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FLORENCE GACOIN-MARKS,

Panorama des littératures française et francophones (2e année)

LE ROMANTISME FRANÇAIS – SIX GRANDS REPRÉSENTANTS

RENÉ DE CHATEAUBRIAND (1768-1848) ENTRE VOYAGES, POLITIQUE,


CHRISTIANISME ET INTROSPECTION

Données biographiques

1768 Naissance de François René, vicomte de Chateaubriand, à Saint-Malo, d’un


père armateur issu de la noblesse ruinée ; cadet de dix enfants.
1768-1771 « En sortant du sein de ma mère, je subis mon premier exil » : il est confié à sa
grand-mère maternelle, Mme de Bédée.
1771-1776 Retour à Saint-Malo. Enfance oisive avec les garnements du village.
1777-1784 Vit dans le château de Combourg où sa famille s’est installée. Destiné d'abord à
la carrière de marin, conformément à la tradition familiale, il était par
tempérament tenté bien davantage par la prêtrise et par la poésie. Le collège
ecclésiastique de Dinan le dégoûte de la vocation religieuse, mais lui donne des
rudiments d’hébreu.
1784-1786 « Deux années de délire » à Combourg. Complicité avec sa sœur Lucile.
Tentation de suicide, indécision concernant son futur professionnel.
Finalement, il prend un brevet de sous-lieutenant. Mort du père.
1787 Entrée dans le monde. Il est présenté au roi Louis XVI à Versailles et fréquente
les salons parisiens. « Dégoût invincible » pour la cour.
1788 Sans perspective de carrière militaire, il s’affilie à l’Ordre de Malte dans
l’espoir d’en obtenir des rentes.
1790-1791 À Paris, il assiste aux premiers débordements de la Révolution et apprend à
haïr la violence.
1791 S'embarque pour l'Amérique et y voyage quelques mois. But scientifique
(trouver un passage reliant l’Atlantique et le Pacifique par le Nord-Ouest) et
poétique (« écrire l’épopée de l’homme de la nature »). Il en rapporte des notes
pour ses futurs écrits (Voyage en Amérique, 1826).
1792 Retour à Saint-Malo. Il se laisse marier par sa mère avec une amie de Lucile,
Céleste, puis émigre à Bruxelles et rejoint en Allemagne l'armée contre-
révolutionnaire.
1793 Blessé et malade, il rejoint l’Angleterre où il passe sept années d'exil et de
misère, vivant de traductions et de leçons. En France, son frère est guillotiné,
Sa mère et ses sœurs emprisonnées.
1797 Parution de son Essai historique, politique et moral sur les révolutions
anciennes, considérées dans leurs rapports avec la Révolution française (1797)
où il expose la douleur de sa situation d'exilé.
1799 Après la mort de sa mère et de l’une de ses sœurs, Chateaubriand se tourne vers
la religion et commence à rédiger le Génie du christianisme.
1800 Retour en France : « J’abordai la France avec le siècle ».
1801 Parution d’Atala ou les Amours de deux sauvages dans le désert et de René.
Il fait la connaissance de Mme Récamier, amie puis maîtresse.
1802 Parution du Génie du christianisme, apologie de la religion chrétienne.
Chateaubriand devient l'écrivain de la foi.
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1803 Nommé secrétaire d'ambassade à Rome. Au bout d’un an, il donne sa


démission pour protester contre une exécution ordonnée par Bonaparte.
1804 Chateaubriand s’installe à Paris avec Céleste. Mort de Lucile, malade des nerfs.
1806 Il s'embarque avec sa famille pour l'Orient et visite la Grèce, la Turquie,
Jérusalem. Au cours de ces voyages, il prend des notes pour sa prochaine
œuvre, Les Martyrs.
1809 Parution des Martyrs. Chateaubriand se retire dans sa maison de la Vallée-aux-
Loups, près de Sceaux, et commence les Mémoires d'outre-tombe, œuvre
rédigée pendant trente ans.
1811 Il est élu à l'Académie française. Publication d’Itinéraire de Paris à Jérusalem.
Pair de France, puis ministre, il devient, après le désastre de Waterloo et l'exil
définitif de l'empereur à Sainte-Hélène, Pair de France et Ministre d'État.
1816 Privé de son poste et des revenus qui y étaient attachés, il doit vendre sa
bibliothèque, la Vallée-aux-Loups, etc. Il retrouve Juliette Récamier.
1821-1824 Il est nommé ambassadeur à Berlin, puis à Londres.
1822 Ministre des Affaires Étrangères.
1824 Renvoyé en raison d’un différend concernant le vote d’une loi.
1828-1832 Instabilité dans sa vie politique et diplomatique. Postes suivis de démissions...
1832 Incarcéré pour complot contre Louis-Philippe (« l’usrupateur », comme
l’appelle l’écrivain fidèle aux Bourbons), il est finalement acquitté.
1834-1841 Il abandonne la vie politique et se consacre à la rédaction de ses mémoires
1844 Dernière œuvre : Vie de Rancé, imposée comme pénitence par son directeur de
conscience.
1847 Mort de Céleste.
1848 Il meurt à Paris et est enterré le 19 Juillet, selon ses dernières volontés, sur le
rocher du Grand-Bé, dans la rade de Saint-Malo.

