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Mélanges de la Casa de

Velázquez
35-2  (2005)
Lire les territoires des sociétés anciennes

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Philippe Boissinot
Sur la plage emmêlés : Celtes, Ligures,
Grecs et Ibères dans la confrontation
des textes et de l’archéologie
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Référence électronique
Philippe Boissinot, « Sur la plage emmêlés : Celtes, Ligures, Grecs et Ibères dans la confrontation des textes et de
l’archéologie », Mélanges de la Casa de Velázquez [En ligne], 35-2 | 2005, mis en ligne le 14 octobre 2010, consulté
le 13 octobre 2012. URL : http://mcv.revues.org/2000

Éditeur : Casa de Velázquez


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Ce document est le fac-similé de l'édition papier.
© Casa de Velázquez
dossier lire les territoires des sociétés anciennes

Sur la plage emmêlés : Celtes, Ligures,


Grecs et Ibères dans la confrontation
des textes et de l’archéologie

Philippe Boissinot
EHESS, Centre d’Anthropologie, Toulouse

Depuis longtemps déjà, il ne fait de doute pour personne que des Phéniciens 13
et des Grecs sont venus s’installer sur les côtes de la Méditerranée occidentale ;
que des places de commerce y ont été fondées, parmi lesquelles Marseille et,
dans une moindre mesure, Emporion, toutes deux grecques, dont l’influence
fut considérable dans l’évolution des sociétés vivant à proximité.
Assurément, des Ligures habitaient dans le voisinage de la première, surtout
dans la partie orientale de la Provence,et des Ibères fréquentaient les rivages cata-
lans. Des Celtes,préférentiellement cantonnés au nord,ont eux aussi joué un rôle
dans ce qui fut une rencontre culturelle complexe,s’échelonnant dans le temps,à
propos de laquelle certaines péripéties sont évoquées dans les textes antiques.
Personne ne nie que lesdites sociétés mises en présence étaient structurées
différemment, chacune mettant en œuvre un corpus de techniques propre.
Depuis son invention à la fin du xix e siècle dans le contexte empirique de l’an-
thropologie nord-américaine1, il est possible de recourir à la notion d’accul-
turation pour décrire les contacts culturels entre sociétés appartenant à des
« stades de développement » différents (les guillemets sont là pour accentuer
la distance que l’on voudrait prendre avec ce qui relève d’une naïve et arro-
gante idéologie du progrès). Ces processus d’interpénétration complexes ont
donné lieu à des typologies parmi lesquelles on retiendra celle de
G. Balandier2, qui nous paraît particulièrement éclairante pour cette région et
deux des situations coloniales qu’elle a connues. À propos des contacts entre
commerçants méditerranéens (Grecs, Phéniciens) et « indigènes », il convient

1 Puis sa formulation dans le célèbre Mémorandum pour l’étude de l’acculturation publié en


 sous la direction de R. Redfield, R. Linton et M. Herskovits (voir la présentation de cet ou-
vrage dans Cuche, , pp. -).
2 Balandier, , pp. -.

Philippe Boissinot et Pierre Rouillard (coord.), Lire les territoires des sociétés anciennes
Dossier des Mélanges de la Casa de Velázquez. Nouvelle série, 35 (2), 2005, pp. 13-43.
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d’évoquer une acculturation spontanée (situation ) puisque les changements


culturels observés sont dus au simple jeu de contact, en des points précis du
territoire, au moins dans la phase initiale. La colonisation romaine, par contre,
relève d’une acculturation organisée mais forcée (situation ) puisqu’elle s’ef-
fectue sur toute l’étendue du territoire désormais maillé par une administra-
tion et des structures (réseau routier, cadastrations…), qui visent à court
terme la modification de la culture du groupe dominé (« indigènes ») soumis
aux intérêts du groupe dominant (les Romains).
Il est aujourd’hui préférable d’éviter le concept d’hellénisation pour décrire
les transferts culturels entre Grecs et non-Grecs envisagés comme une relation
de domination à sens unique entre « civilisés » (actifs) et « barbares » (passifs)3,
comme nous y invitaient la quasi-totalité des auteurs de l’Antiquité, victimes
de leur ethnocentrisme. Parmi eux, ceux qui avaient personnellement assisté à
ces échanges interethniques, tel Posidonios au début du i er siècle av. J.-C.,
allaient cependant jusqu’à éprouver une certaine indulgence à l’égard de ces
écoliers turbulents, ou sauvageons, à l’école de la Grèce (Marseille), car il faut
14 bien que jeunesse se passe. On comprend sans peine que cette métaphore
pédagogique ait remporté un grand succès chez les lettrés qui ont écrit l’his-
toire de la Provence4, plus proches des maîtres de la cité à la tête bien faite que
des indigènes décapiteurs des environs.
C’est une évidence, on écrit l’histoire selon son époque : à l’heure de la déco-
lonisation, des mouvements régionalistes et des revendications tout aussi légi-
times des minorités, il n’a plus été crédible de concevoir les relations intereth-
niques selon un schéma simpliste de type maître-élève ou donneur-receveur.
Peu à peu s’est répandue l’idée que l’« indigène » (non Grec) était capable de
produire bien mieux que de l’imitation, qu’à lui aussi on pouvait accorder le
statut de créateur de « civilisation », l’exemple de la sculpture ibérique (dame
d’Elche, monument de Pozo Moro) ou de la ville salyenne de Glanon, que nous
verrons plus loin, apparaissant comme un révélateur de l’excellence de ses
capacités. Ce relativisme culturel a rendu possible l’introduction du concept
d’identité, si répandu depuis quelques années dans le champ des sciences
humaines qu’il finit par ne plus vouloir dire grand-chose5.
Au terme de ce parcours historiographique, on remarquera que
l’« indigène » occupe désormais une place qui n’est plus aussi caricaturale que
celle que lui avait accordée la tradition antique. Il s’agit maintenant d’un être
complet, un sujet, puisque, au-delà de ses productions (architecture, mobilier,

3 En dernier lieu, voir les critiques de Dietler,  et Morel,  b.


4 Boissinot, .
5 Halpern, . Un large panorama de l’usage de ce concept peut se lire dans la synthèse de
Kaufmann,  et, à l’initiative des archéologues, on trouvera de nombreuses contributions
dans Bonis et al., . Pour ma part, j’ai montré un certain scepticisme dans l’approche ar-
chéologique de l’identité, notamment pour les sociétés qui appartiennent à la Préhistoire stricto
sensu (Boissinot, ).
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œuvres d’art…), on s’interroge sur sa capacité à faire des choix et sur la


conscience qu’il pouvait avoir de lui-même. Mais ce supplément d’humanité
n’est-il pas construit sur des bases insuffisamment clarifiées et encore
empreintes de conceptions que l’on croyait révolues ? N’est-on pas victime
d’une conception culturaliste datée de l’ethnie qui rigidifie quelque peu les
relations entre sociétés, vision qui est aussi, plus généralement, celle de la Pro-
tohistoire depuis sa création dans le dernier quart du xix e siècle ? Sans le dire
vraiment, n’a-t-on pas construit entre Grecs et non-Grecs6 une société d’apar-
theid en développant une vision trop essentialiste de la culture ?
Pour faire ce travail de déconstruction, nous reprendrons à notre compte
des critiques qui ont déjà été formulées dans différents champs des sciences
humaines (ethnologie, sociologie, histoire antique et médiévale). Pour décrire
l’emmêlement7 ethnique observé dans ce coin de la Méditerranée, nous utili-
serons l’idée de chaînes de sociétés proposée par les africanistes8, lesquels tra-
vaillent sur des terrains en de nombreux points comparables au nôtre9. Bien
que les données archéologiques s’y opposent généralement, nous tenterons
enfin de nous focaliser sur les pratiques des acteurs sociaux plutôt que de nous 15
référer à des entités culturelles dont la construction demeure problématique.

Où sont les Grecs ?


