Economie
promotion de 10 torréfActeurs pAr le conseil cAfé cAcAo
tro Jean claude, sg du sYnat-fcc : «
La plus grande arnaque du siècle »
Secrétaire Général, il nous re-
vient que la Direction du Conseil
du café-cacao fait entrave à
l’exercice du droit syndical des
travailleurs ! Expliquez-nous un
peu.
C’est dans un contexte sociopolitique
brumeux qui s’éclaircit avec les efforts
et sacrifices des principaux leaders po-
litiques et de l’ensemble des ivoiriens,
que nous savons tous, que le Syndicat
National Autonome des Travailleurs de
la Filière Café-Cacao (SYNAT-FCC)
peine à faire entendre raison, à la Di-
rection Générale du Conseil du Café-
Cacao, ce qui suscite notre réaction
publique aujourd’hui, face à des pro-
blèmes dont les solutions ont été expli-
quées à suffisance, par les experts du
droit du travail, particulièrement l’ins-
pection du travail du Plateau, au regard
des normes établies. Revenant à votre
question, nous voudrions vous dire que
la Direction Générale du Conseil du
Café-Cacao ne veut pas que le cama-
rade Tro Koui Jean Claude, Secrétaire
Général du SYNAT-FCC, exerce ses
droits syndicaux au Conseil du Café-
Cacao, et ce, contre l’autorité des
normes et autres conventions établies,
particulièrement du code du travail qui
régule en Côte d’Ivoire tant bien que
mal, les relations professionnelles de
partenariat social. Le DARH Coulibaly
Appecadier et le DG Koné Brahima
Yves ne veulent pas de Tro Koui Jean
Claude comme SG du SYNAT-FCC
dans l’entreprise ; et tant qu’il le sera,
il n’y aura ni dialogue social, ni élec-
tion des délégués du personnel qui ont
leurs mandats expirés depuis septem-
bre 2019. Ces deux autorités ne déniant
pas au camarade Tro Koui Jean Claude,
sa qualité de Secrétaire Général en
exercice, lui demandent de désigner un
interlocuteur. Aussi, interrogeons-nous
pour savoir ce qui fait tant problème,
pour que la Direction Générale fasse de
graves intrusions dans les affaires syn-
dicales au mépris des conventions 87
et 98 de l’Organisation Internationale
du Travail relatives à la liberté syndi-
cale et à l’exercice du droit syndical au
point que la Direction Générale choi-
sisse un membre du Bureau Exécutif
du SYNAT-FCC, pour en faire le secré-
taire général syndical. Nous ne pensons
et ne croyons pas, que le Conseil du
Café-cacao, soit une république dans la
République. Nous ne pensons pas que
le Directeur Général du Conseil du
café-cacao et son Directeur de l’Admi-
nistration et des Ressources Humaines
(DARH) soient en train d’initier, au
mépris des lois et du code du travail, de
nouvelles lois personnalisées, au point
que la Direction Générale choisisse un
membre du Bureau Exécutif du
SYNAT-FCC, pour en faire le secré-
taire général syndical ! La Direction
Générale du Conseil du café-cacao, se-
rait-elle contre la cohésion sociale ? Au
moment où toute la nation cherche la
paix par la réconciliation ?
N’est-ce pas un problème de per-
sonnes entre le Directeur Géné-
ral et vous ?
