DEFINITION
Le diabète sucré est une affection métabolique chronique définie par une élévation anormale et
chronique de la glycémie. Cette anomalie est commune à tous les types de diabète sucré, mais
elle peut être la conséquence soit
Défaut de l’insulino-sécrétion
Diminution de la sensibilité à l’insuline
PREVALENCE
En Tunisie 10 % des adultes > 30 ans ont un diabète sucré
Problème de santé publique
Grande morbidité et mortalité essentiellement cardiovasculaire
CRITERES DIAGNOSTIQUES
A. Diabète
1. Glycémie ≥ 2g/L (11mmol/L) à n’importe quel moment
2. Deux Glycémies à jeun ≥ 1.26g/L (7mmol/L)
3. Glycémie 2h après une charge de glucose HGPO 75 ≥ 2g/L (11mmol/L)
4. HbA1C ≥ 6.5 %
B. Intolérance au glucose
Si la glycémie à jeun est comprise entre 1 à 1.26 g/L
HGPO 75
≥ 2g ≤ 1.4g
Diabète Hyperglycémie modérée à jeun
1.4 – 2g
Intolérance au glucose
Pour les patients ayant un prédiabète (intoléance au glucose ou hyperglycémie modérée à jeun)
25% évoluent vers un diabète
25% se normalisent
50% restent stables
DEPISTAGE DU DIABETE SUCRE
1. Diabète type 1
a. Physiopathologie
Maladie auto-immune
Destruction des cellules β des îlots de Langerhans
Carence en insuline.
Les auto-anticorps
1. Ac anti cellules β de Langerhans
2. Ac anti insuline
3. Ac anti-GAD
4. Ac anti IA2
NB : L’hyperglycémie ne se révèle que lorsque 90 % des cellules sont détruites.
b. Facteurs prédisposants génétiques : HLA DR3 DR4 B8
c. Facteurs déclenchants : infection virale (rubéole, CMV, oreillons, coxsackie)
2. Diabète type 2
a. Physiopathologie
Résistance à l’insuline
– Résistance périphérique à l’insuline
– Synthèse hépatique du glucose ↑
Insulinopénie relative
b. Début
Lent et insidieux
c. Epidémiologie
80% de tous les diabétiques
10% de la population de plus 30 ans en Tunisie
Age > 40ans
d. Population à risque de DT2
Age > 40 ans
Surcharge pondérale
Diabète familial du 1er degré ;
Diabète gestationnel ou Macrosomie fœtale
Diabète temporairement induit.
e. Complications
Coma hyperosmolaire si pas de TTT
Macro-angiopathie tardivement +++
f. Associations fréquentes
1. Obésité androïde
2. HTA
3. Anomalies lipidiques
4. Syndrome métabolique
Obésité androïde TT > 94cm H TT > 80cm F (critère obigatoire)
Glycémie à jeun > 1g/L ou Diabète type 2
TG > 1.5g/L
HDLc < 0.4g/L
TA > 130/85 mmHg
g. Dosages utiles pour apprécier l’équilibre du diabète type 2
Glycémie à jeun Production hépatique de glucose
Glycémies postprandiales Disparition du pic précoce d’insulino-sécrétion
3. Diabète gestationnel
A. Grossesse normale
Insulinorésistance progressive et réversible pour épargner le glucose et le rendre
disponible pour le foetus ;
↑ Production hépatique de glucose en fin de grossesse
↓ Utilisation périphérique du glucose par la mère ;
Hyperinsulinisme réactionnel prédominant en postprandial, réversible.
B. Diabète gestationnel
Le pancréas n’est plus capable d’augmenter la production d’insuline afin de maintenir une
glycémie normale
4. diabète pancréatique :
Pancréatite aigüe ou chronique
Traumatisme
Cancer du pancréas
Glucagonome
Pancréatectomie
Hémochromatose
5. Le diabète endocrinien :
Secondaire à une hypersécrétion d’hormones hyperglycémiantes :
Syndrome de cushing
Acromégalie
Phéochromocytome
Glucagonome
Hyperthyroïdie
6. Le diabète génétique :
Anomalies génétiques :
Fonction de la cellule béta
Action de l’insuline :
a. Le diabète MODY (maturity-onset diabetes of the young):
Anomalies moléculaires de la synthèse de l’insuline.
Avant l’âge de 25 ans,
Non cétosique
Autosomique dominant (diabète transmis à toutes les générations).
Présence de la maladie dans 3 générations successives est fortement évocatrice
Mise en évidence de l’anomalie génétique peut assurer la certitude diagnostique.
b. Le diabète mitochondrial :
Mutation du génome mitochondrial impliqué dans le métabolisme oxydatif des glucides.
