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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Centre Africain d’Etudes Supérieures en Gestion

CESAG BF - CCA Master Professionnel


BANQUE, FINANCE, en Comptabilité et Gestion
COMPTABILITE, CONTROLE Financière
& AUDIT (MPCGF)

Promotion 7
(2012-2014)
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Mémoire de fin d’études


-B

THEME
IB
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LA FINANCE ISLAMIQUE : enjeux et opportunités


O

au Sénégal
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Présenté par : Dirigé par :

M. Ibra NDIAYE M. Abdou Diaw


Docteur en Finance Islamique
Professeur associé au CESAG

Avril 2014

NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG


LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

DEDICACE

Je dédie ce modeste travail :

 A mon cher regretté grand père Ndick THIAW et à sa sœur Ngawou THIAW.

 Je le dédie aussi à mon défunt père Modou NDIAYE arraché très tôt à notre affection.

Allah, absous-les, Sois clément envers eux, pardonne-les, honore leur demeure, accorde leur

une demeure meilleure que celle qu’ils avaient ici bas.


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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

REMERCIEMENTS

Je rends grâce à Allah (SWT) le Puissant, le Miséricordieux, l’Omniscient et l’Omnipotent de


m’avoir accordé une longue vie jusqu’à ce que j’ai le courage d’écrire ce mémoire.
Je remercie très sincèrement mon directeur de mémoire, Dr Abdou DIAW pour son
encadrement sans faille tout au long de ce mémoire, avec toute la rigueur qui sied. En effet,
Dr DIAW m’a toujours soutenu en me donnant tous les documents ayant trait à mon sujet. Par
ailleurs, il m’a orienté tout au long de ce travail à l’aide de son expérience, de son savoir faire
et de sa maitrise du domaine. Qu’Allah le récompense de la meilleure manière.
C

M. Moussa YAZI, Chef de Département Banque Finance, Comptabilité, Contrôle


ES

Audit;
AG

Monsieur Aliou NDIAYE, Directeur adjoint à la Direction de la Monnaie et du Crédit


au Ministère de l’Economie et des Finances ;
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M. Rachid SHAM de la Banque Islamique de Développement au Sénégal ;


M. Souleymane SECK, Directeur de la Micro Crédit Islamique du Sénégal (MICIS) ;
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Pour finir, je n’aurais jamais pu réaliser ce travail sans le soutien de ma famille et de


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mes proches ;
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Ma tante bien aimée Thioro GUEYE pour ses conseils avisés et surtout son soutien
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sans faille durant tout mon cursus scolaire, ma chère mère Seynabou GUEYE et mon
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épouse Arame NDIAYE ;


A tous les membres de ma famille et amis proches qui ont toujours été à mes côtés.
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A tous mes camarades de promotion


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SIGLES ET ABREVIATIONS

AAOIF : Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions


AIIF : African Institute of Islamic Finance
ANSD : Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie
APFIS : Association pour la Promotion de la Finance Islamique au Sénégal
BID: Banque Islamique de Développement
BIS : Banque Islamique du Sénégal
DEFI : Département Finance Islamique
DMC : Direction de la Monnaie et du Crédit
C

DRS-SFD : Direction de la Régularisation et de la Supervision des Systèmes Financiers


ES

Décentralisés
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FI : Finance Islamique
IFI : Institution de Finance Islamique
-B

IIRF : Institut Islamique de Recherche et de Formation


IB

MECIS : Mutuelle d’Epargne et de Crédit Islamique du Sénégal


LI

MEF : Ministère de l’Economie et des Finances


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MICIS : Micro Crédit Islamique du Sénégal


TH

OCI : Organisation de la Coopération Islamique


PALAM : Programme d’Alphabétisation et d’Apprentissage de Métiers pour la Lutte contre
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la pauvreté
U

PME : Petite et Moyenne Entreprise


E

PMI : Petite et Moyenne Industrie


PPP: Partage du Profit et de la Perte
SB : Sharia Board
SID : Société d’Investissement pour le Développement
UCAD : Université Cheikh Anta Diop
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : comparaison des financements par mourabaha et crédit portant intérêt ............... 27

Tableau 2 : Comparaison des modèles Takaful, mutuelle et assurance conventionnelle......... 34

Tableau 3 : Modèle d’analyse .................................................................................................. 39

Tableau 4 : Évolution du nombre des sociétés d’assurance ..................................................... 49

Tableau 5 : synthèse de la situation des consommateurs (clients et clients potentiels) ........... 61


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LISTE DES FIGURES

Figure 1: Les fondamentaux de l’islam .................................................................................... 13

Figure 2 : répartitions des actifs islamiques selon le type de produit ...................................... 21

Figure 3 : principe de fonctionnement de la moudarabah ........................................................ 23

Figure 4: principe de fonctionnement de la moucharakah ....................................................... 24

Figure 5 : principe de fonctionnement de la mourabaha .......................................................... 26

Figure 6 : contrat de Salam ...................................................................................................... 28


C
ES

Figure 7 : contrat d’Istisna’a .................................................................................................... 29


AG

Figure 8 : Principe de fonctionnement de l’Ijara...................................................................... 30

Figure 9 : Tendance des émissions du Sukuk .......................................................................... 33


-B

Figure 10 : Modèle Wakala de l'assurance Takaful Underwriting surplus Fonds des assurés. 36
IB

Figure 11 : Modèle Moudarabah de l'assurance Takaful ......................................................... 36


LI

Figure 12: Évolution du nombre de SFD entre 2009 et 2011 .................................................. 46


O
TH

Figure 13 : Répartition du chiffre d’affaires des compagnies d’assurance en 2011. ............... 50


EQ

Figure 14 : Histogramme des connaissances de la finance islamique au Sénégal ................... 62

Figure 15 : Histogramme des connaissances des institutions de finance islamique au


U

Sénégal...................................................................................................................................... 63
E

Figure 16 : souhait des consommateurs pour l’ouverture prochaine d’un compte bancaire .... 64

Figure 17 : situation des musulmans pour l’utilisation future des produits bancaires
islamiques respectant les principes de la FI ............................................................................. 65

Figure 18 : Situation des chrétiens par rapport aux produits des banques islamiques respectant
les principes de la FI................................................................................................................. 66

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LISTE DES ANNEXES

Annexe 1: Questionnaire (clients et clients potentiels) ............................................................ 95

Annexe 2 : Guide d’entretien du ministère de l’économie et des finances .............................. 97

Annexe 3 Guide d’entretien : BID ........................................................................................... 98

Annexe 4 : Le Sénégal compte émettre 200 millions de dollars d’obligations islamiques en


2014 .......................................................................................................................................... 99

Annexe 5: Importants Accords B.I.D-BCEAO ...................................................................... 100


C

Annexe 6 : Le paysage bancaire sénégalais ........................................................................... 101


ES

Annexe 7 : coopération renforcée : Sénégal-BID .................................................................. 104


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TABLE DES MATIERES

DEDICACE ................................................................................................................................. i

REMERCIEMENTS .................................................................................................................. ii

SIGLES ET ABREVIATIONS ................................................................................................. iii

LISTE DES TABLEAUX ......................................................................................................... iv

LISTE DES FIGURES ............................................................................................................... v

LISTE DES ANNEXES ............................................................................................................ vi


C

TABLE DES MATIERES ....................................................................................................... vii


ES

INTRODUCTION GENERALE................................................................................................ 1
AG

PREMIERE PARTIE : ............................................................................................................... 7


-B

CADRE THEORIQUE DE L’ETUDE ...................................................................................... 7


IB

CHAPITRE 1 : LA FINANCE ISLAMIQUE : ORIGINE, CADRE LEGAL ET PRINCIPES 9


LI

1.1. ORIGINE ET CADRE LEGAL .......................................................................................... 9


O

1.1.1. Origine de la finance islamique moderne ........................................................... 9


TH

1.1.2. Le cadre légal de la finance islamique ............................................................. 11


EQ

1.2. PRINCIPES DE LA FINANCE ISLAMIQUE ...................................................................... 14


1.2.1. Interdiction du Riba .......................................................................................... 14
U

1.2.2. Interdiction de l’incertitude des ventes et de la spéculation............................. 16


E

1.2.3. Interdiction des investissements illicites (haram) ............................................ 17


1.2.4. Principe de partage des risques et profits ou partage des pertes et profits (3P) 17

CHAPITRE 2: PRINCIPAUX MECANISMES UTILISES PAR LA FINANCE


ISLAMIQUE ............................................................................................................................ 21

2.1. TECHNIQUES DE FINANCEMENT PARTICIPATIVES ...................................................... 21


2.1.1. Moudarabah : le partenariat passif ................................................................... 22
2.1.2. Moucharakah : le partenariat actif .................................................................... 24
2.1.3. Mouwfadah....................................................................................................... 24
2.1.4. Inna ................................................................................................................... 24

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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

2.2. LES INSTRUMENTS DE FINANCEMENT ........................................................................ 25


2.2.1. Les contrats financement basés sur le principe du coût plus marge................. 25
2.2.1.1. Mourabaha : financement bancaire avec bénéfice ....................................... 25
2.2.1.2. Salam : financement avec livraison à terme ................................................. 27
2.2.1.3. Istisna’a : financement d’un actif à construire ............................................. 28
2.2.1.4. Bay’ Muajjal ................................................................................................. 29
2.2.1.5. Ijara : contrat de location (leasing) ............................................................... 29
2.2.2. Autres produits financiers islamiques .......................................................... 31
2.2.2.1. Qard-hassan : financement bancaire gracieux .............................................. 31
2.2.2.2. Wakala (Agence) .......................................................................................... 32
2.2.2.3. L’Arboun ...................................................................................................... 32
C

2.2.2.4. Sukuk ............................................................................................................ 32


ES

2.2.2.5. Takaful ......................................................................................................... 33


AG

CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE DE L’ETUDE ................................................................ 38

3.1. MODELE THEORIQUE D’ANALYSE ............................................................................. 38


-B

3.2. LES OUTILS DE COLLECTE DES DONNEES ................................................................... 40


IB

3.2.1. Questionnaire ................................................................................................... 40


LI

3.2.2. Entretiens .......................................................................................................... 40


O

3.2.3. L’analyse documentaire ................................................................................... 40


TH

3.2.4. L’observation ................................................................................................... 40


3.3. ANALYSE DES DONNEES ............................................................................................ 41
EQ

DEUXIEME PARTIE : LA FINANCE ISLAMIQUE AU SENEGAL .................................. 43


U

CHAPITRE 4 : ANALYSE DU SECTEUR BANCAIRE ET FINANCIER


E

SENEGALAIS... ...................................................................................................................... 45

4.1. PRESENTATION DU SECTEUR BANCAIRE ET FINANCIER CLASSIQUE............................ 45


4.1.1. Les banques au Sénégal.................................................................................... 46
4.1.2. Les établissements financiers ........................................................................... 48
4.2. ANALYSE DE LA CONCURRENCE DANS LE SECTEUR................................................... 50
4.3. LES INSTITUTIONS FINANCIERES ISLAMIQUES DU SENEGAL ...................................... 52
4.3.1. La Banque Islamique du Sénégal (BIS) ........................................................... 52
4.3.2. La Mutuelle d’Epargne et de Crédit Islamique du Sénégal (MECIS).............. 53
4.3.2.1. Historique ..................................................................................................... 53

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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

4.3.2.2. Statut juridique ............................................................................................. 54


4.3.3. Le Département Finance Islamique (DEFI) de PAMECAS ............................ 55
4.3.4. La Banque Islamique de Développement (BID) .............................................. 57

CHAPITRE 5 : ANALYSE DES RESULTATS DE L’ETUDE ............................................. 60

5.1. PRESENTATION DES DONNEES DU QUESTIONNAIRE ................................................... 60


5.2. ANALYSE DES RESULTATS ........................................................................................ 61
5.2.1. Les motivations ............................................................................................ 61
5.2.2. Les attitudes du consommateur .................................................................... 62
5.2.3. Les caractéristiques individuelles................................................................. 63
5.3. LES ENJEUX, OPPORTUNITES ET DEFIS DE LA FINANCE ISLAMIQUE AU SENEGAL ....... 64
5.3.1. Les enjeux et opportunités de la finance islamique au Sénégal ....................... 64
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5.3.1.1. La finance islamique : une finance éthique .................................................. 65


5.3.1.2. Sur le plan politico-économique .................................................................. 67
AG

5.3.1.3. Une finance rassurante ................................................................................. 68


5.3.1.4. L’existence de département d’étude et de suivi de projets........................... 69
-B

5.3.1.5. Capacité de la finance islamique à attirer les investissements ..................... 70


IB

5.3.1.6. Finance islamique et pauvreté ...................................................................... 70


LI

5.3.1.7. Les autres produits financiers adaptés à la lutte contre la pauvreté et au


O

développement ..................................................................................................................... 73
TH

5.3.2. Les défis de la finance islamique au Sénégal ................................................... 73


5.3.2.1. Sur le plan fiscal, réglementaire et légal ...................................................... 73
EQ

5.3.2.2. Sur le plan communicationnel ...................................................................... 75


U

5.3.2.3. Enseignement, formation, recherche et développement ............................... 76


E

5.3.2.4. Normalisation comptable ............................................................................. 77

CHAPITRE 6 : RECOMMANDATIONS ............................................................................... 79

6.1. Recommandation destinées à la BCEAO et à L’Etat du Sénégal .................... 79


6.1.1. Harmoniser les pratiques des banques islamiques ........................................... 79
6.1.2. Mise en place par la BCEAO d’un comité de conformité à la Charia ............. 80
6.1.2.1. La fatwa ........................................................................................................ 80
6.1.2.2. L’Audit basé sur la Charia ........................................................................... 80
6.1.3. Mise en place d’une structure de refinancement pour les banques
islamiques…………….. ...................................................................................................... 81
6.1.4. L’élaboration d’un cadre institutionnel approprié ............................................ 81
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6.2. Recommandation destinées aux institutions financières islamiques ................ 83


6.2.1. Mise en place d’un Charia Board ..................................................................... 83
6.2.2. Mise en place d’une stratégie de communication efficace ............................... 85
6.2.3. Le développement de l’ingénierie financière ................................................... 85

CONCLUSION GENERALE .................................................................................................. 88

GLOSSAIRE ............................................................................................................................ 92

ANNEXES ............................................................................................................................... 94

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 105


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INTRODUCTION GENERALE
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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Depuis 2008, le monde traverse une crise économique et financière sans précédent. C’est ce
qui a poussé certains économistes à chanter le refrain habituel de l’instabilité chronique du
capitalisme et la nécessité de mettre en œuvre des modes de financement alternatifs.

Les pays sont confrontés à un défi économique et financier tel que le tarissement des
ressources, l’augmentation de la dépense face à l’inflation des prix et la difficulté accrue
d’accès aux ressources de financement traditionnel, ce qui crée une situation alarmante. Cette
situation est loin de se résorber si l’on prend en considération le besoin de financement
colossal des Etats occidentaux qui va peser sur les marchés financiers menaçant l’accès aux
financements classiques, ce qui oblige les pays à trouver et à mettre en œuvre des modes de
financement alternatifs en particulier la finance islamique.
C

Après la déstabilisation du système financier traditionnel causé par la crise économique et


ES

financière, les banques islamiques ont montré une énorme efficacité mais aussi une
AG

importante résistance face à leurs homologues conventionnels qui ne cessent de devenir de


plus en plus fragiles. C’est pourquoi le Professeur Willem Buiter avait simplement suggéré
-B

l’adoption des principes de la finance islamique, notamment celui relatif au partage des profits
et des pertes, pour l’établissement d’un système plus stable (DIAW, 2011). En effet, pour un
IB

marché d’environ 90 millions de personnes, le taux de pénétration de la finance islamique


LI

dans l’espace monétaire ouest africain demeure marginal et faible tandis que dans les pays du
O

Moyen Orient et de l’Asie du Sud-est, le nombre de banques islamiques est évalué à plus de
TH

400 avec des ressources d’environ 1600 milliards de dollars fin 2012 (environ 800 mille
EQ

milliards de francs Cfa), soit 20,4% en glissement annuel de croissance depuis fin 2011. Les
opportunités sont donc nombreuses, ce qui pousse les grandes banques internationales des
U

Etats-Unis et d’Europe à œuvrer pour l’ouverture des guichets de financement islamique.


E

C’est au regard de ces avantages économiques et financiers divers que procure la finance
islamique aux économies développées que l’ex Président de la République du Sénégal Me
Abdoulaye WADE, qui présidait le premier forum des finances islamiques au Sénégal, estime
que c’est comme si les finances islamiques ont tourné le dos aux pays Africains.
Il a demandé aux investisseurs et institutions financières islamiques de s’intéresser davantage
à l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) qui constitue un marché
attractif faiblement bancarisé. Depuis lors, on assiste à un important essor de la finance
islamique qui ne cesse d’enregistrer une croissance soutenue.

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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Le problème qui se pose est que les frontières entre les Etats tendent progressivement à se
briser, cédant la place à de vastes marchés dans lesquels une compétition acharnée s’opère,
faisant du plus fort, le maître des lieux. Malgré cette mondialisation, on assiste au Sénégal à
un taux de bancarisation toujours faible (19%) 1 avec une population à 95% de musulmans,
d’où l’existence d’une forte demande potentielle de produits financiers islamiques conformes
à la Charia. Malgré tout ce potentiel la finance islamique reste en rade par rapport à la finance
classique.

De l’analyse des problèmes soulevés ci-dessus, il ressort les causes suivantes :

• la réglementation bancaire de l’UEMOA n’est pas propice pour les BI ;

• le cadre juridique ne permet pas aux BI de s’implanter.


C
ES

Les causes énumérées peuvent entraîner les conséquences ci-après :


AG

• la fuite des investisseurs étrangers ;


-B

• le favoritisme de la finance classique.


IB

Pour aplanir ses insuffisances, les solutions suivantes sont envisageables :


LI

• développer l’enseignement, formation et la recherche-développement ;


O
TH

• modifier la réglementation bancaire de l’UEMOA ;


EQ

• étudier les enjeux et les opportunités de la finance islamique au Sénégal.


U

Dans le cadre de notre étude, nous allons retenir comme solution celle relative à l’étude des
E

enjeux et des opportunités de la finance islamique au Sénégal. En effet, les résultats de cette
évaluation pourraient induire la deuxième solution qui est la modification de la
réglementation bancaire de l’UEMOA. La première solution est rejetée compte tenu du fait
qu’elle ne prend pas en compte tous les aspects liés aux problèmes posés.

1
Selon la directrice nationale de la Banque centrale pour le Sénégal lors d’une campagne de communication sur
la promotion de la bancarisation au Sénégal. www.lesoleil.sn, Consulté le 19 septembre 2013, dernière révision
Mercredi 10 Août 2011

3
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Etant donné l’intérêt que suscite ce genre d’investissement à savoir la FI, il est nécessaire de
l’étudier minutieusement. Dans ce cadre, la question principale que nous nous posons est alors
la suivante : quels sont les enjeux et opportunités la finance islamique au Sénégal ?

Pour solutionner cette question, nous répondrons de façon spécifique aux interrogations ci-
après :

 qu’est ce que la finance islamique ?

 quels sont les produits que la FI propose ?

 la finance islamique est-elle connue par la population sénégalaise ?

 comment les consommateurs jugent-ils les services financiers islamiques et


C

conventionnels ?
ES

 quelles sont les attentes des consommateurs face à ces produits financiers islamiques ?
AG

 où en est-on avec la modification de la réglementation bancaire de l’UEMOA pour


-B

accueillir les BI ?
IB

 le faible taux de bancarisation n’est-il pas dû au fait que les Sénégalais ont une
LI

certaine réticence face aux banques ?


O
TH

Telles sont les questions auxquelles nous tenterons de répondre dans notre étude intitulée :
« La finance islamique : enjeux et opportunités au Sénégal »
EQ

L’objectif général de ce mémoire est de cerner les enjeux et les opportunités de la finance
U

islamique dans un pays comme le Sénégal avec une population à 95% de musulman.
E

De façon spécifique, il s’agira de :

• présenter les principes et les concepts de base de la finance islamique ;


• faire l’état des lieux de la finance islamique au Sénégal ;
• identifier les enjeux et opportunités la finance islamique tout en soulignant les défis
qu’elle doit relever au Sénégal pour gagner plus de crédibilité et de solidité pour son
éventuel développement.

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NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Nous allons limiter notre étude aux enjeux et opportunités de la finance islamique au Sénégal
en nous basant sur le questionnaire établi et les entretiens que nous avons eus à mener avec les
experts de ladite finance islamique et aux clients et clients potentiels.

L’intérêt de ce travail se situe à quatre (4) niveaux :

 pour la BCEAO et l’Etat du Sénégal

L’étude que nous avons eu à faire pourrait permettre aux autorités de la Banque Centrale des
Etat de l’Afrique de l’Ouest et à L’Etat du Sénégal de prendre conscience des enjeux et
opportunités de la finance islamique au Sénégal pour pouvoir accélérer la réforme bancaire en
cours.
C

 Pour les investisseurs, les banques islamiques et les banques classiques


ES

Cette recherche permettrait également à ces derniers d’avoir un aperçu de l’état de la demande
AG

en produits de finance islamique au Sénégal. Ce qui leur permettrait d’apprécier l’opportunité


d’offrir des produits financiers conformes à la Charia.
-B

 Pour le lecteur
IB
LI

Cette enquête sera l’occasion pour le lecteur de mieux d’appréhender les notions de base de la
O

FI mais aussi d’avoir une notion sur les opportunités et défis de ladite finance au Sénégal.
TH

 Pour nous-mêmes
EQ

Cette étude sera pour nous l’occasion, d’application une fois en entreprise les connaissances
U

théoriques que nous avons eu à recevoir sur cette étude, d’approfondir nos connaissances sur
E

la FI et de façon plus spécifique de revoir notre étude une fois la nouvelle réglementation
bancaire est en vigueur. Cela nous permettrait de voir si la nouvelle réglementation aura
apporté des modifications significatives sur notre étude.

Le mémoire s’articule autour de deux (2) parties essentielles :

la première partie consacrée au cadre théorique se compose de trois (3) chapitres.


Nous serons amenés dans le premier chapitre à revoir la littérature. Le deuxième
chapitre abordera des principaux mécanismes utilisés par la finance islamique et enfin,
le troisième chapitre la méthodologie de l’étude.

5
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

La deuxième partie appelée partie pratique comprend à son tour trois (3) chapitres. Il
s’agira dans un premier chapitre de l’analyse du secteur bancaire Sénégalais, ensuite
nous procéderons au deuxième chapitre destiné à l’analyse des résultats de l’étude et
enfin de formuler des recommandations destinées à la BCEAO, à l’Etat du Sénégal et
au institutions financières islamiques.
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NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

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PREMIERE PARTIE :
IB

CADRE THEORIQUE DE L’ETUDE


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NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG


LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Au cours des années de l’histoire de l’islam, les musulmans ont pu mettre en place un système
financier basé sur le Coran et la Sounna (tradition Prophétique) qui interdisent la pratique de
l’intérêt comme l’ont interdit les autres religions révélées. Ce sont ces pratiques anciennes qui
ont donné à nos jours naissance à la finance islamique. Cette finance a connu une expansion
remarquable durant la deuxième moitié du XXème siècle et suscite aujourd’hui l’intérêt de
nombreux acteurs des marchés financiers. Cependant il n’est pas aisé de comprendre ce mode
de financement pour ceux qui évoluent dans des économies basées sur un model
conventionnel.

Afin d’améliorer notre compréhension, il est nécessaire de revoir dans un premier chapitre la
littérature qui nous permettra d’appréhender quelques concepts de la FI dans le deuxième
chapitre nous présenterons les principes de base régissant la finance islamique, à savoir le
C
ES

Riba, le partage des pertes et profits, l’interdiction du Ghanar (l’incertitude) et du Maysir (jeu
de hasard), les activités illicites et enfin dans le troisième nous traiterons de l’approche
AG

méthodologique utilisée.
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NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

CHAPITRE 1 : LA FINANCE ISLAMIQUE : ORIGINE, CADRE LEGAL ET


PRINCIPES

Après une recherche préalable consistant à lire des ouvrages, mémoires et articles axés sur
notre sujet, cette section passe en revue les écrits d’éminents spécialistes de l’économie
islamique. Elle traitera en plus grande partie des théories liées à la finance islamique. Pour
cela nous allons dans la première section cerner l’historique de cette finance islamique ensuite
le cadre légal et enfin définir certains concepts de base ; ce qui permet à priori de souligner
une certaine différence par rapport à celle classique. En ce qui concerne la seconde section,
nous décrirons les principes de base qui sous-tendent tout financement islamique.
C

1.1. Origine et cadre légal


ES

Dans cette phase, nous allons essayer de voir en premier lieu l’historique de la finance
AG

islamique et dans un second temps, définir le cadre légal de celle-ci.


