilisant le concept d’«
imaginaire/imaginarium 20 ». Celui-ci est utilisé pour décrire la
NOTES
1. [http://www.traite-de-lisbonne.fr/Traite_de_Lisbonne.php?Traite=2]. Art. 1 bis. Cf.
Art. 2, 5 sur les relations internationales de l’Union européenne : « Dans ses relations avec le
reste du monde, l’Union affirme et promeut ses valeurs et ses intérêts et contribue à la
protection de ses citoyens. Elle contribue à la paix, à la sécurité, au développement durable
de la planète, à la solidarité et au respect mutuel entre les peuples, au commerce libre et
équitable, à l’élimination de la pauvreté et à la protection des droits de l’homme, en
particulier ceux de l’enfant, ainsi qu’au strict respect et au développement du droit
international, notamment au respect des principes de la charte des Nations unies. »
2. Ibid., Titre O, [art. 2].
3. LATOUR B., Enquête sur les modes d’existence. Une Anthropologie des Modernes, Paris, La
Découverte, 2012, p. 481. Cf. aussi ibid. : « Or l’histoire de la diplomatie est là pour en
témoigner, les diplomates ont souvent plus de mal avec leurs mandants qu’avec les autres
parties. » Cf. id., Das Parlament der Dinge (original français 1991, trad. allemand), Frankfort-
sur-le-Main, Suhrkamp, 2001, p. 262-272.
4. Cf. le résumé du développement et de l’état récent de la recherche sur l’histoire
diplomatique du Moyen Âge par PÉQUIGNOT S., « Europäische Diplomatie im Spätmittelalter.
Ein historiographischer Überblick », Zeitschrift für Historische Forschung, no 39, 2012, p. 67-95.
5. LATOUR B., Enquête, op. cit., p. 381.
6. GRÉVIN B., Le parchemin des cieux. Essai sur le Moyen Âge du langage, Paris, Éditions du
Seuil, 2012, p. 76 : [langue et configurations sociales :] [langages des] clercs et notaires.
7. VERGER V., Les gens de savoir en Europe à la fin du Moyen Âge, Paris, Presses
universitaires de France, 1997, p. 125.
8. BLANC A., La langue du Roi est le Français. Essai sur la construction juridique d’un principe
d’unicité de langue de l’État royal (942-1789), Paris, L’Harmattan, 2010. Cf. HAGÈGE C., Le souffle de
la langue. Voies et destins des parlers d’Europe, Paris, Odile Jacob, 1992. Id., Combat pour le
Français. Au nom de la diversité des langues et des cultures, Paris, Odile Jacob, 2006.
9. HAGÈGE C., Contre la pensée unique, Paris, Odile Jacob, 2012, p. 178.
10. LUSIGNAN S., La langue des Rois au Moyen Âge. Le Français en France et Angleterre, Paris,
Presses universitaires de France, 2004.
11. Cf. ZEY C., « Die Augen des Papstes. Zu Eigenschaften und Vollmachten päpstlicher
Legaten », JOHRENDT J., MÜLLER H. (dir.), Römisches Zentrum und kirchliche Peripherie. Das
universale Papstum als Bezugspunkt der Kirchen von den Reformpäpsten bis zu Innocenz III., Berlin,
De Gruyter, 2008, p. 77-108, en particulier p. 98-105. KINTZINGER M., « Voyages et messageries.
Diplomatie in Frankreich zwischen Familiarität und Funktion », ZEY C., MÄRTL C. (dir.), Aus
der Frühzeit europäischer Diplomatie. Zum geistlichen und weltlichen Gesandtschaftswesen vom 12.
bis zum 15. Jahrhundert, Zurich, Chronos, 2008, p. 191-229.
12. GAUVARD C., Le temps des Capétiens (Une histoire personnelle de France), Paris, Presses
universitaires de France, 2013, p. 86.
13. MAUNTEL C., Gewalt in Wort und Tat. Praktiken und Narrative im spätmittelalterlichen
Frankreich, Ostfildern, Thorbecke (Mittelalter-Forschungen, vol. 46), 2014.
14. PÉQUIGNOT S., Au nom du roi. Pratique diplomatique et pouvoir durant le règne de Jacques II
d’Aragon (1291-1327), Madrid, Casa de Velázquez, 2009, p. 60, 175, 400.
15. Id., « Les diplomaties occidentales et le mouvement du monde », BOUCHERON P. (dir.),
Histoire du monde au XVe siècle, vol. 2. Temps et devenir du monde, Paris, Librairie Arthème
Fayard, 2012, p. 536-561, et p. 537 sq. pour la citation. Cf. au défi méthodique de la
mondialisation : REVEL J., « L’histoire retrouvée ? », BOUCHERON P., DELALANDE N. (dir.), Pour une
histoire-monde, Paris, Presses universitaires de France, coll. « La vie des idées », 2013, p. 25-
35. Sur l’idée de la globalisation des langages : GRUZINSKI S., Les quatre parties du monde.
Histoire d’une mondialisation, Villeneuve-d’Ascq, Éditions de la Martinière, 2004, p. 397-417.
16. MOEGLIN J.-M., « La place des messagers et des ambassadeurs dans la diplomatie
princière à la fin du Moyen Âge », PIBIRI E., POISSON G. (dir.), Le diplomate en question (XVe-
XVIIIe siècles), Lausanne, université de Lausanne/Études Revue de Lettres (Études de lettres,
vol. 286), 2010, p. 11-35, p. 14 pour la citation.
17. PÉQUIGNOT S., « Les diplomaties occidentales », art. cit., p. 557 sq. ; GRUZINSKI S., Les
quatre parties, op. cit., p. 171 sq. Cf. DENÉCÉ E., DEUVE J., Les services secrets au Moyen Âge, Rennes,
Editions Ouest-France, 2011.
18. AUTRAND F., CONTAMINE P., « Naissance de la France : naissance de sa diplomatie. Le
Moyen Âge », VILLEPIN, D. (dir.), Histoire de la diplomatie française, Paris, Perrin, 2005, p. 41-156,
sur Rosier p. 114 sq.
19. RAMEL F., CUMIN D., Philosophie des relations internationales, Paris, Presses de Sciences
Po, 2002, p. 37 et suiv. ; cf. p. 39 : « Finalement, Dante annonce d’autres auteurs, tels Marsile
de Padoue, qui, dans la même orientation que celle des Gibelins, revendiqueront
l’établissement d’un empire qui soit source de paix en Europe. »
20. MAUNTEL C., Gewalt, op. cit., p. 142. GRUZINSKI S., Les quatre parties, op. cit., p. 171.
21. KINTZINGER M., « Cum salvo conductu. Geleit im westeuropäischen Spätmittelalter »,
SCHWINGES R. C., WRIEDT K. (dir.), Gesandtschafts- und Botenwesen im spätmittelalterlichen Europa,
Ostfildern, Thorbecke (Vorträge und Forschungen, vol. 60), 2003, p. 313-363.
22. DROCOURT N., « L’ambassadeur maltraité. Autour de quelques cas de non-respect de
l’immunité diplomatique entre Byzance et ses voisins (VIIe-XIe siècle) », Les relations
diplomatiques au Moyen Âge. Formes et enjeux. XLIe Congrès de la SHMESP, Paris, Publications de
la Sorbonne (Histoire ancienne et médiévale, vol. 108), 2011, p. 87-98.
23. Faktum und Konstrukt. Politische Grenzziehungen und Mittelalter : Verdichtung –
Symbolisierung – Reflexion, BOCK N., JOSTKLEIGREWE G., WALTER B. (dir.), Münster, Rhema
(Symbolische Kommunikation und gesellschaftliche Wertesysteme, vol. 35), 2011.
24. KINTZINGER M., « Der neutrale Ort : Konstruktion einer diplomatischen Realität. Ein
methodisches Experiment », Faktum und Konstrukt. Politische Grenzziehungen, op. cit., p. 111-
138. Cf. LEJBOWICZ A., Philosophie du droit international. L’impossible capture de l’humanité, Paris,
Presses universitaires de France, 1999, p. 22-25. Un terme établi pour définir la neutralité
n’existait pas encore dans les sources médiévales, toutefois la référence pratique dans les
divers traités d’alliance. On se reportera aussi à l’article de J.-M. MOEGLIN dans le présent
volume. MAISSEN T., « Wie aus dem heimtückischen ein weiser Fuchs wurde. Die Erfindung
der eidgenössischen Neutralitätstradition als Anpassung an das entstehende Völkerrecht
des 17. Jahrhunderts », JUCKER M., KINTZINGER M., SCHWINGES R. C., STOLLBERG-RILINGER B. (dir.),
Rechtsformen internationaler Politik. Theorie, Norm, und Praxis vom 12. bis zum 18. Jahrhundert,
Berlin, Duncker & Humblot (Zeitschrift für Historische Forschung, supplément 45), 2009, p.
241-272. AUGE O., Handlungsspielräume fürstlicher Politik im Mittelalter. Der südliche Ostseeraum
von der Mitte des 12. Jahrhunderts bis in die frühe Reformationszeit, Ostfildern, Thorbecke
(Mittelalter-Forschungen, vol. 28), 2009, p. 43.
25. KINTZINGER M., « Der weiße Reiter. Formen internationaler Politik im Spätmittelalter
», Frühmittelalterliche Studien, vol. 2003 [2004], p. 315-353.
26. Id., « Rex superior. Die Internationalität der Hofkultur und die Regionalität ihrer
Konfliktlösung im westeuropäischen Spätmittelalter », Le conflit entre peuples. De la résolution
libre à la résolution imposée, DAUCHY S., Vec M. (dir.), Baden-Baden, Nomos (Studien zur
Geschichte des Völkerrechts, vol. 24), 2011, p. 23-50.
27. Cf. PÉQUIGNOT S., « Les diplomaties occidentales, XIIIe-XVe siècles », Les relations
diplomatiques au Moyen Âge, op. cit., p. 47-66, en particulier p. 61.
28. KINTZINGER M., « Superioritas. Rechtlichkeit als Problem bei internationalen
Konflikten », ESDERS S. (dir.), Rechtsverständnis und Konfliktbewältigung. Gerichtliche und
außergerichtliche Strategien im Mittelalter, Cologne/Weimar/Vienne, Böhlau, 2007, p. 363-378,
en particulier p. 367. Id., « Thinking International Law in Late Medieval Europe », MARAUHN
T., STEIGER H. (dir.), Universality and Continuity in International Law, La Hague, Eleven
International Publishing, 2011, p. 311-322. Cf. id., « Bellum iustum – gerechter Krieg oder
Recht zum Krieg ? », ed. LAPPENKÜPE U., MARCOWITZ R. (dir.), Macht und Recht. Völkerrecht in den
internationalen Beziehungen, Paderborn/Munich/Vienne/Zurich, Schöningh (Otto von
Bismarck-Stiftung. Wissenschaftliche Reihe, vol. 13), 2002, p. 3-30.
29. Cf. PERRET N.-L., Les traductions françaises du De regimine principum de Gilles de Rome.
Parcours matériel, culturel et intellectuel d’un discours sur l’éducation (Education and Society in
the Middle Ages and Renaissance, vol. 39), Leyde-Boston, Brill, 2011.
30. KINTZINGER M., « From the Late Middle Ages to the Peace of Westphalia », FASSBENDER
B., PETERS A. (dir.), The Oxford Handbook of The History of International Law, Oxford, Oxford
University Press, 2012, p. 607-627.
31. PÉQUIGNOT S., « Les diplomaties occidentales, XIIIe-XVe siècles », art. cit., p. 61.
32. KINTZINGER M., « Superioritas », art. cit., p. 378.
33. Ibid., p. 374.
34. Ibid., p. 375.
35. En conséquence le début d’une pratique diplomatique organisée, en tout cas «
avant la lettre », est à constater au Moyen Âge tardif. Cf. HÉLIE J., Les relations internationales
dans l’Europe moderne, 1453-1789, Paris, Armand Colin, 2008 ; la date de 1453 est prise pour
définir « la fin du Moyen Âge » : ibid., p. 9. BÉLY L., L’art de la paix en Europe. Naissance de la
diplomatie moderne, XVIe-XVIIIe siècle, Paris, Presses universitaires de France, 2007, p. 11-15.
36. Sur la continuité de la communication orale en cas de message important : Négocier
au Moyen Âge, FERRER MALLOL M. T., MOEGLIN J.-M., PÉQUIGNOT S., SÁNCHEZ MARTÍNEZ M. (dir.),
Barcelone, Casa de Velázquez (Anuario de estudios medievales, vol. 61), 2005.
37. DROCOURT, N., « L’ambassadeur maltraité », art. cit., p. 98.
RÉSUMÉS
There was no professional diplomacy in the European Middle Ages, nor was there
specifically trained staff or professional training in international relations and foreign
policy. Nevertheless, all these fields were necessary for and practised within everyday
governance. In fact, practice came before theory. Only in the fourteenth century did a
theory of international relations and international law begin to develop, and it took
another century to produce the first handbook of diplomatic practice. Yet, political and
diplomatic actions abroad, communication with foreign courts, receiving foreign
ambassadors, and sending political messages to other kings were daily occurrences in
Europe. To analyse international relations in the Middle Ages, it is essential to ask new
questions: what was the idea of a specially defined space for diplomatic practice,
understood as the area of the validity of law and universal normative ideas about
international cooperation? How did contemporaries understand borders, not only as an
actual fact but also as imagined in narratives? How did they deal with an idea of neutrality
as a condition for the personal meetings of princes? Finally, to what extent did they reach a
consensual understanding of the kings’ sovereignty as a basic condition for international
politics?
AUTEUR
MARTIN KINTZINGER
Université de Münster
Les arguments juridiques dans
la constitution des traités de paix
entre chrétiens et Turcs du XIIIe au
e
XV siècle
Legal Arguments in Christian-Turkish Treaty Making from the
Thirteenth to the Fifteenth Century
Alexander Beihammer
Traduction : Nicolas Drocourt
l’émir insiste sur son identité religieuse bien plus que dans les traités
avec Venise, aspect qui peut être dû au fait que dans ce cas le
partenaire diplomatique relevait sans doute d’un ordre militaire
chrétien 35 . Du fait que le nom du destinataire soit passé sous
Les éléments du titre ont les mêmes formes avant comme après
1453 et diffèrent de ceux employés dans les émirats d’Aydın et de
Menteşe en évitant les délimitations territoriales et en ajoutant le
terme arabe de sulṭān. De la sorte, à la différence des émirs
d’Anatolie occidentale qui se présentaient eux-mêmes comme des
émirs et des domini/ authentes, c’est-à-dire « seigneurs, souverains »,
de certaines régions, le souverain ottoman est présenté comme
héritier de la tradition sultane seljoukide et comme souverain
universel, aspect qui est d’autant plus exalté avec le double usage du
terme de megas. Comme cela arrive dans les traités d’Aydın et de
Menteşe, les actes ottomans, eux aussi, se réfèrent au père régnant
et prédécesseur, le plus vraisemblablement pour souligner l’idée
d’une succession dynastique ininterrompue au sein d’une famille
régnante solidement établie.
La formule de serment elle-même est plus succincte mais fait
largement appel à des éléments identiques à ceux des formules
connues des traités plus anciens 62 . À la différence des
formulées tout d’abord dans les traités du XIVe siècle conclus avec
Aydın et Menteşe et elles pouvaient ainsi être adoptées par les
fonctionnaires de chancellerie chargés de la composition des
premiers traités entre Venise et l’Empire ottoman. De nouveaux
aspects dans le discours juridique apparurent du fait de l’expansion
territoriale de l’État ottoman, réclamant l’imposition de tributs et la
délimitation de nouvelles frontières 69 . Ces sujets étaient
étroitement liés au changement constant de la situation issue des
conflits armés et reflétant de la sorte la domination de plus en plus
effective de l’Empire ottoman dans les Balkans et en Méditerranée
orientale. Au total, les éléments grecs des traités vénéto-ottomans
conclus au XVe siècle combinent un noyau de matériel juridique
hérité de la tradition de mise en forme des traités islamo-chrétiens
en Anatolie et sur la côte occidentale de l’Asie mineure avec de
multiples éléments innovants qui sont liés, d’un côté, au rôle
nouveau joué par l’Empire ottoman en tant que puissance politique
dominante dans les Balkans et en Méditerranée orientale et, de
l’autre, à la réorientation vers des caractéristiques idéologiques et
des modèles de formulaire s’appuyant sur la tradition impériale
byzantine.
En dépit de ces particularités, il faut relever de très nettes
continuités dans les pratiques de chancellerie et arguments
juridiques dans la mise en forme des traités turco-chrétiens du XIIIe
au XVe siècle. L’emploi de la langue grecque et la terminologie
juridique byzantine formaient la base d’un discours juridique
cohérent et communément accepté, lequel, par moments, était
modifié par l’influence d’éléments adoptés de la tradition arabo-
musulmane et par des périodes de flux et de reflux dans la
transparence du substrat impérial byzantin. Les événements de 1204
donnèrent naissance à une adoption consciente de symboles
impériaux par les Vénitiens, l’Empire latin et ses vassaux, les
Arméniens de Cilicie et les Turcs seljoukides d’Anatolie centrale. Au
XIVe siècle, les émirats turcs dans le sud-ouest de l’Asie mineure
maintinrent l’usage de la langue grecque mais montrèrent un certain
changement vis-à-vis des modèles musulmans dans les aspects
formels de leurs capitulations avec Venise et d’autres pouvoirs
chrétiens. Le renforcement graduel de l’Empire ottoman conduisit à
un renouveau du legs impérial byzantin dans le contexte des
relations diplomatiques du sultan avec les puissances chrétiennes
jusqu’à ce que la langue grecque cède de plus en plus le pas devant le
turc ottoman en tant que moyen de communication diplomatique à
partir du règne du sultan Bāyezīd II.
NOTES
1. Les meilleurs travaux occidentaux sur ce sujet demeurent ceux de VRYONIS S., The
Decline of Medieval Hellenism in Asia Minor and the Process of Islamization from the Eleventh
through the Fifteenth Century, Berkeley, University of California Press, 1971; CAHEN C., The
Formation of Turkey: The Seljukid Sultanate of Rūm, Eleventh to Fourteenth Century, Harlow,
Pearson Education Limited, 2001. Une synthèse commode de l’historiographie turque sur ce
même sujet depuis la foundation de la république turque est celle d’OCAK A. Y. (dir.), Anadolu
Selçukluları ve Beylikler Dönemi 1 (Sosyal ve Siyasal Hayat), Ankara, T.C. Kültür ve Turizm
Bakanlığı Yayınları, 2006; PEKER A. U. et BILICI K. (dir.), Anadolu Selçukluları ve Beylikler Dönemi
2 (Mimarlık ve Sanat), Ankara, T. C. Kültür ve Turizm Bakanlığı Yayınları, 2006.
2. Pour une monographie récente sur les ambassadeurs du sultanat seljoukide de Rūm:
UYUMAZ E., Türkiye Selçuklu Devleti’ne Gelen ve Giden Elçiler (XI. yüzyılın sonu-XIV. yüzyılın
başları), Istanbul, Bilge Kültür Sanat, 2011.
3. Pour le sultanat seljoukide de Rūm sous les Mongols, voir MELVILLE C., « Anatolia
under the Mongols », FLEET K. (dir.), The Cambridge History of Turkey 1: Byzantium to Turkey
1071-1453, Cambridge, Cambridge University Press, 2009, p. 51-101.
4. BEIHAMMER A., « Defection across the Border of Islam and Christianity: Apostasy and
Cross-Cultural Interaction in Byzantine-Seljuk Relations », Speculum, no 86, 2011, p. 597-651,
ici p. 609-610.
5. Pour ces contacts, voir DÖLGER F. et WIRTH P., Regesten der Kaiserurkunden des
oströmischen Reiches von 565-1453, 2. Teil: Regesten von 1025-1204, Munich, Verlag C. H. Beck,
1995, no 1070a [1065], 1163, 1092, 1168a, 1169, 1214g, 1269, 1296a [1298], 1308, 1308a, 1308b,
1332c, 1343, 1344, 1345, 1346, 1393, 1422, 1441a, 1443, 1444, 1446, 1447, 1513, 1514, 1521,
1637a.
6. BEIHAMMER A. (éd.), Griechische Briefe und Urkunden aus dem Zypern der Kreuzfahrerzeit.
Die Formularsammlung eines königlichen Sekretärs im Vaticanus Palatinus Graecus 367, Nicosie,
Cyprus Research Center, 2007, no 20, p. 171-172, 260-261, no 83, p. 212-213, 290.
7. THEUNISSEN H., « Ottoman-Venetian Diplomatics: The ʽAhd-Names, The Historical
Background and the Development of a Category of Political-Commercial Instruments
together with an Annotated Edition of a Corpus of Relevant Documents », Electronic Journal
of Oriental Studies, no 1, 1998, p. 185-284.
8. BEIHAMMER A., « Multilingual Literacy at the Lusignan Court: The Cypriot Royal
Chancery and its Byzantine Heritage », Byzantine and Modern Greek Studies, no 35, 2011, p.
149-169, ici p. 150-152.
9. Pour ces mêmes phénomènes, voir aussi MARTIN M., « The Venetian-Seljuk Treaty of
1220 », The English Historical Review, no 95, 1980, p. 321-330, qui examine un traité
légèrement plus ancien entre le sultanat de Konya et Venise.
10. Pour plus de détails, voir TURAN O., Türkiye Selçukluları Hakkında Resmî Vesikalar :
Metin, Tercüme ve Araştırmalar, Ankara, Türk Tarih Kurumu Basımevi, 1988, p. 109-112 ;
BEIHAMMER, Griechische Urkunden, op. cit., p. 335-337.
11. BEIHAMMER, « Multilingual Literacy », art. cit., p. 164-165.
12. BEIHAMMER, Griechische Urkunden, op. cit., p. 171-172.
13. Ibid., p. 171, ligne 10-11, et p. 212, lignes 4-5.
14. Ibid., p. 171, ligne 7-8.
15. Ibid., p. 172, ligne 53-54.
16. Ibid., p. 212, ligne 1-2.
17. Ibid., p. 213, ligne 37-38 : ἐν ᾧ καὶ τὸ ἡμέτερον σουλταντικὸν κράτος τὴν
τοιαύτην ἐπεσημήνατο. Pour une comparaison, voir : DÖLGER F. et KARAYANNOPOULOS J.,
Byzantinische Urkundenlehre : Erster Abschnitt, die Kaiserurkunden, Munich, C. H. Beck, 1968, p.
123 : ἐν ᾧ καὶ τὸ ἡμέτερον εὐσεβὲς καὶ θεοπρόβλητον ὑπεσημήνατο κράτος.
18. Ces textes ont été édités par ZACHARIADOU E. A., Trade and Crusade : Venetian Crete and
the Emirates of Menteshe and Aydin (1300-1415), Venise, Istituto ellenico di studi bizantini e
postbizantini di Venezia, 1983, p. 187-239.
19. Pour les émirats en question, voir WITTEK P., Das Fürstentum Mentesche, Studie zur
Geschichte Westkleinasiens im 13.-15. Jh., Istanbul, Istanbuler Mitteilungen, 1934 ; UZUNÇARŞILI İ.
H., Anadolu Beylikleri ve Akkoyunlu, Karakoyunlu Devletleri, Ankara, Türk Tarih Kurumu
Basımevi, 1988, p. 70-83, 104-120 ; ERSAN M., ŞEKER M. et KANAT C. (dir.), Aydınoğulları Tarihi,
Uluslararası Batı Anadolu Beylikleri Tarih ve Medeniyeti Sempozyumu – 1, Ankara, Türk Tarih
Kurumu, 2013 ; pour les relations politiques et commerciales avec Venise et les autres
puissances chrétiennes, voir ZACHARIADOU E. A., Trade and Crusade, op. cit., p. 3-102.
20. Ibid., p. 177-186.
21. ZACHARIADOU E. A., Trade and Crusade, op. cit., no 4, p. 201-204 (traité entre l’émir Hızır
d’Aydın et les Hospitaliers de Rhodes, 1346), no 6, p. 211, ligne 3-4. Voir aussi : ibid., no 8, p.
223, ligne 187-88 (Exemplum unius scripturae factae in litteris Graecis, translatae in Latinum) ; no
9b, p. 225, line 2-3 (translata de greco in latinum) ; no 10, p. 234, ligne 1-2 (Translatio pactorum
pacis… de Graeco in Latinum). La seule exception figure dans le no 7, p. 218, ligne 53-55 :
Exemplum cuiusdam scripturae scriptae sub lissiano admirati Palatiae in litteris Turcalibus per
Salachatini chaciam Turcum, ambaxatorem ipsius admirati.
22. THEUNISSEN H., « Ottoman-Venetian Diplomatics », art. cit., p. 51-103.
23. Pour les ‛ahd-nāmes et leurs implications légales, voir : İNALCIK H., « Ottoman Galata,
1453-1552 », dans İNALCIK H., Essays in Ottoman History, Istanbul, Eren, 1998, p. 275-327.
24. THEUNISSEN H., « Ottoman-Venetian Diplomatics », art. cit., p. 90-96.
25. ZACHARIADOU E. A., Trade and Crusade, op. cit., no 1, p. 187-189, no 2, p. 190-194, no 7, p.
217-218, no 9a, p. 225-233; THEUNISSEN H., « Ottoman-Venetian Diplomatics », art. cit., p. 76-
83.
26. Par exemple, ZACHARIADOU E. A., Trade and Crusade, op. cit., no 3, p. 195, ligne 5-6 (per
nos Ybraibegi admiratum, filium quondam Orchani, admirati magnum admiratorum); no 5, p. 205,
ligne 4-5 (conventiones pacis et concordie, que nos Zellapi Hityrbegui facimus, promittimus atque
iuramus).
27. THEUNISSEN H., « Ottoman-Venetian Diplomatics », art. cit., p. 90-93.
28. Ibid., p. 94-96: « The most striking difference… is the position of the oath formula ».
29. Aḥmad b. ‛Alī al-Qalqashandī, Sòubhò al-Aʽshā fī ṣinā ‛at al-inshā’, éd. M. H.
Shamsaddīn, Beyrouth, s. a., Dār al-kutub al-‛ilmiyya, vol. 14, p. 28, 32.
30. ZACHARIADOU E. A., Trade and Crusade, op. cit., no 6, p. 211, ligne 6 (émir Hızır of Aydın,
7 avril 1353), no 10, p. 234, ligne 3 (émir Elyas of Menteşe, 2 juin 1407).
31. Ibid., no 6, p. 211, ligne 11-12 (inter nos Chiterbechi zalappi et dominum Theologi), p.
215, ligne 165-166 (Nos Zalappi Chitirbechi, dominos Theologi et filius quondam felicis Maghmat
pechi, magni admirati magnorum admiratorum, Aythini, etc.), no 8, p. 219, ligne 3-4 (Achumati
Cassibegi Zalapi, dominum Palatiae), p. 222-223, ligne 150-151 (Nos Ibraipegi, magnus admiratus
magnorum admiratorum et dominus Turchiae, promittimus et juramus).
32. Voir, par exemple : ibid., no 3, p. 195, ligne 5, ligne 29, no 6, p. 210, ligne 14-15, ligne
24, p. 215, ligne 157. Voir aussi, par comparaison, la version grecque du traité de 1406 entre
l’empereur Manuel II et Venise : MIKLOSICH F. et MÜLLER I. (éd.), Acta et diplomata graeca medii
aevi sacra et profana, Vienna, Carolus Gerold, 1865, vol. 3, p. 144-153.
33. ZACHARIADOU E. A., Trade and Crusade, op. cit., no 4, p. 201-204.
34. Ibid., p. 201, ligne 1-5 : « Au nom d’Allāh, le miséricordieux, le compatissant. Par
Allāh, par Allāh, par Allāh. Il n’y a d’autre Dieu qu’Allāh et Muḥammad est son Prophète.
Oh Dieu (Allāhumma), puisse-t-il bénir Muḥammad et la famille de Muḥammad. Dis : Il est
Allāh, l’unique, Allāh, l’absolu. Il n’a jamais enfanté, ni n’a été enfanté, personne ne l’égale.
»
35. Ibid., p. 201, ligne 9-10 : τὸν πανευγενέστατον κεφαλὴν κάνστρου ὀδεῖνα
καὶ πρὸς τοὺς ἄρχοντας αὐτῆς.
36. Ibid., no 4, p. 201, ligne 6-8 : Ἐγώ… ὑπόσχομαι καὶ ὀμνύω ἐνώπιον τοῦ Θεοῦ
πρὸς σέ, « je… promets et te jure devant Dieu ».
37. Voir, par exemple, le traité de Mehmed II avec la cite de Galata en 1453 : MIKLOSICH
F. et MÜLLER I. (éd.), Acta et diplomata…, vol. 3, op. cit., p. 287-288 : Ἐγὼ ὁ μέγας αὐθέντης
καὶ μέγας ἀμυρᾶς σουλτάνος… ὀμνύω εἰς τὸν θεὸν τοῦ οὐρανοῦ. Voir aussi le
début du serment passé entre Ibrahim Bey de Karaman et le sultan Ottoman Murad II en
1444 : UZUNÇARŞILI, Anadolu Beylikleri, p. 26 : Ben kim İbrahim Begüm merhum Mehmed oğlu el-
Karamânî elümi Tanrı kelâmına koyup sıdk ve ihlâsla bilâ hile ve lâ istisna and idüp iderum ki
vallahi ve billâhi ve tallahi…
38. ZACHARIADOU E. A., Trade and Crusade, op. cit., p. 49-56.
39. Ibid., no 5, p. 204, ligne 5-25, p. 210, ligne 196-200.
40. Ibid., p. 210, ligne 199-200 : in presentia mei notarii Georgii Calloquiri, notarii ex parte
sancte domus.
41. Ibid., p. 206, ligne 46-59 : ego supradictus Admiratus sine aliquo timore et molestia, sed de
mea bona voluntate, ego et mei probi homines cohicides pono manus meas super curamen et musam
[…] et si non faciam omnia, sicut promitto iurans, […] ut sim dehoam passaris et omnia que dixi de
iuventute mea […] et teneor ire ad Mecam cum pedibus meis sine calciamentis septem vicibus et in
die suscitationis, videlicet die iudicii, habebo contrarium Mahumet et ero condempnatus […]. Pour
un équivalent byzantin, voir FERRARI G., I documenti greci medioevali di diritto privato dell’Italia
meridionale e loro attinenze con quelli bizantini d’oriente e coi papiri greco-egizii, Aalen, Scientia
Verlag, 1974, p. 91-92 : οὐκ ἔκ τινος ἀνάγκης ἢ βίας, σὺν προθυμίᾳ οὖν μᾶλλον.
Pour des parallèles musulmans de sanctio, voir al-Qalqashandī, Sòubhò al-a‛ shā, vol. 13, p.
316.
42. ZACHARIADOU E. A., Trade and Crusade, op. cit., no 3, p. 195, ligne 8-16.
43. Ibid., no 3, p. 195-196, ligne 28-34 : homines Cretae et fideles Venetiarum non debeant
molestari nec aggravari.
44. Ibid., no 3, p. 196-197, ligne 35-94.
45. Ibid., no 6, p. 211, ligne 23-28 (traité entre le duc de Candie et l’émir Emir Hızır of
Aydın, 7 avril 1353) : mercatores Cretae […] et omnes alii Veneti […] sint salvi et securi et
amicabiliter tractentur […] a nobis domino Theologi et a nepotibus nostris et a subditis nostris et a
gente nostra in omni loco tam in mari quam in terra ; p. 211-212, ligne 28-38 : et si aliqua causa a
nobis domino Theologi vel aliquo suprascriptorum meorum […] damnum aliquod […] fieret […]
tenemur nos dominus Theologi et pro fratribus et nepotibus nostris et gente nostra totum illud
damnum […] totaliter persolvere et dare […]. Une clause similaire peut-être trouvée dans ibid.,
224-225, col. b, ligne 13-31 (traité entre le duc de Candie et l’émir Elyas of Menteşe, 24 juillet
1403) : accipiam ego armiralius penam a fideiussioribus […] damnum autem solvam ego armiralius.
