Vous êtes sur la page 1sur 9

Traitements thermiques des fontes :

guide de choix

par Simone PARENT-SIMONIN


Directeur des Recherches et développements industriels
au Centre technique des industries de la fonderie

1. Rappels préliminaires ............................................................................. M 1 146 - 2


2. Traitements thermiques ......................................................................... — 3
2.1 Traitement de détente ................................................................................. — 3
2.2 Traitement d'adoucissement ...................................................................... — 4
2.2.1 Recuit à haute température ............................................................... — 4
2.2.2 Recuit à température moyenne ......................................................... — 4
2.2.3 Recuit à basse température ............................................................... — 4
2.2.4 Traitement combiné en deux étapes................................................. — 5
2.3 Traitement de normalisation ou d'homogénéisation ............................... — 5
2.4 Traitement de durcissement (trempe et revenu) ...................................... — 5
2.5 Traitement superficiel.................................................................................. — 6
2.5.1 Trempe superficielle ........................................................................... — 6
2.5.2 Durcissement par diffusion................................................................ — 7
2.6 Cas particulier des fontes à graphite nodulaire bainitiques
(ADI austempered ductile iron ) .................................................................. — 7
3. Contrôles lors du traitement thermique ........................................... — 8
3.1 Contrôle de la température......................................................................... — 8
3.2 Atmosphère du four .................................................................................... — 8
4. Risques. Précautions. Remèdes ........................................................... — 8
4.1 Précautions spécifiques à chaque traitement ........................................... — 8
4.2 Précautions liées au respect des consignes descriptives du traitement. — 9
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. M 1 146

omparées aux autres matériaux métalliques, les fontes offrent aux utilisa-
C teurs un large choix de caractéristiques pour un prix intéressant, compte
tenu des matières premières employées et de la facilité d'élaboration. Toute-
fois, certaines catégories de fonte intègrent le traitement thermique dans le
cycle de fabrication, tandis que d'autres voient leur domaine d'emploi sensible-
ment élargi grâce à des traitements thermiques appropriés.
Les fontes malléables à matrice ferritique ou à matrice perlitique appartien-
nent à ce premier groupe, ainsi que les fontes grises coulées en coquille. De
même, les fontes alliées à structure graphitique ou à structure carburigène
nécessitent le plus souvent un traitement thermique spécifique pour obtenir
une matrice déterminée.
À propos de structure graphitique ou carburigène, il est bon de rappeler que
la différence fondamentale entre aciers et fontes réside dans la possibilité, pour
les fontes, de présenter le carbone eutectique, soit sous la forme de carbures
plus ou moins complexes (état métastable), soit sous la forme du graphite (état
stable).

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 1 146 − 1
TRAITEMENTS THERMIQUES DES FONTES : GUIDE DE CHOIX ___________________________________________________________________________________

Par un recuit spécial, on peut passer de la structure carburigène à la forme


graphitique : c'est le but du traitement de malléabilisation ou de graphitisation.
En revanche, en aucun cas, le traitement thermique ne modifie sensiblement
la forme du graphite préexistant ; il est donc inutile de recourir à un traitement
thermique pour modifier ou améliorer la forme du graphite obtenue à la soli-
dification.
Pour les fontes non alliées ou faiblement alliées, le traitement thermique
permet :
— la réduction des contraintes internes ;
— l'accroissement de l'usinabilité ;
— l'obtention d'une bonne ténacité ;
— l'augmentation des caractéristiques mécaniques ;
— l’augmentation de la résistance à l'usure.
Le choix des traitements thermiques pour répondre à chacun de ces objectifs
fait l'objet de cet article, après quelques rappels sur les fontes.

1. Rappels préliminaires

Température (°C)
850 n)
io
at
Les traitements thermiques et la terminologie utilisée pour les Austénite rm
fo
fontes sont analogues à ceux employés pour les aciers, avec tou- ns
ra
tefois des particularités : la notion de trempabilité utilisée pour la det
métallurgie des aciers est transposable au cas des fontes, mais les ut
d éb
teneurs élevées en carbone et en silicium, associées à une teneur 800
Refroidissement
te(
rri
appréciable en manganèse, confèrent aux fontes une trempabilité Fe
relativement élevée, de sorte qu'une trempe à l'huile peut se subs- Austénite + ferrite
tituer à une trempe à l'eau.
elle
Il est essentiel de remarquer que la teneur en carbone de Intervalle de sidu
nit e ré
l'austénite avant trempe est fonction de la température d'austéniti- 750 transformation usté
A
sation et, donc, que la trempabilité dépendra non seulement de la
composition chimique de la matrice, mais également des condi-
tions d'austénitisation. Ferrite et/ou perlite
La présence de silicium conduit à la formation d'un intervalle cri-
tique de température lors de la transformation γ → α, intervalle qui 700
s'élargit et qui se déplace vers des valeurs plus élevées lorsque la 0 1 2 3
teneur en Si augmente (figure 1). Teneur en silicium (%)

