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La créativité au travail
Copyright
© ERES, Toulouse, 2017
http://www.edition-eres.com
Empêchement et dégagement
Normativité et résistance
Épilogue
Bibliographie
Introduction
Gilles Amado
Gilles Amado, docteur en psychologie, est professeur
émérite de psychosociologie à HEC Paris. Il est l’un des
membres fondateurs de l’International Society for the
Psychoanalytic Study of Organizations (ISPSO), du
Centre international pour la recherche, la formation et
l’intervention en psychosociologie (CIRFIP), corédacteur
en chef de la Nouvelle Revue de psychosociologie.
Membre de la Société française de psychothérapie
psychanalytique de groupe (SFPPG), il est membre
associé au Centre de recherche sur le travail et le
développement (CRTD) du CNAM.
Jean-Philippe Bouilloud
Jean-Philippe Bouilloud est professeur d’organisation
et de sociologie des sciences à ESCP EUROPE, MEMBRE
DU LABEX HASTEC, MEMBRE ASSOCIÉ DU LCSP (Paris 7),
chargé de cours à l’université de Paris 7. Auteur de
Entre l’enclume et le marteau, les cadres pris au piège,
2012, Le Seuil (Prix 2013 du meilleur ouvrage sur le
monde du travail).
Dominique Lhuilier
Dominique Lhuilier est professeure émérite de
psychosociologie du travail au Centre de recherche sur
le travail et le développement du CNAM. Ses travaux de
recherche portent essentiellement sur la problématique
santé et travail. Elle a publié de nombreux articles et
ouvrages, dont Placardisés (Le Seuil, 2002), Cliniques
du travail (érès, 2006), Qualité du travail, qualité au
travail (coord., Octarès, 2014), Que font les 10 millions
de malades ? Vivre et travailler avec une maladie
chronique (avec A.M. Waser, érès, 2016) et Se doper
pour travailler (avec G. Lutz et R. Crespin, érès, 2017).
Elle est membre du comité de rédaction de la Nouvelle
Revue de psychosociologie.
Anne-Lise Ulmann
Anne-Lise Ulmann, maître de conférences dans le
champ de la formation des adultes, chercheure au
CRTD, est coresponsable de l’équipe Psychosociologie
du travail et de la formation, anthropologie des
pratiques. Ses travaux portent sur les possibilités de
nouages entre travail, formation, intervention et
recherche pour contribuer conjointement au
développement des personnes et des organisations.
Elle est membre des comités de rédaction d’Éducation
permanente et de la Nouvelle Revue de
psychosociologie.
Activité et créativité
Créativité et innovation
Savoirs et créativité
Pourtant, on sait bien que, face au réel d’une situation, les savoirs
appris ne peuvent prétendre régler toute l’action. La nécessité
d’effectuer des ajustements, des transformations, des ruses, est bien
connue. Ces ajustements supposent que les personnes ne soient
pas asservies aux savoirs, qu’elles parviennent à s’en détacher pour
répondre aux exigences du réel.
Comme nous le montre Winnicott (1975), c’est en effet dans les tout
premiers moments de notre vie que naîtrait la créativité, au sein de
ce qu’il nomme « l’espace potentiel », qui est l’aire intermédiaire au
sein de laquelle le bébé expérimente l’écart entre la réalité
subjective et la réalité extérieure. C’est dans cet espace que
prendraient place à la fois l’illusion et le jeu. Il est important de noter
que, selon lui, cette aire demeure plus ou moins active tout au long
de la vie et alimente particulièrement l’inventivité, le bricolage, la
débrouillardise, « le travail scientifique », précise-t-il même. C’est
l’espace par excellence du jeu, celui qui permet l’accès à une vraie
liberté. Celle-ci implique cependant une confrontation au principe de
réalité, à son épreuve, qui ne serait pas seulement selon lui « une
sale histoire », mais aussi une offense dont certains, d’ailleurs, ne se
remettront jamais. Une telle confrontation implique donc aussi, pour
Winnicott, la reconnaissance de la réalité, mais sans soumission à
celle-ci. C’est ainsi que les individus pourraient maintenir ou
développer « une certaine anormalité », caractéristique humaine en
faveur de laquelle la psychanalyste Joyce McDougall (1978) a
proposé un vigoureux plaidoyer.
Mètis et résonances
Vivre au travail, ce n’est pas vivre de son travail. On sait bien à quel
point certaines organisations et formes de gestion du travail peuvent
rendre le travail invivable : l’activité y perd son sens, sa valeur
existentielle et sociale. Il ne s’agit plus alors que de gagner son pain.
Et cette affaire est grave si l’on admet que travailler n’implique
jamais la seule production de biens ou de services : c’est toujours et
aussi produire et affirmer son existence, persévérer dans son être.
Toutefois, dire que la créativité est plus importante que le bien faire
pour la santé ne suspend pas pour autant la question du rapport
entre créativité et axiologie.
Sans aller jusque-là, elle peut servir les intérêts d’une corporation,
d’un métier au détriment d’autres dans l’organisation, contribuer au
pouvoir des uns sur les autres, à diverses formes de manipulation,
de tromperies, tels les mensonges pour vendre des produits que le
client ne demande ni ne veut (Rolo, 2015), les simulacres de
participation…
Collectifs transitionnels
Notes du chapitre
[1] ↑ Voir dans l’ouvrage les contributions de Brigitte Almudever et de Corinne Gaudart.
Des cadres pour penser la
créativité
Créativité, création et
personnalisation au travail
Brigitte Almudever
Brigitte Almudever est professeur de psychologie
sociale du travail et des organisations, directrice du
laboratoire de Psychologie de la socialisation –
Développement et travail (LPS-DT) à l’université
Toulouse-Jean-Jaurès. Ses recherches portent sur les
processus de signification/dé-signification du travail et
de créativité individuelle et collective, en lien avec les
questions de santé psychique et de personnalisation
au travail. En 2016, elle a coordonné avec R. Dupuy
« L’individu pluriel ? Enjeux actuels de la construction
de soi au travail », Nouvelle Revue de
psychosociologie, n° 22. En 2013, elle a publié, avec
A. Le Blanc et V. Hajjar « Construction du sens du
travail et processus de personnalisation » dans Penser
la socialisation en psychologie. Actualité de l’œuvre de
Philippe Malrieu (sous la direction de A. Baubion-
Broye, R. Dupuy et Y. Prêteur), Toulouse, érès.
C’est parce que le sujet est confronté, dans ses différents milieux et
temps de socialisation, à des normes, valeurs et modèles divers – et
souvent divergents – que le procès de sa socialisation ne peut être
réduit au seul versant d’une démarche d’acculturation où priment les
dimensions de l’apprentissage et de la conformité. Du fait des
dissonances, contradictions et conflits suscités par des
identifications et des influences multiples, le sujet échappe à
l’influence monolithique d’un seul milieu. Il est engagé dans un
processus de personnalisation (Malrieu, 1979 ; Baubion-Broye et
Hajjar, 1998 ; Curie, 2000 ; Baubion-Broye, Dupuy et Prêteur, 2013)
caractérisé par un travail : de questionnement ; d’objectivation des
conflits, des dissonances, des incompatibilités entre ses différents
engagements et appartenances ; de hiérarchisation de buts et
investissements concurrents sinon contradictoires ; de délibération,
de choix, voire de renoncement ; mais aussi de dégagement et de
dépassement des conflits et contradictions par l’invention de
nouveaux buts, de nouvelles conduites, de nouvelles valeurs et
significations, voire de nouveaux modes de vie qui, pour un sujet en
quête de son unité, permettent « de faire tenir ensemble des choses
qui ne vont pas ensemble ».