Il y en a à Marseille assurément ; plusieurs siècles de fouilles archéologiques
n’ont fait que confirmer la tradition historiographique qui place sa fondation
aux alentours de  av. J.-C. par des colons ioniens provenant de la ville de
Phocée en Asie Mineure10. Les céramiques d’importation retrouvées attestent
à la fois des datations et des courants d’échanges. Cependant, dès les premiers
niveaux rencontrés dans les fouilles de l’église Saint-Laurent ou, plus loin, à
proximité de la rue de la Cathédrale11, toutes deux dans la partie la plus
anciennement habitée de la ville, des objets (bracelets, céramique modelée)
et des structures (constructions sur poteaux) — lesquels, à n’en pas douter,
s’inscrivent dans la tradition indigène régionale —, sont associés à des ves-
tiges qui relèvent d’un tout autre univers, nous dirons « grec » pour simpli-
fier. Certains ont proposé d’interpréter ces données comme l’attestation

6 Par méconnaissance, nous laisserons à d’autres le même exercice à propos des Phéni-
ciens/Puniques, qui concerne préférentiellement le sud de l’Espagne.
7 L’expression est empruntée à Dietler, , de même que l’idée du titre ; la plage étant non
seulement le bord de mer de la géographie physique, mais aussi le lieu où s’effectuent les (pre-
miers) contacts physiques entre les populations en situation d’acculturation.
8 Voir à ce sujet les travaux de Amselle, .
9 Dans des espaces étendus où le peuplement relativement dense est ancien, à la différence
d’autres terrains du monde océanien où les sociétés sont plus cloisonnées.
10 La synthèse la plus récente est celle de Hermary, Hesnard et Tréziny (dir.), .
11 Gantès et Moliner,  et Hermary, Hesnard et Tréziny (dir.), , pp. -.
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archéologique de l’existence, dès l’origine, de couples mixtes au sein de la cité


grecque, tel que le laissait suggérer la légende de fondation rapportée par
Trogue-Pompée12. Les noces légendaires de Gyptis, fille du roi Nannus des
Ségobriges, et de Protis, le navigateur grec, s’inscrivent dans le cadre bien
connu des échanges matrimoniaux des aristocraties archaïques13. Mais, si l’on
en croit les décomptes céramiques, lesquels indiquent une proportion de  %
de production indigène au sein de la vaisselle consommée14, il est clair que
cette pratique de la mixité n’est pas restée cantonnée aux seules élites. Encore
faut-il admettre que la production céramique régionale était sous le princi-
pal contrôle des femmes.
On en saurait plus sur la question si les textes antiques étaient moins
lacunaires et moins discrets, si les inscriptions sur pierre et les graffitis sur
céramique étaient plus répandus à Marseille. Des femmes grecques ont-elles
navigué avec les premiers colonisateurs, ne serait-ce qu’afin que les cultes
soient rendus selon la tradition grecque comme le suggère A. J. Graham, ou
bien s’agit-il uniquement d’une affaire d’hommes trouvant femme ulté-
16 rieurement sur place comme le voudrait R. Van Compernolle15 ? Et, dans les
deux cas, qu’en est-il de l’appartenance culturelle des rejetons ?
Les quelques indices que l’on possède nous indiquent que les deux mondes,
indigène et grec, n’étaient toujours pas étanches, plus tard encore, dans le pre-
mier quart du vi e siècle av. J.-C. : après la mort du roi Nannus, Trogue-Pompée
évoque incidemment, à propos de l’affaire Comanus16, l’existence de liens
amoureux entre une femme indigène de l’aristocratie locale vivant hors les
murs et un jeune Grec de la cité ; puis, près de deux siècles après, à l’occasion de
l’épisode de Catumandus, on apprend que des « indigènes » avaient l’habitude
de participer en tant qu’hôtes à la fête des Anthestéries organisée dans le port
grec, et qu’ils étaient capables de piété envers des dieux qui n’étaient pas vrai-
ment les leurs. Ces faits isolés, qui rendent compte de rapports cependant uni-
directionnels17, sont les seuls dont on dispose ; peuvent-ils être généralisés ?

12 Dans Justin, Histoires philippiques. La légende rapportée par Aristote diffère quelque peu
(voir Pralon, ).
13 Gras,  et Scheid-Tissinier, .
14 Gantès, . La plupart des vases modelés sont des pots (urnes) destinés à la cuisson,
fonction qui n’est guère représentée dans les séries importées. Pour cette raison, on peut aussi
suggérer que ces vases ont été achetés par les Grecs sur des marchés locaux afin de complé-
ter leur équipement, sans que les potières ne suivent leurs productions ; mais il existe aussi
des formes modelées ( % approximativement) qui ont leurs équivalents dans les séries
tournées importées.
15 Graham, - et Van Compernolle, .
16 Justin, Histoires philippiques, XLIII, .
17 Sauf, peut-être, le cas, malheureusement indécidable, d’une inscription très mutilée et tar-
dive (ii e-i er siècle av. J.-C.), découverte sur le chantier de la Bourse, qui pourrait utiliser le gallo-
grec (si le datif gaulois en -ou est bien réel) et se référer à un culte rendu à Belenos, dieu gaulois
(voir Lejeune, , pp. -).
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Pour tenter de le savoir, nous avons à notre disposition, faute de mieux,


quelques données concernant l’évolution de la consommation céramique18.
À Marseille, les productions indigènes non tournées paraissent de plus en
plus marginales au fil des années et une nouvelle production régionale, la
céramique grise monochrome (naguère nommée « phocéenne »), prend
rapidement de l’importance19. L’interprétation que l’on va faire de cette der-
nière série faite au tour, selon une technique préalablement ignorée des
potiers/potières indigènes, va influer sur notre conception des rapports eth-
niques. Ou bien l’on considèrera que ces céramiques ont été produites à
l’initiative des Grecs, en partie à destination des indigènes puisque des
formes qui leur sont familières ont été tournées à leur intention. Ou bien
p o u r r a -
t-on penser que l’initiative vient des indigènes, lesquels se seraient familia-
risés avec la technique du tour dans (ou à proximité de) Marseille pour des
raisons exactement symétriques, le corpus comptant nombre de formes
grecques. Les analyses morpho-technologiques de Ch. Arcelin-Pradelle20 et
la découverte de l’un des ateliers en Vaucluse, à plusieurs dizaines de kilo- 17
mètres au nord de Marseille, montrent que ladite poterie n’a pas été exclu-
sivement tournée par des Grecs de Marseille à destination de ses marchés
intérieur et extérieur. Le processus de diffusion est manifestement plus com-
plexe et souligne l’existence de mini-réseaux de distribution21, qui peuvent
avoir été organisés aussi bien par des Grecs en pays « indigène » que par des
« indigènes » partiellement en territoire grec, pour ne retenir que les deux
hypothèses extrêmes22. L’attribution est à peine moins indécidable en ce qui
concerne la céramique subgéométrique rhodanienne, autrefois qualifiée de
« pseudo-ionienne »23 lorsque prévalait l’idée ethnocentrique d’une imita-
tion des modèles grecs ; son aire de répartition dissociée de la périphérie de
Marseille permet cependant de s’affranchir de quelques-unes des alternatives

18 Notre réflexion serait particulièrement enrichie si nous connaissions les nécropoles ar-
chaïques de Marseille et de ses environs (voir la synthèse de Bertucchi, ). Les récentes
données sur l’ensemble funéraire plus tardif de Sainte-Barbe montrent que des indices, proba-
blement « celtiques », existent dans le mobilier d’accompagnement de certaines incinérations.
Les tombes  (-/-) et  (-/-) ont en effet livré des fibules qui appartiennent ma-
nifestement à la tradition continentale (voir Moliner [éd.], , p. ).
19 À Marseille, elle reste cependant quantitativement inférieure aux productions à pâte claire,
lesquelles sont pour l’instant très mal connues pour les phases les plus anciennes (fouilles et ana-
lyses en cours).
20 Arcelin-Pradelle, .
21 Bats, .
22 Bats, , évoque à ce propos une parfaite adaptation entre production et consommation
dans un milieu ambivalent.
23 Lagrand, .
24 Le cas de la céramique à pâte claire héraultaise (ou « subgéométrique héraultaise ») est en-
core plus complexe puisque ces productions relèvent de trois « influences » : grecque, celtique et
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retenues pour le cas précédent24.


Tous ces débats évoquent l’impasse méthodologique que constitue l’emploi
d’une qualification ethnique des productions. Si les données archéologiques le
permettaient, il serait préférable d’évoquer le comportement économique
d’acteurs sociaux plus ou moins perméables aux transferts techniques et jouant
de leur appartenance communautaire. On peut parier que ce qui apparaît déjà
complexe lors des premières années de la rencontre coloniale va devenir de plus
en plus emmêlé au fur et à mesure qu’évoluent les rapports interethniques.
Le fait que Marseille ait été qualifiée, dès l’Antiquité, de cité conservatrice et
austère, foyer de l’hellénisme à l’abri de toute contamination barbare25, a cer-
tainement contribué à renforcer cet essentialisme grec, par ailleurs relayé dans
la « mère patrie » par les discours identitaires d’un Isocrate ou d’un Platon.
Pour cette raison et parce que le génie technique des Grecs n’est pas rien, la cité
des Massaliotes a souvent été considérée comme étant à l’origine de toutes les
innovations, les « indigènes » se contentant d’accepter ou de refuser leurs pro-
positions26. Ainsi fait-on venir des « ingénieurs grecs » pour construire les rem-
18 parts de Saint-Blaise — après avoir envisagé, comme le pensait H. Rolland, que
les Grecs eux-mêmes aient régné sur les lieux — ou, encore, pour une simple
citerne bâtie dans une bourgade perchée près de Marseille27. Ne peut-on pas
supposer dans ce dernier cas que des va-et-vient entre les différentes commu-
nautés, que ce soit dans un cadre familial ou professionnel, aient suffi à
répandre des savoir-faire ? Et, dans le premier exemple, que des Grecs aient
coexisté avec les habitants « indigènes » ou, encore, que d’anciens mercenaires
« indigènes », ayant fréquenté des citadelles puniques, soient revenus au pays
en imitant les merlons qu’ils y ont vus28 ?
En ce qui concerne les colonies fondées par Marseille, les cadres sociaux sont
relativement clairs pour au moins l’une d’entre elles, Olbia « la Bienheureuse »,
près d’Hyères, fondée dans la deuxième moitié du iv e siècle av. J.-C. par des
colons, à la fois soldats, paysans, marins et pêcheurs29. Le plan ordonné à la
manière d’un établissement militaire, selon un découpage régulier d’îlots com-

