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Enseignant : Nathalie Dompnier Janvier – avril 2010

Semestre 2

Introduction à l'Analyse Politique

Introduction : regard profane et regard savant se la politique

- La politique saisi par les citoyens


Au XIXème siècle émerge l'idée qu'il n'est plus question de distingué le profane du
savant en politique avec le suffrage universel. Pour Weber le sacré ne se définit pas par le
rapport avec un Dieu mais par la césure, les règles et les interdis qui le place à l'écart de
la société entouré d'un relatif respect. Il reste en effet des clivages très fort entre les
hommes politiques et leurs électeurs; entre ceux qui maitrisent les catégories d'analyses
politiques et ceux qui ne les maitrisent pas.
Par exemple le rejet de la « politique politicienne » c'est à dire considérer les
affrontements entre les hommes et les femmes politiques, les partis politiques comme seul
action du politique qui évidemment apparaît comme éloigné au citoyen. Une enquête
internationale de 2004 qui porte sur la citoyenneté pose la question : « Pensez vous que
les hommes politiques font ce métier pour leurs intérêts propres ? », la moyenne est à
60% oui, en France elle monte à 63% voire 80% au Mexique et descend à 23% en
Scandinavie.

La politique est aussi vue comme la gestion de l'intérêt publique, des affaires de la
« cité ». Cette conception touche autant à la pensée politique qu'à l'action politique en
abordant les idéologies. Elle peut être considérer négativement dans cette optique car
cause de conflit et de division au sein de la Nation, le fait d'engager une discussion
politique peut être cause de discorde et est accueillis avec méfiance.

La dernière conception « profane » peut être qualifiée d'extensive, de maximaliste


c'est à dire dès lors qu'il existe des rapports de forces entre catégorie de la société. Toute
domination est considérée comme telle. Pour exemple l'on peut considérer la question de
l'avortement qui s'est « politisée », les mouvements étudiants transforment la relation
entre enseignant et étudiant en rapport de domination et donc politique.

On voit alors que parmi les profanes cohabitent des rapports très différents à la
politique, il convient alors de voir ce que peut nous dire le regard savant (pour ne pas dire
sacré), comment peut-il nous éclairer sur la ou le politique. A partir du moment où l'on
acceptent de débattre sur un pied d'égalité quelle est la place du savant ?

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- Regards savants : les sciences humaines et sociales et le politique
Au XIX et XXème siècle le scientifique tel que le sociologue (comme Weber) est
convaincu de pouvoir agir sur la société par ses travaux (ex : l'anomie de Durkheim).
Aujourd'hui il y a encore une distinction très claire et très net entre profanes et savants
illustrés par le recours aux experts et à leurs expertises.
Mais en réalité le scientifique discours sur la politique, il analyse un phénomène au
contraire du discours politique qui cherche à éviter la contradiction. Le savant lui donne les
outils de sa propre contradiction (principe de la falsifiabilité du discours scientifique).
=> Karl Popper
Le discours scientifique a des règles collective qui sont à son fondement
contrairement au discours politique. Une fois cette question réglé se pose celle de l'objet
étudié sujet à polémique.

La délimitation de la discipline est floue, a-t-on intérêt à partir du plus petit au plus
ample ou l'inverse. Le champs d'étude est vaste, la musique est-elle politique ? Par
exemple la chanson Douce France est clairement vichyste tout comme Tout va très bien
Madame la Marquise. Elles deviennent intéressante comme document d'étude scientifique
et notamment historique. Mais alors tout est politique ?

Il faut distinguer LE et LA politique (cf Philippe Braud, La Science Politique, Que


sais-je) : « La politique est la scène où s'affronte des hommes et femmes politiques pour
l'exercice du pouvoir » et « Le politique est un champs social de contradictions et
d'agrégations d'intérêts régulé par un pouvoir détenteur de la coercition légitime ». La
seconde définition devrait s'éclaircir au fil du cours. Lorsque les auteurs prennent la peine
de les distinguer c'est généralement que le politique englobe un domaine beaucoup plus
vaste que la politique. La définition fait débat mais nous n'entrerons pas dans ces débats.

Qui s'intéresse au politique ? Une branche de l'histoire s'intéresse de très près au


politique et la Science Politique lui doit beaucoup, mais c'est aussi le cas de la géographie
(électorale) à la démographie ou encore à l'anthropologie.

D'après le traité de Science Politique la discipline est divisée en quatre branche :


– la théorie politiques
– la sociologie politique
– la politique publique
– les relations internationales
Elle s'intéresse donc à des objets très diversifiés et par cela elle est très complète,
les cous d'introductions à la matière présente des plans extrêmement variés. La discipline
est donc loin d'être homogène notamment parce qu'elle est encore très jeune, son
institutionnalisation est très tardive (fondation de l'école libre des Sciences Politique en
1871, qui devient Science Po Paris où l'on enseigne tout sauf de la science politique). La
confusion entre Science Politique et la Politique est récurrente.

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La discipline se constitue véritablement au lendemain de la Seconde Guerre
Mondiale qui a pour vocation l'analyse des phénomène politique et pas la formation des
dirigeants politiques. Elle va chercher à affirmer son autonomie dans le paysage
universitaire au prix de rapports quelque peu conflictuels avec d'autres disciplines alors
qu'à l'évidence il faut pratiquer l'interdisciplinarité pour comprendre les phénomènes
politiques.
La Science Politique n'a donc pas le monopole de la recherche sur des objets
politiques qui sont étudiés par d'autres disciplines. Il s'agit alors de fixés des bases
essentiels pour comprendre et utiliser un certain nombre de notion d'analyse politique.

I. Diversité des approches et des positions politiques


Les différents travaux ne sont pas cumulatifs et il subsistent un certains nombre de
divergences autour des notions que l'on utilise qui donnent lieux à un certain nombre de
débats et de discussions.

A) Débats sur la primauté du politique


Par exemple la RF est elle le fruit d'une société, d'une structure sociale ou du fait de
certaines décisions d'hommes politiques?
L'Homme peut il faire des choix qui agiront sur son environnement ou est-il le fruit
de ce même environnement ? A-t-on la maitrise de son destin ? La question de la Liberté
est essentielle. On sent rapidement que le débat scientifique ne permettra pas d'apporter
des réponse à ces questions, celle du déterminisme relève par exemple d'avantage du
postulat que de l'analyse politique. On ne va pas pouvoir trancher d'autant plus que selon
la conception de l'Homme cette vision varie.

1) Quelle place pour le politique,controverses chez les historiens


Yves Deloy, Sociologie historique du politique, retrace cette controverse. Pour
Durkheim l'Histoire se contenterait de retracer les faits et seraient au « service » de la
sociologie afin d'établir des lois sociales, phénomènes régulièrement observable dans les
sociétés.
Seignobos et Langlois précisent bien la spécificité de l'Histoire et affirment qu'elle
ne se prête pas du tout au jeux de la loi de généralité. Chaque situation historique est
symbolique et unique. La principal distinction entre les sociologues et les historiens se
situent selon eux par la période étudiée. L'historien doit recueillir méticuleusement dans
les archives des sources fiables puis procéder à une analyse critique de celles ci en
interrogeant le statut notamment du rédacteur. Puis il va falloir questionner les
enchainements avec les événements qui en provoquent d'autres.
De nombreux événements historiques marquent la vie politique, institutionnelle voir
judiciaire d'un pays sans pour autant s'attacher à la population. Cette Histoire soucieuse
des évènements et des grands Hommes mais pas des population et du long terme est
vivement critiqué (notamment par Henri Berr fondateur de la Revue de Synthèse
Historique). L'Histoire aurait intérêt à intégré l'approche sociologique des phénomènes
sociaux.

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Marc Bloch et Romain Febvre crée « l'école » des Annales en opposition à une
Histoire exclusivement politique vers une Histoire des temps longs, une Histoire
économique et sociale. Ils préconisent l'utilisation d'outils quantitatifs et un rapprochement
avec la sociologie. Ils vont reprendre trois critiques de Simiand à l'Histoire Politique sous
la forme de trois idoles : politique, individuel et chronologique.
L'idole politique fait une histoire guerrière et politique qui considère l'évolution des
sociétés comme dépendantes de la politique et de ses évènements. March Bloch
considère que l'on a surestimé le rôle de quelques un aux dépends de la masse et dans
son ouvrage sur la société féodale il se penche sur les particularités régionales, aux
façons de sentir et de penser, peut être commune aux membres de la société. C'est une
Histoire sociale qui prend en compte la globalité de la société. Il considère le politique
comme résultante du social.

2) Ce que la politique fait à la société


Kant : « que dois-je faire ? » « que puis-je espérer ? » « que puis-je savoir ? »

Cette philosophie met l'accent sur ce que le politique fait ou peut faire à la société.
L'Homme en tant qu'animal politique a la capacité d'agir sur lui même et sur la cité
(Aristote). H.Arendt rend compte elle de trois type d'activités : l'activité de reproduction
(privée), l'activité professionnelle (publique), l'œuvre notamment dans le domaine
politique (qui le rend immortel et fait de lui un Homme).
Le politique est autonome par rapport à d'autres domaine et n'est pas déterminé par
les autres sphères d'activités dans la mesure où c'est une activité proprement humaine.
Cette conception reviens au XVIème siècle avec Machaivel, Le Prince, une sorte de
manuel de l'art de gouverner et de conquérir de nouvelles principautés alors que
conserver la sienne n'est pas très difficile. Le Prince doit avoir d'abord de la fortune
(chance) qui va lui offrir richesse et gloire, il faut la provoquer et la conquérir car elle va
aux hommes rusés. Il doit aussi faire preuve de vertu, courage, force et grandeur qui ne
vient encore une fois en aucun cas d'inspiration divine. Enfin pour sa réussite il y a la
nécessité c'est à dire l'autorisation de transgressé la loi en cas d'urgence, la possibilité de
recourir au mal pour triompher. Tout est affaire de choix individuel, de stratégie et de
volonté politique.
Hobbes lui dans son Léviathan, rompt cette vision avec la théorie du contrat où
l'Homme est maître de son destin dans la politique, qui pense l'Etat de nature comme celui
de la guerre permanente. Rousseau lui pense au Contrat social qui va lier les Hommes
entre eux. Ces choix politiques sont aux fondements de toute société humaine.

3) Ce que la société fait au politique


Nous allons introduire quelques nuances, car un certain nombre de philosophe vont
remettre en question cette emprise que l'Homme peut exercer sur le politique.
Montesquieu oppose trois type de gouvernement : le Despotique (crainte), le Monarchiste
(Honneur) et le Républicain (aristocratie (modération) ou démocratie (vertu où le peuple
est à la fois souverain et sujet)). Il ne pense pas possible la démocratie dans la société
dans laquelle il vit.
Rousseau parle de contrat social mais il n'évoque pas la Démocratie comme forme
de gouvernement, il considère qu'elle conviennent aux petits pays et aux Etats pauvres.

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Pour Marx il faut distinguer l'infrastructure de la superstructure, la première,
primordiale, organise les « opprimés et les oppresseurs » à partir du moment où on a une
différenciations des activités économiques. Esclaves/Hommes Libres, Serfs/Seigneurs,
Prolétariat/Bourgeoisie... Ces structures sont déterminantes dans la conception de la
société et de l'Histoire mais cela n'enlève pas son importance à l'action politique, au
contraire. On le voit dans la définition de la classe sociale dans ses ouvrages :
• condition de vie semblables et partagées (les paysans sont ils une classes
sociales au XIXème siècle)
• avoir une conscience de classe
• lutte des classes

On abordé ici différentes approches de la politique toujours présente y compris


dans la conception Marxiste, la politique est essentielle dans la structuration de la société.