Personnalisation et créativité
Quels sont donc les canaux, les supports, les processus à même de
faire communiquer des conduites et des expériences qui se
présentent souvent sous le sceau de la dispersion ou du
cloisonnement ? Avec quels effets en termes de créativité
individuelle et collective ? C’est à cet endroit que les modèles de la
créativité et celui de la personnalisation peuvent heuristiquement se
rencontrer pour dessiner pistes et hypothèses de recherche.
La créativité en questions
Créativité ou création ?
Notes du chapitre
[4] ↑ Comme on dit d’une articulation défaillante (en mécanique) qu’elle « a du jeu ».
[7] ↑ « L’œuvre crée l’esprit, en même temps qu’elle l’exprime », écrit Meyerson (ibid.,
p. 76) ; « C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche », dit Soulages.
[8] ↑ Dans son ouvrage, Art as Experience (1934), Dewey distingue ce qui relève d’un
« agir ordinaire » caractérisé par la juxtaposition, l’abandon de certaines actions en cours
de route, la séparation, la dissociation de telles actions, et ce qui relève de l’« expérience »,
présentée comme « un tout qui se constitue, une situation qui prend fin sur un
accomplissement et non sur une rupture […]. Toute action pratique peut [ainsi] revêtir la
qualité esthétique de la complétude » (ibid., p. 150).
Groupalité et processus
sublimatoire
Bernard Chouvier
Bernard Chouvier est professeur émérite de
psychopathologie clinique à l’université de Lyon,
psychologue clinicien, psychanalyste. Il est l’auteur de
La médiation thérapeutique par les contes et Le jeu
théâtralisé, une médiation thérapeutique en groupes
d’enfants, parus chez Dunod.
Sublimer
La double création
Ainsi, Ingres aimait à affirmer à son entourage qu’il était plus fier de
son violon que de ses toiles. On ne comprend une telle inversion de
la valorisation de soi qu’en se référant à la présence d’une
puissance surmoïque particulièrement forte. Tout se passe comme
s’il fallait que le sujet dissimule sa véritable intention créatrice
derrière un masque séducteur. En réalité, le violon n’était pour lui
qu’un passe-temps agréable qu’il mettait en avant aux yeux de tous
pour pouvoir s’autoriser à exposer dans ses tableaux les réalités
fantasmatiques et la puissance expressive permettant de mettre au
jour et de dépasser sa conflictualité inconsciente.
L’inspiration onirique
Est-ce à dire que seuls les créateurs reconnus, les créateurs ayant
réalisé des œuvres magistrales à portée universelle, connaissent
ces processus d’inspiration ? Il n’en est rien. Chacun de nous, à un
moment ou à un autre, est traversé par les mêmes mécanismes et
nous ressentons les mêmes émotions. Simplement, nous ne
sommes pas tous disposés à nous en saisir. Soit ces moments
d’inspiration restent virtuels, soit ils sont l’objet d’une transposition
directe dans nos activités de tous les jours. La créativité ordinaire
relève d’une telle démarche de conversion des données de
l’imaginaire dans l’agencement des conduites quotidiennes.
La fécondité groupale
Louis Aragon est l’un de ceux qui, dans sa démarche créatrice, s’est
manifestement appuyé sur les deux types de groupes de référence,
le groupe des pairs et le groupe famille. Au début de sa carrière
littéraire, il a fait partie intégrante du groupe surréaliste et s’est
soumis à toutes ses exigences. Alors qu’il venait d’écrire plusieurs
centaines de pages d’un roman qui lui tenait à cœur, il n’a pas hésité
à jeter au feu tout ce qu’il avait rédigé, afin de respecter les
prescriptions d’André Breton qui condamnait le roman et le
considérait comme un art bourgeois, et comme une forme désuète
et sans avenir. Aragon savait qu’il avait en lui des capacités illimitées
d’écriture, tout en ayant conscience que sans le soutien du groupe
surréaliste dans cette période cruciale de sa vie personnelle, il ne
pourrait jamais appliquer les capacités qui étaient les siennes pour
réaliser son œuvre.
Alors le corps, familiarisé avec les bruits, les odeurs, les vibrations
de la machine en régime de forçage, saura désormais reconnaître
avant l’accident matériel qu’il convient de réduire la vitesse, voire de
mettre la machine au repos pour qu’elle refroidisse. Ainsi advient
cette nouvelle habileté du corps qui maintenant sait usiner une pièce
à l’oreille, au micron près…, que l’on vérifiera par prudence, après,
au pied à coulisse. De la même façon, c’est en poussant l’avion de
chasse dans une configuration spatiale interdite, à la limite du
domaine d’accélération supportable par l’appareil, que le pilote fait
l’expérience du décrochage du compresseur ou de la panne de son
unique moteur en plein vol. En même temps qu’il teste son appareil
pour en connaître les limites, il se teste lui-même dans son sang-
froid et sa capacité à purger les circuits et à redémarrer son
réacteur, il teste les limites de son propre corps. Un avion, ça ne se
pilote pas avec des consignes, ça se pilote avec les fesses. Toutes
les activités de métier, depuis le travail du bois de l’ébéniste,
jusqu’au pilotage par l’agent de conduite d’une centrale nucléaire,
passe ainsi par ce corps-à-corps avec la matière, l’outil et l’objet
technique. Lutte et corps-à-corps organisés comme dialogue avec la
matière, dont il convient maintenant de préciser un certain nombre
de caractéristiques. La matière ne parle pas, mais elle réagit. Elle
réagit aux efforts que je lui impose. Et pour connaître ses réactions,
je dois la tripoter et la manipuler inlassablement, et parfois aller
chercher son point de rupture pour qu’à la fin se forme cette intimité
où, « habité » par elle, je me la suis appropriée. À ma mesure, à
mon corps, à mes capacités, à mes limites. Si la notion de
subjectivation a un sens, ce ne peut être que dans ce rapport avec la
matière dans un corps-à-corps avec elle, que cette matière devient,
enfin, habitée par la vie.
Intelligence au travail et
« corpspropriation »
Corpspropriation et remaniements du
corps
Le vieillissement, au croisement de
temps multiples en tension
S’approprier le temps
Dans ce contexte d’un service qui n’a plus d’histoire portée par ses
membres (mais « des histoires »), la transmission apparaît comme
un processus fondamental pour (re)construire une temporalité de
métier. Elle mobilise le collectif, mais elle met aussi en tension un
personnel soignant qui n’a plus de repère. L’accueil de stagiaires –
s’il fait partie des missions des personnels – reste avant tout une
activité discrétionnaire. Elle peut s’anticiper, mais elle reste toujours
soumise aux aléas du quotidien, plus spécifiquement les effectifs de
la vacation et l’état des patients. Ainsi, dans la situation observée, la
forme que va prendre l’encadrement d’une stagiaire AS est décidée
quinze jours plus tôt. L’aide-soignante qui l’avait préalablement
suivie – « ancienne » du service – propose alors à l’élève
d’organiser un examen blanc lors de leur prochaine vacation
commune ; il se déroulera la veille de son examen réel. Le jour J,
cela tombe bien du côté des effectifs, car les aides-soignantes sont
trois, situation extrêmement rare, en plus de l’élève. Toutefois, à la
relève des deux équipes, les aides-soignantes de la vacation
précédente signalent plusieurs difficultés avec les patients, qui vont
entraîner une charge supplémentaire de travail pour leur vacation,
impossible à anticiper : deux patients ont refusé de faire leur toilette
pendant la vacation du matin et ce sont les aides-soignantes de
l’après-midi qui devront la faire ; un patient n’ayant pas voulu
s’alimenter, les aides-soignantes tenteront de lui donner une
collation ; deux patientes présentent un état de démence qui
s’accentue et c’est auprès de l’une d’elles que l’élève réalisera son
examen blanc ; un patient est tombé ; une patiente a un coquard
dont on ne connaît pas l’origine.
