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LA VENTILATION NATURELLE
Développement d’un outil d’évaluation du potentiel de la
climatisation passive et d’aide à la conception architecturale
Mémoire présenté
à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval
dans le cadre du programme de maîtrise en Sciences de l’architecture
pour l’obtention du grade de maître ès sciences (M.Sc.)
2007
La ventilation naturelle est une stratégie passive, sans moyen mécanique, de maintenir un
environnement intérieur confortable. La présente recherche a pour but de développer une
méthode permettant aux concepteurs de vérifier en phase de préconcept, de façon
sommaire, l’influence des principaux choix architecturaux sur la capacité à refroidir un
bâtiment par la ventilation naturelle.
Dans le contexte où le compte à rebours sur le réchauffement du climat est bien enclenché
et que les opportunités de refroidissement passif seront de plus en plus limitées, cette
recherche présente le climat québécois et évalue la période annuelle favorable à la
ventilation naturelle.
ii
Abstract
Natural ventilation is a passive strategy, i.e. without mechanical means, that can maintain a
comfortable interior environment. The aim of the current research is to develop a method
allowing designers to understand, at the preconceptual stage and in a cursory fashion, the
influence of key architectural features on the capacity to cool down a building by natural
ventilation.
A computer based tool developed in the framework of this research, HUVENT, helps
designers of naturally ventilated buildings to evaluate the effect of building orientation,
opening localization and sizing. A validation study of the tool has been completed and is
part of this master’s thesis.
With the countdown on global warming well underway and keeping in mind that
opportunities for natural ventilation will be increasingly restricted, this research presents
the favourable period for passive cooling in Quebec climate.
iii
Avant-propos
Je voudrais en premier lieu remercier mon directeur, Monsieur André Potvin, pour la
confiance et le temps qu’il a su m’accorder ainsi que pour toute la motivation et la passion
qu’il a su me transmettre.
Je tiens à remercier sincèrement mon père Michel pour toute son aide offerte
généreusement et ses nombreux conseils en programmation.
1 Introduction.....................................................................................................................1
1.1 La climatisation passive par la ventilation naturelle...............................................2
1.1.1 La ventilation hybride.....................................................................................3
1.2 Objectifs de la recherche.........................................................................................5
1.2.1 Objectif général...............................................................................................5
1.2.2 Objectifs spécifiques.......................................................................................5
1.3 Contexte de la recherche.........................................................................................6
1.3.1 Contexte climatique et la climatisation des bâtiments....................................6
1.3.2 Le confort thermique ......................................................................................9
1.3.3 Ré-humanisation du confort..........................................................................12
1.3.3.1 Adaptabilité environnementale en architecture ........................................12
1.3.3.2 Vers un standard de confort thermique durable........................................14
1.3.3.3 Le paradigme du syndrome de l’édifice hermétique ................................16
1.4 Problématique de la recherche..............................................................................17
1.4.1 La conception de bâtiments à haute qualité environnementale ....................17
1.4.1.1 La simulation informatique du comportement thermique des bâtiments .18
1.4.1.2 Outils pour l’analyse et la conception de la ventilation naturelle.............19
1.4.2 Hypothèse .....................................................................................................20
1.4.3 Présentation de la recherche .........................................................................20
2 Méthodologie de la recherche.......................................................................................21
2.1 Revue des modèles en ventilation naturelle..........................................................21
2.1.1 Modèles macroscopiques..............................................................................23
2.1.1.1 Modélisation à zone thermique unique.....................................................24
2.1.1.2 Modélisation de plusieurs zones thermiques ............................................24
2.1.2 Modèles microscopiques...............................................................................24
2.2 Le modèle analytique de HUVENT......................................................................25
2.2.1 Principe de modélisation...............................................................................25
2.2.2 Équation fondamentale .................................................................................26
2.2.3 Hypothèse du modèle analytique..................................................................27
2.2.3.1 État d’équilibre massique..........................................................................27
2.2.3.2 Conservation d’énergie .............................................................................27
2.2.3.3 Gains thermiques ......................................................................................29
2.2.3.4 Température intérieure..............................................................................30
2.2.4 Évaluation du niveau des pressions thermique et éolienne...........................30
2.2.4.1 Pression éolienne ......................................................................................31
a) Milieu bâti.....................................................................................................32
b) Obstructions environnantes...........................................................................33
c) Coefficient de pression des façades ..............................................................33
d) Coefficient de décharge des ouvertures ........................................................34
2.2.4.2 Pression thermique....................................................................................35
2.2.4.3 Ventilation par une seule façade...............................................................35
2.2.5 Dimensionnement des ouvrants ....................................................................36
v
Nomenclature
La question centrale n’est pas quelle sera la nature des futures constructions,
mais quel système de valeurs, ou quelle « vision du monde » s’imposera et
quel sera son succès à engendrer la responsabilité environnementale au sein
des diverses cultures.
(Cole 2000)
2
L’approche bioclimatique en architecture, telle qu’avancée par Olgyay dans les années 60,
permet de profiter du potentiel des forces de la nature afin de créer de meilleurs conditions
de vie dans le bâtiment. Cette symbiose entre le bâtiment et son environnement immédiat
(figure 1) est possible si le concepteur sait maîtriser l’interaction des variables climatiques,
biologiques, technologiques et architecturales (Olgyay 1963).
La ventilation naturelle est utilisée en approche bioclimatique pour procurer l’air frais
nécessaire aux occupants pour leur santé et contrôler la température pour leur confort. Cette
stratégie s’avère efficace à contrôler les surchauffes des bâtiments si ceux-ci sont bien
conçus et si les conditions climatiques le permettent : une disposition stratégique des
ouvertures et une morphologie architecturale favorable à la circulation transversale et
verticale de l’air permettront de générer suffisamment de changements d’air pour évacuer
la surchauffe (figure 2).
3
Figure 2 - Section d’un bâtiment ventilé naturellement (Short and Ford Associates tiré de
Bourgeois et al. 2004)
La ventilation hybride est un système qui combine à la fois les stratégies passives de la
ventilation naturelle et les moyens actifs de la ventilation mécanique pour maintenir un
environnement confortable (Heiselberg 2002).
Figure 3 - Schéma des flux de ventilation d’un système hybride : CVCA1 mécanique +
ventilation naturelle (Bourgeois et al. 2004)
1
CVCA; chauffage, ventilation et climatisation de l’air
4
Le projet de recherche s’inscrit dans le contexte très présent des changements actuels du
climat planétaire. Le réchauffement de la planète indique des augmentations de
températures causées par une présence plus grande de gaz à effet de serre dans
l’atmosphère qui empêche l’évacuation de la chaleur de la terre vers l’espace (Enright
2001).
Figure 4 - Projection de la température annuelle pour les années 2080 selon le modèle
canadien 2-A21 (Institut canadien d’études climatologiques 2004)
La figure 4 présente les résultats du modèle de prévision canadien qui indique une tendance
générale au réchauffement de +4 à +6oC partout sur le sud du Québec d’ici 2080
(Ressources Naturelles Canada 2004). Cette perturbation climatique entraîne une
redistribution mensuelle de la consommation énergétique des mois d’hiver vers les mois
d’été ainsi qu’une modification de la pointe de chaque mois (Guimont 2002). Pour la ville
7
90
80
associé à la consommation énergétique
70
60
50
40
30
20
10
0
1985 1990 1990 1992 1992 1995 1995 2000 2000
R-11 R-11 R123 R-11 R123 R123 R123b R123 R123b
Les refroidisseurs ont connu des progrès technologiques remarquables au cours des
dernières années et les systèmes de climatisation modernes permettent de rencontrer de
hautes performances énergétiques. Le potentiel du réchauffement du climat associé aux
refroidisseurs récents a diminué de 48% par rapport à celui d’il y a 20 ans (figure 5) et ce,
notamment en raison des nouveaux réfrigérants moins polluants, d’un meilleur contrôle des
fuites et une grande amélioration de la performance mécanique des compresseurs (Calm
2002).
Le 21e siècle, plutôt que d’être marqué par la consommation illimitée des
ressources, devra refléter les exigences de la viabilité écologique.
(Cole 2000)
Un compte à rebours alarmant est enclenché et il faut agir rapidement avant que le
réchauffement climatique ne vienne limiter les possibilités de refroidissement passif par la
ventilation naturelle.
des établissements sont basées sur ce modèle rationnel qui traduit la réponse des occupants
par la physique et la physiologie du transfert thermique.
Pour des activités sédentaires ou légères exercées par des personnes portant une tenue
vestimentaire estivale normale, la température opérative limite de la zone de confort est de
27oC pour un environnement avec 55% d’humidité relative.
La température opérative de confort peut, par contre, être augmentée jusqu’à 29oC si la
vitesse de l’air est accrue au-dessus de 0,2 m/s. Le standard de confort thermique à
l’intérieur d’un établissement spécifie que la température opérative ne doit pas varier de
plus de 0,5oC à l’heure.