-B

1.1.1. Origine de la finance islamique moderne


IB

Le mouvement en faveur de la création des institutions financières islamiques qui a


LI

commencé dans les années soixante a connu une certaine accélération au cours de la décennie
O

soixante-dix. A la base de ce mouvement, il y a la volonté d’appliquer les préceptes de l’islam


TH

(la Charia) aux relations qui se nouent entre les institutions financières et les opérateurs
économiques. Il s’agit principalement de l’interdiction de l’application de l’intérêt, du
EQ

versement de la Zakat qui constitue une contribution annuelle de solidarité et la mobilisation


U

des ressources financières thésaurisées en vue de l’investissement. L’objectif recherché étant


E

de contribuer à augmenter la croissance économique et le bien-être social dans les pays de la


communauté musulmane.

Bien que la finance islamique existe depuis plusieurs siècles, son essor est apparu depuis une
cinquantaine d’années avec l’indépendance d’une grande partie des pays musulmans de la
tutelle coloniale. La première tentative d’instauration des institutions financières islamiques
remonte au milieu des années 40 en Malaisie (GAFOOR, 2000) et au Pakistan à la fin des
années 50 (QUERSHI, 1967), tentatives qui échouèrent à l’époque. La première banque
islamique, de dimension modeste, il faut le souligner, fut créée en Malaisie en 1962 avec le
Pilgrim’s Management Fund. En créant ce fonds, le gouvernement malais voulait permettre à

9
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

ses citoyens d’effectuer le pèlerinage à la Mecque. Malgré son caractère restreint, il s’agit,
selon certains spécialistes de la première ébauche de création d’un système financier
islamique (CHAPRA, 1992 : 9 ; KARICH, 2002 :79).

Par ailleurs, la première banque islamique n’a été créée qu’en 1963 à Mit Ghamr en Egypte
par Ahmet Al Naggar (KARICH, 2002 ; MARTENS, 2001). Cette banque prospère jusqu’en
1967, date à laquelle on ne compte pas moins de neuf succursales dans le pays et que le
nombre des épargnants sont passés de 17 560 à 251 152, ce qui témoignait du succès de cette
institution financière auprès des populations. C’est à partir de cette date que la banque ferme
ses portes pour des raisons politiques, par le régime de Gamal Abdel Nasser 2.
Il faut attendre le début des années soixante-dix pour assister au véritable tournant de la
finance islamique. En effet, la création de la banque islamique de développement (BID) en
C

1975 marque le véritable lancement du financement conforme à la Sharia. La BID fournit à


ES

ses pays membre, soit 56 pays, ainsi qu’aux communautés musulmanes à travers le monde,
AG

des fonds nécessaires afin de favoriser leur développement économique et leur progrès social
respectif. D’autres établissements financiers islamiques vont éclore durant la même décennie.
-B

Nous pouvons nommer la Dubaï Islamic Bank en 1975 ainsi que la Banque Islamique de
IB

Bahrein en 1979. Ainsi la finance islamique s’est développée étonnamment vite.


LI

Depuis ses débuts, le nombre d’institutions financières islamiques dans le monde est passé
O

d’une seule en 1975 à plus de 300 aujourd’hui dans plus 75 pays (EL QORCHI, 2010). Elles
TH

sont concentrées dans le Moyen-Orient et en Asie du Sud-est (Bahreïn et la Malaisie étant les
principaux centres). Ces institutions apparaissent aussi en Europe, en Afrique et aux Etats-
EQ

Unis. Selon Mohamed Ali, Directeur de la BID, à la fin des années 2008, le volume du
U

marché de l’industrie de la finance islamique s’est élevé à 840 milliards de dollars US avec un
E

taux de croissance des actifs islamiques de 30% dans la période 2002 à 2007. Il atteint 1600
milliards de dollars US en fin 2012. Mais d’autres raisons expliquent ce récent essor selon
Lila GUERMAS-SAYEGH 3 : la première est la forte demande du grand nombre de
musulmans, émigrés ou non, qui recherchent des services financiers conformes à la loi
islamique.

5
Voir compte rendu du Forum sur le Développement de la micro finance islamique-défis et perspectives (Dakar,
27 mai 2007).
3
Auteur de l’article « LA RELIGION DANS LES AFFAIRES : La Finance Islamique » (www.fondapol.org ; La
Fondapol publie la présente note dans le cadre de ses travaux sur la croissance, Mai 2011).

10
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

La deuxième est l’augmentation de la manne pétrolière, qui fait exploser la demande


d’investissements acceptables dans la région du Golfe.
La troisième tient au caractère compétitif de beaucoup de ces produits, qui attirent les
investisseurs, musulmans ou non. Et la dernière, sans doute la plus importante, est la crise
financière mondiale qui a été une aubaine pour les banques islamiques qui y trouvent
l’occasion de justifier le bien-fondé de leurs thèses basées sur la loi islamique. En effet, la
crise économique globale suscitée par la fusion d’hypothèques de Subprimes des USA ne
serait pas produite si les principes islamiques étaient appliqués sur les marchés financiers
internationaux. Si de telles transactions suivaient le modèle islamique de la finance, il aurait
pu facilement empêcher et stabiliser la crise financière mondiale.
C’est pourquoi aujourd’hui beaucoup de penseurs de la finance préconisent le recours à la
C

finance islamique qui pourrait offrir une réelle alternative à l’actuelle économie de marché, ou
ES

au moins y être bien intégrée en tant que complément indispensable au secteur bancaire
conventionnel tombé en discrédit. Mais pour que la finance islamique décolle et joue un rôle
AG

plus important, surtout en Occident, en Afrique et au Moyen-Orient, il faut que les


-B

responsables politiques franchisent des obstacles énormes surtout dans le domaine


réglementaire.
IB
LI

1.1.2. Le cadre légal de la finance islamique


O

Afin de comprendre les particularités de la finance islamique par rapport à la finance


TH

conventionnelle, il est nécessaire de connaitre ses fondements. Par finance islamique on


EQ

entend toute provision de ressources financières gouvernée par la Charia. La loi islamique ou
Charia est la justification et la base permettant la distinction entre les deux systèmes
U

précédemment cités. On peut aussi se référer à la distinction faite par Lila GUERMAS-
E

SAYEGH pour faire leur différenciation sous un angle professionnel ou technique «La
première différence entre banques islamiques et banques conventionnelles réside dans leur
bilan. En effet, les banques islamiques excluent les actifs toxiques, considérés comme des
produits à taux fortement spéculatifs, donc interdits. Elles ignorent également les titres portant
sur des sociétés à fort levier d’endettement ou qui utilisent des produits illicites. De plus, les
banques islamiques disposent de portefeuilles d’investissement constitués d’actifs financiers
tous conformes et de portefeuilles de placement (trading book) réduits au minimum. Enfin, au
passif, les banques islamiques commercialisent des comptes de partage des profits et des
pertes (CPPP, en anglais Profit-Sharing Investment Accounts) qui autorisent les déposants à

11
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

partager les rendements que ces banques extraient des différentes classes d’actifs qu’elles
gèrent. Ces comptes sont par définition des dépôts à terme à rendements variables ; ils ne sont
pas garantis en principal et sont structurés sur la base de contrats de moudarabah 4».
La Charia est scindée en deux parties : d’une part, la Charia ibadat qui concerne le culte et
tout ce qui s’y réfère (la prière, le jeûne, le pèlerinage à la Mecque, etc.) et d’autre part, la
Charia Mu’amala qui régit les interactions humaines (le mariage, les infractions pénales, les
transactions financières). De son aspect pratique, la Charia est relayée par les jurisprudences
appelées al Fiqh. Elle est extraite de quatre sources essentielles à savoir : le Coran, la Sunna,
l’Al-Ijmaa et l’Al-Qiyass (IIRF, 2000). La première, le Coran, transcrit la parole d’Allah et
représente la base juridique du droit musulman. Il réglemente la vie et les pratiques des
croyants. La deuxième, la Sunna, représente avec le Coran, les deux sources majeures du droit
C

islamique. Elle est l’ensemble des paroles et actes du Prophète (PSL) ainsi que son
ES

approbation des actions ou pratiques d’autrui. Ses dires ont été recueillis par voie de
transmission et sont appelés des hadiths. La troisième, Al Ijmaa, traduit le consensus des
AG

théologiens musulmans sur un sujet donné. Tant quelle ne contredit pas les précédentes
-B

sources de lois islamiques, elle est considérée comme légitime. La dernière est l’Al-Qiyass et
signifie le raisonnement par analogie. Elle extrait des deux sources principales (Coran et
IB

Sunna), des actes déroulés dans le passé et étant applicables par analogie aux faits présents.
LI

Ainsi de l’application de la Charia résultent une organisation et une réglementation


O

spécifique. L’islam est fondé sur trois éléments essentiels : la Aquida (qui correspond à la
TH

foi), l’akhlaq (la morale et l’éthique) et la Charia (qui décrit les pratiques de la religion). Le
EQ

schéma suivant résume les fondamentaux de l’islam et la place réservée au commerce et à la


finance.
U
E

4
Lila GUERMAS-SAYEGH « LA RELIGION DANS LES AFFAIRES ».
12
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Figure 1: Les fondamentaux de l’islam

ISLAM

Aquida : Dogme Charia : Législation Akhlaq : Morale


et éthique
C

Ibadah : Acte d’adoration Mu’amala : Relation avec les autres


ES
AG
-B
IB

Activités politiques Activités économiques Activités sociales


LI
O
TH
EQ

Autres activités Activités bancaires et


économiques financières
U
E

Source: Brian Kettel, 2002

Les banques islamiques sont généralement constituées sous forme de sociétés anonymes avec
un capital variable, mais souvent très élevé, souscrit à la majorité des membres fondateurs ou
par les actionnaires généralement de religion musulmane et enregistré dans un document
signé, dénommé Acte constitutif. Un cas plus connu en Afrique est celui de Dar Al Maal Al
Islami (DMI). Il s’agit d’un trust régi par les lois du Commonwealth des Bahamas et
bénéficiant des avantages fiscaux accordés par cet Etat. Ce trust est administré par un conseil
de surveillance de 18 membres élus pour six ans par les porteurs de certificats de
participation. Ses affaires sont gérées, sous la direction du Conseil de surveillance, par DMI
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NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

S.A, société anonyme régie par les lois du canton de Genève en Suisse où lui sont assurées les
meilleures garanties de sécurité et les plus grandes facilités de fonctionnement.

1.2. Principes de la finance islamique 5

Dans la religion musulmane, l’aspect temporel de l’activité humaine est régi par les règles de
la Charia. L’activité économique du musulman, au même titre que ses activités politiques et
sociales, doivent être conformes à ces normes. Au lieu d'une simple relation prêteur-
emprunteur, le système financier islamique repose sur un partage plus équitable du risque
entre le prêteur et le propriétaire d'entreprise 6. Cette pratique découle de cinq piliers
principaux sur lesquels se base le modèle financier islamique : il s'agit de l'interdiction du
Riba (intérêts financiers) dans les transactions financières quelles qu’elles soient, l'interdiction
C

du Gharar (incertitude dans les termes contractuels) et du Maysir (hasard ou spéculation), la


ES

prohibition des secteurs illicites en islam (alcool, porc, cigarettes…) l’encouragement de


partage des profits et des pertes et le principe d'adossement des investissements à des actifs
AG

tangibles font également partie des principes qui doivent être respectés.
-B

1.2.1. Interdiction du Riba


IB

Une conséquence immédiate de la vision Islamique sur le partage des risques est l’interdiction
LI

de la Riba. Ce terme vient du verbe « Raba » qui signifie « augmenter ». Il désigne donc une
O

augmentation de la valeur et correspond à deux notions bien distinctes dans la terminologie de


TH

la Finance Occidentale : l’usure et le taux d’intérêt. De toutes les religions monothéistes,


EQ

l’Islam est la seule à avoir gardé la prohibition de l’intérêt. Le Coran interdit explicitement, à
plusieurs reprises, la pratique de la Riba : «…Ô les croyants ! Craignez Allah, renoncez au
U
E

reliquat de l’intérêt usuraire, si vous êtes croyants (…). Si vous ne le faites pas attendez-vous
à la guerre de la part d’Allah et de son Prophète » 7. En fait cette interdiction n’est pas née
avec l’Islam mais remonte au culte juif dont des passages du Deutéronome et de l’Exode 8
mentionnent qu’un juif ne peut prêter avec intérêt qu’à un non-juif « De l’étranger tu peux
exiger un intérêt mais de ton frère tu n’en exigeras point afin que l’Eternel, ton Dieu, te

5
IIRF (2000), La philosophie de la Charia et la portée de sa contribution à la science juridique contemporaine.
6
Haque Zia U. (1980), "Riba, Interest and Profit" Pakistan Economist, V20 / 21 / 22, Karachi
7
Coran, Sourate 2, Versets 275-281
8
Deutéronome : Livre Sacré du Judaïsme

14
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

bénisse dans tout ce que tu entreprendras dans le pays où tu vas entrer pour prendre
possession ». « Si tu prête de l’argent à mon peuple, au pauvre qui est avec toi, tu ne te
comporteras point avec lui en usurier ; vous ne mettez point sur lui d’usure » (Moïse).
L’application de cette prohibition uniquement au sein de la communauté juive permit aux
Israélites de prospérer en développant des activités de crédit jusqu’au 16ème siècle, période qui
coïncide avec l’arrivée de penseurs pro-intérêt comme Calvin 9. La religion Chrétienne, à
travers le Nouveau Testament interdit aussi l’intérêt, mais cette fois de manière implicite : «
Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir, quel crédit est ce cela pour vous ? Même les
pêcheurs prêtent pour qu’ils puissent recevoir en retour un montant égal. Mais aime tes
ennemis et fait le bien et prête, sans ne désespérer personne… »; Ce n’est qu’en 1515 que la
religion catholique autorise l’intérêt avec l’arrivée de réformateurs comme Calvin qui
C

autorisent l’intérêt, sans toutefois permettre l’usure. Si aujourd’hui, dans les sociétés
ES

occidentales, la première est condamnée, le second est accepté. En revanche, la philosophie


musulmane condamne tout taux d’intérêt, qu’il soit usuraire ou non. La perception d’une
AG

rémunération fixe sur un prêt, fonction uniquement de l’écoulement du temps et


-B

complètement déconnectée de la rentabilité réelle du projet d’investissement sous-jacent, est


contraire à l’éthique musulmane, car considérée comme socialement destructrice. C’est ainsi
IB

que certains économistes islamiques avancent l’idée qu’un système financier basé sur la
LI

prohibition de la Riba, aurait pu éviter certains des plus grandes désastres financiers des
O

cinquante dernières années. Dans la crise de la dette des pays émergents, ou dans l’explosion
TH

de l’endettement des ménages dans les pays anglo-saxons ou encore dans la crise des
EQ

subprimes qui ont mis à nu les limites du système bancaire classique, une partie au moins de
la responsabilité revient aux banques qui ont attribué des crédits facilement et sans beaucoup
U

de discernement. Dans un système financier pratiquant le partage des profits et des risques,
E

une telle situation ne pourrait se produire, car les investisseurs ont une forte incitation à mieux
contrôler le déroulement du projet d’investissement. Mais là l’interdiction de la Riba soulève
des questions relatives à l’intérêt prohibé mais aussi l’incertitude des ventes et de la
spéculation.

9
Jean Calvin de son vrai nom Jehan Calvin (Noyon, Picardie, 10 juillet 1509- Genève, 27 mai 1564) est un
homme de lettres français, théologien protestant, polémiste et chef religieux

15
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

1.2.2. Interdiction de l’incertitude des ventes et de la spéculation

Le terme Gharar signifie littéralement « incertitude, hasard » et sa prohibition sous-tend le


principe suivant : un musulman doit tout faire pour qu’il ne résulte de ses actes aucun conflit
ni aucune tension.
C’est la raison pour laquelle il ne doit effectuer de bay’oul Gharar (achat avec incertitude)
dont la transaction englobe une part non négligeable d’ambiguïté, d’incertitude et de hasard
sur les caractéristiques du bien échangé et les termes du contrat de manière général. Selon
KARICH (2002 : 44), la source de cette prohibition découle du hadith suivant : « Le prophète
(PSL) a interdit l’achat d’un animal non né dans la matrice de sa mère, la vente du lait dans
les mamelles sans mesure, l’achat du butin de guerre avant sa distribution, l’achat des dons
de charité avant leur réception et l’achat de ce qu’a récolté un pêcheur avant sa pêche ».
C
ES

Le terme Maysir signifie jeu de hasard et sa prohibition découle du verset du Coran suivant : «
Ô vous qui croyez, l’alcool, le jeu de hasard, les pierres dressées et les flèches divinatoires ne
AG

sont qu’impureté, relevant du fait du diable. Préservez-vous en, afin de réussir. Le diable ne
veut, par le biais de l’alcool et du jeu de hasard, que de jeter l’inimitié et la haine entre vous et
-B

vous détourner du souvenir de Dieu et de la prière (…) ». Dans la finance conventionnelle,


IB

certaines transactions sont manifestement empreintes d’incertitudes et leurs espérances de


LI

rendements sont souvent spéculatives. Les économistes, y compris les économistes


O

islamiques, sans ignorer l’utilité de la spéculation, prise dans ses principes de base, pour la
TH

stabilisation de n’importe quel marché, attirent l’attention sur les dangers des spéculateurs
professionnels qui s’intéressent plus à la prévision du prochain changement de l’opinion
EQ

boursière qu’à l’estimation rationnelle du rendement futur des capitaux. L’interdiction de la


U

spéculation a trait à la condamnation du Gharar par l’éthique musulmane. La notion de Gharar


E

se rapporte à tout échange dans lequel il y a un (des) élément(s) de déception soit à cause de
l’ignorance sur les biens ou les prix, soit à cause d’une fausse description des bien. Cela
comprend donc les échanges de marchandises que le vendeur n’est pas en position de livrer
mais aussi les contrats qui dépendent d’un événement imprévisible. L’objet de l’échange ne
doit pas nécessairement exister au moment de la signature de contrat (ainsi la vente à terme,
en tant que telle, n’est pas condamnée). La transaction est en conflit avec les principes de la
Charia uniquement si les termes de l’échange sont conditionnels à un événement futur
incertain, hors de contrôle des parties prenantes. La Charia encourage la prise du risque mais
elle interdit l’incertitude dans les termes d’une relation contractuelle. Un autre volet important

16
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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

de la pensée économique musulmane concerne les interdictions des investissements illicites


que nous proposons d’expliquer dans la prochaine partie.

1.2.3. Interdiction des investissements illicites (haram)

La Charia interdit à tout musulman de traiter des biens jugés illicites ou Haram. En effet, il
existe des exigences quant à la nature de l'activité dans laquelle un investissement demeure
conforme aux impératifs moraux et religieux tels que dictés par l'Islam. Ainsi, les jeux de
hasard, les activités en relation avec l'alcool, avec l'élevage porcin ou encore avec l'armement,
avec l’industrie cinématographique suscitant ou suggérant la débauche et les activités liées à
la pornographie en particulier constituent des secteurs d'investissement prohibés dans l'Islam.
On retrouve ce principe d'exclusion dans la finance éthique en faveur du développement
C

durable et dans l'investissement socialement responsable.


ES

1.2.4. Principe de partage des risques et profits ou partage des pertes et profits
AG

(3P)
-B

La finance islamique est souvent qualifiée de « participative », à partir du fonctionnement des


contrats de participation. Elle a mis en place un système basé sur le Partage des Pertes et des
IB

Profits (appelé communément le principe des « 3P ») notamment dans le cadre des contrats de
LI

partenariat. Ce système permet d'associer le capital financier au capital humain, et exige que
O

la rémunération doive être fixée sous forme d’une proportion du bénéfice à la signature du
TH

contrat. Ainsi le client d'une banque islamique qui détient un compte d’investissement a
EQ

pratiquement un statut d'actionnaire dans les investissements liés à ses contrats et son revenu
prend la forme de dividende. C'est dans ce sens que la finance islamique est considérée
U
E

comme étant liée au capital-risque et au private equity.

L’économie islamique comporte d’autres principes qui influencent largement sur la finance
islamique (CHAPRA, 1996). Il s’git de la thésaurisation, da la zakat et de la valeur.

La thésaurisation

« La thésaurisation est le fait d’amasser et de conserver son argent sans le faire circuler ni
fructifier, c’est aussi le conserver sans objectif précis 10 ». Il est important de faire la

10
http://www.aidimm.com/glossaire/t/thesaurisation_38.html, consulté le 24 septembre 2013

17
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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

distinction entre épargne et thésaurisation. Cette dernière notion induit l’idée de non-
productivité du capital. Par exemple un compte d’épargne ne générant pas d’intérêt n’est pas
une forme de thésaurisation car ce capital est utilisé par la banque à des fins productives
(Gaillard et Tullier, 1965). Le Coran prohibe la thésaurisation car dans l’islam l’argent ne doit
pas constituer une source de puissance. De plus, si un croyant musulman thésaurise ses avoirs
cela signifie dans cette religion, qu’il ne participe qu’à son enrichissement personnel et ne fait
pas profiter l’économie en général. Le passage du Coran ci-dessous condamne
rigoureusement cet acte. « Ô vous qui croyez! Beaucoup de rabbins et des moines dévorent,
les biens des gens illégalement et [leur] obstruent le sentier d’Allah. A ceux qui thésaurisent
l’or et l’argent et ne les dépensent pas dans le sentier d’Allah, annonce un châtiment
douloureux. Le jour où (ces trésors) seront portés à l’incandescents dans feu de l’Enfer et
C

qu’ils en seront cautérisés, front, flancs et dos : voici ce que vous avez thésaurisé pour vous-
ES

mêmes. Goûter ce que vous thésaurisiez». 11 Il est évident que cette contrainte encourage
AG

l’investissement, cependant, elle oblige les institutions financières islamiques à ne pas


conserver trop de liquidités durant une longue période. Un autre volet important de la pensée
-B

économique musulmane concerne la Zakat (impôt religieux) que nous proposons d’expliquer
dans la prochaine partie.
IB
LI

L’obligation de la Zakat
O

La Zakat communément appelée « l’aumône légale » 12 est un impôt religieux annuel que
TH

chaque musulman a l’obligation de régler pour autant qu’il en ait les moyens. Ce devoir fait
EQ

partie des cinq piliers de l’Islam et est effectué afin d’aider les plus démunis, permettent
d’équilibrer les richesses. Une banque islamique a donc la nécessité de créer une caisse de la
U

Zakat mais ceci est fait sous l’aval des actionnaires. Le montant à payer est connu et
E

représente 2,5% des actifs circulant nets. Cet impôt est aussi prélevé sur le bétail, les
marchandises, les minéraux extraits du sol et enfin les fruits et les céréales. De plus, il est à
noter que certaines institutions financières islamiques (IFI) réalisent des transactions portant
intérêts. Par exemple une entreprise opérant dans un secteur licite fait une transaction avec
une banque moyennant des intérêts (Riba). Les dirigeants de l’entreprise doivent enlever cette
Riba réalisée avec la banque dans son chiffre d’affaire. Pour cela les IFI purifient les profits

11
Sourate le repentir, verset 34-35
12
La zakat est levée au taux, en général, de 2,5 % sur la richesse et l’.accroissement de cette dernière, soit
l’épargne, c’est-à-dire à l’exclusion du revenu affecté à la consommation. Pour plus de détails, on consultera Al-
Sheikh (1994).
18
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

provenant d’activités illicites en les transférant au compte de charité (Standards & Poors,
2007 : 6).

Ratio de purification = Revenus provenant d’activités illicites ̸ Total des revenus

Pour une meilleure conformité aux règles, les banques islamiques mettent en place un
mécanisme de contrôle. Il s’agit d’un Conseil de Conformité Charia qui veille à ce que les
institutions financières islamiques offrent des produits islamiques conformes à la Charia. Le
Conseils est composé de docteurs en religion islamique qui ont tous une compétence avancée
en Fiqh (Pratiques quotidiennes), finance et/ou économie.

Selon l'institution financière, les membres des comités peuvent ne pas être permanents, et se
C

réunissent périodiquement, afin d'examiner la conformité des produits et des processus. Il est
ES

fréquent que des oulémas siègent aux Sharia Boards de multiples institutions, et certains
AG

juristes de renommée internationale font partie de plus d'une quinzaine de comités.


-B

La valeur temps
IB

L’interprétation de l’intérêt comme une relation d’échange entre le temps et l’argent a jeté
LI

dans certains esprits du doute quant à la légitimité de reconnaitre au temps une valeur
O

économique dans le cadre des règles de la Charia.


TH

En fait l’Islam n’ignore point l’existence d’une valeur économique du temps et reconnait la
EQ

tendance innée des humains à préférer le présent sur le futur et l’argent comptant sur les
créances.
U
E

Effectivement, cet état de fait est approuvé par la grande majorité des jurisconsultes
(SAADALLAH, 1996, p.18) qui autorise la vente à crédit avec majoration du prix des
produits financiers tels que la Mourabaha par exemple. Cette reconnaissance qui est explicite
dans le cas de la vente à crédit ne l’est pas pour le prêt puisque les jurisconsultes le
considèrent comme un contrat de bénévolat. Or le bénévolat n’aurait de sens que si une
somme portée aujourd’hui n’avait pas la même valeur que la somme restituée à une date
ultérieure.

