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Velázquez
35-2 (2005)
Lire les territoires des sociétés anciennes
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Philippe Boissinot
Sur la plage emmêlés : Celtes, Ligures,
Grecs et Ibères dans la confrontation
des textes et de l’archéologie
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Référence électronique
Philippe Boissinot, « Sur la plage emmêlés : Celtes, Ligures, Grecs et Ibères dans la confrontation des textes et de
l’archéologie », Mélanges de la Casa de Velázquez [En ligne], 35-2 | 2005, mis en ligne le 14 octobre 2010, consulté
le 13 octobre 2012. URL : http://mcv.revues.org/2000
Philippe Boissinot
EHESS, Centre d’Anthropologie, Toulouse
Depuis longtemps déjà, il ne fait de doute pour personne que des Phéniciens 13
et des Grecs sont venus s’installer sur les côtes de la Méditerranée occidentale ;
que des places de commerce y ont été fondées, parmi lesquelles Marseille et,
dans une moindre mesure, Emporion, toutes deux grecques, dont l’influence
fut considérable dans l’évolution des sociétés vivant à proximité.
Assurément, des Ligures habitaient dans le voisinage de la première, surtout
dans la partie orientale de la Provence,et des Ibères fréquentaient les rivages cata-
lans. Des Celtes,préférentiellement cantonnés au nord,ont eux aussi joué un rôle
dans ce qui fut une rencontre culturelle complexe,s’échelonnant dans le temps,à
propos de laquelle certaines péripéties sont évoquées dans les textes antiques.
Personne ne nie que lesdites sociétés mises en présence étaient structurées
différemment, chacune mettant en œuvre un corpus de techniques propre.
Depuis son invention à la fin du xix e siècle dans le contexte empirique de l’an-
thropologie nord-américaine1, il est possible de recourir à la notion d’accul-
turation pour décrire les contacts culturels entre sociétés appartenant à des
« stades de développement » différents (les guillemets sont là pour accentuer
la distance que l’on voudrait prendre avec ce qui relève d’une naïve et arro-
gante idéologie du progrès). Ces processus d’interpénétration complexes ont
donné lieu à des typologies parmi lesquelles on retiendra celle de
G. Balandier2, qui nous paraît particulièrement éclairante pour cette région et
deux des situations coloniales qu’elle a connues. À propos des contacts entre
commerçants méditerranéens (Grecs, Phéniciens) et « indigènes », il convient
Philippe Boissinot et Pierre Rouillard (coord.), Lire les territoires des sociétés anciennes
Dossier des Mélanges de la Casa de Velázquez. Nouvelle série, 35 (2), 2005, pp. 13-43.
dossier lire les territoires des sociétés anciennes
6 Par méconnaissance, nous laisserons à d’autres le même exercice à propos des Phéni-
ciens/Puniques, qui concerne préférentiellement le sud de l’Espagne.
7 L’expression est empruntée à Dietler, , de même que l’idée du titre ; la plage étant non
seulement le bord de mer de la géographie physique, mais aussi le lieu où s’effectuent les (pre-
miers) contacts physiques entre les populations en situation d’acculturation.
8 Voir à ce sujet les travaux de Amselle, .
9 Dans des espaces étendus où le peuplement relativement dense est ancien, à la différence
d’autres terrains du monde océanien où les sociétés sont plus cloisonnées.
10 La synthèse la plus récente est celle de Hermary, Hesnard et Tréziny (dir.), .
11 Gantès et Moliner, et Hermary, Hesnard et Tréziny (dir.), , pp. -.
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12 Dans Justin, Histoires philippiques. La légende rapportée par Aristote diffère quelque peu
(voir Pralon, ).
13 Gras, et Scheid-Tissinier, .
14 Gantès, . La plupart des vases modelés sont des pots (urnes) destinés à la cuisson,
fonction qui n’est guère représentée dans les séries importées. Pour cette raison, on peut aussi
suggérer que ces vases ont été achetés par les Grecs sur des marchés locaux afin de complé-
ter leur équipement, sans que les potières ne suivent leurs productions ; mais il existe aussi
des formes modelées ( % approximativement) qui ont leurs équivalents dans les séries
tournées importées.
