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Ecrit par
Adrian McWalter
Black Powder est un jeu
Conçu et écrit par
Rick Priestley & Jervis Johnson

Photographies: Bernard Hennen, Warwick Kinrade,


Mark Owen, Alan Perry, Michael Perry, THS Club, Ga-
brio Tolentino; Victrix Ltd, and Wagames Illustrated.

Dessin de couverture: Peter Dennis

Design et production:
Mark Owen, Paul Sawyer et Tim Vincent

Mise en page: Duncan Macfarlane et Andy Wheale

Remerciements: Alan Perry et Michael Perry of Perry


Miniatures pour leurs photographies héroïques, Bernard
Hennen et le club THS pour leurs encouragements et leurs
photographies, et John Stallard pour ses conseils et son
enthousiasme.

Figurines peintes par: Richard Abbott, Bruno Allanson,


Paul Armer, Holger Bartnitzki, Jim Bowen, Paul Cubbin,
Andrès Amian, Mark Hargreaves, George Hatzopoulos,
Dave James, Dave Jarvis, Gareth, Steve May, El Merce-
nario, John Morris, Alan Perry, John Stallard et Dave
Woodword

-Pour Rory -

Traduction française: Nicolas Lamberti

AVERTISSEMENT: TRADUCTION FRANCAISE NON OFFICIELLE


DESTINEE EXCLUSIVEMENT AUX JOUEURS POSSESSEURS DE LA
REGLE ORIGINALE.

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Introduction

Lors d’une journée pluvieuse de janvier 2010, j’eu l’opportunité la poudre noire, en plus de détailler les armes, les uniformes et
de faire un détour par Nottingham. Je rendis visite à un vieil les organisations de la France, la Grande-Bretagne, le Portugal et
ami : Paul Sawyer de Warlord Games. Nous parlâmes surtout de l’Espagne.
Black Powder, j’eus alors le livre dans les mains. Je lui ai alors
parlé de listes d’armées de la période Napoléonienne, et comment J’ai également sélectionné quelques batailles connues qui réunis-
j’imaginais la représentation de la lutte de la puissance anglaise sent ces protagonistes, et qui sont fournies en détails, et j’ai éga-
contre son vieil ennemi, la France. Paul se rendit alors compte lement créé quelques scénarios que vous pourrez tester, et dont
qu’il était tombé dans mon piège – un piège qui me permettrait certains sont liés à ces mêmes batailles.
d’écrire un supplément aux règles principales de Black Powder !
Albion Triumphant est le fruit de mon labeur et j’espère que vous J’ai étudié la méthode qui permet à Black Powder de refléter une
aurez le même plaisir à le lire que j’en ai eu à le réaliser. bataille napoléonienne, et je me suis fié aux conseils fournis dans
les règles originales pour ce qui concerne les caractéristiques des
Quand j’ai écris Albion Triumphant, je n’ai pas souhaité que les unités nationales, avec ses règles spéciales et ses donnes statisti-
lecteurs l’utilisent comme un moyen d’éviter de faire leurs pro- ques. Mais, dans le fond, les batailles de Black Powder que vous
pres recherches sur les guerres napoléoniennes, qui est pour moi allez livrer seront les vôtres et, en conséquence, la décision finale
une des plus extraordinaires périodes de l’histoire militaire. sur la façon de les jouer vous appartient. A coté de cela, pour les
(Allez-y, lancez-vous, vous ne le regretterez pas !). Il n’était pas plus exigeants d’entre vous, j’ai précisé l’endroit où des ajuste-
dans mes intentions de fournir un compte-rendu de ce grand ments de règles peuvent être effectués pour rajouter une saveur
conflit, car il faudrait pour ce faire y consacrer un plus grand authentique correspondant à la période. Enfin, pour ceux qui ai-
ouvrage. Cependant, au fil des pages, je signale aux lecteurs ment se torturer l’esprit, je fourni avec ce livre une méthode de
quelques aspects particuliers d’une période qu’il souhaiterait ap- création de listes d’armées assez simple, appuyés d’exemples qui
profondir. Ce premier volume – The Peninsule War – est consa- vous permettrons de débuter. Un petit conseil – plus vous ferez
cré aux défaites des premières campagnes, et au conflit tumul- de recherches, meilleures seront vos listes !
tueux que fut la guerre d’Espagne. Un autre volume – Albion Alors, sans plus tarder…
Triumphant : The Waterloo Campaign – se concentre sur les évè-
nements marquants de la campagne des cent jours, qui s’achèvent
par la plus grande bataille, Waterloo.

Albion Triumphant, comme son titre le suggère, est principale- ‘’A toast, gentlemen –
ment consacré aux affrontements entre la Grande-Bretagne et la
France durant la période napoléonienne. D’autres nations, bien
entendu, sont impliquées et sont donc présentées, mais le Lion et today’s fox !’’
le Coquelet étaient les superpuissances de ce début du 19 ème siè-
cle et c’est pour cette raison que je me concentre sur ces deux
nations. Wellington

Nous allons découvrir pourquoi les armées napoléoniennes se


sont battues différemment des anciennes armées de la période de

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Sommaire

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Généralités sur les guerres napoléoniennes
La révolution française de 1789 fut le catalyseur d’énormes chan- plus tard, à la bataille de Wagram, l’armée française, à elle seule,
gements dans les méthodes de conduire une guerre, changements atteignait 175,000 hommes.
se traduisant par un conflit de plus de vingt ans que l’on nomme
les Guerres Napoléoniennes. C’est une période très spéciale et La levée en masse
dramatique de l’histoire que nous essayons de reconstituer sur Au début des années 1790, la France se retrouvait sous pression,
nos tables de jeu. menacée par la Première Coalition qui réunissait la Grande-
Bretagne, l’Autriche, la Prusse, l’Espagne et la Sardaigne. Pour
Lors de la guerre de succession d’Espagne (1701-1714) et la trouver les soldats indispensables à la lutte, le gouvernement
guerre de sept ans (1756-1763), les nations étaient soumises à français, connu sous le nom de Convention, à travers le Comité
une logistique et des moyens humains limités, qui se reflétaient de Salut Public, déclara en 1793 la levée en masse. Ce décret
sur les champs de bataille par une sorte de jeu où chaque armée annonçait la mobilisation des ressources et militaires, ce qui en-
tentait de déborder l’autre. Les armées manœuvraient lentement, tendait que la population, dans sa totalité, pouvait être utilisée
et les intentions des commandants étaient stratégiques, avec, pour créer une énorme, mais fortement non professionnelle, force
principalement, la capture de villes, de forteresses et de places armée. Le décret de la levée en masse disait :
fortes, qui servaient de monnaie d’échanges quand s’ouvraient ‘’… tous les Français sont en réquisition permanente pour le
les pourparlers à la table des négociations. Pour cette raison, la service des armées. Les jeunes gens iront au combat ; les hom-
guerre de siège était prédominante, et les grandes villes fortifiées mes mariés forgeront les armes et transporteront les subsistan-
étaient régulièrement soumises aux bombardements et aux priva- ces ; les femmes feront des tentes, des habits et serviront dans les
tions. On évitait le plus possible les batailles décisives, car une hôpitaux ; les enfants mettront le vieux linge en charpie (pour
puissance qui voyait son armée subir trop de pertes pouvait se servir de pansement), les vieillards se feront porter sur les places
retrouver sans défense. publiques pour exciter le courage des guerriers, prêcher la haine
des rois et l'unité de la République..’’.
Mais pourquoi les guerres napoléoniennes furent différentes ?
tout d’abord, la population européenne avait grandement aug- De cette manière, à partir de 1794, la France compta jusqu’à
mentée durant tout le 18ème siècle, en partie par l’amélioration des 800,000 hommes en service dans les armées de campagne.
méthodes agricoles et par les premiers effets d’une proto-
industrialisation, ce qui permit de lancer des productions de mas- L’augmentation de la taille des armées rendait leur logistique
se, en matière d’équipements mais aussi d’armement. Au-delà de impossible à réguler sur le long terme. Aussi, il était indispensa-
ces éléments, les capacités financières des états européens s’é- ble d’obtenir rapidement une victoire militaire. Mener les guerres
taient améliorées avec l’expansion de l’industrie, des échanges à la manière de la guerre de succession d’Espagne ou de la guerre
commerciaux et de l’apparition d’un système fiscal efficace. Par de Sept Ans était désormais chose impossible.
exemple, le revenu national de la Grande-Bretagne doubla durant
la période. Les changements dans l’art de la guerre
Napoléon Bonaparte fut le premier à comprendre les nécessités
Ces transformations permirent aux nations de pouvoir conduire d’un changement stratégique. L’approche centrale de Bonaparte
des guerres sur une plus grande échelle. La taille des armées aug- n’était plus de déborder l’armée ennemie mais de la détruire ; et
menta considérablement ; en 1706, à la bataille de Ramillies, la les grandes batailles indécises des années 1700 furent remplacées
combinaison des effectifs combattant pour le duc de Malborough par des victoires décisives, qui permettaient de gagner la guerre.
et le duc de Villeroi ne dépassait pas 123,000 hommes. Un siècle En 1761, à la bataille de Vellinghausen, durant la guerre de Sept

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Ans, 65,000 Britanniques et Allemands vainquirent 91,000 Fran- posé de deux divisions ou plus d’infanterie, avec une division ou
çais ; les pertes totales pour les deux camps avoisinèrent les une brigade de cavalerie légère soutenant de l’artillerie attachée
6,500 hommes. A Austerlitz en 1805, les Alliés perdirent 25,000 au corps. Un commandement permanent y était attaché. Réguliè-
hommes sous les coups de Français. Aussi, bien que les troupes rement, les commandants de corps se réunissaient pour échanger
et les équipements restaient largement les mêmes que ceux de la leurs connaissances mutuelles.
guerre de Sept Ans, c’est le changement de philosophie, obtenir
une bataille décisive pour faire face à l’augmentation des effec- Ce système de corps permettait une coopération interarmes enco-
tifs, qui entraina des mutations dan l’organisation et le déploie- re inégalée à cette échelle. Avant la révolution, toute formation
ment tactique, et dans le commandement. Nulle part en Europe, tactique au-dessus de la brigade était temporaire. Désormais, les
ces changements ne furent plus avancés qu’en France. divisions d’un même corps s’entrainaient à manœuvrer ensemble,
avec la cavalerie qui lui était associée. Cette coopération amélio-
C’est le général Berthier, chef d’état-major de Napoléon, qui ra la manœuvrabilité, qui augmenta encore plus quand les Fran-
écrivit le Règlement fixant les procédures et qui fut distribué au çais furent contraints de pratiquer le fourrage pour approvision-
sein de l’armée française et qui amena un système d’officiers et ner les armées en marche. La diminution de l’importance du ba-
de corps totalement innovant. Ces officiers de corps s’alimenta et gage qui résultait de cette pratique donnait aux armées françaises
grandit par lui-même, les hommes étant choisis pour leur force un gros avantage sur leurs adversaires ; bien que son coût se tra-
idéologique et leur capacité à commander. La recherche à tout de duise généralement par une hostilité des populations locales.
la gloire propulsa les commandants les plus énergiques aux com-
mandements supérieurs. Les armées de campagne françaises se
transformaient alors en un ensemble de forces interarmes autono-
mes, le corps d’armée. Un système était né. Un corps était com-

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La structure des armées
Les armées de toutes les nations sont construites comme des
blocs – des divisions de deux brigades ou plus, des brigades com-
posées de régiments, et des régiments composés de bataillons
d’infanterie ou d’escadrons de cavalerie.

Par exemple, la division cité ci-dessous formait une partie du VI°


corps de l’armée française du Portugal en 1811.

1ère division
(général de division Jean-Gabriel Marchand)
1ère brigade (général de brigade Maucune)
- 6ème régiment d’infanterie légère (3 bataillons)
- 69ème régiment d’infanterie légère (4 bataillons)
2ème brigade (général de brigade Marcognet)
- 39ème régiment d’infanterie de ligne (4 bataillons)
- 76ème régiment d’infanterie de ligne (4 bataillons)

L’infanterie
Les bataillons d’infanterie dans une brigade ou les escadrons de
‘’Les Français, plus particulièrement,
cavalerie dans un régiment combattent en se soutenant mutuelle-
n’ont jamais été capable de ment. La brigade ou le régiment sont les principaux éléments
tactiques présents sur les champs de bataille.
marcher correctement une
Généralement, l’infanterie est définie comme légère ou de ligne.
fois déployés en une ligne. ‘’ L’une des principales particularités de la période Napoléonienne
Général français Antoine-Henri Jomini. est l’augmentation de l’usage de l’infanterie légère. Elle fut intro-
duite dans les guerres européennes durant la guerre de Sept Ans

1ère Brigade—6ème Régiment d’infanterie légère (Maucune)

1ère Division—VIe Corps


(Général de division
Jean Gabriel Marchand)

1ère Brigade—69ème Régiment d’infanterie de ligne (Maucune)

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et déployés comme des tirailleurs, l’infanterie légère austro-
hongroise y secoua les lignes rigides de l’armée de Frédéric le
Grand. L’infanterie de ligne dominait les champs de bataille,
Ce qu’il ne faut pas faire...
manœuvrant en colonnes pour faciliter les mouvements et pour
aller à l’attaque de l’ennemi, on se déployait en ligne pour le Le 33rd Foot fut de la campagne 1794-1796 et son lieute-
combat au feu. L’infanterie légère déployée en tirailleurs servait nant-colonel devait devenir une personnalité majeure des
comme écrans avant que les colonnes donnent l’attaque. guerres napoléoniennes.

