HOCINE
FACULTE MEDECINE ANNABA
Objectifs
- Connaitre les différentes options thérapeutiques en schizophrénie
- Connaître les recommandations de conduite thérapeutique
PLAN
Principes du traitement
Indications d’hospitalisation
Traitement pharmacologique
o Neuroleptiques et antipsychotiques
o Autres psychotropes
Autres traitements biologiques
Mesures psychothérapiques et médico-sociales
I.Principes du traitement
D’autre part, en plus du mode évolutif vers le déficit (quelque soit son
intensité et son évolutivité), le suicide est l’un des éléments pronostiques au
cours de la schizophrénie. 10% des schizophrènes meurent par suicide
(Meltzer, 2002).
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La qualité de vie, les possibilités d’adaptation, le potentiel de
dangerosité et les déficits cumulés, justifient un traitement personnalisé et
no pas une prescription standardisée. Les antipsychotiques constituent le
traitement de l’accès aigu et permettent de prévenir les rechutes. Ils doivent
être maintenus au long cours.
II.Indications d’hospitalisation
1. Dans quels cas hospitaliser ?
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La durée doit être rationnalisée (en fiction des symptômes et de
l’histoire de la pathologie). Penser toujours que l’hôpital est un milieu
artificiel. Ni sortie prématurée avec risque de rupture thérapeutique, ni de
prolongation excessive qui pourrait limiter l’insertion sociale en extra
institutionnel.
III.Pharmacothérapie
III.1 Antipsychotique:
Les antipsychotiques permettent à la fois le traitement de la phase
aiguë et la prévention des rechutes. Ils doivent être poursuivis à long terme
en fonction des données cliniques.
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Endocriniens et métaboliques (hyperprolactinémie, prise de poids,
diabète, hyponatrémie de dilution)
Sexuels (impuissance, frigidité)
Cardiaques (allongement du QT, risque de mort subite)
Divers (leucopénie, granulocytose, tératogénicité,
photosensibilisation, rétention biliaire, cytolyse hépatique, dépôt
cornéen)
b/Clinique
Examen clinique et paraclinique (avant et pour surveiller)
Examen clinique préalable : examen neurologique (signes neurologiques
mineurs)
Biologie préalable: NFS, créatinine, bilan hépatique, glycémie, ionogramme
sanguin, triglycérides et cholestérol
ECG, EEG (en cas d’ATCD de comitialité) avant le traitement et ECG sous
traitement
Surveillance clinique : température, tension artérielle, transit intestinal,
mouvements anormaux, poids et BMI
• Observance médicamenteuse:
Elle dépend de la conscience des troubles et des bénéfices procurés par le
traitement. Elle est à surveiller. Elle n'est pas seulement due aux effets
secondaires (pas plus fréquents chez les patients qui interrompent leur
traitement que chez les autres (Ayuso-Gutierrez et del Rio Vega, 1997). La
première cause de rechute:
la mauvaise observance. 73% des patients s’aggravant ne prennent pas
correctement leur traitement (Ayuso-Gutierrez et coll., 1997).
1/ Anticholinergiques
(conférence de consensus de 1994) si la réduction de la posologie des
neuroleptiques n’a pas fait disparaître les symptômes
Inefficaces dans l’akathisie (qui répond mieux aux benzodiazépines ou aux
bêta-bloquants). Contre-indiqués dans les dyskinésies tardives qu’ils
peuvent aggraver.
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2/ Antidépresseurs ils sont controversés. Contre-indiqués dans la phase
aiguë, même en présence de symptômes d’allure dépressive. Ils sont
indiqués lorsqu’il existe une symptomatologie dépressive en dehors de la
phase aiguë (dépression post-psychotique), en association avec un
neuroleptique. Cette association réduirait le risque suicidaire. La prudence
exige l'usage des ISRS.
