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I/ Définition- Généralités :
-La pancréatite aigue est une inflammation aigue de la glande pancréatique.
-Il s’agit d’une auto-activation des enzymes pancréatiques responsable d’une autodigestion des tissus
pancréatiques, voire péripancréatiques pouvant aboutir à la nécrose tissulaire.
-La pancréatite aiguë (PA) a des répercutions générales car elle est à l’origine d’un syndrome inflammatoire
plus ou moins marqué associé à une circulation systémique d’enzymes pancréatiques activées.
-La PA est une urgence thérapeutique.
-La restitution ad integrum est la règle, une fois l’épisode guéri et l’étiologie traitée (hormis pour la
pancréatite aiguë alcoolique, qui est plutôt une poussée aiguë d’une pancréatite chronique évoluant pour
son propre compte).
II/ Etiologies :
1) Lithiase biliaireQ (40 %) : 1ière causeQ
-La PA est due à la migration jusqu’à la papille d’un calcul biliaire, le plus souvent de petite taille
(microlithiase). Les volumineux calculs enclavés dans l’ampoule de Vater sont rarement responsables de
PA.
3) Autres : 20 %
-TraumatiqueQ : post CPRE, post chirurgie biliaire, post sphinctérotomie endoscopique ; post contusion
abdominale.
-Hyperparathyroidie : seule étiologie de pancréatite aigue avec hypercalcémie
-HyperTG (type I Q, IV et V)
-Virales : OreillonsQ (paramyxovirus chez l’enfant) ; Entérovirus chez l’adulte ; Coxsackie virus ; VIH; CMV
-Bactériennes : Salmonellose
-Médicamenteuse : Azathioprine, corticoïdes (leur rôle est discuté), thiazidique (immuno-allergiq), Statine,
Sulfamide, Cycline, Dépakine
-Venins : Scorpion et cobra, Toxine de l’amanite phalloïde
-Mécanique : Tumeur obstructive, AscarisQ, Pancréas Divisum (malformation congénitale : 10% de la pop),
ectasie canalaire mucineuse
-Ischémiques : dans un choc, chirurgie CV
-MucoviscidoseQ
-Maladies immunologiques : lupus, …
-Familiales et idiopathique : (10%)
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II/ Anatomie pathologique :
-Les lésions anatomiques de la PA sont polymorphes. Elles associent œdème, suffusion hémorragique,
nécrose et cytostéatonécrose.
-On distingue deux formes : la PA interstitielle ou œdémateuse (PAO) et la PA nécrotico-hémorragique
(PANH).
B. la PA nécrotico-hémorragique (PANH) :
1) Le pancréas :
-La glande est le siège de lésions plus ou moins étendues de nécrose et d'hémorragie.
-En microscopie : les foyers de nécrose détruisent les lobules et atteignent les parois des vaisseaux sanguins
et lymphatiques; ces foyers sont riches en cellules mononuclées et lipophages.
2) Lésions péripancréatiques :
-Autour du pancréas, les coulées nécrotique : s'étendent vers la graisse péripancréatique et le
rétropéritoine, voire plus loin: colon, estomac, foie, rate etc.
-Les lésions de cytostéatonécrose (plaques opaques surélevées) sur le péritoine constituent le signe
indicateur de la PANH.
3) L'évolution se fait:
-Soit vers une résolution complète avec une cicatrisation fibreuse.
-Soit vers une complication des foyers de nécrose qui peuvent :
*Se surinfecter (abcès pancréatique).
*Se localiser, limités par les organes de voisinage (pseudo-kystes).
*Se fistuliser dans un organe creux.
III/ Pathogénie :
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C. Retentissement de la PA :
-L'exsudat toxique produit par la PA va se propager aux tissus péripancréatiques, puis être emmagasiné
dans la cavité péritonéale et être ensuite résorbé par les lymphatiques qui le déversent dans le sang.
-Cette toxicité liée à l'existence d'enzymes pancréatiques entraîne :
*Choc par vasodilatation et augmentation de la perméabilité capillaire.