L’armement et l’équipement de la période napoléonienne étaient Arthur Wellesley apprit beaucoup de cette débacle. Il
sensiblement les mêmes que ceux utilisés depuis les cent derniè- déclara :’’Au moins, j’ai appris ce qu’il ne faut pas faire,
res années. Cependant, les chefs qui étaient sur le terrain durant et c’est toujours une précieuse leçon.’’
la guerre de succession d’Espagne et la guerre de Sept Ans ne
comptaient pas sur les colonnes d’assaut pour renverser l’ennemi
et sur les carrés pour repousser les cavaleries adverses, deux tac-
tiques qui étaient largement utilisés dans les batailles napoléo- d’infanterie. Durant les guerres de la Révolution Française et
niennes. Cela conduit à une réflexion : si les armes étaient les durant les guerres napoléoniennes, les colonnes d’attaques fran-
mêmes, les soldats qui les utilisaient ne l’étaient pas. çaises protégées par des écrans de tirailleurs, au pas de charge,
fonctionnèrent bien sur l’unité ennemie déployée dans les ancien-
La plupart des armées européennes de la période napoléonienne nes lentes formations linéaires. L’ennemi était tout d’abord dé-
était composée de conscrits peu entraînés, et ces soldats n’étaient moralisé par le tir des tirailleurs et une fois suffisamment ébran-
pas les vétérans super-entraînés des précédentes guerres. Ils n’é- lés, ils devaient subir l’avance des colonnes françaises vers eux.
taient pas capables de délivrer des salves de mousqueterie suffi- La formation en colonne avait cependant un inconvénient ; les
samment efficaces pour rendre un combat au feu décisif, et ce fantassins, regroupés sur plusieurs rangs de profondeurs présen-
problème devait être résolu. taient d’excellentes cibles pour l’artillerie, à l’inverse de l’infan-
terie en formation linéaire.
La colonne d’assaut
Combattre entre colonne permet à l’infanterie de se déplacer ra- La ligne
pidement sur le champ de bataille et d’utiliser la tactique du choc Combattre en ligne permet de libérer le plus grand nombre de

2ème Brigade—39ème Régiment d’infanterie de ligne (Marconet)

2ème Brigade—76ème Régiment d’infanterie de ligne (Marconet)

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mousquets, et de générer une puissance de feu maximale. Un L’ordre mixte
bataillon formé sur trois rangs de profondeurs était la norme pour La formation en ordre mixte a été développée en France et cela a
la plupart des nations, mais cela présentait des désavantages. Il résolu le long débat sur la meilleure formation tactique a em-
était très difficile de manœuvrer en ligne et cela ne pouvait être ployer sur le champ de bataille. Cette formation est née d’une
exécuté correctement que par des troupes ayant eu un haut niveau nécessité tactique et humaine et se traduit par des bataillons en
de formation. De plus, si une ligne était très solide sur son front, ligne et d’autres en colonnes au sein de la même brigade. Cela
elle était vulnérable lors des attaques de flanc ou de dos et un et, permet à la brigade de générer à la fois des effets par le choc et
généralement, une unité de cavalerie détruisait une ligne ennemie par le feu. La levée en masse a amené une grande quantité de
quand elle parvenait à la charger sur son arrière. citoyens sur les champs de bataille, et ces masses non entrainées
étaient uniquement capables de se regrouper en de grossières
Le carré colonnes. Pour leur donner plus de stabilité, ils étaient enrégi-
Quand ses flancs sont sécurisés et si les hommes gardent leur mentés avec des unités régulières qui se déployaient en ligne
sang-froid, l’infanterie peut stopper une charge de cavalerie par pour leur amener un support au feu. Ces nouvelles formations
la puissance de son feu. Cependant, dans les situations où ces étaient appelées les demi-brigades.
critères ne sont pas présents, les commandants ont recourt à la
formation en carré pour éviter que l’infanterie soit tournée et La cavalerie
détruite en quelques instants. A l’approche des cavaliers, l’ordre La cavalerie des guerres napoléoniennes peut être classifiée en
‘’Formez le carré !’ est donné. La charge peut avoir terrifié les quatre catégories : lourde, moyenne (ou ligne), légère et lanciers.
pauvres fantassins, mais s’ils ont gardé leur sang-froid, ils peu-
vent alors se regrouper en une formation grossièrement carrée La cavalerie lourde était l’arme de choc de l’armée, et employait
présentant un mur de baïonnette apte à éloigner la cavalerie. les hommes les plus grands sur les chevaux les plus grands. Leur
fonction principale était de nettoyer le champ de bataille de toute

‘’J’espère que le peuple d’Angleterre sera satisfait!


J’espère que mon pays me rendra justice!’’
Les derniers mots de sir John Moore

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cavalerie lourde ennemie et de détruire les formations d’infante-
rie. Ils n’aiment pas ça !
Les formations de cavalerie lourde étaient les unités les plus cou- ‘’Ce meurtrier échange de mousqueterie dura longtemps. Pro-
teuses de l’armée et n’étaient utilisées que lorsque c’était absolu- gressivement, nous avancions et secouions l’ennemi.
ment nécessaire. On trouvait les cuirassiers et les carabiniers
dans la plupart des armées européennes, les Britanniques avaient ‘’Arrivés à une vingtaine de mètres d’eux, nous reçûmes l’or-
les dragons lourds. dre de charger ; nous avions arrêté de
tirer, poussé un cri et nos baïonnettes
La cavalerie moyenne (appelée parfois de ligne) avait un rôle étaient apprêtés pour la charge…
similaire à leurs cousins plus lourds. Ils avaient cependant plus L’infanterie française, effrayée par
de flexibilité tactique, car ils étaient capables de poursuivre un nos exclamations, qui indiquent tou-
ennemi en déroute ou servir d’arrière-garde durant une retraite. jours une charge, s’est brisée et a pris
Les dragons, généralement, remplissaient ce rôle, et ils étaient la fuite.’’
plus nombreux que la vraie cavalerie lourde.
Capitaine Moyle Sherer du 34th Cum-
Le terme cavalerie légère couvre différents types d’unités : dra- berland, lors de la bataille d’Albuera.
gons légers, hussards, et chasseurs à cheval, par exemple. La
cavalerie légère était surtout utilisée pour protéger les flancs d’u-
ne armée, pour les missions de reconnaissance, et les poursuites,
mais elle avait peu d’efficacité sur les champs de bataille.
temps entre chaque tir. Les calibres les plus petits utilisés sur les
Les lanciers mariaient l’effet de choc de la cavalerie lourde avec champs de bataille était les 3 et 4 livres, et le plus lourd le 12
la manœuvrabilité de la cavalerie légère. Elle servait comme sup- livres ; le canons étaient classés par le poids de leurs boulets. Les
port à la cavalerie lourde quand elles attaquaient de l’infanterie, 3 et les 4 livres étaient généralement utilisés comme artillerie
et était efficace même contre les carrés. Les cavaleries légères régimentaire, pour procurer un support direct avec l’infanterie et
hongroises et polonaises étaient grandement admirées, leurs sty- la cavalerie. Les pièces de 12 livres, d’autre part, étaient les rei-
les de hussards ou de lanciers furent imités par de nombreuses nes des batailles. Elles étaient généralement regroupées, face aux
nations. Comme l’infanterie, la cavalerie pouvait être déployée lignes ennemies, au point où l’attaque principale devait avoir
en ligne ou en colonne et sur le champ de bataille et elle préférait lieu. Une grande concentration de canons, pour obtenir un impo-
combattre en ligne contre les troupes montées et en colonne sant bombardement préliminaire, était un des particularismes
contre l’infanterie. propres aux batailles de la période napoléonienne.
Entre ces deux extrêmes, il y avait un grand nombre d’autres
L’artillerie types, comme les 6 et les 9 livres. Dans la plupart des armées, les
L’artillerie est divisée en deux catégories : à pied et à cheval, les 6 livres furent utilisées avec succès dans l’artillerie à cheval.
deux ayant reçues de grandes améliorations par rapport à celle du Lors des guerres napoléoniennes, l’artillerie, quelque soit son
18ème siècle pour faire des canons des pièces plus manœuvrables. calibre, sema la mort sur les champs de bataille, à un niveau qui
Cependant, l’artillerie était toujours peu précise, avec un laps de n’avait encore jamais été atteint.

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Le Grand Vieux Duc d’York
Nous allons maintenant parler d’une des premières campagnes du d’Aldenhoven (1er mars 1793) et à la bataille de Neerwinden (18
prince Frédéric Auguste, duc de York et d’Albany – ‘’le Grand mars 1793). Les succès autrichiens avaient éloigné le conflit des
Vieux Duc de York’’. Flandres car les Français avaient été repoussés sur leurs frontiè-
res. A la conférence d’Anvers, en avril 1793, les Alliés mirent au
L’étonnante défaite britannique qui marqua la fin de la guerre point la stratégie de la Coalition, qui consistait à mettre le siège
d’indépendance américaine (1775-1783) entama grandement le sur les forteresses de la frontière française, en commençant par
prestige à la fois de la politique élitiste du roi George et de l’ar- Condé-sur-l’Escaut et Valenciennes, avant de passer à l’offensive
mée anglaise. Même si l’on ne prend pas en compte les effets vers Dunkerque, qui était l’objectif principale du gouvernement
négatifs sur le commerce outre-Atlantique, l’honneur de l’Angle- britannique.
terre avait été bafoué. De l’autre côté du ‘’channel’’, les désor-
dres français aboutissaient en 1789 par la chute du roi et le trans- Les courageux soldats britanniques, autrichiens et hanovriens qui
fert des idées républicaines du Nouveau Monde vers l’Ancien. combattaient pour le duc de York remportaient une première ba-
Les forces de la France Révolutionnaire envahissaient les Pays- taille à Famars (23 mai 1739), dans le nord de la France, où, affi-
Bas Autrichiens, une situation qui nuisait au commerce britanni- chant une supériorité numérique de deux contre un, ils écrasèrent
que car les Flandres étaient leur porte commerciale vers l’Europe. les Français qui laissaient 3,000 morts sur le terrain. Cette victoi-
En janvier 1793, le premier ministre William Pitt le Jeune don- re scellait le destin de la forteresse de Condé, qui tomba en juillet
nait un discours à la Chambre des Communes où il annonçait que 1793, suivie les forteresses de Mayence et Valenciennes dans le
l’Angleterre entrait en guerre avec la France et que cela devait même mois.
être ‘’une guerre d’extermination’’. Une déclaration des plus
belliqueuses ! L’armée alliée victorieuse se scinda alors en deux colonnes. L’ar-
mée autrichienne, commandée par Saxe-Cobourg, se dirigea vers
L’Angleterre fut rejointe par l’Autriche, la Prusse, l’Espagne, la Cambrai, alors que le duc de York, avec 35,000 Autrichiens, Ha-
Hollande et la Sardaigne pour former la première coalition contre novriens, Hessois et Britanniques prit la direction de Dunquerke.
la jeune République Française. Une expédition britannique fut Le 28 aout 1793 débutait le siège de Dunkerque, le duc couvrant
envoyée dans les Flandres pour bouter hors de la région et éven- ses arrières avec 14,500 hommes déployés autour de Hondschoo-
tuellement menacer Paris. Les autres membres de la coalition te. Malheureusement, le duc échoua totalement dans son plan de
étaient en accord avec les objectifs britanniques, mais l’Autriche mener un siège, car il ne disposait pas de canons lourds. La Na-
se plaignit de ne pas avoir les moyens de financer son effort de vy, qui devait supporter le siège par un bombardement, ne se
guerre. Le gouvernement britannique accepta alors de verser à présenta jamais, et les seuls canons disponibles étaient ceux qui
l’Autriche un subside d’un million de livres pour que cette der- avaient récupérés sur une frégate.
nière puisse lever et entretenir une armée autrichienne. Ce fut le
premier des nombreux subsides que livrèrent les Britanniques à Premiers signes
leurs alliés continentaux. En février, le second fils du roi George,
le prince Frédéric Auguste, duc d’York, fut nommé chef de l’ex- Le plan de bataille allié pour la bataille de Tourcoing fut
pédition. dessiné par le général Kral Freiherr von Leiberich (1752-
1828), un officier autrichien né à Nenslingen, en Bavière. Le
Quand les Anglais débarquèrent dans les Flandres, ils étaient général Mack fut lamentable dans ses décisions à Ulm où il
persuadés qu’avec le soutien de l’armée autrichienne du prince finit par se rendre, avec la plus grande partie de ses 72,000
Joseph de Saxe Cobourg, ils ne pouvaient que gagner la guerre : Autrichiens.
en effet, les Autrichiens avaient battu les Français à la bataille

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Hélas pour le duc, la France décida de consacrer une grande par-
tie de sa levée en masse contre lui, et les 40,000 hommes du gé- Tommy Atkins
néral Jean Nicolas Houchard submergeaient à la bataille de
Hondschoote (6-8 septembre 1793) la force de soutien britanni-
que. Le siège de Dunkerque dut être abandonné (avec les quel- Tommy Atkins – le Tommy britannique
ques précieux canons) et l’armée anglaise entama une retraite.
Heureusement pour le duc, le général Houchard ne lança pas une La croyance commune dit que le nom fut choisi par le duc
poursuite et la situation fut stabilisée quand les Autrichiens rem- de Wellington, après avoir été inspiré par la bravoure d’un
portèrent la victoire à la bataille de Menin (15 septembre 1793). soldat lors de la bataille de Boxtel en 1794, lors de la cam-
Rappelé à Paris, le malheureux Houchard fut relevé de son com- pagne des Flandres. Après un combat féroce, le comman-
mandement, condamné à mort par la Convention et guillotiné ! dant du 33ème régiment d’infanterie remarqua que le soldat
Thomas Atkins, l’un des meilleurs hommes de son unité,
Les mois d’hiver furent consacrés à l’arrivée de renforts et, en était grièvement blessé. Le soldat déclara alors :’’tout va
1794, au début de la campagne, l’armée de la Coalition comptait bien, monsieur. C’est juste une journée de travail comme les
300,000 hommes, dont 40,000 Britanniques. Les premiers com- autres’’. Et il mourut peu de temps après.
bats d’avril et mai furent encourageant, avec les victoires de
Beaumont et Willems, mais la Coalition fut battu à Courtrai et,
surtout, subissait une désastreuse défaite à la bataille de Tour-
coing (17-18 mai 1794).

