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ISSN: 2320-5407 Int. J. Adv. Res.

9(06), 869-873

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Article DOI:10.21474/IJAR01/13090
DOI URL: http://dx.doi.org/10.21474/IJAR01/13090

RESEARCH ARTICLE
DÉGÉNÉRESCENCE CARCINOMATEUSE D’ UNE TUMEUR DE BUSCHKE-LÖWENSTEIN
PUBO-GÉNITALE TRAITÉE PAR EXÉRÈSE CHIRURGICALE ET RADIOTHERAPIE

Hicham Sabani1, Nawfal El Hafidi2, Lahcen Khalfi2, Jalal Hamama2 and Karim El Khatib2
1. Department of Plastic and Maxillofacial Surgery, Mohammed V Military Hospital, Hassan II University,
Casablanca, Morocco.
2. Department of Plastic and Maxillofacial Surgery, Mohammed V Military Hospital, Mohammed V University,
Rabat, Morocco.
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Manuscript Info Abstract
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Manuscript History Giant condylomata acuminate also known as a Buschke–Löwenstein
Received: 25 April 2021 tumour is a rare, slow-growing tumor of anogenital region. The
Final Accepted: 28 May 2021 causative agent of these tumors is the papillomavirus which selectively
Published: June 2021 infects the cutaneous and mucosal epithelia. In spite of its benign
Key words:-
histopathology, is clinically malignant owing to its locally destructive
Giant condyloma acuminata, Buschke- nature and its tendency to recur. In this report, we describe the case of
Lowenstein tumor, Surgical Excision, a patient with malignant transformation of this tumor and we detail his
Radiotherapy, Papillomavirus. care.

Copy Right, IJAR, 2021,. All rights reserved.


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Introduction:-
La tumeur de Buschke-Löwenstein ou condylome acuminé géant, est une prolifération pseudo-épithéliomateuse
appartenant au groupe des carcinomes verruqueux. Il s’agit d’une affection rare, sexuellement transmissible, induite
par le papillomavirus humain, et qui se développe généralement au niveau de la région ano-génitale. C’est une
tumeur qui s’étend en profondeur, qui récidive souvent, et qui a un fort potentiel de transformation maligne.

Le traitement de cette entité pathologique, jusqu’à nos jours, n’ est pas bien codifié. Nous rapportons un cas de
transformation carcinomateuse d’une tumeur de Buschke-Löwenstein, de localisation pubo-génitale, chez un homme
de 70 ans, et nous précisons notre prise en charge thérapeutique.

Observation:-
Notre observation concerne un patient de 70 ans, veuf et sans antécédents pathologiques notables, qui est venu nous
consulter pour des condylomes au niveau de la base de la verge, évoluant depuis plusieurs années sans aucun
traitement, et qui ont brutalement conflué et augmenté de taille.

L’examen clinique a objectivé une tumeur située à cheval entre la région pubienne et la face antérieure de la verge,
faisant 6 cm de grand axe, ulcéro-bourgeonnante, avec des limites irrégulières, suintante, fétide, indolore, et
infiltrant les berges (figure 1). Les aires ganglionnaires inguinales ont été libres et le toucher rectal a été normal.

Corresponding Author: - Hicham Sabani


Address: - Department of Plastic and Maxillofacial Surgery, Mohammed V Military Hospital, Rabat,
Morocco.
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Figure 1: Aspect clinique de la tumeur de Buschke-Löwenstein, pubo-génitale.

Une biopsie faite a objectivé un carcinome épidermoïde bien différencié et kératinisant, au sein de lésions
condylomateuses. Un bilan d’extension tumorale a été alors demandé, comprenant une imagerie par resonance
magnétique (IRM) pelvienne, une tomodensitométrie (TDM) thoraco-abdomino-pelvienne, et une scintigraphie
osseuse. L’IRM pelvienne a montré des lésions cutanées superficielles n’infiltrant pas la graisse sous-cutanée, avec
la présence d’une adénomégalie inguinale droite de 1,1 cm et trois autres ganglions inguinaux droits
infracentimétriques, alors que la TDM et la scintigraphie n’ont pas montré de localisations secondaires. A noter
qu’un bilan sérologique (VIH, hépatite virale B et C, Syphilis et Chlamydia) a été demandé et revenu négatif.