*Troubles de la coagulation (CIVD) et fibrinolyse.
*Nécrose graisseuse.
*La discrétion des signes physiques contraste avec l’importance des signes fonctionnels. Cette dissociation
doit faire évoquer le diagnostic.
1. Hyperlipasémie :
-à doser dans les 48 heures suivant le début des symptômes ;
-la valeur seuil est égale à trois fois la valeur normale (= 3 N) ;
-l’élévation de la lipasémie est plus prolongée que celle de l’amylasémie ;
-l’hyperlipasémie a une valeur diagnostique plus élevée que l’hyperamylasémie ;
2) Hyperamylasémie :
- franche, rapide, mais inconstante (80 % des cas).
-Une amylasémie normale n’élimine pas le diagnostic ;
-un seuil diagnostique d’amylasémie supérieur à 3 N est un bon compromis entre sensibilité et spécificité ;
-attention, l’augmentation de l’amylasémie n’a aucune valeur pronostique.
-La pancréatite aiguë n’est pas la seule cause d’hyperamylasémie (ex : remplissage par Elohés (HEA) .
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C. Examens morphologiques :
1) Abdomen sans préparation :
-De face debout, de face couché, de profil couché si la position debout n’est pas possible et cliché prenant
les coupoles.
-On recherche :
* une anse prépancréatique (dite sentinelle) par distension des premières anses jéjunales (iléus réflexe) ;
* une distension du côlon transverse (iléus réflexe) ;
* un calcul vésiculaire, des calcifications pancréatiques (diagnostic étiologique).
-On confirme l’absence de pneumopéritoine (diagnostic différentiel).
3) Échographie bilio-pancréatique :
-En cas d’impossibilité d’avoir un scanner abdominal.
-Elle est surtout utile pour orienter le diagnostic étiologique.
-Elle est souvent gênée par l’iléus réflexe (échec de l’analyse du pancréas dans 60 % des cas).
-Elle recherche un pancréas augmenté de volume (œdème), un épanchement intra-péritonéal.
-Elle peut montrer des calculs vésiculaires (voire des calculs de la voie biliaire principale) orientant
l’étiologie de la pancréatite aiguë.
4) Tomodensitométrie abdominale :
-Elle permet de faire le diagnostic de pancréatite aiguë en cas de doute clinico-biologique (examen de
référence).
-Si le diagnostic est fait sur les signes cliniques et biologiques, il n’est pas nécessaire de réaliser un scanner.
-Il s’agit d’un scanner abdominal avec injection de produit de contraste (surveillance de la créatininémie)
permettant une analyse morphologique du pancréas et de l’ensemble de l’abdomen.
-L’injection de produit de contraste est indispensable afin de faire le diagnostic de « coulée » de nécrose
(hypodense après injection de produit de contraste).
-Cet examen sera répété afin de suivre l’évolution de la maladie pancréatique.
5) IRM pancréatique :
-Il s’agit d’un très bon examen analysant la morphologie pancréatique.
-L’injection de gadolinium n’est pas néphrotoxique.
-Mais il n’est pas de pratique courante.
V/ Diagnostic de gravité :
-75 % des pancréatites aiguës évoluent vers la guérison sans séquelle, les autres malades présentent une ou
plusieurs complication(s) évolutive(s).
-Une pancréatite aiguë grave est une pancréatite aiguë avec des complications générales (défaillance
d’organe) et/ou locales (nécrose, abcès, pseudokyste).
-Les pancréatites aiguës graves sont grevées d’un taux élevé de morbi-mortalité.
-On réunit sous le diagnostic de pancréatite aiguë des situations dont l’évolution est tellement variable qu’il
est indispensable d’évaluer le plus objectivement possible le pronostic d’une pancréatite aiguë.
-Certains critères permettent de classer les pancréatites aiguës en différents niveaux de gravité associés à
différents taux de mortalité.
-Le diagnostic de nécrose pancréatique est difficile mais important, car il aggrave le pronostic.