ibéro-languedocienne (voir Py,  a et Garcia, ). La localisation des découvertes datées
du milieu du iv e – début du iii e siècle av. J.-C., dans une microrégion à proximité du site d’En-
sérune et loin des cités massaliètes, est un témoignage de l’inventivité locale, au destin cepen-
dant très éphémère.
25 Guyot-Rougemont et Rougemont, .
26 Selon les expressions choisies de Arcelin,  et de Morel,  a.
27 Sur le site de La Cloche (Chabot, ). À propos des cuves maçonnées et enduites de
béton de tuileau du site de Notre-Dame de Pitié (Marignane), Arcelin, , p. , suppose
l’intervention de techniciens grecs : « apport utilitaire et contribution de la colonie phocéenne
aux pratiques agricoles et artisanales d’un village indigène ».
28 Pour l’analyse technique du rempart de Saint-Blaise et les références au monde punique,
voir Tréziny, , p. , lequel ne partage pas nos interrogations et s’en tient à des concep-
teurs massaliètes.
29 Bats,  et .
philippe boissinot sur la plage emmêlés

portant des habitations à plusieurs pièces, peut, sans difficulté, être rattaché à
des modèles connus dans le monde antique. De même, l’abondant mobilier
céramique retrouvé montre que les Olbiens pratiquaient une cuisine conforme
à ce que l’on sait du monde grec30. Cependant, pour une période certes relative-
ment tardive (ii e-i er siècle av.J.-C.),la fréquentation du sanctuaire du dieu rural
Aristée à l’Acapte, dans l’environnement immédiat de la colonie, dévoile un
monde plus « perméable » qu’il n’y paraît : les dédicants qui s’expriment en grec
portent, dans plus de  % des cas, des noms d’origine gauloise (« indigène ») ;
certains sont des enfants de Gaulois et ont des noms grecs31.Là encore,comme à
Marseille, si l’intention a été grecque dès l’abord, deux mondes se sont côtoyés
produisant, plus ou moins rapidement, leur part inévitable de métissage.
La colonie grecque d’Agde (Agathé), fondation massaliète elle aussi men-
tionnée dans la liste de Strabon (IV, , ), n’a été que très partiellement explo-
rée par les archéologues32. Les sondages réalisés montrent qu’elle succède, à la
fin du v e siècle, à un comptoir indigène établi préalablement sur les bords de
l’Hérault, probablement dès la fin du vii e siècle av. J.-C33. On connaît mal les
circonstances de cette mainmise massaliète et le devenir de la population indi- 19
gène. A. Nickels, qui a fouillé l’une des nécropoles de la ville (Le Peyrou) où
coexistent des rites funéraires variés, y voyait un espace partagé par des colons
massaliètes et des « indigènes fortement hellénisés »34. Il faudra cependant
attendre que des recherches plus étendues soient conduites dans la ville, avec
la reconnaissance de quartiers spécifiques, pour que puisse être démontrée
cette éventuelle mixité insoupçonnable à partir de la seule lecture des textes.
À proximité de la colonie massaliète d’Agde, le site de La Monédière à Bessan
fut,à la suite des fouilles et des analyses d’A.Nickels,considéré un temps comme
un établissement grec implanté à l’intérieur des terres35, une courte tentative de
mainmise étrangère (phase II : -) précédant une reconquête indigène
(phase III : -) : des maisons à absides partiellement construites en adobes
selon un modèle lydien et un abondant mobilier importé constituaient, pour la
deuxième phase, les deux arguments forts présentés par le fouilleur. Mainte-
nant, on sait que ces formes d’habitation existent depuis la fin de la Préhistoire
dans la tradition régionale36 et que les plus anciennes implantations coloniales
se caractérisent plutôt par des plans rectangulaires et des constructions agglo-

30 Bats, .
31 Et la situation inverse semble aussi exister (deux cas probables) ; voir Coupry et Gif-
fault,  et .
32 Voir la synthèse de Berard, Nickels et Schwaller,  ainsi que l’article posthume de
Nickels, , dont les données sont analysées dans Garcia et Marchand, .
33 Les recherches sur le terrain n’ont pas encore permis de localiser cet habitat supposé.
34 Nickels, , p. . À propos de l’interprétation de la diversité des rites, voir les critiques
de Garcia, , pp. -.
35 Nickels,  et  b.
36 Dedet, .
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mérées, ce qui n’est pas le cas des « cabanes » isolées de Bessan. En outre, comme
le démontre P. Moret37, le mobilier décompté par l’auteur provient essentielle-
ment d’un dépotoir d’amphores postérieur à la destruction des habitations qui
n’ont, elles, livré que la série restreinte de six vases en céramique grise mono-
chrome, production dont nous avons déjà indiqué le statut ambigu. De toute
évidence, il n’y a pas eu sur la colline de La Monédière de communauté grecque
« pure », mais des contacts culturels, assurément.
Autre site ayant perdu depuis peu son identité grecque, autrefois reconnue
pour certains épisodes de son histoire : Saint-Blaise. Pour cet éperon, situé
entre l’étang de Berre et le golfe de Fos, un contrôle marseillais avait d’abord
été envisagé, eu égard à sa position peu éloignée du couloir rhodanien et à son
rempart construit « à la grecque ». L’analyse récente du mobilier céramique
consommé n’a pas permis de confirmer l’hypothèse d’un changement de
population associé à ce supposé contrôle, la vaisselle n’évoluant que lentement
selon les tendances de l’époque38. Ce même constat a fait de Saint-Blaise le
symbole d’une « réaction identitaire » face à une dépendance économique,
20 technologique et culturelle accrue.
On vient de le voir, le qualificatif d’« indigène » a peu à peu remplacé celui de
« barbare »,désormais jugé incorrect.Si les produits consommés sont dorénavant
mieux caractérisés et systématiquement comptés, et si la capacité de choisir est
maintenant accordée aux populations ainsi qualifiées, l’interprétation fonc-
tionne toujours à partir d’une simple dichotomie (grec/indigène) et d’une
conception primordialiste39 de l’identité culturelle.Une telle alternative,associée
au postulat que l’appartenance à un groupe ethnique est la première et la plus fon-
damentale des caractéristiques sociales, était-elle déjà incontournable durant
l’Antiquité ?

Existe-t-il des habitats mixtes ?


Le mélange de populations est une réalité dans l’Antiquité ; on ne voit
d’ailleurs pas comment il aurait pu en être autrement. Sa théorisation à partir
de l’antithèse Grec/Barbare correspond à un moment précis de l’histoire, celui
des guerres médiques au v e siècle av. J.-C. au cours desquelles les Perses
deviennent les Barbares par excellence40. Cette opposition qui ne fera que se
raidir avec le temps, notamment dans la bouche des rhéteurs athéniens, laisse
cependant sur ses marges un discours moins passionnel, qui met l’accent sur
les possibilités de passage entre Grecs et Barbares et sur l’existence de peuples
mélangés (migadès) à la duplicité dangereuse. Pour ces derniers, deux alterna-

37 Moret, .
38 Arcelin et Cayot, .
39 Cuche, .
40 Fourgous, .
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tives se présentent à la périphérie du monde grec : soit ils sont des mixhellènes
(demi-grecs), surtout lorsque les populations sont en situation d’hellénisation
ou, encore, dans le cadre du brassage ethnique des armées riches en merce-
naires ; soit ils sont qualifiés de mixobarbaros (demi-barbares), terme généra-
lement péjoratif qui sert aussi à rendre compte de la perte de maîtrise de la
langue grecque. Car, comme le signale Hérodote (VIII, ), ce moyen de
communication est constitutif de l’identité grecque : « Les Grecs sont ceux qui
ont même sang et même langue, sanctuaires et sacrifices communs, sem-
blables mœurs et coutumes » ; le perdre revient à se barbariser.
Les historiens de l’Antiquité évoquent le cas de plusieurs cités grecques qui
furent assujetties à un pouvoir barbare, qu’elles l’aient choisi sous la pression et
les intérêts de quelques-uns de leurs concitoyens ou qu’elles l’aient subi après
une défaite militaire. Les alliances et les oppositions peuvent mêler indiffé-
remment les Grecs et les Barbares suivant les circonstances car, quoique disent
les idéologues, il n’existe pas deux blocs parfaitement conscients d’eux-mêmes
qui s’affronteraient éternellement. Ces réserves énoncées, est-il possible de
concevoir autrement les coupures repérées sur des rivages plus occidentaux ? 21
Nous avons vu précédemment qu’il n’existait pas d’habitat grec demeuré
« pur » au fil des évolutions régionales dans cet angle nord-ouest de la Médi-
terranée. Pour l’un d’entre eux, Emporion, la mixité est sans détour évoquée
par Strabon (III, , ) :
La ville se divise en deux parties séparées par une muraille. En effet,
elle jouxtait autrefois un habitat des tribus indicètes qui, tout en for-
mant une communauté politique distincte, voulaient avoir une
enceinte commune avec les Grecs pour assurer leur sécurité. Celle-ci fut
alors construite avec deux compartiments séparés par un mur mitoyen.
Mais avec le temps ces deux populations se réunirent en une seule entité
politique dont la constitution fut un mélange de lois empruntées aux
Barbares et aux Grecs, comme en beaucoup d’endroits41.

