Le contrat de cautionnement
Master 1
Année universitaire 2020-2021
L’étude du droit des sûretés révèle que toutes les sûretés sont, par définition, accessoires de la
créance qu’elles garantissent. Il n’en demeure pas moins que ce caractère apparaît parfois plus ou moins
affirmé selon la nature de la sûreté envisagée. Qui contesterait par exemple que le lien d’accessoire à
principal est très tenu dans les garanties autonomes ? En revanche, il est bien plus étroit dans le
cautionnement qui, dans son existence, sa validité et même ses conditions d’exécution, dépend de
l’obligation garantie. Il résulte ainsi du caractère accessoire du cautionnement que la caution ne saurait
être plus lourdement tenue que le débiteur principal. Autrement dit, la dette principale est la mesure de la
dette de la caution. Selon l’article 2290, alinéa 3 du Code civil : « Le cautionnement qui excède la dette
ou qui est contracté sous des conditions plus onéreuses (…) est réductible ». Le caractère accessoire du
cautionnement explique également que la caution puisse opposer au créancier les exceptions inhérentes à
la dette à savoir les causes d’inefficacité ou d’extinction de l’obligation principale (C. civ., art. 2289 ;
C. civ., art. 2313). Pour autant, le cautionnement ne subit pas toujours, loin de là, toutes les évolutions qui
affectent l’engagement garanti. Qu’en est-il exactement en droit positif ?
Doc. 1 : Cass. 1ère civ., 8 octobre 1996, n° 94-16.633 : Bull. civ. I, n° 341 ; RD bancaire et bourse
1996, p. 239, obs. M. CONTAMINE-RAYNAUD ; Contrats, Conc., Consom. 1996, n° 209, obs.
G. RAYMOND ; RTD civ. 1997, p. 187, obs. P. CROCQ ; JCP G 1997, I, 4033, obs. PH. SIMLER.
Doc. 2 : Cass. com., 22 mai 2007, n° 06-12.196 : Bull. civ. IV, n° 136 ; JCP G 2007, I, 112, n° 8, obs.
PH. SIMLER ; D. 2007, p. 1999, note O. DESHAYES.
Doc. 3 : Cass. com., 22 novembre 2007, n° 06-18.079.
II. LA
DISTINCTION ENTRE LES EXCEPTIONS INHERENTES A LA DETTE ET LES
EXCEPTIONS PUREMENT PERSONNELLES AU DEBITEUR PRINCIPAL
L’article 2313 du Code civil permet au créancier d’ « opposer au créancier toutes les exceptions
qui appartiennent au débiteur principal, et qui sont inhérentes à la dette ». Le droit français autorise donc
la caution à faire valoir, à l’occasion des poursuites qu’exerce le créancier, tous les moyens susceptibles
d’alléger son obligation, voire de la faire déclarer éteinte. C’est dire que la nullité de l’obligation garantie
libère normalement la caution. Qu’en est-il lorsque la caution garantit le remboursement d’un prêt ? Par
ailleurs, l’alinéa 2 réserve le cas des exceptions « purement personnelles au débiteur ». Mais est-il aisé de
faire le départ entre les deux types d’exceptions que le droit du cautionnement soumet à un régime
fondamentalement différent ?
2
Doc. 4 : Cass. 1ère civ., 20 décembre 1988, n° 87-13.129 : Bull. civ. I, n° 368 ; D. 1989, jur., p. 166,
note L. AYNES, RTD civ. 1989, p. 538, note J. MESTRE.
Doc. 5 : Cass. 1ère civ., 1er juillet 1997, n° 95-15.642, Bull. civ. I, n° 224, D. 1998, jur., p. 32, note
L. AYNES.
Doc. 6 : Cass. ch. mixte, 8 juin 2007, n° 03-15.602 : RTD civ. 2008, p. 331, obs. P. CROCQ ; D. 2007,
p. 2201, note D. HOUTCIEFF ; RTD com. 2007, p. 585, obs. D. LEGEAIS ; D. 2008, p. 871, obs.
D. R. MARTIN et H. SYNVET ; D. 2008, p. 835, obs. A. MARTIN-SERF ; JCP E 2007, 1861,
note S. PIEDELIEVRE ; JCP G 2007, II, 10138, note PH. SIMLER.
Doc. 7 : Cass. com., 22 septembre 2009, n° 08-10.389 : JCP G 2009, doctr. 492, n° 8, obs.
PH. SIMLER.
Doc. 8 : Cass. com., 18 mars 2014, n° 12-29.583 : Bull. civ. IV, n° 51 ; RD bancaire et fin. 2011,
comm. 127, obs. F.-J CREDOT et TH. SAMIN ; JCP G 2014, 635, n° 4, obs. PH. SIMLER.
Doc. 9 : Cass. 1ère civ., 11 décembre 2019, n° 18-16.147, D. 2020. 523, note M. NICOLLE, et 624, obs.
E. POILLOT ; AJ contrat 2020. 101, obs. D. HOUTCIEFF ; Rev. prat. rec. 2020. 14, obs.
M. ARESSY, M.-P. MOURRE-SCHREIBER et U. SCHREIBER ; RTD civ. 2020, p. 161, obs.
C. GIJSBERS ; Gaz. Pal. 2020, n° 371m3, p. 66, note M. BOURASSIN, et 18 févr. 2020,
n° 370p0, p. 34, obs. M.-P. DUMONT ; JCP 2020. Doctr. 436, n° 9, obs. P. SIMLER ; RDBF
2020. Comm. 3, obs. critiques D. LEGEAIS ; RDC 2020, p. 42, note R. LIBCHABER.
La prohibition de toute clause rendant exigibles les créances en cas d’ouverture de certaines
procédures d’insolvabilité suscite ainsi des difficultés au regard du droit du cautionnement. Une telle
clause, lorsqu’elle est réputée non écrite dans les rapports entre créancier et débiteur, peut-elle produire
son effet à l’encontre de la caution si d’aventure elle y a adhéré ? Que décider dans l’hypothèse où
l’ouverture de la procédure rend cette fois exigibles les créances non-échues à l’égard du débiteur
principal ?
3
Doc. 10 : Cass. 1ère civ., 24 janvier 1995, n° 92-21.436 : Bull. civ. I, n° 51 ; JCP G 1995, I, 3851, n° 6,
obs. PH. SIMLER ; JCP E 1996, II, 807, note S. PIEDELIÈVRE ; Defrénois 1995, art. 36040,
p. 417, obs. L. AYNÈS ; RTD com. 1995, p. 485, obs. A. MARTIN-SERF.
Doc. 11 : Cass. com., 8 mars 1994, n° 92-11.854 : Bull. civ. IV, n° 96 ; D. 1994, p. 557, note E. BAZIN ;
JCP G 1994, I, 3799, n° 8, obs. M. CABRILLAC ; RTD com. 1995, p. 204, obs. A. MARTIN-
SERF.
Lorsque le législateur exige que le créancier déclare sa créance à la procédure, la caution peut-elle se
prévaloir utilement de sa négligence ? Le droit français a-t-il connu ici une évolution ?
Doc. 12 : Cass. com., 17 juillet 1990, n° 89-13.138 et n° 88-15.630 : Bull. civ. IV, n° 214 et 215 ;
Defrénois 1990, p. 812, obs. L. AYNES ; D. 1990, jurispr. p. 494, 2e esp., note A. HONORAT ;
JCP E 1991, I, 46, § 11, obs. M. CABRILLAC ; JCP E 1991, II, 101, note G. AMLON ; D. 1991,
somm. p. 12, obs. F. DERRIDA.
Doc. 13 : Cass. com., 12 juillet 2011, n° 09-71.113 : RLDC, oct. 2011, p. 32 s., obs. J.-J. ANSAULT ;
RTD civ. 2011. 782, obs. P. CROCQ ; RD bancaire et fin. 2011, comm. 162, obs. A. CERLES ;
JCP G 2011, note 901, N. DISSAUX ; RTD com. 2011. 625, obs. D. LEGEAIS.
Doc. 14 : Cass. com., 3 juillet 2013, n° 12-21.126 : RD bancaire et fin. 2013, comm. 152, obs.
A. CERLES ; D. 2014, p. 1610, note P. CROCQ ; RTD com. 2013, p. 809, obs. A. MARTIN-
SERF ; Act. proc. coll. 2013, n° 212, obs. M.-P. DUMONT-LEFRAND ; Dr. et patr. févr. 2014.