L’enfermement du temps
L’expérience tirée de ce service de gérontologie montre que produire
un temps à soi, temporaliser le temps, implique un engagement actif.
Le temps créatif n’est pas un temps donné mais un temps à
conquérir. Elle montre également la fragilité de ce temps qui peut se
trouver débordé par les temps externes. C’est ici le temps de la
transmission, créé par le collectif, qui s’avérera un temps soutenant
pour l’aide-soignante nouvellement arrivée. Ce temps créatif ne doit
pas être considéré comme « la cerise sur le gâteau du travail ».
Pouvoir s’approprier le temps est un ressort de santé. L’impossibilité
de produire du temps débouche sur ce que Sivadon et Fernandez-
Zoïla (1983) désignent comme les maladies du temps. Ce sont les
symptômes d’un enfermement du sujet dans une unique catégorie
du temps : dans le futur, c’est l’espoir de « lendemains meilleurs »
mais un espoir dissocié du présent, à l’opposé d’une espérance
« attente avancée, basée sur ce qui est en train de se dérouler »
(p. 202) ; dans le passé, le sujet éprouve des regrets, de la nostalgie
qui sont « les désespoirs du temps et le temps du désespoir »
(p. 204) ; enfin, dans le présent, c’est un temps arrêté marqué par la
répétition de l’instant, « un temps apparemment dévitalisé, voire
dévitaliseur » (p. 206). La santé se construit au contraire dans la
possibilité de circuler librement dans les catégories du temps. Elle
implique une attitude active ; la passivité, elle, fait (re)surgir le temps
du calendrier, le temps mesuré qu’elle laisse dominer.
Notes du chapitre
[2] ↑ Cette recherche s’est faite dans le cadre du doctorat de Jeanne Thébault (2013).
Langue, sens et corps
Action poétique dans le monde de
la science et de la formation
Mireille Cifali Bega
Mireille Cifali Bega est professeur honoraire de
l’université de Genève (section des Sciences de
l’éducation). Historienne et psychanalyste, elle œuvre
à définir une approche clinique en sciences de
l’éducation (avec Florence Giust-Desprairies, De la
clinique. Un engagement pour la formation et la
recherche, 2006 ; avec Florence Giust-Desprairies et
Thomas Périlleux (sous la direction de), Processus
clinique et processus de création (Puf, 2015).
Intéressée par les rapports entre science et littérature,
elle a écrit avec Alain André Écrire l’expérience. Vers la
reconnaissance des pratiques professionnelles (Puf,
2007).
J’irais même plus loin et tracerais avec Simone Weil un lien avec
une « dimension spirituelle » du travail, qu’elle associe, elle aussi, à
la poésie. Ainsi affirme-t-elle, dans La pesanteur et la grâce (ses
fragments écrits aux alentours de 1940 et regroupés sous le titre
Mystique du travail) : « Les travailleurs ont besoin de poésie plus
que de pain. Besoin que leur vie soit une poésie. Besoin d’une
lumière d’éternité » (2013, p. 274). Ce ne serait pas sans rejoindre la
position mystique soutenue par Michel de Certeau (1975) : ne pas
couper le travail de quelque chose qui le dépasse, que l’on peut
nommer « poésie ».
« C’est justice de dire, avec Rimbaud, que le poème est “de l’âme
pour l’âme”, est l’acte par excellence humain, où s’accomplit
l’intersubjectivité, qui fonde le monde réel. La poétique peut
prétendre au rang de philosophie première, dès lors que le
phénomène poétique a en propre de réaliser l’humanité de l’homme,
l’intersubjectivité vivante, la présence du monde », écrit Thélot
(2013, p. 124). Travail jamais achevé, paradoxal, ne cessant pas de
se répéter, toujours même et différent ; travail de la variante,
automouvement de la vie, parole renouvelée ; travail d’affectivité
dans les mots, tel est le lieu du poète. Et j’ajoute : tel est le lieu d’un
professionnel de la relation. Le travail des poètes, Thélot le définit
ainsi : « Passer sa vie à parler, à ne rien faire que l’humanité de
l’homme, à inventer l’humanité » (ibid., p. 117). Soit une « éthique de
l’altérité », telle que Michel de Certeau n’a cessé de l’avancer : il y a
« toujours de l’autre », un autre dans sa vulnérabilité et sa force,
toujours possiblement astreint à soumission et toujours en
résistance de liberté, un autre dans sa subjectivité créatrice. Il est
proche de ce travailleur poète qui « passe sa vie » à « ne rien faire
que l’humanité de l’homme », et qui nous le rappelle.
Du sensible au travail
La poésie est chargée de traduire en mots, en phrases, en rythmes,
en silences, les affects, les sentiments et les émotions alors qu’ils lui
échappent ; elle est chargée de travailler la langue pour les exprimer
et les transmettre, elle en fait un fondement de l’humain. Une
subjectivité reconnue ne s’enfermant pas dans un « moi » met en
travail ses forces du sentir qui la transforment comme elles
transforment le monde. La singularité de ce qui est vécu rejoint
d’autres singularités. Dans ce plus singulier, nous retrouvons de
l’humain, marqué certes par une culture mais aussi par ce qui le
rattache aux autres, indépendamment des contingences historiques
et culturelles. Travail au quotidien pour sentir, exprimer, penser,
créer.
Reprises romantiques
J’éprouve toujours des doutes sur ces allers et retours entre les
processus de création et d’autres activités, en particulier celles de la
recherche et de la formation. J’aurais tendance à penser que je me
suis attachée à qui me ressemble. Si Jérôme Thélot part des
définitions du travail données par Karl Marx et par Michel Henry, il
reprend l’intitulé de Dejours Travail vivant (2009b) pour le titre de
son propre ouvrage. Nous sommes peut-être liés par des références
communes qui favorisent ces rapprochements.
Affirmer pourtant que des métiers autres que ceux de l’art sont
traversés par des processus de création m’entraîne à soutenir que
ce qui les relie serait un même « fonds d’humanité », qui autorise à
ce que le travail du poète puisse effectivement devenir
emblématique du travail d’un humain dans son rapport à soi, à un
autre et à un monde. Cette ressemblance dans la manière dont on
parle du travail ne serait pas une généralisation abusive, mais le
fondement de tout travail humain lorsque celui-ci accepte de partir
d’une subjectivité et d’être défini par une intersubjectivité. Ce ne
serait pas une récupération du poète et du poème, une manière
utilitariste de s’y référer, mais bien une phénoménologie par laquelle
ils sont liés. C’est ce que je peux espérer.
La fabrique de l’impuissance
Pour qu’un espace de parole mérite ce nom, il faut qu’il soit possible
d’évoquer, en étant écouté, les questions, les problèmes qui
surgissent au ras de l’expérience quotidienne du travail. Or, il est
fréquent qu’aucune réunion ne soit prévue à cet effet ou que celles
qui existent soient verrouillées par le formalisme ou par des usages
violents de la parole.
Après la fonction organisatrice de la loi pour la psyché, c’est le
langage, autre organisateur essentiel du rapport au monde et à
l’autre, qui est malmené à la fois par l’inflation des procédures et par
l’absence de toute éthique de la parole.
Mais qui est donc le « clown de théâtre » pour être une issue
possible hors de la glu et de l’absence de pensée [7] ?
Le chemin du clown
Car si le clown fait rire, il s’agit d’un rire spécifique lié à un effet de
vérité : le clown fait rire quand il est juste, c’est-à-dire quand il est au
courant de ce qui se passe et qu’il accepte de faire avec. Cette
soumission à ce qui est là et l’exigence de justesse sont la pierre
angulaire du travail de clown.