Les archéologues ont voulu voir sur le terrain des indices de cette bipar-
tition en remarquant qu’un sanctuaire suburbain (troisième quart du
v e siècle) avait d’abord constitué le lieu de rencontre privilégié entre les
deux communautés42, puis, que le secteur fut ensuite loti par des « indigènes
en voie d’hellénisation ». Pour une période plus tardive (iv e siècle), des tra-
vaux d’arasement liés à la construction d’un nouveau rempart et des vases
attiques avec des inscriptions en ibère sont interprétés par les fouilleurs

41 Traduction, F. Lasserre, Paris, les Belles Lettres, , t. ii : Livres III et IV, p. .
42 Sanmartí Grego, , p. .
43 Sanmartí Grego, . Notons cependant que le texte de Tite-Live (XXXIV, ) ne cor-
respond guère au tableau présenté par Strabon. Pour l’historien latin, les deux communautés
n’ont été réunies que lorsque s’est posé (tardivement) le problème de l’accès à la citoyenneté ro-
maine, après une (longue) période où Grecs et Ibères se jaugèrent avec suspicion.
dossier lire les territoires des sociétés anciennes

comme l’illustration du phénomène de synœcisme évoqué par Strabon, qui


prit entre autres la forme de mariages mixtes43. Selon E. Sanmartí Grego,
cette politique d’arrangement constitue un choix délibéré des Grecs, qui
étaient trop peu nombreux sur les rivages catalans — un dixième de la sur-
face atteinte par Marseille et pas de sous-colonies (comme le furent Agde,
Olbia, Antibes et Nice) — pour imposer leurs lois et leurs pratiques com-
merciales. Des inscriptions sur plomb témoignent à ce sujet de la présence
d’intermédiaires ibères dans les transactions conduites par les Emporitains
de souche hellénique.
La posture essentialiste retenue par les chercheurs décrivant la situation
massaliète ne serait-elle due qu’à la dureté de la politique commerciale de la
cité provençale, laquelle disposait de relais côtiers, d’alliances internationales
et d’une population urbaine suffisamment nombreuse pour se permettre une
mobilisation permanente contre les « Barbares »44 ? Et, à l’inverse, la qualifi-
cation des processus en termes de creuset culturel ou d’osmose pour le cas
ampuritain avec, à côté, la reconnaissance d’un véritable processus d’ibérisa-
22 tion45, ne ferait-elle que suivre la tradition littéraire en ne s’attardant guère sur
l’ambiguïté de certains faits archéologiques ? Qu’en serait-il si le texte de Stra-
bon — une véritable concession à la mixité, si l’on se réfère à l’esprit de sa Géo-
graphie — n’avait pas été conservé ?
Un autre cas de mixité peut être évoqué à propos d’Arles46. Son statut est
moins clairement défini par Strabon (IV, , ) lequel, en pleine période augus-
téenne, place ce « marché », une « ville et [un] centre commercial important »,
à l’égal de Narbonne, laquelle était depuis quelques années la capitale de la
nouvelle province romaine. Les vers du poème d’Aviénus (Ora maritima,
v. -), rédigés au iv e siècle de notre ère à partir de sources anciennes, sus-
citent, quant à eux, plus d’interrogations : on y apprend en effet qu’Arelate
avait pour nom Theline lorsque les Grecs y résidaient, changement onomas-
tique peu fréquent pour une période si ancienne47.
À ce sujet, les débats ont été récemment renouvelés grâce aux fouilles
conduites à Arles par P. Arcelin sur le site du Jardin d’Hiver48. Ces travaux,

44 L’expression est de Clavel-Lévêque, , qui voyait dans cette politique commerciale
les raisons d’un immobilisme politique, un frein aux antagonismes de classe.
45 Cependant réservé aux populations non-grecques. Le sens du changement culturel n’est
pas évoqué en direction des Grecs. Comme la métaphore d’osmose le laisse entrevoir, la diffusion
s’effectue des concentrations (en innovations) les plus élevées aux plus faibles.
46 Je n’évoquerai désormais que des exemples provençaux. Pour être complet, il faudrait citer
encore le cas de La Picola en Espagne pour lequel P. Moret et P. Rouillard suggèrent une présence
grecque (pas forcément constante) sur un site dont la consommation est indigène et le plan de
type grec (voir Badie et al., , pp.  sqq).
47 Un cas similaire doit être signalé en Grande Grèce, celui de Poseidonia, qui prendra le nom
italique de Paestum lorsque les élites samnites prendront le pouvoir.
48 Arcelin,  et .
philippe boissinot sur la plage emmêlés

associés au réexamen de l’ensemble de la documentation, suggèrent au


fouilleur la définition de plusieurs périodes. Après une occupation « indi-
gène », probable dans la première moitié du vi e siècle49, l’agglomération
devient un important lieu de redistribution avec des quartiers organisés
selon des structures comparables à celles d’un habitat colonial grec (îlots
réguliers avec habitations à plusieurs pièces), dans lequel la consommation
céramique est essentiellement représentée par des vases faits au tour, étran-
gers à la tradition locale50, peut-être utilisés par des Grecs issus des der-
nières émigrations phocéennes. Peu à peu, une différenciation spatiale
s’opère entre les quartiers du centre (site des Cryptoportiques), plus dyna-
miques, et d’autres secteurs, tel celui du Jardin d’Hiver pour lequel les don-
nées archéologiques suggèrent une paupérisation et une tout autre appar-
tenance ethnique51, que l’on qualifiera d’« indigène » pour simplifier. À
l’image d’Emporion, le fouilleur pense qu’il est nécessaire d’évoquer, à ce
moment précis, la coexistence de deux communautés ethniques, la plus
dynamique et la plus fortement « hellénisée » (voire tout à fait « grecque »)
ayant fini par imposer le nom grec de Théline à la ville, devenue progressi- 23
vement une colonie de peuplement (apoikia). Par la suite, selon un proces-
sus que l’auteur ne détaille pas faute de documents, les élites indigènes se
seraient plus largement impliquées dans la vie politique de cette agglomé-
ration, désormais multiculturelle, jusqu’à lui assigner un nouveau nom,
celui d’Arelate dont l’origine est celtique, peut-être employé dès la première
phase. Selon P. Arcelin, avec la fréquentation fructueuse des negotiatores ita-
liens, elle deviendra par la suite (après  av. J.-C.) un « centre de référence
pour les populations voisines », un haut lieu du « syncrétisme gréco-italo-
celte » à l’origine de la prospérité régionale des décennies suivantes52.
On ne peut évoquer les phénomènes de mixité dans le Midi sans citer le cas
de Glanon (en latin Glanum) censé illustrer brillamment la Gallia Graeca53,
cette « Gaule qui parut transportée en Grèce » selon les dires de Justin
(XLIII, ) résumant Trogue-Pompée.
Pour l’archéologue H. Rolland, qui y a réalisé de fructueuses recherches,
cette ville parée de monuments illustre le :

49 Pour laquelle on attend toujours les arguments archéologiques. L’auteur ne l’évoque


d’ailleurs plus dans sa dernière synthèse (Arcelin, ).
50 On notera cependant que les ustensiles utilisés pour la cuisine sont préférentiellement des
pots (urnes) modelés lesquels, selon les thèses défendues par M. Bats, seraient des marqueurs
ethniques plus sûrs.
51 Distinction en grande partie fondée sur la proportion en mobilier non tourné.
52 Arcelin, , p. .
53 En faisant l’inventaire des importations retrouvées dans l’arrière-pays marseillais, Jacobs-
thal et Neuffer, , ont été les premiers à se livrer à ce genre d’exercice.
54 Rolland, , p. .
dossier lire les territoires des sociétés anciennes

syncrétisme gallo-grec adopté, peut-être mieux qu’ailleurs, dans le


domaine territorial de Marseille, par les deux communautés ethniques,
salyenne et grecque, groupées autour du sanctuaire de Glanum54.