62, obs. PH. DUPICHOT ; Banque et Droit sept.-oct. 2013, p. 51, obs. F. JACOB ; JCP G 2013,
1256, n° 6, obs. PH. SIMLER.
Par ailleurs, toujours en présence d’une procédure d’insolvabilité qui frappe le débiteur principal,
une caution peut-elle se prévaloir des délais ou remises accordés à celui-ci ? Quant aux remises, doit-on y
voir une dérogation au principe posé par l’article 1350-2 du Code civil ?
Doc. 17 : C. com., art. L. 611-10-2, al. 1er ; C. com., art. L. 611-7 ; C. com., art. L. 626-11 ; C. com., art.
L. 631-20.
Doc. 18 : Cass. 1ère civ., 3 mars 1998 : Bull. civ. II, n° 82.
Dans ce contexte des procédures d’insolvabilité, l’on se demandera également si la caution est en
droit de bénéficier de la suspension du cours des intérêts dont jouit, le cas échéant, le débiteur principal ?
En va-t-il de même pour la suspension des poursuites individuelles ? Pour quelle(s) raison(s) le législateur
a-t-il imposé de telles solutions ?
4
Si la clôture de la procédure de liquidation judiciaire des entreprises en difficulté ou de
rétablissement personnel des particuliers surendettés intervient pour insuffisance d’actif, le droit français
prive en principe les créanciers de la possibilité de reprendre leurs poursuites individuelles contre leur
débiteur. Peut-on admettre alors que la caution soit également libérée ? La solution retenue par le droit
positif vous paraît-elle équilibrée ?
Doc. 21 : Cass. com., 8 juin 1993, n° 91-13.295: Bull. civ. IV, n° 230 ; JCP G 1993, I, p. 3704, n° 8,
obs. M. CABRILLAC ; Dr. sociétés 1994, comm. 155, obs. Y. CHAPUT ; JCP G 1993, II, 22174,
note C. GINESTET.
Doc. 22 : C. com., art. L. 643-11-II.
Doc. 23 : C. consom., art. L.742-22.
Exercice : Après avoir analysé l’ensemble des documents, les étudiants rédigeront un commentaire de
l’arrêt rendu par une chambre mixte de la Cour de cassation le 8 juin 2007 (Document 6).
5
DOCUMENT 1 DOCUMENT 2
(Cass. 1ère civ., 8 octobre 1996) (Cass. com., 22 mai 2007)
6
Mais attendu qu’ayant relevé que les crédits-bailleurs ne DOCUMENT 3
précisaient pas en quoi les conclusions signifiées deux (Cass. com., 22 novembre 2007)
jours avant la date initialement prévue pour la clôture
définitivement prononcée le 27 octobre 2005 violeraient le
principe de la contradiction ou les droits de la défense, la Sur le moyen unique :
cour d’appel a souverainement retenu qu’elles avaient été Vu l’article 1134 du code civil ;
déposées en temps utile au sens de l’article 15 du nouveau
code de procédure civile ; que le moyen n’est pas fondé ; Attendu, selon l’arrêt attaqué, que par actes du 5
septembre 1991, MM. Jean-Pierre et Louis X... se sont
Mais sur le second moyen : rendus cautions solidaires de toutes sommes que la société
en nom collectif Co investissement (la société) peut ou
Vu l’article 1134 du code civil ; pourra devoir à la Banque générale du commerce, aux
droits de laquelle sont venues la banque Finaref Abn Amro
Attendu que pour rejeter la demande de paiement des puis la société Sofigère (la banque) ; qu’après avoir
crédits-bailleurs formée contre la caution, l’arrêt retient consenti à la société une ouverture de crédit et s’être
que les termes du protocole d’accord sont clairs en ce rendue caution de celle-ci envers la recette principale des
qu’ils déchargent les débiteurs et les cautions du paiement impôts, la banque a assigné les cautions en paiement de sa
de l’indemnité de résiliation mais qu’en outre, ils actent de créance ; que les cautions ont invoqué un accord conclu
la renonciation des sociétés bailleresses à recouvrer les entre la société et la banque aux termes duquel cette
autres sommes dues auprès du débiteur principal, se dernière conserverait sur une somme de 1 000 000 francs
réservant en revanche le droit de poursuivre les cautions ; placée sur un compte bloqué ouvert dans ses livres au nom
que vis-à-vis de la caution, la renonciation aux poursuites de la société une fraction de 400 000 francs majorée des
principales n’est pas distinguable de la renonciation à la intérêts produits sur cette somme et qu’en contrepartie, elle
créance qui en est l’objet, dans la mesure où un tel procédé renonçait à réclamer à la société le solde de sa créance, la
aboutit au même résultat, qui est de libérer le débiteur et banque déclarant expressément entendre conserver ses
de priver la caution de tout recours à son encontre ; que la droits à l’égard des cautions ;
caution ne peut cependant être tenue de manière plus
sévère que le débiteur principal ; qu’il en découle que la Attendu que pour rejeter la demande en paiement de la
remise faite aux sociétés preneurs a également déchargé la banque, l’arrêt retient que la remise de dette consentie
caution de ses engagements ; comme en l’espèce par un créancier dans le cadre d’un
règlement amiable bénéficie à la caution, qu’il s’ensuit que
Attendu qu’en statuant ainsi, alors que la renonciation par MM. Jean-Pierre et Louis X... sont fondés à soutenir que
le créancier au droit à agir en paiement contre le débiteur l’extinction de la dette du débiteur principal a pour effet de
principal n’emporte pas extinction de l’obligation les décharger de leur obligation de caution, dès lors que
principale ni du recours de la caution contre ce débiteur, de n’étant pas partie à titre personnel à l’accord du 20
sorte que la clause précitée ne fait pas obstacle aux décembre 1994, la banque ne peut leur opposer la clause
poursuites du créancier contre la caution solidaire, la cour de cet accord par laquelle elle a entendu conserver ses
d’appel a violé le texte susvisé ; droits à leur égard et que leur intervention à l’acte en
qualité de représentants de la société n’emporte pas
PAR CES MOTIFS : renonciation personnelle au bénéfice de "l’article 1279" du
code civil ;
CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu’il a dit n’y avoir lieu Attendu qu’en statuant ainsi, alors que la renonciation par
au rejet des écritures et pièces signifiées et communiquées le créancier au droit à agir en paiement contre le débiteur
par M. X... le 18 octobre 2005, l’arrêt rendu le 15 principal, stipulée dans la clause précitée, n’emporte pas
décembre 2005, entre les parties, par la cour d’appel de extinction de l’obligation principale ni du recours de la
Paris ; remet, en conséquence, sur ce point, la cause et les caution contre ce débiteur, de sorte que cette clause ne fait
parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pas obstacle aux poursuites du créancier contre la caution
pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de solidaire, la cour d’appel a violé le texte susvisé ;
Paris, autrement composée ;
PAR CES MOTIFS :
Condamne M. X... aux dépens ; CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’il a rejeté
la demande en paiement formée par la société Sofigère
Vu l’article 700 du nouveau code de procédure civile, contre MM. Jean-Pierre et Louis X..., l’arrêt rendu le 26
rejette les demandes ; mai 2006, entre les parties, par la cour d’appel d’Aix-en-
Provence ; remet, en conséquence, sur ce point, la cause et
les parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt
et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel
d’Aix-en-Provence, autrement composée ;
Condamne MM. Jean-Pierre et Louis X... aux dépens ;
Vu l’article 700 du nouveau code de procédure civile,
rejette les demandes.
7
DOCUMENT 4 Attendu que M. Fialon reproche encore à l’arrêt de l’avoir
ère
(Cass. 1 civ., 20 décembre 1988) condamné au paiement de 6 500 francs en application de
l’article 700 du nouveau Code de procédure civile alors,
selon le moyen, que la demande des consorts Da Foncéca,
CAUTIONNEMENT - Caution - Action des créanciers de ce chef, étant limitée à 5 000 francs, la cour d’appel
contre elle - Opposabilité des exceptions inhérentes à la aurait violé les articles 5 et 455 de ce Code;
dette - Demande en résolution du contrat principal
Mais attendu que l’arrêt relève que les consorts Da
La caution qui, en vertu de l’article 2036 du Code civil, Foncéca, après avoir conclu à la confirmation du jugement
peut opposer au créancier toutes les exceptions qui sont frappé d’appel leur accordant 1 500 francs sur le
inhérentes à la dette, peut demander la résolution du fondement de l’article 700, réclamaient sur la base de ce
contrat principal. texte, une somme supplémentaire de 5 000 francs; que dès
lors le moyen manque en fait.
