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LA PERCEPTION
Rapport
Mohammed GUEDIRA
PLAN
I – TENTATIVE DE DEFINITION
1. Etymologie
- Exercice
2. Définition de Lalande
- Exercice (vu, entendu, senti)
3. Polysémie
II – THEORIES DE LA PERCEPTION
Le concept de perception reste toujours difficile à cerner. Le mot trouve son origine en
latin : ● "per" ne signifie pas ici à travers mais parfaitement, complètement,
● "ception" a pour origine "capere" (= prendre).
Percevoir désigne, classiquement, une action pleinement achevée qui consiste à
s'emparer de quelque chose, au sens de recevoir, prendre connaissance de l'extérieur par les
sens, de ce qu'il y a ici et maintenant.
Cependant, peut-on réduire la perception à une représentation déterminée, une prise
complète d’une chose ? Que reste-t-il alors de la perception elle-même devant l’apport de la
mémoire, du vécu ?
Pour beaucoup, le mot signifie la connaissance consciente que nous avons du monde à
travers nos sens. C’est « L’acte par lequel – disait LALANDE – un individu, organisant
immédiatement ses sensations, les interprétant et les complétant par des images et des
souvenirs, s’oppose un objet qu’il juge spontanément distinct de lui, réel et actuellement
connu de lui.»
Reconnaître la perception, dans ce cas, ce n'est pas nier la collaboration de
l'imagination, de la mémoire et de la culture, c'est plutôt mettre à jour, en deçà de ces
élaborations, que celui qui perçoit juge que l'objet est distinct de lui et connu par lui, et ce,
immédiatement.
La difficulté qu’on trouve pour définir le mot émane, comme nous l’avons vu, des
diverses acceptions et d’idées sur ce qu’est la perception. Il existe des manières très variées
d’aborder l’étude de cette dernière. Dans la partie qui suit, nous allons passer en revue les
différentes théories qui ont traité de la perception.
II- THEORIES DE LA PERCEPTION
L’école gestaltiste est apparue en Allemagne à peu près à la même période que le
mouvement behaviouriste. Ce terme désigne en allemand, la structure ou la forme. Ayant une
signification beaucoup plus complexe, ce mot a été conservé aussi bien en français, en anglais
ou en japonais.
En observant cette image, certains peuvent saisir la partie noire détachée sur un fond
blanc, c’est-à-dire, les deux visages pris de profil.
Par contre, le premier plan ou la forme perçue serait pour d’autres l’image du vase,
c’est-à-dire la partie blanche détachée sur un fond noir.
3 : ibidem, p. 69.
« La perception est un mécanisme premier par lequel les êtres humains arrivent à
connaître leur univers. Elle est aussi un processus de traduction : les stimulations
sensorielles sont converties en impressions de la réalité »4
De façon consciente ou inconsciente, l’individu classe et organise ses sensations de
façon à leur donner un sens. Il identifie, sélectionne, classifie et juge l’information perçue par
les sens.
Le tableau ci-dessous résume les éléments de base du processus de la perception à
partir de l’observation initiale jusqu’à l’interprétation de cette observation.
Bien évidemment, les stimuli que nous recevons de l’environnement passent par les
cinq sens : le goût, l’odorat, l’ouïe, la vue et le toucher. Cependant, nous accordons
sélectivement notre attention à certains aspects de l’environnement et nous en ignorons
d’autres selon notre état psychique et physiologique. Par exemple, une maman qui écoute son
bébé crier, sent quelque chose brûler dans la cuisine et qui regarde son enfant qui est sur le
point de tomber, va sélectionner et de manière assez rapide, la stimulation qui est la plus
importante.
Ce processus de sélection met en jeu à la fois des facteurs externes et internes grâce
auxquels les personnes filtrent les stimulations sensorielles afin de déterminer celles qui
recevront le plus d’attention.
Les facteurs externes constituent des caractéristiques qui déterminent si les stimuli
seront perçus ou ignorés.
Parmi les facteurs externes, nous pouvons citer :
* La dimension : la dimension de l’objet perçu a une influence assez importante sur
notre perception. En ce sens qu’un objet plus grand ou plus petit par rapport aux objets qui
l’entourent capte plus rapidement l’attention.
* L’intensité : plus le stimulus provoqué par l’objet est intense et plus il a de chances
d’être perçu.
Même le langage qu’utilise un patron dans une note adressée à un employé peut
illustrer le principe d’intensité. Une note qui dit : « veuillez, SVP, passer à mon bureau quand
vous le pourrez » ne suscitera pas le sentiment d’urgence qu’en lisant une note qui dit :
« venez, dans mon bureau, immédiatement ».5
* Le contraste : nous avons tendance à nous adapter et à nous habituer aux
stimulations courantes de notre environnement. Les stimuli inattendus ou inhabituels attirent
davantage notre attention. Ainsi, un ouvrier qui travaille dans une usine hautement mécanisée
6 : Nicole Coté « la personne dans le monde du travail » Gaetan morin éditeur p. 82
Stimuli de l’environnement
Sensation
- Goût - Vue
- Odorat - Toucher
- Ouïe
Sélection perceptive
Organisation de la perception
- Continuité
- Fermeture du contour
- Proximité
- Ressemblance
Interprétation
- Subjectivité de la perception
- Intervention des facteurs internes et externes
Donner un sens au monde qui nous entoure est une opération qui nécessite comme
nous l’avons expliqué, un travail de sélection, d’organisation et d’interprétation. La
perception d’un objet diffère d’une personne à une autre car l’expérience est individuelle,
personnelle donc subjective.
