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croissance bactérienne
Chapitre 1 : Nutrition et croissance bactérienne
Introduction
Pour assurer leur croissance, toutes les bactéries ont besoin d'eau, d'une source d'énergie, d'une
source de carbone, d'une source d'azote et d'éléments minéraux. Ces besoins élémentaires sont
suffisants pour permettre la nutrition des bactéries qualifiées de prototrophes. Certaines bactéries
qualifiées d'auxotrophes nécessitent, en plus des besoins élémentaires, la présence de facteurs de
croissance.
I- Les conditions de la croissance bactérienne (nutrition)
Les bactéries ne croissent que si leur environnement est adéquat. Si celui-ci n'est pas optimal, il peut
y avoir croissance à faible vitesse ou pas de croissance du tout - ou encore les bactéries peuvent
mourir. Les exigences essentielles pour la croissance sont de deux ordres : exigences nutritionnelles
et exigences de conditions environnementales favorables.
I. 1- Exigences nutritionnelles
I. 1.1 - Les besoins nutritifs courants
I. 1.1 a- Besoin en eau
La cellule a besoin d'eau (80 % de la masse bactérienne). En effet l’eau joue un rôle fondamental en
solubilisant les nutriments, en assurant leur transport et en assurant les réactions d'hydrolyse. Un
paramètre appelé Aw (activity of water, activité de l'eau) quantifie la disponibilité de l'eau. Dans un
nutriment, une partie de l'eau est plus ou moins liée aux composants (sels, protéines) et elle n'est
pas disponible pour les micro-organismes qui ont besoin d'eau libre pour se développer.
L'activité de l'eau se définit comme le rapport de la pression de vapeur saturante du milieu à la
pression de vapeur saturante de l'eau pure à la même température. Ce rapport, inférieur ou égal à 1,
peut être assimilé à l'humidité relative du milieu. Les bactéries exigent un certain seuil d'humidité et
pour des Aw faibles, leur croissance est ralentie.
Certains germes ne se développent que pour une valeur de l'Aw supérieure à 0,97. C'est le cas des
Acinetobacter spp. (Aw > 0,99) ou de Clostridium botulinum (Aw > 0,97). Les Salmonella spp. ou
Escherichia coli commencent à se multiplier pour une valeur de l'Aw supérieure à 0,95.
Staphylococcus aureus se multiplie à partir de 0,85 mais la production éventuelle de toxines n'est
possible que pour des valeurs supérieures à 0,97. Listeria monocytogenes peut supporter une valeur
de l'Aw de 0,83 et les bactéries halophiles une valeur de 0,75. Les endospores peuvent survivre dans
un environnement dépourvu d'eau libre. Le degré d'humidité des aliments a une influence sur leur
conservation et leur séchage est un procédé de conservation fondé en partie sur la diminution de
l'Aw.
I. 1.1 b- besoins en macro et micro éléments (Cf. Tab.1)
La cellule a aussi besoin de macroéléments (en grande quantité):
(C, O, H, N, S, P ( en g/l ) : pour faire des glucides, lipides, protéines et acides nucléiques
Cations (mg/l) :
- K+ à activité enzymatique de synthèse protéique
- Ca2+ à thermorésistance d'endosperme
- Mg2+, Fe2+ ou Fe3+ à cofacteurs d'enzymes
- Na+, Cl- chez les bactéries halophiles (qui aiment le sel)
Elle a aussi besoin d’oligoéléments (micronutriments) en µg/l qui font partie d’enzymes et de
cofacteurs : Mn, Zn, Co, Mo, Ni, Cu
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Les microorganismes ont besoin d’un mélange équilibré de ces nutriments. S’il en manque un
nutriment essentiel, le développement sera limité quelque soit la concentration des autres éléments
nutritifs.
Tableau 1 : Quelques éléments nutritifs et leur utilisation
Oxygène
Accepteur d'électrons des réactions du métabolisme énergétique chez les hétérotrophes
aérobies
Métabolisme de l'ATP
Magnésium
Elément capital de la molécule de chlorophylle
Manganèse constituant des enzymes intervenant dans le transfert des groupements phosphoriques
II. 1.1.1 c - Source d’énergie (pour les réactions biochimiques, mobilité, absorption des nutriments)
Selon la source d'énergie, les bactéries se divisent en phototrophes et chimiotrophes.
i) - Les bactéries phototrophes.
La source d'énergie des bactéries phototrophes est la lumière. Elles vont donc, à partir de
l’énergie lumineuse, produire de l’ATP par photosynthèse. Alors que le réducteur ou le donneur
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d’électrons dans la photosynthèse végétale est l’eau, le réducteur de la photosynthèse bactérienne
est un réducteur chimique autre que l’eau. Si la source d'électrons est minérale, les bactéries
sont qualifiées de photolithotrophes et si elle est organique, les bactéries sont
photoorganotrophes.
Chez les bactéries photolithotrophes : Le donneur d’électron est un dérivé minéral et le plus
souvent il s’agit des dérivés de soufre tels les sulfures (H2S) et les thiosulfates. Cette capacité
d’effectuer la photolithotrophie caractérise deux groupes deux groupes distincts de bactéries : les
bactéries sulfureuses pourpres (Thiorodacea) et les bactéries sulfureuses vertes (Chlorobacteriacea)
Les bactéries photoorganotrophes : Le donneur d’électron peut être un alcool, un acide
organique un acide aminé, un acide gras (un composé organique). Telles sont les bactéries pourpres
non sulfureuses (Athioredacea).