Sur le premier moyen, pris en ses deux branches:
PAR CES MOTIFS:
Attendu que selon l’arrêt attaqué (Paris, 29 avril 1986) que
par acte sous seing privé du 24 décembre 1981, la société REJETTE le pourvoi.
Européenne de Réalisation (SER) s’est renconnue
débitrice envers M. Fialon d’une somme d’argent qu’elle a
pris l’engagement de rembourser en trois versements et
que MM. Jean-Claude et Christian Da Foncéca se sont DOCUMENT 5
portés caution solidaires de cet engagement; que, dans le (Cass. 1re civ., 1er juillet 1997)
même acte, M. Fialon s’obligeait, en contrepartie, à
"donner immédiatement main-levée de la saisie-arrêt 1° PRET - Prêt d’argent - Organisme de crédit - Prêt
pratiquée tant entre les mains de la société Construction consenti à un acquéreur - Annulation du contrat de
Paris-Est qu’entre celles du Crédit Commercial de vente - Effets - Caducité du prêt.
France"; que la société SER ayant été mise en liquidation
des biens sans avoir remboursé sa dette, M. Fialon a
assigné les consorts Da Foncéca en paiement; 1° C’est dans l’exercice de son pouvoir souverain qu’une
cour d’appel a constaté que l’acte d’acquisition d’un
Attendu que la SER fait grief à l’arrêt de l’avoir déboutée fonds de commerce et le contrat de prêt comportant un
de sa demande alors, selon le moyen, que, d’une part, si en nantissement du fonds et un cautionnement hypothécaire,
vertu de l’article 2036 du Code civil la caution peut qui avaient été passés le même jour par-devant le même
opposer au créancier toutes les exceptions qui notaire, étaient intimement liés, et en a déduit que les
appartiennent au débiteur principal et qui sont inhérentes à parties avaient entendu subordonner l’existence d’un prêt
la dette, elle n’a cependant pas qualité pour demander la à la réalisation de la vente en vue de laquelle il avait été
résolution de la convention principale de sorte qu’en conclu, de sorte que les deux contrats répondaient à une
prononçant la résolution de la convention du 24 décembre cause unique ; elle a donc retenu à bon droit, non que
1981, à la seule demande des cautions, la cour d’appel a l’obligation de l’emprunteur était dépourvue de cause,
violé les articles 1134 et 1184 du Code civil; et alors, mais que l’annulation du contrat de vente avait entraîné la
d’autre part, que MM. Da Foncéca ne sont intervenus que caducité du prêt.
pour garantir les engagements souscrits par la SER et non
ceux de M. Fialon; que, par suite, c’est en violation de 1° CONTRATS ET OBLIGATIONS - Cause - Prêt
ladite convention qui a été dénaturée que l’arrêt a débouté consenti à l’occasion d’une vente à un acquéreur -
M. Fialon de sa demande dirigée contre les cautions; Cause unique - Effet
Mais attendu que la caution, qui, en vertu de l’article 2036
du Code civil, peut opposer au créancier toutes les 2° CAUTIONNEMENT - Extinction - Moment - Prêt
exceptions que sont inhérentes à la dette, peut demander la d’argent - Annulation - Restitution.
résolution du contrat principal; qu’en prononçant, dès lors,
à la demande des cautions, la résolution du contrat du 24 2° Tant que les parties n’ont pas été remises en l’état
décembre 1981 et en déchargeant celles-ci de toute antérieur à la conclusion de leur convention annulée,
obligation au paiement après avoir relevé que du fait de l’obligation de restituer inhérente au contrat de prêt
l’inexécution par M. Fialon de son obligation de donner demeure valable ; dès lors, le cautionnement en
main-levée de la saisie-arrêt, la société SER se trouvait considération duquel le prêt a été consenti subsiste tant
déliée de ses propres engagements, la cour d’appel, qui n’a que cette obligation n’est pas éteinte.
pas dénaturé la convention, a légalement justifié sa
décision de ce chef; que le moyen n’est donc fondé en
aucune de ses branches; Attendu que, par un acte notarié du 27 octobre 1986, M.
A... a acquis un fonds de commerce de radiodiffusion,
Sur le second moyen: connu sous le nom de " Radio Chasselas " ; que, par un
8
second acte du même jour, et par devant le même notaire, consenti subsiste tant que cette obligation n’est pas éteinte,
MM. B..., Y..., C..., et Mme Z... aux droits de qui se trouve la cour d’appel a violé le texte susvisé ;
la société Unofi Crédit, ont prêté à M. A... la somme de
150 000 francs ; que ce prêt comportait un nantissement du PAR CES MOTIFS :
fonds cédé, et un cautionnement hypothécaire par M. X...,
décédé depuis, et sa fille, épouse de M. A... ; que la vente CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’il a dit
du fonds a été annulée ; que M. A... a cessé le paiement que le cautionnement hypothécaire se trouve frappé de
des échéances du prêt ; que, les créanciers ayant alors caducité, déclaré nulles les poursuites de saisie, et ordonné
poursuivi la vente sur saisie immobilière des biens donnés mainlevée hypothécaire, l’arrêt rendu le 3 avril 1995, entre
en garantie, Mme A... a fait opposition au les parties, par la cour d’appel de Toulouse ; remet, en
commandement ; que l’arrêt attaqué a jugé que les actes de conséquence, quant à ce, la cause et les parties dans l’état
vente et de prêt sont intimement liés, et que le où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait
cautionnement hypothécaire se trouve frappé de caducité droit, les renvoie devant la cour d’appel de Toulouse,
du fait de l’annulation de la vente, prononçant en autrement composée.
conséquence la nullité des poursuites de saisie
immobilière ;
DOCUMENT 6
Sur le premier moyen : (Cass. ch. mixte, 8 juin 2007)
Attendu que la société Unofi Crédit, M. C..., M. Y..., et M.
B..., font grief à l’arrêt attaqué d’avoir ainsi statué alors, CAUTIONNEMENT - Caution - Action des créanciers
selon le moyen, que la cause de l’obligation de contre elle - Opposabilité des exceptions - Conditions -
l’emprunteur réside dans la remise des fonds prêtés, que Exception appartenant au débiteur principal -
l’emprunt ne peut être déclaré nul pour absence de cause si Définition - Exclusion - Exception purement
le bien dont il devait financer l’achat n’est pas livré ou si personnelle au débiteur principal - Applications
la vente est résolue ou annulée, et que la cour d’appel, qui diverses - Nullité tirée du dol affectant le consentement
a énoncé que le contrat de vente du fonds de radiodiffusion du débiteur principal
et le contrat de prêt, tous deux souscrits par M. A...,
avaient tous deux pour cause la livraison de la chose La caution ne peut opposer les exceptions qui sont
vendue et que le prêt était caduc par suite de l’annulation purement personnelles au débiteur principal. Dès lors,
de la vente, a ainsi violé l’article 1131 du Code civil ; c’est à bon droit qu’une cour d’appel retient que la
caution qui n’a pas été partie au contrat de vente d’un
Mais attendu que c’est dans l’exercice de son pouvoir fonds commerce, n’est pas recevable à invoquer la nullité
souverain que la cour d’appel a constaté que les deux actes relative tirée du dol affectant le consentement du débiteur
de vente et de prêt, qui avaient été passés le même jour principal, et qui, destinée à protéger ce dernier, constituait
par-devant le même notaire, étaient intimement liés, et en a une exception purement personnelle
déduit que les parties avaient entendu subordonner
l’existence du prêt à la réalisation de la vente en vue de Sur le moyen unique :
laquelle il avait été conclu, de sorte que les deux contrats
répondaient à une cause unique ; qu’elle a donc retenu à Attendu, selon l’arrêt attaqué (Aix-en-Provence,11 mars
bon droit, non que l’obligation de l’emprunteur était 2003), que par acte du 8 octobre 1993, M.X... s’est porté
dépourvue de cause, mais que l’annulation du contrat de caution solidaire envers M. Y...du paiement du solde du
vente avait entraîné la caducité du prêt ; prix de vente d’un fonds de commerce acquis par la
société Y...dont il était le dirigeant ; que la société ayant
Mais, sur le second moyen : été mise en liquidation judiciaire, M.X... a assigné M.
