FACULTE DE DROIT
DEPARTEMENT DE DROIT PUBLIC
B.P 1825
e
Travail de fin de cycle présenté
en vue de l’obtention du grade
de diplômé en Droit Public
Directeur de recherche
LA RESPONSABILITE PENALE DU M. SANGA
MULOPWE Chris
Assistant, à l’Université
CHEF DE L’ETAT EN DROIT de Lubumbashi
COMPARE :
CAS DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ET DES
ETATS-UNIS D’AMERIQUE
« Le président de la république n’est pas un citoyen comme les autres dans notre pays, comme
dans aucune démocratie »
Jacques Chirac
III
DEDICACE
A l’Éternel Dieu Tout-Puissant, à qui il a plu de nous créer et de nous accorder vie,
santé et facultés intellectuelles pour que par sa grâce nos efforts nous conduisent un jour à
réaliser ce travail scientifique en vue de l’obtention du grade de gradué en Droit ;
IN MEMORIAM
V
REMERCIEMENT
Mes remerciements vont ici s’adresser à ces personnes aussi spéciales les unes que les
autres qui par leur présence dans ma vie ont permis à cette œuvre de l’esprit de se réaliser :
Tous nos compagnons et frères de lutte, ayant été avec nous durant notre parcours
académique, KABUYA KAPUBA Justin, KABUYA KALOMBO Chadrack, MUKADI
SUMBANGA Winners, MARUHE Kevin, BAKAKENGESHA TELESPHORE Gradi,
MURIMBI NKONGOLO Gloria, KITENGIE NTALA Joëlle, et ceux qui ont été avec nous
depuis le secondaire, devenus de vrais frères, UMBA MULOWA Luc, MULANGA
KALONJI Nathan et KIBONGE NGEME Arnold.
Toutes les personnes qui nous ont apporté soutien moral, intellectuel, spirituel et
financier.
VI
AVANT-PROPOS
A la fin de notre cycle de graduat, devant présenter un travail attestant notre maitrise
partielle du Droit, nous nous sommes proposé de travailler sur un sujet : « La responsabilité
pénale du chef de l’Etat en droit comparé : cas de la République démocratique du Congo et
des Etats-Unis d’Amérique ».
VII
INTRODUCTION GENERALE
PRESENTATION DU SUJET
Il y a encore quelques siècles parler de la responsabilité pénale du chef de l’Etat 1, qui était
généralement un monarque héréditaire entre les mains de qui étaient concentrés tous les
pouvoirs, était d’une telle absurdité qu’on ne pouvait que dire : « le roi ne peut mal faire »,
principe connu en droit comme le « fait du prince ». Absurdité qui pouvait s’expliquer par le
fait que l’on considérait que le monarque tenait son pouvoir de Dieu ou des dieux soit
directement soit indirectement selon que l’on était dans une monarchie absolue de droit divin
surnaturel ou une monarchie de droit divin providentiel et qu’il l’exerçait en son (leur) nom.
D’autres sont allé plus loin en considérant que le monarque était le fils de Dieu ou des dieux :
C’est ainsi, par exemple, que dans l’Egypte antique le Pharaon était considéré comme le fils
du dieu Amon-Râh, dieu suprême de la mythologie égyptienne ; ainsi aussi au Japon
l’empereur comme le descendant de la déesse Amaterasu, déesse du soleil. Mais les
consciences humaines étant en constante évolution, il était normal alors que la conception de
l’Etat et de l’exercice du pouvoir politique évolua en même temps. C’est ainsi que peu à peu
l’on est passé de l’irresponsabilité totale des gouvernants à des formes de responsabilité de
plus en plus grande, conduisant dans plusieurs Etats jusqu’à l’abolition de la monarchie à
l’instar de la France.
Depuis toujours les Etats à travers le monde sont en perpétuels changements quant à leur
forme et à leur mode d’exercice du pouvoir. Changements que l'on considère selon chaque
époque comme des évolutions adaptées aux réalités sociales et aux conceptions
contemporaines de la raison d’être de l’Etat et de la légitimité du pouvoir politique 2.