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A. Facteurs de gravité généraux :
a) Terrain : Les items suivants aggravent le pronostic :
* âge > 80 ans ;
* obésité avec un BMI > 30 ;
* insuffisance organique préexistante (cardiaque, pulmonaire, hépatique, rénale).
b) Facteurs pronostiques (score bioclinique) de Ranson : Chaque item a une valeur égale à 1avec un seuil de 3.
Nb : *Séquestration liquidienne est évaluée par bilan entrée sortie par poids 0h et 48h
*LDH = Lactico déshydrogénase
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-Cette classification se fonde sur l’aspect morphologique du pancréas et des tissus péripancréatiques, mais
aussi sur l’étendue de la nécrose.
-Il s’agit d’un score de gravité scannographique ayant une bonne corrélation avec le taux de mortalité et de
morbidité.
-Il est évalué au mieux à J3.
-Les coulées nécrotiques peuvent se faire vers le mésentère, le fascia de Toldt droit et gauche, le récessus
omental caudal (arrière cavité des épiploons) ou le rétropéritoine.
-La répétition du scanner est essentielle pour suivre l’évolution des lésions nécrotiques.
-L'analyse TDM tiendra également compte d'éléments pronostiques non intégrés dans l'index de gravité :
*Ascite, épanchement pleural, siège céphalique de la nécrose
*Complications des coulées (infection, fistule, pseudo-anévrysme, thrombose veineuse).
*Rechercher également des calcifications pouvant évoquer une PA sur PCC.
Nb :
-Définition des patients à risque à la 48ième h :
Score de Ranson ou d'Imrie > 3, CRP > 150, index de sévérité TDM > 4 ou d'un terrain particulier.
-Ces malades justifient une surveillance renforcée clinique, biologique (créat, GDSA, NFS quotidiens et
CRP bihebdomadaire) et radiologique (TDM tous les 10 à 15 jours ou en cas de suspicion de complications).
-Examens à demander (récapitulatif) :
-Ranson n’a plus de valeur au-delà de la 48ème heure. Il existe le score d’APACH qui permet une évaluation
dés le début de la crise de PA jusqu'à sa fin mais il est complexe « PA grave si APACH>10=
B. Pancréatite alcoolique :
-Terrain : Homme alcoolique chronique de 40 ans (10 ans + tôt que la cirrhose)
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-F.déclenchant : Repas riche en graisse ou OH +++
-Signes cliniques, biologiques, et morphologique de PCC antérieure : dont ASP (calcif en regard L2, Ø de
pneumopéritoine).
-Parfois seule l'évolution permettra de rattacher un épisode de PA à une pancréatite chronique vue
précocement
VIII/ Evolution-Pronostic :
A. Pancréatite œdémateuse :
-Le plus souvent, la pancréatite aiguë œdémateuse évolue favorablement en 8-10 jours sous traitement.
-Les signes cliniques disparaissent en quelques jours.
-La biologie se normalise.
-Pouls, pression artérielle, température et diurèse sont normaux.
-En cas d’étiologie biliaire, il faut traiter la lithiase, sinon une récidive est possible.
-La pancréatite aiguë nécrosante évolue en deux phases avec, à chaque phase, des complications
spécifiques.
Phase précoce (j0-j10) :
-Elle est marquée par le risque de complications générales à type de défaillance viscérale :
*état de choc d’origine hypovolémique (constitution d’un 3e secteur par iléus réflexe, fuite plasmatique due
à l’inflammation) ou d’origine septique ;
*insuffisance rénale fonctionnelle ou organique par nécrose tubulaire aiguë ;
*œdème pulmonaire lésionnel avec hypoxie souvent sévère ;
*troubles de l’hémostase (coagulopathie de consommation = CIVD) ;
*troubles neuropsychiques qui peuvent être au premier plan et masquer les symptômes abdominaux au
début (aspect démentiel chez le vieillard) ;
*diabète ;
*hypocalcémie.
a) Abcès pancréatique
-Il est secondaire à une infection d’un foyer de nécrose, soit par translocation à partir du côlon, soit par
contiguïté, soit encore par voie hématogène.