Ainsi, par sens professionnel, les ingénieurs, référés à des limites de confort thermique
exiguës, doivent souvent imposer leur veto sur des approches passives de contrôle
thermique des bâtiments et les dotent inconditionnellement de systèmes mécaniques de
CVAC (Brager et de Dear 2000).
12
On assiste donc de plus en plus à une mouvance de la science du bâtiment vers une ré
humanisation de la technologie du confort en redonnant à l’utilisateur le moyen de
modifier, d’adapter son environnement immédiat. Buildings don’t use energy, people do
(Brown et al. 2004).
Les normes de confort thermique, basées sur le modèle rationnel d’équilibre thermique
discuté précédemment, ne considèrent que partiellement l’adaptation du comportement de
l’occupant. Alors que la modification de l’habillement et l’ajustement de la vitesse des
mouvements d’air locaux sont considérés, la dimension psychologique de l’adaptation est
ignorée. Cet aspect est particulièrement important dans le contexte où l’occupant d’un
bâtiment ventilé naturellement interagit avec son environnement (ouverture/fermeture des
ouvrants mis à sa disposition) pour contrôler son niveau de confort (de Dear et Brager
2002). Baker a nommé ces possibilités de contrôle opportunités d’adaptation (Baker et
Standeven 1996).
13
Humphreys fut le premier à aborder la question du confort thermique avec un regard sur le
mode d’opération du bâtiment et le climat dans lequel il est implanté (Humphreys 1978).
La figure 8 illustre les résultats d’une étude en terrain réalisée dans le but d’analyser la
température de confort des occupants en fonction de la température extérieure et ce, pour
des bâtiments en mode mécanisé et pour des bâtiments en mode libre (sans système de
climatisation mécanique).
Des études subséquentes (de Dear et al. 1997; Humphreys et Nicol 2000) ont démontré les
mêmes tendances révélant que les occupants de bâtiments ventilés naturellement acceptent
et préfèrent une plage de confort significativement plus élargie que les occupants de
bâtiments mécanisés. Ces différences de perception de confort dans un bâtiment ventilé
naturellement ne peuvent être entièrement expliquées par les facteurs physiques de
l’équilibre thermique du corps tel que suggéré par la théorie conventionnelle du confort
(Brager 2004).
(Brager 2004)
14
Il apparait clairement de la littérature consultée que les occupants manifestent un plus grand
taux de satisfaction et présentent un plus grand degré de tolérance aux variations de
conditions thermiques de leur environnement intérieur s’ils peuvent y exercer un certain
contrôle.
Cette nouvelle norme n’est pas à ce jour en application et fait l’objet de différentes critiques
dans la communauté scientifique. Certains notent que la constante de temps devrait être
davantage d’ordre journalière que mensuelle (Hensen et Centnerova 2001) i.e. que la plage
de confort devrait être fonction des fluctuations des conditions météorologiques
quotidiennes plutôt que de la température moyenne mensuelle.
Les symptômes liés au syndrome de l’édifice hermétique (SEH) ont émergé au début des
années 80 et constituent une préoccupation importante sur la santé et l’hygiène dans les
espaces de travail (Chao et al. 2003). La circulation d’air y est canalisée et distribuée par
des gaines vers les systèmes mécaniques de traitement d’air. L’environnement intérieur est
ainsi homogène et contrôlé pour satisfaire la majorité des occupants et les possibilités de
modifier ses paramètres sont limitées.
Les bâtiments non-climatisés présentent moins de cas symptomatiques que les bâtiments
climatisés et ce, en dépit que la qualité de l’air mesurée pour ces derniers soit meilleure
(Burge 2004). La figure 10 présente les résultats des travaux en terrain de Burge et indique
que les bâtiments dotés de refroidissement mécanique présentent plus de cas
symptomatiques que les bâtiments non-climatisés.
17
Figure 10 - Nombre moyen de symptômes par occupant reliés au SEH relevé lors d’une
étude en terrain pour des bâtiments avec et sans refroidissement mécanique (Burge 2004)
Les architectes, désireux d’incorporer des stratégies passives comme mesure d’efficacité
énergétique, doivent collaborer étroitement avec les ingénieurs en mécanique afin de
valider les performances thermiques anticipées (Brager et de Dear 2000). Selon les
assemblées plénières des dernières années de l’ International Building Performance
Simulation Association (IBPSA 2003), on note que l’interaction entre l’ingénieur et
l’architecte doit être améliorée. Les ingénieurs et les architectes doivent davantage
collaborer d’une manière étroite et ce, plus tôt dans le processus de conception du bâtiment.
Pour ce faire, on doit reconnaître la nature non déterministe et transdisciplinaire de l’acte de
concevoir. Alors que les architectes travaillent avec l’espace et la matière, les ingénieurs
travaillent en systèmes et par flux. Plus fondamentalement, ces deux approches tentent de
résoudre la même équation énergie-confort dynamiquement dans le temps. Comment dès
lors intégrer ces notions systémiques de l’ingénieur aux notions perceptuelles de
l’architecte ? La science du bâtiment s’interroge actuellement sur la façon de présenter et
discuter, à la phase concept, des hypothèses de design de manière à améliorer la qualité de
la conception et sur la manière de partager ces connaissances au sein d’une équipe
multidisciplinaire.
simulation devraient être davantage utilisés, mais ces-derniers ne sont pas adaptés à cette
phase où beaucoup d’informations ne sont pas encore précisées (André et al. 1999).
Il y a un réel besoin d’outils flexibles, simples et rapides qui peuvent être utilisés très tôt
dans le processus de conception afin d’évaluer sommairement l’impact des premières
décisions et ainsi être en mesure de convaincre les différents intervenants de l’approche
préconisée (Balcomb 1998; Lewis et Lunneberg 2001).
Les différentes approches de prédiction disponibles sont classées selon différents degrés
d’abstraction correspondant à la précision désirée et aux informations disponibles. Un
survol des outils existants en ventilation naturelle permet de réaliser la prédominance des
outils d’analyse sur les outils d’aide à la conception. Les outils sont en général complexes
et présentés dans une logique et une langue professionnelle plus près de l’ingénierie que de
l’architecture. Il est important que des outils simplifiés, accessibles et compréhensibles
20
soient disponibles auprès des architectes pour que l’intégration des stratégies de ventilation
naturelle soit efficace.
1.4.2 Hypothèse
En phase préconcept d’un projet de bâtiment ventilé naturellement, un outil simplifié peut
atteindre un degré de précision suffisant pour estimer adéquatement les principales
caractéristiques architecturales et sa performance sur les besoins de refroidissement.
2 Méthodologie de la recherche
La présente recherche consiste à développer une méthode qui permet, pour un bâtiment
donné et un climat spécifique, d’évaluer le potentiel de la climatisation passive par la
ventilation naturelle. L’essentiel de la méthode consiste à développer un modèle analytique
et de l’intégrer à un outil informatique facile d’utilisation.
Un modèle2 est une représentation mathématique des relations qui existent réellement ou
qui, par hypothèse, semblent exister entre des phénomènes pour en réaliser une étude
analytique. Les modèles en ventilation naturelle permettent d’évaluer le débit et la direction
de l’air échangé, sans moyen mécanique, entre le bâtiment et son environnement extérieur
en fonction des caractéristiques architecturales, climatiques et thermiques. Les différents
modèles analytiques disponibles sont classés selon différents degrés d’abstraction
correspondant à la précision désirée et aux informations disponibles. Deux grandes
catégories de modèles peuvent être distinguées : les modèles macroscopiques (empirique,
analytique simple, analytique complexe) et les modèles microscopiques (analytique-
expérimental, numérique). Les différents modèles analytiques sont bien détaillés dans les
ouvrages suivants : (Li 2002), (Emmerich et al. 2001), (Orme 1999), (Allard 1998) et
résumés dans le tableau 1.
2
(1979) Conseil international de la langue française
22
Analytique
POMA19, SPARK20
empirique
Multi
Microscopique
zones
Analyse
CFX21
numérique
3 BS 5925 (1980). Code of Practice for Desi gn of Buildings : Ventilation principles and designing for natural ventilation. British
Standards Institution, London.
4 ASHRAE Fundamental Handbook (1985). Ch. 22. Natural ventilation and infiltration. American Society of Heating, Refrigeration and
Air-Conditioning Engineers, Atlanta, GA.
5 Aynsley, R.M., W. Melbourn and B.J. Vickery (1977). Architectural Aerodynamics. Applied Science Publishers, London.
6 DeGidds, W. and H. Phaff (1982). Ventilation Rates and Energy Consumption due to Open Windows. Air Infiltration Review, Vol.4,
No. 1, pp. 4-5.