46. Ibid., no 6, p. 212, ligne 45-48 : […] tenemur nos dominus Theologi […] solvere et dare
dictum damnum et credere soli verbo dicti damnificati ; et in hoc credere debeamus consuli
dominationis Cretae, si dixerit quod damnificatus sit Venetus. Très proche dans ibid., no 8, p. 219-
220, ligne 29-220 (traité entre le duc de Candie et l’émir Ahmad de Menteşe, 22 avril 1375).
47. Ibid., no 3, p. 197, ligne 98-101 : […] dominatio Cretae habere possit supra omnes
Cretenses et Venetos et fideles comunis Venetiarum consulem […] et nos ei dare debemus auxilium et
favorem, quencunque nos requisiverit ; très proche avec des détails additionnels concernant les
compétences judiciaires du consul : ibid., no 6, 214, ligne 117-127 : […] et judicet justum inter
eos in omen judicio et querella ipsorum. Même formulation que dans l’acte no 3 : ibid., no 8, p.
221, ligne 88-92 ; no 9, p. 229, col. b, ligne 163-174.
48. Ibid., no 3, p. 197, ligne 102-109 : no 6, p. 214, line 128-133 ([…] unam ecclesiam in loco
nostro Theologi et lobium et fornum et domus ut tales Veneti et mercatores et alii fideles comunis
Venetorum converssantes in istis partibus habeant habitationem […]) ; no 8, p. 221, ligne 93-100 ;
no 9, p. 229-230, col. b, ligne 175-191 (en 1375 et 1403, des résidences qui avaient été
construites ou qui étaient entrées en possession des Turcs devaient être achetées par le
consul vénitien à un prix équitable).
49. Ibid., no 3, p. 197, ligne 84-86 (mort d’un citoyen vénitien), ligne 87-90 (non-
paiement de frais de douanes pour marchandise invendue qui doit être transportée ailleurs
par mer), ligne 91-94 (paiement de 2 % de la valeur de marchandise invendue qui doit être
transportée ailleurs par la voie continentale), ligne 95-97 (détention de débiteurs en fuite
jusqu’au règlement de leurs dettes), p. 198, ligne 124-126 (paiement de 2 % de la valeur de
marchandise à l’importation et à l’exportation) ; clauses très similaires dans l’acte no 6, p.
213, ligne 98-106, p. 214, ligne 143-147 ; une clause additionnelle concernant la non-
responsabilité des citoyens vénitiens pour dettes impayées : p. 213-214, ligne 107-112 ; voir
aussi l’acte no 8, p. 221, ligne 74-84, no 9, p. 228-229, col. b, ligne 134-161.
50. Dans l’émirat de Menteşe, à part les 2 % de taxation sur les marchandises
invendues transportées par la voie continentale et les 2 % de taxation sur les importations
et exportations de toutes les marchandises (commerclum), il existait des prélèvements
extraordinaires sur les céréales, les légumes, animaux et esclaves, comme le révèlent les
traités de 1337, 1375 et 1403 : ibid., no 3, p. 198, ligne 118-123 ; no 8, p. 221-222, ligne 110-115
; no 9, p. 230, ligne 209-217 : 1 modius of blé = 2 aspra, 1 modius d’orge = 1 asprum, 1 modius de
légumes déshydratés = 1 asprum, 1 cheval = 3 aspra, 1 bœuf et 1 âne = 2 aspra, 1 esclave = 10
aspra. Dans l’émirat d’Aydın selon le traité de 1353, il y avait une taxe de 4 % sur l’export des
blés, des denrées alimentaires et légumes déshydratés ainsi que des tarifs spécifiques pour
les esclaves et animaux s’appliquant aux chevaliers Hospitaliers et aux Génois : acte no 6, p.
214, ligne 137-142. Pour davantage de détails et sur les différences dans les pratiques de
taxation entre les émirats de Menteşe et d’Aydın, voir ZACHARADIOU, Trade and Crusade, op. cit.,
p. 153-158.
51. Ibid., no 3, p. 198, ligne 133-136 ; no 6, p. 215, ligne 148-152 ; no 8, p. 222, ligne 125-
128 ; no 9, p. 231, col. b, ligne 233-236. Pour plus de détails, voir ZACHARADIOU, Trade and
Crusade, op. cit., p. 145-146, 148-49. Pour les titres de nā’ib et de pasha, voir Encyclopedia if
Islam : New Edition, vol. 7, Leyde, Brill, 1993, s. v. nā’ib, p. 915-916 (H. Gibb et A. Ayalon), vol.
8, Leiden, Brill, 1995, s. v. pasha (J. Deny), p. 279-281.
52. Pour des travaux récents sur la phase initiale du développement de l’émirat
ottoman, voir: ZACHARIADOU E. (dir.), The Ottoman Emirate (1300-1389), Halycon Days in Crete I, A
Symposium Held in Rethymnon, 11-13 January 1991, Rethymnon, Crete University Press, 1993;
KASTRITSIS D. J., The Sons of Bayezid, Empire Building and Representation in the Ottoman Civil War of
1402-1413, Leyde-Boston, Brill 2007; MURPHEY R., Exploring Ottoman Sovereignty, Tradition, Image
and Practice in the Ottoman Imperial Household 1400-1800, London, Continuum, 2008; MURPHEY R.,
« Bayezid I’s Foreign Policy Plans and Priorities: Power Relations, Statecraft, Military
Conditions and Diplomatic Practice in Anatolia and the Balkans », CHRISSIS N. G. et CARR M.,
Contact and Conflict in Frankish Greece and the Aegean 1204-1453, Crusade, Religion and Trade
between Latins, Greeks and Turks, Farnham, Ashgate, 2014, p. 177-204.
53. Voir par exemple, la capitulation vénitienne de 1483 qui est conserve en grec
comme en turc : MIKLOSICH et MÜLLER, Acta et diplomata, op. cit., vol. 3, p. 313-317 (texte grec) ;
THEUNISSEN, Ottoman-Venetian Diplomatics, op. cit., p. 370-376 (texte turc de l’original préservé
dans les archives d’État vénitiennes).
54. DENNIS G., « The Byzantine-Turkish Treaty of 1403 », Orientalia Christiana Periodica,
no 33, 1967, p. 72-88.
55. Ibid., p. 77: Copia pactorum pacis facte cum domino Musulman Zalabi, scripte in ydiomate
turcho e signate signo suo et suorum baronum.
56. BABINGER F. et DÖLGER F., « Mehmed’s II. frühester Staatsvertrag (1446) », DÖLGER F.
(éd.), Byzantinische Diplomatik, 20 Aufsätze zum Urkundenwesen der Byzantiner, Ettal, Buch-
Kunstverlag, 1956, p. 262-291.
57. Texte dans MIKLOSICH et MÜLLER, Acta et diplomata, op. cit., vol. 3, p. 295-298 (25 janvier
1479). Pour son contenu et sa structure formelle, voir THEUNISSEN, Ottoman-Venetian
Diplomatics, op. cit., p. 133-135, 200.
58. DENNIS, « Byzantine-Turkish treaty », art. cit. p. 77 (In nome de Dio verasio) ; BABINGER
et DÖLGER, « Mehmed’s II. frühester Staatsvertrag », art. cit. p. 270 (Εἰς τὸ ὄνομαν τοῦ
μεγάλου θεοῦ, ἀμήν).
59. DENNIS, « Byzantine-Turkish treaty », p. 77.
60. MIKLOSICH et MÜLLER, Acta et Diplomata, vol. 3, p. 286 (a. 1450), p. 287 (a. 1453), BABINGER
et DÖLGER, art. cit., « Mehmed’s II. frühester Staatsvertrag », p. 270.
61. MIKLOSICH et MÜLLER, Acta et Diplomata, vol. 3, p. 295 (a. 1479).
62. DENNIS, « Byzantine-Turkish treaty », art. cit. p. 78 ; BABINGER et DÖLGER, « Mehmed’s
II. frühester Staatsvertrag », art. cit., p. 270 ; MIKLOSICH et MÜLLER, Acta et diplomata, op. cit., p.
295.
63. DENNIS, « Byzantine-Turkish treaty », art. cit., p. 78 ; BABINGER et DÖLGER, « Mehmed’s
II. frühester Staatsvertrag », art. cit., p. 270-271 ; MIKLOSICH et MÜLLER, Acta et diplomata, p.
295.
64. DENNIS, « Byzantine-Turkish treaty », p. 78 ; BABINGER et DÖLGER, « Mehmed’s II.
frühester Staatsvertrag », p. 271 ; MIKLOSICH et MÜLLER, Acta et diplomata, p. 295.
65. DENNIS, « Byzantine-Turkish treaty », p. 78 : io ho fato questa paxe, e ancora cum tuto lo
paise che Dio me dara s’il vegnisse altri signori mie suzeti, cum mio pare lo imparador e cum lo
imperio di Griesi e cum la compagnia de li comuni, li castelli e terre de lo imparador e de le convicine
et cum li luogi e isole e casali che sum a lo Mar de Basso e a lo Mar Mazor et infra terra ; BABINGER et
DÖLGER, « Mehmed’s II. frühester Staatsvertrag », p. 271 : ἐποιήσαμεν τελείαν ἀγάπην
καὶ ἀδολίευτον, ἴσην καὶ καλὴν τῆς θαλάσσου καὶ τῆς στερεᾶς. ὁμοίως καὶ
μὲ τὰ κάστρη του, χῶρές του καὶ καστέλλια καὶ νησία καὶ μὲ ὅλους τοὺς
τόπους, ὅπου ὁρίζει ἡ ἐκλαμπροτάτη μεγάλη αὐθεντία τῆς Βενετίας, καὶ μὲ
τοὺς ἄρχοντάς τους ἐντοπίους καὶ οἰκείους του […]. MIKLOSICH et MÜLLER, Acta et
diplomata, p. 295 : κάμνω δὲ πιστὴν, καλὴν καὶ καθαρὰν ἀγάπην τὸ διὰ ξηρᾶς καὶ
θαλάσσης μέσα καὶ ἔξω τοῦ Στενοῦ, μὲ χώραις, κάστροις, νησία καὶ τόπους,
ὁποῦ σηκώνουσιν τὸ σημεῖον τοῦ ἁγίου Μάρκου, καὶ ὅσαις θέλουσι σηκώνειν
εἰς τὸ ἐξῆς, καὶ ὅσοι τόποι εἶναι εἰς τὴν ὑποταγὴν καὶ ἐπιστασίαν αὐτῶν, καὶ
εἰς πράγματα, ὁποῦ ἔχουσιν ἕως τὴν σήμερον καὶ μέλλουσιν ἕξειν εἰς τὸν
μέλλοντα χρόνον.
66. BABINGER et DÖLGER, « Mehmed’s II. frühester Staatsvertrag », art. cit., p. 276-277 :
διὰ τοῦτο γέγονεν ἡ παροῦσά μου γραφὴ ἐν ἔτει.
67. MIKLOSICH et MÜLLER, Acta et diplomata, vol. 3, p. 297-298 : διὰ βεβαίωσιν καὶ
ἐπικύρωσιν τῶν ἄνωθεν γεγραμμένων κεφαλαίων καὶ ὁρκωμοτικῶν ἔγηνεν
δὲ ἡ παροῦσα γραφὴ ἐν τῷ ἔτους. Pour le traité de 1277, voir ibid., p. 96 : εἰς τούτων
γοῦν πάντων παγιότητα καὶ βεβαίωσιν τὸ παρὸν χρυσόβουλλον γενέσθαι ἡ
ἡμετέρα βασιλεία προσέταξε καὶ τῇ χρυσῇ βούλλῃ ταύτῃ ἀσφαλισθῆναι.
68. BABINGER et DÖLGER, « Mehmed’s II. frühester Staatsvertrag », p. 272-275 ; MIKLOSICH et
MÜLLER, Acta et diplomata, vol. 3, p. 296-297.
69. BABINGER et DÖLGER, « Mehmed’s II. frühester Staatsvertrag », p. 272-273, ligne 14-16
(forteresses, territoires, villages ou îles qui, du fait des révoltes de certaines personnes, ont
été cédés à la partie adverse, doivent être rétrocédés), p. 273, ligne 16-18 (personnes qui ont
fui avec des biens volés vers la partie adverse doivent se livrer) ; p. 274, ligne 22-23 (le duc
de Naxos [ὁ δούκας τῆς Ἀξίας] et tous ses frères, magnats, et sujets sont inclus dans le
traité de paix avec leurs territoires, leurs propriétés et leurs bateaux, et ne sont pas
assujettis au paiement d’aucun tribut ou à d’autres servitudes) ; p. 275, ligne 25-28 (Venise
est tenue de payer cent ducats en or tous les ans pour entrer dans le port de Naupakte, et
deux cent trente-six ducats en or tous les ans pour les forteresses de Scutari [la moderne
Shkodër], Alessio [Lezhë], et Drivasto [Drisht] qui sont situées sur la frontière des territoires
albanais du sultanat, dans la région de Balsha). Les clauses du traité de 1479 diffèrent dans
le fait que la forteresse de Scutari, l’île de Lemnos, et certains territoires et forteresses dans
le Péloponnèse occupés par les Vénitiens (τὰ παρὸν κάστροι καὶ τόπους, ἅτινα
ἐπάρθησαν ἐν τῇ μάχῃ ἐκ τὴν αὐθεντίαν μου, ἤγουν ἐν τὰ μέρη τοῦ Μωρέως)
doivent être rétrocédés au sultan : MIKLOSICH et MÜLLER, Acta et diplomata, vol. 3, p. 296-297.
Bien plus, au regard du nouveau statu quo résultant de la conquête ottomane de
Constantinople, Venise gagne le droit de désigner un bailo à Constantinople, lequel sera
habilité à administrer et à juger les affaires des Vénitiens en fonction de leur loi usuelle, et
jouira de l’aide du subaşı ottoman. Il est tenu d’offrir au sultan le don annuel de 10 000
ducats vénitiens tirés des revenus du commerce local : ibid., p. 296-297.
RÉSUMÉS
This article examines the development and diversification of legal arguments in
Christian-Turkish treaty making in a diachronic perspective. The emergence of the Seljuk
sultanate of Konya and other Turkish-Muslim principalities in Asia Minor quickly resulted
in the establishment of diplomatic relations with their Christian neighbours in the eastern
Mediterranean, such as Byzantium, the Empire of Trebizond, the Armenian Kingdom of
Cilicia, Venice after 1204, and various Frankish states. The legal basis for bilateral
agreements resulting from these contacts, mostly peace treaties and commercial
agreements, came from practices and concepts of Muslim-Christian diplomacy, the
adoption of ideological features originating from commonly accepted supreme authorities,
such as the Byzantine emperor or the Muslim caliphate, and a set of local customs related to
the traditions of various political entities. This study focuses on the characteristics of the
legal discourse in Christian-Muslim treaty making in late medieval Anatolia. The scope of
investigation comprises the earliest surviving examples of Frankish-Seljuk treaties dating
to the early thirteenth century, the treaties of Venice and other Christian powers with the
emirates of Menteshe and Karaman, and the early Christian-Ottoman treaties of the
fifteenth century. Generally speaking, there are clearly visible traces of continuity in the
use of Byzantine chancery practices and Arabic formulaic patterns in treaties issued in the
Greek language. However, there are also important shifts from a treaty type following
Byzantine imperial models to ones strongly influenced by Muslim-Arabic patterns. With the
rise of the Ottoman Emirate to an empire, especially in the wake of 1453, the language of
the treaties increasingly reflects ideas of superiority and universal aims based on a
combination of Muslim and Byzantine concepts.
AUTEURS
ALEXANDER BEIHAMMER
Lucien Bély
Les prétentions
Dans la négociation, ces droits historiques deviennent des «
prétentions » aux yeux des autres puissances. Les prétentions sont
bien les droits prétendus des autres. Cette volonté d’acquérir nourrit
les évolutions qui marquent les relations internationales. Un congrès
diplomatique devient au XVIIe siècle l’occasion de faire valoir ces
prétentions puisque les négociateurs recomposent la carte
géopolitique de l’Europe.
Cette notion apparaît dans les Mémoires que Louis XIV fait
préparer pour l’instruction de son fils. Pour l’année 1666, ce texte
évoque les affaires du Nord, le roi de Danemark et celui de Suède
demandant chacun à Louis XIV de l’aider contre l’autre. Le roi de
France se demande « s’il ne faut pas autant de force au prince pour
se défendre des prétentions différentes de ses alliés, de ses sujets ou
même de sa propre famille, que pour résister aux attaques de ses
ennemis ». Par un étonnant glissement, les revendications des
princes étrangers sont rapprochées de celles des princes de la famille
royale et de celles des sujets 12 . Le discours présente une idée
Le droit de dévolution
Le droit le plus révélateur, dès les premières années du
gouvernement personnel de Louis XIV, c’est le droit de dévolution.
La diplomatie française utilise une règle du droit privé en matière de
succession dans le domaine du droit public. Ce glissement juridique
mérite attention : y a-t-il analogie ? Ou simple construction
rhétorique ?
Après le mariage de Louis XIV, la diplomatie française ne perd
pas de vue les droits dynastiques de Marie-Thérèse pour la couronne
d’Espagne malgré ses renonciations solennelles. Lorsque naît le fils
de Philippe IV, le 6 novembre 1661, le futur Charles II, Louis XIV
revient à la charge et demande le 1er janvier 1662 un « acte
authentique » de son beau-père pour déclarer nulle la renonciation «
qu’on a forcé la reine de faire à la succession de son père en la
mariant ». Mais en juillet de la même année, en Espagne, un conseil
de théologiens et de docteurs en droit, réunis chez l’inquisiteur
général, oppose un refus définitif à la révocation de la renonciation
15 .
NOTES
1. NORDMAN D., « Les titres et les preuves. La notion de droits historiques en France
(1648-1661) », L’Europe des traités de Westphalie. Esprit de la diplomatie et diplomatie de l’esprit, L.
BÉLY et I. RICHEFORT (dir.), Paris, Presses universitaires de France, 2000, p. 245-252.
2. BÉLY L., La société des princes, Paris, Fayard, 1999.
3. BÉLY L., « Le “paradigme westphalien” au miroir de l’histoire. L’Europe des traités de
Westphalie », Annuaire français des relations internationales, X, 2009, p. 19-36.
4. KLESMANN B., Bellum solemne. Formen und Funktioneneuropäischer Kriegserklärungen des
17. Jahrhunderts, Mayence, P. von Zabern, 2007.
5. Mémoires et instructions pour servir dans les négociations et affaires concernant les droits du
roi de France, Paris, Sébastien Cramoisy et Sébastien Mabre-Cramoisy, 1665.
6. Le cérémonial françois recueilly par Théodore Godefroy et mis en lumière par Denys Godefroy,
Advocat en Parlement & Historiographe du Roy, Paris, 1649.
7. Si ces textes paraissent de 1631 à 1632, ils sont sans doute prêts dès avril-mai 1630.
François de Colomby publie en 1631 De l’autorité des Rois. Jean-Louis Guez de Balzac donne Le
Prince en 1631, s’inspirant de Pline le Jeune et de son Panégyrique de Trajan. Cardin Le Bret
obtient un privilège en 1630 pour son De la souveraineté du Roi qu’il publie en 1632. Philippe
de Béthune publie en 1632 son Conseiller d’État. Jacques de Cassan, avocat du roi au présidial
de Béziers, publie, toujours en 1632, La Recherche des droits du Roi et de la Couronne de France.
8. BÉLY L., « Comment apprenait-on à négocier à l’époque moderne ? », T. de MONTBRIAL
et S. JANSEN (dir.), Pratiques de la négociation, Paris, Bruylant, 2004, p. 115-148.
9. Mémoires et instructions pour servir dans les négociations et affaires concernant les droits du
roi de France, p. 311.
10. Après le traité des Pyrénées de 1659, Charles IV, libéré, négocie pendant un an pour
que Mazarin accepte, par les accords de Vincennes (28 février 1661), de lui rendre les
duchés de Lorraine et de Bar, amputés du Clermontois, de Stenay, Jametz, Sierck,
Sarrebourg et Phalsbourg. Nancy est démantelé dès 1661. Le duc doit laisser à la France une
route d’une lieue et demie de large pour relier l’Alsace au royaume. Il prête hommage au roi
de France pour le Barrois mouvant, montrant ainsi sa soumission totale. Charles IV montre
une préférence pour son fils naturel, le prince de Vaudémont, plutôt que pour son héritier,
son neveu, le prince Charles. Par le traité de Montmartre de 1662, il décide de céder ses
États à Louis XIV, à condition de les garder sa vie durant. Le prince Charles quitte
furtivement la France et se met bientôt au service de l’empereur Léopold Ier. L’accord
suscite la colère des Lorrains et est vite oublié. Au passage, Louis XIV obtient Marsal, la
seule forteresse qui reste en Lorraine (1663). Les troupes françaises quittent alors le
territoire qu’elles occupaient depuis vingt-huit ans.
11. Mémoires et instructions pour servir dans les négociations et affaires concernant les droits
du roi de France, p. 365.
12. Louis XIV, Le métier de roi. Mémoires et écrits politiques, J.-C. PETITFILS (éd.), Paris,
Perrin, 2012, p. 184-186.
13. Bibliothèque municipale de Besançon, Manuscrit Chifflet 74.
14. ROUSSET J., Les Intérêts présens des puissances de l’Europe, fondez sur les traitez conclus
depuis la paix d’Utrecht inclusivement, et sur les preuves de leurs prétensions particulières, La Haye,
A. Moetjens, 1733.
15. Les relations entre le roi de France et le roi d’Espagne se tendent aussi en raison
d’un incident diplomatique à Londres en 1661, une querelle de préséances. Louis XIV exige
des excuses et se voit ainsi reconnaître, par son beau-père et rival, le premier rang en
Europe parmi les rois, juste après l’empereur.
16. Sur Philippe IV, voir HUGON A., Philippe IV. Le siècle de Vélasquez, Paris, Payot, 2014.
17. Voir les négociations avec Jean de Witt, Grand Pensionnaire de Hollande, ROWEN H.,
John de Witt, Grand Pensionary of Holland. 1625-1672, Princeton, Princeton University Press,
1978.
18. PRIBRAM A. F., Franz Paul Freiherr vonLisola, 1613-1674, und die Politikseiner Zeit, Leipzig,
Veit, 1894. Voir aussi LEVILLAIN Ch.-E., Le Procès de Louis XIV. Une guerre psychologique, Paris,
Tallandier, 2015.
19. Louis XIV réclamait le Brabant, le marquisat d’Anvers, le Limbourg, la seigneurie de
Malines, la Haute-Gueldre, le comté de Namur, un tiers de la Franche-Comté, la moitié du
Luxembourg.
20. HASQUIN H., Louis XIV face à l’Europe du Nord, Bruxelles, Racine, 2005.
21. Pour reprendre l’expression d’Héloïse Hermant, Guerres de plumes. Publicité et
cultures politiques dans l’Espagne du XVIIe siècle, Madrid, Casa de Velázquez, 2012.
22. SOLL J., The Information Master. Jean-Baptiste Colbert’s Secret State Intelligence System,
Ann Arbor, The University of Michigan Press, 2009, p. 128.
23. Cette razzia de documents a permis de nourrir la Bibliothèque municipale de Lille,
la Bibliothèque nationale de France et la Bibliothèque de l’Institut.
24. Elle était anonyme et fut remise à la marquise de Maintenon.
25. Fénelon, « Lettre à Louis XIV », Œuvres, Jean Le Brun Éditeur, Paris, Gallimard, 1983,
I, p. 544-545.
26. PIQUET-MARCHAL M.-O., La Chambre de réunion de Metz, Paris, Presses universitaires de
France, 1969.
27. Le bourg de Fraulauter, annexé, permet l’édification de Sarrelouis ; près de
Trarbach, est construit Mont-Royal. Le duché de Deux-Ponts est réuni, ce qui aigrit les
rapports entre le roi de Suède, dont c’est une possession, et Louis XIV. La principauté de
Montbéliard est occupée et Louis XIV, après avoir occupé la moitié de l’évêché de Liège,
obtient pour trente ans Dinant et Bouillon.
28. Strasbourg, ville impériale, neutre dans la guerre de Hollande, est accusée par la
France d’avoir alors, à deux reprises, laissé passer les Impériaux par le pont sur le Rhin et
s’installer une garnison impériale en 1678. L’opération militaire est soigneusement
préparée, la ville ne résiste pas et signe une « capitulation » quand les troupes françaises se
présentent le 30 septembre 1681. La ville est tombée sans qu’ait été tiré un seul coup de
mousquet. La France contrôle désormais toute l’Alsace, les deux passages sur le Rhin.
29. LEGRELLE A., Louis XIV et Strasbourg. Essai sur la politique de la France en Alsace, Paris,
Hachette, 1884, p. 520-522 ; SIAT J., Histoire du rattachement de l’Alsace à la France, Le Coteau,
Horvath, 1987. Voir aussi LIVET G., L’intendance d’Alsace sous Louis XIV, 1648-1715, Strasbourg,
Le Roux, 1956.
30. Or, au même moment, toute l’Europe suit le siège de Vienne. Louis XIV accorde une
trêve et fait lever le blocus de Luxembourg. Mais avant que Vienne soit secourue, Louis XIV
cherche à s’assurer des avantages et il fait entrer des troupes dans les Pays-Bas. Charles II
d’Espagne déclare la guerre le 26 octobre 1683. Après avoir exercé des ravages autour de
Bruges et de Bruxelles, l’armée française prend finalement Luxembourg le 4 juin 1684. Voir
JEANMOUGIN B., Louis XIV à la conquête des Pays-Bas espagnols. La guerre oubliée, 1678-1684, Paris,
Economica, 2005.
31. BOUTANT C., L’Europe au grand tournant des années 1680, Paris, SEDES, 1985.
32. FREY L. S. et FREY M. L., The History of Diplomatic Immunity, Columbus, Ohio State
University Press, 1999.
33. BÉLY L., Espions en ambassadeurs au temps de Louis XIV, Paris, Fayard, 1990.
34. PETITFILS J.-C., Le masque de fer. Entre histoire et légende, Paris, 2003.
35. Archives de la Bastille, François Ravaisson éd., Paris, 1866-1904, tome IX, p. 272-
292. Voir aussi BÉLY L., Les secrets de Louis XIV. Mystères d’État et pouvoir absolu, Paris,
Tallandier, 2013.
36. NOËL J.-F., Le Saint-Empire, Paris, PUF, 1976.
37. BÉLY L., Espions et ambassadeurs, op. cit., p. 730-740.
38. Louis XIV, Le métier de roi. Mémoires et écrits politiques, op. cit., p. 233.
39. Mémoire de Falaiseau, 25 octobre 1711, cité dans BÉLY L., Espions et ambassadeurs, op.
cit., p. 739.
40. Cité ibid., p. 735.
41. Le danger paraît d’autant plus grand qu’au début de 1712 le petit-fils aîné de Louis
XIV, le duc de Bourgogne, et son fils aîné meurent brutalement. Un seul prince sépare
Philippe V de la couronne de France et il n’a que deux ans dans un temps où la mortalité
infantile est terrible. S’il y a renonciation, la succession de Louis XIV passera, à défaut du
dauphin, le jeune Louis (futur Louis XV), au duc de Berry, frère cadet de Philippe V, ensuite
au duc d’Orléans, puis aux autres princes du sang. Les Cortès de Castille donneront leur
adhésion à cette solution.
42. Lettre de Colbert de Torcy à Henry Saint-John, plus tard vicomte Bolingbroke, du
22 mars 1712, citée par exemple par BAUDRILLART A., Philippe V et la Cour de France, I, Paris,
Firmin-Didot, 1890, p. 473-474.
43. Pour le détail de ces négociations et les références de ces textes, on se reportera à
BÉLY L., La Société des princes, Paris, Fayard, 1999, p. 338-346.
44. Il déclare séparer sa « branche » de la « tige royale de France » et « toutes les
branches de France » de la « tige du sang royal d’Espagne ». Il décide d’« abdiquer » pour lui
et ses descendants « le droit de succession à la couronne de France, désirant de vivre et de
mourir avec [ses] aimés et chers Espagnols ». Il renonce à ses droits, ajoutant : « de même
que si moi et mes descendants n’eussions pas été nés et ne fussions pas venus au monde ».
45. « Il ôta à demi son chapeau, le remit tout de suite, regarda le premier président, et
dit : “Monsieur” ; après un moment de pause, il répéta “Monsieur” ; il regarda la compagnie,
et puis dit encore : “Monsieur” ; il se tourna à M. le duc d’Orléans, plus rouges tous deux que
le feu, puis au premier président, et finalement demeura court sans qu’autre chose que
“Monsieur” lui pût sortir de la bouche. J’étais vis-à-vis du quatrième président à mortier, et
je voyais en plein le désarroi de ce prince ; j’en suais ; mais il n’y avait plus de remède. Il se
tourna encore à M. le duc d’Orléans, qui baissait la tête ; tous deux étaient éperdus. Enfin le
premier président, voyant qu’il n’y avait plus de ressource, finit cette cruelle scène en ôtant
son bonnet à M. le duc de Berry, et s’inclinant fort bas comme si la réponse était finie, et
tout de suite dit aux gens du Roi de parler. »
46. SAINT-SIMON, Mémoires, A. de BOISLISLE (éd.), vol. XXIII, Paris, Hachette, 1911, Annexe
XI, p. 519-521.
47. « Y quietud de la Europa en un equilibrio de potencias », cité par KAMPMANN C., «
Friedensschluss un dynastisches Prinzip. Kontinuität und Wandel im Zeitalter des Utrechter
Friedens », Utrecht-Rastatt-Baden 1712-1714. Ein europäisches Friedenswerk am Ende des Zeitlaters
Ludwigs XIV, DUCHHARDT H. et ESPENHORST M. (dir.), Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2013,
p. 35-51.
48. ANDERSON M. S., « Eighteenth-Century Theories of the Balance of Power », HATTON R.
et ANDERSON M. S. (dir.), Studies in Diplomatic History, Essays in Memory of David Bayne Horn,
Londres, Longmans, 1970, p. 183-198 ; Voir aussi LIVET G., L’équilibre européen de la fin du XVe
siècle à la fin du XVIIIe siècle, Paris, P.U.F., 1976 ; DUCHHARDT H. (dir.), Zwichenstaatliche
Fridenswahrung in Mittelalter und Früher Neuzeit, Cologne-Vienne, Böhlau, 1991 ; du même
auteur, Balance of Power und Pentarchie : Internationale Beziehungen 1700-1785, Paderborn,
Schöningh, 1997.
49. SCHNAKENBOURG E., Entre la guerre et la paix : Neutralité et relations internationales, XVIIe-
XVIIIe siècles, Presses universitaires de Rennes, 2013.
50. DHONDT F., « La représentation diplomatique du droit dans la communauté des
diplomates européens des “Trente Heureuses” (1713-1740) », Tijdschriftvoor
Rechtsgeschiedenis/Revue d’histoire du droit/The Legal History Review. LXXXI (2013), no 3-4, p.
595-620; du même auteur, Balance of Power and Norm Hierarchy. Franco-British Diplomacy after
the Peace of Utrecht, Boston/Leiden, Brill/Martinus Nijhoff, 2015.
51. Article X: « Rex Catholicus pro se, Haeredibus, & Successoribus suis, hisce cedit Coronae
Magnae Brtianniae, plenam, integramque Proprietatem Urbis & Arcis Gibraltar nuncupatae, una cum
Portu, Munitionibus, Fortalitiisque eodem pertinentibus, dictamque Proprietatem habendam,
fruendamque dat absolute, cum Jure omnimodo in perpetuum, sine ulla exceptione, vel impedimento
quolibetcunque. » Gilbert Guillaume a appelé mon attention sur cet article qui intéresse les
juristes parce qu’il utilise la notion de « propriété ».
RÉSUMÉS
Louis XIV’s diplomacy relied on strong legal discourse to justify its claims and its
takeovers by force. The arguments came from the law of nations as well as from private law,
which enabled him to demand sovereignty over the Spanish Low Countries in the name of
the rule of Devolution in the 1660s, and from old feudal law, which legitimated the politics
of Reunions in the 1680s. The use of legal argumentation to claim rights did not prevent
Louis XIV from breaking some of the most well established rules of the law of nations,
which was in the process of being elaborated. The practice of kidnapping in a foreign
territory was based on the use of force without any regard for the sovereignty of a weaker
prince. In the last decades of the seventeenth century, the emergence of international
public opinion and the spread of certain legal principles fed written propaganda that
denounced Louis XIV’s bad faith or, on the contrary, supported the rightness of his claims.