Y...en nullité de la vente du fonds de commerce pour dol
Vu l’article 2012 du Code civil ; ainsi que de son engagement de caution sur le fondement
des articles 2012 et 2036 du code civil, devenus les articles
Attendu que tant que les parties n’ont pas été remises en 2289 et 2313 du même code ; que reconventionnellement,
l’état antérieur à la conclusion de leur convention annulée, M. Y...a demandé paiement d’une certaine somme en
l’obligation de restituer inhérente au contrat de prêt exécution de l’engagement de caution ;
demeure valable ;
Attendu que, pour dire de nul effet les poursuites de saisie Attendu que M.X... fait grief à l’arrêt d’avoir déclaré
immobilière, et ordonner la mainlevée de l’hypothèque, la irrecevable sa demande tendant à voir prononcer la nullité
cour d’appel a jugé que le cautionnement hypothécaire, de la vente du fonds de commerce et de sa condamnation à
ayant été donné pour répondre à la cause unique des deux paiement alors, selon le moyen :
contrats, se trouve frappé de caducité ; qu’en se
déterminant ainsi, alors que, l’obligation de restituer 1° / que la caution est recevable à invoquer la nullité pour
inhérente au contrat de prêt annulé demeurant valable, le dol de l’obligation principale ; qu’en décidant du contraire,
cautionnement en considération duquel le prêt a été la cour d’appel a violé les articles 2012 et 2036 du code
9
civil ; l’exception tirée des fautes commises par la banque est
2° / qu’en s’abstenant, en toute hypothèse, de rechercher, bien inhérente à la dette, qu’en effet c’est l’attitude fautive
ainsi qu’elle y était invitée, si la créance de M. Y..., dont de la banque et non l’attitude fautive du débiteur qui a été
l’origine était antérieure au jugement d’ouverture de la définitivement reconnue et sanctionnée, faute qui a
procédure collective de celle-ci, avait été déclarée au engendré le non-paiement de la dette par la société et par
passif, la cour d’appel n’a pas donné de base légale à sa voie de conséquence la mise en œuvre de la caution ;
décision au regard des articles 2011 du code civil, ainsi
que L. 621-43 et L. 621-46 du code de commerce ; Attendu qu’en statuant ainsi, alors qu’elle avait relevé que
la responsabilité de la banque avait été mise en œuvre pour
Mais attendu que la caution ne peut opposer les exceptions rupture abusive de crédit et non pour la souscription des
qui sont purement personnelles au débiteur principal ; que quatre prêts litigieux, ce dont il résulte que l’exception
la cour d’appel, qui n’était pas tenue de procéder à une invoquée n’était pas inhérente à la dette garantie, la cour
recherche dont il n’est pas justifié qu’elle ait été d’appel n’a pas tiré les conséquences légales de ses
demandée, a, par motifs propres et adoptés, retenu constatations et a violé les textes susvisés ;
exactement, que M.X... qui n’avait pas été partie au contrat
de vente du fonds commerce, n’était pas recevable à PAR CES MOTIFS et sans qu’il y ait lieu de statuer sur le
invoquer la nullité relative tirée du dol affectant le second grief :
consentement du débiteur principal et qui, destinée à
protéger ce dernier, constituait une exception purement
personnelle ; CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce que
confirmant le jugement, il a dit que M. X... était bien fondé
à opposer à la banque les exceptions résultant de ses fautes
D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ; et qu’il était déchargé de son engagement vis à vis de la
banque du fait de la perte de subrogation des droits et
PAR CES MOTIFS : privilèges du créancier principal du fait de ce dernier,
l’arrêt rendu le 25 octobre 2007, entre les parties, par la
cour d’appel d’Agen ; remet, en conséquence, sur ces
REJETTE le pourvoi ; points, la cause et les parties dans l’état où elles se
trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les
Condamne M.X... aux dépens. renvoie devant la cour d’appel de Montpellier ;
Attendu, selon l’arrêt confirmatif attaqué et les BANQUE - Responsabilité - Crédit d’exploitation -
productions, que M. X... s’est rendu caution de quatre Crédit à durée indéterminée - Rupture - Obligations de
prêts consentis par la Banque populaire Toulouse Midi la banque - Notification écrite et préalable de la
Pyrénées, aux droits de laquelle se trouve la Banque décision de rupture - Dispense légale du préavis -
populaire occitane (la banque) à la société Interplantes (la Absence d’influence
société) dont il était le dirigeant ; que la société a été
placée en redressement judiciaire le 29 mai 1998 et M. X... Il résulte de l’article L. 313-12 du code monétaire et
poursuivi en exécution de ses engagements ; que par arrêt financier que la banque doit notifier par écrit sa décision
du 16 mai 2005, la banque a été condamnée en réparation d’interrompre un concours accordé pour une durée
du préjudice subi à la suite d’une rupture abusive de crédit indéterminée, même dans les cas où elle est dispensée de
à payer à la société une somme de 1 010 799 euros qui a respecter un délai de préavis.
été intégralement réglée le 27 juillet 2005 ;
Attendu, selon l’arrêt attaqué, que M. X... (la caution) s’est
rendu caution, à concurrence d’un certain montant, des
Attendu que pour dire que M. X... était bien fondé à sommes dues au titre du solde du compte courant ouvert
opposer à la banque les exceptions résultant de ses fautes par la société Groupe Renairgies (la société) dans les livres
et le décharger de son engagement de caution en raison de de la Caisse de crédit mutuel de Meslay l’océane (la
la perte de subrogation des droits et privilèges du créancier caisse) ; que le 24 septembre 2009, la caisse a rompu ses
principal du fait de cette dernière, l’arrêt retient que concours ; que la caisse a assigné en paiement la caution
10
qui a recherché sa responsabilité ; DOCUMENT 9
ère
(Cass. 1 civ., 11 décembre 2019)
Sur le second moyen :
CAUTIONNEMENT - Caution - Action des créanciers
Attendu que ce moyen ne serait pas de nature à permettre contre elle - Opposabilité des exceptions - Conditions -
l’admission du pourvoi ; Exception appartenant au débiteur principal -
Définition - Exclusion - Exception purement
Mais sur le premier moyen, qui est recevable comme étant personnelle au débiteur principal - Applications
de pur droit : diverses - Prescription en raison de la qualité de
consommateur du débiteur principal
Vu l’article L. 313-12 du code monétaire et financier,
ensemble l’article 1147 du code civil ; En ce qu’elle constitue une exception purement
personnelle au débiteur principal, procédant de sa qualité
Attendu que s’il résulte du premier de ces textes qu’en cas de consommateur auquel un professionnel a fourni un
de comportement gravement répréhensible du bénéficiaire service, la prescription biennale prévue à l’article L. 218-
du crédit ou lorsque la situation de ce dernier s’avère 2 du code de la consommation ne peut être opposée au
irrémédiablement compromise, la banque est dispensée de créancier par la caution.