Au-dessus de l'intervalle de transformation, le graphite, qu'il soit Figure 1 – Influence de la teneur en silicium sur l'intervalle
sous forme de lamelles, de vermicules, de nodules ou de sphéroï- de transformation des fontes malléables, des fontes grises et
des, se dissout facilement dans l'austénite ; le graphite joue le rôle des fontes à graphite sphéroïdal refroidies à la vitesse de 5 oC/h [2]
d'une réserve de carbone. Au cours du refroidissement et selon
que celui-ci est lent ou modéré, la matrice obtenue pourra être
comparable à celle des aciers, respectivement ferritique ou perliti- La méthode de choix proposée n'occultera nullement ce dernier
que, avec diffusion complète ou partielle du carbone vers le gra- aspect, mais ne disposant pas d'expérience pratique suffisante, ni
phite existant. d'informations complètes pour intégrer la diversité des fabrica-
tions, elle sera essentiellement centrée sur la recherche de l'opti-
Il apparaît clairement que la détermination des conditions
misation de la durée de vie en regard des propriétés d'emploi.
d'application d'un traitement thermique exige la connaissance de
la nuance de fonte à traiter, sa teneur approchée en silicium et la Le tableau 1 indique le but des différents traitements applicables
nature des éléments d'alliage éventuellement présents. aux fontes et définit les conditions d'utilisation, en précisant s'il
s'agit d'un traitement intégré au cycle de fabrication ou non. Ces
En tenant compte de la dimension, de la masse et de la com-
traitements, indépendants les uns des autres (ils ne constituent pas
plexité de la forme de la pièce, ces informations permettent de
une gamme de fabrication), ont pour but d'aboutir à une micros-
définir les températures et les durées correctes du traitement.
tructure et à un état de contraintes internes qui assurent les pro-
Le choix de la nuance de fonte et de son traitement thermique priétés d'emploi comme la dureté, la ténacité, la résistance à
doit répondre, pour une fabrication industrielle donnée, à deux cri- l'usure, le comportement en fatigue, définies dans le cahier des
tères, l'un technique en terme de durée de vie de la pièce, l'autre charges passé à la commande. Le présent guide regroupe les don-
économique, lié aux conditions de fabrication et à la disponibilité nées pratiques pour aider l'utilisateur à choisir et mener à bien un
du marché. traitement thermique.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
M 1 146 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques
___________________________________________________________________________________ TRAITEMENTS THERMIQUES DES FONTES : GUIDE DE CHOIX

Tableau 1 – Opérations de traitement thermique des fontes moulées


Opération Nature But Conditions d’utilisation

Traitement de détente • Chauffage à une température infé- • Diminuer les risques de • Recommandé pour des pièces ayant de fortes variations d’épais-
(§ 2.1) rieure à celle de la transformation rupture en service en seur ou de forme complexe
α – γ (550 à 650 oC) (fontes non réduisant les contraintes
alliées) ou à celle de la température résiduelles de tension de
de revenu (fontes alliées) solidification ou introdui-
tes lors d’opérations d’usi-
nage ou de rectification
Traitement • Recuit complet à haute tempéra- • Faciliter l’usinage • Recuit complet réalisé par le fondeur dans le cycle de fabrication
d’adoucissement ture, supérieure à 900 oC (notam- • Améliorer la ductilité de la fonte malléable et des fontes à graphite lamellaire coulées
(§ 2.2) ment malléabilisation) en moule métallique
• Améliorer la tenue aux
• Recuit à température moyenne, chocs des fontes à gra- • Effectué occasionnellement pour l’élimination des carbures libres
supérieure à la température de phite sphéroïdal indésirables
transformation α – γ
• Abaisser le niveau de • Recuit à température moyenne pour dissoudre de fins carbures
• Recuit à basse température, au- dureté dispersés conduisant à une dureté trop élevée
dessous de l’intervalle de transfor- • Recuit de ferritisation par dissociation de la perlite correspondant
mation α – γ (ferritisation) à une dureté trop élevée
Traitement de • Refroidissement à l’air à partir • Accroître la dureté et les • Deuxième phase du traitement de malléabilisation pour une
normalisation ou d’une température supérieure à caractéristiques mécani- nuance perlitique
d’homogénéisation l’intervalle de transformation α – γ ques par rapport à celles • Mise en conformité avec le cahier des charges : pièces refroidies
(§ 2.3) ou à la suite d’un traitement de obtenues à la coulée trop lentement, par exemple, dans le moule au lieu d’avoir été
recuit à haute température • Améliorer la résistance à décochées avant que leur température n’atteigne celle de l’inter-
l’usure tout en conservant valle de transformation α – γ
une usinabilité raisonna- • Pièces destinées à être trempées superficiellement
ble
• Avoir une excellente
réponse à la trempe super-
ficielle par induction ou au
chalumeau
Traitement • Chauffage à température supé- • Obtenir la dureté la plus • Pièces soumises à une forte usure (pression élevée)
de durcissement rieure à celle de l’intervalle de élevée possible pour • Pièces en fontes à graphite lamellaire ou sphéroïdal à très hautes
(§ 2.4) transformation suivi d’une trempe répondre aux exigences caractéristiques mécaniques
directe ou isotherme et d’un revenu de service de la pièce
• Pièces en fonte GS légèrement alliées à caractéristiques élevées y
• Améliorer durablement la compris aux chocs
résistance à l’usure
• Obtenir le meilleur com-
promis résistance mécani-
que/tenue aux chocs
Traitement superficiel • Trempe superficielle, refroidisse- • Obtenir une résistance à • Pièces à structure perlitique (caractéristique élevée) pour lesquel-
(§ 2.5) ment à l’eau après chauffage l’usure élevée tout en con- les la tenue au frottement est associée à une bonne ductilité et/ou
(induction, chalumeau) à tempéra- servant des propriétés de pour lesquelles un bon comportement en fatigue est nécessaire.
ture supérieure à l’intervalle de ductilité de l’alliage au Selon l’épaisseur de la pièce concernée par l’usure, le choix du
transformation α – γ cœur de la pièce traitement se portera sur le traitement thermique seul (forte
• Diffusion de carbone • Accroître la résistance à la épaisseur : millimètre) ou sur un traitement thermochimique
• Diffusion d’azote fatigue et au grippage (quelques centaines de micromètres)
• Diffusion simultanée des deux élé- • Améliorer la tenue à l’oxy-
ments dation
• Diffusion soufre/azote