Criticising his greed was a way to present the French king as a troublemaker among the
society of princes, whereas respecting each prince’s rights should enable the pacification of
international relations. Finally, the War of Spanish Succession raised considerable legal
difficulties following Philippe V’s renunciation of his right to the French crown, as required
by the Allies. In this case, a legal provision resulting from diplomatic negotiations was
imposed on the rules of succession to the French crown, which had been considered
intangible. This process illustrates the new hierarchy of legal norms that came into being in
the eighteenth century.
AUTEUR
LUCIEN BÉLY
Université de Paris-Sorbonne
Équilibre et hiérarchie
L’argument juridique dans la diplomatie française et anglaise
après la paix d’Utrecht (1713-1740)
Balance of Power and Hierarchy: Legal Argument in French and
English Diplomacy after the Peace of Utrecht (1713-1740)
Frederik Dhondt
Les renonciations
Les renonciations relèvent-elles du droit interne ou du droit des
traités ? La réponse est en partie donnée par un de nos anciens
maîtres, Émile Bourgeois. Dans son ouvrage classique sur la
Diplomatie secrète au XVIIIe siècle, il définit la clef de voûte du système
d’Utrecht : les renonciations au trône de France prononcées par
Philippe d’Anjou 30 , petit-fils de Louis XIV et roi d’Espagne
Alliance allait contre les opinions des juristes de droit interne les
plus avisés, comme Jean-Antoine de Mesmes (président à mortier du
Parlement de Paris 55 ), Henri-François d’Aguesseau (procureur-
Deux ans après, la guerre éclata. Dans le conflit, les deux camps
s’appuyaient à la fois sur le droit des traités (contre la France) et sur
les normes internes de succession (contre Marie Thérèse d’Autriche,
de la part de l’Électeur de Bavière, marié à sa cousine). Les positions
avaient changé…. Cependant, faudrait-il pour autant y voir une
rupture avec l’arène discursive de la paix d’Utrecht ? « Pour se
battre avec quelqu’un, il fait avoir beaucoup de choses en commun
[…] Pour qu’il y ait lutte dans un champ, il faut qu’il y ait accord sur
les terrains de désaccords […] sur les critères mêmes du triomphe, ce
qui fait qu’on peut apparemment parler d’une culture 103 . » Si, à
NOTES
1. BÉLY L., Espions et ambassadeurs au temps de Louis XIV, Paris, Fayard, 1990 ; DUCHHARDT
H. et ESPENHORST M. (dir.), Utrecht – Rastatt – Baden 1712-1714. Ein europäisches Friedenswerk am
Ende des Zeitalters Ludwigs XIV., Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2013.
2. CORVISIER A., « Présence de la guerre au XVIIIe siècle », BÉLY L., BÉRENGER J. et CORVISIER
A. (dir.), Guerre et paix dans l’Europe du XVIIIe siècle, Paris, SEDES, 1991, p. 13.
3. WOODFINE P., Britannia’s glories: the Walpole ministry and the 1739 war with Spain,
Woodbridge, Royal Historical Society, 1998.
4. BROWNING R., The War of the Austrian Succession, New York, St Martin’s Griffin, 1995.
5. BLACK J., British foreign policy in the age of Walpole, Edinburgh, Donald, 1984; CAMPBELL P.,
Power and politics in Old Regime France, 1720-1745, London, Routledge, 1996; Coxe W., Memoirs of
the Life and Administration of Sir Robert Walpole, Earl of Orford, London, Longman, Hurst, Rees,
Orme, and Brown, 1816 [1798]; DUNTHORNE H., The maritime powers 1721-1740. A study of Anglo-
Dutch relations in the age of Walpole, New York, Garland Publishing, 1986; PEARCE S., The great
man Sir Robert Walpole: scoundrel, genius and Britain’s first Prime Minister, London, Jonathan
Cape, 2007; VAUCHER P., Robert Walpole et la politique de Fleury (1731-1742), Paris, Plon, 1924;
WILSON A., French Foreign Policy during the Administration of Cardinal Fleury: a study in diplomacy
and commercial development, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 1936.
6. BÉLY L., Les relations internationales en Europe (XVIIe-XVIIIe siècles), Paris, Presses
universitaires de France, 1992.
7. GAURIER D., Histoire du droit international, Rennes, Presses universitaires de Rennes,
2014.
8. JOUANNET E., Emer de Vattel et l’émergence doctrinale du droit international classique, Paris,
Pédone, 1998. Cf. la contribution d’Elisabetta Fioccha Malaspina dans ce volume, p. 85-96.
9. VAN BYNKERSHOEK C., Quaestionum iuris publici libri duo (transl. Frank Tenney),
Washington, Carnegie Institute, 1930 [1737] ; cf. la contribution de Dominique Gaurier dans
ce volume, p. 261-269.
10. LE ROY LADURIE E., L’Ancien Régime. II : L’absolutisme bien tempéré (1715-1770), Paris,
Hachette, 1991, p. 93.
11. GROTIUS H., Le droit de la guerre et de la paix (trad. J. BARBEYRAC), Amsterdam, P. de
Coup, 1724. Signalons également la version d’Antoine de Courtin (1622-1685), Le droit de la
guerre et de la paix, par M. Grotius, Paris : A. Seneuse, 1687, 2 vol.
12. STOLLEIS M., Histoire du droit public en Allemagne – La théorie du droit public impérial et la
science de la police (1600-1800), Paris, Presses universitaires de France, 1998.
13. RÉAL DE CURBAN G., La science du gouvernement, tome cinquième contenant le droit des
gens, Paris, Les libraires associés, 1764 ; MESTRE J.-L., « La science du gouvernement de
Gaspard de Real », États et pouvoir, la réception des Idéologies dans le Midi, colloque de Toulouse
des 22 et 23 octobre 1982, Collection de l’Association française des historiens des idées
politiques, Aix-en-Provence, Presses universitaires d’Aix Marseille III, 1982, p. 101-115.
14. VEC M., « Grundrechte der Staaten. Die Tradierung des Natur-und Völkerrechts der
Aufklärung », Rechtsgeschichte, vol. 18, 2011, p. 66-94.
15. CRAWFORD J., « Chance, Order, Change : The Course of International Law », Recueil des
cours de l’Académie de droit international de La Haye, vol. 365, 2013, p. 49.
16. Ibid., p. 67.
17. Ibid., p. 66.
18. KOSKENNIEMI M. From apology to utopia: the structure of international legal argument,
Cambridge, Cambridge University Press, 2005 [1989].
19. HALPÉRIN J.-L., « L’histoire du droit international est-elle compatible avec les
théories positivistes ? », DUPUY P. et CHETAIL V. (dir.), The Roots of International Law-Les
fondements du droit international. Liber Amicormum Peter Haggenmacher Leiden, Martinus
Nijhoff, 2014, p. 365-386.
20. KRATOCHWIL F., Rules, norms, and decisions: on the conditions of practical and legal
reasoning in international relations and domestic affairs, Cambridge, Cambridge University
Press, 1989.
21. BULL H., The anarchical society: a study of order in world politics, London, Macmillan,
1977.
22. BOURDIEU P., Sur l’État : Cours au Collège de France (1989-1992), Paris, Éditions du Seuil,
2011.
23. DE LA SARRAZ DU FRANQUESNAY J., Le ministre public dans les cours étrangères, ses fonctions,
et ses prerogatives, Amsterdam, Aux dépens de la Compagnie, 1731, p. 104-132.
24. TROPER M., Le droit et la nécessité, Paris, Presses universitaires de France, 2011, p. 256.
25. CHURCH F., « The Decline of the French Jurists as Political Theorists, 1660-1789 »,
French Historical Studies, no 1, 1967, p. 1-40.
26. NYS E., Le droit de la guerre et les précurseurs de Grotius, Bruxelles, Muquardt, 1882.
27. WHITMAN J., The Verdict of Battle: The Law of Victory and the Making of Modern War,
Cambridge (Mass.), Harvard University Press, 2012.
28. DUCHHARDT H. (dir.), Zwischenstaatliche Friedenswahrung im Mittelalter und Früher
Neuzeit, Köln, Böhlau, 1991.
29. LIVET G., L’équilibre européen de la fin du XVe à la fin du XVIIIe siècle, Paris, Presses
universitaires de France, 1976.
30. Renunciation jurada de Felipe Duque de Anjou como Rey de España à la Corona de Francia…,
Madrid, 5 novembre 1712, CUD VIII/1, nr. CXXXVI, p. 310-312 ; Renonciation avec Serment,
de Philippe Petit-Fils de France, Duc d’Orléans à la Couronne d’Espagne, & a toute esperance
d’y pouvoir succéder un jour, lui, ses Enfans, & ses Descendants, Paris, 19 novembre 1712,
ibid., nr. CXL, p. 314-316 ; Renonciation avec Serment de Charles Fils de France Duc de Berri
à la Couronne d’Espagne, & à tout Droit d’y pouvoir un jour succeder, lui ou ses Descendants
à perpetuité, Marly, 24 novembre 1712, Ibid., nr. CXLI, p. 316-317. Les renonciations de
Philippe V furent insérées dans l’article VI du traité de paix franco-anglais du 11 avril 1713
(ibid., nr. CLI, p. 340), celles de Berry et Orléans dans celui conclu entre Louis XIV et Victor
Amédée II de Savoye (Utrecht, 11 avril 1713, ibid., nr. CLV, p. 362-366, art. VI).
31. Réponse de Bolingbroke : « Mais vous nous permettrez aussi de croire en
Angleterre qu’un prince peut se départir de ses droits par une cession volontaire, et que
celui en faveur de qui il auroit fait la renonciation pourroit être soutenu avec justice dans
ses prétentions par les puissances qui en auroient garanti. » COLBERT DE TORCY J.B., Mémoires
du marquis de Torcy, Paris, Foucault, 1828, I, p. 155.
32. LEGRELLE A., La Diplomatie française et la Succession d’Espagne : 1659-1725, Paris, Pichon,
1892, vol. IV ; MIGNET A., Négociations relatives à la Succession d’Espagne sous Louis XIV, Paris,
Imprimerie Royale, 1835.
33. BÉRENGER J., « Une tentative de rapprochement entre la France et l’Empereur », D.
TOLLET (dir.), Guerres et paix en Europe Centrale aux époques moderne et contemporaine : mélanges
d’histoire des relations internationales offerts à Jean Bérenger, Paris, Presses de l’université de
Paris-Sorbonne, 2003, p. 221-236.
34. DHONDT F., « From Contract to Treaty: the Legal Transformation of the Spanish
Succession, 1659-1713 », Revue d’histoire du droit international, no 2, 2011, p. 247-274.
35. HATTON R., George I, New Haven, Yale University Press, 2001 [1978].
36. « Quel autre party a-t-Elle a prendre, ses troupes de terre étant enfermées dans la
Sicile, et pouvant étre livrées a la discretion des Imperiaux ? » (Saint-Saphorin à Stair,
Vienne, 24 août 1718, NA, SP, 78, 162, f. 114 ro).
37. « The unanimous consent of all the States, and People concern’d, is sufficient to form a
lawfull Title and cannot well be disputed » (Polwarth et Withworth à Carteret, Cambrai, 20 mai
1724, NA, SP, 78, 174, f. 23 vo).
38. « Notre commerce ne sera jamais solidement etably, qu’autant qu’il sera fondé sur
la terreur qu’on leur imprimera » (Saint-Saphorin à Stair, Vienne, 24 août 1718, NA, SP, 78,
162, f. 114 ro). Même si la phrase de Saint-Saphorin paraît forte et décidée, il faut apporter
une nuance essentielle : les relations commerciales franco-espagnoles étaient de nature à
prôner la paix, plutôt que la guerre, ayant regard aux actifs détenu par des personnes
privées françaises en Espagne. En cas de saisie unilatérale par l’Espagne, ces derniers
auraient pu faire pression sur le Régent pour se retirer de l’alliance anglaise. Pour Dubois, il
fallait des provocations espagnoles menant la France à se laisser entraîner dans un conflit
bilatéral anglo-espagnol, plutôt qu’une déclaration immédiate, qui risquait de faire éclater
des problèmes internes (Stair à James Stanhope, Paris, 5 octobre 1718, NA, SP, 78, 162, f. 207
vo -208 ro). Les États généraux, par contre, qui avaient décidé de rester neutres, pouvaient
pleinement jouir des avantages du « medius in bello », en conservant leur commerce avec
l’Espagne et ses opposants. SCHNAKENBOURG E., Entre la guerre et la paix : neutralité et relations
internationales, XVIIe-XVIIIe siècles, Rennes, Presses universitaries de Rennes, 2013, p. 41-45.
39. Par conséquent, le titre de secrétaire d’État des affaires étrangères échappa à
Colbert de Torcy, qui le détenait toujours depuis la mort de Louis XIV d’Huxelles (président
du conseil des affaires étrangères) et Villars (président du conseil de la guerre) perdirent
également leurs fonctions. SAMOYAULT J.-P., Les bureaux du secrétariat d’État des Affaires
étrangères sous Louis XV, Paris, Pedone, 1971, p. 38.
40. « Govern’d more by his personal animosity ag[ains]t the Emp[ero]r & Reg[en]t, than by any
reason of state » (James Stanhope à Stair, Bayonne, 2 septembre 1718, NA, SP, 78, 162, f. 112
ro).
41. Notons également un récit de Rottembourg (ambassadeur de Louis XV à Madrid) à
Chauvelin, traduit dans les archives anglaises, Madrid, 13 janvier 1728, NA, SP, 78, 189, f. 24
ro, jouant sur la rancœur du petit-fils de Louis XIV: « I desired him [Philippe V] to remember,
that the Emperor [Charles, comme archiduc] had lodged in this same Pardo where I had the honour to
speak to him, that it was at the Head of a French army, that he had turned him out of the Capital City
of his Dominions [éviction de Charles VI de Madrid en 1706 et 1710] & from this same Castle. »
42. Convention faite entre les Parties Belligerantes, par la Mediation des
Plenipotentiaires Anglois, pour l’évacuation de la Catalogne, & pour un Armistice en Italie,
Utrecht, 14 mars 1713, CUD VIII/1, nr. CXLVII, p. 327-330.
43. « Mémoire pour servir d’instruction au s[ieu]r abbé du Bois con[seille]r d’estat
ord[inai]re et au con[sei]l des affaires etrangeres, secretaire du cabinet du Roy, allant en
Angleterre pour le service de sa Majesté », Paris, 10 septembre 1717, AAE, CP, Angleterre,
30, f. 8 ro -32 vo.
44. Art. XXX, Traité de paix entre Charles VI et Louis XIV, Rastatt, 6 mars 1714, CUD
VIII/1, nr. CLXX, p. 420.
45. Instrumento de la Cession del Reyno de Sicilia, hecho por el Serinissimo Duque de Anjou,
como Rey de España, a Victor Amadeo Duque de Saboya…, Madrid, 10 juin 1713, CUD, VIII/1, nr.
CLXII, p. 389-392 ; Traité de Paix et d’Alliance entre Philippe Duc d’Anjou, comme Roi
d’Espagne, & Victor Amédée Duc de Savoye, Utrecht, 13 août 1713, ibid., nr. CXLVI, p. 401-
403. MONGIANO E., « Universae Europae securitas » I trattati di cessione della Sardegna a Vittorio
Amedeo II di Savoia, Torino, Giappichelli Editore, 1995.
46. KOLB R., « L’article 103 de la Charte des Nations unies », Recueil des Cours de
l’Académie de droit international de La Haye, vol. 367, 2013 ; PETERS A., « Rechtsordnungen und
Konstitutionalisierung : Zur Neubestimmung der Verhältnisse », Zeitschrift für öffentliches
Recht, vol. LXV, 2010, p. 3-63.
47. Traité d’alliance entre Charles VI, Louis XV et Georges Ier, Londres, 2 août 1718,
CUD VIII/1, nr. CCII, p. 531-541.
48. DHONDT F., « “The cursed sluices of Dunkirk” : Dunkerque, thermomètre des
relations franco-britanniques après Utrecht », RYCKEBUSCH O. et OPSOMMER R. (dir.), Guerre,
frontière, barrière et paix en Flandre, Ypres, Stadsarchief Ieper, 2014, p. 124-141.
49. DE CAILLIÈRES F., De la manière de négocier avec les souverains, Paris, 1716, p. 66.
50. WILLIAMS B., Stanhope. A Study in Eighteenth-Century War and Diplomacy, Oxford,
Clarendon Press, 1932, p. 222.
51. “Raisons qui ont engagé le Roy d’Angleterre en qualité d’Électeur de Brunswick et
de Lunebourg de se declarer contre la Suède (traduites de l’allemand)”, AAE, CP, Angleterre
(suppl.), 5, f. 251 ro -254 ro.
52. Art. V, Traité d’alliance entre Louis XV, Georges Ier et les États généraux, La Haye,
4 janvier 1717, CUD VIII/1, nr. CLXXXVI, p. 484-488.
53. Dans la mesure où la garantie des ordres de succession sépare les normes de droit
divin d’accords rationnels et politiques, légitimés par le consentement d’une assemblée
représentative (NYS E., Idées modernes, droit international et franc-maçonnerie, Bruxelles,
Weissenbruch, 1908, p. 22 ou MANDROU P., L’Europe « Absolutiste » : Raison et Raison d’État, 1649-
1775, Paris, Fayard, 1977, p. 109) ont cru y voir l’avènement de la raison.
54. BASCHET A., Histoire du dépôt des Archives des Affaires étrangères, à Paris, au Louvre, en
1710 ; à Versailles, en 1763 ; et de nouveau à Paris en divers endroits depuis 1796, Paris, Plon, 1875,
p. 121, 125.
55. Archives nationales (Paris), Carton X 1B, 9009 (« Parlement civil, Lettres patentes,
août 1711-juillet 1713 »), liasse « Patentes mars 1713 R », pièce XV, f. 5 ro, citée par de
BOURBON-PARME S. de, Le traité d’Utrecht et les lois fondamentales du royaume, Paris, Librairie
Honoré Champion, 1914, p. 117.
56. D’AGUESSEAU H.-F., « Observations sur la renonciation de Philippe V, février 1713 »,
AAE, CP, Angleterre, 220, f. 62 ro -71 vo (copie). STOREZ I., Le chancelier Henri François
d’Aguesseau (1668-1751), monarchiste et libéral Paris, Publisud, 1999.
57. BAUDRILLART A. « Examen des droits de Philippe V et de ses descendants au trône de
France, en dehors des renonciations d’Utrecht », Revue d’histoire diplomatique, vol. III, 1889,
p. 161-191 et 354-384.
58. BÉLY L., La société des princes XVIe-XVIIIe siècle, Paris, Fayard, 1999, p. 345.
59. D’AGUESSEAU H.-F., « Observations sur la renonciation de Philippe V, février 1713 »,
AAE, CP, Angleterre, 220, f. 63 ro.
60. Ibid., f. 64 vo.
61. Lettres patentes de Louis XIV Roi de France, supprimant celles du Mois de
Decembre 1709, admetant & authorisant la Renonciation de Philippe Duc d’Anjou, comme
Roi d’Espagne, à la Couronne de France…, Versailles, mars 1713, CUD, nr. CXLV, 324-326.
62. DE BOURBON-PARME S., Le traité d’Utrecht et les lois fondamentales du royaume, op. cit., p.
117.
63. CASTEL DE SAINT-PIERRE C.-I., L’Esprit des maximes politiques, pour servir de suite à l’Esprit
des Loix du président de Montesquieu, Utrecht, Schouten, 1717 [1712], p. 381.
64. KOSKENNIEMI M., « The Public Law of Europe. Reflections on a French 18th Century
Debate », LINDEMANN H. et alii (dir.), Erzählungen vom Konstitutionalismus, Baden-Baden, Nomos,
2012, p. 43-73.
65. « Mémoire pour servir d’instruction au s [ieu] r abbé du Bois… », f. 11 ro -vo.
66. SCHÖNBERG R. von, Das Recht der Reichslehen im 18. Jahrhundert. Zugleich ein Beitrag zu
den Grundlagen der bundesstaatlichen Ordnung, Heidelberg/Karlsruhe, Müller, 1977.
67. Jean-Yves de Saint-Prest († 1720), directeur du dépôt des Archives depuis 1682 et de
l’Académie Politique de Torcy, prédécesseur de Nicolas-Louis Le Dran de SAINT-PREST Y.,
Histoire des traités de paix et autres negociations du XVIIe siècle depuis la paix de Vervins jusqu’à la
paix de Nimègue, Amsterdam, J. F. Bernard, 1725.
68. BOURGEOIS E., La diplomatie secrète au XVIIIe siècle, ses débuts. I. Le secret du Régent et la
politique de l’abbé Dubois (Triple et Quadruple Alliances) (1716-1718), Paris, Armand Colin, 1909, p.
285.
69. BIGNON J.-P., Bibliotheca Duboisiana, ou catalogue de la bibliothèque de feu son Eminence
Monseigneur le Cardinal Du Bois, La Haye, Swart & De Hondt, 1725, 4 v. ; DHONDT F., « Kardinaal
Dubois door Hyacinthe Rigaud (1723). Een insider’s view op een bibliotheek van de macht in
de Grand Siècle », Pro Memorie. Bijdragen tot de rechtsgeschiedenis der Nederlanden, no 2
[Themanummer Rechtsiconografie], 2014, p. 45-54.
70. Cette cession fut une violation du droit de réversion contracté par Philippe V dans
son traité de paix bilatéral avec le duc (art. VI, Traité de paix entre Philippe V et Victor
Amédée de Savoye, Utrecht, 13 août 1713, CUD VIII/1, nr. CXLVI, 403). En maintenant le
droit subsidiaire de la maison de Savoye au trône d’Espagne, les arrangements de sortie de
guerre entre les deux monarques feignaient une communauté d’intérêts, qui ne
correspondait cependant pas à la politique suivie ensuite. Conformément aux politiques
classiques de son duché, Victor Amédée de Savoye louvoyait entre Paris, Vienne et Madrid,
au grand dam des médiateurs franco-anglais.
71. VERZIJL H., International Law in Historical Perspective, Leyden, Sijthoff, 1968, III, p. 310.
72. JONES J., Great Britain and the Tuscan Succession Question, 1710-1737, New York, Vantage
Pr, 1999.
73. SCHAUB à Carteret, Versailles, 11 août 1723, NA, SP, 179, f. 5 ro-7.
74. THUILLIER G., La première École d’Administration. L’Académie politique de Louis XIV,
Genève, Droz, 1996.
75. Antoine Pecquet (1668-1728) devint secrétaire du roi en 1716 et devint l’homme le
plus écouté des bureaux des affaires étrangères, s’occupant de correspondance bien au-delà de
ses propres compétences (SAMOYAULT J.-P., Les bureaux du secrétariat d’État des Affaires
étrangères sous Louis XV op. cit., p. 38, 39, 301).
76. Antoine Pecquet jr. (1700-1762) succéda à son père comme premier commis. « Haut,
fier et brusque », sa relation avec Le Dran fut difficile. Associé à l’action politique de
Chauvelin depuis 1727, Antoine Pecquet fils s’imposa comme le principal conseiller du
secrétaire d’état jusqu’à sa chute (ROBINET J.-B. (dir.), « PECQUET, Auteur Politique »,
Dictionnaire universel des sciences morale, économique, politique et diplomatique ou bibliothèque de
l’homme-d’État et du citoyen, Londres, Les libraires associés, 1782, XVI, p. 292-300).
77. FOURNIER C., Nicolas-Louis Le Dran, 1687-1774, « homme de Mémoires » (mémoire de
master 2, Paris IV-Sorbonne), Paris, 2009.
78. Jean Gabriel de la Porte du Theil (1682-1755), premier commis. Secrétaire
d’ambassade à Madrid au début des années 1700, ensuite secrétaire personnel de Torcy en
1708, présent aux conférences d’Utrecht et de Bade, chargé d’affaires à La Haye en 1713.
79. Alexander Hume Campbell, deuxième comte de Marchmont (1675-1740) étudia le
droit à Utrecht pendant trois ans, exilé en Hollande avec sa famille whig et presbytérienne.
Membre du dernier parlement écossais, mobilisa des troupes contre le Prétendant Stuart en
1715. Envoyé (1715-1720), puis ambassadeur extraordinaire (1720-1721) à Copenhague.
BARKER G., « Campbell, Alexander Hume, second earl of Marchmont (1675-1740) », Oxford
Dictionary of National Biography (Online ed.), 2006.
80. Newcastle à Waldegrave, Whitehall, 13 novembre 1738 Vieux Style, NA, SP, 78, 219,
f. 165 ro. Voir aussi Broglie à Morville, Hanovre, 3 septembre 1725, AAE, CP, Angleterre, 350,
f. 133 vo : « l’Angleterre ne veut rien alterer a l’ancien usage entre la France et elle de […]
rediger [les traités] en latin ».
81. DONLAN S.P. et HEIRBAUT D., « A Patchwork of Accommodations: Reflections on
European Hybridity and Jurisdictional Complexity », DONLAN S. P. et HEIRBAUT D. (dir.), The
Law’s Many Bodies, c. 1600-1900, Berlin, Duncker & Humblot, 2015.
82. ROSS R. et STERN P., « Reconstructing Early Modern Notions of Legal Pluralism »,
BENTON L. et ROSS R. (dir.), Legal Plurialism and Empires, 1500-1850, New York, New York UP,
2013, p. 109-141.
83. SCHWEDER C. H., Theatrum Historicum praetensium et controversiarum illustrium, oder
historischer Schauplatz der Ansprüche und Streitigkeiten hoher Potentaten und anderer regierender
Herrschafften in Europa, s. l., s. p., 1727.
84. SCHMIDT F.-S., Praktisches Naturrecht zwischen Thomasius und Wolff : Der Völkerrechtler
Adam Friedrich Glafey (1692-1753), Baden, Nomos Verlag, 2007.
85. ROUSSET DE MISSY J., Les intérêts présens des puissances de l’Europe, Fondez sur les Traitez
conclus depuis la Paix d’Utrecht inclusivement, & sur les Preuves de leurs Prétentions particulieres,
La Haye, Adrien Moetjens, 1733.
86. DHONDT F., « La culture juridique pratique au Congrès de Cambrai (1722-1725) »,
Revue d’histoire diplomatique, no 3, 2013, p. 271-292.
87. Christoph Freiherr Penterriedter von Adelshausen ( † 1728), secrétaire des
plénipotentiaires de Charles VI au congrès d’Utrecht et d’Eugène de Savoye lors de celle de
Rastatt (BRAUBACH M., Prinz Eugen von Savoyen : eine Biographie, München, Oldenbourg, 1965,
III, p. 237). Ambassadeur extraordinaire à Paris de décembre 1715 à septembre 1716,
ministre plénipotentiaire lors de la signature de la Quadruple Alliance à Londres, puis
ambassadeur à Paris de novembre 1719 à juillet 1720. Appuyé par Eugène et Sinzendorff, un
des diplomates impériaux les plus importants.
88. Lorenzo Verzuso, marquis de Beretti Landi (1654-1725), originaire d’une famille de
Mantoue, membre du Conseil d’État de Philippe V à Milan, ambassadeur aux Provinces-
Unies en 1716 (cf. la contribution de Núria Sallés Vilaseca dans ce volume, p. 159-174).
Décrit comme incohérent et passionné à l’excès par les plénipotentiaires britanniques au
congrès de Cambrai. OZANAM D., Les diplomates espagnols au XVIIIe siècle, Madrid/Bordeaux,
Casa de Velázquez – Maison des pays ibériques, 1998, p. 465.
89. Don Manuel Domingo de Benavides y Aragon, comte de Santistevan (1682-1748),
Grand d’Espagne, premier gentilhomme de la chambre de Philippe V, fils du vice-roi de
Naples. Ibid., p. 182.
90. STEIGER H., « Völkerrecht versus Lehnsrecht ? Vertragliche Reglungen über
reichsitalienische Lehen in der Frühen Neuzeit », SCHNETTGER M. et VERGA M. (dir.), L’Imperio e
l’Italia nella prima età moderna/Das Reich und Italien in der Frühen Neuzeit, Bologna/Berlin,
Mulino, 2006, p. 115-152.
91. BLACK J., The Collapse of the Anglo-French Alliance, 1727-1731, New York, St Martin’s,
1987.
92. TROPER M., Le droit et la nécessité, op. cit., p. 262.
93. DHONDT F., « Law on the Diplomatic Stage : the 1725 Ripperda Treaty », DRAGANOVA V.
et alii (dir.), Die Inszenierung des Rechts – Law on Stage, Munich, Martin Meidenbauer Verlag,
2011, p. 303-324.
94. MASSUET P., Histoire de la guerre présente contenant tout ce qui s’est passé de plus
important en Italie, sur le Rhin, en Pologne, & dans la plupart des Cours de l’Europe, Amsterdam,
François l’Honoré, 1735.
95. Négociations de Robert Jannel à La Haye du 4 novembre 1734 au 9 février 1735, en
présence d’Horatio Walpole. VAUCHER P., Robert Walpole et la politique de Fleury, op. cit., p. 99-
122.
96. James premier comte de Waldegrave (1684-1741). WOODFINE P. « Waldegrave, James
First Earl (1684-1741) », Oxford Dictionary of National Biography (Online Edn.), 2008.
97. INGRAO C., « The Pragmatic Sanction and the Theresian succession: A re-evaluation
», Études danubiennes, no 1993, p. 145-161.
98. Art. II, traité de paix entre Anne de Grande-Bretagne et Philippe V, Utrecht, 13
juillet 1713, CUD VIII/1, nr. CLXIV, p. 340. La même formule est utilisée par Philippe V dans
la confirmation de sa renonciation en juin 1720 (Schaub à Craggs, Madrid, 11 juin 1720, NA,
SP, 78, 168 f. 104 vo : « renunciationem istam habere vim legis publica et sanctionis pragmaticae »).
99. Art. XXXI, Traité de paix entre Louis XIV et les États généraux, Utrecht, 11 avril
1713, CUD VIII/1, nr. CLVI, p. 371.
100. « Courtes Reflexions sur la Reponse de Mess[ieu]rs les ambassadeurs
Plenipotentiaires d’Espagne », Cambrai, 26 mai 1724, NA, SP, 78, 174, f. 138 vo -139 ro.
101. KUNISCH J., Staatsverfassung und Mächtepolitik, Berlin, Duncker & Humblot, 1979, p.
54.
102. « The Emperor will be much more cautious of giving any obstruction to the Succession of
don Carlos, contrary to the Obligations of the Quadruple Alliance, least He deprive his own Family of
the Security they may expect from it. » (Polwarth et Whitworth à Newcastle, Cambrai, 20 may
1724, NA, SP, 78, 174, f. 21 ro.)
103. BOURDIEU P., Sur l’État : Cours au Collège de France, op. cit., p. 156, 501.
RÉSUMÉS
The Peace Treaties of Utrecht, Rastatt and Baden (1713-1715) marked the end of a
century of bloodshed caused by wars among European monarchs. The exceptional period of
stability from the War of the Spanish Succession to the War of the Austrian Succession
(1740-1748), and the War for Jenkins’ Ear (1739-1748), has not yet received a satisfying
overarching interpretation in the historiography. This article argues that part of the
answer lies in a legal reading of the available diplomatic sources (I). Historiography of
international law has thus far focused mainly on doctrine and published treaties. This
contrasts with the importance accorded in present-day international law to States’
practices. Whereas lawyers recognise the importance of state acceptance and norm
opposability, legal historians tend to leave this important element to diplomatic history.
Yet, legal questions dominated both negotiations on the Spanish Succession (1659-1715) and
the implementation of the peace treaties (1713-1740). Late seventeenth-and early
eighteenth-century diplomacy thus demonstrates the need for further research on the legal
structure of diplomatic argument. Stability in Europe was only achieved through
renunciation declarations, entrenched in public international law (II). In the French case,
Philip V’s declaration was seen as a violation of loix fondamentales. Britain, on the other
hand, needed international support in applying the 1701 Act of Settlement. Consequently, the
consistent application of norm hierarchy between treaty law and internal law was the
leitmotiv for Franco-British joint efforts to enforce the Utrecht consensus (III), starting with
the bilateral Franco-British Alliance (1716), and the Triple (1717) and Quadruple Alliances
(1718). The 1720s and 1730s witnessed an erosion of political backing for these policies. Yet,
the combination of balance of power and norm hierarchy discourse survived during the
War of the Polish Succession (1733-1738).