Les choses tournèrent de mal en pis quand les Coalisés furent


définitivement vaincus à Fleurus (26 juin 1794) ; les Autrichiens
quittaient alors la Coalition pour retraiter sur la rive est du Rhin,
abandonnant les Pays-Bas Autrichiens. La perte des Autrichiens
entraina l’écroulement de la campagne car aucune autre force de
la Coalition n’était assez forte pour défier les Français. Les Alliés
retraitèrent alors vers le nord, harcelés par les troupes françaises.
La république des Provinces-Unies capitula, forçant le stathouder
Guillaume V, prince d’Orange, à fuit en Angleterre.
L’armée de retraite britannique ressemblait désormais à une hor-
de de canailles mal équipées et vêtues de haillons.

En 1795, les Britanniques rembarquaient pour l’Angleterre, lais-


sant derrière eux 20,000 morts, ainsi que leurs alliés hollandais.
Pour le duc de York, les temps qui suivirent furent difficiles, faits
de honte et de quolibets ; mais il se montrera finalement plus tard
un habile organisateur de troupes et un bon meneur d’hommes,
assis sur la selle de son cheval des Horse Guards, quand les An-
glais retournèrent sur les champs de bataille.

Coiffe d’officier britannique du 12th Dragoons


1790-1792 (collction Perry)

UN BATAILLON FRANÇAIS EN LIGNE AVANCE EN BON ORDRE.


UN PETIT COTÉ RAFRAICHISSANT PAR RAPPORT AUX COLONNES
VÊTUES DE BLEU

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L’ulcère espagnol

La reprise de la guerre Alors que la Grande-Bretagne affirmait sa domination sur les


En 1803, la fragile paix établie entre la France et la Grande- mers, sur terre, il en était tout autrement. Le génie militaire de
Bretagne commençait à s’effondrer. En décembre 1804, Napo- Napoléon atteignait un nouveau sommet lors de la campagne
leon devenait empereur des Français et entama des préparatifs d’Ulm, qui maria avec talent masse et manœuvre, et la défaite
pour envahir l’Angleterre. Sur le continent, Napoléon avait don- douloureuse de l’armée austro-russe à Austerlitz. Cette défaite
né une stabilité à la France et étendit son influence ; le Hanovre entraina la capitulation de l’Autriche, avec un traité de Presbourg
était désormais occupé, comme d’autres états allemands, désor- qui voyait la redistribution des territoires contrôlés par l’Autri-
mais clients de la France. En Italie, l’influence française s’était che. De ce traité naquit le royaume d’Italie et la Confédération du
également étendue avec la création de la république italienne en Rhin, un ensemble d’états clients de la France qui formaient une
1802. sorte de glacis défensif. En 1806, cependant, craignant une aug-
mentation de l’influence de la Confédération du Rhin, la Prusse
ème
En Grande-Bretagne, le premier ministre William Pitt galvanisait rejoignait la 4 Coalition contre la France, avec la Russie, la
l’Armée et la Navy, craignant une invasion française ; des unités Prusse, la Suède, Naples et la Grande-Bretagne. Mais cette Coali-
de volontaires furent levées pour protéger les côtes, alors que la tion fut vaincue par les Français en 1807 à Jena, Eylau et Frie-
Royal Navy bloquaient les ports français et qu’était étendu le dland.
système de tours Martello sur la côte sud. Pendant que l’Angle-
terre patientait au sein des fausses rumeurs et des craintes qui en L’ulcère espagnol
résultaient, le gouvernement se consacrait à la création d’une Napoléon ne pouvait nuire à l’Angleterre sur les mers, il ne pou-
nouvelle alliance contre la France. A travers de dures négocia- vait également pas franchir la mer pour l’envahir, il décida alors
tions, appuyées par de gros versements d’argent, la Grande- de frapper ce ‘’pays de marchands’’ où cela pourrait leur faire le
Bretagne parvint à créer la troisième Coalition en 1805 avec plus mal – le commerce. Napoléon pensait qu’une invasion serait
l’Autriche, la Russie, la Suède et Naples. La survie de l’Angleter- possible à partir du moment où l’isolement économique aurait
re reposa sur ‘’l’or de la guerre’’ britannique, Horation Nelson, et épuisé ce ‘’vampire nordique’’ pour le plonger dans la crise. Na-
la victoire écrasante de la Royal Navy à Trafalgar qui mit un ter- poléon publia alors le décret de Berlin, texte interdisant le com-
me définitif à la menace maritime française. merce continental avec la Grande-Bretagne. Cependant, le Portu-
gal, vieil allié d’Albion, refusa de se conformer au décret.

13
‘’Mais il était facile de voir combien ils étaient étonnés (les Espagnols) à la
vue de nos jeunes fantassins. L’impact sur le moral était à notre désavantage
et, quand je comparais les larges poitrines et les jambes puissantes des Espa-
gnols qui nous entouraient avec la maigreur et la faiblesse de nos soldats,
mon honneur national fut humilié.’’
Jean-Baptiste-Antoine Marcellin Marbot, lors de l’entrée des Français en Espagne en 1808.

Séduit par la promesse d’obtenir des territoires Portugais, l’Espa- en France dans des bateaux britanniques. Pour résoudre le conflit,
gne accepta de soutenir l’invasion française du Portugal. En octo- Wellington et Dalyrymple étaient rappelés à Londres pour parai-
bre 1807, le général Junot, à la tête de 25,000 hommes, traversait tre devant une cour d’enquête, laissant à la tête de l’armée le gé-
l’Espagne, entrait au Portugal et investissait Lisbonne, forçant la néral sir John Moore. Devant les évènements espagnols, Napo-
famille royale portugaise à partir en exil au Brésil. Au début de léon déclarait alors ‘’la guerre peut être gagnée en une seule opé-
l’année 1808, Napoléon disposait de 80,000 hommes en Espagne, ration mais elle doit correctement coordonnée’’. Il se rendit alors
mis sous les ordres d’un des généraux les plus flamboyants de la en Espagne, mais pas seul. Il était accompagné de la Garde Impé-
période, son beau-frère, Joachim Murat. Les forces de Murat riale, de trois corps d’armée, de la réserve de cavalerie et d’une
n’eurent guère de problèmes pour occuper les postes clés et pren- division polonaise, d’une division allemande et de deux divisions
dre Madrid. Napoléon força alors la famille royale à abdiquer, italiennes. Avec ses 200,000 hommes, Napoléon écrasa les Espa-
pour la remplacer par son frère Joseph. Dans les premiers temps, gnols et reprit Madrid. Moore, opérant des manœuvres de ralen-
la résistance espagnole fut modérée, mais les atrocités commises tissement, soumis à la pression française, dut se replier vers La
par les Français embrasèrent les feux de l’insurrection, même si Corogne. Les 16 et 17 janvier 1809, les troupes britanniques
la révolte de Madrid fut durement écrasée par Murat. étaient évacuées par mer de La Corogne, une évacuation durant
laquelle le général Moore perdit la vie. Peu de temps après, Na-
Les forces espagnoles quittèrent le Portugal à la fin du mois de poléon, préoccupé par des rumeurs de conspiration contre lui, et
juillet pour affronter les Français à plusieurs occasions. Les Es- la menace d’une mobilisation autrichienne, regagnait Paris.
pagnols remportaient une victoire le 28 juillet 1808, quand le
général Castaños força les 18,000 Français du général Dupont à Wellesley réhabilité
se rendre à Baylen. Cette victoire secoua l’Europe. Les Français, En avril 1809, c’est un Wellesley réhabilité qui retournait au Por-
finalement, n’étaient pas invincibles sur un champ de bataille et tugal pour reprendre le commandement des forces britanniques
c’était les Espagnols qui en avaient fait la preuve. Des appels au et portugaises. Le 12 mai, il battait le maréchal Soult à Oporto,
soutien Britannique furent entendus quand une force de 14,000 une victoire qui ouvrait à Wellesley les portes de l’Espagne pour
hommes, sous le commandement du lieutenant général Sir Arthur rejoindre l’armée espagnole du général Cuesta. A Talavera, les
Wellesley débarqua à la baie de Montego, juste au nord de la 27 et 28 juillet, Wellesley repoussait une armée française com-
capitale portugaise. Se dirigeant vers Lisbonne, Wellesley mit en mandée par le roi Joseph Bonaparte et le maréchal Victor. La
déroute à Roliça, le 17 aout, une petite et épuisée armée française victoire de Talavera fut une victoire durement payée, et comme
commandée par Delaborde, avant de rejoindre la côte pour proté- Soult le menaçait de le couper de la route du Portugal, Wellesley
ger l’arrivée de renforts. Le 21 juin, Junot attaquait les positions fut forcé de retraiter. Wellesley, qui était désormais honoré du
de Wellesley, installées aux alentours de Vimeiro, où eut lieu le titre du vicomte Wellington de Talavera, ne fut pas poursuivi et il
premier affrontement entre les tactiques napoléoniennes et le put s’installer pour hiverner dans une solide position défensive
système défensif britannique. Les Français furent repoussés par apte à défendre Lisbonne. Ce fut le lieutenant-colonel sir Richard
la puissance de feu dévastatrice et la solidité de l’infanterie an- Fletcher, du Royal Engineers, qui fut l’expert responsable de ce
glaise. Cette bataille fut également une première pour ce qui al- qui est connu aujourd’hui sous le nom de Lignes de Torres Ve-
lait devenir un classique dans les batailles entre Français et Bri- dras.
tannique : lors de la poursuite, la cavalerie anglaise devint hors
de contrôle et se retrouva en pleine confusion.
1810 : Masséna
Pour les Britanniques, cette victoire tactique de Vimeiro ne tour- En juillet 1810, le maréchal Masséna envahissait le Portugal avec
na pas en une victoire stratégique car Wellington fut empêché de 60,000 hommes, bien déterminé à écraser définitivement les Bri-
poursuivre l’ennemi par son supérieur hiérarchique, le sexagénai- tanniques. La première opération à la rivière Coa dans le même
re sir Hew Dalyrymple. Pour ajouter l’insulte à l’injure, la signa- mois vu la Division Légère Britannique échapper de justesse au
ture de la convention de Cintra voyait l’armée de Junot rapatriée désastre devant les 20,000 hommes du maréchal Ney. En Sep

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Une mince ligne bleue
‘’A ce moment, nous vîmes la tête de plusieurs et imposantes colon-
nes, trois, je pense, qui se déployèrent en une ligne avec précision,
célérité et élégance. Comme elles se formaient sur le plateau, elles
furent canonnée par notre position et le régiment de Portugais…
tirèrent quelques salves sur le flanc des colonnes ennemies, mais le
régiment (Portugais) fut rapidement chassé de sa position… Les
colonnes (Françaises) avancèrent en dépit d’un feu intense de gre-
naille et de mousqueterie livré par nos troupes qui tenaient la posi-
tion dans les rochers et, surmontant toute opposition, bien qu’éga-
lement et régulièrement chargées par la brigade de Lightburne,
voire par l’ensemble de la division Picton, ils avancèrent pour fi-
nalement chasser l’aile droite Britannique de sa position dans les
rochers.’’

Colonel Walker, de la 2ème division témoignant de l’aile française


contre la division Picton à Bussaco.

En janvier 1812, Wellington entrait en Espagne pour débuter son


offensive. Les forteresses de Ciudad Rodrigo et Badajoz furent
prises quelques temps plus tard. Bien que numériquement infé-
rieur aux Français, Wellington bénéficiaient d’un avantage straté-
gique et tactique car les forces Espagnoles mobilisaient l’atten-
tion d’une bonne partie des unités ennemies. Le 22 juillet, Wel-
lington infligeait une sévère défaite au maréchal Marmont à la
bataille de Salamanque, mais il dut se résoudre à retraiter car son
armée était menacée par le débordement d’une force combinée
commandée par Joseph, Soult et Suchet.
En Juin, pour Napoléon, la campagne de Russie s’achevait par un
désastre, mais pour Wellington, il en était tout autrement. Les
Français, soumis à la pression des forces Alliées, régulières ou de
guérilla, ne pouvaient plus compter sur des renforts dans la Pé-
ninsule, alors que Wellington recevait régulièrement des troupes
fraiches. Au début de l’été, Wellington reprenait l’offensive et
écrasait à Vitoria, le 21 juin, l’armée du roi Joseph. La victoire de
Vitoria était une belle compensation pour les Alliés, après la dé-
Tenue d’officier. Huntingdonshire Militia, convenue de la défaite de Lützen, et elle les encouragea à persé-
Guerres napoléoniennes (Collection Perry) vérer.

tembre, à Bussaco, Masséna était vaincu après avoir attaqué Wel- 1814 : la capitulation de Napoléon
lington installé dans une forte position défensive mais il restait Wellington atteignit les Pyrénées en juillet. La contre-attaque
persuadé de pouvoir encore repousser les Britanniques au-delà française connut quelque succès à Maya, mais les bénéfices de
des Lignes. C’est finalement la manque d’approvisionnement et cette victoire furent annihilés le 28 juillet à Sorauren. En octobre,
la maladie qui eurent raison de l’armée de Masséna – qui fut for- l’armée de vétérans de Wellington traversait les Pyrénées pour
cé de retraiter. entrer en France et en février 1814 les Britanniques battaient
Soult à Orthez. Le 31 mars 1814, les Alliés triomphants entraient
En mars 1811, la première tentative française se traduisit par la dans Paris et, six jours plus tard, Napoléon, empereur des Fran-
défait de Barrosa, et leurs ambitions s’écroulaient avec deux nou- çais, abdiquait.
velles défaites au mois de mai, à Fuentes de Oñoro et Albuera. Les combats continuèrent jusqu’à ce que la nouvelle de l’abdica-
Des déconvenues qui entrainaient la retraite de l’armée française tion de Napoléon arrive jusqu’à Wellington, trop tard pour empê-
et la disgrâce de Masséna, remplacé par le maréchal Marmont. cher une nouvelle défaite française à Toulouse. Le 17 avril, Soult
signait un armistice, mettant fin à une longue et difficile guerre
1812 : Offensive en Espagne de la Péninsule. Hourrah pour Albion !