2. Traitements thermiques Le principe de base du traitement de détente est fondé sur le


phénomène de fluage : par chauffage à une température appro-
priée, comprise entre 500 et 650 oC, la limite d'élasticité de la fonte
2.1 Traitement de détente est abaissée pour permettre une relaxation ou une élimination des
contraintes. Après relaxation, la pièce doit être refroidie jusqu'à la
température ambiante à une vitesse suffisamment lente pour éviter
Ce traitement a pour but de réduire sensiblement les contraintes
résiduelles de coulée liées à la complexité de la forme de la pièce ; l'apparition de nouvelles contraintes tout en restaurant les caracté-
ristiques mécaniques initiales.
complexité qui accentue les hétérogénéités thermiques lors de la
solidification et du refroidissement dans le moule. Le choix du cycle temps-température déterminé consiste à réali-
Ces contraintes peuvent donner lieu à des déformations, en ser un compromis entre les deux exigences suivantes : relaxer suf-
cours d'usinage ou pendant leur service et, exceptionnellement, à fisamment les contraintes et éviter un traitement qui diminue par
des ruptures. Toutefois, la majeure partie des pièces en fonte ne trop la résistance mécanique de la fonte.
nécessite pas de traitement de détente, soit parce qu'elles ne con-
tiennent pas de contraintes, soit que leur élimination intervienne à Le traitement sera tributaire de la composition chimique, notam-
l'occasion d'un autre traitement thermique. ment de la présence d'éléments d'alliage : manganèse, chrome,
molybdène, qui améliorent les caractéristiques mécaniques à tem-
En fait, la relaxation des contraintes touche des pièces de gran- pérature élevée ; ainsi, les températures préconisées pour le traite-
des dimensions dont la stabilité dimensionnelle doit être très pré- ment de détente seront-elles plus élevées pour ces fontes alliées
cise (bâtis de machines employés dans l'industrie horlogère ou que pour celles qui ne le sont pas.
dans les mécanismes de régulation automatique), ou bien des piè-
ces soumises à des chocs thermiques violents (moules pour coulée Le tableau 2 précise les conditions permettant la relaxation des
en coquille, creusets pour élaboration de métal). contraintes et la stabilisation dimensionnelle [1].

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 1 146 − 3
TRAITEMENTS THERMIQUES DES FONTES : GUIDE DE CHOIX ___________________________________________________________________________________

Tableau 2 – Stabilisation dimensionnelle et relaxation des contraintes de coulée (1)


Montée en
Lente (allure du four)
température

Température de maintien suivant le type de fonte

Type de fonte ................................... non alliée modérément alliée fortement alliée

Température .............................. (oC) 500 à 550 550 à 600 600 à 650


Palier isotherme
Temps de maintien suivant l’épaisseur de la pièce

Épaisseur .................................(mm) 10 25 50 75 100

Temps (2) ..................................... (h) b 1 b 2 b 3 b 4 b 5

Vitesse de refroidissement et température de défournement suivant la sensibilité de la pièce aux contraintes

Sensibilité aux contraintes .............. Pièce simple Pièce assez sensible Pièce très sensible
Refroidissement moyennement sensible
Défournement
Vitesse de refroidissement..... (oC/h) 40 30 20

Température de défournement (oC) 250 à 300 150 à 250 100 à 150


(1) Les températures et les temps ne sont qu’indicatifs ; ils ne sont d’ailleurs pas très rigoureux dans le traitement de stabilisation, en général compter 2 h + 1 h 30
par 25 mm d’épaisseur.
(2) Ces temps de maintien sont fonction des épaisseurs, quelles que soient les températures du palier suivant.

Dans le cas des fontes graphitiques à matrice martensitique ou Ces cycles étant intégrés au processus de fabrication et réalisés par
bainitique ou des fontes blanches ayant les mêmes matrices, la le fondeur ne seront pas abordés ici (le lecteur interessé se repor-
température de traitement est plus basse pour éviter le revenu trop tera à l’article [1] de ce traité).
poussé des constituants aciculaires (environ 200 à 300 oC), tout en
obtenant une certaine relaxation des contraintes due, en partie, à
la transformation martensitique elle-même. 2.2.2 Recuit à température moyenne

