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EDUQUER SANS PUNIR,

EST-CE POSSIBLE ?
Carnaval d’articles
Merci d’avoir téléchargé l’ebook gratuit « Eduquer
sans punir, est-ce possible ? ».

Cet ebook ne peut être vendu, mais tu peux le


partager, sans le modifier, pour autant que tu me
cites toujours : Ludivine Maene, du blog « Graines
de Bienveillance ».

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UN MOT SUR CETTE EXPÉRIENCE…
Bonjour, je m'appelle Ludivine, je suis maman d’une petite fille née en mai 2016, que je
souhaite éduquer autrement. L’éducation bienveillante a été pour moi une révélation et j’ai
décidé de créer le blog « Graines de bienveillance » afin d’aider les parents à cheminer en
conscience pour semer de la bienveillance dans leur famille.

Si tu me suis déjà, tu sais à quel point cela me tient à cœur d’apprendre à changer de regard
sur soi-même et sur l’enfant. Car, selon moi, l’éducation bienveillante passe par un travail
d’introspection, qui demande une bonne dose d’humilité et la capacité à se remettre en
question constamment. Le thème de l’éducation sans punition était donc pour moi une
évidence car même s’il peut faire peur à première vue, il mérite qu’on s’y attarde puisqu’il
s’agit d’un pilier central de l’éducation bienveillante.

Cet ebook est la compilation de tous les articles écrits dans le cadre de ce carnaval d’articles.
C’est une première pour moi et j’ai trouvé l’expérience très enrichissante ! Non seulement, elle
permet de rassembler des idées, des expériences, des réflexions et des astuces, mais également
de confronter nos points de vue, dans le seul et unique but de faire évoluer les consciences et
de changer les mentalités autour de la parentalité. Car les neurosciences affectives et sociales
nous prouvent aujourd’hui que les punitions ont un effet néfaste sur le cerveau et par
conséquent, sur les aptitudes de l’enfant. De notre enfant.

A tous les blogueurs et blogueuses qui ont participé à ce carnaval d’articles, je vous remercie
chaleureusement ! Je vous ai lus avec attention, avec compassion, et même parfois avec
admiration ! Cela fait chaud au cœur de savoir que nous ne sommes pas seuls dans notre
démarche qui va à contre-courant de ce que nous dicte la société. Certains sont débutants
dans l’éducation sans punition, d'autres sont plus aguerris et chacun à son niveau mets en
place des actions, qui vont de simples prises de conscience à de belles remises en question.

Et à toutes les lectrices et tous les lecteurs, je vous invite à découvrir cette compilation
d’articles en gardant à l’esprit qu’elle reflète le fait que chacun est à un niveau différent de son
cheminement. Certains articles vous parleront donc plus que d’autres, mais je suis sûre que
leur lecture vous enrichira et j’ose espérer qu’elle vous apportera quelques réponses et
quelques pistes de réflexion pour aller plus loin sur votre propre chemin.

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne lecture !

Ludivine de Graines de bienveillance

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SOMMAIRE
1. Comment remplacer les punitions ? Alternatives efficaces............................................. 5

Chang, de "Parentalité Zen"

2. Trois alternatives efficaces à la punition....................................................................... 9

Sophie, de "Parent, ça s'apprend"

3. Eduquer sans punir, est-ce possible quand ça ne va pas à l’école ? .............................. 13

Karine, de "Kap réussir"

4. Éduquer sans punir, est-ce possible ?.......................................................................... 24

Shirley, de "Grandir avec plaisir"

5. Éduquer sans punir, est-ce possible ?.......................................................................... 28

Coralie, de "Les 6 doigts de la main"

6. Peut-on éduquer sans punir ? .................................................................................... 34

Sandrine et Christophe, de "Apprendre par le jeu"

7. Aménager sa maison, une alternative aux punitions ................................................... 40

Aurélie, de "Superliposés"

8. Éduquer sans punir, c'est possible ! ............................................................................ 46

Ludivine, de "Graines de bienveillance"

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1. Comment remplacer les punitions ?
Alternatives efficaces
Chang de « Parentalité Zen »

*****
Vous souhaitez remplacer les punitions ? Vous avez décidé d’adopter une éducation positive
et bienveillante. Fini les fessées, fini les punitions ou le chantage. Vous avez envie que vos
enfants puissent s’épanouir. Même si les punitions peuvent fonctionner sur le court terme, on
sait que cela peut être un traumatisme pour eux, au même titre que les violences éducatives
ordinaires (aussi appelées VEO). Les neurosciences ont fait leur preuve. Du coup, comment
faire autrement pour gérer les bêtises (surtout quand on a connu une éducation autoritaire) ?
Comment remplacer les punitions efficacement sans être laxiste ? J’ai sélectionné 3 pistes ici à
tester chez vous.

Cet article participe à l’évènement inter-blogueurs “Eduquer sans punir, est-ce possible”
organisé par Ludivine du blog Graines de bienveillance. Vous pouvez y découvrir pleine
d’articles intéressants comme Les Mythes de l’éducation bienveillantes. À la fin de
l’événement, vous aurez librement accès à la compilation des articles sous forme d’un ebook
gratuit.”

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POURQUOI LES PUNITIONS ?

Les punitions, c’est un héritage de l’éducation “à l’ancienne”. Il y a encore une génération


seulement, c’était la façon de faire le plus commune. Les punitions permettaient d’obtenir la
coopération des enfants… par la terreur ! Il y a seulement 50 ans, ça choquait peu de
personnes. Les gens disaient :

“Il faut bien qu’il apprenne”


”Une punition, ça ne tue pas”
”C’est comme ça que mes parents ont fait”

À la même époque, on pensait :

• Que la cigarette n’était pas mauvaise pour la santé


• Que les femmes ne pouvaient pas avoir les mêmes droits que les hommes

Heureusement, les neurosciences ont permis de prouver ce que plusieurs psychologues avaient
déjà compris…

POURQUOI ÇA NE FONCTIONNE PAS ?

C’est prouvé, les punitions, les fessées, le chantage, etc. ne fonctionnent QUE sur le court
terme. Les violences physiques et psychologiques inhibent certaines parties du cerveau. Dans
cet état de stress, il n’y a que 2 réactions possibles :
• La soumission : j’obéis, de peur de revivre le même traumatisme.
• La rébellion : je rentre en conflit face à cette injustice.

Imaginez, vous-même en tant qu’adultes. Vous faites une erreur au travail (ça peut arriver à
tout le monde). Votre chef vous humilie devant tout le monde et vous retire une prime. Est-ce
que cela donne envie de coopérer la prochaine fois ? Soit vous revenez au boulot avec la
boule au ventre. Vous avez peur de vous tromper à nouveau. Soit vous trouvez ça
inacceptable et vous rentrez en conflit direct avec votre supérieure.

Punir n’est pas meilleure solution pour construire des relations saines avec votre enfant. Tôt
ou tard, cela risque de vous retomber dessus, ou bien de faire naître un adulte qui n’exprime
plus son plein potentiel, qui n’est pas épanoui.

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En gros :

• Les punitions sont une solution qui marche à court terme seulement
• Vos enfants risquent de recommencer leurs bêtises… en cachette.
• Ils risquent de vous détester.
• Ils peuvent avoir envie de se rebeller.

Comment remplacer les punitions de manière efficace dans ce cas ? Heureusement, il y a plein
d’alternatives.

REMPLACER LES PUNITIONS : 3 ALTERNATIVES

Il existe plein d’alternatives bienveillantes. Je vous en donne 3 ici à tester chez vous.
Pour remplacer les punitions, vous pouvez essayer :

1. La réparation : votre enfant a fait une bêtise ? Il a renversé votre plus beau pot de
fleurs, votre salon est recouvert de terre… Au lieu de l’envoyer au coin et de nettoyer
seul, en ruminant, proposez-lui de se réparer son erreur. Testez “Oula, il y a de la terre
partout, qu’est-ce qu’on peut faire?” plutôt que “Raaah, tu as tout renversé,
maintenant tu vas au coin”. Votre enfant peut ainsi se rendre compte de son erreur et
la réparer en nettoyant avec vous par exemple. Il se sentira alors moins coupable. La
prochaine fois il fera attention. Pour aller plus loin, vous pouvez utiliser la règle des 3
“R” de Jane Nelsen.