Nous travaillons pour notre pays, et
cela pour nous, devrait se faire dans la
cohésion et la concorde avec beaucoup
moins d’injustice ; chacun étant engagé
par l’Etat de Côte d’Ivoire. Le syndica-
liste qu’est le camarade Tro Koui Jean
Claude sait qu’il doit être le premier à
respecter le contrat de subordination
dans un partenariat social comme dans
toutes les grandes entreprises et admi-
nistrations. Il n’y a donc pas de raisons
privées de personne à part les raisons
revendicatives que lui confèrent les lois
et conventions nationales et internatio-
nales. Même mieux, nous devons à
l’honnêteté de vous dire que nous
avons été choisis parmi les 10 travail-
leurs du Conseil du café-cacao pour
l’animation des premiers projets de
promotion des torréfacteurs décidé par
le gouvernement. Ces torréfacteurs pré-
sentés à la nation le 19 novembre 2019
devraient bénéficier d’une prise en
charge complète du Conseil du café-
cacao (encadrement et installation) ;
mais hélas les engagements n’ont pas
été respectés, ce qui fait dire aux agents
retenus pour ce projet dont nous fai-
sons partie, et qui sommes tous au-
jourd’hui au chômage, être piégés par
une arnaque bien organisée pour nous
licencier. Oui nous vous disons bien et
pesons nos mots, la plus grande ar-
naque du siècle ! Malgré tout cela, nous
restons toujours attachés à la filière
puisque nous contribuons à la sauve-
garde de l’harmonie sociale au sein de
l’entreprise en tant que représentant des
travailleurs et donc secrétaire Général
du SYNAT-FCC. Nous savons beau-
coup de choses avec notre ancienneté
dans la filière, c’est ce qui fait sans
doute peur à la Direction Générale qui
veut faire croire qu’il y a un problème
de personne ! Quand nous savons et dé-
nonçons entre autres que dix travail-
leurs qui ont été retenus pour le projet
de promotion de torréfacteurs dont
nous faisons partie sont au chômage
parce que la Direction Générale n’a pas
tenu ses promesses, et qui refuse même
de donner les factures des achats des
machines à ces travailleurs qui leur fa-
ciliteraient des prêts auprès des
banques et font croire que chaque tor-
réfacteur a bénéficié de soutien de 100
millions chacun ; au lieu de 5 millions
reçu en réalité par chacun ; la Direction
Générale gère d’une manière unilaté-
rale, les ressources additionnelles, sans
même associer les travailleurs ni leurs
représentants ; et pourtant c’est le fruit
des travailleurs de fois à des heures tar-
dives au risque de leurs vies, ressources
dont les rubriques et montants sont
connus des travailleurs…. Voyez-
vous ce que nous savons et revendi-
quons ! C’est peut-être pour cela qu’on
ne veut pas nous accepter et pour le-
quel la Direction Générale fait des in-
trusions ou veut imposer à tout prix
quelqu’un qu’ils pourront manipuler à
la tête du SYNAT-FCC, au mépris du
code de travail.
Depuis 2019, les délégués du per-
sonnel n’ont toujours pas été re-
nouvelés. C’est quoi le problème
? Le projet des logements était clos avec
Nous pensons vous avoir répondu à la
première question. Pas d’élection des
délégués du personnel tant que je suis
le Secrétaire Général du SYNAT-FCC,
selon le DARH et pourtant, les lois et
conventions ainsi que les textes du
SYNAT-FCC confortent ma position à
la tête de notre organisation ; sans ou-
blier les injonctions de l’inspecteur du
travail du Plateau.
Pourtant, une mutuelle vient de
voir le jour. Et la Direction pro-
met s’y impliquer fortement.
Peut-on dire de ce fait que la Di-
rection du Conseil du café-cacao
n’est pas pour le bien être des
travailleurs de la structure ?
A la prise de fonction de l’actuel DG
M. Koné Brahima, les premiers mots
prononcés par lui lors de la première
rencontre avec le SYNAT-FCC sont : «
Je n’ai jamais promis de maison à qui
ce soit - je suis venu sauver les meubles
– Tout ce qui a été promis par la précé-
dente Direction ne m’engage pas – le
terrain de 40 ha de coco service devant
servir à la construction des logements
des travailleurs a été pris par l’Etat
(sans aucune preuve) – Plan de départ
volontaire pour motif économique au
moment où le Conseil café-cacao a été
félicité quatre années de suite par l’Etat
et la France…. ». Après, il n’y a plus
eu de rencontres jusqu’à notre préavis
de grève soldé par la signature d’un PV
de non conciliation sous l’égide de
l’inspection du travail. Concernant la
création de la mutuelle, vous n’ignorez
pas qu’une mutuelle se crée sous l’em-
pire des lois et que l’adhésion est libre
et sans aucune contrainte (article 63.5
du code du travail, la loi de 1964 et
7
l’article 52.4 du chapitre 2 du code du
travail). Le constat fait ici dans le cadre
de cette mutuelle, c’est que les travail-
leurs ni leurs représentants dont ceux
du SYNAT-FCC n’ont pas été associés
à l’initiative, ce qui est un acte d’impo-
sition d’autorité et outrepasse ainsi le
respect à la création, l’esprit et la forme
des sociétés de secours mutuels. Vu
tout ce qui précède, nous vous invitons
à déduire avec nous, la réponse à votre
question. Pourquoi nous impose-t-on
une mutuelle sans qu’on ait connais-
sances de ses textes et dirigée d’office
par Mr le Directeur de l’Administration
et des ressources humaines Coulibaly
Appécadier ? Que veut-on justifier ou
cacher par cette mutuelle imposée aux
travailleurs ? Nous disons qu’on ne
peut pas faire le bonheur de quelqu’un
contre son gré.