La chlorophylle bactérienne ou bactériochlorophylle nécessaire pour la captation de l’énergie
lumineuse est particulière d’abords par sa diversité, ainsi on distingue la bactériochlorophylle a, b, c,
et d. Les bactéries pourpres ne contiennent qu’un pigment soit la bactériochlorophylle a soit la
bactériochlorophylle b suivant l’espèce. Les bactéries vertes contiennent toujours deux pigments
chlorophylliens, la bactériochlorophylle a comme pigment mineur et la c ou d suivant l’espèce
comme pigment majeur. Un autre caractère frappant est leur spectre d’absorption ; il se situe dans le
rouge et le proche infra rouge entre 700 et 1000 nm, région du spectre solaire inutilisable par les
algues et les plantes supérieures.
Les caroténoïdes des bactéries photosynthétiques sont à la fois nombreux et variables suivant
l’espèce. Mais l’étude de leur biosynthèse a démontré que touts ces pigments appartiennent à 5
séries biosynthétiques divergentes dont 4 existent parmi les bactéries vertes. Leur spectre
d’absorption est aussi particulier. Il se situe dans le visible entre 400 et 550nm.
ii) Les bactéries chimiotrophes (l’oxydation des composés organiques et inorganiques procurent à
la cellule l’énergie)
Si le donneur d’électrons est composé minéral, les bactéries sont chimiolithotrophes et si il est un
composé organique, elles sont chimioorganotrophes.
H2 → 2e- + 2H+
Fe2+ → e- + Fe3+
Les voies chimiques des oxydations du NH 3 et des composés soufrés (H2S, S2O3) ne sont pas bien
établies.
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La chimioorganotrophie. Elle caractérise la majeure partie des bactéries (La grande majorité
des bactéries d'intérêt médical sont chimioorganotrophes). Il est exclu de faire un inventaire des
substances organiques oxydables, il est pratiquement sans limite. Les Pseudomonas par exemples
peuvent dégrader une énorme diversité de substrats organiques (90). Les bactéries sulfito-
réductrices, par contre n’utilisent qu’un nombre restreint d’acides organiques : lactate, pyruvate,
acide dicarboxylique en C4.
i) Les autotrophes : leur source de carbone et le CO 2 ou ces sels. En général les photo et
chimiotrophes sont également des autotrophes. Il y’a cependant des variantes à cette règle:
Les bactéries autotrophes facultatives : la source de carbone peut être soit le CO 2 soit un
composé organique (Cas des hydrogemonas et des bactéries pourpres et sulfureuses)
ii) Les hétérotrophes : Leur source de carbone est obligatoirement un composé organique. En
général, les bactéries chimioorganotrophes sont toutes des hétérotrophes. Cette catégorie renferme
la grande majorité de bactérie (la plupart des bactéries pathogènes). Selon leur capacité
biosynthétique, on distingue les bactéries prototrophes et les bactéries auxotrophes :
Les hétérotrophes prototrophes : n’ont besoin que d’une seule source de carbone. Elles
sont capables de se développer sur un milieu minimum comprenant, en plus de la source de carbone
(le plus souvent du glucose) : une source d’azote ammoniacal, les anions PO 4- (acides nucléiques,
phospholipides, coenzymes, composés phosphorylés du métabolisme intermédiaire ; effet tampon
dans le milieu) et SO42- (acides aminés soufrés) ; de cations K+, et Mg2+, Mn2+, Fe2+, Co2+ et Zn2+
(Cofacteurs de certains enzymes).
Remarque : Les molécules servant de sources de carbone hors mis le CO 2 sont également sources
d’oxygène et d’hydrogène.
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Tableau 2. Principaux types nutritionnels chez les microorganismes
1) les photolitoautrophes utilisent la lumière et le CO 2 comme source de carbone. Parmi ceux-ci les
algues et les cyanobactéries se servent de l’eau comme donneur d’H/e - et libère l’oxygène alors que
chez les bactéries sulfureuses pourpres et vertes, le donneur d’H/e - est inorganique (H2, H2S, S2…).
3) les chimiolithoautotrophes oxydent les composés réduits inorganiques comme le fer, le soufre,
l’azote pour produire à la fois de l’énergie, d’hydrogène et d’électrons. Le CO 2 est leur source de
carbone. Elles sont importantes dans la transformation chimique des éléments qui se produit
continuellement dans l’écosystème. (Ex. NH 4+ NO3- et S2 SO4--).
a) source d’azote. L’azote est nécessaire à la synthèse des acides aminés, des purines des
pyrimidines, de certains glucides et lipides et des cofacteurs enzymatiques et autres substances.
L'azote moléculaire est fixé par quelques bactéries vivant en symbiose avec des légumineuses
(Rhizobium) ou des champignons ou par des bactéries à l’état libres jouant un rôle dans la
fertilisation des sols (Azotobacter, Pseudomonas, aerobacter, certains Clostridium).
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Pour la majorité des bactéries la source d'azote est constituée par d'autres composés inorganiques
(ammoniac, sels d'ammonium, nitrites, nitrates) ou par des sources organiques (groupements amines
des composés organiques).