2. Les conséquences logiques : si votre enfant fait une bêtise, le meilleur apprentissage
pour lui est d’en subir les conséquences logiques. Par exemple, s’il court trop prêt de la
petite fontaine alors que vous l’avez prévenu, il va peut-être se mouiller. CE N’EST PAS
GRAVE. Par contre, il aura sans doute froid, avec cette sensation désagréable de
pantalon mouillé qui lui colle à la peau… À quoi bon le punir ? Dans ce cas il a déjà
compris je pense. Une explication de la conséquence suffit.

3. Montrer l’exemple : oui, il a fait une erreur. Au lieu de l’engueuler et de le terroriser,


vous pouvez lui apprendre à faire mieux la prochaine fois. Isabelle Filliozat le
recommande elle-même dans “il me cherche” **LIEN** : restez calme et montrez-lui
l’exemple. Ça sera peut-être plus long, mais vous allez entretenir vos liens.

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Au final, je pense que c’est NATUREL de vouloir s’énerver ou punir. Mais au lieu de réagir à
chaud, j’aime me demander plusieurs choses :

• Est-ce si grave ?
• Comment j’aurais voulu qu’on réagisse si j’avais fait la même chose enfant ?
• Comment l’aider à faire mieux ?

Il y a encore d’autres alternatives aux punitions. Il suffit de trouver les bons livres. Je vous
donne une petite liste.

VOUS VOULEZ ALLEZ PLUS LOIN

Pour développer votre bienveillance, avoir un enfant se responsabilise et entretenir vos liens,
je vous conseils 2 livres qui m’ont inspiré pour cet article :

• Il me cherche : Isabelle Filliozat


• La discipline positive : Jane Nelsen

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2. Trois alternatives efficaces à la punition
Sophie de « Parents, ça s’apprend ! »
*****

Cet article participe à l’évènement inter-blogueurs “Eduquer sans punir, est-ce possible”
organisé par Ludivine du blog Graines de bienveillance. Mon article préféré sur son blog
est Les mythes de l’éducation bienveillante. Tu auras librement accès à la compilation des
articles sous forme d’un ebook gratuit.

En parentalité « traditionnelle », la punition est un recours incontournable. Comment les


enfants pourraient-ils apprendre à se comporter correctement si on ne les punit pas ?

Et si on changeait d’angle et qu’on retournait la question ? « Comment peuvent-ils apprendre


ce qu’on attend d’eux si on les punit ? » La punition n’a aucune vertu pédagogique. Elle ne
montre pas l’exemple, elle n’explique pas, elle ne propose pas d’options acceptables. Elle
amène un climat de tension et de stress qui n’est en aucun cas propice à l’apprentissage. Elle
fait naître des sentiments d’humiliation, elle attaque l’estime de soi (« je suis méchant, je le
mérite ») ou encore amène à de la colère, de la rancune envers le parent ( « nan mais quel
c##, il ne comprend vraiment rien, je lui ferai payer ! »).

Pourtant, on a tous à un moment ou un autre la tentation d’y avoir recours. Nous sommes
humains, parfois fatigués, à bout et nous manquons aussi de ressources. Dans cet article, je
vous propose donc trois pistes alternatives, liées à trois types de situation : l’enfant
agité et excité et n’écoute rien, celui qui n’a pas respecté la règle et enfin celui qui ne coopère
pas.

RESPONSABILISER L’ENFANT AGITÉ

Vous êtes en course et votre enfant court partout. Il touche à tout, veut acheter tout ce qui lui
passe sous la main, vous sollicite sans arrêt. Bref, vous avez du mal à rester concentré sur votre
liste. Ou encore, vous recevez des amis et il se met à faire des galipettes sur le canapé (où vous
êtes assis, of course), il veut jouer avec vous et si vous refusez il se met à lancer des coups de
pieds et de bras partout – même sur la table de l’apéro, non vraiment là, faut faire quelque
chose ! La priorité à ce moment-là (et la première difficulté), c’est de garder en tête que les
jeunes enfants ne sont pas en totale possession de leurs moyens. Quand ils sont incontrôlables,

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ça ne sert à rien de leur demander de se calmer. Ils n’en sont pas capables. Dans les deux
situations précédentes, le déclencheur de cette humeur agitée est probablement la sur-
stimulation (lumière, bruits, montagnes de denrées dans le premier cas… nouveauté dans le
deuxième cas + besoin d’attention).

Et puis, demander à un enfant de se calmer, ou d’arrêter de faire ce qu’il fait… ne lui donne
pas d’indication précise sur ce qu’il PEUT faire. Alors, je vous conseille de rediriger son
attention. Et comme dans les deux cas, vous n’êtes pas super dispo pour jouer ou vous mettre
100% à son service… et bien, faites-le participer !

Donnez-lui des missions : peux-tu aller me chercher deux citrons ? Veux-tu bien débarrasser le
verre de tonton ? C’est toi qui pousses le caddie ? tu peux faire passer le bol de chips ?

Bref, vous avez compris l’idée. Ces missions lui demandent de se focaliser sur une tâche. En
faisant appel à sa concentration, vous devriez rapidement observer des effets sur son calme. Et
en le responsabilisant plutôt que le punissant, vous sortez tous les deux
gagnants d’une situation qui aurait pu dégénérer.

FAIRE EXPÉRIMENTER UNE CONSÉQUENCE LOGIQUE À L’ENFANT QUI N’A PAS


RESPECTÉ LA RÈGLE

J’ai à la maison une trousse avec des stylos feutres qui sont en général à mon usage exclusif.
Bien sûr, ils présentent un très grand intérêt pour mes enfants. Et dans ma grande bonté, il
m’arrive de leur prêter à la condition que je les récupère tous et avec les bouchons (ce qui
semble-t-il n’est pas évident-évident).

Mettons que mes enfants ne me les rendent pas dans l’état demandé. Si je faisais le choix de
les punir, je pourrais les envoyer au coin ou les priver de quelque chose qu’ils aiment. Mais
encore une fois, je ne vois pas bien ce qu’ils en tireraient de constructif.

Une option que je juge plus pédagogique, c’est de faire expérimenter aux enfants une
conséquence logique de leur acte. Ici, par exemple, ce pourrait être une réparation :
reboucher les feutres et chercher ceux qui manquent.

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La réparation, est un exemple assez intuitif de conséquence logique et c’est aussi, à mon sens,
un des plus pédagogiques. Quelques autres exemples : L’enfant renverse son verre, on lui tend
l’éponge. Il blesse quelqu’un, on lui propose d’en prendre soin. Il abime un objet, on lui offre
la possibilité de réparer ou de participer aux étapes de sa réparation. Il apparaît évident que la
réparation est plus pédagogique que la punition.

Elle permet à l’enfant de sortir grandi de la situation au lieu d’en sortir humilié ou en colère. Il
a appris que ses actes ont des conséquences (l’objet / la relation est abimé). Mais aussi que
casser quelque chose/blesser quelqu’un n’est pas irréversible et qu’il peut agir. D’une situation
où il aurait pu sortir avec l’étiquette de maladroit, méchant, tête en l’air… Il sort
finalement avec un sentiment de confiance et de pouvoir : je suis capable de réparer mes
erreurs.

Il existe d’autres types de conséquences logiques, parfois plus subtiles. Mettons que votre ado
rentre de sa soirée après le couvre-feu convenu. Quelques exemples de conséquences logiques:

• il a affaire à des parents énervés, inquiets et irritables


• les parents seront réticents à lui accorder sa prochaine sortie
• les parents iront le chercher chez le copain plutôt que de lui laisser l’autonomie de
rentrer seul la prochaine fois

Ces quelques exemples découlent directement de la situation initiale. Contrairement à une


punition qui en est déconnectée (privé de portable, privé de sortie, privé d’argent de
poche…)

Vous allez me dire, la limite est ténue entre « les parents seront réticents à lui accorder sa
prochaine sortie » et « privé de sortie ». Et en effet, le résultat pourrait bien être le même (pas
de sortie le lendemain). Mais l’intention est très différente. Dans le cas de la conséquence, le
parent agit de manière authentique, pour se préserver (de la peur, de l’inquiétude…) en
attendant de trouver une solution aux retards qui permettrait de concilier les besoins de tout
le monde. Dans le deuxième cas (privation), le but est de faire mal à l’enfant à la hauteur de
ce que les parents ont été inquiets.

