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Author(s): G. MOREL
Source: Archives de Philosophie , OCTOBRE-DECEMBRE 1960, Vol. 23, No. 4 (OCTOBRE-
DECEMBRE 1960), pp. 487-511
Published by: Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris
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CHEZ ARISTOTE
I. « ...tj 6 EVôpyeta iî)pi<r»jiév7) xat wptajiévou, xó8e ti ouaa touo¿ tivoç» 1 087a
16 (nous citons la pagination et la numérotation Bekker).
2. « 8-řjXov yap ó'xi xáxsTvoi Asyouatv áp^áç Ttvaç xa! a!xta<;* » (983* 3-4)
On remarquera ici, comme en d'autres textes, le rapprochement, qui va jusqu'à
la synonymie, entre attta et ap^/ļ .
Cp. 983a 30 où la cause efficiente est définie : a ô'ôiv Ij àp^rj ty1ç xivt)«û>ç ».
3. Cest en effet le sens du mot ¿V/jOeta à 983b 2 selon la plupart des commenta-
teurs, notamment Ross I, 128 qui renvoie aussi à 988a 993a 30, *17, 20.
4. ( ou6ev -yàp XzyoïLsv izepi r xh'aç o0ev i¡ i pyi) (jirraêoXT),; ),
992a 24&s: on notera ici encore le lien - et la relative redondance - entre sttxitt
el Apx>i
objets de connaissance ne
«ont pour nous (ôp'w) et
(in/Mi) » (184a 16 ss.). Mais
la sensation et celui du lo
pas une simple reprise ou amplification de la pensée
platonicienne.
La rupture de Platon avec les premiers penseurs
grecs est pour Aristote l'occasion d'asseoir sur de nou-
velles bases le projet qui, selon lui, est à l'origine de la
philosophie et qui tend à rendre raison des « phénomè-
nes » (twv œavEpcôv). C'est en réfléchissant sur cette rup-
ture qu'il indiquera la manière de dépasser à la fois le
naturalisme des pliysiologues et l'idéalisme de Platon.
On a reproché à Aristote le sectarisme de la critique
qu'il a instituée contre son maître : cependant, en fai-
sant tourner cette critique essentiellement autour de la
notion ď eíòo; , il n'ignorait pas qu'il y avait d'autres
aspects dans la doctrine de Platon : pour prendre un
seul exemple, au livre N de la Métaphysique, il montre
avec justesse comment les Platoniciens, revenant sur le
problème du fondement de la pluralité des êtres, ten-
tent de sortir de leur idéalisme abstrait en faisant appel
à un principe nouveau, corrélat de l'Etre, le Non-Etre.
Mais cette mention se transforme en critique impitoya-
ble : Aristote dénonce, en effet, sous ce camouflage la
persistante illusion idéaliste : les Platoniciens sont
impuissants à descendre jusqu'au cœur de l'Etre, puis-
que le principe auquel ils ont recours, le Non-Etre, loin
de pénétrer à la source ontologique, n'est compréhensible
dans leur perspective que sous une catégorie particulière,
celle de la quantité. Platon l'avoue finalement lui-même :
voulant donner un sens précis au Non-Etre, il l'appelle
1 Inégal (1089a et 1089') . Or la notion d'Inégal qui signifie
seulement une relation quantitative laisse hors de ses
prises l'essence des choses : « A moins d'identifier subs-
tance ( TÓòe ) et quantité, on ne peut pas dire que les Pla-
toniciens aient montré comment et pourquoi il y a mul-
tiplicité des êtres ; ils ont seulement montré comment il
y a multiplicité de quantités » (1089" 32-34). Le mot -róSe
que nous avons traduit par substance a en fait ici un
sens complexe : il vise aussi bien la substance, c'est-à-dire
la catégorie originale et première sur laquelle se tiennent
toutes les autres catégories, que les principes premiers ou,
5. Dan» une première conclusion sur les spéculations platoniciennes, Aristote écrit
(au livre N de la Métaphysique): «Toutes ces théories sont irrationnelles (aXoY«),
elles se combattent les unes les autres et sont contraires au bon sens (to!ç
Elles ressemblent au discours interminable (fxaxooç Aófoç) dont parle Simonide, car
on tient un discours interminable, comme celui des esclaves, quand on ne trouve
rien de sensé à dire. » (1091* 5ss.)