7 Liddament M. (1996). International Energy Agency
8 Santamouris, M. (1997). University of Athens, Commission of the European Communities.
9 Walker I.S., Wilson D.J., (1990). The Alberta air infiltration model, University of Alberta.
10 Sherman and Grimsrud (1980) et Sherman and Modera (1986).
11 Feustel, H.E. (1998). Lawrence Berkeley National Laboratory, CA.
12 Li, Yuguo. (2000).
13Walton, G.N. (1999). National Institute of Standards and Technology, Building and fire research technology
14 National Institute of Standards and Technology, Building and fire research technology
15 Dascalaki, E. The AIOLOS software. Natural Ventilation in buildings : a design handbook. Pp.327-352 (1999).
16 Pascool research Program, The European commision
17 Walton, G.N. (1988). AIRNET, A Computer Program for Building Air Flow Network Modeling. National Institute of Standards and
Technology
18 BRE (1992). Building Reasearch Establishment, UK.
19 Lin, Y. (1999) "POMA - A Zonal Model for Airflow and Temperature Distribution Analysis", Thesis, M.A.Sc. (Building),
Department of Building, Civil and Environmental Engineering, Concordia University, Supervisor: F. Haghighat.
20 Lawrence Berkeley National Laboratory (1997).
21 ANSYS Inc. (2001)
23
Figure 11 - Pattern de circulation des flux de ventilation pour les modèles à zone thermique
unique et les modèles à plusieurs zones thermiques (Orme 1999)
24
Il existe aussi des modèles empiriques à zone thermique unique. Ces modèles sont basés sur
des corrélations générales par des déductions théoriques ou expérimentales.
obtenir en tout point des façades la pression éolienne exercée et le pattern de distribution
générés dans chacune des pièces du bâtiment. Les modèles microscopiques sont puissants,
mais beaucoup trop complexes et exigeants sur le plan informatique pour constituer une
approche envisageable à l’étape de la conception préliminaire d’un bâtiment (Allard 1998).
L’outil HUVENT est développé selon un modèle analytique à zone thermique unique et est
basé sur les équations fondamentales de la mécanique des fluides et de la
thermodynamique. Le modèle permet de calculer le débit volumétrique d’air échangé par la
ventilation naturelle. Le modèle développé est basé essentiellement sur la méthode
présentée par Axley (Axley et Emmerich 2002).
(Heiselberg 2002)
Ce qui distingue le modèle HUVENT des outils existants, c’est sa possibilité de pouvoir
faire la démarche inverse, i.e. de fournir la dimension d’ouvrant nécessaire par mur
extérieur de l’espace étudié (Aψ) qui permet d’évacuer la surchauffe du bâtiment. Cette
fonctionnalité, basée sur les mêmes équations fondamentales que la modèle développé par
Axley, se démarque des autres modèles et outils disponibles.
Le flux de circulation d’air du modèle HUVENT est défini par un réseau de maillage à zone
thermique unique (modèle nodal simple). Un modèle nodal consiste à créer un réseau de
nœuds permettant de définir l’ensemble des relations thermodynamiques entre les
différentes « entités » physiques d’un espace et de son environnement. On entend par entité
physique (nœud) tout élément dont les propriétés thermodynamiques sont semblables :
espace intérieur et chacune des façades. Les connexions (mailles) représentent quant-à-elles
26
les patterns de circulation d’air possible. Utilisé par Guimont pour l’étude du transfert
thermique par la masse thermique des bâtiments (Guimont 2002), le modèle nodal est bien
adapté pour représenter les interactions thermiques entre les divers éléments du système
bâtiment-environnement.
La figure 12 illustre le modèle nodal d’un espace quelconque composé de quatre façades
munies d’ouvertures. L’espace intérieur est défini par un nœud ainsi que chacune des quatre
façades qui sont exposées à des niveaux de pression différents. Suivant une maille donnée,
la circulation d’air ne peut qu’être orientée dans une seule direction, i.e que tout le flux est
orienté vers le nœud suivant. Ainsi, la double-circulation au travers d’un même ouvrant
n’est pas considérée par cette représentation en réseau.
Le modèle analytique est basé sur l’équation fondamentale de Bernoulli (ASHRAE 2001).
Cette équation de la mécanique des fluides met en relation la vitesse d’un écoulement et
son degré de pressurisation. Ainsi, selon le différentiel de degré de pression retrouvé à la
façade du bâtiment, le débit volumétrique d’air qui s’écoule au travers chacune des
ouvertures est obtenu d’après la loi de puissance d’un orifice (équation 2.1).
q = Cd A ( 2 ∆P / ρ )½
(2.1)
27
L’espace intérieur est modélisé en une seule entité thermique dont la température intérieure
est considérée constante et uniforme dans l’espace. Chacun des murs extérieurs étudiés ne
peut être composée que d’une seule ouverture; la superficie d’ouverture par mur extérieur
de l’espace étudié (A) correspond ainsi à la superficie totale des ouvrants qui composent le
mur extérieur de l’espace étudié.
(2.2)
où : U = vitesse du vent (m/s)
emmagasinée est égal au taux d’énergie produit par le volume de contrôle (gains
thermiques) moins le taux d’énergie échangé avec son environnement immédiat (pertes
thermiques par l’enveloppe et les pertes thermiques par échange convectif). Pour conserver
l’état d’équilibre statique, le taux d’énergie emmagasinée est nul; aucun effet dynamique
n’est ainsi considéré. C’est donc dire que toute l’énergie calorifique échangée par la
ventilation naturelle correspond aux gains thermiques totaux contenus dans le bâtiment
(occupants, éclairage artificiel, rayonnement solaire, équipements divers) moins les pertes
thermiques par conduction de l’enveloppe du bâtiment (équation 2.3) pour maintenir
l’équilibre gains-pertes.
k Aenvl ( ∆T ) + ρ cp q ( ∆T ) - E = 0
(2.3)
où : ∆T = Tint – Text
k = conduction globale de l’enveloppe (W/m2ּoC)
Aenvl = superficie totale de l’enveloppe (m2)
cp = chaleur spécifique de l’air (J/(kgּoC)
E = puissance des gains thermiques totaux (kW)
Un réarrangement de l’équation 2.3 permet d’isoler le débit volumétrique d’air échangé par
la ventilation naturelle (équation 2.4).
q = [ E – k Aenvl ( ∆T ) ] / ( ρ cp ∆T )
(2.4)
En résumé, le principe de calcul du modèle HUVENT est basé sur la fluctuation du flux
d’air de ventilation pour conserver l’équilibre thermique du bâtiment en fonction des pertes
calorifiques par conduction de l’enveloppe et des gains thermiques totaux. Le modèle
analytique permet par la suite d’évaluer la superficie d’ouvrant nécessaire pour que ce flux
de ventilation s’écoule librement en fonction du niveau de pression que le bâtiment génère
par rapport aux forces naturelles disponibles.
Le modèle développé considère des gains thermiques totaux fixes dans le temps : gains
internes (éclairage artificiel, occupants, équipements) et gains solaires par rayonnement
(équation 2.5).
E = Ei + Es
(2.5)
PET (Potvin et al. 2004) est un outil thermique développé spécifiquement pour la pratique
architecturale par le Groupe de recherche en ambiances physiques (GRAP) de l’École
d’architecture de l’Université Laval. L’outil PET peut convenablement complémenter
HUVENT pour l’évaluation de la charge thermique du bâtiment.
Le différentiel de pression total d’un ouvrant (équation 2.6) est égal à la somme des
différentiels de pressions éolienne (ventilation transversale) et thermique (effet de
cheminée).
∆P = Ptherm ± Pvent
(2.6)
P vent = ½ Cp ρext U2
(2.7)
a) Milieu bâti
Afin de tenir compte des perturbations aérodynamiques du milieu bâti et des conditions
topographiques du site, le modèle HUVENT ajuste la vitesse éolienne extraite du fichier
climatique (mesurée à une station météorologique) en fonction des particularités des
conditions de terrain retrouvées au site d’implantation. Ce facteur d’ajustement est basé sur
l’équation 2.8, méthode adoptée par la British Standards Institution (BS5925 :1991).
U = Umet γ za
(2.8)
où U = vitesse du vent (m/s) au niveau du toit de l’espace étudié;
Umet = vitesse du vent (m/s) au niveau de référence de la station météo;
a et γ = constantes qui caractérisent le site d’implantation (voir tableau 3);
z = niveau de référence (m) du toit de l’espace étudié.