Quelques autres exemples de conséquences logiques :


• éloigner un enfant qui frappe / s’éloigner de lui
• pour un enfant qui n’aurait pas respecté le temps imparti d’écran, réduire le temps
d’écran du lendemain.
• pour un enfant qui continue à dessiner sur la table malgré nos demandes, lui retirer les
feutres
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S’AMUSER AVEC L’ENFANT QUI NE VEUT PAS COOPÉRER

Vous connaissez tous ces moments où vous devez partir de chez vous (et même que vous avez
bien prévenu à l’avance et tout) et que votre enfant se lance subitement dans un projet
d’envergure (construire une cabane, colorier TOUTE sa feuille A4 au feutre fin, faire quatre
fois le tour du salon à cloche-pied…).

Où vous pouvez vite monter dans les tours, parce que LA, MAINTENANT, TOUT DE SUITE,
il faut mettre ses chaussures et y aller. La tentation est parfois grande à ce moment-là de faire
du chantage (« si tu te dépêches, je t’achèterai un jouet en course ») ou de menacer de
punition (« si tu n’as pas mis tes chaussures dans une minute, on n’ira pas à l’aire de jeux après
les courses »).

Sous l’effet du stress (ici, imposé par la pendule), on n’est pas forcément super créatif dans ces
moments-là. Pourtant, il suffit parfois de souffler un coup et de changer d’angle pour que ça
se passe bien ! C’est vraiment rare que l’enfant résiste à l’appel du jeu et de l’humour, l’avez-
vous remarqué ? Alors, faites parler les chaussures « youhou, tu veux bien nous mettre, on est
prêtes à partir nous ». Lancez-vous dans une chasse à l’enfant « Attention, moi les enfants qui
ne coopèrent pas, je les attrape et je leur fait des guilis », proposer une course contre la
montre – coopérative tant qu’à faire – « penses-tu qu’on puisse être tous prêt avant que la
grande aiguille soit sur le 2 ? ».

Ces solutions sont généralement efficaces, et pourtant, je sens moi-même que parfois j’y suis
réfractaire. Parce qu’il y a des moments où j’ai juste envie que tout se passe fluidement, sans
que j’y mette une énergie monstre. Et du coup, quand mon enfant traine des pieds, une partie
de moi pense qu’il fait exprès. Et a envie de le faire payer. Un raisonnement du type « nan,
mais c’est lui qui ne coopère pas et c’est moi qui dois faire tous les efforts pour avancer, c’est
le monde à l’envers ». Dans ces moments-là, j’oublie parfois que mon enfant est incapable de
« faire exprès ». Qu’il ne fait pas ça pour m’embêter ou prendre le dessus sur moi. Mais qu’il
est juste un enfant, qui vit dans l’instant présent, qui vit ses propres motivations, loin des
contraintes du monde adulte.

Pourtant, une bonne partie de jeu ou de rigolade, ça ne dure pas plus longtemps que de
s’énerver et ça fait du bien à tout le monde. Alors, on peut user et abuser de cette méthode
qui met du lien là où on serait tenté de l’abimer.

Et vous, quelles sont vos alternatives bienveillantes à la punition ?


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3. Eduquer sans punir, est-ce possible
quand ça ne va pas à l’école ?
Karine, de Kap Réussir

*****

Mot dans le cahier, travail non fait, matériel oublié, faut-il le punir pour qu’il réagisse enfin ?!!
Oui, bien sûr et pourquoi pas lui donner un coup de ceinture aussi ?!!

Euh … vous ne m’avez pas prise au sérieux, j’espère ?.. Parce que la méthode que je vous
propose pour faire face à une situation difficile est loin de tout ça ! Quand on est dans le
cadre d’une éducation bienveillante, on cherche par tous les moyens à éviter de passer par les
punitions. Et en même temps, c’est quand même la première idée qui nous vient à l’esprit,
non ? C’est quand même fou !

C’est parce que j’ai fait ce constat plus d’une fois (le fameux dilemme « punir, ne pas punir,
telle est la question … ») que je n’ai pas hésité une seconde lorsque Ludivine du blog Graines
de bienveillance a proposé son carnaval d’articles sur la question « Peut-on éduquer sans punir
? » je me suis tout de suite dit qu’il fallait que je participe ! Comment donner le plaisir
d’apprendre aux enfants, si on est obligé de passer par la punition ? …

Pour les non-initiés, un carnaval d’articles, c’est un événement inter-blogueurs à l’issue duquel
Ludivine publie un article (un e-book même !) où elle reprend toutes les idées données par
tous, dans chaque article. Allez y jeter un œil, je suis sûre que vous y trouverez une mine
d’informations !

Dans cet article, je vous explique pourquoi ce dilemme et comment y remédier avec une
petite méthode que je me suis inventée : la méthode REBAC.

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Quand mes deux petites voix me parlent : punir ou ne pas punir ?

Mon ange gardien numéro 1 ne cesse de me souffler à l’oreille de ne pas punir

• parce que ça ne se fait pas dans le cadre d’une éducation bienveillante


• parce que ça n’aide pas notre enfant à devenir autonome
• parce que, si on agit sous le coup de la colère, on risque de le regretter après
• parce que nous entrons dans un rapport de force avec notre enfant : soit il obtempère,
soit il se révolte

Et de l’autre côté, mon deuxième ange (ou plutôt mon petit diable !) ne cesse de me répéter
que c’est indispensable de punir :

• parce qu’il n’y a que ça qui marche


• parce que, si on ne punit pas, on n’apprend pas à nos enfants à respecter les règles
• parce que, si on ne punit pas, on entre rapidement dans le laxisme
• parce qu’il faut bien que nos enfants nous obéissent !

Alors … Que faire ? Peut-on être à la fois ferme et bienveillant ?

UN CADRE À DEUX DIMENSIONS

Personnellement je suis convaincue qu’on peut être à la fois ferme et bienveillant ; qu’être
bienveillant ne veut pas dire ne pas mettre de limites. Pour moi, nous devons à nos enfants :

• le respect → rapport horizontal (d’égal à égal)


• la protection → rapport vertical (d’autorité)

Ces deux directions m’aident à définir un cadre :

• ce qui est interdit


• ce qui est négociable
• ce qui est non négociable
• ce qui est libre

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Pour me souvenir de ces deux directions et du cadre que je construis autour, je me suis
imaginé un petit dessin :

Belles paroles tout cela ! Et comment faire concrètement ?

LA MÉTHODE REBAC POUR ÉDUQUER SANS PUNIR

Comment penser à tout cela au moment de la crise ? Quand votre enfant vous ramène un
énième mot dans le cahier car :

• il n’a pas fait son travail


• il s’est montré insolent
• il a insulté, tapé, agressé un camarade
• il a encore une fois oublié son matériel ses affaires

Je vous propose la méthode que moi j’utilise basée sur un moyen mnémotechnique : REBAC

R : REPONDRE et non REAGIR


E : ECOUTER et s’EXPRIMER à son tour
B : trouver le BESOIN caché de votre enfant derrière son comportement
A : passer à l’ACTION
C : lui faire CONFIANCE

Reprenons chacune de ces étapes pour voir ce que j’y mets derrière.

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R : se RETENIR pour REPONDRE et non REAGIR

Si vous vous intéressez un peu au développement personnel, à la CNV et même aux


neurosciences, vous savez sans doute que les émotions ont un rôle très important. Elles
interviennent toujours avant une réaction plus réfléchie. Elles sont en fait le messager que
quelque chose ne va pas (ou va très bien mais bon ce n’est pas le cas dans notre question du
jour).

Je vous en avais déjà parlé dans mon article, comment réagir face à une mauvaise note.
Une émotion, c’est comme une vague, ça ne dure pas. Elle arrive d’un coup et repart
rapidement. Donc si on ne veut pas laisser notre colère ou notre ras-le-bol réagir à notre
place, RETENONS-nous lorsque le stress nous envahit, ne REAGISSONS pas. Attendons de
nous calmer pour REPONDRE plus posément, sereinement ; et non de le punir sans réfléchir !

Pour permettre à ce coup de colère de passer, je vous propose de :


• vous isoler
• sortir
• parler à d’autres personnes
• faire du sport, du ménage, ou toute autre activité qui nous tient à cœur

Moi le ménage ce n’est pas mon truc alors, quand je peux je sors et, à minima, je m’isole !

L’essentiel est, vous l’aurez compris, de se faire du bien, de faire tomber la pression.
Si vous avez une autre tactique, n’hésitez pas à la partager dans les commentaires ! Ça peut
toujours être utile !