L’azote inorganique est incorporé après sa réduction ammoniaque ou en sels minéraux. L’une des
réactions les plus connues est celle qui conduit de l’acide cetoglutarique à l’acide
glutamique catalysée par le système glutamate déhydrogenase ou le système glutamine synthétase
et la glutamate synthase (cf. cours de biochimie – SN3). Quand à l’azote organique (R-NH 2), c’est soit
l’ammoniac qui est incorporé après désamination, soit le radical NH 2 par transamination.
b) Source de phosphore. Le phosphore fait partie des acides nucléiques, les phospholipides, des
coenzymes et de l’ATP, quelques cofacteurs, certaines protéines et d’autres composés cellulaire. Il
permet la récupération, l’accumulation et la distribution d’énergie dans la bactérie. Presque tous les
microorganismes utilisent le phosphate inorganique comme source de phosphore et l’incorpore
directement. De faible niveau de phosphore limite la croissance microbienne dans les milieux
aquatiques. Les phosphates organiques peuvent aussi être incorporés (phosphate alcalin dans le
périplasme).
c) source de soufre. Le soufre est nécessaire à la synthèse d’acides aminés comme la cystéine et la
méthionine, quelques glucides, la biotine et la thiamine. il est le plus souvent incorporé sous forme
de sulfate ou de composés soufrés organiques. Pour certaines bactéries, le souffre doit être apporté
sous forme organique (méthiononine, cystéine, biotine, thiamine) qui se confond avec le besoin en
facteurs de croissance.
I. 1.1 f - Les facteurs de croissances.
En présence d'eau, d'une source d'énergie, d'une source de carbone, d'une source azote et
d'éléments minéraux, de nombreuses bactéries sont capables de croître et elles sont qualifiées de
prototrophes. Les bactéries auxotrophes nécessitent, en plus, un ou plusieurs facteurs de croissance
qu'elles sont incapables de synthétiser.
Un facteur de croissance ne doit pas être confondu avec un métabolite essentiel. Les facteurs de
croissance et les métabolites essentiels sont des composés organiques strictement nécessaires à la
nutrition. Toutefois, un métabolite essentiel peut être synthétisé par une bactérie alors qu'un facteur
de croissance doit être présent dans l'environnement car la bactérie est incapable de le synthétiser.
Dans un milieu contenant du glucose, une source d'azote et des sels minéraux une bactérie telle que
Escherichia coli est capable de se multiplier alors que ce n'est pas le cas pour Proteus vulgaris. La
croissance de Proteus vulgaris exige l'adjonction supplémentaire de nicotinamide. La nicotinamide
est indispensable pour la croissance de ces deux espèces, mais contrairement à Proteus vulgaris,
Escherichia coli est capable d'en assurer la synthèse. La nicotinamide est un métabolite essentiel
pour ces deux espèces, mais elle n'est un facteur de croissance que pour Proteus vulgaris.
Les facteurs de croissance sont des bases puriques ou pyrimidiques, des acides gras, des acides
aminés, des vitamines (coenzymes, précurseurs de coenzymes, groupements prosthétiques de
diverses enzymes) ou diverses composés comme l'hème et ses dérivés.
L'exigence d'une souche pour le facteur X (protoporphyrine) et pour le facteur V (NAD ou NADP) est
un temps essentiel de l'identification des espèces du genre Haemophilus. Par exemple, Haemophilus
felis et Haemophilus parasuis exigent la présence de facteur V, Haemophilus haemoglobinophilus
exige le facteur X et Haemophilus influenzae exige à la fois le facteur X et le facteur V. Dans le sang
frais, le NAD est souvent intracellulaire et le sang frais contient des inhibiteurs du NAD. Aussi, les
meilleurs milieux d'isolement pour les espèces exigeantes en facteur V sont des géloses au sang cuit
("gélose chocolat"), des géloses enrichies en extraits globulaires ou des géloses complémentées en
NAD ou en NADP.
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Les besoins quantitatifs en facteurs de croissance sont de l'ordre de 10 µg/mL pour les bases
puriques ou pyrimidiques, les acides gras ou les acides aminés et de l'ordre de moins de 1 µg/mL
pour les vitamines. En ce qui concerne le facteur X, selon les espèces et les souches, les exigences des
Haemophilus spp. varient de 0,1 à 200 µg/mL et les exigences en facteur V sont comprises entre 0,2
et 25 µg/mL.
Un anti-métabolite est un analogue structural d'un facteur de croissance, capable d'entrer en
compétition avec ce dernier et d'inhiber la croissance d'une souche auxotrophe. Ainsi, le para-
aminobenzène sulfanylamide (ou PAS) est une molécule proche de l'acide para-aminobenzoïque (ou
PAB) et il peut jouer le rôle d'un anti-métabolite empêchant la croissance des bactéries auxotrophes
pour le PAB.
Les besoins en facteur de croissance peuvent parfois être satisfaits par la présence d'une autre
bactérie. Ce mécanisme d'interaction métabolique, qualifié de syntrophie, se traduit sur un milieu
solide par la présence de colonies satellites (bactérie auxotrophe) se développant au voisinage de la
bactérie productrice du facteur de croissance.
Le besoin en facteur V des Haemophilus spp. peut s'étudier en utilisant une gélose dans laquelle on
introduit, avant autoclavage, 5 à 10 p. cent de sang. Après autoclavage, le facteur X (thermostable)
reste présent alors que le facteur V est détruit. Le facteur V sera alors apporté par une souche de
staphylocoques ou d'entérocoques ensemencée selon une strie. La croissance des souches
exigeantes en facteur V ne sera alors observée qu'à proximité de la culture de staphylocoques ou
d'entérocoques (voir figure 1 ci-desous).