B. Débat sur le Pouvoir


En 1546 Etienne de la Boétie met en évidence le paradoxe de la servitude
volontaire. Le maître à qui nous nous soumettons n'a rien de plus que nous et il essaye de
comprendre pourquoi nous remettons notre liberté entre ses mains. Il s'intéresse aux
monarchies absolues mais on peut parfaitement transposer son raisonnement dans nos
démocraties contemporaine.
Cette servitude volontaire est intériorisée et nous ne nous posons même pas la
question évidente de l'obéissance. Il faut reposer cette question en amont de tout un
ensemble d'interrogation sur le ou la politique.
La question qui se pose n'est pas de savoir qu'est ce que nous allons faire de cette
connaissance mais de comprendre comment et pourquoi nous nous soumettons à ce
pouvoir (Cf Philippe Baud, Traité de Science Politique, tome 1).

1) Qu'est-ce que le pouvoir ?


En générale on l'associe à la puissance qui révèle une domination. En relation
internationale on parle de grandes puissances qui évoquent des pays qui disposent d'un
poids significatifs dans les relations entre nations.
Mais le pouvoir est d'abord une relation et l'approche substantialiste (en quantifiant)
pose évidemment problème. Ce qui nous intéresse c'est de comprendre les fondements
de ces relations et cette approche ne le permet pas. Différentes approches du pouvoir
cohabitent :
• approche substantialiste comme nous l'avons déjà vu (« avoir du pouvoir »), le
pouvoir est perçut comme un capital
• approche institutionnaliste, « les pouvoirs publics, les pouvoirs en place » qui
désigne les gouvernants ou les institutions qui détiennent une certaine capacité
de contraintes
• approche interactionnistes, le pouvoir se construit dans une relation entre
groupes dont certains arrivent à s'imposer aux autres en les obligeant à adopter
des comportements qu'ils n'auraient pas eut autrement

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Les diverses définitions sont les suivantes :
– pour Weber (malgré un problème de traduction du terme Macht) c'est :
« toute chance de faire triompher au sein d'une relation sociale sa propre
volonté même contre des résistances peu importe sur quoi repose cette
chance »
– pour Robert Dahl il faut partir de relations entre A et B : « A a du pouvoir sur
B dans la mesure où il peut obtenir de B qu'il fasse quelque chose qu'il
n'aurait pas fait autrement »
La domination elle aussi fait débat :
– dans une approche Marxiste la domination politique est d'abord économique,
la ressource essentielle serait donc la possession des moyens de production
– dans d'autres approches (comme celle de Weber) c'est l'organisation des
rapports sociaux dans un territoire donné. Il utilise le terme Herrschaft définie
comme tel : « la chance de trouver des personnes déterminables prêtes à
obéir à un ordre de contenu déterminé »; « nous appelons discipline la
chance d'obtenir chez une multitude déterminable d'individu une obéissance
prompt, automatique et schématique en vertu d'une disposition acquise »
Il faut distinguer le pouvoir d'injonction du pouvoir d'influence, le premier relève
surtout de la première définition du Macht de Weber qui est obtenu par tous les moyens y
compris la violence physique. Soit l'individu obéit soit il fait l'objet d'une sanction négative
dans les deux cas sans en tirer de bénéfice. Cela implique que celui qui donne les ordres
ait les moyens de garantir les sanctions.
Le second, au contraire du précédent, exclut le recours à la force physique en
reposant sur des sanctions dotes « positives ». Si A donne un ordre et que B refuse il ne
se passe rien. En revanche s'il obéit B sera gratifier par une récompense (symbolique,
pécuniaire...).

Philippe Braud considère qu'il existe trois modalités :


• la persuasion : convaincre ou persuader B qu'il est dans son intérêt d'obéir à A
(théorie du contrat)
• la manipulation : quand A parvient à faire en sorte que B se plie à sa volonté alors
que B n'est même pas conscient de l'intervention de A
• l'autorité : B se plie aux volontés de A sur la simple perception de ses souhaits et de
ses désirs que A les aient formulés explicitement ou non (« vos désirs sont des
ordres »)

On surestime souvent le rôle de la sanction dans l'obéissance (ex : la plupart du


temps on respecte le code de la route sans penser à la sanction). Si on focalise sur la
sanction on aura une vision très réductrice du pouvoir en oubliant les réactions
intériorisées mise en évidence par Weber.
Les relations sociales vont varier en fonction des fondements des formes de
pouvoirs selon les société et les ressources économiques, religieuses et culturelles de
celle-ci

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2) Aux fondements du pouvoir
On va s'intéresser ici à la contrainte et à la croyance en mettant plus ou moins de
côté le paradigme de l'intérêt qu'il est inutile d'exploité.
La contrainte (ou la menace de la contrainte) peut prendre plusieurs formes selon
les systèmes politiques et la société, de la violence physique à l'autocontrainte (résultant
d'un certain cheminement comme nous le montre l'évolution de notre société
occidentale) :

– La contrainte est encadrée dans nos sociétés occidentales, ceux qui peuvent
l'exercer sont limités dans son usage. Les individus dans le cadre du contrat
social qu'ils ont contractés savent ce qu'ils risquent en l'enfreignant. Dans ce
cas la contrainte physique rejoint le consentement.
– La contrainte physique : son sens varie fortement d'une société à l'autre, on ne
la conçoit pas de la même manière selon les figures de la société. Par exemple
dans une société démocratique pour les peines les plus grandes on va recourir
à la peine de prison. Mais celle-ci n'est pas considérée partout comme une
violence comme au Timor-Oriental. L'ONU intervient en 1998 à la suite de la
démission du président et l'on reproduit des institutions occidentales y compris
la peine de prison. Seulement certains anthropologues ont remarqués que cette
peine de prison était entendu comme une « libération » car on n'est plus obligé
de travailler et l'on prend de l'embonpoint (signe de réussite sociale).
– M.Foucault Surveiller et punir (le supplice de Damiens), au Moyen-Age tous
ceux qui outrepassent la lois offensent le souverain ce qui explique le recours
au supplice qui entend dissuader chacun de réitérer cet affront tout en portant
allégeance au souverain. Au XVIIème et XVIIIème siècle les philosophe et
surtout la population n'adhère plus au concept du supplice (révélateur d'un
profond changement social). La peine n'est plus une vengeance mais la
réparation d'une offense à la nation, d'un « traître à la patrie ».
– Le Panoptique, est proposé par N.Bentham comme modèle de pénitencier qui
va forcer à l'individu à s'autocontraindre.
– Norbert Elias nous décrit un phénomène similaire, il y a tout un ensemble de
pratique qui se diffusent progressivement dans toute la société et qui vont être
intériorisée.

Mais le pouvoir fonctionne parfois plus à la croyance qu'à la contrainte par la


conviction du bien fondé des ordres donnés par un pouvoir légitime. Cela s'explique par ce
qui est en jeu par l'obéissance, à commencer par les valeurs partagées par une société et
en quelques sortes le pouvoir politique d'une société où le peuple prend part à celui ci est
l'incarnation de ces valeurs.
Les mythes politiques vont être au fondement du pouvoir politique, ce sont les
représentations collectives de la réalité sociale destinée à résoudre des contradictions
dans un langage symbolique. Il participe à la cohésion social et même en être aux
fondements pour certains. Levis-Strauss dit qu'ils sont les enceintes mentales d'une
société.

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Richard Girardet distingue plusieurs mythes :
• celui du complot qui présente la nation comme étant en danger (juif, islamique,
franc-maçon...) afin de créer l'union au sein de ce groupe
• celui du sauveur, nous devons lui obéir pour notre survie
• celui de l'âge d'or qui raconte une vision idéalisée d'un passé glorieux qui a été
suivie par une décadence de la société
• celui de l'unité de la société qui présente une nation qui est La Nation indivisible

Enfin la socialisation va dire que l'individu apprend et intériorise tout au long de sa


vie les éléments socioculturels de son milieu les intègrent à la structures de sa
personnalité et les adaptes pour vivre dans son environnement. Elle permet donc
l'intégration sociale avec l'apprentissage de l'obéissance.
La violence symbolique quant à elle représente la contrainte que la croyance fait
pesée sur les individus (P.Bourdieu). Elle est invisible et masquée, intériorisée sous la
forme de la croyance, on se soumet sois même à un ensemble d'injonction.

C.1) Légitimité et Légalité


Acceptabilité fondée sur la croyance partagée, rappelant la question de la discipline
chez Weber. La violence symbolique est très bien illustrée par le travail sur la méritocratie
de Bourdieu. La réussite ou l'échec scolaire dut au milieu social est masqué par ce
discours sur la méritocratie.

1) L'état de droit et la confusion entre légalité et légitimité


On va ici renvoyer à des rapproche juridique, institutionnelle entrainant une certaine
confusion de ces conceptions. Certains pense que tous ce qu'il est légitime de faire en
politique est légal, « ce n'est pas la rue qui gouverne » J.-P. Raffarin. Peu importe la
mesure, la légitimité vient du droit et des institutions, le seul canal légitime pour s'eprimer
politiquement serait les urnes. Lorsqu'on recours à cette formule on oppose la minorité
active à la majorité silencieuse.
Même dans les sciences politiques on confond légitimité et légalité en voulant voir
le politique comme un ensemble de normes et de règles qui organisent la société de
manière contraignante. Il n'y aurait pas de politique en dehors des instances légales, pas
de politique en dehors des normes de droit.
Cela ne veut pas dire que la question de la légitimité ne s'est pas posée en dehors
de la question de la légalité mais c'est au XVIIIème siècle que le développement de la
théorie du « contrat » fit l'amalgame. Comment faire adhérer à la population après la
révolution pour que les individus acceptent de se soumettre au pouvoir ? La réponse est
de dire la légalité, il faut contraindre par l'Etat avec la garantie que l'Etat est encadré.

2) La critique d'une confusion


On va essayer ici de montrer qu'à plusieurs égard cette conception pose problème
et tout d'abord parce qu'elle est dépassée (avec le développement de la sociologie
politique). Il apparaît que le politique ne peut être réduis aux institutions.

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On a accès à une conception réductive de la politique qui ne consiste pas qu'à
établir des règles. De plus ce qui est légal n'est pas toujours légitime et inversement. En
effet on a de nombreuses pratiques régulés et autorisés mais ne sont pas perçut comme
légitime. Un pratique peut être conforme à la loi sans pour autant être conforme à la
« tradition politique » comme les institutions de la Vème République. Le conseil
constitutionnel peut valider une élection où une triche à eu lieu si elle n'est pas décisive. Il
sera donc élu sans légitimité mais en « légalité ».
On peut aussi s'interroger dans le cas où le pouvoir politique va ignorer un certain
nombre d'exigence adresser par une voie légale. Il y a différente conception de la
représentation d'après B.Manin mais de moins en moins elle est conçut comme une forme
de délégation, un mandat pour parler au nom du peuple, de la nation. On a de plus en plus
une action représentée en fonction des intérêts des électeurs. Ils exigent d'être écoutés et
consultés, de pouvoir s'exprimer de manière régulière et efficace.
Les élus sont bien sur dans leurs droits lorsqu'ils prennent une décision sans
consulter leurs électeurs mais ils ne sont pas dans la légitimité. On doit aussi mentionner
les sondages et la démocratie d'opinion avec le rôle croissant de consultation, d'écoute et
de sondage auprès de citoyens.
L'illégale est également pas forcément illégitime voir même théorisé comme
légitime. La violence peut être employé contre un pouvoir jugé lui illégitime avec l'exemple
du régicide par exemple ou les théories révolutionnaires ou marxistes qui présentent l'Etat
comme instrument de domination. Certains courants religieux vont aussi légitimé au nom
de la fois des transgression de la loi, son paroxysme étant l'action terroriste.
Lorsque la légalité ne semble pas ouvrir d'issue on va se rendre compte que ces
actions se multiplie. Par exemple les actions de paysans ou d'ouvriers désespérés votn
apparaître comme légitime.
On va donc essayer de voir ici comment penser la légitimité vis à vis de la légalité
et il faut bien comprendre qu'il n'y a pas de légitimité dans l'absolu alors que la légalité est
beaucoup plus fixée et accepté de tous.