Afin d'obtenir une matrice entièrement ferritique (ferritisation),


2.2 Traitement d'adoucissement les pièces peuvent être chauffées juste au-dessus de l'intervalle de
transformation Ac1 – Ac3 qui est essentiellement fonction de la
L'adoucissement par recuit graphitisant ou ferritisant peut avoir teneur en silicium. Généralement, la température du palier est
un caractère correctif ou systématique pour éliminer les carbures comprise entre 820 et 880 oC.
ou simplement la perlite, afin d'abaisser la dureté et d'améliorer la Après ce maintien, la vitesse de refroidissement dans l'intervalle
plasticité. de transformation devra être suffisamment lente pour permettre la
diffusion complète du carbone, laquelle dépend de la distribution
du graphite et de la teneur en silicium de la fonte.
2.2.1 Recuit à haute température
À titre d'exemple, pour une fonte ayant un silicium voisin de
1,5 % et présentant un graphite grossier, la vitesse de refroidisse-
Par chauffage des pièces au-dessus de l'intervalle de transforma-
ment sera de l'ordre de 10 à 20 oC/h ; tandis que pour une fonte à
tion, à une température comprise entre 900 et 950 oC, les carbures
graphite fin dont la teneur en silicium est élevée, environ 3 %, la
libres présents dans la structure sont décomposés (graphitisation).
vitesse pourra atteindre plusieurs centaines de degrés par heure.
La durée minimale du traitement est déterminée suivant la compo-
sition exacte de la fonte (plus la teneur en silicium est élevée, plus
rapide est la graphitisation), la massivité des pièces et l'abondance 2.2.3 Recuit à basse température
de carbures ; elle est généralement comprise entre 1 et 3 h pour les
pièces en fonte à graphite lamellaire ou en fonte à graphite sphé- Un traitement de ferritisation indirecte (globularisation de la per-
roïdal. lite) peut aboutir aux mêmes propriétés que celles obtenues par le
En présence d'éléments carburigènes, la graphitisation est traitement décrit au paragraphe précédent.
considérablement ralentie : à partir de 0,2 % de chrome, l'élimina- Ce traitement a lieu à une température inférieure au point Ac1 .
tion complète des carbures devient pratiquement impossible. En première approximation, la formule ci-après peut être utilisée
Le refroidissement qui suit le maintien à haute température doit pour les fontes non alliées :
être réalisé, afin d'obtenir les constituants et la dureté désirés ; de
la façon suivante : Ac1 (oC) = 730 + 28 Si % – 25 Mn %
— perlite 180 < HB < 220, refroidissement rapide, à l'air ; En présence d'éléments d'alliage tels que le nickel, le domaine
— ferrite 150 < HB < 180, refroidissement lent, dans le four. austénitique est modifié. Par exemple, en présence d’1 % Ni, il y a
Pour les fontes malléables, le cycle complet a une durée de trai- abaissement du point Ac1 d'environ 30 oC ; le molybdène agit dans
tement plus longue, respectivement de l'ordre de 12 à 24 h pour le même sens, tandis que le chrome élève la température de trans-
les nuances ferritiques et de 10 à 12 h pour les nuances perlitiques. formation.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
M 1 146 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques
___________________________________________________________________________________ TRAITEMENTS THERMIQUES DES FONTES : GUIDE DE CHOIX

Pour ce traitement à basse température, si la vitesse de chauf-


fage et la vitesse de refroidissement sont indifférentes, la durée du

Température (°C)
palier est prolongée (plusieurs heures) par rapport au traitement
équivalent décrit au paragraphe précédent (30 min à 1 h). 900