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Respiration aérobie : oxygène présent : les bactéries se développent en présence d'oxygène,
ont une chaîne respiratoire, l'électron est accepté et réduit l'oxygène moléculaire, et l'ATP est
synthétisé.
La respiration anaérobie : oxygène est absent : L'accepteur final de l'électron est un minéral
ou une molécule organique. Il y a synthèse d'ATP. La bactérie possède une chaîne respiratoire mais
avec des éléments différents qui la constituent.
b) métabolisme de type fermentatif
Une fermentation est un ensemble de réactions d'oxydoréductions en absence d'oxygène qui permet
la réoxydation des co-enzymes réduits. La dégradation des molécules nutritives est incomplète
(contrairement à la respiration) et aboutit à la formation de divers composés organiques (alcool et
acides organiques) qui s'accumulent, avec moins d'ATP formé dans le cytoplasme.
Selon les bactéries, ces produits vont être différents et vont caractériser des espèces dites
"fermentaires".
Ces bactéries jouent un grand rôle en microbiologie industrielle (production de yaourts, fromages,
vins, cidres, bières, etc.)
I. 2 - Conditions environnementales
L'utilisation des nutriments par les bactéries dépend des conditions d'environnement
susceptibles d'inhiber ou de favoriser le développement bactérien.
a) Les bactéries mésophiles (Ex. : Escherichia coli) : leur température de croissance est proche de
celle du corps humain (37°C).
Ces bactéries ne peuvent donc se multiplier dans un réfrigérateur en suite elles sont tuées par la
cuisson. On trouve dans ce groupe les bactéries pathogènes des animaux et de l'homme, et les
germes tests de contamination fécale (E coli, Coliformes, Streptocoques fécaux, Clostridium )
b)- Les bactéries thermophiles (Ex. : Thermophilus aquaticus). Leur température de croissance est
comprise entre 40°C et 70°C :
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Ce sont des bactéries non pathogènes abondantes dans les sols, fumiers, sources chaudes, sédiments
marins.
On trouve aussi des bactéries hyper thermophiles dont la température de croissance est supérieure à
80°C. ex. Methanothermus sociabilis cultive à 97 °C , Thermophilus aquaticus et Pyrobaculum
islandicum cultivent à 100 °C, Pyrococcus furiosus a une température optimale de croissance de 100
°C, Pyrodictium occultum a une température optimale de croissance de 105 °C, Methanopyrus
kandleri cultive à 110 °C et le record semble être détenu par Pyrolobus fumarii apte à se multiplier à
113 °C.
Certaines bactéries peuvent former des endospores qui ont la propriété de résister à des
températures supérieures ou égales à 100 ° C.
c)-Les bactéries psychrophiles (Ex. Listeria monocytogenès). Elles ont une température de croissance
se situe au alentour de 4°C avec un optimum à 10-15°C) et la température maximale supportée se
situe entre 30 à 35°C. Donc ce type de bactéries peut se développer dans les aliments conservés au
réfrigérateur mais sont tuées par la cuisson.
Les bactéries psychrophiles et psychrotrophes jouent un rôle important car elles peuvent contaminer
et altérer des produits biologiques (sang et dérivés du sang) ainsi que des aliments conservés à basse
température.
a) - Les bactéries aérobies strictes. Lors de leur métabolisme énergétique certaines bactéries
utilisent l'oxygène moléculaire comme accepteur final d'électrons. Ces bactéries ont
obligatoirement besoin d'oxygène libre et elles sont qualifiées d'aérobies. (ex. Pseudomonas,
Acinetobacter, Neisseria).
b) Les bactéries micro-aérophiles ont besoin d'oxygène, mais elles ne supportent pas une tension en
oxygène équivalente à celle de l'air et elles ne peuvent se multiplier qu'en présence d'une faible
tension d'oxygène. (Ex. Campylobacter et Mycobacteriaceae)
c) Les bactéries aéro-anaérobies facultatives peuvent croître aussi bien en présence qu'en absence
d'oxygène. . C'est le cas de la majorité des bactéries rencontrées en pathologie médicale : les
entérobactéries (ex. Escherichia, Salmonella, les streptocoques, les staphylocoques). L'énergie
provient de l'oxydation des substrats par la voie fermentaire.
d) - Les bactéries anaérobies strictes. Elles ne peuvent se multiplier et survivre qu'en l'absence
d'oxygène. Ce sont des bactéries qui ne possèdent ni catalase ni peroxydase ni superoxyde dismutase
et qui sont donc incapables de détoxifier les composés toxiques formés lors de réactions d'oxydation
du fait de l’absence de superoxyde dismutase et de catalase et/ou l'absence d'une activité
enzymatique de type catalases et peroxydases. (ex. : Bacteroides, Fusobacterium, Clostridium et de
nombreuses bactéries présentes dans les flores normales de l'organisme). Le mode d'action de la
superoxyde dismutase, de la catalase et de la peroxydase peut être représenté comme suit :
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Il existe aussi des bactéries dites anaérobies-aérotolérantes qui tolèrent l'oxygène mais leur
croissance est meilleure en anaérobiose. La mise en évidence du type respiratoire est schématisée
dans le schéma ci dessous
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O2: H2 = 5:88:5:2. On peut également utiliser des jarres avec des systèmes générateurs de gaz à
condition d'enlever le catalyseur.