La valeur du temps est donc bien reconnue. Mais il reste à comprendre pourquoi la finance
islamique n’admet pas pour autant le prêt à intérêt.

19
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Selon la religion musulmane, le prêt a une connotation sociale. Le riche prête aux plus
démunis car ceux-ci n’auraient pas demandé un crédit s’ils avaient eu les moyens de
s’autofinancer. On prête donc par altruisme et selon la religion musulmane on ne saurait
prélever un quelconque intérêt d’une activité charitable. D’autres explications sont données
par les jurisconsultes.

Selon eux sur le plan micro-économique la différence entre le prêt à intérêt et la vente à crédit
est subtile et beaucoup d’esprits trouvent de la peine à la saisir. Pourtant la différence existe
bien. Le prêt à intérêt est injuste parce qu’il n’y a pas d’équivalence entre l’intérêt que reçoit
le prêteur et le coût d’opportunité qu’il supporterait à cause du prêt qu’il accorde.

En effet, l’intérêt perçu est certain, garanti et d’un montant connu (ex-ante ou ex-post peu
C

importe) alors que de l’autre coté, le sacrifice par le prêteur du bénéfice qu’il aurait tiré de
ES

l’investissement de l’équivalent du prêt est seulement probable et, quand bien même il se
AG

réaliserait, son montant est inconnu à priori. Par contre la vente à crédit est exempte d’une
telle injustice. Dans cette transaction, le temps ne fait pas l’objet d’un échange indépendant ;
-B

il est corollaire de l’objet vendu. Sa présence influe sur les déterminations du prix mais n’a
pas droit à une rémunération séparée. En fin la vente à crédit porte d’un coté sur l’objet vendu
IB

associé au temps et de l’autre coté sur un prix intégrant une rémunération du temps.
LI
O

Sur le plan macro-économique la prohibition de l’intérêt et la licéité de la vente à crédit


TH

contribuent ensemble à façonner un système financier stable et moins vulnérable aux effets
pervers de la spéculation. Ainsi le système islamique est basé sur la solidarité sociale et les
EQ

modes de financement permis sont fondés soit sur la vente à crédit soit sur la participation aux
U

résultats des affaires dans lesquelles le capital est investi.12 Pour mieux comprendre cette
E

participation, nous allons étudier la notion de partage de partage des risques (ou pertes) et des
profits.

Conclusion

Au cours de ce chapitre nous avons abordé les différents aspects de la finance islamique
notamment son origine et le cadre légal. A cela s’ajoute l’analyse des différents principes qui
sous-tendent ladite finance. La FI repose donc sur des fondements solides ; ce qui nous
amènera à voir dans le chapitre suivant ses différents techniques de financement.

20
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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

CHAPITRE 2 : PRINCIPAUX MECANISMES UTILISES PAR LA


FINANCE ISLAMIQUE

En finance islamique, l’ensemble des modes de financement se font sans l’intervention d’un
paiement d’intérêt. Les opérations de cette finance portent d’une manière générale sur des
opérations d’investissement, d’achat de marchandises, de services ou d’actifs immobilisés.
Dans ce chapitre nous essayerons de traiter dans un premier temps les techniques de
financements participatives ensuite les contrats de financement basés sur le principe du coût
plus et enfin les autres produits financiers islamiques.

2.1. Techniques de financement participatives


C

La Finance Islamique préconise l’utilisation de techniques de financement participatives. En


ES

pratique, les instruments de financement, comme la mourabaha, sont privilégiés par les
AG

acteurs : la mourabaha représente près de 60% des activités financières islamiques, alors que
les deux principaux instruments participatifs (la moudarabah et la moucharakah) en
-B

représentent moins de 20%. Ainsi la mourabaha porte théoriquement plusieurs modèles de


IB

financement qui ne pourront pas être tous listés mais nous essayerons de nous limiter aux
principaux modes de financement utilisés par les banques islamiques.
LI
O

Figure 2 : Répartitions des actifs islamiques selon le type de produit


TH

re.jpg
EQ
U
E

Source : Association d’Economie Financière, 2005

21
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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

2.1.1. Moudarabah : le partenariat passif

Cette opération met en relation un investisseur (Rab el Mal) qui fournit le capital (financier ou
autre) et un entrepreneur (Moudarib) qui fournit son expertise. Dans cette structure financière,
proche de l’organisation de la société en commandite en France, la responsabilité de la gestion
de l’activité repose entièrement sur l’entrepreneur. Les bénéfices engrangés sont partagés
entre les deux parties prenantes selon une répartition convenue à l’avance après que
l’investisseur a recouvré son capital et que les frais de gestion de l’entrepreneur ont été
acquittés. En cas de perte, c’est l’investisseur qui en assume l’intégralité, l’entrepreneur ne
perdant que sa rémunération.

Les projets d’investissement qui bénéficient des financements moudarabah doivent, par
C

ailleurs, remplir certaines conditions. Ils ne doivent pas avoir trait à des activités illicites
ES

(alcool, jeu du hasard, etc.). Mais en plus, la loi islamique interdisant toute activité qui se
rapporte, de près ou de loin, au Riba, l’investissement dans une société qui utilise activement,
AG

paie ou perçoit des intérêts 13 ne devrait pas être acceptable selon la plus stricte interprétation
-B

de la Charia.
IB

Une variante de la moudarabah, la moudarabah à deux volets « moudarabah two tiers »,


LI

permet aux banques islamiques de jouer un rôle d’intermédiation proche de celui des banques
O

conventionnelles. Dans cette structure, la banque joue simultanément le rôle d’investisseur et


TH

d’entrepreneur. Du côté du passif, en tant que moudarib, elle gère des dépôts qui lui sont
confiés par ces clients. Du côté de l’actif, elle met les fonds ainsi collectés à la disposition
EQ

d’autres investisseurs. Instrument financier prisé par les institutions bancaires, les contrats
U

financiers basés sur la moudarabah ont néanmoins un coût de gestion plus élevé que leurs
E

équivalents conventionnels. Ils impliquent également une répartition différente des risques
entre les différentes parties prenantes et nécessitent donc une approche spécifique en matière
de gestion de risque. Cependant, l’utilisation de la moudarabah peut également présenter
certains avantages par rapport aux instruments financiers à taux fixe (comme le dépôt
bancaire ou le contrat de dette classique). Dans ce type de contrat financier, la rémunération
de l’emprunteur dépend directement du rendement de son projet d’investissement, ce qui

13
C’est-à-dire toute société qui soit endettée et paie des intérêts, soit a placé sa trésorerie dans des instruments de
taux.

22
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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

l’incite à gérer au mieux les fonds qui lui sont confiés. Il contient donc un mécanisme de
contrôle interne qui permet de réduire les coûts d’agence pour l’investisseur final. Par ailleurs,
en théorie, les produits financiers basés sur la moudarabah mettent l’accent non pas sur la
solvabilité globale de l’emprunteur mais sur le potentiel économique (la rentabilité) du projet
d’investissement concerné.

Ils paraissent donc particulièrement adaptés au financement des petites entreprises innovantes
(notamment dans le domaine de l’immatériel), car, si la solidité financière est souvent
positivement corrélée avec la taille de l’entreprise, la rentabilité ne l’est pas. Dans la pratique,
toutefois, l’introduction de contrats de financement islamiques n’a pas, pour le moment,
significativement augmenté le volume des financements à destination des PME.
C

Des études sur le financement des PME dans certaines économies islamiques montrent que les
ES

financements alloués aux petites entreprises demeurent souvent insuffisants. Une partie de
AG

l’explication de cette contradiction entre théorie et réalité tient au fait qu’il est pratiquement
impossible, dans la pratique, de dissocier la solidité financière d’une entreprise de la viabilité
-B

d’un projet d’investissement individuel que cette entreprise développe.


IB

Figure 3 : Principe de fonctionnement de la Moudarabah


LI
O
TH
EQ
U
E

Source : Paris Europlace, rapport Jouini et Pastré 2010

(1) Part des bénéfices en cas de profit ; sinon rien.


(2) Part des bénéfices en cas de profit ; en cas de perte, l'investisseur assume
l'intégralité des pertes.

23
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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

2.1.2. Moucharakah : le partenariat actif

Dans cette opération, deux partenaires investissent ensemble dans un projet et s'en partagent
les bénéfices en fonction du capital investi. En cas de perte, celle-ci est supportée par les deux
parties au prorata du capital investi. La nature de cette opération s’apparente finalement à une
joint-venture ou au concept de tour de table avec des industriels et financiers. Ici la banque
peut fournir le fonds de roulement.

Figure 4: Principe de fonctionnement de la Moucharakah


C
ES
AG
-B
IB
LI

Source : Paris Europlace, rapport Jouini et Pastré 2010


O

Il n'y a pas une forme unique de moucharakah. La loi islamique ne prévoit pas en détail toutes
TH

les modalités de cette opération mais en précise uniquement les grands principes. Il existe
EQ

donc des formes diverses de moucharakah qui peuvent être regroupées dans deux catégories :
U

2.1.3. Mouwfadah
E

Dans cette forme de financement, toutes les parties prenantes à l’association ont la même
contribution initiale, jouissent des mêmes privilèges, et reçoivent la même part dans les profits
et ou perte.

2.1.4. Inna

La contribution initiale des associés est différente, leurs droits et leur part dans le bénéfice
sont également différents, proportionnels ou non à leur participation initiale. Une forme
intéressante de la moucharakah est la moucharakah dégressive. C’est une opération ou la part
de l’un des associés dans l’association est progressivement rattachée par les autres associés.

24
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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Les modalités du rachat de la part du premier associé correspondent économiquement au


remboursement et au paiement des intérêts au préteur. Là on se rapproche de la titrisation ou
du portage.

2.2. Les instruments de financement

La loi islamique n’autorise pas l’application des mécanismes du contrat de dette classique.
Toutefois il existe en finance islamique, des instruments dont le fonctionnement se rapproche
de celui des mécanismes du crédit bancaire traditionnels. Leurs spécificités est que leur
structure, d’une part prévoit une répartition différente des risques et d’autre part, exclut
l’utilisation d’un taux d’intérêt comme moyen de rémunération. Dans cette section, nous
allons présenter les contrats de financement islamique basés sur le principe du coût plus
C

marge.
ES

2.2.1. Les contrats financement basés sur le principe du coût plus marge
AG

Il y a théoriquement un grand nombre des modes de financement islamiques. Nous nous


-B

tenterons de décrire les principaux modes utilisés par les banques islamiques. Mais en ne
perdant pas de vue que la porte reste ouverte pour le développement de nouvelles formules de
IB

financement pourvu qu’elles soient conformes aux règles de la Sharia.


LI
O

2.2.1.1. Mourabaha : financement bancaire avec bénéfice


TH

Cette transaction suppose que le créancier (la banque) achète un actif donné pour son propre
EQ

compte d’abord. Par la suite, le créancier revend cet actif au débiteur (client) moyennant un
(des) paiement(s) (échelonnés ou non sur une période donnée) à un prix convenu d’avance
U

entre les deux. Certains spécialistes contestent le caractère islamique des opérations de
E

Mourabaha. Car, en substance, ce produit financier se rapproche singulièrement d’un contrat


de dette classique. Même si cette opération rappelle singulièrement un contrat de dette
classique, elle s’en distingue, néanmoins, sur quelques points essentiels. Premièrement, la
banque est, au début, propriétaire effectif de l’actif sous-jacent (l’opération est réellement
adossée à un actif réel). Il ne s’agit donc pas d’un prêt, mais d’une opération de vente à crédit.
Par ailleurs, dans cette opération, la banque supporte donc les risques liés à la détention de
l’actif. Deuxièmement, il n’y a pas de référence explicite à un taux d’intérêt. Le créancier se
rémunère par le biais d’une commission (majoration du prix d’achat du bien). La
rémunération du créancier ne compense pas l’utilisation de l’argent mais correspond plutôt à

25
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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

la rémunération du service rendu par la banque. Enfin, le montant de la marge bénéficiaire ne


varie pas dans le temps: il est fixé au préalable et ne varie pas durant la durée du délai de
paiement accordé.

Figure 5 : Principe de fonctionnement de la Mourabaha


C
ES
AG

Source : Paris Europlace, rapport Jouini et Pastré 2010


-B

La Mourabaha est un instrument financier très flexible et facilement adaptable. Elle est à la
IB

base d’une grande variété de montages financiers islamiques, allant du financement


LI

immobilier au financement de projets. Traditionnellement, la Mourabaha a été utilisée pour le


O

financement du commerce. Aujourd’hui, on la retrouve dans des structures financières


TH

complexes, bien loin de son utilisation d’origine. Ainsi, est-elle utilisée par les banques
islamiques pour placer leur trésorerie dans des instruments liquides à court terme, équivalents
EQ

islamiques des créances interbancaires.


U
E

26
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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Tableau 1 : comparaison des financements par Mourabaha et crédit portant intérêt

Eléments Crédit sans intérêt Mourabaha


Relation clients- Relation débiteur- Relation acheteur vendeur
banque créancier
But de l’opération Peu importe l’objet Elément important
Objet de la Crédit d’argent liquide Existence d’un équipement ou d’une
relation clients – pour la plupart sauf marchandise en possession de la banque
banque financement à
destination connue
Rendement de la Intérêt fixé en fonction Marge fixé en commun et la conjoncture est
C

banque du montant et de sa prise en compte dans la fixation de la marge


ES

durée
Retard ou non Des intérêts de retard Deux cas de non-paiement :
AG

paiement à terme s’ajoutent à la dette


 En cas de force majeur (déconfiture,
échu
-B

faillite). Il faut accorder un délai au


IB

débiteur qui se trouve dans la gêne ;


LI

 Mauvaise volonté. La banque mettra


O

toit en œuvre pour faire respecter ses


TH

droits
EQ

Garanties Elément fondamental Garanties exigées en fonction de la capacité


du client. La moralité du client est
U
E

déterminante

Source : Mabib & Iqual, 2001

2.2.1.2. Salam : financement avec livraison à terme

La vente al-Salam est une vente à terme, c’est-à-dire une opération où le paiement se fait au
comptant alors que la livraison se fait dans le futur.

27
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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Figure 6 : contrat de Salam

Source : Sharia-finance.lu
ES

La finance islamique interdit, en principe, la vente d’un bien non-existant car celle-ci
AG

implique le hasard (Gharar). Mais, pour faciliter certaines opérations, notamment dans
l’agriculture, des exceptions ont été accordées. Le contrat de Salam est actuellement utilisé
-B

pour remplacer les produits dérivés, tels que les contrats à terme ou les options, qui ne sont
IB

pas transposables en l’état dans la Finance Islamique étant donné qu’ils contiennent des
LI

éléments de Gharar. La différence entre ces derniers et le Salam consiste dans l’articulation
O

des opérations paiement-livraison : dans un contrat à terme, rien n’est échangé avant
TH

l’expiration du contrat, alors que dans un contrat Salam le paiement est effectué au moment
EQ

de la signature du contrat.
U

2.2.1.3. Istisna’a : financement d’un actif à construire


E

Les écoles juridiques Hanafites et Malikites considèrent le contrat de l'istisna’a comme une
forme particulière du contrat as-salam. L'istisna’a se définit comme étant un arrangement
entre deux parties, demandeur et un fabricant, où le premier s'engage à acquérir auprès du
second un produit déterminé. A la différence du salam, l'acheteur n'est pas tenu de s'acquitter
de la totalité du montant au moment de la signature du contrat. En fait, le contrat peut ne pas
porter sur une quantité déterminée pour une période déterminée. Le paiement se fait par
tranche pendant la période du contrat sans date précise. De ce fait, le contrat de l'istisna’a est
moins contraignant que celui du Salam. Il se différencie de ce dernier par:

la non exigence du paiement intégral du prix au moment de la signature du contrat.

28
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la non exigence de la fixation de l'échéance du contrat14

Figure 7 : contrat d’Istisna’a

C
ES

Source : Sharia-finance.lu
AG

2.2.1.4. Bay’ Muajjal

Le Bay’ Muajjal est une vente dont le paiement se fait de la manière différée, alors que la
-B

livraison est immédiate. La date du paiement ainsi que le prix sont connus et acceptés à
IB

l’initiation du contrat par les deux parties. Ce produit financier correspond à une vente à
LI

crédit. C’est l’opposé du contrat vu précédemment.


O
TH

2.2.1.5. Ijara : contrat de location (leasing)

L'Ijara est un mode de financement à moyen terme par lequel la banque achète des machines
EQ

et des équipements puis en transfère l'usufruit au bénéficiaire pour une période durant laquelle
U

elle conserve le titre de propriété de ces biens. L'Ijara est l'équivalent du contrat crédit-bail.
E

Toutefois, il y a quelques différences qu'il convient de souligner. Ce qui le diffère du crédit-


bail, c'est l'absence de pénalité en cas de non-paiement mensuel ou en cas de retard car les
pénalités qui surviendraient pour ces motifs seraient considérées comme des intérêts, or la
finance islamique réfute ce procédé. Les conditions de contrat sont prédéfinies, en cas de
modification d'une des conditions, même avec l'accord des deux parties, un nouveau contrat
doit être réalisé avec les nouvelles conditions.

14
Wahbah al-Zuhayly, op.cit p 631

29
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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Figure 8 : Principe de fonctionnement de l’Ijara

Source : Paris Europlace, rapport Jouini et Pastré 2010


C

Si l’Ijara est très proche, dans la forma et dans l’esprit, d’un contrat de crédit-bail, il y a
ES

cependant quelques différences, certes de détail, mais importantes :


AG

• dans un crédit-bail, en cas de retard dans les paiements, le contrat prévoit des pénalités
sous forme de pourcentage de la somme due. Cette condition est inapplicable dans un
-B

contrat islamique, pour deux raisons au moins. D’abord, parce que la pénalité fixe est
IB

assimilable à un taux d’intérêt. Mais aussi, parce que la philosophie musulmane


LI

réprouve toute provision dans un contrat financier qui pénalise un débiteur de bonne
O

foi déjà en difficulté ;


TH

• dans un contrat de crédit-bail, il est possible, en cas de besoin, de rééchelonner les


EQ

paiements. Selon la loi islamique, le caractère d’un contrat est sacré et toute
modification des termes contractuels ne peut se faire qu’au travers de la signature d’un
U

nouveau contrat.
E

• dans un contrat d’Ijara, les paiements ne peuvent pas commencer avant que le preneur
ait prie possession du bien en question. A l’opposé, dans un contrat de crédit-bail, les
paiements peuvent commencer à partir du moment où le bailleur achète l’actif sous-
jacent.
• dans un crédit-bail conventionnel, le risque de destruction ou de perte de l’actif peut
être porté par le bailleur ou par le preneur. Dans un contrat d’Ijara, c’est le bailleur qui
continue à avoir la responsabilité du bien, sauf cas de malveillance ou négligence du
preneur.

30
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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

• en cas de disparition de l’actif sous-jacent, certains contrats de crédit-bail prévoient le


maintient des paiements. Cette clause est contraire aux principes islamiques : contrat
financier et actifs sous-jacent sont inextricablement liés ; la disparition du dernier
entraine automatiquement la nullité du premier ;
• dans un contrat d’Ijara, il est possible de déterminer le montant de chaque paiement
non pas préalablement mais à la date où la livraison de l’actif sous-jacent est prévue.
Cette flexibilité rend cet instrument particulièrement utile dans le cas de financement
de projet, une activité où l’incertitude sur la rentabilité future d’un projet
d’investissement peut être importante ;
• enfin, la dernière différence concerne les modalités d’une éventuelle titrisation des
contrats. Contrairement à certains présupposés, cette opération est tout à fait possible
C

en ce qui concerne les contrats islamiques, mais les conditions de sa mise ne œuvre
ES

sont différentes. Dans le cas du crédit-bail, la société peut titriser la créance sans pour
AG

autant perdre la propriété de l’actif sous-jacent. Dans une Ijara, la créance et l’actif
sont indissociables, toute opération de titrisation doit donc porter sur les deux.
-B

2.2.2. Autres produits financiers islamiques


IB

Pour plus développer leur portefeuille d’activité, les banques islamiques restent ouvertes pour
LI

le développement de nouvelles formules de financement pourvu qu’elles soient conformes


O

aux règles de la Charia.


TH

2.2.2.1. Qard-hassan : financement bancaire gracieux


EQ

Le prêt sans intérêt, s’apparente plus à une aide qu’à un crédit commercial. Cette technique
U

est rarement utilisée par des établissements commerciaux. En revanche elle peut être utilisée
E

dans des situations spécifiques (en cas de difficultés d’un individu ou une entreprise, ou
lorsqu’on souhaite favoriser le développement de secteurs naissants). Au cours de ce bref
exposé sur les modes de financement islamiques utilisés par les banques et institutions
financières islamiques, nous avons tenté de présenter ces contrats et montrer leur convenance
et utilité dans les activités bancaires. L’usage par les banques islamiques des modes de
financement qu’on vient de présenter est un signe qu’elles se distinguent des banques
traditionnelles en jouant le rôle d'intermédiaires financiers actifs et cela pour le bien être de
ses usagers. Dans un environnement concurrentiel, les institutions financières islamiques sont
obligées d’utiliser ces instruments qui profitent plus aux clients pour leur fidélisation. De ce

31
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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

fait, dans chacun de ces instruments se trouve des opportunités qui attirent la clientèle mais
une pléthore de défis doit être relevée pour un meilleur usage.

2.2.2.2. Wakala (Agence)

C’est un contrat d’agence incluant généralement des frais d’expertise. Les banques l’utilisent
souvent pour les grands comptes de dépôt : le client possède les capitaux investis, il nomme
une banque comme agent et paye une commission d’expertise pour rémunérer le travail de
gestion des fonds par la banque.

2.2.2.3. L’Arboun

C’est un contrat par lequel son détenteur paie le droit, par un acompte, d’acheter à une date
C

précise un bien spécifique et dont le prix est connu d’avance. En cas de non-exécution du
ES

contrat le vendeur garde le dépôt en compensation. Si la vente est conclue le montant du


AG

contrat est intégré au prix d’achat. L’Arboun est comparable à une option call, car celle-ci
donne le droit mais non l’obligation d’acheter un sous-jacent à un prix et une date déterminée.
-B

Par ailleurs, tout comme un Arboun, l’acheteur d’un call doit la « prime » au vendeur si
l’option n’est pas effectuée.
IB
LI

2.2.2.4. Sukuk
O
TH

Les Sukuk sont des certificats d’instruments islamiques endossés à un actif réel ou à un
investissement dans une firme à travers différents types de structures. Selon l’AAOIFI, il
EQ

existerait quatorze types de sukuk dont seules sept techniques sont couramment utilisées :
U

l’Ijara, le moudarabah, le moucharakah, l’Istisna’a, le mourabaha, le salam et le manfa’a.


E

Elles sont émises pour le compte d’Etat, d’entreprise et des banques par le biais d’une Special
Purpose Vehicle (PVS). Ce dernier effectue une titrisation du sous jacent. Depuis 2004, les
émissions de sukuk ont augmenté à un taux de croissance annuel composé de 45,2% jusqu'à la
fin 2012, de 6,6 milliards de dollars à 131,2 milliards. Malgré une chute de 54,1% en 2008 en
raison de la crise financière mondiale, le rythme de croissance a rebondi à partir de 2009 et
correspond à un taux annuel de 60,1% jusqu'à la fin 2012 (Figure 7).

32
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Figure 9 : Tendance des émissions du Sukuk

C
ES

Source: Bloomberg, IFIS, Zawya, KFH


AG

2.2.2.5. Takaful
-B

La notion Takaful signifie « un ensemble de personnes qui s'assurent mutuellement ». Le


IB

fonctionnement des compagnies d'assurance islamiques - les compagnies Takaful - est donc
proche de celui d'une mutuelle d'assurance, à quelques différences près (cf. Tableau 2).
LI
O
TH
EQ
U
E

33
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Tableau 2 : Comparaison des modèles Takaful, mutuelle et assurance conventionnelle

C
ES
AG
-B
IB
LI
O
TH

Source : CHERIF Karim, 2008


EQ

L'assurance islamique repose sur le principe d'assistance mutuelle volontaire. Elle se distingue
U

De l’assurance dite conventionnelle sur quatre (4) points que sont :


E

• l'assistance mutuelle : les membres d'une compagnie d'assurance Takaful sont à la fois
assureurs (« propriétaires » des fonds gérés par la compagnie) et assurés (bénéficiaires
en cas de sinistre). Tout comme une mutuelle d'assurance, une compagnie Takaful
permet de mutualiser les risques et de repartir les pertes éventuelles entre l'ensemble
des assurés ;
• propriété des fonds gérés : les assurés Takaful apportent les fonds nécessaires à la
couverture des risques futurs, participent aux bénéfices engrangés par la société, mais
sont également tenus à la recapitaliser en cas de pertes. Ils sont donc, de facto, les

34
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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

propriétaires des fonds collectés, la compagnie Takaful jouant le rôle de gestionnaire


et se rémunérant par le bais de commission ;
• absence d'incertitude : afin d'éviter les problèmes de Gharar associés aux contrats
d'assurance conventionnelle, les contrats Takaful ne spécifient pas un bénéfice
monétaire prédéterminé.
• gestion des fonds : comme pour l'ensemble des institutions financières islamiques, les
assureurs islamiques doivent se conformer aux préceptes de la Charia. La composition
de leur portefeuille d'investissements va donc différer de celui d'une société
d'assurance classique. Les grandes compagnies d'assurance conventionnelles
investissent leur capitaux dans des instruments financiers très divers et très
sophistiqués, allant des obligations aux actions et autres produits dérivés. Dans
C

l'allocation d'actifs typique d'une compagnie de Takaful, les actions représentent plus
ES

de la moitié du portefeuille, l'immobilier - au moins un dixième, le solde étant placé


AG

dans des produits plus liquides.