3/ Benzodiazépines
Potentialisation des effets sédatifs des antipsychotiques
permettant d’employer des doses moins importantes (Wolkowitz
et Pickar, 1991)
Durée de prescription limitée du fait de leurs EI (dépendance,
amnésie antérograde, diminution du tonus musculaire)
III.3/ ECT
Qu’est-ce que l’ECT ?
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• ECT indications:
Episode dépressif majeur
État maniaque
Schizophrénie
• ECT Comment?
Bilan complet et une consultation en anesthésie,
Séance d’ECT sous anesthésie générale courte et curarisation.
Curarisation
Délivrer dans le crâne du patient des stimulations électriques
répétées et de très courte durée (moins de 8 secondes),
Courant de très faible intensité (0,8 ampère).
La séance se déroule en présence du médecin anesthésiste, du
médecin psychiatre et d’une infirmière.
2 ou 3 fois/ semaine
Nombre total de 4 à 20, selon l’évolution de l’état de santé.
Elle peut être associée aux neuroleptiques (en deuxième intention
dans certaines formes cliniques (trouble schizo-affectif, épisode
catatonique, forme paranoïde sévère avec risque vital, épisode aigu
résistant aux médicaments) ou pour potentialiser l’effet des
médicament.
Elle est faite en phase aiguë uniquement, jamais en phase chronique.
• Contre-indications de l'ECT
Absolue: L’hypertension intracrânienne
III. 4/ TMS
• Principes de la TMS
La TMS est basée sur les 2 principes de l’électromagnétisme décrits par
Ampère et Faraday. Placé en regard du crâne, le champ magnétique induit
un champ électrique secondaire. Plusieurs paramètre sont contrôlables :
l’intensité (habituellement calculée en fonction du seuil moteur), la surface
stimulée (sonde 0 versus 8), le type de stimulation (single pulse, double-
pulse, répétitive), et la fréquence de stimulation.
Effet aigu : désorganisation de l’activité corticale physiologique
Effet rémanent ou « after-effect » : modulation de l’excitabilité corticale
Effet direct et effet à distance : ces derniers ayant été montrés par
exemple lors d’études d’imagerie cérébrale
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• Une approche guidée par une hypothèse sur la base de
données fonctionnelles: Martinot et coll. à Orsay vont
cartographier en IRMf les aires impliquées dans la compréhension
du langage (langue maternelle – langue étrangère). Puis, ils vont
appliquer la stimulation directement sur les aires repérées en
imagerie fonctionnelle grâce à un système de neuro-navigation.
Position de la sonde en fonction des repères externes : électrodes
EEG et du site moteur de certains muscles. De plus l’orientation
par rapport aux sillons doit être contrôlée.
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• Recommandation 1: traitement de 1ère intention d’un épisode aigu
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• Recommandation 2: CAT en cas de réponse insuffisante au traitement
de 1ère intention ayant été poursuivi 3-8 semaines en cas de réponse
thérapeutique faible ou nulle ou 5-12 semaines en cas de réponse
partielle
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• Recommandation 3A: CAT face à un abus de substance
Evaluation Mesures pharmacologiques Programme de soin
Les antipsychotiques
atypiques ont la préférence
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• Recommandation 3B: CAT face à un défaut d’observance
Mesures visant à améliorer l’observance
Pharmacologiques Psychosociales Programme de soins
Traitement concomitant d’un
Fonder le choix du médicament Formation et soutien des abus de substance
sur le profil d’EI le plus familles
acceptable par la patient Fournir une aide à l’assertivité
Formation et soutien du patient
Envisager l’utilisation d’un Continuité des modalités de
neuroleptique d’action Entretiens motivationnels (aider traitement primaire (programmes
prolongé, en particulier si le le patient à réaliser que pour patients hospitalisés, patients
patient n’a pas conscience de la l’observance est nécessaire pour ambulatoires, patients en foyer,
nécessité du médicament atteindre ses buts personnels, par etc.)