Ainsi, en prenant le temps de laisser passer la vague de l’émotion qui est bien souvent une
vague de colère, je me sens plus en mesure d’apporter une réponse vraiment ajustée à
l’enfant, à son comportement qui a posé problème.

En suivant ce conseil, vous n’aurez pas à regretter la punition infligée, quelques heures après
l’avoir donnée …
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E : ECOUTER avec EMPATHIE et s’EXPRIMER

Si votre enfant a agi (ou pas agi justement dans le cas des devoirs non faits ou des affaires
oubliées), c’est sûrement qu’il a une bonne raison. Enfin quand je parle de bonne raison, je
veux dire que c’est la seule solution qu’il a trouvé dans cette situation !

Seule solution pour :

• vous exprimer un message (c’est ce qu’on appelle de la provocation),


• un sentiment (surtout dans le cas d’insolence ou de problème de comportement)
• un besoin (de manger, de repos, de sécurité, d’explications supplémentaires sur la
leçon)
• faire face à la pression
• parce qu’il est découragé, complètement démotivé
• parce qu’il ne sait pas gérer son agressivité, la frustration
• parce qu’il lui manque des techniques (d’organisation, de gestion de conflit)

Ecouter, cela veut dire qu’on ne dit rien. On le laisse parler, aller au bout de son explication.
Donc vous comprenez pourquoi :

• il faut être disponible


• débarrassé de sa colère ou autre sentiment envahissant

C’est l’étape pour laquelle j’ai encore le plus de mal : écouter jusqu’au bout sans donner mon
interprétation, mon analyse !
Ensuite, quand il a fini, on reformule avec nos mots pour être sûr qu’on a bien compris. Votre
enfant va alors sans doute vous dire : « oui c’est tout à fait ça ! ». On peut passer à l’étape
suivante ! Ou : « non tu n’as pas compris ! Non, pas exactement ! » On recommence alors.

Avec empathie, cela veut dire que tout ce temps où on essaie de comprendre ce qui s’est passé
pour lui, on ne le juge pas. On ne se met pas à la place de l’autre ‘sa victime’ mais à sa place à
lui ! On essaie de ressentir quand il nous parle ce qui se passe dans sa tête, son corps, son
cœur.

Ensuite seulement, quand il est clair pour lui comme pour nous qu’on a compris ce qui se
passe dans sa petite tête (et dans son corps !), alors seulement à ce moment-là, je peux à mon
tour m’exprimer sur ce que je ressens. C’est la phrase en « je ». Je suis en colère, je suis triste et
non TU me mets en colère, TU me rends triste.
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Et si vous pouvez aller jusqu’au besoin qui est caché derrière cette colère, ça sera encore plus
bénéfique !

Exemples :

• je suis en colère parce que tu oublies tout le temps ton sac. Ton prof va croire que je
ne m’occupe pas de toi → besoin de reconnaissance
• je suis triste parce qu’à la maison personne ne se montre violent, personne ne tape →
besoin de paix
• je suis inquiète parce que tu n’as pas rendu ton devoir-maison. Avais-tu compris ce qu’il
fallait faire → besoin de compréhension
• je suis en colère parce que tu as manqué de respect en répondant à ton professeur →
besoin de respect

Bref, vous comprenez sans doute l’idée tout en vous disant que je suis marrante avec mes
besoins. Ce n’est vraiment pas simple de savoir pourquoi on se met en colère ou on est triste !
Oui, je suis d’accord. Ce n’est pas simple parce que pas habituel. Il va vous falloir du temps.
Cela fait environ 5 ans que j’ai découvert cette histoire de besoins et pour autant, il m’arrive
encore souvent de ne pas les identifier ou voir même de ne pas du tout y penser !

Allez jeter un œil à ma vidéo ! Je vous raconte comment j’ai encore oublié, il y a quelques
semaines à peine, mes belles résolutions et ma méthode REBAC avec un jeune que je vais
aider chez lui ! Je vous raconte aussi comment j’ai rattrapé le coup parce que, au final, on est
tous humains avec nos faiblesses ! https://youtu.be/x3gvcQD-JCI

Normalement arrivés à cette étape, chacun, parent et enfant aura pu dire ce qu’il avait sur le
cœur.

J’ai commencé à vous en parler. On arrive à la troisième étape : le B comme Besoins.

B : chercher le (ou les) BESOIN(S) non satisfaits derrière cette situation

Pour trouver des solutions gagnant-gagnant au problème, il est indispensable d’avoir pu


discuter suffisamment pour savoir de quoi vous avez vraiment BESOIN, vous parent et aussi
de quoi a BESOIN votre enfant.

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Je vous ai déjà proposé quelques exemples de BESOINS non satisfaits pour vous juste au-
dessus !

Il existe une quantité incroyable de listes de besoins sur internet ! Je vous propose d’aller y
jeter un œil en tapant « liste de besoins » sur google.

Voici celle que j’ai utilisée :

La question à se poser est : que peut-il bien se cacher derrière


• un travail non fait, non rendu
• un oubli de sac, de matériel, etc
• un comportement inadapté avec les camarades
• un comportement inadapté avec le (les) enseignant(s)
Il peut y avoir une infinité de raisons ! En voici quelques-unes que j’ai sélectionnées :
• besoin d’aide, de soutien, de réconfort
• besoin de se sentir inclus dans le groupe
• besoin de se sentir respecter
• besoin que ça aille moins vite, d’explications supplémentaires
• besoin qu’on croit en lui
• besoin de techniques pour apprendre, s’organiser
• besoin de repos, de détente
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Quand vous aurez choisi la liste de besoins qui vous convient le mieux, je vous propose de
l’afficher ou de l’avoir à portée de main. Il existe des modèles plus ‘adultes’ et des modèles
enfants. Voici un exemple plus à destination des enfants :

Ça vous semble peut-être un peu exagéré de sortir sa liste de besoins quand survient un
problème … Bien entendu, ce n’est pas à faire à chaque fois ! Mais pour l’avoir testé plus
d’une fois, je vous assure que c’est vraiment bénéfique ! Quand on réussit enfin à trouver le
besoin (de l’enfant, le sien), on ressent alors ensuite une sorte de soulagement immédiat ! Et
notre enfant comprend à quel point vous cherchez à l’aider et non le juger !

A : AGIR

Dans la vraie vie, chaque étape n’est pas cloisonnée comme ici. Mais avoir une trame, permet
de ne louper aucune étape et d‘avancer sereinement surtout quand on est stressé, perdu ou
limite découragé !
AGIR, cela veut dire à la fois :

• assumer ce qui s’est passé → ce sont les sanctions et réparations


• prévenir pour éviter que ça ne recommence → solutions gagnant-gagnant

Comme je l’ai dit en début d’article, pour moi, bienveillance et fermeté ne sont pas
contradictoires ! Donc on peut tout à la fois réfléchir avec son enfant à des solutions gagnant-
gagnant qui évitent que ce genre de situations ne se reproduise et en même temps agir pour
montrer qu’il a dépassé les limites du cadre donné. C’est là qu’intervient la sanction.

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Cela peut être :

• une réparation matérielle : racheter l’objet cassé, soigner le camarade blessé


• une réparation symbolique : paroles ou lettre d’excuse, petit cadeau symbolique

Une réparation n’aura vraiment d’impact que si l’enfant prend conscience de ses paroles, ses
actes ; s’il est dans une démarche de réparer. Si le fait d’aller s’excuser correspond à un ordre
qui lui a été donné, alors, là, on se retrouve à nouveau dans un rapport d’obéissance et non
de prise de conscience.

Reprenons nos quatre exemples et des possibilités d’actions :

• un travail non fait, non rendu → rendre le travail même en retard, même si l’enfant a
déjà eu un zéro !
• un oubli de sac, de matériel, etc → si l’activité plaisait à l’enfant et qu’il n’a pu la
réaliser, il s’est puni tout seul !
• un comportement inadapté avec les camarades → aller s’excuser auprès de la personne
blessée, écrire un petit mot d’excuse, offrir un petit cadeau de réconciliation
• un comportement inadapté avec un enseignant → insister surtout sur la recherche de la
cause et mise en place d’une stratégie gagnant-gagnant

Agir c’est comme nous venons de le voir permettre à l’enfant, au jeune d’assumer ce qui s’est
passé mais c’est aussi trouver des solutions pour éviter que ça ne recommence.