Il n'existe pas, pour le moment, un modèle unique pour structurer les produits d'assurance
-B

islamique. La plupart des sociétés d'assurance Takaful s'organisent selon deux modèles,
IB

Wakala et moudarabah (cf. Figure 10 et 11), la principale différence entre les deux étant le
LI

mode de détermination de la rémunération de l'opérateur Takaful.


O
TH
EQ
U
E

35
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Figure 10 : Modèle Wakala de l'assurance Takaful Underwriting surplus Fonds des


assurés

C
ES
AG

Source : Paris Europlace, rapport Jouini et Pastré 2008


-B

1) Commission de gestion qui peut dépendre, en partie, de la performance de l'opérateur


IB

Takaful
LI

(2) Prime prélevée sur les revenus d'investissement


O
TH

Figure 11 : Modèle Moudarabah de l'assurance Takaful


EQ
U
E

Source : Paris Europlace, rapport Jouini et Pastré 2008

36
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

(1) Cette commission est calculée comme pourcentage des revenus d'investissement et du «
underwriting surplus »

Conclusion

Dans ce chapitre, nous avons eu à parcourir les différentes techniques ou mécanismes de


financement utilisés par les banques islamiques. Nous constatons que les banques islamiques
offrent divers produits à leurs clients. Aussi, il ne faut pas perdre de vue que tous ces produits
sont basés sur la Charia. Nous allons procéder à notre étude méthodologique objet de notre
domaine d’étude.
C
ES
AG
-B
IB
LI
O
TH
EQ
U
E

37
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE DE L’ETUDE

Pour mener à bien notre étude, nous essayerons de cerner notre méthodologie de recherche
qui consiste à mettre en œuvre un procédé, des outils et des techniques de collecte des
données.

Pour cela, nous allons élaborer dans ce chapitre le modèle d’analyse adopté pour l’étude des
enjeux et des opportunités de la finance islamique au Sénégal. Pour y parvenir, il est
préférable d’aborder le modèle théorique d’analyse puis la collecte des données et enfin de
C

procéder à leur analyse


ES

3.1. Modèle théorique d’analyse


AG

Cette phase consiste à l’illustration des moyens que nous avons déployés pour conduire notre
-B

étude à travers le schéma ci après :


IB
LI
O
TH
EQ
U
E

38
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Tableau 3 : Modèle d’analyse

Phases Outils

Prise de connaissance • Observation


du secteur bancaire • Analyse documentaire
Sénégalais

Analyse des résultats de l’étude : il


s’agit dans cette phase de présenter les
données du questionnaire et de recueillir • Questionnaire
C

l’avis des consommateurs par rapport à la • Analyse documentaire


FI à travers la motivation, l’attitude du
ES

consommateur et les caractéristiques


individuelles.
AG
-B
IB

Evaluation des enjeux et des opportunités


LI

de la finance islamique au Sénégal : cette


O

partie nous permettra de d’analyser les enjeux • Entretien


de la finance islamique qui sont assimilés à • Questionnaire
TH

des opportunités et en dernière analyse • Analyse documentaire


relever les défis de cette finance qui tarde à
EQ

décoller.
U
E

Conclusions et recommandations : il
s’agira ici d’analyser les résultats et de
dégager les enjeux et opportunités et les Résultat de l’analyse des
défis de la FI à relever avant de formuler les enjeux et des opportunités
recommandations. de la FI

Source : Nous-mêmes

39
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

3.2. Les outils de collecte des données

Cette partie nous permettra d’exposer la manière dont nous allons procéder pour la collecte
des données nécessaires à notre évaluation. Pour se faire, nous allons utiliser divers outils
pour que notre évaluation ait une force probante. Ainsi, nous utiliserons comme outils les
questionnaires, les entretiens, l’analyse documentaire, et l’observation.

3.2.1. Questionnaire

Le questionnaire est restreins à Dakar du fait que l’essentiel des consommateurs y vivent. Il a
été distribué de façon hasardeuse sur des personnes de toute confession religieuse ayant au
moins 18 ans qui est l’âge de la majorité au Sénégal et qui, nous jugeons mature pour
répondre à un questionnaire de manière réfléchit. Le questionnaire a été adressé à 200
C

personnes (clients ou clients potentiels).


ES
AG

Le questionnaire nous a permis de faire l’évaluation des différents axes afin d’établir des
pourcentages et des diagrammes pour bien interpréter les données recueillies en vue de porter
-B

une appréciation sur les enjeux et les opportunités de ladite finance.


IB

3.2.2. Entretiens
LI

Cet outil nous permet et nous facilite la collecte de données. Dans le cadre de notre étude,
O

nous avons eu des entretiens avec le représentant de ministère de l’économie et des finance
TH

(MEF) du Sénégal, le représentant de la Banque islamique de Développement (BID) et le


EQ

représentant du Micro Crédit Islamique du Sénégal (MICIS). Ainsi, ces entretiens nous ont
permet d’obtenir des interviewés des informations relatives relative à notre étude afin
U

d’approfondir notre compréhension sur tous les aspects des enjeux, opportunités et défis de la
E

finance islamique au Sénégal.

3.2.3. L’analyse documentaire

A ce niveau, nous avons consulté et exploité tous les documents susceptibles de nous
renseigner de façon globale sur la finance islamique mais aussi de façon spécifique sur les
enjeux et opportunités. L’analyse documentaire porte sur des livres, articles, revues et
séminaires.

3.2.4. L’observation

40
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Elle consiste à faire des constats visuels d’une situation afin d’en tirer des conclusions. Cette
phase nous a été facilitée par les différents épisodes d’observation de l’environnement
bancaire que nous avons eu à côtoyer.

3.3. Analyse des données

Lors de cette phase, les données brutes sont traitées de manière à être significatives et valides.
Ainsi, des opérations statistiques simples, tels que des pourcentages sont utilisées. Ces
résultats vont être soumis à des tests de validité pour plus de rigueur. Suite à cela, on avance
des interprétations à propos des objectifs prévus et on propose d’inférence. L’inférence dans
cette analyse de contenu est une opération logique par laquelle on tire d’une ou de plusieurs
propositions (en l’occurrence les données établies au terme de l’application des grilles
C

d’analyse) une ou des conséquences qui en résultent nécessairement. Il s’agit donc pour nous
ES

de justifier la validité de ce qu’on avance à propos de l’objet étudié en exposant les raisons de
la preuve.
AG

L’interprétation des résultats consiste à prendre appui sur les éléments mis au jour par la
-B

catégorisation pour fonder une lecture à la fois originale et objective du corpus étudié. Cette
phase de l’analyse de contenu permet, d’une part, d’évaluer la fécondité du dispositif, et,
IB

d’autre part, la valeur des hypothèses.


LI
O

Conclusion
TH

Dans ce chapitre, nous avons eu à développer trois axes principaux concernant le cadre de
EQ

l’étude : le modèle d’analyse puis la collecte des données et enfin de procéder à leur analyse.
U

Cela nous a permis d’exposer la méthode utilisée pour analyser et traiter les données
E

recueillies auprès des consommateurs (clients et clients potentiels) et des praticiens de la


finance islamique au Sénégal. Ainsi cette partie dégage le modèle d’analyse qui sera notre
guide que nous nous efforcerons à suivre tout au long de l’étude.

41
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Conclusion de la première partie

La première partie de ce mémoire concernant le cadre théorique nous a d’abord permis de


présenter l’origine, le cadre légal et les divers principes qui sous-tendent la FI. Les concepts
de base ainsi que les divers principes permettent de canaliser le système financier islamique
pour ne pas empiéter sur son champ d’application. Ensuite nous avons eu à définir les
principaux mécanismes utilisés par ladite finance. Ces différents mécanismes de financement
tels que les techniques de financement participatif, les instruments de financement et les
autres produits financiers (Wakala, Sukuk, Takaful…) permettent aux institutions de finance
islamique d’offrir divers services à leur clientèle.

Enfin nous avons fait une revue de la méthodologie de l’étude. Elle nous a aussi permis de
C

faire un bref parcours sur l’approche méthodologique. Là, nous avons élaboré des outils de
ES

collectes et d’analyse des données qui seront utilisées pour déterminer les enjeux et les
opportunités de la FI au Sénégal. L’analyse des données recueillies nous permettra de passer à
AG

la deuxième partie de notre sujet qui est la dernière et la plus importante.


-B
IB
LI
O
TH
EQ
U
E

42
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

C
ES
AG

DEUXIEME PARTIE :
-B
IB

LA FINANCE ISLAMIQUE AU SENEGAL


LI
O
TH
EQ
U
E

NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG


LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

La finance islamique actuelle du Sénégal est en stade embryonnaire. En 2007 une seule
banque islamique a été reconnue mais elle n’était pas totalement islamique avec un total actif
marginal 50 milliards 15 de franc CFA. Depuis cette année elle connait un développement
fulgurant du fait que la BID contribue à sa promotion mais elle reste marginale par rapport
aux autres banques classiques. La BIS compte en 2012 un total actif de 157 555 millions de
franc CFA.

Nous essayerons de faire dans un premier temps une analyse globale du secteur bancaire et
financier Sénégalais et dans un second temps une analyse thématique des résultats de l’étude.
C
ES
AG
-B
IB
LI
O
TH
EQ
U
E

15
Direction de la Monnaie et du Crédit du ministère de l’économie et des finances

44
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

CHAPITRE 4 : ANALYSE DU SECTEUR BANCAIRE ET FINANCIER


SENEGALAIS

Le système bancaire et financier du Sénégal est l'ensemble des établissements de crédit


implantés dans le pays et qui sont responsable de la quantité de monnaie en circulation. Les
établissements de crédits sont des établissements qui font comme activités essentielles l'octroi
de crédits aux agents économiques qui leur en demandent et le service rendu à ces derniers en
gardant leurs épargnes. Ces établissements sont privés et cherchent à faire des bénéfices.

Pour étudier la composition du système bancaire au Sénégal il convient d'abord de faire une
étude historique de ce secteur afin de voir son évolution. Ceci nous permettra de mieux
C
ES

comprendre sa structure actuelle.


AG

4.1. Présentation du secteur bancaire et financier classique

Le secteur bancaire et financier sénégalais a connu un grand développement au cours de la


-B

dernière décennie. Il s’est notamment diversifié tant en nombre que de par sa structure et
IB

comprend, à fin 2012 dix-neuf (19) banques et deux (02) établissements financiers (Annexe
LI

6).
O

Il existe d’autres institutions financières qui se distinguent aussi bien des banques que des
TH

établissements financiers précédemment cités mais qui jouent un rôle très important dans le
EQ

secteur. Il s’agit en l’occurrence des institutions de micro finance et les assurances.


Aux termes de la loi organique n°2008-47 du 03 septembre 2008, un système financier
U
E

décentralisé (SFD) est une « institution habilitée à fournir des services financiers à des
personnes qui n’ont généralement pas accès aux opérations des banques et établissements
financiers ». Intermédiaires financiers majoritairement constitués de coopératives et de
mutuelles d‘épargne et de crédits, les SFD tirent essentiellement leur revenu de leur activité
principale de mobilisation de l’épargne et d’octroi de crédits 16.

En 2011, le nombre de SFD s’est élevé à 238 contre 342 en 2010, enregistrant ainsi une baisse
de 30,4%. Cette réduction est imputable aux retraits d’agréments intervenus dans le cadre de

16
Babakar FALL (2011), Situation Economique et Sociale du Sénégal, Agence Nationale de la Statistique et de
la Démographie.

45
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

la mise en œuvre du Plan d’Assainissement du Secteur de la Micro finance. Ce plan, démarré


en 2010, s’appuie sur une combinaison dynamique des ressources du système d’informations,
de l’exécution des missions in situ pour classifier les institutions suivant le respect des
conditions d’exercice et l’acuité des difficultés constatées. Le résultat net des SFD a bondi à
3,7 milliards en 2011 après les 2,5 milliards réalisés un an auparavant, soit une accélération de
44,6%.

Figure 12: Évolution du nombre de SFD entre 2009 et 2011


C
ES
AG
-B
IB
LI

Source : Direction de la régularisation et de la supervision des systèmes financiers


O

décentralisés, 2011
TH

En effet, jusqu’à une période récente, le secteur ne comportait, pour l’essentiel, que quelques
EQ

grandes banques classiques à capitaux français. Aujourd’hui, les institutions bancaires et


U

financières qui le composent vont de la structure de micro finance à la très grande banque
E

fusionnée. Ainsi, on peut classer les banques et les établissements de crédit par catégorie.

4.1.1. Les banques au Sénégal

Les banques sont définies par l’article 2 de la loi n° 2008-26 du 28 juillet 2008 portant
règlement bancaire qui stipule que « Sont considérées comme établissements de crédit, les
personnes morales qui effectuent, au titre de profession habituelle, des opérations de banque.
Constituent des opérations de banque, au sens de la présente loi, la réception de fonds du
public, les opérations de crédit, ainsi que la mise à disposition de la clientèle et la gestion de
moyens de paiement. Les établissements de crédit sont agréés en qualité de banque ou
d’établissement financier à caractère bancaire ». Ceci pour dire que les banques servent

46
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

d’intermédiaires financiers en mobilisant les dépôts et l’épargne des agents non financiers
pour les redistribuer aux agents déficitaires. Elles ont la spécificité de pouvoir développer
leurs passifs en développant leurs actifs car leur objectif est la liquidité et la rentabilité. Les
banques sénégalaises peuvent accorder des crédits à court, moyen et long terme en consentant
des découverts, des avances de fonds tout comme des prêts. Elles pratiquent aussi des
escomptes d’effets de commerce. Comme nous l’avons dit précédemment, le système
bancaire sénégalais a présentement à son actif dix-neuf (19) banques que sont notamment la
BICIS, la BHS, la CBAO, la BOA. EIles sont classées par catégorie suivant la couverture et le
secteur d’activité. Toutefois, au Sénégal, on note l’existence de ces deux catégories de
banques. Mais il y a également deux autres types de banques à savoir les banques à réseau
africain et les banques spécialisées. Les banques existantes au Sénégal sont :
C

Les banques généralistes à réseau national


ES

Elles représentent en 1998 plus de 60% de la masse bilancielle. On y compte notamment la


AG

CBAO, la BICIS, la SGBS et la BST. Rappelons que la CBAO et la banque CBAO


-B

sénégalotunisienne ont été rachetées par le géant marocain Attijari Bank pour former Groupe
Attijariwafa Bank.
IB
LI

Les banques à réseau ouest africain


O

Ce sont essentiellement la Banque Atlantique, la BOA, la BRS, UBA, ECOBANK et


TH

ATTIJARIWAFA. Ces dernières ont pour objectif de devenir des banques de référence en
EQ

Afrique de l’Ouest à travers des politiques favorisant les clients des autres pays d’Afrique qui
veulent effectuer des transactions économiques et financières au Sénégal.
U
E

Les banques d’affaires

Ce sont des banques de capitaux à long terme, spécialisées dans le financement d’entreprises.
Elles prennent et gèrent des participations dans des entreprises existantes ou qui se créent et
accordent des crédits à long terme sur la base de leurs fonds propres ou d’autres ressources à
long terme. Elles sont soumises à la même réglementation que les banques de détail ou
banques de dépôt (court terme). Par abus de langage, banque d’affaires prend la même
signification que banque d’investissement, étant donné que les banques commerciales
classiques sont aussi capables de proposer des services de banques d’affaires. Ces banques
s’adressent aux grandes entreprises et aux particuliers. Les plus importantes sont : Citibank,

47
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Banque Islamique du Sénégal (BIS) et le Crédit Lyonnais du Sénégal (CLS) devenu Crédit du
Sénégal.

Les banques spécialisées

Dites banques à vocation spécifique, ce sont des établissements spécialisés dans un domaine
bien précis. On peut citer entre autres ICB, la CNCAS, la BHS, la BSIC et la BIMAO. De
plus, le paysage bancaire sénégalais a connu une forte évolution entre 2004 et 2006 avec
l’ouverture de nouvelles banques notamment la Banque Régionale de Solidarité (BRS -
Sénégal), la Banque des Institutions Mutualistes d’Afrique de l’Ouest (BIMAO), créée par la
Confédération des Caisses Mutualistes d’Afrique de l’Ouest, ATTIJARIWAFA Bank
Sénégal, une filiale de ATTIJARIWAFA Bank Maroc, de la Banque Atlantique Sénégal, une
C

filiale de Atlantic Financial Group et de International Commercial Bank Sénégal.


ES

Il y a également l’ouverture de 2010 à nos jours de United Bank for Africa (UBA), le Crédit
International SA et de DIAMOND Bank.
AG

Après les banques, les établissements financiers occupent une place non négligeable dans le
-B

système bancaire d’où la nécessité d’en faire une étude détaillée.


IB

4.1.2. Les établissements financiers


LI
O

Ils sont définis comme l’ensemble de personnes physiques ou morales autres que les banques,
TH

qui font profession habituelle d’effectuer des opérations de crédit, de vente à crédit ou de
change, pour leur propre compte ou qui reçoivent habituellement des fonds qu’elles emploient
EQ

en opérations de placement. Ils peuvent servir d’intermédiaires en tant que commissionnaires


U

ou courtiers dans les relations entre agents financiers et agents non financiers. Les chiffres des
E

établissements financiers représentent 5% du total du bilan global du système bancaire


sénégalais, avec une part relativement faible au poste des crédits consentis estimés à 2%.
Néanmoins, ils participent à l’intermédiation financière en distribuant des crédits à toutes les
échéances. Notons que les crédits accordés sont essentiellement à court terme ; de même que
les dépôts collectés. Les établissements financiers s’activent spécialement dans le domaine du
crédit-bail et du crédit à la consommation. Leur clientèle est composée en majorité des acteurs
du secteur informel. Ils sont incontournables pour de nombreux opérateurs économiques du
secteur informel auxquels certaines banques refusent le financement à travers la présentation
d’exigences totalement restrictives. Nous pouvons donc distinguer les principaux
établissements qui ont eu à s’implanter au Sénégal.
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NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

La compagnie Ouest africaine de Crédit-bail (Locafrique)

C’est une société anonyme de droit sénégalais. Elle évolue dans le financement par crédit-bail
et vente à crédit de matériel. Locafrique a été créée le 17 mars 1976, elle commence ses
activités en avril 1979. Le capital est réparti ainsi: Personne morale nationale (CFOA)
79.99%, Personne morale étrangère (GTA-C2A) 20% et Personnes physiques nationales
(0,01%).

ALIOS Finance Sénégal:

Alios Finance Sénégal est une succursale d'Alios Finance Côte d'Ivoire, créée en 2006. Elle
propose des solutions de financements tels que le Crédit-bail, la Location Longue Durée, le
Crédit d’ Investissement et le Crédit à la consommation.
C
ES

Le secteur des assurances a été marqué 2011 par l’entrée en vigueur des dispositions du
Règlement n°001/CIMA/PCMA/PCE/2011 dans tous les pays membres de la Conférence
AG

Interafricaine des Marchés d’Assurances (CIMA). Ce règlement modifie et complète les


dispositions du Code des assurances relatives à la souscription et au paiement de la prime. Ces
-B

changements visent à réduire les arriérés de prime, à accélérer la cadence de règlement des
IB

sinistres et à renforcer la solvabilité des entreprises d’assurances. Le nombre de compagnies


LI

d’assurance s’est établi à vingt-deux (22) en 2011 (Tableau 2). Ce nombre n’a pas varié
O

depuis l’année 2009. Le secteur est caractérisé par la prédominance des sociétés d’assurance
TH

non-vie qui sont au nombre de seize (16), soit 72,7% du total 17.
EQ

Tableau 4 : Évolution du nombre des sociétés d’assurance


U

Société d'assurances 2008 2009 2010 2011


E

Assurance non vie 13 16 16 16


Assurance vie 6 6 6 6
Total 19 22 22 22

Source : Direction assurance, 2011

En se situant à 94,5 milliards, le chiffre d’affaires provisoire de l’ensemble des compagnies


d’assurances a progressé de 8,9% en 2011. Ce dynamisme est attribuable à la hausse de 7,4%

17
Babakar FALL (2011), Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie.

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NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

du chiffre d’affaires des compagnies d’assurances non vie qui occupent 76,0% de la part de
marché du secteur et de celle du chiffre d’affaires des sociétés d’assurance vie (+14,2%).

Figure 13 : Répartition du chiffre d’affaires des compagnies d’assurance en 2011.


C
ES
AG
-B
IB

Source : Direction assurance, 2011


LI
O

Aujourd’hui le secteur bancaire sénégalais est en plein expansion, le taux de bancarisation


TH

élargi (banques et institutions de micro finance comprises), encore faible, s’établit à 19% en
2012. Il existe, à côté de plusieurs banques classiques, des banques spécialisées dans le
EQ

financement de l’agriculture, de l’habitat ou de type islamique et une banque de marchés.


U

Cependant les banques ne se limitent plus dans un seul domaine d’intervention à cause d’une
E

concurrence féroce.

4.2. Analyse de la concurrence dans le secteur

De nombreuses banques nationales et internationales sont représentées au Sénégal. Certaines


sous un nom bien sénégalais cachent des filiales de banques françaises. Elles proposent
désormais des cartes de paiement nationales ou internationales et la plupart offre la possibilité
de gérer ses comptes sur internet. Ces dernières années, le réseau bancaire s'est
considérablement densifié au Sénégal. C'est aussi le cas du réseau de distributeurs
automatiques de billets. L'accès au crédit s'est également démocratisé grâce à l'augmentation
massive d'une classe moyenne fonctionnaire, commerçante ou titulaire d'un contrat de travail
50
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

en bonne et due forme. Le crédit immobilier est évidemment le plus répandu et permet à des
familles modestes mais disposant de revenus réguliers d'acquérir un logement. Le crédit à la
consommation est également en forte augmentation et tous les grands concessionnaires
automobiles dakarois ont des accords avec une banque de la place pour proposer un crédit à
leur client achetant un véhicule neuf. Dans ce domaine c'est la SGBS qui tient le haut du pavé
mais les liquidités impressionnantes dont disposent les banques du Sénégal les poussent toutes
à proposer différents types de crédits. La dévaluation du CFA en Janvier 1994 avait rendu les
sénégalais méfiants vis à vis des banques et l'accumulation des CFA sur un compte bancaire
n'a longtemps pas été très populaire. La situation s’est grandement améliorée et aujourd’hui
près de 30% de la population sénégalaise est titulaire d’un compte bancaire ou d’un compte
postal 18. Les frais de tenue de compte, si on les compare aux salaires moyens du Sénégal, se
C

révèlent cependant généralement prohibitifs avec en moyenne pour un compte courant


ES

4000FCFA/mois (6€) de frais hors émission de chèque et délivrance de carte. La concurrence


étant de plus en plus sévère, ces frais tendent cependant à baisser. La banque UBA ne facture
AG

par exemple aucun frais de tenue de compte. Les zones rurales et les commerçantes
-B

informelles des foyers défavorisés ont recours au système des tontines pour épargner. Il est
bon de souligner qu'une partie non négligeable du bénéfice des banques sénégalaises est
IB

générée par les activités de "transfert d’argent". Toutes les banques du pays sont en effet
LI

affiliées à un grand groupe de transfert d'argent international comme Western union ou


O

MoneyGram. Les sommes envoyées au Sénégal par les émigrés partis en Europe ou aux
TH

Etats-Unis se chiffrent en milliards de CFA. Les commissions élevées pratiquées par Western
EQ

Union ou Money Gram grèvent très largement le budget du travailleur expatrié sénégalais qui
se voit manger une partie du fruit de son travail en frais de transfert. Seule une petite partie de
U

ces frais et commissions revient à la banque correspondante qui verse le cash au destinataire.
E

Cela représente cependant des sommes considérables qui ont permis aux groupes bancaires
sénégalais de pouvoir investir dans leur réseau d'agences.
Au Sénégal, les mutations en cours dans le secteur sont telles que toute banque, bien assise
financièrement, peut s’imposer sur de courts délais. Comme l’a, du reste, réussie Attijari
Wafa Bank qui est rapidement passé, en moins de trois ans, d’une position d’outsider à celui
de leader incontestable du marché. Au plan administratif, les formalités pour créer une banque
dans l’espace UEMOA sont moins fastidieuses qu’ailleurs. Ces changements ont sonné le glas

18
http://www.senegalaisement.com/senegal/banques_du_senegal.php, page mise à jour le 30/7/2012 et consulté
le 21/09/2013)

51
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

de l’ère de la suprématie des banques françaises. Cette nouvelle configuration va accentuer la


concurrence. Attijari Wafa Bank a annoncé la couleur lors de la communication sur le
changement de son image corporate et l’uniformisation de son réseau d’agences avec celui de
la CBAO. Ils n’ont pas lésiné sur les moyens et ont été très innovateurs en termes de
communication en direction du grand public.