C.2) Croyance et Légitimité

1) Typologie des formes de légitimité


Il faut aller voire Economie et société de Weber (cf TD), qui allie domination et
légitimité. Il en compte trois :
– domination traditionnelle (traverse les siècle, croyance, monarchie...)
– domination charismatique (croyance en un leader, personnelle, disparaît
avec le leader voire avant)
– domination légitime légale (croyance dans les lois et les règles, dans la
rationalité de la décision et de son application)
Selon les société nous avons à faire à différentes combinaisons entre ces types de
domination. Cependant la dernière tiens à s'imposer dans nos sociétés contemporaines
(ex l'OST). A partir de ces grands types de légitimité et de domination on comprend bien la
confusion qu'il subsiste entre légalité et légitimité.

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2) Entretenir la croyance
Pas besoin de contrainte si tout le monde croit... encore faut-il entretenir cette
croyance. Certains auteurs vont préférer parler de légitimation plutôt que de légitimité.
Celui-ci est un processus non linéaire qui fait une construction évolutive permanente. Les
individus vont dans le processus de socialisation intérioriser cette croyance. D.Easton
envisage la socialisation comme un élément essentiel, constitutif du système politique, ce
qui va permettre le maintien, la persistance et l'acceptation de ces règles et va permettre
la légitimation des institutions politiques.
Se pose alors la question de l'entretien de la croyance qui se pose dans les trois
formes de domination :
– Pour la traditionnelle il s'agit de faire croire à la validité de a tradition comme
règle de conduite et de soumission à l'autorité, il va donc falloir régulièrement
rappeler ces valeurs (rôle des rites, rituels politiques). Marc Bloch dans les Rois
Thaumaturges décrit « le toucher des écrouelles »,
– Pour la charismatique il faut entretenir l'image du leader (rassemblements
nazis...)
– Pour la domination légale rationnelle, la question est beaucoup plus délicate
dans la mesure où la règle doit être la même pour tous en respectant les
spécificités de chacun (débat de la discrimination positive par exemple), lorsque
le critère de l'efficacité prime on pourrait parlé de domination légale managériale
et donc plus rationnelle.

D) L'universalité du politique
Aurions nous tendance à l'ethnocentrisme lors de la pratique de la Science
Politique ?

1) Le politique de l'Anthropologue
L'anthropologie politique est « la science comparative des modes d'organisation
politique », on considèrera presque alors Aristote comme un anthropologue. Elle nait
relativement tardivement et G.Ballandier indique qu'elle s'attache avant tout à l'analyse et
à al description des systèmes politiques propres aux sociétés estimés primitives ou
archaïques. Plusieurs critiques apparaissent notamment.
Mais si le politique ne fais sens que dans la société moderne, l'anthropologie n'a
pas de sens en inventant de la politique dans des sociétés archaïques ou dites primitives.
Le social et le politique se confondrait dans ces sociétés.
L'anthropologie politique voudrait proclamer l'universalité de l'espèce humaine où
dans toutes les sociétés l'Homme serait un animal politique. On assiste donc à
l'affrontement des thèses universalistes contre les thèses du culturalismes.
La définition de la matière est floue et peu délimité. On en arrive à la conclusion que
ce qui relève de la politique varie d'une société à l'autre et de fait l'anthropologie politique
ne serait pas fixée. Il va s'agir d'appréhender l'Homme dans sa matière globale en
opposition à la sociologie qui se veut spécialisée (travail, école...). L'un des postulat de
l'anthropologie est d'analyser la société comme un tout, on ne pourrait pas découper le
réel et rentre donc en contradiction avec l'anthropologie politique.

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Comment nous apporte-t-elle tout une série d'élément en Science Politique, en
Philosophie et en Sociologie ? Elle va notamment participer à la séparation entre ce qui
est politique ou non.
Pour Ballandier, les maximalistes sont ceux qui considèrent que le politique est
présent dans toutes les sociétés et les institutions politiques sont ce qui assure le maintien
de l'organisation sociale. D'autres considère que c'est le mode d'organisation des sociétés
humaines qui est le politique alors que certains considèrent que ce n'est que les actions
qui rentre dans le domaine public. Enfin il y a ceux qui pense que est politique ce qui
relève de la stratégie pour conquérir le pouvoir.
Selon les courants d'études on a des manières différentes d'appréhender et de
définir ce qui est politique :
• un repérage par les modes d'organisation spatiale
• un repérage par les fonctions
• un repérage par les modalités de l'action politique
• un repérage par les institutions

Le pouvoir va souvent être défini par son aspect contraignant mais la question de
l'ethnocentrisme est donc soulevé.
Pierre Clastres par exemple va distinguer les sociétés à pouvoir politique coercitifs
des sociétés à pouvoir non coercitif à savoir les sociétés avec ou sans Etat. Il existe bien
des chefs mais il n'ont pas d'autorité réelle dans ces sociétés sans Etat. Il n'y a pas de
différentiation, de distinction entre le maître et le sujet mais présente plutôt l'harmonie
sociale qui règne dans ces sociétés.
Mais peut on parler de politique dans ces sociétés ?
En revanche il existe des relations de pouvoir dans ces sociétés, des relations de
contraintes que la société fait poser sur ses membres. Mais de nombreux récits
contrediraient Clastres, notamment avec les rites d'initiations (parfois violents). Lapierre
invite à penser qu'un certain nombre de rapport de pouvoir s'organisent dans la société
sans pour autant avoir une égalité entre les individus (ex : polygamie).
Peut-on parler de politique lors de l'étude de sociétés segmentaires ? Cela dépend
de la vision de la politique (si on considère qu'à partir du moment où il y a contrainte il y a
politique alors oui). On a donc un désaccord sur la manière de voir ces sociétés et sur la
conception de nos sociétés.

2) Les apports de l'anthropologie à une science sociale du politique


Renoncer à l'excentrisme : l'exemple du « totémisme » : dès le XVIIIème siècle un
certain nombre d'explorateurs européens arrivent dans la région des Grands Lacs et vont
proposer les récits de leurs voyages et John Long raconte que les peaux-rouges sont
divisées en tribus elles même divisées en clan (nommés par un animal-totem). Ils
vénèrent des esprits protecteurs animales et chaque clan a un totem protecteur.
Seulement John Long ne comprend pas grand chose à leur langage et n'a donc pas
une idée très clair pour établir sa conclusion qui s'avère être trop hâtive. Petit à petit on va
qualifier cette religion structurante des sociétés primitives : le « totémisme », partout où
ces sociétés sont présentes.

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McLennan à la fin du XIXème avance le postulat selon laquelle chaque société est
passée par le stade du « totémisme » en comparant à nos sociétés antiques. On a donc
tout un ensemble de développement sur ce point qui nous montre que le « totémisme »
serait à l'origine de tout un ensemble de règle, de tabous autour du totem (ex : exogamie).
Durkheim remet en cause au moins en parti le totémisme en considérant la religion
comme un phénomène social, c'est à dire que la religion totémique a une fonction
collective afin de souder les individus d'un groupe entre eux. Pour lui les Hommes adorent
non pas un Dieu mais la société qu'ils forment entre eux.
Ex : le clan du faucon ne veux pas dire que les individus se prennent pour des
faucon ni même qu'ils vouent une vénération à cet animal. De plus un clan voisin se
nomme clan de la corneille qui met en rapport le fait qu'ils sont carnassier mais l'un est
chasseur l'autre charognard. De la même manière les français ne se pensent pas coqs.

Les anthropologues analysant les sociétés occidentales essaye d'en faire des
sociétés exotiques pour mieux les étudiés. Abeles1, Un Anthropologue à l'Assemblée,
effectue une analyse qui se propose d'éloigner le regard du scientifique. Ce qu'écrit Marcel
Mauss (dans une démarche anthropologique) sur le don est aussi intéressant. Le don
appel un contre don sous peine de perdre la face.
On peut donc dire qu'il y a clairement un point qui différencie les politiques
occidentales des organisations politiques des sociétés primitives. En effet les
organisations politiques primitives se confondent avec l'organisation sociale alors qu'en
occident il existe des organisations clairement politique.

II. La formation des systèmes politiques modernes

A) L'Etat
On va s'intéresser à l'Etat essentiellement tel qu'il est pensé en Occident sans
prendre en compte les Etat nés ou imposés ailleurs.

1) La genèse de l'Etat en Occident


La forme d'Etat n'est qu'une forme d'organisation comme une autre et n'a rien de
nécessaire. Deux processus caractérisent son émergence :
• La monopolisation
• Processus de différentiation, l'autonomisation du politique

La monopolisation du pouvoir (terme appuyé par Norbert Elias dans la Dynamique


de l'OccidentI) caractérise l'Etat occidentale émerge au Moyen Age et il propose de voire
l'articulation des deux principaux monopoles : le militaire et le financier.
Il se développe en opposition à d'autres pouvoirs notamment aux féodalités. Il part
du morcellement de l'Empire carolingien divisé et morcelé entre seigneurs (guerriers) et le
contrôle de ces territoires apparaît comme un enjeu majeur pour le Roi afin d'affirmer son
pouvoir. En effet vers l'an Mil la Maison Royale n'est qu'une maison parmis d'autre et
presque rien distingue le monarque des autres seigneurs.

1 À lire : L'échec en politique

12/35
Progressivement en usant des contrats vassaliques qui lient les seigneurs au Roi il
parvient à s'imposer si bien qu'à la fin du XIIème siècle on ne compte plus que seize
maisons. A partir du moment où le Roi est celui qui prélève l'impôt il a la possibilité de
payer ses vassaux en argent et non en terre contrairement à ses derniers qui sont
contraints de payer leurs allégeances en terres. Il parvient à imposer ce monopole
financier mais également de procéder à une pacification du territoire en s'assurant un
autre monopole : celui militaire et policier. Le roi interdit à ses vassaux de recourir à la
force armée et en échange il se porte garant de leur sécurité qui nécessite la levée d'un
impôt. L'armée se professionnalise donc avec une augmentation des effectifs afin
d'intervenir à l'extérieur et de régler les problèmes internes. De plus en plus l'Etat est en
guerre ce qui justifie ce monopole fiscale encore d'avantage.
C'est ce qui va faire exister l'Etat aux yeux de la population en tant qu'entité
autonome doté d'une mission particulière qui lui est propre d'autant plus que cette pratique
de la guerre va nécessité la création de structures bureaucratiques. Donc d'après Elias
l'Etat résulte de la centralisation des pouvoirs.