15 Graham, - et Van Compernolle, .
16 Justin, Histoires philippiques, XLIII, .
17 Sauf, peut-être, le cas, malheureusement indécidable, d’une inscription très mutilée et tar-
dive (ii e-i er siècle av. J.-C.), découverte sur le chantier de la Bourse, qui pourrait utiliser le gallo-
grec (si le datif gaulois en -ou est bien réel) et se référer à un culte rendu à Belenos, dieu gaulois
(voir Lejeune, , pp. -).
philippe boissinot sur la plage emmêlés
18 Notre réflexion serait particulièrement enrichie si nous connaissions les nécropoles ar-
chaïques de Marseille et de ses environs (voir la synthèse de Bertucchi, ). Les récentes
données sur l’ensemble funéraire plus tardif de Sainte-Barbe montrent que des indices, proba-
blement « celtiques », existent dans le mobilier d’accompagnement de certaines incinérations.
Les tombes (-/-) et (-/-) ont en effet livré des fibules qui appartiennent ma-
nifestement à la tradition continentale (voir Moliner [éd.], , p. ).
19 À Marseille, elle reste cependant quantitativement inférieure aux productions à pâte claire,
lesquelles sont pour l’instant très mal connues pour les phases les plus anciennes (fouilles et ana-
lyses en cours).
20 Arcelin-Pradelle, .
21 Bats, .
22 Bats, , évoque à ce propos une parfaite adaptation entre production et consommation
dans un milieu ambivalent.
23 Lagrand, .
24 Le cas de la céramique à pâte claire héraultaise (ou « subgéométrique héraultaise ») est en-
core plus complexe puisque ces productions relèvent de trois « influences » : grecque, celtique et
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ibéro-languedocienne (voir Py, a et Garcia, ). La localisation des découvertes datées
du milieu du iv e – début du iii e siècle av. J.-C., dans une microrégion à proximité du site d’En-
sérune et loin des cités massaliètes, est un témoignage de l’inventivité locale, au destin cepen-
dant très éphémère.
25 Guyot-Rougemont et Rougemont, .
26 Selon les expressions choisies de Arcelin, et de Morel, a.
27 Sur le site de La Cloche (Chabot, ). À propos des cuves maçonnées et enduites de
béton de tuileau du site de Notre-Dame de Pitié (Marignane), Arcelin, , p. , suppose
l’intervention de techniciens grecs : « apport utilitaire et contribution de la colonie phocéenne
aux pratiques agricoles et artisanales d’un village indigène ».
28 Pour l’analyse technique du rempart de Saint-Blaise et les références au monde punique,
voir Tréziny, , p. , lequel ne partage pas nos interrogations et s’en tient à des concep-
teurs massaliètes.
29 Bats, et .
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portant des habitations à plusieurs pièces, peut, sans difficulté, être rattaché à
des modèles connus dans le monde antique. De même, l’abondant mobilier
céramique retrouvé montre que les Olbiens pratiquaient une cuisine conforme
à ce que l’on sait du monde grec30. Cependant, pour une période certes relative-
ment tardive (ii e-i er siècle av.J.-C.),la fréquentation du sanctuaire du dieu rural
Aristée à l’Acapte, dans l’environnement immédiat de la colonie, dévoile un
monde plus « perméable » qu’il n’y paraît : les dédicants qui s’expriment en grec
portent, dans plus de % des cas, des noms d’origine gauloise (« indigène ») ;
certains sont des enfants de Gaulois et ont des noms grecs31.Là encore,comme à
Marseille, si l’intention a été grecque dès l’abord, deux mondes se sont côtoyés
produisant, plus ou moins rapidement, leur part inévitable de métissage.
La colonie grecque d’Agde (Agathé), fondation massaliète elle aussi men-
tionnée dans la liste de Strabon (IV, , ), n’a été que très partiellement explo-
rée par les archéologues32. Les sondages réalisés montrent qu’elle succède, à la
fin du v e siècle, à un comptoir indigène établi préalablement sur les bords de
l’Hérault, probablement dès la fin du vii e siècle av. J.-C33. On connaît mal les
circonstances de cette mainmise massaliète et le devenir de la population indi- 19
gène. A. Nickels, qui a fouillé l’une des nécropoles de la ville (Le Peyrou) où
coexistent des rites funéraires variés, y voyait un espace partagé par des colons
massaliètes et des « indigènes fortement hellénisés »34. Il faudra cependant
attendre que des recherches plus étendues soient conduites dans la ville, avec
la reconnaissance de quartiers spécifiques, pour que puisse être démontrée
cette éventuelle mixité insoupçonnable à partir de la seule lecture des textes.
