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LES 3 ÉTAPES
ESSENTIELLES
1 Déterminer l’origine
périphérique ou centrale, à partir
du recueil précis de l’anamnèse et
d’un examen clinique rigoureux.
2 Etablir un diagnostic
étiologique grâce à la
réalisation d’examens
Photo 1. Port de tête penché chez un lapin atteint de syndrome vestibulaire.
l
complémentaires appropriés.
a “tête penchée”(PHOTO 1) est une des présentations nerveuses les plus fréquentes
3 Déterminer le traitement
médical adapté. La prise en
charge immédiate nécessite des
chez le Lapin de compagnie, survenant en général brutalement chez un animal en
bonne santé. La connaissance des affections spécifiques du Lapin est indispensable
pour explorer convenablement ce syndrome.
soins de nursing, la prise en charge
des complications et l’instauration
d’une atteinte périphérique ou d’une
d’un traitement étiologique. 1re étape. Déterminer encéphalitozoonose (FIGURE 1).
l’origine centrale
ou périphérique du Il faut effectuer un examen clinique com-
plet et détecter les complications du syn-
syndrome vestibulaire drome vestibulaire.
CRÉDITS DE FORMATION CONTINUE
La lecture de cet article ouvre droit à 0,05 CFC. La Questionner le propriétaire Hormis l’examen clinique classique,
déclaration de lecture, individuelle et volontaire, est
à effectuer auprès du CNVFCC (cf. sommaire). La survenue d’épisodes similaires par le une attention particulière doit être por-
passé doit être évoquée. Elle est en faveur tée à des signes d’affection sous-jacente
(signes respiratoires, amaigrissement) et La localisation de la lésion, bien qu’es- Encadré 1 : Choix des examens
aux complications secondaires aux pertes sentielle pour la mise en place d’un trai- complémentaires.
d’équilibre (ulcère cornéen, fracture des tement étiologique et l’établissement du
pronostic, est souvent difficile à déter- 1/ Sérologie IgM et IgG pour Encephalitozoon
incisives, plaies cutanées superficielles et
cuniculi dès l’admission et biochimie sanguine.
troubles du transit secondaires). miner à l’issue de l’examen clinique (TA-
2/ Radiographie : recherche de particules
BLEAU 1) .
Localiser la lésion à partir métalliques (plomb), infection respiratoire.
de l’examen neurologique 3/ Examen vidéo-otoscopique, à associer à une
2e étape. Établir un radiographie des bulles tympaniques.
L’examen neurologique doit être effectué
très calmement : espèce-proie dans la
diagnostic causal (ENCADRÉ 1) 4/ Ponction de LCR (cisterna magna) : cytologie,
protéinorachie, bactériologie.
nature, le lapin peut devenir totalement ■ La cause la plus fréquente de syndrome 5/ Scanner : examen de choix pour l’évaluation
aréactif en cas de peur [1]. vestibulaire chez le Lapin de compagnie des bulles tympaniques (PHOTO 2). L’IRM est
supérieure si des lésions cérébrales doivent
L’animal est observé en mouvement est l’encéphalitozoonose (Encephalito-
être détectées.
dans la pièce afin d’évaluer son état de zoon cuniculi) [2,4,5] (ENCADRÉ 2).
conscience et son comportement explo- Le parasite provoque, à la faveur d’une tervalle indique une infection active et
ratoire. baisse de défense immunitaire, un syn- est très en faveur d’une encéphalitozoo-
Une palpation consciencieuse du corps drome vestibulaire d’origine centrale. nose. Une sérologie négative est en défa-
est effectuée. Des crépitements, un gon- Une hypophosphorémie et une dimi- veur d’une encéphalitozoonose, mais ne
flement localisé peuvent être mis en nution du rapport albumine/globulines l’exclut pas définitivement.
évidence suite à un traumatisme ou lors sont souvent notées [6]. ■ Les otites internes bactériennes (Pasteu-
d’otite grave. La recherche du parasite par PCR est rella multocida) sont en pratique moins
Les réactions posturales sont effectuées inutile car il reste confiné aux tissus cé- fréquentes que ne l’annonce la littéra-
sur animal calme. L’interprétation est rébraux. La cinétique des anticorps est ture. L’évolution est généralement pro-
délicate. Les réflexes médullaires sont l’examen de choix : une augmentation gressive et fatale, si une antibiothérapie
réalisés de manière classique. des IgM sur deux titrages à 15 jours d’in- de longue durée et une bullotomie ne
sont pas effectuées. Si les sites infectés L’antibiothérapie instaurée doit être
sont inaccessibles à la chirurgie, l’anti-
3e étape. Instaurer un bien tolérée chez le Lapin, posséder une
biothérapie limite l’extension du proces- traitement médical excellente diffusion cérébrale et être
sus infectieux. adapté active sur les pasteurelles.
■ Les traumatismes sont recherchés, sur- Les fluoroquinolones sont préférées
Avant même l’obtention d’un diagnos-
tout en présence d’enfants ou d’autres tic de certitude, le praticien doit mettre dans cette indication (enrofloxacine 10
animaux. en place un traitement médical visant à mg/kg deux fois par jour PO, SC pendant
■ Psoroptes cuniculi peut occasionner (FIGURE 1) : 15 jours).
des douleurs vives conduisant le lapin à
■ traiter le trouble de l’équilibre et l’an- Un anti-inflammatoire non-stéroïdien
pencher la tête, en l’absence de troubles
xiété associée ; (méloxicam 0,2 mg/kg 1 à 2 fois par jour
nerveux.
PO, SC pendant 7 jours) est également
Le diagnostic clinique repose sur l’aspect ■ protéger le lapin d’éventuelles compli- administré pour diminuer les réactions
caractéristique “en feuilleté” dans les cations ; inflammatoires provoquées par E. cuni-
oreilles et la mise en évidence du parasite. culi et améliorer le confort de l’animal.
■ traiter les principales causes possibles
La classification “VITAMIN D” est une de syndrome vestibulaire chez l’individu Certains auteurs préfèrent utiliser des
aide mnémotechnique pour obtenir un considéré. corticoïdes dans cette indication.
diagnostic (TABLEAU 2).
Ces molécules sont très mal
Encadré 2 tolérées chez le Lapin (dysmi-
crobisme digestif et troubles
■ E. Cuniculi est une microsporidie métaboliques) : un corticoïde
(parasite unicellulaire et de courte durée de vie, admi-
intracellulaire obligatoire). Cette nistré sur 24 heures, est accep-
infection se rencontre chez le Lapin, table (prednisolone 0,5 mg/kg
les Rongeurs, les Carnivores ou une fois par jour SC).
encore chez l’Homme. Le potentiel
zoonotique de ce parasite doit être
connu.
La transmission est directe et Photo 2. Scanner des bulles
indirecte, les spores étant très tympaniques montrant une otite
résistantes dans le milieu extérieur. moyenne chez un lapin atteint de
L’excrétion est intermittente et syndrome vestibulaire périphérique.
précède l’apparition des symptômes. Bulle tympanique gauche remplie de
pus (flèche).