AUTEUR
FREDERIK DHONDT
Vrije Universiteit Brussel (VUB)/FWO/Université de Gand
« La boussole des Souverains » :
l’application du Droit des gens de
Vattel dans la diplomatie du XVIIIe
siècle
“La boussole des Souverains”: Vattel’s Le droit des gens in
International Diplomacy
Emer de Vattel est considéré avec son Droit des gens ou Principes de
la loi naturelle appliqués à la conduite et aux affaires des Nations et des
Souverains, comme l’un des auteurs les plus influents dans l’histoire
du droit des gens et du droit international 1 . Les deux cent
Le système de Vattel est basé sur les actions des souverains, il est
construit sur un réseau d’alliances continuelles, qui « forment une
sorte de république », dont les membres sont indépendants mais, en
même temps, sont liés par des intérêts communs pour préserver
l’ordre et la paix 20 .
Le Droit des gens, comme disait Vattel, est la boussole pour ceux
qui ont une fonction gouvernementale (dans une monarchie ou dans
une république) et on ne peut pas étudier ce traité sans tenir compte
de son importance pour le droit constitutionnel autant que pour le
droit international, parce que les principes d’un État sont les
conditions fondamentales des règles à suivre pour les relations
internationales.
Adressant son œuvre aux ministres, l’effort de Vattel fut salué
tout spécialement dans le cercle des diplomates de son époque.
Martti Koskenniemi dans son fameux livre From Apology to Utopia a
soutenu que l’oeuvre de Vattel: « was a “realistic book”, especially useful
for diplomats and practitioners, not least because it seemed to offer such
compelling rhetoric for the justification of most varied kinds of State action
27 ». Vattel a écrit son livre « réaliste » pendant la désastreuse
des Gens, un passage où je fais voir que toutes les Puissances doivent
se réunir pour châtier celle qui veut introduire des coutumes si
funestes 30 », et il envoie aussi à l’Avoyer et au Conseil de Berne
Et encore :
« En un mot la matière y est traitée d’une façon nouvelle. Tout est lié : nulle
ambigüité de termes. Les principes y sont établis avec toute la solidité possible :
les conséquences tirées avec une justesse d’esprit administrable ; et les loix qui
en résultent sont éclaircies par des faits, qui ont rapport à l’histoire de notre
temps. De sorte que cet Ouvrage pourra servir de clef à l’interprétation des
Événements présents 34 . »
le Droit des gens est traduit en Allemagne par Johann Philip Schulin.
La traduction fut publiée en 1760 à Francfort-Leipzig et intitulée
Völkerrecht, oder gründliche Anweisung wie die Grundsätze des natürlichen
Rechts auf das Betragen und auf die Angelegenheiten der Nationen und
Souveräne angewendet werden müsen. Ein werke welches Anleitung giebt,
das wahre Interesse souveräner Mächte zu entdecken 41 . Vattel, lui-
les frères Pietro et Alessandro Verri ainsi que par Cesare Beccaria
dans leurs écrits en Lombardie. On le constate également par les
références indirectes que fait le juriste Gaetano Filangieri, dans sa
Scienza della legislazione dans le royaume de Naples.
Ensuite, la traduction de Vattel (effectuée par Loschi) est
devenue un point de référence, sous l’aspect doctrinal, pour des
auteurs comme Giovanni Maria Lampredi et Ferdinando Galiani, qui
ont apporté une contribution très importante à l’étude du droit
international, en particulier en ce qui concerne le droit maritime, la
guerre et la neutralité, thématiques très importantes à l’époque
45 .
NOTES
1. FENWICK C. G., « The authority of Vattel », The American Political Science Review, 7, 1913,
p. 395 et aussi 8, 1914, p. 375-392; THÉVENAZ G. H., « Vattel ou la destinée d’un livre »,
Schweizerisches Jahrbuch für Internationales Recht, 14, 1957, p. 9-16; RUDDY F.S., « The
acceptance of Vattel » Grotian Society Papers, 1972, p. 177-196.
2. Chetail V. et Haggenmacher P. (éd.), Vattel’s International Law in a XXIst Century
Perspective, Le droit international de Vattel vu du XXIe siècle, Leiden-Boston, Martinus Nijhoff,
2011.
3. Sandoz Y. (éd.), Réflexions sur l’impact, le rayonnement et l’actualité du « Droit des gens »
d’Emer de Vattel. À l’occasion du 250e anniversaire de sa parution, actes du colloque organisé le
21 juin 2008 à Neuchâtel, Bruxelles, Bruylan, 2010.
4. GOOD C., Emer de Vattel (1714-1767), Naturrechtliche Ansätze einer Menschenrechtsidee und
des humanitären Völkerrechts im Zeitalter der Aufklärung, Europäische Rechts-und
Regionalgeschichte, vol. 12, Zürich, Dike-Verlag, 2011.
5. Bandelier A., Emer de Vattel à Jean Henry Samuel Formey. Correspondance autour du Droit
des gens, Paris, Champion, 2012 ; Id., « De Berlin à Neuchâtel : la genèse du Droit des gens
d’Emer de Vattel », Fontius M. et Holzhey H. (éd.), Schweizer im Berlin des 18. Jahrhunderts,
Berlin, Akademie-Verlag, 1996, p. 45-56.
6. JOUANNET E., Emer de Vattel et l’émergence doctrinale du droit international classique, Paris,
Pedone, 1998.
7. JOUANNET E., « Emer de Vattel », FASSBENDER B. et PETERS A. (éd.), The Oxford Handbook of
the History of International Law, Oxford, Oxford University Press, 2012, p. 1118-1121; du même
auteur, The Liberal-Welfarlist Law of Nations. A history of International Law, Cambridge,
Cambridge University Press, 2012.
8. Aussi LAZZARICH D., Stato moderno e diritto delle genti, Benevento, Edizioni Labrys, 2012;
FIOCCHI MALASPINA E., « La ricezione e la circolazione de Le droit des gens di Emer de Vattel
nel XIX secolo », Materiali per una storia della cultura giuridica, a. XLIII, n. 2, décembre 2013, p.
303-319; CHETAIL V., « Vattel and the American Dream: An Inquiry into the reception of the
Law of Nations in the United States », DUPUY P.-M. et CHETAIL V. (dir.), Vattel’s International
Law in a XXIst Century Perspective, op. cit., p. 251-300.
9. RECH W., Enemies of Mankind. Vattel’s Theory of Collective Security, Leiden-Boston,
Martinus Nijhoff, 2013.
10. JEANNERET F. A. M. et BONHÔTE J.-H., « Montmollin Emer », Biographie Neuchâteloise, t. 2,
Locle, Eugène Courvoisier, 1863, 106-105. Emer de Montmollin est aussi connu pour avoir
soutenu la Prusse et non la France pour le gouvernement de la Principauté de Neuchâtel :
PIAGET A., Histoire de la révolution neuchâteloise, Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1909, p. 65 ;
THÉVENAZ G. H., Histoire du pays de Neuchâtel, Neuchâtel, Comité directeur du centenaire de la
République neuchâteloise, 1948, p. 31-50 ; BACHMANN A., Die preussische Sukzession in Neuchâtel
: ein ständisches Verfahren um die Landesherrschaft im Spannungsfeld zwischen Recht und
Utilitarismus (1694-1715), Zürich, Schulthess, 1993, p. 193 ; STRIBRNY W., Die Könige von Preußen
als Fürsten von Neuenburg-Neuchâtel (1707-1848), Berlin, Duncker-Humbolt, 1998, p. 21.
11. ROUSSEAU J.-J., « Lettre de M. Rousseau à Motier-Travers le 8 août 1765 », Recueil de
lettres de M. J. J. Rousseau et autres pieces relatives à sa persecution et à sa defence : le tout transcrit
d’apres les originaux, Londres, chez Becket-Hondt, 1756, p. 181-252.
12. Pour le contexte de la Suisse française il faut souligner que pendant le XVIIIe siècle
s’est développée ladite « école romande du droit naturel » qui voit comme principaux
représentants Jean Barbeyrac, Jean Jacques Burlamaqui et Emer de Vattel, respectivement
actifs à Lausanne, Genève et Neuchâtel. Meylan manifeste son sincère étonnement de la
floraison des études sur le droit naturel affirmant que : « à aucun moment de son histoire, le
pays romand n’a tenu, dans la pensée juridique, un rang comparable. Et rarement vit-on ses
forces d’esprit se mieux conjuguer que pour cette entreprise : l’élaboration d’un droit
naturel d’expression française ». MEYLAN P., Jean Barbeyrac (1674-1744) et les débuts de
l’enseignement du droit dans l’ancienne Académie de Lausanne. Contribution à l’histoire du droit
naturel, Lausanne, Rouge, 1937, p. 185 ; DUFOUR A., Le Mariage dans l’École allemande du droit
naturel moderne au XVIIIe siècle, Paris, Libraire générale de droit et de jurisprudence, 1971, p.
12, aussi id., « Die École romande du droit naturel-ihre deutschen Wurzeln », THIEME H., (éd.),
Humanismus und Naturrecht in Brandenburg-Preußen, Berlin, De Gruyter, 1979, p. 133-143 ;
KELLER A., « Emer de Vattel : la tradition du droit des gens et la question des peuples
autochtones », Revue suisse d’histoire, 56, 2006, p. 387-409. Pour le contexte historique dans
lequel Vattel a vécu : GUGGENHEIM P., Emer de Vattel et l’étude des relations internationales en
Suisse, Genève, Libraire de l’Université, 1956 ; TOYODA T., « Vattel’s doctrine of national
sovereignty in the context of Saxony Poland and Neuchâtel », TOYODA T. (éd.), Theory and
politics on the law of nations. Political bias in International law discourse of Seven German Court
Conciliors in the Seventh and Eighteenth Centuries, Leiden-Boston, Nijhoff, 2011, p. 161-190.
13. Pour des informations très détaillées sur la vie de Vattel : BEGUELIN E., « En souvenir
de Vattel (1714-1767) », Extrait du Recueil des travaux offerts par la faculté de droit de l’Université
de Neuchâtel à la Société suisse des Juristes à l’occasion de sa réunion à Neuchâtel 15-17 septembre
1929, Neuchâtel, Attinger, 1929 ; BEAULAC S., « Emer de Vattel and the externalization of
Sovereignty », Journal of the History of International Law 5, 2003, p. 237-292 particulièrement p.
242-247 ; BEAULAC S., The Power of Language in the Making of International Law : The Word
Sovereignty in Bodin and Vattel and the Myth of Westphalia, Leiden-Boston, Martinus Nijhoff,
2004 ; KAPOSSY B. et WHATMORE R., « Introduction », Vattel E. de, The Law of Nations,
Indianapolis, Liberty Fund, 2008, p. IX-XX ; TOYODA T., « La doctrine vattelliene de l’égalité
souveraine dans le contexte neuchâtelois », Journal of the History of International Law, 11,
2009, p. 103-124 ; CARRERA A., « Il diritto di resistenza nella dottrina giuridica di Emer de
Vattel », Sciumè A. (dir.), Il diritto come forza, la forza del diritto. Le fonti in azione nel diritto
europeo tra Medioevo ed età contemporanea, Torino, Giappichelli, 2012, p. 81-109,
particulièrement p. 83-85.
14. JOUANNET J., Emer de Vattel et l’émergence doctrinale, op. cit., p. 9.
15. HURRELL A., « Vattel: pluralism and its limits », CLARK I. et NEUMANN I. B. (éd), Classical
theories of international law, London, Palgrave Macmillan, 1996, p. 233-255, ici p. 234.
16. KOSKENNIEMI M., From Apology to Utopia, Helsinki, Finnish Lawyers Publishing, 1989, p.
96. Aussi : GOZZI G., Diritti e civiltà. Storia e filosofia del diritto internazionale, Bologna, Il Mulino,
2010, p. 87-95.
17. VATTEL E. de, Le droit des gens ou Principes de la loi naturelle appliqués à la conduite et aux
affaires des Nations et des Souverains, Londres, A. Droz, 1758, Préliminaires, § 18.
18. TRAMPUS A., « The circulation of Vattel’s Droit des gens in Italy: the doctrinal and
practical model of government », ALIMENTO A. (dir.), War, Trade and Neutrality. Europe and the
Mediterranean in seventeenth and eighteenth centuries, Milano, FrancoAngeli, 2011, p. 217-232.
19. VATTEL E. de, Le droit des gens, op. cit., l. I, chap. I, § 5-10.
20. « L’Europe – dit Vattel – fait un système politique, un corps où tout est lié par les
relations et les divers intérêts des Nations qui habitent cette partie du monde. […]
L’attention continuelle des souverains à tout ce qui se passe, les ministres toujours
résidents, les négociations perpétuelles, font de l’Europe moderne une espèce de
république, dont les membres indépendants, mais liés par d’intérêts commun, se réunissent
pour y maintenir l’ordre et la liberté. C’est ce qui a donné naissance à cette fameuse idée de
la balance politique, ou de l’équilibre du pouvoir. On entend par là une disposition des
choses, au moyen de laquelle aucune puissance ne se trouve en état de prédominer
absolument, et de faire la loix aux autres » : ibid., 1. III, chap. III, § 47.
21. JOUANNET E., « Emer de Vattel », in B. FASSBENDER et A. PETERS (éd.), The Oxford Handbook
of the History of International Law, op. cit., p. 1118.
22. Ibid., p. 1119; également HOCHSTRASSER T. J., Natural Law Theories in the Early
Enlightenment, Cambridge, Cambridge University Pess, 2000, p. 176-183; NAKHIMOVSKY I., «
Vattel’s theory of the International order: Commerce and the balance of power in the Law
of Nations », History of European Ideas, 33, 2007, p. 157-173, ici, p. 158.
23. JOUANNET E., « Emer de Vattel », in B. FASSBENDER et A. PETERS (éd.), The Oxford Handbook
of the History of International Law, op. cit., p. 1119-1120. Pour autre approfondissement:
KOSKENNIEMI M., « “International Community” from Dante to Vattel », DUPUY P.-M. et CHETAIL
V. (dir.), Vattel’s International Law in a XXIst Century Perspective, op. cit., p. 51-76; dans le même
ouvrage collectif: HAGGENMANCHER P., « Le modèle de Vattel », p. 3-48; HUNTER I., « Natural law,
Historiography, and Aboriginal Sovereignty », Legal History, 11, 2007, p. 146-147; CHRISTOV T.,
« Liberal Internationalism Revisited: Grotius, Vattel and the International Order of States »,
The European Legacy, 6, 2005, p. 561-584; Mancuso F., Diritto, Stato, Sovranità. Il pensiero
giuridico di Emer de Vattel tra assolutismo e rivoluzione, Napoli, Edizioni scientifiche italiane,
2002; WHELAN F., « Vattel’s doctrine of the State », HAAKONSSEN K. (éd.), Grotius, Pufendorf and
modern natural law, Aldershot, Ashgate, 1999, p. 403-434; REIBSTEIN E., « Die Dialektik der
souveränen Gleichheit bei Vattel », Zeitschrift für ausländisches öffentliches Recht und
Völkerrecht, 19, 1958, p. 607-636.
24. VATTEL E. de, Le droit des gens, op. cit., l. IV, chap. v, § 55.
25. LEGOHÉREL H., Histoire du droit international public, Paris, PUF, 1996, p. 75.
26. VATTEL E. de, Le droit des gens, op. cit., Préface, p. XXIII.
27. KOSKENNIEMI M., From Apology to Utopia, op. cit., p. 112.
28. TOYODA T., Vattel’s doctrine of national sovereignty in the context of Saxony Poland and
Neuchâtel, TOYODA T. (éd.), Theory and politics on the law of nations, op. cit., p. 161-190
particulièrement p. 170.
29. Pour la guerre de Sept Ans : WADDINGTON R., La guerre de sept ans – Histoire diplomatique
et militaire, 5 vol. , Paris, Firmin-Didot, 1899-1914 ; HALL R. A., Frederick the Great and his Seven
Years War, London, Allen, 1915 ; LESAFFER R., « Paix et guerre dans les grands traités du dix-
huitième siècle », Journal of the History of International Law, 7, 2005, p. 25-41, particulièrement
p. 30 ; SZABO F. A. J., The Seven Years War in Europe, 1756-1763, Harlow, Longman, 2008.
30. BEGUELIN E., En souvenir de Vattel, op. cit., p. 99. Aussi : Vattel E. de, Le droit des gens, op.
cit., 1. III, chap. IX, § 168.
31. BEGUELIN E., En souvenir de Vattel, op. cit., p. 141 ; BANDELIER A., « De Berlin à Neuchâtel :
la genèse du Droit des gens d’Emer de Vattel », art. cit., p. 45-56.
32. OSTERVALD S., Catalogue des ouvrages de M. de Vattel, dans VATTEL E. de, Droit des gens,
Neuchâtel, Société typographique de Neuchâtel, 1773, p. 6.
33. VATTEL E. de, Mémoires politiques concernant la guerre ou principes de la loi naturelle
appliqués à la conduite et aux affaires des nations et des souverains, Frankfurt-Leipzig, Aux
dépens de la compagnie, 1758, Avis, p. 2-3.
34. Ibid.
35. JOUANNET E., Emer de Vattel et l’émergence doctrinale, op. cit., p. 14, note 20. Vattel, qui
était sur le point de donner son Droit des gens à l’éditeur, timidement et avec une extrême
modestie, a écrit à un ami que : « Peut-être mon livre aura-t-il plus d’une édition. Cette
espérance n’est pas trop présomptueuse, puisque je ne fais tirer que douze cents
exemplaires » : cité par LAPRADELLE A. de, « Introduction », dans son édition de VATTEL E. de, Le
droit des gens ou Principes de la loi naturelle appliqués à la conduite et aux affaires des Nations et des
Souverains, Washington, Carnegie Institution, 1917, p. XXVI.
36. VOLLENHOVEN C. van, Les trois phases du droit des gens, La Haye, Martinus Nijhoff, 1919,
p. 31. JOUANNET E., « La critique de la pensée classique durant l’entre-deux-guerres : Vattel et
Van Vollenhoven (Quelques réflexions sur le modèle classique du droit international) »,
Miskolc Journal of International Law, 2, 2004, p. 45-63.
37. KALTENBORN K. von, Kritik des Völkerrechts nach dem jetzigen Stanpunkte der Wissenschaft,
Leipzig, Gustav Mayer, 1847, p. 84-85.
38. HAGGENMACHER P., « Some Hints on the European Origins of Legislative Participation
in the Treaty-Making Function », Chicago-Kent Law Review, 67, 1992, p. 313-339. Le Droit des
gens est aussi défini comme un « ouvrage capital » : TOYODA T., « La doctrine vattelienne de
l’égalité souveraine dans le contexte neuchâtelois », art cit., p. 103 ; MUIR WATT H., « Droit
naturel et souveraineté de l’État dans la doctrine de Vattel », Archives de philosophie du droit
32, 1987, p. 71-85, ici p. 71. Hinsley écrit que « It was Vattel’s work which, as well as being the
first recognisably modern book on international law, became the first book to be used as a handbook
by the Foreign Office. The French government was referring to it in the 1760s; by the government of
the United States of America it was venerated as being the guide […], by British politicians it came to
be regarded in the same light, as it is clear from their writings and speeches »: HINSLEY F. H.,
Sovereignty, Cambridge, Cambridge University Press, 1986, p. 200-201. Aussi HERRERO Y RUBIO
A., Nociones de Historia del Derecho de Gentes y de las Relaciones Internacionales, Valladolid,
Universidad de Valladolid, Facultad de Derecho, 1954, p. 108.
39. FENWICK C. G., « The authority of Vattel », art. cit., p. 395.
40. « Il est probable qu’une traduction anglaise de Vattel fut la première œuvre de
droit international imprimée hors d’Europe » : REEVES J., « La communauté internationale »,
Recueil des cours de l’Académie de droit international de La Haye, 3, 1924, p. 1-94, ici, p. 37. Pour
la circulation de l’œuvre en Angleterre et aux États-Unis : CHETAIL V., « Vattel and the
American Dream : An Inquiry into the reception of the Law of Nations in the United States,
op. cit., p. 251-300 ; et « Vattel et la sémantique du droit des gens », DUPUY P. -M. et CHETAIL V.
(dir.), Vattel’s International Law in a XXIst Century Perspective, op. cit., p. 400 ; OSSIPOW W. et
GERBER D., « La réception du Droit des gens (1758) d’Emer de Vattel aux États-Unis : résultat
d’une recherche et quelques expériences méthodologiques avec le concept d’autorité
textuelle », Réflexions sur l’impact, le rayonnement et l’actualité du « Droit des gens » d’Emer de
Vattel, op. cit., p. 79-118 ; ARMITAGE D., « The declaration of Independence and International
law », The William and Mary Quarterly, 1, January 2002, p. 39-64.
41. En 1781 fut publié aussi la version italienne, traduite par Ludovico Antonio Loschi :
Il diritto delle genti, ovvero principii del diritto naturale applicati alla condotta e agli affari delle
nazioni e de’sovrani. Cf. TRAMPUS A., « Il ruolo del traduttore nel tardo illuminismo : Ludovico
Antonio Loschi e la versione italiana del Droit de gens di Emer de Vattel », TRAMPUS A. (dir.), Il
linguaggio del tardo illuminismo. Politica, diritto e società civile, Roma, Edizioni di storia e
letteratura 2011, p. 81-108 ; du même auteur, « The circulation of Vattel’s Droit des gens in
Italy », art. cit., p. 217-232 ; du même auteur, « La traduzione toscana del Droit des gens di
Emer de Vattel (circa 1780) : contesti politici, transferts culturali e scelte traduttive », G.
CANTARUTTI et S. FERRARI (dir.), Traduzione e Transfert nel XVIII secolo tra Francia, Italia e
Germania, Milano, Franco Angeli, 2013, p. 153-174.
42.BEGUELIN E., En souvenir de Vattel, op. cit., p. 105.
43. VATTEL E. de, Derecho de Gentes o principio de la Ley natural […], traducido del francés al
castellano por el B. D. Josef Ortiz, ce travail consiste seulement de la traduction du premier
livre (entièrement), et des chapitres I et II du deuxième livre. Références au manuscrit :
Biblioteca universitaria di Salamanca, Ms. 93 : FRANCA O. L., CASTRILLO GONZÁLES C., Catálogo de
manuscritos de la Biblioteca Universitaria de Salamanca, I-Manuscritos 1-1679bis, Salamanca,
Universidad de Salamanca, 1997, p. 94 ; BECEDAS GONZÁLES M., « La renovación de las lecturas
en la Universidad de Salamanca (1625-1771) y su reflejo en la Biblioteca Universitaria »,
Saberes y disciplinas en las universidades hispánica, Salamanca, Universidad de Salamanca,
2005, p. 181-207, ici p. 8.
44. TRAMPUS A., « The circulation of Vattel’s Droit des gens in Italy », art. cité, p. 219.
45. LAMPREDI G. M., De licentia in hostem in quo Samuelis Cocceii sententia de infinita licentia in
hostem ex ponitur et confutatur, Firenze, Excudebant Imperiales Typographi, 1761 ; GALIANI F.,
De’ doveri e de’ principi neutrali verso i guerreggianti e di questi verso i principi neutrali, Milano
1782.
46. TRAMPUS A., « The circulation of Vattel’s Droit des gens in Italy », art. cit., p. 230.
47. Ma traduction : « il est permis aux gens de se libérer de l’injuste agresseur parce
que toutes les lois naturelles, humaines et divines donnent le droit aux opprimés de
repousser la force par la force, et de secouer le joug qui leur était imposée sans raison » :
PACCA B., Memorie storiche del ministero, de’ due viaggi in Francia, e della prigionia nel forte di S.
Carlo in Fenestrelle, Orvieto, Pompei, 1843, partie I, cap. 4, p. 179 ; aussi : CANTÙ C., Il tempo dei
Francesi (1796-1815), brani di storia d’Italia, Napoli, Pedone Lauriel, 1864, p. 255, nota 2.
48. VATTEL E. de, Le droit des gens, op. cit., 1. IV, chap. IV, § 37.
49. TRAMPUS A., « La traduzione toscana del Droit des gens », art. cité, p. 153-154.
50. TRAMPUS A., « Il ruolo del traduttore nel tardo illuminismo », art. cit., p. 81-108.
51. TRAMPUS A., « La traduzione toscana del Droit des gens », art. cit., p. 153-154.
RÉSUMÉS
Emer de Vattel (1714-1767), the jurist from Neuchâtel, published his Droit des gens ou
Principes de la loi naturelle appliqués à la conduite et aux affaires des Nations et des Souverains in
1758. The book was a great success both in constitutional and international law. Vattel was
considered an authority on international law during the eighteenth and nineteenth
centuries. As Charles Fenwick has shown, Vattel’s book was used by tribunals, in speeches
before legislative assemblies, and in the correspondence of executive officials. The book was
also a manual for students, a reference work for statesmen and a text from which political
philosophers drew inspiration.
The Droit des gens was immediately translated into English in 1759, a year later into German,
into Spanish in 1774 (even though this edition was never published due to the Inquisition),
and finally into Italian in 1781. Through these translations and re-printed editions, Vattel’s
work played an important role: the resulting theory of his internationalist doctrine, the
identification of a State’s sovereignty, independence, and equality have become basic
notions of international law. The aim of the present article is to reconstruct the historical
and cultural context in which Vattel lived and worked, to investigate the juridical discourse
on diplomacy in his Droit des gens, and finally to scrutinize the use of Vattel’s work in
eighteenth-century diplomacy.
AUTEUR
ELISABETTA FIOCCHI MALASPINA UNIVERSITÉ DE MILAN
Deuxième partie. Argument
juridique et rhétorique
diplomatique
Le droit contre la paix :
l’impossible paix entre les
royaumes de France et
d’Angleterre du XIVe au XVe
siècle
Law against Peace: the Impossible Peace between the Kingdoms
of France and England during the Hundred Years’ War
Jean-Marie Moeglin
justice est enfin rétablie, lorsque l’usurpateur aura restitué son droit
à celui qu’il a lésé. C’est le discours que martèle Edouard III de 1337
aux années 1350. Il ne s’est résigné à la guerre que contraint et forcé,
parce que son adversaire a refusé d’emprunter la voie de droit qu’il
lui offrait. Dès la fin des années 1330, le roi d’Angleterre avait
d’ailleurs fait constituer par ses légistes un très solide dossier
juridique sur lequel il s’appuyait pour réclamer que justice lui soit
rendue 3 .
satisfaisante pour les deux parties – suivant un modèle qui n’est pas
rare au Moyen Âge ; aucune des deux parties ne renonçait à son droit
et ne perdait la face, mais le règlement de la question de droit était
en fait renvoyé à un avenir lointain pour ne pas dire aux calendes
grecques.
Les années qui suivent vont voir s’écrouler cet édifice précaire :
la croisade qui aurait dû unir les anciens ennemis contre l’ennemi
commun de tous les chrétiens, le Turc, se solda par le désastre
terrible de Nicopolis le 25 septembre 1396. Et surtout, le
renversement du « tyran » Richard II en 1399/1400 porta le coup
fatal à ce fragile arrangement : le nouveau roi d’Angleterre, le
Lancastre Henri IV, n’était plus le « fils » du roi Charles VI, il était
même plutôt l’assassin de ce « fils » de Charles VI.
Le discours sur la paix nécessaire à conclure entre les deux
royaumes n’était certes pas officiellement remis en cause mais, de
fait, l’on était désormais convaincu en France que les Anglais ne
voulaient pas de bonne foi cette paix.
Quant au nouveau roi Lancastre Henri IV d’Angleterre, il affectait
toujours de vouloir la paix finale mais il s’agissait avant tout, au
départ, de gagner du temps, et surtout cette paix finale devait être,
au minimum, le retour aux conditions de Brétigny-Calais, c’est-à-
dire une grande Aquitaine en toute souveraineté. Henri V qui
succède à son père en 1413 va pousser à l’extrême et appliquer
méthodiquement cette politique qui est une sorte de remake de celle
d’Edouard III : il veut la paix finale entre les deux royaumes, mais
Dieu ne pourrait tolérer que cette paix finale se fasse à des
conditions qui ne respectent pas la justice et le droit. Il exige donc
qu’on lui restitue la couronne de France ou, à tout le moins, qu’on lui
rende en toute souveraineté la grande Aquitaine et même toutes les
anciennes possessions des Plantagenêts à l’intérieur du royaume de
France.
Le 21 mai 1420, était conclu le traité de Troyes 9 . Ce traité se
Mais pour ceux qui étaient restés les partisans des Valois,
regroupés autour de celui que l’on appelle le Dauphin, le traité de
Troyes ne venait que confirmer ce qu’ils pressentaient depuis la
chute de Richard II : les Anglais ne voulaient pas la paix mais
seulement conquérir et piller le royaume de France.
Or c’est précisément à ce moment-là que les questions
fondamentales de droit à la résolution desquelles était en principe
liée la fin de la guerre firent un éclatant retour en force. Le droit
contre la paix : si toute une série d’auteurs en France entreprirent
des années 1400 aux années 1460 d’éclaircir les questions de droit
qui étaient au cœur du conflit entre les rois de France et
d’Angleterre, ce n’était pas parce qu’ils pensaient qu’ils allaient
contribuer au règlement de la guerre et permettre la réalisation d’un
traité de paix définitive et éternelle, c’est parce qu’ils voulaient
montrer que le droit invoqué par l’autre partie était inconsistant,
qu’il ne s’agissait que d’un mauvais prétexte derrière lequel elle
abritait en toute connaissance de cause sa libido dominandi ; qu’il
fallait donc lui faire une guerre à outrance jusqu’à ce qu’elle soit
chassée du royaume de France et/ou qu’elle reconnaisse dans un
traité de paix éternelle qu’elle renonçait solennellement à toutes ses
prétentions dont elle savait bien qu’elles n’avaient jamais eu quelque
fondement juridique que ce soit.
La période qui va des années 1400 aux années 1460 est donc celle
au cours de laquelle l’on s’est véritablement préoccupé en France de
réfléchir et de trancher les questions de droit qu’impliquait la guerre
de Cent Ans, mais ce n’était pas dans une perspective de conclure la
paix avec le roi d’Angleterre ; c’était avant tout destiné à montrer
qu’aucune négociation n’était possible avec lui et qu’il fallait
simplement le chasser définitivement du royaume de France.
Je n’ai évidemment pas la possibilité dans le cadre de cette
communication d’analyser en détail cette importante production de
traités polémiques mettant en œuvre une argumentation historico-
juridique complexe. Elle a fait l’objet dans les dernières années de
travaux de qualité 12 et surtout d’excellentes éditions critiques.
Jean de Montreuil va être suivi dans cette voie par les autres
polémistes du XVe siècle ; ils tirent et prolongent, en fonction du
contexte politique de leur époque, de la « situation » dans lequel ils
écrivent, l’un ou l’autre des fils qui se trouvaient réunis chez Jean de
Montreuil.
Après le « moment Jean de Montreuil », vient ainsi le « moment
traité de Troyes » qui réunit des textes écrits à la fois avant, pendant
et après la conclusion du traité de Troyes : on y trouve le Tractatus de
Jean de Terre Rouge (1419) 14 ; plusieurs petits traités
anonymes, les débats et appointements, traité également connu d’après
son incipit sous le titre Après la destruction de Troye, rédigé en 1418 et
1419, le Super omnia vincit veritas et la Réponse d’un bon et loyal François
qui constituent une réplique aux lettres bourguignonnes signées à
Arras le 2 décembre 1419 et préparant le fameux traité de Troyes ;
enfin le Fluxo biennali spacio, dont la datation est incertaine mais qui
a été composé après 1422 et avant 1430 15 . L’on mentionnera
Dans une tractation menée classiquement avec les Anglais selon les
normes habituelles de la dispute scolaire (demande, réplique,
duplique, triplique etc) qui doit aboutir à déterminer le droit, l’on
fournira tous ces arguments réfutant les prétentions anglaises et, à
la fin de la « négociation », les Anglais, confondus, écrasés sous les
arguments, devront reconnaître qu’ils n’ont aucun droit ni à la
couronne de France ni aux duchés de Guyenne et de Normandie ; l’on
pourra donc conclure avec eux la paix finale.