En effet, la coexistence de cultes « indigènes » (guerriers accroupis, rite des


têtes coupées, vasque dédiée à Belenos) et d’édifices (publics et privés) bâtis
selon des techniques et des modèles méditerranéens dans une cité, faisant, en
outre et selon lui, partie du domaine de Marseille, ne pouvait que trahir une
double appartenance culturelle suscitée, en grande partie, par le négoce ; une
duplicité qui alla jusqu’à se fondre en une nouvelle expérience esthétique
comme le montrent les chapiteaux quadricéphales associant des têtes
humaines, parfois parées de torques (celtiques), à d’autres relevant manifeste-
ment du domaine mythologique gréco-romain.
La reprise des fouilles et de l’étude architecturale de quelques monuments
a permis de renverser les interprétations préalablement proposées. Il est
d’abord apparu que les différentes destructions repérées ne coïncidaient guère
avec l’hypothèse d’une allégeance aux Massaliotes défendue par H. Rolland,
24 mais liaient plutôt Glanon au sort de la plupart des agglomérations salyennes
de la région55 ; peut-être ce site a-t-il été l’un des derniers bastions de cette peu-
plade partiellement décimée près du littoral ? Par la suite, l’étude du mobilier
céramique préromain révéla une consommation qui s’apparentait plus à celle
des oppidums « indigènes » qu’à celle observée à Marseille et dans ses colo-
nies56. Pour A. Roth-Congès, cette agglomération relève d’un :
monde indigène enrichi, dynamique, conscient de son identité mais
également de son aptitude à maîtriser les innovations extérieures, et
certainement désireux d’en faire étalage à une époque où son indépen-
dance est dangereusement menacée57,

en d’autres termes, d’un lieu où se rassemblent d’habiles « parvenus »


ouverts sur l’extérieur, mais aussi fiers de leur appartenance ethnique, qui
seront capables avant d’autres de prendre le premier train de la romanisa-
tion58. Dans ce schéma, faut-il pour autant exclure toute présence grecque
dans ces lieux durant les périodes précédant la mise en place de ce nouveau
processus ? L’auteur veut bien consentir à la visite de quelques architectes
pour la construction de plusieurs édifices (temple toscan, puits à dromos),
mais se refuse à une participation massaliète plus large, même pour les sculp-

55 Roth-Congès, .
56 Arcelin, .
57 Roth-Congès, , p. .
58 L’auteur parle même de « sentiment national resté vif » (ibid., p. ).
59 Lejeune, , pp. -. La seule exception à la règle est un probable nom grec, partielle-
ment conservé sur un autel votif.
philippe boissinot sur la plage emmêlés

tures réalisées avec brio, a fortiori pour certaines constructions empreintes


de maladresse. Les témoignages onomastiques (inscriptions sur pierre ou
céramique), presque exclusivement écrits en gallo-grec59, sont d’ailleurs suf-
fisamment éloquents pour parer à toute discussion. Mais, dans le cas d’une
population massivement celto-ligure, n’est-il pas risqué d’attribuer à cer-
taines formes architecturales des fonctions qui appartiennent précisément à
l’univers grec, tels les supposés prytanées (« hôtel de ville ») et bouleuterion
(« lieu d’assemblée ») même si sur le premier d’entre eux les repères d’as-
semblage en lettres latines avaient laissé croire à une influence italique ? Pour
P. Gros, qui veut bien admettre l’hégémonie des élites salyennes et une
parure teintée d’hellénisme italique, la question s’avère difficile à résoudre
compte tenu des analogies trompeuses déjà signalées ailleurs, même à l’in-
térieur des civilisations dites classiques60.
Pourquoi ne pas imaginer pour cette ville prospère61 l’accueil de Grecs
bilingues, ne faisant pas obligatoirement partie de l’élite massaliète et ayant
renoncé à l’écriture de leur langue, à moins que l’archéologie ne révèle un
jour l’existence de quelques graffitis ? Car, n’oublions pas que Marseille, 25
pourtant bien grecque, demeure un gisement extrêmement pauvre en
documents épigraphiques de la sorte. Pourquoi ne pas y voir aussi la pré-
sence de familles qui furent un moment grecques, peut-être mixtes, mais
provenant d’autres agglomérations à la population mêlée, telle cette Théline
si proche ? Est-il en outre nécessaire que tous les habitants de Glanon aient
revendiqué une identité salyenne ? N’auraient-ils pas pu, pour certains
d’entre eux seulement, se sentir grecs dans certaines circonstances et salyens
dans d’autres ?
On aimerait pouvoir disposer pour ces périodes anciennes de documents
équivalents à celui du cénotaphe de la famille des Julii qui se dressera fière-
ment à l’entrée de la même ville (Glanum), vers les années - av. J.-C., à
l’heure où se mettront en place les institutions du nouveau régime et que
sera défini le statut de la province62. C’est parce que nous connaissons les
codes iconographiques et onomastiques de cette première phase de la roma-
nisation que nous pouvons lire sur ce monument, comme le fait P. Gros, la
volonté d’auto-exaltation d’une famille de notables ayant accédé à la citoyen-
neté romaine grâce aux exploits guerriers de l’un de ses ascendants, à
l’époque de César, et non pas à la suite du seul exercice sans risques d’une
magistrature municipale.

60 Gros, .
61 Les raisons de cette prospérité font débat et opposent Gros, , lequel verrait plutôt une
économie florissante liée au rôle de sanctuaire — marché sur une importante voie de transhu-
mance —, et Roth-Congès, , qui préfère l’associer aux seuls bénéfices de la présence d’un
sanctuaire des eaux.
62 Gros,  et .
dossier lire les territoires des sociétés anciennes

Mais, qu’en était-il des codes des périodes préromaines ? Glanon a-t-il été le
lieu de stratégies identitaires pour les élites salyennes, et comment de telles
pratiques se sont-elles inscrites dans le paysage urbain si tant est qu’une publi-
cité ait été recherchée pour une identité reconstruire a posteriori ?
On s’est beaucoup interrogé sur la nature des noms de peuples composés
dans l’Antiquité. Si l’on suit les analyses de A. Schulten et d’A. Piganiol63, il est
probable que la plupart d’entre eux correspondent, soit à des peuples dont on
veut préciser la localisation géographique (les Sardolibyens sont des Libyens de
Sardaigne), soit à la réunion de deux noms que l’on associe pour cacher une
certaine ignorance (les Celtoscythes ne sont ni celtes, ni scythes, mais vivent
dans des confins mal connus). Ces procédés de nomination que les philo-
logues ont étudiés n’excluent pas pour autant l’existence de populations
mêlées, comme il est normal d’en trouver dans les ports ou le long du littoral.
On apprend ainsi, dans le périple du pseudo-Scylax (au iv e siècle av. J.-C.),
qu’entre Emporion et le Rhône vit une population mélangée de Ligures et
d’Ibères et qu’autour de cette première ville un peuple porte le nom de Mis-
26 gètes, lequel se réfère sans ambiguïté au verbe grec signifiant « mélanger »64. Le
nom de Celto-ligyen apparaît à un moment précis de l’histoire, lorsque Polybe
évoque le passage d’Hannibal près du Rhône et la rencontre de Celtes dans une
région surtout dévolue aux Ligyens (Ligures) ; ce nom composé sera par la
suite abandonné, lorsque la conquête romaine aura permis une meilleure
connaissance des tribus locales65. De tout ceci il ressort l’impossibilité pour les
écrivains de l’Antiquité de penser la multiplicité et la relativité des identités
culturelles qui ne sont, en outre, jamais abordées dans leur cadre social.

Quelles limites pour les peuples ?


Dépassons maintenant les débats suscités par l’hellénisme triomphant pour
examiner ce qu’il est possible d’énoncer à propos des peuples qui n’ont pas
laissé leur voix dans l’Histoire. Leurs noms nous sont parfois transmis, de
même que leurs actions ou leurs traits de caractère vus à travers les filtres
antiques, souvent de manière casuelle, mais, sur la longue durée, la plupart
d’entre eux ne sont connus qu’à partir de vestiges matériels.
Depuis que la Protohistoire existe comme discipline, on a coutume de car-
tographier les faits humains (formes et décors céramiques, types d’outils ou de
parures…) de manière à reconnaître des aires culturelles, associées dans un
deuxième temps aux territoires d’ethnies dont les noms nous sont parvenus
grâce à la tradition littéraire. Cette conception des « cultures » ou des « groupes

63 Les analyses du premier sont présentées chez le second ; voir Piganiol, .
64 Sanmartí Grego, , p. .
65 Bats, .
66 Veit,  et Olivier, .
philippe boissinot sur la plage emmêlés

culturels » doit beaucoup aux travaux du germaniste G. Kossinna, principale-


ment publiés au début du xx e siècle ; ils furent à l’origine d’une entreprise
d’exposition des origines et des continuités nationales, largement instrumen-
talisées par l’idéologie nazie66. En deçà de ces excès, tout le champ de la disci-
pline a été largement influencé par ces conceptions qui se retrouvent aussi bien
chez des spécialistes de la Gaule, tels que J. Déchelette ou C. Jullian, que chez
un marxiste comme V. G. Childe, qui a voulu décloisonner les protohistoires
nationales pour révéler des processus qui intéressent une grande partie de
l’humanité. De nos jours, elle est encore particulièrement vivace dans l’appré-
hension des civilisations n’ayant pas laissé de traces écrites67.
Cette représentation des communautés humaines et de leur devenir relève
plus généralement de ce que l’on appelle le culturalisme68, lequel, en s’inspi-
rant des premières définitions de E. B. Tylor69 puis de celles de Fr. Boas, conçoit
la culture comme un corpus stable et clos de représentations, de croyances ou
de symboles, un ensemble ayant, en outre, de fortes affinités avec une organi-
sation politique spécifique. Selon ce point de vue substantiviste, tout se passe
comme si les cultures pouvaient être considérées comme des données dont les 27
anthropologues seraient chargés d’établir la systématique.
Il n’est pas étonnant que les archéologues aient été séduits par de telles
idées : disposer de repères stables et de relations rigides aux contours bien défi-
nis plutôt que supposer une insaisissable souplesse, une prolifération de voix
sociales et une multiplicité des codes, ne pouvait que rassurer les chercheurs
qui travaillent sur les sociétés du passé. Il suffisait alors de partir des peuples
cités par Hérodote, César, Strabon ou Tacite pour leur associer un contenu
exhumé à coups de pelles et de pioches, complétant ainsi, peu à peu, le puzzle
des cultures de l’ancienne Europe.
Mais la critique ethnologique ne s’est pas contentée des seules conceptions
culturalistes. À l’initiative de plusieurs africanistes70, la fin des années  a vu
l’idée d’ethnie perdre quelque peu de sa solidité.En réintroduisant l’histoire et les
pratiques des acteurs sociaux au sein d’entités que l’on croyait stables, il est
apparu que nos représentations de l’ethnie étaient tributaires du travail des
administrateurs coloniaux et des missionnaires des deux derniers siècles, les-
quels avaient établi des fichiers avec des groupes humains subsumés sous