Si vous avez suivi toutes les étapes de ma petite méthode REBAC jusque-là je suis certaine que
vous avez des idées d’actions à mettre en place pour prévenir la suite !
Voici quelques propositions toujours pour nos quatre exemples :

• un travail non fait, non rendu → reprendre un suivi plus régulier des devoirs (aide ou
juste vérification), faire appel à quelqu’un pour gérer les devoirs, trouver
d’autres méthodes pour apprendre
• un oubli de sac, de matériel, etc → afficher une check-list dans l’entrée de ce que
chacun doit penser à prendre chaque jour de la semaine
• un comportement inadapté avec les camarades → inviter des camarades à la maison,
l’inscrire dans un club de sport ou d’arts, envisager une aide psychologique

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• un comportement inadapté avec un enseignant → prendre un RDV avec l’enseignant,
apprendre à l’enfant à exprimer son désaccord sans manque de respect, envisager une
aide psychologique

Et maintenant, c’est fini ? C’est quoi le C de REBAC alors ?


C’est PRESQUE fini ! Maintenant que vous avez pris le temps de tout mettre à plat et d’agir
avec calme et raison, « y a plus qu’à ! »
Et c’est là qu’intervient la dernière lettre de ma méthode !

C : lui faire CONFIANCE

La méthode que je viens de vous proposer, pour moi, ne pourra être vraiment efficace que si
vous avez CONFIANCE en votre enfant. Si vous pensez qu’il ne va jamais y arriver, qu’il n’est
pas capable, alors ce n’est pas la peine de mettre tout ça en place !

Je vous remets le lien vers ma vidéo parce que je vous y explique comment j’ai pris
conscience de l’importance de ce mot, CONFIANCE avec mon propre fils !
https://youtu.be/x3gvcQD-JCI

Vous allez peut-être me dire : moi je lui fais CONFIANCE mais il est tellement … (tête-en-l’air,
impulsif, perdu, etc) » !

Maintenant que j’ai pris conscience de l’importance de notre état d’esprit, de nos pensées sur
nos enfants, je travaille régulièrement à éliminer la peur de mes pensées et à me dire qu’ils ont
les ressources en eux, qu’ils réussiront ce qu’ils avaient échoué maintenant qu’ils ont pris
conscience du chemin pour y arriver !

Pour moi, je pars du principe que tout enfant et plus généralement tout être humain peut
évoluer, peut s’améliorer et développer son plein potentiel. Et que notre rôle d’éducateur est
de mettre notre peur de côté pour les aider à développer ce potentiel !

Voilà, nous arrivons au bout de ces cinq lettres et de cette petite méthode pour éduquer sans
punir quand ça ne va pas à l’école !

J’espère sincèrement que cette méthode vous aidera, vous sera utile à la prochaine crise et que
vous êtes maintenant convaincu qu’on peut éduquer sans punir ! N’hésitez pas à aller jeter un
œil sur le blog de Ludivine, Graines de bienveillance, elle vous donnera plein d’autres astuces.

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Moi j’ai beaucoup aimé son article ‘Notre personnalité influence notre enfant’. J’y retrouve
bien, en beaucoup plus détaillé, ce que je vous ai dit au sujet de la dernière lettre,
CONFIANCE !

Si vous avez essayé la méthode REBAC, pensez à venir mettre un commentaire sous l’article
pour montrer aux autres parents que c’est possible !

Et comme toujours, pour toute question : kapreussir@gmail.com

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4. Éduquer sans punir, est-ce possible ?
Shirley, de Grandir avec plaisir

*****

J’en rêve !!!!

Mais c’est pour moi encore difficile à dire qu’éduquer sans punir est possible. J’aimerais tant
pouvoir affirmer avec conviction que nous pouvons vivre sereinement sans punitions. Avec 3
enfants de 6 ans, 5 ans et 3 ans, ainsi qu’un bébé à naître, je n’y arrive pas, pas encore.

Alors, pourquoi vouloir écrire un article à le sujet, allez-vous me dire. Tout simplement parce
qu’une amie blogueuse, Ludivine, du blog graines-de-bienveillance.com, organise un carnaval
d’article qui a pour sujet l’éducation sans punition. Et j’avoue que j’avais envie de le prendre
comme un défi personnel. Dans cet article, je vais vous dévoiler mon cœur de maman. Je vais
essayer de trouver quelles sont mes failles, ces obstacles qui me font échouer et ne pas
atteindre mon but de la maman bienveillante.

MON TEMPÉRAMENT

Je vous l’avoue, c’est bien mon plus grand défaut. J’ai un tempérament très fort. Je n’aime
pas avoir tort et je vais tout mettre en œuvre pour que les choses se passent comme j’en ai
décidé. Alors, oui, je fais des efforts et j’arrive à me contrôler de plus en
plus. Malheureusement, lorsque je suis fatiguée (et c’est souvent en ce moment, la grossesse
n’aidant pas) ou lorsque trop de choses me contrarient, je m’emporte.

J’essaye donc tant bien que mal de discuter avec mes enfants. Mais lorsque mes nerfs sont à
vif, j’ai tendance à m’emporter, crier d’abord et ensuite prendre le temps de comprendre. J’ai
souvent besoin de me calmer et que l’enfant se calme. Après un moment de calme, je suis
enfin capable de prendre le temps avec l’enfant en question pour avoir une discussion.

Alors, souvent pendant ce temps nécessaire, autant pour l’enfant que pour moi-même, je
punis l’enfant dans sa chambre. Et ma plus grosse erreur, c’est de le faire en criant.

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JE NE CONNAIS PAS D’AUTRES EXEMPLES ÉDUCATIFS

Photo par Myriams-Fotos sur Pixabay

Nous avons souvent été éduqués de la manière forte (punitions, fessées, menaces, …) alors
pourquoi nos enfants ne supporteraient pas la même chose ? C’est bête de penser
ainsi. Surtout que souvent nous avons de mauvais souvenirs de ces actes. Alors, pourquoi
continuer de perpétuer ce mode éducatif ?

Et bien simplement parce que je n’ai pas d’autres exemples. J’essaye de m’informer, de
comprendre, mais autour de moi, j’ai peu d’exemples de personnes qui pratiquent l’éducation
bienveillante et que chez qui cela marche réellement. Je ne dis pas que ça ne marche pas, ne
me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit. Je dis juste que dans mes connaissances proches, je
ne vois pas de résultat positif. Certainement parce qu’il faut du temps et beaucoup de
patience pour arriver à un résultat convaincant sans jamais punir.

Je pense qu’on peut y arriver. Mais il faut être fort et avoir beaucoup, beaucoup de
patience. J’en arrive donc à mon point suivant.

MON MANQUE DE PATIENCE

Je pense que je ne suis pas la seule dans ce cas. Quoique nous n’ayons pas (trop) de contrainte
par notre pratique de l’IEF (j’ai écrit un article sur nos choix de ne pas scolariser nos enfants, si
ça peut vous intéresser), il faut dire que j’ai parfois envie que les enfants fassent certaines
choses dans un temps imparti.

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J’aime quand l’appartement est rangé, j’aime quand les enfants sont habillés et ne traînent pas
en pyjama toute la journée. Mais j’aime ne pas devoir répéter les choses trop de fois
aussi. Alors, ma patience a souvent des limites. Au bout de 2, 3, 4 rappels (voire plus), je
commence à m’impatienter et malheureusement à crier, menacer, et même parfois punir.

MA FIERTÉ

Photo par StockSnap sur Pixabay

Ah que c’est dur en tant qu’adulte, et encore plus lorsqu’on est parent, de se remettre en
question. Et c’est encore plus dur de dire pardon à nos enfants lorsqu’on va trop loin. J’avoue
que j’aimerais parfois réussir plus souvent à leur demander pardon, car je sais que mes paroles
peuvent être blessantes, que mes gestes peuvent parfois être trop brusques. Mais la fierté est
coriace.

La rédaction de cet article m’aide à prendre conscience de mes erreurs, mais surtout de mes
faiblesses. Je suis adulte et je pense qu’on peut tous travailler sur nos comportements. On le
demande constamment à nos enfants, mais pourquoi pas également à nous ? Parce qu’on
pense être parfait ? Parce qu’on pense ne plus pouvoir changer ? Non, tout simplement par
fierté

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JE PEUX CHANGER, VOUS AUSSI

Alors, éduquer sans punir oui, c’est possible, mais nous devons premièrement faire un travail
sur nous-même.