MÉMOIRES D'OUTRE-TOMBE

Composition de l’œuvre

Œuvre monumentale en trois parties :


1. Première partie (1768-1806)
2. Deuxième partie (1807-1829)
3. Troisième partie (1830-1841)

À Rome, vers la fin de 1803, après la mort de Mme de Beaumont, Chateaubriand décide
d'écrire les mémoires de sa vie. C'est un récit autobiographique et historique, dont
Chateaubriand voulait faire un témoignage posthume, commencé en 1803, rédigé
principalement de 1811 à 1822, et achevé de 1830 à 1841. Dans cette œuvre, il retrace les
épisodes principaux de son existence aventureuse, des landes bretonnes aux forêts du nouveau
monde, de l'armée des princes en Allemagne à l'exil en Angleterre. Les Mémoires tiennent
aussi un peu du récit autobiographique tel que l'avait pratiqué Jean-Jacques Rousseau.
Chateaubriand livre les secrets de son inexplicable cœur, se présentant comme le véritable
René, révélant l'origine des sentiments qu'il avait prêtés aux êtres imaginaires de sa création et
expliquant comment peu à peu ces personnages furent tirés de ses songes. Chateaubriand
transforme les Mémoires en un discours funèbre appelé à enregistrer de façon privilégiée les
changements survenus dans l'histoire : disparition des hommes et des paysages, des
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croyances, des mœurs et des institutions. Chateaubriand visite les cimetières, compte les
morts et raconte les agonies, élevant ainsi le temple de la mort à la clarté de ses souvenirs,
comme il se l'était promis. Certains passages sont d’un grand lyrisme inspiré par des sources
variées : la nature, la mer en particulier, l'amour, la jeunesse. Un double thème domine : la
poésie du souvenir et de la mort. L'immortalité promise par la foi chrétienne ne lui suffit pas :
il veut être immortel par sa gloire, dans la mémoire des hommes. C'est également un poème
épique. En effet, même si Chateaubriand n'aime pas Napoléon, il admire son sens de la
grandeur et a l’impression que la France, depuis la chute de l’Empereur, connaît une véritable
déchéance. Lucide, il apparaît même comme un penseur visionnaire lorsqu’il annonce
l'avènement de la démocratie.

Lecture d'un extrait : Une soirée à Combourg

Progression du texte :

1e § - répartition géographique des membres de la famille dans les différentes pièces du


château.
2e à 7e § - une journée à Combourg (imparfait d’habitude)
8e-11e § - soirées d’automne (8e § - Soirée et coucher du père ; 10e § - La famille après le
départ du père ; coucher des femmes : légendes de Bretagne).

Portrait du père :

1) Un homme qui aime l’ordre (il instaure un ordre presque militaire : chacun à sa place,
quotidien bien réglé).
2) Un homme qui aime les traditions (tableau de la famille, souvenirs du XVIIe siècle, goût
pour l’Antiquité, goût pour la chasse.
3) Un père froid et effrayant (comme le « fantôme » supposé de Combourg) (famille pétrifiée
en sa présente ; apparence de spectre ; rapports froids).

VICTOR HUGO (1802-1985) OU UNE SOMME DE LITTÉRATURE

Avec une œuvre de près de 18.000 pages relevant de tous les genres littéraires, Victor Hugo
est incontestablement un géant de la littérature française.

Données biographiques

1802 Victor Hugo est né à Besançon d'un père Lorrain, colonel, général d'empire
puis gouverneur, et d'une mère bretonne. Le médecin ne lui a pas donné 24 heures à
vivre ; il vivra plus de quatre-vingts ans !

Dans Les Feuilles d’automne, il évoque ainsi sa naissance :

Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte


Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
Et du premier consul, déjà, par maint endroit,
Le front de l’empereur brisait le masque étroit.
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Panorama des littératures française et francophones (2e année)

Alors dans Besançon, vieille ville espagnole,


Jeté comme une graine au gré de l’air qui vole,
Naquit d’un sang breton et lorrain à la fois
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix ;
Si débile qu’il fut, ainsi qu’une chimère,
Abandonné de tous, excepté de sa mère,
Et que son cou ployé comme un frêle roseau
Fit faire en même temps sa bière et son berceau.
Cet enfant que la vie effaçait de son livre,
Et qui n’avait pas même un lendemain à vivre,
C’est moi.