Le processus de différenciation et d'autonomisation lui va caractérisé l'Etat


moderne avec la création d'un domaine politique conçut et envisagé comme distinct et va
donc se poser la question de savoir comment se joue ce processus. Une des question
centrale de ce processus est la séparation entre le pouvoir politique et religieux. En effet
pendant longtemps le premier est dépendant et subordonné au second (sacre).
Ce processus est long et progressif, il commence au XIème siècle un texte rédigé
par Grégoire VII qui veut affirmer son pouvoir face à celui des roi nous montre qu'il existe
une séparation très nette entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel, il place bien sur
le second comme supérieur au premier. Il entend par cela réduire le pouvoir de
l'Empereur, ce qui va faire naître la théorie des deux glaives : il ne doit pas être tiré par
l'Eglise mais pour l'Eglise. Pour le pape, le pouvoir des rois doit être destiné à servir la
chrétienté.
Mais ceux qui vont l'interpréter pour le pouvoir temporel considèreront que
justement comme le pouvoir est sur deux plan différent, l'Eglise ne peut imposer sa
volonté au pouvoir temporel. Ce qui se joue c'est bien entendu le pouvoir que va avoir
l'Eglise sur les rois. Deux siècles plus tard les écrits de Thomas d'Aquin confirment cette
séparation en empruntant à Aristote l'idée que l'Homme est un animal politique et en
poursuivant : « certes le pouvoir est divin par sa nature mais humain par ses formes ».
Progressivement on a tout un ensemble d'arguments qui vont servir au pouvoir
politique pour se démarquer du pouvoir religieux mais va rester cependant longtemps en
vogue. Les rôles vont donc être de plus en plus différenciés dans la société. La division du
travail va entrainer une inter dépendance croissante qui nécessite l'intervention du
politique et de spécialistes, de professionnels de la politique qui vont se distinguer des
structures auxquels ils étaient associés auparavant bien qu'ils soient encore étroitement
liés.

2) Les caractéristiques des Etats modernes


On va voire un Etat articuler à plusieurs niveaux, parfois en concurrences les uns
avec les autres (ex : USA, Allemagne), chacun avec des compétences bien particulières.
Ou à l'inverse des Etats qui concentrent tous les pouvoirs comme en France même si le
processus de décentralisation a participé à amoindrir ce phénomène.

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On a aussi des rapports très variés entre Eglise et Etat avec des pays où certaines
institutions ont des liens étroits avec les religions. Dans tous les cas on a un certain
nombre de caractéristiques communes qui vont nous intéresser ici autour de deux idées :
• monopole de la contrainte physique légitime
• la bureaucratie
Weber considère en définition de l'Etat que ce monopole est plus qu'une condition à
la naissance de l'Etat mais en fait partie intégrante. La plupart des approches s'accordent
pour considérer cela comme une des caractéristiques principales de l'Etat aussi bien dans
le courant marxiste que chez Weber.
Pour les théories d'obédience marxistes on a à faire à un Etat oppresseur qui,
contrôlé par les classes dominantes inflige une coercition aux autres classes prolétaires.
Engels essaye de démontrer que l'Etat n'a pas toujours existé et que ces sociétés
pré-étatiques ne divisent pas le travail et évitent donc les conflits chacun vivant de sa
propre activité. L'Etat apparaît avec la division du travail en même temps que les Hommes
deviennent interdépendants. On voit donc émerger des intérêts différents et les conflits par
la même occasion. L'Etat a donc pour rôle essentiel (dans sa légitimité) en tant qu'arbitre
des conflits d'intérêts qui peuvent survenir. Seulement ce n'est pas un arbitre neutre car
construit, voulut et dominé par certains en assurant la reproduction de cette classe
dominante.
Pour Marx, le développement est semblable avec quelques nuances : « le comité
d'organisation chargé de gérer les intérêts de la classe bourgeoise ». On est loin de
l'autonomisation du politique dans cette perspective là, il n'y aurait pas d'autonomie du
politique dans une société entièrement déterminé par les rapports économiques. La police
devient donc un instrument de domination à l'instar de la bureaucratie et de l'idéologie.
Au XXème siècle cette théorie est portée par un certain nombre d'auteurs (Gramsci,
fondateur du PCI) qui va insisté sur le rôle de cette idéologie véhiculée par l'Etat : il
distingue la domination (contrainte coercitive exercé par l'Etat) et l'hégémonie. Althusser
lui propose de faire la part entre l'appareil idéologique et irrépressible de l'Etat en insistant
sur le rôle de l'Ecole pour légitimé l'Etat en servant la classe dominante.
L'idée selon laquelle la contrainte serait une caractéristique de l'Etat se retrouve
bien sur chez Weber, très loin des terres marxistes. L'Etat serait donc une « entreprise
politique de caractère institutionnel dont la direction administrative revendique avec
succès le monopole de la contrainte physique légitime ». Définition qui fait volontairement
l'impasse sur tout un ensemble de caractéristiques que l'on retient habituellement de l'Etat
en ne précisant pas les fonctions qu'il doit remplir. Il y a interdiction sous peine de sanction
pour les autres acteurs de faire usage de la violence. La séparation des pouvoirs va
permettre avec la participation des citoyens à un excès de la part de l'Etat le summum
étant la désobéissance civile.
La bureaucratie est un instrument majeur de l'Etat et se caractérise chez Weber par
sept critères :
• Les fonctions publiques ont une activité continue et liée à des règles, ce ne sont
pas des missions ponctuelles.
• Cette activité s'exerce au sein de compétences ou de ressorts, le sens de
chaque activité est définie et limité.
• Principe d'une hiérarchie avec possibilité pour le subordonné de faire appel.

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• La mise en œuvre des missions de l'administration nécessite une formation
professionnelle.
• Fonctionnaires bien distinct du privés.
• Pas d'appropriation du poste par le titulaire, on distingue clairement la personne
et la fonction.
• Tout est consigné par écrit dans une bureaucratie.
C'est le mode d'organisation la plus efficace selon Weber, elle permet une bonne
gestion des demandes des administrées, avec une réponse mécanique donc égalitaire. Se
pose cependant la question de la sur-qualification des fonctionnaires à cause du principe
des concours. Tendance à la ploutocratisation avec des personnes qui se forment jusqu'à
trente ans. Ce sont donc le gens qui auront le plus de moyens qui pourront atteindre les
meilleurs postes. Enfin il évoque la domination de l'impersonnalité la plus formaliste : tout
dossier sera traité de la même manière quelque soit la situation, un traitement sans haine
et sans passion certes mais sans amour et sans enthousiasme.
Néanmoins ces trois défauts ne sont pas liés à l'avènement de la bureaucratie mais
de la généralisation de la Démocratie et l'aspiration à l'égalité démocratique. Il dédouane
du même coup la bureaucratie mais les travaux de Merton montrent qu'on a en fin de
course du fait de ces règles impersonnelles on a affaire à des fonctionnaires qui
deviennent ritualistes, qui vont appliqués les mêmes règles sans être capable de
s'adapter.

B) La Nation
Alors même qu'on a une très forte valorisation de la Démocratie on assiste à une
critique importante de la Nation. Bien sur l'Histoire de ce qui a été fait au nom de la Nation
tout au long du XXème siècle explique une partie de cette ambiguïté mais cela ne suffit
pas à tout expliquer.

1) Conceptions de la Nation
➔ La Nation est une communauté naturelle qui préexiste à l'organisation politique,
il y aurait un lien naturel unissant les individus entre eux, à rechercher :
• Dans la race, les liens du sang.
• Dans la Culture dont chaque individu est porteur.
• Ou les deux à la fois.
Dans tous les cas il faut souligner que cette communauté s'impose à l'individu dès
la naissance dans la mesure où celle ci est héritée. Cette conception dites allemande de la
Nation se théorise au XIXe siècle au sein notamment du Romantisme allemand. Ils mettent
l'accent sur les sentiments au contraire des Lumières où tout se ferait par la raison.
Herder : « la nature crée les Nations, les Hommes les États. »
Chez Fichte on retrouve cette idée de Nation créée comme un tout naturelle et non
construit. A cela s'ajoute certains courants selon lesquels toutes les nations ne se valent
pas, du fait de ces différence. Cette vision on la retrouve en Allemagne mais bien
évidemment en France et elle sera d'ailleurs à la source d'idéologies telles que celles de
Barrès ou Mauras et vont alimenter les thèses colonialistes.

15/35
C'est la vision dites du droit du sang qui prévaudra longtemps et influencera
également la conception de l'immigration.
➔ Pour Renan (Qu'est-ce qu'une Nation) par exemple une autre vision prévalut,
car la Nation ne dépend pas de Géographie ou de frontière, « la Nation est une âme, un
principe spirituel [...] elle suppose un passé; elle se résume pourtant dans le présent par
un fait tangible, le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie
commune : l'existence d'une Nation est un plébiscite de tous les jours ».

C'est la conception du droit du Sol.

En France c'est à la RF que celui-ci a été proclamé pour toute personne désirant
prêter serment et habitant depuis au moins cinq ans en France puisse devenir Français.
Mais dès le début du XIXe siècle le Code Civil implique le droit du sang quelque soit
le lieu de naissance même si ce n'est rattaché à aucun contexte ethnique mais sur une
volonté politique d'un attachement aux valeurs partagées. Conception atypique d'autant
plus que les enfants d'immigrés nés en France peuvent demandés à acquérir la nationalité
à leur majorité.
En 1848, on « récompense » les étrangers ayant contribué à la Révolution en leur
accordant la nationalité (bien que le décret sot abrogé en 1849).
En 1851, on donne la nationalité aux enfants d'immigrés de la troisième générations
sous de multiples conditions (y compris la réciprocité de cette loi dans leurs pays
d'origine).
En 1889, on assiste à des débats un peu étrange dans la mesure où le droit du
sang est considéré comme libéral alors que le droit du sol apparaitrait comme étant une
violence de étatique de main mise sur les étrangers venus en France. Les débats portent
à ce moment sur la nationalité non sur la citoyenneté alors que c'était le cas en 1789 avec
l'enjeu du service militaire. Le choix du droit du sol apparaît comme un choix militaire
(course démographique en Europe). Mais cela permet aussi d'éviter un effritement du
sentiment national avec l'immigration massive des Belges et des Italiens.
A la fin du XIXe on assiste à nouveau au retour du droit du sang bien qu'on soit
toujours sur l'idée qu'il faille exprimer la volonté de vivre sur le territoire nationale.
Un sentiment d'appartenance régionale se développe parfois mettant en péril la
Nation (le pays) avec des identités très fortes. On se sent Breton, Basque ou Corse avant
de se sentir Français.

➔ L'État comme incubateur de la Nation

L'État a participé à créé le sentiment National par divers moyen (avec un projet
politique centralisateur). Il va se servir de ce sentiment pour légitimer son monopole de
la violence physique légitime en se passant des intermédiaires (vassaux) et en faisant
participer le peuple à des guerres impliquant la Nation.
C'est l'appartenance à un État qui fait l'appartenance nationale par la cohabitation
de ces deux entités au prix d'un travail politique de diffusion de ce sentiment national.
C'est avant tout au moment de la IIIe République que se fait ce travail (Nora, E.Weber)
notamment sur le rôle de l'école au sein de celle-ci (et de ses instituteurs).

En Allemagne c'est un peu différent car le sentiment régionale (c'est une


fédération) est très fort : on est Allemand car on est Bavarois par exemple. D'ailleurs leur
sentiment d'appartenance commune est bien antérieur au sentiment national français
(Saint Empire Romain Germanique) alors qu'au XIXe le processus s'inverse.

16/35
L'Etat allemand ne se sent donc pas menacé comme on le voit en France par
l'existence de sentiments régionaux forts. Se pose donc la question de la superposition
des Etats au sein de la Nation et des limites de celle-ci. Pour J.Torpey les papiers
d'identités (le Passeport) font parti de ces objets politiques permettant à l'Etat de limiter
les frontières de son Etat-Nation tout en développant l'idée de sentiment d'appartenance
nationale.

2) Le sentiment d'appartenance national


C'est le résultat d'un travail étatique formé par le pouvoir politique et un certain
nombre de travaux l'ont prouvés (mise en place d'un imaginaire national : L'Etat en
France, P.Rosanvallon). A nouveau sur la question des papiers d'identités E.RIbert nous
conseille de relativiser leur importance dans le sentiment national par une enquête de
terrain sur les jeunes issus de l'immigration et en conclut avant tout à un emploi utilitaire.
En revanche la carte d'électeur, ne sert à rien d'autre qu'à entretenir ce sentiment
d'appartenance.
Gellner écrit que c'est le « nationalisme qui crée la Nation et pas le contraire ». La
question est donc de savoir comment émerge ce sentiment et donc la Nation comme
construit politique condition sine qua non de la recherche en Science Politique. M.Mauss
contribut à cette thès en expliquant que c'est la croyance en la Nation qui la crée.
Que ça soit dans le bloc communiste ou même dans nos Etats européens
démocratique on voit des débats tels que celui de l'identité nationale.