À proximité de la colonie massaliète d’Agde, le site de La Monédière à Bessan
fut,à la suite des fouilles et des analyses d’A.Nickels,considéré un temps comme
un établissement grec implanté à l’intérieur des terres35, une courte tentative de
mainmise étrangère (phase II : -) précédant une reconquête indigène
(phase III : -) : des maisons à absides partiellement construites en adobes
selon un modèle lydien et un abondant mobilier importé constituaient, pour la
deuxième phase, les deux arguments forts présentés par le fouilleur. Mainte-
nant, on sait que ces formes d’habitation existent depuis la fin de la Préhistoire
dans la tradition régionale36 et que les plus anciennes implantations coloniales
se caractérisent plutôt par des plans rectangulaires et des constructions agglo-
30 Bats, .
31 Et la situation inverse semble aussi exister (deux cas probables) ; voir Coupry et Gif-
fault, et .
32 Voir la synthèse de Berard, Nickels et Schwaller, ainsi que l’article posthume de
Nickels, , dont les données sont analysées dans Garcia et Marchand, .
33 Les recherches sur le terrain n’ont pas encore permis de localiser cet habitat supposé.
34 Nickels, , p. . À propos de l’interprétation de la diversité des rites, voir les critiques
de Garcia, , pp. -.
35 Nickels, et b.
36 Dedet, .
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mérées, ce qui n’est pas le cas des « cabanes » isolées de Bessan. En outre, comme
le démontre P. Moret37, le mobilier décompté par l’auteur provient essentielle-
ment d’un dépotoir d’amphores postérieur à la destruction des habitations qui
n’ont, elles, livré que la série restreinte de six vases en céramique grise mono-
chrome, production dont nous avons déjà indiqué le statut ambigu. De toute
évidence, il n’y a pas eu sur la colline de La Monédière de communauté grecque
« pure », mais des contacts culturels, assurément.
Autre site ayant perdu depuis peu son identité grecque, autrefois reconnue
pour certains épisodes de son histoire : Saint-Blaise. Pour cet éperon, situé
entre l’étang de Berre et le golfe de Fos, un contrôle marseillais avait d’abord
été envisagé, eu égard à sa position peu éloignée du couloir rhodanien et à son
rempart construit « à la grecque ». L’analyse récente du mobilier céramique
consommé n’a pas permis de confirmer l’hypothèse d’un changement de
population associé à ce supposé contrôle, la vaisselle n’évoluant que lentement
selon les tendances de l’époque38. Ce même constat a fait de Saint-Blaise le
symbole d’une « réaction identitaire » face à une dépendance économique,
20 technologique et culturelle accrue.
On vient de le voir, le qualificatif d’« indigène » a peu à peu remplacé celui de
« barbare »,désormais jugé incorrect.Si les produits consommés sont dorénavant
mieux caractérisés et systématiquement comptés, et si la capacité de choisir est
maintenant accordée aux populations ainsi qualifiées, l’interprétation fonc-
tionne toujours à partir d’une simple dichotomie (grec/indigène) et d’une
conception primordialiste39 de l’identité culturelle.Une telle alternative,associée
au postulat que l’appartenance à un groupe ethnique est la première et la plus fon-
damentale des caractéristiques sociales, était-elle déjà incontournable durant
l’Antiquité ?
37 Moret, .
38 Arcelin et Cayot, .
39 Cuche, .
40 Fourgous, .
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tives se présentent à la périphérie du monde grec : soit ils sont des mixhellènes
(demi-grecs), surtout lorsque les populations sont en situation d’hellénisation
ou, encore, dans le cadre du brassage ethnique des armées riches en merce-
naires ; soit ils sont qualifiés de mixobarbaros (demi-barbares), terme généra-
lement péjoratif qui sert aussi à rendre compte de la perte de maîtrise de la
langue grecque. Car, comme le signale Hérodote (VIII, ), ce moyen de
communication est constitutif de l’identité grecque : « Les Grecs sont ceux qui
ont même sang et même langue, sanctuaires et sacrifices communs, sem-
blables mœurs et coutumes » ; le perdre revient à se barbariser.
Les historiens de l’Antiquité évoquent le cas de plusieurs cités grecques qui
furent assujetties à un pouvoir barbare, qu’elles l’aient choisi sous la pression et
les intérêts de quelques-uns de leurs concitoyens ou qu’elles l’aient subi après
une défaite militaire. Les alliances et les oppositions peuvent mêler indiffé-
remment les Grecs et les Barbares suivant les circonstances car, quoique disent
les idéologues, il n’existe pas deux blocs parfaitement conscients d’eux-mêmes
qui s’affronteraient éternellement. Ces réserves énoncées, est-il possible de
concevoir autrement les coupures repérées sur des rivages plus occidentaux ? 21
Nous avons vu précédemment qu’il n’existait pas d’habitat grec demeuré
« pur » au fil des évolutions régionales dans cet angle nord-ouest de la Médi-
terranée. Pour l’un d’entre eux, Emporion, la mixité est sans détour évoquée
par Strabon (III, , ) :
La ville se divise en deux parties séparées par une muraille. En effet,
elle jouxtait autrefois un habitat des tribus indicètes qui, tout en for-
mant une communauté politique distincte, voulaient avoir une
enceinte commune avec les Grecs pour assurer leur sécurité. Celle-ci fut
alors construite avec deux compartiments séparés par un mur mitoyen.