67 Boissinot,  et .


68 Pour une présentation générale de ce mouvement, on lira les critiques de Bayard, .
69 Tylor, . Pour l’auteur, la culture est : « un ensemble complexe incluant les savoirs, les
croyances, l’art et les mœurs, le droit, les coutumes, ainsi que toutes les dispositions ou usages ac-
quis par l’homme vivant en société ».
70 Travaux rassemblés dans plusieurs ouvrages dont Amselle et M’Bokolo,  et Chré-
tien et Prunier (dir.), . Le cas de l’Afrique non équatoriale est plus particulièrement
adapté à celui que nous voulons traiter puisque les communautés n’y sont pas fortement cloi-
sonnées et sont, en partie, concernées par des réseaux d’échange à courte et longue distance ; ce
qui n’est évidemment pas tout à fait le cas de la jungle de Bornéo.
dossier lire les territoires des sociétés anciennes

quelques noms pour mieux organiser les territoires dont ils avaient la charge.
J.-L. Amselle a ainsi démontré que les sociétés africaines, avant la période colo-
niale, étaient des groupes à identité souple,composés d’unités sociales inégales et
hétérogènes, connaissant de fréquentes recompositions et décompositions. En
se demandant comment on peut être bambara,J.Bazin71 a étudié la construction
fictive de l’ethnie chez les ethnologues spécialistes de l’Ouest africain,lesquels,tel
Delafosse, ont voulu dresser des cartes, définir une culture et une tradition à par-
tir d’un ethnonyme qu’ils ont cru stable. Pourtant, l’analyse des situations d’in-
teraction montre que « Bambara » est un signifiant flottant et que son utilisation
est de nature performative. En s’intéressant au processus social de nomination,
on peut voir combien les critères d’identification sont pluriels,souvent associés à
des stéréotypes.Selon les contextes,on devient bambara parce que l’on boit de la
bière,mais on peut perdre cette identité si l’on change de religion ; pour un com-
merçant de l’Ouest africain, on peut ainsi dénommer un individu parce qu’il est
simplement un paysan idolâtre,inapte à la vie urbaine72.Le caractère flottant des
ethnonymes doit être associé au fonctionnement des différents réseaux qui
28 structurent l’espace africain.Celui-ci peut se décomposer en espaces d’échanges,
en espaces politiques, linguistiques, culturels ou religieux ; ces différentes mani-
festations qui jouent à différentes échelles ne coïncidant pas généralement. Sui-
vant les périodes, au fil des constructions étatiques ou des phases d’essaimage,
des sociétés deviennent englobantes et acquièrent momentanément la capacité
de délimiter l’espace ; elles coexistent cependant avec d’autres populations qui
sont autrement structurées, si bien qu’il n’existe à aucun moment de mosaïque
de peuples aux frontières bien définies.
S’il faut rejeter le concept d’ethnie pour comprendre l’Afrique précoloniale,
ceux, plus dynamiques, d’ethnicité73 et de conscience ethnique peuvent être
maintenus pour rendre compte des manipulations opérées par les acteurs
sociaux. Des frontières existent mais, suivant les circonstances, elles peuvent
être soit vives, soit floues ; elles sont avant tout sémantiques. L’erreur des pre-
miers ethnologues a été de projeter sur les peuplades africaines le modèle
européen de l’État-nation — un État-nation au rabais —, qui associe rigide-
ment un espace à un ethnonyme et à une culture. Ce processus de territoriali-
sation, qui n’a pas été sans conséquences sur les consciences ethniques, illustre
une fois de plus le caractère relatif des identités. De nouveaux groupes se sont
approprié les traditions et les appellations à un moment fictives, puisque arti-
ficiellement découpées par les agents coloniaux ; après la décolonisation, elles
furent instrumentalisées pour servir des combats politiques inédits, laissant
croire aux observateurs pressés qu’il s’agissait d’une résurgence du « triba-

71 Dans Amselle et M’Bokolo, , pp. -.


72 N’a-t-on pas été ligure à certaines périodes de l’Âge du Fer parce que l’on habitait la mon-
tagne plutôt que les plaines situées près de Marseille ?
73 Poutignat et Streiff-Fenart, 1995.
philippe boissinot sur la plage emmêlés

lisme ». Nous reviendrons à ces questions de réappropriation à propos du


maillage administratif de la Gaule qui, à travers le réseau des civitates, n’illustre
pas seulement l’adaptation de l’impérialisme romain à une « réalité indigène »
mais atteste, avant tout, du caractère souple des identités ethniques gauloises.
À côté des exemples africains, P. J. Geary vient de livrer une analyse du phé-
nomène des grandes invasions74 qui peut, elle aussi, s’avérer heuristique pour
la situation protohistorique, même si l’exclusivisme chrétien et la présence
massive de troupes militaires sur le limes constituent des facteurs qui, de toute
évidence, nous éloignent de notre contexte. Pour ce spécialiste du monde
mérovingien, force est de constater qu’il est impossible d’établir une carte géo-
graphique des peuples de l’Europe du haut Moyen Âge en croisant les données
de la linguistique, de l’archéologie et de l’histoire. Non pas parce que les diffé-
rences ethniques seraient à cette période moins affirmées, mais parce que cet
illusoire projet cartographique ne peut naître que dans le cadre de l’État-
nation, plus particulièrement lorsque ce dernier, à l’époque contemporaine,
tente de gommer des diversités culturelles qui s’adaptent mal à ses frontières.
Impossible alors de tenter une quelconque ethnogenèse puisque, pour cette 29
période qui succède à l’Antiquité, les noms de peuples constituent des moyens
pour affirmer une forme d’unité sous la conduite de chefs voulant monopoli-
ser et incarner les traditions associées à ces noms, allant jusqu’à assembler des
traditions disparates et en inventer de nouvelles75. Pour des raisons différentes
— il s’agit plus ici du pouvoir de conviction des noms que d’un relativisme
dans l’assignation —, on retrouve le caractère flottant des ethnonymes déjà
évoqué à propos de l’Afrique précoloniale. Ainsi, un simple leader charisma-
tique, généralement un guerrier talentueux et chanceux, peut-il donner nais-
sance à un peuple nouveau, lui-même ou sa descendance se chargeant de bri-
coler une tradition, une généalogie, une mission divine. Ce noyau éphémère,
éventuellement absorbé dans un nouveau groupe en cas de défaite, exerce dans
la plupart des cas son autorité sur une population disparate, ne partageant
éventuellement avec lui que quelques traits culturels, et n’étant jamais com-
plètement assimilée ; si bien que les sentiments d’identité, souvent négo-
ciables, discutables et transformables, diffèrent suivant les acteurs sociaux,
l’appartenance ou non au dit noyau, lui-même constitué de manière hétéro-
clite. Lorsque les Huns faisaient la conquête de nouveaux territoires, ils en
détruisaient l’essentiel de l’appareil politique mais engageaient certains chefs
indigènes qui prêtaient serment de leur fidélité76. Contrairement à ce qui se
passe au sein d’un État centralisé, on peut parier que ces relais indigènes
n’étaient guère soucieux de modifier leurs habitudes culturelles et que la cul-
ture matérielle des petits agriculteurs demeurait, à peu de chose près, la même.