4.3. Les institutions financières islamiques du Sénégal

Elles sont au nombre de quatre (04) : La banque islamique du Sénégal(BIS), la Mutuelle


d’épargne, de crédit islamique du Sénégal (MECIS) et la Département Finance Islamique
(DEFI) du Partenariat pour la Mobilisation de l’Epargne et du Crédit Au Sénégal
(PAMECAS), représentation du groupe de la Banque Islamique de Développement (BID).
C

4.3.1. La Banque Islamique du Sénégal (BIS)


ES
AG

La finance islamique au Sénégal est pratiquée par une seule banque, la BIS. Mais il faut
souligner que celle-ci n’applique pas la finance islamique à cent pour cent. Elle reste la seule
-B

banque qui propose des produits financiers islamiques. Créée le 20 juillet 1982, la BIS évolue
dans un environnement difficile dû aux contraint liées entre autres à la domination des
IB

banques conventionnelles du système financier ainsi qu’aux normes prudentielles qui


LI

favorisent ces banques. L’actionnariat de la BIS se résume ainsi : Société Islamique pour le
O

Développement du secteur privé (Filiale BID) 56,7%, la société générale d’investissement


TH

16,2%, la Tamweel Africa holding 12%, la banque islamique de développement 9%, l’état du
EQ

Sénégal 6% et les autres privés 0,1%.


Malgré les obstacles, la BIS parvient à maintenir le cap. La BIS, pour assurer sa pérennité et
U

résister à la concurrence, a opté pour un fonctionnement qui lui est spécifique. D’une part, elle
E

se différencie des banques classiques et d’autre part, elle ne fonctionne pas comme une
banque islamique en tant que telle. Avec un capital de 10 milliards, la BIS offre à sa clientèle
des produits tels que : le Moudarabah, le Mourabaha, le Moucharakah, l’Ijara, Ijara Wa
Istisna’a et le Qard-hassan. Bien qu’étant une banque islamique, la BIS propose aussi des
produits classiques. En effet contrairement aux principes de la finance islamique, la BIS
propose à sa clientèle des produits tels que des comptes d’épargne avec une rémunération fixe
et connue d’avance et offre aussi des crédits à la consommation remboursables avec un
certain taux d’intérêt. Comme nous l’avons tantôt souligné, la BIS évolue dans un
environnement difficile dû aux contraintes liées notamment à la domination des banques

52
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

conventionnelles du système financier ainsi qu’aux normes prudentielles qui favorisent ces
banques. La BIS est confronté à des normes prudentielles et à l’environnement qui n’offre pas
une grande marge de manœuvre à la finance islamique. Contrairement à ses consœurs
conventionnelles, la BIS ne devrait pas fréquenter le marché interbancaire et le marché
monétaire qui appliquent des intérêts lors de leurs transactions.
Cependant, la BIS malgré ces contraintes tente de tirer son épingle du jeu et demeure toute
même une banque de taille moyenne avec un total bilan 157555 millions de franc FCFA en
2012 19.

4.3.2. La Mutuelle d’Epargne et de Crédit Islamique du Sénégal (MECIS)

Le projet de la Mutuelle d’Epargne et de Crédit Islamique du Sénégal (MECIS) est une


C

institution de microfinance mise en place pour le financement des personnes exclus du


ES

système financier mais tout en respectant les principes de la Sharia islamique.


AG

4.3.2.1. Historique
-B

La MECIS a été initié en 2002 à l’université Cheikh Anta DIOP de Dakar par l’Association
des élèves et étudiants musulmans du Sénégal. Elle s’appelait MECAEEMS, l’adhésion était
IB

réservée aux membres de cette association. En 2005, il est devenu MECIS (Mutuelle
LI

d’Epargne et de Crédit Islamique du Sénégal), en même temps, l’adhésion fut ouverte à tous.
O

Une demande d’agrément est déposée à la cellule ATCEPEC, le 25/03/2005 sous le numéro
TH

d’identification 017774 20.


EQ

Ainsi, conformément à la loi PARMEC95/03 à son article 13 21, MECIS démarre ses activités
trois mois après la date de dépôt (loi 95-03 portant réglementation des institutions mutualistes
U

ou coopératives d'épargne et de crédit). En 2008, à la suite des divergences avec la DRS 22, un
E

nouveau dossier d’agrément a été redéposé cette fois-ci sous la loi 2OO8/04723. Un an après
le dépôt, suite à une lettre de la DRS - SFD dont voici un extrait : « il ressort de l’exploitation
de la politique d’épargne et de crédit que la MECIS utilise des produits tels que les produits
19
Source : http://www.bis-bank.com
20
Récépissé de dépôt N°01777 du 25/03/05/BC/MEF
21
Article 13 : Les institutions de base, affiliées à un réseau, ne peuvent exercer leurs activités sur le territoire sans
avoir été, au préalable, agréées ou reconnues par le Ministre. Une institution de base non affiliée à un réseau
22
La divergence porte sur l’interprétation de l’article 13 sur lequel la MECIS s’est basée pour démarrer ses
activités. Selon la DRS, malgré cela, la MECIS n’avait pas le droit d’exercer.

53
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

de financement (la moucharakah, la moudarabah, la moudarabah, le Qard-Hasan et le Waqf)


et les produits d’épargne (le dépôt d’investissement, le dépôt Waqf, le dépôt Qard-hassan et
les dépôts zakat). J’attire votre attention sur le champ d’application réglementaire qui limite
strictement les services financiers offerts par les SFD à la collecte de dépôts, à l’octroi de
prêt et aux engagements par signature. De ce qui précède, votre requête ne peut faire l’objet
d’examen » 23. Alors, considérant que selon les autorités de supervision, la réglementation
n’est pas adaptée aux instruments de financement islamique, la MECIS a effectué une
transformation institutionnelle et adoptée des cadres juridiques qui permettent de développer
librement des produits financiers islamiques et devient ainsi Millénium Compagnie Islamique
du Sénégal (MCIS SARL).

4.3.2.2. Statut juridique


C
ES

Millénium Compagnie Islamique du Sénégal (MECIS SARL) est une société commerciale
ayant à sa base un réseau de 14 agences réparties dans sept (7) coopératives de divers
AG

domaines d’activités dans les régions de : Dakar, Thiès, Kaolack, Louga, Saint Louis,
-B

Tambacounda, Ziguinchor, avec plus de 7000 membres. La société est régie par l’acte
uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique
IB

(Acte uniforme de l'OHADA relatifs aux droits des sociétés commerciales et du groupement
LI

d'intérêt économique). Par ailleurs, les coopératives à la base régies à leur création par la loi
O

83/07 portant statut général des coopératives, (loi 83-07 portant statut général des
TH

coopératives) sont aujourd’hui encadrées par l’acte uniforme relatif au droit des sociétés
EQ

coopératives en vigueur depuis mai 2010.


U

Dans le contexte actuel du Sénégal, il n’existe aucune disposition juridique et réglementaire


E

explicite destinée au développement d’activités conformes aux principes d’économie


islamique. Ainsi, l’objectif visé ici est de commencer au moins avec les dispositions
juridiques et réglementaires existantes qui puissent permettre d’offrir des produits et services
conformes aux principes de financement islamique en attendant une réglementation plus au
développement d’un système financier islamique.

L’analyse des principes fondamentaux du système financier islamique démontre que ce


système repose essentiellement sur l’économie réelle. En d’autres termes, il est

23
Loi N° 2008-47 du 03 septembre 2008 portant réglementation des systèmes financiers décentralisés au Sénégal.

54
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

principalement caractérisé par des activités dans les divers domaines de l’économie tels que :
le commerce, industrie, l’agriculture, etc. Dans ce sens, les sociétés commerciales se
présentent comme un cadre juridique très proche et bien adapté au système d’économie
islamique. Par ailleurs, la réglementation des coopératives, avec la loi 83/07 portant statut
général des coopératives, remplacées en 2010 par l’acte uniforme de l’OHADA sur les
sociétés coopératives, constitue le cadre juridique de référence de la loi PARMEC dont
l’amélioration a donné la loi 2008-047 portant sur la réglementation des systèmes financiers
décentralisés. La coopérative d’épargne et de crédit représente aujourd’hui la forme la plus
fréquemment utilisée par les systèmes financiers décentralisés. Pourtant, elle n’est qu’une
forme de coopérative parmi tant d’autres types qui portent directement sur des activités
économiques précises (consommation, habitat, agricole, commerce, pêche, etc..). Ainsi, avec
C

les coopératives d’activité réelle, il sera possible, d’atteindre les populations exclues du
ES

système bancaire à cause de la faiblesse de leur revenu, comme les SFD, mais aussi d’être
conforme aux principes de financement islamique basés sur des activités socio-économiques
AG

réelles.
-B

4.3.3. Le Département Finance Islamique (DEFI) de PAMECAS


IB

Le Département de Finance Islamique (DEFI) est un programme lancé en juillet 2011 par le
LI

réseau PAMECAS afin d’apporter des produits conformes aux principes de la Charia
O

islamique. Ce programme entre dans le cadre du projet test du gouvernement visant à


TH

promouvoir et à développer la finance islamique dans la zone UEMOA.


EQ

Le DEFI est un nouvel instrument du PAMECAS visant à démocratiser l’offre de services


U

financiers afin de favoriser l’accès aux produits islamiques auprès de la population écartée du
E

système bancaire et financier du fait de leur foi religieuse.

 Juin 2010 :
• mise en place d’un comité Sharia Board (SB) formé d’érudits en science
religieuse et spécialisés en économie et en finance islamique. Dans le système,
l’action du SB est fondamentale. Il a une action en amont et en aval:
autorisation de l’exécution et production de rapport annuel.

• pour mener à bien leur mission, ces membres ont bénéficié de bourses
d’études qui leur ont permis de suivre une formation en Egypte.

55
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

• un personnel dédié qui a bénéficié de formations internes sur les principes de


base de la finance islamique et des différents produits qu’offre la finance.

 Décembre 2011:
• adoption par le conseil d’administration (CA) de la politique de financement
de DEFI,

• mise en place du comité d’acceptation du financement dont trois membres du


CA de l’union.

 Juin 2012 :
• signature de partenariat avec le PALAM (Programme d’Alphabétisation et
d’Apprentissage de Métiers pour la Lutte contre la pauvreté) pour le
C
ES

financement des micro-projets des jeunes et des femmes en respectant les


principes et modalités de la finance islamique.
AG

Ce programme financé par la Banque Islamique de Développement (BID) dans le cadre du


-B

Fonds de Solidarité Islamique de Développement (FSID) a pour objectif principal de


contribuer à la réduction de la pauvreté au sein des populations rurales et féminines en priorité
IB

par une alphabétisation fonctionnelle centrée sur les compétences et par l’accès aux services
LI

de la microfinance, favorisant ainsi l’auto développement.


O
TH

En fin 2012 le DEFI est composé de six (06) caisses pilotes réparties dans quatre (04)
départements de la région de Dakar, une (01) dans la région de Thiès et une (01) dans la
EQ

région de Diourbel :
U

• Dakar : Grand Yoff ;


E

• Pikine : Rue 10 ;
• Rufisque: Gare routière ;
• Keur Massar (siège général du DEFI) ;
• Thiès: Marché central ;
• Touba: Marché OCAS.
Le DEFI offre à ses clients un certain nombre de produits et services parmi lesquels on peut
citer :

56
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

 Epargne :
• Compte courant : Le compte courant Islamique est un service destiné à
satisfaire les besoins des membres en matière de dépôt, de retrait et de
virement ;
• Compte d’épargne : C’est un compte intermédiaire entre le compte courant et
le compte d’investissement qui permet à son titulaire de faire des retraits à tout
moment ;
• Compte d’investissement : C’est un compte à capital non garanti qui finance
les projets d’investissement basés sur les principes du Moudarabah et du
Moucharakah avec le partage des pertes et profits (3P).
 Financement
C

• Habitat social : vente à crédit de terrains viabilisés prêts à la construction,


ES

location ou vente d’habitat social clés en mains, de magasins et bureaux ;


AG

• Equipement professionnel ou domestique: vente, location ou cofinancement


d’équipements professionnels ou domestiques ;
-B

• Denrées alimentaires : cofinancement ou vente de denrées alimentaires.


IB

4.3.4. La Banque Islamique de Développement (BID)


LI

La Banque Islamique de Développement (BID) est une institution financière multilatérale de


O
TH

développement Sud-Sud créée en application de la déclaration d'intention émise par la


Conférence des ministres des Finances des pays musulmans détenus à Jeddah en Décembre
EQ

1973. L'assemblée inaugurale du Conseil des gouverneurs a eu lieu en Juillet 1975 et la


Banque a été officiellement ouverte le 20 Octobre 1975.
U
E

 Composition du groupe de la BID

Le Groupe de la BID se compose de cinq (5) entités à savoir :

 la Banque islamique de développement (BID) ;


 institut islamique de recherche et de Formation (IRTI);
 la Société islamique d'assurance des investissements et des crédits à l'exportation
(ICIEC) ;
 la Société islamique pour le développement du secteur privé (ICD) ;

 Société islamique internationale de Financement du commerce (ITFC).

57
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

 Activités du Groupe

Le groupe de la BID est engagé dans un large éventail d'activités spécialisées et intégrées tel
que:
• le financement des projets dans les secteurs public et privé ;
• l'aide au développement pour réduire la pauvreté ;
• assistance technique pour le renforcement des capacités ;
• la coopération économique et commerciale entre les pays membres ;
• le financement du commerce ;
• le financement des PME ;
• la mobilisation des ressources ;
C

• participation directe au capital dans les institutions financières islamiques ;


ES

• assurances et couverture de réassurance pour l'investissement et du crédit à


l'exportation ;
AG

• la recherche et des programmes de formation en économie et en banque islamique ;


-B

• l'investissement Waqf et le financement ;


• une aide spéciale et bourses pour les pays membres et des communautés musulmanes
IB

dans les pays non - membres ;


LI

• les secours d'urgence ;


O

• services consultatifs pour les entités publiques et privées dans les pays membres.
TH

 Bureaux de Groupe de la BID


EQ

Le siège du Groupe de la BID se trouve à Djeddah, Royaume d'Arabie Saoudite. Il a quatre


U
E

bureaux régionaux au Maroc, en Malaisie, au Kazakhstan et au Sénégal. La Banque possède


de 15 représentants sur le terrain dans certains pays membres. En outre, elle dispose
également deux sociétés islamiques d'assurance des investissements et des crédits à
l'exportation et deux autres sociétés islamiques pour le développement du secteur privé, elles
ont des bureaux de représentation à Dubaï et aux Emirats Arabes Unis. La Banque est en train
d'ouvrir des bureaux passerelle dans les pays membres pour essayer de renforcer sa présence
sur le terrain.

 Adhésion

58
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

La composition de la BID s'élève à 56 pays dans les quatre continents: Afrique, Asie, Europe,
et Amérique du Sud. Pour qu’un pays soit membre de la BID, il y a un certain nombre de
conditions à remplir.

• Premièrement, le pays doit devenir un membre de l'Organisation de la Coopération


Islamique (OCI) ;
• Deuxièmement, il doit effectuer un premier versement de la cotisation minimum à la
Bourse de Capital de la BID ;
• Troisièmement, accepter les termes et conditions qui pourraient être décidées par le
Conseil des gouverneurs de la BID.

 Objectif:
C
ES

L'objectif de la BID est de favoriser le développement économique et le progrès social de ses


pays membres et des communautés musulmanes dans les pays non membres individuellement
AG

et collectivement, conformément aux principes de la Charia. Pour atteindre cet objectif, elle
fournit des ressources financières à travers les différents modes de financement pour financer
-B

les activités de développement dans les pays membres ainsi que dans les communautés
IB

musulmanes dans les pays non membres. Elle fournit également une assistance technique
LI

pour le renforcement des capacités et de bourses d'études pour le développement capital


O

humain. Elle gère des fonds spéciaux et mobilise des ressources par Instruments de la Charia-
TH

compatible.
EQ

Conclusion
U

Nous avons eu à faire une brève présentation du secteur bancaire et financier sénégalais à
E

travers son historique et ses institutions. La connaissance de ce secteur nous permet de passer
à l’étape suivante, principal objet de notre étude. Il s’agira pour nous, dans ce chapitre
d’analyser les résultats de notre étude.

59
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

CHAPITRE 5 : ANALYSE DES RESULTATS DE L’ETUDE

Cette partie est consacrée à l’analyse des données recueillies auprès des consommateurs
(clients et clients potentiels) et des interviewés (praticiens et théoriciens de la finance
islamique). Il convient de faire une analyse approfondie des résultats obtenus afin de répondre
à notre problématique. Nous allons d’abord faire une analyse du questionnaire, ensuite
présenter les opportunités de la finance islamique pour le Sénégal, en outre ses défis et enfin
donner des recommandations aux acteurs du système financier islamique au Sénégal.

5.1. Présentation des données du questionnaire


C

Dans cette phase il est question de faire une présentation globale du questionnaire adressé aux
ES

consommateurs (Annexe 1). Ainsi, l’évaluation de ce pôle a été faite en attribuant un


AG

questionnaire aux consommateurs (clients et clients potentiels).


-B

Le questionnaire a été adressé à deux cent (200) personnes et nous avons eu 100% de
réponses réparties comme suit : 56% d’homme et 44% de femmes. On note également que
IB

67% de ces personnes interrogées sont célibataires et 33% sont des mariées.
LI
O

Avec une population à majorité musulmane (plus de 95%), notre questionnaire révèle que sur
TH

les 200 personnes interrogées, 85% sont des musulmans, 14% de Chrétiens et 1% appartient à
d’autres appartenances. Nous avons aussi fait l’analyse des occupations des personnes
EQ

interrogées et cela montre que sur les 200 consommateurs, 54,5% n’ont pas d’activités
U

professionnelles, 23,5% sont dans le secteur privé, 11,5% travaillent dans le secteur public et
E

10,5% évoluent dans le secteur informel (Tableau 3).

60
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Tableau 5 : synthèse de la situation des consommateurs (clients et clients potentiels)

Pourcentage
Eléments Total Pourcentage
Total

Sexe Masculin 112 56%


100%
Féminin 88 44%
Situation Marié 66 33%
Matrimoniale Célibataire 134 67% 100%
Musulman 171 85%
Religion Chrétien 27 14%
Autre 2 1% 100%
C

Secteur Informel 21 10,5%


ES

Secteur Privée 47 23,5%


Profession
AG

Secteur Public 23 11,5% 100%


Autre 109 54,5%
-B
IB

Source : nous-mêmes à partir du questionnaire adressé aux consommateurs


LI

5.2. Analyse des résultats


O
TH

Dans cette partie nous essayerons d’analyser la réponse des consommateurs. Pour ce faire,
nous nous référons à la pyramide de Maslow pour analyser tout d’abord les motivations,
EQ

ensuite les attitudes du consommateur et enfin les caractéristiques individuelles.


U

5.2.1. Les motivations


E

Dans l’approche motivation, les premiers soucis des consommateurs sont inhérents à deux
(02) besoins humains de la pyramide de Maslow. En premier lieu, vient le besoin sécurité,
16% des répondants affirment que le facteur le plus déterminant pour le choix d’une banque
est la sécurité. D’autres répondants (9%), tous des musulmans affirment qu’ils ne risquent pas
de braver les interdits de leur religion du fait que dans la religion musulmane certaines
pratiques que font les institutions financières classiques en l’occurrence le Riba sont
prohibées par la Charia.

61
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

5.2.2. Les attitudes du consommateur

Toutes les composantes de l’attitude ne sont pas représentées chez les enquêtés. En effet, le
questionnaire révèle que plus de 54% des personnes interrogées méconnaissent la finance
islamique et 46% le connaissent (Figure 10). S’agissant des produits financiers islamiques,
nous constatons que 90% des personnes interrogées ne connaissent pas les noms de ces
produits, seulement 10% des interrogés connaissent le nom desdites produits. On a constaté
que sur 200 interrogés, 59% ne savent pas s’il existe des institutions islamiques au Sénégal et
41% connaissent les IFI comme la BIS, la BID, le MECIS et le DEFI (figure 11). On a
constaté que la BIS est la plus connue par rapport aux autres institutions financières
islamiques. Ceci est dû au fait que la BIS existe depuis 30 ans alors que les autres n’ont pas
encore 10 ans d’existence. Cette méconnaissance peut signifier que la communication des IFI
C
ES

souffre des insuffisances notoires par rapport aux banques classiques qui sont connues par la
quasi-totalité de la population Sénégalaise. Il faut signaler que 61,5% de ces personnes
AG

interrogées sont disposés à s’emparer des produits financiers islamiques. Cependant 20,5%
émettent des réserves par rapport à l’utilisation future des produits financiers islamiques. Ils
-B

attendent de voir ce que la finance islamique va leur apporter concrètement.


IB

Figure 14 : Histogramme des connaissances de la finance islamique au Sénégal


LI
O
TH

56%
EQ

54%
52%
U

50%
pourcentages
E

48%
46%
44%
42%
Réponse (oui) Réponse (non)

Source : nous-mêmes à partir du questionnaire adressé aux consommateurs

62
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Figure 15 : Histogramme des connaissances des institutions de finance islamique au


Sénégal

Pourcentage
85%

8%
4% 3%

BIS BID MECIS DEFI


C
ES

Source : nous-mêmes
AG

5.2.3. Les caractéristiques individuelles


-B

Elles sont représentées par l’image de soi et du style de vie : nos interlocuteurs diront que la
finance islamique leur permettrait de garder leurs valeurs en matière de transactions
IB

financières.
LI

Le questionnaire a aussi révélé que les attentes des consommateurs sont inhérentes à une offre
O
TH

plus compétitive que celle des banques conventionnelles ; cela permettra aux populations à
revenus faibles d’accéder au service financier tout en respectant scrupuleusement les principes
EQ

de la Charia. Nous avons constaté que 18% des personnes interrogées n’ont pas de compte
bancaire parce que le système des banques, basé sur l’intérêt, ne leur convient pas. D’autres à
U
E

savoir 29% des interrogées estiment qu’elles n’ont pas de compte bancaire parce qu’elles
n’ont pas de revenus périodiques pour effectuer des opérations bancaires. Donc le faible taux
de bancarisation pourrait être lié à des motivations économiques. Une petite minorité (2%)
avance que les procédures d’ouverture de compte sont compliquées. Les 51% restants n’ont
pas de compte bancaire et elles ont évoqué d’autres motifs. Le questionnaire affiche aussi que
parmi les 56,5% qui n’ont pas de compte bancaire, 37% comptent ouvrir prochainement un
compte bancaire dans une banque islamique, 5% dans une banque classique et 59% des
consommateurs ne savent pas pour le moment dans quel genre de banque ouvrir un compte
dans le futur. (Figure 12).

63
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

La question est de savoir pourquoi la finance islamique tarde à décoller au Sénégal ? Pour
cela nous allons voir les opportunités et défis de la finance islamique au Sénégal.

Figure 16 : souhait des consommateurs pour l’ouverture prochaine d’un compte


bancaire

36%
C
ES

59%
AG

5%
-B
IB

Banque Islamique Banque Conventionnelle Pas de réponse


LI
O

Source : nous-mêmes à partir du questionnaire adressé aux consommateurs


TH

5.3. Les enjeux, opportunités et défis de la finance islamique au Sénégal


EQ

Dans cette partie nous essayerons d’étayer en premier lieu les enjeux et opportunités de la
U

finance islamique qui sont sans doute imbriqués ; ce qui veux dire qu’on ne peut pas les
E

dissocier. Nous nous référons aux entretiens faits avec les professionnels de ladite finance et
au questionnaire destiné aux consommateurs. En seconde lieu, nous développerons les défis à
relever pour élargir le champ (Annexe 2 et 3).

5.3.1. Les enjeux et opportunités de la finance islamique au Sénégal

Lors de nos entretiens, nos interviewés à savoir les praticiens et les théoriciens de la finance
islamique ont souligné un ensemble d’enjeux et opportunités liés à la finance islamique. Ces
derniers pourraient permettre de représenter une alternative fiable à notre système classique
actuel. Ainsi, nous allons mettre en exergue les avantages qui peuvent profiter aux acteurs

64
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

économiques tels que l’Etat, les entreprises, les institutions financières et les ménages de
notre pays à travers certains instruments utilisés par la finance islamique.