33
b) Obstructions environnantes
Les travaux empiriques en soufflerie de Liddament ont permis d’évaluer l’influence des
obstructions environnantes sur le niveau de pression éolienne à chacune des façades
(Liddament 1986).
coefficients de pression compte tenu d’une part des variations de la forme architecturale et
de la complexité du contexte bâti mais surtout, de la non-représentativité de la nature
stochastique du vent. L’évaluation précise des coefficients de pression exige encore de nos
jours un travail important et complexe (Heijmans et Wouters 2002). Les valeurs tabulées,
telles que celles du modèle Liddament, sont très simples d’utilisation, mais présentent une
représentativité limitée. D’ailleurs, il est compris que l’incertitude quant à la valeur exacte
du coefficient de pression des façades est une limite importante de représentativité des
résultats de tout outil de simulation sur la ventilation naturelle (Potvin et al. 2004).
Cd = A vcυ / A U
(2.9)
(2.10)
Pour un scénario où la quantité d’ouvrants se retrouve exclusivement sur l’un des murs
extérieurs de l’espace étudié, la conservation des volumes ne peut être rencontrée par le
raisonnement unidirectionnelle des flux d’air. Pour cette situation particulière où la
ventilation ne peut être générée que par une seule façade (single-sided ventilation),
HUVENT s’appuie sur une méthode empirique (British Standards) pour estimer le débit
d’air qui circule par double circulation au travers de l’ouvrant (équation 2.11). L’équation
est fonction du différentiel de température retrouvé entre l’environnement extérieur et
intérieur et par la grandeur verticale de l’ouverture (figure 17).
Figure 17 - Coupe d'un espace ventilé par une seule façade (par l’auteur 2005)
q = ⅓ Cd A [ ∆T g houv / Text) ] ½
(2.11)
où: houv = dimension verticale de l’ouverture (m)
Text = température sèche extérieure (oC)
La dimension des ouvrants (A) représente la superficie totale des ouvrants pour un mur
extérieur de l’espace étudié, i.e. que le flux d’air entier (q) circule dans une direction
donnée au travers un ouvrant de dimension A (figure 18).
a) Conditions favorables
Le dimensionnent des ouvertures est calculé pour la période climatique où les conditions
hygrothermiques sont « favorables » à la ventilation naturelle; i.e. les conditions sont
38
comprises entre 13oC au thermomètre sec (TS) et 26oC TS avec un ratio d’humidité
inférieur à 0,012 (correspond à une température humide de 17oC). Ces conditions
définissent la période favorable à la ventilation naturelle, tel que considérées par Bourgeois
(Bourgeois et al. 2002b).
La température maximale de la période favorable, 26oC TS, est établie pour qu’un
différentiel de température minimal de 1 oC ( ∆T ≥ 1 oC ) soit retrouvé entre la température
extérieure (26oC) et la température intérieure (27oC, voir section 2.2.3.4) de manière à
maintenir une capacité sensible de refroidissement par échange convectif.
La limite d’humidité relative pour la période favorable, ratio d’humidité inférieur à 0,012,
est déterminée en référence à la norme de confort ASHRAE (ASHRAE 2004). Cette limite,
établie originalement pour des environnements mécanisés (voir 1.3.2), constitue une
contrainte importante, voir difficilement surmontable, pour maintenir les conditions
favorables par moyens passifs. Le contrôle de l’humidité relative à l’intérieur de la zone de
confort thermique normalisée demeure le paramètre physique le plus difficile à assurer dans
le contexte du climat québécois (voir chapitre 4).
A = q / [ Cd ( 2 ∆P / ρ )½ ]
(2.12)
La figure 19 représente schématiquement la fonctionnalité « dimensionnement des
ouvrants » du modèle HUVENT.
Gains thermiques à
évacuer
Calcul de la superficie
d’ouvrant
En finalité, la dimension d’ouvrant calculée par HUVENT correspond à une valeur basée
sur les statistiques des données météorologiques horaires. Pour chacune des heures de la
période favorable, si l’occupant du bâtiment a la possibilité de profiter du plein potentiel
des pressions naturelles disponibles, la dimension d’ouvrant par mur extérieur de l’espace
étudié calculée permet d’offrir des conditions thermiques confortables pour un certain
pourcentage de temps (Ψ). Ce critère de performance est fixé par le concepteur. La section
suivante (2.2.5.2a) décrit plus en détails cette méthode d’analyse.
40
Une fois les calculs horaires réalisés, une analyse statistique permet d’évaluer la superficie
d’ouverture nécessaire (Aψ) pour permettre la circulation du débit volumétrique total (q)
afin de rencontrer une performance thermique donnée (ψ). L’analyse statistique, de type
descriptive, est faite par divisions en centiles. Un centile est défini comme étant un point
parmi une distribution de données en-dessous duquel, un certain pourcentage des valeurs
sont inférieures à ce point. Cette technique permet de situer une valeur donnée par rapport à
l’ensemble des résultats en tout point de sa distribution.
En général, le débit d’air frais nécessaire pour répondre aux besoins de qualité d’air est plus
petit que le débit d’air nécessaire pour répondre aux besoins thermiques (Allard 1998). La
valeur de la superficie d’ouvrants nécessaire aux besoins de qualité d’air demeure tout de
même intéressante à connaître pour le concepteur afin d’établir le besoin minimal
d’ouvrants.
43
HUVENT est développé sur le logiciel Excel™ afin d’être facilement accessible par le
concepteur et d’utiliser le grand potentiel d’études comparatives de type paramétrique de ce
support. Le processus itératif d’ajustement des déterminants physiques est très bien adapté
au principe similaire d’itérations dans le processus de création architectural (Potvin et al.
2004). Zeisel décrit le processus de conception comme étant un développement cumulatif,
répétitif et itératif d’une série de mises à l’épreuve des idées et des images qui permettent
au concepteur de réviser sa solution et d’obtenir une réponse plus fine et précise au
problème (Zeisel 1984) (figure 21). L’outil HUVENT vise à respecter cette démarche du
processus de conception architecturale.
L’outil développé pour la présente recherche se distingue des autres modèles simplifiés car
il permet à l’architecte de calculer la dimension des ouvrants nécessaires pour évacuer la
surchauffe d’un bâtiment ventilé de façon naturelle. Basé sur les mêmes équations
fondamentales de l’aérodynamisme et de la thermodynamique, HUVENT apporte certaines
améliorations à la procédure de calcul puisqu’il permet de :
• dimensionner les ouvrants pour répondre aux besoins de qualité d’air intérieure et
de confort thermique.
données sont tirées de fichiers normalisés selon les formats les plus courants, canadien
(*.CW2) et international (*.IWC). La figure 24 présente le bouton pour lancer
l’importation des données climatiques.
L’importation est ensuite lancée et les données météorologiques requises par le système
sont enregistrées dans la feuille « Données climatiques » de l’outil (figure 27). À la suite de
49
L’étape suivante consiste à déterminer les critères retenus pour établir la période de
refroidissement requis ainsi que la période pour laquelle les conditions sont favorables à la
ventilation naturelle. Ces deux périodes sont déterminées par les critères suivants qui
s’appliquent aux données climatiques importées (8760 lectures horaires) :
50
Après avoir inscrit les cinq valeurs appropriées, en cliquant sur le bouton « Lancer la
sélection de la période favorable », les lectures horaires rencontrant les critères retenus sont
extraites et enregistrées dans les feuilles « Période favorable » et « Période de
refroidissement ». Les résultats du nombre d’heures retenues pour chacune des périodes
apparaissent à la fin de cette opération (figure 28).
Les valeurs moyennes de la température sèche et de la vitesse du vent ainsi que la direction
des vents dominants pour la période favorable sont inscrites automatiquement à la feuille
« Outil » (figure 23).
Comme l’indique le message de confirmation (figure 29), l’étape à venir consiste à définir
le terrain et le milieu bâti.
51
Afin de mieux représenter la circulation d’air au site où doit être érigé le bâtiment,
l’utilisateur sélectionne au moyen de deux listes déroulantes le contexte où est prévue la
construction du bâtiment et la hauteur relative des obstructions environnantes (figure 30).
C’est à ce moment aussi que l’utilisateur indique la hauteur projetée du toit du bâtiment.
Ces paramètres influencent directement la vitesse du vent et la pression de vent qui sera
exercée sur les façades du bâtiment projeté.
renouvellement d’air visé pour assurer une qualité d’air intérieur adéquate (voir section
2.2.5.3). L’utilisateur entre ces paramètres physiques en se référant à des valeurs typiques
suggérées dans des tableaux retrouvés en commentaires des cellules à remplir.
a) Orientation du bâtiment
L’orientation du bâtiment est déterminée par la valeur de l’azimut de la normale à la
« façade principale »; i.e. l’angle compris entre le nord géographique et la perpendiculaire
de la façade principale. L’orientation est mesurée en degrés (0-360o) dans le sens horaire.