C)La Citoyenneté
Parallèle avec la citoyenneté Athénienne (cf Histoire ancienne). Schnapper dans
Qu'est-ce que la citoyenneté ? Nous éclaire sur la question.

1) Principes communs
La citoyenneté a d'abord un sens juridique, le citoyen n'existe pas en dehors des
catégories de pensées. Il possède certains droits (de mouvement, d'expression...) et de
devoirs (impôts, défense...). En Démocratie le citoyen est à la source du pouvoir politique
et de sa légitimité.
Le principe de majorité en émerge, chaque voix est noyée dans la masse des
autres voix.
La citoyenneté est « la source du lien social », plus rationnellement une des
sources de ce lien.
Cf Elections, piège à cons
La citoyenneté semble devenir évidente, le principe un Homme, une Voix est
inscrite dans la société. Cependant certains ont voulut dépassés la simple définition
juridique en essayant de faire une socio-histoire de la citoyenneté, Marshall en distingue
quatre période :
• XVIIIe : liberté de parole, d'accès à la justice, droit à la propriété => Etat de droit
• XIXe : droit de vote, suffrage universel
• XXe : droits économiques et sociaux => l'Etat Providence

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Cependant plusieurs conceptions s'affrontent, la première d'entre elle étant la
conception pluraliste de l'Angleterre : la société avant d'être un tout politique, est d'abord
composée de groupes d'appartenances primaires (famille, églises...). On met en valeur la
pluralité sociale en supposant que les caractéristiques politiques soient indépendantes de
la catégorie sociale de l'individu ce qui amène à un pluralisme politique très limité.

En France la citoyenneté sert en partie à atténuer les différences sociales, en 1848


on s'appelle « citoyen » en lieu et place du « Monsieur » bourgeaois et le rôle de l'Etat est
essentiel dans la construction de celle-ci (Y.Deloy La Sociologie historique).
Aux Etats-Unis la citoyenneté se rapproche de la vision anglaise sans pour autant
en être une copie parfaite. Très clairement le pluralisme est pensé comme la résultante de
la formation même des USA avec une diversité de peuplement qui fait sa force.
La question d'appartenance à l'Europe est encore en suspens, elle prime seulement
chez les cadres et est souvent dépendante d'une relative appartenance nationale et ne
constitue que rarement une alternative. Le sentiment d'appartenance national s'estompe
également fortement dans les groupes alter mondialistes ou dans les groupes appelés à
voyager régulièrement.
Paradoxalement le processus de mondialisation fait ressortir les particularités
régionales (langues, cultures & tradition...) avec le paroxysme atteint par les
revendications sécessionnistes et indépendantistes.

2) Distinguer citoyenneté et nationalité

Pour beaucoup d'auteurs qu'on ai affaire à des groupes indépendantistes ou à des


personnes se revendiquant de la citoyenneté européenne on va assister à la naissance
d'une entité politique. Vient alors l'idée d'une citoyenneté indépendante de la Nation
notamment chez Y.Habermas (notion de patriotisme constitutionnel).
J-M.Ferry se place dans cette continuité en plaçant la citoyenneté comme existant
grâce à l'adhésion à un principe commun sans référence à un territoire ni même à un Etat-
Nation qui est directement attaqué.
On a donc avec la citoyenneté comme avec la Nation et comme avec l'Etat des
notions qui doivent être abordées avec un regard, une analyse et une démarche socio-
historique. Selon la période et les individus étudiés on va avoir des réalités très
différentes. La réalité de ces postulats sont même contestés par certains auteurs et nous
amène à considérer avec méfiance le regard ethnocentriste et surtout chronocentriste. On
ne peut définir une notion par un phénomène observé à un moment donné.

D) Le vote
Le choix de désigner les représentants de peuple par le vote, et tout
particulièrement par le suffrage universel a été fait en France et s'est inscrit dans sa
culture.
Un certain nombre de règles organise celui-ci et il faut bien comprendre que cela ne
va pas de soi. En effet le SU a été le fruit d'un choix réfléchit qui a donné lieu à des
contestations allant jusqu'à nier le vote comme outils de la démocratie moderne.

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1) Le vote comme instrument de légitimité politique

C'est en effet la première vocation du SU que de conférer de la légitimité aux


pouvoirs en Démocratie. Mais cela suppose qu'il y ait une adhésion à ce choix de a part
des citoyens.
Le choix du suffrage universel a été adopté à la suite de débats vifs tout au long du
XVIIIe et XIXe siècle. Il a été notamment opposé au tirage au sort comme c'était le cas
dans les démocraties antiques (cf Histoire Ancienne).
Il fut préféré par beaucoup de penseurs dans la mesure où il permet de dégager
une élite (position défendue notamment par Harrington). Il considère qu'on ne parvient pas
à sélectionner les meilleurs par tirage au sort, d'autant plus qu'ils ne restent pas assez
longtemps au pouvoir pour se former.
« Le suffrage par le sort est le choix de la Démocratie, le suffrage par l'élection
relève de l'Aristocratie. » Montesquieu
Peu importe la compétence des électeurs (y compris s'ils sont incompétents)
l'élection fait émerger les meilleurs, seules leurs qualités comptent, point de vu partager
par Rousseau.
Ce débat est quasiment oublié car de nos jours la Démocratie moderne est
considérée comme allant de paire avec l'élection. Cependant le suffrage universel est la
résultante d'une évolution tout au long du XIXe siècle (cens...cf cours d'Histoire
Contemporaine). En effet ceux qui ont de l'argent sont indépendants et on présuppose que
ceux qui ont réussis sont ceux qui peuvent voter. Il a exister aussi dans certains pays un
suffrage capacitaire qui limitait le vote à ceux qui savait lire et écrire par exemple. Cela
exprime une crainte des classes dominantes vis à vis des dominés.
L'élection n'est donc pas synonyme de démocratie. Quoi qu'il en soit le vote
implique toujours la loi du plus grand nombre (de ceux qui votent) en opposition à la
ploutocratie ou à la gérontocratie.

Choisir le vote c'est considérer que le pouvoir n'est pas un attribut, il ne se transmet
pas de manière héréditaire, ne découle pas d'une volonté divine, il s'obtient par un choix,
une désignation collective.
Recourir au vote c'est faire appel à la compétition entre des programmes, des
projets politiques. C'est donc aussi un pari sur le fait qu'il n'y a pas une seule manière de
gouverner, qu'il n'y a pas une meilleur façon de gouverner ce qui implique le pluralisme.
On estime que les électeurs sont à même de choisir entre les différentes options et
compétences pour désigner les gouvernants.
C'est aussi privilégier la vision individualiste de la société puisque dans tous les cas
(en Démocratie moderne) on va organiser le vote de telle manière qu'un vote égale une
voix. La société n'est pas divisé en groupe d'appartenance divers, la société c'est avant
tout un regroupement d'individu.
Enfin cela suppose que l'on considère les citoyens comme égaux, mais ce
processus de suffrage universel nécessite un apprentissage.
Cf Alain Garigoux ou Olivier Ihl (biographie du cours)

19/35
On va avoir un bon nombre de pratiques qui montrent que l'activité politique est
intimement liée avec d'autres activités notamment économiques : la corruption. Cette
pratique est d'autant répandue que pendant longtemps il n'y a pas de vote secret. Il y a
diverses pression des propriétaires terriens ou des industriels vis à vis des ouvriers (cf
Histoire Contemporaine, Vie Politique S1 et dissertation « Le monde rurale et la vie
politique »).
Il faut que le bulletin de vote acquiert une certaine valorisation, fruit du travail d'un
certain nombre d'acteurs politiques qui vont œuvrer (car ils y ont intérêt) en faveur de la
politisation des électeurs. C'est le cas bien sur des professionnels de la politiques, les
hommes politiques qui vont espérer conquérir des voix par leurs idées et non par leur
argent.
De plus en plus on va avoir des débats sur les problèmes nationaux sur les enjeux
politiques. Cependant on voit bien que l'on ne note pas les mêmes pratiques électorales
partout sur le territoire encore aujourd'hui (pratique du suffrage par clientélisme en Corse).

2) Les contestations du vote

La représentation du suffrage universel va être présenter comme un instrument de


contrainte par certains et comme restreignant le choix politique par d'autres.
Le vote est un moyen par lequel l'Etat va se garantir le monopole de la coercition
légitime, c'est un moyen de contenir ou d'empêcher les phénomènes révolutionnaires, les
passions collectives pour le substituer par un consentement au pouvoir (cf Garrigoux « Le
suffrage chez les sauvages » dans son ouvrage sur le droit de vote).

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Les premières élections au suffrage universel sont, malgré les rapports des préfets
de l'époque, violentes et sanglantes. On va donc interdire le port d'arme dans la sale de
vote (!), le président du bureaux de vote va pouvoir faire évacuer la salle et des règles de
campagnes vont être instituées. La mise en place d'une rhétorique de campagne va
apparaître dans les manuels scolaires, la presse (cf ci dessus)...
Peu à peu c'est un véritable rituel électoral qui se met en place en investissant
d'une solennité le vote dès la IIIe République. On va contrôler les actes et les corps en
installant une distinction de l'ordre du sacré autour de l'espace électoral.
Le suffrage se pacifie peu à peu et on va chercher à montrer que ce processus est
bénéfique au peuple et au citoyen contrairement à la violence du pouvoir arbitraire des
plus forts, des plus riches, des plus puissants. Le vote est l'élément par lequel chacun
dans une situation pacifique va pouvoir se faire entendre. La civilisation des mœurs induit
une auto-contrainte qui montre la force du pouvoir qui fait en sorte que les individus se plie
naturellement aux règles.
Louis Blanc dis à la chambre que le SU est un instrument de progrès mais
également un « instrument d'ordre », même « l'instrument d'ordre par excellence en
faisant de la loi l'œuvre de tous » il désarme la violence.

Le suffrage universel devient la norme pour exprimer les opinions politiques et va


donc canaliser les passions politiques.
M. Dobry consacre un bref passage de son ouvrage majeur à ce processus de
pacification par le suffrage universel, il montre que les élections peuvent jouer le rôle
d'outils de sortie de crise.
Le vote apparaît aussi comme canalisation, restriction du choix politique pour
certains. Mosca écrit que « lorsque nous disons que les électeurs élisent leurs députés
nous nous exprimons avec aucune précision, la vérité est que le député se fait élire par
ses électeurs ». L'élection est le fruit d'une mobilisation, un travail effectué par les
candidats le député va chercher ses suffrages. L'élection n'est jamais que le fruit d'un
choix limités, sous contrainte entre certains candidats.
Cette question est posée dès les débuts du SU ce qui va nous amener à
comprendre certains débats comme celui de l'éligibilité. On a tendance dès les débuts de
rendre éligible n'importe qui (y compris un bandit, un tueur ou un assassin). On a toutefois
une certaine limitation du choix fait aux électeurs dans la mesure où rapidement on va
fixer un certain nombre de règles. Dans certains pays il faut des signatures ou même des
cautions destinées à éviter des candidatures « frivoles, fictives ou fantômes ».
L'expression au moment du référendum est encore plus significatif de cette
canalisation de l'expression politique en réduisant au minimum les options. C'est en partie
ce qui explique que de plus en plus on voit apparaître d'autres choix d'expression dans les
Démocraties modernes. Les référendums peuvent d'ailleurs être l'expression de beaucoup
plus que la simple réponse à la question (ex le référendum du traité constitutionnel
européen de 2005).
Les électeurs/consommateurs doivent se contenter de l'offre politique sur le
marché. Cette offre apparaît dans les théories pessimistes de l'élitisme comme limitée car
proposant seulement de choisir entre différentes élites des partis ce qui renvoie à la
conception même des partis (Michels) politiques. Le processus d'élections est donc
extrêmement contraint dans nos démocraties modernes.

