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DROIT DU CREDIT

Cours de Jean-Jacques ANSAULT

Agrégé des Facultés de Droit

Professeur à l’Université Panthéon-Assas (Paris II)

Fiche de Travaux Dirigés

Le contrat de cautionnement

La formation du cautionnement
(Séance de travaux dirigés n° 3)

Master 1
Année universitaire 2020-2021
Dès lors que le cautionnement s’analyse en un contrat, l’on retrouve évidemment les conditions
communes énumérées à l’article 1128 du Code civil. Mais, bien entendu, en raison des caractéristiques
propres du cautionnement, ces conditions se présentent sous une physionomie particulière.

I. LE CONSENTEMENT

En matière de cautionnement, l’essentiel du contentieux se cristallise sur le caractère éclairé de


l’engagement de la caution. C’est sur ce terrain que les garants aiment à se placer afin d’échapper à leur
engagement. Cette stratégie apparaît souvent payante lorsque la caution invoque une prétendue
méconnaissance de la portée de ses engagements. A ce titre, l’on n’insistera jamais assez sur l’évolution
jurisprudentielle et légale des règles de forme qui visent à permettre à la caution de recevoir une
information suffisante sur la portée de son engagement. Elle trouve son achèvement dans la nécessité
d’apposer une mention manuscrite à titre de validité de l’acte dans bon nombre de cautionnements.

Doc. 1 : Cass. 1ère civ., 30 juin 1987, n° 85-15.760 : Bull. civ. I, n° 210 ; D. 1987, somm., p. 442, obs.
L. AYNÈS.
Doc. 2 : Cass. 1ère civ., 20 octobre 1992, n° 90-21.183 : Bull. civ. I, n° 259, Defrénois 1993, art. 35617,
n° 97, note L. AYNÈS.
Doc. 3 : Cass. com., 5 avril 2011, n° 09-14.358 : Rev. Lamy dr. civ. 2011/83, n° 4271, note J.-J
ANSAULT ; Defrénois 2012, p. 235, obs. S. CABRILLAC ; RDC 2011, p. 906, note
D. HOUTCIEFF ; RD bancaire et fin. 2011, comm. 89, note D. LEGEAIS.
Doc. 4 : Cass. com., 5 avril 2011, n° 10-16.426 : Rev. Lamy dr. civ. 2011/83, no 4271, note J.-J.
ANSAULT ; Defrénois 2012, p. 235, obs. S. CABRILLAC ; RDC 2011, p. 906, note
D. HOUTCIEFF ; RD bancaire et fin. 2011, comm. 89, note D. LEGEAIS.
Doc. 5 : Cass. 1ère civ., 8 mars 2012, n° 09-12.246 : Bull. Joly Sociétés 2012, p. 478, note
D. HOUTCIEFF.
Doc. 6 : Cass. 1ère civ., 13 septembre 2013, n° 12-19.094 : JCP G 2013, 1074, J. LASSERRE
CAPDEVILLE.
Doc. 7 : Cass. com., 1er octobre 2013, n° 12-20.278 : Bull. civ. IV, n° 143 ; JCP G 2014, 207, J.-D.
PELLIER ; JCP E 2013, 1624, note D. LEGEAIS ; D. 2014, p. 127, note M. JULIENNE et
L. ANDREU ; Banque et droit nov.-déc. 2013, p. 43, obs. E. NETTER.

Par ailleurs, toujours sur cette question sensible de l’appréciation par la caution de la portée de son
engagement, il faut garder à l’esprit que le juge met aujourd’hui à la charge du créancier professionnel un
devoir de mise en garde à l’égard de la caution non-avertie, lequel vise à ouvrir les yeux du futur garant
sur les risques qu’il prend au regard de ses propres moyens financiers. La combinaison de cette exigence
prétorienne avec les dispositifs légaux qui tendent à éviter que la caution souscrive un cautionnement
excessif soulève certaines difficultés. A ce propos, l’on se souviendra que les règles concernant
l’exigence de proportionnalité issues de la loi Dutreil sont venues briser une jurisprudence qui cherchait à
neutraliser les cautionnements prétendument excessifs par le truchement de la responsabilité civile.

Doc. 8 : Cass. com., 17 juin 1997, n° 95-14.105, Bull. civ. IV, n° 188, D. 1998, jur., p. 208, note
J. CASEY ; JCP E 1997, II, n° 1007, note D. LEGEAIS ; JCP E 1998, p. 178, note PH. SIMLER ;
Bull. Joly sociétés 1997, p. 866, note P. LE CANNU ; RTD civ. 1998, p. 100, obs. J. MESTRE ;
RTD civ. 1998, p. 158, obs. P. CROCQ ; Defrénois 1997, art. 36703, p. 1424, n° 158,
L AYNÈS ; v. également, S. PIEDELIÈVRE, Le cautionnement excessif, Defrénois 1998, art.
36836.
Doc. 9 : Cass. com., 8 octobre 2002, n° 99-18.619 : JCP E 2002, II, p. 1921, n° 1730, note
D. LEGEAIS ; Bull. Joly sociétés 2003, § 31, p. 133, note J. DEVÈZE.
Doc. 10 : Cass. 1ère civ., 9 juillet 2003, n° 01-14.082 : JCP G 2003, II, n° 10167, note J. CASEY ; D. aff.
2004, p. 204, note Y. PICOD.
Doc. 11 : Cass. com., 3 mai 2006, n° 04-19.315 : Bull. civ. IV, n° 103 ; JCP G 2006, II, n° 10122, note
A. GOURIO ; RD bancaire et fin. mai-juin 2006, p. 20, obs. D. LEGEAIS ; Banque et droit 2006,
n° 108, p. 53, obs. N. RONTCHEVSKY.
Doc. 12 : Cass. com., 20 octobre 2009, n° 08-20.274 : Bull. civ. IV, n° 127, D. 2009, p. 2971, note
D. HOUTCIEFF ; Dr. & patr. 2010, n° 195, p. 89, obs. L. AYNÈS et PH. DUPICHOT ; JCPG
2009, 482, note S. PIEDELIÈVRE ; JCP E 2009, 2053, note D. LEGEAIS.
Doc. 13 : Cass. com., 22 juin 2010, n° 09-67.814 : RTD civ. 2010, p. 593, note P. CROCQ ; Dr. et
patrimoine 2010, n° 195, p. 87, note PH. DUPICHOT ; D. 2010, p. 1985, note D. HOUTCIEFF ;
Banque et droit 2010, n° 13359, obs. F. JACOB.
Doc. 14 : Cass. com., 9 juill. 2019, n° 17-31.346 : JCP G 2019, doctr. 958, n° 6, obs. PH. SIMLER.
Quoi qu’il en soit, cette ligne de défense qui cherche à placer le débat judiciaire sur le terrain du
consentement de la caution semble parfois moins porteuse quand les garants se contentent d’invoquer une
ignorance de la solvabilité du débiteur principal.
Doc. 15 : Cass. 1ère civ., 11 février 1986, n° 84-11.117, Bull. civ. I, n° 22, D. 1987, somm., p. 446, obs.
L. AYNÈS.
Doc. 16 : Cass. com., 24 septembre 2003, n° 99-15.518.

II. LA CAPACITE ET LE POUVOIR

Du point de vue de la caution, le cautionnement est en principe un acte de disposition puisqu’il


engage gravement son patrimoine et ce, le plus souvent, dans l’intérêt d’un tiers. Il faut donc apprécier
dans la personne de la caution la capacité ou le pouvoir de faire des actes de disposition pour conclure un
tel contrat valablement. Après avoir rappelé les règles applicables en matière de capacité, il conviendra de
s’intéresser à deux situations concernant plus particulièrement le pouvoir de se porter caution. Il s’agit de
celle du cautionnement consenti par un époux commun en biens et celle du cautionnement souscrit au
nom d’une personne morale par son représentant.

Doc. 17 : Cass. 1ère civ., 8 mars 2005, n° 01-12.734, Bull. civ. I, n° 115.
Doc. 18 : Cass. com., 8 novembre 2011, n° 10-24.438 : RD bancaire et fin. 2012, comm. 8, obs.
A. CERLES ; Banque et droit janv.-févr. 2012, p. 61, obs. M. S. ; Dr. et patrimoine 2012,
n° 211, p. 86, obs. PH. DUPICHOT.
Doc. 19 : Cass. 3ème civ., 12 septembre 2012, n° 11-17.948 : Rev. sociétés 2013, p. 16, note
A. VIANDIER ; RTD civ. 2012, p. 754, obs. P. CROCQ ; Gaz. Pal. 12-13 déc. 2012, p. 18, obs.
M.-P. DUMONT-LEFRAND.

3
III. L’OBJET

L’objet du cautionnement - ou devrait-on dire son « contenu » depuis la réforme du droit des
contrats issue de l’ordonnance du 10 février 2016 -, c’est évidemment la garantie que fournit la caution au
créancier. Mais cette garantie qui forme l’objet du cautionnement se trouve dans la dépendance de
l’obligation du débiteur principal. Quant à l’objet de l’obligation de la caution, il s’exprime au sein de
l’article 2288 du Code civil au terme duquel « celui qui se rend caution d’une obligation se soumet envers
le créancier à satisfaire à cette obligation si le débiteur n’y satisfait pas lui-même ».

L’on retrouve ici le principe de l’accessoire. Encore faut-il déterminer précisément la ou les dettes
qui sont garanties par le cautionnement. Et de fait, la question présente une difficulté plus aiguë lorsque la
caution accepte de se substituer au débiteur principal pour acquitter des dettes qui ne sont pas encore
nées. S’agissant de ce cautionnement de dettes futures, la jurisprudence a adopté une distinction proposée
par MOULY dans sa célèbre thèse qui a marqué de son empreinte le droit du cautionnement (V. à ce sujet
CH. MOULY, Les causes d’extinction du cautionnement, préf. CABRILLAC M., Librairies techniques, 1979,
n° 256 et s.). Celui-ci considérait qu’un tel cautionnement faisait naître deux sortes d’obligations : une
obligation de couverture et une obligation de règlement. Que recouvrent exactement ces deux notions ?
Cette analyse vous paraît-elle pertinente ? Aujourd’hui, cette pratique des cautionnements de dettes
futures risque-t-elle de tomber en désuétude ?

Doc. 20 : Cass. com., 22 février 1994, n° 91-22.364 : Bull. civ. IV, n° 68.
Doc. 21 : Cass. 1ère civ., 10 décembre 2002, n° 00-18.726 : Bull. civ. I, n° 303.

L’étude de l’objet du cautionnement impose aussi de s’intéresser au quantum de la dette. Pour


établir le montant qu’il appartiendra à la caution de débourser, il convient de scruter le contenu même de
l’acte. L’on découvrira si la caution s’est engagée de manière illimitée ou limitée. Mais dans l’un et
l’autre cas, la caution garantit-elle de plein droit les accessoires de la dette et tout particulièrement les
intérêts dus par le débiteur principal ? Dans ce domaine, la loi Dutreil du 1er août 2003 vient-elle remettre
en cause les solutions retenues antérieurement ?

Doc. 22 : Cass. 3ème civ., 14 novembre 1973, n° 72-11.702 : Bull. civ. III, n° 579 ; JCP G 1974, IV,
p.433, obs. B. BOCCARA ; RTD civ. 1974, p. 633, obs. G. CORNU.
Doc. 23 : Cass. com., 16 mars 1999, n° 96-12.653 : Bull. civ. IV, n° 59 ; JCP G 1999, I, 156, spéc. n° 1,
obs. PH. SIMLER ; JCP E 1999, p. 1055, note D. LEGEAIS.
Doc. 24 : Cass. 1ère civ., 20 octobre 2011, n° 10-21.426 : JCP G 2012, 626, n° 1, obs. PH. SIMLER.

IV. LA CAUSE

A la différence de la cause du contrat de cautionnement, la cause de l’obligation de la caution


donne lieu à d’intenses débats doctrinaux, du moins avant la réforme du droit des contrats de 2016. Quant
à la jurisprudence, elle fermait systématiquement la porte au garant qui prétendait que la cause de son
engagement avait disparu. Pourtant ne devait-on pas être sensible à l’idée que, si une caution entretient
des relations privilégiées avec un débiteur et que ces liens cessent brutalement, il apparaît légitime qu’il
puisse opposer au créancier poursuivant la perte de la qualité en laquelle il a contracté ? La suppression
formelle de la « cause » dans le Code civil change-t-elle quelque chose aux termes de ce débat ? Remet-
elle en question d’autres solutions retenues traditionnellement par le juge en matière de cautionnement ?

4
Doc. 25 : Cass. com., 8 novembre 1972, n° 71-11.879 : Gaz. Pal. 1973, 1, p. 143, note D. MARTIN ; D.
1973, p. 753, note PH. MALAURIE.
Doc. 26 : Cass. com., 16 février 1977, n° 75-15.802 : JCP G 1979, II, n° 19154, obs. PH. SIMLER.
Doc. 27 : Cass. com., 5 avril 1994, n° 91-21.948, RJDA 1994, n° 1182, p. 917.

Exercice : Après avoir analysé l’ensemble des documents, les étudiants rédigeront une dissertation sur le
sujet suivant : « L’exigence de proportionnalité dans le cautionnement ».

