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Etablissement privé d’enseignement supérieur

Université de Paris Descartes


1ère session – décembre 2011
Licence 2
Droit administratif
Cours du professeur M. DEGOFFE

Eléments de correction

1/ Sujet n°1 : Le conseil d’Etat et le traité

Quelques écueils à éviter :

Le sujet ne présente de difficulté, il est très classique puisque la question des sources internationales
est une séance très importante du premier semestre. Il est était néanmoins nécessaire de ne pas
oublier un élément du sujet. En effet, une telle question suppose de traiter de la question de
l’intégration des traités dans l’ordre interne, de l’invocabilité et enfin de la place de ces traités dans
la hiérarchie des normes. Un dernier point ne devait pas être oublié, la question de la place
particulière du droit de l’UE en droit interne.

Les éléments de connaissance mobilisables :

Le caractère régulier de la ratification.

Le CE refusait traditionnellement de contrôler le respect de la procédure de ratification, considérant


cette dernière comme un acte de gouvernement (CE, 1956, Villa).

Depuis l’arrêt SARL du parc d’activités de Blotzheim, du 18 décembre 1998, il accepte de vérifier le
respect de la procédure de ratification à travers le contrôle du décret de publication du traité. Ce
contrôle peut s’opérer par la voie de l’exception (CE, 5 mars 2003, Aggoun).

La réciprocité

Cette considération relève de la pure politique, il n’est pas étonnant que le juge administratif se
refuse à contrôler l’existence de cette condition, c’est la raison pour laquelle il renvoie au ministre le
soin de la vérifier et s’estime, encore aujourd’hui, CE, Ass., Chevrol, 1999, lié par cette avis.
Néanmoins, le requérant dans cette affaire a saisi la CEDH, qui a condamné cette attitude, comme
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violant le principe du procès équitable (indépendance et impartialité) dans la mesure où le juge
s’estime lié, CEDH, Chervol, 2003.

Le Conseil d'Etat était appelé à changer sa jurisprudence sur ceux point. Il décide de cesser de s’en
remettre à l'avis du ministre des affaires étrangères pour la vérification du respect de la condition de
réciprocité prévue à l'article 55 ? (CE 9 juill. 2010, M Cheriet- Benseghir). Dans l'affaire Cheriet-
Benseghir, le Conseil d'Etat modifie sa jurisprudence pour se reconnaître le pouvoir d'apprécier lui-
même le respect de la condition de réciprocité posée à l'article 55.

Sur la primauté :

Dans un premier temps application de la théorie de la loi écran au droit international. Le Conseil
d'Etat considérait qu’une loi postérieure à un traité et incompatible avec celui-ci violait implicitement
l’article 55 de la Constitution, se faisant il refusait d’en contrôler la conventionnalité car cela revenait
à en déclarer l’inconstitutionnalité (CE, Syndicat national des fabricants de semoules de France,
1962), position en total contradiction avec la jurisprudence communautaire (CJCE, Costa c/Enel,
1964). La question de la primauté va par la suite s’intensifier lorsque saisie de la constitutionnalité et
de la conventionnalité de la loi relative à l’IVG le conseil constitutionnel va décliner sa compétence
pour le second (CC, IVG, 1975). Dès lors, cette position va être interprétée comme une habilitation
implicite au profit des juridictions ordinaires. Immédiatement suivi par la Cour de cassation (Ccass.,
Société J. Vabre, 24 mai 1975), le Conseil d'Etat va néanmoins maintenir sa jurisprudence des
« semoules » (par exemple CE, UDT, 1979) en dépit des nombreuses sollicitations de la Cour de
justice (CJCE, Simmenthal, 1978).