Transmission maternelle,
Mitochondrial Dominant
Signes déficitaires :
– Surdité
– Rétinite pigmentaire
– Myélo-encéphalopathie
c. Sdr de Wolfram
Diabète insipide
Diabète sucré
Atrophie optique
Surdité
1. Diabète type 2
Les 4 étapes de la PEC (découverte récente)
Eliminer une urgence métabolique (glycémie ≥ 3g/L)
Faire un bilan de retentissement
1. Examen physique (neurologique, vasculaire)
2. ECG
3. FO
4. Créat / Microalbuminurie de 24h
Traiter le diabète
Rechercher et traiter les autres facteurs de risque CVx
A. mesures hygiéno-diététiques
a. Correction des habitudes alimentaires
Régime hypocalorique
Diminuer les glucides à index glycémiques élevé
Favoriser les glucides à index bas
Régime riche en fibres alimentaires
b. Activité physique
Pharmacodynamie
Stimulent l’insulino-sécrétion endogène +++
Inhibent la sécrétion du glucagon par les cellules α
Sensiblisent les tissus périphériques à l’insuline endogène
Pharmacocinétique
Forte liaison aux protéines plasmatiques déplacés par les
– Sulfamides antibactériens
– AVK
Métabolisme hépatique
Elimination rénale exclusive
Effets indésirables
Hypoglycémie +++ par interaction médicamenteuse ou Ice rénale
Allergie, en particulier cutanée (de l’urticaire au syndrome de Lyell);
Thrombopénie auto-immune ou une anémie hémolytique,
Agranulocytose
Hépatite cytolytique.
Contre-indications
Grossesse et allaitement
Insuffisance rénale
Insuffisance hépatique
Diabète déséquilibré
3. Inhibiteurs de l’α glucosidase = Acarbose
Ralentissent l’absorption intestinale de glucose
Atténuent le pic post-prandial
Posologie
Glucor 50 ou 100 1 à 3 cp/j
Effets indésirables
Flatulences
Douleurs digestives
Diarrhée
4. Glinides = Repaglinide (Novonorm)
Stimulent la production d’insuline par le pancréas en post-prandial
Action rapide (à la différence des sulfamides)
Atténuent le pic post-prandial
5. Glitazones = Glitazone, Prioglitazone
Agissent sur les récepteurs nucléaires PPAR-γ présents surtout au niveau des adipocytes,
des muscles, du foie et de la cellule β pancréatique
↑ l’insulinosensibilité
6. Incrétines = analogues de la GLP1
L’effet incrétine repose sur la sécrétion d’insuline en réponse à une charge de glucose orale ou
intra veineuse
Le GLP1 (glucagon like peptide 1) est principal responsable de l’effet incrétine.
Pharmacodynamie
Stimulent la sécrétion d’insuline
Inhibent la sécrétion du glucagon
Retardent la vidange gastrique
7. Inhibiteurs de DPP4
↑ la demi-vie des peptides intestinaux dont le GLP-1
NB : Les médicaments qui corrigent la glycémie post-prandiale :
Inhibiteurs de l’α glucosidase = Acarbose
Glinides
Gliptine
Insuline rapide
NB : Les ADO insulino-sensibilisateurs
Métformine
Glitazones
NB : DT2 sous Glucophage et Daonil + IRC (Cl < 30ml/min)
Arrêt du Glucophage (acidose lactique) + Daonil (hypoglycémie)
Mettre sous insulino-thérapie
B. Insulinothérapie et indications
Patient mal équilibré avec MHD + ADO
Contre-indications aux ADO : Ice rénale,hépatique, grossesse, allaitement
Transitoire :
– Décompensation cétosique, hyperosmolaire
– Grossesse et Allaitement
– Infection
– AVC, IDM
– Intervention chirurgicale importante
– Insuffisance rénale aigue
– Utilisation de PCI
– TTT hyperglycémiant = Corticothérapie
Amaigrissement + asthénie insulino-nécessitant
C. Objectifs
Symptomes absents
Glycémie à jeun = 0.8 - 1.3 g/l
Glycémie post-prandiale < 1.8g/l
HbA1C < 6.5 - 7%
TG < 1.5 g/l
LDLc selon le risque CVx
HDLc > 0.4 g/l (H) et 0.5 g/l (F)
TA < 140/85 mmHg
d. Indications
MHD + Métformine si HbA1C > 7%
MHD + Métformine + Sulfamides si HbA1C > 7%
MHD + Mérformine + Insuline basale si HbA1C > 7%
Insulinothérapie intensive
e. Surveillance
Auto-surveillance glucosurie – glycémie capillaire – poids/15 j
Fructosamine/21 j
HbA1C/3 mois
2. Le diabète type 1
Le traitement repose sur l’insuline, dès le diagnostic. Il s’agit d’une insulinothérapie définitive.