2.2.4 Traitement combiné en deux étapes


800 Pourcentage de perlite
40 25 10 8 1
Souvent, il y a lieu de recourir à un traitement combiné de gra-
phitisation des carbures libres et de ferritisation de la perlite. Il
comprendra une première étape décrite au paragraphe 2.2.1, asso-
ciée soit au traitement décrit au paragraphe 2.2.2, soit à celui qui 700
fait l'objet du paragraphe 2.2.3.
La figure 2 présente un exemple de cycle de recuit en deux éta-
pes pour des pièces en fonte à graphite sphéroïdal de 13 mm 0 20 40 60 80
d'épaisseur, ferritisées à basse température. points expérimentaux Temps (min)
Sur ce graphique, sont indiqués les pourcentages de perlite res-
tants, en fonction de la durée de maintien à 760 oC. Figure 2 – Cycle de recuit en deux étapes d'une fonte à graphite
À noter que, quel que soit le traitement de ferritisation choisi, il sphéroïdal. Variation du pourcentage de perlite résiduelle,
vaudra mieux opérer un défournement au-dessus de 600 oC, pour en fonction du temps de maintien à température au cours
les fontes malléables et les fontes à graphite sphéroïdal, afin d'évi- de la seconde phase [3]
ter la zone de fragilisation thermique réversible souvent nommée
« fragilité de galvanisation », qui se situe dans l'intervalle 350-
550 oC [4].
Toutefois, si le défournement ne peut être réalisé à cette tempé-
2.4 Traitement de durcissement
rature, il est conseillé de poursuivre le refroidissement en four (trempe et revenu)
jusqu'à 300 oC.
Le traitement de trempe et revenu n'a pas seulement pour but de
régler la dureté, mais vise plutôt à établir le meilleur compromis
2.3 Traitement de normalisation entre l'usinabilité, la résistance à l'usure et les caractéristiques
mécaniques (résistance, résilience, plasticité) de pièces hautement
ou d'homogénéisation sollicitées statiquement et dynamiquement.
La trempe à l'air ayant été abordée au paragraphe 2.3, elle ne
Ce traitement est appliqué aux pièces en fonte pour obtenir une sera pas reprise ; seules les trempes à vitesse élevée (obtenues par
dureté et une résistance mécanique supérieures à celles obtenues trempe à l'eau, à l'huile ou en bain de sels) seront examinées.
à l'état brut de coulée ou par recuit. La trempe au-dessus de Ac3 produit des constituants aciculaires
Ce traitement consiste à réchauffer la pièce à une température (martensite, bainite) plus ou moins mêlés d'austénite résiduelle.
supérieure à l'intervalle de transformation et, après homogénéisa- Afin de pouvoir régler les propriétés après trempe et revenu, il
tion de la température, à la refroidir à l'air, ou à l'air soufflé pour convient de choisir la température et la durée d'austénitisation
les pièces massives, de sorte que la matrice soit constituée de per- pour obtenir une matrice homogène, suffisamment chargée en car-
lite fine (perlitisation). bone, pour répondre aux propriétés recherchées.
En surface de pièce, la finesse sera maximale, ce qui lui confé- Comme pour les aciers, la quantité de carbone présente dans la
rera une bonne aptitude au traitement de trempe superficielle par matrice austénitique qui se retrouve dans la martensite règle la
induction ou au chalumeau, ainsi qu'une bonne résistance à dureté de celle-ci.
l'usure par frottement, tout en conservant une bonne usinabilité. Pour estimer la teneur en carbone Cm de la matrice d'une fonte
Comme ce fut indiqué pour le traitement de ferritisation, le trai- non alliée ou peu alliée, une formule est proposée [5] :
tement de perlitisation peut être associé à un recuit à haute tem-
1,34 – 0,07Si%
pérature pour élimination de carbures libres (graphitisation, cf. Cm (%) = 2,03 – 0,15 Si % + (θA – 1 153 – 5 Si %) -----------------------------------------
§ 2.2.1). 430 – 20Si%
Certaines pièces de forme complexe peuvent être difficilement avec θA (oC) température d’austénitisation.
traitées ou, si le traitement a lieu, développer des contraintes. Dans
ce cas, un traitement de détente doit être envisagé ; celui-ci peut Par ailleurs, pour connaître la température de transformation
débuter lors du refroidissement vers 480 oC sans nécessiter un martensitique, on peut appliquer aux fontes la formule de Nehren-
retour préalable à la température ambiante. berg établie pour les aciers :
Cependant, en cas d'oxydation, il faudra procéder préalablement Ms = 500 – 300 Cm – 11 (Si % + 3 Mn % + 2 Cr % + Mo %) – 17 Ni %
à un nettoyage énergique de la pièce et on effectuera le traitement
de détente selon les indications données au paragraphe 2.1. avec Cm (%) teneur en carbone de la matrice.
Pour les fontes à graphite lamellaire et à graphite sphéroïdal La température d'austénitisation sera d'autant plus élevée que
contenant des teneurs modérées en éléments d'alliage, le traite- les caractéristiques recherchées (voir tableau 1) le seront, la durée
ment de normalisation peut conduire à la formation de bainite du maintien n'ayant pour objet que d'assurer un même taux de
dans des sections allant jusqu'à 120 mm. Afin de répondre au carbone en tout point de la pièce ; quant à la vitesse de refroidis-
cahier des charges, il sera nécessaire de prévoir un revenu sement, elle tiendra compte de la vitesse critique de trempe, pro-
d'homogénéisation généralement réalisé entre 500 et 625 oC pen- pre à chaque composition ou nuance de fonte ; ceci pour éviter la
dant une durée d'une heure par 25 mm. formation de perlite indésirable.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 1 146 − 5
TRAITEMENTS THERMIQUES DES FONTES : GUIDE DE CHOIX ___________________________________________________________________________________

