Les anacoluthes
Définition
Bonjour tout le monde! Nous continuons notre parcours sur les syntaxismes avec les
anacoluthes.
Ce n’est pas seulement une injure du capitaine Haddock, c’est surtout une rupture de la
construction syntaxique. La suite ou la fin de la phrase n'est plus grammaticalement
correcte et ne coïncide pas avec ce qui précède.
Exemples
Par exemple, dans la phrase :
Amies depuis toujours, nos bébés sont nés quasiment en même temps.
“Amies depuis toujours” doit normalement se rapporter à ce qui suit, on attendrait ici : les
deux jeunes mamans. Or, on se met ensuite à parler des bébés. Il y a donc une rupture
syntaxique, la phrase commence d’une certaine façon et s’interrompt pour finir d’une
manière incorrecte vu qu’elle ne cadre pas avec le début.
“Désolé, la maison n’accepte pas les cartes bleues ainsi que les gros chiens.” La négation
impose l’emploi de “ni” et non de ainsi, ici, la phrase a été traitée comme une affirmation. Il
y a même une seconde anacoluthe dans l’énoncé : la maison n’est pas désolée !
Une dernière photo, que j’ai prise dans les locaux d’une administration:
“Veuillez préparer votre carte d’identité, ainsi que 8,50 par acte demandé, ou de nous
fournir la preuve pour obtenir une exemption de ces frais.” Le régime verbal n’est pas celui
attendu, la préposition DE ne convient qu’aux verbes transitifs indirects, et le verbe ici est
veuillez, donc on attend un complément direct : veuillez faire quelque chose et non de faire
quelque chose. Connaissez-vous la plus fameuse anacoluthe des lettres de candidature?
Vous l’avez vue? C’est Vous qui attendez une réponse, pas la Madame ou le Monsieur qui
vous lit : il faut donc écrire : Dans l’attente de votre réponse, je vous prie de recevoir,
Madame, mes sentiments très distingués.
Les confusions entre discours direct et indirect
Parmi les anacoluthes, on range la confusion entre le discours direct et indirect. C’est une
erreur fréquente à l’oral mais qui ne reste impardonnable à l’écrit.
Cet écart est très courant : Je ne sais pas qu’est-ce qu’il a dit, je me demande où est-il,
personne ne me demande qu’est-ce que j’en pense, il ne dit pas où EST-ce qu’il va ou pire: il
ne dit pas OUSQU’il va, je ne sais pas c’est qui (1) ah non! crient les puristes.
Si ces phrases vous chauffent également les oreilles, c’est que vous adoptez une attitude
normative et que vous êtes déjà bien conscient de cette distinction entre discours direct et
indirect puisque vous reconnaissez un énoncé contenant une confusion entre les deux.
Cette confusion entre discours direct et indirect illustre une simplification de la syntaxe.
Je me demande si ces fautes ne sont pas autant d’attestations que la norme évolue peut-
être vers une neutralisation du discours indirect au profit d’une généralisation des
caractéristiques du discours direct. Mais jusqu’ici, cela reste une faute!
Les anantapodotons
Un cas particulier de l’anacoluthe est l’anantapodoton, mot que vous pouvez vous entrainer
à dire dix fois très vite. L’anantapodoton, c’est une rupture dans une construction
corrélative, qui combine deux éléments, comme soit...soit, tantôt...tantôt, plus...plus (et
non au plus au plus comme on dit en Belgique). Il y a un anantapodoton quand ce type de
structure est tronquée, comme dans :
Soit vous partez ou bien vous restez. Il faut restaurer la construction : Soit vous partez soit
vous restez. Un autre exemple d’anantapodoton se cache dans cette phrase :
Après cette vidéo, les uns continueront à travailler et le reste des étudiants préférera se
détendre. Vous l’avez remarqué l’anantapodoton? Il faudrait dire : Les uns continueront à
travailler et les autres étudiants préféreront se détendre après cette vidéo.
Conclusion
Surtout ne vous détendez pas! Accrochez-vous et commençons la lutte contre les
anacoluthes maintenant! Les exercices vous attendent, et vous pouvez aussi partir à la
chasse aux fautoz! Les syntaxismes aussi sont à immortaliser et à partager sur instagram. A
très bientôt pour une nouvelle vidéo sur les écarts de syntaxe!