A. Mesures hygiéno-diététiques
B. Insuline humaine
Rapide (Actrapid)
Lente (Insulatard)
Biphasique (Mixtard)
C. Analogues de l’insuline
Structure modifiée pour changer sa vitesse et sa durée d’action.
3. Diabète gestationnel
MHD si mal équilibré
Insulinothérapie
Objectifs
Glycémie à jeun < 0.95g/l
Glycémie post-prandiale < 1.2g/l
HbA1C < 6 %
NB : Les besoins en insuline ↑ le 2ème trimestre
COMPLICATIONS DEGENERATIVES
1. Physiopathologie
↑ sorbitol
↓ myoinositol
Glycosylation des proteines
Oxydation des LDLc
FO normal Micro-anévrysmes
quelques micro-anévrysmes Exsudats
Hémorragies
Nodules cotonneux
Dilatation veineuse
Œdème rétinien
Territoire d’exclusion à
l’angiographie
NB : L’ischémie rétinienne doit être traitée par photocoagulation au Laser pour éviter la
prolifération de néovaisseaux rétiniens et donc de cécité.
b. Rétinopathie proliférante
Néovaisseaux rétiniens TTT urgent par photocoagulation au Laser
Néovaisseaux papillaires
NB : Sinon cécité par le biais de complications suivantes :
1. Décollement rétinien par traction
2. Hémorragie du vitré
3. Glaucome néovasculaire
B. Néphropathie diabétique
Stades de la néphropathie diabétique :
C. Neuropathie diabétique
a. Neuropathie périphériques
Sensibilité profonde
Sensibilité superficielle
Troubles trophiques :
mal perforant plantaire
b. Neuropathie végétative
1. Neuropathie cardio-vasculaire
Hypotension orthostatique
Tachycardie de repos
Troubles vaso-moteurs
2. Neuropathie digestive
Gastroparésie
Diarrhée motrice
Incontinence réctale
3. Neuropathie génito-urinaire
Vessie neurologique
Incontinence vésicale
Dysfonction érectile
Ejaculation rétrograde
4. Non reconnaissance des signes adrénergiques
3. Macro-angiopathie
A. Atteinte coronaire
1ère cause de mortalité chez les diabétiques +++
Généralement indolore
Symptômes indirects
– Signes d’insulinopénie
– Décompensation acido-cétosique
B. AVC
C. Artérite des membres inférieurs
Claudication intermittente
Gangrène / ulcérations Echo-Doppler de tous les axes artériels des MI
Abolition des pouls distaux
SURVEILLANCE HOSPITALIERE
1. Tous les 3 mois
Examen clinique
Poids
TA
Examen vasculaire
Examen neurologique (pieds)
Carnet de surveillance de la glycémie
HbA1C
Renseigne sur l’équilibre glycémique des 3 mois précédents
2. Tous les ans
FO
Créat + Microalbuminurie de 24h
ECG
Bilan lipidique
3. Objectifs
HbA1C < 7%
Absence d’hypoglycémie
Pas de prise de poids
LDLc (selon le risque CVx)
TG < 1.5g/l
Microalbuminurie < 30mg/24h
TA < 140/85
B. Physipathologie
1. Acidose
2. Hyperglycémie
NB : Déplétion potassique observée au cours de la réanimation est due à :
1. Polyurie osmotique
2. Elimination de corps cétoniques dans les urines
3. Traitement des causes déclenchantes :
G. Surveillance
Toutes les heures :
Respiratoire : Fréquence respiratoire,
CVx : T.A, pouls,
Neurologique : Conscience (risque d’œdème cérébral)
Hydratation : Pli cutané, veines superficielles, diurèse
Biologique : Glycosurie, acétonurie, glycémie capillaire
Toutes les 4 heures
1. Glycémie plasmatique
2. RA
3. Ionogramme
4. ECG
H. Prévention
Education des patients ++
1. Observance du traitement
2. Autosurveillance des glycémies capillaires :
Surveillance pluri-quotidienne de la glycémie capillaire
Adaptation des doses d’insuline
A. définition
Déshydratation massive
Osmolarité ≥ 340 mosmol/l
Hyperglycémie majeure > 6-8g/l (33-44 mmol/l)
Cétonurie absente ou discrète
Absence d’acidose pH > 7.2 + RA > 20
Osmolarité = (Na + K) X 2 + Glycémie (mmol/l) + Urée NLE : 290 +/- 5 mosmol
B. Physiopathologie
Hyperglycémie majeure,
Aggravée par l’absence de compensation hydrique.