Aujourd’hui avec ces métamorphoses des Etats qui ne jurent plus que par le principe de la
séparation des pouvoirs développé par Montesquieu et, comme le dit KAZADI MPIANA
Joseph, dogmatisé par la Déclaration Universelle des Droits de l’homme et du citoyen de
1
L’apparition du terme président de la république étant particulièrement beaucoup plus postérieure à l’existence
de l’Etat, ou même assez postérieure à la période évoquée, il s’est avéré opportun et bien aisé d’utiliser ici le
terme Chef de l’Etat à la place tout en rappelant que le président de la république est aujourd’hui dans les Etats à
forme républicaine le chef de l’Etat, ce qui en effet n’enlève rien à l’économie de notre sujet.
2
Conceptions contemporaines ne reposant plus aujourd'hui sur des doctrines qui donnaient une origine
théocratique à la légitimité du pouvoir politique mais essentiellement sur la théorie du contrat social, surtout
selon qu’elle a été pensée et énoncée par Jean-Jacques Rousseau dans son œuvre Du contrat social paru en 1762.
VIII
17893, la majorité des Etats dans le monde sont des républiques même si certains ont conservé
leur forme monarchique à l’instar de l’Angleterre qui n’a connu autre forme en près de deux
siècles d’existence qu’à l’instauration d’une république après la deuxième guerre civile de
1648-16494. Et certaines de ces républiques, pour autant qu’elles soient démocratiques,
admettent que le chef de l’Etat qui est un citoyen ayant reçu mandat du souverain primaire qui
est le peuple, et non un monarque héréditaire qui ne peut toujours mal faire et protégé par une
inviolabilité totale constitutionnellement irréfragable, peut engager sa responsabilité pénale
pour certaines infractions assez graves prévues dans leurs constitutions selon diverses
procédures. Et parmi ces Etats se trouvent les Etats-Unis d’Amérique, modèle et créateur du
régime présidentiel et la République démocratique du Congo.
territoire national. Cette légitimité supérieure nourrit une idée de supériorité du chef de l’Etat
sur les autres organes étatiques si bien qu’il est difficile dans les jeunes démocraties africaines
notamment, qui ont connu avant le renouveau constitutionnel des années 1990 des régimes
dictatoriaux généralisés où la figure du président de la république était personnifiée si bien
qu’elle se confondait à celles des institutions, de concevoir, malgré les prescrits
constitutionnels, que le chef de l’Etat réponde de quelque fait que ce soit devant un juge. Cela
se manifeste notamment par le caractère particulier de la procédure congolaise même qui fait
intervenir préalablement le législatif qui a seul le pouvoir de mettre en accusation et
d’autoriser les poursuites, ce qui revient à museler totalement le judicaire car, dans une jeune
démocratie comme celle de la RDC, dans laquelle les parlementaires ne sont encore pas
capables de s’opposer à leur leader politique et lui vouent une loyauté à toute épreuve, il lui
suffit d’avoir la majorité parlementaire et de se considérer à l’abri de toute inquiétude
potentielle de poursuites pénales et de destitution. Ce qui n’est pas le cas pour les vieilles
démocraties comme celle des Etats-Unis d’Amérique ou nous avons récemment vu 7
sénateurs du parti républicain auquel appartenait le président en exercice Donald TRUMP
voter pour sa culpabilité lors du procès en impeachment à son encontre après la prise d’assaut
du Capitole par des partisans républicains, l’accusant de les y avoir incité. On a là un exemple
parfait de hauts fonctionnaires qui savent transcender les clivages politiques pour l’intérêt
supérieur de l’Etat et pour les idéaux ô combien nobles des pères-fondateurs. Pouvons-nous
en dire autant des parlementaires congolais ? L’histoire des institutions congolaises saura
fournir une réponse à cette question. A cela s’ajoute certains autres problèmes comme par
exemple la position morale très délicate dans laquelle la Constitution de la RDC place les
juges de la Cour Constitutionnelle, juges pénaux du chef de l’Etat, résultant de la manière
dont ils accèdent à cette haute fonction, même si tout le monde est d’accord avec le fait qu’ils
doivent témoigner d’un devoir d’ingratitude ou effet Becket 5. Tous ces petits vices mis
ensemble constituent une vraie armure constitutionnelle qui protège le chef de l’Etat
Congolais si bien que l’on se demande si, malgré les violations récurrentes des normes
5
De Saint Thomas BECKET, ce chancelier et vieil ami du roi d’Angleterre Henri II qu’il nomma comme
archevêque de Cantorbéry à la mort de Monseigneur Thibaut de Bec en 1161, voulant ainsi réaffirmer ses droits
sur l’Eglise d’Angleterre. Mais BECKET, changea radicalement et rompit tous les liens avec le roi pour devenir
un fervent défenseur de l’Eglise ce qui déclencha une bataille entre les deux hommes. Ne voulant céder en aucun
cas, Thomas BECKET fut assassiné dans la cathédrale devant l’autel par quatre chevaliers qui voulaient l’y
contraindre.