5
DOCUMENT 1 et qu’en outre, l’employée de l’organisme prêteur n’aurait
(Cass. 1ère civ., 30 juin 1987) pu donner aucune précision sur le montant de
l’engagement, cette juridiction aurait énoncé un motif
hypothétique, privant encore sa décision de base légale au
CAUTIONNEMENT - Conditions de validité - Acte de regard du même texte ;
cautionnement - Mentions de l’article 1326 du Code
civil - Simple règle de preuve (non)
Mais attendu, en premier lieu, qu’il résulte de la
Il résulte de la combinaison des articles 1326 et 2015 du combinaison des articles 1326 et 2015 du Code civil que
code civil que les exigences relatives à la mention les exigences relatives à la mention manuscrite ne
manuscrite devant figurer sur un acte de cautionnement ne constituent pas de simples règles de preuve mais ont pour
constituent pas de simples règles de preuve mais ont pour finalité la protection de la caution ; que le premier grief
finalité la protection de la caution. doit donc être écarté ;

Sur le moyen unique, pris en ses trois branches : Attendu, en deuxième lieu, que CEGEBAIL n’avait pas
soutenu dans ses conclusions que l’acte d’aval du 10 mars
Attendu, selon les énonciations des juges du fond, que la 1982 et l’avenant du 11 mars 1983 constituaient des
Compagnie Générale de Crédit-Bail (CEGEBAIL) a commencements de preuve par écrit ; que le moyen est
conclu, le 10 mars 1982, avec la Société nouvelle des donc nouveau, mélangé de fait et de droit et, par suite,
Transports de France (SNTF) - ayant pour président M. irrecevable ;
X... de France - un contrat de crédit-bail concernant un
tracteur routier d’une valeur de 449.985 francs ; que, par Attendu, enfin, que le motif critiqué par le troisième grief,
acte du même jour, intitulé acte d’aval, M. Y... de France, n’est pas hypothétique ;
frère d’X..., a apposé sa signature sous la mention
manuscrite suivante : " Bon pour caution solidaire comme
ci-dessus " ; que la SNTF ayant réglé ses loyers avec D’où il suit que le moyen ne peut être accueilli en aucune
retard, CEGEBAIL a été autorisé à prendre une inscription de ses trois branches ;
d’hypothèque judiciaire provisoire sur les immeubles de
M. Y... de France puis l’a assigné, le 15 mars 1983, en sa
PAR CES MOTIFS :
qualité de caution, en paiement de la somme de 515
659,26 francs, augmentée des intérêts au taux légal, et en
validation de l’inscription hypothécaire ; que l’arrêt REJETTE le pourvoi
attaqué (Lyon, 4 juin 1985) a rejeté ces demandes, après
avoir constaté la nullité de l’acte d’aval du 10 novembre
1982 ; DOCUMENT 2
(Cass. 1ère civ., 20 octobre 1992)
Attendu que CEGEBAIL fait grief à la cour d’appel
PREUVE LITTERALE - Acte sous seing privé -
d’avoir prononcé cette nullité, alors, d’une part, que la
règle posée par l’article 1326 du Code civil est une règle Promesse unilatérale - Mentions de l’article 1326 du
de preuve et non de forme ; qu’en exigeant, à peine de Code civil - Défaut - Commencement de preuve par
nullité, que la mention manuscrite apposée par la caution écrit
exprime en elle-même la connaissance par celle-ci de
Si l’insuffisance de la mention manuscrite exigée par
l’étendue de son engagement, l’arrêt attaqué aurait violé le
l’article 1326 du Code civil rend le cautionnement
texte précité ; alors, d’autre part, que l’acte d’aval du 10
irrégulier, cet acte constitue néanmoins un commencement
mars 1982, ainsi qu’un avenant en date du 11 mars 1983,
de preuve par écrit pouvant être complété par des
constituaient des commencements de preuve par écrit ;
éléments extérieurs à l’acte.
qu’en ne recherchant pas si le fait que, sur l’acte d’aval,
étaient rappelées les caractéristiques chiffrées du contrat
de crédit-bail (prix d’achat du véhicule, montant et Sur le moyen unique, pris en ses deux branches :
périodicité des loyers) et qu’y figurait en outre une clause
imprimée précisant que le soussigné déclarait avoir Vu les articles 1326 et 2015 du Code civil ;
parfaitement connaissance du contrat de crédit-bail, n’était
pas de nature à démontrer que M. Y... de France avait une
connaissance explicite du contenu et de la portée de son Attendu que, par acte sous seing privé du 13 mars 1984,
engagement, la juridiction du second degré aurait privé sa Mme Z... s’est portée caution solidaire des époux X... pour
décision de base légale au regard de l’article 1326 du Code toutes sommes dues par ceux-ci à M. Y... " jusqu’à
civil ; alors, enfin, qu’en faisant état d’une attestation concurrence de 50 000 francs en principal " ; que la
délivrée par une personne ayant accompagné M. de France mention manuscrite précédant la signature de Mme Z...
au bureau de CEGEBAIL, suivant laquelle l’acte d’aval était ainsi rédigée : " lu et approuvé - bon pour
aurait été signé en blanc en raison de l’urgence du dossier cautionnement solidaire dans les termes ci-dessus " ;

6
Attendu que pour rejeter la demande en paiement formée d’une liquidation judiciaire le 8 février 2006, le CIN a
par M. Y... contre Mme Z..., la cour d’appel a retenu la assigné les cautions en exécution de leurs engagements ;
nullité de l’engagement de caution souscrit par cette
dernière, dès lors qu’il ne comportait pas la mention, écrite Attendu que le CIN fait grief à l’arrêt d’avoir déclaré nuls
de sa main, de la somme en toutes lettres et en chiffres les engagements de caution souscrits par M. et Mme X... et
pour laquelle elle s’était engagée et ne répondait donc pas d’avoir rejeté les autres demandes, alors, selon le moyen :
aux exigences de l’article 1326 du Code civil " qui ne
constituent pas de simples règles de preuve, mais ont pour 1°/ que la nullité d’un engagement de caution, pris par acte
finalité la protection de la caution " ; sous seing privé par une personne physique envers un
créancier professionnel, n’est pas encourue lorsque la
mention manuscrite apportée sur l’engagement de caution,
Attendu, cependant, que, si l’insuffisance de la mention
sans être strictement identique aux mentions prescrites par
manuscrite exigée par l’article 1326 du Code civil, dans
les articles L. 341-2 et L. 341-3 du code de la
l’acte portant l’engagement de caution de Mme Z...,
consommation, s’en rapproche néanmoins très largement
rendait le cautionnement irrégulier, ledit acte constituait
et est parfaitement conforme à l’esprit de la loi dès lors
néanmoins un commencement de preuve par écrit pouvant
qu’elle reflète incontestablement la parfaite information
être complété par des éléments extérieurs à l’acte ; que,
dont avait bénéficié la caution quant à la nature et la portée
dès lors, en statuant comme elle l’a fait, sans rechercher,
de son engagement ; qu’en statuant comme elle l’a fait,
comme elle y était invitée par les conclusions d’appel, si
tout en constatant que les mentions manuscrites apposées
l’étendue de l’engagement de la caution ne pouvait être
par M. et Mme X... sur leurs engagements de caution
établie par les éléments de preuve extrinsèques invoqués
étaient fortement semblables à celles prévues par la loi, en
par le créancier, la cour d’appel n’a pas donné de base
ce qu’elles reprenaient à tout le moins tous les termes
légale à sa décision ;
prescrits par les articles susvisés, la cour d’appel a violé
les articles L. 341-2 et L. 341-3 du code de la
PAR CES MOTIFS : consommation ;

2°/ que l’absence de mention, dans le contrat de prêt, de


CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l’arrêt l’identité de l’ensemble des personnes physiques se portant
rendu le 17 septembre 1990, entre les parties, par la cour cautions n’est pas une cause de nullité de l’engagement de
d’appel d’Angers ; remet, en conséquence, la cause et les
caution régularisé séparément ; qu’en prononçant la nullité
parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, des engagements de caution de M. et Mme X..., motif pris
pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de de ce que le contrat de prêt signé par les parties ne
Rennes prévoyait que la caution personnelle et solidaire de M. X...
pour la seule somme de 51 900 euros, tout en constatant
que tant M. X... que Mme X... s’étaient expressément
engagés en qualité de caution, par un acte séparé, la cour
DOCUMENT 3 d’appel a statué par un motif inopérant et n’a pas donné de
(Cass. com., 5 avril 2011) base légale à sa décision au regard des articles L. 341-2 et
L. 341-3 du code de la consommation ;
CAUTIONNEMENT - Conditions de validité - Acte de
cautionnement - Mention manuscrite prescrite par Mais attendu que la nullité d’un engagement de caution
l’article L. 341-2 du code de la consommation - Défaut - souscrit par une personne physique envers un créancier
Exclusion - Erreur matérielle professionnel est encourue du seul fait que la mention
manuscrite portée sur l’engagement de caution n’est pas
La nullité d’un engagement de caution souscrit par une identique aux mentions prescrites par les articles L. 341-2
personne physique envers un créancier professionnel est et L. 341-3 du code de la consommation, à l’exception de
encourue du seul fait que la mention manuscrite portée sur l’hypothèse dans laquelle ce défaut d’identité résulterait
l’engagement de caution n’est pas identique aux mentions d’erreur matérielle ;
prescrites par les articles L. 341-2 et L. 341-3 du code de
la consommation, à l’exception de l’hypothèse dans Attendu qu’ayant relevé que les mentions manuscrites
laquelle ce défaut d’identité résulterait d’erreur matérielle signées de M. et Mme X... n’étaient pas conformes aux
prescriptions des articles L. 341-2 et L. 341-3 du code de
Sur le moyen unique, après avis de la première chambre la consommation édictées à peine de nullité, la cour
civile : d’appel a, par ces seuls motifs, légalement justifié sa
décision ; que le moyen, qui s’attaque en sa seconde
Attendu, selon l’arrêt attaqué (Caen, 12 mars 2009), que, branche à des motifs surabondants, n’est pas fondé pour le
le 30 avril 2004, M. et Mme X... se sont rendus cautions surplus.
solidaires des engagements de la société Pub roulante
envers la banque Scalbert Dupont Crédit industriel de
Normandie (le CIN) dont M. X... était le gérant ; qu’en
raison de la défaillance de la société, qui a fait l’objet
7
DOCUMENT 4 PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur le
(Cass. com., 5 avril 2011) dernier grief :

CAUTIONNEMENT - Conditions de validité - Acte de CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l’arrêt
cautionnement - Mention manuscrite prescrite par rendu le 22 janvier 2010, entre les parties, par la cour
l’article L. 341-2 du code de la consommation - Défaut - d’appel de Rennes ; remet, en conséquence, la cause et les
Exclusion - Apposition d’une virgule entre deux parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et,
mentions manuscrites pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de
Rennes, autrement composée ;
L’apposition d’une virgule entre la formule caractérisant
l’engagement de caution et celle relative à la solidarité Condamne les consorts X... aux dépens ;
n’affecte pas la portée des mentions manuscrites
conformes aux dispositions des articles L. 341-2 et L. 341- Vu l’article 700 du code de procédure civile, rejette les
3 du code de la consommation. demandes

En conséquence viole ces dispositions la cour d’appel qui,


pour déclarer nuls des actes de cautionnement, retient que DOCUMENT 5
le fait de joindre les deux mentions manuscrites prévues (Cass. 1ère civ., 8 mars 2012)
par la loi aboutit à une phrase et qu’une telle juxtaposition
n’est pas conforme à ces prescriptions d’ordre public Attendu, selon l’arrêt attaqué, que la caisse régionale de
crédit agricole mutuel de Normandie (la banque) avait
Sur le moyen unique, pris en ses trois premières branches : consenti à la société Y... immobilier et à la société
Nathalie X..., devenue la société Promotion immobilier
Vu les articles L. 341-2 et L. 341-3 du code de la granvillais, différents crédits ; que le 29 août 2005, une
consommation ; transaction a fixé les créances de la banque sur ces deux
sociétés ainsi que les modalités de leur paiement, M. et
Attendu, selon l’arrêt attaqué, que par actes sous seing Mme Y... se portant en outre cautions de celles-ci ; que les
privé des 30 novembre 2004, 27 juin 2005 et 12 avril sociétés débitrices n’ayant pas respecté leurs obligations,
2006, Mme X..., M. Philippe X... puis Mme X... et M. la banque a réclamé aux cautions l’exécution de leurs
Christian X... (les consorts X...) se sont rendus engagements ; que la cour d’appel a accueilli ces
respectivement cautions solidaires envers la Banque demandes ;
populaire Atlantique (la banque) des sommes pouvant être
dues par la société Nouvelle Manche Océan (la société) ; Sur le premier moyen, pris en sa première branche :
que la société ayant été mise en liquidation judiciaire, la
banque a déclaré sa créance et a assigné les consorts X... Vu l’article L. 341-2 du code de la consommation ;
en paiement ; qu’un jugement a fait droit à la demande ;
que les consorts X... ont interjeté appel de cette décision, Attendu que pour déclarer valables les engagements de
en se prévalant de la nullité de leurs engagements de caution souscrits par M. et Mme Y... sans la mention
caution non conformes par leurs mentions manuscrites aux manuscrite prévue par l’article L. 341-2 du code de la
dispositions des articles L. 341-2 et L. 341-3 du code de la consommation, la cour d’appel a retenu que cette
consommation ; disposition n’était pas applicable aux cautions en raison de
leur qualité d’associés et de gérants des sociétés garanties ;
Attendu que pour déclarer nuls les actes de
cautionnements souscrits par les consorts X..., l’arrêt Attendu qu’en statuant ainsi alors que la mention
constate qu’ils portent tous une mention manuscrite unique manuscrite prévue par ce texte doit être inscrite par toute
établie selon le modèle, suivie d’une signature, et retient personne physique qui s’engage en qualité de caution par
que le fait de joindre les deux mentions manuscrites acte sous seing privé envers un créancier professionnel, la
prévues par la loi aboutit à une phrase et qu’une telle cour d’appel a violé ledit texte ;
juxtaposition des mentions prescrites par la loi, qui doivent
être apposées successivement par la caution et non pas Sur la seconde branche du premier moyen :
mélangées en une phrase incertaine lui rendant plus
difficile de mesurer la portée de chacun de ses deux Vu l’article L. 341-2 du code de la consommation,
engagements, n’est pas conforme aux prescriptions d’ordre ensemble les articles 2052 et 2053 du code civil ;
public des articles susvisés ;