Tout jeune il accompagne son père dans ses déplacements de garnison. Son
enfance est mouvementée entre Paris et les lieux de mutation de son père, entre
l'amant de sa mère (le général Victor Lahorie) et les maîtresses de son père.
1815 Il entre en pension avec son frère Eugène. À quatorze ans, le futur poète écrivit
sur un cahier d'écolier : « Je veux être Chateaubriand ou rien ».
1822 Publication des Odes, encore classique par sa forme mais plein d'audace, qui
lui vaut une pension royale. Cette œuvre paraîtra remaniée sous le titre d’Odes et
Ballades (1828).
Après la disparition de sa mère, il épouse Adèle Foucher, son amie d'enfance
qui lui donne quatre enfants : Léopoldine (1824), Charles (1826), François-
Victor (1828) et Adèle (1830).
1827 La « Préface » d’un drame injouable, Cromwell, le désigne comme le chef de
la nouvelle école romantique.
1829 Parution des Orientales. Hugo n'a jamais vu l'Orient, mais il lit les récits des
voyageurs.
1829 Le drame Marion Delorme est interdit par la censure.
1830 Hugo met ses idées en pratique dan Hernani. Affrontement entre les défenseurs
de la tradition et les tenants des nouvelles doctrines au cours d'une soirée restée
dans l'histoire sous le nom de « bataille d'Hernani » (voir cours précédent).
Triomphe de la pièce.
1831 Parution de Feuilles d’automne (recueil poétique) ; parution de Notre-Dame de
Paris (roman).
1832-1838 Autres drames romantiques : Le roi s'amuse (1832), interdit par la censure,
Lucrèce Borgia (1833), Ruy Blas (1838).
1833 Hugo rencontre Juliette Drouet, qui devait le suivre en exil et rester sa
maîtresse dévouée pendant cinquante ans.
1840 Les Rayons et les Ombres (1840)
1841 Élu à l'Académie française.
1843 Échec de son drame, Les Burgraves.
Mort tragique de sa fille Léopoldine, noyée dans la Seine avec son mari.
1851 Libéral et progressiste, Hugo n'accepte pas l'avènement de Louis-Napoléon
Bonaparte par le coup d'État du 2 décembre 1851 et il s'exile « Je resterai
proscrit, voulant rester debout ». D'abord à Jersey, puis à Guernesey. Il
continue, pendant ses dix-neuf ans d'exil, de vilipender Napoléon III tout en se
consacrant à la littérature. Juliette Drouet l’a suivi dans son exil avec ses
manuscrits.
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1853 Les Châtiments, recueil satirique consacré à Napoléon III (qu’il appelle
« Napoléon le Petit »). C’est un ensemble de 6 200 vers répartis sur sept parties
portant en guise de titre l’une des formules utilisées par Napoléon III pour
justifier son coup d’État : « La société est sauvée », « L’ordre est rétabli », « la
famille est restaurée », « La religion est glorifiée », « L’autorité est sacrée »,
« La stabilité est assurée », « Les sauveurs se sauveront ».
Le recueil s'ouvre sur un poème « Nox » (« Nuit »), qui fait allusion aux
ténèbres qui enveloppent le temps présent (le règne de Napoléon III) auquel
répond un autre poème, « Lux » (« Lumière » ou «  Jour »), l'espérance d'un
avenir meilleur.
1856 Parution des Contemplations (1856), recueil dédié à sa fille disparue.
1859 Hugo refuse l’amnistie de Napoléon III.
La Légende des siècles (première série ; projet d'une épopée qui embrasse la
totalité de l'histoire et dont les poèmes illustrent la suite des âges).
1861 Séjour en Belgique.
1862 Les Misérables en 1862 accueilli avec enthousiasme par le public, tant en
Europe qu'aux États-Unis. Le titre « Les Misérables » désigne toutes les
victimes d'un ordre social dont Hugo dénonce les rigueurs et les injustices.
1864 Essai sur Shakespeare.
1866 Les Travailleurs de la mer, récit de la conquête de la mer par l'Homme.
1871 Retour triomphal en France. Il est élu député de Paris à la Constituante. Il a de
vastes projets, abolition de la peine de mort, réforme de la magistrature,
défense des droits de la femme, instruction obligatoire et gratuite, création des
États-Unis d'Europe. Au bout d'un mois, désillusionné, il démissionne et
devient alors une sorte de patriarche national des lettres.
Internement de sa fille Adèle dans un asile d’aliénés.
1876 Élu sénateur de la Seine.
1883 Mort de Juliette Drouet.
1885 Un cortège de plusieurs centaines de milliers de personnes suivra, depuis
l'Étoile jusqu'au Panthéon, le « corbillard des pauvres » qu'il avait réclamé.
Dernière volonté : « Je refuse l'oraison de toutes les Églises. Je demande une
prière à toutes les âmes. Je crois en Dieu. »

LES CONTEMPLATIONS

Composition du recueil

Livre premier. « Aurore ». (29 poèmes-1600 vers). Livre de la jeunesse. Le poète évoque ses
souvenirs de collège (« A propos d'Horace »), ses premiers émois amoureux (« Lise »), ses
premières luttes littéraires (« Réponse à un acte d'accusation »). Il chante la beauté du
printemps (« Vere novo ») et la joie du rêveur devant un beau paysage le spectacle en plein air
(« La fête chez Thérèse »).

Livre II. « L'âme en fleur ». (28 poèmes-900 vers). Le livre des amours. Presque tous les
poèmes sont inspirés par Juliette Drouet. Hugo conte les premiers temps de leur union, leurs
promenades en forêt de Bièvre, leurs joies, leurs extases ; et aussi les épreuves vécues en
commun, les malentendus, les réconciliations. Un jour, il note pour elle des impressions de
voyage (« Lettre ») ; un autre jour, il lui écrit qu'il a rêvé d'elle (« Billet du matin »).
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Livre III. « Les luttes et les rêves ». (30 poèmes-2300 vers). Livre de la pitié inspiration
semblable à celle des Misérables. Dans « Mélancholia », Hugo donne quelques exemples
navrants de la misère dans les sociétés modernes. Ailleurs, il plaint le sort d'un pauvre maître
d'études, flétrit les persécutions infligées aux hommes de bien, dénonce la guerre et la
tyrannie comme des fléaux (« La source », « la Statue ») ou la peine de mort comme un
scandale (« La nature ») ; il s'élève à des vues philosophiques, explique le mal comme une
épreuve (« Explication »), décrit le châtiment des maudits (« Saturne ») et glorifie ceux dont
le génie déchiffre l'énigme universelle (« Magnitudo Parvi »).