I.2.3- Effet du pH.
Le pH (concentration en ion hydrogène [H+]) de l'environnement varie entre 0,5 (sols acides) et 10,5
(eaux alcalines des lacs). Il influence les réactions enzymatiques. On définit une échelle dont les
valeurs supérieures et inférieures constituent les limites de croissance pour une espèce donnée. Les
milieux de culture doivent avoir un pH correspondant avec celle de l'espèce recherchée. C'est pour
cela que l'on utilise des tampons et des indicateurs de pH qui ont la propriété de changer de couleur
avec le pH du milieu.
Selon le pH, on distingue les bactéries:
Les neutrophiles qui se développent pour des pH compris entre 5,5 et 8,5 avec un
optimum voisin de 7. Les bactéries pathogènes ou liées à l'écosystème humain se développent le
plus souvent dans des milieux neutres ou légèrement alcalins. exemple : Escherichia coli)
Les alcalophiles se développeront préférentiellement à pH alcalin (>8) cas de Pseudomonas
et Vibrio.
Les acidophiles se multiplient mieux dans des milieux acides (pH<6). C’est les cascas des
Lactobacillus qui mulitiplient à pH 6. Sehermoplasma acidophilum a pH optimal de croissance
compris 0,8 et 3 alors que Thiobacillus thiooxidans a un pH optimal de 2 et il peut se multiplier
même à un pH de 0.
I.2.4- Effet de la pression osmotique.
Les bactéries sont assez tolérantes aux variations des concentrations ioniques. Selon leur sensibilité à
la pression osmotique, on distingue trois groupes de bactéries :
Les bactéries osmophiles nécessitent des sucres pour leur croissance. Celles osmotolérantes
acceptent des concentrations modérées de sucres mais non obligatoires pour leur croissance, ex.
Staphylocoques, Vibrio cholerae). Enfin les bactéries xérophiles peuvent se multiplier en l'absence
d'eau dans leur environnement.
Les bactéries non-halophiles capables de croître dans des milieux dont la concentration en
NaCl est inférieure à 0,2 M. Les espèces halophiles ne pouvant croître que dans des milieux
contenant des concentrations en NaCl supérieures à 0,2 M pour les moins halophiles (Cobetia
marina) à 5,2 M pour les plus halophiles (Halococcus morrhuae, Halobacterium salinarum,
Halorubrum sodomense). Enfin il y’a les espèces halotolérantes comme les Staphylococcus spp., les
Listeria spp. ou les Lactobacillus spp.
La conservation des aliments comme les salaisons ou les confitures fait appel à une augmentation de
la pression osmotique. Ces procédés ancestraux de conservation ont recours à l'addition de sel ou de
sucre qui limitent la croissance de nombreuses bactéries. Seules les bactéries osmophiles se
multiplient en présence de fortes concentrations de sucre et seules les bactéries halophiles se
multiplient en présence de fortes concentrations de sel.
NB : ces facteurs influencent la croissance des bactéries, mais ils n’agissent pas indépendamment.
La modification de l’un peut engendrer la modification d’un autre
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I. 3- les milieux de cultures (cf. TD et TP)
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cellule augmente jusqu'à atteindre une valeur critique déclenchant la division. Cette longueur
critique, égale à deux fois la longueur d'une cellule nouvellement formée, est appelée la longueur
cellulaire unitaire (Lµ). Chez Escherichia coli, Lµ est d'environ 1,6 µm.
Un cycle cellulaire bactérien se décompose en trois étapes : l'initiation (B), la réplication de l'ADN
chromosomique (C) et la division cellulaire (D). Ces trois étapes se succèdent au cours du cycle : C ne
débute qu'à la fin de la période B et D ne débute que lorsque la réplication de l'ADN chromosomique
est terminée.
Durant la période B, on assiste à la synthèse d'ARNm et de protéines nécessaires à l’initiation de la
réplication du chromosome. Pendant la période C, l’ADN chromosomique se réplique et, à la fin de
cette période, les deux copies du chromosome bactérien migrent chacune, selon un mécanisme actif,
vers une des deux futures cellules filles (équipartition).
Lorsque le chromosome bactérien s’est entièrement répliqué, l’initiation de la septation est
déclenchée. La formation du septum est sous la dépendance d'au moins quatre gènes. Une fois le
septum formé, le produit d'un cinquième gène conduit à l'hydrolyse de la double couche de
peptidoglycane, puis la membrane externe s’invagine à son tour. Sous l'action d'un nouveau gène, la
division sensu stricto a lieu et les cellules filles se séparent.
Chez les bactéries à Gram positif, dont la paroi est riche en peptidoglycane, la séparation complète
des bactéries filles est sous la dépendance de la concentration en autolysines. Lorsque la culture ne
comprend qu'un faible nombre de cellules, les quantités d'autolysines sont faibles et les bactéries
filles ne se séparent pas complètement ce qui conduit à la formation de chaînes de cellules. Par
contre, lorsque la culture est riche en cellules (notamment au sein d'une colonie), les concentrations
en autolysines sont fortes, elles agissent sur le peptidoglycane et les cellules filles se séparent
complètement. C'est la raison pour laquelle le mode de groupement des bactéries doit s'apprécier
sur une culture jeune en milieu liquide et non à partir d'une colonie.