21/35
Changement de prof pour la séance

La notion de culture
Il y a équivalence entre anthropologie culturelle et culturalisme et ils sont remis en
cause dans la science politique moderne.

A) L'école culture et personnalité

1) L'anthropologie culturelle
On va chercher dans la culture spécifique à un pays l'explication de ses
comportements politiques. C'est donc une école complètement déterministe dans la
mesure où c'est la culture qui détermine un certain nombre des comportements humains.
Les êtres humains sont modelés par la culture pour des auteurs comme Ruth
Benedict. Elle en a conclut que la culture est ce qu'il fait qu'il n'y a pas d'universalité de
l'humain. « La plupart des gens sont façonnés à la forme de leur culture »
Margaret Meas reprend et affine ces distinctions au sujet des processus de
socialisation qui formeraient le caractère des Samoans, dans un ouvrage intitulé
Adolescence à Samoa puis dans Moeurs et sexualité en Océanie. Le monde social y est
construit dans une opposition entre le monde masculin et féminin (ex des plages).
Cette approche a été extrêmement importante car cela a permis de comprendre
comment on est socialiser de manière différente selon que l'on soit homme ou femme.
Chaque société a un culture qui va caractériser les rôles spécifiques des hommes et des
femmes.
On voit donc apparaitre ici l'idée d'un conditionnement social, on va vraiment être
éduqué différemment selon les manières de concevoir la féminité et la masculinité.
2) De l'usage de la culture en politique
On doit ce concept de culture civique et politique a Almond et Verba. Ils recherchent
des traits invariants qui vont s'imposer à tous les individus d'une même société, il
s'interroge alors sur les fondements culturels de la Démocratie.
Tocqueville : Dans quelle mesure les moyens d'action politique sont-ils les
prolongement dans le domaine politique d'une activité sociale plus générale ?
Quels sont ces traits culturels qui permettent d'établir un régime démocratique ?
La culture civique c'est la partie de la culture politique qui concerne l'ensemble
d'une société de voir la démocratie s'enraciner.
• L'orientation cognitive, à savoir la connaissance du système politique.
• L'orientation affective, c'est à dire les sentiments éprouvés envers cette
Démocratie et ses différents partis.
• L'orientation évaluatrice, désigne les jugements et les opinions sur l'objet
politique.
La culture passive ou de sujetion est un cas intéressant dans la mesure où il n'y a
pas de participation active à un régime démocratique.

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Il rattache cette culture à celle d'États centralisés et autoritaires comme l'Italie et
l'Allemagne.
A l'opposée la culture politique participante, celle où les individus s'intéressent à
certains objets politiques, est celle où les individus se perçoivent dans un rôle actif comme
la culture américaine. La participation par les associations par exemple est un élément
essentielle de cette culture.
La synthèse parfaite serait la culture anglaise démocrate mais tempérée par le
respect à la monarchie.

Cette approche est cependant soumise à de nombreuses critiques :


• Tout dépend de la société sur laquelle on travaille.
• Peut on expliquer tout le phénomène politique par la culture ? Non c'est une
certitude.
• Cette approche établit de fausses corrélations.
• Marginalisation des individus ne se reconnaissant pas dans cette culture.
• Si on parle de culture politique on efface les antagonisme idéologiques qui
existent dans une société.
• Présupposé que la politique soit un domaine séparé au sein de la société
globale.

B) Une ou des cultures


Bertrand Badie dans Culture et politique fait remarque que l'on désigne deux
choses différentes avec le mot culture : le code culturel propre à une société d'une part et
à des groupes particuliers d'autres parts.
La culture politique politique d'une nation est loin d'être homogène elle résulte des
luttes et des interaction entre les groupes sociaux qui la compose.
Par exemple les classes populaires vont valoriser la culture du corps et du travail en
opposition avec la culture du dominant, celle de la parole et du savoir. Elle est fondée sur
une politique du foyer, du quartier en opposition à la culture nationale. Elle est donc
autonome pour Hoggart.
On va témoigner d'une attention oblique, partielle en fonction des sujet concernant
la politique.
Bourdieu, a trop se centrer sur la légitimité (légitimiste) culturelle il s'expose à une
critique de la part de sociologues comme Passeron ou Hoggart (relativiste) qui considère
que cela mène à un misérabilisme. La culture des classe populaire n'est pas qu'un
manque de la culture dominante mais il faut faire attention aux tentations populistes.

Olivier Schwartz a étudié lui les classes populaires françaises en constatant qu'elles
augmentent leurs interactions avec les autres classes (tertiairisation). Les valeurs
scolaires vont être introduites chez les enfants de ces classes populaires, ils sont exclus
plus tard du système scolaire.

23/35
C'est aussi symboliquement que qu'on assiste à cette dévalorisation : pendant
longtemps être ouvrier était un signe fort d'appartenance, de fierté dans la mesure où ils
étaient représentés par partis et syndicats. La conscience de classe s'amenuise en partie
à cause du délaissement par ces mêmes partis et syndicats de leur cause. De plus la
ségrégation par le contrat l'accentue (entre CDD et CDI, travail qualifié ou non...).

La culture manifestante donne une autre approche de ce que peut être une culture
liée à un groupe particulier. En effet certains groupes professionnels sont plus habitués
que d'autres à manifester ce qui provoque ou non des violences. Autant les agriculteurs,
artisans, étudiants ou autres provoquent souvent des violences, autant les employés du
service publique font usage de plus de retenue. La violence peut être interprété comme
une réponse à la détérioration de la situation économique de ces groupes sociaux
professionnels.
La mémoire manifestante influe aussi sur ces violences : les fonctionnaires et les
ouvriers ont beaucoup plus d'expérience en la matière. Certains groupes sociaux ont
recours traditionnellement à la violence, ce qui peut aussi expliquer celle ci.

On a donc plus recours au terme culture au singulier en Science Politique, elle est
en effet plurielle et en ce sens influence les comportement humain tant qu'elle est
transmise.

La Socialisation Politique

A) Spécificités de la socialisation politique


« Il résulte de la définition qui précède que l'éducation consiste en une socialisation
méthodique de la jeune génération» (Éducation et sociologie, p. 51) Emile Durkheim.
La socialisation ne passe pas toujours par une socialisation explicite, consciente
mais aussi par tous les domaines de la vie qui vont transmettre certaines représentations
de la société. Certaines de ces valeurs se transmettent par des manières de faire pas
forcément par des ordres et c'est en cela qu'elles apparaissent naturelles.

L'habitus de Bourdieu est un principe « générateur de pratiques », face à une


situation donnée on va réagir de telle ou telle manière. Pour lui c'est incorporé, on va
réagir de manière spontanée c'est la partie préconsciente de nos actes. Tellement ils nous
semblent naturels on ne les remettrait jamais en cause. Seulement l'habitus est différent
selon l'individu, il parle même d'habitus de classe.
On a plus de chance statistiquement de rencontrer la même expérience que des
individus de la même classe sociale que d'une classe opposée. On va donc avoir un
habitus lié à la classe social d'appartenance. Elle nous imprègne de manière définitive y
compris lorsque l'on change de classe. Cependant il envisage un habitus individuel dans
la mesure où l'on en réalise jamais les mêmes expérience dans le même ordre et chaque
individu va avoir son propre habitus individuel qui révèle la manière personnalisée dont on
réalise son habitus de classe.

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La Distinction de Bourdieu montre comment les goûts sont répartis dans la société
en fonction des classes sociales. Il propose qu'on s'intéresse à toute sortes de goûts en
coiffure, littérature, culinaires... afin de montrer qu'ils sont liés par l'habitus. Les classes
vont avoir des goûts distincts (la bourgeoisie va chercher à se démarquer par son style
vestimentaire...).
Il va étudier l'ascétisme des professeurs qu'il considère comme aristocratique et
plus généralement la culture des « petits bourgeois », de la classe moyenne, ainsi que la
manière dont elle se représente les autres.

La principale réplique vient de B.Lahire qui considère l'habitus comme trop uniforme
vis à vis de la multiplicité de la réalité de la socialisation. P.Corcuff remarque lui qu'on ne
parle jamais dans l'œuvre de Bourdieu d'avantage de l'habitus individuel.
Dans l'Homme pluriel B.Lahire tente de montrer que l'on a des socialisations
différentes et contradictoire selon deux grands volets :
• La socialisation familiale, culturelle, sportive... qui transmet des valeurs qui vont
être intériorisée et qui seront donc différentes selon l'individu.
• Il faut montrer comment ces socialisations se transfèrent d'un monde à l'autre.

Le terme de socialisation politique vient de Himman un sociologue américain en


1959 comme le note A.Percheron qui considère que l'habitus n'est pas suffisant en tant
« qu'inconscience de classe »pour expliquer toute la sociologie politique. En effet la
politique a une place particulière dans la socialisation des enfants (sujet évité
généralement). Contrairement aux autres domaines de socialisation, l'enfance à moins
d'importance que l'adolescence; il y a aussi un rôle plus différencié de la famille et de
l'école dans ce processus.
La lecture critique du texte de Bourdieu l'amène à constater qu'il suppose que la
compétence politique induit une socialisation particulière (L'Opinion publique n'existe pas).
L'ethos de classe, composante de l'habitus de classe et son étude induit un renvoie au
débat politique pour toutes les questions de la société. A l'inverse quand on nous pose une
question politique c'est souvent notre conscience de classe qui répond.
Les enfants des classes dominantes sont donc d'avantage socialiser à al politique;
de plus l'autorisation que l'on se donne à constituer une opinion politique propre est facilité
dans les classes dominantes. Il va y avoir une certaine autocensure de la part des classes
dominés à s'autoriser à penser la politique.
Cependant la conception de la politique de Bourdieu est très limitée (il s'intéresse
surtout à la politique des sondages, de l'opinion et du vote) ce qui ne nous renseigne pas
vraiment sur la manière dont se fait la socialisation politique. Il y a pourtant tout un
processus affectif d'identification à des personnes qu'il faut prendre en compte dans la
socialisation politique.
Ne peut on pas plutôt penser que la politique est un des domaines où la domination
rencontre ses limites ? Percheron se situe dans cette optique.
L'univers politique des enfants est une enquête qu'elle a réalisée pour déterminer le
vocabulaire communautaire, institutionnel, partisan et social qui est réceptionner par les
enfants (entre 10 et 14 ans).

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Trois conclusions à cette enquête :
• les enfants font la différence entre ces différents groupes de vocabulaire,
cela rejoins d'ailleurs les différentes catégories tracées par les scientifiques
• le vocabulaire politique au sens étroit du terme, celui qui divise n'est pas
aimé par les enfants
• enfin il faut distinguer trois couches différentes dans la connaissance et
l'acceptation de ce vocabulaire (du plus apprécié au moins aimé): celui de la
collectivité nationale, de régime et de la structure politique, et celui des
conflits idéologiques, politiques et sociaux.
Cette étude est valable pour la France car on y insiste sur la communauté nationale
avec des régimes politiques changeants alors qu'aux États-Unis on met un point
d'honneur à enseigner la constitution, à la stabilité du régime politique.