15
UNE ATTAQUE ÉCLAIR— LE 95TH RIFLES NETTOIE LE TERRAIN

LES MARINS DE LA GARDE PRENNENT LA ROUTE

16
La Bataille de Vimeiro 1808

Background que. Wellesley préférait adopter une manœuvre de flanc contre


L’insurrection espagnole et les actions de guérilla avaient laissé les Français en approche, mais sir Harry, plus prudent, ordonna à
le général Junot et ses 25,000 isolés tactiquement au Portugal. Wellesley de garder la position en attendant l’arrivée de Moore.
Saisissant sa chance de frapper sur terre les Français, sir Arthur Heureusement pour Wellesley et les Britanniques, sir Harry ne
Wellesley, à la tête d’environ 14,000 hommes, débarquait le 1 er quitta pas le bord. Wellesley retourna à terre et resta le seul chef
aout à la baie de Mondego, au nord de Lisbonne. Pour les Britan- sur place pendant encore une journée. Ce jours supplémentaire
niques, la guerre de la Péninsule débutait. aurait pu être sans conséquence, mais la chance de Wellesley prit
un tour favorable car Junot avait quitté Lisbonne le 15 aout, avec
La stratégie de Wellesley obéissait à la volonté du gouvernement la ferme intention de forcer les Britanniques à la bataille. Le 20
britannique de défendre le Portugal. Après avoir organisé ses aout, il avait combiné son armée avec les troupes vaincue à Roli-
forces, Wellesley marcha vers les sud à peine neuf jours plus ça et les forces du général Loison. Junot n’était plus qu’à une
tard, le 10 aout. Sa première rencontre avec les Français eut lieu dizaine de kilomètres des positions britanniques, marchant même
le 17 aout, à Roliça, pour une bataille où les Britanniques, bien la nuit du 20. Son objectif était de rejeter les Anglais à la mer.
qu’inférieurs en nombre, forcèrent l’ennemi à quitter leur posi-
tion défensive. Après Roliça, Wellesley donna l’ordre de rejoin- Wellesley déploya deux brigades, les brigades Anstruther et Fa-
dre la côte, direction Porto Novo, pour y attendre des renforts. ne, devant le village de Vimeiro, avec la brigade Acland en sou-
L’armée de Wellesley prit position sur les hauteurs entourant le tien. Les cinq autres brigades furent installées plus à l’ouest, sur
village de Vimeiro, afin de supporter et protéger les débarque- une crête, afin de défendre la position contre une attaque possible
ments. Dans les nouveaux arrivants se trouvaient plusieurs offi- venue du sud. Junot vint de l’est, et programma d’envoyer trois
ciers qui étaient hiérarchiquement supérieurs à Wellesley. Le brigades d’infanterie pour prendre Vimeiro. Les brigades Tho-
commandement général fut confié à sir Hew Dalrymple, avec mières, Solignac et Charlot se firent confier cette tache. Dans le
comme commandant en second sir Harry Burrard, suivi par sir même temps, la brigade Brenier, soutenue par des dragons devait
John Moore. Burrard arriva sur le théatre d’opération le 20 aout ; effectuer une manœuvre de flanc pour prendre une crête inoccu-
il resta en mer, rejoins par Wellesley pour une réunion stratégi- pée au nord-est de Vimeiro. Quand Wellesley vit le nuage de

LES DRAGONS LOURDS FRANÇAIS—LES DURS A CUIRE DES CHAMPS DE BATAILLE

17
‘’De glorieuses
nouvelles du
Portugal.’’
Morning Post
2 septembre 1808

poussière trahissant le mouvement de Brenier, Wellesley se redé- furent massacrés par les salves tirées en enfilade. Ils cédèrent de
ploya très vite. Laissant seul Hill faire face au sud, il envoya les partirent en déroute, abandonnant leurs canons. La brigade Char-
brigades Ferguson, Nightingall et Bowes sur la crête nord-est, lot, qui marcha contre la brigade Abstruther devant Vimeiro, su-
autour du village de Ventosa. Junot compensa en envoyant Soli- bit le même sort ; surprise à la fois sur son front et ses flancs par
gnac soutenir l’attaquer de Brenier. Junot n’avait qu’une piètre des salves tirés par les Britanniques cachés derrière une crête.
opinion sur la valeur des troupes britanniques ; il décida de ne
pas attendre que son mouvement de flanc se développe et lança Dans une tentative de renforcer l’attaque sur Vimeiro, Junot, in-
un assaut frontal sur Vimeiro, persuadé que les lignes britanni- crédule, envoya alors la réserve, quatre bataillons de grenadiers
ques ne tiendraient pas. Il se trompait grandement. combinés, ses meilleures troupes. Les deux premiers bataillons
furent repoussés de la même manière que plus haut, par le 43rd
La bataille Monmouthshire. A la recherche d’une solution, Kellerman man-
Les premiers mouvements et contre-mouvements furent le fait œuvra sur la droite avec ses deux derniers bataillons pour réussir
des Français, à travers une série d’attaques sans coordination. La à menacer Vimeiro. Une contre-attaque fut lancée par échelon de
brigade Thomières fut la première unité à approcher les positions bataillons des brigades Acland et Anstruther, qui força finale-
britanniques, devant le village de Vimeiro, et face à la brigade ment les grenadiers à quitter le village. Les malheureux grena-
Fane. Cette attaque était protégée par un écran de tirailleurs et diers furent alors décimés par une furieuse charge délivrée par les
supportée par trois canons. L’infanterie de Thomières progressait 240 hommes du 20th Light Dragoons. Ivres de ce premier succès,
en colonnes. la cavalerie britannique devint alors incontrôlable. La cavalerie
française de Margaron leur tomba dessus, alors qu’ils étaient
Pour contrer l’écran de tirailleurs français, Fane détacha quatre complètement désorganisés et leurs chevaux essoufflés. Le 20th
compagnies de riflemen. Les riflemen prouvèrent leur valeur et Light Dragoons fut massacré.
criblèrent les Français de balles, qui replièrent sur les côtés des
colonnes désormais vulnérables. Cette exposition se révéla terri- Dans le nord, les choses se déroulèrent à peu près de la même
ble quand les colonnes françaises se rapprochèrent à une centaine manière que devant Vimeiro. L’attaque de Solignac était compo-
de mètres des Britanniques, pour recevoir une salve du 50th sée de trois colonnes de bataillons. L’avance française fut stop-
(West End) en ligne sur deux rangs de profondeur. Les compa- pée nette par les salves des lignes anglaises sur deux rangs. La
gnies de flanc du 50th se déployèrent alors sur les flancs exposés brigade Brenier, qui s’était tout d’abord égaré dans les collines,
des colonnes déjà bien secouées. Les Français, qui n’avaient pas marcha finalement vers le sud au son du canon, avec ses quatre
assez de place pour se déployer en ligne pour retourner le feu, bataillons en colonnes.

18
EN AVANT, MES AMIS! UN COMMANDANT FRANCAIS ENCOURAGE SES TROUPES SUR LES POUSSIEREUSES ROUTES D’ESPAGNE

pays.
Brenier fut d’abord victorieux, surprenant et déroutant le 71st
Highland et le 82nd Prince of Wales Volunteers. Il poussa alors Dalrymple, Burrard et Wellesley furent rappelés en Grande-
ses colonnes, pour arriver sous le feu du 29th Worcestershire Bretagne pour comparaitre devant une commission d’enquête.
Regiment. Le 71st et le 82nd, ralliés, rejoignirent le 29th et ajou- Les deux premiers généraux, qui étaient les plus gradés, reçurent
tèrent leurs tirs. La brigade Brenier dérouta. Son général fut bles- un blâme. Wellesley fut blanchi.
sé et capturé.
Vimeiro fut la première bataille qui vit les colonnes françaises
Aux environs de midi, les Français étaient en pleine déroute, la battues par les lignes britanniques déployées sur deux rangs de
bataille de Vimeiro touchait à sa fin. Wellesley somma Burrard, profondeur, et également la première fois que les contrepentes de
qui venait d’arriver sur le champ de bataille, de poursuivre les collines étaient utilisées pour masquer leurs forces lors d’une
Français. Mais, toujours aussi prudent, Burrard refusa. Les Fran- attaque ennemie. La cavalerie britannique y dévoila également
çais s’échappèrent sans autre dommage, laissant Wellesley fu- des caractéristiques qui semèrent le trouble des commandants
rieux devant l’incompétence de Burrard. britanniques pour le restant des guerres napoléoniennes ; sa ten-
dance à devenir incontrôlable, avec peu de chance d’être ralliée.
Bilan Cette bataille fut également la première fois où l’on fit un usage
Pour les Britanniques et les Portugais, les pertes s’élevaient à 720 intensif du shrapnel, obus affublé du nom de son inventeur, Hen-
soldats, sur un effectif total d’environ 19,000 hommes. Selon les ry Shrapnel.
estimations, les Français perdirent environ 2,000 hommes, sur un
total de 13,000 hommes. Les Français perdirent aussi 13 de leurs
23 canons.
Junot avait été défait en détail. Il envoya Kellerman à Cintra, où
logeait Dalrymple, pour négocier les termes d’un armistice. L’ac-
cord résultant est connu sous le nom de Convention de Cintra.
Ses termes étaient si généreux que cela fit un scandale en Angle-
terre ; les Français seraient ramenés en France sur des navires de
la Royal Navy, avec leurs armes, leurs équipements et leurs
morts. Les Français ne retournèrent plus au Portugal avant le
mois de mars de l’année suivante, quand Soult envahit le nord du

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ORDRE DE BATAILLE, BATAILLE DE VIMEIRO, 21 AOUT 1808

Armée Anglo-Portugaise Armée française du Portugal


Commandant-en-chef Commandant-en-Chef
- Lieutenant Général Sir Arthur Wellesley - Général de Division Jean-Andoche Junot, duc d’Abrantès

1ère Brigade Division Delaborde


- Major Général Rowland Hill - Général de Division Henri François Delaborde

2ème Brigade 1er Brigade


- Major Général Ronald Craufurd Fergusson - Général de Brigade Antoine François Brenier de Montmorand

3ème Brigade 2ème Brigade


- Major Général Miles Nightingall - Général de Brigade Jean Guillaume Thomières

4ème Brigade Division Loison


- Major Général Barnard Foord Bowes - Général de Division Louis Henri Loison

5ème Brigade 1ère Brigade


- Brigadier Général Catlin Craufurd - Général de Brigade Jean Baptiste Solignac

6ème Brigade 2ème Brigade


- Brigadier Général Henry Fane - Général de Brigade Hughes Charlot

7ème Brigade Division de cavalerie


- Brigadier Général Robert Anstruther - Général de Brigade Pierre Margaron

8ème Brigade Réserve


- Brigadier Général Wroth Walmer Acland - Général de Division François Etienne de Kellerman

Cavalerie Total Français 15,656 hommes


- Lieutenant Colonel William Robe

Détachement Portugais La douairière


- Lieutenant Colonel Nicholas Trant

Total Britannique 16,778 hommes Le mépris de Wellesley envers son commandant-en-chef et son
Total Portugais 2,585 hommes. second fut mis en évidence quand il qualifia Dalrymple de ‘’la
douairière Dalrymple’’ et Burrard de ‘’Betty Burrard’’.