Attendu qu’en statuant ainsi, alors que l’apposition d’une Attendu que pour valider les cautionnements litigieux, la
virgule entre la formule caractérisant l’engagement de cour d’appel a également retenu que le non-respect de
caution et celle relative à la solidarité n’affecte pas la l’article L. 341-2 du code de la consommation constitue en
portée des mentions manuscrites conformes aux tout état de cause une erreur de droit qui n’est pas
dispositions légales, la cour d’appel a violé les textes susceptible d’entraîner la nullité de la transaction ;
susvisés ;
8
Attendu qu’en statuant ainsi, alors que l’exclusion de PAR CES MOTIFS :
l’erreur de droit comme cause de nullité de la transaction
ne concerne que la règle applicable aux droits objet de la CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’il a
contestation qu’elle a pour but de terminer, et non les prononcé la nullité des actes de cautionnement souscrits
engagements souscrits pour garantir l’exécution de la par M. X..., l’arrêt rendu le 26 janvier 2012, entre les
transaction, la cour d’appel a violé les textes susvisés ; parties, par la cour d’appel de Dijon ; remet, en
conséquence, sur ce point, la cause et les parties dans l’état
PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur le où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait
second moyen : droit, les renvoie devant la cour d’appel de Besançon ;
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l’arrêt Condamne la société Becheret-Thierry-Senechal-Gorrias,
rendu le 11 décembre 2008, entre les parties, par la cour ès qualités, et M. X... aux dépens ;
d’appel de Caen ; remet, en conséquence, la cause et les
parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, Vu l’article 700 du code de procédure civile, rejette les
pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de demandes ;
Rouen. Dit que sur les diligences du procureur général près la
Cour de cassation, le présent arrêt sera transmis pour être
transcrit en marge ou à la suite de l’arrêt partiellement
DOCUMENT 6 cassé.
ère
(Cass. 1 civ.,11 septembre 2013)
Sur le moyen unique, pris en ses deux branches : DOCUMENT 7
Vu les articles L. 341-2 et L. 341-3 du code de la (Cass. com., 1er octobre 2013)
consommation ;
CAUTIONNEMENT - Conditions de validité - Acte de
Attendu, selon l’arrêt attaqué, que par actes sous seing cautionnement - Mention manuscrite prescrite par
privé des 1er août 2006 et 24 avril 2008, la caisse de l’article L. 341-2 du code de la consommation - Défaut -
Crédit mutuel de Chagny (la banque) a consenti à la Omission des termes "mes biens" - Portée
société Radiance deux prêts professionnels garantis par le
cautionnement solidaire de M. X... ; que la banque ayant Justifie sa décision, une cour d’appel qui, après avoir
mis en demeure M. X... de s’acquitter d’une somme en constaté que la mention manuscrite apposée par une
tant que caution, ce dernier et la société Becheret-Thierry- caution en application des dispositions de l’article L. 341-
Senechal-Gorrias, mandataire judiciaire de la société 2 du code de la consommation ne comportait pas les
Radiance, ont assigné la banque aux fins notamment de termes "mes biens", a retenu que cette mention reflétait
voir prononcer la nullité des actes de cautionnement ; néanmoins la parfaite information dont avait bénéficié la
caution quant à la nature et la portée de son engagement,
Attendu que pour accueillir cette demande, l’arrêt retient, de sorte qu’elle n’avait pour conséquence que de limiter le
d’une part, que dans l’acte de cautionnement du 1er août gage de la banque aux revenus de la caution et n’affectait
2006, le texte reproduisant la formule prévue à l’article L. pas la validité du cautionnement
341-2 est séparé de celui reproduisant la formule prévue à
l’article L. 341-3 par une virgule et non par un point, en Sur le moyen unique :
sorte que le premier mot de l’expression « en renonçant au
bénéfice de discussion » commence par une minuscule et Attendu, selon l’arrêt attaqué (Saint-Denis de La Réunion-
non par une majuscule ainsi qu’il est expressément chambre d’appel de Mamoudzou, 6 septembre 2011),
mentionné à l’article L. 341-3, d’autre part, que dans l’acte qu’assigné en paiement par la Banque française
de cautionnement du 24 avril 2008, les formules des commerciale de l’Océan Indien (la banque) en exécution
articles L. 341-2 et suivant ne sont séparées par aucun de son engagement de caution solidaire, souscrit le 17
signe de ponctuation et qu’une telle anomalie ne saurait octobre 2006 en garantie du prêt consenti à la société
être tenue pour une erreur purement matérielle puisque le CIEM, M. X... (la caution) s’est prévalu de la nullité de
texte unique ainsi composé au mépris des dispositions son engagement non conforme par sa mention manuscrite
précitées est incompréhensible et de nature à vicier le aux dispositions de l’article L. 341-2 du code de la
consentement de la caution ; consommation ;
Qu’en statuant ainsi, alors que ni l’omission d’un point ni
la substitution d’une virgule à un point entre la formule Attendu que la caution fait grief à l’arrêt d’avoir rejeté sa
caractérisant l’engagement de caution et celle relative à la demande, alors, selon le moyen, qu’après avoir constaté
solidarité, ni l’apposition d’une minuscule au lieu d’une que la mention manuscrite rédigée par la caution n’était
majuscule au début de la seconde de ces formules, pas totalement conforme aux exigences de l’article L. 341-
n’affectent la portée des mentions manuscrites conformes 2 du code de la consommation, la mention précisant que la
pour le surplus aux dispositions légales, la cour d’appel a caution s’engageait « sur mes revenus » et non « sur mes
violé les textes susvisés ; revenus et mes biens », la cour d’appel a refusé d’annuler
l’engagement de caution considérant que la divergence
9
constatée n’affectait pas la portée et la nature de sur le pourvoi incident relevé par la Banque internationale
l’engagement souscrit ; qu’en statuant ainsi, la cour pour l’Afrique occidentale :
d’appel n’a pas tiré les conséquences légales de ses Attendu, selon l’arrêt déféré (Paris, 8 février 1995), que,
constatations et violé l’article L. 341-2 du code de la par acte du 23 décembre 1987, M. X... s’est porté, envers
consommation ; la Banque internationale pour l’Afrique occidentale (la
banque) et à concurrence de 20 000 000 francs, outre les
Mais attendu qu’après avoir rappelé que l’acte signé de la intérêts, commissions, frais et accessoires, avaliste de
main de la caution comportait la mention manuscrite toutes les dettes de la société Comptoir français des
suivante : « en me portant caution de la SARL CIEM dans pétroles du Nord (la société), dont il présidait le conseil
la limite de la somme de 64 931,40 euros (soixante quatre d’administration ; que la société ayant été mise en
mille neuf cent trente et un euros et quarante centimes) redressement judiciaire, la banque a assigné la caution en
couvrant le paiement du principal, des intérêts et, le cas exécution de son engagement ;
échéant, des pénalités ou intérêts de retard et pour la durée Sur le premier moyen, pris en ses deux branches, du
de cinq ans, je m’engage à rembourser au prêteur les pourvoi principal : (sans intérêt) ;
sommes dues sur mes revenus si la SARL CIEM n’y Sur le second moyen, pris en ses trois branches, du même
satisfait pas elle-même", l’arrêt retient que la mention pourvoi : (sans intérêt) ;
manuscrite apposée sur l’engagement reflète la parfaite
information dont avait bénéficié la caution quant à la Et sur le moyen unique, pris en ses deux branches, du
nature et la portée de son engagement ; que par ces seuls pourvoi incident :
motifs dont il résultait que l’omission des termes "mes
biens" n’avait pour conséquence que de limiter le gage de Attendu que, de son côté, la banque reproche à l’arrêt de
la banque aux revenus de la caution et n’affectait pas la l’avoir condamnée à payer à M. X... la somme de 15 000
validité du cautionnement, la cour d’appel a légalement 000 francs à titre de dommages-intérêts, et ordonné que
justifié sa décision ; que le moyen n’est pas fondé ; cette somme se compensera avec celle de 20 000 000
francs, due par ce dernier en vertu de son engagement
PAR CES MOTIFS : d’avaliste alors, selon le pourvoi, d’une part, que la cour
d’appel qui a constaté la qualité de dirigeant d’entreprise
REJETTE le pourvoi ; de M. X... , de nature à faire présumer la connaissance
parfaite qu’il avait de l’importance de son engagement eu
Condamne M. X... aux dépens ; égard à ses revenus et à son patrimoine, a, en statuant
comme elle a fait, privé sa décision de base légale au
Vu l’article 700 du code de procédure civile, rejette les regard des articles 1382 et 1383 du Code civil ; et alors,
demandes. d’autre part, que seul l’engagement sans terme est
susceptible d’être considéré comme un engagement
perpétuel, l’engagement à durée indéterminée, tel le
DOCUMENT 8 cautionnement conclu sans limitation de durée, ayant
(Cass. com., 17 juin 1997) quant à lui un terme potestatif en raison de la faculté de
résiliation unilatérale dont dispose la caution ; qu’en
considérant tout d’abord que la banque avait parfaitement
CAUTIONNEMENT - Caution - Action des créanciers respecté les dispositions de l’article 48 de la loi du 1er
contre elle - Responsabilité du créancier envers la mars 1984, qui impose aux établissements de crédit de
caution - Cautionnement sans aucun rapport avec le rappeler aux cautions leur faculté de révocation à tout
patrimoine et les revenus de la caution. moment de leur engagement, et en constatant par là même
Justifie légalement sa décision de condamner un la possibilité pour M. X... d’user de sa faculté de
créancier, qui avait obtenu, en garantie de la dette de la résiliation unilatérale, mais en estimant néanmoins que
société débitrice principale, l’aval de son dirigeant à l’engagement de celui-ci était perpétuel, la cour d’appel
concurrence de la somme de 20 000 000 francs, à payer à n’a pas tiré les conséquences légales de ses propres
l’avaliste la somme de 15 000 000 francs à titre de constatations et violé l’article 2034 du Code civil, et par
dommages-intérêts, la compensation entre les deux fausse application un prétendu principe de prohibition des
sommes étant ordonnée, la cour d’appel qui, après avoir engagements perpétuels ;
retenu que l’avaliste avait souscrit un aval "
manifestement disproportionné " à ses revenus, d’un Mais attendu qu’après avoir retenu que M. X... avait
montant mensuel de 37 550 francs, et à son patrimoine, souscrit un aval de 20 000 000 francs, " manifestement
d’un montant inférieur à 4 000 000 francs, et tout en disproportionné " à ses revenus, d’un montant mensuel de
estimant qu’il n’avait pas commis d’erreur viciant son 37 550 francs, et à son patrimoine, d’un montant inférieur
consentement, a pu estimer que le créancier, dans de telles à 4 000 000 francs, la cour d’appel, tout en estimant que
circonstances de fait exclusives de toute bonne foi, avait M. X... n’avait pas commis d’erreur, viciant son
commis une faute en demandant un tel aval " sans aucun consentement, a pu estimer, en raison de " l’énormité de la
rapport " avec le patrimoine et les revenus de l’avaliste. somme garantie par une personne physique ", que, dans les
circonstances de fait, exclusives de toute bonne foi de la
Statuant tant sur le pourvoi principal formé par M. X... que part de la banque, cette dernière avait commis une faute en
10
demandant un tel aval, " sans aucun rapport " avec le disproportionnés par rapport aux ressources de celles-ci ;
patrimoine et les revenus de l’avaliste ; qu’ainsi, et que pour débouter M. Marc X... de sa demande de ce chef
abstraction faite des motifs surabondants, relatifs au contre la CGER, en ce qu’elle avait obtenu son
caractère perpétuel de l’engagement litigieux, critiqués par engagement de caution à hauteur de 23 500 000 francs
la seconde branche, la cour d’appel a légalement justifié sa pour un revenu mensuel de 30 000 francs, la cour d’appel
décision ; que le moyen n’est fondé en aucune de ses deux s’est fondée sur les profits escomptés et qui auraient pu
branches ; être retirés en cas de succès des projets immobiliers ;
qu’en se prononçant par des motifs strictement inopérants,
PAR CES MOTIFS : le profit escompté ou virtuellement retiré n’ôtant pas son
caractère fautif à la prise d’un engagement de caution
REJETTE les pourvois tant principal qu’incident. disproportionné au regard des possibilités financières
d’une caution, la cour d’appel a privé sa décision de base
légale au regard de l’article 1382 du Code civil ;
2 / que la disproportion entre le montant d’un engagement
DOCUMENT 9 de caution et la capacité financière de cette caution engage
(Cass. com., 8 octobre 2002) la responsabilité de la banque, dispensateur de crédit à
l’égard de celle-ci ;
BANQUE - Responsabilité - Cautionnement - Caution -
Capacité financière - Montant de son engagement - que la cour d’appel ne pouvait les débouter de leur
Disproportion - Connaissance de la banque - Effet . demande qu’en énonçant avec minutie l’étendue de leurs
possibilités financières afin de déterminer la caractère
Les cautions, respectivement président du conseil proportionné ou non de l’engagement de caution pris ;
d’administration et directeur général de la société qu’en s’abstenant de toute précision de ce chef, la cour
cautionnée, n’ayant jamais prétendu ni démontré que la d’appel n’a pas légalement justifié sa décision au regard de
banque envers laquelle ils avaient souscrit cette garantie, l’article 1382 du Code civil ;
aurait eu sur leurs revenus, leurs patrimoines et leurs
facultés de remboursement raisonnablement prévisibles en Mais attendu que MM. David et Marc X..., respectivement
l’état du succès escompté de l’opération immobilière président du conseil d’administration et directeur général
entreprise par la société, des informations qu’eux-mêmes de la société La Foncière Marceau, qui n’ont jamais
auraient ignorées, ne sont pas fondées à rechercher la prétendu ni démontré que la banque aurait eu sur leurs
responsabilité de cette banque en raison d’une revenus, leurs patrimoines et leurs facultés de
disproportion entre le montant de leur engagement et leur remboursement raisonnablement prévisibles en l’état du
capacité financière. succès escompté de l’opération immobilière entreprise par
la société, des informations qu’eux-mêmes auraient
Sur le moyen unique, pris en ses deux branches, après avis ignorées, ne sont pas fondés à rechercher la responsabilité
donné aux parties : de cette banque ; que par ce motif de pur droit substitué à
celui critiqué, l’arrêt se trouve justifié ; que le moyen n’est
Attendu, selon l’arrêt attaqué (Paris, 18 juin 1999), que M. fondé en aucune de ses deux branches ;
David X..., qui exerçait depuis plusieurs années l’activité
de marchand de biens et de promoteur immobilier, a PAR CES MOTIFS :
constitué avec son fils Marc et d’autres actionnaires la
société anonyme La Foncière Marceau qui a acquis REJETTE le pourvoi ;
plusieurs immeubles à Paris avec le concours financier de
la société Banque CGER France (la banque) aux droits de Condamne M. David et Marc X... aux dépens
laquelle se trouve la Caisse fédérale de crédit mutuel du
Nord de la France ; que MM. David et Marc X... se sont
portés, chacun, caution solidaire des engagements de celle-
ci à concurrence d’une somme de 23 500 000 francs
représentant 20 et 10 % des prêts accordés ; que la société
La Foncière Marceau ayant fait l’objet d’une liquidation
judiciaire, la banque a réclamé aux cautions l’exécution de
leurs engagements ; que celles-ci ont mis en cause la
responsabilité de l’établissement de crédit, lui reprochant,
notamment, de leur avoir fait souscrire des cautionnements
sans rapport avec leurs ressources ;

Attendu que les consorts X... font grief à l’arrêt d’avoir


rejeté ces prétentions, alors, selon le moyen :

1 / que la responsabilité des banques est engagée à l’égard


des cautions en cas d’obtention d’engagements de cautions
11
DOCUMENT 10 les renvoie devant la cour d’appel de Paris, autrement
(Cass. 1ère civ., 9 juillet 2003) composée ;

Condamne Mme X... aux dépens ;