5.3.1.1. La finance islamique : une finance éthique

Soumise à des restrictions éthiques, la finance islamique prohibe les transactions aléatoires, le
Riba, ainsi que le financement d’activités interdites par l’Islam comme le commerce de
l’alcool, de la viande de porc, les jeux de hasard, etc.

Selon Monsieur le représentant de la Banque Islamique de Développement (BID), la FI est


une finance éthique, basée sur un financement direct c'est-à-dire qu’il n’y pas d’intermédiaire
entre le bénéficiaire et la banque ; ce qui permet de toucher les couches les plus démunies.
Elle permet de donner le meilleur partage entre les parties prenantes vu que le risque est
C

supporté par les deux parties. Il y a actuellement une forte demande de produits financiers
ES

islamiques par des musulmans pour se conformer avec leur religion. Nous nous basons sur les
AG

arguments de notre questionnaire qui montre que parmi les 171 musulmans interrogés, 65%
sont prêts à utiliser les services financiers islamiques si les IFI respectent scrupuleusement les
-B

principes de la FI, 24% ne sont pas prêts à les utiliser et 11% n’ont pas donné leur avis
IB

(Figure 13).
LI

Figure 17 : situation des musulmans pour l’utilisation future des produits bancaires
O

islamiques respectant les principes de la FI


TH

65%
EQ
U
E

24%

11%

Réponse positive Réponse négative Pas de réponse

Source : nous-mêmes

65
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Cependant la FI n’est pas exclusivement réservée aux pays musulmans ni aux non musulmans
comme l’a toujours souligné le représentant de la BID en donnant l’exemple de la France et
de l’Angleterre qui ont aménagé leur cadre juridique pour pouvoir profiter de cette finance
éthique. Des banques islamiques sont installées en Angleterre depuis 2004. En France on
note la création de l’assurance vie islamique (Takaful). Malgré le fort intérêt des musulmans
pour la finance islamique, il ne faut pas négliger les non musulmans qui sont très intéressés
par la valeur morale et les garanties moins risquées que prône la finance islamique à l’inverse
de la finance conventionnelle. Pour un compte d’épargne islamique il n’y a pas d’intérêt ; ceci
permettra à certains épargnants de se conformer avec leur religion tandis que pour d’autres
cela peut paraitre comme un inconvénient. Pour illustrer nos propos nous allons nous référer
au questionnaire que nous avons eu à distribuer aux consommateurs (clients et clients
C

potentiels). Les réponses au questionnaire révèlent que sur les 27 chrétiens interrogés, 41% ne
ES

sont pas prêts pour utiliser les produits financiers islamiques ; cette réticence peut être due
d’une part au fait qu’ils pensent que la FI est destinée aux musulmans et d’autre part au
AG

jargon « islamique ». Les 33% des interrogés sont prêts à utiliser ces produits financiers
-B

islamiques et ils avancent que le fait que la finance islamique provient de l’islam ne les
dérangent nullement. Les 26% restant n’ont pas donné leur avis (Figure 14).
IB
LI

Figure 18 : Situation des chrétiens par rapport aux produits des banques islamiques
O

respectant les principes de la FI


TH
EQ
U
E

41%
33%
26%

Réponse positive Réponse négative Pas de réponse

Source : nous-mêmes

66
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

En dehors des musulmans et des chrétienns, nous avons eu à interroger 2 personnes qui ne
sont ni musulmans ni chrétiens. L’un d’entre eux est prêt à utiliser la FI basée sur les
principes éthiques de l’islam et l’autre prône le contraire.

Hormis les valeurs éthiques et morales que prône la finance islamique, les IFI jouent un rôle
important dans le fonctionnement politico-économique d’un pays.

5.3.1.2. Sur le plan politico-économique

Les encours de la finance islamique sont estimés à 1600 milliards de dollars américains en
2012 ; ce qui laisse croire que la FI ne manque pas de capitaux. Dans une période de crise où
les besoins de financement à long terme de l’économie productive n’ont jamais été aussi
pressants, cette capacité de financement constitue une opportunité qu’il convient de saisir et
C

un pays comme le Sénégal ne devrait pas être en rade dans cette quête de financement. Pays
ES

stable politiquement et ouvert vers l’extérieur (membre de l’OCI), le Sénégal fait face à des
AG

difficultés pour financer son économie.

Dans cette situation, le Sénégal, pays à économie fragile avec une demande énorme en
-B

financement d’infrastructures, a signé un accord-cadre avec la BID pour le financement de ses


IB

projets de grandes envergures. Ces projets d’investissement font suite à un premier plan de
LI

230 millions d'euros, exclusivement pour le secteur public, investis entre 2010 et 2011 et le
O

secteur privé pour la période 2012-2015. Le portefeuille de la BID en cours d’exécution au


TH

Sénégal concerne 17 projets répartis entre le transport (39%), l'énergie (29%), l'hydraulique et
EQ

l'assainissement (15%), l'éducation (8,8%) et l'agriculture (4%), (Annexe 7). En ce qui


concerne le Sukuk que l’Etat Sénégalais avait décidé d’émettre depuis 2011, le représentant
U

du MEF a souligné que c’était un processus de l’ancien gouvernement qui avait voulu tester
E

cet instrument de financement ainsi l’Etat se positionnait comme un agent économique même
si l’environnement n’était pas très favorable pour lancer cet instrument. Mais le nouveau
gouvernement se focalise sur les urgences. Il faut noter que 1’Etat et la Société
d’Investissement pour le Développement (SID) qui est une filiale de la BID ont décidé depuis
le 13 Octobre 2013 d’émettre ce Sukuk lui permettant de taper aux portes de ce marché qui
offre des opportunités intéressantes pour financer les grands projets (Annexe 4).

L’Etat du Sénégal a finalement pu identifier deux sources de liquidités que lui procure la
finance islamique : un Sukuk qui est une alternative à un emprunt obligataire et l’arrivée
d’investissements directs étrangers comme la BID. Une fois encore, des sources de

67
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

financement diversifiées stabilisent le système. Une autre source de stabilité réside dans les
dispositions de la Charia qui rendent les activités spéculatives difficiles à mener. En effet, les
produits de la finance islamique se caractérisent par le lien qu’ils établissent entre le secteur
financier et le secteur réel de l’économie.

D’autre part le marché du crédit comporte des limites dans la mesure où des agents
économiques manifestent encore d’importants besoins non satisfaits. L’accès au crédit doit
être considéré comme un des besoins vitaux à satisfaire. Le secteur financier doit jouer un rôle
primordial. Toutefois, en dépit des nombreux efforts du système financier conventionnel pour
atteindre cet objectif, une bonne partie des populations et beaucoup de PME/PMI restent
encore exclues des financements bancaires du fait des contraintes liées à l’absence de
ressources adéquates, de garanties requises, du coût élevé du crédit et l’absence de documents
C
ES

comptables fiables. La finance islamique peut accompagner ces PME à travers la


microfinance islamique avec ses produits que sont la Micro-épargne, le Micro-crédit, le
AG

Micro-leasing et le Takaful qui sont les quatre produits de la microfinance islamique. Nous
prenons comme exemple les PME vu leur importance dans le tissu économique du pays. Des
-B

études économiques et sectorielles effectuées au Sénégal révèlent que les indicateurs montrent
IB

que les PME contribuent à 60% du PIB, 90% à l’emploi dans le secteur moderne et 33% au
LI

chiffre d’affaire global. Selon le dernier sondage l’Agence Nationale de la Statistique et de la


O

Démographie (ANSD ) qui date de 2000 le nombre de PME immatriculées au Sénégal est
TH

estimé à 32.294 mais il faut préciser que le chiffre a peut être doublé parce que depuis 2000
l’ANSD n’a pas publié d’autres résultats et d’après mes enquêtes la Direction de la Prévision
EQ

et des Statistiques a mené d’autres enquêtes en 2013 dont les résultats sont pour le moment
U

confidentiels du fait qu’ils n’ont pas encore fait l’objet de publication.


E

Ces chiffres confirment donc le rôle primordial des PME dans notre économie d’où selon le
représentant du MEF la nécessité pour les autorités à vouloir promouvoir la finance islamique
pour éradiquer les difficultés rencontrées par les PME sénégalaises.

5.3.1.3. Une finance rassurante

Selon le représentant de la BID le financement islamique ne permet pas l’imposition


d’intérêts (Riba), il est basé sur le principe du partage des risques et des pertes (le risque est
supporté entre les deux parties) ; ce qui permet de donner un partage équitable.

68
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Pour le financement d’un projet quelconque, la banque islamique privilégie avant tout la
confiance envers le client surtout quand il s’agit de financer un investissement sous forme de
Moudarabah ou de Moucharakah. Dans ce cas, nous pouvons noter que dans la théorie la
première des garanties est la qualité, puis la gestion et le contrôle mais dans la pratique toutes
ces étapes ne sont pas respectées à la lettre.

Certes, ce n’est qu’une garantie morale mais c’est la garantie par excellence parce que c’est
elle qui établie le support fondamental des relations entre la banque et son client. Tel n’est pas
le cas pour une banque classique qui ne prend aucun engagement et si jamais elle accorde un
prêt à un client et ce dernier ne parvient plus à rembourser sa dette, il risque de perdre toutes
ses garanties.
C

On note également que les experts de l’institution financière chargés de la supervision et de


ES

l’évaluation du projet, en dehors de la rentabilité financière du projet basée sur une étude de
AG

faisabilité, doivent également montrer dans quelle mesure les objectifs et les résultats du
projet s’accordent avec le plan de développement du pays et dans quelle mesure le projet
-B

apporte une activité et un bien-être social aux populations de la région et améliore ou résout
les problèmes de chômage.
IB
LI

5.3.1.4. L’existence de département d’étude et de suivi de projets


O

Avant de financer des projets, la banque islamique exige des promoteurs de projets une
TH

présentation d’une étude de faisabilité qui lui permet de juger de l’importance du projet, de sa
EQ

viabilité, des risques à courir et, éventuellement, des garanties à offrir pour couvrir ces risques
(en cas de financement du type Mourabaha). Cette appréciation ne peut se faire qu’à travers
U

une étude qui fait ressortir tous les aspects financiers, économiques, commerciaux, techniques
E

et organisationnels. La plupart du temps les dossiers fournis par ces PME ne renferment pas
tous ces éléments d’appréciation en question du fait de leur manque de qualifications pour
réaliser eux-mêmes ces études ou du manque de moyens financiers pour s’adresser à des
bureaux spécialisés.

Quelquefois le coût très faible des investissements n’incite pas les banques notamment
classiques, à détacher un expert pour reprendre le dossier. Or, si elle devait le faire,
l’importance des frais de dossier évalués à 4% au niveau des banques classiques entrainerait
une augmentation substantielle des coûts qui risquerait de peser sur la rentabilité du projet.
Les banques islamiques, pour répondre à l’attente de leur clientèle, se sont dotées de
69
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

départements d’études de projets et de suivi pour aider les promoteurs à présenter des projets
répondant aux critères exigés. Il reste entendu que le niveau très faible des coûts des
investissements fait que la banque islamique soit obligée d’utiliser un modèle plus approprié
pour l’évaluation du dossier. Ce qui a l’avantage de réduire les faux frais qui viennent
s’additionner au crédit accordé. Dans ce cas, la banque se charge du financement total de
l’investissement mais est propriétaire du capital investi. Le promoteur, présentant uniquement
son expérience, verra ses efforts et son travail et les profits générés par l’exploitation partagés
ainsi : une partie pour le financement du projet destinée à la banque, une autre partie pour le
travail, destinée au client. Ce type de financement convient parfaitement aux PME qui
démarrent pour obtenir les fonds nécessaires à la mise en place de l’investissement. Mais il
faut noter que cette pratique est exceptionnellement utilisée par les banques islamiques.
C
ES

Bien qu’ayant de nombreux atouts, la finance islamique, pour prospérer au Sénégal doit
d’abord surmonter un certain nombre de défis sur le plan économique. A noter qu’il existe
AG

plusieurs défis à relever pour que la finance islamique puisse prospérer au Sénégal.
-B

5.3.1.5. Capacité de la finance islamique à attirer les investissements

L’instauration d’un système de finance islamique sera bénéfique pour le Sénégal qui fait
IB

partie des pays les moins avancés (PMA) du fait de la vulnérabilité de son économie. En effet,
LI
O

elle pourrait attirer indirectement des investisseurs en provenance des pays du Golfe qui ont la
TH

particularité de posséder des portefeuilles conséquents et liquides. Il y a des liquidités


abondantes en provenance des monarchies du Golfe. L’argent qu’ils génèrent provient du
EQ

pétrole ; or ils sont conscients que le pétrole n’est pas éternel. Ils souhaitent préparer l’après-
U

pétrole et sont sensibles aux opportunités que la finance internationale peut leur offrir. Cela
E

fait les affaires des pays pauvres qui sont en mal de liquidités.

5.3.1.6. Finance islamique et pauvreté

La finance islamique constitue un puissant outil d’allégement de la pauvreté. Elle implique la


fourniture de services financiers aux personnes pauvres, en particulier ceux qui sont
traditionnellement exclus des systèmes financiers formels du fait de leur situation économique
; tel est l’avis du représentant de la BID. En effet, ces personnes défavorisées sont souvent
confrontées aux garanties requises pour prétendre à accéder aux services financiers des
banques. N’ayant pas accès aux services financiers, ces ménages pauvres éprouvent beaucoup
de difficultés pour améliorer leurs conditions de vie et de bénéficier des opportunités

70
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

économiques qui s’ouvrent à eux. Par conséquent cette exclusion financière les condamne à
rester dans le cercle vicieux de la pauvreté, du fait qu’elle constitue un facteur important sur
leur incapacité à participer au processus de développement. La finance islamique aide à
l’émancipation de ces personnes, à travers des programmes conçus spécifiquement pour
répondre à leurs besoins et à leurs circonstances.

En économie islamique, chaque individu doit être pris en compte, si pauvre soit-il. A cela
s’ajoute le fait que c’est la banque islamique qui a été la première institution financière à
lancer des services à caractère social pour les classes défavorisées (octroi de prêts sans
intérêts, financement du pèlerinage à la Mecque, de retraite, allocations sociales, création d’un
fonds d’assurances sociales). Mais pour être plus concret, nous allons décliner pour chaque
instrument de la finance islamique choisi les opportunités spécifiques qu’il comporte. La
C
ES

finance islamique à pu transformer les outils islamiques préconisés pour lutter contre la
pauvreté, en produits financiers offerts ; dans le but d’atteindre les plus pauvres. Ces produits
AG

financiers offerts sont le Qard Hassan, la Zakat, le Waqf.


-B

Qard Hassan
IB

Il s’agit d’un prêt sans intérêt, octroyé par l’institution de finance islamique, à ses membres
LI

qui sont dans le besoin, et qui sont dans des circonstances difficiles ou urgentes ; tels que par
O

exemple les problèmes d’ordonnance médicale, de décès, etc. A l’échéance du prêt, l’IF ne
TH

reçoit du bénéficiaire aucune rémunération ou intérêt.


EQ

 Impact social
U

Ces prêts constituent une réponse à l’appel à la fraternité par L’Islam. Ils peuvent permettre à
E

la personne en difficulté, de régler ses problèmes et sortir ainsi de sa situation de détresse,


sans avoir à se soucier à payer des intérêts. Ces prêts sont encouragés par le Coran

La Zakat

En principe la collecte de la Zakat est un attribut de l’État en Islam. Cependant peu d’États, en
terre d’Islam, sont régis conformément à la charia, et les États qui ne sont pas islamisés n’ont
aucune autorité pour collecter la Zakat. À défaut de collecte par la communauté religieuse
organisée, les institutions financières islamiques , du fait de leur fonction dans la société, sont
tout naturellement chargées de la collecte et de l’administration de la Zakat, selon les règles
de la charia. Plusieurs banques ou IF islamiques ont un Fonds spécial : le Compte de la Zakat.
71
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Ce compte est géré indépendamment des autres dépôts, sous le contrôle du Conseil religieux
de surveillance. En plus des montants dus par la banque elle-même ou par les clients
bénéficiant d’un partage des profits, la banque peut aussi enregistrer dans ce compte les
versements effectués par tout musulman qui désire s’acquitter de son devoir auprès d’elle, ou
encore les versements effectués à titre de purification, comme par exemple les intérêts perçus
dans les opérations avec d’autres banques classiques.

 Son impact social

La Zakat peut constituer un service financier, pour les plus pauvres ou ceux qui ne peuvent
exercer un emploi, par handicap ou par vieillesse, afin d’assurer leur protection sociale. Les
ressources de la Zakat peuvent permettre à des individus de sortir complètement de leur
C

situation de pauvreté comme le précise Monsieur X’, Directeur Général de la MICIS dans son
ES

exposé; ces ressources peuvent être utilisées pour aider les nécessiteux capables d’exercer un
emploi à se débarrasser de la pauvreté, en leur aidant à créer des activités génératrices de
AG

revenus. La banque ou L’IF peut créer un comité qui étudie, sur les demandes de crédit, les
microprojets pouvant bénéficier des ressources de la Zakat. Car il est important de préciser
-B

que l’objectif de la Zakat n’est pas d’entretenir les pauvres tout en les maintenant dans leur
IB

situation mais plutôt de les faire sortir définitivement de cette précarité ; le fait de distribuer
LI

de petites sommes dérisoires entre plusieurs personnes ne règlera pas le problème, cela ne
O

l’aidera pas à sortir de leur misère. Le Sénégal est certes un pays pauvre, néanmoins si tous
TH

ceux qui devaient donner la Zakat s’exécutaient selon les recommandations de l’Islam, nul ne
EQ

doute que la pauvreté reculerait de manière considérable dans le pays. Malheureusement ce


n’est pas tous les musulmans qui en ont les moyens qui s’acquittent effectivement de leur
U

devoir. Si de tels exemples se multipliaient, combien de jeunes pourraient être sauvés de la


E

délinquance, ou de l’émigration clandestine ?

Le Waqf

Certaines IF islamiques mettent en place des comptes awqafs (pluriel de Waqf), destinés aux
domaines humanitaires (orphelins, santé, éducation …). Ces IF lancent des appels de fonds
Waqf pour trouver de généreux donateurs en faveur des différents comptes Waqf ouverts.

 Impact social

72
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

A l'origine, le Waqf ne s'appliquait qu'aux biens immeubles. Mais avec son évolution, il se
fait sous la forme monétaire ou en nature quelconque. Le donateur se voit délivrer un
certificat qui matérialise son acte. Le Waqf peut être destiné aux pauvres ne pouvant remplir
les exigences requises pour avoir accès aux financements ; et développer des activités
productives afin d’améliorer leurs conditions de vie. Ces personnes peuvent être identifiées,
financées et assistées, pour un bon usage des moyens mis à leur disposition.

5.3.1.7. Les autres produits financiers adaptés à la lutte contre la pauvreté


et au développement

Ces produits financiers offerts par la finance islamique excluent la rémunération par taux
d’intérêt. Rappelons d’abord les inconvénients du système basé sur l’intérêt généralement
avancés et qui sont les suivants :
C
ES

- le risque n’est pas équitablement partagé dans une opération de prêt puisque l’emprunteur le
AG

supporte quasiment seul, d’où l’injustice sociale ;

- décourage l’esprit d’entreprise car dès l’octroi du prêt, avant même tout retour sur
-B

investissement, l’emprunteur ou l’entrepreneur doit payer des intérêts et commencer à


IB

rembourser le capital ;
LI

- entraine une dichotomie entre l’économie réelle et l’économie monétaire


O
TH

Parmi ces produits offerts par l’IF islamique, on peut en citer : la Moudarabah, la
Moucharakah, la Mourabaha, le Salam, l’Istisna’a, l’Ijara. .
EQ

5.3.2. Les défis de la finance islamique au Sénégal


U
E

Comme on l’a décrit plus haut, l’éthique que prône la FI n’a de sens que lorsqu’elle est
accompagnée d’efficacité économique. Avec le niveau actuel de la finance islamique au
Sénégal, on ne peut en dire autant. La finance islamique au Sénégal doit relever et gérer un
certain nombre d’obstacles que nous allons étayer tour à tour.

5.3.2.1. Sur le plan fiscal, réglementaire et légal

Pour favoriser le développement de la FI, l’Etat du Sénégal a révisé sa loi fiscale qui est en
vigueur depuis le 1 Janvier 2013. Cette loi fiscale a tenu en compte des spécificités de la
finance islamique qui était confrontée à une double taxation sur certaines transactions. Par
exemple, pour financer certains besoins réels des clients, la banque islamique doit d’abord
73
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

posséder l’actif en question avant de le transférer au client. Ces transactions pourraient


entraîner une double taxation qui serait de nature à rendre le produit proposé par la banque
islamique plus cher que celui de la banque conventionnelle.

Parmi les choses qui restent à revoir il y a la réglementation bancaire actuelle dans l’espace
UEMOA qui n’est pas favorable pour l’implantation des banques islamiques. Selon le
représentant du MEF et le représentant de la BID, la BCEAO devrait réviser le cadre
réglementaire qui régit l’activité bancaire. En effet, le cadre réglementaire n’empêche pas
l’implantation des banques islamiques mais aussi il ne le favorise pas beaucoup. La
réglementation bancaire est adaptée aux banques conventionnelles qu’elle favorise au
détriment de celles islamiques. Pour permettre une compétition entre les deux types de
produits en toute équité, une réforme du cadre réglementaire est nécessaire afin de prendre en
C
ES

considération les spécificités de ces produits alternatifs. Le représentant du MEF a aussi


abordé le problème de refinancement auquel la BIS est confrontée. En cas de refinancement
AG

par la BCEAO, la BIS paie des intérêts à la BCEAO or ceci est prohibé par les principes de la
finance islamique.
-B

Sur le plan légal les textes de loi en vigueur actuellement au Sénégal ne favorisent guère le
IB

plein épanouissement des banques islamiques et de la microfinance islamique. Ainsi le cas de


LI

la MECIS en est un exemple. Selon le président de son conseil d’administration, le manque de


O

reconnaissance juridique de la MECIS a beaucoup impacté sur sa crédibilité et l’a empêchée


TH

d’avoir des financements extérieurs. Selon le représentant de la MICIS, Directeur de la Micro


EQ

Crédit Islamique du Sénégal (MICIS), c’est une cause de la fermeture de beaucoup d’agences
de la MECIS comme celles de Dakar, Rufisque, Louga, Kaolack et Yène. Cette dernière s’est
U

transformée en Juillet en 2013 en MICIS.


E

Ainsi, les institutions de microfinance offrent des produits financiers islamiques d’abord dans
la limite des instructions de la banque centrale notamment celles relatives à la limitation des
opérations autres que les activités d’épargne et de crédit et celles relatives à la limitation des
titres de participation dans d’autres sociétés.
Selon le représentant de la BID, pour résoudre la problématique du cadre réglementaire un
protocole d’accord a été signé le 7 septembre 2012, entre la Banque Islamique de
Développement (BID) et la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pour
développer ensemble la finance islamique au sein de l’espace UEMOA (Annexe 5).

74
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

En ce qui concerne le Sénégal, le représentant du MEF a salué l’effort que l’Etat du Sénégal a
fait concernant l’aménagement du cadre fiscal Sénégalais qui posait un véritable obstacle pour
les institutions financières islamiques. Citons par exemple le cas du Mourabaha, le bien est
confronté à une double taxation qui à l’arrivée, il serait plus adéquat de l’acquérir chez les
institutions classiques.

5.3.2.2. Sur le plan communicationnel

Selon le représentant du MEF, la population sénégalaise ne connait pas les produits financiers
islamiques et ceci est dû à un manque de politique de communication. La réticence des
sénégalais et des consommateurs en général est souvent due à un manque de confiance vis-à
vis des banques à cause d’une insuffisance de communication des banques en général. Pour la
C

finance islamique la tâche sera encore plus difficile à cause du risque de réputation et de
ES

crédibilité que la population a eu par rapport aux banques. A cela s’ajoutent le manque
d’éducation et l’encrage des sénégalais dans le système bancaire classique. C’est là que le rôle
AG

de l’Association pour la Promotion de la Finance Islamique au Sénégal (APFIS) doit être plus
déterminant pour au moins deux choses : la première, est que la finance islamique n’est pas
-B

bien connue des sénégalais, la deuxième est relative à l’existence d’une banque islamique qui,
IB

en fait ne l’est que de nom, ne facilite pas le discours de la finance islamique auprès de la
LI

population. Cette dernière va toujours identifier la finance islamique à la BIS. Ainsi la finance
O

islamique risque de perdre l’effet de l’image qu’elle se veut auprès des cibles c’est-à-dire une
TH

finance basée sur l’éthique et la morale. C’est dans cette perspective que le représentant de la
EQ

MICIS nous explique que sa structure s’est battue pour donner la bonne information
concernant leurs produits à la population de leur localité composée d’agriculteurs, d’éleveurs
U

et de pécheurs pour qu’ils puissent comprendre cette finance éthique. A présent, ils utilisent
E

les services qu’octroie la MICIS et il ne faut pas perdre de vue que selon le représentant de la
MICIS tous leurs produits respectent les principes de la finance islamique.