Mais avec le temps ces deux populations se réunirent en une seule entité
politique dont la constitution fut un mélange de lois empruntées aux
Barbares et aux Grecs, comme en beaucoup d’endroits41.
Les archéologues ont voulu voir sur le terrain des indices de cette bipar-
tition en remarquant qu’un sanctuaire suburbain (troisième quart du
v e siècle) avait d’abord constitué le lieu de rencontre privilégié entre les
deux communautés42, puis, que le secteur fut ensuite loti par des « indigènes
en voie d’hellénisation ». Pour une période plus tardive (iv e siècle), des tra-
vaux d’arasement liés à la construction d’un nouveau rempart et des vases
attiques avec des inscriptions en ibère sont interprétés par les fouilleurs
41 Traduction, F. Lasserre, Paris, les Belles Lettres, , t. ii : Livres III et IV, p. .
42 Sanmartí Grego, , p. .
43 Sanmartí Grego, . Notons cependant que le texte de Tite-Live (XXXIV, ) ne cor-
respond guère au tableau présenté par Strabon. Pour l’historien latin, les deux communautés
n’ont été réunies que lorsque s’est posé (tardivement) le problème de l’accès à la citoyenneté ro-
maine, après une (longue) période où Grecs et Ibères se jaugèrent avec suspicion.
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44 L’expression est de Clavel-Lévêque, , qui voyait dans cette politique commerciale
les raisons d’un immobilisme politique, un frein aux antagonismes de classe.
45 Cependant réservé aux populations non-grecques. Le sens du changement culturel n’est
pas évoqué en direction des Grecs. Comme la métaphore d’osmose le laisse entrevoir, la diffusion
s’effectue des concentrations (en innovations) les plus élevées aux plus faibles.
46 Je n’évoquerai désormais que des exemples provençaux. Pour être complet, il faudrait citer
encore le cas de La Picola en Espagne pour lequel P. Moret et P. Rouillard suggèrent une présence
grecque (pas forcément constante) sur un site dont la consommation est indigène et le plan de
type grec (voir Badie et al., , pp. sqq).
47 Un cas similaire doit être signalé en Grande Grèce, celui de Poseidonia, qui prendra le nom
italique de Paestum lorsque les élites samnites prendront le pouvoir.
48 Arcelin, et .
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55 Roth-Congès, .
56 Arcelin, .
57 Roth-Congès, , p. .
58 L’auteur parle même de « sentiment national resté vif » (ibid., p. ).
59 Lejeune, , pp. -. La seule exception à la règle est un probable nom grec, partielle-
ment conservé sur un autel votif.
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60 Gros, .
61 Les raisons de cette prospérité font débat et opposent Gros, , lequel verrait plutôt une
économie florissante liée au rôle de sanctuaire — marché sur une importante voie de transhu-
mance —, et Roth-Congès, , qui préfère l’associer aux seuls bénéfices de la présence d’un
sanctuaire des eaux.
62 Gros, et .
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Mais, qu’en était-il des codes des périodes préromaines ? Glanon a-t-il été le
lieu de stratégies identitaires pour les élites salyennes, et comment de telles
pratiques se sont-elles inscrites dans le paysage urbain si tant est qu’une publi-
cité ait été recherchée pour une identité reconstruire a posteriori ?
On s’est beaucoup interrogé sur la nature des noms de peuples composés
dans l’Antiquité. Si l’on suit les analyses de A. Schulten et d’A. Piganiol63, il est
probable que la plupart d’entre eux correspondent, soit à des peuples dont on
veut préciser la localisation géographique (les Sardolibyens sont des Libyens de
Sardaigne), soit à la réunion de deux noms que l’on associe pour cacher une
certaine ignorance (les Celtoscythes ne sont ni celtes, ni scythes, mais vivent
dans des confins mal connus). Ces procédés de nomination que les philo-
logues ont étudiés n’excluent pas pour autant l’existence de populations
mêlées, comme il est normal d’en trouver dans les ports ou le long du littoral.