Livre IV. « Pauca meae » (Quelques vers pour ma fille). (17 poèmes-800 vers). C'est le livre
du deuil. Hugo médite sur le coup qui l'a frappé. Tantôt il se révolte contre la cruauté du
destin (trois ans après), tantôt il s'attendrit au souvenir du passé (elle avait pris ce pli), tantôt il
se soumet à la volonté divine (« À Villequier »). Désormais, il associe à la pensée de la mort
un espoir d'au-delà (« Mors »).

Livre V. « En marche ». (26 poèmes-1700 vers). Livre de l'énergie retrouvée. Le poète
expatrié s'arrache à ses tristesses et va chercher de nouvelles raisons de vivre dans la
méditation. A un poème politique (« Écrit en 1846 »), à des impressions de promenade
(« Pasteurs et troupeaux ») et même à un souvenir d'enfance (« Aux Feuillantines ») se mêlent
des poèmes plus généraux sur la nature et sur la condition humaine (« Paroles sur la dune »).

Livre VI. « Au bord de l'infini ». (26 poèmes-2800 vers). Livre de l’espérance qui fait suite à
l’angoisse : des poèmes d'angoisse (« Horror », « Pleurs dans la nuit ») voisinent avec des
poèmes d'espérance (« Spes », « Cadaver »), mais l'espérance finit par l'emporter. Le livre
s'ouvrait sur deux poèmes qui montrait une route à parcourir (« Le pont », « Ibo ») ; il
s'achève par les prophéties rassurantes, qui, au terme du voyage, annonce l'échec final des
puissances criminelles et l'avènement du pardon universel.

Lecture d’un poème : « Demain, dès l’aube... »

Le poète se rend à pied sur la tombe de sa fille. La marche effective, physique, se


métamorphose en parcourt spirituel.

Étude du rythme

Dans les deux premières strophes évoquant le trouble du poète et sa marche vers la tombe de
sa fille, le rythme de l’alexandrin classique ( 6 / 6) sans enjambement ni rejet est transgressé :
le verbe de la première phrase est mis en valeur par la postposition (après le complément de
lieu) et le rejet au début du 2e vers. Le rythme ternaire du premier vers de la deuxième strophe
(4 / 4 / 4). La progression dramatique du vers 3 (1 3 / 4 4 est renforcée par le déséquilibre du
vers suivant, coupé (1 / 3 2 2 4).
Par contre, dans la troisième strophe, la régularité des vers exprime une distance par rapport
au réel concret. Le pèlerinage réel devient pèlerinage spirituel, symbolique.
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Panorama des littératures française et francophones (2e année)

LES MISÉRABLES (1862)

Composition du roman :

Roman en cinq parties.


1e partie : Fantine
2e partie : Cosette
3e partie : Marius
4e partie : L’idylle rue Plumet et l’épopée rue Saint-Denis
5e partie : Jean Valjean

Lecture d’un extrait :

Résumé de ce qui précède (premiers livres de la première partie)

1815. Jean Valjean a été condamné en 1795, pour le vol d'un pain et vient de passer vingt ans
au bagne. Alors que tous les aubergistes de la ville l'ont chassé, il est hébergé par Mgr Myriel,
l'évêque de la ville de Digne, qui l'accueille avec bienveillance, le fait manger à sa table et lui
offre un bon lit. Pourtant malgré la générosité de son hôte, Jean Valjean s'enfuit en pleine
nuit, après avoir dérobé les six couverts d'argent, les seules richesses de l'évêque. Le
lendemain, les gendarmes le ramènent chez l'évêque qui l'innocente. L'évêque lui offre même
deux chandeliers en argent que Jean Valjean avait "oublié" d'emporter. Il souhaite ainsi aider
l'ancien bagnard à redevenir un honnête homme. Pourtant sur la route, Jean Valjean commet
un nouveau délit. Il vole un petit ramoneur. Mais, alors qu'il s'apprête à ranger son larcin dans
sa besace, il se rappelle les paroles de l'évêque. Il n'aura plus alors qu'un seul but : honorer la
bonté de cet homme et faire le bien.
Paris, Août 1817. Quatre étudiants, dont un certain Tholomyès, font un bon repas dans un
cabaret avec quatre jeunes filles insouciantes, dont Fantine. Elle vit avec Tholomyès sa
première histoire d'amour. Les quatre jeunes hommes ont promis "une surprise". Au dessert,
ils s'esquivent pour … ne jamais revenir, annonçant dans la lettre d'explication qu'ils retourne
définitivement dans leurs familles en province. Les jeunes filles s'amusent de cette farce, sauf
Fantine, la plus jolie, qui attend un enfant de Tholomyès.
Printemps 1818. Fantine quitte Paris et porte dans ses bras la petite fille qu'elle a eu de
Tholomyès, et pour laquelle elle a tout sacrifié, Cosette. Elle souhaite retourner à Montreuil
sur Mer, sa ville natale, où elle espère trouver du travail. En chemin, à Montfermeil, elle fait
la connaissance d'un couple d'aubergistes à qui elle propose de garder Cosette. Les aubergistes
acceptent moyennant une pension. Cosette, qui n'a que cinq ans, se retrouve ainsi la servante
de ces horribles gens.
Montreuil de 1818 à 1823. A son arrivée à Montreuil, Fantine découvre que sa ville natale est
devenue prospère grâce à un inconnu, arrivé deux ans plus tôt et qui a su relancer et
développer l'industrie de la région. Cet homme, M. Madeleine, (nom d'emprunt de Jean
Valjean) semble un véritable bienfaiteur : il offre du travail à toutes les personnes honnêtes
qui se présentent à sa fabrique, donne des conseils éclairés et multiplie les actes de générosité.
Un homme, l'inspecteur Javert, ténébreux, obsédé par l'autorité, reste pourtant insensible à
l'admiration unanime dont bénéficie M. Madeleine. Pire, ayant travaillé auparavant dans les
bagnes du midi, il s'intéresse particulièrement à ce notable. Il a l'impression que ce visage ne
lui est pas inconnu …