La divergence de position de Jean Juvénal avec les polémistes «
radicaux » est sans doute notable sur le plan théorique ; mais dans la
pratique, elle aboutit à un résultat identique ; car Jean Juvénal des
Ursins souligne que cette paix finale doit se faire aux conditions du
roi de France : il faut que les Anglais renoncent bien sûr à la
couronne de France, renoncent à demander quelque souveraineté
que ce soit sur un territoire français, et même, mieux encore,
rentrent dans leur île.
Après la prise définitive de Bordeaux en 1453, l’expulsion des
Anglais du royaume de France pouvait être considérée comme
parfaite ou quasi parfaite. Il n’existait plus de nécessité urgente
d’appeler à la guerre contre eux, bien au contraire. L’idée de paix
finale à conclure revient alors au premier plan mais, évidemment,
plus encore que chez Jean Juvénal des Ursins, il est clair que cette
paix finale doit se faire aux conditions des Français. Les deux ultimes
traités rédigés dans cette période vont donc donner la synthèse
ultime, indépassable, de l’effort de démonstration juridique et
historique quant à la nullité des prétentions anglaises sur le
royaume de France. D’une démonstration juridique et historique
circonstancielle, l’on passe à une représentation neuve de l’histoire
et du statut du royaume de France. Elle deviendra un pilier de
l’idéologie royale.
C’est avant tout le premier de ces traités, que l’on a appelé
d’après ses premiers mots, « Pour ce que plusieurs », qui accomplit
ce travail.
Le traité a été écrit en 1464, peut-être par Guillaume Cousinot II
(vers 1400-1484) 22 . Il se pourrait bien qu’il l’ait rédigé pour
RÉSUMÉS
The Hundred Years’ War turned on a point of law: to whom should the crown of France
pass? However, referring to law was not done out of a desire for peace; it was, on the
contrary, to decide whether to continue the war. Many treatises written in France between
1400 and 1460 claimed to clear up the points of law that were at the heart of the conflict
between the kings of France and England. Yet, their real goal was to show that the claims
invoked by the King of England were just a poor excuse for his libido dominandi, in full
knowledge of the facts; the English simply had to be expelled from France. One idea
developed in these treatises was that the French territories claimed by the English had
always belonged to the kingdom of France. From this, around 1460 the idea arose that the
historical mission of the French kings was to restore to the Crown of France all the
provinces that had previously belonged to the country but which had been lost over time,
obviously against the prevailing laws. At the same time, the Salic Law became a
fundamental law of the kingdom of France and an identity symbol for the French.
AUTEUR
JEAN-MARIE MOEGLIN
Université Paris-Sorbonne
Le droit d’intervenir
Les argumentaires de Charles-Emmanuel de Savoie au moment
son expédition en Provence (1589-1592) 1
Fabrice Micallef
l’histoire des États n’a rien à voir avec le droit, mais s’inscrit dans
des grands cycles déterminés par la puissance stratégique et
militaire 13 : c’est dans cette mutation constante des rapports
d’intervenir tant qu’il en est encore temps. Ici, bien que très allusif,
le discours a un arrière-plan juridique indiscutable ; car
l’ambassadeur invoque implicitement un droit de légitime défense
face à une menace voisine. C’est l’un des fondements de la doctrine
augustinienne puis médiévale de la guerre juste 20 , repris au
étrangères, les acteurs locaux ne sont pas passifs face aux stratégies
des princes. Ils se saisissent aussi des questions juridiques posées. Ici,
les deux orateurs concernés, de par leur profession de juristes,
s’approprient les débats de manière bien plus précise que les
ambassadeurs et les princes observés dans les cours européennes.
Certains Provençaux sont même des acteurs de premier plan de
la mise en scène juridique savoyarde. C’est le cas des parlementaires
ligueurs d’Aix, comme nous l’avons montré précédemment, avec la
production d’arrêts inscrivant l’intervention savoyarde dans l’ordre
juridique français. Mais cela ne signifie pas que ces magistrats soient
les complices des ambitions de Charles-Emmanuel. Dans cette mise
en scène, chaque acteur joue sa propre partition : les magistrats
ligueurs ont besoin de l’allié savoyard, et leur culture juridique
formaliste les pousse à essayer d’inscrire cette alliance dans un cadre
légal, même s’ils innovent parfois dangereusement, comme avec le
pouvoir exceptionnel décerné à Charles-Emmanuel en novembre
1590 51 .
Enfin, il faut signaler les formes d’oppositions frontales à la mise
en scène juridique savoyarde. Dès octobre 1589, le parlement
royaliste installé à Manosque fustige l’alliance des ligueurs aixois
avec le duc de Savoie. Cette cour fidèle à Henri IV promulgue un
arrêt par lequel elle « faict inhibition et deffance à tous vassaulx,
consulz, scindicz et communautés et tous autres manans et habitans
des villes et lieux de ce pays » de recevoir « aucunes forces […]
envoyées par ledict duc de Savoye ou autres estrangers ennemys de
la couronne, qui soubz plus faulc pretestes et artiffices tachent
envahir et usurper ceste province, reduire en servitude et captivité
perpetuelle les habitans d’icelle […], à peyne d’estre declairéz
rebellez et crimineulx de lese-majesté 52 ». Ainsi, le discours
NOTES
1. Cet article est issu d’analyses inédites, mais également de la synthèse de certains
aspects de MICALLEF F., Un désordre européen. La compétition internationale autour des « affaires de
Provence » (1580-1598), Paris, Publications de la Sorbonne, 2014.
2. PARISET J.-D., Les relations entre la France et l’Allemagne au milieu du XVIe siècle, d’après
des documents inédits, Strasbourg, Librairie ISTRA, 1981.
3. Pour une approche synthétique des mobilisations internationales confessionnelles,
voir : SCHILLING H, Konfessionalisierung und Staatsinteressen : internationale Beziehungen, 1559-
1660, Paderborn, F. Schöningh, 2007. Mentionnons également quelques études de cas, à titre
indicatif : GARCIA HERNAN E, Irlanda y el Re Prudente, Madrid, Ed. del Laberinto, 2 vol. , 2000-
2003 ; VASQUEZ DE PRADA V., Felipe II y Francia (1559-1598). Politica, Religion y Razon de Estado,
Pampelune, Ed. Universidad de Navarra, 2004. VOGLER B., « Le rôle des Électeurs palatins
dans les guerres de Religion en France (1559-1592) », Cahiers d’histoire, 1965, p. 51-85.
4. ELLIOTT J. H., The revolt of the Catalans. A study in the decline of Spain, 1598-1640,
Cambridge, Cambridge University Press, 1963.
5. NADEAU C. et SAADA J., Guerre juste et injuste. Histoire, théories et critiques, Paris, Presses
universitaires de France, 2009 ; RAMEIX S., Justifier la guerre. Censure et propagande dans l’Europe
du XVIIe siècle (France-Angleterre), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2014.
6. Avec le choix de ce point d’observation, nous nous situons dans la continuité de la
méthode expérimentée par BÉLY L. et POUMARÈDE G. (dir.), L’incident diplomatique, XVIe-XVIIIe
siècles, Paris, Pedone, 2010.
7. Sur ces grands enjeux à l’échelle nationale, voir : CARPI O., Les guerres de Religion (1559-
1598). Un conflit franco-français, Paris, Ellipses, 2012 ; JOUANNA A., BOUCHER J., BILOGHI D. et LE
THIEC G., Histoire et dictionnaire des guerres de religion, Paris, Robert Laffont, 1998 ; CONSTANT J.-
M., La Ligue, Paris, Fayard, 1996.
8. Sur les guerres de religion en Provence, voir LAMBERT G., Histoire des guerres de religion
en Provence, 1530-1598, Nyons, Chantemerle, 1972 [1870], 2 vol. Pour un récit plus détaillé de
l’intervention savoyarde en Provence, notamment ses enjeux diplomatiques, voir MICALLEF,
F., Un désordre européen, op. cit. Pour un aperçu de la politique audacieuse et ambitieuse de
Charles-Emmanuel dans les années 1590, voir GAL S., Charles-Emmanuel de Savoie. La politique
du précipice, Paris, Payot, 2012 ; MERLIN P., « Saluzzo, il Piemonte, l’Europa. La politica
sabauda della conquista del marchesato alla pace di Lione », M. FRATINI (dir.), L’annessione
sabauda del Marchesato di Saluzzo tra dissidenza religiosa e orthodossia cattolica, Turin, Claudiana,
2004, p. 15-61.
9. Lucinge à Charles-Emmanuel, 17 mars 1589, Paris, Archivio di Stato di Torino
(désormais ASTo), Lettere ministri, Francia, mazzo 9, no 115.
10. VIENNOT E., La France, les femmes et le pouvoir. L’invention de la loi salique, Ve-XVIe
siècles, Paris, Perrin, 2006.
11. Belli à un ministre espagnol, février 1590, s. l., ASTo, Lettere ministri, Spagna, m. 5 :
« in questo stato et disordine stando le cose di Francia, non par che possi lasciare il signor duca di
fare ogni opera per allargare il suoi confini, essendo il solito de principi, dalla declinatione altrui,
procurare la exaltatione proprii ».
12. LUCINGE R. de, De la naissance, durée et chute des Estats, M. J. HEATH (éd.), Genève, Droz,
1984 [1588].
13. Sur la pensée politique de Lucinge, voir TIN L.-G., « Mouvements, remuements,
renversements. La pensée politique de René de Lucinge », Bibliothèque d’humanisme et de
Renaissance, 61, 1, 1999, p. 46-61 ; ZEGNA-RATA O., René de Lucinge, entre l’écriture et l’histoire,
Genève, Droz, 1993. Sur l’influence de l’œuvre machiavélienne sur la pensée de Lucinge,
notamment dans la référence aux lois de l’histoire, voir ZWIERLEIN C. Discorso und Lex Dei. Die
Entstehung neuer Denkrahmen im 16. Jahrhundert und die Wahrnehmung der französischen
Religionskriege in Italien und Deutschland, Göttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 2006, p. 31-
107.
14. Sur la préoccupation des princes à propos de leur réputation, notamment d’un
point de vue moral, voir POMMIER VINCELLI F., « Il concetto di reputatzione e i giudizzi sulla
monarchia spagnola », L. LOTTI et R. VILLARI (dir.), Filippo II e il Mediterraneo, Rome-Bari,
Laterza, 2003, p. 289-324. Dans le contexte intellectuel du XVIe siècle, la figure du prince
idéal doit beaucoup à une réaction anti-machiavélienne. Voir à ce sujet BIRELEY R. The
counter-reformation prince. Antimachiavellianism or catholic Statecraft in early modern Europe,
Chapel Hill-Londres, University of North Carolina press, 1990 ; SENELLART M., « La raison
d’État antimachiavélienne », C. LAZZERI et D. REYNIÉ (dir.), La raison d’État. Politique et
rationalité, Paris, Presses universitaires de France, 1992, p. 15-42.
15. Mutti à Charles-Emmanuel, 7 octobre 1589, Rome, ASTo, Lettere Ministri, Roma,
mazzo 10 : « cercando con molte vive ragioni muoverlo ad essortare Vostra Altezza a soccorere i
catolici di quei paesi ».
16. Charles-Emmanuel à un agent anonyme, instructions pour parler au duc de
Mayenne, s. d., s. l., ASTo, Negoziazioni, colla corte di Francia, mazzo 4, fascicolo 4.
17. Ce thème confessionnel est particulièrement développé par le canoniste Henri de
Suse au XIIIe siècle : REGOUT R. H. W, La doctrine de la guerre juste de saint Augustin à nos jours,
d’après les théologiens et les canonistes catholiques, Aalen, Scientia Verlag, 1974 [1934], p. 72-75.
18. DESCENDRE R., L’état du monde. Giovanni Botero entre raison d’état et géopolitique, Genève,
Droz, 2009, p. 139-140.
19. Mutti à Charles-Emmanuel, 1er octobre 1589, Rome, ASTo, Lettere Ministri, Roma,
mazzo 10 : « per ragion di Stato, Vostra Altezza non doveva comportar che li suoi nemici alla
scoperta se venissero a andare, si puo dir, nell’istessi Stati di Vostra Altezza, che per la tanta
vicinanza si poteva dir cosi ».
20. REGOUT R. H. W, La doctrine de la guerre juste, op. cit., p. 43 chez saint Augustin. Pour
l’expression de cette conception dans l’œuvre de Thomas d’Aquin, voir ibid., p. 81.
21. REGOUT R. H. W, La doctrine de la guerre juste, op. cit., p. 153.
22. NADEAU C. et SAADA J., Guerre juste et injuste, op. cit., p. 46.
23. MUTTI à Charles-Emmanuel, 1er octobre 1589, Rome, ASTo, Lettere Ministri, Roma,
mazzo 10 : « essendo chiamato […] dal duca d’Umena istesso ».
24. José de Acuña à Philippe II, 15 mai 1590, Turin, Archivio general de Simancas,
Estado, 1268, no 46 : « carta del duque de Umena que tambien la he visto, en que pide instamente al
duque assistar a los buenos catholicos de Provença ».
25. REGOUT R. H. W, La doctrine de la guerre juste, op. cit., p. 82-83.
26. Mutti à Charles-Emmanuel, 1er octobre 1589, Rome, ASTo, Lettere Ministri, Roma,
mazzo 10 : « essendo chiamato […] dall’istessi catolici ».
27. Maisse (ambassadeur français à Venise) à Henri IV, 14 décembre 1591, Venise,
Bibliothèque nationale de France, Nouvelles acquisitions françaises, 6983, fo 185 vo.
28. BODIN J., Les six livres de la république, Paris, Fayard, 1986 [1576 pour la première
édition ; 1593 pour celle reproduite ici], 6 vol. , I, p. 152-156, V, p. 166-178, 214-215. Sur la
diversité des usages de la protection dans les relations internationales de l’Europe moderne,
voir CREMER A., « La protection dans le droit international public européen au XVIe siècle »,
A. STEGMANN (dir.), Théorie et pratique politique à la Renaissance, actes du XVIIe colloque
international de Tours, Paris, Vrin, 1997, p. 145-155. Voir également MICALLEF F., « Sous ombre
de protection. Stratégies et projets politiques au temps des affaires de Provence (Espagne,
France, Italie, 1589-1596) », Revue historique, 656, 2010, p. 763-792.
29. REGOUT R. H. W., La doctrine de la guerre juste, op. cit., p. 178.
30. Sur la généalogie du droit de résistance, que l’on fait traditionnellement remonter
jusqu’à Aristote en passant par Thomas d’Aquin, voir : TURCHETTI M., Tyrannie et tyrannicide de
l’Antiquité à nos jours, Paris, Presses universitaires de France, 2001 ; ZANCARINI J.-C. (dir.), Le
droit de résistance, XIIe-XXe siècle, Fontenay-aux-Roses, ENS Éd., 1999. La corrélation entre
droit de protection et droit de résistance est particulièrement visible dans les traités
monarchomaques rédigés par les auteurs protestants français à partir des années 1560, qui
justifient l’appel à un protecteur étranger par la résistance à l’oppression dont un peuple
peut être victime de la part d’un tyran. Voir : MELLET P.-A., Les traités monarchomaques :
confusion des temps, résistance armée et monarchie parfaite (1560-1600), Genève, Droz, 2007, p.
169-180.
31. BABEL R., Garde et protection. Der Königsschutz in der französischen Aussenpolitik vom 15.
bis 17. Jahrhundert. Ideologischer Hintergrund, Konzepte und Tradition, Ostfildern, Thorbecke,
2014.
32. BODIN J., Les six livres de la république, op. cit., V, p. 215.
33. Charles-Emmanuel au sieur de Bienvenue, 13 novembre 1589, ASTo, Negoziazioni
colla corte di Spagna, mazzo 1, fascicolo 31.
34. Parlement d’Aix, délibération du 28 juillet 1590, Archives départementales des
Bouches-du-Rhône, B3658, fo 452 ro.
35. Parlement d’Aix à Martinengo, 28 juillet 1590, Archivio segreto Vaticano,
Segretaria di Stato, Savoia, 24, fo 515 ro.
36. Sur cet arrêt et ses implications juridiques ambiguës, voir MICALLEF F., « Crise
politique et formalisme juridique. Le parlement de Provence face aux troubles de la Ligue
(1589-1595) », Hypothèses, 2010, p. 179-189.
37. Arrêt du parlement d’Aix, 23 novembre 1590, ASTo, Negoziazioni colla corte di
Francia, mazzo 5, fascicolo 3.
38. Arrêt du parlement d’Aix, 23 novembre 1590, Archivio general de Simancas, Estado,
1268, non folioté.
39. Charles-Emmanuel à un agent anonyme, instructions pour parler au duc de
Mayenne, s. d., s. l., ASTo, Negoziazioni, colla corte di Francia, mazzo 4, fascicolo 4. Le duc
de Mayenne « ne pourroit qu’estre beaucoup honoré et accroistre son auttorité et
reputation, recevant nous de sa main les patentes du gouvernement soubz son auctorité ».
40. Déclaration de La Rivière, premier consul d’Arles, 6 octobre 1591, ASTo, Lettere dei
duchi, 17, no 1107.
41. Arrêt du parlement d’Aix, 7 novembre 1591, Archives départementale des Bouches-
du-Rhône, B5474.
42. RENOUX-ZAGAME M.-F., « “Le Royaume de la loi” : équité et rigueur du droit selon la
doctrine des parlements de la monarchie », Histoire de la justice, 11, 1998, p. 35-60.
43. Belli à Charles-Emmanuel, 27 janvier 1590, ASTo, Lettere ministri Spagna, mazzo 5 :
« che non esser credibile che Vostra Altzza volesse aventurare les forze et reputatione sua et quella si
Sua Maestà in cosa che non havesse bon fondamento ».
44. MERLIN, P., « Saluzzo, il Piemonte, l’Europa… », art. cit., p. 39.
45. Mutti à Charles-Emmanuel, 5 mars 1589, ASTo, Lettere Ministri, Roma, mazzo 10.
46. GAL S., Charles-Emmanuel de Savoie, op. cit., p. 221-258.
47. RAULICH I., Storia di Carlo Emanuele I, duca di Savoia con documenti degli archivi italiani e
stranieri, Milan, U. Hoepli, 1896-1902, 2 vol. , t. 2, p. 156.
48. La position complexe de Mayenne à l’égard de l’intervention savoyarde est
synthétisée dans MICALLEF F., Un désordre européen, op. cit., p. 376-378.
49. Alvise Foscarini au doge Pascal Cigogna, 23 mars 1592, Turin, Archivio di Stato di
Venezia, Senato, Dispacci degli ambasciatori, Savoia, filza 13, fo 10 : « In Aix, erano state, nel
publico parlamento, lette ricevute le lettere di Monsignor di Umena, per le quali stabillisse
luogotenente generale della Provenza, a nome della corona di Francia, il signor conte di Carcès ; il che
era riuscito con non poco disgusto del signor duca, essendogli levato quello à punto che gli era stato
dal medesimo parlamento conferito prima. »
50. États de Provence, délibération du 23 janvier 1590, Archives départementales des
Bouches-du-Rhône, C5, fo 142 ro -154 ro. Ce débat est transcrit intégralement dans MICALLEF
F., « L’Europe des possibles. Crises et compétitions politiques au temps des affaires de
Provence (1580-1610) », thèse dirigée par W. KAISER, université Paris-I Panthéon-Sorbonne,
2012, p. 996-1005, consultable en ligne [https://www.academia.edu/7194805/These_-
_vol._2].
51. MICALLEF F, Un désordre européen, op. cit., p. 142-143.
52. Arrêt du parlement royaliste, 24 octobre 1589, Bibliothèque nationale de France,
Dupuy, 155, fo 6 ro.
53. BESAUDUN H.-L. de, Apologie du sieur de Besaudun contre Monsieur de Savoie, dans
Mémoires pour servir à l’histoire de la Ligue en Provence, Société historique de Provence, Aix,
1866, p. 75.
54. BOUYRAT Y., Devoir d’intervenir ? L’intervention humanitaire de la France au Liban, 1860,
Paris Vendémiaire, 2013.
55. RAMEIX S., Justifier la guerre, op. cit.
56. Pour une illustration de cette conjonction fructueuse entre histoire du droit
international et histoire des représentations des relations entre princes, voir notamment
les travaux de HAAN B., Une paix pour l’éternité. La négociation du traité de Cateau-Cambrésis,
Madrid, Casa de Velazquez, 2010 ; id., L’amitié entre princes. Une alliance franco-espagnole au
temps des guerres de Religion (1560-1570), Paris, Presses universitaires de France, 2010.
RÉSUMÉS
This article focuses on juridical arguments about a very common practice in Early
Modern Europe: military interventions in a foreign country in response to calls for help by
people of that country. For this purpose, I analyse here the arguments used by Duke
Charles-Emmanuel of Savoy when he intervened in Provence to rescue the local Catholics at
the end of the French Wars of Religion. The duke had to justify his intervention to his allies,
especially the Spanish King, the Papacy, and the French Catholic party. During diplomatic
discussions, the arguments used implicitly referred to the doctrine of just war and to the
right of protection, which had been theorised by Jean Bodin. This elusiveness can be
explained by the fact that these arguments used very common moral language, which did
not need to be detailed. Savoyards, however, were much more specific when they tried to
demonstrate their juridical respect for French sovereignty over Provence in order to
counter the Duke’s territorial ambitions. For that purpose, they produced many documents
promulgated by various institutions in Provence (especially the Parliament of Aix),
testifying to Charles-Emmanuel’s legalism. In spite of these efforts, the Savoyards’
argument was not entirely successful, especially with certain political actors of Provence,
who took part in the debate about foreign intervention and were neither victims nor
accomplices of Savoyard strategies.
AUTEUR
FABRICE MICALLEF
.
Tenté par l’épreuve de force – il se réfugie d’abord, avec les siens,
auprès de son beau-frère, Maximilien de Bavière – il comprend vite
l’intérêt que présenterait le mariage de son fils Charles avec la
princesse Nicole. Le projet, non seulement servirait ses ambitions
personnelles, mais renforcerait aussi la cohésion de la dynastie
lorraine. Grâce à la médiation d’un carme espagnol, le père
Dominique, François de Vaudémont persuade son frère d’accepter le
rapprochement dynastique et en gage de bonne volonté accorde sa
fille Henriette au baron d’Ancerville, désormais prince de
Phalsbourg.
Le 18 mai 1621, le contrat de mariage de Nicole de Lorraine et du
futur Charles IV est signé. Il y est explicitement prévu que la
princesse Nicole succède à son père et que Charles ne tire son
autorité que de son épouse. Henri le Bon prend la précaution de faire
de Nicole son unique héritière. Le 17, le comte de Vaudémont fait
solennellement enregistrer un acte de protestation devant l’évêque
de Toul, Jean Des Porcelets de Maillane, et devant Jean Midot,
notaire apostolique, contre l’article du contrat de mariage dérogeant
au principe de masculinité dans la succession en Lorraine 3 .
« Thémis en diplomatie »
Le duc de Lorraine est loin d’avoir acquis la reconnaissance de
Louis XIII. La méfiance réciproque qui marque les relations entre les
deux hommes redouble à l’occasion des enquêtes menées à Metz,
Toul et Verdun par la commission Le Bret. Charles IV redoute que le
juriste ne retrouve des textes qui justifieraient et établiraient la
protection souveraine française. L’une des missions assignées
l’intendant consiste à déterminer la présence, ou l’absence, dans les
archives, des pièces justifiant les transactions opérées sous les ducs
Charles III et Henri II au détriment des temporels épiscopaux ou
cathédraux, dans le but principal de consolider le domaine ducal. Or
le codicille du testament de René II a assimilé le domaine aux États
du duc 23 . Charles IV, en choisissant le document comme garant
RÉSUMÉS
Under the reign of Louis XIII and the ministry of Richelieu, the relationship between
the Kingdom of France and the Duchy of Lorraine was determined by geo-strategic
considerations depending on the course of the Thirty Year’s War, on the traditional
competition opposing Bourbons and Hapsburgs, and on the inextricable overlap of feudal
rights with the political considerations that governed the accession of Duke Charles IV in
1624. The struggle for control of independent principalities (the three bishoprics and the
Duchies of Lorraine and Bar) was an attempt by the protagonists to adapt or to use their
positions, their claims and the use of weapons. To justify his legitimacy and to guarantee his
sovereignty, Charles IV used two fundamental laws of a kingdom which was not his, namely
the Salic Law and the principle of inalienability of the Crown, while the cardinal-minister
paradoxically retreated behind the archaisms of feudal rights. The first section of this
article considers Charles IV’s appropriation of the Salic Law, the principle of inalienability
of the crown, and the denial of France that he faced. The second part addresses Richelieu’s
recourse to feudal rights to justify French territorial claims and to oppose those of Charles
IV. Finally, the third section analyses the limits of their arguments and the choice to use
weapons, against Christian morals and the Duke of Lorraine, who was a traditional
champion of the Catholic faith.
AUTEUR
MARIE-CATHERINE VIGNAL SOULEYREAU
Université Paris-Sorbonne
L’idée de la justice et la guerre
d’indépendance du prince
François II Rákóczi, 1703-1711
The Idea of Justice and the War of Independence of Prince
Francis Rákóczi II
Ferenc Tóth
nation dominée par la noblesse fut confirmée plus tard par la théorie
légale d’Étienne Werbőczy, formulée dans le code intitulé Tripartitum
(1514) 6 . Selon cette doctrine, appelée la thèse de la Sainte
même ses missives à Louis XIV et, dans la plupart des cas, aux autres
personnalités diplomatiques françaises. La langue française, en
dehors du latin et du hongrois, fut la langue le plus souvent utilisée
dans les correspondances diplomatiques avec les pays occidentaux.
Dans la cour de Rákóczi, il y avait d’ailleurs de nombreux Français ou
des étrangers francophones 19 .
*
En conclusion, les documents présentés dans cette étude
montrent bien la préoccupation du prince François II Rákóczi de
justifier par des arguments juridiques bien établis sa guerre
d’indépendance. Dans sa démarche, appuyé sur sa nouvelle
diplomatie, il se servait à la fois des lois fondamentales hongroises
(la Bulle d’or de 1222, Tripartitum de 1514 etc.) et des nouvelles idées
des penseurs politiques européennes comme Grotius. Ses méthodes
pouvaient également bénéficier de la tradition transylvaine de
l’argumentation juridique des guerres des princes Gabriel Bethlen,
Georges Ier et Georges II Rákóczi. Le prince Rákóczi ne se considérait
pas comme rebelle à l’Empereur, mais comme le légitime héritier du
prince Georges Rákóczi, son grand-père, souverain de la
Transylvanie, autrefois allié de la France et de la Suède. Il estima que
sa principauté avait été usurpée par l’Empereur, et qu’il combattait
pour ses droits, à la tête d’une nation libre, unie à ses intérêts par les
justes revendications des Hongrois : le rétablissement de leurs
privilèges violés et anéantis par la Maison d’Autriche. Rákóczi
développa tout un réseau diplomatique en Europe dont l’objectif
était de sensibiliser les puissances européennes pour la cause des
Hongrois et faire figurer la question hongroise parmi les sujets du
traité de paix terminant les hostilités en Europe. Grâce à l’activité de
ses agents, comme Dominique Brenner et Jean Michel Klement, toute
une littérature pamphlétaire justifiant la cause des rebelles hongrois
se répandait en Europe. Après l’échec de ses tentatives visant à
l’inclure dans le système de paix universelle, il continua cette
activité jusqu’à la fin de sa vie en exil par la rédaction de ses
ouvrages dits autobiographiques qui nous apparaissent comme un
ensemble de textes juridiques, une sorte de plaidoyer pour la cause
du prince exilé. Le caractère religieux, surtout dans les Confessions,
sert de mettre en valeur la nécessité d’une justice divine capable de
réparer les injustices personnelles et nationales et justifier une
guerre à l’exemple de saint Augustin 55 . Le jansénisme français
NOTES
1. Voir sur l’histoire de la guerre d’indépendance hongroise KÖPECZI B., La France et la
Hongrie au début du XVIIIe siècle. Etude d’histoire des relations diplomatiques et d’histoire des idées.
Budapest, Akadémiai Kiadó, 1971.
2. La conquête du bassin des Carpates fut décrite dans la chronique Gesta Hungarorum,
rédigée au cours du XIIIe siècle par un auteur inconnu (Anonymus), voir KRISTÓ G., « La
conquête hongroise : réalité et tradition », S. CSERNUS et K. KOROMPAY (dir.), Les Hongrois et
l’Europe : conquête et intégration, Paris-Szeged, université de Szeged (JATE)-Paris III Sorbonne
Nouvelle (CIEH)- Institut hongrois de Paris, 1999, p. 137-147.
3. ARMSTRONG J. A., Nations before Nationalism, Chapel Hill, University of North Carolina
Press, 1982, p. 48-49.
4. KLANICZAY G., « Rex iustus. Le saint fondateur de la Royauté chrétienne », S. CSERNUS et
K. KOROMPAY (dir.), Les Hongrois et l’Europe, op. cit., p. 265-291.
5. Voir à ce sujet SZŰCS J., A magyar nemzeti tudat kialakulása (La genèse de l’identité
nationale hongroise), Szeged, 1992, p. 19-25 ; du même auteur, Nation und Geschichte,
Budapest, Corvina Kiadó, 1981 ; également PINTO L., « Une fiction politique : la nation [À
propos des travaux de Jenő Szűcs] », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 64,
septembre 1986, p. 45-50.
6. Le Tripartitum constituait une collection de lois fondamentales hongroises. En dehors
des lois privées et civiles cette collection s’occupait également du droit des gens et du droit
militaire, voir MAILÁTH J. G., Geschichte der Magyaren 3. B., Wien, F. Tendler, 1829, p. 144-145.
7. MARCZALI H., La Hongrie et la Révolution française, Budapest, s. d., p. 14.
8. Voir à ce sujet SZABÓ J. et TÓTH F., Mohács 1526 Soliman le Magnifique prend pied en Europe
centrale, Paris, Economica, 2009.
9. TÓTH F., Saint-Gotthard 1664, Une bataille européenne, Panazol, Lavauzelle, 2007.
10. BÉRENGER J., « A francia politika és a kurucok 1676-1681 » (La politique française et
les Kouroutz 1676-1681), Századok, Budapest, 1972, p. 162-170.
11. Voir à ce sujet ROY P. et TÓTH F., La défaite ottomane. Le début de la reconquête hongroise
(1683), Paris, Economica, 2014.
12. BÉRENGER J., La Hongrie des Habsbourg, tome I De 1526 à 1790, Rennes, Presses
universitaires de Rennes, 2010, p. 159-165.
13. Aujourd’hui Alba Julia en Roumanie.
14. KÁRMÁN G., « Bellum iustum érvelések II. Rákóczi György háborúiban »
(Argumentation Bellum iustum dans les guerres de Georges II Rákóczi), Századok, no 140,
2006, p. 963-964. Par ailleurs, le professeur Bisterfeld fut également un diplomate du prince
Georges Ier Rákóczi auprès des cours de France et de Suède en 1638-1639 : du même auteur,
« Külföldi diplomaták Bethlen Gábor szolgálatában » (Diplomates étrangers au service de
Gabriel Bethlen), G. KÁRMÁN et K. TESZELSZKY (dir.), Bethlen Gábor és Európa (Gabriel Bethlen et
l’Europe), Budapest, Komáromi Nyomda és Kiadó Kft., 2013, p. 181. Voir HARAI D., Grands
serviteurs de petits États. Les conseillers de Navarre et de Transylvanie (XVIe -XVIIe siècles),
Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012, p. 160.
15. Les mémoires de François II Rákóczi, Budapest, Akadémiai Kiadó, 1978, p. 17.
16. Le texte original de la lettre patente de Brzezany fut rédigé en latin. Voir sa
traduction française de l’époque ; AAE, CP, Hongrie et Transylvanie, vol. 9, fo 93-96.