respecter un préavis avant d’interrompre son concours, elle
n’en reste pas moins tenue, même dans ces cas, de notifier Attendu, selon l’arrêt attaqué (Besançon, 10 avril 2018),
préalablement par écrit sa décision ; que M. T... s’est porté caution solidaire d’un prêt accordé
par la Caisse de crédit mutuel Belfort sud (la banque) et a
Attendu que pour dire que l’arrêt des concours en compte consenti une hypothèque en garantie de cet engagement ;
courant ne caractérise pas une rupture abusive au sens de que, le 28 juillet 2016, la banque lui a délivré un
l’article précité et rejeter la demande de dommages- commandement de payer valant saisie immobilière, avant
intérêts de la caution, l’arrêt, après avoir relevé qu’aucune de l’assigner à l’audience d’orientation ;
mise en demeure n’a été adressée par la caisse à la société,
retient que celle-ci se trouvait en situation Sur la recevabilité du pourvoi, contestée par la défense :
irrémédiablement compromise et qu’aucune rupture
brutale de ses concours ne peut, dans ces conditions, être Vu l’article 606 du code de procédure civile ;
reprochée à la caisse ;
Attendu qu’en rejetant la demande d’annulation du
Attendu qu’en statuant ainsi, la cour d’appel a violé les commandement de payer valant saisie immobilière, l’arrêt
textes susvisés ; tranche une partie du principal ;
PAR CES MOTIFS : Qu’il en résulte que le pourvoi est recevable ;
CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’il a dit Sur le premier moyen :
que l’arrêt des concours en compte courant de la caisse ne
caractérise pas une rupture abusive au sens de l’article L. Attendu que la caution fait grief à l’arrêt de rejeter la fin
313-12 du code monétaire et financier et a rejeté la de non-recevoir tirée de la prescription biennale et de
demande de dommages-intérêts de M. X..., l’arrêt rendu le valider le commandement de payer valant saisie
19 juin 2012, entre les parties, par la cour d’appel de immobilière, alors, selon le moyen, qu’en application de
Douai ; remet, en conséquence, sur ces points, la cause et l’article 2313 du code civil, la caution peut opposer au
les parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt créancier toutes les exceptions qui appartiennent au
et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel débiteur principal et qui sont inhérentes à la dette, comme,
de Douai, autrement composée ; par exemple, la prescription de la dette principale ; qu’en
l’espèce, la dette principale était soumise à la prescription
Condamne la caisse de Crédit mutuel de Meslay l’océane biennale de l’article L. 218-2 du code de la consommation
aux dépens ; s’agissant d’un prêt immobilier accordé à un
consommateur ; qu’en énonçant néanmoins que «
Vu l’article 700 du code de procédure civile, rejette sa l’extinction de l’obligation principale par le jeu de la
demande et la condamne à payer à M. X... la somme de 3 prescription biennale qui bénéficie aux seuls
000 euros consommateur n’est pas inhérente à la dette mais constitue
une exception purement personnelle au débiteur principal
qui est un consommateur de sorte que, par application de
l’article 2313 du code civil, la caution, qui n’a pas cette
qualité à l’égard de la caisse faute pour celle-ci de lui avoir
fourni un service quelconque, ne peut s’en prévaloir », la
cour d’appel a violé l’article L. 218-2 du code de la
consommation ensemble l’article 2313 du code civil ;
11
Mais attendu que la cour d’appel a exactement retenu clause précitée, a, le 7 décembre 1989, assigné les cautions
qu’en ce qu’elle constitue une exception purement en paiement de sa créance ; que le premier juge a débouté
personnelle au débiteur principal, procédant de sa qualité l’UBN de son action en application de l’article 56 de la loi
de consommateur auquel un professionnel a fourni un du 25 janvier 1985, mais que l’arrêt attaqué a infirmé le
service, la prescription biennale prévue à l’article L. 218-2 jugement de ce chef au motif que " pendant la période
du code de la consommation ne pouvait être opposée au d’observation offerte par l’ouverture du redressement
créancier par la caution ; que le moyen n’est pas fondé ; judiciaire la déchéance du terme était acquise, le contrat de
prêt et de caution permettant expressément à la banque de
Sur le second moyen, ci-après annexé : prononcer d’office sans formalité particulière et à sa seule
initiative cette déchéance dès la mise en redressement
Attendu que la caution fait grief à l’arrêt de rejeter sa judiciaire " ;
demande de dommages-intérêts, de mentionner le montant
de la créance de la banque, de la condamner aux dépens
Attendu qu’en statuant ainsi, alors que la déchéance du
d’appel et de renvoyer le dossier devant le juge de
terme, qui n’est pas encourue par le débiteur principal en
l’exécution aux fins de poursuite de la procédure sous la
redressement judiciaire, ne pouvait, eu égard au caractère
forme d’une vente amiable ;
accessoire du cautionnement, être invoquée contre la
caution, et que, dès lors, la clause litigieuse contraire
Attendu que ce moyen, rendu inopérant par le rejet du
devait être réputée non écrite, la cour d’appel a violé les
premier, ne peut être accueilli ;
textes susvisés ;
PAR CES MOTIFS :
Et sur le second moyen pris en ses deuxième et troisième
REJETTE le pourvoi ; branches ;
Vu l’article 2015 du Code civil et l’article 160 de la loi du Attendu, selon l’arrêt attaqué (Besançon, 6 janvier 1989),
25 janvier 1985 ; que la Société British Leyland France, aux droits de
laquelle se trouve la société Austin Rover France, liée à la
Société Garage X... par un contrat de concession, a
Attendu que, pour condamner M. X... au paiement des consenti à la société concessionnaire (la société) un crédit
loyers échus et impayés ainsi que des loyers à échoir, fournisseur, pour l’exécution duquel M. X..., gérant de la
déduction faite du prix de vente du véhicule, l’arrêt retient société, et son épouse se sont portés cautions solidaires, le
que le jugement qui prononce la liquidation judiciaire rend 19 février 1975 ; que la société a été mise en redressement
exigibles les créances qui n’étaient pas échues à la date du puis en liquidation judiciaires par deux jugements du 28
jugement d’ouverture du redressement judiciaire ; avril 1986 ; que la Société Austin Rover France, qui n’a
pas déclaré sa créance ni présenté de requête en relevé de
Attendu qu’en statuant ainsi en ce qui concerne les loyers forclusion, a réclamé aux cautions les sommes restées
non encore échus à la date de l’arrêt, alors que la impayées ; que la cour d’appel a rejeté cette demande ;
déchéance du terme convenu, résultant du prononcé de la
liquidation judiciaire du débiteur principal, n’avait d’effet Attendu que la Société Austin Rover France reproche à
qu’à l’égard de celui-ci et ne pouvait pas être étendue à la l’arrêt d’avoir statué comme il a fait, alors, selon le
caution, à défaut de clause contraire dont l’existence n’est pourvoi, que le défaut de production d’une créance dans
pas alléguée, la cour d’appel a violé les textes susvisés ; les délais n’entraîne que l’extinction du droit d’action du
créancier à l’égard du débiteur principal ; qu’il laisse
Et sur le moyen unique du pourvoi en tant que formé subsister la créance dans son principe et, par conséquent,
contre le chef de l’arrêt ayant débouté M. X... de son appel le recours du créancier contre les cautions solidaires ;
en garantie contre la Société nouvelle : (sans intérêt) ; qu’en décidant le contraire, la cour d’appel a violé, par
fausse interprétation et fausse application, les articles 53
de la loi du 25 janvier 1985 et 2036 et 2037 du Code civil ;
13
Mais attendu qu’après avoir énoncé que la créance de la d’avoir payé ; que rien dans l’article 50 de la loi du 25
société Austin Rover France était éteinte à l’égard de la janvier 1985 n’interdit à la caution de déclarer ses créances
société par application de l’article 53, alinéa 3, de la loi du en l’absence de déclaration par le créancier cautionné
25 janvier 1985 et que, conformément à l’article 2036 du tandis que dans cette hypothèse la caution n’est pas
Code civil, la caution peut opposer toutes les exceptions libérée, la finalité de son engagement étant précisément de
qui appartiennent au débiteur principal et qui sont garantir la défaillance financière du débiteur ; qu’en
inhérentes à la dette, l’arrêt retient à bon droit que si la rejetant la déclaration provisionnelle du Crédit du Nord
caution a la faculté de procéder à la déclaration, " c’est faute pour les créanciers garantis d’avoir déclaré leurs
uniquement dans le but de préserver son recours contre le créances ou d’avoir été relevés de forclusion, l’arrêt
débiteur et non dans celui d’assurer la survie de la créance attaqué a violé l’article 2032.2° du Code civil et les articles
" et que, par suite, la Société Austin Rover France ne peut 50 et 51 de la loi du 25 janvier 1985 ainsi que l’article 67
invoquer valablement à son profit les dispositions de du décret du 27 décembre 1985 ;
l’article 2032.2°, du Code civil ; que le moyen n’est donc
pas fondé ; Mais attendu que l’extinction de la créance en application
de l’article 53, alinéa 3, de la loi du 25 janvier 1985 est
une exception inhérente à la dette, et que, conformément à
PAR CES MOTIFS :