Texte à forte tension dramatique :


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- Cas d’extrême urgence (parviendra-t-on à sauver le vieux charretier) ;


- Cas de conscience : Madeleine ne risque pas seulement de se faire écraser (vie
physique), mais aussi de se dénoncer à Javert et de mettre ainsi fin à sa vie de notable
respecté (réputation, morale).

L’œil de Javert, omniprésent, est un élément crucial dans le texte.

Certains épisodes de la suite du roman sont également très connus : Jean Valjean allant
chercher Cosette chez les Thénardier, le jeune Gavroche tombant sur les barricades, etc.

Ce roman a inspiré plusieurs excellents films, dont un avec Jean Gabin, un avec Lino Ventura
et un avec Gérard Depardieu dans le rôle de Jean Valjean.

ALPHONSE DE LAMARTINE (1790-1869), CHANTRE DU CŒUR ET DE L’ÂME

Données biographiques :

1790 Naissance à Mâcon. Il passe une enfance heureuse au contact de la nature dans
une famille de petite noblesse sans grande fortune à Milly près de Mâcon. Il
reçoit une éducation soignée chez les jésuites à Belley (1803-1807). Revenu à
Milly, il se passionne pour la lecture.
1811-1812 Voyage en Italie. Il fait la connaissance d'une jeune napolitaine qu'il évoquera
sous le nom de Graziella.
1814 Il fait un bref passage dans l'armée comme garde du corps de Louis XVIII sous
la première restauration. Ses goûts le portent davantage vers la littérature que
vers les honneurs de la cour, il se met à fréquenter les salons.
1815 Il écrit quelques tragédies et compose ses premières élégies. Pendant les Cent-
Jours, il se réfugia en Savoie.
1816 Cure thermale à Aix-les-Bains. Il fait la connaissance sur les bords du lac du
Bourget de Julie Charles, l'Elvire du Lac, une femme mariée avec qui il vécut
une idylle intense mais brève, puisque la jeune femme mourut de phtisie
l'année suivante.
1820 Parution des Méditations. Il épouse une jeune anglaise Mary-Ann Birch et part
pour l'Italie. Le couple rentre à Paris, puis part pour l’Angleterre en 1822.
1823 Nouvelles Méditations (1823), moins adulées que les précédentes, car elles
n'ont pas l'attrait de la nouveauté. La ferveur spirituelle de Lamartine s'est
fortifiée. Dans La Mort de Socrate (1823) et le Dernier chant du pèlerinage de
Childe Harold (1825), qui est un hommage à Byron, il apparaît hanté par
l'immortalité.
1825 Nommé secrétaire d’ambassade à Florence. Devant les paysages italiens, le
poète compose la plupart des Harmonie, symphonie à la gloire de Dieu,
publiées en 1830.
1830 Il est élu à l'Académie française. Son engagement politique dans la révolution
de juillet 1830 donne un tour nouveau à sa carrière. Par conviction légitimiste,
Lamartine abandonne la carrière diplomatique pour se lancer dans la politique.
1831 Battu aux élections législatives. Sa production poétique de cette période A
Némésis porte la marque de ses préoccupations politiques, il se flatte de
défendre la vraie liberté.
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Panorama des littératures française et francophones (2e année)