17. Cité par KÖPECZI B., La France et la Hongrie au début du XVIIIe siècle, op. cit., p. 48.
18. BENDA K., « A kuruc diplomácia szervezete és működése » (Organisation et
fonctionnement de la diplomatie kouroutz), K. BENDA (dir.), Ráday Pál iratai (Papiers de Pál
Ráday) tome II, Budapest, Akadémiai Kiadó, 1961, p. 19-62. ; KÖPECZI B., II. Rákóczi Ferenc
külpolitikája (La politique étrangère de François II Rákóczi), Budapest Akadémiai Kiadó, 2002,
p. 14-26. Voir également BÉLY L., Espions et ambassadeurs au temps de Louis XIV, Paris, Fayard,
1990, p. 98-99.
19. KONT I., Étude sur l’influence de la littérature française en Hongrie 1772-1896, Paris, 1902,
p. 47.
20. Voir sur sa vie voir KÖPECZI B., Vetési Kökényesdi László kuruc diplomata és a császár
katonája 1680 ? – 1756 (Ladislas Vetési Kökényesdi, diplomate kouroutz et militaire impérial
1680 ?-1756), Budapest, Akadémiai Kiadó, 2001.
21. Il présenta alors sa correspondance avec Rákóczi à l’empereur qui lui accorda la
grâce. Cette correspondance a été publiée par FIEDLER J. Actenstücke zur Geschichte Franz
Rákoczys und seiner Verbindungen mit dem Auslande, 2 vol. , Wien, 1858. Les chercheurs
hongrois du XXe siècle, Mrs. Kálmán Benda et Béla Köpeczi, ont démontré que ces
documents avaient été falsifiés par Vetési Kökényesdi.
22. Jean-Henri de Tournon, noble savoyard d’abord au service impérial, en 1707 il fut
envoyé par François II Rákóczi en France. Voir sur sa vie KÖPECZI B, La France et la Hongrie au
début du XVIIIe siècle, op. cit., p. 222.
23. KÖPECZI B., Brenner Domokos, a Rákóczi-szabadságharc és a bujdosás diplomatája és
publicistája (Dominique Brenner, diplomate et publiciste de la guerre d’indépendance et de
l’émigration du prince Rákóczi), Budapest, Akadémiai Kiadó, 1996.
24. Voir sur son activité en 1710 : Journal inédit de Jean-Baptiste Colbert marquis de Torcy,
Paris, 1884. p. 221 et 229 également Journal du marquis de Dangeau, tome III, Paris, 1858. p.
129.
25. Kálmán Benda donne les montants exacts des paies des ambassadeurs français et
des envoyés hongrois. Ici, nous n’en citons que deux exemples : l’ambassadeur français à La
Haye, un poste moyen à l’échelle de la diplomatie française contemporaine, touchait 36000
thalers par an, tandis que les envoyés de Rákóczi recevaient environ deux ou trois mille
thalers pour la même période. BENDA K., « A kuruc diplomácia », art. cit., p. 60.
26. Voir à ce sujet : KÖPECZI B., II. Rákóczi Ferenc külpolitikája, op. cit., p. 14-26.
27. KÖPECZI B., La France et la Hongrie au début du XVIIIe siècle, op. cit., p. 376-377.
28. Ibid., p. 33-46.
29. Voir sur la vie de Klement, KÖPECZI B., Egy cselszövő diplomata, Klement János Mihály
1689-1720 (Un diplomate intrigant : Jean-Michel Klement, 1689-1720), Budapest, Akadémiai
Kiadó, 2000.
30. LE NOBLE E., Histoire du Prince Ragotzi, ou la guerre des Mécontents sous son
commandement, Paris, 1707. Voir sur sa vie : HOURCADE P., Carrière et œuvre d’un homme de
lettres sous Louis XIV : Eustache Le Noble (1643-1711), thèse de doctorat, université Paris IV,
1988.
31. LA CHAPELLE J. de, Lettre XLV d’un Suisse à un Français, Bâle, 1708.
32. TÓTH F. (dir.), Correspondance diplomatique relative à la guerre d’indépendance du prince
François II Rákóczi (1703-1711) (Bibliothèque de l’étude de l’Europe centrale no 9), Paris-
Genève, Champion-Slatkine, 2012, p. 487.
33. KÖPECZI B., La France et la Hongrie au début du XVIIIe siècle, op. cit., p. 260-273.
34. TÓTH F., « A szatmári békesség és Franciaország » (Le traité de paix de Szatmár et la
France), Századok, no 146, 2012, p. 867-874.
35. KÖPECZI B., A bujdosó Rákóczi (Rákóczi exilé), Budapest, Akadémiai Kiadó, 1991, p. 58.
36. Voir sur la période d’exil du prince Rákóczi voir TÓTH F., « Emigré or Exile ? Francis
Rákóczi II and His Exile in France and Turkey », P. MANSEL et T. RIOTTE (dir.), Monarchy and
Exile, The Politics of Legitimacy from Marie de Médicis to Wilhelm II, London, Palgrave Macmillan,
2011, p. 91-102.
37. KÖPECZI B. (dir.), Restitutio Transylvaniae. Sources et études, Budapest, ELTE, 1993, p. 58.
38. Ibid., p. 59.
39. Ibid., p. 60.
40. Ibid., p. 61.
41. Voir sur la vie de Daniel Ernst Jablonski (1660-1741), DALTON H., Daniel Ernst Jablonski.
Eine preußische Hofpredigergestalt in Berlin vor 200 Jahren, Berlin, Martin Warneck, 1903 ;
BAHLCKE J. (dir.), Brückenschläge : Daniel Ernst Jablonski im Europa der Frühaufklärung, Dößel,
Stekovics, 2010.
42. KÖPECZI B. (dir.), Restitutio Transylvaniae. Sources et études, op. cit., p. 62.
43. Une édition francophone partielle réunit les deux textes : KÖPECZI B. (éd.),
L’autobiographie d’un prince rebelle, Confession et mémoires de François II Rákóczi, Budapest, 1977.
44. Nous connaissons au moins deux traductions françaises du Confessio peccatoris de
Rákóczi. La première version se trouve dans la Bibliothèque Nationale de France et elle ne
constitue qu’une ébauche de traduction très sommaire parmi les papiers de Jean-Baptiste
Bonnaud (Bibliothèque nationale de France, série Ms. Fr. 17690 Papiers de Jean-Baptiste
Bonnaud I). La deuxième traduction complète est attribuée à Chrisostome Jourdain,
supérieur des camaldules de Grosbois qui détenaient la plupart des manuscrits du prince
Rákóczi après sa mort. Elle est déjà un travail entier et bien accompli, visiblement préparé
pour une édition (médiathèque de Troyes, série Ms. 2144 Confession d’un pecheur qui, prosterné
devant la crèche du Saveur nouvellement né, deplore, dans l’amertume de son coeur, sa vie passée et
se rappelled les graces qu’il a reçues et la conduite de la Providence sur lui. Cette confession, en forme
de soliloque, a été commencée quelques jours avant la solemnité de la naissance de J. C. l’an MDCCXVI.
2 vol. ).
45. Voir l’édition critique de cet ouvrage : KÖPECZI B. (dir.), Les mémoires de François II
Rákóczi, Budapest, Akadémiai Kiadó, 1978.
46. Voir sur le jansénisme de Rákóczi, KÖPECZI B., Politique et jansénisme, Lettres de
François II Rákóczi, prince de Transylvanie au cardinal Filippo-Antonio de Gualterio, Budapest,
Akadémiai Kiadó, 1958.
47. KÖPECZI B. (éd.), L’autobiographie d’un prince rebelle, op. cit., p. 241.
48. TÓTH F., « Justice divine ou droit des gens ? L’idée de justice dans les écrits
autobiographiques de François II Rákóczi », J. GARAPON et C. ZONZA (dir.), L’idée de justice et le
discours judiciaire dans les mémoires d’ancien régime, Nantes, Cécile Defaut, 2009, p. 93-106.
49. KÖPECZI B. (éd.), L’autobiographie d’un prince rebelle, op. cit., p. 146.
50. Ibidem.
51. Ibid., p. 148.
52. Ibid., p. 149.
53. Ibid., p. 154.
54. Ibid., p. 503.
55. Voir à ce sujet FUX P.-Y. (dir.), Paix et guerre selon saint Augustin, Paris, J.-P. Migne,
2010.
RÉSUMÉS
Francis Rákóczi II was Prince of Transylvania and an Imperial Prince. Like his
ancestors, the Princes of Transylvania George I and George II Rákóczi, he established his
own diplomacy and had contacts with the most important European powers. His diplomats,
especially Dominique Brenner and Jean-Michel Klement, helped disseminate information
about the Hungarian War of Independence in Europe. The legal argumentation of Rákóczi’s
diplomacy was based upon the restoration of basic Hungarian laws, like the Golden Bull
(1222) and the Tripartitum (1514). After the end of the Hungarian War of Independence,
Francis Rákóczi II left Hungary for Poland and after a short stay, he travelled to France and
joined the Court of Louis XIV at Versailles. After Louis XIV’s death, Prince Rákóczi devoted
his life to religion and to the writing of his literary works (his Confessions and his Memoirs),
which reflected his final legal arguments for an independent Hungarian monarchy.
AUTEUR
FERENC TÓTH
NOTE DE L’ÉDITEUR
Cet article s’inscrit dans la recherche liée au projet du ministère
espagnol de l’Économie et de la Compétitivité « España y los tratados
de Utrecht (1712-1714) » (HAR 2011-26769). L’auteure bénéficie aussi
d’une bourse-contrat pré-doctorale FPU du ministère de l’Éducation
du gouvernement espagnol (AP2010-0506). Nos remerciements à
Michel Levaillant pour la traduction française.
Courant des 17, 18, 20, 21, 22 et 23 janvier 1718 en anglais 37 . Les
à un ami de Genève sur le parti que leurs Hautes Puissances ont à prendre
par rapport aux différends de l’Empereur avec l’Espagne 43 et les
Europe concernait autant voire plus les États généraux que les autres
États, parce que cette « tranquillité » était la base d’un commerce
prospère à long terme, et que le refus d’entrer dans la Quadruple
Alliance les rendrait complices des troubles qui pourraient se
produire en cas d’échec.
En juillet 1718, la guerre s’aggrava avec l’intervention espagnole
en Sicile, apparemment déclenchée par les rumeurs qui étaient
parvenues à Madrid de la négociation entre l’Empereur et le roi de
Sicile pour échanger les deux îles. Cet échange, qui faisait
effectivement partie du projet de la Quadruple Alliance signifiait, du
point de vue de Philippe V, une trahison du duc de Savoie qui
négociait unilatéralement avec leur ennemi commun. Se protégeant
avec la clause des traités d’Utrecht qui leur permettait de révoquer
la cession de la Sicile en cas d’hostilités avec le duc de Savoie 48 ,
fois avoir assuré les votes d’Amsterdam, Beretti Landi était parvenu
à briser l’unanimité à Utrecht 65 .
NOTES
1. On a beaucoup écrit sur les relations entre Louis XIV et Philippe V au cours de la
négociation qui allait conduire à la signature des traités d’Utrecht. BAUDRILLART A., Philippe V
et la cour de France, Paris, 1889, demeure l’œuvre fondamentale. Voir aussi ALBAREDA J., «
Felipe y la negociación de los Tratados de Utrecht : bajo los dictados del mejor abuelo del
mundo », Cuadernos de Historia Moderna, XII, 2013, p. 31-60, et BÉLY L., « Les négociations
franco-espagnoles pendant la Guerre de Succession d’Espagne », Cuadernos de Historia
Moderna, XII, 2013, p. 61-76.
2. ALBAREDA J., « Felipe y la negociación de los Tratados de Utrecht : bajo los dictados del
mejor abuelo del mundo », art. cit., p. 52.
3. Dans les instructions secrètes de Cellamare, dans AHN Estado 3949 (Instruccion secreta
de lo que Don Antonio del Giudice, principe de Chelamar, gentilhombre de camara y caballero mayor
de la reyna ha de observar en el empleo de embajador ordinario cerca del Rey Xmo), on présente
comme un fait acquis que la tutelle de Louis XV reviendra à Philippe V. Une version
postérieure qui demeure écrite dans le livre de registre met en doute cette possibilité mais
cela ne l’empêche pas d’indiquer à l’ambassadeur, cependant, que son devoir sera de
réclamer cette position. AHN Estado Libro 696, fo 103 vo.
4. Cela ne signifie pas qu’à partir de ce moment-là Philippe V se soit désisté de son
aspiration : on peut trouver de l’information sur ses plans visant à obtenir la couronne de
France en 1728 dans la liasse AHN Estado 2460, sur laquelle a travaillé Alfred Baudrillart
quand les documents se trouvaient encore dans les archives d’Alcalà : BAUDRILLART A. (1987),
« Les prétentions de Philippe V à la couronne de France, d’après des documents inédits »,
Revue des questions historiques, 41, p. 96-149.
5. AHN Estado 2460-1, n o 19, Madrid, 22 avril 1712, in ALBAREDA , J., « Felipe y la
negociación de los Tratados de Utrecht : bajo los dictados del mejor abuelo del mundo », op.
cit. , p. 52.
6. Voir DÉSOS, C., Les Français de Philippe V : un modèle nouveau pour gouverner l’Espagne,
1700-1724, Presses universitaires de Strasbourg, Strasbourg, 2009.
7. En ce qui concerne l’expansionnisme espagnol dans la Méditerranée, on remarquera
surtout deux contributions classiques : AREZIO L., « Il Cardinale Alberoni e l’impresa di
Sardegna nel 1717 », Archivio storico sardo, vol. II, 1906, p. 257-309, et BOURGEOIS É., Le secret des
Farnèse : Philippe V et la politique d’Alberoni, Paris Armand Colin, 1909. Sur le personnage
d’Alberoni et sa position à la Cour, voir l’article très intéressant de MARTÍNEZ NAVAS I., «
Alberoni y el gobierno de la Monarquía española », REDUR 8, 2010, p. 63-110.
8. National Archives, SP 42/15/79, 13 avril 1716 ; SP 94/87, 26 juillet 1717 et 30 juillet
1717.
9. Le traité est aux National Archives, SP 108/138/Part1. L’étude la plus importante sur
les négociations établies entre George Ier et l’empereur est MCKAY D., Allies of convenience :
diplomatic relations between Great Britain and Austria, 1714-1719, New York, Garland Publishers,
1986.
10.British Library, Add MS 37364, f. 184. Lettre privée de Charles Whitworth à Lord
Sunderland, 7/18 mai 1717.
11. AREZIO L., « Il Cardinale Alberoni e l’impresa di Sardegna nel 1717 », art. cit., p. 287.
12. Sur le personnage de Stanhope, voir WILLIAMS B., Stanhope, a study in eighteenth-
century war and diplomacy , Greenwood Press, Westport, 1979.
13. British Library, Add MS 37368, f. 166.
14. National Archives, SP 78/161, f. 191. Voir aussi HATTON R., Diplomatic Relations
between Great Britain and the Dutch Republic 1714-1721 , Londres, East and West, 1950, p. 159-
165.
15. Le projet de la convention peut être consulté aux National Archives, SP 78/161, f.
365-369, et le brouillon à SP 103/16 (juillet 1718). Cette convention entraînait aussi un
ultimatum destiné à l’Empereur et au Roi Catholique.
16.HATTON R., Diplomatic Relations between Great Britain and the Dutch Republic, op. cit., p.
166. Aussi à la British Library, Add MS 37367, f. 159.
17. Voir DHONDT F., « Équilibre et hiérarchie : l’argument juridique dans la diplomatie
française et anglaise après la paix d’Utrecht », p. 67-83.
18. La structure diplomatique britannique était représentée auprès des Provinces-unies
par William Cadogan qui était ambassadeur, depuis 1716, auprès des États généraux. Charles
Whitworth fut envoyé à La Haye depuis sa résidence à Berlin de manière extraordinaire en
1717 à l’occasion d’une absence de Lord Cadogan, et il y résida jusqu’à la fin de l’année 1718,
quand, croyant terminée la négociation avec les États généraux, le ministère britannique le
renvoya à Berlin pour conduire la négociation qui devait mener au traité entre la Grande-
Bretagne et la Prusse.
19.OZANAM D., Les diplomates espagnols du XVIIIe siècle : introduction et répertoire
biographique, 1700-1808, Madrid, Casa de Velázquez, 1998, p. 465-466.
20. British Library, Add MS 37364, f. 252, 295, 301.
21. HATTON R., Diplomatic Relations between Great Britain and the Dutch Republic, op. cit., p.
176.
22. Pour le cas britannique, voir tout spécialement BLACK, J., Debating foreign policy in
eighteenthcentury Britain, Ashgate, Farnham, 2011. Pour le cas espagnol, voir EGIDO T., Opinión
pública y oposición al poder en la España del siglo XVIII (1713-1759), Valladolid, Secretariado de
Publicaciones e Intercambio Editorial, 2002.
23. British Library, Add MS 37367, f. 220.
24. HATTON R., Diplomatic Relations between Great Britain and the Dutch Republic, op. cit. , p.
166-205.
25. LESGER C ., The rise of the Amsterdam market and information exchange, Aldershot,
Ashgate, 2006, p. 214-257.
26. Cet extrême n’est pas seulement vérifiable à partir des diverses versions que l’on
peut trouver dans les archives sinon qu’il est aussi traçable dans les informations des
diplomates. Whitworth affirma : « Monsieur Beretti Landi a fait imprimer la lettre ci-jointe
du Cardinal Alberoni à Monsieur de Monteleone et en a envoié plusieurs milliers
d’exemplaires en Angleterre », British Library, Add MS 37370, f. 50. Il faisait ici référence
probablement au texte « Traduction d’une lettre écrite par son Éminence Monsieur le
Cardinal Alberoni à Son Excellence Monsieur le Marquis de Monteleon, de Madrid le 26
septembre 1718 », qui ne portait aucune identification de l’éditeur.
27.British Library, Add MS 37364, f. 312. Rapport à Sunderland, 4/15 juin 1717.
28. On peut trouver le texte du traité dans DUMONT J., Corps Universel Diplomatique du
Droit des Gens, t. 8, La Haye, 1731, p. 327-330. L’article 11 dit ce qui suit : « On est convenu
que jusqu’à la Paix à faire avec la France, il doit régner une pleine et entière cessation
d’Armes, dans toute l’Italie et les Isles situées dans la Méditerranée… »
29. Voir l’article 30 du traité de Baden. DUMONT J., Corps Universel Diplomatique du Droit
des Gens, t. 8, op. cit., p. 436-444.
30. Whitworth lui-même l’indique, dans British Library Add MS 37364, f. 188. À
Bothmer, La Haye, 6/17 août 1717 : « Les impériaux n’ont pas trop de raison de solliciter Sa
Majesté pour l’effect de la garantie du Traité de Neutralité d’Italie, puisque ce sont
justement eux mêmes que l’ont éludé. […] Et par là Sa Majesté paroit tout à fait libre de cet
engagement, à moins qu’elle ne le croit pour son Intérêt. »
31. British Library, Add MS 37364, f. 358.
32. British Library, Add MS 37365, f. 188.
33. AGS Estado Lib 556, 2 août 1717. Aussi en français dans la British Library, Add MS
37365, f. 343.
34. Ce n’est pas le lieu ici pour commenter l’énorme impact de cette action contraire au
« bien commun de la Chrétienté ». Les excuses et explications de la part de Grimaldo et
Alberoni, secondés par les ministres espagnols à l’étranger, se succédèrent au fil de deux
ans, et l’argument allait être un élément fondamental dans la publicité faite contre le
cardinal de Parme.
35. AGS Estado 6183, Beretti Landi à Grimaldo, 18 novembre 1717.
36. Sous le titre « Considérations sur le Mémoire présenté aux Seigneurs États
Généraux des Provinces-Unies le 21 septembre 1717 par Monsieur le Marquis de Beretti
Landi ; et sur la lettre circulaire de Monsieur le Marquis de Grimaldo communiquée par ce
ministre à Leurs Hautes Puissances ».
37. British Library, Stowe MS 231, f. 19-25 et 33.
38. British Library, Add MS 37367, f. 404-414.
39. British Library, Add MS 37367, f. 121.
40. Le projet présenté aux États généraux peut être consulté à la British Library, Add
MS 37367, f. 140. À la différence de la version finale du traité, celui-ci se termine par des
mots qui en masquent l’intention militaire : « Et si malheureusement les dites conditions
n’étoient pas acceptées, les dits Hauts contractants réuniront leurs soins et prendront de
concert les mesures convenables pour procurer le rétablissement du Repos de l’Italie, et
l’accomplissement des présentes conventions. » Heinsius lui-même, en le lisant, indiqua que
la manière dont il conviendrait d’agir en cas de négative de l’Espagne n’était pas claire.
British Library, Add MS 37367, p. 220.
41. Voir par exemple le pamphlet Avis républicain sur le danger d’entrer en alliance, autant
dire en guerre, British Library, Add MS 37368, f. 191, qui ne porte pas d’indications d’édition
mais qui est inséré parmi les lettres de mai 1718 de Charles Whitworth à Stanhope. Ensuite
Whitworth joignit sa propre réponse : Add MS 37368, f. 193 : Lettre a un ami sur un écrit
anonyme intitulé « Avis républicain ».
42. British Library, Add MS 37368, f. 157, 160.
43. L’auteur ou, au moins, l’instigateur de ce pamphlet se dénonce lui-même dans les
louanges faites à Beretti Landi, qui avait été ambassadeur auprès des Cantons suisses avant
de se transférer à La Haye.
44. British Library, Stowe MS 231, f. 148.
45. British Library, Add MS 37367, f. 415-418.
46. British Library, Stowe MS 231, f. 153.
47. British Library, Stowe MS 231, f. 193.
48. Quand Beretti Landi utilisa cet argument, il lui fut aussi répondu avec un nouveau
pamphlet : British Library, Stowe MS 231, f. 174 : Lettre ecrite de Paris par mr le Comte N. N, à
mr N. N. à la Haye. 5 octubre 1718.
49. National Archives, SP 78/162, f. 171-173.
50. National Archives, SP 78/161, f. 410-412.
51. HATTON R., Diplomatic Relations between Great Britain and the Dutch Republic, op. cit. , p.
179.
52. Add MS 37370, f. 11.
53.Lettre du Cardinal Alberoni au Marquis de Monteleon, de Madrid le 26 septembre 1718.
Elle est reproduite aussi dans le Nouveau Mercure du mois d’octobre de 1718, p. 175.
54. Dans sa page 2, il affirme : « Car, supposé que nous ayons détruit la Flote Espagnole,
comme toutes les nouvelles ne laissent pas lieu d’en douter, et que nous ayons recouvré,
pour l’Empereur, la Sicile et la Sardaigne : que nous en reviendra-t-il ? La Situation de tous
les Etats Autrichiens par rapport aux nôtres ne laisse à l’Empereur aucun moyen de
favoriser notre Nation, comme il le souhaiteroit peut-être : hé bien ! Toute sa
reconnoissance s’épanchera sur notre Souverain, en lui assurant les Duchez de Bremen et
de Ferden avec leurs dépendances. Fatal avantage pour la Nation Britannique, que cet
accroissement du pouvoir de la Maison de Hanover ! » Une version en italien a aussi circulé ;
on peut la trouver parmi les papiers du consul espagnol à Liorna, AHN Estado 5001.
55. British Library, Stowe MS 231, f. 187 : Remarques sur le dernier discours de Mr Marquis
de Beretti Landi prononcé le 12 d’octobre 1718… Traduit de l’Anglois.
56. British Library, Add MS 37368, f. 129.
57. Sur ce lien avec Parme, qui marqua toute l’activité politique du cardinal pendant
ces années, voir les deux œuvres essentielles de Bourgeois : BOURGEOIS, É., Le secret des Farnèse
: Philippe V et la politique d’Alberoni, op. cit., et du même auteur, Lettres intimes de J. M. Alberoni
adressées au comte I. Rocca, ministre des finances du duc de Parme, Paris, G. Masson, 1892.
58. Le Nouveau Mercure du juillet 1718, p. 155, affirma : « On sçait que dans une
conférence que le Cardinal Albéroni a eue avec quelques Ministres des Puissances
Etrangères qui entrent dans cette Alliance, il a déclaré, que le Roy son Maître ne
permetteroit jamais qu’aucun Etat fît un Traité de Paix pour lui. »
59. Par exemple, dans l’appel aux États généraux, offensés pour avoir été les derniers à
être informés du projet de la Quadruple Alliance ; mais aussi faisant partie d’une stratégie
plus vaste de la politique étrangère espagnole dans ses contacts avec les partisans du
prétendant Stuart ou les fameuses « puissances du Nord », Suède et Russie.
60. Séparer la France de son alliance avec l’Angleterre est un autre des grands objectifs
de la politique étrangère albéronienne, au moment de la construction de la Quadruple
Alliance. Alberoni peut profiter des tensions qui existent dans la cour française même et qui
provoquent de sérieux doutes à Londres et à La Haye. BLACK J., « The Anglo French Alliance,
1716-1731 », Francia, 1986, p. 295-310.
61. HATTON R ., Diplomatic Relations between Great Britain and the Dutch Republic, op. cit. , p.
180-205.
62. Le ministre serait Colster, qui fut dépêché en urgence le 17 février 1719 mais ne
quitta La Haye que vers la mi-mars. British Library, Add MS 37371, f. 166 et f. 309.
63. Il n’existe encore aucune étude spécifique sur cette contrebande. Il y en a des pistes
réparties dans les papiers de Whitworth à la British Library, Add MS 37367, f. 323, Add MS
37370, f. 220, et les papiers de Beretti Landi, AGS Guerra 4573, 4569 et AGS Estado 6188.
64. British Library, Add MS 37370, f. 103.
65. British Library, Add MS 37371, f. 20.
66. D’autre part, dans cette période, les États généraux fournirent effectivement à
l’Angleterre les contributions d’hommes et d’argent stipulées dans le traité de la Triple
Alliance dans le cas d’une tentative d’invasion de la Grande-Bretagne, qui se produisit en
mars 1719 à partir d’une initiative espagnole en faveur du prétendant.
RÉSUMÉS
On 28 December 1718, Great Britain formally declared war against Spain after the
Spanish disembarked in Sicily and thus broke the so-called Neutrality of Italy. A few days
later, on 9 January 1719, the French Regency seconded George I of England and started the
campaign that would bring French troops to Navarre and Catalonia. During the months that
preceded this formalization of the war of the Quadruple Alliance, the United Provinces were
the setting for tense negotiations conducted by the British to convince the State General of
the rightness of joining France, England and the Emperor against Philip V of Spain and his
prime minister, Cardinal Giulio Alberoni. Not willing to risk their commercial interests in
Cadiz, the Dutch–headed by the Grand Pensionary Heinsius–adopted a delaying strategy
that greatly confused the English envoy, Charles Whitworth, and the Spanish Ambassador,
Marquis Beretti Landi, as was explained by Ragnhild Hatton in 1950. In their attempt to win
the State General over to their side, both men started a private campaign to convince public
opinion to support their views, a process which has thus far been unexamined. Pamphlets,
manifestos and speeches made extensive use of juridical arguments, dutifully adapted to
the interests of their potential readers. Using source material conserved among the British
envoy’s papers, this paper analyses the main printed documents used in this conflict,
focusing on their creation and the arguments they employed.
AUTEURS
NÚRIA SALLÉS VILASECA
François Ternat
distinctes. Ainsi les titres fondés sur la simple découverte d’une île
vierge, c’est-à-dire « même pour une place qui n’avait été occupée
par aucune autre puissance 19 », étaient insuffisants. Il fallait,
NOTES
1. AAE, CP, Angleterre 430, fo 237 ro, les commissaires à Puyzieulx, Paris, 4 décembre
1750.
2. British Library [désormais BL], Eg. Mss. 3458, fo 10 vo, Mildmay à Holdrnesse,
Londres, 28 août 1751.
3. Lucien BÉLY, Espions et ambassadeurs au temps de Louis XIV, Paris, Fayard, 1990, p. 456-
457.
4. AN, Colonies C11A, vol. 2, fos 290-297 vo, Colbert à Talon, 5 avril 1667.
5. AAE, Mémoires et Documents (MD), Amérique 9, fos 208-225.
6. Ibid., C.P., Angleterre, supplément 11, fo 78, Silhouette à Rouillé, Paris, 8 octobre
1754.
7. Ibid.
8. Ibid., Angleterre 334, fo 68-73, mémoire sur les limites de la baie d’Hudson, d’Auteuil,
7 janvier 1720.
9. BL, Eg. Mss. 3458, fo 131, information préalable pour servir d’introduction au Narré,
Whitehall, avril 1755.
10. AAE, MD, Amérique 8, fo 333-335, « Parole des représentants des Six Nations des
Iroquois à l’intendant Bigot », Québec, 2 novembre 1748.
11. BL, Eg. Mss., 3458, fo 34 vo, les commissaires anglais à Bedford, Paris, 23 septembre
1750.
12. AAE, CP, Angleterre 430, fo 138-139, instructions aux commissaires, Versailles, 4
septembre 1750.
13. AN, Colonies C11 A, vol. 94, fo 5-57 vo, journal du chevalier Céloron de Blainville, 29
juillet 1749 ; fo 19-22, Inventaire des papiers collationnés et légalisés concernant les limites
de la Nouvelle-France, La Jonquière et Bigot à Rouillé, 1750.
14. WASHBURN W. E., « The Moral and Legal Justifications for Disposessing the Indians »,
Seventeenth Century America: Essays on Colonial History, M. SMITH (éd.), W.W. Norton & Co, 1959,
p. 24-32 et MORIN M., L’Usurpation de la souveraineté autochtone. Le cas des peuples de la Nouvelle-
France et des colonies anglaises de l’Amérique du Nord, Montréal, Boréal, 2005.
15. AN, Colonies C11A, vol. 21, fo 60-61, « Parole d’Onontyatek, chef tsonnontouan, au
gouverneur-général Vaudreuil et réponse de celui-ci », 25 et 27 octobre 1703.
16. HAVARD G. et VIDAL C., Histoire de l’Amérique française, Paris, Flammarion, 2003.
17. AAE, MD, France 525, fo 203 ro, mémoire du maréchal de Noailles sur les hostilités
dans l’Amérique septentrionale, Versailles, octobre 1755.
18. AN, Colonies C11 A, vol. 98, fo 449-453, 1752.
19. BL, Eg. Mss. 3458, fo 33 vo, les commissaires anglais à Bedford, Paris, 21 février
1751.
20. Ibid., fo 30 ro, les commissaires à Holderness, Paris, 4 octobre 1751.
21. Ibid., fo 32, les commissaires anglais à Bedford, Paris, 21 février 1751.
22. Ibid.
23. Ibid., fo 10 ro, Mildmay à Holderness, Paris, 28 août 1751.
24. Ibid.
25. AAE, CP, Angleterre 430, fo 203 ro, les commissaires à Puyzieulx, Paris, 8 octobre
1750.
26. BL, Eg. Mss. 3458, fo 29 ro, les commissaires anglais à Bedford, Paris, 23 septembre
1750.
27. L’ouvrage de Hugo Grotius, Mare liberum. De la liberté des mers, paru en 1609, et celui
de John Selden, Mare Clausum, seu De Dominio Maris, publié en 1635, voir BUTLER W. E., «
Grotius and the Law of the Sea », H. BULL, B. KINGBURY et ROBERTS A. (dir.), Hugo Grotius and
International Relations, Oxford, Oxford UP, 1990, p. 209-220.
28. MORIEUX R., Une mer pour deux royaumes. La Manche, frontière franco-anglaise (XVIIe-
XVIIIe siècles), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2008, p. 150-151.
29. LOADES D., England’s Maritime Empire. Sea Power, Commerce and Policy, London,
Longman, 2000, p. 171.