20
La Bataille de Talavera 1809
Background donnée, entrainent le repli du 1er corps du maréchal Claude Vic-
En octobre 1808, sir John Moore prend le commandement de tor, qui menaçait la frontière portugaise. Victor replie alors sur
l’armée Anglo-Portugaise. Rapidement, il conduit ses 23,000 Almaraz, puis sur Talavera. A ce moment, Wellington pense
hommes en terre espagnole mais, un mois plus tard, il doit retrai- qu’il peut vraiment capturer la capitale espagnole, Madrid, avant
ter en toute hâte, poursuivi par l’ennemi. Sa position stratégique que toutes les forces françaises convergent vers lui.
n’est pas bonne, ses alliés Espagnols ont été vaincus et ont aussi
prouvé qu’ils ne sont pas fiables, et il fait désormais face à une Les Alliés entrent en contact avec le maréchal Victor aux alen-
armée Française de 200,000 hommes commandés par Napoléon tours de la ville de Talavera, le 23 juillet, mais ils perdent une
en personne. Une reconnaissance lui a appris qu’une force Fran- occasion de l’écraser car les Espagnols refusent de combattre un
çaise est isolée à Saldana ; mais avisé par son renseignement que dimanche. Ce délai permet à Victor de retraiter en bon ordre.
Napoléon avait compris ses intentions, il change ses plans et dé- Cuesta décide de poursuivre, alors que Wellington reste à Talave-
bute une retraite épique vers La Corogne. En janvier 1809, Moo- ra de la Reina, à environ 80 kilomètres au sud de Madrid. La
re fait volte-face et engage les Français lancé à sa poursuite, sau- poursuite de Cuesta cesse quand les Espagnols rejoignent Victor,
ème
vant ainsi son armée, mais au prix de sa propre vie. Sir John était qui est désormais renforcé par le 4 corps du général Sébastiani
une véritable guerrier d’Albion, aussi sa mort est une grande per- et par la réserve royale du roi Joseph Bonaparte. En infériorité
te pour l’armée Britannique et la cause Alliée. numérique, les Espagnols font demi-tour pour rejoindre les Bri-
tanniques, avec les Français à leurs trousses.
Les Britanniques ayant été chassés de la Péninsule, les Français
prennent facilement le contrôle du Portugal, uniquement gênés Une fois à Talavera, les Espagnols sont positionnés par Welle-
par de gros problèmes logistiques. Le 22 avril 1809, les Britanni- sley sur l’aile droite de l’armée Alliée (carrément autour de Tala-
ques sont de retour, Wellesley héritant du commandement de vera, car il doute que les Espagnols puissent tenir en terrain dé-
l’armée Anglo-Portugaise. Durant le courant du mois de mai, les couvert). Le terrain aux alentours de Talavera est fait d’oliveraies
Alliés effectuent une brillante campagne, forçant les Français du et de petits murs de pierre, qui peuvent procurer une excellente
maréchal Soult à abandonner Oporto en laissant derrière eux tout position défensive. Les Espagnols qui ne peuvent être placés
leur bagage et leur artillerie. Début juillet, Wellesley entre en dans Talavera bénéficient donc aussi d’une bonne protection,
Espagne et contacte l’armée espagnole de Cuesta, forte de 33,000 installés sur un chemin creux bordée de murs de pierre. Les Bri-
hommes. Les deux armées manœuvrent désormais de façon coor- tanniques se placent sur la gauche Alliée, le long d’une crête et

LES TROUPES FRANÇAISES PRENNENT D’ASSAUT UNE VILLE TENUR PAR LES REGULIERS ANGLAIS ET LA GUERILLA ESPAGNOLE

21
sur une colline connue sous le nom de Cerro de Medellin. Pour Les Français, après avoir reconnu la solidité des positions espa-
renforcer le centre de la ligne, on construit une redoute à Pajar de gnoles, déploient la majorité de leurs 46,000 hommes contre
Vergara. Wellesley, avec l’intention de battre d’abord les Britanniques
L’intention de Wellesley est de livrer ce que ses soldats savent avant de se tourner vers les Espagnols. Le 1 er Corps de Victor est
déployé sur la droite française, en face des Anglais et des Portu-
gais, le corps de Sébastiani tenant le centre. Sur la gauche, la
cavalerie de Milhaud fait face à la totalité de l’armée espagnole.
Face à la colline de Medellin, les 30 canons sont installés sur
Cerro de Cascajal, alors que Latour-Maubourg et la garnison de
Madrid constituent la réserve. Une armée formidable !

La bataille
La bataille de Talavera débute le 27 juillet, vers midi. Cela com-
mence mal pour les Alliés lors de la première action à Casa de
Salinas, une maison en ruine située à environ un kilomètre à
l’ouest de la rivière Alberche. Plus tôt, les divisions de Sherbroo-
ke et Mackenzie ont été postées sur la rive est de la rivière, afin
de protéger le passage des troupes Espagnoles qui sont arrivées le
soir du 26, mais c’est le 27 au matin qu’elles franchissent le
cours d’eau. Une fois l’opération effectuée, les Britanniques
reçoivent l’ordre de replier, Mackenzie se voit charger de proté-
ger la manœuvre en assurant l’arrière-garde, sous les yeux de
Wellesley, installé à la Casa de Salinas. En dépit des piquets bri-
tanniques, la division Lapisse du 1er Corps de Victor parvient à
franchir l’Alberque sans être détecté et tombe par surprise sur les
Britanniques en mouvement. Trois bataillons partent en déroute,
500 hommes sont perdus et Wellesley manque de justesse d’être
capturé. La situation est rétablie par les interventions du 45 th Not-
tinghamshire et des riflemen du 60th Royal Americans, ce qui
permet à Wellesley de rallier les fuyards. Malgré un feu harassant
de l’artillerie française, les Britanniques réussissent à se tirer
d’affaire sans d’autre dommage.
faire le mieux ; livrer une bataille défensive. Il est satisfait du
positionnement de ses troupes, qui défendent un terrain surélevé Durant la nuit du 27 juillet, Victor envoie la division Ruffin pren-
qui peut les protéger des tirs français. Il espère aussi que ses al- dre la colline de Medellin. En raison de l’obscurité, deux des
liés Espagnols pourront tenir leur positio fortifiée. Sur le front trois régiments de Ruffin s’égarent mais le 9ème Léger surprend la
Britannique, la 1ère Division tient la colline Medellin, avec la 2ème brigade de Sigismund Lowe qui se débande, permettant au régi-
division sur sa gauche, et la 4ème Division à droite, soutenue par ment de prendre position sur la colline. Le fracas du combat aver-
la redoute. Sur la seconde ligne Britannique, les cavaleries de tit la division Hill, qui bivouaque sur la crête, à environ un kilo-
Fane et de Cotton sont en réserve alors que le point de liaison mètre. Les Britanniques manœuvrent alors pour rétablir la situa-
avec les Espagnols sur la rivière Alberche est protégé par la 3 ème tion et l’attaque française est bloquée par la brigade Stewart.
Division.
Le même soir, les dragons français testent les positions espagno-
Le régiment d’infanterie 48th les. Une ligne espagnole tire une salve complète contre les cava-
liers, ce qui provoque la débandade de quatre bataillons espa-
Northamptonshire gnols, effrayés par les détonations de leurs propres armes. Un
peu moins de 2,000 Espagnols fuient alors le champ de bataille,
‘’Alors, depuis le sommet, à son appel, pillant les bagages britanniques sur leur route.
Une belle légion avance lentement sur la Gaule victorieuse ;
Intrépide, bien que leur chef soit tombé ! Le matin suivant ne voit pas les plans de Victor changer. Il est
Solide, comme le talus élevé et renforcé, convaincu qu’il peut s’emparer de Cerro de Medellin sans le sou-
Qui garde les contours d’une ville, tien total de son armée. C’est la première fois que Victor combat
Ils restent impassibles.’’ les Britanniques et il ne pense pas qu’ils tiendront face à ses co-
lonnes. De nouveau, Ruffin, avec 5,000 hommes est désigné pour
Une ode au 48th, suite à son héroïsme à Talavera, livrer l’assaut, immédiatement après un bombardement d’artille-
écrit par J.W. Croker. rie de préparation. Les Français passent à l’attaque en colonnes,
précédés par des rideaux de tirailleurs, chaque régiment est com-
posé de trois bataillons qui avancent côte-à-côte. Quand la briga-

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Une fière et belle ligne
Shako britannique Le 28 juillet 1809, le 48th Foot Regiment (Northamptonshire) sauva la journée. Dans une
‘’tuyau de poele’’ chaleur étouffante, Wellesley identifia l’instant crucial de la bataille quand une brèche s’ou-
1803-1812 vrit dans les lignes britanniques, suite à la charge de la brigade des Gardes. Le 48th reçut
(Collection Perry) l’ordre d’avancer. Un observateur de la bataille, William Napier, a écrit :

‘’à cet instant le centre des lignes britannique s’était totalement écroulé, et la fortune du
jour semblait sourire aux Français quand, soudainement, le colonel Donellan, à la tête du
48th Regiment, avança au milieu de ces masses désorganisées. Tout d’abord, il sembla que
ce Regiment allait être emporté par la foule en retraite mais, organisé par compagnies, il
parvint à se glisser entre les intervalles puis, après s’être reformé en une fière et belle ligne,
marcher contre les colonnes en poursuite pour délivrer contre eux une mousqueterie des-
tructrice au rythme si ferme et régulier que l’avance des colonnes devint moins assurée. Les
Français hésitèrent, perdirent leur avantage et l’équilibre du du combat fut restauré.’’

Durant le combat, le 48th perdit son officier supérieur, le colonel Donellan, qui, bien
qu’ayant été grièvement blessé, ne laissa rien paraitre de sa souffrance. Assis sur sa selle, il
ôta son chapeau et s’inclina devant son officier en second, déclarant : ‘’Major Middlemore,
vous aurez l’honneur de mener le 48th à la charge’’.

de de Ruffin arrive à portée de mousquet, les brigades Tilson et de Medellin, soutenu par la division Leval, qui douit forcer à
Stewart, avec la brigade Sherbrooke en soutien, sortent de leur l’endroit où les lignes espagnoles et françaises font leur jonction.
couvert en ligne sur deux rangs de profondeur. Les salves stop- Sébastiani, lui, doit attaquer la brigade des Guards et une partie
pent net les colonnes françaises, qui tentent de se mettre en ligne de la brigade Cameron, au centre du dispositif allié. La mission
pour retourner le feu. Cependant, à la grande joie des Britanni- de Leval est de délivrer son offensive à l’instant où l’attaque de
ques, les Français craquent et se débandent quand la brigade la division Lapisse devient effective, mais, malheureusement, les
Sherbrooke les déborde pour les prendre en enfilade. Les Fran- unités de Leval doivent traverser un terrain très accidenté, et elles
çais fuient la colline de Medellin, poursuivis par la brigade Ste- perdent contact avec le reste de l’armée française. Leval, réali-
wart qui achève sa poursuite sur les rives de la Partina, pour en- sant que sa marche pourrait être trop lente, lance ses troupes à
suite reprendre leur position sur la colline. l’assaut. Mais bien trop tôt. La difficulté du terrain, fait d’olive-
raies, désorganise ses colonnes quand elles émergent face à la
Cette offensive a couté aux Français 1,500 hommes. La brigade gauche espagnole, la droite britannique et la batterie de canons
Hill, qui a été la formation Britannique la plus engagée dans le installée sur Pajar de Vergara. Le feu mortel délivré par l’artille-
combat, a perdu 750 hommes, le général Hill étant lui-même rie de la redoute décime les colonnes françaises et sème la pani-
blessé à la tête. que. Leval rencontre quelques succès, avant d’être repoussé par
les brigades Campbell et Kemmis, perdant 700 hommes et six
La défaite de la division Ruffin entraine une réunion du haut- canons.
commandement français : Victor, Sébastiani, le roi Joseph et son
chef d’état-major, Jourdan. Les deux derniers optent pour une Les attaques des divisions Lapisse et Sébastiani se produisent peu
action défensive ; ils savent que le maréchal Soult marche avec après. Les colonnes de bataillons françaises arrivent sur l’ennemi
30,000 hommes sur les arrières de l’armée Alliée pour la priver par deux vagues d’attaques distinctes et indépendantes, qui ré-
de toute possibilité de retraite. Victor, cependant, penche pour unissent vingt-quatre bataillons, lancées sur les huit bataillons de
une attaque massive sur le centre et la droite Alliée. Les discus- la 1ère division de Sherbrooke. L’avance française se déroule par-
sions s’achèvent quand arrive la nouvelle qu’une armée espagno- faitement, jusqu’à l’arrivée à portée de mousquets. Les régiments
le, sous les ordres du général Venega, se dirige vers Madrid. Les britanniques ouvrent le feu simultanément, et une fois encore, les
Français ne pouvant abandonner la capitale, à la grande impor- Français sont soumis à l’efficacité des salves britanniques. La
tance symbolique, le soutien du général Soult se voit donc retar- première ligne française s’écroule et part en déroute, poursuivie
dé, il ne pourra pas être en temps et en heure sur les arrières en- par une charge britannique. Quelques bataillons anglais, y com-
nemis. D’un commun accord, on décide alors d’un assaut frontal pris quelques Guards, devienne hors de contrôle et poursuivent
sur les lignes britanniques. trop loin, accueillis par le feu de la seconde ligne française et
l’artillerie ennemie. Les unités impétueuses se replient alors dans
Les divisions de Lapisse et Sébastiani, ainsi que les Allemands la confusion, en subissant d’énormes pertes.
de Leval sont choisis pour chasser du terrain l’armée combinée
de Wellesley et Cuesta. La division Lapisse doit attaquer Cerro Ce mouvement précipité a créé une brèche dans les lignes Britan-

23
niques, Lapisse décide de l’exploiter. Mais, dans toutes les batail- fin, se voit sévèrement traité et replie après avoir perdu la moitié
les qu’il a livrées, dans les situations de crise, Wellesley a montré de ses effectifs. Cette action est la dernière de la bataille car Jo-
une extraordinaire habileté à être au non endroit, au bon moment. seph décide de replier pour défendre Madrid contre la menace
Talavera ne fait pas exception quand il ordonne personnellement espagnole.
au 48th Northamptonshire Regiment de combler le trou, avant
d’être rapidement renforcé par la brigade Mackenzie. Cela se La bataille s’achève cependant par un nouveau drame. Un incen-
traduit par un premier choc entre 3,000 Britanniques et les 8,000 die se déclare soudainement, qui dévient incontrôlable en raison
Français de la seconde vague. Un feu intensif, livré par les lignes de la sécheresse. De nombreux blessés des deux camps, allongés
Britanniques, finit par repousser les colonnes françaises, qui per- sur le champ de bataille, perdent alors la vie, brûlés vifs.
dent 2,000 hommes. Les pertes Britanniques s’élèvent à 600
hommes, y compris Mackenzie qui est tué. Au final, Wellesley a Bilan
brillamment défendu ses positions. A Talavera, les pertes Françaises s’élèvent à 7,300 hommes. Les
Espagnols comptent 1,200 morts et blessés ; Wellesley déplore la
Avec la défaite de la principale attaque Française, reste la brigade perte de 5,500 hommes, soit 25% de ses effectifs.
Ruffin, déjà diminuée, qui se voit chargée d’une manœuvre de
flanc autour de Medellin, soutenue par des éléments de la divi- Bien qu’il s’agisse d’une victoire tactique britannique, Talavera
sion Villatte. La tentative est bloquée quand Wellesley déploie peut être considéré comme une victoire stratégique pour les Fran-
les brigades de cavalerie Fane et Anson. Wellesley bénéficie éga- çais. L’armée de Wellesley a été saignée et les forces du maré-
lement de l’aide de Cuesta, qui lui envoie la division Bassecourt chal Soult arrivent vers lui en direction du sud, risquant de cou-
et la cavalerie de division du duc d’Albuquerque. La pression per Wellesley de ses bases portugaises. Pensant que les Français
mise par la cavalerie Britannique annule l’attaque française sont plus affaiblis qu’ils ne le sont réellement, Wellesley marche
quand les bataillons doivent passer en carré. Le 1st KGL Light vers l’est le 3 aout pour les bloquer, abandonnant 1,500 blessés
Dragoons manœuvre en bon ordre mais le 23rd Light Dragoons, dans les infirmeries espagnoles. Surpris par l’importance des
hors de contrôle, charge les carrés formés par l’infanterie de Ruf- forces de Soult, le général Britannique envoie la Light Brigade
ouvrir une route pour sortir d’Espagne. Ayant trouvé une route de
retraite sécurisée, il espère pouvoir reprendre contact avec Cuesta
quand il apprend que les Espagnols ont abandonnés les blessés
Anglais aux Français et qu’ils ne sont plus opérationnels. Welle-
sley se retrouve lâché par les Espagnols, sans équipement ni ra-
tion. Menacé par les Français, Wellesley doit se retirer au Portu-
gal.