COMMENCEMENT TEMPOREL
ET COMMENCEMENT ABSOLU
à l'intérieur du discours
ment, procéder à son ana
quement possible, elle es
possible : c'est le mouve
son essence ; si le disco
qui est, c'est en effet en
Toutefois avec Aristote nous procéderons à une tâche
préliminaire : nous parcourrons brièvement le chemin qui
selon lui conduit les consciences naïves au savoir philo-
sophique. Semblables aux chauves-souris qu'aveugle l'éclat
du jour, les intelligences humaines tâtonnent d'abord pour
percevoir les réalités « qui sont de toutes les plus naturel-
lement évidentes tt, sútsi cp7v=p<.'>7a Ta TîàvTwv)» (993b 11),
et le livre A de la Métaphysique indique que toute l'histoire
philosophique est une rude éducation de la conscience 7. En
suivant cette voie préscientifique, nous percevrons déjà en
négatif que la notion ď y, sous la double face où elle
s'est jusqu'ici formellement montrée, est bien philosophi-
que. Car, lorsque nous disons qu'oyr, signifie à la fois com-
mencement temporel et commencement absolu, nous par-
lons philosophiquement : c'est en tant qu'il est scientifique
que le discours (ao- o.) débute et prend fin. N'est donc scien-
tifique ni le mouvement de la connaissance sensible comme
telle, ni même le mouvement que trace la conscience naïve
à partir du sensible vers le savoir : dans le premier cas,
il n'y a pas vraiment connaissance, mais seulement illusion,
opinion ( oóE:/)9 car ce n'est pas le phénomène comme tel qui
est vrai : « oj -¿v tò cp^vňasvov y./r,hí: » (1010b 1) ; dans le
second cas, le mouvement « aboutit » certes au monde
universel du savoir philosophique, mais seulement par la
suppression de ce qu'il y a d'ascientifique dans la con-
science naïve, et ce serait justement revenir à l'illusion de
l'apparence que de considérer le commencement de ce mou-
vement comme le vrai commencement temporel du dis-
cours philosophique. Il faut donc distinguer deux sortes
7. Encore que nous ne la posions pas alors explicitement, nous abordons ainsi à
la redoutable question du sens de la démarche préphilosophique par rapport à l'acte
philosophique considéré en lui-même. Spinoza met dans la bouche d'un interlocuteut
l'objection suivante : « Pourquoi prouver par raisonnement ce qui a en soi seulement
sa propre évidence ?» : « Forte aliquis mirabitur, quod nos, ubi diximus, bonam
Methodum earn esse, quae ostendit, quomodo mens sit dirigenda ad datae verae ideae
normám, oc ratiocinando probemus. » ( Tractatui de intellectus emend atione § 43.)
14. «L opinion, selon laquelle il n'y a aucune façon de connaître autrement que
par démonstration, estime que c'est là une marche régressive à l'infini... » (72b 7-8)
Commencement empirico-temporel
et commencement absolu
LA NOTION DE PRINCIPE
ET LA DIALECTIQUE DES CAUSES
19. « ... ort ónrav èir* àpyjr,v ßaoi£si to ytyvo^svov xa' tsXoç" àpy}' yip to ou
êvéxï, xou tsXouç 8'evexa yévsztç. » (1050a 7ss;)
20. «to ļjikv yàp T i èffxt xai to oj '¿vexa ïv ¿crct... » (198a 25)
22. « ... to cpaivójxEvov ¿Et xuptioç xaxà ttjV aïaôr^aiv». (306a 15 ss.).
(A suivre.) ?
G. MOREL