On apprend ainsi, dans le périple du pseudo-Scylax (au iv e siècle av. J.-C.),
qu’entre Emporion et le Rhône vit une population mélangée de Ligures et
d’Ibères et qu’autour de cette première ville un peuple porte le nom de Mis-
26 gètes, lequel se réfère sans ambiguïté au verbe grec signifiant « mélanger »64. Le
nom de Celto-ligyen apparaît à un moment précis de l’histoire, lorsque Polybe
évoque le passage d’Hannibal près du Rhône et la rencontre de Celtes dans une
région surtout dévolue aux Ligyens (Ligures) ; ce nom composé sera par la
suite abandonné, lorsque la conquête romaine aura permis une meilleure
connaissance des tribus locales65. De tout ceci il ressort l’impossibilité pour les
écrivains de l’Antiquité de penser la multiplicité et la relativité des identités
culturelles qui ne sont, en outre, jamais abordées dans leur cadre social.
63 Les analyses du premier sont présentées chez le second ; voir Piganiol, .
64 Sanmartí Grego, , p. .
65 Bats, .
66 Veit, et Olivier, .
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quelques noms pour mieux organiser les territoires dont ils avaient la charge.
J.-L. Amselle a ainsi démontré que les sociétés africaines, avant la période colo-
niale, étaient des groupes à identité souple,composés d’unités sociales inégales et
hétérogènes, connaissant de fréquentes recompositions et décompositions. En
se demandant comment on peut être bambara,J.Bazin71 a étudié la construction
fictive de l’ethnie chez les ethnologues spécialistes de l’Ouest africain,lesquels,tel
Delafosse, ont voulu dresser des cartes, définir une culture et une tradition à par-
tir d’un ethnonyme qu’ils ont cru stable. Pourtant, l’analyse des situations d’in-
teraction montre que « Bambara » est un signifiant flottant et que son utilisation
est de nature performative. En s’intéressant au processus social de nomination,
on peut voir combien les critères d’identification sont pluriels,souvent associés à
des stéréotypes.Selon les contextes,on devient bambara parce que l’on boit de la
bière,mais on peut perdre cette identité si l’on change de religion ; pour un com-
merçant de l’Ouest africain, on peut ainsi dénommer un individu parce qu’il est
simplement un paysan idolâtre,inapte à la vie urbaine72.Le caractère flottant des
ethnonymes doit être associé au fonctionnement des différents réseaux qui
28 structurent l’espace africain.Celui-ci peut se décomposer en espaces d’échanges,
en espaces politiques, linguistiques, culturels ou religieux ; ces différentes mani-
festations qui jouent à différentes échelles ne coïncidant pas généralement. Sui-
vant les périodes, au fil des constructions étatiques ou des phases d’essaimage,
des sociétés deviennent englobantes et acquièrent momentanément la capacité
de délimiter l’espace ; elles coexistent cependant avec d’autres populations qui
sont autrement structurées, si bien qu’il n’existe à aucun moment de mosaïque
de peuples aux frontières bien définies.
S’il faut rejeter le concept d’ethnie pour comprendre l’Afrique précoloniale,
ceux, plus dynamiques, d’ethnicité73 et de conscience ethnique peuvent être
maintenus pour rendre compte des manipulations opérées par les acteurs
sociaux. Des frontières existent mais, suivant les circonstances, elles peuvent
être soit vives, soit floues ; elles sont avant tout sémantiques. L’erreur des pre-
miers ethnologues a été de projeter sur les peuplades africaines le modèle
européen de l’État-nation — un État-nation au rabais —, qui associe rigide-
ment un espace à un ethnonyme et à une culture. Ce processus de territoriali-
sation, qui n’a pas été sans conséquences sur les consciences ethniques, illustre
une fois de plus le caractère relatif des identités. De nouveaux groupes se sont
approprié les traditions et les appellations à un moment fictives, puisque arti-
ficiellement découpées par les agents coloniaux ; après la décolonisation, elles
furent instrumentalisées pour servir des combats politiques inédits, laissant
croire aux observateurs pressés qu’il s’agissait d’une résurgence du « triba-
74 Geary, .
75 Ibid., pp. -.
76 Ibid., p. .
dossier lire les territoires des sociétés anciennes
77 Ibid., p. .
78 Dietler et Herbich, .
79 Qui constituaient un des moyens essentiels de subsistance chez les Celtes (voir Cunliffe,
, pp. -).