X
juridiques par les personnages les plus importants de l’Etat, un jour le Congo connaitra ce que
les Etats-Unis d’Amérique ont connu avec plusieurs de ses présidents.
Le sujet que nous traitons nous envoie dans une branche spécifique de la recherche
juridique, celle du droit comparé. Et sur elle Boris BARREAUD dit le droit comparé ou
comparatisme juridique est la science de la comparaison des droits et, plus largement, la
science étudiant les droits étrangers. Si différentes branches du droit interne pourraient être
comparées (par exemple, droit des contrats privés et droit des contrats publics), le droit
comparé consiste traditionnellement à comparer des droits issus de différentes cultures
juridiques ou, du moins, de différents Etats6. C’est pourquoi sur base de cette définition la
présente étude va examiner cette responsabilité pénale du chef de l’Etat Congolais et celle du
chef de l’Etat américain, généralement subordonnées à beaucoup d’acrobaties politiques pour
qu’elles soient engagées pour des raisons qui peuvent être résumées en ceci : « De par le
monde, la protection de la fonction présidentielle en cours de mandat semble érigée en règle
d’or vu l’importance des attributions du président de la République ajoutée au principe de la
séparation supposée rigide des pouvoirs en régime présidentiel et régimes apparentés »7. Pour
y arriver nous allons tour à tour analyser le régime juridique de chacune de ces responsabilités
pénales, les infractions (de droit communs et politiques) qui engagent ces responsabilités, les
procédures prévues lorsqu’elles sont engagées et essayer de déterminer leur efficacité faces à
de potentielles limites dans le cadre de la mise en œuvre d’une justice constitutionnelle juste
et efficace, instrument de mesure d’un Etat de droit, en Droit Congolais et en Droit américain
en se basant sur l’histoire institutionnelle propre à chacun de ces deux Etats.
6
Boris BARREAUD, la recherche juridique. Sciences et pensées du droit, L’Harmattan, 2016, coll. Logiques
juridiques, P. 91
7
KAMUKUNY MUKINAY Ambroise, La constitution du 18 Février 2006 et la responsabilité pénale du chef
de l’Etat : Un édifice constitutionnel fictif ?, p. 28
XI
Opportuniste parce que le travail a coïncidé avec une période assez importante pour la
vie politique de la République démocratique du Congo et même des États-Unis d’Amérique,
période post-électorale ou les anciens présidents sont pour l’un considéré par certains comme
le sauveur de la RDC et par d’autres comme ayant commis beaucoup d’abus qui devaient lui
valoir d’en répondre devant la Justice ; et pour l’autre menacé par une procédure
d’impeachment à quelques jours de la fin de son mandat. Ce qui nous a motivé à traiter ce
sujet.