Cette valeur est déterminante pour établir les coefficients de pression des façades (voir
section 2.2.4.1c).
b) Nombre d’étages
L’utilisateur doit entrer dans cette partie, les dimensions de l’espace étudié. Une liste
déroulante permet d’entrer le nombre d’étages du bâtiment projeté parmi deux choix : trois
étages ou moins, quatre étages ou plus. Cette valeur est déterminante pour établir le
coefficient de pression de la façade (voir section 2.2.4.1c).
c) Dimensions de l’espace
Le concepteur doit ensuite, en référence à la façade principale, entrer la largeur de l’espace,
la profondeur et la hauteur de l’espace. Ces valeurs sont déterminantes pour établir le
coefficient de pression des façades (voir section 2.2.4.1c) et le calcul du taux de
renouvellement d’air (voir section 2.2.5.3).
De plus, dans cette section l’utilisateur entre la dimension verticale des ouvertures, i.e. la
hauteur de l’ouvrant. Cette valeur est considérée seulement pour les scénarios de ventilation
par une seule façade (voir section 2.2.4.3).
54
Il est important de rappeler que le modèle analytique de HUVENT ne peut considérer plus
qu’une ouverture par mur extérieur de l’espace étudié. Ainsi, il n’est pas possible de
représenter avec HUVENT un mur extérieur qui serait composée d’ouvertures à son niveau
inférieur et d’ouvertures au niveau supérieur de ce même mur. Développer un outil
permettant de considérer plus d’une ouverture par mur extérieur de l’espace étudié aurait
complexifié considérablement le modèle de calcul et ce, en raison du nombre plus élevé de
possibilités de patterns de circulation d’air. Seul un modèle résolu par calculs itératifs
permettrait de solutionner de tels scénarios.
Le concepteur qui utilise HUVENT doit donc être conscient que la superficie calculée par
l’outil représente la superficie totale de l’ensemble des ouvrants compris sur un mur
extérieur de l’espace étudié. Le concepteur doit ainsi faire la correspondance entre cette
valeur totale obtenue et la superficie des ouvrants individuels projetés. Par exemple, si
HUVENT estime que 10 m2 d’ouverture est approprié, le concepteur pourrait alors
composer une façade de dix (10) ouvrants de 1 m2. Par contre, celui-ci doit être averti que
de telles correspondances ne peuvent être équivalentes du fait que le coefficient de
décharge d’une ouverture de 10 m2 n’est pas le même que celui d’une ouverture de 1 m2.
En général, plus la superficie d’ouverture est grande, moins elle perturbe l’écoulement
d’air, moins l’effet vena contracta est présent et, plus grand est le coefficient de décharge
(Allard 1998) (voir section 2.2.4.1d).
55
Cette section permet au concepteur d’analyser en détails les degrés de pression naturelle de
chacun des murs extérieurs de l’espace étudié et de cibler les façades les plus avantageuses
à traiter et de déterminer la position verticale des ouvertures permettant de profiter du plein
potentiel de l’effet de cheminée. Les orientations et le positionnement vertical des
ouvertures sont ajustés par le concepteur pour assurer le flux de ventilation maximal.
L’ « état » de pressurisation de chacune des façades est indiqué à l’utilisateur par un code
de couleur attribué aux débits volumétriques (voir figure 33) :
Pour conserver l’état d’équilibre massique, l’espace étudié ne peut admettre plus d’air qu’il
n’en évacue. Donc, pour générer une circulation d’air, le concepteur doit penser à
56
positionner des ouvertures sur une ou des façades en « pression positive » (les façades
pressurisées peuvent admettre de l’air) et aussi sur une ou des façades en « pression
négative » (les façades sous-pressurisées peuvent évacuer de l’air). Ainsi, pour créer un
flux maximal, le concepteur a intérêt à disposer des ouvertures sur la façade la plus
« pressurisée » et sur la façade la plus « sous-pressurisée ».
Le concepteur détermine ainsi sur quelle(s) façade(s) les ouvrants sont disposés en
choisissant « oui » ou « non »; oui signifiant que la façade dispose d’ouvrants. Ces
informations permettent notamment à l’outil de détecter si l’espace se trouve dans une
situation de ventilation transversale ou de ventilation par une seule façade.
À titre de d’exemple, la figure 34 illustre un cas où aucune circulation d’air n’est générée
parce que les ouvrants sont exclusivement disposés que sur des façades sous-pressurisées
(façades 2 et 3).
Si, pour des façades distinctes, les ouvrants sont distancés verticalement l’un de l’autre, un
effet de cheminée sera généré (voir 2.2.4.2). Étant donné que la masse volumique de l’air
admis est plus élevée que celle de l’air évacué, l’apport en air frais se fait par l’ouverture
inférieure et l’évacuation de l’air intérieur se fait par l’ouverture supérieure (l’air intérieur
est plus chaud que l’air extérieur).
Dans ce sens, le concepteur a intérêt à positionner les ouvertures qui contribuent à l’effet de
cheminée en respectant l’état de pressurisation des façades :
57
Ainsi, pour l’espace étudié, le concepteur détermine pour chacun des murs extérieurs
composés d’ouvertures, leurs positions verticales projetées à l’aide d’un menu déroulant:
niveau supérieur ou niveau inférieur (voir figure 35).
Si les ouvertures du bâtiment ne sont pas distantes verticalement, aucun effet de cheminée
ne sera généré.
58
La dimension des ouvertures (Aψ) pour assurer un confort thermique est calculée et
indiquée dans un encadré (voir figure 37). La dimension minimale des ouvertures
nécessaire pour assurer une qualité d’air intérieure (AQAI) y est aussi indiquée dans un
encadré. Rappelons que les superficies calculées représentent l’aire totale d’ouvrants par
mur extérieur de l’espace étudié (voir figure 18).
Pour faciliter l’analyse ultérieure des résultats et la sélection des choix optimaux,
l’utilisateur a la possibilité de nommer chacun des scénarios qu’il enregistre avant de
presser sur le bouton « Journaliser ces résultats » (figure 38). Cette fonction enregistre dans
59
la feuille «Résultats» l’ensemble des résultats et des paramètres ayant conduit à ces
résultats (voir figure 39).
Cette section présente l’étude de validation réalisée dans le but de vérifier la conformité de
l’outil HUVENT et d’en soulever ses limites. Il est estimé qu’une analyse comparative
entre les résultats obtenus avec HUVENT et les résultats obtenus avec un outil de
ventilation naturelle validé par la communauté scientifique permet de rencontrer cet
objectif.
Le but de l’étude de validation est de s’assurer que l’outil génère des résultats cohérents
avec la logique des principes fondamentaux de la ventilation naturelle. Plus spécifiquement,
en référence avec les objectifs de la présente recherche (voir section 1.2), l’étude de
validation a pour objectif de vérifier que HUVENT peut mesurer correctement, sur une
base relative, l’influence de certains choix architecturaux quant à leur capacité à refroidir
un bâtiment par la ventilation naturelle. Ainsi, l’étude de validation vise à vérifier que
HUVENT génère des résultats sensés qui pourront assister convenablement les
concepteurs afin de prendre des décisions architecturales rationnelles quant à la
performance de la ventilation naturelle.
Afin de valider les résultats de l’outil HUVENT, ceux-ci sont comparés aux résultats
obtenus par des méthodes éprouvées et reconnues par la sciences du bâtiment et dont le
degré de représentativité de leur méthode est équivalent à celui de HUVENT. La
comparaison inter-modèles est fréquemment utilisée afin d’évaluer la précision et la
fonctionnalité des outils de simulation (Guimont 2002).
Les scénarios de ventilation de type transversale et par effet de cheminée seront validés à
l’aide de la méthode British Standard (BS) (British Standards Institution 1980). La
validation de la méthode BS est discutée à la section 3.3.2.1.
61
Pour les scénarios de ventilation par une seule façade, HUVENT se base déjà sur la
méthode BS. Un autre modèle doit être employé pour valider ces scénarios spécifiques.
Ainsi, pour les scénarios de ventilation par une seule façade, HUVENT sera validé à l’aide
du logiciel AIOLOS (Dascalaki et al. 1999). La validation du logiciel AIOLOS est discutée
à la section 3.3.2.2a).
Le tableau 5 résume les modèles de référence attitrés aux différents types de ventilation
étudiés.
Pour calculer le débit volumétrique d’air échangé par la ventilation transversale et par effet
de cheminée combiné, cette méthode simplifiée à une seule zone thermique s’appuie à la
fois sur des principes théoriques et sur des données expérimentales. Le schéma de
circulation de l’air est illustré à la figure 40. La méthode BS propose sensiblement le même
23
À titre complémentaire, AIOLOS fera également l’objet de modèle de référence.
62
degré de représentativité que l’outil HUVENT et constitue une méthode qui convient au
type d’analyse comparative réalisée dans cette étude de validation.
Selon la littérature consultée, la méthode BS, est une méthode valide et éprouvée dans les
limites où celle-ci est utilisée comme approche approximative.