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des groupes de guerriers, tels qu’on les voit à l’occasion de l’épisode des migra-
tions (iv e-iii e siècle av. J.-C.) pratiquant des razzias79, comme le feront plus
tard les Barbares de l’Antiquité tardive. Des ethnonymes circulent aussi dès
cette période : ainsi, les Sénons sont un peuple décrit par César habitant à la
fois dans le secteur de l’actuel département de l’Yonne et ayant, entre autres,
fourni douze mille hommes à la coalition gauloise. Mais ils correspondent
aussi au dernier des peuples celtes arrivés en Italie, défaits plus tard par les
Romains à la fin du iii e siècle av. J.-C. Le cas des Aulerques est encore plus
complexe puisque quatre localisations leur sont attribuées, mais ils peuvent
être Brannovices, Cénomans, Diablintes ou encore Éburovices suivant les
cas80. Nous ne savons pas s’il faut effectuer une filiation réelle entre eux, si la
coïncidence est fortuite, ou s’il s’agit d’un nom investi par certains à la
recherche d’une autorité, d’une parenté bricolée.
À une tout autre échelle, le qualificatif de Celtes pose d’autres problèmes.
Si l’on s’en tient à la tradition littéraire, le tableau s’avère partiel, ambigu et
généralement mal documenté81. On ignore même si l’origine de cet ethno-
nyme est locale ou si ce nom fait partie des nombreuses assignations lancées 31
par les Grecs à la découverte du monde occidental, ne voyant sortir des
ténèbres qu’homogénéité, simplicité et anhistoricité82. Comme nous l’avons
dit, la langue était un des critères le plus souvent retenu pour définir un
peuple. On admet maintenant que sa fonction peut être aussi bien véhicu-
laire qu’identitaire. Compte tenu de notre méconnaissance du supposé « cel-
tique continental », dont la construction repose sur des données onomas-
tiques disparates, quelques inscriptions et, surtout, des projections à partir
des langues insulaires et indo-européennes, il n’est pas sûr que l’expression
« parler le celte » ait eu un sens précis pour les habitants de l’ancienne Europe
et, par voie de conséquence, pour nous83. Le développement de l’archéolo-
gie protohistorique (sépultures, habitat) et, plus précisément, la découverte
d’un art original rapidement qualifié d’« art celtique » ont, jusqu’à présent,
entretenu l’illusion que l’on pouvait faire coïncider un peuple (les Celtes) et
une culture matérielle (celle de La Tène), en reconnaissant parfois l’existence
d’une phase préparatoire qualifiée de « protoceltique » (la culture de Hall-
statt). Cette assimilation a fait l’objet de nombreuses critiques84 lesquelles
admettent généralement que l’on puisse séparer deux « concepts », celui de
l’appartenance ethnique d’une part, et celui de l’appartenance culturelle
d’autre part85. Or, il n’est pas sûr qu’il soit plus simple d’être celte dans l’An-
tiquité que bambara dans l’Afrique précoloniale, et qu’une quelconque réa-
lité culturelle puisse être définie en dehors des pratiques d’acteurs sociaux
que l’archéologue peine à repérer.
Les ensembles clos se prêtent mieux que d’autres types d’accumulations
archéologiques au repérage de micro-faits sociaux. Prenons l’exemple de la
tombe (fin du iv e-milieu du iii e siècle av. J.-C.) du site languedocien
d’Ensérune, qui a fait l’objet d’un réexamen86 dont les résultats peuvent s’in-
terpréter diversement. Aux ossements incinérés d’un individu, contenus dans
un cratère à vernis noir, étaient associées différentes céramiques (autres ver-
nis noirs, vases à pâte claire, amphores massaliètes et poteries non tournées)
— toutes représentatives du contexte méditerranéen local —, ainsi que des
fibules, les éléments d’un petit coffre et, surtout, une panoplie complète de
guerrier (épée avec son fourreau, fer de lance, éléments d’un bouclier, chaîne
de ceinturon, résille [appartenant à un casque ?]), pièces plutôt comparables
à celles découvertes dans des ensembles laténiens, danubiens ou nord ita-
32 liques. L’agglomération d’Ensérune, site très ouvert aux influences extérieures
n’ayant pas connu de discontinuité culturelle avant l’incinération de ce guer-
rier — et de quelques autres —, les archéologues en ont déduit qu’il pouvait
s’agir d’un témoignage de la circulation dans la région de mercenaires cel-
tiques, bien avant l’installation des Volques, eux aussi celtiques mais plutôt
envahisseurs. En d’autres termes, la continuité de l’habitat ne saurait appuyer
l’hypothèse d’une prise en main par des guerriers celtes, ceux-ci n’étant
d’abord que de passage et dépourvus de volonté politique. Car, contrairement
à ce qui a été dit à propos des Barbares de l’Antiquité tardive, les Protohisto-
riens n’imaginent pas que des changements politiques importants puissent
n’affecter que très légèrement la culture matérielle d’une aire donnée87. Ce qui
ne signifie pas pour autant que nous ayons avec cette tombe de guerrier la
preuve d’une première hégémonie celtique sur les bords de la Méditerranée.