Intérêt du sujet
L’intérêt de ce sujet est triple :
Intérêt personnel
Ce sujet présente un intérêt très certain pour nous dans le sens qu’en tant que juriste publiciste
africain, rien ne saurait plus nous satisfaire et nous combler que de voir s’instaurer en Afrique
en général et en République démocratique du Congo en particulier un véritable et solide Etat
de Droit reposant sur une justice constitutionnelle juste et dans lequel les Pouvoirs
manifesteraient une soumission de gré ou de force à la Constitution et aux lois de la
République. Et cela ne saurait, à notre avis, parfaitement se traduire que par la soumission du
président de la république aux textes de droit positif qui ne pourrait se réaliser que par l’éveil
des autres institutions comme contrepoids à son pouvoir car l’histoire institutionnelle de
l’Afrique depuis les indépendances nous renseigne que pendant le période des dictatures
généralisées qui a précédé le renouveau constitutionnel des années 1990, il a été sacralisé par
le peuple qui est allé jusqu’à lui vouer un véritable culte, comme ce fut le cas du mobutisme,
et nous renseigne aussi que les autres institutions n’étaient que des caisses de résonnance qu’il
pouvait révoquer quand ça lui chantait ce qui a contribué à forger l’image encore peinte par
certains aujourd’hui d’un président de la République « potentat suprême », qui doit bénéficier
d’une inviolabilité à toute épreuve. Et quoi de plus intéressant que de faire une étude
comparative de la RDC et des États-Unis d’Amérique qui a donné le ton au monde entier en
lui montrant que même la plus haute personnalité de l’Etat doit se soumettre aux lois.
Intérêt social
L’intérêt social réside dans ce que l’Africain en général et le congolais en particulier a besoin
de vivre dans un Etat de Droit qui lui garantisse la sécurité et la paix, lui qui a en lui une
parcelle de la souveraineté nationale et qu’en tant que souverain il aimerait que celui à qui il a
confié – par la voie des élections – de gérer la res publica en son nom lui réponde quand cette
XII
gestion est mauvaise ; que ce gérant réponde devant la Justice lorsqu’il viole les lois qui
émanent de lui. Qu’il ne se sente pas écrasé par celui qu’il a placé à la tête de l’Etat. C’est la
raison même du choix du droit comparé comme branche de recherche car Boris BARREAUD
dit que L’analyse des droits étrangers peut permettre, par contraste, de mieux comprendre son
droit national, de découvrir ses originalités ainsi que ses lacunes. Il poursuit en disant que
c’est une tache traditionnelle du droit comparé que de contribuer à l’amélioration du droit
national par l’importation de modèles inspirés des droits étrangers8.
Intérêt scientifique
Le présent travail espère apporter à tout scientifique qui le lirait une perspective plus ou moins
nouvelle, objective et dénuée de tout intérêt politique car – il faut le dire – beaucoup
risqueraient de tomber dans des appréciations subjectives politiciennes étant donné que l’on
traite essentiellement du Droit constitutionnel et que l’on sait que dans sa partie consacrée à
l’exercice du pouvoir il ne peut être séparé de la politique.
ETAT DE LA QUESTION
Le présent travail ne constitue pas une exploration première de ce thème et s’inscrit dans une
longue liste de travaux qui sont pour certains très éminents, écrits par de grands scientifiques
docteurs en droit.
Nous allons pour notre part essayer de voir s'il existe des mécanismes juridiques qui
assureraient la mise en œuvre de cette responsabilité pénale. Des mécanismes qui placeraient
le parlement et la Cour constitutionnelle en état d’exercer les prérogatives constitutionnelles
qui leur sont dévolues.
8
Boris BARREAUD, la recherche juridique. Sciences et pensées du droit, L’Harmattan, 2016, coll. Logiques
juridiques, p. 97
9
KAMUKUNY MUKINAY Ambroise, La constitution du 18 Février 2006 et la responsabilité pénale du chef
de l’Etat : Un édifice constitutionnel fictif ?, p. 40
XIII
A la lumière de ces deux définitions d’éminents docteurs, nous pouvons dire que la
problématique est pour nous la question centrale posée ou l’ensemble des questions
principales posées, autour de laquelle (duquel) vont graviter toutes les réflexions qui auront
pour finalité essentielle de confirmer ou d’infirmer l’hypothèse.