30. AAE, Limites, carton 1, 2/9, Rouillé à Puyzieulx, 19 décembre 1749.
31. MORIEUX R., Une mer pour deux royaumes, op. cit., p. 79.
32. BL, Add. Mss. 32 819, fo 243, Rouillé à Bedford, Versailles, 24 décembre 1750.
33. AAE, CP, Angleterre 430, fos 96-98, Albemarle à Puyzieulx, Compiègne, 22 juin 1750.
34. Ibid., fo 97.
35. AAE, CP, Angleterre 430, fo 99.
36. BL, Eg. Mss. 3458, fo 38 vo, Bedford aux commissaires anglais, Londres, 23 mai 1751.
37. Ibid., fo 7 vo, Mildmay à Holderness, Londres, 28 août 1751.
38. National Archives, SP 78/239, fo 90 vo, « Observations sur la réponse de Mrs. les
commissaires anglais datée du 13 juin 1751 dernier, et remise aux commissaires du roi »,
Paris, 5 août 1751.
39. AAE, CP, Angleterre 433 supplément, fo 163, mémoire envoyé par les commissaires
du roi au duc de Mirepoix, 3 août 1751.
40. Ibid., Angleterre 430, fos 207-210, les commissaires à Puyzieulx, Paris, 11 octobre
1750.
41. Ibid., Angleterre 433 supplément, fo 283, les commissaires à Saint-Contest, 24
octobre 1752.
42. Ibid., Angleterre 430, fo 235, Puyzieulx aux commissaires, 26 novembre 1750.
43. BL, Eg. Mss. 3458, fo 36 vo, les commissaires anglais à Bedford, Paris, 14 avril 1751.
44. Ibid., fo 7 vo, Mildmay à Holderness, Londres, 28 août 1751.
RÉSUMÉS
The Treaty of Aix-la-Chapelle that ended the War of Austrian Succession in 1748 threw
into relief the link between European and colonial issues. It returned the European claims
in North America and in the West Indies to the statu quo ante bellum settled by the Treaty of
Utrecht of 1713. A boundary commission was established to study the claims, to determine
which areas were considered as belonging to the British or to the French Crowns, and to
define clear boundaries separating the colonial dominions. Not only an episode of Anglo-
French rivalry, these inter-war years took place in the middle of the Age of Enlightenment,
which sanctioned the idea of balance of powers.
Intellectual, legal and doctrinal thinking about the European rights claimed or exercised at
sea and abroad on lands under imperial influence had been developed during the peace
commission in Paris (1750-1755), whose aim was to resolve boundary disputes between the
two Crowns’ pretensions to lands also largely occupied by Aboriginal peoples. Important
historical knowledge and juridical arguments were exchanged and discussed between the
French and the British commissioners, which in turn generated new understandings and
doctrinal approaches expressed in various proposals to assert European sovereignty on land
and at sea. More specifically, this article examines the process involving the First Nations of
America in the diplomatic proposals argued from both sides by the Crowns’ agents. Despite
their failure and the outbreak of war in 1756, these negotiations can be seen as attempts to
regulate colonial and maritime disputes through international agreements and as
experiences by both Courts of diplomacy in faraway lands.
AUTEUR
FRANÇOIS TERNAT
Université de Rouen
Troisième partie. Droit et
sauvegarde des acteurs des
relations internationales
L’inviolabilité de l’ambassadeur
et le ius gentium dans une
diplomatie romaine en mutation
(Ve siècle)
Ambassadors’ Immunity and the Ius Gentium in Roman
Diplomacy (Fifth Century AD)
Audrey Becker
traité avec les Romains, qu’il s’agisse d’un foedus ou d’une deditio se
trouvaient donc exclus à la fois du postliminium mais surtout de la
sphère du ius gentium car ils entraient dans celle du ius ciuile, par le
biais du droit pérégrin jusqu’à la Constitutio Antoniniana de 212 apr. J.-
C. Cela signifiait très concrètement que le ius gentium n’était
appliqué, du point de vue romain, qu’avec des communautés
politiques barbares, pas encore soumises ou alliées de Rome,
potentiellement ennemies, auxquelles les Romains ne pouvaient
donc, dans les faits, imposer un principe de réciprocité juridique.
Mais, dans la perspective d’une diplomatie impérialiste unilatérale
qui est celle de l’État républicain ou de la période du Haut-Empire,
on peut s’interroger sur la perception même que les autorités
romaines avaient du ius gentium car, au final, il n’est utilisé par les
Romains comme droit dans leurs relations avec les groupes barbares
que jusqu’à leur victoire, qui fait entrer ces groupes dans le ius ciuile,
c’est-à-dire dans la romanitas.
D’ailleurs, il est intéressant de noter que le seul texte juridique
en notre possession liant la question de l’immunité des
ambassadeurs au ius gentium est un texte de Sextus Pomponius
14 , un juriste du Haut Empire ayant enseigné le droit à Rome au
aspect sacré des legati trouve son origine dans le rôle du collège des
fetiales dans les affaires diplomatiques de la Rome polythéiste, qu’il
s’agisse de déclarer la guerre ou de conclure un traité. En effet, ces
prêtres n’hésitaient pas, lors des déclarations rituelles de guerre, à
prendre à témoin les dieux, Jupiter et Janus en particulier, de la piété
des Romains dont les guerres trouvaient toujours leur justification
dans le non-respect des principes du ius gentium par les autres cités
auxquelles les fetiales demandaient alors réparation 18 .
A contrario, la prise de Rome par les Gaulois de Brennus en 390 av. J.-
C. est présentée clairement par les sources comme une sanction
divine après que Fabius Ambustus a pris les armes avec les gens de sa
suite contre les Gaulois alors qu’il était reçu comme ambassadeur
romain. Brennus demanda son extradition, ce qu’accepta et ordonna
le collège des fetiales mais fut refusé par le peuple auquel Fabius en
avait appelé par la procédure de la prouocatio ad populum 21 . Peu
expliquent très clairement qui est considéré comme hostes par les
Romains :
Hostes hi sunt, quin obis aut quibus nos publice bellum decreuinmus : ceteri latrones
aut praedones sunt.
« Les ennemis sont ceux qui nous ont officiellement déclaré la guerre ou à qui
nous l’avons officiellement déclarée. Les autres sont des bandits ou des pillards
25 . »
Hostes sunt, quibus bellum publice populus Romanus decreuit uel ipsi populo Romano :
ceteri latrunculi uel praedones appellantur.
« Les ennemis sont ceux auxquels le peuple Romain a déclaré la guerre
officiellement ou ceux qui ont déclaré la guerre au peuple Romain de la sorte. Les
autres sont appelés brigands ou pillards 26 . »
ius gentium
Histoire nouvelle
PASCHOUD
ius gentium
MARTINDALE op. cit.,
37. Il s’agit, en 435, de Censorius, l’ambassadeur envoyé par le général Aetius auprès du
roi suève Herméric. Il est capturé sur le chemin du retour par Réchila, le fils du roi puis,
après une captivité de sept ans, est finalement assassiné. Sur cette captivité, Hyd. Lem. 98 et
100 (Hydace, Chronique, éd. et trad. A. TRANOY, Paris, Sources Chrétiennes, 1974) ; BECKER A.,
Les relations diplomatiques, op. cit., p. 146-147.
38.
fr.
Fragmenta BLOCKLEY The History of
Menander the Guardman
fr.
NECHAEVA Embassies…, op. cit.,
39. Sur le rôle des évêques dans le rachat des captifs, HUNTZINGER, op. cit., p. 397-414.
40. Sur la démarche d’Aignan d’Orléans, Vita Anian. 9 (Vita Aniani episcopi Aurelianensis,
éd. B. KRUSCH, MGH SRM 3, Hannover, 1896, p. 104-117) ; de Lupus de Troyes, Vita Lup. 3 (Vita
Lupi episcopi Trecensis, éd. B. KRUSCH, MGH SRM 3, Hannover, 1896, p. 117-124) ; de Léon de
Rome, Prosper Tiro 1367 (Prosper Tiro, Epitoma Chronicorum, éd. T. MOMMSEN, MGH AA IX, 2,
Berlin, 1892, p. 341-499) ; Jord. Get. 42, 223 (Jordanes, Getica, éd. T. MOMMSEN, MGH AA V, 1,
Berlin, 1882, p. 53-166). Sur le rôle des évêques dans la diplomatie romano-barbares, BECKER
A., « Les évêques et la diplomatie romano-barbare en Gaule au Ve siècle », M. GAILLARD (dir.),
L’empreinte chrétienne en Gaule du IVe au IXe siècle, Turnhout, Brepols, 2014, p. 45-59.
41. Const. Vita Germ. 6, 28 (Constance de Lyon, Vie de saint Germain d’Auxerre, éd. et trad.
R. BORIUS, Paris, Sources Chrétiennes, 1965).
42. C’est par exemple le cas d’Épiphane de Pavie face au roi burgonde Gondebaud. Sur
les différentes démarches diplomatiques d’Épiphane de Pavie, GILLETT A., Envoys and Political
communication in the Late Antique West, 411-533, Cambridge, Cambridge University Press, 2003,
p. 148-171.
43. Contra SCHULZ R., Die Entwicklung des römischen Völkerrechts im vierten und funften
Jahrhundert n. Chr., Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 1993, p. 21-27 pour qui les traités entre
pouvoirs romains et barbares aux IVe et Ve siècles sont conclus entre des États et non pas
entre des individus. Il faut souligner la parenté historiographique entre l’approche
juridique de Raimund Schulz et celle de Jochen Bleicken. BLEICKEN J., Verfassungs-und
Sozialgeschichte des Römischen Kaiserreiches, Paderborn, F. Schöningh Verlag, 1981. Pour une
remise en cause de cette approche, WOLFRAM H., Das Reich und die Germanen. Zwischen Antike
und Mittelalter, Berlin, Siedler, 1991 ; BECKER A., Les relations diplomatiques, op. cit., p. 29-31.
44. Greg. Tur. 2, 8 (Sancti Georgii Florentii Gregorii episcopi Turonensis, Historiae
ecclesiasticae Francorum libri decem, éd. B. KRUSCH, MGH SRM 1, Hannover, 1951 ; Histoire des
Francs, trad. R. LATOUCHE, Paris, CUF, 1996). Par la suite, les liens privilégiés entretenus
jusqu’en 451 par Aetius avec le roi hun se trouvent confirmer par l’envoi du propre fils
d’Aetius, Carpilio, en ambassade auprès d’Attila en 435 : Cassiod. Var. 1, 4, 10-13
(Cassiodorus, Variae, éd. T. MOMMSEN, L. TRAUBE, MGH AA XII, Berlin, 1894, p. 3-385).
45. Pétrone Maxime régna pendant deux mois et demi du 17 mars 455 après
l’assassinat de l’empereur Valentinien III jusqu’au jour de la prise de Rome par le roi
vandale Genséric, le 31 mai 455, où il est tué par un soldat alors qu’il tentait de fuir l’Vrbs.
Sur Pétrone Maxime, DEMOUGEOT E. La formation de l’Europe et les invasions barbares, vol. 2, 1 : De
l’avènement de Dioclétien au début du VIe siècle, Paris, Aubier, 1979, p. 573-574 ; MARTINDALE J. R.,
op. cit., p. 749-751.
46. Sid. Apoll. Carm. 7, 295-439 (Sidoine Apollinaire, Poèmes, éd. et trad. A. LOYEN, Paris,
CUF, 1960).
47. L’évêque Ennode de Pavie laisse ainsi entendre que le roi burgonde Gondebaud
maîtrisait parfaitement la rhétorique : Ennod. Vita Epiph. 164 (Magnus Felix Ennodius, Vita
Epifani, éd. T. MOMMSEN, MGH AA VII, Berlin, 1885, p. 84-109). Il n’hésitait pas, par ailleurs, à
participer à des controverses religieuses. Le roi wisigoth Théodoric II a eu, grâce à son
précepteur Avitus, une formation aux principaux auteurs de l’antiquité (Sid. Apoll. Carm. 7,
295-298). Quant à son fils Euric, les lettres de l’évêque de Clermont Sidoine Apollinaire
prouve que se trouvaient à sa cour des poètes gallo-romains jouissant d’une certaine
influence sur le roi : Sid. Apoll. Epist. 8, 9, 2 (Sidoine Apollinaire, Lettres, 2 vol. , éd. et trad. A.
LOYEN, Paris, CUF, 1970). Enfin, si le prétendu illettrisme du roi ostrogoth Théodoric est un
topos qu’on retrouve dans certaines sources, il n’en reste pas moins que sa fille Amalasonthe
est parfaitement trilingue (Cassiod. Var. 9, 1, 6-8).
48. DEMANDT A., « The Osmosis of the Late Roman and Germanic Aristocracies », CHRYSOS
E., SCHWARCZ A. (dir.), Das Reich und die Barbaren, Wien, Böhlau, 1989, p. 75-87.
49. Sur les leges burgundionum, PLESSIER M., La loi des Burgondes, la loi de Goudebaud, Lille,
Presses universitaire du Septentrion, 2003 ; WORMALD P., « The Leges Barbarorum : Law and
Ethnicity in the Post-Roman West », H.-W. Goetz, J. JARNUT, W. POHL (dir.), Regna and gentes,
Leyde-Boston, Brill, 2003, p. 21-53, part. p. 26-27.
50. Lex Burg. 36 (Lex Burgundionum, éd. L. R. DE SALIS, MGH L Leges II, 1, Hanovre, 1893, p.
30-116 ; pour la traduction française : La loi des Burgondes, la loi de Gondebaud, trad. M.
PLESSIER, Lille, ANRT, 2000).
51. On retrouve ainsi la formule legatos nostros illum et illum dans les lettres
diplomatiques écrites par Cassiodore (par ex. Cassiod. Var., II, 41 ; III, 1 ; III, 2 ; III, 3) ;
également Marculf Form. 9, 10 et 11 pour les formulaires émanant de la chancellerie
mérovingienne (Marculfi Formulae, éd. K. ZEUMER, MGH L, V Formulae, Hannover, 1886). Par
ailleurs, les sources montrent clairement que les ambassadeurs sont préférentiellement
envoyés par paire, particulièrement dans le cadre de négociations difficiles. Dans certaines
situations périlleuses, le nombre d’ambassadeurs peut même être de trois. C’est le cas de la
délégation envoyée à Attila en 452 lorsqu’il assiège Rome à laquelle participe Léon l’évêque
de Rome, Trygetius qui avait déjà négocié avec Genséric un traité de paix en 435 et le
consulaire Gennadius Avienus (Jord. Get. 42, 223 ; Prosp. Tiro 1367).
52. Les sources rapportent certains cas extrêmes. L’Anonyme de Valois (Anon. Val. 64-
70) évoque ainsi la taille de la suite d’Amalafrida, la sœur du roi ostrogoth Théodoric, qui
est, en 500, escortée de plus de 6000 personnes lorsqu’elle se rend auprès du roi vandale
Thrasamund pour l’épouser (Anonymus Valesianus, éd. et trad. allde. I. König, Aus der Zeit
Theodorichs des Großen : Einleitung, Text, Übersetzung und Kommentar einer anonymen Quelle,
Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 1997). Grégoire de Tours évoque également
une suite de 4000 personnes escortant en 584 la princesse neustrienne Rigonthe auprès du
roi wisigoth Récarède en Espagne (Greg. de Tur. 6, 45). Il faut par ailleurs souligner que
l’utilisation de la poste publique, dans les régions où elle existait toujours semble avoir été
la règle pour le déplacement des ambassades étrangères qui bénéficiaient alors d’une
euectio. Sur la persistance du cursus publicus dans les royaumes barbares du Ve et VIe siècles,
HOLMERG E. J., Zur Geschichte des cursus publicus, Uppsala, Lundequist, 1933, p. 146-148. Sur
l’utilisation du cursus publicus, DUMÉZIL B., « L’ambassadeur barbare au VIe siècle d’après les
échanges épistolaires », A. BECKER, N. DROCOURT (dir.), Ambassades et ambassadeurs au cœur des
relations diplomatiques, Metz, CRULH, 2012, p. 239-256.
53. Si l’on peut définir l’ambassadeur dans l’Antiquité tardive comme le détenteur
d’une délégation de pouvoir émanant d’une unité politique, quel que soit le statut de cette
dernière (Empire, province, cité, groupe politique plus ou moins organisé), envoyé auprès
d’une autre entité politique et en capacité de négocier au nom de l’entité qui l’envoie, la
question de sa reconnaissance par le pouvoir qui reçoit l’ambassadeur est cruciale. En effet,
recevoir comme interlocuteur politique valable un ambassadeur revient à reconnaître le
pouvoir politique qui l’envoie. A contrario, la mésaventure survenue en 585 ap. J.-C. aux
ambassadeurs du roi d’Aquitaine Gundovald envoyés au roi de Burgondie Gontran montre
clairement que l’immunité diplomatique des ambassadeurs est liée à la reconnaissance du
pouvoir politique qui les envoie par celui qui les reçoit. C’est ainsi que Gontran, considérant
Gundovald comme un usurpateur, n’hésite pas à torturer ses ambassadeurs qui ne peuvent
se prévaloir, de son point de vue, d’aucune immunité que ce soit. BACHRACH S. B., The Anatomy
of a Little War: a Diplomatic and Military History of the Gundovald Affair (568-586), Boulder,
Westview Press, 1994.
54. Mais, dans les faits, dès le VIe siècle, le respect de l’inviolabilité des ambassadeurs
était bien souvent aléatoire car soumis aux éventuels renversements d’alliances et autres
vicissitudes diplomatiques.
55. Isid. Etym. 5, 6 (Isidore of Seville, Etymologiae, éd. W. M. LINDSAY, Oxford, Oxford
University Press, 1911).
56. Sur la correspondance diplomatique d’Akhenaton, Westbrook R., « Babylonian
Diplomacy in the Amarna Letters », Journal of the American Oriental Society, no 3, 2000, p. 377-
382 ; sur la correspondance diplomatique du roi Zimri-Lim, Guichard M., « Les relations
diplomatiques entre Ibal-Pi-El II et Zimri-Lim : deux étapes vers la discorde », Revue
d’Assyriologie et d’archéologie orientale, no 2, 2002, p. 109-142.
RÉSUMÉS
The ius gentium is a set of rules setting out ambassadors’ immunity, among other
things. These rules are mentioned by Pomponius, a Roman lawyer in the second century AD,
referring to a responsum dating back to the late Republic. During the early Imperial period,
Romans applied the ius gentium to Germanic tribes living along the frontiers of the Danube
and the Rhine. Military and political events at the end of the fourth century AD, and even
more so during the fifth century AD, led Romans to reconsider their relationship with the
Germanic tribes that had settled within the Western Roman Empire. At that point, the
characteristics of their diplomatic relationship changed because those tribes had shifted the
balance of military power. This paper examines how it was possible for Romans in the fifth
century AD to use the ius gentium in their relationship with the Germanic tribes, who were
gaining strength as the wars dragged on.
AUTEUR
AUDREY BECKER
Université de Lorraine
Prérogatives et traitement des
ambassadeurs dans l’Antiquité
tardive
The Privileges and Treatment of Ambassadors in Late Antiquity
Maria Grazia Bajoni
par l’Empire avec les peuples qui se trouvaient hors de ses frontières.
Précisons que la présente étude, outre les envoyés officiels de
l’empereur romain 5 , traitera également des legati des rois des
initiative personnelle très peu avisée de Jean, légat de Justin II, que
les tractations romano-perses sur la Svanie, après le traité de 561,
eurent des résultats contraires au profit (tò synoíson) de l’Empire : en
fait, Jean avait envoyé saluer le roi des Svanes, provoquant un
imbroglio diplomatique que l’empereur fut obligé d’arranger.
Les legati étaient choisis et affectés par le pouvoir selon la nature
de la mission que le destinateur leur confiait car le rang, en tant que
marqueur de loyauté et fiabilité, était déterminant afin d’instaurer
ou maintenir la symétrie ou l’asymétrie des négociations : c’est
pourquoi des émissaires de haut rang étaient envoyés en mission
diplomatique auprès des interlocuteurs auxquels les Romains
reconnaissaient une souveraineté et une assiette territoriale
légitimes. Priscus 13 raconte qu’en 448, les Romains furent
les plus profondes dans la protection que Zeus Xenios concédait aux
étrangers, l’inviolabilité des légats étrangers était considérée un
droit qui dépassait la volonté humaine et touchait à la dimension du
divin, du sacré et de la vénération comme prescrivait le droit des
fetiales 47 : en fait, les legati sont qualifiés sancti dans le Digeste
(Dig. 50, 7, 18) et dans le Corpus Iuris (CJ. X, 65). Les historiens
rapportent beaucoup d’épisodes qui illustrent la valeur universelle
de la legatorum religio : e. g., Attila s’abstint de punir l’interprète
Vigilas qui accompagnait les émissaires romains en 448 parce qu’il
tenait en considération le droit des ambassadeurs (tès presbéias
thesmós) 48 ; en 568, Banïan, le chef des Avars, au moment du
RÉSUMÉS
Historians of Late Antiquity have studied a wide range of examples regarding the
status, powers and rights of ambassadors. Their treatment and inviolability were
guaranteed by ius gentium, and diplomatic exchanges took place based on the recognition of
legitimacy and sovereignty of other States, that is, respect of their governing principles and
institutions (for instance: the Roman Empire and Sasanian Persia; the Roman Empire and
certain Germanic populations). Ambassadors’ conduct was determined by loyalty to the
sovereign mandate, yet on occasion, the personal initiative of the delegates was counter-
productive and embassies sometimes had problems. Facilities were provided during the
envoys’ journey and their time in a foreign country, but breaking the rules and the rather
frequent mistreatment of ambassadors occurred because the embassies were considered as
potential vehicles for spies, as a powerful strategic means for information-gathering, or as a
pretext for invasion.
AUTEUR
MARIA GRAZIA BAJONI
Ekaterina Nechaeva
Le côté juridique
Au Rome, la défection et surtout la collaboration avec les
ennemis contre la cause romaine étaient considérées comme une
haute trahison. Lex Julia de maiestate définit du crime de haute
trahison (ou de lèse-majesté) « celui qui est commis contre le peuple
Romain ou contre sa sécurité ». Les sources juridiques listent comme
coupables de ce crime :
[celui] qui… aura envoyé un affidé ou des lettres aux ennemis du peuple Romain,
leur aura donné ou fait des signes pour aider dans leurs projets les ennemis de la
république ».
[celui] qui aura sollicité, excité les soldats pour que s’élèvent des troubles, des
séditions contre la république 5 » (Dig. 48, 4, 1).
[celui] qui a abandonné son armée, ou qui est passé comme homme privé chez
l’ennemi 6 » (Dig. 48, 4, 2) 7.
[celui] qui, par intrigue ou conseil aura aidé à ce que des armes soient levées
contre l’empereur ou contre la république, ou que ses armées soient menées dans des
embuscades, ou celui qui aura fait la guerre sans ordre de l’empereur, aura recruté et
consolidé une armée, l’aura incitée à ce qu’elle abandonne l’empereur. Ces crimes
étaient autrefois punis par l’interdit de l’eau et du feu. Actuellement, lorsque les
coupables sont de basse extraction, ils sont jetés aux bêtes ou brûlés vifs ; s’ils sont de
condition honnête, ils sont punis de mort [1] » (Sentences de Paul, 5, 29) 8.
un pays qui n’était pas allié avec Rome était considéré comme un transfuge.
La Proditio. Un type distinct de perduellio : rendre à l’ennemi d’une ville, d’un
territoire ou d’une force militaire appartenant à Rome.
L’aide et le confort. Un acte de perduellio : un accord avec un ennemi, pour lui
fournir des renseignements, des conseils ou des matériaux tels que des armes et de la
nourriture.
L’incitation. Incitation d’un ennemi pour commencer une guerre ou incitation
d’un allié à la révolte.
Depuis les temps les plus anciens, la législation romaine tend à
punir le plus sévèrement les transfuges – ceux qui s’enfuient et se
joignent à l’ennemi 12 . La loi 7 des 12 tables stipule que « celui
Les captifs qui ne sont pas retournés dans leur pays s’ils
pouvaient le faire étaient également été considérés comme traîtres :
« Celui qui, étant pris par les ennemis, n’est pas revenu lorsqu’il a pu
le faire est regardé comme transfuge 17 » (Dig. 49, 16, 5, 5). Si un
soldat après son retour pourrait prouver qu’il a été capturé par les
ennemis et n’a pas déserté chez eux – il avait le droit de postliminium
18 : « c’est-à-dire il est rétabli dans ses anciens droits, de même
que s’il n’eût pas été pris par l’ennemi 19 » (Dig. 49, 15, 5, 1). Un
des parties à cesser de protéger et de donner asile à ceux qui ont été
considérés comme des ennemis et des traîtres par les partenaires
diplomatiques.
paix de Margus avec l’Empire romain ; l’une des clauses de cette paix
dit que les Romains ne devront plus recevoir chez eux ceux qui ont
fui de la Scythie et « aussi que ceux qui avaient déjà fui devaient être
ramenés avec les prisonniers de guerre romains qui avaient fait leur
retour dans leur propre pays sans rançon, à moins que pour chacun
des échappés huit solidi soient versés à ceux qui les avaient capturés
à la guerre » (Prisc. 2.29-32) 27 . Ce sont les prisonniers qui,
punition pour la défection était aussi cruelle et forte chez les Huns
que chez les Romains. Ensuite, il semble qu’à chaque contact
diplomatique, Attila insiste sur la livraison des fugitifs. En 441, le
refus des Romains a même provoqué un conflit militaire. Les Huns
ont dit que, si les Romains « ne livraient pas les fugitifs comme cela
avait été convenu (et il y avait un très grand nombre chez les
Romains), ils poursuivraient la guerre 29 » (Prisc. 8.1.8-10). Il est
à noter que les Romains, selon Priscus, ne voulant pas rendre les
fugitifs, étaient prêts à accepter la guerre (Prisc. 9.1.1-5 30 et 8-
10). La paix, qui a mis fin à ce conflit, inclut entre autres conditions «
que les Romains ne devaient recevoir aucun barbare qui voulait fuir
chez eux » (Prisc. 9.3.8-9) 31 .
avec les transfuges extradés par les Romains et punis de mort par les
Huns (Prisc. 2.40-43) 35 , il semble possible de supposer que ces
groupes tribaux qui ont changé d’alliance et ont rejoint les Romains
contre les Huns 37 . Denis Sinor suppose qu’il pouvait s’agir de
ils étaient dans l’opposition à Attila et avaient une bonne raison pour
s’échapper de son territoire, et, évidemment, ils n’étaient pas trop
disposés à revenir chez lui par la force. L’apparent et étrange
malentendu entre les diplomates romains qui apportent les dix-sept
individus et la colère d’Attila, parce que l’Empire continuait à
protéger les fugitifs, peut être expliqué par un jeu diplomatique
délibéré.
Attila, en indiquant que les Romains ne devraient pas confier à
ces fugitifs la protection de leurs terres, se réfère probablement à
des groupes plus grands qui quittaient l’Empire des Huns pour mieux
rejoindre celui des Romains. Il est difficile d’imaginer que les
secrétaires d’Attila auraient pu lire les noms de chacun des
déserteurs, l’un après l’autre ; il semble beaucoup plus plausible que
ces noms étaient ceux de certains groupes tribaux ou des leurs chefs.
Déjà le prédécesseur d’Attila, le roi Rua, avait fait la guerre contre les
tribus des « Amilzuri, Itimari, Tounsoures, Boisci et d’autres tribus
qui vivaient près du Danube [et] fuyaient à combattre aux côtés des
Romains » (Prisc. 2.1-3) 39 . Ici, les tribus faisant défection
bien qu’il existait une tradition qui tendait à accorder à des réfugiés
un statut élevé en leur donnant des rangs ou des titres. Par exemple,
Théodat, le souverain des Goths, avait l’intention de passer le reste
de sa vie dans l’Empire d’Orient, où il avait le rang de sénateur
(Procop. BG 1.3.4) ; son beau-fils Ebrimuth, venu à Constantinople
comme un réfugié, a lui reçu de l’empereur de nombreux honneurs,
y compris le rang de patricien (Procop. BG 1.8.3). Il se peut que la
nomination d’Ildiges ait été du même genre 50 .
. Selon Procope, plus tard Ildiges est devenu mécontent (en jugeant
l’honneur et le salaire qu’on lui avait accordé insuffisants), et,
accompagné d’un captif Goth nommé Goar, il a fui de Constantinople
(Procop. BG 4.27.7-8). Le fait même de cette fuite témoigne que la
position d’Ildiges à Constantinople était en partie celle d’un otage,
quoique, bien sûr, d’un otage honorable. En effet, les chances
d’Ildiges de retrouver son pouvoir dépendaient entièrement de la
volonté momentanée de l’Empire romain d’Orient, or ce dernier
pouvait être plus intéressé à le garder en réserve et à ne l’utiliser
que si c’était absolument nécessaire. Il semble donc qu’Ildiges
préférait agir par lui-même. Le moment de sa fuite n’a probablement
pas été choisi au hasard. Au printemps de l’an 552 une autre guerre –
une troisième – a éclaté entre les Lombards et les Gépides. Cette
guerre donnait à Ildiges une nouvelle chance pour tenter de
conquérir le pouvoir lombard, avec l’aide des Gépides 52 . Deux
avons ici non seulement une analogie avec les cas d’Ildiges et
d’Ustrigotthus, mais aussi des éléments d’explication du
comportement des dirigeants gépide, lombard et romain. Ils
semblent agir conformément à une pratique courante de la
diplomatie de l’époque – la conclusion d’un traité entraîne un devoir
de la part de chaque adversaire-partenaire de « payer la dette » et de
ne plus protéger ni assister des ennemis de l’autre côté.
Mais, comme nous l’avons déjà vu, dans la vie réelle, on avait une
approche de ces réalités tout à fait différente. Ayant accepté un
fugitif, celui qui tenait le pouvoir sentait qu’il devait tout faire pour
protéger son « client » de l’extradition. Quand les Lombards avaient
demandé pour la première fois l’extradition d’Ildiges, les Gépides
avaient refusé de le leur rendre 62 . Justinien a eu la même
Romains et les Perses dans la fin des années 70 du VIe siècle, quand
les Romains ont déclaré qu’en tout cas, ils « ne livreraient jamais
ceux » (parmi les Pers-arméniens et les Ibères) « qui avaient soulevé
la révolte, ni leurs parents par le sang ni, en somme, tous ceux qui
souhaitaient venir dans l’Empire romain » (Men. 20.2). De la même
façon, le prince mauritanien Firmus a fui vers les Isaflenses, et ces
derniers ont préféré avoir une guerre avec Théodose plutôt que
d’extrader le prince (Amm. Marc. 29.5.40). Dans un texte de Socrate
le Scolastique, on peut trouver des réflexions sur le principe général
qui dit que ceux qui cherchent de l’aide (ἱκέται) doivent être
accueillis et protégés 65 . Socrate décrit un cas où les Romains
Changements de législation
Dans la législation beaucoup plus tardive – dans les nouvelles lois
de l’empereur Léon VI le Sage, ajoutées au corpus des Basiliques fin
IXe-début Xe siècle (886-912) –, on lit :
« Nous disons cela en portant nos regards vers la sévérité manifestée par la
loi qui a été édictée contre ceux qui passent à l’ennemi. Car cette loi décide que le
transfuge, pris du désir de se repentir, et voulant effacer sa faute passée en
retournant dans son pays, sera livré aux bêtes féroces ou pendu. Cela me paraît
être la cause d’un grand dommage pour l’État, et aller tout à fait à l’encontre des
mesures qui auraient un effet salutaire. Car la loi contraint ceux qui passent à
l’ennemi à ne jamais plus se souvenir de leurs proches, à faire taire leur désir de
retourner dans leur patrie. Il n’est aucun homme en effet qui, sachant quel
châtiment l’attend, choisira, au lieu de vivre chez les ennemis, de mourir dans sa
patrie de façon si cruelle.
C’est pourquoi nous écartons des lois en vigueur cette mesure sévère, pour ne
pas dire injuste – car comment ne serait-il pas injuste de punir si cruellement un
coupable qui cherche de lui-même, par la suite, à réparer son crime ? – mais nous
ordonnons que le transfuge revenant dans sa patrie, s’il y retourne pour la
première fois, reçoive son pardon ; la deuxième fois, qu’il soit vendu pour être
esclave pendant trois ans ; s’il déserte une troisième fois et qu’ensuite il
revienne, qu’il soit vendu pour être esclave définitivement et à perpétuité. En
effet, un homme qui est ainsi inconstant et changeant n’est pas digne de jouir de
la liberté. Toutefois, si le transfuge ne revient pas dans la patrie de sa propre
volonté, mais parce qu’il a été capturé, et surtout s’il a les mains souillées du
sang de ses concitoyens, le punir de mort comme un ennemi ne sera ni injuste, ni
sévère 70 » (Neara, 67) 71 .