Des logements avaient été remis
à une centaine de travailleurs en
2014, où en est-on avec ce projet
de logement avec l’actuelle Di-
rection générale ?
un début d’exécution avec octroi d’une
aide du Conseil du café-cacao aux 100
premiers travailleurs dont nous igno-
rons les critères de leurs choix, depuis
2014. Il n’y a donc plus de négociation
à ce sujet, le SYNAT-FCC qui avait
posé ce problème vital au patronat et
qui a été accordé demande au DG Koné
Brahima de payer à tous les autres tra-
vailleurs présents au Conseil jusqu’en
2014, la part patronale accordée aux
100 premiers travailleurs pour réparer
ce que nous considérons comme injus-
tice. Nous voudrions rappeler encore à
l’opinion, la première déclaration du
Directeur Général lors de la première
rencontre citée dans la réponse à votre
précédente question à savoir « Je n’ai
jamais promis de logements à qui que
ce soit », et pourtant, l’administration
est une continuité.
Les ressources additionnelles du
Conseil du café-cacao, parlez-
nous un peu !
Les ressources additionnelles sont les
ressources non budgétisées issues de la
vente des sacs usagers (au moins 2,5
milliards par an depuis la création du
Conseil café-cacao en 2012) et des dif-
férentes pénalités dont la péréquation
transport (8 milliard en 2018), les re-
ports d’embarquement, les brisures ou
hors normes, des bulletins de vérifica-
tion périmés… Ces ressources
devraient profiter aux travailleurs et
donc améliorer leurs conditions de vie.
C’est quoi la prime qualité ? A
combien s’élève-t-elle ?
Vous savez, jusqu’en 2012, la qualité
du café-cacao venant de notre pays
n’était pas bonne. Ce qui faisait perdre
Le Bélier N°249 du Mercredi 04 Août 2021 n email : lebelier2001@gmail.com
de l’argent à nos parents et à l’Etat de
Côte d’Ivoire. Depuis 2012, le Conseil
a mis beaucoup d’accent sur la qualité
par le travail remarquable de ses agents
contrôle qualité et prix sur le terrain ;
ce qui a considérablement eu un impact
positif sur la qualité de nos produits,
rendant ainsi le cacao de notre pays
compétitif à l’international. La prime
qualité est donc une prime liée à la qua-
lité du Cacao produit et commercialisé
par l’Etat de Côte d’ivoire à travers le
conseil du café cacao. Avec le paiement
du Différentiel de Revenu Décent
(DRD) qui est lié à la qualité du Cacao,
il est évident de payer la prime qualité
à des acteurs. C’est ainsi que les bail-
leurs de fonds ont octroyé cette prime
de qualité au Conseil du café-cacao
afin de l’encourager à faire davantage
mieux. Malheureusement, les travail-
leurs ne bénéficient de rien dans la ré-
partition de cette prime, qui s’élèverait
pourtant selon des sources bien intro-
duites, à 140 milliards de F CFA.
Pour le recensement des produc-
teurs, les agents ont travaillé
pendant deux ans. On attend
dire qu’aucune prime n’a été
perçue. Qu’en pensez-vous M. le
Secrétaire Général ?
Le recensement des producteurs et de
leurs vergers au départ avait été confié
à une structure privée avant qu’il ne
soit donné au Conseil du café-cacao. Il
a couté 14 milliards de F CFA et utilisé
plus de 800 travailleurs dont environ
400 contractuels et plus de 400 embau-
chés du Conseil du café-cacao. Les tra-
vailleurs embauchés qui ont participé
pendant les deux années n’ont perçu
que leurs salaires habituels malgré le
double emploi qu’ils exerçaient. Et
pourtant, les livres saints nous disent
que l’ouvrier mérite son salaire. Les
conditions du travail et la dangerosité
du travail que subissent malheureuse-
ment sans protection les travailleurs du
terrain nous paraissent comme la pre-
mière cause du taux élevé de mortalité
de ces agents du terrain. Savez-vous
par le passé sous les anciennes direc-
tions, les motos utilisées par ces agents
leurs étaient rétrocédées à des prix for-
faitaires ; mais depuis l’arrivée de l’ac-
tuel directeur à la tête de la filière, ces
motos sont vendues sans que les utili-
sateurs ne soient informés. Et pourtant,
les plus nantis qui sont les Directeurs
et autres chefs de services s’appro-
prient leurs véhicules de services
chaque trois ans à des prix dérisoires.
On apprend qu’un projet
d’agroforesterie est imminent ; et
que les travailleurs seront encore
mis à exécution sans avoir été
motivés pour le recensement….
Oui, il y a eu prise de contact déjà avec
ces mêmes agents du terrain qui font
tout et qui sont les plus malheureux.