Mais à bien y regarder, le clown ne fait que mettre une loupe sur ce
qui permet un positionnement juste, au travail et ailleurs : comme les
clowns, nous devons tous improviser notre vie, sans possibilité de
revenir en arrière pour effacer ce qui ne convient pas. Comme pour
les clowns, cette capacité à improviser repose sur la conscience
qu’on ne le fait pas à partir de rien : la vie fournit sans cesse une
matière riche, des occasions multiples. Pour les saisir il faut
développer une attention précise, intense, accepter de suspendre
les étiquetages mentaux, les jugements précoces et les réactions
émotionnelles qui les sous-tendent, laisser être les choses dans leur
épaisseur, accepter d’être surpris, désarçonné, d’être emmené où on
ne l’avait pas prévu.
Notes du chapitre
[2] ↑ C’est le cas – parmi beaucoup d’autres – des aides à domicile livrées, avec une
formation légère et sans professionnalisation de la tolérance à l’impuissance, à toute la
cruauté des fins de vie marquées par la maladie, la solitude, les conflits.
[3] ↑ C’est le cas, entre autres, à Pôle emploi où, dans l’objectif « être au service des
demandeurs d’emploi et des entreprises », le et n’est pas censé poser problème, dans les
EHPAD où les exigences de « bonnes pratiques » sont en contradiction formelle avec les
normes d’encadrement.
[4] ↑ L’analyse des pratiques avec une équipe d’assistantes sociales a été pour moi une
expérience poignante : de très jeunes femmes, fortement engagées dans leur travail,
confrontées en direct – et avec quel malaise – à toutes les souffrances imaginables ne
disposent pour dire et penser leur travail que de deux registres : celui des catégories de la
novlangue professionnelle (une mère maltraitante, un usager agressif, un enfant qui est
dans la toute-puissance) et, par ailleurs, un registre « perso », très émotionnel, de
dénigrement de soi-même, des chefs, des partenaires.
[7] ↑ Dans Les irremplaçables Cynthia Fleury analyse « les formes modernes de
l’absence de pensée » (2015b, p. 49-54).
[8] ↑ Il s’agit d’un objet bidouillé par nos soins qui ne ressemble à rien de connu et qui
donne lieu à une exploration individuelle les yeux fermés, commentée à voix haute, puis à
l’invention consensuelle d’un usage de cet objet.
[10] ↑ Nous utilisons pour cela des jeux basés sur des contraintes très simples mais
implacables, des exigences insurmontables, voire des injonctions paradoxales qui
permettent aux participants de dépasser peu à peu la panique, de repérer les mécanismes
d’enfermement et enfin, de les surmonter.
Les migrations de la pensée :
entre imagination et
conceptualisation
Éric Hamraoui
Éric Hamraoui est maître de conférences HDR en
philosophie au Centre de recherche sur le travail et le
développement (CRTD), coresponsable de l’équipe de
recherche « Psychosociologie du travail et de la
formation. Anthropologies des pratiques », CNAM-
INETOP. Ses travaux portent sur la question de la vie
dans les champs de l’analyse du travail, de la
philosophie de la santé et de l’histoire de la pensée
médicale. Il a récemment publié, en codirection avec
Anne-Lise Rey, Savoir médical, maladie et philosophie
(XVIIIe-XXe siècles), Paris, PUPS.
Dynamiques de la pensée
La dialectique de la conscience et de
l’inconscient
« Pulsation existentielle »
Conscience et pensée
Notes du chapitre
[1] ↑ « Je ne puis penser et mouvoir librement sans connaître immédiatement ma force
pensante ou mouvante, non comme substance, mais comme cause ou force qui opère par
le vouloir » (Maine de Biran, 1954, t. II, p. 235).
[2] ↑ « Dès que je sais ou connais que je vis, dit Maine de Biran (ibid.), j’ai par là même la
notion distincte de force vitale comme non moi et laquelle a son fondement dans
l’aperception immédiate d’une sorte d’énergie vitale. »
[3] ↑ « J’ai prouvé, dit Maine de Biran (ibid. t. I, p. 125), que le sentiment du moi n’était
autre que le sentiment de la liberté ou du pouvoir d’agir, d’exercer une action indépendante
de toute cause autre que la volonté. »
[6] ↑ Du terme « écoumène » (du grec oikeo, habiter) désignant chez Augustin Berque la
relation de l’être humain à l’espace géographique, ainsi que les niveaux d’engendrement
réciproque de l’un par l’autre.
[7] ↑ « Dans la plus grande partie de son activité, même la plus haute, pensée, sentiment,
volonté, qui, si vexante que la chose puisse paraître à un philosophe d’avant-hier, se
déroule sans reflet, sans réflexion » (Nietzsche, 1982, aph. 354, p. 305-306).
[8] ↑ « La vie entière pourrait passer sans se regarder dans ce miroir de la conscience »
(ibid., p. 305).
La subversion de la mort par les
soignants en maternité
Entre humanité et créativité
Claudine Schalck
Claudine Schalck est sage-femme, psychologue
clinicienne et doctorante au Centre de recherche sur le
travail et le développement du CNAM, sous la direction
de Dominique Lhuilier. Elle s’intéresse aux enjeux de la
naissance dans ses aléas les plus contrastés, voire les
plus douloureux. Son travail de recherche porte en
particulier sur l’impact de la mort périnatale sur les
soignants et sur leur travail lui-même. Elle a publié
Accompagner la naissance pour l’adoption. Judith et
bébé Joséphine (érès, 2011) et Dai et le sida. Entre le
premier et le dernier souffle de vie (L’Harmattan, 2013).
Si les parents sont mis à rude épreuve avec la perte du tout-petit, les
professionnels ne le sont pas moins, à plusieurs titres, dans leur
travail, selon les situations. Les épreuves les plus marquantes
touchent en premier lieu à la recherche d’un responsable ou d’une
éventuelle erreur dès qu’il s’agit d’une mort périnatale,
particulièrement lorsque la viabilité était acquise. Mais ces épreuves
renvoient aussi à des manifestations de détresses émotionnelles
transitoires, des souffrances éthiques, notamment lorsqu’il s’agit de
l’IMG, des culpabilités variables, ou encore de l’anxiété au travail, du
surinvestissement médical, des doutes et des remises en question
professionnelles, tout comme des tensions, voire des conflits dans
les liens collectifs. Des enjeux portés par l’horizon d’une
judiciarisation toujours possible, que les sages-femmes autant que
les obstétriciens perdent rarement de vue, dans cette spécialité où
l’obstétrique arrive en peloton de tête pour le recours médico-légal,
derrière la chirurgie et l’anesthésie.
L’intersubjectivité, force de
subversion
Notes du chapitre
Les salariés, par ailleurs, n’ont pas a priori de position négative vis-
à-vis du changement. Ils le perçoivent comme susceptible de leur
apporter l’oxygène, le souffle nécessaires pour entretenir l’intérêt au
travail, sortir des sentiers battus et donner l’occasion d’affirmer leurs
qualités, tout en entretenant l’esprit de la découverte.
Elles sont là, également, pour faciliter la vie hors travail des salariés.
Elles aident notamment les cadres pour les tâches domestiques via
les conciergeries qui prennent en charge les activités du quotidien,
elles veillent à leur bonne forme physique en proposant moult
massages, conseils diététiques, et psychiques (avec les numéros
verts de psy). Pour les jeunes, elles cherchent à entretenir un cadre
ludique susceptible de les stimuler et de les détendre tout à la fois.
L’esprit ainsi dégagé des contraintes familiales et privées, les
salariés auront la possibilité de s’adonner plus intensément à leur
travail. Ils comprendront que tout est fait pour eux et qu’ils peuvent
faire confiance à leurs managers.