Les espèces des genres Streptococcus, Enterococcus et Lactococcus donnent naissance à des chaînes
de coques plus ou moins longues car les cellules se divisent selon un plan équatorial. Les bacilles à
Gram positif peuvent donner des chaînes (Bacillus spp.) ou rester grouper par deux en réalisant des
formes en V ou en L (Listeria spp.). Des formes en tétrades ou en amas réguliers apparaissent lorsque
les bactéries se divisent en même temps selon le même plan équatorial : deux plans pour les tétrades
(Aerococcus spp., Tetrasphaera spp., Tetragenococcus spp.), trois plans pour les amas cubiques
(Sarcina spp.). Des amas irréguliers sont observés lorsque les bactéries se divisent de manière
anarchique (Staphylococcus spp., Macrococcus spp., Micrococcus spp.).
Au sein de la classe des Actinobacteria les bactéries se multiplient exclusivement, préférentiellement,
ou occasionnellement, selon un mode qui se rapproche de celui des champignons. Ces bactéries
forment des filaments ramifiés ou hyphes dont l'ensemble constitue le mycélium. Le genre le plus
représentatif de cette classe est le genre Streptomyces.
II. 3- La croissance des populations bactériennes
Puisque après la division cellulaire chaque cellule fille peut elle-même croître et se diviser, une cellule
est capable de donner naissance rapidement à une grande population de cellules, si les conditions
sont favorables. Dans des conditions adéquates, de telles populations peuvent se développer aussi
bien sur des milieux solides que dans des milieux liquides.
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a) - En milieu solide. Les bactéries sont cultivées sur une sorte de gelée contenant des substances
nutritives et d’autres ingrédients (gélose). Supposons qu’une seule cellule bactérienne soit déposée
à la surface d’un tel milieu et reçoive tout ce qui lui est nécessaire pour croître et se diviser : la
cellule grandit, se divise en deux cellules et chaque cellule fille fait de même. Si croissance et division
continuent, la descendance de la cellule originelle (un clone de cellules génétiquement toutes
identiques) atteindra finalement un nombre tellement grand qu’il se formera un amas de cellules
visible à l’œil nu. Cette masse de cellules s’appelle une colonie.
Dans des conditions données, chaque espèce développe des colonies de taille, de forme, de couleur
et de consistance caractéristiques. Quand la croissance s’effectue sur des milieux différents ou
quand d’autres facteurs sont modifiés, divers types de colonies peuvent se former. La taille d’une
colonie peut être limitée par l’épuisement local des substances nutritives (épuisement dû à la
croissance de la colonie elle-même). C’est pour cette raison que des colonies très rapprochées sont
généralement plus petites que des colonies bien espacées. La vitesse à laquelle la taille d’une
colonie augmente dépend de la température et d’autres facteurs.
Au lieu de partir d’une seule cellule, supposons cette fois qu’un très grand nombre de cellules soient
répandues à la surface du milieu. Dans ce cas, l’espace peut manquer pour le développement de
colonies individualisées. En conséquence, la descendance de toutes ces cellules formera une couche
continue de bactéries qui couvrira toute la surface du milieu. Une telle croissance est appelée
croissance confluente. Il peut aussi y avoir croissance confluente lorsqu’une ou quelques cellules
bactériennes mobiles sont déposées sur le milieu. Le nombre de descendance de ces cellules peut
nager dans le film d’humidité superficielle et finalement couvrir la surface entière du milieu.
b) - En milieu liquide. Les bactéries peuvent se déplacer librement dans un milieu liquide, soit par
diffusion, soit, pour les espèces mobiles, par locomotion active. Ainsi, au fur et à mesure que les
cellules croissent et se divisent, la descendance se disperse généralement dans tout le milieu.
Habituellement, lorsque la concentration en cellules augmente, le milieu devient de plus en plus
trouble. Certaines bactéries font exception et tendent à former une couche à la surface du milieu.
Sous cette pellicule, le milieu peut être pratiquement dépourvu de cellules. Certaines pellicules
renferment des produits bactériens, en plus des bactéries elles-mêmes.
Imaginons que quelques cellules bactériennes soient introduites dans un milieu liquide adéquat qui
est alors maintenu à la température optimale de croissance de l’espèce. A intervalles réguliers, on
peut prélever un petit volume du milieu et faire le compte des cellules qu’il contient. De cette façon,
on peut suivre le développement d’une population, c’est-à-dire l’augmentation du nombre de
cellules avec le temps. En portant le nombre de cellules en fonction du temps, on obtient une courbe
de croissance qui, pour une espèce donnée mise dans des conditions données, prend une forme
caractéristique.
En faisant croître des bactéries dans ou sur un milieu, on réalise une culture. Une culture est donc un
milieu liquide ou solide contenant les bactéries qui ont grandi (ou qui grandissent encore) dans ou
sur ce milieu. Le processus de maintien d’une température particulière (et/ou d’autres conditions
désirées) pour la croissance bactérienne s’appelle l’incubation. Le geste initial d’addition des cellules
au milieu constitue l’inoculation.
Les techniques permettant l'étude de la croissance sont nombreuses ce qui montre qu'aucune n'est
parfaite. Sur un milieu solide, l'étude de la croissance est rendue difficile en raison notamment de
l'agrégation des cellules les unes aux autres. En milieu liquide, les cellules sont dispersées (ou si elles
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sont agrégées, il est possible de les disperser par agitation) ce qui permet des prises d'échantillons.