Suite à cette bataille, en récompense de ses efforts, Wellesley


reçoit le titre de vicomte Wellington of Talavera.

24
ORDRE DE BATAILLE, BATAILLE DE TALAVERA, 27-28 JUILLET 1809

Armée Française - Général de brigade Liger-Belair


Brigade, général de brigade Baron Rey
Commandant-en-chef - 28ème régiment de ligne : 3 bataillons
- Joseph Bonaparte, roi d’Espagne - 32ème régiment de ligne : 3 bataillons
Brigade, général de brigade Liger-Belair
Chef d’ état-major - 58ème régiment de ligne : 3 bataillons
- Maréchal Jean-Baptiste Jourdan - 75ème régiment de ligne : 3 bataillons
- Artillerie : 2 batteries à pied
Ier Corps
2ème division d’infanterie (Allemands)
Commandant - Général de division Leval
- Maréchal Claude Victor Brigade Porbeck
- 4ème régiment d’infanterie de Gross-Herzog (Baden) : 2 batail-
1ère division d’infanterie lons
- Général de division François-Amable Ruffin - 2ème régiment d’infanterie de Nassau : 2 bataillons
Brigade, Général de brigade Baron de la Buyère - Artillerie à pied de Baden : 2 obusiers de 7 livres
- 9ème régiment léger : 3 bataillons - Major Franz-Friedrich-Christian von Steinmetz
- 24ème régiment de ligne : 3 bataillons Brigade Chasse
Brigade, général de brigade Baron Barrois - Régiment d’infanterie combinée hollandais : 2 bataillons
- 96ème régiment de ligne : 3 bataillons - 3ème batterie d’artillerie à cheval hollandaise : 6 canons
Brigade Grandjean
2ème division d’infanterie - 4ème régiment Gross-und Erbprinz d’Hessen-Darmstadt : 2 ba-
- Général de division Pierre-Bellon Lapisse taillons
Brigade, Général de brigade Solignac - 3ème bataillon de la confédération du Rhin (Franckfort)
- 8ème régiment de ligne : 3 bataillons - 2 batteries à pied de Hessen-Darmstadt : 4 canons de 6 livres.
- 54ème régiment de ligne : 3 bataillons
Brigade, général de brigade Laplanne Division de cavalerie
- 16ème régiment léger : 3 bataillons - général de division Merlin
- 45ème régiment de ligne : 3 bataillons Brigade, général de brigade Strolz
- 10ème régiment de chasseurs : 4 escadrons
3ème division d’infanterie - 26ème régiment de chasseurs : 4 escadrons
- Général de division Eugène Villatte Brigade Andrzej
Brigade, Général de brigade Cassagne - 1ier régiment de lanciers de la Vistule (Polonais) : 4 escadrons
- 27ème régiment léger : 3 bataillons - Régiment de chevau-légers de Westphalie : 4 escadrons
- 63ème régiment de ligne : 3 bataillons
Brigade, général de brigade Puthod Division de cavalerie
- 94ème régiment de ligne : 3 bataillons - Général de division Latour-Maubourg
- 95ème régiment de ligne : 3 bataillons Brigade, général de brigade Perreymond
- 1er régiment de dragons : 4 escadrons
Brigade de cavalerie - 2ème régiment de dragons : 4 escadrons
Général de brigade Carrière Brigade, général de brigade baron Oullemberg
- 2ème régiment de hussards : 4 escadrons - 4ème régiment de dragons : 4 escadrons
- 3ème régiment de hussards : 4 escadrons - 9ème régiment de dragons : 4 escadrons
Brigade, général de brigade baron Digeon
Artillerie du 1er Corps - 14ème régiment de dragons : 4 escadrons
- 36 canons - 26ème régiment de dragons : 4 escadrons

IVème Corps Division de cavalerie


- Général de division comte Milhaud
Brigade, général de brigade Boye
Commandant - 5ème régiment de dragons : 4 escadrons
- Général de division Comte Sébastiani - 12ème régiment de dragons : 4 escadrons
Brigade, général de brigade baron Maupetit
1ère division d’infanterie - 16ème régiment de dragons : 4 escadrons

25
- 20ème régiment de dragons : 4 escadrons Armée britannique
-21ème régiment de dragons : 4 escadrons
Artillerie
- Une batterie à cheval Commandant-en-chef
- Lieutenant général sir Arthur Wellesley
Autres troupes n’appartenant pas au Ier Corps ou
Cavalerie
IIème Corps - Lieutenant général William Payne
1ère brigade
Division d’infanterie - Brigadier général Henry Fane
- Général de division Desolles 2ème brigade
Brigade, général de brigade baron Godinot - Brigadier général sir Stapleton Cotton
- 12ème régiment léger : 3 bataillons 3ème brigade
- 51ème régiment de ligne : 3 bataillons - Brigadier général George Anson
- 103ème régiment de ligne : 1 bataillon
Infanterie
Garde royale espagnole 1ère division d’infanterie
- 3 bataillons, 2 escadrons et 2 batteries - Lieutenant général John Sherbrooke
- Grenadiers à pied de la Garde 1ère brigade
- Cavalerie de la Garde - Brigadier général Henry Campbell
- Une batterie à pied 2ème brigade
- Une batterie à cheval - Brigadier général Alan Cameron
3ème brigade
Total de l’armée française 46,100 hommes - Brigadier général Ernst Baron Langwerth

Armée Espagnole de l’Estremadura 2ème division d’infanterie


- Major général Rowland Hill
1ère brigade
Commandement-en-chef - Brigadier général Christopher Tilson
- Lieutenant général Gregorio de la Cuesta 2ème brigade
- Brigade général Richard Stewart
Avant-garde
- Brigadier général José de Zayas 3ème division d’infanterie
- Major général Randoll Mackenzie
1ère division 1ère brigade
- Major général Marques de Zayas - Major général Randoll Mackenzie
2ème brigade
2ème division - Colonel Donkin
- Major général Vicente Iglesias
4ème division d’infanterie
ème
3 division - Brigadier général Alexander Campbell
Major général Marques de Portago 1ère brigade
- Brigadier général Alexander Campbell
4ème division 2ème brigade
Major général Manglano - Colonel James Kemmis

5ème division Total armée britannique : 20,556 hommes


Major général Bassecourt

1ère division de cavalerie
- Lieutenant général de Henestrosa La bataille fut certainement sauvée
2ème division de cavalerie par l’avance, la position et la solidité
- Lieutenant général Duque de Albuquerque
du 48th.’’
Total armée espagnole : 34,800 hommes Le duc de Wellington, après la bataille de Talavera.

26
La Bataille de Fuentes de Oñoro 1811

LES HUSSARDS BRITANNIQUES ATTENDENT LES ORDRES. POURRONT-ILS CHARGER?

Background
La bataille de Talavera n’a pas mis fin à la guerre. Wellington La route de Ciudad Rodrigo à Almeida coupe une crête près de
s’est replié pour construire les Lignes défensives de Torres Ve- Fort Conception, une forteresse espagnole détruite par le capitai-
dras afin de protéger le Portugal et sa capitale, Lisbonne, d’une ne John Burgoyne et ses Royal Engineers l’année précédente.
invasion française qui est confiée en 1810 au maréchal Masséna,
mis à la tête de 60,000 hommes. Les Lignes composent une très Wellington prend position sur la crête qui longe la rivière Dos
forte position défensive hérissée de canons servis par des artil- Casas, un affluent du rio Agueda qui coure au pied de la crête,
devant les positions britanniques. Bien que la Dos Casas ne pose
leurs anglais et portugais, avec des unités de cavalerie et d’infan-
terie installés dans des retranchements situés de manière à pou- pas un gros problème tactique pour mener une attaque, la rivière
voir intervenir rapidement si une brèche était créée par les Fran- sur la gauche de Wellington coure dans une ravine qui rend im-
çais. Bien qu’il ait été défait par Wellington en septembre à la possible une attaque française. Wellington pense que l’attaque
sanglante bataille de Bussaco, Masséna est bien décidé à chasser française se produira à l’endroit où la pente de la crête est la
les Anglais des Lignes. Mais l’armée française se révèle incapa- moins raide, plus précisément vers le petit village de Fuentes de
ble de percer les défenses britanniques et elle doit replier durantOñoro, quelques petites maison grises – à sur la rive ouest de Dos
l’hiver 1810-1811, dans de misérables conditions. C’est une ar- Casas – et quelques rues qui coupent la crête. Le village, avec ses
mée française réduite de moitié par les pertes et la maladie qui petits murs de pierre, ses rues étroites et ses jardins clos, est une
rentre en Espagne, en laissant une troupe en garnison dans la position défensive idéale. Wellington l’a bien compris et il y ins-
forteresse portugaise d’Almeida. talle l’élite de son armée, les compagnies légères des 1 ère et 3ème
divisions, avec ses tireurs d’élite. La droite du village, où la pente
Wellington émerge des lignes pour se lancer à la poursuite des est moins prononcée et propice à une tentative de contournement
Français, bien qu’il soit à détacher les 2 et 4 divisions de sa française, est couverte par le chef de la guérilla espagnole, Julian
ème ème

force principale pour contrer l’armée du Sud de Soult. Le 7 avril, Sanchez, déployé à Nave de Haver, non loin du petit village de
Wellington met le siège devant Almeida, persuadé que la frontiè- Poão Velho.
re du Portugal doit être sécurisée avant de continuer sa marche
sur l’Espagne. Masséna ne peut accepter qu’Almeida tombe. Le 2 mai, les Français quittent Ciudad Rodrigo. Wellington en-
Avec une armée renforcée et reposée, Masséna quitte alors Ciu- voie la division légère et un soutien de cavalerie pour observer
dad Rodrigo avec 48,000 hommes, afin de sauver Almeida et les Français et ralentir leur avance par quelques escarmouches. A
restaurer sa réputation. Wellington commande approximative- la tombée de la nuit, les Français prennent les villages de Galla-
ment 25,000 Britanniques et 11,000 Portugais. Malgré cette infé- gos et Espeja, proches des lignes britanniques dont ils sont sépa-
riorité, Wellington a confiance en son armée et ses capacités, rés par quelques unités d’éclaireurs. Le matin du 3 mai, la divi-
sentiment appuyé par le fait qu’il possède plus de canons que sion légère se retire sur les positions britanniques de Fuentes de
l’ennemi. Il a installé son armée sur une crête autour de la ville Oñoro. La gauche de Wellington est tenue par la 5ème division
ème
frontalière de Fuentes de Oñoro, près à une attitude défensive qui d’Erkine, et sur la droite se trouve la 6 division de Campbell.
lui a souvent réussie par le passé. Les divisions de Nightingale, Picton, Houstan et la brigade portu-

27
gaise d’Ashworth ont pris position au-dessus de Fuentes de Oño- sur la gauche alliée. Il est clair que le maréchal a pour intention
ro, sur la droite Alliée, et la division légère de Craufurd est en de renverser la ligne alliée avec un violent assaut frontal. Pro-
réserve. Dans le village, environ 1,800 hommes des compagnies gressant sous un feu nourri, les bataillons de Ferey traversent la
légères, sous les ordres du lieutenant colonel Williams, soutenu Dos Casas et envahissent le village. L’ensemble des rues et des
le 83rd (Comté de Dublin) régiment of Foot. jardins sont alors la scène d’un corps-à-corps sauvage qui va du-
rer toute la journée, les Britanniques sont alors repoussés sur le
Le 3 mai, Masséna arrive sur le champ de bataille et découvre le haut du village. Wellington, bien conscient du danger, envoie
déploiement de Wellington. Il reconnait immédiatement la solidi- alors sur place trois bataillons frais de la 1ère division – le 71st,
té de la gauche alliée et il décide de concentrer ses forces devant 79th et24th. Le lieutenant colonel Cadogan, du 71st, charge les
Fuentes de Oñoro. Le IIème Corps de Reynier forme l’aile droite Français et les chasse de Fuentes de Oñoro, qui repasse dans les
de l’armée de Masséna, avec une brigade du VIIIème Corps au mains des Britanniques à la nuit tombée. Les Britanniques qui
centre et les VIème Corps de Loison et IXème de Drouet sur la gau- ont subi une forte pression, ont perdu 259 hommes, alors que les
che française. Tout est alors prêt pour livrer un combat qui pro- Français déplorent 650 pertes, dont environ 200 prisonniers.
met d’être disputé.
Le 4 mai voit le combat tourner en une série de petits accrocha-
La bataille ges, Britanniques et Français échangeant des tirs de mousquets le
Le 3 mai, vers midi, Masséna envoie dix bataillons de la division long du Dos Casas, non loin de Fuentes de Oñoro. Masséna utili-
Ferey, du VIème Corps, dans un assaut frontal sur Fuentes de se la journée pour reconnaitre les positions alliées, et découvre la
ème
Oñoro, pendant que le 2 Corps fait une attaque de diversion faiblesse du flanc droit de Wellington. Masséna décide alors que

