Vous êtes sur la page 1sur 4

Ce document est strictement réservé aux étudiants du Centre de formation juridique.

Etablissement privé d’enseignement supérieur

Examen janvier 2011


Université Paris I
L2 – groupe 1
DROIT ADMINISTRATIF
Sujet du professeur CAPITANT
Eléments de correction

Sujet théorique : Dans quelle mesure la Constitution est-elle une


source du droit administratif ?

Ce sujet est relatif aux sources du droit administratif. Après avoir, en introduction, défini le droit
administratif et identifié les différents types de sources qui l’irriguent (sources internes, sources
internationales ; sources textuelles, sources jurisprudentielles), il est possible de répondre à la
question posée en deux temps : dans un premier temps, on peut affirmer que la Constitution est
la source des autorités administratives ; dans un second temps, on peut souligner que la
Constitution est l’une des sources de la légalité des actes administratifs.

Plan :

§ 1. La Constitution, source des autorités administratives

A) Les autorités nationales

= Il s’agit ici d’évoquer les articles de la Constitution relatifs aux Président de la République, au
Premier ministre et aux ministres.
= C’est ainsi notamment que le texte même de la Constitution précise les pouvoirs respectifs du
Président et du Premier ministre en tant qu’autorités administratives (articles 13 et 21 + CE Ass.,
1992, « Meyet »). Par ailleurs, elle détermine les règles de contreseing de leurs actes par les
ministres (articles 19 et 22 + CE, 1962, « Sicard »).

B) Les autorités locales

= Il s’agit ici d’évoquer l’article 72 de la Constitution qui évoque les collectivités territoriales
= Selon cet article, les collectivités territoriales sont les communes, les départements, les régions
et les collectivités outre-mer non régies par l’article 74 ».
Document strictement réservé aux étudiants du Centre de Formation Juridique.
Toute reproduction, même partielle, est interdite.
Document imprimé le 24/07/2016 à 17h39 par Papa Sarr (identifiant:182557 :: email:padiegane@gmail.com :: mdp:marie)

www.centredeformationjuridique.com
Ce document est strictement réservé aux étudiants du Centre de formation juridique.

Etablissement privé d’enseignement supérieur

= Selon cet article, le préfet est chargé du « contrôle administratif » des actes des collectivités
territoriales (voir par ailleurs CE Sect., 1991, « Brasseur », CE, 1994, « Département de la Sarthe
» et CE Sect., 1997, « Commune du Port »)

§ 2. La Constitution, source de la légalité des actes administratifs

A) Le contrôle de la constitutionnalité des actes administratifs

= Un acte administratif peut être annulé par le juge administratif en cas de non-conformité à la
Constitution (CE, 1960, « Société Eky »).

= Les normes de référence servant à contrôler la constitutionnalité des actes administratifs sont
de plus en plus nombreuses (« bloc de constitutionnalité ») : au-delà du texte même de la
Constitution de 1958, il y a le préambule de la Constitution de 1946, la DDHC de 1789, les
principes fondamentaux reconnus par les lois de la République (CC, 1971, « Liberté d’association
» et CE Ass., 1996, « Koné ») et la charte de l’environnement (CE, 2008, « Commune d’Annecy »).

B) L’hypothèse de la loi-écran

= Il s’agit ici d’évoquer l’hypothèse où un acte administratif est contraire à la Constitution mais
en conformité avec la loi qui lui sert de fondement. Le juge refuse alors de contrôler la
constitutionnalité de l’acte administratif en raison de la théorie de la loi-écran (CE, 1936, «
Arrighi »).

= Cependant, depuis la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008, il est possible pour le Conseil
d’Etat (et la Cour de cassation) de poser une question prioritaire de constitutionnalité au Conseil
constitutionnel à propos d’une loi portant éventuellement atteinte « aux droits et libertés que la
Constitution garantit ».

Sujet pratique : CE, 22 octobre 2010, « Société Document Channel »

Cet arrêt est relatif à l’obligation du Premier ministre d’exercer son pouvoir réglementaire
d’application des lois (sur ce point, voir B. Seiller, « Précisions sur l’obligation d’exercer le
pouvoir réglementaire », AJDA 2004, reproduit dans la fiche de TD).

Faits :

La société Document Channel, éditeur de logiciels dans le domaine numérique, a demandé au


Premier ministre d’adopter les décrets d’application de l’article 1369 du Code civil dont la
rédaction est issue de l’ordonnance du 16 juin 2005. Ce texte était relatif à la lettre
Document strictement réservé aux étudiants du Centre de Formation Juridique.
Document imprimé le 24/07/2016 à 17h39 parToute
Papa Sarrreproduction,
(identifiant:182557 même partielle, est interdite.
:: email:padiegane@gmail.com :: mdp:marie)

www.centredeformationjuridique.com
Ce document est strictement réservé aux étudiants du Centre de formation juridique.