l’article 2036, alinéa premier, du Code civil, la caution
peut l’opposer au créancier ; que le moyen n’est pas fondé
REJETTE le pourvoi
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi
2ème arrêt
14
Attendu que les cautions font grief à l’arrêt de leur effectif du droit d’être admise dans les répartitions et
condamnation solidaire, au profit de la SCI, au paiement dividendes, susceptible de lui être transmis par subrogation
de la somme de 23 045,55 euros, avec intérêts au taux ; que la cour d’appel qui, analysant, sans la dénaturer, la
légal à compter du 21 août 2006 et de celle de 400 euros lettre du liquidateur, a retenu qu’il était établi que les
sur le fondement de l’article 700 du code de procédure créanciers chirographaires n’avaient pas été réglés, a, par
civile, du rejet de leur demande de dommages-intérêts, ce seul motif faisant ressortir que les cautions n’auraient
alors, selon le moyen : pas été désintéressées, légalement justifié sa décision ;
1°/ que devant la cour d’appel, les cautions invoquaient D’où il suit que le moyen n’est fondé en aucune de ses
que, faute d’avoir déclaré sa créance au passif du débiteur branches ;
principal, le créancier était forclos et que cette forclusion
devaient leur bénéficier en qualité de cautions recevables à
PAR CES MOTIFS :
se prévaloir de toute exception inhérente à la dette ; qu’en
laissant ce moyen sans réponse, la cour d’appel a méconnu
les exigences de l’article 455 du code de procédure civile ; REJETTE le pourvoi ;
2°/ qu’il résulte des dispositions de l’article L. 622-26 du
code de commerce qu’à défaut de déclaration dans les Condamne MM. X... et Z... aux dépens ;
délais, les créanciers ne sont pas admis dans les
répartitions et dividendes, à moins que le juge-
commissaire ne les relève de leur forclusion ; que, Vu l’article 700 du code de procédure civile, rejette les
conformément aux dispositions de l’article 2313 du code demandes
civil, l’exception prise de la forclusion résultant de
l’absence de déclaration de créance dans les délais requis,
inhérente à la dette, peut être opposée au créancier qui DOCUMENT 14
prétend actionner la caution en paiement après la mise en
liquidation judiciaire du débiteur principal ; qu’en (Cass. com., 3 juillet 2013)
condamnant les cautions, bien que la créance n’ait pas été
déclarée à la procédure du débiteur principal, la cour CAUTIONNEMENT - Extinction - Causes -
d’appel a violé les dispositions de l’article 2313 du code Subrogation rendue impossible par le créancier -
civil, ensemble l’article L. 622-26 du code de commerce ; Conditions - Préjudice - Avantage effectif dans les
répartitions et dividendes
3°/ qu’à défaut de déclaration dans les délais, les
ENTREPRISE EN DIFFICULTE (loi du 26 juillet
créanciers ne sont pas admis dans les répartitions et
2005) - Sauvegarde - Période d’observation -
dividendes et que la caution est déchargée lorsque la
Déclaration de créances - Délai - Non-respect -
subrogation dans un droit exclusif ou préférentiel
Sanction - Sort de la caution
conférant un avantage particulier au créancier pour le
CAUTIONNEMENT - Extinction - Causes -
recouvrement de sa créance ne peut plus, par son fait,
Subrogation rendue impossible par le créancier -
s’opérer en faveur de la caution ; qu’en retenant, pour
Conditions - Préjudice - Preuve - Charge -
refuser de décharger les cautions de leur engagement,
Détermination
qu’en dépit de l’absence de déclaration de créance les
cautions exposantes pourront bénéficier de la subrogation
Il résulte de la combinaison des articles 2314 du code civil
instaurée par l’article 2306 du code civil ; la cour d’appel a
et L. 622-26, alinéa 1er, du code de commerce dans sa
violé les dispositions de l’article 2314 du code civil ;
rédaction antérieure à l’ordonnance n° 2008-1345 du 18
4°/ qu’en retenant qu’il était établi, au vu de la lettre de décembre 2008, que lorsque le créancier a omis de
Mme A... en date du 25 février 2008 que la liquidation déclarer sa créance, la caution est déchargée de son
judiciaire n’avait pas permis le règlement des créances obligation si cette dernière avait pu tirer un avantage
chirographaires, la cour d’appel a dénaturé cette lettre et effectif du droit d’être admise dans les répartitions et
violé l’article 1134 du code civil ; dividendes, susceptible de lui être transmis par
Mais attendu, d’abord, qu’il résulte des dispositions de subrogation.
l’article L. 622-26 du code de commerce, que la
défaillance du créancier ayant pour effet, non d’éteindre la Doit dès lors être approuvée la cour d’appel qui décharge
créance, mais d’exclure son titulaire des répartitions et une caution de ses engagements à défaut pour le créancier
dividendes, cette sanction ne constitue pas une exception fautif d’établir que la subrogation n’aurait apporté aucun
inhérente à la dette, susceptible d’être opposée par la avantage à la caution
caution, pour se soustraire à son engagement ;
Attendu, ensuite, que si la caution est déchargée de son Sur le moyen unique :
obligation, lorsque la subrogation dans un droit
préférentiel conférant un avantage particulier au créancier Attendu, selon l’arrêt attaqué (Chambéry, 5 avril 2012),
pour le recouvrement de sa créance ne peut plus, par le fait que, selon acte du 26 juillet 2004, M. X... (la caution) s’est
de celui-ci, s’opérer en faveur de la caution, pareil effet ne porté caution solidaire de Mme X... pour le
se produit que si cette dernière avait pu tirer un avantage remboursement d’un prêt consenti à celle-ci par la caisse
régionale de Crédit agricole mutuel des Savoie (la caisse),
15
que, par jugement du 23 mai 2008, une procédure de 3°/ que la caisse faisait valoir qu’il appartenait à la caution
liquidation judiciaire a été ouverte à l’égard de Mme X..., d’établir qu’elle avait eu la volonté de violer ses
que, le 3 septembre 2008, la caisse, qui n’avait pas déclaré obligations en ne déclarant pas la créance ; qu’ayant relevé
sa créance, a notifié la déchéance du terme du prêt et que si le défaut de déclaration n’éteint pas la créance, le
assigné la caution en paiement ; créancier ne peut plus participer aux répartitions et
dividendes prévus dans le cadre de la procédure collective,
Attendu que la caisse fait grief à l’arrêt de rejeter ses que les décisions de redressement et de liquidation
demandes, alors, selon le moyen : judiciaire font l’objet de la publicité prévue par les articles
R. 641-7 et R. 621-8 du code de commerce et, notamment,
1°/ que l’article 2314 du code civil suppose la sont publiées au BODACC, que la caisse a accès à ce
démonstration de la perte d’un droit préférentiel conférant bulletin en sa qualité d’organisme professionnel et ne peut
au créancier un avantage particulier pour le recouvrement alléguer ne pas avoir eu connaissance de cette procédure
de la créance, ce que n’est pas le droit de gage général en raison de l’absence d’informations données par
institué par l’article 2284 du code civil ; qu’ayant relevé l’emprunteur et la caution, pour en déduire que cette
que si le défaut de déclaration n’éteint pas la créance, le absence de déclaration de la créance constitue une
créancier ne peut plus participer aux répartitions et omission fautive de la banque entraînant l’impossibilité
dividendes prévus dans le cadre de la procédure collective, pour la caution de bénéficier d’un recours subrogatoire à
les décisions de redressement et de liquidation judiciaire l’égard de l’emprunteur principal, que M. X... apporte
font l’objet de la publicité prévue par les articles R. 641-7 ainsi la preuve que la subrogation a été rendue impossible
et R. 621-8 du code de commerce et, notamment, sont par le fait du créancier, qu’en application de l’article 2314
publiées au BODACC, que la caisse a accès à ce bulletin du code civil, M. X... se trouve ainsi déchargé de ses
en sa qualité d’organisme professionnel et ne peut alléguer engagements de caution, sans constater ainsi qu’elle y était
ne pas avoir eu connaissance de cette procédure en raison invitée, que la caisse avait intentionnellement omis de
de l’absence d’informations données par l’emprunteur et la déclarer la créance, la cour d’appel a privé sa décision de
caution, pour en déduire que cette absence de déclaration base légale au regard de l’article 1147 du code civil ;
de la créance constitue une omission fautive de la banque
entraînant l’impossibilité pour la caution de bénéficier 4°/ que la caisse faisait valoir que, si elle n’avait pas
d’un recours subrogatoire à l’égard de l’emprunteur déclaré sa créance, c’est parce qu’elle ignorait que la
principal, que M. X... apporte ainsi la preuve que la débitrice avait fait l’objet d’une procédure de liquidation
subrogation a été rendue impossible par le fait du judiciaire suivant jugement du 23 mai 2008, que la
créancier, qu’en application de l’article 2314 du code civil, débitrice ne l’en avait pas informée, pas plus que la
M. X... se trouve ainsi déchargé de ses engagements de caution afin de l’empêcher de procéder à cette déclaration
caution, sans relever le droit préférentiel qui aurait été au passif manifestement obéré de la débitrice ; qu’ayant
perdu par le fait du créancier, la cour d’appel a privé sa relevé que si le défaut de déclaration n’éteint pas la
décision de base légale au regard de l’article 2314 du code créance, le créancier ne peut plus participer aux