1835 Au cours d'un voyage en Orient, il perd sa fille unique, Julia. Son deuil lui
inspire Gethsémani. À son retour, il est est élu député et refuse d'être rattaché à
un parti. Jusqu'en 1848, il défend à la Chambre des idées libérales et
progressistes.
1836-1839 Son activité littéraire, moins intense, se concentre alors dans le projet d'une
vaste épopée qui devait raconter l'histoire de l'âme humaine. Rédigés dans cette
perspective, Jocelyn (1836), La Chute d'un ange (1838), et plus tard
Recueillements poétiques (1839), firent de lui le chantre d'un « christianisme
libéral et social ». Mais les exigences de la vie publique empêche Lamartine de
mener à bien son entreprise, il trouve le temps cependant de publier les
Recueillements poétiques. Sous le ministère Guizot Lamartine passe à
l'opposition.
1847 Il publie une Histoire des Girondins, qu'ils considèrent comme des modèles de
sagesse. L'œuvre est destinée à donner au peuple «une haute leçon de moralité
révolutionnaire, propre à l'instruire et à le contenir à la veille d'une révolution».
1848 Ministre des affaires étrangères du nouveau gouvernement républicain.
Toutefois, son échec face à Louis Napoléon Bonaparte à l'élection
présidentielle, puis le coup d'État de 1851 mirent un point final à sa carrière
politique.
1851-1865 Années de misère. Pour payer ses dettes, Lamartine doit travailler sans répit. Il
publie à cette époque des récits qui sont autant d'épisodes autobiographiques
idéalisés (Confidences, 1849 ; Geneviève, 1851 ; Le Tailleur de pierre de
Saint- Point, etc.), de nombreuses compilations historiques (Histoire de la
Restauration, 1851 ; Histoire des Constituants, 1853 ; Histoire de la Turquie,
1853-1854 ; Histoire de la Russie, 1855), des sommes littéraires (Cours
familier de littérature, 1856-1869) et s'occupe surtout de la réédition de ses
œuvres complètes (Œuvres complètes en 41 volumes, 1849-1850). On trouve
çà et là quelques poèmes inspirés et des romans intéressants qui montrent un
Lamartine romancier des humbles, mais, dans l'ensemble, le souffle de ses
débuts manque à ces textes, dont l'écriture est motivée davantage par le besoin
d'argent que par l'inspiration.
1869 Frappé par une attaque en 1867, il vit encore deux ans plus ou moins
inconscient et meurt dans un oubli presque total et après avoir vendu tous ses
biens.

MÉDITATIONS (1820)

Les Méditations restent classiques par leur forme et leur lexique : versification régulière, style
élevé. Toutefois, la sensibilité élégiaque non conventionnelle et le retour à un sentiment
religieux réellement vécu, ressenti, sont des éléments nouveaux qui enthousiasment le public
dès la parution du recueil.

Avertissement de l’éditeur pour la 1e édition : « Le nom de Méditations qu’il a donné à ces
différents morceaux en indique parfaitement la nature et le caractère ; ce sont, en effet, les
épanchements tendres et mélancoliques des sentiments et des pensées d’une âme qui
s’abandonne à ses vagues inspirations ». Cette note montre bien que l’éditeur a conscience du
caractère nouveau du livre qu’il propose aux lecteurs.
FLORENCE GACOIN-MARKS,
Panorama des littératures française et francophones (2e année)

Le titre, lui, est inspiré par les autres « Méditations » parues au XVIIe siècle : Méditations
métaphysiques de Descartes, « Méditations religieuses » de Bossuet et de Malebranche.

Circonstances d’écriture : Durant les années 1818-1819, Lamartine connaît une crise profonde
après la mort de sa bien-aimée, Julie Charles (Elvire), décédée de la phtisie fin 1817. D’abord
révolté contre Dieu, le poète idéalise sa passion jusqu’à lui donner une dimension mystique,
retrouvant par ce biais les chemins de la religion.

Composition du recueil :

Méditation première. L'Isolement


Méditation seconde. L'Homme. À lord Byron
Méditation troisième. Le Soir
Méditation quatrième. L'Immortalité
Méditation cinquième. Le Vallon
Méditation sixième. Le Désespoir
Méditation septième. La Providence à l'Homme
Méditation huitième. Souvenir
Méditation neuvième. L'Enthousiasme
Méditation dixième. Le Lac de B***
Méditation onzième. La Gloire. A un Poète exilé
Méditation douzième. La Prière
Méditation treizième. Invocation
Méditation quatorzième. La Foi
Méditation quinzième. Le Golfe de Baya, près de Naples
Méditation seizième. Le Temple
Méditation dix-septième. Chants lyriques de Saül. Imitation des Psaumes de David
Méditation dix-huitième. Hymne au Soleil
Méditation dix-neuvième. Adieu
Méditation vingtième. La Semaine sainte. A la R. G.
Méditation vingt et unième. Le Chrétien mourant
Méditation vingt-deuxième. Dieu. A M. de L. M.
Méditation vingt-troisième. L'Automne
Méditation vingt-quatrième et dernière. La poésie sacrée, dithyrambe, à M. Eugène Genoude

Lecture d’un poème : « Le Lac » (dixième méditation)

"C'est une de mes poésies qui a eu le plus de retentissement dans l'âme de mes lecteurs,
comme elle en avait eu le plus dans la mienne." Lamartine (Commentaire de 1849.)

Le poète a noté dans son carnet :


"Passé la journée du 29 (août 1817) dans les bois d'Hautecombe... Souvenir de notre journée
du mois de septembre (erreur, pour octobre) passées sur le même lac avec elle..."

En effet, Julie Charles (Elvire) est malade à Paris. Le poète se promène seul sur le lac du
Bourget, se souvient avec mélancolie d'une autre promenade qu'il a accomplie l'année
précédente avec son amie et demande à nature (permanente) de conserver dans son éternité la
trace de leur extase (éphémère).
FLORENCE GACOIN-MARKS,
Panorama des littératures française et francophones (2e année)

Nombreuses sources d’inspiration françaises et étrangères : Rousseau, La Nouvelle Héloïse et


Rêveries du promeneur solitaire (notamment la 5e promenade) ; Senancour, Obermann ;
Chateaubirand, Atala ; Byron, Childe Harold.

« Le Lac » est une élégie en alexandrins coupés de vers de six syllabes qui rompent la
monotonie, introduisent un dynamisme et figurent le tumulte des passions.