On vient de le voir, le dossier celte est complexe et concerne un espace si
grand et si mouvant qu’il y a peu de chances que l’archéologie puisse prochai-
nement en faire la synthèse. Qu’en est-il maintenant des territoires a priori
plus faciles à cerner ?
Le peuple des Elisyques est un des plus anciens mentionnés par la littérature
antique. Selon Hécatée de Milet (fin du vi e siècle), cette peuplade, qui se
nomme elle-même ainsi, est ligure et occupe la bande littorale, avec comme
capitale Naro/Narbo (Montlaurès près de Narbonne ?), comme le précisera
plus tard Festus Avienus (Ora maritima, v. ). Si l’on en croit Hérodote
(VII, ), des mercenaires issus de ce groupe auraient participé à la bataille
d’Himère sous la conduite des Carthaginois en av. J.-C. Munis de ces infor-
mations, les archéologues n’ont pas manqué d’en retrouver les traces sur le ter-
rain. Compte tenu de sa datation (à partir du vii e siècle) et de son homogé-
néité entre les vallées de l’Aude et de l’Hérault, le faciès archéologique du
Grand Bassin I, d’abord repéré à Mailhac, s’est révélé constituer un excellent
candidat pour sa culture matérielle88. Le fait que ce peuple soit un des pre-
miers à avoir retenu l’attention des Grecs s’expliquerait par son ouverture pré-
coce au commerce méditerranéen, comme le prouvent les quelques imitations
protocorinthiennes découvertes dans les nécropoles89, et sa disparition de la
scène historique ne serait due qu’à une « perte d’identité et des valeurs tradi-
tionnelles » ainsi qu’à la « désagrégation des anciennes structures » face au
développement des contacts avec les Grecs à partir du v e siècle90. Nous avons
déjà formulé nos critiques quant à cette assimilation entre une culture maté-
rielle et un ethnonyme qui repose sur une vision essentialiste de l’ethnie, mais
aussi sur l’illusion que l’« homogénéité » que l’on veut bien accorder aux ves- 33
tiges puisse être garante de l’existence d’un seul groupe, toutes considérations
sociales mises à part. Comment être sûr que les différences observées avec les
plaines du Roussillon dussent être attribuées à la présence d’autres popula-
tions, qualifiées de Sordes/Sordones par extrapolation à partir de sources plus
récentes, ces dernières ayant développé une conscience ethnique spécifique et
maintenu une frontière que l’on serait susceptible de retrouver ?
Le cas des Ségobriges91, peuplade qui, selon la légende de fondation de
Marseille, aurait accueilli pacifiquement les premiers colons grecs, se pré-
sente moins favorablement pour qui décide d’appliquer les présupposés du
culturalisme aux vestiges archéologiques. En effet, les sites pouvant être
datés de cette période du premier contact sont rares et, dans l’environne-
ment immédiat du port phocéen, particulièrement modestes et peu explo-
rés ; les sépultures, plus riches en enseignement, sont malheureusement très
dispersées, mal fouillées et lointaines. Le fait que le nom puisse être celte,
comme le furent aussi les sujets du roi Nannus si l’on admet que la Ligurie
est une partie de la Celtique92, n’apporte pas grand-chose à la délimitation
de la peuplade et à la localisation de la bourgade ayant logé l’aristocratie
locale pour des raisons que nous avons déjà énoncées. De même, les rap-
prochements qui ont pu être proposés entre le faciès gardois du Suspendien
et celui qui caractérise la Provence occidentale n’autorisent en rien le tracé
d’une aire culturelle comprenant ces deux régions ; non pas parce que le
Rhône aurait pu constituer une frontière naturelle, mais parce qu’une carte
de répartition des faits archéologiques ne nous est d’aucun secours pour
définir une éventuelle entité ethnique.