Je dois me remettre en question, je dois me fixer des objectifs réalisables autant que j’en fixe à
mes enfants. Nous pouvons tous changer, qu’importe notre passée, qu’importe notre vie
actuelle. Il suffit de le vouloir. Alors, aujourd’hui, je m’engage à travailler sur mes défauts et
aller de l’avant. Et cela pour le bien-être de mes enfants.

En résumé, je dois :

• Apprendre à me calmer avant de parler à mes enfants, ne pas crier sans réfléchir et
contrôler ma colère et ma frustration… comme les enfants.
• Ne pas me référer uniquement aux exemples éducatifs connus.
• Me reposer plus pour être plus patiente.
• Mettre ma fierté dans ma poche et penser d’abord au bien-être de mes enfants.

Je ne suis pas une mère parfaite (Ludivine parle bien de ce sujet dans un article que vous
pouvez lire ici). Je dois rester lucide, les choses ne se feront pas toute suite. Un pas après
l’autre. C’est comme ça que peut-être un jour, j’atteindrais mon objectif.

Qui souhaite me suivre dans cette démarche ? Commenter et partager votre défi.

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5. Éduquer sans punir, est-ce possible ?
Coralie, de « Les 6 doigts de la main »

*****

Eduquer sans punir, en voilà une idée ! Lorsque j’explique que dans notre maison, la punition
n’existe pas, cela surprend souvent. Et cela surprend encore plus lorsque l’on s’aperçoit que
nos enfants ne sont pas des délinquants… Non seulement ils ne partent pas à la dérive, mais
j’affirmerai même qu’ils ont en fait pas mal de limites. Nous ne sommes absolument pas des
parents permissifs. Est-il possible, alors, d’éduquer sans punir ? Pourtant, l’idée reçue, c’est que
la punition est une méthode éducative efficace et nécessaire. Que l’on punit les enfants “pour
leur bien”. Que c’est la meilleure manière d’apprendre. Et surtout, surtout, si l’on ne punit
pas, que fait-on ? Existe-t-il des alternatives ?

C’est l’objet de cet article, que j’écris en participant au carnaval d’articles lancé par Ludivine,
du blog Graines de bienveillance. Un carnaval, vous le savez peut-être, ce n’est pas la
première fois que j’y participe, c’est quand un blogueur lance un thème sur lequel différents
blogueurs s’expriment. Le thème lancé par Ludivine aujourd’hui, c’est “Eduquer sans punir,
est-ce possible ?”, et comme je trouve ce thème particulièrement intéressant, je suis ravie d’y
participer ! Lorsque l’article récapitulatif des différents intervenants sera publié, je vous mettrai
le lien ici. En attendant, n’hésitez pas à vous promener sur le blog Graines de bienveillance,
vous y trouverez de très bons articles.

Ceci étant dit, revenons à nos moutons, euh… à nos punitions.

SE FAIRE À L’IDÉE D’ÉDUQUER SANS PUNIR

Je comprends que cette idée d’éduquer sans punir puisse surprendre. Bien sûr que je le
comprends ! Je mentirais en disant que je n’utilisais pas les punitions au début… Et la première
fois que j’ai lu ce que les punitions pouvaient avoir de néfastes, je n’ai pas été immédiatement
convaincue.

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UN HÉRITAGE À REMETTRE EN CAUSE

Pour la grande majorité d’entre nous, nous avons grandi dans un contexte dans lequel il était
normal et même bien de punir. La punition comme méthode éducative est donc bien une idée
“reçue” : reçue de nos parents, de notre entourage lorsque nous étions enfants.

Or, nos parents nous aimaient. S’ils nous punissaient, nul doute qu’ils le faisaient pour notre
bien. Comment remettre la punition en cause sans remettre nos parents en cause.

Notre cerveau sait nous protéger de ce qui nous dérange trop. Penser que nos parents nous
ont causé du tort, c’est dérangeant. Autant rester sur l’idée simple que leurs méthodes avaient
du bon, et les répéter.

D’ailleurs, l’enfant battu bat ses enfants, c’est connu. C’est un moyen de protection
émotionnel, d’une certaine façon. Pour ne pas remettre en cause ce que nous avons reçu.

De mon côté, je suis assez sereine sur ce point. Les parents ont toujours fait ce qu’ils croyaient
être le mieux (avec leur propre héritage, de surcroit). Il n’y a pas de doute là-dessus. Remettre
en question la méthode ne signifie pas remettre en question l’intention. L’ignorance justifie la
méthode. Aujourd’hui, cependant, nous ne sommes plus ignorants, nous savons que la
punition fait du mal à l’enfant.

Alors, sans nous attarder sur le passé, concentrons-nous sur le présent, et même sur le futur, en
offrant à nos enfants ce que, à notre tour, nous pouvons faire de mieux !

NAGER À CONTRE-COURANT

Autre problème : même lorsque nous réussissons à remettre en cause l’éducation que nous
avons reçue, nous évoluons en général dans un environnement qui n’a pas encore changé ses
méthodes. Je ne dis “pas encore” parce que j’ai confiance que cela changera. Ça bouge déjà,
doucement.

En attendant, il est certain que ceux d’entre nous qui ont banni les punitions nagent à contre-
courant. Nous évoluons dans un monde qui cherche encore à éduquer par les punitions. Dans
le collège de ma fille, comme dans beaucoup d’autres, si l’élève fait une erreur (il n’a pas fait
un devoir, il a oublié son matériel, il bavarde en classe…), le prof lui met une croix sur son
carnet. Au bout de 3 croix, une heure de colle. C’est comme ça.
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Alors bien sûr, lorsque ces méthodes sont si communes, elles deviennent “normales”, au sens
littéral, c’est à dire que c’est la norme. Et lorsque l’on sort de la norme, c’est toujours un peu
plus difficile. Il est, là encore, plus confortable de suivre le groupe, de ne pas se sentir
différent…

S’OUVRIR À LA POSSIBILITÉ

Et pourtant, malgré notre héritage, malgré notre environnement, j’ai envie de vous demander
de vous ouvrir à la possibilité d’éduquer sans punir.

Pour ceux pour lesquels cette idée est nouvelle, je sais qu’il faut y aller doucement. Bien sûr.
Pour toutes les raisons listées plus haut.

On m’a raconté d’ailleurs l’anecdote suivante. Un jour, Catherine Gueguen donnait une
conférence à une assemblée d’enseignants. Elle leur parle, comme à son habitude, du
fonctionnement du cerveau, de l’effet sur celui-ci d’une relation empathique, etc… Les
enseignants sont intéressés. Jusqu’au moment où elle leur déclare que les punitions ne
devraient pas être. Elle est allée trop loin trop vite, et une partie de son assemblée se ferme.
Car ils ne sont pas prêts. D’une part, remettre en cause prend du temps, d’autre part, ces
enseignants se heurtent au quotidien à la réalité de leurs classes, et n’ont pas encore
d’alternative. On ne peut donc leur demander du jour au lendemain de supprimer les
punitions de leurs méthodes éducatives.

Je ne serai donc pas ici définitive en vous demandant de supprimer toute punition de votre
maison dès demain. En revanche, je vous demande de me prêter attention, pour vous ouvrir
à cette possibilité d’éduquer sans punir. Ce sera déjà un bon premier pas.

POURQUOI ÉVITER LA PUNITION ?

Avant de parler des alternatives à la punition, il me semble intéressant de faire un détour par
les raisons pour lesquelles nous voudrions éviter la punition.

L’IMPACT DES PUNITIONS SUR LE CERVEAU

Plus possible de se mettre des œillères. Les résultats des recherches en neurosciences affectives
sont aujourd’hui clairs : les punitions et autres “violences éducatives ordinaires” ont un effet
néfaste sur le cerveau. Celui-ci se développe moins, et les aptitudes de l’enfant s’en trouvent
diminuées.
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Je vous conseille à ce sujet la lecture d’un article de Graines de bienveillance,
justement: L’éducation bienveillante validée par les neurosciences.