CAUTIONNEMENT - Caution - Action des créanciers
contre elle - Responsabilité du créancier envers la Vu l’article 700 du nouveau Code de procédure civile,
caution - Cautionnement disproportionné avec les rejette les demandes ;
revenus de la caution.
Une caution invoquant la disproportion de son
engagement par rapport à son patrimoine et à ses revenus DOCUMENT 11
pour obtenir la condamnation du créancier à lui payer à (Cass. com., 3 mai 2006)
titre de dommages-intérêts une somme correspondant à la
créance garantie, viole l’article 1382 du Code civil la cour CAUTIONNEMENT - Action des créanciers contre la
d’appel qui a fait droit à la demande, sans fixer le montant caution - Responsabilité du créancier envers la caution
du préjudice subi par la caution, lequel ne pouvait être - Manquement à l’obligation de mise en garde -
équivalent à la dette toute entière, mais seulement à la Domaine d’application - Exclusion - Cas
mesure excédant les biens que la caution pouvait proposer
en garantie. CAUTIONNEMENT - Action des créanciers contre la
caution - Responsabilité du créancier envers la caution
Sur le moyen unique : - Manquement à l’obligation de mise en garde -
Applications diverses
Vu l’article 1382 du Code civil ;
Après avoir retenu que des époux, tous deux principaux
Attendu que, par acte notariés du 30 décembre 1992, la associés et actionnaires d’une SCI, dirigée par le mari, et
société Champex a consenti à la société en nom collectif d’une société, dirigée par l’épouse, exploitant le fonds de
Pharmacie des Arcades un prêt de 4 320 000 francs et à M. commerce installé dans les locaux de la SCI, s’étaient
X..., associé de la société, un prêt de 1 500 000 francs, ces portés cautions solidaires du règlement des redevances
prêts étant garantis par l’engagement de caution solidaire d’un contrat de crédit-bail consenti à cette SCI, une cour
et hypothécaire de Mme X... (la caution) ; que les d’appel a pu décider que la crédit-bailleresse n’était tenue
emprunteurs ayant été défaillants, la société Champex a d’aucun devoir de mise en garde à l’égard de ces cautions
mis en demeure la caution d’exécuter ses obligations et lui qui détenaient toutes les informations utiles sur la portée
a fait délivrer le 23 mai 1996 un commandement aux fins des engagements qu’ils souscrivaient
de saisie immobilière pour une somme de 9 360 549 francs
; qu’invoquant notamment la disproportion de son Ne donne pas de base légale à sa décision une cour
engagement par rapport à son patrimoine et à ses revenus, d’appel qui, en présence d’une caution garantissant le
la caution a demandé la condamnation de la société règlement des redevances d’un contrat crédit-bail consenti
Champex à lui payer à titre de dommages-intérêts une à une SCI dont elle était associée, ne recherche pas si la
somme correspondant à la créance garantie ; crédit-bailleresse n’était pas tenue d’un devoir de mise en
garde à l’égard de cette caution eu égard à son jeune âge,
Attendu que l’arrêt attaqué, qui a fait droit à la demande, à son inexpérience, à la modicité de ses ressources et à
énonce qu’au moment où elle s’est engagée, Mme X... son absence de responsabilité exercée au sein de la SCI
était propriétaire d’un bien immobilier d’une valeur de 600
000 francs et percevait une pension de retraite de 150 000 Attendu, selon l’arrêt déféré et les productions, que, par
francs par an, ce dont il résulte que la caution disposait acte notarié du 16 mai 1991, la société Natiocrédibail (la
d’un patrimoine et de revenus qu’elle pouvait engager en crédibailleresse) a consenti un crédit-bail destiné au
garantie de la créance de la société Champex ; financement de l’acquisition d’un terrain et de la
construction d’un bâtiment à usage commercial à la SCI
Attendu qu’en statuant ainsi, sans fixer le montant du X... (la SCI) ; que le capital de cette dernière était réparti
préjudice subi par Mme X..., lequel ne pouvait être entre M. X..., son dirigeant, Mme Eliane X... et Mme
équivalent à la dette toute entière mais seulement à la Isabelle X... (les consorts X...), chacun détenteur de 30
mesure excédant les biens que la caution pouvait proposer parts ; que les dix autres parts étaient détenues par la SA
en garantie, la cour d’appel a violé le texte susvisé ; X..., dirigée par Mme Eliane X... qui détenait avec son
mari la majorité des actions, leur fille Isabelle X... étant
PAR CES MOTIFS : titulaire d’une action ; que la SCI a donné à bail à la
société X... les locaux dans lesquels les consorts X...
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l’arrêt exploitaient le fonds d’hôtel-restaurant ; que le règlement
rendu le 27 avril 2001, entre les parties, par la cour d’appel des redevances du contrat de crédit-bail a été garanti par le
de Paris ; cautionnement solidaire des consorts X..., le nantissement
des parts détenues par ces derniers à concurrence de 1 000
remet, en conséquence, la cause et les parties dans l’état où 000 francs et le versement en compte courant d’associé de
elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, 1 800 000 francs dans les livres de la société X... ;

12
qu’en outre, M. X... était propriétaire d’un patrimoine ont privé leur décision de base légale au regard des articles
immobilier important ; que la SCI a été mise en liquidation 1134, alinéa 3, 1137, 1147 et 2011 du Code civil ;
judiciaire ; que la crédit-bailleresse a demandé aux
consorts X... d’exécuter leurs engagements de caution ; Mais attendu que l’arrêt retient que les époux X... se sont
engagés dans une opération commerciale importante à
Sur le premier moyen : laquelle ils étaient directement impliqués et qu’ils ne
démontrent pas que la crédit-bailleresse ait eu sur leur
Attendu que les consorts X... font grief à l’arrêt d’avoir situation et leurs facultés de remboursement
rejeté la demande de nullité du contrat de crédit-bail raisonnablement prévisibles en l’état du succès escompté
conclu le 16 mai 1991, fixé la créance de crédit-bailleresse de l’opération entreprise par la SCI des informations
au passif de la SCI à la somme de 2 575 318,01 euros, sauf qu’eux-mêmes auraient ignorées ; qu’en l’état de ces
réduction éventuelle, et de les avoir condamnés en qualité constatations, dont il se déduisait que les intéressés
de cautions, alors, selon le moyen, qu’il était soutenu que détenaient toutes les informations utiles pour leur
la SCI, prise en la personne de ses représentants légaux, permettre d’apprécier la portée des engagements qu’ils
s’était méprise, par suite d’une erreur provoquée, quant souscrivaient, la cour d’appel a pu décider, sans encourir
aux conditions dont la mise en oeuvre du droit de les griefs du moyen, que la crédit-bailleresse n’était tenue
résiliation unilatérale était assortie et que la méprise n’a d’aucun devoir de mise en garde à l’égard de ces cautions ;
été découverte que lors de la signature des avenants que le moyen n’est pas fondé ;
intervenus les 27 avril 1994 et 28 juin 1996 ; qu’en
s’abstenant de préciser à quelle date l’erreur invoquée Mais sur le troisième moyen :
avait été découverte, de manière à fixer correctement le
point de départ du délai de cinq ans, les juges du fond ont Vu l’article 1147 du Code civil ;
privé leur décision de base légale au regard de l’article
1304 du Code civil ; Attendu que pour dire Mme Isabelle X... non fondée à
rechercher la responsabilité de la crédit-bailleresse, l’arrêt
Mais attendu que l’arrêt constate que le bien dont le retient que cette dernière dispose de 30 des 100 parts de la
financement a été assuré par le crédit-bail litigieux a été SCI familiale et d’une action de la société d’exploitation,
acquis le jour même de la souscription de ce contrat et que qu’elle ne prétend pas que la société Natiocrédibail aurait
les locaux ont été exploités à compter du 28 janvier 1992, eu sur ses revenus, son patrimoine et ses facultés de
que les loyers avaient été acquittés jusqu’en 1997 et que remboursement raisonnablement prévisibles en l’état du
l’exception de nullité n’a été soulevée que par conclusions succès escompté de l’opération entreprise des informations
du 8 décembre 1999 ; qu’il relève que la clause de qu’elle-même aurait ignorées et qu’elle ne peut prétendre
résiliation anticipée était connue dès la signature du ne pas avoir eu connaissance de la nature et de la portée de
contrat ; que, par ces constatations et appréciations, la cour son engagement ;
d’appel, qui a implicitement mais nécessairement écarté
l’existence de manoeuvres dolosives susceptibles de Attendu qu’en se déterminant ainsi, sans rechercher si, eu
différer le point de départ de la prescription, a exactement égard à son âge lors de l’engagement litigieux, à sa
retenu que la prescription quinquennale était acquise à la situation d’étudiante et à la modicité de son patrimoine,
date à laquelle elle a été soulevée ; que le moyen n’est pas l’engagement souscrit par Mme Isabelle X..., qui
fondé ; n’exerçait aucune fonction de direction, ni aucune
responsabilité au sein de la SCI n’était pas hors de
Sur le deuxième moyen : proportion avec ses facultés financières et si, de ce fait, la
crédit-bailleresse n’avait pas manqué à son devoir de mise
Attendu que les consorts X... font encore grief à l’arrêt de en garde à l’égard de cette caution, la cour d’appel n’a pas
les avoir condamnés à payer à la crédit-bailleresse la donné de base légale à sa décision ;
somme de 2 288 884,92 euros, sauf réduction éventuelle,
alors, selon le moyen : PAR CES MOTIFS :

1 / que le banquier ou l’établissement financier commet CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’il a
une faute s’il exige des cautions, fussent-elles dirigeantes, condamné Mme Isabelle X... à payer à la société
des engagements sans rapport de proportion avec leurs Natiocrédibail, solidairement avec les époux X..., la
possibilités financières ; qu’en décidant le contraire, motif somme de 2 288 884,92 euros, sauf à déduire le prix qui
pris de ce que M. et Mme X... étaient dirigeants et associés serait retiré de la revente de l’immeuble ou de sa
de la SCI, les juges du fond ont violé les articles 1134, relocation en crédit-bail et a fixé la créance de la première
alinéa 3, 1137, 1147 et 2011 du Code civil ; au passif de la SCA Groupe Cas hôtellerie à la somme de 2
288 884,92 euros et a condamné M. Y... à la garantir,
2 / qu’en toute hypothèse, faute d’avoir recherché si l’arrêt rendu le 29 juin 2004, entre les parties, par la cour
l’établissement financier n’avait pas manqué à son d’appel de Paris ; remet, en conséquence, quant à ce, la
obligation d’information en omettant d’alerter les cautions cause et les parties dans l’état où elles se trouvaient avant
sur l’étendue de leurs engagements, peu important qu’ils ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour
fussent dirigeants ou associés de la SCI, les juges du fond d’appel de Versailles ;
13
Condamne les défendeurs aux dépens ; Attendu qu’en statuant ainsi la cour d’appel a violé le texte
susvisé ;
Vu l’article 700 du nouveau Code de procédure civile,
rejette les demandes.
PAR CES MOTIFS et sans qu’il y ait lieu de statuer sur le
dernier grief :

DOCUMENT 12 CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu’il a condamné Mme


(Cass. com., 20 octobre 2009) Y... à payer à la caisse de crédit mutuel Laval Trois Coix
la somme de 38 112,25 euros avec intérêts au taux légal à
BANQUE - Responsabilité - Faute - Manquement à compter du 25 février 2005, l’arrêt rendu le 24 juin 2008,
l’obligation de mise en garde - Préjudice - Perte d’une entre les parties, par la cour d’appel d’Angers ; remet, en
chance - Applications diverses - Caution - Différence conséquence, sur les autres points, la cause et les parties
avec le remboursement du prêt à concurrence du dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour
montant de son engagement être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de Rennes

Le préjudice né du manquement par un établissement de


crédit à son obligation de mise en garde s’analyse en la DOCUMENT 13
perte d’une chance de ne pas contracter. (Cass. com., 22 juin 2010)
En conséquence, viole l’article 1147 du code civil, la cour CAUTIONNEMENT - Conditions de validité - Acte de
d’appel qui retient que le préjudice découlant du cautionnement - Proportionnalité de l’engagement
manquement d’une banque à son devoir de mise en garde (article L. 341-4 du code de la consommation) -
envers une caution consiste pour celle-ci à devoir faire Domaine d’application - Cautionnement conclu
face au remboursement du prêt consenti au débiteur postérieurement à l’entrée en vigueur de la loi du 1er
principal à concurrence du montant de son engagement août 2003

Attendu, selon l’arrêt attaqué, que la caisse de crédit PROTECTION DES CONSOMMATEURS -
mutuel Laval Trois Croix (la caisse) a consenti à Mme X... Cautionnement - Principe de proportionnalité -
un prêt de 87 658,18 euros en vue du financement d’un Personnes pouvant s’en prévaloir - Personne physique
fonds de commerce, prêt dont Mme Y..., sa mère, s’est ayant souscrit le cautionnement postérieurement à
rendue caution ; qu’en raison de la défaillance de Mme l’entrée en vigueur de la loi du 1er août 2003
X..., la caisse a assigné Mme Y... en exécution de son
engagement ; que cette dernière a invoqué un manquement
CAUTIONNEMENT - Conditions de validité - Acte de
de la caisse à son obligation de mise en garde ;
cautionnement - Proportionnalité de l’engagement
(article L. 341-4 du code de la consommation) -
Sur le moyen, pris en ses troisième, quatrième et Sanction - Détermination
cinquième branches :
L’article L. 341-4 du code de la consommation, dans sa
Attendu que ce moyen ne serait pas de nature à permettre rédaction issue de la loi du 1er août 2003, est applicable à
l’admission du pourvoi ; tout cautionnement conclu postérieurement à son entrée en
vigueur par une personne physique envers un créancier
professionnel
Mais sur le moyen unique, pris en sa première branche :

Selon l’article L. 341-4 du code de la consommation, la


Vu l’article 1147 du code civil ;
sanction du caractère manifestement disproportionné de
l’engagement de la caution est l’impossibilité pour le
Attendu que le préjudice né du manquement par un créancier de se prévaloir de cet engagement ; il en résulte
établissement de crédit à son obligation de mise en garde que cette sanction, qui n’a pas pour objet la réparation
s’analyse en la perte d’une chance de ne pas contracter ; d’un préjudice, ne s’apprécie pas à la mesure de la
disproportion
Attendu que pour condamner la caisse à payer à Mme Y... Sur le moyen unique :
une indemnité égale au montant de la dette, l’arrêt retient
que le préjudice découlant du manquement de la caisse à Attendu, selon l’arrêt attaqué (Pau, 30 avril 2009), que par
son devoir de mise en garde envers Mme Y... consiste pour acte du 23 juin 2005, M. X... (la caution), gérant de la
celle-ci à devoir faire face au remboursement du prêt société Pyrénées équipements agencements (la société),
consenti à Mme X... à concurrence du montant de son s’est rendu caution du prêt consenti à celle-ci par la caisse
engagement ; régionale de crédit agricole mutuel Pyrénées-Gascogne (la
caisse) ; que la société ayant été mise en liquidation
14
judiciaire, la caisse a assigné en exécution de son PAR CES MOTIFS :
engagement la caution, qui a invoqué le caractère
manifestement disproportionné de son engagement ; REJETTE le pourvoi