Il n’est pas anodin que certains clubs RH aient recours à des
intervenants militaires lors de leur « université d’été ». J’ai pu voir
ainsi des généraux, amiraux, colonels, lieutenants-colonels, dont
certains de retour de terrains de guerre, expliquer comment ils
manageaient leurs soldats, de manière à obtenir de leur part une
confiance totale et sans réserve.
Le forcing
La défiance toujours
Notes du chapitre
[1] ↑ Loi organique relative aux lois de finances, Révision générale des politiques
publiques.
Créativité et jeu au travail
Le point de vue de la sociologie clinique
de l’activité
Marie-Anne Dujarier
Marie-Anne Dujarier est professeure de sociologie à
l’Université Paris 7-Denis-Diderot, membre du
Laboratoire de changement social et politique (LCSP) et
membre associée du LISE (CNAM /CNRS). Ses recherches
portent sur l’encadrement social de l’activité des
travailleurs et consommateurs. Récemment, elle a
publié Le management désincarné. Enquête sur les
nouveaux cadres du travail (La Découverte, 2015) et
codirigé un ouvrage : L’activité en théories. Regards
croisés sur le travail (Octarès, 2016).
L’activité élabore l’action qui sera finalement réalisée : elle lui donne
une orientation signifiante (au sens wébérien), en comptant sur des
sensations. Orientation, signification et sensations : ces trois
acceptions du mot sens caractérisent l’activité comme processus.
Aussi, la créativité normative propre à l’activité, à l’inverse de la
normalité (la conformité à des normes déjà là), produit sens et santé.
Dans la vie courante, ce « mode créatif de perception » donne à
l’individu « le sentiment que la vie vaut la peine d’être vécue »
(Winnicott, 1975, p. 127). La créativité serait, d’après ce
psychanalyste, précisément la « partie vivante du sujet » :
« inhérente au fait de vivre ».
Les jeunes planneurs, quelle que soit leur spécialité, font un travail
répétitif sous contrainte de temps, tel que réaliser des calculs
sophistiqués sur un tableur, écrire des cahiers des charges
fonctionnels en série, dérouler des formations types, consolider des
tableaux de bord ou rechercher des informations routinières sur des
clients et concurrents.
Conclusion
Notes du chapitre
[1] ↑ Enquête réalisée en partenariat avec l’APEC, et avec la participation de Loup Wolff et
Régis Schlagdenhauffen (Dujarier, 2015b).
[2] ↑ Au sens d’« acte qui consiste à produire quelque chose de nouveau, d’original, à
partir de données préexistantes » (CNRTL [en ligne]).
[4] ↑ Avec des nuances et gradations : les spécialités les plus prestigieuses (stratégie et
finance) expriment le plus nettement ces caractéristiques, de même que les consultants
plus que les cadres de grandes organisations.
[5] ↑ C’est ainsi que tout projet porte un nom et/ou un slogan. Anglicismes, acronymes et
néologismes se multiplient, constituant finalement un jargon professionnel
incompréhensible pour les profanes, c’est-à-dire pour le reste des travailleurs.
[6] ↑ Nous faisons cette hypothèse avec prudence, dans la mesure où Winnicott
caractérise plus qu’il ne définit le « jeu » et la « créativité ». En outre, il ne dialogue pas
avec les sciences de l’action et du travail en particulier. Son approche du jeu est d’abord
subjective et interactionnelle, plus que sociale.
[7] ↑ Michel de Certeau (1980) montre ainsi la place de l’inventivité dans les actions
domestiques, banales.
Entre souffrance, défense et
développement du métier : quelle
place pour la créativité ?
Simon Viviers
Simon Viviers, Ph.D., c.o., est professeur adjoint au
Département des fondements et pratiques en
éducation, et membre régulier au Centre de recherche
et d’intervention sur l’éducation et la vie au travail,
université Laval. Il a codirigé, avec M.‑C. Doucet, un
ouvrage paru en 2016 : Métiers de la relation :
Nouvelles logiques et nouvelles épreuves du travail,
Québec, Presses de l’Université Laval. Il est l’auteur,
avec M.F. Maranda, et J.S. Deslauriers de Prévenir les
problèmes de santé mentale au travail : contribution
d’une recherche-action en milieu scolaire, paru en
2014 aux Presses de l’Université Laval.
Le travail peut être l’une de ces formes, et c’est sur son usage en
tant que ressource créative pour survivre en proie à de grandes
difficultés que nous allons centrer notre regard.
La marginalité et la créativité
nécessaire
C’est ainsi que les détenus luttent contre l’amputation provoquée par
l’autoritarisme des prisons et des prétendues procédures propres
utilisées par les agents pour leur contention. L’usage de l’astuce, de
la créativité et des formes de résistance se fait présent de différentes
manières, comme dans l’affirmation d’un langage propre et de
nouveaux codes de communication dans les messages et les lettres
que les détenus écrivent, dans la constante transformation et
réinvention des matériaux qui les encerclent, dans l’usage des
produits venus de l’extérieur, décontaminés du traitement
pénitentiaire, par les insistantes demandes de prises en charge
juridique et médicale, et par tous les moyens de provoquer l’ordre,
par exemple l’usage du téléphone portable, d’alcool et de
stupéfiants, de manière à récupérer le temps, l’espace et la
subjectivité qui ne leur appartiennent plus.
Conclusion
D
selon la logique néolibérale de production, on assiste à la
précarisation du travail et à la croissante déstabilisation des
collectifs de travail. Aussi bien dans les entreprises privées que dans
les organisations publiques, on voit souvent un écart entre les
objectifs des organisations tournés vers la productivité et les valeurs
du marché, et ceux des travailleurs, qui visent à réaliser un travail
bien fait et à y imprimer leur marque. Une telle disparité peut
conduire aussi bien à la souffrance et à des maladies qu’à des
mouvements de résistance et de créativité.
Ces sujets libres sont aussi insoumis et opposent une autre force à
celle qui tente de les asservir. En ce sens, la résistance, c’est
également l’effort pour transformer ces rapports de forces. Mais si
Foucault affirme que dans tout rapport de pouvoir il y a une
résistance, celle-ci ne s’applique pas sur un point spécifique, sur un
évènement. Elle est plurielle, basée sur des points multiples,
dynamiques (Foucault, 1976 ; 1995).
C’est dans un tel scénario que ces médecins trouvent une « marge
d’action » dans l’exercice du soin. Il est à remarquer que le caractère
dynamique et créatif de ces actions affecte positivement toute
l’équipe de santé ainsi que les patients, ce qui est déterminant pour
le développement de l’office de la médecine de famille.
Dans cette arène où les combats ne sont pas toujours explicites, une
fois qu’ils ont lieu par le biais de micro-décisions, la résistance surgit
comme une transgression ou une subversion des protocoles.
Cependant, elle n’est pas toujours reconnue comme un acte créatif
et autonome, même lorsque sont alors mis en évidence de
nouveaux modes opératoires pour faire ce qui doit être fait,
remettant en question la rationalité nuisible des normes préalables.
Il est évident que, dans les services de santé, il faut bien observer
les normes et les protocoles lorsqu’il s’agit de la rigueur technique
inhérente à certaines procédures cliniques. Mais, en dehors de cela,
on constate un excès de prescriptions qui ne sont pas d’ordre
clinique ou technique, mais qui visent plutôt à répondre à des
intérêts politiques. Dans ce cas, le fait d’atteindre un objectif
quantitatif de soins donne de la visibilité publique, mais désorganise
le modèle de soins que l’équipe de santé cherche à réaliser.