‘’Il n’y eut pas durant toute la guerre de moment plus périlleux.’’
Major William Napier

PLEINES DE CONFIANCE, LES COLONNES FRANCAISES IGNORENT LES PERTES ET CONSRRVENT LE MOMENTUM

28
l’attaque se produira le lendemain, un assaut qui sera combinée hamshire Volunteers et le 2nd Portuguese Caçadores – vers le
avec une nouvelle poussée sur le village de Fuentes de Oñoro. reste de la division, poursuivi et harcelé par des dragons. Les
Wellington observe les préparatifs français et les contre en dépla-guérilleros espagnols sont également chassés de Nave de Haver.
çant la 7ème division – un peu de 4,500 Britanniques, Brunswic- Avec Poao Velho perdu, la forte pression sur Fuentes de Oñoro
kois et Portugais – sur les hauteurs situées au-dessus du Poao et la 7ème division risquant d’être isolée, la droite Alliée est mena-
Velho. L’infanterie se voit soutenue par un rideau de cavalerie, cée de destruction. Cependant Wellington identifie immédiate-
Poao Velho étant franchissable par les troupes montées. Dans ment le danger, fidèle à sa réputation, et envoie la Light Division
Fuentes de Oñoro, les compagnies légères sont mis en réserve en renfort accompagnée des 1ère et 3ème divisions de Spencer et
alors que le 74th Highlanders et 79th Cameron Highlanders se Picton pour former une nouvelle ligne défensive sur la droite
préparent à défendre le village. Une grande réputation les devan- Alliée, son extrémité gauche ancrée sur Fuentes de Oñoro. En
ce. Ils sont soutenus par le 24th Foot. même temps que la 7ème division recule derrière la 1ère division, le
reste de la cavalerie Britannique engage un furieux combat contre
Le 5 mai, au levé du jour, les Français débutent leur mouvement la cavalerie de Montbrun. La cavalerie de la Garde entre alors
de contournement. Les divisions de Marchand et Mermet, du dans la mêlée, mais plus tardivement que prévu car son chef,
VIème Corps et la division Solignac du VIIIème Corps sont dési- Bessières était introuvable ! La cavalerie britannique est alors
gnées pour mener l’assaut sur le flanc droit Britannique., suppor- violemment secouée et doit se replier derrière la 7ème division.
tée par une grande partie de la cavalerie de Masséna. Fuentes de Surexcités par leur succès, les cavaliers français chargent alors
Oñoro, qui reste un objectif, est la cible de trois éléments de l’infanterie de la 7ème division, mais ils sont repoussés.
ème
Druet et Ferry, alors que le 2 Corps doit effectuer une diver-
sion sur la gauche de Wellington. La réserve de dragons de Comme les deux camps cessent le combat pour reprendre leur
Montbrun se lance vers l’avant et entre en contact avec le 14th souffle, Craufurd manœuvre la Light Division de manière à rele-
Light Dragoons autour de Nave de Haver. Les deux escadrons du ver la 7ème, qui a souffert des attaques de la cavalerie française.
14th, malgré une farouche résistance, est submergée par le nom- La Light Division et la cavalerie britannique délivrent une vraie
bre et doit replier vers Poao Velho ; le même sort échoue au 1st démonstration, en délivrant de beaux combats couvrant la retrai-
Hussars du King German Legion, qui est repoussé par une impor- te. La manœuvre d’extraction voit la cavalerie anglaise garder
tante force de cavalerie vers le nord de ce village. son sang froid sous la pression française, permettant à l’infanterie
d’échapper au mieux au feu de l’artillerie à cheval française. Si
les dragons de Montbrun finissent par faire fuir une cavalerie
L’arrière-cour du Diable Britannique épuisée, c’est pour être repoussés par les salves des
‘’La ville affichait un spectacle traumatisant : nos Highlanders carrés de l’infanterie légère et des riflemen. Durant l’opération de
gisaient morts, entassés, tandis que les autres régiments, moins retraite, le capitaine Norman Ramsey, du Royal Horse Artillery,
reconnaissables par leurs uniformes, étaient décimés en raison voit deux de ses canons submergés par les Chasseurs de la Garde.
du nombre de leurs morts. Les grenadiers français, identifia- Mais Ramsey et ses hommes parviennent à se regrouper et, après
bles par leurs immenses chapeaux et leurs plumeaux criards, s’être mis à l’abri, avec l’aide du 14th Light Dragoons, ils cou-
étaient regroupés par groupes de dix à vingt, certains morts, pent leur retraite et gardent leur position. Les remarquables ef-
d’autres blessés, pouvant à peine bouger, leur état d’épuise- forts des troupes britanniques durant cette phase de la bataille
ment et le poids de leur équipement les empêchant de ramper entraine que la Light Division ne perd que 43 hommes. Après
hors du feu causé par les boulets pleins et la mitraille qui arro- être parvenu à se mettre en sécurité, elle prend place à la gauche
sait la ville. Les Highlanders avaient été repoussés vers l’égli- de la 1ère division.
se située dans le haut du village, et ils s’affrontaient avec les
grenadiers Français au milieu des stèles et des pierres tomba- Bien que Wellington ait réussi à rétablir la situation et consolidé
les.’’ sa droite en créant une nouvelle ligne, il est toujours sous la me-
Major William Grattan, 88th Connaught Rangers ‘’The Devil’s nace, dans cette zone, des divisions de Mermet, Marchant et Soli-
Own’’ gnac. Mais Masséna a compris que la position ne pouvait pas être
prise tant que le village de Fuentes de Oñoro était aux mains des
Anglais.

Convaincu qu’il a vu la cavalerie de Montbrun anéantir la cavale-


rie britannique, Masséna a lancé une attaque retardée sur Fuentes
de Oñoro. C’est la division Ferey qui, deux heures après le levée
du soleil, est arrivé sur le village. Son attaque connait tout d’a-
bord un succès fulgurant, faisant des ravages parmi les Highlan-
ders et anéantissant deux compagnies de Cameron, tuant leur
commandant. Les Highlanders sont chassés du village, mais la
Les divisions Marchand et Mermet se mettent en marche vers catastrophe est évitée grâce au 24th Foot, soutenu par les compa-
Poao Velho. Marchand attaque le village et repousse l’avant- gnies légères du 6th Caçadores, qui repousse les Français au-delà
garde de la 7ème division qui garde le village – le 85th Bucking- du Dos Casas. Drouet répond au repli des hommes de Ferey en

29
engageant la réserve, trois bataillons de ‘’grenadiers combinés’’ d’orientation, une centaine de grenadiers français trouvent la
tirés de son IXème Corps. Les observateurs britanniques, en mort, coincés au fond d’une impasse. Ayant perdus plus de la
voyant s’approcher ces grands soldats coiffés de bonnets d’ours, moitié de leurs effectifs, la plupart des unités françaises perdent
s’imaginent que les grenadiers de la Garde Impériale charge le courage et fuient au-delà du Dos Casas. Vers 14 heures, le com-
village, bien qu’ils ne soient pas présents dans l’armée de Massé- bat de Fuentes de Oñoro s’achève. Le bilan se présente comme
na. Les grenadiers d’élite remplissent leur mission sans problème un véritable carnage. Les Français ont perdu 1,300 hommes dans
et forcent les Britanniques à se replier sur le haut du village. Dé- les combats de rue, contre plus de 800 pour les Britanniques,
sireux de capitaliser son succès, Drouet implique des bataillons dont la moitié appartiennent aux régiments highlanders du 71st et
issus des divisions de Conroux et Claparède, espérant arriver à 79th.
percer les lignes de Wellington. Les défenseurs, déjà bien décou-
ragés, semblent ne pas pouvoir résister à l’arrivée de 8 nouveaux Au soir du 5 mai, les Français déplorent 2,192 pertes et les Alliés
bataillons. Cependant, la décision de Masséna de ne pas lancer 1,786.
une attaque synchronisée en attaquant la droite Alliée avec les
divisions de Mermet, Marchand et Solignac allait lui couter la Durant la nuit du 5 mai, l’armée Alliée s’enterre. Les deux jours
victoire. suivants, Masséna organise quelques démonstrations, mais fina-
lement, la nuit du 7 au 8 mai, à cours de munitions et persuadé
De nouveau, Wellington identifie le moment critique et répond que la position de Wellington est impossible à prendre, il ordon-
avec la brigade Mackinnnon, qui est envoyé engager à la baïon- ne la retraite vers Ciudad Rodrigo où il compte soigner ses bles-
nette les Français installés dans le village. Mackinnnon lance les sés.
74th et 88th en colonne d’attaque. Le 88th (Connaught Rangers)
engage le 4ème bataillon du 9ème léger dans les rues du village et il Bilan
s’en suit un violent corps-à-corps qui se termine par la victoire du Durant la nuit du 10 mai, la garnison d’Almeida, au grand éton-
88th. Le 74th Highlanders, renforcé par les derniers défenseurs nement de Wellington, force le blocus Allié pour rejoindre les
du village, tente de repousser les Français vers le bas du village. lignes françaises. La tentative de Masséna de garder une présence
En manque de munitions, les Français se lancent dans une atta- française au Portugal a échoué. De son côté, Napoléon avait déjà
que à la baïonnette quelque peu désespérée. Suite à une erreur

30
décidé de le remplacer par le maréchal Auguste Frédéric Louis
Viesse de Marmont et, le 12 mai, Marmont prend le commande- Wellington a jeté un regard autocritique sur son attitude quand il
ment de l’armée. La carrière militaire de Masséna se termine par s’est repenché sur le déroulement de la bataille. Il ne considérait
un échec. Se pensant débarrassé pour un long moment de l’Ar- pas cette bataille comme une victoire ; il était persuadé que s’il
mée Française du Portugal, Wellington dirige l’armée Alliée avait fait face à un meilleur général (peut-être Napoléon en per-
vers le sud, pour assiéger la forteresse de Badajoz. Il sous-estime sonne), l’armée Alliée aurait été battue. Il pensait aussi qu’il avait
cependant les talents de Marmont, qui arrive rapidement dans le pris trop de risques en poussant trop avant la ligne Alliée, mettant
sud de l’Espagne et le force à retraiter. en péril la 7ème division et la Light Division.


’Au cours d’une bataille, il n’y a pas un évènement qui me
désespère plus que la fuite de l’un seul de mes hommes.’’
Le duc de Welling-
ton

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ORDRE DE BATAILLE, BATAILLE DE FUENTES DE OÑORO, 3-5 MAI 1811

Commandant-en-chef
Armée Anglo-portugaise - Maréchal André Masséna, prince d’Essling, duc de Rivoli

Commandant-en-chef IIème Corps : Général Reynier


- Lieutenant-général Arthur, vicomte Wellington - 1ère division : Merle
- 2ème division : Heudelet
Division de cavalerie : Lieutenant-général sir Stappleton - Brigade de cavalerie : Soult
Cotton
- 1ère Brigade : Major Général Slade VIème Corps : Général Loison
- 2ème Brigade : Lieutenant Colonel von Arentschildt - 1ère division : Marchand
- Brigade portugaise : Brigadier Général de Barbacena - 2ème division : Mermet
- 3ème division : Ferey
Infanterie - Brigade de cavalerie : Lamotte
1ère division : Lieutenant-général sir Brent Spencer
- 1ère Brigade : Colonel Stopford VIIIème Corps : Junot
- 2ème Brigade : Major Général Miles Nightingall - 2ème division : Solignac
- 3ème Brigade : Major Général Howard
- 4ème Brigade : Major Général Sigismund, Baron von Löw IXème Corps : Comte Drouet d’Erlon
ème - 1ère division : Calparède
3 division : Major Général Thomas Picton - 2ème division : Conroux
- 1ère Brigade : Colonel Mackinnon - Brigade de cavalerie : Fournier
-2ème Brigade : Major Général Colville
- 3ème Brigade : Colonel Manley Power Réserve de cavalerie : Montbrun
5ème division : Major Général sir William Erskine Artillerie : Eblé
- 1ère Brigade : Brigadier Général Hay
- 2ème Brigade : Major Général Dunlop
- 3ème Brigade : Brigadier Général Spry Armée du Nord

6ème division : Major Général Alexander Campbell Officier au commandement : Maréchal Bessières, duc
- 1ère Brigade : Colonel Hulse d’Istrée
- 2ème Brigade : Colonel Robert Burne
- 3ème Brigade : Colonel Madden Cavalerie légère de la Garde Impériale : Lepic

7ème division : Major Général William Houston Brigade de cavalerie légère : Wathier
- 1ère Brigade : Major Général John Sontag
- 2ème Brigade : Brigadier Général John Doyle

Light Division : Brigadier Général Robert Craufurd


- 1ère Brigade : Lieutenant Colonel Sydney Beckwith
- 2ème Brigade : Colonel George Drummond CHARGEMENT D’UN
LANCE-ROQUETTE
Brigade portugaise indépendante : Colonel Ashworth BRITANNIQUE