C’est dans ce dessein que nous allons poser comme problématique deux questions
complémentairement fondamentales, à savoir :
10
Cité par NKWANDA MUZINGA Simplice, « Cours d’initiation à la recherche scientifique. G2 Droit »,
Université de Lubumbashi, 2019-2020, p. 33.
11
IBIDEM, p. 33.
XIV
Hypothèse
Pour Raymond QUIVY et Luc VAN COMPENDHOUDT l’hypothèse comme une
proposition qui anticipe une relation entre deux termes qui, selon les cas, peuvent être des
concepts ou des phénomènes12. Ce qui veut dire plus clairement que dans le cadre d’une
recherche scientifique l’hypothèse est une affirmation ou une réponse provisoire,
présomptueuse et vraisemblable à la problématique et qui résulte des faits connus même
empiriquement et qu’il faudra vérifier par des données pour l’infirmer ou l’affirmer.
C’est pourquoi pour notre travail nous allons avancer les hypothèses suivantes aux questions
de la problématique :
Mais pour ce qui est de la République démocratique du Congo on ne peut pas en dire autant.
Certes dans le souci d’instaurer une démocratie le Constituant de 2003 a consacré la
responsabilité pénale du président de la république et de ses quatre vice-présidents pour la
première fois depuis son abandon par la Constitution de 1967, mais son application ou même
son effet sur la tenue des présidents congolais reste encore utopique ; pour dire en clair que
cette consécration ne joue pas le rôle que le Constituant attendait d’elle. Tout cela résultant
premièrement d’une justice constitutionnelle défaillante qui ne sait pas préserver et veiller sur
les valeurs du constitutionnalisme ; résultant également des autres institutions faibles devant
le président et qui n’arrivent pas à jouer leur rôle de contrepoids pour limiter l’imperium du
président de la république : les présidents congolais se font une joie de violer à leur guise la
Constitution pour servir leurs intérêts politiques, la norme sacrée de l’Etat et ne sont en rien
inquiétés.
12
Cités par IBIDEM, p. 34
XV
Et la réponse à la question de savoir quels mécanismes de droit feraient en sorte que cette
responsabilité soit effectivement mise en œuvre n'est pas aisée à donner car elle nécessite une
parfaite maîtrise des régimes politiques en général et du régime politique congolais en
particulier. Et cette difficulté se manifeste par le fait que déjà définir le régime politique
congolais n'est pas une tâche facile : la doctrine est très controversée à ce sujet. Mais nous
pouvons affirmer que pour fragiliser cette puissance concentrée entre les mains du président
de la république il faudrait :
déjà régler les problèmes qui se posent au niveau du Parlement et qui empêchent la
mise en œuvre effective de cette responsabilité;
régler les problèmes qui se posent au niveau de la procédure de la Cour
Constitutionnelle et dans le statut des juges de la Cour Constitutionnelle.
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
Les méthodes de recherche
Selon le dictionnaire la méthode est la marche rationnelle de l'esprit pour arriver à la connaissance
ou à la démonstration de la vérité13
C’est pourquoi dans cette marche vers la vérité nous avons utilisé les méthodes suivantes :
1. La méthode historique
A son sujet le professeur NKWANDA MUZINGA Simplice dit : « cette méthode vise la
reconstruction du passé par un examen par un examen des événements passés à partir
principalement des documents et archives. » ;il poursuit en parlant des deux manières
d’utiliser cette méthode en droit que la méthode historique dans son sens diachronique qu'il
était nécessaire pour comprendre une règle de droit de savoir comment elle est née (sur ce
Montesquieu a dit dans l’esprit des lois : « il faut éclairer les lois par l’histoire et l’histoire par
des lois") et que dans son approche évolutive elle consiste à reconnaître à l’interprète le droit
d’adapter le texte aux nécessités sociales de son époque, qu'il doit – l’interprète – rechercher
ce que serait la pensée des auteurs de la loi s'ils devaient légiféré aujourd’hui14
13
Dictionnaire universel Éditions
14
NKWANDA MUZINGA Simplice, op. Cit, p. 41
XVI
Il était évident que pour comprendre des textes comme la Constitution des Etats-Unis qui date
de 17 ou des documents qui nous rapportent plusieurs faits du passé nécessaires à la rédaction
de ce travail il était nécessaire d'user de cette méthode.