B) Le poids des socialisations dans le rapport à la politique


D.Gaxie étudie la socialisation d'une femme et il va pouvoir constater que le
positionnement politique peut évoluer en fonction du mariage avec un homme de gauche
ou de l'influence d'amis de droite.
J.-M. Eymeri distingue la socialisation de renforcement qu'est l'ENA qui parachève
les socialisations antérieures, familiale ou scolaire.
A l'inverse les socialisations de conversion (en faisant référence au vocabulaire
religieux), les transformations radicales de l'individu ont intéressés Durkheim et Bourdieu.
Est-il possible de remplacer l'habitus originel par un nouvel habitus (lors du changement
de classe sociale par exemple : parvenus), question étudiée dans La Reproduction de
Bourdieu notamment.
Les termes d'alternations et de transformations sont étudiés par Peter Berger et
Thomas Luckmann. Le premier est semblable à la conversion et est utilisée pour des cas
extrêmes alors que la transformation n'est qu'une évolution courante et de faible
envergure.

L'évènement politique produit des ruptures dans certaines vies et on peut penser
qu'il va avoir un effet dans la socialisation d'un individus. On a remarqué que les
évènements politiques créent des générations de jeunes adultes, des groupes particuliers
partageant une relation à un même événement considéré comme fondateur mais de
manière différente (génération de la guerre d'Algérie, de Mai 68...).
Ce sont chez les personnes qui étaient déjà le plus engagés qui renforcent leurs
convictions politiques. Par exemple chez les communistes on remarque une conviction
plus forte à défendre le droits fondamentaux chez les anciens militants de l'Algérie libre et
de Mai 68, et inversement au FN. Mai 68 n'a fait émergé qu'une génération libertaire alors
que la guerre d'Algérie a produit deux générations antagonistes.
L'évènement joue un rôle de confirmation ou de renforcement pour les anciens
militants alors que pour les autres c'est une véritable transformation qu'ils subissent. Mais
il y a déjà une différence au niveau de la revendication de cet héritage entre l'impact que
cela a eu sur les hommes et sur les femmes. Par exemple il y a eu une vague de divorce
au sein des couples militants à court terme.

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C) Socialisation et comportements électoraux
A.Siegfried : Tableau politique de la France de l'Ouest sous la Troisième
République
Il observe les résultats électoraux sur un demi-siècle et il voit que certaines
communes votent systématiquement de la même manière. Il pose la question de la
stabilité des comportements électoraux.
« Le granit produit le curé avec de grands propriétaires et l'orientation
conservatisme alors que le calcaire produit l'instituteur et le républicanisme. »
Il ne s'agit évidemment pas d'une approche environnementale, on parles plus d'une
approche écologique c'est à dire prendre en compte un ensemble de facteurs qui
caractérisent le mode de vie des électeurs.
Pour Paul BOIS, il faut prendre en compte la répartition gauche/droite selon
l'Histoire des territoires influencée elle même par cette approche écologique. Il distingue
plus précisément trois facteurs :
• facteurs géographiques : environnement
• facteurs sociologiques : religions, CSP...
• facteurs historiques
Seulement on travaille ici sur des ensembles donc la corrélation entre le vote PC et
le vote ouvrier n'est pas forcément évidente. Si on prend l'exemple du vote Front National,
on peut le superposer à l'inactivité des femmes mais ce n'est en aucun cas cette catégorie
de la population qui lui accorde sa voix.
Friedrich RATZEL a une autre vision de la situation, bien qu'il pense
l'environnement comme déterminante pour déterminer le mode de vie il envisage la
géographie comme essentielle dans l'analyse.
Paul VIDAL DE LA BLACHE : « A tous les degrés, la nature offre des possibilités;
entre elles, l'homme choisit La géographie fournit le canevas, l'homme y brode son
destin ». L'environnement ne détermine pas tous les comportements électoraux.

Une deuxième approche est celle de l'identification partisane (ou paradigme de


Michigan) à travers l'ouvrage de Campbell, Converse, Miller et Stokes The American Voter
en 1960 qui inclut une forte dimension psychologique. Ils mettent en évidence une
identification partisane qui fait voter les électeurs sans qu'ils soient capables de décrire le
programme de ces partis. Les enfants très tôt s'identifient à un parti en ayant le sentiment
d'avoir les mêmes valeurs que ce parti.
S'informer sur les candidats et leurs programmes est couteux en temps et en
argent. Cette identification partisane va guider le choix électorale lorsqu'ils ne prennent
pas ce temps de l'information politique. Il y a de très forte chances pour que les individus
s'identifient au même partis que leurs parents. On va se demander donc comment
l'individu se positionne dans la constellation partisane plutôt que d'appartenance à un parti
donné.
On se situe rapidement de gauche ou de droite mais rarement ou difficilement
socialiste, libéral ou communiste.

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La dernière approche est celle par les déterminant du vote, P.Lazarsfeld :
« Les gens pensent politiquement comme ils sont socialement. Les caractéristiques
sociales déterminent les caractéristiques politiques. »
L'école de Columbia (in The People's Choice : How the Voter Makes Up His Mind...,
1940) montre que malgré une campagne électorale agitée les opinions n'évoluent pas (ou
peu). Ils mettent en évidence trois variables déterminantes :
• le statut social
• le lieu de résidence
• la religion
On est bien entendu dans une approche Holiste dans la mesure où la société
détermine les individus. En France on a analyser des variables parfois différentes :
• la profession (ou secteur d 'activité et statut professionnel)
• la religion ou la pratique religieuse
• le niveau de patrimoine
• le sexe
• l'âge

Socialisation et protestation du vote


La distinction entre pratiques protestataires et proactives ne semble plus
satisfaisante (par exemple la pétition n'a plus grand chose de protestataire). Quoi qu'il en
soit on va étudier ici les actions non institutionnelle.

I. Expliquer les processus de mobilisation politique


Les socialisations à l'œuvre qui vont faire que des groupes ou des individus vont
s'engager dans des actions de protestation ne sont pas forcément politique (scolaire,
famille, groupes de pairs...) mais le manque de travaux nous amène à constater un déficit
d'analyse individuel. En revanche on a un certain nombre d'analyses macro-sociologiques
qui vont constituer la majeur partie de notre étude.

A) Les approches psycho-sociologiques


Le paradoxe de l'action collective d'Olson pose la question : pourquoi s'engager
(dans une grève par exemple) alors que l'on a tout intérêt à laisser faire les autres. En
d'autre terme pourquoi un acteur à priori rationnel agit de manière qui semble irrationnelle.
Certains vont penser que la rationalité se trouve dans l'intégration dans un groupe
donné ou bien même que l'individu n'agit pas toujours dans un calcul coût/avantage. On
va d'abord avoir tout un ensemble de travaux qui vont envisager l'action collective comme
une imitation d'un phénomène, la « contagion mutuelle des émotions » H.Taine. Tarde
rejoins un peu ce raisonnement dans la mesure où il considère la socialisation comme une
imitation renforcée par la proximité géographique, sociale ou culturelle (mode ou même
suicide). Gustave Le Bon marque particulièrement la peur de la masse face à une élite
capable de maitriser ses choix (et ses sentiments) courante au XIXe siècle.

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Se développe l'idée que les mouvements de foule doivent être contraints et qu'ils ne
peuvent décider des choix politiques car non raisonnés. Mais le manque d'analyse
sérieuse à cette époque ne peut permettre la qualification de scientifique ces approches
psycho-sociales.
On a un renouveau de cette approche aux États-Unis dans les années 1920/30
dans cette étude du mouvement social et de l'action collective.

Mais le désintérêt pour la chose publique provoque une nouvelle disposition pour la
politique des individus.

Dans les années 1960/70 les théories de J. Davies sur la frustration collective se
développent. Pour lui les révolutions ne peuvent pas être expliquées par les phénomènes
d'extrême pauvreté ou de misère. Au contraire le facteur déclencheur est la frustration
relative (non pas absolue), c'est à dire la frustration par rapport à ce que les individus
s'estimaient en droit d'attendre.
Ted Gurr lui s'emploie à expliquer la violence politique dans les sociétés modernes
notamment par cette idée de frustration relative.

B)Mobilisation politique et mobilisation des ressources

Il faut qu'il y ait un enjeux du combat politique, de plus les conditions socio-
économiques de cette mobilisation vont la favoriser. Seulement on va avoir certaines
formes même d'organisations sociales qui vont freiner voir ralentir l'action collective. On
distinguera donc les sociétés traditionnelles des sociétés industrielles. Alors que dans la
première l'organisation selon des castes, des ordres et est assez proche de l'analyse de
Weber; les sociétés industrielles vont se diviser en deux :
• les sociétés atomisée, d'individus
• les société de regroupement entre individus par associations
Il faut distinguer aussi le mode d'intégration vertical c'est à dire en fonction des
groupes sociaux en société segmentée ou en société intégrée.

Les actions collectives vont bien sur se développer d'avantage dans les sociétés où
les associations sont présentes. Le caractère segmenté de la société joue aussi un rôle
important.
Obershall oppose par exemple la société anglaise d'ancien régime à la société
française. La très forte segmentation de la société française favorisait la révolution
(d'autant plus que la mobilité sociale y était inexistante).

Les identités collectives, les appartenances multiples des individus sont autant de
facteurs qui vont expliquer que l'action collective leur semblera, leur apparaitra comme
souhaitable.

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II. Formes traditionnelles et renouveau de l'action collective

A) Enjeux des mouvement s sociaux


On a un développement économique important et un enrichissement des sociétés
occidentales après la seconde guerre mondiale. Des générations vivent sans avoir
l'expérience de la guerre avec une hausse générale du niveau d'instruction et un
développement des médias et de la communication de masse.
Puisque les besoins de subsistances sont de plus en plus satisfaits les individus se
reporterais sur des besoins plus liés sur des valeurs (hiérarchie des besoins cf Maslow) et
de reconnaissance.

Ces transformations des individus nous dis Inglehart induit des conséquences
macro. C'est une modification des enjeux politiques dominants (qui vont d'avantage porter
sur le style de vie, le mode vie plutôt que les conditions et le niveau de vie) mais aussi une
diversification dans les classes qui se mobilisent. Il constate aussi un déclin de la légitimité
de l'État Nation et un renforcement de la solidarité de groupe. On va contester le rôle et le
pouvoir des élites politiques dans la mesure où un nombre croissant de personnes sont
capables d'assumer leurs rôles, ils sont presque de trop dans ce système.

Ce modèle très large permet d'expliquer rapidement l'émergence des Nouveaux


Mouvements Sociaux (NMS) mais finalement beaucoup d'éléments posent problèmes :
• certains sont contestables ou discutables (comme l'idée qu'on abandonne des
préoccupation matérialiste lorsque le niveau de vie augmente)
• la question de la compétence politique est sujette à débat (l'implication dans des
NMS n'induit pas forcément une participation active à la vie politique).
On peut expliquer la baisse de la mobilisation mais aussi la diversification des
acteurs par la baisse d'influence des acteurs collectifs fortement structurés (syndicats,
partis...).

B) Les acteurs de la mobilisation collective


Ces acteurs s'essoufflent, certains pensent que ces organisation englobent trop
l'individu, qu'ils sont trop contraignants dans notre société. De plus en plus les individus
veulent répondre d'eux même et ne pas s'engager sur l'ensemble d'un programme
politique d'un parti s'ils ne sont pas d'accord sur un point de celui-ci.
La dispersion des activités économiques avec la disparition des grandes structures
expliquent en grande parti al difficulté de faire émerger les actions syndicales dans le
commerce.
La précarisation rend également très difficile l'intégration syndicale du fait d'un turn-
over permanent d'autant plus que les syndicats n'ont pas réussit à saisir l'enjeu de cette
précarisation assez tôt.
De nouveaux acteurs ont pris le relais sur les syndicats et les partis politiques, on a
affaire à des groupes beaucoup moins structurés, moins contraignants, qui vont s'engager
sur des actions courtes mais efficaces.