Artillerie : Brigadier Général Howorth

Armée Française du Portugal

‘’Si Boney avait été présent,


j’aurai été vaincu’’.
Le duc de Wellington

32
La Bataille de Salamanque 1812
Background sieurs jours, les deux armées se suivent, les deux généraux s’ob-
Après le succès de Wellington à Fuentes de Oñoro, les Britanni- servant, attendant une occasion qui pourrait leur être favorable.
ques sont de nouveaux victorieux à Albuera le 16 mai 1811. Là, Marmont commet alors une erreur.
une armée composée de Britanniques, d’Espagnols et de Portu-
gais, commandés par William Carr Beresford bat le maréchal Le 21 juillet, les deux armées traversent la rivière Tormes. Mar-
Soult. Albuera est une bataille sanglante qui voit la plus grosse mont ne cherche pas un engagement total, mais le roi Joseph Bo-
colonne d’attaque montée par les Français de toute la guerre. Les naparte le pousse à se battre. Wellington, d’autre part, n’a pas
derniers mois de l’année 1811 voit Wellington manœuvrer avec envie de risquer son armée dans une bataille, à moins que les
succès pour éviter d’être coincé par une force française numéri- circonstances ne soient très favorables. Le matin du jour suivant,
quement supérieure. Marmont découvre une petite force britannique marchant sur une
crête à l’ouest de ses positions, et aperçoit au loin un gros nuage
Début 1812, Wellington exécutent quelques mouvements qui se de poussière qu’il pense signaler, à tort, l’arrière-garde britanni-
révèlent décisifs. Ciudad Rodrigo est capturé le 19 janvier et Ba- que. Marmont voit là une occasion d’attaquer. Il ordonne donc à
dajoz le 6 avril – après un sanglant assaut, suivi un pillage des son armée de virer vers le sud pour l’ouest pour tourner le flanc
troupes Britanniques. Les succès Britanniques sont grandement droit britannique.
facilités par l’attitude française, avec des forces supérieures en
nombre mais harcelées et dispersées dans d’autres régions de Marmont a imaginé une situation apte à satisfaire ses plans. Il
l’Espagne. Wellington marche vers l’est et entre dans la province cherche à déborder puis engager les Britanniques, et par là-
de Salamanque. L’armée du Portugal de Marmont est la seule même, satisfaire l’impatience de Joseph Bonaparte. Mais ses
force en mesure de l’intercepter. Avec son armée renforcée et suppositions le conduisent à commettre une erreur désastreuse.
plus imposante que celle de Wellington, Marmont stoppe sa mar-
che et fait demi-tour pour poursuivre Wellington. Durant plu- Wellington a déployé la plupart de ses divisions cachées derrière

L’Angleterre n’a pas connu pareille victoire depuis la journée de Blenheim; et nous
avons une nouvelle preuve que notre renommée ancestrale ne périra pas.’’
Le Times, 15 aout 1812

LES ARTILLEURS DU ROYAL HORSE ARTILLERY SERVENT LEURS CANONS

33
une crête et la poussière vue par Marmont était causée unique- Les divisions françaises, qui pensaient effectuer un mouvement
ment par le train de bagages de Wellington qui retraitait vers Ciu- de flanc sur ce qu’ils pensaient être l’arrière-garde de Wellington,
dad Rodrigo. se retrouvent à marcher parallèlement à une force dissimulée.

Marmont déploie son armée sur une crête en forme de L dont le Vers 14 heures, les formations françaises, qui se déplacent le
plus haut sommet est connu sous le nom de Grand Arapile. L’ar- long de la crête, composent un ensemble extrêmement distendu
mée de Wellington est cachée derrière un plateau de forme simi- et étendu. Wellington, qui déjeune une cuisse de poulet sur la
laire et situé en face. Les deux crêtes sont séparées par une val- crête au-dessus de Los Arapiles, suit avec attention les manœu-
lée. vres françaises. Il identifie immédiatement le manque de pruden-
ce de Marmont, ferme sa lunette, et s’exclame ‘’Pardieu, ça va le
Les divisions de Foy et de Ferey sont déployées sur le bras le faire !’’ Il chevauche alors deux kilomètres pour rejoindre la 3ème
plus étroit de la crête françoise, en face de la seule position bri- division de Parkenham situé à l’extrême droite de ses positions et
tannique visible, alors que les divisions de Sarrut, Bonnet et lui ordonne d’attaquer la tête de la force de flanc française, avec
Boyer sont installées près du Grand Arapile. Les divisions de la cavalerie portugaise D’Urban en soutien. Wellington rejoint
Thomières, Clausel, Maucune et Brenier sont désignées pour ensuite rapidement son centre et charge les 4ème et 5ème divisions
marcher sur le côté long du ‘’L’’, afin d’opérer une manœuvre de de Cole et Leith d’attaquer par surprise les Français déployés sur
flanc. Jean-Baptiste Thomières débute sa marche en premier, la crête. Cette attaque doit être soutenue par les 6ème et 7ème divi-
soutenu par la cavalerie légère de la brigade Jean Curto. Alors sions, soutenues par les brigades portugaises de Pack et Bradford.
que se déroule cette tentative de contournement de flanc, Mar-
mont tombe sur la 7ème division près de la chapelle de Nuestra
Señora de la Peña.

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L’éloge de l’ennemi ral Clausel tente de stabiliser la situation. Il envoie la division
Sarrut renforcer son flanc gauche épuisé et voit une opportunité
Le général de division Maximilien Foy écrivait dans son journal de lancer une contre-attaque sur le flanc de la division Cole. Pour
peu après la bataille : cela, il engage sa propre division ainsi que la division Bonnet,
soutenus par les dragons de Boyer. L’attaque tombe sur le flanc
‘’Cette bataille est la plus dure, la plus massive, et la plus im- de 4ème division, faisant un grand massacre des survivants de Co-
portante dans ses conséquences, de toutes celles que les Anglais le. Clausel pousse plus loin et contacte la 6ème division, mais le
ont gagné dernièrement. maréchal Beresford a anticipé le danger et détaché la brigade
portugaise de Spry pour retarder les Français, dont le destin est
Elle hisse la réputation de lord Welling- scellé quand Wellington envoie les 1ère et 7ème divisions.
ton au niveau de celle de Marlborough.
Jusqu’alors, nous avions vu sa prudence, Après des combats acharnés, les Français finissent par céder et
la précision de son œil pour apprécier la entament un mouvement de retraite. Alors que les Français quit-
bonne position, et l’habileté avec laquelle tent le champ de bataille, le général Ferey se voit charger de pro-
il les a utilisées. Mais à Salamanque, il téger la retraite. Il déploie ses troupes en trois lignes profondes,
s’est montré un maitre dans l’art de la avec un carré ancré sur chaque flanc. Comme la division Clinton
manœuvre. Il a gardé ses intentions ca- est repoussée, Wellington autorise un bombardement d’artillerie
chées presque toute la journée ; il nous a avant de lancer un deuxième assaut qui a raison des troupes fran-
permis de développer nos mouvements çaises et qui compte la vie à Ferey.
avant de déclencher les siens. Il jouait un
jeu serré et a utilisé l’ordre oblique dans A la tombée de la nuit, l’Armée Française du Portugal est en dé-
le style de Frédéric le Grand.’’ route. Wellington pense qu’il a ici une chance de la détruire tota-
lement car sa ligne de retraite est bloqué près de Alba de Tormes
par l’armée espagnole de D’España. Mais Wellington ignore que
les Espagnols ont replié, laissant les Français libres de retraiter
sans plus de dommages.

La bataille Bilan
Comme la 3ème division britannique avance, Marmont comprend Les Français ont perdu 7,000 hommes, et autant ont été capturés,
immédiatement le danger mais il est blessé par un obus britanni- leur armée est également complètement désorganisée. Deux gé-
que qui explose près de lui. La situation s’aggrave quand le géné- néraux de division sont morts alors que Marmont, Bonnet et un
ral Bonnet, le second de Marmont, est également blessé. L’armée autre général divisionnaire sont blessés. Les pertes alliées s’élè-
française se retrouve momentanément sans tête, et des minutes vent à moins de 5,000 hommes, et trois généraux divisionnaires
vitales s’écoulent avant que le commandement retrouve une ont été blessés. Cette bataille est une défaite cuisante pour les
structure. La 1ère brigade de la 3ème division, sous les ordres du Français et l’une des plus belles victoires Wellington. A Sala-
lieutenant-colonel Wallace, et la cavalerie légère portugaise, manque, Wellington a prouvé qu’il n’est pas seulement un maître
contactent la tête des colonnes de Thomières et, après un bref dans l’art de la défense, il a identifié une erreur tactique ennemi
engagement, les Français sont repoussés après avoir perdu leur et mis en place un impressionnant plan d’attaque ‘’qui a détruit
chef. Dans le même temps, plus loin, Maucune, qui a vu le désas- 40,000 hommes en 40 minutes’’.
tre causé par la cavalerie ennemie ordonne à ses unités de former
de formidables carrés. Mais ce qui aurait pu repousser une charge Alors que l’Armée Française du Portugal panse ses plaies, Wel-
de cavalerie se retrouve engagé par 5ème division d’infanterie de lington pousse vers Madrid, et entre dans la capitale espagnole le
Leith, et les carrés s’écroulent sous l’attaque des fantassins. Le 6 aout. Sa campagne de 1812 finit cependant par une déception,
pire est cependant à venir. La division de Maucune, déjà bien quand le siège de Burgos échoue en raison d’un manque d’artille-
secouée, est alors chargée et massacrée par la cavalerie lourde du rie lourde, la seule capable de faire tomber les murs. La capitale
général John Le Marchand. Le Marchand continue alors son ef- doit être abandonnée aux Français alors que les Alliés retraitent
fort et attaque la force de Brenier. Le premier assaut de la cavale- vers la frontière portugaise pour les quartiers d’hiver.
rie est un succès mais s’achève quand son commandant est tué.
Cependant, la bataille a généré des effets à long terme. Tout d’a-
En peu de temps, trois divisions françaises ont été laminées. bord, le gouvernement britannique est désormais convaincu que
Alors que le reste des forces françaises se réorganise, une attaque la guerre de la Péninsule mérite plus de soutien et décide d’en-
de la 4ème division de Lowry Cole et des Portugais de Pack sur- voyer plus de renforts à Wellington. Ensuite, cette défaite écra-
vient près du Grand Arapile. En ce point, le Français ont déployé sante a entamé grandement la confiance des Français, à un tel
40 canons près à tirer, et qui repoussent les assauts de Cole et point qu’il craigne désormais la qualité combative des troupes
Pack. Britanniques.
Après avoir pris le commandement des forces françaises, le géné- Encart : une aide pleine d’élégance

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ORDRE DE BATAILLE, BATAILLE DE SALAMANQUE, 22 JUILLET 1812

Armée Britannique Armée Française


Commandement-en-chef : Lieutenant Général Arthur Commandant-en-chef : Maréchal Marmont, duc de Raguse
Wellesley, vicomte de Wellington
Division de cavalerie légère : Curto
Commandement de cavalerie : Lieutenant Général sir
Stapleton Cotton Division de cavalerie lourde : Boyer
- 1ère brigade : Major Général Gaspard Le Marchant
- 2ème brigade : Major Général George Anson 1ère division d’infanterie : Foy
- 3ème brigade : Major Général Victor von Alten
- Brigade portugaise : Brigadier Général D’Urban 2ème division d’infanterie : Clausel
ème
1ère division d’infanterie : Major Général Henry Campbell 3 division d’infanterie : Ferey
- 1ère brigade : Colonel Fermor
- 2ème brigade : Major Général Wheatley 4ème division d’infanterie : Sarrut
- 3ème brigade : Major Général Baron Low
5ème division d’infanterie : Maucune
3ème division d’infanterie : Major Général Packenham 6ème division d’infanterie : Brennier
- 1ère brigade : Lieutenant Général Alexander Wallace
- 2ème brigade : Lieutenant Général James Campbell 7ème division d’infanterie : Thomiè-
- Brigade portugaise : Lieutenant Colonel Manly Power res

4ème division d’infanterie : Major Général Lowry Cole 8ème division d’infanterie : Bonnet
- 1ère brigade : Major Général William Anson
- 2ème brigade : Lieutenant Colonel Ellis 44,900 hommes
- Brigade portugaise : Colonel John Stubbs

5ème division d’infanterie : Major Général Leith


- 1ère brigade : Lieutenant Colonel Greville Une aide pleine d’élégance
- 2ème brigade : Major Général Pringle
- Brigade portugaise : Brigadier Général Spry
Durant l’attaque de la 5ème division d’infanterie de Leith sur
la division Maucune…
6ème division d’infanterie : Major Général Clinton
- 1ère brigade : Major Général Hulse ‘’… un groupe mixte composé de tuniques rouges du 44th
- 2ème brigade : Colonel Hinde (East Essex) et 30th (East Lancashire) surprit un petit grou-
- Brigade portugaise : Brigadier Général Rezende pe de soldats français. Le lieutenant Pearce, du 44th, remar-
7ème
qua alors un officier ôtant l’aigle du 62ème de Ligne de sa
division d’infanterie : Major Général Hope hampe pour le cacher sous son manteau. Pearce attaqua
- 1ère brigade : Colonel Colin Halkett alors l’officier, qui combattit en retour, alors qu’un autre
- 2ème brigade : Major Général von Bernwitz soldat français attaquait à la baïonnette le lieutenant Pearce
- Brigade portugaise : Colonel Collins mais était rapidement abattu par le soldat Murray.

Light Division : Lieutenant Général Charles, Baron von Alten Le lieutenant Pearce maitrisa son adversaire et s’empara de
- 1ère brigade : Lieutenant Colonel Barnard l’aigle ; plus tard, il distribua 20 dollars à ses soldats pour
- 2ème brigade : Major Général Vandeleur les remercier de leur aide pleine d’élégance.

Brigades indépendantes
- 1ère brigade : Brigadier Général Pack
- 2ème Brigade : Brigadier Général Bradford

Division espagnole : Major Général de España

47,000 hommes

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