Le logiciel AIOLOS a été développé en 1998 dans le cadre d’un projet spécifique du
programme de la Commission européenne ALTENER visant à promouvoir les énergies
renouvelables au sein de l'Union européenne. Le but du projet AIOLOS était de créer du
63
a) Validation de AIOLOS
Le logiciel AIOLOS a été testé et validé par de nombreuses expérimentations dans le cadre
des travaux du projet PASCOOL. Le logiciel AIOLOS est basé sur une méthode analytique
complexe qui fait office de modèle de référence pour plusieurs analyses comparatives dont
récemment, celle de Breviglieri P. De Castro (Breviglieri Pereira De Castro et al. 2005). En
effet, AIOLOS a également été choisi par ces chercheurs comme logiciel de référence pour
valider leur modèle multizones nommé AEOLUS MZ qui permet de calculer les débits de
ventilation naturelle et qui peut être couplé au logiciel énergétique TRNSYS (Solar Energy
Laboratory 2000). Les résultats de l’étude de validation ont démontré une bonne
correspondance entre le modèle développé et le logiciel validé AIOLOS.
L’objectif de l’analyse comparative est de vérifier que le traitement accordé à chacune des
variables est valide. Les valeurs des variables calculées par HUVENT seront ainsi
comparées à celles du modèle de référence.
Tel que discuté précédemment, l’outil HUVENT calcule, selon un indice de performance
spécifié par l’utilisateur, la superficie d’ouverture nécessaire pour maintenir l’équilibre
thermique d’un espace (voir section 2.2.5.2).
Débit vol.
échangé
En raison des distinctions logiques et fonctionnelles entre les outils HUVENT, AIOLOS et
BS, l’utilisation de HUVENT a été adaptée de manière à pouvoir présenter des scénarios
d’inter comparaison basés sur la même représentation analytique des phénomènes
physiques impliqués. L’aspect «équilibre thermique de l’espace» a donc été retiré de cette
analyse comparative dans le but de valider spécifiquement les résultats « aérodynamiques »
de l’outil HUVENT. Ainsi, afin de générer des résultats comparables entre les modèles, les
fonctionnalités suivantes de l’outil HUVENT ont été « désactivées » afin d’isoler
correctement le traitement du calcul aérodynamique de l’outil HUVENT :
65
Pour la présente étude comparative, une série de variations paramétriques est exercée aux
variables des modèles comparés. Le tableau 6 résume les variables traitées et les paramètres
attribués au scénario de base de cette étude.
Les sections suivantes décrivent les différentes variables et paramètres analysés dans
l’étude comparative.
Le débit volumétrique échangé est un indice commun aux modèles HUVENT et AIOLOS
et BS. Le débit volumétrique échangé est ainsi retenu comme variable dépendante pour
cette étude de validation.
Pour les fins de l’analyse comparative, les variables suivantes sont fixes et les mêmes
valeurs ont été attribuées aux modèles étudiés.
a) Période d’étude
La période d’étude est établie à la journée du 21 juin de 8h00 à 20h00. Cette période a été
choisie car elle représente une journée type où la ventilation naturelle peut convenir à
refroidir un bâtiment. Bien qu’une canicule puisse survenir exceptionnellement, la fin juin
représente une période de l’année où les conditions météorologiques sont clémentes et
favorables à la ventilation naturelle (voir la section suivante au sujet des conditions
météorologiques de cette période).
Bien que les deux modèles puissent simuler la performance de la ventilation naturelle sur
une période plus longue (30 jours pour AIOLOS et 365 jours pour HUVENT), la période
d’étude a été restreinte à une seule journée dans le but d’analyser un scénario d’une journée
typique. Une étude comparative sur une plus longue période de temps serait pertinente si la
66
b) Conditions météorologiques
Les conditions météorologiques pour la période d’étude sont extraites du fichier météo
normalisé CWEC de la Ville de Québec. Pour le 21 juin, de 8h00 à 20h00, les conditions
météorologiques sont les suivantes :
d) Dimension de l’ espace
Le volume de l’espace intérieur est fixé à 30 m3 pour l’outil HUVENT et le logiciel
AIOLOS.
Pour l’analyse comparative, la superficie de chacune des ouvertures est fixée à 1,0 m2 pour
les modèles étudiés.
Le logiciel AIOLOS bénéficie de cette même fonctionnalité et les méthodes utilisées sont
exactement les mêmes que celles du modèle HUVENT : British Standards BS5925-1991
pour les considérations du milieu bâti sur la vitesse du vent et les travaux empiriques de
Liddament pour l’établissement des coefficients de pression des façades.
Pour cette raison, ces paramètres sont fixés pour l’étude comparative :
• Milieu urbain;
• Obstructions environnantes à la mi-hauteur du bâtiment;
• Bâtiment de moins de 3 étages;
• Hauteur du toit à 2,5 m.
h) Orientation du bâtiment
Pour l’étude comparative, l’orientation du bâtiment est fixée à l’Ouest (Ω = 270o), i.e. la
direction de la normale à la façade principale est orientée vers l’Ouest.
Les coefficients de pression des façades ont été vérifiés pour les trois scénarios suivants :
La figure suivante présente les résultats des Cp calculés par AIOLOS et HUVENT (figure
42). Les valeurs des coefficients de pression des façades calculées par HUVENT sont
identiques à ceux calculées par AIOLOS.
0.8
0.6
0.4
0.2
HUVENT #1
0 AIOLOS #1
0 45 90 135 180 225 270 315 360 HUVENT #2
Cp
AIOLOS #2
-0.2 HUVENT #3
AIOLOS #3
-0.4
-0.6
-0.8
-1
Orientation de la façade
Afin de comparer les résultats des débits volumétriques calculés par l’outil HUVENT et les
modèles de référence, différents paramètres sont changés successivement de façon
indépendante afin d’en établir leur influence sur les variations du débit obtenu.
70
Pour les différents scénarios où les variables indépendantes sont variées successivement,
les résultats sont présentés sous forme de graphiques et tableaux. Le pourcentage d’écart
moyen des résultats des modèles BS et AIOLOS y sont inscrits.
En premier lieu, une simulation « de base » est effectuée avec les variables fixées telles que
décrites au tableau 6. Cette simulation constitue le point de départ pour l’analyse des
scénarios de ventilation transversale.
tableau 7). Les résultats de HUVENT sont donc compris à l’intérieur de la plage de valeurs
des deux modèles étudiés.
Afin de vérifier le bon comportement de l’effet de cheminée (la distance verticale entre les
ouvertures provoque un mouvement d’air), une série de simulations ont été réalisées en
variant successivement de 0 à 6 mètres la distance verticale entre les deux ouvertures de
l’espace. Les résultats des taux de renouvellement d’air calculés en fonction de la distance
verticale des ouvertures sont présentés dans le graphique suivant (figure 45).
Il apparaît que pour de grandes distances verticales entre les ouvertures (effet de cheminée
important), la méthode BS génère des résultats qui semblent en dehors de valeurs
acceptables. Ainsi, pour ces scénarios spécifiques, l’étude de validation s’est rabattue sur le
logiciel AIOLOS à titre de modèle de référence. Les courbes des résultats de HUVENT et
de AIOLOS, quant à eux, suivent la même tendance pour toute la plage de distances
verticales simulée (voir figure 43). Le pourcentage d’écart moyen a été établi (voir
tableau 8).
72
400
350
300
Taux de renouvellement
250
d'air (ch.air/h)
HUVENT
200 BS
AIOLOS
150
100
50
0
0 1 2 3 4 5 6
Distance verticale entre les ouvertures (m)
Figure 43 - Résultats de la variation de la distance verticale entre les ouvertures pour les
scénarios de ventilation transversale combinée à un effet de cheminée
Tableau 8 - Pourcentage d’écart moyen entre les résultats de AIOLOS et de HUVENT pour
les scénarios de ventilation transversale combinée à un effet de cheminée où la distance
verticale entre les ouvertures est comprise entre 0 et 6,0 mètres
Modèle Pourcentage d’écart
AIOLOS -
HUVENT +50%
En référence à la figure 43, pour les cas de ventilation transversale combinée à un effet de
cheminée avec une hauteur effective supérieure à 2,0 mètres, les débits volumétriques
calculés par la méthode BS sont largement supérieurs à ceux de AIOLOS et de HUVENT.