Attendu que la caisse reproche à l’arrêt d’avoir décidé


qu’elle avait commis une faute engageant sa responsabilité DOCUMENT 14
envers la caution et de l’avoir déboutée de sa demande en (Cass. com., 9 juillet 2019)
paiement formée à son encontre, alors, selon le moyen :
Sur le moyen unique, pris en sa troisième branche :
1°/ que l’établissement de crédit n’est pas tenu d’une
obligation de mise en garde envers le dirigeant social qui Vu l’article L. 341-4 du code de la consommation, dans sa
entend se constituer caution de la société qu’il administre ; rédaction antérieure à celle issue de l’ordonnance du 14
qu’en décidant le contraire, la cour d’appel a violé l’article mars 2016 ;
1147 du code civil, ensemble l’article L. 341-4 du code de
la consommation ; Attendu, selon l’arrêt attaqué, que la société Arkea banque
entreprises et institutionnels (la banque) a consenti à la
2°/ que le préjudice né du manquement par un société H2D domus une autorisation de découvert en
établissement de crédit à l’obligation de mise en garde compte courant d’un montant de 100 000 euros et un prêt
dont il est débiteur envers la personne qui envisage de se d’un montant de 200 000 euros ; que, par des actes des 19
constituer caution à son profit, s’analyse, pour celle-ci, et 20 avril 2011, MM. Q... et X... C... se sont, chacun,
comme la perte d’une chance de ne pas souscrire le rendus cautions personnelles et solidaires du découvert en
cautionnement ; qu’en relevant, pour allouer à la caution compte et du prêt, respectivement, dans la limite de 100
une réparation égale à la somme dont il était débiteur 000 euros et de 50 000 euros ; que la société H2D domus
envers la caisse, que cette caisse a manqué, envers lui, à ayant été mise en liquidation judiciaire, la banque a
son obligation de mise en garde, la cour d’appel a violé assigné, le 2 août 2014, MM. Q... et X... C... en exécution
l’article 1147 du code civil, ensemble l’article L. 341-4 du de leurs engagements ; qu’au cours de l’instance devant les
code de la consommation ; premiers juges, la banque s’est désistée de son action en ce
qu’elle était dirigée contre M. Q... C... après avoir reçu de
3°/ que le préjudice consécutif à la disproportion entre les sa part un paiement de 132 917,88 euros ; qu’à la suite de
ressources de la caution et le taux de l’engagement qu’elle ce paiement, la banque a limité sa demande contre M. X...
a souscrit trouve sa limite dans la mesure de cette C... à 50 000 euros ; que ce dernier lui a opposé la
disproportion ; qu’en allouant à la caution une réparation disproportion de son engagement ;
égale à la somme dont il était débiteur envers la caisse,
sans s’expliquer sur l’importance de la disproportion entre Attendu que pour condamner M. X... C... à payer à la
les ressources du premier et le taux de l’engagement qu’il banque la somme de 50 000 euros, après avoir relevé, par
a souscrit envers la seconde, la cour d’appel a violé motifs propres et adoptés, qu’il disposait d’un patrimoine
l’article 1147 du code civil, ensemble l’article L. 341-4 du immobilier évalué à 162 500 euros, au jour de la mise en
code de la consommation ; oeuvre de son engagement de caution, et, que deux de ses
engagements de caution antérieurement souscrits au
Mais attendu, en premier lieu, que la cour d’appel a bénéfice de la société HSBC avaient fait l’objet de
exactement retenu que la caution étant une personne jugements datés du 25 septembre 2015 déniant à cette
physique, l’article L. 341-4 du code de la consommation société le droit de s’en prévaloir, l’arrêt en déduit que M.
dans sa rédaction issue de la loi du 1er août 2003, était C... est en mesure de faire face à son engagement, réduit
applicable à son engagement ; qu’ainsi, abstraction faite en cours d’instance à la somme de 50 000 euros ;
des motifs surabondants critiqués à la première et à la
deuxième branches, elle a légalement justifié sa décision ; Qu’en statuant ainsi, alors que pour apprécier si le
patrimoine de la caution lui permet de faire face à son
Attendu, en second lieu, que selon l’article L. 341-4 du obligation au moment où elle est appelée, le juge doit se
code de la consommation, la sanction du caractère placer au jour où la caution est assignée, soit en l’espèce le
manifestement disproportionné de l’engagement de la 2 août 2014, la cour d’appel a violé le texte susvisé ;
caution est l’impossibilité pour le créancier professionnel
de se prévaloir de cet engagement ; qu’il en résulte que
cette sanction, qui n’a pas pour objet la réparation d’un PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur
préjudice, ne s’apprécie pas à la mesure de la les autres griefs :
disproportion ; qu’ayant retenu que l’engagement de la
caution était manifestement disproportionné à ses biens et CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce que,
revenus, la cour d’appel a, à bon droit, rejeté la demande confirmant le jugement, il condamne M. X... C... à payer à
de la caisse ; la société Arkea banque entreprises et institutionnels la
somme de 50 000 euros et la somme de 3 000 euros en
D’où il suit que le moyen ne peut être accueilli ; application de l’article 700 du code de procédure civile,

15
l’arrêt rendu le 19 octobre 2017, entre les parties, par la des prêts consentis à M. Louis X... et, pour le surplus, soit
cour d’appel de Versailles ; remet, en conséquence, sur ces 1 797 064,65 F, le solde débiteur du compte courant ; que
points, la cause et les parties dans l’état où elles se l’arrêt attaqué a accueilli les demandes de la banque après
trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les avoir déclaré valables les engagements de caution ;
renvoie devant la cour d’appel de Versailles, autrement
composée ; Sur le premier moyen :

Condamne la société Arkea banque entreprises et Attendu que M. Pierre X... et Mme Louis X... font grief à
institutionnels aux dépens ; la Cour d’appel d’avoir rejeté leur défense au fond tendant
à faire prononcer la nullité, pour erreur, de leur
Vu l’article 700 du code de procédure civile, rejette sa engagement de caution, alors que l’erreur peut consister en
demande et la condamne à payer à M. X... C... la somme 3 une fausse représentation par les parties des obligations
000 euros découlant du contrat qu’elles signent ; qu’il en est ainsi
lorsque des cautions souscrivent un engagement
concernant un débiteur dont la situation est déjà
DOCUMENT 15 irrémédiablement compromise ; qu’il s’ensuit, selon le
(Cass. 1ère civ., 11 février 1986) moyen, qu’en s’abstenant de rechercher si les cautions
ignoraient ou non si la situation du débiteur était
CAUTIONNEMENT - Conditions de validité - irrémédiablement compromise à la date de leur
Consentement - Erreur - Erreur sur la solvabilité du engagement, la juridiction du second degré a privé sa
débiteur principal décision de base légale au regard de l’article 1110 du Code
civil ;

Les cautions personnelles ne peuvent être déliées de leur Mais attendu que la Cour d’appel, qui énonce que les
obligation contractuelle en raison de l’erreur sur la intéressés, cautions personnelles, ne peuvent être déliés de
solvabilité du débiteur principal que si elles démontrent leur obligation contractuelle en raison de l’erreur sur la
qu’elles avaient fait de cette circonstance la condition de solvabilité de M. Louis X... que s’ils démontrent qu’ils
leur engagement. avaient fait de cette circonstance la condition de leur
engagement, a ainsi légalement justifié sa décision ; d’où il
suit que le moyen ne peut être accueilli ;
Attendu que, par acte sous seing privé du 11 décembre
1974, le Crédit Lyonnais a consenti à M. Louis X...,
Sur le second moyen :
négociant en vins, un prêt de 700 000 F, remboursable en
60 versements trimestriels de 29 488,69 F à compter du 7
Attendu que M. Pierre X... et Mme Louis X... reprochent
janvier 1975 ; que, par acte sous seing privé du même jour,
encore à l’arrêt attaqué d’avoir déclaré valables les
le Crédit Lyonnais a aussi consenti un prêt de 200 000 F,
engagements de caution, alors que le simple silence gardé
remboursable en 60 versements trimestriels de 8 425,34 F,
sur un fait qui aurait été de nature à empêcher le co-
à partir du 7 janvier 1975 ; que, par acte notarié du 1er
juillet 1975, la même banque a accordé à M. Louis X... contractant de s’engager est constitutif de dol ; que la Cour
d’appel, qui relève que le contrat de cautionnement
une ouverture de crédit en compte courant ; que M. Pierre
mentionnait d’une façon vague " sommes. qui peuvent ou
X... s’est, par acte sous seing privé du 4 février 1977, porté
caution personnelle et solidaire de son père, M. Louis X..., pourront être dues ", sans que le banquier ait informé les
cautions de l’existence de dettes dont l’importance n’était
à concurrence d’une somme de 1 500 000 F en principal,
pas en proportion de leurs ressources, a, selon le moyen,
au profit du Crédit Lyonnais, pour tous engagements et
privé sa décision de base légale au regard de l’article 1116
toutes opérations, notamment soldes de compte courant ;
que, le 9 février 1977, Francine Y..., épouse de M. Louis du Code civil ;
X..., et, le 19 août 1977, Martine X..., épouse Z..., sa fille,
se sont, en la même forme et pour les mêmes causes, Mais attendu que la juridiction du second degré, retient
que le Crédit Lyonnais ignorait la situation réelle de M.
portées cautions personnelles et solidaires de celui-ci
Louis X..., qui avait produit de faux bilans ; qu’elle a, par
envers la banque, a concurrence respectivement des
sommes de 2 500 000 F et de 1 500 000 F ; que, par ce motif, légalement justifié sa décision et que le moyen
doit donc être écarté ;
jugement du 25 avril 1978, le Tribunal de commerce de
Perpignan a prononcé le règlement judiciaire de M. Louis
X..., converti en liquidation des biens par jugement du 25 PAR CES MOTIFS :
juillet 1978 ; qu’une autre décision du 20 mars 1979 a
REJETTE le pourvoi
reporté la date de la cessation des paiements au 25 octobre
1976 ; que le Crédit Lyonnais a, les 27 et 31 juillet 1978,
assigné Mme Louis X..., M. Pierre X... et Mme Z... en
paiement - dans la mesure de leurs engagements de caution
- de la somme de 2 633 215,89 F représentant, à
concurrence de 651 296,80 F et de 184 854,54 F, le solde

16
DOCUMENT 16 l’ambiguïté des termes du courrier du 19 janvier 1995
(Cass. com., 24 septembre 2003) rendait nécessaire que la cour d’appel a retenu que la
banque y exprimait sa volonté de consentir un nouveau
Sur le moyen unique, pris en ses trois branches : crédit à la société, venant s’ajouter au solde débiteur de
son compte ; qu’elle en a déduit qu’en laissant faussement
Attendu, selon l’arrêt attaqué (Grenoble, 25 mars 1999), entendre à la société qu’elle lui consentait un nouveau
que la société Noblauto (la société), gérée par M. X..., était crédit afin d’obtenir le cautionnement de M. X... qu’elle
titulaire d’un compte auprès de la Société lyonnaise de destinait, en réalité, à la garantie du solde débiteur du
banque (la banque) qui présentait un solde débiteur de 209 compte de la société, la banque, en dissimulant ses
112,18 francs au 30 décembre 1994 ; intentions véritables, avait commis un dol viciant le
consentement de la caution et entraînant la nullité de son
que, par lettre du 19 janvier 1995, la banque a fait engagement ; que la cour d’appel, qui n’était pas tenue
connaître à la société son accord pour l’octroi d’une ligne d’effectuer la recherche inopérante mentionnée à la
de caisse de 200 000 francs à échéance du 28 février 1995, troisième branche, a ainsi légalement justifié sa décision ;
sous réserve de la caution solidaire de M. X... ; que le 21 que le moyen n’est pas fondé ;
janvier 1995, ce dernier s’est porté caution solidaire à
concurrence de 200 000 francs en principal ; que, par lettre PAR CES MOTIFS :
recommandée du 8 mars 1995, la banque a mis en demeure
la société de régulariser le solde débiteur de son compte REJETTE le pourvoi
s’élevant à 259 047,08 francs ; que la société ayant été
mise en redressement judiciaire le 31 mars 1995, la banque
a assigné M. X... en exécution de son engagement de DOCUMENT 17
caution ; qu’en défense, la caution a fait valoir que son (Cass. 1ère civ., 8 mars 2005)
engagement était nul pour cause de dol ;
COMMUNAUTE ENTRE EPOUX - Passif - Dette
Attendu que la banque fait grief à l’arrêt d’avoir déclaré contractée par l’un des époux - Cautionnement -
nul l’engagement de caution de M. X... pour cause de dol, Cautionnements souscrits séparément en garantie
alors, selon le moyen : d’une même dette - Condition

1 / que la seule existence d’un découvert en compte


courant ne permet pas d’en déduire l’existence d’une Selon l’article 1415 du Code civil, sous le régime de la
autorisation tacite de découvert ; qu’en se fondant sur le communauté légale, chacun des époux ne peut engager
fait que le compte de la société présentait un solde débiteur que ses biens propres et ses revenus, par un
de 209 112,18 francs en décembre 1994 pour affirmer que cautionnement ou un emprunt, à moins que ceux-ci n’aient
cette société disposait d’un concours de 200 000 francs, été contractés avec le consentement exprès de l’autre
auquel serait venu se rajouter celui accordé le 19 janvier conjoint qui, dans ce cas, n’engage pas ses biens propres.
1994 par la banque, la cour d’appel a privé sa décision de En conséquence, lorsque des époux communs en biens se
base légale au regard de l’article 1134 du Code civil ; portent cautions solidaires par actes séparés en garantie
d’une même dette, ils n’engagent leurs biens communs
2 / qu’il résultait des termes mêmes des courriers des 19 qu’en cas d’approbation de tels actes.
janvier 1995 et 16 février 1995 qu’une ligne de caisse d’un
montant de 200 000 francs avait été consentie le 19 janvier Sur le premier moyen, pris en ses deux premières
1995 et que la banque s’était opposée à tout dépassement branches :
de ce montant ; qu’en énonçant néanmoins que les termes
de la lettre du 19 janvier 1995 de la banque ne pouvait Vu l’article 1415 du Code civil ;
avoir de sens que si la ligne de crédit s’ajoutait à ce que lui
devait déjà la société, la cour d’appel a dénaturé les termes Attendu, selon ce texte, que, sous le régime de la
des courriers précités et violé l’article 1134 du Code civil ; communauté légale, chacun des époux ne peut engager que
ses biens propres et ses revenus, par un cautionnement ou
3 / que la caution dirigeante de la société débitrice un emprunt, à moins que ceux-ci n’aient été contractés
principale a par sa qualité et par ses fonctions une parfaite avec le consentement exprès de l’autre conjoint qui, dans
connaissance de la situation de celle-ci et de la portée de ce cas, n’engage pas ses biens propres ;
son engagement ; qu’en ne recherchant pas si la qualité de
dirigeant de M. X... n’impliquait de sa part une totale Attendu que la Banque générale du commerce (la banque)
connaissance de la situation financière de la société, et en a accordé diverses facilités à la société la compagnie des
imputant à la banque un dol par réticence, la cour d’appel Fringues (la société) dont les époux X..., mariés sous le
a privé sa décision de base légale au regard des articles régime légal, étaient associés, Mme X... en étant la gérante
1116 et 1134 du Code civil ; ; que, par actes distincts des 3 et 12 mai 1993, chacun des
époux s’est porté caution solidaire envers la banque de
Mais attendu que c’est par une interprétation que l’ensemble des engagements de la société ; qu’en outre,