Hyperosmolarité sanguine
Diurèse osmotique
Déshydratation
L’absence d’acidocétose peut être expliquée par la persistance d’une certaine insulinosécrétion
endogène, insuffisante pour contrôler l’hyperglycémie mais suffisante pour éviter la lipolyse et la
production de corps cétoniques.
C. Facteurs favorisants
Patients de plus de 60 ans aux capacités physique et mentale diminuées ne pouvant pas
ressentir ou exprimer leur soif ou dépendant d’une tierce personne
Diabète type 2 considéré comme « mineur », traité par le régime seul ou associé aux
ADO.
Infection aigue
Accident cardio-vasculaire (IDM ou AVC)
Prescription mal surveillée de diurétiques ou des laxatifs
Tout facteur d’hyperglycémie (absorption massive de boissons sucrées pour étancher
une soif, urgence chirurgicale abdominal)
D. Clinique
a. Phase de précoma :
Le début est insidieux, progressif, durant plusieurs jours voire 1 à 3 semaines, marqué par une
asthénie progressivement intense,
Amaigrissement rapide
Polyurie
Adynamie
Déshydratation.
Forte Glycosurie + hyperglycémie importante.
b. Coma hyperosmolaire :
Déshydratation globale majeure
Obnubilation, agitation ou coma profond +++
Signes neurologiques en foyer
Hyperthermie d’origine centrale à l’hypothermie indépendamment de toute infection
Nausées, voire vomissements et douleurs abdominales sont fréquents
Absence de signe de cétose : pas d’odeur acétonique de l’haleine, pas de polypnée de
Kussmaul
E. Examens complémentaires
Glycémie : Hyperglycémie > 6 voire 10 – 20g/l (> 55 mmol/l)
Osmolarité
NFS : L’hyperleucocytose est habituelle en dehors de toute infection
Ionogramme sanguin : Hypernatrémie > 150 mmol/l (déshydratation)
Créatinine sanguine + Urée ↑ (lRA fonctionnelle)
ECG : Systématique
RA souvent normale
F. Traitement
1. Réhydratation prudente
SSI 9‰ 8 à 12 litres en 24 heures, dont la moitié dans les 6 à 8 premières heures.
Dès le 3ème litre en l’absence d’oligo-anurie, on donne KCL + Iono + ECG
2. Insulinothérapie
5 à 10 UI/heure en IVSE ou en bolus horaire en IV/IM.
Dès que la glycémie est égale à 13,75 mmol/l (2,50 g/l),
On passe à une injection sous-cutanée/4 heures en fonction de la glycémie capillaire au
bout du doigt.
NB : Il est souhaitable de maintenir une glycémie aux alentours de 2.5g/l pour éviter l’œdème
cérébral
3. Traitement de la cause déclenchante
G. Surveillance
Toutes les heures
Etat de conscience
Etat HD
Glycémie capillaire
Toutes les 4 heures
Ionogramme sanguin
ECG
HYPOGLYCEMIE
A. définition
Triade de Whipple
DIABETE ET GROSSESSE
1. Préparation à la grossesse chez une femme diabétique connue
Nécessité de programmer la grossesse contraception efficace.
En cas de désir de grossesse :
A. Bilan des lésions dégénératives :
Bilan ophtalmologique complet et traitement ;
Bilan HTA et traitement ;
Bilan rénal : créatininémie, microalbuminurie sur recueil urinaire des 24 heures
B. Examen cardiovasculaire :
Prise de la tension artérielle,
ECG de repos ;
Epreuve d’effort de dépistage si facteurs de risque associés ou diabète depuis plus de 20
ans
C. Dépistage des infections urinaires et traitement
EDUCATION THERAPEUTIQUE
Explication simplifiée de la physiopathologie du diabète sucré : maladie chronique ++
Objectifs glycémiques du patient
Education diététique et l’hygiène de vie
Autosurveillance + Auto-contrôle glycémique
Explication du traitement prescrit.
Education à l’insuline = Expliquer
– Conservation
– Techniques de prélèvement et d’injection
– Sites d’injection
Hypoglycémies = Signes + CAT + Prévention
Complications aigues et chroniques du diabète et modalités de prévention
Insister sur le Pied diabétique