Vous êtes sur la page 1sur 3

Dossier EPI

p. 76-81

Frissonner dans les


Thématiques
• Culture et création artistiques
• Information, communication,

romans et au cinéma
citoyenneté

Disciplines croisées
• Français : établir des relations
entre les textes littéraires et leurs
adaptations cinématographiques
• Arts plastiques : la narration visuelle :
images, réalité et fiction
• Éducation musicale : recherche  Quels procédés communs les écrivains et cinéastes
d’associations originales entre mettent-ils en œuvre pour créer une atmosphère troublante ?
musique et image animée

Projet
Organiser une exposition virtuelle

Présentation de l’EPI
Le vampire, une créature
Ce dossier EPI s’inscrit dans la continuité de la légendaire p. 76-77
thématique de 4e : « La fiction pour interroger le réel ».
Il invite les élèves à appréhender le genre fantastique Doc 1
dans sa diversité, à travers des extraits de romans, 1. Les deux descriptions mettent l’accent sur des éléments
ainsi que des films. Il permettra donc un travail en similaires : d’abord la pâleur du visage qui suggère que
collaboration avec les professeurs d’art plastique et l’homme ne voit guère la lumière du soleil et qui connote
d’éducation musicale (pour l’analyse des bandes-son). la mort (« le visage couleur de cire » dans l’extrait 1 et « les
Le projet final (réaliser une exposition virtuelle) vise oreilles étaient pâles » ou encore « une pâleur étonnante »
lui à une production numérique, dont les étapes sont dans l’extrait 2) ; puis la bouche et la dentition, éléments
explicitées à la dernière page du dossier. caractéristiques du vampire. La rougeur des lèvres (« les
lèvres rouges », « des lèvres dont le rouge vif »), signe d’une
Bibliographie « vitalité extraordinaire », rappelle évidemment la couleur
• Tzvetan Todorov, Introduction à la littérature fantastique, du sang et contraste avec la « blancheur » des dents dont
Seuil, 1970. l’aspect menaçant est souligné par leur forme acérée (« poin-
• Autres films de Tim Burton : L’Étrange Noël de Mr Jack tues », « particulièrement pointues »). Par ailleurs, l’homme
(1994), Sleepy Hollow (2000), Big Fish (2003)… apparaît âgé (« un homme de cet âge »), et sa maigreur et
• Films de Guillermo del Toro : Le Labyrinthe de Pan (2006), ses vêtements sombres le rendent inquiétants.
Histoires extraordinaires (2013), Crimson Peak (2015)… 2. La première sensation sur laquelle insistent Mrs Hacker
et le narrateur est la vue (« je regardais », extrait 1, « ce que
Sites à consulter j’en voyais », extrait 2). Le comte a le don de faire des appa-
• http://upopi.ciclic.fr/apprendre/l-histoire-des-images/ ritions marquantes et son apparence étrange ne fait que
histoire-du-cinema-fantastique renforcer l’impression qu’il fait sur ses hôtes. Mrs Hacker a
• http://www.cineclubdecaen.com/analyse/ une impression de déjà-vu en apercevant le comte. On peut
fantastiquefilms.htm donc penser que ce n’est pas la première visite clandestine
• http://blog.ac-versailles.fr/harrypotter/index.php/ que le comte rend à Mrs Hacker sans l’en avertir. Dans tous
les cas, cela apporte une incertitude proche du fantastique
sur l’apparition du comte et ses intentions. Quant au narra-
teur, son « cœur se soul[ève] » lorsque le comte s’approche
© Éditions Belin, 2016

de lui. L’odorat joue donc un rôle primordial. Cette odeur


nauséabonde peut faire penser à celle d’un corps en décom-
position, et par extension à la mort.