Pour le moment nous ne connaissons
pas le mode opératoire. Retenez qu’au
conseil du café-cacao, ceux qui travail-
lent beaucoup et qui sont faiseurs de ri-
chesses (ressources additionnelles)
sont les mal payés et donc malheureux
et sont ceux qui vivent dans les quar-
tiers précaires ! Lorsque nous savons
que la masse salariale des cadres qui
sont moins de soixante-dix personnes
est cinq fois supérieures aux salaires
des agents qui font plus de 1000 tra-
vailleurs ? Et quand le SYNAT-FCC et
ses leaders révèlent et défendent la
cause de ces agents face à cette fai-
blesse, ils s’exposent au licenciement.
Nous vous demandons de vérifier ce
que nous disons auprès de l’inspection
du travail du Plateau ou du tribunal de
travail concernant le licenciement de-
puis l’avènement de M. Koné Brahima
à la tête du Conseil Café-cacao avec M.
Coulibaly Appecadier comme DARH.
Une autre préoccupation, c’est le
fonds Covid-19 qui fait grogner
actuellement les producteurs ;
pourquoi tout ce bruit ?
Nous avons appris du DG Koné Bra-
hima à la télé devant le Conseil Econo-
mique Social et Environnemental, que
la filière a reçu 17 milliards de F CFA
comme fonds COVID-19 avec tout ce
qu’il a dit sur la répartition au niveau
des producteurs et autres acteurs de la
filière, mais jamais il n’a parlé de la
part de ce fonds qui revenait aux tra-
vailleurs du Conseil du café-cacao ;
part selon ce qu’on apprend qui s’élè-
verait à 3,7 milliards de francs CFA.
Récemment, vous avez ouverte-
ment appelé à un audit des res-
sources additionnelles. Vous y
tenez toujours ?
Oui, nous y tenons fermement au
SYNAT-FCC, parce que c’est le fruit
de nos efforts parfois au péril de nos
vies. A cela s’ajoute l’audit du projet de
promotion de torréfacteurs, présentés
en grande pompe à la télévision ivoi-
rienne, le 19 novembre 2019. Je vou-
drais rappeler que le DG a dit lors de la
seule rencontre eue avec lui suite à
notre préavis de grève qu’un travailleur
ne peut demander à son employeur un
audit. Et pourtant l’article 52.2 du cha-
pitre 2 du code du travail nous le per-
met et dit : « les syndicats
professionnels peuvent devant toutes
les juridictions, exercer tous les droits
réservés à la partie civile relativement
aux faits portant un préjudice direct ou
indirect à l’intérêt collectif de la pro-
fession qu’ils représentent ». Au
SYNAT-FCC, nous pensons et croyons
encore que nul n’est au-dessus de la loi.
Puisque nous sommes dans un pays de
droit, à cette revendication, nous y te-
nons.
Mais, il n’y a pas que le SYNAT-
FCC comme structure syndicale
de la filière. Pourquoi les syndi-
cats ne parlent-ils pas de la
même voix ?
Au SYNAT-FCC, nous ne pensons pas
que ce soit le patronat qui nomme les
représentants des travailleurs. Le syn-
dicalisme, mouvement humaniste basé
sur la liberté conférée, est toujours à la
recherche des améliorations possibles
des conditions de travail et de vie de
ses adhérents. Les travailleurs d’un
même secteur professionnel ont les
mêmes préoccupations. Dire qu’il y a
d’autres syndicats qui ne parlent pas de
la même voix que le SYNAT-FCC, se-
rait une méthode de ces syndicats ! Re-
tenons que le processus de la recherche
de solutions aux préoccupations de
l’ensemble des travailleurs prend tou-
jours en compte l’opinion de la majo-
rité. Le SYNAT-FCC dans ses
démarches s’appuie sur la volonté de la
majorité affirmée des travailleurs.
Un mot à l’endroit de vos syndi-
qués et sympathisants ?
A nos membres ou syndiqués et sym-
pathisants, nous leur réservons toujours
la même attention en fonction de leurs
préoccupations que nous conduisons
selon leur volonté. Nous pouvons leur
dire comme dans toutes démarches so-
ciales, de garder la patience et la
conscience au travail, de nourrir la co-
hésion et la solidarité qui nous caracté-
rise depuis toujours face à tous les
problèmes des travailleurs.
Quel message voulez-vous adres-
ser aux autorités, aux ivoiriens
au terme de cet entretien ? Que
devons-nous retenir ?
Aux autorités, nous disons humble-
ment qu’elles veillent au respect des
droits acquis en Côte d’Ivoire, pays de
fraternité, d’hospitalité et de paix. Mais
surtout pour ce qui nous concerne, que
l’attention particulière soit portée sur
les travailleurs du Conseil du café-
cacao pour moins d’injustice et plus
d’équité.
Entretien réalisé par
TRAH LOU Pascaline