Autrement dit, face aux impositions insensées, les médecins forgent
de nouvelles manières de s’organiser et de s’approprier le travail, en
même temps qu’ils répondent à un engagement éthique et politique,
inhérent aux soins envers les usagers.
Ainsi, avec leurs ruses pour répondre aux prescriptions d’une façon
satisfaisante, les médecins développent des formes de résistance
leur permettant de se reconnaître dans leur activité et de développer
un travail bien fait, conformément à leurs valeurs et aux exigences
du métier. De cette façon, ils visent surtout à assurer à l’usager-
citoyen le droit à la santé. Au cours des entretiens, nous avons
identifié bien d’autres conduites vraiment peu conventionnelles. Il en
est ainsi d’un médecin qui abandonne régulièrement son cabinet et
monte dans la favela pour s’occuper d’enfants qui vivent dans des
situations fortement précaires, car leurs parents n’ont nullement les
moyens de leur proposer les soins essentiels, d’affection, d’abord,
ensuite d’hygiène, d’alimentation et de traitement des maladies. En
dehors de l’unité de santé, il va apporter son soutien à des
populations socialement vulnérables, forcées par la police à
abandonner leurs logements, lorsque leurs quartiers sont atteints par
les inondations et les crues. Il s’habille en clown dans les salles de
vaccination occupées par des enfants victimes de violence. Et il se
débrouille comme il peut, avec des instruments de fortune, en cas de
manque ou de précarité de ses équipements et instruments.
Considérations finales
De quelle résistance parlons-nous, en abordant le travail du médecin
du Programme santé de la famille du SUS ? Il n’y a certainement pas
une réponse unique qui puisse épuiser cette question, mais en
écoutant les travailleurs, on se rend clairement compte que leurs
mouvements de résistance s’opposent à la logique productiviste et
quantophrénique (Gaulejac, 2005) qui combat les principes et les
directives du SUS, ainsi qu’à la perspective du soin en tant qu’action
politique et humanitaire. Il s’agit donc d’une résistance à tout ce qui
tente de destituer le travail de son sens et de le vider des valeurs qui
l’étayent. On résiste, enfin, par fidélité ou par identification aux
idéaux démocratiques qui sont à l’origine du SUS, insérés dans les
luttes au nom de la liberté, de la démocratie et de l’émancipation des
citoyens ; on résiste ainsi à la culture de l’individualisme liée à la
logique néolibérale, à la rationalité du marché.
Notes du chapitre
[1] ↑ En 1964, le gouvernement démocratique du Brésil a été destitué par un coup d’État
militaire. Le régime dictatorial installé alors n’a pris fin qu’en 1985.
[2] ↑ Les agents communautaires de santé sont les personnes qui habitent les quartiers
où sont situées les unités de santé, et qui font le lien entre la communauté et l’équipe de
santé. Ils font des visites à domicile, guident les usagers vers les services de santé,
développent des actions de promotion de la santé, de prévention de maladies et de
vigilance épidémiologique.
[3] ↑ L’Attention basique est un ensemble d’actions de santé, dans le domaine individuel
et collectif, qui englobe la promotion et la protection de la santé, la prévention de maladies,
le diagnostic et le traitement, la réhabilitation et le maintien de la santé. […] C’est le contact
préférentiel des usagers avec le système de santé (Brasil, 2006).
[4] ↑ Il convient de rappeler que le gestionnaire placé dans l’unité de santé est quelqu’un
issu de l’équipe soignante (médecin, infirmier, dentiste, travailleur social, psychologue, etc.),
il connaît « de l’intérieur » et s’identifie au projet « humanisé et solidaire » du SUS. D’un
autre côté, beaucoup de gestionnaires qui occupent le haut de la hiérarchie du système
sont presque toujours indiqués par les partis politiques au pouvoir. Ils n’ont aucune affinité
avec les principes éthico-politiques du SUS et s’appuient sur les modèles managériaux du
marché.
[5] ↑ Le protocole de Manchester est un instrument de triage appliqué par des infirmiers,
visant à évaluer le degré d’urgence du suivi des patients, avant de les acheminer vers la
visite médicale, en les plaçant par ordre de priorité à partir de critères prédéfinis.
http://bvsms.saude.gov.br/bvs/publicacoes/protocolo_acolhimento_classificacao_risco.pdf
[6] ↑ Ce plus grand flux d’usagers vers le SUS est dû également, dans l’actuelle crise
politique et économique du pays, à l’augmentation du chômage. Beaucoup de travailleurs
n’ont plus les moyens de payer une assurance privée.
[7] ↑ Il existe actuellement au Brésil une plainte généralisée par rapport à la qualité des
soins concernant la plupart des assurances privées.
[8] ↑ Effectivement, tout au contraire, les traitements complexes et trop dispendieux
comme les greffes d’organes et l’assistance à des maladies rares et graves sont assurés
par le SUS. Il faut y ajouter, outre l’assistance régulière à 70 % de la population n’ayant pas
une assurance privée, les campagnes universelles de prévention, comme les vaccinations
de masse et la surveillance de la santé de la population, à tous les niveaux.
La créativité productrice de sens
Apprenties en alternance dans le
domaine de la vente
Alexandra Felder
Alexandra Felder est Senior Researcher à l’Institut
fédéral des hautes études en formation professionnelle
en Suisse. Docteure en sociologie, elle est l’auteure de
l’ouvrage L’activité des demandeurs d’asile. Se
reconstruire en exil (érès). Elle travaille sur les
thématiques suivantes : parcours de formation,
identités professionnelles, activités dans divers
domaines de vie, précarités, migrations et asile.
Kerstin Duemmler
Kerstin Duemmler est Senior Researcher à l’Institut
fédéral des hautes études en formation professionnelle
en Suisse. Sociologue et docteure en sciences
humaines et sociales, elle s’intéresse à la socialisation
professionnelle, à la migration et à la gestion de
l’hétérogénéité ethnique et religieuse en institution
scolaire. Elle a publié dans diverses revues : Identities,
Journal of Education and Work, European Journal of
Sociology, Journal of Intercultural Studies, Integrative
Psychological and Behavioral Science.
Isabelle Caprani
Isabelle Caprani est responsable d’axe de recherche
à l’Institut fédéral des hautes études en formation
professionnelle en Suisse. Sociologue et géographe,
ses domaines d’intérêt portent sur l’identité
professionnelle, la migration et les relations
interethniques. Elle est l’auteur de différents articles sur
l’identité professionnelle, dont « Identity strategies in
light of a low-prestige occupation : the case of retail
apprentices » (Journal of Education and Work) et
« Conditions de travail et identification professionnelle :
le cas des apprentis formés en alternance dans le
commerce de détail en Suisse » (Relief).
La notion de créativité
Dans son travail, elle se décrit comme une personne qui prend des
initiatives, et aussi, qui vise plus haut. Néanmoins, elle s’est souvent
sentie sous-estimée et reléguée à des niveaux de formation
inférieurs, que ce soit à l’école ou plus tard, pendant sa formation
professionnelle. Au moment de postuler pour son apprentissage, le
gérant doutait de sa capacité et elle a dû insister pour obtenir sa
place en apprentissage. Ensuite, elle exprimait le souhait de
s’inscrire en bac professionnel, mais là encore son conseiller l’en a
dissuadée, estimant que ce serait trop difficile pour elle. Elle accepte
ces décisions, même si elle n’y adhère pas : « Vraiment, c’est
l’habitude qu’on me dise non. Mais je trouve toujours un moyen pour
prouver que je suis meilleure que les autres, bon, c’est un peu ce qui
fait ma motivation. » Amandine développe sa force du fait d’être
mésestimée, dans sa volonté de démontrer ses compétences à ses
enseignants et patrons. Cette trajectoire est un exemple de contexte
d’évolution fait d’entraves, qui n’empêche pas pour autant le
développement de la créativité, mais en constitue un moteur.