Version audio disponible sur Dailymotion :


http://www.dailymotion.com/video/xotyf9_le-lac-d-alphonse-de-lamartine_creation?start=13

ALFRED DE VIGNY (1797-1863), LA FATALITÉ DE LA SOLITUDE

1797 Né à Loches en Touraine. Il appartient à une famille aristocratique et militaire.


Élevé à Paris par sa mère qui lui inculqua le goût de la musique et de la
peinture plutôt que des belles-lettres. Entre au lycée Bonaparte et y prépare, sans
conviction, le concours d'entrée à l'École polytechnique.
1814 Il est nommé sous-lieutenant des Compagnies rouges. Il escorte la calèche en
fuite de Louis XVIII devant Napoléon revenu de l'île d'Elbe. La monotonie de
la vie de garnison le déçoit et il obtient un congé en 1825, puis sera réformé en
1827. Quand il quitte l'armée il a déjà une carrière littéraire.
1822 Premier recueil poétique contenant « Le Bal », suivi de dix poèmes.
1826 Parution des Poèmes antiques et modernes (1826) et de son roman historique
Cinq-Mars (1826).
Il épouse Lydia Benbury, une Anglaise rencontrée à Oloron et qui passait pour
une riche héritière.
1829 Il écrit des adaptations en vers de Shakespeare ; celle d'Othello est jouée à la
Comédie-Française.
1830 Il s'assombrit. La révolution de 1830 lui déplaît, il n'apprécie pas la dynastie
régnante. Sous Louis-Philippe, en qui il n'a aucune confiance, il devient
commandant de la garde nationale, et, pendant deux années, dirige une
compagnie. Il est gagné par des sentiments humanitaires et n'accorde aucune
confiance à Louis-Philippe, hissé sur le trône par une bourgeoisie d'argent. Il
s'intéresse aux saint-simoniens et au christianisme social de Lamennais. Il
renonce à la poésie pour se consacrer aux " parias " de la société moderne.
1832-1835 Il évoque l'isolement du poète dans Stello (1832) d'où il tire le drame de
Chatterton (1835). Triomphe de sa carrière théâtrale.
1837-1845 Il mène à Paris une vie d'ermite et mûrit ses grands poèmes « La mort du
Loup » (1838), « Le Mont des Oliviers » (1839), « La maison du Berger »
(1844), etc.
1845 Après six candidatures malheureuses, il est élu à l'Académie Française
1848 Il se présente sans succès à la députation en Charente. Il soigne avec une
infinie patience sa femme Lydia, presque aveugle et acariâtre, et commence à souffrir
lui-même d'un cancer de l'estomac.
1863 Il meurt à Paris, moins d'un mois après sa femme Lydia. Vigny laisse, entre les
mains de son exécuteur testamentaire, Louis Ratisbonne, de nombreux et
précieux inédits.
1864 Publication posthume des Destinées.
FLORENCE GACOIN-MARKS,
Panorama des littératures française et francophones (2e année)

Poème le plus connu : La mort du loup

Poème publié pour la 1e fois dans Revue des deux Mondes en 1843, puis repris dans le recueil
posthume Les Destinées, rédigé entre 1838 et 1863 et comportant 11 poèmes.

Idée ancienne. Dès 1831, le poète écrit : « J’aime ceux qui se résignent sans gémir et portent
bien leur fardeau. » En 1836, il écrit une nouvelle inachevée intitulée « La Mort du loup » où
un Chouan (contre-révolutionnaire armé) préfère être fusillé que d’obéir à un ordre contraire à
ses convictions.

Passage d’un récit réaliste (Vigny a beaucoup chassé durant sa jeunesse) à un tableau
symbolique.

ALFRED DE MUSSET (1810-1857) ET LES DÉSESPOIRS DE LA PASSION

1810 Né à Paris. Son père était un essayiste de grande renommée, spécialiste de


Rousseau duquel il édita les œuvres.
1819-1827 Scolarité au collège Henri IV. En 1827, il obtient le prix de dissertation latine
au concours général. À 17 ans, il se fait des relations, dont Sainte-Beuve et
Alfred de Vigny, mais il ne vénère pas, comme beaucoup d’autres, le maître
Victor Hugo.
Dans une lettre à un ami, il écrit : « Je ne voudrais pas écrire, ou je voudrais
être Shakespeare ou Schiller ; je ne fais donc rien. » Ainsi, il fréquente les facultés
de médecine et de droit, pratique le dessin, l’anglais et le piano avant de
s’adonner complètement à la littérature.
1828 Entrée remarquée dans les milieux littéraires.
1830 Il s’essaie au théâtre, mais c’est un échec.
1832 Publication de Spectacle dans un Fauteuil. L’œuvre est composée d’un drame :
La Coupe et les Lèvres ; d’une comédie : À quoi rêvent les jeunes filles ? ; et
d’un conte oriental : Namouna. L’œuvre permet de deviner une tension entre la
débauche et la pureté, toutes deux dominantes, que tente d’exprimer Musset.
1833-1834 Amant de la femme de lettres George Sand qui lui inspire Lorenzaccio, un
drame romantique. Cette liaison orageuse cessera en 1835.
1833-1837 Musset compose son chef d’œuvre lyrique : Les Nuits (« Nuit de mai », « Nuit
d’août », « Nuit d’octobre », « Nuit de décembre ») ayant pour thèmes la
douleur, l’amour et l’inspiration.
1845 Il est décoré de la Légion d’honneur (en même temps que Victor Hugo).
1848 Il devient bibliothécaire du ministère de l’intérieur, mais est révoqué et devient
alors bibliothécaire du ministère de l’instruction publique sous le Second
Empire.
1852 Élu à l’Académie Française.
1857 Il meurt oublié.
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Panorama des littératures française et francophones (2e année)

ON NE BADINE PAS AVEC L’AMOUR

Résumé de la pièce :

Acte I
Après avoir achevé ses études, le jeune Perdican revient au château de son père. En même
temps, Camille, la cousine de Perdican, rentre du couvent.