La manière dont les gens se perçoivent est incontestablement importante puisque cela
est la base de toute relation, de tout jugement.
Dans la seconde partie, nous nous concentrons sur les facteurs qui influencent la
perception sociale et qui induit souvent à des perceptions erronées.
1. L’apparence physique
La beauté physique est l’une des caractéristiques les plus étudiées. En effet, les
hommes et les femmes attirants physiquement sont jugés en général de façon plus positive
que les personnes moins attirantes12.
Il y a également un autre aspect de l’apparence physique qui peut influer sur nos
perceptions ou sur nos impressions et qui réside dans la déficience ou l’handicap.
En effet, l’handicap pourrait constituer une étiquette toute aussi saillante que le sexe
ou l’ethnie, voire davantage. Face à une personne handicapée, la déficience est certainement
l’information la plus directement accessible, à tel point que derrière cette étiquette, risquent de
s’effacer toutes les autres appartenances catégorielles.
Une personne handicapée est d’abord perçue comme handicapée avant d’être
identifiée comme un homme ou une femme, un noir ou un blanc. Certains parlent même du
handicap comme un troisième sexe et illustre leurs propos par l’exemple des toilettes
publiques qui affichent des endroits réservés aux hommes, d’autres aux femmes et encore
d’autres aux handicapés.
2. La tenue vestimentaire.
Notre perception sociale est également influencée par la tenue vestimentaire de la
personne perçue. Ainsi, une personne qui porte un blouson noir, qui a les cheveux rasés, qui a
une cicatrice sur les joues et qui est vêtue d’un jean sale et un peu déchiré activera
certainement chez le percevant une structure ou un schéma sur une catégorie de personnes,
soit les agresseurs dans la société. Les caractéristiques saillantes de la cible (les indices qui
ressortent le plus) dicteront le comportement à suivre.
Notons cependant que l’impact de différentes tenues vestimentaires peut varier
considérablement selon la culture et les années. En général, les individus qui présentent une
tenue vestimentaire conforme aux attentes de leur groupe, produisent de meilleures
impressions que ceux qui dérogent à ce principe.13
3. Les ouï-dire
Les ouï-dire sont les informations du second ordre ou les informations qui nous
viennent des autres. Nous nous faisons constamment des impressions des gens par le biais de
l’information qui nous est parvenue par nos amis, par l’entourage ou même par les médias.
Par exemple, nous avons souvent de très fortes opinions, parfois très claires du
professeur d’un de nos amis, sans pour autant n’avoir jamais rencontré cette personne.
Malgré les pièges que cela présente, nous formulons habituellement des hypothèses
sur ce que sont les autres à partir de leurs caractéristiques physiques ou des brefs rapports que
nous avons eus avec eux.
Les renseignements sur la cible ont probablement constitué le sujet de plus grand
nombre d’études. Toutefois, le percevant a aussi un rôle à jouer dans la perception sociale.
L’influence du contexte
Le rôle de l’attribution
L’attribution est une inférence ayant pour but d’expliquer pourquoi un événement a eu
lieu.
En effet, une attitude innée chez l’humain consiste à attribuer à un événement une
cause particulière : « S’il lui arrive cela, c’est pour çà ! ». L’explication donnée devient la
cause perçue d’un événement ou d’un comportement et correspond à une attribution.
Nous retiendrons en particulier sur ce thème les travaux de Fritz HEIDER (1896-
1988), psychosociologue d’origine autrichienne dont le sujet de travail peut être résumé
comme suit :
Comment l’homme perçoit et analyse son environnement ?
Comment explique-t-il les phénomènes qui l’entourent ?
Fritz HEIDER a relevé que les gens ressentent une motivation profonde à comprendre
leur environnement et ce faisant, à se poser plusieurs questions relatives aux causes des
événements et des comportements des autres18.
Selon le même auteur, le processus de l’attribut est déterminant dans la perception
sociale car il permet au percevant de forger une conception cohérente et organisée de la
personne cible, et par conséquent, l’environnement devient explicable, prédictible, voire
contrôlable.
En général, les conditions favorables pour émettre des attributions sont au nombre de
trois19 :
Les stéréotypes peuvent aussi avoir des conséquences sur le plan professionnel. Un
grand nombre de personnes croient que la femme est trop émotive pour occuper des postes de
direction20. De même. En gestion des ressources humaines, les stéréotypes peuvent aussi se
manifester dans les processus de sélection, de recrutement et de promotion. L’âge, la race et la
religion mènent également à certaines formes de stéréotypes : « les musulmans sont tous des
terroristes », « les blancs sont tous des racistes … ».