L’appellation doit avoir un jargon locale car les noms donnés aux produits financiers
islamiques tels que Istisna’a, moudarabah, moucharakah, sukuk etc. sont arabe et parfois
lourd à prononcer. C’est pourquoi il serait nécessaire d’utiliser les médias pour expliquer en
langue nationale (Wolof, Sérère, Djola, Pulaar, Mandingue, Soninké etc.) ce qu’est la finance
islamique.

75
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

5.3.2.3. Enseignement, formation, recherche et développement

Le représentant du MEF a souligné l’insuffisance de ressources humaines avérée qui se


traduit par un manque de compétences. Le moteur de développement d’un pays commence
par l'enseignement, la formation et la recherche. Ceci est plus évident pour une discipline
comme celle bancaire et financière islamique qui est à ses débuts. Comme cela est indiqué
précédemment, il y a une pénurie sérieuse de savants possédant même des connaissances
(moins de 100 dans le monde) pratiques à la fois de Fiqh islamique, d'économie et de finance
moderne. De même, plusieurs dirigeants des banques islamiques ne sont pas très bien formés
en matière de modes de financement islamiques. Malheureusement, très peu d'efforts ont été
déployés pour satisfaire ces conditions. C’est dans ce cadre que l’Etat du Sénégal a envoyé
douze (12) experts Sénégalais (trois de la BCEAO, six de AIIF, un universitaire de l’UCAD,
C

un universitaire de Gaston Berger et un expert de la DMC) à l’université de Bahrein Institute


ES

of Banking and Finance pour la promotion de la finance islamique au Sénégal. A cela s’ajoute
AG

les propos du représentant de la MICIS qui souligne que l’une des causes de la faillite de
certaines agences de la MECIS est due au manque de compétences sur ce domaine parce que
-B

la majorité des employés de la MECIS ont fait des formations en comptabilité et finance
classique. Il serait difficile de gérer une institution de finance islamique sans un certain
IB

nombre de pré requis en finance islamique et en Fiqh.


LI
O

Dans le domaine de l'enseignement, nous pouvons dire qu’aucune université dans l’espace
TH

UEMOA n’offre de diplôme supérieure spécialisé en finance islamique. Il n'y a pas de


EQ

programmes officiels de formation destinés à préparer les employés des banques islamiques.
La plupart des employés des banques islamiques, y compris les dirigeants et les experts
U

financiers, viennent d’institutions traditionnelles. Une institution est faite de ses employés.
E

D'où l’importance d'avoir des personnes jouissant des compétences appropriées. L'avenir du
système bancaire et financier islamique dépend étroitement de l'enseignement, de la formation
et de la recherche dans la spécialisation désirée. Quelques universités dans certains pays
musulmans, particulièrement en Egypte, en Arabie Saoudite, au Pakistan, en Angleterre et en
Malaisie ont initié des programmes d'enseignement pour former des diplômés avec une
double spécialisation en Charia et en finance.

En ce qui concerne la recherche, les banques islamiques, individuellement ou en tant que


groupe, n'ont pas assez dépensé sur la recherche et le développement. Certaines d’entre elles
disposent de petites unités de recherche mais un volume faible de leurs recherches est destiné

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NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

à développer des produits. Il n’est pas donc surprenant que l'industrie bancaire islamique n'ait
pas été en mesure de produire assez de produits financiers nouveaux. Les universités et les
quelques institutions de recherche n'ont pas reçu d'assistance financière substantielle des
banques islamiques. Une autre composante très importante d'une recherche utile et spécifique
est la disponibilité d'informations authentiques.

5.3.2.4. Normalisation comptable

Les normes comptables des banques classiques sont identiques dans tout l’espace UEMOA.
La BCEAO assure leur fonctionnement, publie les bilans consolidés des banques et assure la
supervision sans difficulté. Tel n’est pas le cas pour les IFI selon le représentant du MEF car
les concepts utilisés dans les bilans et les comptes de pertes et profits ne sont pas identiques ;
C

ce qui crée des dissonances dans les pratiques comptables.


ES

En vue d'introduire une normalisation dans les pratiques comptables des institutions
AG

financières islamiques, quelques banques islamiques, sous la direction de la Banque Islamique


de Développement, ont établi une organisation appelée Organisation de Comptabilité et
-B

d'Audit pour les Institutions Financières Islamiques (AAOIFI). Cette organisation,


actuellement fonctionnelle et sise à Bahreïn, est composée d'un comité de supervision et d'un
IB

conseil des normes comptables et financières chargé de préparer, publier et amender les
LI
O

normes comptables des banques et institutions financières islamiques qui ont accepté
TH

d'appliquer les normes de ce conseil. Toutefois, tout changement sensible dans les pratiques
comptables des banques islamiques nécessite du temps. La raison principale est que l'AAOIFI
EQ

est une organisation volontaire ne disposant pas de pouvoir pour imposer l'application des
U

standards.
E

Conclusion

Ce chapitre nous a permis d’analyser les enjeux et les opportunités de la finance islamique au
Sénégal. Nous avons constaté que la FI présente d’importantes opportunités mais il serait
nécessaire de concrétiser la réglementation bancaire qui est en cours de réforme. Au terme de
notre étude il ressort que 61,5% des personnes interrogées sont prêtes à utiliser les produits
financiers islamiques respectant les principes de la Charia. Par là nous dirons que la demande
de produit financiers islamique respectant la Charia est importante. Mais pour concrétiser
cette finance basée sur la Charia au Sénégal, il faut impérativement relever un certain nombre

77
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

de défis que nous avons eu à soulever sur ce chapitre. C’est pourquoi nous tentons de
proposer quelques recommandations.

C
ES
AG
-B
IB
LI
O
TH
EQ
U
E

78
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

CHAPITRE 6 : RECOMMANDATIONS

Au cours de la présentation des résultats de notre étude, nous avons remarqué que la FI
présente de réelles opportunités pour le Sénégal et qu’un certain nombre de défis est à relever.
Face à cette situation, il serait nécessaire de faire des recommandations en faveur de la
BCEAO, de l’Etat du Sénégal et des institutions financières islamiques. Ces recommandations
vont dégager des stratégies pour faire de la finance islamique une alternative à la finance
classique.

6.1. Recommandation destinées à la BCEAO et à L’Etat du Sénégal


C
ES

Cette phase consiste à donner mon point de vue sur l’étude que j’ai eu à mener sur les enjeux
et les opportunités de la FI au Sénégal. Ces recommandations sont destinées à la fois à l’Etat
AG

du Sénégal et à la BCEAO.
-B

6.1.1. Harmoniser les pratiques des banques islamiques


IB

Il faut relever le défi de la formation de ressources humaines appropriées, car de façon


LI

générale au Sénégal on note une insuffisance de ressources humaines qualifiées en finance


O

islamique. Les institutions de finance islamiques utilisent les modes de financement


TH

islamiques de manière différente. Une telle diversité peut conduire à un manque de précision
et une incompréhension de la nature de ces contrats. Il y a donc besoin d’uniformiser les
EQ

méthodes de financement, particulièrement dans le cas d’un environnement mixte où les


U

banques islamiques opèrent côte à côte avec les banques traditionnelles. C’est ce qui explique
E

d’ailleurs le fait que l’image ne semble pas suffisamment claire pour les autorités monétaires
lorsqu’elles procèdent au contrôle des banques islamiques et des produits bancaires qu’elles
offrent au public.

Certains pays ont réalisé des succès variés dans différents domaines et disposent donc d’une
expérience de valeur dans la recherche et le développement. L’exemple de la Malaisie et de
l’institut islamique de recherche et de formation (IIRF) en est révélateur. Il serait approprié
de maintenir un dialogue continu avec ces pays et institutions pour échanger les expériences
et bénéficier des leçons de chaque pays. Il serait aussi opportun de renforcer la collaboration
pour la réalisation d’objectifs communs par le biais d’une action conjointe. Il y a un nombre

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NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

d’organisations régionales et internationales justifiant d’une bonne expérience en matière de


pratique bancaire islamique. La plus notable parmi elles, c’est la BID. D’autres ont une bonne
expérience en matière de transition d’un système vers un autre, de réformes et d’ajustement
structurel. L’aide de ces organismes et l’expérience qu’ils ont acquise sont d’une valeur
insoupçonnable pour l’application du système bancaire islamique.

6.1.2. Mise en place par la BCEAO d’un comité de conformité à la Charia

Alors que la santé financière peut suffire pour gagner la confiance de la clientèle d’une
banque conventionnelle, la conformité à la Charia est d’une importance égale pour les
banques islamiques. Une banque islamique peut échouer tant pour sa non-conformité à la
Charia que pour son imprudence en matière de placement des fonds. C’est pourquoi il faudra
C

s’assurer que toutes les activités de la banque islamique soient conformes aux principes de la
ES

Charia. Dans ce contexte, il y a lieu de faire la distinction entre deux fonctions:


AG

6.1.2.1. La fatwa

La fatwa représente les opinions reflétant les dispositions de la Charia pour ce qui concerne
-B

les choses et les contrats nouveaux. Ces opinions doivent se justifier d’arguments juridiques
IB

solides. Il est préférable de déléguer cette fonction à un Conseil des Ulémas travaillant à
LI

l’échelle nationale. Tous les contrats doivent être approuvés par ce Conseil avant d’être
O

appliqués dans la pratique. Le Conseil pourrait répondre aux pétitions faites par des individus
TH

ou des institutions contre certaines pratiques des banques ou institutions financières


EQ

islamiques.

6.1.2.2. L’Audit basé sur la Charia


U
E

Actuellement, chaque IFI choisit son propre organe de contrôle légal. Cette méthode de
sélection ouvre la voie à des pratiques bancaires qui varient d’une banque islamique à l’autre,
même celles opérant dans un même pays. Il faut noter que le seul Sharia Board qui existe au
Sénégal est celui du DEFI de PAMECAS. Si nous prenons l’exemple de la Malaisie ou du
Soudan qui sont reconnus en matière de FI il faut noter qu’il existe un Sharia Board national
qui régit toutes les banques islamiques mais aussi chaque banque islamique aura son propre
Sharia Board en son sein. Il est peut être préférable pour la banque centrale qui régit la
réglementation bancaire au sien de l’UEMOA de créer au sein de sa propre structure
organisationnelle un département chargé du contrôle et de l’audit légal basé sur la Charia. Ce
département devrait compter un certain nombre d’Ulémas jurisconsultes spécialisés dans la
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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

jurisprudence islamique et qui ont des connaissances en matière de finance, de comptabilité et


de droit. Un tel département peut remplir les fonctions suivantes :

l’inspection d’un échantillon de documents concernant les opérations relatives à


certains contrats et à leur saisie comptable pour s’assurer de leur conformité avec les
modèles et règles juridiques autorisés ;

la diffusion de certaines directives destinées aux responsables au niveau des banques


islamiques sous forme de bulletins ou de circulaires, leur demandant de prêter
attention aux imperfections commises d’un point de vue de la Charia, et la manière de
les éviter.

6.1.3. Mise en place d’une structure de refinancement pour les banques


C

islamiques
ES

Les banques islamiques sont considérablement désavantagées face à la concurrence des autres
AG

banques conventionnelles car elles n’ont pas véritablement accès au marché monétaire. Les
banques classiques ont toujours la possibilité d’avoir recours aux autres banques et à la
-B

banque centrale lorsqu’elles ont des difficultés de liquidités. Il faudrait donc trouver une
IB

solution contournant le problème du paiement des intérêts pour que les banques islamiques
LI

puissent, elles aussi, recevoir l’assistance financière requise dans de telles conditions.
O

Les banques centrales dans les pays où il y a des IFI devraient également encourager la mise
TH

au point d'instruments financiers non assortis d'intérêts afin de permettre aux banques
EQ

islamiques de répondre avec satisfaction à leurs prescriptions statutaires en matière de


liquidités, en plaçant leurs liquidités excédentaires dans des opérations rentables. Il serait en
U

outre souhaitable d'étendre aux déposants des banques islamiques les mêmes avantages en
E

matière de partage de profits que ceux dont jouissent les déposants des banques classiques,
comme les exonérations fiscales et les mesures d'encouragement dont sont assortis les dépôts
dans les banques non islamiques. Il faut saluer l’effort qu’a fait la BCEAO ; les obligations
islamiques dénommées « Sukuk » que l’Etat sénégalais envisage d’émettre sur le marché
financier régional sont désormais recevable aux guichets de refinancement de la BCEAO.

6.1.4. L’élaboration d’un cadre institutionnel approprié

Chaque système a sa propre spécificité institutionnelle, le système de banque et finance


islamiques ne fait pas exception. Les banques islamiques nécessitent un certain nombre

81
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

d’arrangements institutionnels visant à faciliter la mise en œuvre de diverses fonctions jugées


nécessaires. Pour le moment, la majorité des institutions bancaires islamiques opèrent
environnement traditionnel. Elles essayent de se maintenir dans un cadre institutionnel qui est
vraiment conçu spécialement pour les banques conventionnelles. Elles manquent le support
institutionnel qui pourvoit à leurs besoins spécifiques. La construction d’un tel cadre
institutionnel par l’Etat, conçu spécialement pour les banques et institutions financières
islamiques représente un défi sérieux. Cela peut se faire en deux manières. La première
consiste à opérer des arrangements institutionnels qui faciliteraient la tâche aux banques et
institutions financières islamiques dans un environnement conventionnel. Bien que cela ne
soit pas impossible à réaliser, mais il nécessite toutefois une attention particulière de façon à
créer les conditions favorables au fonctionnement des deux systèmes à la fois. A titre
C

d’exemple, le contrôle de banques peut être redéfini pour permettre la surveillance des deux
ES

types de banques, et les règles du marché financier peuvent être conçues de manière à prendre
en considération les nouveaux instruments financiers islamiques côte à côte avec les
AG

instruments conventionnels. Une telle approche peut être considérée comme un premier pas
-B

vers une transformation complète à la finance islamique. L’autre manière consiste en la


construction progressive d’une infrastructure favorable aux banques et à la finance islamiques
IB

dans le but d’établir un système financier islamique pouvant remplacer le système en cours
LI

basé sur l’intérêt. Ce système devrait nécessairement contenir l’infrastructure qui faciliterait
O

l’utilisation des méthodes et modes de financement employés par les banques islamiques. Une
TH

reconversion réussie vers un système sans intérêt intégré doit, cependant, remplir certaines
EQ

conditions. Les paragraphes qui suivent contiennent une brève description des domaines qui
méritent une attention particulière.
U
E

La fonction essentielle d’un marché financier est de mobiliser l’argent des agents
excédentaires pour le transférer vers les agents déficitaires, individuels ou institutionnels. Ce
transfert se fait soit directement à travers le marché des titres ou indirectement à travers les
intermédiaires financiers. Les institutions de la finance directe sont les marchés primaires, les
marchés secondaires et les banques d’investissement. Pour orienter les investisseurs, il existe
des agences de notation (rating agencies) qui évaluent la solvabilité des différentes sociétés en
quête d’argent pour leurs opérations d’investissement. Parallèlement, Il existe une variété
d’institutions qui exercent la fonction d’intermédiaires financiers. Ces institutions
comprennent : les banques de dépôts ou banques commerciales, les institutions d’épargne et
de financement, les intermédiaires financiers implicites tels que les compagnies d’assurance et
82
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

les caisses de retraites, les investisseurs intermédiaires tels que les fonds mutuels, les sociétés
de gestion de portefeuille et les compagnies financières. Il doit être clair que tout système
financier a besoin d’un arrangement institutionnel suffisamment élaboré pour répondre aux
besoins à la fois des utilisateurs et des pourvoyeurs de fonds. Chacune des institutions
mentionnées ci-dessus remplit des tâches particulières et contribue à sa manière à l’efficacité
du système financier en général. C’est contre cette toile de fonds que le système financier
islamique doit se développer. Pour remplir toutes ces fonctions, qui sont d’ailleurs nécessaires
pour le bon fonctionnement du système financier dans une économie moderne, les institutions
financières islamiques correspondantes doivent être créées.

6.2. Recommandation destinées aux institutions financières islamiques


C

Dans cette étape les recommandations que nous allons formuler seront destinées aux
ES

institutions financières islamiques déjà installées.


AG

6.2.1. Mise en place d’un Charia Board


-B

La plupart des institutions financières islamiques et des banques conventionnelles offrant des
produits Islamiques disposent d'un comité de conformité, appelé communément « Sharia
IB

Board », qui établit de façon indépendante les conditions de validité des transactions au
LI

regard des règles et principes de la Charia. Tel n’est pas le cas pour nos institutions de finance
O

islamiques à part le Charia Board du Département de Finance Islamique (DEFI).


TH

Ce comité est un organe collégial composé au moins de trois (3) Oulémas, qui ont tous une
EQ

compétence avancée en matière bancaire et financière. Selon le professeur Mohamed Bechir


U

OULD SASS, enseignant à l’école de Management de Strasbourg et membre du comité


E

français (et francophone) ACERFI (Audit, Conformité, Ethique et Recherche en Finance


Islamique), le « terme oulémas fait référence aux savants en sciences religieuses considérés
comme les gardiens, les transmetteurs et les interprètes du savoir religieux, de la doctrine et
de la loi en islam; il englobe aussi ceux qui assurent des fonctions religieuses dans la
communauté qui requièrent des connaissances religieuses et juridiques plus ou moins
approfondies, tels que les juges et les imams des moquées etc.» (Gilliot, 2002).

Suivant l'institution financière, les membres des comités peuvent ne pas être permanents, et
se réunir périodiquement, afin d'examiner la conformité des produits et des processus. Il est
fréquent que des oulémas siègent aux Sharia Boards de multiples institutions, et certains

83
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

juristes de renommée internationale font partie de plus d'une quinzaine de comités. Le rôle de
cet organe de contrôle de conformité à la Sharia peut être soit consultatif, soit délibératif.
Dans la plupart des cas, il est délibératif. Parmi ses missions, on compte :

conseiller le Conseil D’administration & la direction Générale de la banque ;

certification des instruments Financiers à travers les fatwas (contrôle de Charia ex-
ante) ;

vérification de la conformité des transactions avec les fatwas émis (Contrôle de Charia
ex-post) ;

émission de rapport sur la conformité de toutes les transactions financières avec les
C

principes ;
ES

le calcul & le paiement de la Zakat ;


AG

donner un avis sur la répartition du revenu et des dépenses entre les actionnaires de la
banque et les détenteurs de compte d’investissement ;
-B

identification et élimination des recettes non conformes à la Charia.


IB
LI

Dans certains pays musulmans comme la Malaisie, le Pakistan ou encore le Soudan, la


O

conformité Charia est centralisée. On trouvera par exemple au sein de la Banque centrale, un
TH

haut organe de conformité qui émettra les fatwas pour l’ensemble de l’industrie financière.
EQ

Ces avis juridiques seront repris et appliqués par les institutions financières en concertation
avec leur propre comité de conformité Charia. Ce dernier pouvant être interne ou externe en
U

fonction des pays, institutions et situations 24.


E

Cette initiative peut être entreprise par la BCEAO en instaurant en son sien un Haut Conseil
de Supervision Charia. Cette entité sera indépendante et elle sera chargée de la conformité à la
Charia des activités des banques et autres institutions financières.

24
Islamic Finance Advisory & Assurance Services(IFAAS), Finance Islamique, rapport 2011-2012

84
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

6.2.2. Mise en place d’une stratégie de communication efficace

Dans notre espace UEMOA la majorité des populations ont peur des banques du fait qu’elles
ont à l’esprit que les banques sont des arnaqueurs. Cette assertion est une cause du faible taux
de bancarisation au Sénégal. Parmi tant d’éléments qui font que la finance islamique ne
connait pas un développement exponentiel au Sénégal, on peut noter le fait qu’elle ait mal
connu. En fait la plupart des Sénégalais ne connaissent pas la finance islamique et certains qui
l’ont connue par le biais de la banque islamique du Sénégal n’en trouvent pas de différence
avec la finance classique à cause du fonctionnement de la BIS. L’axe communicationnel doit
privilégier les valeurs de la finance islamique, c’est-à-dire la valeur religieuse, la valeur
morale et la valeur éthique.
C

6.2.3. Le développement de l’ingénierie financière


ES

Comme l’indique le terme, l’ingénierie financière correspond à l’art de concevoir des produits
AG

financiers pour satisfaire les besoins et les goûts des utilisateurs sur le plan risque, échéance et
rendement. Les marchés financiers deviennent de plus en plus sophistiqués et concurrentiel.
-B

En vue de s’adapter à l’environnement en perpétuel changement et de faire face à une


concurrence exacerbée, l’ingénierie et l’innovation financière sont impératives. Les outils
IB

financiers islamiques utilisés jusqu’à nos jours datent depuis des siècles. Ils étaient conçus
LI

pour satisfaire les besoins de ces sociétés et ils remplissent toujours leurs fonctions dans les
O

contrats contemporains mais rien ne nous oblige de se limiter uniquement à ces instruments.
TH

A la lumière du principe de l'istisna’a, une "approche pour les besoins" en matière d'ingénierie
EQ

financière est recommandée, mais tout en respectant les principes de la finance islamique. A
cet effet, l'exemple du salam est très important à rappeler. En général, il n'est pas permis de
U
E

vendre quelque chose que l’on ne possède pas. Mais, dans le cas du salam, le Prophète de
l’Islam (que la paix et le salut soient sur Lui) a autorisé une telle vente à cause du "besoin" et
tout en précisant les règles nécessaires pour protéger les intérêts des deux parties. Les besoins
financiers aussi bien des individus que des entreprises ont changé.

Les besoins visés par ces instruments doivent être soumis à un examen. Si les besoins sont
authentiques (du point de vue islamique), nous devons donc soit les adapter à nos objectifs
soit leur inventer des alternatives islamiques. Le processus d'adaptation est bien connu dans le
Fiqh islamique et n'a jamais été interrompu. Cependant, son rythme mérite d'être sensiblement
accéléré. Les contrats classiques ont été modifiés dans un certain nombre de cas pour

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NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

satisfaire les besoins actuels. Un exemple convaincant est le démarrage du système bancaire
islamique sur la base du principe d’al-moudarib youdarib selon lequel un moudarib (agent)
pourrait lui même engager un autre agent pour gérer réellement l'affaire. Le principe d’al-
moudarib youdarib autorise essentiellement la sous-traitance. Des contrats peuvent aussi être
conçus sur la base d'autres principes tels qu’al-mouajjar youajjir, al-moustasna yastasna, etc.
En d'autres termes, le contractant initial pourrait remplir les obligations dans le cadre du
contrat à travers les parties tierces. Incontestablement, ce principe est acceptable d'un point de
vue islamique.

Tandis qu'il est possible de modifier les contrats classiques afin de s'adapter aux conditions
modernes, une plus grande opportunité est offerte par l'ingénierie financière qui permet de
développer de nouveaux contrats. Ces contrats pourraient être dérivés d'anciens contrats ou
C

être entièrement nouveaux. La portée de l'ingénierie financière et des innovations est très
ES

vaste. Il est important que cette tâche soit confiée aux experts de la finance islamique qui
AG

connaissent les besoins et les exigences du commerce. Nous notons qu’il convient donc
d’étudier la population sénégalaise pour offrir des produits adaptés à ses besoins.
-B

Conclusion
IB

Ce chapitre nous a permis de formuler recommandation après une étude approfondie sur les
LI
O

enjeux et opportunités de la finance islamique au Sénégal. Ainsi nous recommandons à la


TH

BCEAO, à l’Etat du Sénégal et aux institutions financières islamiques Sénégalais d’en tenir
compte pour un avenir meilleur de ladite finance.
EQ
U
E

86
NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Conclusion deuxième partie

Cette dernière partie de ce mémoire aborde la FI au Sénégal. Dans cette partie nous avons fait
une brève analyse du secteur bancaire sénégalais où la concurrence devient de plus en plus
féroce. Ce qui fait que les banques islamiques pour mieux résister à la concurrence, et pour
préserver ou gagner des parts de marché, doivent respecter les principes éthiques de la finance
islamique. Nous avons également fait l’analyse thématique des résultats recueillis auprès des
clients ou clients potentiels et des professionnels du domaine. Au terme de cette étude, il
ressort que 61,5% des personnes interrogées sont prêtes à utiliser les produits financiers
islamiques respectant les principes de la Charia. Par conséquent les institutions de finance
islamique déjà installées ou voulant s’installer de même que l’Etat et la BCEAO pourraient
tenir compte des recommandations que nous venons de faire.
C
ES
AG
-B
IB
LI
O
TH
EQ
U
E

87
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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

C
ES
AG

CONCLUSION GENERALE
-B
IB
LI
O
TH
EQ
U
E

NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG


LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

La finance islamique a incontestablement connu, en termes de valeur de ses actifs, une


expansion remarquable ces dernières années. Le potentiel de croissance pour le marché des
produits financiers est considérable. L’agence de notation Standard & Poor’s évalue à 4.200 25
milliards le marché bancaire islamique potentiel. Or les actifs gérés par les institutions
financières islamiques s’élèvent à 1600 milliards de dollars en 2012. La marge de
développement est donc importante d’autant plus si les tendances des dix dernières années
(notamment l’accumulation d’excès de liquidités par les pays musulmans) se poursuivent.
A un niveau plus important, le climat politique d’un pays ainsi que la crédibilité de ses
institutions juridiques, sont des facteurs cruciaux pour attirer des investisseurs étrangers. Le
Sénégal semble avoir bien compris cette idée, comme l’attestent ses efforts pour une
application effective des règles de bonne gouvernance avec la création même d’un ministère à
C
ES

cet effet.
AG

Dans cette étude nous avons tenté de répondre à un certain nombre de questions posées dans
l’introduction. Ainsi, au-delà d’une discussion sur les concepts de la finance islamique, nous
-B

avons élaborée et apportée des réponses spécifiques à ce qui suit :


IB

 La finance islamique est-elle connue par la population sénégalaise ?