Frissonner dans les romans et au cinéma 47


3. L’aspect fantomatique du comte, son âge avancé, l’odeur 8. Le comique ici naît de la situation incongrue qui détourne
pestilentielle qui se dégage de lui, ses dents acérées et l’ex- la scène d’apparition du comte auprès de Mrs Harker. La
trême pâleur de son visage sont autant de signes qu’il est jeune femme est en effet surprise dans un bain moussant.
un mort-vivant. Quant à l’éponge au premier plan, elle accentue le côté
4. Pour l’extrait 1, on peut imaginer un plan moyen fixe grotesque de la scène.
qui permettrait de rendre compte de l’affolement de la 9. On pourra commencer le débat en groupes en prépa-
jeune femme réveillée en sursaut dans son lit et qui dissi- rant quelques arguments pour justifier le point de vue. Les
mulerait dans un premier temps au spectateur le reste de arguments peuvent s’appuyer sur les impressions de lecture
la chambre. Puis, pour coller au regard de la jeune femme, ou de spectateur, mais aussi sur des éléments techniques
un plan séquence semi-circulaire permettrait d’embrasser (procédés littéraires ou cinématographiques) qu’on veillera à
du regard la chambre. Ce plan s’achèverait sur l’appari- relier avec les effets produits (par exemple, l’utilisation de la
tion surprenante du comte dont on rendrait compte avec couleur dans le film de Terence Fisher renforce l’impression
un plan moyen pour témoigner de sa silhouette haute et terrifiante, notamment grâce aux yeux injectés de sang du
maigre. Enfin, on peut imaginer un gros plan sur le visage comte Dracula).
du comte, voire des très gros plans successifs pour mettre
en avant le potentiel angoissant des lèvres et des dents, et
enfin du regard mystérieux et pénétrant. Pour l’extrait 2, un
gros plan sur le visage permettra de détailler les éléments
caractéristiques du comte et du mort-vivant, avec un léger
Créatures artificielles p. 78-79

mouvement de bas en haut. Puis il faudrait passer à un plan Docs 3 à 6


d’ensemble qui embrasserait les deux personnages pour voir
les mouvements simultanés du comte qui s’avance et du 1. Dans les deux films, le savant est représenté dans son
personnage qui recule. Enfin, on pourra finir sur un gros atelier. Whale offre une vision très mécaniste du lieu, avec
plan sur le visage du narrateur afin de souligner son dégoût. beaucoup d’appareils mécaniques. L’objet que le savant
et son aide sont en train de manipuler est aussi doté d’un
Doc 1 et 2 regard. C’est de toute évidence un clin d’œil à l’image d’un
robot. L’ambiance créée par Brannagh est toute autre : le
5. Dans les différents photogrammes, on retrouve plusieurs costume, l’éclairage à la bougie, la présence importante
éléments inspirés des extraits du récit, comme par exemple d’objets en bois, l’attitude même du savant donnent une
l’habit noir du comte, mais aussi son teint particulière- vision romantique de la scène. Les bocaux du premier plan
ment pâle accentué dans les trois cas par un maquillage renvoient au monde animal. Aux regards inquiets du film de
prononcé. Les dents pointues sont également visibles sur les Whale répond le calme du Frankenstein de Brannagh perdu
captures 2, 3 et 4. Quant aux lèvres rouges, elles sont surtout dans des formules inscrites dans de grands livres. Les créa-
mises en valeur par le Dracula incarné par Christopher Lee tures correspondent à ces deux styles : dans le film de Whale,
(photo 3). Enfin, les documents insistent sur le regard fasci- Boris Karloff est un géant raide avec un regard inquiétant,
nant (photo 2) ou révulsé (photo 3) du comte. On remarque les yeux enfoncés dans de profondes orbites ; dans le film
en revanche qu’aucune des incarnations du comte ne porte de Branagh, Robert de Niro semble inquiet, son corps est
de moustache, contrairement à ce qui est écrit dans le récit. couvert de cicatrices, ce qui lui donne un aspect humain.
6. La représentation la plus surprenante est peut-être celle 2. Dans la description que fait Mary Shelley du monstre, on
du film de Murnau. Le personnage de Nosferatu (adaptation peut relever les expressions suivantes :
« pirate » du Dracula de Bram Stoker) par son apparence « ses cheveux étaient d’un noir jais, sa chevelure abon-
particulièrement excentrique, son absence de chevelure, son dante », « les orbites sombres », « ses yeux aqueux », « son
maquillage outré et terrifiant, ses oreilles disproportionnées teint hâlé », « ses lèvres droites et noires »… On constate que
semblables à celles d’une chauve-souris, ses doigts pareils à la créature de Branagh est très éloignée du texte, tandis que
des griffes, prend quelques libertés avec son modèle litté- celle de Whale lui est assez fidèle.
raire. 3. et 4. Edward aux mains d’argent est un humain mutant.
7. La photo 1 est un plan moyen tandis que les photos 2 Seuls les ciseaux à la place des mains le distinguent d’un
et 4 sont des plans serrés. La photo 3 est un gros plan sur le être humain normal. Sa posture, la délicatesse avec laquelle
visage de Dracula. Si dans les quatre documents, les effets il étreint la jeune fille, son regard triste et mélancolique
d’ombre et de clair-obscur jouent un rôle prépondérant, les le situent à l’opposé de la créature de Frankenstein et le
deux derniers, par l’utilisation du technicolor, font ressortir rendent plus humains que cette dernière.
un rouge flamboyant (cape et lèvres) caractéristiques des 5. Le rythme est beaucoup plus rapide chez Kenneth
films d’horreur des années 50 et 60 produits par la société
© Éditions Belin, 2016