2. La méthode comparative
Méthode dont l’usage s’est avéré inhérente à la branche de recherche de notre sujet, le droit
comparé.
2. La technique de webographie
DELIMITATION DU SUJET
Un travail scientifique ne peut couvrir un sujet dans sa globalité. Il doit avoir des limites
spatio-temporelles et ce n’est pas celui-ci qui va déroger à cette règle pour quelque prétention
que ce soit, et surtout en considérant qu’il ne s’agit en aucune façon d’une exploration
15
Michel BEAUD cité par NKWANDA MUZINGA Simplice, op. cit., p. 46
XVII
première. C’est dans ce sens précis que le professeur NKWANDA MUZINGA Simplice dit :
« Toute démarche scientifique procède fatalement par un découpage de la réalité16 ».
Délimitation temporelle
Le présent travail couvrira la période qui va de 1868, année du déclenchement de la
première procédure d’impeachment contre un chef d’Etat Américain, jusqu’à nos jours.
Délimitation spatiale
Dans l’espace, faisant une étude de droit comparé, ce travail s’intéressera naturellement et
essentiellement aux territoires d’application des deux droits étudiés : le territoire de la RDC et
celui des Etats-Unis d’Amérique
SUBDIVISION DU TRAVAIL
Dans son développement le présent travail se subdivise en deux chapitres, chacun divisé en
sections.
16
IBIDEM, p. 47
XVIII
Etymologiquement le mot responsabilité vient du Latin Respondere qui signifie Répondre de.
Et, juridiquement nous pouvons aussi nous en tenir à cette traduction étymologique. Ainsi il
existe plusieurs sortes de responsabilités juridiques en fonction du fait pour lequel un sujet de
droit doit répondre.
Il est à notre avis très important de faire le distinguo entre les différentes sortes de
responsabilité et plus particulièrement entre la responsabilité politique qui conduit, lorsqu’elle
est établie, généralement à la destitution ou à la déchéance que l’on peut considérer comme
une sanction politique et la responsabilité pénale qui, en principe, conduit à des sanctions
pénales comme la servitude pénale quoique en réalité ces deux responsabilités marchent
ensemble quand il s’agit du chef de l’Etat dans la mesure où lorsqu’il commet une des actions
qui lui sont expressément prohibées par la constitution une sanction politique - la destitution –
est d’abord nécessaire pour faire du plus haut fonctionnaire de l’Etat un citoyen ordinaire que
le juge de droit commun ayant la compétence ratione materiae peut juger dans une procédure
pénale normale17. Mais certains Etats estiment qu’il n’est pas nécessaire de le destituer pour
qu’il réponde de ses actes devant un juge, comme la République démocratique du Congo qui,
néanmoins, reconnait l’importance des charges (fonctions) et le statut particulier du chef de
l’Etat à telle enseigne que la Constitution lui institue un juge pénal personnel et ainsi ne
considère pas la déchéance comme préalable aux poursuites judiciaires mais comme
conséquence d’une décision judiciaire de son juge pénal qui serait, le cas échéant, une
décision de condamnation et non d’acquittement18.
17
C’est dans cet esprit que s’inscrivent les procédures d’impeachment rendue célèbre par les Etats-Unis pour
avoir été plus d’une fois lancée contre un Président même si elle n’a jamais pu aboutir et celle de Destitution en
France où le Sénat (qui siège en Haute Cour) statue sur la culpabilité du chef de l’Etat et le destitue si cette
culpabilité est établie. Après le chef de l’Etat destitué peut se voir, pour les mêmes faits dont il a engagé sa
responsabilité devant le Senat, poursuivi devant les juridictions ordinaires de droit commun.
18
Art. 167 de la Constitution de la République démocratique du Congo du 18 Février 2006 telle que modifiée par
la loi n° 11/ du Janvier 2011.