74 Geary, .
75 Ibid., pp. -.
76 Ibid., p. .
dossier lire les territoires des sociétés anciennes

Un archéologue qui s’intéresserait à leurs habitats n’y verrait que continuité,


alors que le contexte politique, tel qu’il est évoqué dans les textes, se présente
de manière plus chaotique. Plus tard, au vii e siècle, le cas des Lombards illustre
un autre phénomène, celui de la fusion entre deux groupes inégaux, l’un d’eux
mené un temps par le roi Alboïn à la tête d’une armée hétéroclite, peu nom-
breuse en hommes mais exerçant son hégémonie sur la population romaine,
finissant par adopter quelques-uns des traits culturels de cette dernière, telle la
céramique et l’habillement77. Les pratiques juridiques et les mariages mixtes
ont finalement concouru à l’existence d’une double identité lombarde et
romaine, reconnaissable en partie par la création de noms hybrides, si bien
qu’il devint difficile de distinguer les uns des autres, les « étiquettes » ayant, en
outre, évolué au cours des années.
Que faut-il retenir de ces deux contextes africain et européen ? Première-
ment, que, sous des noms identiques, des contenus fort différents peuvent être
compris, même sur des durées relativement courtes et malgré les traditions qui
ont été transcrites, et que, à l’inverse, de mêmes acteurs sociaux peuvent rece-
30 voir des identités différentes suivant les situations et les points de vue. Deuxiè-
mement, que les continuités observées dans la culture matérielle ne sont en
rien des reflets des péripéties politiques, lesquelles peuvent, cependant, boule-
verser les consciences ethniques. Enfin, que les évolutions culturelles enregis-
trées ne vont pas toujours des dominants vers les dominés, toutes les nuances
pouvant être observées dans le cadre des rencontres culturelles.
L’ethnoarchéologie apporte elle aussi sa part d’avertissements. Parmi les
rares études conduites sur la céramique — matériau ô combien omniprésent
sur les sites archéologiques ! —, l’analyse des productions au sein du peuple
Luo du Kenya a montré comment les styles traversent plusieurs frontières
entre groupes et sous-groupes ethniques, les stratégies des potières et des
consommateurs, même si elles sont en partie inspirées par des problèmes
d’identité, ne se ramenant jamais à cette seule préoccupation78. Finalement, ce
sont les relations personnelles des potières et les modalités d’apprentissage du
métier qui expliquent la répartition des styles plutôt qu’une quelconque réfé-
rence ethnique. Une fois de plus, dans le domaine de la céramique comme
dans celui d’autres objets ou celui des habitations, il faut expliciter les straté-
gies des différents acteurs sociaux pour rendre compte de productions cultu-
relles qui ne sont en rien des marqueurs stables.
L’espace englobant des Celtes, en partie évoqué dans les textes antiques,
n’est pas sans rappeler plusieurs des contextes précédents. Des espaces
d’échanges existent, mettant en relation des aires culturelles diverses, ainsi que

77 Ibid., p. .
78 Dietler et Herbich, .
79 Qui constituaient un des moyens essentiels de subsistance chez les Celtes (voir Cunliffe,
, pp. -).
philippe boissinot sur la plage emmêlés

des groupes de guerriers, tels qu’on les voit à l’occasion de l’épisode des migra-
tions (iv e-iii e siècle av. J.-C.) pratiquant des razzias79, comme le feront plus
tard les Barbares de l’Antiquité tardive. Des ethnonymes circulent aussi dès
cette période : ainsi, les Sénons sont un peuple décrit par César habitant à la
fois dans le secteur de l’actuel département de l’Yonne et ayant, entre autres,
fourni douze mille hommes à la coalition gauloise. Mais ils correspondent
aussi au dernier des peuples celtes arrivés en Italie, défaits plus tard par les
Romains à la fin du iii e siècle av. J.-C. Le cas des Aulerques est encore plus
complexe puisque quatre localisations leur sont attribuées, mais ils peuvent
être Brannovices, Cénomans, Diablintes ou encore Éburovices suivant les
cas80. Nous ne savons pas s’il faut effectuer une filiation réelle entre eux, si la
coïncidence est fortuite, ou s’il s’agit d’un nom investi par certains à la
recherche d’une autorité, d’une parenté bricolée.
À une tout autre échelle, le qualificatif de Celtes pose d’autres problèmes.
Si l’on s’en tient à la tradition littéraire, le tableau s’avère partiel, ambigu et
généralement mal documenté81. On ignore même si l’origine de cet ethno-
nyme est locale ou si ce nom fait partie des nombreuses assignations lancées 31
par les Grecs à la découverte du monde occidental, ne voyant sortir des
ténèbres qu’homogénéité, simplicité et anhistoricité82. Comme nous l’avons
dit, la langue était un des critères le plus souvent retenu pour définir un
peuple. On admet maintenant que sa fonction peut être aussi bien véhicu-
laire qu’identitaire. Compte tenu de notre méconnaissance du supposé « cel-
tique continental », dont la construction repose sur des données onomas-
tiques disparates, quelques inscriptions et, surtout, des projections à partir
des langues insulaires et indo-européennes, il n’est pas sûr que l’expression
« parler le celte » ait eu un sens précis pour les habitants de l’ancienne Europe
et, par voie de conséquence, pour nous83. Le développement de l’archéolo-
gie protohistorique (sépultures, habitat) et, plus précisément, la découverte
d’un art original rapidement qualifié d’« art celtique » ont, jusqu’à présent,
entretenu l’illusion que l’on pouvait faire coïncider un peuple (les Celtes) et
une culture matérielle (celle de La Tène), en reconnaissant parfois l’existence
d’une phase préparatoire qualifiée de « protoceltique » (la culture de Hall-
statt). Cette assimilation a fait l’objet de nombreuses critiques84 lesquelles
admettent généralement que l’on puisse séparer deux « concepts », celui de
l’appartenance ethnique d’une part, et celui de l’appartenance culturelle

80 Kruta, , pp. -.


81 Collis, .
82 Voir, en dernier lieu, Garcia, , pp. -, lequel favorise une assignation venant plutôt
de l’extérieur.
83 À ce sujet, voir les commentaires de Prosdocimi, .
84 La plus radicale étant certainement celle de Collis, .
85 Kruta, , p. .
dossier lire les territoires des sociétés anciennes

d’autre part85. Or, il n’est pas sûr qu’il soit plus simple d’être celte dans l’An-
tiquité que bambara dans l’Afrique précoloniale, et qu’une quelconque réa-
lité culturelle puisse être définie en dehors des pratiques d’acteurs sociaux
que l’archéologue peine à repérer.
Les ensembles clos se prêtent mieux que d’autres types d’accumulations
archéologiques au repérage de micro-faits sociaux. Prenons l’exemple de la
tombe  (fin du iv e-milieu du iii e siècle av. J.-C.) du site languedocien
d’Ensérune, qui a fait l’objet d’un réexamen86 dont les résultats peuvent s’in-
terpréter diversement. Aux ossements incinérés d’un individu, contenus dans
un cratère à vernis noir, étaient associées différentes céramiques (autres ver-
nis noirs, vases à pâte claire, amphores massaliètes et poteries non tournées)
— toutes représentatives du contexte méditerranéen local —, ainsi que des
fibules, les éléments d’un petit coffre et, surtout, une panoplie complète de
guerrier (épée avec son fourreau, fer de lance, éléments d’un bouclier, chaîne
de ceinturon, résille [appartenant à un casque ?]), pièces plutôt comparables
à celles découvertes dans des ensembles laténiens, danubiens ou nord ita-
32 liques. L’agglomération d’Ensérune, site très ouvert aux influences extérieures
n’ayant pas connu de discontinuité culturelle avant l’incinération de ce guer-
rier — et de quelques autres —, les archéologues en ont déduit qu’il pouvait
s’agir d’un témoignage de la circulation dans la région de mercenaires cel-
tiques, bien avant l’installation des Volques, eux aussi celtiques mais plutôt
envahisseurs. En d’autres termes, la continuité de l’habitat ne saurait appuyer
l’hypothèse d’une prise en main par des guerriers celtes, ceux-ci n’étant
d’abord que de passage et dépourvus de volonté politique. Car, contrairement
à ce qui a été dit à propos des Barbares de l’Antiquité tardive, les Protohisto-
riens n’imaginent pas que des changements politiques importants puissent
n’affecter que très légèrement la culture matérielle d’une aire donnée87. Ce qui
ne signifie pas pour autant que nous ayons avec cette tombe de guerrier la
preuve d’une première hégémonie celtique sur les bords de la Méditerranée.
On vient de le voir, le dossier celte est complexe et concerne un espace si
grand et si mouvant qu’il y a peu de chances que l’archéologie puisse prochai-
nement en faire la synthèse. Qu’en est-il maintenant des territoires a priori
plus faciles à cerner ?
Le peuple des Elisyques est un des plus anciens mentionnés par la littérature
antique. Selon Hécatée de Milet (fin du vi e siècle), cette peuplade, qui se
nomme elle-même ainsi, est ligure et occupe la bande littorale, avec comme
capitale Naro/Narbo (Montlaurès près de Narbonne ?), comme le précisera