La croissance peut alors être appréciée en se basant sur le nombre de cellules ou sur la masse
bactérienne, mesure de l’activité cellulaire.
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d’une culture dans un milieu de composition différente donne aussi une longue phase de latence. Au
contraire, quand une jeune culture en phase de croissance exponentielle est transférée dans un
milieu frais de même composition, la phase de latence est courte ou absente.
a2) – La phase d’accélération de la vitesse de croissance (µ augmente et m croît)
Le métabolisme cellulaire reprend et la croissance démarre. Les bactéries se multiplient
activement (elle dure 5 à 8 heures de temps).
c) La phase exponentielle (µ = µmax = constant et m = f (t))
Toutes les bactéries se développent et se divisent à la vitesse maximale possible étant donné leur
potentiel génétique, la nature du milieu et les conditions de culture et libèrent des métabolites
pouvant avoir un intérêt industriel comme des antibiotiques ou des toxines
La vitesse de croissance est constante pendant la phase exponentielle, les organismes se divisant et
doublant leur nombre à intervalles de temps réguliers. La représentation graphique de log m est
fonction du temps et correspond à une droite de pente µ’ car il y’a linéarité entre la population
bactérienne et le temps avec une pente a égale à µ max/log2. La valeur de µmax peut donc être calculé à
partir de cette courbe : µmax = log2 x tg (a).
La population est presque uniforme en termes de propriétés chimiques et physiologiques durant
cette phase ; des cultures en phase exponentielle sont donc habituellement utilisée dans les études
biochimiques et physiologiques.
a3) – Phase de décélération (µ décroit)
Une phase de diminution de la vitesse de croissance ou phase de ralentissement (µ diminue).
On observe un arrêt de la phase exponentielle de croissance qui est dû à la présence d’un facteur
limitant. D’une manière générale, ce facteur peut être :
La disparition d’un composé essentiel à la nutrition bactérienne (sucres, acides aminés,
vitamines, cofacteurs, etc.)
Un mécanisme de régulation, souvent le produit final de la réaction, lorsqu’il atteint certaine
concentration est toxique pour les bactéries présentes (acide lactique, acide acétique, peroxydes,
alcool, etc.).
Un mécanisme de compétition entre les micro-organismes, une nouvelle population se
développe à la place de la première.
Des variations physico-chimiques du milieu : pH, température,….
La présence d’agents chimiques ou bactériostatiques (composés à base de chlore, de
phénols, ...)
a4) - la phase stationnaire (µ = 0 et m = constant)
La croissance de la population finit par s’arrêter et la courbe de croissance devient horizontale. Cette
phase stationnaire est habituellement atteinte par les bactéries à une concentration d’environ 10 9
cellules/ml. La taille de la population dépend de la disponibilité en éléments nutritifs et d’autres
facteurs aussi bien que du type de micro-organisme cultivé. Pendant la phase stationnaire, le nombre
total de micro-organismes reste constant. Ceci peut résulter d’un équilibre entre la division et la mort
cellulaire. Les populations microbiennes entrent en phase stationnaire pour plusieurs raisons. Un des
facteurs les plus évidents est la limitation en éléments nutritifs. Si une substance essentielle est
sévèrement réduite, la croissance de la population diminuera. Les organismes aérobies sont souvent
limités par la disponibilité en O 2. Celui-ci n’est pas très soluble et peut être utilisé tellement
rapidement que seule la surface de la culture aura une concentration en O 2 suffisante pour croître.
Les cellules sous la surface ne pourront pas se développer à moins que la culture ne soit agitée ou
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aérée. L’accumulation de déchets toxiques peut également arrêter la croissance d’une population
microbienne. Ce facteur semble limiter la croissance de nombreuses cultures anaérobies (culture en
absence d’O2). Ainsi l’entrée dans la phase stationnaire peut être due à plusieurs facteurs agissant
ensemble.
a5) - La phase de mortalité (µ < 0 et m décroit)
Un changement nuisible de l’environnement comme la carence en nutriment et l’accumulation de
déchets toxiques conduisent à la diminution du nombre de cellules viables, caractéristique de la
phase de mortalité. La mort d’une population microbienne, comme sa croissance durant la phase
exponentielle, est habituellement logarithmique (une proportion constante de cellules meurt chaque
heure). Ceci est valable même si le nombre total de cellules reste constant parce que les cellules ne
sont pas lysées après leur mort. Souvent, la seule façon de déterminer si une cellule bactérienne est
morte, est de l’incuber dans un milieu frais. On considère qu’elle est morte si elle ne se développe
pas et ne se divise pas. Bien que la population bactérienne meure de façon logarithmique, le taux de
mortalité peut diminuer après une réduction drastique de la population. Ceci est dû à la survie de
cellules particulièrement résistantes. Le nombre de bactéries diminue, elles se « mangent » entre
elles.
b)- Expression mathématique de la croissance
Pendant la phase exponentielle, chaque microorganisme se divise à n intervalle de temps constant.
Ainsi la population double après un intervalle de temps spécifique appelé « temps de génération ou
temps de dédoublement (g) ». Supposons qu’une culture en tube soit inoculée d’une cellule qui se
divise toute le 20 min. on aura
Population
Temps Nombre de 2n Log Nt
n
division N0 x 2
T1=0 0 20 = 1 1 0.000
T2=20 1 21 = 2 2 0.301
T3=40 2 22 = 4 4 0.602
T4=60 3 23 = 8 8 0.903
T5=80 4 24 = 16 16 1.204
T6=100 5 25 = 32 32 1.505
T7=120 6 26 = 64 64 1.806
La culture hypothétique commence avec une cellule ayant un temps de génération g = 20 min. En
représentant sur graphique le nombre de cellules et le Log N t on observe un développement
exponentiel ou logarithmique de cellule.