XIX
La responsabilité pénale se conçoit comme l’obligation de répondre de ses actes. Mais pas
de n’importe quel acte, il s’agit des actes (actions ou omissions) incriminés (érigés en
infractions) par l’autorité compétente dans la loi pénale et ce, pour respecter le principe de la
légalité19. La responsabilité pénale aboutit à une sanction pénale comme l’emprisonnement ou
l’amende.
La responsabilité civile est l’obligation pour une personne de réparer le préjudice causé à une
autre personne. En droit positif Congolais par exemple, le principe est posé en ce sens : « Tout
fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il
est arrivé à le réparer20. » La responsabilité civile est généralement divisée en deux : la
responsabilité contractuelle et la responsabilité extracontractuelle ou délictuelle ou encore
acquilienne21.
Ces deux responsabilités, à savoir pénale et civile, connaissent des causes d’atténuation
La responsabilité politique été vue comme une avancée par rapport à la responsabilité pénale
des membres du gouvernement s’analyse aujourd’hui essentiellement selon le régime
politique d’un Etat. Elle est considérée comme l’arme que peut utiliser le législatif contre
l’exécutif dans le régime parlementaire et régimes apparentés.
19
Dans Principes de Droit pénal Jacques FORTIN et Louise VIAU montrent que ce principe présente trois
facettes, à savoir : 1. L’intervention du pouvoir législatif ; 2. Nulla poena sine lege ; 3. Le caractère écrit du droit
pénal. La première qui consiste à attribuer au pouvoir législatif la compétence de déterminer dans quels et dans
quelle forme des poursuites pénales sont possibles, la deuxième qui confère à ce même pouvoir législatif le soin
d’adopter une loi en vertu de laquelle une peine peut être établie et appliquée tout en garantissant à tout citoyen
qu’aucun comportement ne sera punissable et qu’aucune peine ne sera infligée que sur la base de règles adoptées
par une assemblée délibérante, démocratiquement élue et la troisième de laquelle découle le fait que la loi pénale
ne s’abroge pas par désuétude et que l’inaction du ministère public à faire appliquer une norme répressive ne
peut permettre au délinquant d’en déduire que l’infraction n’est plus susceptible de répression.
20
Art. 258 du Code Civil Congolais Livre III.
21
Du nom d’Aquilius, tribun de la plèbe à Rome, qui en a posé les bases dans la Lex Aquilia qu’il créa vers la fin
du Vème siècle av. J.-C. afin de protéger les biens des plébéiens contre les dommages causés par les patriciens.
XX
Un chef d’Etat est une personne physique qui incarne la continuité et la légitimité de
l’Etat. Il peut exercer plusieurs fonctions suivant le modèle constitutionnel de l’Etat : ainsi il
peut par exemple promulguer les lois, nommer les hauts fonctionnaires de l’Etat, représenter
son Etat à l’extérieur ; ou il peut ne jouer qu’un rôle symbolique au nom de l’Etat. On lui
attribue généralement aussi des rôles comme celui de garant du bon fonctionnement des
institutions étatiques ou garant de la souveraineté et de l’unité du peuple et du territoire
national.
L’accession à cette fonction dépend essentiellement de la forme de l’Etat. Ainsi pour les
Etats qui ont opté pour une forme républicaine le chef de l’Etat est élu, ce qui est le cas dans
la majorité des Etats du monde et pour ceux qui ont opté pour une forme monarchique, il y
accède héréditairement suivant différents principes de succession monarchique.
1. Elections
Dans ce type d’élections, tous les citoyens de l’Etat remplissant les conditions, généralement
liées à l’âge, élisent le chef de l’Etat en un ou deux tours. C’est le cas en RDC, en France, au
Portugal, en Russie, etc.
Dans celui-ci c’est le parlement, pouvant être monocaméral ou bicaméral, qui élit le chef de
l’Etat et ce, le plus souvent à la majorité qualifiée (deux tiers ou trois cinquième) des
membres qui le composent. C’est le cas notamment en Italie, en Allemagne, en Afrique du
Sud, etc.