C’est donc dire que pour des cheminées de grande hauteur, l’effet thermique semble
surévalué par la méthode BS. Ces résultats « hors-proportion » s’expliquent du fait que la
méthode BS a été développée pour concevoir un espace de morphologie typique (i.e. un
espace d’une hauteur raisonnable, sans puits, ni atriums). Cette étude de validation a donc
73
Donc, pour les scénarios de ventilation transversale avec effet de cheminée (voir figure 43),
il apparaît que :
• Pour un faible effet de cheminée (hauteur effective inférieure à 1,0 mètre), les
résultats de HUVENT correspondent aux résultats de la méthode BS dans une
marge de ±25%;
• Pour un grand effet de cheminée (hauteur effective comprise entre 1,0 et 6,0
mètres), les résultats de HUVENT correspondent aux résultats du logiciel AIOLOS
selon une erreur relative constante de +50%;
• Les résultats obtenus par HUVENT suivent la même tendance que ceux obtenus par
AIOLOS;
• HUVENT traite la ventilation transversale correctement; et
• HUVENT traite l’effet de cheminée correctement;
La ventilation à une seule façade est générée par le différentiel de température présent entre
l’air extérieure et l’air intérieure. Ainsi, par une seule ouverture, une double circulation
d’air est provoquée en fonction de la dimension verticale de l’ouvrant : l’air intérieur étant
plus chaud que l’air extérieur, un flux d’air chaud est évacué par le haut de l’ouvrant et est
renouvelé par un flux entrant par la partie inférieure.
Initialement, une simulation « de base » est effectuée avec les variables fixées telles que
présentées au tableau 6 sous la colonne « scénario de base ». Cette simulation constitue le
point de départ pour les scénarios de ventilation par une seule façade.
74
Afin de vérifier le bon comportement de HUVENT, une série de simulations ont été
réalisées en variant successivement de 0 à 2,5 mètres la dimension verticale de l’ouverture.
Les résultats des taux de renouvellement d’air calculés en fonction de la dimension
verticale de l’ouverture sont présentés dans le graphique suivant (figure 44).
80
70
60
Taux de renouvellement
d'air (ch.air/h)
50
HUVENT
AIOLOS
40
30
20
10
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5
• Les résultats obtenus par HUVENT suivent la même tendance que ceux obtenus par
le logiciel AIOLOS.
Le pourcentage d’écart moyen entre les valeurs références et celles du modèle HUVENT a
été établi (voir tableau 10).
60
50
Taux de renouvellement
40
d'air (ch.air/h)
HUVENT
30
AIOLOS
20
10
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Les pourcentage d’écart moyen entre les valeurs références et celles du modèle HUVENT
ont été établis (voir tableau 11).
Ainsi, pour les scénarios de ventilation par une seule façade (voir figures 44 et 45), il
apparaît que :
77
• Pour les scénarios de ventilation transversale avec un faible effet de cheminée, les
résultats obtenus par HUVENT sont justes dans une marge de ±25%;
• Pour les scénarios de ventilation par une seule façade, les résultats obtenus par
HUVENT sont supérieurs aux résultats obtenus par le logiciel AIOLOS de l’ordre
de 50%;.
• Les valeurs des coefficients de pression des façades (Cp) calculées par HUVENT
sont identiques à celles calculées par AIOLOS et ne peuvent ainsi expliquer les
différences de résultats entre les deux modèles;
• Pour tous les scénarios étudiés, les résultats de HUVENT suivent la même tendance
que les résultats obtenus par le logiciel AIOLOS;
• L’outil HUVENT réagit correctement aux variations des différents paramètres;
• L’outil HUVENT fournit des résultats logiques et cohérents avec les principes
fondamentaux associés à la ventilation naturelle;
• L’objectif de l’étude de validation a été rencontré.
Il apparaît évident que l’outil HUVENT présente des résultats avec des écarts absolus
importants versus les modèles de référence employés dans cette étude de validation.
Toutefois, considérant que cet outil vise à assister les concepteurs à prendre des décisions
architecturales aux étapes préconcepts et que, HUVENT génère des résultats logiques et
cohérents avec les principes physiques impliqués, l’outil HUVENT demeure tout à fait
pertinent et utile au processus de conception. En effet, à ces étapes où les « quantités » ne
78
sont pas précisées, ce qui importe aux concepteurs c’est de pouvoir mesurer, sur une base
relative, l’influence d’un choix architectural sur un autre. Dans ce sens, ce qui est décisif
pour le concepteur c’est de pouvoir comparer des scénarios architecturaux et d’en évaluer
leurs impacts en terme de proportion.
Il faut enfin rappeler que les modèles analytiques simplifiés, tel que HUVENT, demeurent
des méthodes approximatives qui doivent être utilisées avec précautions (Allard 1998).
79
Sous notre climat dominé par des besoins en chauffage, l’applicabilité et l’intégration de la
ventilation naturelle sont souvent remises en question. Cette section dresse un portrait
comparatif des climats québécois et nord-européen en terme de potentiel d’application de la
climatisation passive par la ventilation naturelle. L’outil HUVENT peut aussi être utilisé
pour ce type d’analyse. La fonction de HUVENT qui permet de sélectionner la « période
favorable » des données météorologiques annuelles (voir section 3.2.1.1) sera utilisée afin
de comparer, pour chacune des villes étudiées, cette portion annuelle où les conditions
météorologiques conviennent à la climatisation passive. De plus, dans le but d’analyser le
potentiel d’application de la ventilation naturelle à différents climats, la dimension des
ouvertures d’un bâtiment témoin sera calculée par HUVENT pour chacune des villes
comparées. Les résultats y sont présentés et discutés. Pour cette analyse, l’utilisation de
HUVENT est profitable en raison des fonctions automatisées qu’offre l’outil et sa
simplicité et rapidité d’utilisation. Également, la journalisation des résultats (voir section
3.2.1.6) permet de présenter sur une même feuille les résultats des différentes simulations
ce qui facilite l’analyse comparative (voir figure 39).
Le climat québécois peut être qualifié de rude. Les conditions météorologiques des quatre
saisons sont extrêmes et importantes : hivers froids, étés chauds et humides. La figure 46
illustre la distribution de la température extérieure de la ville de Montréal pour la totalité
des heures annuelles, ville où réside un québécois sur quatre (Institut de la statistique du
Québec, 2003) :
• La température est inférieure à 13oC pour 65% de l’année; les bâtiments ont des
besoins dominants en chauffage (4450 degrés-jours de chauffage @18oC );
80
Conditions non-favorables à la
ventilation naturelle: TS > 26ºC OU
13ºC ≤ TS ≤ 26ºC ET ratio d'humidité >
0.012
7%
65%
Heures de chauffage: TS < 13ºC
Conditions non-favorables à la
5% ventilation naturelle: TS > 26ºC OU
13ºC ≤ TS ≤ 26ºC ET ratio d'humidité >
0.012
Conditions non-favorables à la
1% ventilation naturelle: TS > 26ºC OU
13ºC ≤ TS ≤ 26ºC ET ratio d'humidité >
0.012
3500
233
248
3000
653
60
49
2500
412
96
38
2000
3002
2780
2727
1500
2429
2383
2302
2179
2127
1000
500
0
Montréal
Berlin
London
Oslo
Copenhagen
Québec
Amsterdam
Stockholm
Conditions non-favorables à la ventilation naturelle: TS > 26ºC OU 13ºC ≤ TS≤ 26ºC ET ratio d'humidité > 0.012
Conditions favorables à la ventilation naturelle: 26ºC ≥ TS ≥ 13ºC ET ratio d'humidité ≤ 0.012
La figure 50, obtenue par le logiciel Ecotect™ (Marsh 2000), présente la rose annuelle des
vents pour la ville de Québec. On constate que la fréquence horaire la plus élevée observée
annuellement correspond aux vents provenant du secteur Ouest-sud-ouest à une vitesse
comprise entre 15 et 25 km/h (4,2 à 6,9 m/s).
84
Toutefois, il faut noter qu’à des fins de conception, ces données éoliennes doivent être
utilisées avec précautions (ASHRAE 2002). En effet, les fichiers climatiques utilisés par les
logiciels de simulation sont développés en vue de calculs énergétiques. Basée sur des
données enregistrées pour une ville donnée, la pondération statistique attribue une plus
85
Pour chacune des villes étudiées, les conditions météorologiques sont comparées l’une à
l’autre par l’expression de leur degré de pression totale disponible. Les degrés de pression
totale disponible tiennent compte conjointement de la pression éolienne et de l’effet de
cheminée tel que décrit à la section 2.2.4. Le calcul de la pression totale disponible est
effectué par HUVENT selon un bâtiment témoin positionné perpendiculairement à la
direction des vents dominants. La période d’étude pour chacune des villes étudiées est
définie par le critère de conditions favorables de chacune des villes étudiées (voir section
2.2.5.1a). Le calcul se base sur la vitesse moyenne des vents et la température moyenne de
la période favorable.
4.0
Pression thermique et du vent disponible (Pa)
Copenhagen
3.5
Amsterdam
3.0
London Berlin
2.5
Stockholm
Oslo
Québec
Montréal
2.0
20% 22% 24% 26% 28% 30% 32% 34% 36%
Pourcentage annuel des heures favorable à la ventilation naturelle (%)
Afin de comparer et quantifier les potentiels d’applicabilité du climat de chacune des villes
étudiées, l’auteur de cette recherche propose un indice d’applicabilité. Cet indice résulte de
la multiplication du pourcentage que représente annuellement la période favorable et la
valeur de la pression totale disponible. Plus l’indice obtenu est élevé, plus le climat
présente un potentiel d’applicabilité de la ventilation naturelle. Le tableau 12 présente
l’indice d’applicabilité de chacune des villes étudiées.