Afin de réduire les risques de tapure lors de la transformation


brutale austénite-martensite à la température de formation de

Dureté Brinell
celle-ci, une trempe étagée peut être pratiquée ; elle consiste à réa-
400
liser, au cours du refroidissement rapide après austénitisation, une
halte au cours de laquelle les températures s'égalisent dans les
pièces sans que l'austénite se transforme. La transformation se 350
produit ensuite au cours d'un refroidissement à vitesse relative-
ment faible sans risquer de former de la perlite et sans engendrer
des contraintes ou déformations inacceptables. 300
Deux variantes à ce traitement peuvent être pratiquées : une
trempe dans un bain de sels ou d'huile, soit entre 230 et 425 oC,
soit entre 200 et 350 oC, donc au-dessus de la température de 250
transformation martensitique Ms.
Dans ce dernier cas, après quelques minutes, les pièces sont 200
retirées et refroidies à l'air pour donner la martensite
(martempering ) ; ensuite a lieu un traitement de revenu à basse
température. 150
Dans le premier cas, le maintien entre 230 et 430 oC conduit à la
formation de bainite, on parle de trempe étagée bainitique 400 500 600 700
(austempering ) ; cette méthode permet d'obtenir, sans revenu, une Température de revenu (°C)
dureté intermédiaire entre celles de la martensite et de la perlite.
À l'état brut de trempe, la dureté Brinell est de 570 HB
Pour limiter les contraintes, une autre pratique consiste en
l'extraction des pièces de leur milieu de trempe vers 150 oC pour Figure 3 – Influence d'un revenu de 2 heures sur la dureté
les soumettre immédiatement au traitement de revenu. d'une fonte à graphite sphéroïdal trempée à l'huile [6]
En effet, le revenu achève la décomposition de l'austénite rési-
duelle, transforme plus ou moins les constituants aciculaires en les
adoucissant, permet la relaxation des contraintes de trempe et la
et durée d'austénitisation excessives), tout comme un excès d'élé-
stabilisation dimensionnelle.
ments d'alliage, en abaissant le point Ms, conduisent à la forma-
Le revenu diminue la dureté, la résistance à la traction et la limite tion d'une martensite grossière.
d'élasticité des fontes trempées ou normalisées ; dans le même
En raison des risques de surchauffe, voire même de fusion, le
temps, la ductilité augmente. Si une dureté maximale est recher-
contrôle pyrométrique des températures maximales atteintes est
chée, la température choisie sera comprise entre 150 et 200 oC, car
nécessaire.
jusqu'à 250 oC l'évolution de la dureté demeure faible. La figure 3
donne, à titre d'exemple, l'évolution de la dureté Brinell en fonc- À noter que, dans le cas de dureté insuffisante, il faut éviter la
tion de la température de revenu d'une fonte à graphite sphéroïdal surchauffe et rechercher la solution en revenant à une température
de dureté 570 HB après trempe [6]. d'austénitisation normale (850 à 980 oC) et en augmentant la
vitesse de trempe par accroissement du débit d'arrosage.
Les couches transformées et durcies sont de l'ordre de quelques
2.5 Traitement superficiel dixièmes de millimètre ou quelques millimètres.
La profondeur de pénétration et la température maximale attein-
tes augmentent proportionnellement à la racine carrée du temps ;
Les procédés de durcissement superficiel ont pour but principal
ainsi pour la trempe par induction (puissance 800 à 1 600 W/cm2)
d'améliorer la résistance à l'usure d'une surface usinée et d'aug-
est proposée la formule suivante :
menter la résistance à la fatigue en liaison avec l'introduction de
contraintes de compression. 1
p = 50 --- + t
Deux types de traitement peuvent être distingués : f
— les traitements purement thermiques ;
— les traitements thermochimiques. avec p (mm) profondeur de pénétration,
f (Hz) fréquence du champ électromagnétique,
t (s) temps de chauffage.
2.5.1 Trempe superficielle
La figure 4 présente l'effet de la durée du chauffage par induc-
La trempe comporte l'arrosage ou l'immersion de la couche tion, sur la dureté en surface et la profondeur de trempe d'une
superficielle après chauffage de très courte durée (quelques secon- fonte non alliée [1].
des ou quelques minutes) au-dessus du point Ac3 , à l'aide d'un La technique la plus récente utilise un faisceau laser ; lors de son
chalumeau oxyacétylénique ou de courants induits. déplacement, la couche chauffée subit une trempe complète, sans
Malgré la rapidité de la montée en température, il est nécessaire fluide de refroidissement, la chaleur se dissipant par rayonnement
que la matrice se charge suffisamment en carbone pour pouvoir ou se transmettant par conduction au métal froid sous-jacent. La
aboutir à une matrice martensitique homogène (voir principe décrit température maximale obtenue et la profondeur de trempe sont en
au paragraphe 2.4) ; aussi est-il recommandé d'avoir une fonte principe contrôlées automatiquement. Toutefois, l'expérience a
dont la matrice est au départ perlitique, y compris en surface de montré que des fluctuations de la température de surface liées à
pièce, après enlèvement de la surépaisseur d'usinage. l'instabilité de la source laser peuvent entraîner des variations de
± 20 % [7] de la profondeur traitée d'une fonte ayant une matrice
De faibles quantités d'éléments d'alliage favorisent cette struc- perlitique homogène. Si l'accroissement de la résistance à la fati-
ture, contribuent à réduire la vitesse critique de trempe et augmen- gue d'une fonte GS perlitique est envisageable, à l'instar de celle
tent la profondeur de pénétration. des aciers [8], par mise en compression des couches superficielles
La présence de ces éléments nécessitera une adaptation du grâce à la transformation martensitique, elle reste conditionnée à
réglage des conditions opératoires ; une surchauffe (température une meilleure maîtrise de la rugosité superficielle [9].

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
M 1 146 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques
___________________________________________________________________________________ TRAITEMENTS THERMIQUES DES FONTES : GUIDE DE CHOIX

température de 510 oC semble mieux adaptée pour avoir la plus


60 5 grande dureté [10].

Profondeur de trempe (mm)


Dureté Rockwell C

La nitruration ionique conduit à une couche de combinaison


d'une quinzaine de micromètres associée à une couche de diffu-
sion de quelques centaines de micromètres selon la composition
50 4 de la fonte ou la durée du traitement.
■ Traitements thermochimiques complexes
HRC Les bains de sels fondus, mettant en jeu simultanément le car-
bone et l'azote permettent un double durcissement : celui lié à
40 3 l'azote en solution solide sur une profondeur de l'ordre du millimè-
tre, tandis que la diffusion du carbone se limite à 0,015 mm. Ces
traitements peuvent s'appliquer à toutes fontes non alliées y com-
pris celles à matrice ferritique.
30 2 En revanche, pour les traitements de nitrosulfuration avec cya-
p nure (Sulfinuz) ou sans cyanure (Sursulf) on choisira des fontes
modérément alliées au chrome molybdène [11].
Pour ces traitements, l'immersion en bain de sels dure de 1 à 3 h
20 1 à 570 oC.