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Les « sans » ne se mobilisent pas ou presque (sans-papier, emploi, famille...) car
malgré une identité collective, la précarité du statut (on n'aspire pas à rester au chômage)
ne permet pas l'implication dans des mouvements collectifs. Ils se trouvent généralement
dans une passe de dévalorisation sociale qui va les empêcher de se « montrer et de
s'affirmer » dans cette dévalorisation.
Mais récemment des formes d'actions nouvelles (le « miracle de Bourdieu ») et des
organisations surprenantes apparaissent : 1982 (un mouvement de chômeurs), 1993 (les
syndicats investissent la recherche d'emploi), DAL dans les années 1990 et les comités de
soutien aux sans papiers. La où l'action est innovante c'est qu'elle rassemble par delà les
populations concernées.

Un réseau de personnes et d'organisations se crée avec des liens étroits de soutien


mutuel. Des organisations comme les collectifs qui disparaissent après l'action peuvent
être remobilisés très rapidement grâce à la persistance de ces réseaux. Les ressources
acquises dans une action (réseau, politique...) peuvent servir à nouveau pour une autre
action proche.

C) Les Modalités des mouvements sociaux


C'est le passage de l'émeute au cortège encadré par un service de sécurité, on
assiste à la pacification de l'action collective, plus institutionnelle. On peut parler parfois de
fêtes presque lors de manifestations (musique, artistique...) du fait notamment du grand
nombre de personnes mobilisées. De nouveaux mouvements apparaissent :
• Les marches à l'instar de celle contre la fin en 1933, réapparaissent dans les
années 1990
• L'occupation des usines mais même des Assedic

Les Régimes Démocratiques


Il y a comme une acceptation générale actuellement, une promotion de la
Démocratie comme étant la forme la plus satisfaisante de gouvernement et il convient par
exemple de l'exporter.
Cependant tout un ensemble de phénomènes ignorés montrent que la Démocratie
ne fonctionne pas si bien que cela dans notre pays. Hermet est particulièrement
pessimiste quand à l'avenir de la Démocratie libéral sur laquelle on se serait endormie.
Certains ont même remis en cause la définition même classique de la Démocratie
notamment en montrant la manière dont le peuple participe à cette vie politique.
On aborde souvent la question démocratique sous un point de vue typologique par
exemple dans l'antiquité en comparaison aux autres régimes politiques souhaitable. La
Démocratie d'ailleurs est pour beaucoup à proscrire comme pour Aristote qui considère
que c'est une forme despotique de gouverner.

A) Démocraties Antiques et Démocraties Modernes (cf histoire ancienne)


Avec une vision très biaisé on évoque cet héritage notamment avec le passage
révolutionnaire en France qui donne à voir une image de l'Athènes antique très éloignée
de ce qu'il a put être entre le Ve et le IIe siècle (sic) Av.J.-C..

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L'isonomie est un premier principe de la Démocratie antique (égalité devant la loi)
prônée par Périclès (re-sic). On est donc en train de soutenir que l'on est d'abord citoyen
athénien avant d'être le fils de X (réforme des noms de familles).
L'isotimie (reconnaissance égale) et l'isegoria (droit égal à la parole) sont deux
principes fondamentaux de cette Démocratie. Par ce dernier point on suppose que la
compétence politique est partagée qu'elle n'est pas le privilège de quelques uns.

La Boulè est composée de 500 individus sélectionnés par tirage au sort parmi les
candidats [?] de plus de 30 ans (donc âgé). Périclès institue une indemnité pour assurer
un revenue aux citoyens élus pendant leur mandat (renouvelable une fois).
L'Ecclesia composée de tous les citoyens elle nomme les magistrats qui sont
responsable devant elle régulièrement [? ou plutôt au début et à la fin de leurs mandats],
et elle peut décidé d'une procédure d'ostracisme. Tout citoyen peut voter : on a donc une
forme de Démocratie directe.

On évite la professionnalisation du pouvoir [? ex: Périclès ] et le tirage au sort est


pensé pour une Démocratie juste. Le vote est public (à main levée) sauf pour l'ostracisme
ce qui contraste fortement par rapport aux démocraties modernes.
Le démos est basé sur un critère socio-économique (en plus du critère territorial) on
a une éviction des femmes, des esclaves et des métèques.

La caractéristique commune entre les Démocraties modernes et antiques est la


reconnaissance du pluralisme en politique, qu'il y ait un choix politique à faire en valeur
entre les différents courants. Le débat publique en assemblée semble un élément
indispensable à ces Démocraties. Cependant l'élection ne fait pas la Démocratie, la
grande caractéristique est ce débat publique respectant le pluralisme politique.
Un certain nombre d'auteurs considèrent que la qualité d'une Démocratie se jauge
à la qualité de son débat public.

B) « L'héritage des âges sans démocratie » (Lavau, Duhamel)


On a donc beaucoup de différences entre les démocraties antiques et modernes, la
seconde n'est pas la fille de la première, il faut comprendre cet héritage complémentaire
des âges sans démocraties pour les comprendre.
Il y a un héritage monarchique aux Démocraties moderne et notamment
l'émergence d'un État de droit. L'institutionnalisation du régime judiciaire est aussi le fait
de l'héritage médiéval, tout comme l'héritage marchand. On aurait plus à faire dans les
démocratie un pouvoir politique qui s'ingérerait dans le domaine économique mais cette
libéralisation est bien postérieur au développement économique.

Les auteurs vont aussi insister sur le rôle de différents courants d'idées dans
l'émergence d'une pensée démocratique, courants qui ont puisés leurs sources dans des
époques monarchistes voire absolutistes. La recherche scientifique, notamment la
révolution galiléenne est une évolution majeure dans l'Histoire de la Démocratie en
remettant en cause l'idée d'un dieu bienveillant qui aurait placé l'Homme au centre de tout.

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C'est pourtant cette révolution qui va permettre la pensée de l'égalitarisme en
rabattant la prétention humaine. C'est un changement complet de références. Le monde
structuré autour d'éléments encastrés les uns dans les autres est essentiel dans la pensée
démocratique. Cette révolution est ancrée dans le contexte de la Renaissance et don à
des siècles de la Démocratie Moderne. Un autre exemple, celui de la théorie du contrat va
défendre une vision où le régime monarchique (constitutionnel dans certains cas) n'est
pas à remettre en cause. Enfin les critiques de l'absolutisme sont les revendications d'une
séparation des pouvoirs, certes, mais pas forcément dans le cadre d'une démocratie.

Les Démocraties Modernes ne doivent donc pas renier l'héritage antique mais la
majeur parti de leur construction vient d'une période de plusieurs siècles non-
démocratiques.

C) Les piliers des démocraties libérales


Yves Meny part du principe dans son manuel qu'on a affaire avec un grand nombre
de spécificités au sein des démocraties libérales, il va donc en chercher les points
communs :
• affirmation du pluralisme social, économique et politique
• l'expression des choix et la prise en compte de ceux-ci en organisant des
compétitions politiques (élections avec prise en compte des résultats)
• le pouvoir est limité et encadré
A de cela on trouve des distinctions au niveau institutionnel avec des régimes
parlementaires, présidentiels... Mais aussi au niveau des conceptions de la
représentation : entre bipartisme et multipartisme.

Représentativité du vote
La question de la capacité des élus a représenter, à faire valoir l'intérêt général va
être étudier ci. Mais plus généralement c'est celle de la professionnalisation de la politique
qui va être soulevée.

B.Manin met l'accent sur la procédure par laquelle le représentant se fait le porte
parole de ceux qui ne sont pas là. Il faut prendre en compte également l'obligation de
rendre des comptes.
Une chose représente une autre chose lorsque la première ressemble à une autre.
Pourquoi pas inclure un pourcentage égale d'ouvrier à l'assemblée que dans la société ?

Y.Robert donne à voir le rôle de ce qu'était la claque au XVIII – XIXème dans les
théâtres : d'abord destinée à faire tomber une pièce puis petit à petit elle vient l'encenser.
Les juristes vont considérer que les partis sont issus d'une volonté générale. Il y a
débat au siècle des Lumières entre élections et tirages au sort.
Pour Madison la Démocratie comporte trop de risque car maitrisée par un peuple
non responsable. Il oppose rigoureusement démocratie et régime représentatif, il est
partisan de ce dernier.

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Pour Sieyès c'est un point de vu proche qui est développé mais sous prétexte d'une
société marchande où les individus sont occupés contraints de délégués pour s'occuper
de politique. On a intérêt à encourager la division du travail et à encourager une
professionnalisation du politique ce qui élimine de fait le tirage au sort.
Montesquieu comme Harrington pensent que l'élection c'est l'aristocratie sauf que
ce dernier encourage ce système. Pour Rousseau la représentation dépossède le peuple
car ce n'est pas l'expression du peuple mais la mise en avant d'une élite qui va être
amener exercer le pouvoir. La Démocratie n'est pas compatible avec la représentation.
Certains y voient un côté radical d'autre un point de vue conservateur. Des interprétations
ont voulut lui faire dire que la représentation faisait ressortir l'intérêt général.

Vivre de la politique c'est l'augmentation général du droit moderne. C'est penser


qu'obéir aux représentants serait d'obéir à nous même, Le représentant pourrait engagé le
représenté, lui créé des obligations sans jamais que son consentement ne soit requis.
Cohendet et Dockes parlent eux de la crise de la représentation politique à travers la
falsification de cette représentativité. On ne peut plus justifié la représentation par un
peuple non « éclairé ».
Les principales conséquences de la représentation donne lieu a plusieurs
analyses :
• en tirer un revenue suppose qu'il y ait des compétences et un savoir faire
reconnu
• cela suppose que tous les citoyens n'ont pas le même rapport à l'activité
politique

On voit donc dans un premier temps l'émergence d'un personnel politique


spécifique ce qui suppose qu'il existe une activité politique distincte des autres domaines
d'activité en opposition à des sociétés comme la société féodale où le pouvoir politique
correspond au pouvoir économique ou militaire.
Laroy pense que cette organisation découle de la division du travail dans la plus
pure tradition marxiste.
Mais il va falloir penser cette activité politique comme liée avec les autres domaines
de la société, les modalités de la représentation va justement encadré ce lien.
La professionnalisation induit que le politique tire un revenu de son activité par les
indemnités parlementaires dans un premier temps. C'est donc un processus progressif de
spécialisation qui se développe et par là l'apparition d'un personnel politique à temps plein
qui va se traduire par la rémunération de cette activité. Les professionnels de la politique
vont développer des compétences spécifiques dont ils auront le monopole.
On passe d'une activité politique qui est le fait d'amateurs richement dotés une
professionnalisation que Schumpeter voudrait comme les autres. Seulement c'est le
suffrage universel qui conditionne cette carrière.

Cela nous amène donc à soulever le problème de l'indemnité et du cumul des


mandats politiques.

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On affaire a un personnel politique dont on souhaite qu'il se professionnalise pour
éviter la corruption. La question du niveau de rémunération se pose donc alors d'autan
plus que beaucoup considèrent que la politique ne doit pas être le fait d'une volonté
intéressée.
Le cumul va beaucoup être critiqué car on attend d'un élu qu'il se consacre à un
mandat mais aussi cela va limiter le renouvellement de la classe politique. Pourtant il
apparaît indissociable du concept de professionnalisation de la politique dans la mesure
où beaucoup sont trop faibles pour assurer d'en vivre. D'autant plus que le contrat
professionnel d'un politique est un CDD. Dans le cas contraire seul ceux qui n'auraient pas
besoin des indemnités pourraient faire de la politique.
Mais ceux qui pourraient légiférer sur le cumul sont ceux qui en profite.

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