86 Rapin et Schwaller, .


87 Sur cette question, voir la présentation prudente de Py,  b, pp. -, lequel ne re-
connaît pas dans les habitats du tout début du iie siècle : « les signes de celtisation qu’on est en
droit d’attendre d’une vague d’envahisseurs capable de détruire un grand nombre de forteresses
autochtones ».
philippe boissinot sur la plage emmêlés

plus tard Festus Avienus (Ora maritima, v. ). Si l’on en croit Hérodote
(VII, ), des mercenaires issus de ce groupe auraient participé à la bataille
d’Himère sous la conduite des Carthaginois en  av. J.-C. Munis de ces infor-
mations, les archéologues n’ont pas manqué d’en retrouver les traces sur le ter-
rain. Compte tenu de sa datation (à partir du vii e siècle) et de son homogé-
néité entre les vallées de l’Aude et de l’Hérault, le faciès archéologique du
Grand Bassin I, d’abord repéré à Mailhac, s’est révélé constituer un excellent
candidat pour sa culture matérielle88. Le fait que ce peuple soit un des pre-
miers à avoir retenu l’attention des Grecs s’expliquerait par son ouverture pré-
coce au commerce méditerranéen, comme le prouvent les quelques imitations
protocorinthiennes découvertes dans les nécropoles89, et sa disparition de la
scène historique ne serait due qu’à une « perte d’identité et des valeurs tradi-
tionnelles » ainsi qu’à la « désagrégation des anciennes structures » face au
développement des contacts avec les Grecs à partir du v e siècle90. Nous avons
déjà formulé nos critiques quant à cette assimilation entre une culture maté-
rielle et un ethnonyme qui repose sur une vision essentialiste de l’ethnie, mais
aussi sur l’illusion que l’« homogénéité » que l’on veut bien accorder aux ves- 33
tiges puisse être garante de l’existence d’un seul groupe, toutes considérations
sociales mises à part. Comment être sûr que les différences observées avec les
plaines du Roussillon dussent être attribuées à la présence d’autres popula-
tions, qualifiées de Sordes/Sordones par extrapolation à partir de sources plus
récentes, ces dernières ayant développé une conscience ethnique spécifique et
maintenu une frontière que l’on serait susceptible de retrouver ?
Le cas des Ségobriges91, peuplade qui, selon la légende de fondation de
Marseille, aurait accueilli pacifiquement les premiers colons grecs, se pré-
sente moins favorablement pour qui décide d’appliquer les présupposés du
culturalisme aux vestiges archéologiques. En effet, les sites pouvant être
datés de cette période du premier contact sont rares et, dans l’environne-
ment immédiat du port phocéen, particulièrement modestes et peu explo-
rés ; les sépultures, plus riches en enseignement, sont malheureusement très
dispersées, mal fouillées et lointaines. Le fait que le nom puisse être celte,
comme le furent aussi les sujets du roi Nannus si l’on admet que la Ligurie
est une partie de la Celtique92, n’apporte pas grand-chose à la délimitation
de la peuplade et à la localisation de la bourgade ayant logé l’aristocratie
locale pour des raisons que nous avons déjà énoncées. De même, les rap-
prochements qui ont pu être proposés entre le faciès gardois du Suspendien
et celui qui caractérise la Provence occidentale n’autorisent en rien le tracé

88 Nickels,  a, p. , Garcia, , p.  et Janin,  et .


89 Garcia, , p. .
90 Ugolini, , pp. -.
91 Voir la synthèse de Boissinot (à paraître).
92 Garcia, , p. .
dossier lire les territoires des sociétés anciennes

d’une aire culturelle comprenant ces deux régions ; non pas parce que le
Rhône aurait pu constituer une frontière naturelle, mais parce qu’une carte
de répartition des faits archéologiques ne nous est d’aucun secours pour
définir une éventuelle entité ethnique.
Vers la fin de la Protohistoire, les sources littéraires et épigraphiques comme
les contacts ethniques directs se multiplient,et le nombre de peuples mentionnés
s’accroît considérablement. Certains auteurs, tel Pline l’Ancien, par goût de la
classification et de la territorialisation, se sont livrés à la recension d’un maxi-
mum de peuples jusqu’à oublier leurs fréquentes décompositions et recomposi-
tions93. Cette riche documentation qui ne demandait qu’à être reportée sur une
carte a été largement utilisée par les historiens dès l’époque moderne.Jusqu’à une
date récente, le territoire de ces populations était restitué grâce à la méthode
régressive : on considérait en effet que les limites des diocèses du haut Moyen Âge
ne faisaient que reprendre celle des civitates de l’époque gallo-romaine lesquelles,
à leur tour,étaient construites à partir de celles des territoires des peuplades gau-
loises.Avec un tel procédé,on ne pouvait obtenir autre chose qu’une marqueterie
34 de territoires plus ou moins vastes,ne laissant aucun espace sans attribution,si ce
n’est les no man’s land qui pouvaient en constituer les enveloppes.C’est certaine-
ment Camille Jullian qui a le plus systématiquement exploité ce système, isolant
même des éléments de base, les pagi, petites régions naturelles au peuplement
homogène dont les assemblages permettaient la constitution de véritables petites
nations,caractérisées par une unité stratégique et économique et,surtout,par un
nom94. Même s’il admet pour la Gaule chevelue l’existence de peuplades flot-
tantes, pouvant éventuellement s’agréger avec leurs voisines, ce modèle est clai-
rement — pour ne pas dire caricaturalement — celui d’une mosaïque d’États-
nations, précisément celui que nous voudrions dénoncer ici.
Depuis cette période, où le souffle nationaliste expliquait bien des surinter-
prétations, la méthode régressive a fait l’objet de nombreuses critiques. Non
seulement il ne va pas de soi que les limites diocésaines aient systématiquement
repris celle des civitates95, mais il n’est pas sûr non plus que des frontières
rigides puissent être associées à chacune des peuplades gauloises. Le choix que
l’on fait, par exemple, dans la traduction du latin fines, qui peut aussi bien signi-

93 Geary, , pp. -.


94 Jullian, -, Livre II : La Gaule indépendante, pp. - : « Le territoire d’une tribu
était d’abord parfaitement délimité, à la fois par les règlements des hommes et par les conditions
du sol. C’était un vaste espace de cent mille hectares en moyenne, renfermant au centre ses terres
cultivées, protégé à ses frontières par des obstacles continus, forêts ou marécages, montagnes ou
larges eaux. Tous les membres d’un de ces groupes se reconnaissaient chez eux en deçà de ces li-
mites. Puis, fort souvent, chacun de ces territoires coïncidait avec une des petites régions natu-
relles, un des “pays” de notre France […]. Ce lien entre le sol et les hommes de ces tribus était si
naturel et si puissant qu’après deux mille ans de vie nationale, la plupart des“pays”de France ob-
servent encore une manière à eux de parler, de penser et de travailler. »
95 Leveau, .
philippe boissinot sur la plage emmêlés

fier « limite » que « pays » (ou « terre »), contraint évidemment la lecture du
texte de César. De même, l’emploi relativement imprécis du terme pagus chez le
même auteur correspond certainement au plaquage d’une réalité qu’il
connaissait bien, celle de l’Italie, sur une autre qui lui était étrangère ; il n’est
donc pas assuré qu’il ait eu un sens tribal comme l’admettait Jullian96. Ce qui
vient d’être dit à propos des traductions littéraires peut être formulé avec des
restrictions plus grandes encore en ce qui concerne les vestiges archéologiques.
Si l’on admet l’existence d’entités aux frontières bien marquées, on fera une lec-
ture particulière des productions matérielles et de la répartition des styles ; on
choisira alors le terme d’« enclave » plutôt que l’évocation de limites poreuses,
de zones tampons où l’indétermination ethnique est grande97. Il ne s’agit pas
bien sûr d’éliminer l’idée de frontière pour ces périodes antérieures à la mise en
place d’un État et d’un maillage administratif, mais de considérer que celles-ci
sont multiples, qu’elles sont avant tout mentales et qu’elles ne se recoupent pas
forcément, même si elles s’appuient sur un certain nombre de géosymboles98.

Toutes ces considérations nous ont éloigné un temps de la plage et mené jus- 35
qu’au cœur de l’Europe. Il est évident que les évolutions diffèrent très sensible-
ment suivant que l’on se situe dans un massif montagneux alpin ou sur les
bords de la Méditerranée, en contact avec des peuples que l’on qualifiera pour
simplifier d’« innovants ». Mais, aussi bien dans cette zone d’interface que plus
loin à l’intérieur des terres, il n’y a pas lieu d’imaginer un cloisonnement d’enti-
tés homogènes tel que l’ont pensé quelques idéologues athéniens et, plus tard,
réalisé les administrateurs des États-nations. Des consciences ethniques et des
stratégies identitaires n’ont pas manqué d’affecter ces populations, mais pas
selon le schéma rigide qui est généralement retenu ou l’orientation que certains
textes ont voulu donner en gommant les spécificités sociales. La souplesse qu’il
faut désormais introduire n’est pas garante d’une facilité accrue dans le travail
d’interprétation des historiens et des archéologues ; elle n’est pas non plus la
projection d’un goût pour le métissage diffusé par nos Ministères de la culture.
Mais c’est le prix que l’on doit payer pour éviter toute surinterprétation99.

Bibliographie

96 Tarpin, .
97 À propos de l’exemple précis de la vallée de la Saône, l’usage qui est fait de cette terminolo-
gie des frontières et les interprétations qui en découlent, voir Barral, Guillaumet et Nou-
vel, .
98 Bonnemaison, .
99 Cette surinterprétation peut relever à la fois de la réduction à un facteur unique, de l’obses-
sion de la cohérence, de la généralisation abusive et de l’inadéquation significative (voir la classi-
fication d’Olivier de Sardan, ).
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Mots-Clés
Acculturation, Frontières, Identité, Midi de la France, Protohistoire.

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