civil ; répartitions et dividendes prévus dans le cadre de la
procédure collective, que les décisions de redressement et
2°/ qu’il appartient à la caution de rapporter la preuve de la de liquidation judiciaire font l’objet de la publicité prévue
faute du créancier et de son préjudice ; qu’ayant relevé que par les articles R. 641-7 et R. 621-8 du code de commerce
si le défaut de déclaration n’éteint pas la créance, le et, notamment, sont publiées au BODACC, que la caisse a
créancier ne peut plus participer aux répartitions et accès à ce bulletin en sa qualité d’organisme professionnel
dividendes prévus dans le cadre de la procédure collective, et ne peut alléguer ne pas avoir eu connaissance de cette
que les décisions de redressement et de liquidation procédure en raison de l’absence d’informations données
judiciaire font l’objet de la publicité prévue par les articles par l’emprunteur et la caution, pour en déduire que cette
R. 641-7 et R. 621-8 du code de commerce et, notamment, absence de déclaration de la créance constitue une
sont publiées au BODACC, que la caisse a accès à ce omission fautive de la banque entraînant l’impossibilité
bulletin en sa qualité d’organisme professionnel et ne peut pour la caution de bénéficier d’un recours subrogatoire à
alléguer ne pas avoir eu connaissance de cette procédure l’égard de l’emprunteur principal, que M. X... apporte
en raison de l’absence d’informations données par ainsi la preuve que la subrogation a été rendue impossible
l’emprunteur et la caution, pour en déduire que cette par le fait du créancier, qu’en application de l’article 2314
absence de déclaration de la créance constitue une du code civil, M. X... se trouve ainsi déchargé de ses
omission fautive de la banque entraînant l’impossibilité engagements de caution, la cour d’appel qui affirme
pour la caution de bénéficier d’un recours subrogatoire à péremptoirement que la caisse ne peut alléguer ne pas
l’égard de l’emprunteur principal, que M. X... apporte avoir eu connaissance de cette procédure en raison de
ainsi la preuve que la subrogation a été rendue impossible l’absence d’informations données par l’emprunteur et la
par le fait du créancier, qu’en application de l’article 2314 caution, sans rechercher si la caution n’a pas eu un rôle
du code civil, M. X... se trouve ainsi déchargé de ses causal dans la production du dommage allégué, a privé sa
engagements de caution, la cour d’appel qui n’a relevé décision de base légale au regard de l’article 1147 du code
qu’une présomption de connaissance de l’existence de la civil ;
procédure collective, a violé l’article 1147 du code civil ;
16
5°/ qu’il appartient à la caution de rapporter la preuve de la son engagement consécutive à la perte d’un droit
faute du créancier et de son préjudice ; qu’ayant relevé que préférentiel causée par le seul fait du créancier, une faute
si le défaut de déclaration n’éteint pas la créance, le intentionnelle de ce dernier n’étant pas requise, et qu’il
créancier ne peut plus participer aux répartitions et appartient au créancier de rapporter la preuve que cette
dividendes prévus dans le cadre de la procédure collective, perte n’a causé aucun préjudice à la caution, ce que la
que les décisions de redressement et de liquidation banque n’a pas démontré ; que le moyen, qui manque en
judiciaire font l’objet de la publicité prévue par les articles fait en sa deuxième branche et est inopérant en sa
R. 641-7 et R. 621-8 du code de commerce et, notamment, quatrième, est mal fondé pour le surplus ;
sont publiées au BODACC, que la caisse a accès à ce
bulletin en sa qualité d’organisme professionnel et ne peut PAR CES MOTIFS :
alléguer ne pas avoir eu connaissance de cette procédure
en raison de l’absence d’informations données par REJETTE le pourvoi ;
l’emprunteur et la caution, pour en déduire que cette
absence de déclaration de la créance constitue une Condamne la caisse régionale de Crédit agricole mutuel
omission fautive de la banque entraînant l’impossibilité des Savoie aux dépens ;
pour la caution de bénéficier d’un recours subrogatoire à
l’égard de l’emprunteur principal, que M. X... apporte Vu l’article 700 du code de procédure civile, rejette les
ainsi la preuve que la subrogation a été rendue impossible demandes
par le fait du créancier, qu’en application de l’article 2314
du code civil, M. X... se trouve ainsi déchargé de ses
engagements de caution, la cour d’appel qui n’a pas DOCUMENT 15
constaté qu’était rapportée la preuve de l’existence de
répartition et dividendes au profit des créanciers (C. com., art. L. 622-26 ;
chirographaires et partant d’un préjudice causé par C. com., art. L. 631-14, al. 6)
l’absence de déclaration des créances a privé sa décision
de base légale au regard de l’article 1147 du code civil ;
Code de commerce
Mais attendu que l’arrêt relève, d’abord, que la caisse ne
Partie législative
conteste pas ne pas avoir déclaré sa créance dans les délais
requis et que, si ce défaut de déclaration n’éteint pas la
LIVRE VI : Des difficultés des entreprises.
créance, le créancier ne peut plus participer aux
répartitions et dividendes prévus dans le cadre de la
TITRE II : De la sauvegarde
procédure collective en application de l’article L. 622-26
du code de commerce, ensuite, que les décisions de
Chapitre II : De l’entreprise au cours de la période
redressement et de liquidation judiciaire font l’objet de la
d’observation.
publicité prévue par les articles R. 641-7 et R. 621-8 du
code de commerce et, notamment, sont publiées au
BODACC, que la caisse a accès à ce bulletin en sa qualité
Article L. 622-26
d’organisme professionnel et ne peut alléguer ne pas avoir
eu connaissance de cette procédure en raison de l’absence
Modifié par Ordonnance n°2014-326 du 12 mars 2014 -
d’informations données par l’emprunteur et la caution,
art. 29
enfin, que, cette absence de déclaration de la créance
constituant une omission fautive de la caisse entraînant
A défaut de déclaration dans les délais prévus à l’article L.
l’impossibilité pour la caution de bénéficier d’un recours
622-24, les créanciers ne sont pas admis dans les
subrogatoire à l’égard de l’emprunteur principal, M. X...
répartitions et les dividendes à moins que le juge-
apporte ainsi la preuve que la subrogation a été rendue
commissaire ne les relève de leur forclusion s’ils
impossible par le fait du créancier, qu’il revient alors à ce
établissent que leur défaillance n’est pas due à leur fait ou
dernier, pour ne pas encourir la déchéance de ses droits
qu’elle est due à une omission du débiteur lors de
contre la caution, d’établir que la subrogation devenue
l’établissement de la liste prévue au deuxième alinéa de
impossible n’aurait pas été efficace, mais que la caisse ne
l’article L. 622-6. Ils ne peuvent alors concourir que pour
produit aucun élément permettant de retenir que la
les distributions postérieures à leur demande.
subrogation n’aurait apporté aucun avantage à la caution,
de sorte qu’en application de l’article 2314 du code civil,
Les créances non déclarées régulièrement dans ces délais
celle-ci se trouve déchargée de ses engagements ;
sont inopposables au débiteur pendant l’exécution du plan
et après cette exécution lorsque les engagements énoncés
Que la cour d’appel a ainsi, d’une part, fait ressortir que le
dans le plan ou décidés par le tribunal ont été tenus.
droit de participer aux répartitions et dividendes constitue
Pendant l’exécution du plan, elles sont également
un droit préférentiel, d’autre part, retenu souverainement
inopposables aux personnes physiques coobligées ou
que la caisse ne pouvait que connaître la décision publiée
ayant consenti une sûreté personnelle ou ayant affecté
d’ouverture de la procédure collective, enfin, énoncé à bon
ou cédé un bien en garantie.
droit que la caution est fondée à invoquer la décharge de
17
L’action en relevé de forclusion ne peut être exercée que Article L.742-10
dans le délai de six mois. Ce délai court à compter de la
publication du jugement d’ouverture ou, pour les Créé par Ordonnance n°2016-301 du 14 mars 2016
institutions mentionnées à l’article L. 3253-14 du code du
travail, de l’expiration du délai pendant lequel les créances Les créanciers produisent leurs créances dans des
résultant du contrat de travail sont garanties par ces conditions prévues par décret en Conseil d’Etat ; les
institutions. Pour les créanciers titulaires d’une sûreté créances qui n’ont pas été produites dans un délai fixé par
publiée ou liés au débiteur par un contrat publié, il court à ce décret sont éteintes, sauf à ce que soit prononcé par le
compter de la réception de l’avis qui leur est donné. Par juge un relevé de forclusion. Le mandataire dresse un bilan
exception, si le créancier justifie avoir été placé dans de la situation économique et sociale du débiteur, vérifie
l’impossibilité de connaître l’obligation du débiteur avant les créances et évalue les éléments d’actif et de passif. A
l’expiration du délai de six mois, le délai court à compter compter du jugement prononçant l’ouverture de la
de la date à laquelle il est établi qu’il ne pouvait ignorer procédure, le débiteur ne peut aliéner ses biens sans
l’existence de sa créance. l’accord du mandataire ou, à défaut de mandataire désigné,
du juge.