Le mode de scrutin des Etats-Unis d’Amérique est sui generis. C’est un scrutin au suffrage
universel indirect dans lequel ce ne sont pas les parlementaires, comme dans le mode
classique, qui élisent le chef de l’Etat mais des Grands électeurs élus par l’ensemble des
électeurs en nombre égal au total de parlementaires qu’a chaque Etat fédéré au Congrès
fédéral. C’est cet ensemble des grands électeurs appelé Collège électoral des Etats-Unis qui
élit le chef de l’Etat.
2. Nomination
Dans certains Etats le chef de l’Etat est nommé. C’est le cas du Canada, par exemple, où
le chef de l’Etat est nommé par le souverain du Canada, sur proposition du premier
ministre qu’il est tenu de suivre aussi longtemps que ce dernier bénéficie de la confiance
de la chambre des communes (Chambre basse du parlement canadien).
Dans les Etats à régime monarchique, le chef de l’Etat est un monarque héréditaire qui, dans
des monarchies libérales notamment, exerce beaucoup plus une autorité morale ou
symbolique que politique.
En tant que monarque il peut être empereur (Japon), roi (Belgique, Maroc, Espagne,
Pays-Bas, etc.), émir (Qatar), etc. Pour les pays ayant choisi une forme républicaine comme la
République démocratique du Congo ou la France c’est le Président de la république qui est le
chef de l’Etat.
4. Coup d’Etat
Tout au long de l'histoire plusieurs chefs d’état ont détenu le pouvoir politique suite à des
coups d’états. Il faut savoir qu’à une certaine période de l'histoire institutionnelle de chaque
civilisation, le coup d’état où la prise du pouvoir par la force a été le mode le plus approprié
comme il fut le cas par exemple en Afrique des coups d'Etats généralisés au lendemain des
indépendances. Mais aujourd’hui ce mode d'accession au pouvoir politique est considéré
XXII
Selon le régime politique de chaque Etat le chef de l’Etat détient le pouvoir exécutif qu’il peut
activement exercer seul quand il est également chef du gouvernement, dont il peut partager
l’exercice avec un chef du gouvernement ou dont il peut déléguer l’exercice à un chef du
gouvernement. Mais il existe aussi un système dans lequel le chef de l’Etat ne détient pas le
pouvoir exécutif.
1. Régime présidentiel
Le régime présidentiel est un régime caractérisé par la stricte séparation des pouvoirs en ce
sens que l’exécutif n’est pas responsable devant le législatif et que le législatif ne peut être
dissout par l’exécutif. Dans ce régime le chef de l’Etat est également chef du gouvernement et
il exerce activement le pouvoir exécutif qu’il détient à l’aide d’auxiliaires eux aussi
indépendants du législatif, ne demeurant ainsi que sous sa seule autorité. C’est dans ce sens
que Georges BURDEAU dit : « le régime présidentiel est celui qui, en assurant au maximum
l’indépendance des pouvoirs, réalise leur séparation la plus complète22. »
2. Régime parlementaire
Le régime parlementaire est un régime politique caractérisé par un équilibre entre les pouvoirs
exécutif et législatif. L’exécutif est politiquement et collectivement responsable devant le
législatif et, en contrepartie, l’exécutif peut dissoudre le législatif. Dans ce régime le chef de
l’Etat détient en théorie le pouvoir exécutif mais ne l’exerce pas car son exercice est délégué à
un chef du gouvernement (Président du Conseil des ministres en Italie, Chancelier en
Allemagne, Président du gouvernement en Espagne, etc.)
parlement ou une seule des chambres du parlement alors que pour celui-ci il l’est à la fois
devant le Parlement et devant le Chef de l’Etat. Mais certains autres Etats ont opté pour un
parlementarisme mixte, comme le Portugal où le gouvernement n’est responsable que devant
le parlement avec une possibilité, prévue par la Constitution, pour le chef de l’Etat de le
révoquer si cela s’avère nécessaire au bon fonctionnement des institutions.
La fonction de chef de l’Etat étant une fonction dont le titulaire la tient par mandat
BIBLIOGRAPHIE
TEXTES LEGAUX