10 0 2.6 Cas particulier des fontes


2,5 3,0 3,5 à graphite nodulaire bainitiques
Temps de chauffage (s) (ADI austempered ductile iron )
Figure 4 – Effet du temps de chauffage par induction sur la dureté en
Le développement des fontes au nickel-chrome subissant une
surface et la profondeur de trempe d'une fonte non alliée, d'après [1]
trempe bainitique isotherme mérite une attention particulière ; en
effet, l’association d’une matrice constituée de ferrite sursaturée en
carbone et d’austénite enrichie en carbone, dite « matrice
2.5.2 Durcissement par diffusion bainitique », et du graphite nodulaire permet d'atteindre des carac-
téristiques mécaniques supérieures à celles de toutes les nuances
La diffusion d'éléments chimiques dans une couche superficielle des fontes classiques.
très mince améliore la résistance à l'usure, à la fatigue et à la cor- Certes, l'élaboration et le choix des matières premières doivent
rosion de pièces en fonte ainsi durcies. être particulièrement soignés et faire l'objet de préparations atten-
En raison de l'excédent de carbone dans la fonte, le simple trai- tives de la part du fondeur, afin de réunir les conditions optimales
tement de cémentation ne présente guère d'intérêt, sauf cas excep- pour réussir le traitement thermique. Celui-ci, généralement sous-
tionnel de décarburation locale. En revanche, la nitruration et les traité, requiert une mise au point des conditions nécessaires à
traitements thermochimiques complexes, tels que carbonitrura- l'obtention de la structure recherchée dans la pièce.
tion, cyanuration, nitrosulfuration, sont appliqués de façon effi- Ce traitement comporte trois phases :
cace. — l'austénitisation ;
— la trempe énergique avec maintien isotherme de durée déter-
■ Nitruration minée dans l'intervalle de transformation bainitique ;
Afin d'optimiser le traitement, des fontes à graphite lamellaire — le refroidissement jusqu'à la température ambiante.
spécialement adaptées ont été mises au point contenant des élé- L'auténitisation est préconisée pendant 2 h à une température
ments avides d'azote, tels que le chrome, l'aluminium, le molyb- précise (± 5 oC) qui sera comprise entre 850 et 900 oC ; la protec-
dène et le vanadium, préférentiellement à matrice perlitique. tion des pièces contre la décarburation et l'oxydation superficielles
La nitruration peut être réalisée à l'état gazeux, en bain de sels, étant assurée par une atmosphère contrôlée (potentiel carbone
en atmosphère ionisante. proche de 0,8 %).
La nitruration gazeuse qui consiste à chauffer les pièces à une Compte tenu de la nécessité de conserver une teneur en carbone
température comprise entre 500 et 550 oC dans un courant homogène, le temps de transfert doit être le plus réduit possible
d'ammoniac nécessite un maintien de longue durée, 40 à 90 h, (quelques secondes). Le recours au bain de sels est préférable.
lequel aboutit à une couche dure (800 à 1 000 HV) sur 2 à 3 dixiè- Selon les propriétés recherchées, la température de transforma-
mes de millimètre. tion bainitique se situera, soit entre 250 et 325 oC, soit entre 350 et
La nitruration au bain de sels dure de 1 à 2 h dans un bain à 530 420 oC [12], comme indiqué ci-après.
à 570 oC, elle donne lieu à une couche de combinaison très mince Une résistance mécanique élevée avec relativement peu d'allon-
(10 µm) associée à une couche de diffusion suffisante pour amélio- gement, conciliable avec des traces de martensite dans la struc-
rer la résistance à l'usure par frottement et la limite de fatigue des ture, sera obtenue par maintien pendant 3 h à une température
pièces traitées. comprise entre 250 et 325 oC ; la température étant d'autant plus
Le développement de la nitruration ionique de pièces en fonte basse que la résistance est souhaitée élevée.
est rapide. Comme pour les traitements classiques, la présence Afin d'obtenir une bonne ductilité associée à une résistance
d'éléments chimiques spécifiques dans la fonte favorise la perfor- mécanique convenable, le maintien isotherme dans l'intervalle 350
mance. Les températures de traitement peuvent être comprises à 420 oC sera interrompu avant que ne commence la précipitation
entre 450 et 570 oC pendant des durées allant de 3 h à 48 h. La tem- des silicocarbures dans l'austénite. C'est l'interruption du maintien
pérature de 570 oC permet d'obtenir la profondeur transformée des pièces à la température qui permet d'éviter cette transforma-
maximale ; une durée de maintien de 6 h est alors suffisante ; la tion.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 1 146 − 7
TRAITEMENTS THERMIQUES DES FONTES : GUIDE DE CHOIX ___________________________________________________________________________________

Aussi, le choix de la durée du maintien constitue une difficulté Par ailleurs, préalablement au traitement, le chargement sera
spécifique de cette fabrication ; mais, en pratique, les durées sont effectué, autant que faire se peut, avec des pièces dont le rapport
comprises entre 1 et 2 h. poids/surface est analogue ; la disposition desdites pièces, en lais-
sant un espace régulier et suffisant entre elles, doit permettre une
Quant au refroidissement final, il n'est pas critique, toutefois, il
circulation d'air ou d'atmosphère uniforme dans toutes les parties
est préférable qu'il s'effectue à l'air calme sans maintien prolongé
du four.
des pièces dans le domaine intermédiaire entre la température de
maintien isotherme et la température ambiante, afin d'éviter la
détérioration des caractéristiques mécaniques du matériau traité
[13].
3.2 Atmosphère du four