-Le risque d’infection est proportionnel à l’étendue de la nécrose.
-Il se manifeste par des signes de sepsis intra-abdominal (fièvre, hyperleucocytose, défense abdominale).
-Sur ce terrain, toute fièvre impose des hémocultures.
-La présence de gaz au sein des collections de nécrose au scanner fait suspecter le diagnostic d’abcès.
-Toute suspicion d’abcès impose la ponction sous scanner de la collection pour étude bactériologique.
-Pronostic :
-Il dépend essentiellement du type anatomopathologique de la pancréatite aiguë. Les pancréatites aiguës
œdémateuses ont en règle générale une évolution favorable et guérissent sans intervention. La mortalité est
faible, voisine de 5 %.
-En présence d’une nécrose, le pronostic est lié à la présence et à l’importance des complications. La
mortalité varie de 35 à 70 %.
IX/ Traitement :
-Toute pancréatite aiguë doit être hospitalisée.
-Il n’existe pas de traitement spécifique de la pancréatite aiguë.
-50 % des récidives ont lieu dans les trois premiers mois suivant le premier épisode.
A. Pancréatite œdémateuse :
1. Traitement médical symptomatique :
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-Hospitalisation en chirurgie digestive.
-Patient à jeun.
-Perfusion IV avec apports hydro-électrolytiques (déshydratation).
-Sonde naso-gastrique en aspiration douce, uniquement si vomissements.
-Antalgiques (aspirine et AINS sont contre-indiqués) : paracétamol, voire morphine.
-Réalimentation entérale progressive à partir de la 48e heure.
-Il n’y a pas à mettre en route une nutrition parentérale si le jeûne dure moins de sept jours.
-Prévention de la maladie thromboembolique (HBPM à dose préventive).
2. Surveillance :
-Elle est essentielle.
-Une pancréatite œdémateuse peut devenir nécrosante.
-Elle est essentiellement clinique ;
-Il n’est pas nécessaire de doser la lipasémie quotidiennement.
-Il faut s’assurer de la bonne hydratation du patient (ionogramme sanguin).
-En cas d’aggravation, un scanner abdominal devra être fait.
3. Traitement étiologique :
-Au traitement symptomatique doit être associé un traitement étiologique afin d’éviter les récidives :
sevrage alcoolique, traitement d’une infection, arrêt d’un médicament…
-En cas de pancréatite œdémateuse biliaire, le traitement est chirurgical. Il consiste en une
cholécystectomie par cœlioscopie, qui devra être réalisée au décours de l’épisode durant la même
hospitalisation. L’exploration de la voie biliaire principale par une cholangiographie peropératoire est
indiquée.
2. Traitement chirurgical :
-Il n’est pas systématique.
-Il concerne les complications de la pancréatite nécrosante.
– Le faux kyste :
* le traitement chirurgical du faux kyste sera réalisé au-delà de la 6e semaine d’évolution ;
* il consiste en une dérivation kysto-digestive.
3. Traitement étiologique :
a) Étiologie biliaire :
-Une sphinctérotomie endoscopique en urgence est indiquée en cas d’angiocholite ou d’ictère obstructif
associés à la pancréatite aiguë.
-Pour certains, une sphinctérotomie endoscopique est aussi indiquée dans les 72 premières heures d’une
pancréatite aiguë grave.
-Une cholécystectomie est faite à froid, à distance de l’épisode (un mois), par voie coelioscopique, afin
d’éviter les récidives. Une cholangiographie peropératoire doit être réalisée à la recherche de calculs de la
voie biliaire principale.
-En cas de contre-indication à la chirurgie (terrain), on remplacera la cholécystectomie par une
sphinctérotomie endoscopique.
b) Autres causes :
-Sevrage d’alcool
-Résection d’adénome parathyroïdien
-Régime pauvre en : TG (type I), en OH et hypocalorique…
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