Etablissement privé d’enseignement supérieur


recommandée électronique. Le Premier ministre n’a pas répondu à cette demande. Une décision
implicite de refus est ainsi née le 31 mai 2009. La société Document Channel a attaqué cette

décision implicite de refus par le biais d’un recours pour excès de pouvoir afin d’obtenir son
annulation pour illégalité et une injonction au Premier ministre d’édicter ces décrets sous peine
d’une astreinte de 1000 euros par jour de retard.

Procédure :

La société Document Channel a formé son recours pour excès de pouvoir devant le Conseil
d’Etat, compétent en premier et dernier ressort en la matière. Il s’agissait d’un recours relatif au
refus d’édicter un décret. Selon l’article L 311-1 du Code de justice administrative, le CE est
compétent pour connaître en premier et dernier ressort des recours formés contre un décret. La
jurisprudence assimile le recours contre une décision d’édicter ou de modifier un décret au
recours contre un décret (CE Sect., 1998, « Mme Richard ») : le CE était donc bien compétent en
premier et dernier ressort.

Question de droit :

La question posée au CE était de savoir si la décision de refus du Premier ministre était légale.
Pour le savoir, celui-ci devait se demander si, à la date où a été effectué le recours, l’absence de
règlements d’application de l’ordonnance du 16 juin 2005, était ou non légale.
Solution :
Le CE annule la décision implicite de refus du Premier ministre et enjoint celui-ci de prendre les
décrets d’application prévus par l’article 1369 du Code civil dont la rédaction est issue de
l’ordonnance du 16 juin 2005. Il considère en effet que son abstention à prendre les décrets
d’application s’est prolongée au-delà d’un délai raisonnable.

Plan :

Pour annuler la décision implicite de refus du Premier ministre, le CE opère un raisonnement en


deux temps : dans un premier temps, il constate que l’abstention du Premier ministre de
prendre les décrets d’application empêche l’application de certaines dispositions législatives ;
dans un second temps, il considère que cette abstention s’est prolongée au-delà du délai
raisonnable.

§ 1. Une abstention empêchant l’application de certaines dispositions législatives

A) L’exercice par le Premier ministre de son pouvoir réglementaire d’application des lois

= Rappel des différents types de pouvoir règlementaire exercés par le Premier ministre (pouvoir
réglementaire autonome, d’application des lois, de police et en tant que chef de service).

Document strictement réservé aux étudiants du Centre de Formation Juridique.


Toute reproduction, même partielle, est interdite.
Document imprimé le 24/07/2016 à 17h39 par Papa Sarr (identifiant:182557 :: email:padiegane@gmail.com :: mdp:marie)

www.centredeformationjuridique.com
Ce document est strictement réservé aux étudiants du Centre de formation juridique.

Etablissement privé d’enseignement supérieur


= En l’espèce, il s’agit du pouvoir réglementaire d’application des lois prévu par l’article 21 de la
Constitution (article rappelé par l’arrêt).

B) L’obligation du Premier ministre d’édicter les règlements d’application des lois

= A quoi servirait le Parlement si le Pouvoir exécutif pouvait empêcher l’application des lois en
ne prenant pas les mesures d’application ? D’où l’obligation du Pouvoir exécutif d’édicter les
règlements d’application des lois (CE Ass., 1962, « Kevers-Pascalis »).

= Arrêt évoque ainsi « l’obligation de prendre dans un délai raisonnable les mesures
qu’impliquent nécessairement l’application de la loi, hors le cas où le respect d’engagements
internationaux de la France y ferait obstacle » (considérant issu de l’arrêt de principe CE, 2000, «
Association France nature environnement »).

= En l’espèce, l’absence de décrets d’application ne permet de satisfaire à la présomption


instituée par le législateur celui-ci renvoyait à un décret en pour fixer les exigences relatives au
procédé de lettre recommandée électronique.

§ 2. Une abstention prolongée au-delà du délai raisonnable

A) Le constat du caractère non raisonnable du délai

= La durée du délai raisonnable accordé pour prendre les décrets d’application d’un texte
dépend des circonstances, notamment des « difficultés rencontrées par l’Administration » (CE,
2001, « Syndicat général de l’Education nationale CFDT »).

= En l’espèce, ce délai était de 4 ans au moment où le recours a été formé : l’ordonnance date de
mai 2005 et le recours a été formé en juin 2009.

= Le CE considère que ce délai n’est pas raisonnable.

B) Les conséquences de ce constat

Ces conséquences sont au nombre de trois :


= Illégalité de la décision implicite de refus du Premier ministre de prendre les décrets
d’application de l’article 1369-8 du Code civil ;

= Annulation de la décision implicite de refus du Premier ministre ;

= Injonction adressée au Premier ministre de prendre dans un délai de 6 mois les décrets
d’application (cette injonction n’est cependant pas assortie d’une astreinte journalière comme le
souhaitait l’entreprise requérante).
Document strictement réservé aux étudiants du Centre de Formation Juridique.
Document imprimé le 24/07/2016 à 17h39 parToute
Papa Sarrreproduction,
(identifiant:182557 même partielle, est interdite.
:: email:padiegane@gmail.com :: mdp:marie)

www.centredeformationjuridique.com

Vous aimerez peut-être aussi