Le patient a été opéré en deux temps:


Dans un premier temps, une exérèse large a été effectuée avec une marge latérale de sécurité de 2 cm, et avec
conservation pénienne, ce geste d’exérèse tumorale a été complété par un curage inguinal droit (figure 2). L’étude
histo-pathologique a confirmé l’exérèse totale de la tumeur avec des marges de sécurité d’au moins 1.5 cm
latéralement et 4.3 cm en profondeur, l’étude de la pièce opératoire de curage a retrouvé une micro-métastase de
2 mm au niveau d’un seul ganglion sur les 9 ganglions enlevés (1Nmi+/ 9N).

Dans un second temps opératoire, le patient a bénéficié d’une reconstruction de la perte de substance par un lambeau
inguinal gauche pédiculé autofermant (figure 3).

Les suites opératoires, ont été marquées par une petite déhiscence cicatricielle que nous avons géré par des
pansements quotidiens et des soins locaux. Un mois après la chirurgie, le patient a reçu une radiothérapie adjuvante.

L’évolution a été favorable, et le patient a pu conserver une fonction urinaire et une activité sexuelle normales.
Après un recul de 36 mois aucune récidive n’a été constatée.

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Figure 2: Aspect peropératoire de la perte de substance pubo-génitale, après exérèse tumorale et


curage inguinal droit.

Figure 3: Reconstruction par un lambeau inguinal gauche pédiculé de Mac Gregor.


(Aspect clinique après radiothérapie).

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Discussion:-
Décrit pour la première fois en 1925 par Buschke et Löwenstein [1], le condylome acuminé géant également appelé
tumeur de Buschke-Lowenstein (TBL) est une entité clinique rare atteignant moins de 0,1% de la population
générale [2]. Elle touche les deux sexes, mais elle se voit plus fréquemment chez le sexe masculin [3]. Elle peut
survenir à tout âge après la puberté, néanmoins on constate une nette prédominance au cours des 4eme et 5eme
décennies [4]. La TBL se localise préférentiellement au niveau des organes génitaux externes. La localisation ano-
rectale reste moins fréquente. Ainsi chez l’homme, la TBL se localise dans 81 à 94% des cas au pénis et seulement
10 à 17% des cas à la région ano-rectale, chez la femme, la localisation vulvaire est rapporté dans 90% des cas, alors
que la localisation ano-rectale est nettement moins fréquente [5].

Le début de cette pathologie est toujours précédé de lésions condylomateuses évoluant progressivement pour
prendre un aspect papillomateux irrégulier en « chou-fleur », avec souvent la présence d’adénopathies satellites. Du
point de vue étiopathogénique, ils’agit d’une maladie à transmission sexuelle dont l’implication du papillomavirus et
en particulier de ses serotypes l’HPV 6 et 11 est actuellement admise [6, 7]. La présence de l’HPV 16 ou 18, à fort
pouvoir oncogène, serait un indicateur des formes invasives [8]. L’altération du gène codant pour la protéine P53,
protéine à action anti-tumorale, par la protéine virale E6 de l’HPV 16 ou 18 favoriserait la transformation maligne de
la tumeur de Buschke-Löwenstein [6, 9]. Le délai moyen de transformation maligne de la TBL est le plus souvent
long avec une durée moyenne de 5 ans, et on estime le risque de dégénérescence maligne entre 8,5% et 23,8% [5].
Cette dégénérescence pouvant être suspectée devant l’apparition de douleur, de saignement local ou d’augmentation
rapide du volume tumoral. L’extension ganglionnaire est rare mais néanmoins possible comme c’est le cas de notre
patient.

De point de vue histopathologique, la TBL est une tumeur malpighienne, caractérisée par une hyperplasie épithéliale
parfois pseudo-épithéliomateuse dont la membrane basale est toujours intacte, une hyperacontose, une
hyperpapillomateuse et des koilocytes qui sont des marqueurs pathognomoniques de l'infection par HPV, cependant
leur présence n'est pas constante [5]. En cas de dégénérescence maligne, le type histologique le plus fréquemment
retrouvé est représenté par le carcinome épidermoïde [10].