Cette contradiction va mettre le juge administratif français dans une situation d’isolement vis-à-vis
des autres juridictions internes et européennes. Après un premier infléchissement grâce au recours à
la théorie de l’écran transparent (CE, Société Sales et Import, 1985, CE, Smanor, 1986) ; le Conseil
d'Etat va définitivement abandonnée sa position en consacrant la primauté du droit international sur
la loi même postérieure (CE, Nicolo, 20 octobre 1989). Le revirement opéré le juge administratif va
ensuite généraliser le principe de primauté du droit international, d’abord à d’autres sources (pour la
CESDH : CE, Confédération nationale des associations de familles catholiques, 1990) puis à l’ensemble
du droit communautaire dérivé (pour les règlements CE, Boisdet, 1990 et les directives CE, Rothmans
et SA Philip Morris, 1992).

Dès lors que le Conseil d'Etat reconnaissait la primauté des sources internationales sur la loi faisant
pleine application de l’article 55, la question de la relation Traité Constitution devant la juridiction
administrative ne pouvait que se poser. Un premier élément de réponse est donné par l’arrêt Koné
de 1996 dans lequel de Conseil d'Etat va interpréter une convention bilatérale d’extradition à la
lumière de d’un PFRLR ce qui implique la supériorité de la Constitution sur le Traité. Cette solution

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est confirmée par l’arrêt Sarran de 1998. Cette difficile relation a pu être qualifiée de théorie de la
« Constitution écran » (A. Rouyère) ou encore de monisme inversé (D. Alland). La même solution es
consacrée par la Cour de cassation (Ass. Plén. 2 juin 2000, Fraisse). Or, la jurisprudence de la CJCE
impose une portée sans limite à la primauté du droit communautaire (La primauté vaut à l’égard du
droit national dans son ensemble peu importe le rang des règles nationales (Actes Administratif, Loi
ou constitution). Sur ce dernier point la cour a été très claire dans un arrêt du 17/12/1970
Internationale Handelsgesellschaft. La position des juridictions française consacre donc l’existence de
deux ordres juridiques différents : un ordre juridique international dans lequel les traités sont au
sommet la hiérarchie des normes et un ordre juridiques interne où la Constitution retrouverait sa
place de normes de référence.

Sur la spécificité du droit de l’Union européenne

Le Conseil d’Etat est, dans un arrêt Arrêt Arcelor du 8 février 2007 était, confronté à la même
question, s’agissant d’un décret de transposition. Il était saisi d’un décret transparent c'est-à-dire
réalisant une bonne transposition de la directive. Par conséquent le grief d’inconstitutionnalité du
décret est en réalité dirigé contre la directive transposée.

En principe face à un tel conflit le juge ne rejette pas sa compétence et si la directive est bien
incompatible avec la Constitution il accepte de l’écarter (CE, Koné, 1996 ; CE, Sarran, 1998).

Au lieu de procéder de la sorte il va constater que le principe d’égalité issu de la Constitution a un


équivalent communautaire.

Donc le CE renonce à exercer le contrôle de Constitutionnalité du décret, s’agissant des dispositions


qui se bornent à tirer les conséquences nécessaires de la directive, dès lors qu’il existe dans l’ordre
communautaire un principe général du droit équivalent au principe constitutionnel invoqué dans
l’ordre interne. Cette solution se fonde sur la jurisprudence du Conseil constitutionnel qui consacre
dans l’article 88-1 une exigence constitutionnelle de transposition.

Des problématiques possibles :

Les développements récents de la jurisprudence administrative remettent ils en cause la place du


traité dans la constitution ?

Les grands axes d’un plan :

La meilleure intégration des traités (I) a conduit le juge administratif a reconnaître une place aux
traités dans le bloc de légalité (A), sa place dans la hiérarchie des normes étant supra-législative (B) ;
le conflit entre le traité et la constitution connaît aujourd’hui des évolutions significatives, en dépit

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d’une absence de primauté sur la constitution (A) mais en raison de la place particulière accordée au
droit de l’Union européenne (B).