3. Contrôles lors La fonte peut réagir très rapidement avec l'atmosphère des
fours, notamment lors des traitements à température élevée.
du traitement thermique Toutefois, dans l'enceinte d'un four ayant une bonne étanchéité,
le carbone de la fonte peut créer une atmosphère partiellement
réductrice permettant de limiter la formation de la calamine sans
pour autant empêcher celle d'une couche oxydée sur les pièces,
3.1 Contrôle de la température couche dont on sait quelle est facilement éliminée.
On peut également créer une atmosphère neutre d'azote dans le
Le contrôle précis et efficace de la température lors du traite- cas de traitement prolongé à haute température, par exemple, lors
ment thermique de pièces en fonte est extrêmement important du recuit des fontes malléables.
pour éviter le risque de leur mise hors service. Le recours à une atmosphère réductrice ou carburante n'a guère
Si la précision nécessaire pour atteindre la fourchette de tempé- d'effet sur les fontes compte tenu de la saturation en carbone de
rature et s'y maintenir est relativement facile et bien réalisée, l'uni- la matrice. En revanche, une atmosphère réductrice déséquilibrée
formité de la température dans toute la charge constituée par les peut conduire à une décarburation superficielle des pièces.
pièces en cours de traitement est beaucoup plus difficile à obtenir
et loin d'être atteinte sans répartition appropriée de la chaleur à
l'intérieur du four.
La figure 5 est destinée à illustrer la répartition de la température
dans un four de recuit à sole mobile au cours du traitement d'une
charge normale de pièces en fonte [14].
4. Risques.
Il convient donc de vérifier le cycle de température subi par les Précautions.
pièces en plus du contrôle de la régulation de la température du
four.
Remèdes

Lors d’un traitement thermique, certaines précautions doivent


être prises pour éviter le rebut des pièces ; certaines sont plus spé-
66 °C au-dessus de la température contrôlée cifiques à un traitement donné ; d’autres relèvent du strict respect
du cycle thermique défini.
Température (°C)

Fourchette : 246 °C

900 Température contrôlée :


899 °C
4.1 Précautions spécifiques à chaque
par défaut
163 °C

800
traitement

Elles sont regroupées dans le tableau 3 et concernent les risques


700 de formation des tapures, de déformations et de fragilité thermi-
que.
Les tapures sont liées, soit à des problèmes de géométrie de la
600
pièce, soit à des problèmes métallurgiques. Si les premiers sont
indépendants du traitement thermique, les seconds peuvent en
découler (excès de contraintes internes, cohabitation de différentes
500 Température visée structures notamment aciculaires).
L’origine des déformations est due à de fortes contraintes rési-
duelles développées à la coulée puis relaxées pendant les phases
0 1 2 3 4 de chauffage et de refroidissement ou bien encore lors d’un main-
Les différentes courbes correspondent Durée (h) tien de durée insuffisante à haute température.
à des points différents dans le four
Quant à la fragilité thermique, elle concerne la fonte à graphite
sphéroïdal à matrice ferritique dont le régime thermique se trouve
Figure 5 – Répartition de la température dans un four de recuit modifié dans l’intervalle de température allant de 550 à 350 oC ;
à sole mobile au cours du traitement d'une charge normale cette fragilité se traduit par une baisse de la résistance aux chocs
de pièces en fonte [14] et une propagation de rupture aux joints des grains de ferrite [4].

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
M 1 146 − 8 © Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques
___________________________________________________________________________________ TRAITEMENTS THERMIQUES DES FONTES : GUIDE DE CHOIX

Tableau 3 – Risques et précautions spécifiques en fonction du traitement


Traitement Risques Précautions Contrôles/remèdes
• Modification de côtes • Positionnement des pièces dans le • Légère diminution de la dureté au cours
• Déformations gênantes si for- four du traitement qui répond au meilleur com-
Détente tes contraintes dans les pièces • Utilisation d’un montage de charge- promis température/temps
ment
• Défournement à 100 oC si pièces très
sensibles
• Risque d’oxydation au-dessus • Étanchage du four ou atmosphère • État de surface
de 720 oC contrôlée • Placer charbon pulvérisé avec la charge
• Risque de fragilisation thermi- • Défournement au-dessus de 600 oC • Résistance aux chocs ; cassure intergra-
Adoucissement que (éviter les transferts entre 550 et nulaire
350 oC) • Réchauffer les pièces à 650 oC puis trem-
per à l’eau ou refroidissement lent dans le
four en dessous de 300 oC
• Risque de déformation, voire • Séparer les petites des grosses pièces • Contrôle de dureté
Normalisation de rupture lors du chauffage • Pour les pièces de forme complexe,
ou entre 400 et 540 oC montée lente en température
homogénéisation • Variation de dureté sur pièces • Formation de bainite • Revenu entre 500 et 625 oC pendant 1 h
modérément alliées par 25 mm
• Risque de tapure lors de la • Préférer l’austempering ou le mar- • Pour les coulées de pièces futures, propo-
Durcissement trempe tenpering ser d’augmenter les éléments d’alliage
• Extraire les pièces du bain de trempe afin de diminuer la vitesse de trempe
(trempe et revenu) o
vers 150 C et les soumettre immédia-
tement au traitement de revenu

4.2 Précautions liées au respect des — respecter des temps d’austénitisation suffisants ;
— surveiller la température de trempe ;
consignes descriptives du traitement — effectuer le revenu immédiatement après la trempe ;
— veiller au refroidissement homogène des pièces ;
Elles sont valables pour les fontes et pour les aciers et peuvent enfin :
se résumer ainsi : — respecter les températures de transformation et les vitesses
— préchauffer les pièces le plus lentement possible ou par de refroidissement nécessaires à l’obtention des structures recher-
étapes ; chées ; ce qui est plus spécifiquement propre aux pièces en fonte.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 1 146 − 9

Vous aimerez peut-être aussi