exemple)
Surveiller les symptômes et les Fournir une médication retard
EI Introduction progressive de
nouvelles interventions en Fournir une prise en charge plus
Surveiller la prise du traitement fonction de l’amélioration intensive (individuelle ou en
(observation directe ou pilulier) clinique et des difficultés hôpital de jour, par exemple)
cognitives
Prise en charge en foyer
Calendrier des interventions basé thérapeutique
sur les préférences et priorités du
patient
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• Recommandation 4: choix du médicament face à un symptôme
spécifique
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• Recommandation 5: choix du médicament pour éviter les effets
indésirables
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• Recommandation 6: phase d’entretien
Question Indications
Choix du traitement Sélectionner le médicament, la posologie et la voie d’administration les plus susceptibles de favoriser
antipsychotique de fond l’observance et de réduire les EI
Durée du traitement 12-24 mois pour un premier épisode ayant conduit à une rémission après la phase aiguë
antipsychotique de fond A long terme (éventuellement à vie) quand le diagnostic de schizophrénie est clairement établi par de multiples
épisodes ou bien des symptômes persistants
Pour réduire la posologie, procéder par paliers de 2-4 semaines sur une période de plusieurs mois, plutôt que
diminuer brutalement jusqu’à la dose minimale souhaitée
Posologie du traitement Un traitement continu est recommandé. Un traitement intermittent n’est pas recommandé, à moins que le patien
antipsychotique de fond refuse le traitement de fond permanent
Pour les doses recommandées, voir Recommandation 7
Utilisation des médicaments Chez des patients ayant des difficultés à prendre de façon fiable un traitement par voie orale, qui ont un défaut
d’action prolongée d’insight ou un déni de la maladie
Apparition de dyskinésies Pour des dyskinésies modérées, passer sous antipsychotique atypique
tardives sous neuroleptiques Pour des dyskinésies plus sévère, passer sous clozapine ou antipsychotique atypique
Traitement de la dépression Mesures pharmacologiques
post-psychotique Ajouter un inhibiteur de la recapture de la sérotonine au traitement neuroleptique
Poursuivre l’antidépresseur au moins 6 mois, s’il est efficace. Certains experts recommandent une durée
beaucoup plus prolongée quand c’est nécessaire
Mesures psychosociales
Formation du patient mettant en exergue le fait que la schizophrénie est un trouble fonctionnel
Réhabilitation pour améliorer les performances et les compétences professionnelles
Soutien par les pairs
Envisager les stratégies suivantes : gestion du stress, résolution de problème et thérapie de soutien, pour aider
le patient à gérer son trouble dépressif
Surveillance Rechercher régulièrement et répondre promptement aux signes prodromaux de rechute
Rechercher l’apparition d’EI et les corriger si nécessaire, à chaque visite
Rechercher l’apparition de dyskinésie tardive au mois tous les 4 mois pour les neuroleptiques classiques, tous
les 6 mois pour les antipsychotiques atypiques et tous les 9 mois pour la clozapine
La surveillance des taux plasmatiques peut être utile en cas de suspicion de défaut d’observance ou lorsque des
interactions pharmacocinétiques sont en cause
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• Recommandation 7: conseils posologiques
Neuroleptiques moyens
Perphénazine 2-12 20 32 6-7 16-24
Neuroleptiques sédatifs
Thioridazine 50-125 250-300 400 6-7 300
Atypiques
Olanzapine 5-10 10-15 15-20 6-7 10-20
Quetiapine 50-100 300 300-600 6-7 300-400
Risperidone 1-2 4 6 6-7 4-6
Ziprasidone 40-80 80-120 160 6-7 80-120
Clozapine 25-50 300 400-450 12 400
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• Recommandation 8A: quand instaurer et quand ne pas instaurer un
atypique
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• Recommandation 8B: comment faire le changement
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• CAT face à une résistance des symptômes
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V/ Psychothérapies
1/ Psycho éducation
1/ Education thérapeutique
• Programmes standardisés!:
• Profamille: Cormier 1991: pour les proches, gestion de leur propre vie
personnelle, leur capacité de réalisation, de gestion des situation en