Elle décrit son premier gérant comme très ouvert à ces prises
d’initiative. Le gérant actuel est plus prudent et lui demande des
arguments pour lui laisser la gestion d’une nouvelle initiative. Ce
nouveau contexte organisationnel est donc beaucoup moins
favorable au développement de sa créativité. Mais, ayant acquis une
grande confiance en soi au cours des trois années d’apprentissage,
ces difficultés ne l’empêchent pas de poursuivre son implication et
de développer son activité de façon créative.
Myriam pose un regard parfois dur sur son parcours. Elle dit ne pas
avoir eu d’enfance ni d’adolescence. « Je trouve que j’ai vraiment
pas eu une enfance facile, j’ai pas eu de parents, j’ai pas eu
d’encadrement, j’ai pas eu de règles, j’ai rien eu qu’un enfant doit
avoir pour bien évoluer, quoi. » Son adolescence était
mouvementée, avec des épisodes de violence vis-à-vis de son
entourage. Actuellement, elle vit chez sa mère, avec qui elle ne
s’entend pas bien. Devenir indépendante est sa principale motivation
dans la recherche d’une place d’apprentissage.
Au début de son apprentissage, elle dit avoir accepté tout ce que les
autres collègues et son chef lui disaient, par peur de perdre sa place
en s’affirmant. Petit à petit, elle « prend sa place », et apprend à dire
non. Elle évoque des directives imposées par son patron qui ne
respectent pas les normes professionnelles, comme mentir sur la
qualité de la marchandise, affirmer que « le poisson est du jour »,
alors qu’il ne l’est pas…
Au début, elle a été heurtée par cet aspect de la vente, mais elle s’y
est habituée. C’est dans cet ajustement que Myriam met en œuvre
des processus créatifs qui l’aident à la fois à respecter des valeurs
humaines dans les rapports avec autrui (complicité, humour), et à
développer sa professionnalisation comme gestionnaire de
commerce de détail : « Avec les clients il faut créer un certain lien
aussi. Il faut apprendre à connaître son client, voir quel genre de
caractère il a. Puis beaucoup d’humour, il faut beaucoup d’humour
pour créer un lien avec un client. »
Conclusion
Marie-Christine Bureau
Marie-Christine Bureau est sociologue et chargée de
recherches CNRS dans le laboratoire LISE-CNAM-CNRS. Ses
travaux portent notamment sur les frontières du salariat,
le mouvement maker, les nouvelles formes de travail et
d’organisation. Elle est auteur de l’ouvrage Le progrès
social : quoi de neuf depuis la Tour Eiffel ? (éd. D’ores et
déjà, 2015), coauteur et coéditeur de plusieurs livres
dont Les ateliers des possibles : entre esthétique et
politique (L’entretemps, 2016), Un salariat au-delà du
salariat (PUN, 2012), Reconfigurations de l’État social en
pratique (Septentrion, 2011), L’artiste pluriel
(Septentrion, 2009). Parmi les publications récentes :
Bureau M.-C et Corsani A., 2016, « New forms of
employment in a globalised world: three figures of
knowledge workers », Work Organisation, Labour &
Globalisation, volume 10, n° 2 ; et Berrebi-Hoffmann I.,
Bureau M.-C et Lallement M. (sous la direction de), « De
nouveaux mondes de production ? Pratiques makers,
culture du libre et lieux du “commun” », Recherches
sociologiques et anthropologiques, 46-2, 2015.
Michel Lallement
Michel Lallement est sociologue, professeur au CNAM et
membre du LISE-CNRS. Ses travaux portent sur les
transformations du travail et des relations de travail.
Avec I. Berrebi-Hoffmann et M.-C. Bureau, il s’intéresse
depuis quelques années aux tiers-lieux comme creusets
d’innovation sociale pour le travail et l’emploi. Parmi ses
dernières publications : L’âge du faire (Le Seuil, 2015) et
Logique de classe (Les Belles Lettres, 2015).
Si les acteurs et les enjeux varient d’une période à l’autre, une même
grille analytique peut nous servir à rendre raison de ces cinq vagues
de DIY. Celle-ci articule quatre variables principales : un problème
social dont l’importance est reconnue publiquement ; des acteurs
dotés de ressources favorables à l’innovation ; des terrains
d’expérimentation ; et, enfin, une sensibilité collective aux modalités de
la production du soi. Pour être tout à fait précis, la thèse que nous
défendons est la suivante : l’idée que la créativité est nécessaire à une
« bonne » pratique du travail, jusqu’à ce jour, n’a eu de possibilité
d’être produite, formalisée et entendue qu’aux moments où, selon des
configurations variables selon les périodes, les quatre variables listées
précédemment ont trouvé matière à incarnation empirique et ont pu
constituer un système favorable à l’action collective.
Le travail à-côté étudié par Florence Weber (1989) constitue une autre
illustration de la manière dont les ouvriers produisent et maintiennent
du sens et de la dignité sociale grâce à leurs bricolages. Pour
appréhender les multiples activités effectuées hors de l’emploi
principal, F. Weber suggère de distinguer trois registres : la bricole, le
travail indépendant et le second salaire. La bricole, dont le sens social
est proche de celui qui structure le travail à soi cher à P. Bernoux, sert
à la production de biens privés non marchands. Le petit élevage, le
jardinage, les travaux de menuiserie et de maçonnerie, la confection
d’objets de toutes natures à l’aide de matériaux récupérés sur les lieux
du travail…, en dessinent les principaux contours. Mélange de plaisir
et d’intérêt, la bricole aide à supporter le travail usinier, non à lui servir
de substitut. En ce sens également, le bricolage est, aux temps du
taylorisme et fordisme rayonnants, immanent aux pratiques
productives dominantes.
Conclusion
L’esquisse que nous venons de brosser n’a pour autre ambition que
d’aider à travailler en direction d’une critique sociale de la créativité,
dans et par le travail. Il demeure à l’évidence de nombreuses
imperfections au schéma proposé. Deux questions au moins restent
en suspens. La première concerne les effets « pays ». Nous avons
voyagé d’un pays, voire d’un continent, à l’autre sans jamais vraiment
nous préoccuper des conditions culturelles de production de la
créativité. Nous savons pourtant, grâce notamment à l’étude de
Richard Biernacki (1995), que la fabrique du travail n’est pas la même
en Angleterre, en Allemagne ou, en France… Tandis que certains
associent le travail au produit fabriqué, d’autres le lient étroitement aux
modalités de contrôle de la force de travail. On imagine aisément que
de telles oppositions ont des impacts directs sur les conceptions de la
créativité, du bricolage, de l’autonomie…, et sur la manière de les lier
aux enjeux de travail. Cela reste dans tous les cas à démontrer par le
menu.
Notes du chapitre
[1] ↑ Le substantif shaker a pour origine les transes et autres tremblements dont les
membres de la communauté sont sujets à l’occasion des pratiques cultuelles auxquelles ils
s’adonnent (Desroche, 1955).
[3] ↑ http://usinette.org/le-projet-usinette/article/une-presentation
La dimension laborieuse de la
création
De la modernité d’un archaïsme
Thomas Paris
Thomas Paris est chargé de recherches en économie
et gestion au CNRS et professeur affilié à HEC Paris.
Ancien élève de l’École polytechnique et titulaire d’un
doctorat de gestion, il mène des recherches sur
l’économie de la création (cinéma et audiovisuel,
musique, mode, édition, architecture, publicité, grande
cuisine, design). À partir de points de vue variés, il
s’agit ainsi d’analyser les spécificités des activités de
création dans leurs problématiques d’organisation, de
gestion, ou encore de régulation. À HEC, il dirige le
programme MAC (Médias, art, création). Il est l’auteur,
notamment, de Manager la créativité (Pearson, 2010).