Face au caractère récidivant et au risque sérieux de transformation maligne de la TBL, différentes attitudes
thérapeutiques ont été proposées comme la cryothérapie, l’électrocoagulation, le laser CO2, lapodophylline, le 5
fluoro-uracile, la bléomycine systémique associée au cisplatine et au méthotrexate ainsi que l’Interféron Alpha [11].
Les résultats restent peu probants. D’autre part la plupart de ces stratégies thérapeutiques publiées dans la littérature
émanent de rapports de cas et non pas des études contrôlées.

A notre avis, le seul traitement curatif reste une exérèse chirurgicale large permettant un bon contrôle local, avec
vérification histologique ultérieure des marges d’exérèse. Cependant, il n'existe actuellement aucun standard pour le
traitement chirurgical de cette maladie rare.

En cas de dégénérescence maligne en carcinome épidermoïde, nous proposons une chirurgie radicale avec un curage
ganglionnaire en fonction du bilan d’extension, permettant ainsi un meilleur contrôle loco-régional, avec éventuelle
radiothérapie post-opératoire. Une surveillance régulière des patients est nécessaire pour dépister rapidement toute
récidive locale.

La TBL est une maladie sexuellement transmissible, et donc sa prise en charge thérapeutique doit obligatoirement
être compléter par la prise en charge du partenaire. Ainsi, un bilan des infections sexuellement transmissibles doit
être demandé chez le conjoint comprenant: La sérologie VIH, la sérologie syphilitique, la sérologie de l’hépatite
virale B et C et la sérologie Chlamydia.

Conclusion:-
La tumeur de Buschke-Lowenstein est une affection rare, de déterminisme viral, transmise essentiellement par voie
sexuelle. Bien que la dégénérescence en carcinome épidermoïde reste une complication redoutable de cette
pathologie, son caractère envahissant et récidivant après traitement impose non seulement un diagnostic précoce,
mais également un traitement radical. Une exérèse chirurgicale large couplée en cas de besoin à une radiothérapie,
nous semble être une alternative efficace à l'heure actuelle. La surveillance doit être régulière et prolongée. C’est une
tumeur qui peut engager aussi bien le pronostic fonctionnel que vital du patient, d’où l’intérêt de la prévention qui

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repose sur l’éducation de la population, la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles, et la vaccination
contre l’HPV.

References:-
1- Buschke A, Loewenstein L. Ijber carcinom–hnliche condylomata acuminata des penis. 1925; pp. 4-6.
2- El Mejjad A, Dakir M, Tahiri M, Attar H. Le condylome acuminé géant, tumeur de Buschke Lowenstein, à
propos de 3 cas. Prog Urol 2003; 13: 513-7.
3- Rabiil R, Jouall A, Bellabidia B, et al. Condylome acuminé scrotal géant: A propos d’un cas. Ann Urol (Paris).
2001 Jan; 35 (1): 67-70.
4- Qarro A, Ait Ali A, Choho A, et al. Tumeur de Buschke Lowenstein à localisation anorectale (À propos de
trois cas). Ann Chir. 2005 Feb; 130 (2): 96-100.
5- Reichenbach I, Koebell A, Foliguet B, Hatier M, Mascotti J, Landes P. Tumeur de Buschke et lowenstein à
propos d'un cas feminin. J. Gynecol. Obstet. Biol. Reprod., 1995; 24: 491-5.
6- Lévy A, Lebbe C. Prise en charge des tumeurs de Buschke Löwenstein. Ann Urol (Paris). 2006 Jun; 40 (3):
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7- Hsu-Cheng J, Maw-Chang S, Tsung-Yi H et al. Giant condyloma acuminatum of penis with cancer
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8- Piepkorn M, Kumasaka B, Krieger JN, Burmer GC. Development of human papillomavirus associated
buschke-Lowenstein penile carcinoma during cyclosporine therapy for generalized pustular psoriasis. J Am
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10- Kabiri H, Albouzidi A, Rachid K, Lezrek M, Bousselman N, Benomar S, Draoui D : Tumeur de Buschke
Loewenstein scrotale dégénérée. Progrès en urologie. 1996; 6: 439- 442.
11- Geusau A, Heinz-Peer G, Volc-Platzer B, Stingl G, Kirnbauer R. Regression of deeply infiltrating giant
condyloma (Buschke-Lowenstein tumor) following long-term intralesional interferon alfa therapy. Arch
Dermatol 2000;136:707-10.

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