87
Copenhague 27 3,5 95 2
Berlin 34 2,5 86 3
Londres 32 2,5 79 4
Oslo 26 2,3 60 5
Stockholm 25 2,4 60 6
Montréal 28 2,1 58 7
Québec 24 2,2 53 8
24
Pourcentage annuel que représente la période favorable à la ventilation naturelle
88
Tableau 13 - Résultats des calculs de dimensionnement d’ouvertures pour les villes nord-
européennes, Montréal et Québec
différence
(m2) (%) (km/h) (oC)
Copenhague 0,32 -- 19 16,5
• La pression totale disponible pour les villes de Québec et Montréal sont inférieures
à celles calculées pour les villes d’Europe du Nord étudiées;
• Montréal profite de vents d’une vélocité moyenne inférieure à ceux de la plupart des
ville d’Europe du Nord; et
89
Les résultats de cette analyse du climat québécois révèlent donc qu’il semble inévitable que
les bâtiments soient dotés de systèmes de refroidissement mécaniques pour combler les
périodes météorologiques sévères qui pourraient mener à une surchauffe des espaces à
l’extérieur des zones de confort normalisées (7% annuellement pour Montréal et 5% pour
Québec). Néanmoins, au Québec, il demeure que pour la majorité des heures où le bâtiment
est en besoin de refroidissement (voir figure 49), les conditions météorologiques sont
favorables à la climatisation passive, c’est-à-dire qu’aucun moyen de refroidissement
mécanique ne serait nécessaire pour 79% du temps à Montréal, et 84% pour Québec.
4.4 Discussion
Toutefois, bien que le climat québécois apparaisse convenable à la ventilation hybride, les
normes et règlements en vigueur contraignent passablement les possibilités architecturales
dans la conception de bâtiments ventilés par systèmes hybrides (Bourgeois et al. 2002a).
Ces limites sont particulièrement contraignantes en matière de :
90
De plus, il ressort des travaux de différents chercheurs que, pour minimiser l’impact sur le
rendement énergétique du bâtiment, les systèmes hybrides doivent être dotés de divers
systèmes de contrôles relativement complexes, évolués, rapides et ajustables
individuellement (Emmerich et Crum 2005). Dans le contexte climatique québécois dominé
par des besoins en chauffage, où la zone de confort hygrothermique estivale est étroitement
normalisée et où des moyens de contrôle onéreux doivent être pris pour rendre compatible
le naturel et le mécanique, l’introduction de fenêtres ouvrantes peut ainsi sembler
problématique et pose, auprès des concepteurs et des propriétaires de bâtiments, des
complications qui soulèvent un questionnement quant à sa viabilité (Potvin et Demers
2005). La revue critique de Bourgeois (Bourgeois et al. 2004) permet de mettre en lumière
ces difficultés d’application et suggère des solutions à considérer pour les bâtiments
canadiens.
En période estivale, si l’occupant opte pour le mode libre, il n’a qu’à désactiver le
fonctionnement de son unité et ouvrir sa fenêtre. L’espace sera alors ni chauffé, ni climatisé
mécaniquement. L’arrêt des ventilateurs des unités individuelles et une diminution de la
charge appelée au refroidisseurs peuvent permettre des économies énergétiques.
91
Pour respecter l’apport normé d’air frais, l’espace demeure alimenté en air extérieur par une
conduite de ventilation indépendante. L’air extérieur n’est pas climatisé en période estivale
et en période hivernale, une unité d’air d’appoint tempère l’air extérieur par un système de
récupération d’énergie sur l’air évacué. Le système de récupération sur l’air évacué peut
demeurer pleinement opérationnel même en mode libre. Ce système conventionnel de
CVAC n’implique que des éléments de contrôles courants et apparaît viable à l’intégration
de fenêtres ouvrantes sans affecter négativement le bilan énergétique.
92
5 Conclusion
L’objet principal de la présente recherche est le développement d’un outil informatique qui
simule le phénomène de la ventilation naturelle : HUVENT. La réalisation de cet outil a
nécessité avant tout une analyse et une familiarisation avec les différentes méthodes de
calculs et logiciels de simulation dans ce domaine. Dans un second lieu, une étude des
principes physiques en cause et des équations les régissant a permis de développer le
modèle simplifié HUVENT. Enfin, suite à la programmation du modèle sur l’application
Excel™, une étude de validation a permis d’évaluer le degré de précision de l’outil
HUVENT et d’en cerner ses limites.
architectes afin de vérifier ces hypothèses. Il est toutefois prévu qu’à court terme, l’auteur
de cette présente recherche introduise l’outil HUVENT au niveau académique.
L’étude de validation a permis de démontrer que HUVENT, bien qu’il surestime la valeur
du débit d’air généré par la ventilation naturelle de l’ordre de 50% en comparaison avec le
logiciel validé AIOLOS, fournit une réponse et des résultats valides en terme de
comportement physique. Tel que mentionné précédemment (voir section 3.3.4), aux étapes
préliminaires d’un projet, les valeurs absolues ne sont pas capitales au concepteur. Par
contre, il importe que ce-dernier puisse étudier de manière paramétrique et relative les
choix architecturaux auxquels il est confronté.
Si des améliorations devaient être apportées à l’outil HUVENT, les avancements suivants
seraient considérés afin de tenir compte de l’effet non-négligeable de la masse thermique
du bâtiment sur le profil thermique journalier d’un bâtiment ventilé naturellement.
95
Alors que des progrès technologiques remarquables ont été réalisés dans le domaine de la
réfrigération mécanique et de l’efficacité énergétique, la consommation énergétique et les
émissions de gaz à effet de serre associées à la climatisation des bâtiments sont en
constante progression au Canada (Ressources Naturelles Canada 2003). Pour soulager la
problématique environnementale, il apparaît inéluctable qu’une prise de conscience
collective soit portée sur la généralisation actuelle des systèmes de climatisation dans les
bâtiments. Il semble exister dans notre société contemporaine une faible tolérance des
occupants envers des conditions thermiques qui excèdent, même momentanément, les
normes de confort établies. Ce haut degré d’attente, tel que définit par Fanger (Fanger et
Toftum 2002), pourrait s’expliquer par la coexistence des deux facteurs suivants:
Contraints par une étroite plage de confort thermique régie par les normes en vigueur et les
exigences réglementaires en matière de qualité d’air intérieur, les ingénieurs se doivent
professionnellement de doter les bâtiments de systèmes de contrôle de l’humidité, de
ventilation et de refroidissement mécanique. Avec le cadre législatif actuel, il apparaît
inévitable que les bâtiments institutionnels montréalais soient également dotés de
climatisation mécanique et ce, malgré une haute qualité de conception et des gains internes
modérés (Bourgeois et al. 2004). Ainsi, toute aspiration à une réduction sur le coût
d’immobilisation du capital lié à la qualité d’air intérieur par la ventilation naturelle ou
hybride est pratiquement sans fondement.
Les normes en vigueur trop déterministes que nous subissons aujourd’hui visent à
concevoir des systèmes de contrôle de l’environnement intérieur qui assurent typiquement
des conditions thermiques neutres, homogènes et constantes dans le temps. Toutefois, dans
le domaine de la science du bâtiment il existe une mouvance encourageante vers une
97
réforme des normes pour reconnaître la notion d’adaptabilité. Cette théorie est cruciale
pour le développement d’une architecture durable (Potvin et Demers 2005).
De récentes consultations publiques sur les changements à apporter au futur Code national
du bâtiment (Commission canadienne des codes du bâtiment et de prévention des incendies,
2003), ont permis de proposer une modification à l’article 6.2.2.2 du CNB afin de permettre
la ventilation naturelle des bâtiments non-résidentiels. Les concepteurs devraient alors
présenter des données techniques qui démontrent qu’une telle stratégie passive peut fournir
la ventilation nécessaire pour le type d’usage du bâtiment et pour le climat d’implantation.
Voir lien hypertexte suivant:
http://www.nationalcodes.ca/consult/tc/nbc/part6/6/index_e.shtml25
25
Site consulté le 24 janvier 2007
26
Les bâtiments Eugene-H-Kruger (2005) et le CIFSS (en cours) à l’Université Laval, Québec, Canada
98
législation québécoise auprès des concepteurs de bâtiments. Pour relever ce défi, le degré
de sensibilisation à l’égard du changement climatique devra être intensifié si l’on espère un
engagement plus significatif et des changements de comportement plus durables de la
société (Enright 2001).
99