Acte II
Le père du jeune homme voudrait les marier, mais Camille refuse par orgueil et par peur de
l’inconstance masculine. Instruite par les religieuses des dangers de l’amour, elle veut prendre
le voile. Perdican cherche à lui faire comprendre l’hypocrisie des religieuses qui, après avoir
vécu, décourage une jeune fille de vivre. L’acte II se termine par cette citation sur l’amour
restée célèbre :

« Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches,
méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et
dépravées ; [...] mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si
imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais
on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière ; et on se
dit: "J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et
non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui." »

Acte III
Ayant intercepté une lettre où Camille explique à une amie avoir profondément attristé son
cousin en refusant de répondre à son amour, Perdican se venge en faisant la cour à Rosette,
une paysanne du village, sœur de lait de Camille. Camille, qui a vu la scène cachée derrière
un arbre, prévient Rosette de ce que Perdican agit par dépit amoureux. Elle lui prouve qu’elle
dit vrai en la faisant assister à un entretien avec son cousin où ce dernier lui avoue son amour.
Camille convainc Perdican qu’il doit épouser Rosette, découverte évanouit à l’endroit d’où
elle avait écouté la scène. Dans la scène 7, Perdican affirme qu’il épousera Rosette, alors que
cette dernière est disposée à lui rendre sa parole. Camille se rit de son cousin, mais celui-ci,
par orgueil, s’entête à vouloir épouser la petite paysanne. Alors que le mariage approche,
Camille et Perdican se retrouvent dans une chapelle et, ayant reconnu leur erreur, finissent par
s’avouer mutuellement leur amour. Mais le bonheur leur reste inaccessible : en s’avouant leur
amour, ils ont tué Rosette, innocente victime des « jeux » des deux cousins. La pièce s’achève
sur cette réplique de Camille. « Elle est morte. Adieu, Perdican. »

Lecture d’un extrait : Acte III, scène VII.

Cette pièce a manifestement été inspirée par les relations tumultueuses entre le poète et
George Sand.
Caractéristiques : grande intensité dramatique, vivacité de la progression, alternance de scènes
« sérieuses » où les personnages analysent leurs sentiments et scènes avec personnages
grotesques rappelant un peu Shakespeare.

Vous pouvez voir les extraits de plusieurs représentations de cette pièce sur Youtube. Par
exemple :
FLORENCE GACOIN-MARKS,
Panorama des littératures française et francophones (2e année)

- Une représentation classique :


http://www.youtube.com/watch?v=M63aifF8d7Q (acte III, scène 2)
- Et une représentation plus moderne :
http://www.youtube.com/watch?v=QdXxBW1VDhY

CHARLES NODIER (1780-1844), ENTRE « ROMANTISME FRÉNÉTIQUE » ET


FANTASTIQUE

Sans être un très grand représentant du romantisme français, Charles Nodier est important
dans les relations franco-slovènes.

Données biographiques :

1780 Né à Besançon.
1792 Très marqué par la révolution. Encore enfant, il devient membre de la société
locale des jacobins (société révolutionnaire).
1812-1813 Sans emploi, il accepte d'occuper la fonction de rédacteur en chef du journal et
quitte la France pour rejoindre Ljubljana, capitale des Provinces illyriennes. Il
s’occupe également de la bibliothèque et se passionne pour les « Illyriens ».
1818 Parution de Jean Sbogar, roman qui se déroule sur le territoire de l’actuelle
Slovénie, roman d’un bandit slovène qui ne peut vaincre le mal qui est en lui.
1833 Parution de nombreux écrits, élection à l’AF, mais début de maladie.
1844 Mort à Paris.

Dans l’histoire de la littérature française, Charles Nodier est aujourd’hui considéré comme un
romantique de second ordre ayant tenu un « cénacle » apprécié de ses contemporains et
comme l’auteur de récits fantastiques alliant merveilleux et gothique.

PRINCIPALES SOURCES UTILISÉES POUR LE COURS SUR LE ROMANTISME :


Paul Aron et al. [dir.] : Le Dictionnaire du littéraire, PUF, 2004. – Article sur le romantisme.
André Lagarde, Laurent Michard : XIXe siècle, Paris, Bordas, 1957.
Henri Mitterand [dir.] : Littérature XIXe siècle, Paris, Nathan, 1992.
Wikipedia – Article sur le romantisme.
Les notes accompagnant les œuvres romantiques publiées dans la collection « Classiques
Larousse » et chez d’autres éditeurs.
Les numéros du Magazine littéraire consacrés à Chateaubriand et Victor Hugo.
Les sites internet consacrés aux auteurs étudiés.

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