DÉVELOPPER LA MOTIVATION INTERNE

Eduquer un enfant à coups de punitions, c’est lui donner, de manière répétée, des raisons
externes de faire ou ne pas faire certaines choses. On développe ainsi sa motivation externe.
Et ce, dès le plus jeune âge. Il suffit d’entendre mon fils de 6 ans m’expliquer que la raison
pour laquelle il ne faut pas frapper son camarade de classe, c’est que sinon la maîtresse va le
mettre dans le rouge. Voilà. Ce n’est pas parce que cela fera mal à l’autre, parce qu’il a de
l’empathie, parce qu’il existe d’autres manières de régler les choses… Non, c’est parce qu’il y a
punition derrière.

Cela signifie que l’on s’éloigne complètement des explications pour entrer dans un rapport de
force. Moi, l’adulte, je vais t’apprendre à ne pas te comporter ainsi parce que tu vas avoir
peur de ma réaction. J’attends donc une obéissance aveugle de ta part, et je te jugerai pour
tes comportements, ce sont les principes des méthodes traditionnelles.

Cela marche à court terme. Mais qu’advient-il lorsque l’adulte n’est plus là pour vérifier ?
L’enfant n’ayant jamais développé sa motivation interne, il y a bien des chances qu’il profite
de l’absence de l’adulte pour adopter le comportement qu’on cherchait justement à
éliminer…

A long terme, il est donc bien plus judicieux d’accompagner notre enfant à développer son
contrôle interne, plutôt que de rester dans une position de contrôle externe.

L’APPRENTISSAGE

Une approche de la question que j’aime également, c’est de réfléchir en termes


d’apprentissage.

Lorsque, par exemple, l’élève a une croix dans son cahier parce qu’il bavarde, est-ce que cela
lui enseigne vraiment à ne pas bavarder ? Ah oui, d’un certain côté, “ça va lui apprendre” !
Mais je parle plutôt en termes d’enseignement de compétences. Comment fait-on pour résister
à l’envie de discuter ? Quel intérêt cela a-t-il pour lui ? Comment réussir à s’auto-contrôler,
justement ?

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Et pourtant, si l’on donne l’opportunité à l’enfant d’y réfléchir, d’analyser la situation, de
trouver sa solution, il y a toutes les chances qu’il y parvienne. (Comme je l’avais d’ailleurs fait
avec une amie de ma fille). Et là, on l’aura aidé à développer des compétences.

Ça, pour moi, c’est le rôle du parent.

LES ALTERNATIVES

Je vous remercie de vous être ouvert à la possibilité d’une éducation sans punition.
Maintenant, la question qui brûle les lèvres des parents qui m’ont entendue jusque-là est en
général : “Mais alors, comment fait-on ?”

Comme je sais que l’évolution doit se faire en douceur, je vais répondre à cette question en
vous présentant mes outils en ordre croissant de bienveillance !

LES CONSÉQUENCES

La première étape, la plus facile, c’est souvent de passer des punitions aux conséquences. Cela
ne veut pas dire que nous changeons le vocabulaire ! La conséquence a ceci de différent de la
punition qu’elle a vraiment une intention d’enseignement. Elle a un rapport direct avec le
comportement.

Je vous invite sur ce point à lire mon article sur la différence entre une punition et une
conséquence.

LA RECHERCHE DE SOLUTION

Au fur et à mesure que vous changerez votre manière d’aborder les situations, vous vous
rendrez compte qu’il est plus efficace d’inclure vraiment votre enfant dans la réflexion.

Pour cela, rien de mieux que la recherche de solution. Passer de la conséquence à la recherche
de solution, c’est évoluer dans notre posture parentale. L’accompagner, l’aider à grandir, en
répondant à ses nécessités de base : appartenir et avoir de l’importance.

Parfois, les blogs d’éducation positive donnent l’impression que lorsque l’on adopte ces
principes, tout va alors toujours pour le mieux dans le meilleur des mondes. Je vous rassure,
ce n’est pas le cas.

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Ce n’est pas parce que nous suivons les principes d’une éducation bienveillante que les conflits
disparaissent. Non, ils existent encore. Cependant, notre manière de les aborder a
drastiquement changé. Aujourd’hui, nous sommes clairs sur le fait qu’il existe différentes
manières de régler les conflits, et que la force n’est pas le meilleur exemple à donner à nos
enfants. La recherche de solution ensemble est donc devenue notre meilleure amie.

EDUQUER SANS PUNIR, C’EST AVOIR CONFIANCE

Au-delà des techniques et méthodes, je crois que pour éduquer sans punir, il faut surtout avoir
confiance. Confiance dans le fait que notre enfant va apprendre. Comme nous n’avons jamais
douté du fait qu’il allait savoir marcher un jour, nous ne doutons pas qu’il va grandir et savoir
dire bonjour et merci. Qu’il saura ne pas taper ses camarades. Qu’il saura respecter son
entourage, être responsable, se prendre en charge.

Bien sûr, cela lui prend du temps (à lui aussi !), mais ce regard de confiance change notre
réaction devant les erreurs de parcours, ce qui a pour effet de changer sa réaction également.

Ainsi, ensemble, on grandit. L’énorme différence, c’est qu’au lieu d’être contre lui, on est avec
lui.

L’IMPORTANCE DE LA CONNEXION

Cette dernière phrase fait parfaitement la transition avec ce dernier paragraphe, qui me
tiendra lieu de conclusion. En effet, avant de terminer, je dois vous parler de connexion.

Parce que vous expliquer la recherche de solution est une chose. Mais cela ne fonctionnera
que s’il y a déjà une bonne connexion entre vous. On ne peut changer de style éducatif du
jour au lendemain, et penser que tout va magiquement suivre. Votre enfant a appris à réagir
en fonction de votre posture.

L’un des principes fondamentaux de la discipline positive, selon Jane Nelsen, c’est :
“Connecter avant d’enseigner.”. Ainsi, pour espérer créer une autre dynamique dans nos
foyers, il s’agit de d’abord s’éloigner de ce qui nuit à la coopération, puis de peu à peu
apprendre à connecter avec nos enfants.

Alors, le reste suivra. Et fonctionnera. Ayez confiance !

33
6. Peut-on éduquer sans punir ?
Sandrine et Christophe, de « Apprendre par le jeu »

*****

Cette question, nous ne nous la sommes jamais posée de cette manière. En tant que parents
bienveillants, nous sommes convaincus qu’éduquer par la punition est inefficace et que celle-ci
ne doit être employée qu’en dernier recours. Et pourtant, malgré toutes les bonnes
intentions du monde, ce n’est pas toujours facile de le mettre en pratique. Alors, éduquer sans
punir, est-ce possible ?

C’est certainement possible pour certains parents. En tout cas, Ludivine, du blog Graines de
bienveillance en est convaincue. C’est certainement pour cela qu’elle a lancé un événement
inter-blogueurs sur ce thème. N’hésitez pas à faire un tour sur son blog qui fourmille de
conseils de bienveillance. Mon article préféré est « Reconsidérer l’enfant et le parent que nous
sommes. ». À l’heure où la parentalité bienveillante prend son essor, il est difficile pour tout
parent qui se respecte de ne pas s’y attarder et s’y plonger plus ou moins en profondeur.

Personnellement, je suis maman de 3 enfants de 9,15 et 17 ans et jusqu’à présent, même si


j’étais plutôt très ouverte, positive, à l’écoute, accessible, attentionnée… (oui oui, tout ça), eh
bien, je n’étais pas bienveillante pour autant. Du moins, c’est le constat que je fais,
aujourd’hui que mes lectures se font plus nombreuses sur le sujet.

ÉDUQUER SANS PUNIR : JE NE M’ÉTAIS JAMAIS POSÉ LA QUESTION !

Non pas que je punissais énormément, mais, avec le recul, je me rends compte que j’aurais pu
agir autrement ! Par exemple, lorsque ma fille aînée avait entre 9 et 10 ans, elle adorait
l’équitation et se faisait une joie, tous les mercredis, d’aller à sa leçon au poney club. Il nous
est arrivé, à mon compagnon et moi, de la priver de ce plaisir, car elle n’avait pas voulu
travailler gentiment pendant la semaine. En y réfléchissant, on avait beau la menacer de cette
sanction, rien n’y changeait. Elle ne faisait pas ce qu’on attendait d’elle et elle était punie…
Aujourd’hui, je suis horrifiée de notre attitude ! Mais rien ne sert d’avoir des regrets,
l’important est d’avoir aujourd’hui une réflexion différente et bienveillante.

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ÉDUQUER SANS PUNIR, C’EST QUOI ?