Orson Welles
Notes du chapitre
[1] ↑ Le terme est utilisé ici dans son sens premier, celui du marché physique où des
vendeurs proposent des produits sur des étals.
Groupe, leader bienveillant et
créativité
Eugène Enriquez
Eugène Enriquez est professeur émérite de sociologie
à l’université Paris 7-Denis-Diderot. Il a été l’un des
fondateurs de l’ARIP (Association pour la recherche et
l’intervention psychosociologiques) en 1959 et du
CIRFIP (Centre international pour la recherche, la
formation et l’intervention en psychosociologie) en
1993. Il a été professeur invité au Québec, en Italie, au
Brésil, en Tunisie. Ses principales publications : De la
Horde à l’État (1983), L’organisation en analyse (1992),
Désir et résistance, la construction du sujet (2010).
Mais, en même temps, ils étaient au fait que ces créateurs n’auraient
pas existé s’ils n’avaient fait partie d’un collectif qui avait ses
traditions et ses manières de faire. Et, depuis le Moyen Âge, tout un
chacun se rendait compte, lors de l’édification des églises romanes
ou gothiques, que ces prodigieuses constructions étaient le produit
d’un groupe d’artisans plus ou moins anonymes qui avaient été en
mesure de coopérer et de livrer ainsi à la dévotion des populations
des œuvres de toute beauté.
Le Dichter
Ce terme allemand est habituellement traduit en français par le
« poète », mais ce terme, sauf si l’on pense à des « voyants »
comme Baudelaire ou Rimbaud (et encore !) appauvrit ce qui est
l’essence même du Dichter [3] .
Le Dichter n’est donc pas seulement celui qui sait évoquer la nature,
qui fait surgir l’imaginaire, qui est en mesure de créer un monde ; il
est aussi celui qui, par ses mots, est capable de lutter contre la mort.
Romain Rolland écrivait déjà : « Créer c’est tuer la mort » (cité par
Pontalis, dans Gómez Mango et Pontalis, 2012).
Pissarro, par son travail incessant, par son courage à toute épreuve
(durant la guerre 1870-1871, les Prussiens occupaient son logement
et détruisirent plus de cent tableaux qui étaient, au dire de ses amis,
parmi les meilleurs ; bien que déprimé, il se remit au travail et
continua à peindre sans relâche), par ses inventions techniques, par
sa capacité à modifier ses sujets (lui, le peintre de la nature, par
excellence, se mit à peindre le paysage urbain), par son intérêt pour
les autres dont il pouvait devenir soit le père, soit l’adepte (ainsi, il se
mit au pointillisme après sa rencontre avec ses cadets Seurat et
Signac), fut un exemple de peintre vivant toujours sur la brèche.
Seule la mort arrêtera sa rage de peindre.
L’homme de conviction
À partir de 1872, il n’a plus foi qu’en une action commune ; ainsi, en
1873, il rédige la Charte du groupe des impressionnistes (Monet
apporta à celle-ci quelques modifications), société par actions dont
la première exposition aura lieu en avril 1874, appuyée par Paul
Alexis, un ami de Zola, et le grand marchand de tableaux, Durand-
Ruel. Les exposants sont, à part Pissarro, Monet, Degas, Renoir,
Cézanne, Berthe Morisot, Sisley. Cette exposition n’aura aucun
succès.
Par la suite, il continuera à peindre à côté de Cézanne, à qui il
communique patience et goût du silence. Il fait en sorte de brider un
peu son imagination par trop tumultueuse. Cézanne dira : « Ce n’est
que plus tard, quand j’ai connu Pissarro, qui était infatigable, que le
goût du travail m’est venu. »
Même s’il n’est pas possible de dire que tout groupe, pour être
créatif, a besoin d’un leader bienveillant, il me plaît de penser que
l’exemple que nous donne Pissarro devrait être plus souvent suivi :
Eugène Boudin, que Pissarro estimait, ne disait-il pas : « La
perfection est une œuvre collective. Sans celui-ci, celui-là n’aurait
pas atteint la perfection qu’il a atteinte », et avant lui, Kant (1985)
n’avait-il pas écrit ces lignes que tout le monde devrait méditer :
« Penserions-nous beaucoup et penserions-nous bien, si nous ne
pensions [6] , pour ainsi dire, avec d’autres qui nous font part de leurs
pensées et auxquels nous communiquons les nôtres ? »
Notes du chapitre
[1] ↑ Mon écrit reprend, avec des ajouts, une conférence de 2015. J’avais pu constater à
cette occasion qu’une partie du public, apparemment « cultivé », ignorait le nom de
Pissarro.
[2] ↑ Je l’utilise dans mon article de 1981. Baudrillard a repris cette notion quelques
années plus tard.
[3] ↑ Je reprends certains passages d’un article antérieur, cf. Enriquez, 2001.
[4] ↑ Le lecteur pourra compléter son information sur le Dichter et la Dichtung par la
lecture des ouvrages de George Steiner (1997), et de Edmond Gomez Mango et Jean-
Bertrand Pontalis (2012).
[5] ↑ Ce qui est faux, cf. plus haut.
[6] ↑ N’oublions pas que, comme le disait Léonard de Vinci, la peinture est une « cosa
mentale ».
Épilogue
L’expérience de la création
Entretien de
René Pétillon
avec
Jean-Philippe Bouilloud
Jean-Philippe Bouilloud est professeur d’organisation
et de sociologie des sciences à ESCP EUROPE, MEMBRE
DU LABEX HASTEC, MEMBRE ASSOCIÉ DU LCSP (Paris 7),
chargé de cours à l’université de Paris 7. Auteur de
Entre l’enclume et le marteau, les cadres pris au piège,
2012, Le Seuil (Prix 2013 du meilleur ouvrage sur le
monde du travail).
J ean-Philippe Bouilloud : Nous vous remercions, René Pétillon,
d’avoir accepté de participer à cet ouvrage. On vous remercie
aussi d’avoir su, à travers les deux dessins, celui de la couverture et
celui-ci, montrer les paradoxes et les tensions qu’il peut y avoir
autour de ces mécanismes de création, et aussi de partager avec
nous ce que représente, en situation, le fait de créer. Pour
commencer, comment définir le dessin d’humour, dans la presse ?
J.-P. B. : Être dessinateur à temps plein, c’est être dans une sorte
d’injonction paradoxale que vous avez très bien illustrée : on doit en
permanence « faire un tube », faire rire, et pourtant, la clé de ce
métier semble être la liberté de création, la latitude de faire ou ne
pas faire. Comment se vit cette injonction à se renouveler en
permanence, à produire en continu ?
Ce dessin était prévu pour Charlie Hebdo, auquel j’ai collaboré pour
quelques numéros lors de la reparution après les attentats ; les
dessins sont passés pour la plupart, mais à ma grande surprise,
celui-ci – qui traite du fétichisme des collectionneurs – a été refusé.
Peut-être parce que c’était trop tôt, trop à vif.
Dessin refusé au Canard enchaîné
J.-P. B. : Merci, René Pétillon, d’avoir partagé ces réflexions sur les
contraintes de la création, et ce difficile exercice d’acceptation, ou
d’incorporation, des contraintes par les journalistes et les
dessinateurs. Un journal comme Le Canard est donc dans cette
tension centrale entre liberté de penser, de créer, et aussi
empêchement, règles qui encadrent cette pensée. C’est dans cette
tension que s’élabore le dessin humoristique, qui dans sa liberté
d’expression se constitue en un élément de la démocratie. En outre,
dans notre monde moderne, ceux qui savent faire rire sont précieux.
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