17
Mme X... a nanti au profit de la banque deux bons de
caisse constituant des biens communs en garantie des Attendu que la caisse fait grief à l’arrêt d’avoir décidé que
mêmes engagements ; le la garantie hypothécaire souscrite par la SCI est
contraire à son intérêt social et de l’avoir annulée ainsi que
Attendu que, pour ordonner l’attribution à la banque du le commandement valant saisie immobilière qu’elle a fait
produit de cession des bons de caisse nantis, l’arrêt attaqué délivrer, le 22 février 2008, à la SCI, ensemble la
énonce que, si, sur chacun des actes des 3 et 13 mai 1993, procédure qui en a été la conséquence, alors, selon le
le consentement de l’autre conjoint n’est pas recueilli, moyen, que la garantie hypothécaire donnée par une
chaque époux a accordé sa sûreté pour le paiement de la société n’est valable que si elle entre dans son objet social
même dette, celle de la société que tous deux animaient, ou s’il existe une communauté d’intérêts entre cette société
que, par des mentions identiques, les époux X... ont et la personne garantie ou encore s’il résulte du
engagé leurs biens communs et que les dispositions de consentement unanime des associés ; qu’en énonçant que
l’article 1415 du Code civil n’ont pas lieu d’être la garantie hypothécaire souscrite par la SCI doit en plus,
appliquées, étant précisé que chacun des actes stipule que pour être valable, être conforme à l’intérêt social tel que le
les garanties apportées s’ajoutent ou s’ajouteront à celles juge est amené à l’apprécier, la cour d’appel, qui constate
qui pourront être fournies par tout tiers ; que la garantie hypothécaire de l’espèce a été autorisée par
une délibération de l’ensemble des associés , a violé les
Qu’en se déterminant ainsi, sans relever une approbation articles 1852 et 1854 du code civil.
par les époux X... de leurs engagements réciproques de Mais attendu que la sûreté donnée par une société doit,
cautionnement personnel souscrits par actes séparés en pour être valable, non seulement résulter du consentement
garantie d’une même dette et sans rechercher si les unanime des associés, mais également être conforme à son
dispositions de l’article 1415 précité étaient applicables au intérêt social ; qu’après avoir constaté que l’opération
nantissement donné par Mme X..., la cour d’appel n’a pas juridique avait été autorisée par une délibération de
donné de base légale à sa décision au regard du texte l’ensemble des associés, l’arrêt relève que la SCI
susvisé ; soutenait, sans être contredite et sans que la caisse offrît la
preuve contraire, que l’immeuble donné en garantie était
PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur son seul bien immobilier, que l’opération ne lui rapportait
les deux dernières branches du premier moyen ni sur le aucune ressource, mais grevait ainsi très lourdement son
second moyen : patrimoine, exposé à une disparition totale sans aucune
contrepartie pour elle, au risque donc de l’existence même
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l’arrêt de la société garante ; que de ses constatations et
rendu le 4 mai 2001, entre les parties, par la cour d’appel appréciations, la cour d’appel a pu déduire que la
de Paris ; souscription de cette sûreté était contraire à l’intérêt social
de la SCI ; que le moyen n’est pas fondé ;
remet, en conséquence, la cause et les parties dans l’état où
elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, PAR CES MOTIFS :
les renvoie devant la cour d’appel de Paris, autrement
composée ; REJETTE le pourvoi ;

Condamne la Banque Finaref ABN AMRO et la société Condamne la caisse régionale de crédit agricole mutuel du
Sofigère aux dépens ; Languedoc aux dépens ;

Vu l’article 700 du nouveau Code de procédure civile, Vu l’article 700 du code de procédure civile, rejette les
rejette les demandes demandes.

DOCUMENT 18 DOCUMENT 19
(Cass. com., 8 novembre 2011) (Cass. 3ème civ., 12 septembre 2012)

Sur le moyen unique : Attendu, selon l’arrêt attaqué (Colmar, 15 mars 2011), que
par acte du 10 septembre 2001, la caisse de crédit mutuel
Attendu, selon l’arrêt attaqué (Montpellier, 21 juin 2006), Porte du Sundgau (la CCM), a consenti un prêt à la société
que la caisse régionale de crédit agricole mutuel du civile immobilière ADC (la SCI) garanti par une
Languedoc (la caisse) ayant engagé des poursuites de hypothèque sur le bien immobilier de la SCI, que ce prêt
saisie immobilière à l’encontre de la société Aubrac (SCI) avait notamment pour finalité le rachat de deux prêts
, en sa qualité de garante hypothécaire du prêt consenti, le consentis à une sarl Sporting France par la CCM et la
8 septembre 2003, à la société Château haras de Curières, banque Kolb ; que par acte du 17 septembre 2002, la SCI
la SCI a opposé la nullité de cette sûreté, contraire à son s’est portée caution hypothécaire et solidaire auprès de la
intérêt social ; qu’un jugement sur incident a déclaré nulle CCM pour le remboursement d’un prêt consenti à M. et
la procédure ; Mme Thierry Y...; que par acte du 4 novembre 2004, la

18
SCI s’est portée caution solidaire et hypothécaire auprès intérêts au taux de 8, 20 % l’an et les cotisations
de la CCM pour le remboursement d’un second prêt d’assurance-vie au taux de 0, 50 % l’an à compter du 25
personnel consenti aux époux Thierry Y...; que par suite de novembre 2008, l’arrêt rendu le 15 mars 2011, entre les
la mise en liquidation judiciaire de la SCI, la CCM a parties, par la cour d’appel de Colmar ; remet, en
déclaré trois créances à titre privilégié, correspondant à conséquence, sur ces points, la cause et les parties dans
chacun de ces trois actes, contestées par Me Z...en sa l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être
qualité de liquidatrice de la SCI ; fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de Nancy ;

Sur le premier moyen : Condamne la caisse de crédit mutuel Porte du Sundgau


Vu l’article 1849 du code civil ; aux dépens ;

Attendu que pour infirmer l’ordonnance du juge- Vu l’article 700 du code de procédure civile, condamne la
commissaire et fixer la créance de la CCM au titre du prêt caisse de crédit mutuel Porte du Sundgau à payer à Mme
du 10 septembre 2001 à la somme de 215 858, 46 euros, Z..., ès qualités de liquidatrice de la société civile
outre intérêts contractuels, l’arrêt retient que si le rachat de immobilière ADC la somme de 2 500 euros ; rejette la
prêts n’entrait pas dans l’objet social de la SCI tel que demande de la caisse de crédit mutuel Porte du Sundgau.
défini par l’article 2 de ses statuts, l’acte de prêt avaient
été signé par Victor Y...et Marguerite A...son épouse, DOCUMENT 20
associés uniques de la SCI et que, conformément aux
articles 1852 et 1854 du code civil, la SCI avait été
(Cass. com., 22 février 1994)
engagée par cet acte, et que la créance devait être admise
sans procéder au moindre abattement fondé sur la CAUTIONNEMENT - Conditions de validité - Objet -
destination du financement accordé par la banque ; Objet déterminé - Obligations futures d’une société en
formation - Obligations envers une autre société -
Qu’en statuant ainsi, sans rechercher, ainsi qu’il le lui était Montant non chiffré - Absence d’influence.
demandé, si la garantie consentie par la SCI n’était pas
contraire à son intérêt social, dès lors que la valeur de son L’acte par lequel ses signataires se portent cautions de
unique bien immobilier évaluée à 133 000 euros était l’ensemble des obligations futures d’une société, alors en
inférieure au montant de son engagement et qu’en cas de formation, envers une autre société n’est pas nul pour
mise en jeu de la garantie, son entier patrimoine devrait indétermination de son objet, quand bien même le montant
être réalisé, ce qui était de nature à compromettre son de ces obligations n’aurait pas été chiffré à la date de la
existence même, la cour d’appel n’a pas donné de base souscription du cautionnement.
légale à sa décision ;
Sur le moyen unique :
Et sur le second moyen : Vu les articles 1129 et 2011 du Code civil ;
Vu l’article 1849 du code civil ; Attendu, selon l’arrêt attaqué, que par acte du 12
novembre 1985 les époux X... se sont portés cautions
Attendu que pour infirmer l’ordonnance du juge- solidaires de la société SDL, à concurrence de 70 000
commissaire et fixer la créance de la CCM au titre du francs en principal, pour les sommes dues ou qui
cautionnement du 17 septembre 2002 à la somme de 38 pourraient être dues par elle à la société Calif ; que cette
067, 82 euros, outre intérêts contractuels, l’arrêt retient que dernière a assigné les époux X... en exécution de leur
cet acte est valable puisqu’il résulte du consentement engagement ;
unanime des associés, les remarques de l’intimé relatives à
l’intérêt social étant à cet égard indifférentes ; Attendu que pour rejeter cette demande l’arrêt retient qu’à
la date du 12 novembre 1985 la société SDL, alors en
Qu’en statuant ainsi, alors que le cautionnement même formation, n’avait aucun engagement à l’égard de la
accordé par le consentement unanime des associés n’est société Calif dans la mesure où ce n’est que le 21
pas valide s’il est contraire à l’intérêt social, la cour novembre 1985 qu’elle a souscrit auprès d’elle un emprunt
d’appel a violé le texte susvisé ; de 260 000 francs pour l’achat d’un fonds de commerce ;
qu’aucune précision ne figurant sur ce point dans l’acte de
PAR CES MOTIFS : cautionnement, les époux X... se trouvaient dans
l’impossibilité de connaître la nature et l’importance de
l’obligation de la débitrice et de se prononcer sur ses
CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’il a fixé, à
possibilités réelles d’y faire face de sorte que leur
titre privilégié la créance de la CCM, au titre du prêt du 10
engagement est entaché de nullité ;
septembre 2001, à la somme de 215 858, 46 euros, outre
les intérêts au taux de 7, 97 % l’an à compter du 25
Attendu qu’en statuant ainsi, alors qu’il résultait de ses
novembre 2008 et au titre du cautionnement du 17
constatations que les époux X... s’étaient portés cautions
septembre 2002, à la somme de 38 067, 82 euros, outre les
de l’ensemble des obligations futures de la société SDL
19
envers la société Calif et qu’un tel engagement n’est pas présentes ou futures du débiteur envers le créancier, doit
nul pour indétermination de son objet, quand bien même le la garantie de toutes les obligations à durée déterminée
montant de ces obligations n’aurait pas été chiffré à la date convenues antérieurement à la résiliation unilatérale du
de sa souscription, la cour d’appel a violé les textes cautionnement, quand bien même l’exécution de ces
susvisés ; obligations se poursuivrait, en vertu des stipulations
contractuelles, après la date de cette résiliation.
PAR CES MOTIFS :
Attendu que, par acte sous seing privé du 20 décembre
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l’arrêt 1986, M. X... s’est porté caution solidaire du
rendu le 30 octobre 1991, entre les parties, par la cour remboursement de toutes les sommes que Mme Y...
d’appel de Poitiers ; remet, en conséquence, la cause et les pourrait devoir à la Banque populaire Bretagne Atlantique
parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, (la BPBA), à concurrence de la somme de 350 000 francs
pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de "en principal plus tous intérêts, commissions, frais et
Limoges. accessoires" ; que, par acte notarié du 20 mars 1987, la
BPBA a consenti à Mme Y... et à son époux un prêt
DOCUMENT 21 destiné à financer l’acquisition d’un fonds de commerce ;
(Cass. 1ère civ., 10 décembre 2002) que, selon ce même acte, le remboursement dudit prêt a été
garanti, d’une part, à hauteur de la somme de 350 000
1° CAUTIONNEMENT - Conditions de validité - Objet francs, par un cautionnement solidairement souscrit par les
- Objet déterminé - Dettes futures - Identification du époux Louis Y..., d’autre part, à concurrence de la somme
débiteur - Nécessité. de 60 000 francs par un cautionnement souscrit par la
société Brasseries Maes ; qu’une procédure de
2° CAUTIONNEMENT - Caution - Information redressement judiciaire ayant été ouverte à l’encontre des
annuelle - Conditions - Prêt consenti à une entreprise. époux Y..., dont la liquidation judiciaire a ensuite été
prononcée, la BPBA, après avoir déclaré sa créance, a
3° CAUTIONNEMENT - Caution - Information assigné M. X... en exécution de son engagement de caution
annuelle - Défaut - Déchéance des intérêts - Réparation ; que, statuant sur renvoi après cassation (1ère Chambre
complémentaire - Condition. civile, 1er décembre 1998 pourvoi n° H 96-20.055), la
cour d’appel, devant laquelle M. X... avait sollicité
4° CAUTIONNEMENT - Extinction - Résiliation - l’annulation de cet engagement, a rejeté tant cette
Obligations à durée déterminée convenues avant la prétention que la demande de la BPBA ;
résiliation unilatérale du cautionnement - Exécution
des obligations se poursuivant après la résiliation - Sur le moyen unique du pourvoi incident, qui est
Effet. préalable :
1° N’est pas nul pour indétermination de son objet
l’engagement de caution, limité dans son montant, qui Attendu que M. X... reproche à l’arrêt attaqué d’avoir
garantit le remboursement de dettes futures dès lors qu’y rejeté sa demande en annulation du cautionnement
est identifié le débiteur de celles-ci. litigieux alors, selon le moyen, qu’un acte de
cautionnement n’est valable que s’il comporte l’indication
2° C’est dans l’exercice de son pouvoir souverain de l’obligation garantie ; qu’il ressort de l’acte de
d’appréciation qu’une cour d’appel a retenu qu’en raison cautionnement en date du 20 décembre 1986 souscrit par
de leur montant et de leur date de régularisation, des M. X... qu’y figuraient seulement le nom du débiteur
cautionnements étaient la condition d’un prêt au sens de principal et le montant en principal du cautionnement, fixé
l’article 48 de la loi du 1er mars 1984, devenu l’article L. à 350 000 francs, la caution déclarant "se porter caution
313-22 du Code monétaire et financier. solidaire et indivisible et s’engage à ce titre au profit de la
BPBA... à rembourser, en cas de défaillance du débiteur
3° L’omission des informations prévues par l’article L. principal, toutes les sommes que ce dernier pourrait devoir
313-22 du Code monétaire et financier ne peut à elle seule à ladite banque" ; qu’il en résultait donc que l’obligation
être sanctionnée que par la déchéance des intérêts. garantie n’était ni déterminée, ni même déterminable ;
Encourt dès lors la cassation l’arrêt qui alloue à une qu’en statuant comme elle l’a fait, la cour d’appel a violé
caution une indemnité d’un montant égal à celui de son les articles 1134, 2011 et 2015 du Code civil ;
engagement en se fondant sur l’inobservation des
dispositions de l’article 48 de la loi du 1er mars 1984 Mais attendu que n’est pas nul pour indétermination de son
devenu l’article L. 313-22 du Code précité, sans constater objet l’engagement de caution, limité dans son montant,
le caractère dolosif de l’omission d’informations ou un
qui garantit le remboursement de dettes futures dès lors
manquement distinct de celle-ci. qu’y est identifié le débiteur de celles-ci ; qu’ainsi, en ce
qu’elle a rejeté l’action en annulation du cautionnement
4° La caution, qui s’est engagée à garantir sans litigieux, tel qu’analysé par le moyen, la décision attaquée
détermination d’objet ni de durée, les obligations n’encourt pas le grief articulé par celui-ci ;
20
Sur le premier moyen du pourvoi principal tel qu’il figure Attendu que pour caractériser le préjudice subi par M. X...,
au mémoire en demande et est annexé au présent arrêt : l’arrêt attaqué retient que par son omission fautive la
BPBA a fait perdre à M. X... une chance de révoquer son
engagement en juin 1988, qu’à la date du 30 juin 1988 il
Attendu qu’après avoir relevé qu’un document rédigé par
n’était survenu aucun incident de paiement de sorte que
la BPBA à l’occasion de l’instruction de la demande
par cette révocation M. X... aurait été totalement dégagé de
d’octroi du prêt mentionnait notamment, au nombre des
son obligation, qu’en réparation du préjudice que lui cause
garanties offertes par les emprunteurs, tant le
la perte de cette chance d’être intégralement déchargé de
cautionnement litigieux que le cautionnement des époux
cette obligation, M. X... est fondé à réclamer à titre de
Louis Y..., et que ce prêt n’avait été consenti qu’après
dommages-intérêts une somme équivalente à celle qu’il
souscription de ces deux cautionnements, la cour d’appel,
doit en exécution de son engagement ;
procédant à la recherche prétendument omise, a retenu que
ceux-ci étaient, par leur montant et la date de leur Attendu, cependant, que la caution, qui s’est engagée à
régularisation, la condition de l’octroi dudit prêt ; que le garantir sans détermination d’objet ni de durée les
moyen qui tend à remettre en discussion cette appréciation obligations, présentes ou futures du débiteur envers le
souveraine, n’est donc pas fondé ; créancier, doit la garantie de toutes les obligations à durée
déterminée convenues antérieurement à la résiliation
unilatérale du cautionnement, quand bien même
Mais sur le deuxième moyen du pourvoi principal :
l’exécution de ces obligations se poursuivrait, en vertu des
stipulations contractuelles, après la date de cette résiliation
Vu les articles 1134 et 1147 du Code civil ; ; qu’en statuant comme elle a fait alors qu’eût-il révoqué
l’engagement de caution litigieux au mois de juin 1988, M.
Attendu que pour allouer à M. X... une indemnité d’un X... eût néanmoins été tenu de garantir, dans la limite du
montant égal à celui de son engagement de caution, partant montant de cet engagement, le remboursement du prêt de
constater l’extinction, par voie de compensation, de sa la somme de 670 000 francs consenti antérieurement à une
dette à l’égard de la BPBA, l’arrêt attaqué retient qu’il telle révocation par la BPBA aux époux Y..., de sorte que
n’est ni contestable, ni contesté que la BPBA n’a fourni à M. X... ne pouvait être regardé comme ayant perdu une
M. X... aucune information sur la situation du débiteur ni chance d’échapper à cette obligation, la cour d’appel a
avant le 10 mai 1990, date de la déchéance du terme, ni violé les textes susvisés ;
entre cette date et le 18 juin 1993, où elle a sollicité la
condamnation de M. X... à lui payer la somme de 350 000
francs augmentée des intérêts conventionnels à compter du PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur la
15 mai 1990, que si l’engagement de caution litigieux seconde branche du troisième moyen du pourvoi principal,
charge M. X... de suivre personnellement l’évolution de la
situation financière du débiteur, cette clause ne peut CASSE ET ANNULE mais seulement en ce qu’il a rejeté
écarter les dispositions d’ordre public de l’article 48 de la la demande formée par Banque populaire Bretagne
loi du 1er mars 1984 devenu l’article L. 313-22 du Code Atlantique et condamné celle-ci au paiement d’une somme
monétaire et financier, que par son omission fautive la sur le fondement de l’article 700 du nouveau Code de
BPBA a fait perdre à M. X... une chance de révoquer son procédure civile, l’arrêt rendu le 19 mai 2000, entre les
engagement en juin 1998, que par cette révocation ce parties, par la cour d’appel de Rennes ; remet, en
dernier aurait été totalement dégagé de son obligation, conséquence, quant à ce, la cause et les parties dans l’état
qu’ainsi la BPBA a méconnu les articles 1147 et 1134 du où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait
Code civil en manquant à son obligation d’information et droit, les renvoie devant la cour d’appel d’Angers ;
en n’exécutant pas de bonne foi ses engagements à l’égard
de M. X... ;
Condamne M. X... aux dépens