Branagh, avec une succession de plans serrés qui interdisent


anglaise de La Hammer (Terence Fisher). Roman Polanski, au spectateur de s’échapper. Pas de dialogue ni de commen-
par l’utilisation de ce procédé rend un hommage appuyé à taire, une musique symphonique avec un grand chœur, des
ces productions. percussions et des violons, en accord avec la violence de

48
l’orage, symbole de l’arrivée puis des méfaits de la créa- formes, un éclairage très contrasté avec une forte opposition
ture. Les seuls plans larges sont des accélérés sur le ciel entre ombre et lumière. On peut donc considérer que Robert
d’orage. Dans la bande annonce du film de Whale, une voix Wiene s’inspire lui aussi de la peinture expressionniste pour
off annonce le spectacle auquel nous allons assister comme réaliser ses décors.
dans les foires où les bonimenteurs attiraient le chaland. De 3. Une musique plutôt angoissante, voir atonale, pourrait
gros titres rappellent ceux utilisés dans les actualités ciné- accompagner cette scène du film. Le personnage seul au
matographiques de l’époque. Les plans d’ensemble alternent centre de ce décor irréaliste semble en effet errer, perdu.
avec des plans plus serrés. Ces différences de choix font que Ce décor est par ailleurs tellement irréel qu’il en évoque
le spectateur peut être captivé par la bande annonce de un univers de cauchemar, ce que la bande son pourrait très
Branagh : beaucoup d’éléments du film sont donnés, mais en bien rendre par des instruments graves ou des percussions.
même temps, le mystère sur l’intrigue demeure. Chez Whale, 4. L’affiche produit une effet angoissant, étouffant. Le
le spectateur est tenu à une certaine distance. regard est enfermé dans la vision de la scène, sans pouvoir
y échapper. Les formes obliques renforcent une impression
d’instabilité et de mouvement, la position des figures est
ambigüe : le spectre qui plane au dessus du personnage
Zoom sur le cinéma l’accompagne-t-il ou est-ce une forme menaçante ? Les
couleurs vives et contrastées (noir, blanc, rouge) renforcent
expressionniste p. 80 cette impression d’étouffement.

Docs 7 et 8
1. Le cinéma expressionniste nait à une époque où l’Alle-
magne est affaiblie par sa défaite lors de la Première Guerre
mondiale. En 1919, il règne dans le pays une atmosphère de projet  
Réaliser une
malaise. Les films traitent souvent de sujets liés à la folie et
au dérèglement. Faute de moyens, les décors seront réalisés exposition virtuelle p. 81
avec des matériaux pauvres. De ce fait, les cinéastes optent
pour un parti pris abstrait qui exacerbent les formes angu-
L’objectif de ce projet est de réutiliser les informations qui
leuses, géométriques, les éléments sont dessinés de façon
auront été vues dans le dossier documentaire, et de les
synthétiques (plancher, fenêtre,...) sans souci de réalisme,
réinvestir à travers une production numérique développée.
comme ici dans le film de Robert Wiene.
Le projet vise donc à faire travailler, en interdisciplinarité,
2. Le terme « expressionnisme » est utilisé dans les arts
les compétences digitales des élèves. On pourra au préa-
depuis le début du xxe siècle. Mouvement artistique d’Eu-
lable faire lire l’un des romans présentés dans le dossier et/
rope du nord, il s’inscrit en opposition au mouvement ou visionner l’un des films. Pour plus d’informations sur la
impressionniste essentiellement français. L’impression- mise en œuvre de l’exposition virtuelle sur Prezi, on pourra
nisme observe l’effet de la lumière et des conditions sur la consulter des tutoriels en ligne :
vision des choses, tandis que l’expressionnisme s’attache • https://www.youtube.com/watch?v=Xtc4mktvaoY
à transcrire ce que ressent l’artiste, ses états d’âme. Dans • https://prezi.com/p6nll-axxuyf/tutoriel-prezi-en-
ce début de siècle inquiet, la peinture traduira ce malaise francais/
par des formes agressives souvent géométrisées et des La durée de chaque étape sera modulable en fonction du
couleurs vives voire criardes (voir le tableau de Jakob Stein- temps dont on dispose, et de l’ampleur donnée au projet.
hardt, doc 7). Lorsqu’après la guerre, les cinéastes allemands Il conviendra toutefois d’accorder une large place aux
reprennent leur création, ils se tourneront vers ces modes recherches préliminaires, ainsi qu’à la présentation de l’ex-
d’expression, géométrisation des décors qui ne se veulent position elle-même.
plus naturalistes mais symboliques, par l’exagération des
© Éditions Belin, 2016

Frissonner dans les romans et au cinéma 49

Vous aimerez peut-être aussi