20 : Nicole Côté. La perception in « la dimension humaine des organisations » Gaeten Morin éditeur. P. 114.
L’effet de halo consiste à se faire une opinion générale d’une personne à partir d’une
seule caractéristique. Le percevant, peut ainsi croire qu’une personne ponctuelle est aussi
honnête, active ou même généreuse, alors que ces différents traits de caractère ne sont pas
obligatoirement liés à la ponctualité ni au rendement.
La projection est un phénomène qui consiste à nier ses propres traits de caractère, ses
sentiments et ses angoisses en les attribuant à l’autre. Ce processus est très courant chez les
individus qui éprouvent des sentiments négatifs à leur égard21, et qui refusent à admettre en
eux-mêmes.
Ainsi, les personnes timides peuvent facilement déceler ce trait chez les autres plus
que ne le font les autres personnes.
O L’effet pygmalion
La nature humaine étant sociale, par essence, les individus ne vivent que dans un
groupe, en interaction avec les autres membres et ne pourront se passer de ce que pensent les
autres d’eux. Cette relation, vitale pour les Hommes, se fait à partir des perceptions
mutuellement construites par eux, se tissent dans les groupes et laissent, souvent, surgir des
erreurs portées sur les personnes.
Qu’en est-il alors de l’impact des perceptions dans le monde organisationnel ? Peut-on
échapper de cet univers qui emprisonne notre liberté de voir et de sentir les choses ?
Nous tenterons, dans la partie qui suit, d’apporter des réponses à ces questions.
21 Nicole Côté. La perception in « la dimension humaine des organisations » Gaeten Morin éditeur, p. 107.
IV- LA PERCEPTION, LE MANAGEMENT ET L’ART
La productivité
Etre productif au travail n’est pas perçu de la même manière par chacun. Cela dépend
de la perception que ce fait l’individu de sa situation dans l’organisation. Certains peuvent
être influencés par des enjeux comme le salaire, les conditions, la nature du travail… mais
pour d’autres, la satisfaction au travail engendra une productivité et un rendement que s’ils
perçoivent que l’effort déployé est estimé par les autres.
L’absentéisme
Comme pour la productivité, l’absentéisme est le résultat d’un jugement perceptuel.
Bon nombre d’individus préfèrent ne pas contribuer à la promotion du travail et estiment que
la non présence vaut mieux que de changer le milieu où ils s’y trouvent. L’insatisfaction au
travail, l’inexistence des occasions pour décrocher des promotions, le mépris de la nature de
sa tâche…mèneront la personne à être agressif avec les autres, indifférent à la productivité.
2-L’art, comme manière de percevoir le monde
En quel sens peut-on dire que le regard de l’artiste sur le monde diffère du regard
habituel sur les choses ?
Se tromper sur l’interprétation d’un fait ou d’un comportement n’est que chose
normale. En effet, la subjectivité de la perception peut nous amener à certaines erreurs, qui
par le fait d’en avoir conscience, nous permet déjà de réajuster le tir et de réorienter notre
perception.
La première étape est de se connaître soi-même .Il est important de s’interroger sur
soi, et de prêter attention aux différents aspects de notre personnalité .Il est donc essentiel de
mieux se connaître, afin de mieux connaître l’autre.
Par ailleurs, admettre la diversité des personnes engendre le respect des différences
culturelles. Entrer en relation avec autrui demande de la personne de ne pas faire des a priori
mais de formuler des hypothèses ou des idées au sujet des autres et les vérifier en suite par
plus d’informations ou de preuves.
Au terme de ce travail, il est à noter que notre souci majeur est de sensibiliser les
personnes au fait qu’aucune réalité n’est pour autant objective. Le rapport qu’on entretient
avec le monde rend nos jugements subjectifs, nos perceptions orientées et nos comportements
conditionnés.
Etant donné que la perception est le processus psychologique par lequel les individus
sélectionnent, organisent et interprètent les faits, l’expérience acquiert de ce fait un aspect
personnel voire subjectif.
Nous avons expliqué auparavant que la manière dont les personnes se perçoivent est
particulièrement importante car delà se dessine le rapport entre eux et la nature de leur
comportement. Souvent, le processus de perception peut aboutir à des erreurs de jugement et
cela altère la relation entre les individus. Le sujet revêt une grande importance lorsque les
erreurs de perception affectent le comportement au sein des organisations. La perception de
son travail, de ses rapports avec autrui et de sa situation implique d’énormes résultats sur le
rendement, l’efficacité et la productivité de l’employé.
CONCEPTS ET MOTS CLEFS
Perception
Sensation
Perception sociale
Effet de halo
Apprentissage
Préjugés
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Illusions perceptives
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Processus de perception
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