lien avec les conséquences de la maladie du proche. Amélioration de
l’estime de soi . 9 séances de 90 minutes (groupe)
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2/ TCC
Économie des jetons: Ayllon et Azrin 1968 technique désuète ailleurs
Mobilisation de tout l’environnement pour développer des comportements
utiles et non réduire les comportements pathologiques. Principe du
renforcement, c'est une action qui dure. Le travail se fait avec les patients
les plus réticents aux soins usuels. Avec le temps réduire la valeur des
jetons et favoriser les sorties comme récompense et conséquence logique
Approche comportementale:
Boisvert et Trudel se sont intéressés aux modifications des comportements
psychotiques obtenues en changeant le contexte, en utilisant le milieu de
vie comme facteur de renforcement. Ces programmes s’appuient sur
l’analyse des besoins comportementaux de chaque sujet (comportements
ciblés : apathie, travail, interactions sociales, soins personnels) et sur la
diversité des moyens mobilisables. L’accroissement des comportements
verbaux adaptés avec diminution des expressions délirantes est corrélé aux
renforçateurs sociaux (sourire, expression du visage, encouragement) émis
par le thérapeute. La stratégie mise en place associait un entraînement par
façonnement à la conversation avec renforcement par des jetons et une
technique de coût de la réponse si le patient avait des verbalisations
incessantes. Les auteurs insistent sur la généralisation rapide des progrès
à d’autres domaines dès qu’il fut admis en foyer et centre de jour.
L'approche cognitive:
La conviction délirante, la fréquence et l’intensité des hallucinations
auditives sont diminuées grâce à la restructuration cognitive, à l’affirmation
de soi et à l’autocontrôle des symptômes
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TCC case management:
Anthony, « l’école de Boston », insiste sur l’utilité de la technique du «case
management ». Cette technique ne réduit pas le « case manager» à la
gestion de « cas ». Nous préférons donc parler de « plan de soin », de «
réunion de projet de soin », et de personne référente coordonnatrice, avec
la personne soignée, de la mise en œuvre des soins décidés. . Il y a une
relation significative entre la qualité des compétences, du soutien
environnemental et le devenir de la réadaptation. Les évaluations initiales
du patient sont donc fondamentales et doivent être faites avec les proches
dans l’environnement réel, non hospitalier.
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o Les objectifs d’amélioration
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expressions et des comportements sociaux est évaluée puis renforcée
grâce à la technique du jeu de rôle.
4/ Remédiation cognitive
Fonctions cognitives atteintes au cours de la schizphrénie: Attention,
mémoire, Fonctions exécutives. Ces déficits touchent 70-80 % des patients.
(Heinrichs et Zakzanis, Neuropsychology,1998), selon les normes définies
pour la population générale sont observés chez presque tous les patients
lorsque leur propre fonctionnement prémorbide sert de référence ( Gold,
OJWPA, 2008). Ils sont présents dès le premier épisode et stables dans le
temps. Ce sont des facteurs prédictifs d’une incapacité à travailler:
Altération cognitive (100% des études), Symptômes négatifs (87% des
études), Symptômes positifs (78% des études), Symptômes psychiatriques
aspécifiques (64% des études).
Seules des méthodes spécifiques ont un effet bénéfique net : efficacité
démontré de la remédiation cognitive par:
Amélioration des fonctions déficitaires
Amélioration de l’estime de soi
Amélioration symptomatique
Amélioration de la réadaptation sociale
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• Bilan pré remédiation
Caractérisation du profil de déficit cognitif (variables
intermédiaires , Incapacités effectives)
Mettre en lien les résultats avec le fonctionnement du patient
(synthèse clinique)
Bénéfices en termes de pertinence du projet de réinsertion
sociale et professionnelle : meilleure appréhension des
possibilités du patient
Mise en évidence de déficits accessibles à la remédiation
cognitive
• Programme remédiations
IPT: remédiation cognitive + compétences sociales; prise en charge
groupale-
2 animateurs ; peut s’adresser aux patients régressés
Conclusion
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