Le dialogisme
La multitude de voix que rencontre chaque discours rend quasi impossible l’originalité d’une parole : « le
discours rencontre le discours d’autrui sur tous les chemins qui mènent vers son objet, et il ne peut pas ne
pas entrer avec lui en interaction vive et intense. Seul l’Adam mythique, abordant avec le premier discours
un monde vierge et encore non dit, le solitaire Adam, pouvait vraiment éviter absolument cette réorientation
mutuelle par rapport au discours d’autrui, qui se produit sur le chemin de l’objet »1 si l’on s’appuie sur
cette citation de Bakhtine, il n’y aurait eu que Adam (le père de l’humanité) qui a été capable de réaliser un
discours à voix unique sans s‘encombrer d’une autre voix ou d’un autre discours, en d’autre termes il s’agit
du discours originel. À partir de ce moment, tout les discours qui ont été produit sont de manière consciente
ou inconsciente infiltrés par d’autre, en convoquant différentes instances énonciatives, et en construisant ce
qu’on appelle en analyse du discours « la mémoire interdiscursive ».
La polyphonie
Cette notion renvoie au fait que les textes véhiculent dans la plupart des cas, beaucoup de points de vue ;
l’auteur peut faire parler plusieurs voix à travers son texte. Le terme polyphonie s’est fait connaitre grâce
aux travaux de Mikhaïl Bakhtine dans les années 1920, qui lui donna dans son livre sur Dostoïevski une
nouvelle portée de sens, mais il est important de signaler qu’il réserve le terme de polyphonie à certaines
utilisation littéraires du dialogisme, dans lequel l’énoncé fait entendre plusieurs voix non hiérarchisées, ce
qui en fait d’elle un sous-genre de dialogisme. Sur le plan analytique elle surtout appliquée sur le
romanesque étant une sorte d’hybridation, la polyphonie est définie par Bakhtine comme suit « un système
de fusion des langages littérairement organisé. »2 Dans les années 1980, Ducrot faisait appel à cette
conception bakhtinienne de l’énonciation en remettant en cause « l’unicité du sujet parlant » à travers les
traces « des langages » dans l’énoncé décelées par les mots et expressions qui permettent la subjectivation
tels que les adjectifs subjectifs, les modalités3, etc. Dans le domaine de la polyphonie le discours
journalistique se rapporte aux citations au discours direct ou indirect, sans oublier qu’il doit sa crédibilité au
rapport de certitude à des discours tiers. Sophie Moirand généralise ce constat dans ses propres termes : « Le
texte journalistique devient alors une mosaïque de voix, constituée d’une pluralité de fils intertextuels, et le
fil horizontal du discours apparaît, dans sa matérialité même, fracturé par des marques de cette
hétérogénéité […]. »4
1
Bakhtine, in Todorov (1981), 98.
2
Mikhail Bakhtine, (1978), Esthétique et théorie du roman, Paris Gallimard, P 178.
3
Voir le chapitre « À la recherche de la subjectivité »
4
Moirand, Sophie, (2007), Le Discours de la presse quotidienne : observer, analyser, comprendre. Paris :
Presses universitaires de Paris, P 85.
Pratique de la langue
La Référenciation
La référenciation désigne dans une unité d'information des marques verbales ou de toute autre nature
(ponctuation, hyperlien, etc.) qui renvoient le lecteur à une unité d'information qui lui est lié. Cette
référenciation indique donc la présence d'une unité d'information liée, le lieu ou elle se situe, et
éventuellement invite le lecteur à s'y reporter.
A développer (Le discours direct/indirect/indirecte libre)
Le discours direct :
Cette forme du discours où l’on rapporte des propos d’une tierce personne est souvent appelée style,
en raison du choix effectué par « le narrateur » lors de son récit. Il s’agit, en effet, de « répéter » les
paroles de quelqu’un telles qu’elles étaient produites, et dans ce souci, tout devrait être respecté à la
lettre ; la personne, en respectant la paire « je/tu ou nous/vous », les lieux, ainsi que le temps.
Ex : Elle estime que « hier, c’étaient surtout mes intérêts dans cette entreprise qui étaient ciblés ».
Le passage est marqué typographiquement par les guillemets, ainsi que l’utilisation du verbe
introducteur « estime », ce dernier étant aussi un verbe d’opinion. Dans ce cas le discours direct à une
visée argumentative, il peut servir à consolider un point de vue déjà établi.
Le discours indirect :
Il s’agit aussi d’une répétition des propos d’une tierce personne, mais sans qu’ils soient reproduits, ces
propos sont souvent introduits par un subordonnant « que », cette forme de discours ou style met en
vedette le narrateur, il devient le centre de son récit, il s’agit en fait d’une tentative de monophonie dans
le discours tout en respectant les propos rapportés.
Comme son nom l’indique, il s’agit d’une adaptation libre des propos d’une personne afin de servir
l’argumentaire du narrateur, cette adaptation peut s’effectuer sur le texte lui-même, ou alors sur sa
périphérie sous forme typographique par exemple.