LI
O

Notre questionnaire nous révèle que la FI est assez connue au Sénégal (particulièrement à
TH

Dakar) à un niveau acceptable (46%). Ceci est dû au fait que les BI ne sont pas nombreuses
sur le territoire Sénégalais à cause de la réglementation bancaire mais aussi du manque de
EQ

communication des banques déjà installées.


U

 Comment les consommateurs jugent-ils les services financiers islamiques et


E

conventionnels ?

Les consommateurs jugent que les services financiers islamiques et conventionnels sont
nécessaires dans la vie active. Pour cela nous avons remarqué que 49% des personnes
interrogées ont un compte bancaire. 19% des interrogées révèlent que le moyen le plus sûr
pour sécuriser son épargne est la banque. D’autres personnes (51%) avancent d’autres facteurs
(l’assurance de la qualité des services, la proximité actuelle des banques, la réactivité, la
disponibilité, la confiance, l’assistance à la clientèle…).
25
A. Hassoune & M. Damak, « Les habits neufs de la finance islamique », Standard & Poor’s, Conférence sur la
Finance Islamique organisé par Paris Dauphine, Paris, le 16 mai 2007, consulté le 12 Janvier 2014.

89
NDIAYE Ibra MPCGF CESAG, 7ème Promotion, 2012-2014
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

 Quelles sont les attentes des consommateurs face à ces produits financiers
islamiques ?

Nous avons observé que 61,5% des consommateurs (musulmans et chrétiens) attendent la
mise en place de produits financiers islamiques respectant les principes de la Charia. De ce
fait les banques ont un rôle primordial à jouer pour satisfaire la demande de ces clients
potentiels.

 Le faible taux de bancarisation n’est-il pas dû au fait que les Sénégalais ont une
certaine réticence face aux banques ?

Le faible taux de bancarisation est dû à la conjoncture économique. Parmi les 51% qui n’ont
C

pas de compte bancaire, nous avons remarqué que les 29% n’ont pas de revenus périodiques,
ES

51% des interrogés ont cité d’autres raisons qu’ils n’ont pas dites. Un autre groupe de 19%
AG

avance que le fait que la majorité des banques sont classiques et elles pratiquent l’intérêt qui
ne les arrange pas ; seulement 1% des interrogées avance que les procédures d’ouvertures
-B

d’un compte bancaire sont compliquées.


IB

 Où en est-on avec la modification de la réglementation bancaire de l’UEMOA pour


LI

accueillir les BI ?
O

Actuellement, la BCEAO est en pleine réforme de la réglementation bancaire de l’UEMOA


TH

pour permettre aux banques islamiques d’avoir la possibilité d’agir sur le marché bancaire
EQ

sans aucune contrainte. Elle a récemment endossé les Sukuk comme instruments de
refinancement acceptables à ses guichets. Ceci, dans la perspective d’émission de 100
U
E

milliards de franc CFA de Sukuk par l’Etat du Sénégal, pour le financement d’infrastructures
innovantes et de projets d’énergie. Voilà ce qui montre la volonté de la BCEAO à promouvoir
la FI non seulement au Sénégal mais dans l’espace de l’Union Economique et Monétaire
Ouest Africain (UEMOA).

 Quelles sont les opportunités de la finance islamique pour le Sénégal ?

Le questionnaire affiche que le Sénégal à majorité musulmane (95%) regorge d’importants


potentiels pour les institutions financières islamiques. 65% des musulmans et 33% des
chrétiens interrogés sont prêts à utiliser les produits financiers islamiques à conditions que les
BI respectent scrupuleusement les principes de la Charia (Figure 13 et Figure 14). Par ailleurs,

90
NDIAYE Ibra MPCGF CESAG, 7ème Promotion, 2012-2014
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

le Sénégal a même commencé à bénéficier du processus de la modification du cadre


réglementaire avec l’autorisation de la BCEAO pour l’endossement d’un Sukuk. L’Etat de
son côté a modifié le code général des impôts et a tenu en compte des spécificités des produits
financiers islamiques qui subissaient une double taxation.

Les défis qui interpellent le Sénégal ne pourraient être valablement relevés sans
l’élargissement de l’offre de financement et une diversification des produits financiers
intégrant nécessairement les nombreuses opportunités fort intéressantes offertes par la finance
islamique. De par les principes (interdiction du Riba, le Gharar, le Maysir, le Haram) les
fondements et la philosophie qui la gouvernent d’une part et d’autre part les produits et
services développés par l’ingénierie financière islamique, la microfinance islamique en
C

particulier peut bien faire l’affaire avec ses deux missions : sociale et économique.
ES

La finance islamique peut contribuer à l’émergence économique et sociale du Sénégal, le cas


AG

de la Malaisie en est révélateur. Pour assurer la sécurité du système de la banque islamique,


bien que différent des banques classiques, ne peut échapper à la réglementation du fait qu’elle
-B

collecte l’épargne publique. Dans ce cadre, une question cruciale se pose à savoir comment
IB

appliquer la réglementation internationales des banques islamiques dont la nature des dépôts
LI

d’investissement, le mode de financement et les risques sont différents de ceux des banques
O

conventionnelles du fait de la nécessité de se conformer à la Charia.


TH
EQ
U
E

91
NDIAYE Ibra MPCGF CESAG, 7ème Promotion, 2012-2014
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

GLOSSAIRE

Ahkams : commandements
Charia : Lois coraniques et de la sunna régissant la vie des musulmans
Coran : Le Livre Saint chez les musulmans
Fatwa : Un avis juridique donné par un spécialiste de loi islamique sur une question
particulière. En règle générale, une fatwa est émise à la demande d'un individu ou d'un juge
pour régler un problème où la jurisprudence islamique n'est pas claire. Un spécialiste pouvant
donner des fatwas est appelé un mufti.
C

Fiqh : Ensemble des règles détaillées de la jurisprudence islamique


ES

Gharar : Incertitude, ambigüité


AG

Hadith : Les paroles et les actes du Prophète Mouhammad (PSL)


Halal : Licite
-B

Haram : Illicite, illégale


Ijmaa : L’unanimité de l’ensemble des savants musulmans
IB

Maysir : jeu d’hasard. L’une des trois interdictions fondamentales en finance islamique (avec
LI

le Riba et le Gharar). L’interdiction du Maysir sert souvent de fondement aux critiques des
O

pratiques financières classiques telles que la spéculation, l’assurance traditionnelle et les


TH

produits dérivés
EQ

Moucharakah : partenariat d’investissement dans lequel les conditions de partage des profits
sont prédéfinies et les pertes sont proportionnelles aux apports ; C’est une forme de capital
U

investissement
E

Mourabaha : vente avec déclaration de marge forme de crédit qui permet au client
d’effectuer un achat sans avoir à contracter un emprunt portant intérêt. La banque achète un
bien puis le vend au client en différé
Oulémas : Savants
Qiyass : Raisonnement par analogie
Riba : taux d’intérêt
Sourate : chapitre coranique
Sukuk : certificat d’investissement qui confère à l’investisseur une part de propriété dans un
actif sous-jacent avec tous avantages et risques qui lui sont liés

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NDIAYE Ibra MPCGF CESAG, 7ème Promotion, 2012-2014
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Sunna : La tradition rapportant les actes ou les paroles du Prophète (PSL), ou son
approbation tacite de paroles prononcées ou d’actes effectués en sa présence
Takaful : Assurance islamique
Umma : La nation ou la communauté musulmane
Waqf : Dons pour des personnes nécessiteuses.
Zakat : Impôt islamique, (est analogue à certains égards à la dîme catholique) qui signifie la
purification
C
ES
AG
-B
IB
LI
O
TH
EQ
U
E

93
NDIAYE Ibra MPCGF CESAG, 7ème Promotion, 2012-2014
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

C
ES
AG
-B

ANNEXES
IB
LI
O
TH
EQ
U
E

NDIAYE Ibra MPCGF, 7ème Promotion, 2012-2014, CESAG


LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Annexe 1: Questionnaire (clients et clients potentiels)

Sexe : M F Age ………………………………………………

Situation Matrimoniale : Célibataire Marié(e)

Religion : Musulman Chrétien Autre

Profession : Agent du secteur public Agent du secteur privé

Agent du secteur informel Autre

 Connaissez-vous la finance islamique ?


C

Oui Non
ES
AG

 Connaissez-vous les produits de la finance islamique ?


Oui Non
-B

Si oui lequel ou lesquels?


IB

…………………… …………………… ……………..


LI
O
TH

 A votre avis, y-a-t-il d‘institutions financières au Sénégal qui respectent les


principes de la finance islamique (Par exemple : la prohibition du RIBA ou intérêt,
EQ

la prohibition de financer des secteurs haram)


Oui Non
U
E

Si oui laquelle ou lesquelles?


- - - - -
- - - - -
 Avez-vous un compte bancaire
Oui Non

 Si non :
 Pourquoi n’avez- pas encore un compte bancaire ?

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NDIAYE Ibra MPCGF CESAG, 7ème Promotion, 2012-2014
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Ce système basé sur l’intérêt ne me convient pas Je n’ai pas encore de revenu
périodique
Les procédures pour en ouvrir sont compliquées Autres
 A supposer qu’un jour vous souhaiteriez ouvrir un compte bancaire, le
ferai vous :
Dans une banque respectant les principes éthique ou islamique
Dans une banque dite conventionnelle
Je ne sais pas encore
 Si oui :
 Comment jugez-vous les services offerts par votre banque ?
Bon Satisfaisant Moyen Pas bon
C
ES

Citez trois facteurs les plus déterminants pour le choix d’une banque.
AG

………………………………………………
………………………………………………
-B

………………………………………………
IB

A supposer qu’un jour il existe au Sénégal une banque qui respecte les principes
LI

islamiques offrant les mêmes services que votre banque et de même qualité, changeriez-
O

vous de banque ?
TH

Oui Non
EQ

Source : nous même


U
E

96
NDIAYE Ibra MPCGF CESAG, 7ème Promotion, 2012-2014
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Annexe 2 : Guide d’entretien du ministère de l’économie et des finances

1- L’Etat du Sénégal a manifesté sa volonté d’instaurer la finance


islamique dans son tissu économique. Pourquoi une telle politique
selon vous ? Comment l’Etat compte-t-il accompagné ce mode de
financement ?
2- Quel est l’état actuel de la finance islamique au Sénégal ?
3- Qu’est ce qui freine réellement l’expansion de la finance islamique au
Sénégal, de la crise de 1983 à nos jours?
C

4- Lors du premier forum de l’UEMOA sur la finance islamique en 2010,


ES

les autorités de l’UEMOA avaient promis de revoir le cadre


réglementaire, juridique et fiscale. Quel est l’état d’avancement de ces
AG

réformes pour le Sénégal ?


5- L’Etat Sénégalais avait décidé d’émettre un « SUKUK ». Pourquoi cela
-B

tarde à venir ? Et comment a-t’il opéré vu que le cadre réglementaire de


IB

cette zone n’est pas propice pour ce type d’opération.


LI
O
TH
EQ
U
E

Source : nous-même

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NDIAYE Ibra MPCGF CESAG, 7ème Promotion, 2012-2014
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Annexe 3 Guide d’entretien : BID

1- Quelles sont les opportunités offertes par la finance islamique pour


booster l’économie sénégalaise ?
2- Quelles sont les défis de la finance islamique au Sénégal ?
3- Le faible taux de bancarisation au Sénégal n’est il pas dû au fait que les
musulmans attendent l’ouverture de banque islamiques qui respectent
les principes de la Charia?
4- Selon vous quels sont les réalisations et les perspectives de la BID pour
C
ES

accompagner l’Etat du Sénégal ?


AG
-B
IB
LI
O
TH

Source : nous-même
EQ
U
E

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NDIAYE Ibra MPCGF CESAG, 7ème Promotion, 2012-2014
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Annexe 4 : Le Sénégal compte émettre 200 millions de dollars d’obligations


islamiques en 2014

C
ES
AG
-B

Le gouvernement sénégalais et la Société islamique pour le développement du secteur privé


(SID), filiale de la Banque islamique de développement, ont annoncé, le 13 octobre, que le
IB

Sénégal compte émettre des obligations islamiques (sukuk) d’un montant de 100 milliards de
LI

F CFA (environ 200 millions de dollars) en 2014. La SID et le groupe financier Citigroup sont
les chefs de file de ce projet d’émission d’obligations Charia-compatibles qui était envisagé
O

depuis 2011.
TH

Le ministre sénégalais de l’Économie et des Finances, Amadou Ba, a déclaré que cette
première émission d’obligations «halal» sera «le début d’un programme ambitieux qui
EQ

pourrait mener au financement d’infrastructures innovantes et de projets d’énergie via


l’émission de sukuk».
En septembre 2012, le Sénégal et la Banque islamique de développement avaient signé un
U

accord de partenariat qui devait permettre de mobiliser jusqu’à 680 milliards de FCFA
E

(environ 1 milliard d’euros) entre 2012 et 2015.

Les obligations islamiques sont des produits financiers adossés à un actif tangible et
obligatoirement licite. Les investisseurs sont rémunérés grâce au profit attaché au rendement
de cet actif. Les sukuk sont ainsi une alternative aux obligations classiques génératrices
d’intérêts qui sont illicites selon l’Islam.

Source : Ministère de l’économie et des finances du Sénégal (2012)

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NDIAYE Ibra MPCGF CESAG, 7ème Promotion, 2012-2014
LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Annexe 5: Importants Accords B.I.D-BCEAO

Au cours de sa visite de 48 heures, effectuée au Sénégal, le Docteur Ahmed


Mohamed Ali, Président du groupe de la Banque Islamique de
Développement (BID), a procédé le vendredi 7 Septembre à la signature
d’importants accords.

La Banque Islamique de Développement (BID) et la Banque Centrale des


Etats de l’Afrique de l’Ouest

(BCEAO) ont signé le vendredi 7 Septembre un protocole d’accord pour


développer ensemble la finance islamique au sein de l’espace Uemoa

Le Président Ahmed Mohamed Ali s’est réjoui de ce partenariat qui


C

permettra à la BCEAO de bénéficier de l’expertise de la BID afin de donner à


ES

la finance islamique toute sa place dans l’espace communautaire.


AG

Le gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest pour


sa part s’est engagé à mettre en œuvre les réformes nécessaires devant
-B

permettre la prise en compte de la spécificité de l’industrie financière


islamique.
IB

A cet égard, selon le Gouverneur, la BCEAO tirera les leçons de l’expérience


LI

des banques islamiques installées dans l’Union, certaines depuis plus d’une
O

vingtaine d’années.
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Source : http://www.bis-bank.com

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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Annexe 6 : Le paysage bancaire sénégalais

Banques (19)
Etablissements financiers (2)
BANQUES
• Bank Of Africa - Senegal (BOA)
Adresse : 4, avenue Léopold Sédar SENGHOR Résidence Excellence, BP 1992 Dakar
Tél : (221) 33 849.62.40 Fax : (221) 842.16.67
• Banque Atlantique Sénégal (BAS)
Adresse : 40, Boulevard de la République BP : 4570 Dakar RP
Tél : (221) 33 842.92.92
C

• Banque de l’Habitat du Sénégal (BHS)


ES

Adresse : 69, Bd Général De Gaulle BP 229 Dakar


AG

Tél : (221) 33 839.33.33 Fax : (221) 33 823.80.43


• Banque des Institutions Mutualistes d’Afrique de l’Ouest (BIMAO)
-B

Adresse : Mermoz Pyrotechnie VDN BP 15098-CP 12524 Dakar Fann


IB

Tél : (221) 33 869.80.69 Fax : (221) 33 860.29.44


Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie du Sénégal
LI


O

(BICIS)
TH

Adresse : 2, Avenue Léopold Sédar SENGHOR BP 392 Dakar


Tél : (221) 33 839.03.90/91 Fax : (221) 33 839.37.07
EQ

• Banque Islamique du Sénégal (BIS)


U

Adresse : Immeuble Abdallah Fayçal Rue Huart X Amadou Assane NDOYE


E

Tél : (221) 33 849.62.62 Fax : (221) 33 822.49.48


• Banque Régionale de Solidarité du Sénégal (BRS-Sénégal)
Adresse : 40, Avenue Jean Jaurès X Carnot Dakar BP 14634 Dakar-Peytavin
Tél : (221) 33 889.80.00 Fax : (221) 33 842.98.80
• Banque Régionale des Marchés (BRM)
Adresse : Rue Dr Thèze x Assane NDOYE Immeuble la rotonde BP 32040 Dakar
Tél : (221) 33 889.60.80 Fax : (221) 33 823.63.83
• Banque Sahélo-Saharienne pour l’Investissement et le Commerce Sénégal
(BSIC - Sénégal)
Adresse : 12, Boulevard Djily MBAYE BP 4106 Dakar

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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Tél : (221) 33 889.58.58 Fax : (221) 33 823.66.10


• Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal (CNCAS)
Adresse : 45, Avenue Albert Sarraut BP 3890 Dakar
Tél : (221) 33 839.36.36
• CITIBANK Sénégal
Adresse : 2, Place de l’Indépendance BP 3391 Dakar
Tél : (221) 33 849.11.11 Fax : 33 823.88.17
• Compagnie Bancaire de l’Afrique Occidentale (CBAO), groupe
Attijariwafa Bank
Adresse : 1, Place de l’Indépendance BP 129 Dakar
C

Tél : (221) 33 839.96.96 Fax : (221) 33 823.20.05


ES

• Crédit du Sénégal (CDS)


Adresse : Bd Djily Mbaye X Rue Huart BP 56 Dakar
AG

Tél : (221) 33 849.00.00 Fax : (221) 33 823.84.30


• Crédit International
-B

Adresse : Cabinet de Maîtres Daniel-Sédar SENGHOR et Jean Paul SARR notaires associés
IB

13-15, Rue Colbert BP 327 Dakar


LI

• Diamond Bank Sénégal


O

41, Rue Carnot, Dakar-plateau, Dakar BP z Dakar


TH

Tél: (221) 33 829 69 00 Fax: (221) 33 821 56 92


EQ

• Ecobank-Sénégal
Adresse : Km 5 Avenue Cheikh Anta DIOP, BP 9095, Centre Douanes Dakar - Sénégal
U

Tél : (221) 33 859 99 99 Fax : (221) 33 859 99 98


E

• International Commercial Bank-Sénégal (ICB-Sénégal)


Adresse : 18 Avenue Léopold Sédar Senghor, DAKAR BP : 32310 Dakar Ponty
Tél : (221) 33 842.07.42 Fax : (221) 33 842.25.85
• Société Générale de Banques au Sénégal (SGBS)
Adresse : 19, Avenue Léopold Sédar SENGHOR BP 323 Dakar
Tél: (221) 33 839.55.00 Fax: 221) 33 823.9036
• United Bank Of Africa (UBA)
Adresse : Dakar Route des Almadies Zone 12 Lot D BP 11045 Dakar ? Sénégal
Tél : (221) 33 859 51 00 Fax : (221) 33 820 60 10

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Etablissements financiers
• Compagnie Ouest Africaine de Crédit-bail (LOCAFRIQUE)
Adresse : 11, Rue Galandou Diouf Immeuble Coumba Castel
Tél : (221) 33 821.06.01 Fax : (221) 33 822.08.94
Adresse : KM 3,5 Boulevard du centenaire de la Commune de Dakar BP 23775
• ALIOS Finance
Adresse : KM 3,5 Boulevard du centenaire de la Commune de Dakar BP 23775

Source : http://www.bceao.int/Senegal,2336.html
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Annexe 7 : coopération renforcée : Sénégal-BID


L'excellence de la coopération entre la Banque islamique de Développement (BID) et le
Sénégal a été encore louée et
magnifiée, cet après-midi du vendredi
07 septembre 2012 au Ministère de
l'Economie et des Finances. La BID a,
en effet, accordé au Sénégal 680
milliards de FCFA pour appuyer ses
actions dans les secteurs du transport,
de l'énergie, de l'éducation, de
C

l'agriculture, de la santé, de
ES

l'hydraulique de l'assainissement et le
développement du secteur privé.
AG

Le Président du Groupe de la Banque islamique de Développement, le Docteur Ahmed


Mohamed Ali et le Ministre de l'Economie et des Finances, Monsieur Amadou Kane, entourés
-B

de leurs collaborateurs respectifs ont signé l'accord-cadre de partenariat stratégique pour les
IB

quatre prochaines années allant de 2012 à 2015, à raison de 170 milliards de F CFA par an.
LI

L'accord-cadre de partenariat stratégique "comporte des programmes sélectionnés


O

conformément aux objectifs de développement de notre pays et pour la réalisation desquels


TH

l'appui du Groupe de la banque sera indispensable" a expliqué le Ministre de l'Economie et


EQ

des Finances.
Monsieur Amadou Kane a, par ailleurs, souligné que le nouveau gouvernement du Sénégal
U

s'emploie à renforcer les bases à long terme du développement économique, à améliorer


E

l'efficacité de l'intervention de l'Etat et à augmenter les capacités du secteur privé.


M. Kane est conscient que "le choix des domaines dans lesquels la coopération entre la BID et
notre pays va être orientée, constitue, une réponse aux nombreux défis de développement que
notre pays doit relever".
Il a, par ailleurs, mesuré "à sa juste valeur la qualité de nos relations de coopération
économique qui vaut au Sénégal, d'être parmi les pays qui ont bénéficié d'une grande attention
de la part de la BID.
Auparavant, le président du Groupe de la BID a félicité le Président Macky Sall pour sa
brillante élection et salué en même temps la maturité du peuple sénégalais dont le
comportement renforce la stabilité du Sénégal.

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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

Le Docteur Ahmed Mohamed Ali a précisé que son séjour à Dakar entre dans le cadre d'un
échange de vue avec les autorités sénégalaises, de définir et d'analyser ensemble les grandes
lignes de la coopération BID-Sénégal.
Le patron de la BID a tenu, également, à magnifier le dynamisme de la coopération entre la
Banque islamique de Développement et le Sénégal. Ce dynamisme de la coopération, ajoute-
t-il, s'est manifesté à travers les interventions de l'ensemble des entités du Groupe de la BID
au Sénégal. C'est le cas de la Société islamique pour le Développement du secteur privé, la
Société islamique pour le Financement du Commerce international, la Société islamique pour
l'Assurance des Crédits d'Exportation et des Investissements.
Selon le Docteur Ahmed Mohamed Ali, l'intervention de la BID au Sénégal répond à un
besoin de multiplication d'emploi des jeunes, de la promotion de la femme et du milieu rural
C
ES

par le biais de la microfinance.


Enfin, le numéro 1 du Groupe de la BID a salué le leadership du Sénégal dans la promotion et
AG

le renforcement de la coopération Sud-Sud et de la solidarité islamique au sein de la Umma. Il


s'est réjoui également de l'appui du Sénégal aux diverses initiatives de la BID telles que la
-B

promotion et le renforcement du Fonds de Solidarité islamique pour le Développement et du


IB

Programme spécial pour le Développement de l'Afrique.


LI

Rappelons que les deux parties ont noté la bonne trajectoire de la coopération entre la BID et
O

le Sénégal qui a pris récemment une nouvelle dimension sur la période 2010-2011. Sur cette
TH

période, les approbations de la BID totalisent plus de 300 millions de Dollars US, ce qui
représente, aux yeux des autorités de la Banque, une forte progression.
EQ

Cette évolution est le reflet du recours à des financements innovants tels que les partenariats
U

public-privé, le positionnement stratégique de la Banque sur des secteurs structurants et


E

porteurs de croissance.
Au cours de cette cérémonie de signature, le Président du Groupe de la BID a exprimé sa
compassion aux victimes des inondations et informé l'assistance que son institution mettra à la
disposition de ces populations victimes un don de 150 millions de F CFA.
Il a aussi annoncé l'appui de la Holding Tamweel Africa Holding, filiale du groupe de la BID
et de Bank Asya de la République de Turquie estimé à 75 millions de F CFA pour venir en
aide aux sinistrés.
Source : Ministère de l’Economie et des Finances / www.finances.gouv.sn

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LA FINANCE ISLAMIQUE : Enjeux et Opportunités au Sénégal

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