2/ Sujet n°2 : Commentaire de TC, 17 octobre 2011, SCEA Cheneau

Quelques écueils à éviter :

Cet arrêt d’actualité a été très remarqué car il apporte un tempérament notable à la traditionnelle
jurisprudence Septfonds de 12923 selon lequel la juridiction judiciaire n’est pas compétente pour
apprécier la légalité des actes réglementaires. Les principales difficultés étaient ici, d’une part de ne
pas voir dans cet arrêt un revirement total de la l’arrêt de principe de 1023 et d’autre part d’oublier
de faire état de la jurisprudence judiciaire sur cette question.

Les éléments de connaissance mobilisables :

Il fallait ici avoir les connaissances essentielles et chronologiques sur la question :

1) La jurisprudence Septfonds de 1923 qui pose le principe de répartition des compétences entre
juridictions judiciaire et administrative.

La première ne pouvant qu’interpréter les actes réglementaires et en apprécier la légalité, ce qui


impose au juge de procéder à une question préjudicielle auprès du juge administratif lequel peut seul
en raison de la séparation des autorités administrative et judiciaire exercer ce contrôle.

L n’était en revanche pas nécessaire de développer la question du juge judiciaire répressif qui aux
termes d’une longue divergence avec le Tribunal des conflits s’est vu reconnaître une plénitude de
compétence à cet égard par la loi.

2) En dépit de la solution formulée par le TC depuis 1923 la cour de cassation a petit à petit apporté
des exceptions à la jurisprudence classique.

En effet, les différentes formations de la cour de cassation se sont reconnus compétentes pour
apprécier par voie d’exception la conventionnalité des actes réglementaires au regard de de toute
dispositions internationales applicable en droit interne. Cette compétence se fonde sur l’article 55 de
la constitution ce qui justifie que toute disposition de droit international soit susceptible de fonder
l’exercice de ce contrôle. La doctrine se montre très réservée sur cette attitude notamment car elle a
été implicitement condamnée par le TC à l’occasion d’un arrêt de 1998. La compétence de la cour de
cassation en la matière est difficilement justiciable, la distinction des contrôles de légalité et de
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conventionnalité étant eput convaincante dès lors qu’il s’agit bien de faire application d’une norme
au détriment d’une autre en raison d’un conflit hiérarchique.

3) Le dernier point qui méritait une attention toute particulière était le fondement relevé par le TC.
En effet celui-ci pose au contraire que « s'agissant du cas particulier du droit de l'Union européenne,
dont le respect constitue une obligation, tant en vertu du Traité sur l'Union européenne et du Traité
sur le fonctionnement de l'Union européenne qu'en application de l'article 88-1 de la Constitution, il
résulte du principe d'effectivité issu des dispositions de ces traités, telles qu'elles ont été interprétées
par la Cour de justice de l'Union européenne, que le juge national chargé d'appliquer les dispositions
du droit de l'Union a l'obligation d'en assurer le plein effet en laissant au besoin inappliquée, de sa
propre autorité, toute disposition contraire ; qu'à cet effet, il doit pouvoir, en cas de difficulté
d'interprétation de ces normes, en saisir lui-même la Cour de justice à titre préjudiciel ou, lorsqu'il
s'estime en état de le faire, appliquer le droit de l'Union, sans être tenu de saisir au préalable la
juridiction administrative d'une question préjudicielle, dans le cas où serait en cause devant lui, à titre
incident, la conformité d'un acte administratif au droit de l'Union européenne ». Il se fonde donc pas
sur l'article 55 de la Constitution, ni même le principe de primauté du droit communautaire, mais sur
les motifs ayant conduit au « fameux » arrêt Melki et Abdeli de la Cour de justice de l'Union
européenne.

Des problématiques possibles :

Quelle est la portée de la compétence du juge judiciaire quant au contrôle des actes réglementaires ?

Les grands axes d’un plan :

Le TC apporte donc une atténuation de la jurisprudence Septfonds (I) ; en dépit de la séparation des
autorités administrative et judicaire (A) mais en raison de la spécificité du droit de l’Union (B). Une
telle solution laisse néanmoins plané des incertitudes, tant au regard de la position maximaliste de la
Cour de cassation (A) que du fondement retenu (B°.

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