NOTES
1. Dans cet article, la désertion sera entendue comme l’abandon sur le champ de
bataille de sa propre armée, mais aussi le fait de rejoindre son adversaire.
2. Pour la période républicaine, WOLFF C., Déserteurs et transfuges dans l’armée romaine à
l’époque républicaine, Naples, Jovene, 2009.
3. Ibid., p. 52-62.
4. Three Byzantine Military Treatises, éd., trad., notes G. T. Dennis, Washington D. C.,
Dumbarton Oaks, 1985, p. 120 : τοὺς αὐτομόλους ὑποδέχεσθαι μὲν ἀναγκαῖον,
εὐεργετεῖν δὲ ἄξιον. δεῖ δὲ πάντως τούτων φυλάττεσθαι, εἰ καὶ τιμῶσι τὰ
παρ᾽ ἡμῖν θρησκευόμενα καὶ γάμοις ἡμῖν νομίμοις συμπλέκονται. διὸ δὴ τοὺς
μὲν ἐνδοξοτέρους αὐτῶν κατἐχειν ἐν πόλεσιν εἴ γε βουλόμεθα, πλὴν δι᾽
ὑπονοίας ἔχειν αὐτούς, καὶ μάλιστα ὅταν κατὰ τῆς πόλεως συνέρχεται τὸ
πολέμιον ἀφ᾽ ὧν οὗτοι πρὸς ἡμας ηὐτομόλησαν.
5. Maiestatis autem crimen illud est, quod adversus populum Romanum, vela versus
securitatem eius committitur […] quive hostibus populi romani nuntium litterasve miserit signumve
dederit feceritve dolo malo, quo hostes populi romani consilio iuventur adversus rem publicam : quive
milites sollicitaverit concitaveritve, quo seditio tumultusve adversus rem publicam fiat.
6. aut qui exercitum deseruit vel privatus ad hostes perfugit.
7. Dans ce qui suit, la traduction reprend celle de HULOT H., BERTHELOT J-F., TISSOT P-A.,
BÉRANGER A., Corps de droit des lois romaines, Metz, 1803. La traduction a été en partie remaniée
par les soins de l’auteure du présent article.
8. Lege Iulia maiestatis tenetur is, cuius ope, consilio adversus imperatorem vel
rempublicam arma mota sunt, exercitusve eius in insidias deductos est, quive iniussu imperatoris
bellum gesserit, delectumve habuerit exercitum comparaverit, sollicitaverit, deserueritque
imperatorem. His antea in perpetuum aqua et igni interdicebatur, nunc vero humiliores bestis
obiiciunturm vel vivi exuruntur : honestiores capite punintur.
9. BAUMAN R. A., The Crimen Maiestatis in the Roman Republic and Augustan Principate,
Johannesbourg, Witwatersrand University Press, 1967, p. 19, plus généralement p. 16-21 et
la note 9 avec des références historiographiques ; SCHISAS P. M., Offences Against the State in
Roman Law, Londres, 1926, 5-6, 12-15.
10. LEAR F. S., « Treason and Related Offences in Roman and Germanic Law », The Rice
Institute Pamphlet, no 42, 2, 1955, p. 8 et suiv.
11. Voir pour les définitions: GUEYE M., « Délits et peines militaires à Rome sous la
République: desertio et transfugium pendant les guerres civiles », Gerión, no 31, 2013, p. 221-
238, surtout p. 223; VALLEJO GIRVÉS M., « La legislación sobre los desertores en el contexto
político-militar de finales del siglo IV y principios del V d. C. », Latomus, no 55, 1996, 31-47,
p. 32 et suiv.
12. COSME P., « Le châtiment des déserteurs dans l’armée romaine », Revue historique de
droit français et étranger no 81, 3, 2003 p. 287-307 ; VALLEJO GIRVÉS M., « Transfugae en el
ejército de Roma », Hispania Antiqua, no 20, 1996, p. 399-408 ; WOLFF C., Déserteurs et
transfuges…, op. cit., p. 166-174.
13. Transfugae ad hostes vel consiliorum nostrorum renuntiatores aut vivi exuruntur aut
furcae suspenduntur.
14. Is qui in exploration emanet, hostibus insistentibus ; aut qui a a fossato recedit, capite
puniendus est.
15. Is, qui ad hostem confugit et rediit, torquebitur ad bestiasque vel in furcam damnabitur,
quamvis milites nihil eorum patiantur. Et is, qui volens transfugere adprehensus est, capite punitur.
16. Exploratores, qui secreta nuntiaverunt hostibus, proditores sunt et capitis poenas luunt.
17. Qui captus, cum poterat redire, non rediit, pro transfuga habetur.
18. Sur le postliminium : AMIRANTE L., Captivitas e Postliminium, Naples, Jovene, 1950, p. 15-
18.
19. id. est, perinde omnia retituuntur et jurs, ac si captus ab hostibus non esset.
20. et si bonus miles antea aestimatus fuit, prope est ut adfirmationi eius credatur ; si
remansor, aut negligens suorum, aut segnis, aut extra contubernium agens, non credetur ei.
21. Dans ce qui suit, les fragments de Priscus sont cités selon l’édition de BLOCKLEY R.
(éd., trad.), The History of Menander the Guardsman, Liverpool, F. Cairns, 1985. Les abréviations
des sources suivent celles de HORNBLOWER S., SPAWFORTH A. (éd.), Oxford Classical Dictionnary,
Oxford, Oxford University Press, 2012, ou à défaut celles de MARTINDALE J. R., The
Prosopography in the Later Roman Empire, vol. II : 395-527, Cambridge, Cambridge University
Press, 1980.
22.
terminus technicus
NECHAEVA
Vestnik Sank-Peterburgskogo
Gosudarstvennogo Universiteta
23. μηδένας ἐξ αὐτῶν ἀποστῆναι θέλοντας τὸν βασιλέα δέχεσθαι ·
24. Comme aussi de l’époque précédente : WOLFF C., Déserteurs et transfuges…, op. cit., 157-
167.
25. πάντας τοὺς παρὰ σφᾶς καταφυγόντας ἐκδοῖεν.
26. Dans ce qui suit, les fragments de Priscus sont cités selon l’édition de BLOCKLEY R.,
(éd., trad.) The Fragmentary Classicising Historians of the Later Roman Empire. Eunapius,
Olympiodorus, Priscus and Malchus, 1-2, Liverpool, F. Cairns, 1983.
27. τοὺς ἀπὸ τῆς Σκυθικῆς καταφεύγοντας, ἀλλὰ καὶ τοὺς ἤδη
πεφευγότας σὺν καὶ τοῖς αἰχμαλώτοις Ῥωμαίοις τοῖς ἄνευ λύτρων ἐς τὰ
σφέτερα ἀφιγμένοις ἐκδίδοσθαι, εἰ μή γε ὑπὲρ ἑκάστου πεφευγότος τοῖς κατὰ
πόλεμον κτησαμένοις ὀκτὼ δοθεῖεν χρυσοῖ.
28. οἱ δὲ παρὰ Ῥωμαίους καταφυγόντες ἐξεδόθησαν βαρβάροις, ἐν οἷς καὶ
παῖδες Μάμα καὶ Ἀτακὰμ τοῦ βασιλείου γένους, οὓς ἐν Καρσῷ φρουρίῳ
Θρᾳκίῳ οἱ παρειληφότες ἐσταύρωσαν δίκας αὐτοὺς πραττόμενοι τῆς φυγῆς.
29. καὶ εἰ μὴ τοῦτον ἐκδοῖεν, ἐκδοῖεν δὲ καὶ τοὺς φυγάδας κατὰ τὰ
ὑποκείμενα (εἶναι γὰρ παρὰ Ῥωμαίοις πλείστους) τὸν πόλεμον ἐπάξειν.
30. Ἀττήλας ὁ τῶν Οὔννων βασιλεὺς τὸν οἰκεῖον στρατὸν ἀγείρας
γράμματα στέλλει παρὰ τὸν βασιλέα τῶν τε φυγάδων καὶ τῶν φόρων πέρι,
ὅσοι προφάσει τοῦδε τοῦ πολέμου οὐκ ἐδέδοντο, τὴν ταχίστην οἱ ἐκπέμπεσθαι
παρακελευόμενος · ταῦτα ἀναγνόντες οἱ ἀμφὶ τὰ βασίλεια οὐδαμῶς τοὺς
παρὰ σφᾶς καταφυγόντας ἐκδώσειν ἔφασαν, ἀλλὰ σὺν ἐκείνοις τὸν πόλεμον
ὑποστήσεσθαι.
31. μηδένα δὲ βάρβαρον Ῥωμαίους κατὰ σφᾶς φεύγοντα δέχεσθαι.
32. ὧν πλείστους Ῥωμαῖοι ἀπέκτειναν ἀπειθοῦντας πρὸς τὴν ἔκδοσιν, ἐν
οἷς καὶ τῶν βασιλικῶν ὑπῆρχον Σκυθῶν, οἳ ὑπὸ Ἀττήλᾳ τάττεσθαι
ἀνηνάμενοι παρὰ Ῥωμαίους ἀφίκοντο.
33. καὶ Ἀνατολίῳ ἐπὶ τῇ εἰρήνῃ δόξαντα, ὡς εἴρητο μὴ πρότερον πρέσβεις
παρ’αὐτὸν ἐλθεῖν πρὶν ἢ πάντες οἱ φυγάδες ἐκδοθεῖεν βαρβάροις. τοῦ δὲ
φήσαντος ὡς ἐκ τοῦ Σκυθικοῦ γένους παρὰ Ῥωμαίοις οὐκ εἴη φυγάς, τοὺς γὰρ
ὄντας ἐκδεδόσθαι, χαλεπήνας μᾶλλον καὶ αὐτῷ πλεῖστα λοιδορησάμενος
μετὰ βοῆς ἔλεγεν ὡς αὐτὸν ἀνασκολοπίσας πρὸς βορὰν οἰωνοῖς ἐδεδώκει ἄν,
εἰ μή γε τῷ τῆς πρεσβείας θεσμῷ λυμαίνεσθαι ἐδόκει, καὶ ταύτην αὐτῷ ἐπὶ τῇ
ἀναιδείᾳ καὶ τῇ τῶν λόγων ἰταμότητι ἐπιθεῖναι δίκην · φυγάδας γὰρ τοῦ
σφετέρου ἔθνους παρὰ Ῥωμαίοις εἶναι πολλούς, ὧν ἐκέλευε τὰ ὀνόματα
ἐγγεγραμμένα χάρτῃ τοὺς ὑπογραφέας ἀναγινώσκειν. ὡς δὲ διεξῆλθον
ἅπαντας, προσέταττε μηδὲν μελλήσαντα ἀπιέναι · συμπέμψειν δὲ αὐτῷ καὶ
Ἤσλαν Ῥωμαίοις λέξοντα πάντας τοὺς παρὰ σφίσι καταφυγόντας
βαρβάρους ἀπὸ τῶν Καρπιλεόνος χρόνων, ὃς ὡμήρευσε παρ’αὐτῷ παῖς ὢν
Ἀετίου τοῦ ἐν τῇ ἑσπέρᾳ Ῥωμαίων στρατηγοῦ, ἐκπέμψαι παρ’αὐτόν. μὴ γὰρ
συγχωρήσειν τοὺς σφετέρους θεράποντας ἀντίον αὐτοῦ ἐς μάχην ἰέναι,
καίπερ μὴ δυναμένους ὠφελεῖν τοὺς τὴν φυλακὴν αὐτοῖς τῆς οἰκείας
ἐπιτρέψαντας γῆς. τίνα γὰρ πόλιν ἢ ποῖον φρούριον σεσῶσθαι, ἔλεγεν,
ὑπ’ἐκείνων, οὗπερ αὐτὸς ποιῆσαι τὴν αἵρεσιν ὥρμησεν; ἀπαγγείλαντας δὲ τὰ
αὐτῷ περὶ τῶν φυγάδων δεδογμένα αὖθις ἐπανήκειν μηνύοντας, πότερον
αὐτοὺς ἐκδιδόναι βούλονται ἢ τὸν ὑπὲρ αὐτῶν ἀναδέχονται πόλεμον.
34. τοὺς ἀπὸ τῆς Σκυθικῆς καταφεύγοντας, ἀλλὰ καὶ τοὺς ἤδη
πεφευγότας σὺν καὶ τοῖς αἰχμαλώτοις Ῥωμαίοις τοῖς ἄνευ λύτρων ἐς τὰ
σφέτερα ἀφιγμένοις ἐκδίδοσθαι.
35. οἱ δὲ παρὰ Ῥωμαίους καταφυγόντες ἐξεδόθησαν βαρβάροις, ἐν οἷς καὶ
παῖδες Μάμα καὶ Ἀτακὰμ τοῦ βασιλείου γένους, οὓς ἐν Καρσῷ φρουρίῳ
Θρᾳκίῳ οἱ παρειληφότες ἐσταύρωσαν δίκας αὐτοὺς πραττόμενοι τῆς φυγῆς.
36. ὧν πλείστους Ῥωμαῖοι ἀπέκτειναν ἀπειθοῦντας πρὸς τὴν ἔκδοσιν, ἐν
οἷς καὶ τῶν βασιλικῶν ὑπῆρχον Σκυθῶν, οἳ ὑπὸ Ἀττήλᾳ τάττεσθαι
ἀνηνάμενοι παρὰ Ῥωμαίους ἀφίκοντο.
37. NECHAEVA
Vestnik Sank-
Peterburgskogo Gosudarstvennogo Universiteta
38. SINOR D., « The Historical Attila », F. H. BÄUML, M. D. BIRNBAUM (dir.), Attila: The Man
and His Image, Budapest, Corvina, 1993, p. 8.
39. καὶ ἐς τὴν Ῥωμαίων ὁμαιχμιίαν καταφθγάνοθσιν.
40. Je tiens à remercier Petr Shuvalov pour des discussions, il y a longtemps, très utiles
et fructueuses sur ce sujet.
41. La version mentionnée par Paul Diacre (HL. 1.21) est différente de celle de Procope.
42. Plus probablement, un groupe de Slaves qui habitaient au nord, dans la zone de la
Tchéquie actuelle. Pour le problème et pour la bibliographie, voir : IVANOV S., « Prokopij
Kesarijskij », GINDIN L., LITAVRIN G. (dir.), Svod drevnejshix pismennyx izvestij o slavjanax ( =
Corpus testimoniorum vetustissimorum adhistoriam slavicam pertinentium), 1, Moscou, Vostočnaâ
Literatura, 1994, p. 235, note 131.
43. C’est le moment où Wach est mort et où son fils Waldar a hérité le pouvoir, avec
Audoin comme gardien. Selon Procope, Ildiges s’était échappé chez les Slaves peu de temps
auparavant (Procop. BG 3.35).
44. Pour une discussion sur cette date, POHL W., « The Empire and the Lombards:
Treaties and Negotiations in the Sixth Century », W. POHL (dir.), Kingdoms of the Empire, The
Integration of Barbarians in Late Antiquity, Leyde-New York-Cologne, Brill, 1997, p. 90-91.
45. Pour l’idée de trahison commis contre le peuple et le roi parmi les peuples
germaniques et la législation des Lombardes : LEAR F., Treason in Roman and Germanic Law,
Austin, University of Texas Press, 1965, p. 234-244, particulièrement p. 240-241.
46. On peut se rappeler d’autres exemples de ce genre : la tentative de Sapor de donner
le pouvoir sur l’Arménie aux deux déserteurs Cylaces et Artabennes, contre un protégé
romain (Amm. Marc. 27.12.5) ; il y a aussi le cas d’Amalasuintha qui, quand un complot à son
encontre a été organisé chez les Goths, a demandé à Justinien de lui donner refuge (Procop.
BG 1.2.23).
47. MARTINDALE J., The Prosopography of the Later Roman Empire, vol. 3, Cambridge,
Cambridge University Press, 1995, s. v. Ildigisal, p. 616-617.
48. Ibid.
49. ibid.; JONES A. H. M., The Later Roman Empire 284-602, vol. 2, Oxford, Johns Hopkins
University Press, 1964, p. 657.
50. Le cas le plus proche, mais aussi plus éloigné dans le temps, est l’histoire
d’Hosrmisdas, prince perse, qui est passé dans le camp de Constantin Ier autour de l’an 324.
Hosrmisdas était très important pour Rome en tant que prétendant possible au trône perse.
Comme le suppose D. Woods, « on devait lui donner une fonction honorable dans son exil,
tout en le maintenant sous étroite surveillance » ; ainsi il a été nommé « commandant
permanent de la schola clibanariorum scutariorum » (WOODS D., « Ammianus and some Tribuni
Scholarum Palatinarum c. A.D. 353-364 », Classical Quarterly, no 47, 1997, p. 290).
51. En 546-547, un traité a été conclu entre les Lombards et l’Empire.
52. De la même façon, en 548 il est parti de chez les Slaves immédiatement après le
début de la guerre entre les Gépides et les Lombards.
53. L’Empire romain avait déjà une alliance avec les Lombards, conclue en 546/547,
quand le Norique et la Pannonie avaient été donnés aux Lombards. Ensuite, en réponse au
désir des Gépides, les Romains ont conclu un traité avec les Gépides aussi, juste au début de
la guerre entre les Lombards et les Gépides (552) (Procop. BG 4.27.21-22) (W. POHL, « The
Empire and the Lombards », art. cit., p. 93-94).
54. J. MARTINDALE, The Prosopography, op. cit., s. v. Ustrigotthus, p. 1396.
55. γενομένων δὲ τῶν ἐν τῷ παρόντι πρὸς Λαγγοβάρδας σπονδῶν ἕνεκα ὁ
μὲν Αὐδουὶν τὸν Ἰλδίγην εὐθὺς ἅτε πρὸς φίλων ἐξῃτεῖτο Γηπαίδων.
56. τόν Ἰλδιγιςὰλ οὖν Αὐδουὶν μὲν πρὸς βασιλέως Ἰουστινιανοῦ ἐξῃτεῖτο
ἅτε φίλος τε Ῥωμαίοις καὶ ξύμμαχος ὤν, μισθὸν τῆς φιλίας τὴν προδοσίαν
αὐτῷ τοῦ ἱκέτου εἰσπραττόμενος.
57. βεβαιότατα ξυνετελέσθη, βασιλεύς τε Ἰουστινιανὸς καὶ Αὐδουὶν ὁ
τῶν Λαγγοβαρδῶν ἡγούμενος παρὰ Θορισὶν τὸν Γηπαίδων ἄρχοντα
πέμψαντες τὸν Ἰλδιγισὰλ ἅτε κοινὸν ἐχθρὸν ἐξῃτοῦντο, τὴν ἐς τὸν ἱκετην τὸν
αὐτοῦ προδοσίαν δεόμενοι δήλωσιν τῆς ἐς αὐτοὺς φιλίας ποιήσασθαι
πρώτην.
58. ὡς εἴ τινες, ἐν ᾧ χρόνῳ ὁ πόλεμος ξυνεστήκει, ηὐτομόγσαν, τοῦτο μὲν
ὡς Πέρσας ἀπὸ Ῥωμαίων, τοῦτο δὲ < ἀπὸ > Περσῶν ὡς Ῥωμαίους, εἴ γε
βούλοιντο οἱ προσκεχωρηκότες ἐς τὰ οἴκοι ἐπαναστρέφειν, μὴ γίνεσθαι
σφίσιν ἐμποδὠν μήτε μὴν κωλύμῃ χρήσασθαι τινι. τοὺς μέντοι ἐν καιρῷ
εἰρήνης αὐτομόλους ἤγουν καταφεύφοντας ἐξ ἑτέρων εἰς ἑτέρους μὴ
ὑποδέχεσθαι, ἀλλ`ἐκ παντὸς τρόπου καὶ ἄκοντας.
59. τοὺς δὲ στρατιώτας, ὅσοι διαδεδράκεσαν, πυνθανόμενος
περαιουμένους τὸν Τίγριδα ποταμὸν διά τε τὸ ἐκ Σεβήρου δέος ἀπιόντας πρὸς
τοὺς βαρβάρους […] τὰ πλεῖστα γοῦν φεύγοντες ἐς τοὐπίσω τε τοξεύοντες
ἐμάχοντο. τῶν δὲ φυγάδων στρατιωτῶν, πολλῶν τε ἐν αὐτοῖς τεχνιτῶν παρ ´
αὐτοῖς γενομένων καὶ τὸν ἐκεῖ βίον ἑλομένων, οὐ μόνον χρῆσθαι ἀλλὰ καὶ
ἐργάζεσθαι ὅπλα ἐδιδάχθησαν. […] ἐπανήγαγε δοὺς ἀμνηστίαν, οὐ πάντας δὲ.
πολὺ γὰρ πλῆθος αὐτῶν ἀνεχώρησεν ἐς τὴν ἀλλοδαπήν.
60. BLOCKLEY R., The History of Menander the Guardsman, op. cit., p. 257, note 55.
61. GÜTEBOCK K., Byzanz und Persien in ihren diplomatischen Beziehungen im Zeitalter
Justinians, Berlin, J. Guttentag, 1906, p. 80-83.
62. οἱ δὲ τὸν μὲν ἄνθρωπον ἐκδοῦναι οὐφαμῆ ἔγνωσαν.
63. μισθὸν τῆς φιλίας τὴν προδοσίαν αὐτῷ τοῦ ἱκέτου εἰσπραττόμενος. ὁ
δὲ τρόπῳ οὐδενὶ ἐδίδου.
64. Comparez aussi le cas d’Usdibadus, qui, avec ses partisans, a trouvé refuge chez les
Romains. En 568 Baianus, le Khan des Avares, a demandé sa restitution, en disant que les
Gépides avaient été conquis par les Avars et étaient donc devenus leurs sujets. Les Romains
ont refusé cette demande (Men. 27, 28, 29) – MARTINDALE J., The Prosopography, op. cit., s. v.
Usdibadus, p. 1396.
65. Sur la Hiketeia dans le monde gréco-romain voir GÖDDE S. G., « Hiketeia », H. CANCIK
et H. SCHNEIDER (dir.), Brill’s New Pauly, Encyclopaedia of the Ancient World, Leyde, Brill, 2005, p.
232-234.
66. οὐ μόνον ὡς ἱκετας σώζειν ἐθέλοντες, ἀλλὰ γὰρ ὑπὲρ τοῦ
Χριστιανισμοῦ πάντα ποιεῖν προθιμούμενοι.
67. MILLER D.A., Studies in Byzantine Diplomacy: Sixth-Tenth Centuries, a Thesis Submitted
to the Graduate School at Rutgers – the State University, New Jersey, 1963, p. 192-193: « It is
clear, then, that although the Byzantine state may have from time to time made agreements in which
extradition rights were emphasized, the maintenance of prominent refugees was a firm policy.
Though the Empire was known to use the argument that it could not give up fellow Christian (as this
argument was used in Persarmenian and Bulgar cases already mentioned – see p. 120 sq.) the political
factor remained strongly in play… »
68. W. Pohl remarque que cet épisode impliquant le conseil des nobles Gépides montre
un conservatisme caractérisé de la noblesse Gépide, en contraste avec le comportement du
roi qui est plus de son temps et qui essaie d’agir plus comme un homme politique (POHL W., «
Gepiden », Reallexicon der Germanischen Altertumskunde, 2e édition, Strasbourg, Karl. V.
Trübner, 1998, vol. 11, p. 136, 139 ; voir aussi : POHL W., « The Empire and the Lombards :
Treaties and Negotiations in the Sixth Century », POHL W. [dir.], Kingdoms of the Empire, The
Integration of Barbarians in Late Antiquity, op. cit., p. 96). Il semblerait qu’ils étaient incapables
de violer les règles d’hospitalité ouvertement et d’extrader les ἱκέται.
69. La tactique des complots était utile quand toutes les voies diplomatiques avaient
été épuisées, et que la situation demandait une action décisive. En règle générale, on trouve
que le complot était pour l’Empire romain une méthode assez utilisée pour lutter contre un
ennemi gênant, et malgré le fait que les informations concernant de tels complots aient eu,
évidemment, un caractère secret, on possède assez de sources pour trouver et partiellement
reconstruire quelques complots, dont certains furent un succès. Pour les détails : NECHAEVA
E., « Les activités secrètes des ambassadeurs dans l’Antiquité Tardive », A. BECKER, N.
DROCOURT (dir.), Ambassadeurs et ambassades au cœur des relations diplomatiques. Rome – Occident
médiéval – Byzance (VIIIe siècle av. J.-C.-XIIe siècle apr. J.-C.), Metz, Presses universitaires de
Lorraine, 2012, p. 183-202.
70.
71. Traduction selon NOAILLES P., DAIN A. (trad.), Les Novelles de Léon VI le Sage, Paris, Les
Belles Lettres, 1944, p. 242-244.
72. Sur la diplomatie clandestine : NECHAEVA E., Embassies, Negotiations, Gifts : Systems of
East Roman Diplomacy in Late Antiquity, Stuttgart, F. Steiner, 2014, p. 56-61, 155-160 ; ibid., «
Les activités secrètes des ambassadeurs dans l’Antiquité tardive », art. cit.
RÉSUMÉS
This article examines the juridical and diplomatic aspects of various forms of
emigration in both military and civil contexts. Fleeing, defecting and especially
collaborating with enemies against the Roman cause were considered high treason and
Roman legislation punished these crimes most severely. This study compares the evidence
on legal responses to various questions of emigration with the available information on how
diplomacy treated the same issues.
The common practice of international relations of the time was that conclusion of a treaty
resulted in obligations on all sides side to stop protecting and giving asylum to those who
were considered enemies and traitors by diplomatic partners. Using the exceptionally
detailed evidence from Procopius about two fugitive princes (of the Lombards and of the
Gepids (Procop. BG. 3.35; 4.27), this article examines the opposition between diplomatic and
legal rules and the norms of honour and hospitality. The solution to this contradiction
between a duty to protect the ἱκέται and an obligation to extradite was found in
clandestine diplomacy.
A clause of a Roman-Persian diplomatic agreement concluded in 562 treated the problem of
deserters (Menander 6.1). This text reveals a notable dissimilarity in the attitude and
treatment of the two major categories of fugitives. The so-called ‘civil emigrants’ continued
to be perceived as defectors and, hence, as those committing an unpardonable treason
against their home country. However, desertion during a military conflict was regarded as a
less terrible crime, pardonable in certain circumstances. The notion and the practice of
such a distinction seem to have gradually been accepted first by diplomatic circles and
much later by the judicial system. In the Byzantine judicial system, one finds a considerable
shift towards indulgence: some categories of deserters/fugitives returning into their home
country were granted a pardon (New Constitution of Leo, 67). This mismatch in time
probably demonstrates the gap between ‘Realpolitik’, using diplomacy to adjust to the
situation and needs of the moment, and the inert judicial machine. It seems possible to
assume that practical diplomacy reacted to the circumstances of the moment much more
promptly and flexibly. The clause of the Roman-Persian treaty quoted by Menander may be
an indication that sixth-century diplomacy was more progressive in this aspect than
legislation. It took another three centuries for law-making to adjust to what had probably
long been a reality.
AUTEUR
EKATERINA NECHAEVA
Collegium Helveticum, Zurich
Réfugiés politiques et transfuges
à Byzance
Political Refugees and Defectors in Byzantium
Élisabeth Malamut
Arménie entre 963 et 1025 à la suite des victoires byzantines sur les
Arabes se réfugient-ils vers la frontière sud-orientale de l’empire ou
bien sont-ils « transférés » par la puissance alors victorieuse, c’est-à-
dire, les Byzantins 9 ?
Théophobe résida alors dans un palais de la Corne d’Or. Après que les
Khurramites eurent été baptisés, ils furent intégrés dans l’armée
byzantine et mariés à des Byzantines et reçurent des terres
militaires. Ils sont désormais « des sujets byzantins » au service de
l’empire et font partie du contingent perse dirigé par Théophobe. Ils
s’illustrèrent par leurs atrocités lors de la prise de Sozopetra en 837
16 . Après la défaite d’Amorion en 838, al-Mu’tasim exigea pour
Nasr mourut au cours d’une campagne contre les Arabes vers 839 : sa
tête fut envoyée au calife.
Vraisemblablement composée au XIIe siècle, d’un milieu issu de
la partie orientale de l’empire, l’épopée de Digénis Akritas, fils d’un
émir arabe et d’une noble byzantine 19 , exalte l’idéologie des
l’empire, venaient seuls ou avec leurs vassaux. Une fois intégrés, ils
jouèrent un rôle important au sommet de la société pendant de
nombreux siècles 27 . Au Xe siècle la décapitation du roi
bagratide Smbat fit encore grossir les flux de réfugiés. Comme ceux
que nous avons examinés, ils sont reçus au palais, obtiennent
dignités et fonctions. De plus, ils constituent des réseaux puissants
notamment dans l’armée et se hissent parfois jusqu’au trône. Ces
transfuges chrétiens, mais hétérodoxes adoptent immédiatement
l’orthodoxie chalcédonienne, qui est la condition nécessaire de leur
intégration 28 . On note que pour les attirer Byzance leur
barbare : il était à moitié grec par sa mère, avait épousé une parente
de Jean III Vatatzès et avait dans sa suite des nobles de Rhodes
appelés Basilikai, qui entrèrent au service de Michel VIII après 1260
37 . C’était un « otage de choix » que l’empereur gardait dans
L’empereur ne peut donner ordre de livrer les fugitifs à Mehmed. Une telle action
convient à « un tyran » pas à « un empereur 57 ».
Manuel jure alors à Mehmed par le Dieu unique sous la forme de la Trinité pour les
Chrétiens que ni Mustafa ni son compagnon Djunayd ne seront délivrés de prison tant
que Mehmed régnera 58 .
».
Il faut dire que de certains l’empereur attendait beaucoup.
C’étaient des pions qu’il fallait ménager sur l’échiquier géopolitique
au cas où ils prendraient le pouvoir dans leur pays d’origine et
deviendraient des alliés puissants. Nous l’avons noté tout au long de
cette étude et dans le cas du fils de Mytzès, Pachymère souligne bien
« qu’il était l’allié parfait des Romains en vertu des serments, pour le
cas où il régnerait sur les Bulgares 66 ». Tout était programmé
Il ne fut libéré que trois ans plus tard, pendant l’hiver 1264, sur les
instances de son beau-frère, le khan Berke de la Horde d’Or 69 .
RÉSUMÉS
This chapter focuses on the meaning of Byzantine terms for strangers and foreigners (
xenos , ethne , ethnikoi, allotrios ) and recalls the meaning of asylum in the Theodosian Code.
The example analysed is the refugee coming from foreign country who asks for Byzantium’s
protection. Such a refugee, who is considered as a traitor in his/her own country, involved
diplomatic relations between the States. The first section is devoted to political refugees in
Byzantium, their conditions upon arriving in Byzantium, and consequently the right to
asylum. The second part is devoted to the oath as the only legal standard of the refugee’s
status. The paper concludes with the instability of this status and the blurry limit between
prisoner of war and hostage.
AUTEUR
ÉLISABETH MALAMUT UNIVERSITÉ D’AIX-MARSEILLE, CNRS LA3M
Le droit et le fait : deux juristes
(Gentili et Zouche) consultés au
sujet d’ambassadeurs accusés
d’infraction fin XVIe-XVIIe siècle
Law and Practice: Lawyers Consulted about Ambassadors
Charged with Violation, late Sixteenth-Seventeenth Century
Dominique Gaurier
Ils ne sont pas nombreux ceux qui, à titre officiel, ont été
conduits à intervenir à la demande d’un pouvoir politique au sujet
d’ambassadeurs ou de gens de leur suite ayant commis des
infractions dans le pays hôte. Il y en eut deux, qui plus est, au sein de
la même nation, à savoir le royaume d’Angleterre. Le premier fut
Alberico Gentili (1552-1608) 1 , réfugié italien en Angleterre pour