Attendu cependant que l’omission des informations


prévues par l’article L. 313-22 du Code monétaire et
DOCUMENT 22
financier ne peut à elle seule être sanctionnée que par la
ème
déchéance des intérêts ; qu’en se prononçant comme elle (Cass. 3 civ., 14 novembre 1973)
l’a fait sans constater le caractère dolosif de l’omission
d’information imputée à la BPBA, ou un manquement Attendu, selon l’arrêt attaqué, que par acte du 7 septembre
distinct de celle-ci, la cour d’appel n’a pas donné de base 2004, la société Vanala a reconnu devoir à M. X... la
légale à sa décision ; somme de 150 000 euros reçue à titre de prêt ; que dans le
même acte, M. Y... (la caution) s’est porté caution du
Et sur le troisième moyen du pourvoi principal, pris en sa remboursement de ce prêt ; que par acte du 8 septembre
première branche qui est recevable comme étant de pur 2004, il a été convenu que les intérêts du prêt seront de 15
droit : % l’an ; que la société Vanala n’ayant remboursé que le
capital, M. X... l’a assignée avec sa caution en paiement
Vu les articles 1134 et 1147 du Code civil ; des intérêts ;

21
Sur le premier moyen, pris en ses deux premières DOCUMENT 23
branches:
(Cass. com., 16 mars 1999)
Attendu que ces griefs ne sont pas de nature à permettre
CAUTIONNEMENT - Etendue - Intérêts du capital
l’admission du pourvoi ; cautionné - Absence de mention manuscrite - Caution
s’engageant dans l’acte à garantir les intérêts - Portée .
Mais sur la troisième branche de ce moyen :
Vu l’article 2292 du code civil ;
Il résulte des articles 2016 et 1326 du Code civil que la
caution d’une somme déterminée ou indéterminée qui s’est
Attendu que pour condamner M. Y... à garantir le engagée à garantir la dette " en principal, intérêts et
paiement des intérêts, la cour d’appel a retenu qu’aux accessoires " est tenue au paiement desdits intérêts, peu
termes de l’article 2293 du code civil, le cautionnement important que la mention manuscrite n’en fasse pas état.
indéfini d’une obligation principale s’étend à tous les
accessoires de la dette et qu’en l’espèce il ne résulte pas
des conventions de prêt et d’intérêts que celui-ci avait Dit n’y avoir lieu de donner acte à M. Y... de ce qu’il a
limité son engagement au remboursement du capital ; déclaré s’associer au pourvoi formé par M. X... ;
Attendu, selon l’arrêt partiellement confirmatif déféré
Qu’en se déterminant ainsi, sans rechercher si la caution, (Amiens, 20 octobre 1995) et les productions, que la
dont l’engagement figure dans l’acte de prêt du 7 Caisse de crédit mutuel de Senlis (la banque) a consenti à
septembre 2004 ne comportant aucune stipulation d’intérêt la société Ready air services (la société) un prêt de 200
conventionnel, avait consenti à garantir le paiement des 000 francs et une ouverture de crédit en compte courant
intérêts auquel la société Vanala s’était par la suite d’un montant de 150 000 francs, garantis par le
engagée, la cour d’appel a privé sa décision de base légale cautionnement solidaire de M. Yves X..., suivant actes
au regard du texte susvisé ; sous seing privé des 17 juillet et 20 décembre 1986 ;
qu’après la mise en liquidation judiciaire de la société, la
Et sur le deuxième moyen : banque a poursuivi la caution en exécution de ses
engagements ;
Vu l’article 70 du code de procédure civile ;
Sur le premier moyen, pris en ses deux branches : (sans
Attendu que pour rejeter la demande reconventionnelle de intérêt) ;
la société Vanala et de M. Y... en paiement de travaux
réalisés par cette société au profit de M. X... , la cour Et sur le second moyen :
d’appel a retenu qu’il n’existait pas de lien entre ces
travaux et le prêt litigieux ;
Attendu que M. X... fait encore grief à l’arrêt, s’agissant de
cautionnement du prêt, d’avoir dit qu’il était tenu de la
Qu’en statuant ainsi, alors que la société Vanala et M. Y...
dette en principal et intérêts et que la somme de 128
avaient formé une demande en compensation judiciaire, la
849,17 francs porterait intérêts au taux contractuel de 15 %
cour d’appel a violé le texte susvisé ;
à compter du 20 mars 1991, à l’égard des trois cautions,
alors, selon le pourvoi, que viole les articles 1326, 1347 et
PAR CES MOTIFS et sans qu’il y ait lieu de statuer sur le 2015 du Code civil, l’arrêt qui, pour condamner la caution
troisième moyen : à payer les intérêts conventionnels en sus du principal de
la dette, énonce que l’ensemble est inférieur au montant de
CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu’il a condamné la la garantie figurant dans l’acte de cautionnement, alors que
société Vanala à payer à M. X... les intérêts dus sur la ni le corps de l’acte ni la mention manuscrite ne contenait
somme de 150 000 euros au taux de 15 % l’an appliqué d’indication relative au taux des intérêts conventionnels à
prorata temporis selon l’amortissement du prêt tel qu’il la charge de la caution, et que la mention manuscrite ne
résulte de la pièce n° 4 produite par M. X... et en ce qu’il a précisait pas que la caution prenait en charge les intérêts ;
ordonné la capitalisation de ces intérêts , l’arrêt rendu le 14
mai 2010, entre les parties, par la cour d’appel de Paris ;
Mais attendu qu’aux termes de l’article 2016 du Code
remet, en conséquence, sur les autres points, la cause et les
parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, civil, le cautionnement indéfini d’une obligation principale
pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de s’étend à tous les accessoires de la dette ; que cette règle,
Versailles ; qui n’est pas d’ordre public, s’applique à plus forte raison
au cautionnement d’un montant défini, moins incertain
pour la caution ; que l’article 1326 du Code civil limite
Condamne M. X... aux dépens ; l’exigence de la mention manuscrite à la somme ou à la
Vu l’article 700 du code de procédure civile, rejette la quantité due, sans l’étendre à la nature de la dette, à ses
demande de la société Vanala et de M. Y... accessoires ou à ses composantes ;

22
Attendu qu’après avoir relevé que, dans l’acte de Attendu que pour rejeter la demande reconventionnelle de
cautionnement, M. X... s’engageait à garantir les sommes la société Vanala et de M. Y... en paiement de travaux
que la société doit ou devra à la banque " en principal, réalisés par cette société au profit de M. X... , la cour
intérêts et accessoires à quelque titre que ce soit ", au pied d’appel a retenu qu’il n’existait pas de lien entre ces
duquel la caution a porté les mots écrits de sa main : " Lu travaux et le prêt litigieux ;
et approuvé. Bon pour cautionnement solidaire à
concurrence de 200 000 francs (deux cent mille francs) ", Qu’en statuant ainsi, alors que la société Vanala et M. Y...
l’arrêt retient qu’il importe peu que la mention manuscrite avaient formé une demande en compensation judiciaire, la
ne fasse pas état des intérêts ; qu’ainsi, la cour d’appel a cour d’appel a violé le texte susvisé ;
légalement justifié sa décision ; que le moyen est sans
fondement ;
PAR CES MOTIFS et sans qu’il y ait lieu de statuer sur le
troisième moyen :
PAR CES MOTIFS :
CASSE ET ANNULE, sauf en ce qu’il a condamné la
REJETTE le pourvoi. société Vanala à payer à M. X... les intérêts dus sur la
somme de 150 000 euros au taux de 15 % l’an appliqué
prorata temporis selon l’amortissement du prêt tel qu’il
résulte de la pièce n° 4 produite par M. X... et en ce qu’il a
DOCUMENT 24 ordonné la capitalisation de ces intérêts , l’arrêt rendu le 14
(Cass. 1ère civ., 20 octobre 2011) mai 2010, entre les parties, par la cour d’appel de Paris ;
remet, en conséquence, sur les autres points, la cause et les
Attendu, selon l’arrêt attaqué, que par acte du 7 septembre parties dans l’état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et,
2004, la société Vanala a reconnu devoir à M. X... la pour être fait droit, les renvoie devant la cour d’appel de
somme de 150 000 euros reçue à titre de prêt ; que dans le Versailles ;
même acte, M. Y... (la caution) s’est porté caution du
remboursement de ce prêt ; que par acte du 8 septembre Condamne M. X... aux dépens ;
2004, il a été convenu que les intérêts du prêt seront de 15
% l’an ; que la société Vanala n’ayant remboursé que le Vu l’article 700 du code de procédure civile, rejette la
capital, M. X... l’a assignée avec sa caution en paiement demande de la société Vanala et de M. Y...
des intérêts ;