* *
* Article L. 742-11
Partie législative
2° PROTECTION DES CONSOMMATEURS -
Surendettement - Redressement judiciaire civil -
LIVRE VI : Des difficultés des entreprises. Adoption de mesures de redressement - Application à
la caution (non).
TITRE II : De la sauvegarde
1° L’expiration du délai pour exercer une voie de recours
n’emporte pas, à elle seule, acquiescement au jugement.
Chapitre VI : Du plan de sauvegarde.
19
Attendu qu’en statuant ainsi, alors que l’expiration du DOCUMENT 20
délai pour exercer une voie de recours n’emporte pas, à
elle seule, acquiescement au jugement, la cour d’appel a (C. com. L. 622-28 et C. com., art. L. 631-14)
violé, par fausse application, le texte susvisé ;
Code de commerce
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l’arrêt Le jugement d’ouverture suspend jusqu’au jugement
rendu le 26 octobre 1995, entre les parties, par la cour arrêtant le plan ou prononçant la liquidation toute action
d’appel de Pau ; remet, en conséquence, la cause et les contre les personnes physiques coobligées ou ayant
parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, consenti une sûreté personnelle ou ayant affecté ou cédé
pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de un bien en garantie. Le tribunal peut ensuite leur accorder
Bordeaux. des délais ou un différé de paiement dans la limite de deux
ans.
DOCUMENT 19
(C. consom., art. L. 733-1) Les créanciers bénéficiaires de ces garanties peuvent
prendre des mesures conservatoires.
En l’absence de mission de conciliation ou en cas d’échec
de celle-ci, la commission peut, à la demande du débiteur * *
et après avoir mis les parties en mesure de fournir leurs *
observations, imposer tout ou partie des mesures suivantes
: Code de commerce
1° Rééchelonner le paiement des dettes de toute nature, y
compris, le cas échéant, en différant le paiement d’une
Partie législative
partie d’entre elles, sans que le délai de report ou de
rééchelonnement puisse excéder sept ans ou la moitié de la
durée de remboursement restant à courir des emprunts en LIVRE VI : Des difficultés des entreprises.
cours ; en cas de déchéance du terme, le délai de report ou
de rééchelonnement peut atteindre la moitié de la durée qui
restait à courir avant la déchéance; Titre III : Du redressement judiciaire.
(…)
20
Chapitre Ier : De l’ouverture et du déroulement du l’exercice individuel de leur action contre le débiteur dont
redressement judiciaire. la liquidation judiciaire a fait l’objet d’une clôture pour
insuffisance d’actif, ils conservent, la dette n’étant pas
éteinte, le droit de poursuite à l’encontre de la caution du
Article L. 631-14
débiteur ; qu’il en est ainsi quoique le droit, subsistant, de
Modifié par Ordonnance n°2014-326 du 12 mars 2014 - la caution à subrogation, ne puisse s’exercer, sauf dans les
art. 53 cas prévus aux articles 169, alinéa 2, et 170 de la loi du 25
(…) janvier 1985 ; qu’il s’ensuit que la cour d’appel a
Les personnes coobligées ou ayant consenti une sûreté exactement décidé que, malgré la clôture de la liquidation
personnelle ou ayant affecté ou cédé un bien en garantie ne judiciaire de la société pour insuffisance d’actif, Mme X...
bénéficient pas de l’inopposabilité prévue au deuxième était tenue envers la banque en vertu du cautionnement par
alinéa de l’article L. 622-26 et ne peuvent se prévaloir des elle contracté ; d’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;
dispositions prévues au premier alinéa de l’article L. 622- Sur le second moyen : (sans intérêt) ;
28. PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi.
DOCUMENT 21
(Cass. com., 8 juin 1993) DOCUMENT 22
(C. com., art. L. 643-11)
ENTREPRISE EN DIFFICULTE (loi du 25 janvier
1985) - Liquidation judiciaire - Clôture - Clôture pour
Code de commerce
insuffisance d’actif - Effet à l’égard de la caution.
Attendu que Mme X... reproche à l’arrêt d’avoir accueilli 1° Pour les actions portant sur des biens acquis au titre
cette demande, alors, selon le pourvoi, que le créancier qui d’une succession ouverte pendant la procédure de
est privé de l’exercice de son droit contre le débiteur liquidation judiciaire ;
principal, aux termes d’une disposition d’ordre public, se
trouve du même coup privé de l’exercice de son droit 2° Lorsque la créance trouve son origine dans une
contre la caution solidaire du débiteur principal, faute pour infraction pour laquelle la culpabilité du débiteur a été
ce créancier de pouvoir subroger la caution qui a payé établie ou lorsqu’elle porte sur des droits attachés à la
dans l’exercice même de son droit contre le débiteur personne du créancier ;
principal, conformément aux dispositions de l’article 2029
du Code civil ; d’où il suit qu’en statuant comme elle l’a
fait, la cour d’appel a violé les textes susvisés ; 3° Lorsque la créance a pour origine des manœuvres
frauduleuses commises au préjudice des organismes de
Mais attendu que si, en application de l’article 169 de la protection sociale mentionnés à l’article L. 114-12 du code
loi du 25 janvier 1985, les créanciers ne recouvrent pas
21
de la sécurité sociale. L’origine frauduleuse de la créance
est établie soit par une décision de justice, soit par une VI.- Lorsque la clôture de liquidation judiciaire pour
sanction prononcée par un organisme de sécurité sociale insuffisance d’actif est prononcée à l’issue d’une
dans les conditions prévues aux articles L. 114-17 et L. procédure ouverte à raison de l’activité d’un débiteur
114-17-1 du même code. entrepreneur individuel à responsabilité limitée à laquelle
un patrimoine est affecté, le tribunal, en cas de fraude à
II.- Les coobligés et les personnes ayant consenti une l’égard d’un ou de plusieurs créanciers, autorise les actions
sûreté personnelle ou ayant affecté ou cédé un bien en individuelles de tout créancier sur les biens compris dans
garantie peuvent poursuivre le débiteur s’ils ont payé à le patrimoine non affecté de cet entrepreneur. Il statue
la place de celui-ci. dans les conditions prévues au IV. Les créanciers exercent
les droits qui leur sont conférés par les présentes
dispositions dans les conditions prévues au V.
III.- Les créanciers recouvrent leur droit de poursuite
individuelle dans les cas suivants :
VII.- Lorsque la clôture de liquidation judiciaire pour
insuffisance d’actif est prononcée à l’issue d’une
1° La faillite personnelle du débiteur a été prononcée ; procédure ouverte à raison de l’activité d’un débiteur,
personne physique, à laquelle un patrimoine n’avait pas été
2° Le débiteur a été reconnu coupable de banqueroute ; affecté, le tribunal peut imposer des délais uniformes de
paiement des créances mentionnées au I de l’article L.
641-13 à l’exception de celles des administrations
3° Le débiteur, au titre de l’un quelconque de ses financières, des organismes de sécurité sociale, des
patrimoines, ou une personne morale dont il a été le institutions gérant le régime d’assurance chômage prévu
dirigeant a été soumis à une procédure de liquidation par les articles L. 5422-1 et suivants du code du travail et
judiciaire antérieure clôturée pour insuffisance d’actif des institutions régies par le livre IX du code de la sécurité
moins de cinq ans avant l’ouverture de celle à laquelle il sociale. Ces délais ne peuvent excéder deux ans
est soumis ainsi que le débiteur qui, au cours des cinq
années précédant cette date, a bénéficié des dispositions de
l’article L. 645-11 ; DOCUMENT 23
(C. consom., art. L. 742-22)
4° La procédure a été ouverte en tant que procédure
territoriale au sens du paragraphe 2 de l’article 3 du Code de la consommation
règlement (CE) n° 1346/2000 du Conseil du 29 mai 2000
relatif aux procédures d’insolvabilité ou au sens du Partie législative nouvelle
paragraphe 2 de l’article 3 du règlement (UE) n° 2015/848
du Parlement européen et du Conseil du 20 mai 2015 Livre VII : TRAITEMENT DES SITUATIONS DE
relatif aux procédures d’insolvabilité. SURENDETTEMENT
22