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Généralisation :
Ces observations peuvent être exprimées sous forme d’équation pour le temps de génération.
Considérons :
La vitesse de croissance d’une culture en batch peut être exprimée en terme de constante de vitesse
moyenne ou taux de croissance (µ) :
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µ = n/t = (Log Nt - log N0)/0,301t (3)
Le temps que prend une population pour doubler sa taille ou temps de dédoublement (g), peut
maintenant être calculé. Si la population double, Nt = 2N0 alors l’équation (3),
µ = (9 – 3)/3,01 = 20 générations/heure
Le temps de génération moyen sera : g = 1/ µ = 1/20 générations/heure soit 0,5 heure par
génération. µman = log2 x tg (a) (a) étant la pente de la droite.
Microorganisme g µ (h-1)
E. coli 20 min 3
Levure 1 heure 01
Le taux de croissance d’une espèce bactérienne dépend étroitement du milieu de culture c’est-à-dire
du substrat (facteur limitant).
En culture continue, la variation de la concentration cellulaire par unité de temps (dX/dt) s’exprime
dX
par la relation : (µ - D)
dt
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Pour µmax et constant (Phase exponentiel de croissance), trois éventualités sont possibles :
dX
µmax > D ( 0 ),
dt
Principe : sur un milieu synthétique dont la composition chimique est exactement connue, en
présence d’aliments carbonés limitants, on constate que certains mélanges de glucides donnent une
courbe de croissance " classique " (comme s’il n’y avait qu’un seul substrat) alors que d’autres
donnent des courbes diphasiques avec deux phases de latence et deux exponentielles.
Résultats et explication : Une telle courbe peut s’observer en cultivant E. coli sur un milieu contenant
comme seule source de carbone du glucose et du sorbitol. La première phase e latence correspond la
synthèse d’enzymes nécessaire pour l’utilisation du premier substrat (le glucose) et la deuxième,
synthèse d’enzymes nécessaire pour l’utilisation du second substrat (sorbitol) ;
Seuls les mélanges groupe 1 + groupe 2 donne lieu à un phénomène de diauxie. Il à également
été mis en évidence un phénomène de triauxie avec un mélange glucose – glycerol – sorbitol.
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III. 1- Application au dénombrement bactérien
Le dénombrement des bactéries par unité de volume d’échantillon analysé se fait après culture et
permet d’apprécier la quantité de bactéries viables. L’ensemencement d’un volume défini
d’échantillon sur milieu de culture gélosé permettra, après dénombrement des colonies bactériennes
obtenues après incubation, de calculer les bactéries présentes dans l’échantillon analysé. Le résultat
est exprimé en Unités Formant Colonie par millilitre (UFC/ml). Exemple : la culture de 100µl d’un
liquide de lavage broncho-alvéolaire (LBA) permet de dénombrer 70 colonies bactériennes après 48
heures d’incubation à 37°C, la numération bactérienne est donc de 700 UFC/ml de LBA. (le seuil à
partir duquel la quantité de bactéries est considérée comme significative est de 104 UFC/ml de LBA).
De même, des systèmes appelés lames immergées ou Uricult® permettent la numération des
bactéries présentes dans un échantillon d’urine au moment du prélèvement et permettront une
estimation fiable de ce nombre ne tenant pas compte d’une multiplication bactérienne éventuelle
durant le délai d’acheminement des échantillons au laboratoire. Le dénombrement est d’une
importance capitale dans la plupart des analyses bactériologiques puisque la quantité de bactéries
présente dans l’échantillon conditionne la réalisation éventuelle d’un antibiogramme (voir ci-après)
ainsi que l’instauration d’une antibiothérapie chez le patient. Par exemple, un dénombrement
bactérien de 103 UFC/ml d’urine n’est pas considéré comme significatif d’une infection bactérienne.
L’identification des bactéries repose sur l’étude de leur croissance en présence de divers substrats ou
étude du métabolisme bactérien, on peut ainsi étudier le métabolisme protéique ou le métabolisme
glucidique des bactéries par exemple. La combinaison des différents résultats obtenus permet de
définir le profil métabolique de la bactérie analysée ce qui permet de l’identifier. Nous donnons ci-
après l’exemple de l’étude du métabolisme glucidique de deux bacilles à Gram négatif réalisée en
galeries miniaturisées permettant l’étude simultanée d’un panel de plusieurs substrats.
Etude du métabolisme glucidique de Escherichia coli (en haut) et de Klebsiella pneumoniae (en bas). Si la
bactérie peut métaboliser le glucide présent, la cupule devient jaune ; si elle ne peut utiliser le sucre testé
comme source de carbone, la cupule reste bleue. (MAN : mannitol, INO : inositol, SOR : sorbitol, RHA :
rhamnose, SAC : saccharose, MEL : melibiose,AMY : amygdaline, ARA : arabinose). Alors que Klebsiella
neumoniae est capable de métaboliser l’ensemble des huit glucides testés, Escherichia coli ne peut en utiliser que
quatre.
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