Vers la fin de la Protohistoire, les sources littéraires et épigraphiques comme
les contacts ethniques directs se multiplient,et le nombre de peuples mentionnés
s’accroît considérablement. Certains auteurs, tel Pline l’Ancien, par goût de la
classification et de la territorialisation, se sont livrés à la recension d’un maxi-
mum de peuples jusqu’à oublier leurs fréquentes décompositions et recomposi-
tions93. Cette riche documentation qui ne demandait qu’à être reportée sur une
carte a été largement utilisée par les historiens dès l’époque moderne.Jusqu’à une
date récente, le territoire de ces populations était restitué grâce à la méthode
régressive : on considérait en effet que les limites des diocèses du haut Moyen Âge
ne faisaient que reprendre celle des civitates de l’époque gallo-romaine lesquelles,
à leur tour,étaient construites à partir de celles des territoires des peuplades gau-
loises.Avec un tel procédé,on ne pouvait obtenir autre chose qu’une marqueterie
34 de territoires plus ou moins vastes,ne laissant aucun espace sans attribution,si ce
n’est les no man’s land qui pouvaient en constituer les enveloppes.C’est certaine-
ment Camille Jullian qui a le plus systématiquement exploité ce système, isolant
même des éléments de base, les pagi, petites régions naturelles au peuplement
homogène dont les assemblages permettaient la constitution de véritables petites
nations,caractérisées par une unité stratégique et économique et,surtout,par un
nom94. Même s’il admet pour la Gaule chevelue l’existence de peuplades flot-
tantes, pouvant éventuellement s’agréger avec leurs voisines, ce modèle est clai-
rement — pour ne pas dire caricaturalement — celui d’une mosaïque d’États-
nations, précisément celui que nous voudrions dénoncer ici.
Depuis cette période, où le souffle nationaliste expliquait bien des surinter-
prétations, la méthode régressive a fait l’objet de nombreuses critiques. Non
seulement il ne va pas de soi que les limites diocésaines aient systématiquement
repris celle des civitates95, mais il n’est pas sûr non plus que des frontières
rigides puissent être associées à chacune des peuplades gauloises. Le choix que
l’on fait, par exemple, dans la traduction du latin fines, qui peut aussi bien signi-
fier « limite » que « pays » (ou « terre »), contraint évidemment la lecture du
texte de César. De même, l’emploi relativement imprécis du terme pagus chez le
même auteur correspond certainement au plaquage d’une réalité qu’il
connaissait bien, celle de l’Italie, sur une autre qui lui était étrangère ; il n’est
donc pas assuré qu’il ait eu un sens tribal comme l’admettait Jullian96. Ce qui
vient d’être dit à propos des traductions littéraires peut être formulé avec des
restrictions plus grandes encore en ce qui concerne les vestiges archéologiques.
Si l’on admet l’existence d’entités aux frontières bien marquées, on fera une lec-
ture particulière des productions matérielles et de la répartition des styles ; on
choisira alors le terme d’« enclave » plutôt que l’évocation de limites poreuses,
de zones tampons où l’indétermination ethnique est grande97. Il ne s’agit pas
bien sûr d’éliminer l’idée de frontière pour ces périodes antérieures à la mise en
place d’un État et d’un maillage administratif, mais de considérer que celles-ci
sont multiples, qu’elles sont avant tout mentales et qu’elles ne se recoupent pas
forcément, même si elles s’appuient sur un certain nombre de géosymboles98.
Toutes ces considérations nous ont éloigné un temps de la plage et mené jus- 35
qu’au cœur de l’Europe. Il est évident que les évolutions diffèrent très sensible-
ment suivant que l’on se situe dans un massif montagneux alpin ou sur les
bords de la Méditerranée, en contact avec des peuples que l’on qualifiera pour
simplifier d’« innovants ». Mais, aussi bien dans cette zone d’interface que plus
loin à l’intérieur des terres, il n’y a pas lieu d’imaginer un cloisonnement d’enti-
tés homogènes tel que l’ont pensé quelques idéologues athéniens et, plus tard,
réalisé les administrateurs des États-nations. Des consciences ethniques et des
stratégies identitaires n’ont pas manqué d’affecter ces populations, mais pas
selon le schéma rigide qui est généralement retenu ou l’orientation que certains
textes ont voulu donner en gommant les spécificités sociales. La souplesse qu’il
faut désormais introduire n’est pas garante d’une facilité accrue dans le travail
d’interprétation des historiens et des archéologues ; elle n’est pas non plus la
projection d’un goût pour le métissage diffusé par nos Ministères de la culture.
Mais c’est le prix que l’on doit payer pour éviter toute surinterprétation99.
Bibliographie
96 Tarpin, .
97 À propos de l’exemple précis de la vallée de la Saône, l’usage qui est fait de cette terminolo-
gie des frontières et les interprétations qui en découlent, voir Barral, Guillaumet et Nou-
vel, .
98 Bonnemaison, .
99 Cette surinterprétation peut relever à la fois de la réduction à un facteur unique, de l’obses-
sion de la cohérence, de la généralisation abusive et de l’inadéquation significative (voir la classi-
fication d’Olivier de Sardan, ).
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Mots-Clés
Acculturation, Frontières, Identité, Midi de la France, Protohistoire.