Sur le premier moyen, pris en ses deux premières DOCUMENT 25


branches : (Cass. com., 8 novembre 1972)
Attendu que ces griefs ne sont pas de nature à permettre Sur le moyen unique, pris en ses trois branches:
l’admission du pourvoi ;
Attendu que, selon les énonciations de l’arrêt confirmatif
Mais sur la troisième branche de ce moyen : attaqué (Dijon, 23 février 1971), une convention de
compte courant assortie d’une ouverture de crédit fut
Vu l’article 2292 du code civil ; conclue le 23 février 1967 entre la Société Générale et la
société en commandite Lempereur et compagnie,
représentée par son gérant, Lempereur, qui se constitua
Attendu que pour condamner M. Y... à garantir le
caution solidaire à concurrence de 130.000 francs et donna
paiement des intérêts, la cour d’appel a retenu qu’aux
en garantie une hypothèque sur un immeuble dépendant de
termes de l’article 2293 du code civil, le cautionnement
la communauté des époux Lempereur; que, le 31 mai
indéfini d’une obligation principale s’étend à tous les
1967, une assemblée générale extraordinaire décida de
accessoires de la dette et qu’en l’espèce il ne résulte pas
transformer la société en commandite en société anonyme,
des conventions de prêt et d’intérêts que celui-ci avait
et autorisa une augmentation de capital qui fit perdre le
limité son engagement au remboursement du capital ;
contrôle de la majorité à Lempereur, lequel resta
cependant vice-président du conseil et directeur; que le
Qu’en se déterminant ainsi, sans rechercher si la caution, règlement judiciaire de la société anonyme Lempereur fut
dont l’engagement figure dans l’acte de prêt du 7 prononcé le 14 décembre 1967 et que la Société Générale,
septembre 2004 ne comportant aucune stipulation d’intérêt réclamant à Lempereur le montant du découvert,
conventionnel, avait consenti à garantir le paiement des poursuivit une procédure de saisie immobilière; que les
intérêts auquel la société Vanala s’était par la suite époux Lempereur, qui avaient invoqué la disparition de la
engagée, la cour d’appel a privé sa décision de base légale cause du cautionnement, furent déboutés de leur
au regard du texte susvisé ; opposition au commandement à fin de saisie;
Et sur le deuxième moyen :
Vu l’article 70 du code de procédure civile ;
23
Attendu qu’il est fait grief à la Cour d’appel d’avoir ainsi Attendu qu’il est fait grief à l’arrêt déféré d’avoir fait droit
statué, aux motifs que la cause du cautionnement résidait au principe de cette demande en désignant un expert pour
dans l’obtention d’une ouverture de crédit et que la déterminer le montant exact des engagements contractés,
garantie fournie à la banque restait acquise à celle-ci en déclarant que l’acte de cautionnement du 15 juin 1965
malgré la transformation de la société, alors, selon le n’était pas dépourvu de cause, alors, selon le pourvoi, que
pourvoi, que, d’une part, la cause du contrat a été d’une part, l’arrêt attaqué n’a pas répondu, autrement que
confondue avec son objet et définie en des termes trop par des motifs inopérants, aux conclusions de Trosseille
généraux pour asseoir valablement la décision, alors que, dans lesquelles celui-ci faisait valoir que s’il avait souscrit
d’autre part, Lempereur avait fait état, en des conclusions l’acte de cautionnement litigieux en 1965, c’était parce
méconnues par la Cour d’appel, de la perte de la direction qu’il était, à cette époque, en fait, propriétaire des
de la société et non point de sa transformation pour Etablissements Trosseille dont il détenait la quasi-totalité
invoquer la disparition de la cause du contrat de du capital, et qu’ainsi, les effets de cet engagement se
cautionnement, alors qu’enfin, le motif dubitatif énoncé in trouvaient limités à la période pendant laquelle il
fine par la Cour d’appel ne saurait justifier légalement sa conservait la propriété de l’affaire, de telle sorte que ce
décision; cautionnement avait pris fin de plein droit lorsqu’il avait
été son entreprise à la société Sirugue en novembre 1968
Mais attendu que, loin de confondre cause et objet du et que, d’autre part, en tout état de cause, il résulte des
contrat, la Cour d’appel a retenu exactement que la cause termes clairs et précis de l’acte de cautionnement litigieux,
de l’obligation de Lempereur était la considération de ainsi que des constatations mêmes de l’arrêt attaqué, que le
l’obligation prise corrélativement par la Société Générale à cautionnement était lié à l’exercice, par Trosseille, des
savoir l’ouverture de crédit à la société Lempereur; que, fonctions de président-directeur général au sein de la
répondant aux conclusions prétendument délaissées, elle a société Trosseille et que, dès lors, cet acte était devenu
relevé que la perte de la direction de la société par nécessairement caduc lorsque Trosseille avait cessé d’être
Lempereur, si elle pouvait influer sur les mobiles qui président de la société, c’est-à-dire le 1er mars 1971;
avaient conduit celui-ci à se porter caution, laissait
inchangée la cause de son engagement, fixée au moment Mais attendu que la Cour d’appel relève que Trosseille a
de la formation du contrat et non susceptible d’être déclaré le 15 juin 1965 se rendre personnellement caution
modifiée par la transformation ultérieure de la société en solidaire, sans limitation aucune, du paiement ou du
commandite en société anonyme, transformation qui, remboursement de toutes sommes que la société Trosseille
n’entraînant pas création d’une personne morale nouvelle, peut ou pourra devoir au Crédit Lyonnais qu’elle a
n’opérait pas novation dans les rapports contractuels des exactement retenu que la prétention de Trosseille de faire
parties; qu’ainsi, abstraction faite du motif surabondant annuler son cautionnement pour défaut de cause ne
visé dans la troisième branche du moyen, la Cour d’appel a pouvait être admise; qu’elle a, par ces motifs, hors de toute
justifié sa décision; que le moyen ne peut être accueilli en dénaturation, répondu aux conclusions prétendument
aucune de ses branches. délaissées;

PAR CES MOTIFS: Que le moyen est donc sans fondement;

REJETTE le pourvoi formé contre l’arrêt rendu le 23


Sur le second moyen, pris en ses deux branches:
février 1971 par la Cour d’appel de Dijon.

Attendu qu’il est également fait grief à l’arrêt déféré


DOCUMENT 26 d’avoir refusé d’admettre que les conventions intervenues
en 1968 emportaient révocation tacite de l’engagement de
(Cass. com., 16 février 1977) caution litigieux, alors, selon le pourvoi, que, d’une part,
l’engagement de caution dont s’agit ayant été consenti
Sur le premier moyen, pris en ses deux branches:
pour une durée illimitée était révocable "ad nutum" à toute
époque par la caution et que d’autre part, la validité de
Attendu qu’il résulte des énonciations de l’arrêt attaqué cette révocation n’était assujettie à aucune règle de forme
(Angers, 12 novembre 1975), que Trosseille, président- impérative et qu’elle pouvait résulter de tous actes portés à
directeur général de la société "Etablissements Troseille", la connaissance du Crédit Lyonnais par lesquels la caution
(société Trosseille), a, par acte du 15 juin 1965, déclaré avait manifesté unilatéralement sa volonté de révoquer
garantir le remboursement des sommes qui pourraient être l’engagement de cautionnement litigieux et que l’efficacité
dues au Crédit Lyonnais par cette société; que Trosseille a de cette révocation n’était aucunement subordonnée à la
cédé la quasi-totalité de ses actions à la société Sirugue condition que le groupe Sirugue se soit porté caution du
puis a cessé ses fonctions de président directeur général de Crédit Lyonnais à la place de Trosseille, ni que cette
la société; que la mise en règlement judiciaire de la société banque ait renoncé au bénéfice de l’engagement de
Trosseille ayant été prononcée le 28 août 1972, le Crédit caution;
Lyonnais demanda à Trosseille le paiement d’une somme
de 1.281,347 francs, montant des avances consenties par la
banque à la société Trosseille;
24
Mais attendu que la Cour d’appel a estimé que la preuve hypothèques ; que le 2 mars 1989, Mmes Billoué se sont
n’était rapportée ni de la révocation du cautionnement, ni portées cautions solidaires des dettes de la société envers
de la signification de cette révocation, ni de la renonciation la banque Chaix ; qu’après la mise en liquidation judiciaire
de la banque qui aurait dû intervenir de façon expresse; de la société, les consorts Billoué-Picot, estimant avoir été
que, par ces motifs, elle n’a fait qu’appliquer la convention trompés lors de la cession des parts, ont assigné les
des parties en appréciant souverainement les moyens de consorts Baillamonte-Bonifazi ainsi que la société Favel et
preuve qui lui étaient soumis; associés, expert comptable, le Crédit du Nord et la Banque
Chaix pour entendre prononcer la nullité de cette cession
Que le moyen ne peut donc être accueilli; ainsi que des actes "s’y rattachant" et les faire déclarer
responsables du préjudice subi ; que la cour d’appel a
annulé la cession intervenue le 28 décembre 1988, sur le
Et sur le troisième moyen:
fondement de l’article 12 de la loi du 29 juin 1935 ;
Attendu qu’il est encore fait grief à l’arrêt attaqué d’avoir Sur le premier moyen du pourvoi principal :
condamné Trosseille au paiement des dettes de la société
Trosseille envers le Crédit Lyonnais, sans répondre, selon Vu les articles 1131 et 2011 du Code civil ;
le pourvoi, aux conclusions d’appel de Troisseille dans
lesquelles celui-ci faisait valoir qu’il se trouvait déchargé Attendu que, pour déclarer "de nul effet" l’acte de
de son engagement de cautionnement en raison des cautionnement souscrit le 28 décembre 1988 par Mmes
agissements incorrects et déloyaux commis par le Crédit Billoué envers le Crédit du Nord, l’arrêt retient que la
Lyonnais à son encontre, qui avaient pour effet de nullité de l’acte de cession étant rétroactive, Mmes Billoué
compromettre de subrogation de la caution dans les droits sont censées n’avoir jamais été actionnaires de la société et
de la banque; qu’"ainsi" l’engagement de caution "souscrit en cette
qualité" est nul par application de l’article 1131 du Code
Mais attendu que la Cour d’appel a relevé que le Crédit civil ;
Lyonnais a été admis au passif du règlement judiciaire de
la société Trosseille pour la totalité des sommes dont le
remboursement était demandé à Trosseille et que celui-ci Attendu qu’en se déterminant par de tels motifs, sans
sera donc subrogé de plein droit dans les dividendes rechercher, alors que la cause du cautionnement consenti
concordataires qui seront distribués à la suite de cette par Mmes Billoué résidait dans le maintien du crédit
production; qu’elle retient en outre que Trosseille étant accordé à la société par le Crédit du Nord, si la qualité
resté administrateur de la société, participait au contrôle de d’associé de Mmes Billoué, constitutive d’un simple
la gestion de celle-ci dont il était en mesure de contrôler le mobile, avait, en l’espèce, été érigée en cause par la
fonctionnement; qu’elle a, par ces motifs, répondu aux volonté des parties, la cour d’appel n’a pas donné de base
conclusions prétendument délaissées; légale à sa décision ;

Que le moyen est donc également sans fondement. Sur le second moyen, pris en sa première branche, du
même pourvoi :
PAR CES MOTIFS:
REJETTE le pourvoi formé contre l’arrêt rendu le 12 Vu les articles 1131 et 1892 du Code civil ;
novembre 1975 par la Cour d’appel d’Angers
Attendu que pour déclarer "de nul effet" le prêt consenti le
28 décembre 1988 à Mmes Billoué par le Crédit du Nord,
l’arrêt retient que la nullité de l’acte de cession étant
DOCUMENT 27 rétroactive, Mmes Billoué sont censées n’avoir jamais été
(Cass. com., 5 avril 1994) actionnaires de la société et qu’"ainsi" l’acte de prêt
"souscrit en cette qualité" est nul par application de
l’article 1131 du Code civil ;
Attendu, selon l’arrêt déféré, que, par acte sous seing privé
du 28 décembre 1988, M. et Mme Baiamonte et M. Attendu qu’en statuant ainsi, tout en constatant que le
Bonifazi (les consorts Baiamonte-Bonifazi) ont cédé leurs montant du prêt avait été versé par le Crédit du Nord et
parts, représentatives de la totalité du capital social de la encaissé par Mmes Billoué, la cour d’appel n’a pas tiré les
société Le Panier à Salades (la société), à Mme veuve conséquences légales de ses propres constatations ;
Billoué, Mme Billoué veuve Icard et M. Picot (les consorts
Billoué-Picot) ; que, par acte notarié du même jour, Mmes Sur le premier moyen du pourvoi incident : (non reproduit)
Billoué se sont portées cautions solidaires du
remboursement du reliquat du prêt de 1 175 000 francs que Sur le deuxième moyen, pris en sa première branche : (non
la société Le Crédit du Nord avait accordé aux consorts reproduit)
Baiamonte-Bonifazi le 5 juin 1987 ; que, par un autre acte
notarié du même jour, le Crédit du Nord a consenti à Et sur le troisième moyen :
Mmes Billoué un prêt de 1 600 000 francs, garanti par des
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Vu les articles 1382 du Code civil et 12 du nouveau Code
de procédure civile ;

Attendu que, pour débouter les consorts Billoué-Picot de


leur action contre la société Favel et associés, l’arrêt
retient qu’à défaut de contrat les liant à cette société, ils ne
peuvent lui reprocher ni dol, ni manquement à une
obligation de conseil ;

Attendu qu’en se déterminant ainsi, alors que, dans leurs


conclusions d’appel, les consorts Billoué-Picot ne
précisaient pas le fondement de leur demande et qu’il
appartient aux juges de trancher le litige conformément
aux règles de droit qui lui sont applicables et de donner
leur exacte qualification aux faits litigieux, la cour d’appel
a violé les textes susvisés ;

PAR CES MOTIFS, et sans qu’il y ait lieu de statuer sur


les autres griefs :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu’il a


débouté Mme veuve Billoué, Mme veuve Icard et M. Picot
de leur action dirigée à l’encontre de la société Favel et
associés, en ce qu’il a déclaré irrecevables les actions de
ces mêmes parties dirigées à l’encontre du Crédit du Nord
et de la Banque Chaix, en ce qu’il a déclaré de nul effet le
prêt consenti le 28 décembre 1988 par le Crédit du Nord à
Mme veuve Billoué et à Mme veuve Icard ainsi que l’acte
de cautionnement souscrit par ces deux dernières le 28
décembre 1988 envers le Crédit du Nord, et en ce qu’il a
débouté Mme veuve Billoué, Mme veuve Icard et M. Picot
de leur action "tendant au paiement par le Crédit du Nord
de la somme de 1 600 000 francs" ainsi qu’en ses
dispositions qui sont la conséquence des dispositions ci-
dessus cassées, l’arrêt rendu le 24 octobre 1991, entre les
parties, par la cour d’appel de Montpellier ; remet, en
conséquence, quant à ce, la cause et les parties dans l’état
où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait
droit, les renvoie devant la cour d’appel de Nîmes ;

REJETTE la demande de Mme veuve Billoué, de Mme


veuve Icard et de M. Picot présentée sur le fondement de
l’article 700 du nouveau Code de procédure civile

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