La punition, ou la menace de punition ne sert à rien. C’est ce que je pense. Cependant, j’ai ce
réflexe. Pourquoi ? Eh bien, nous avons des automatismes liés à notre éducation, à la société,
au modèle que nous offre notre entourage qui font que notre premier réflexe, très souvent,
devant une désobéissance, une bêtise, un travail mal fait, est de punir. Si on ne prend pas le
temps de s’arrêter un instant pour réfléchir à notre réaction face à cela, nous ne pourrons
pas progresser dans notre cheminement vers la bienveillance.

Parce qu’éduquer sans punir, c’est prendre conscience qu’il existe une autre réaction face à la
désobéissance de notre enfant, face aux bêtises qu’il peut faire ou face à son travail qu’il n’a
pas réussi et auquel il a eu une très mauvaise note.

Et prendre conscience de cela est déjà un premier pas vers la bienveillance ! Je me mets
souvent à la place de mon enfant. Lorsqu’il m’arrive de casser un verre, personne ne me
gronde ou ne me punit ! Je me dis intérieurement « quelle gourde ! » mais personne ne va
m’envoyer dans ma chambre en me disant de faire un peu attention à ce que je fais !
D’ailleurs, cela servirait à quoi ? Ce verre, je n’ai pas fait exprès de le faire tomber !

Et même en faisant exprès de faire attention (mon compagnon aime bien dire cela aux enfants
quand ils disent « je n’ai pas fait exprès ! ») eh bien par moment, l’attention ne peut pas être là
à 100 % ! Alors pourquoi je gronderais mon enfant ? À part pour extérioriser MON
exaspération ? N’est-il déjà pas tout embarrassé d’avoir cassé le verre ? Pourquoi rajouter à
son malaise une punition ou en le grondant ? Cela n’apportera aucune valeur ajoutée.

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GUIDER SON ENFANT

Éduquer sans punir, c’est chercher en permanence la bonne manière de guider son enfant dans
différentes prises de conscience sur son comportement, son développement, les règles qui
existent et leur importance pour lui et pour son entourage, les bienfaits qu’elles peuvent
apporter si on les suit. L’enfant n’a pas le même regard sur les obligations que nous voudrions
qu’il ait ! Et ce n’est pas en le punissant qu’il aura un regard ouvert sur ce qu’on voudra lui
transmettre, lui apprendre, lui montrer.

LUI DONNER CONFIANCE EN LUI

Éduquer sans punir, c’est aussi permettre à l’enfant de garder sa confiance en soi, comme nous
l’avons vu dans cet article. Parce que punir rabaisse l’enfant, le frustre, lui coupe son élan.

Reprenons l’exemple du verre qui tombe. Votre enfant prend un verre, car il veut apprendre
à se servir tout seul, à devenir autonome… Oui, mais voilà, il le fait tomber. Et là, 2
scénarios : le premier où il se fait gronder et punir. La conséquence sera qu’il n’aura plus envie
de faire les choses tout seul, il aura peur de mal faire et de se faire gronder. Et le deuxième où
on lui propose d’aider à nettoyer et on lui dit que ce n’est pas grave, qu’il s’en sortira mieux
la prochaine fois. Dans ce cas, il va être rassuré et ne craindra pas de retenter la prochaine
fois. Donc, éduquer sans punir c’est aussi préserver la confiance en soi de son enfant.

ÉDUQUER SANS PUNIR, EST-CE POSSIBLE ?

Alors, une fois qu’on a pris conscience du bien-fondé de la parentalité bienveillante et que
l’on est persuadé qu’éduquer sans punir est tout ce qu’il y a de pertinent, comment appliquer
cette belle théorie qui soudain nous apparaît comme limpide et dont on se demande
comment on a pu passer à côté avec les aînés ?
36
Je ne vais pas vous mentir, c’est une réflexion et un travail sur soi de tous les jours. Il faut
prendre le temps et donc se le donner. Bah, oui, quand on est la tête dans le guidon, du genre
« métro/boulot/dodo » il est un peu difficile de se poser toutes ces questions ! Mais ce n’est pas
non plus impossible, beaucoup de parents le font.

La mise en pratique est donc un peu plus compliquée que la théorie, je l’avoue. Mais elle nous
oblige à faire un travail sur nous, d’écouter un peu plus ses enfants, leurs besoins, leurs envies,
leurs attentes et non plus de vouloir que nos enfants NOUS écoutent, qu’ils aient les mêmes
besoins ou les mêmes envies que NOUS (car c’est plus simple et ce que l’on fait, ce que l’on
pense, ce que l’on aime, c’est tellement bien, n’est-ce pas ?!) et que leurs attentes soient
calquées sur les nôtres (car on voudrait tellement que nos enfants soient à notre image…)

ÉDUQUER SANS PUNIR : LA MISE EN PRATIQUE !

Alors éduquer sans punir, je m’y mets. Je vais vous raconter une petite histoire vécue avec
mon fils pour vous expliquer mon nouveau cheminement de pensée qui me mène vers la
bienveillance et l’éducation sans punition.

Il y a quelques semaines, je me suis aperçue que mon fils allait chercher sa tablette le soir, une
fois que tout le monde était couché. Je ne me suis pas fâchée, mais je lui ai dit que s’il
recommençait, je le priverais de tablette pendant un mois. Sur le moment, il a été horrifié (;))
« Quoi ? Pendant un mois ?? Mais maman, je n’arrive pas à m’endormir le soir ! Et j’ai beau
lire beaucoup, au bout d’un moment, j’en ai marre ! ». Je lui explique que je comprends, mais
que les écrans le soir, c’est mauvais et qu’en plus il ne sait pas s’arrêter. (Il serait bien capable
de jouer toute la nuit !). Je lui demande comment il se sent ce matin : « je suis fatigué, je
voudrais encore dormir » et pourtant, il est 11 heures du matin. Je lui demande, « et hier
matin, tu étais comment à 9 h 30 ? » « En forme… » « Est-ce que tu ne te sens pas mieux
lorsque tu t’endors sans ta tablette ? » « Si … maman… »

Cette menace, n’a pas servi longtemps. La semaine suivante, j’avais oublié de lui mettre sa
tablette de côté après dîner. Le lendemain matin, elle n’était plus dans le salon. En colère, je
lui ai pris sa tablette et ne lui ait rendu que le lendemain. Je n’ai pas appliqué la menace, à
savoir le privé pendant 1 mois, mais je voulais marquer le coup. J’étais vexée, déçue qu’il
m’ait désobéi !
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C’EST PAS GAGNÉ !

Hier soir, j’ai oublié de cacher sa tablette comme chaque soir afin qu’il ne soit pas tenté. Et
bim ! Ce matin, pas de tablette dans le salon ! Et là, au lieu d’être en colère après lui, je m’en
suis voulu d’avoir oublié de cacher sa tablette. Parce que je n’ai pas su l’aider ! Je ne lui ai pas
rendu service. En outrepassant mon interdiction, en ne tenant pas compte de la menace de
punition, il me transmettait ce message : « Maman, je ne peux pas m’empêcher de prendre ma
tablette si elle est à disposition. Aide-moi et prends-la moi le soir. ».

Je me suis donc excusée auprès de lui ce matin en allant le réveiller. Je lui ai dit « Excuse-moi
d’avoir oublié de cacher ta tablette hier soir, je sais que tu as du mal à t’empêcher de la
prendre si tu as du mal à t’endormir. Tu es encore petit pour être raisonnable et c’est à papa
et moi de l’être pour toi. »

Nous sommes tous comme ça, même nous, adultes responsables que nous pensons être ! Ne
sommes-nous jamais restés tard sur l’ordinateur, sur notre tablette, notre téléphone parce
qu’on avait du mal à s’arrêter ? Allez, encore une dernière partie, une dernière vidéo, un
dernier épisode…

TROUVER DES ALTERNATIVES À LA PUNITION

Première conclusion de cette anecdote : il est possible de trouver des alternatives à la


punition. Le priver de tablette pendant 1 mois aurait été une punition inefficace. Alors qu’en
lui prenant tous les soirs, je l’aide et l’accompagne dans son incapacité à ne pas succomber à la
tentation de jouer toute la nuit. Parce qu’on ne peut pas leur laisser tout faire non plus.
Comment amener nos enfants à suivre des règles sans les imposer de façon autoritaire et
fermée, sans punir si elles ne sont pas appliquées ? Ce n’est pas facile.

Ainsi, la punition présentée de manière abrupte et autoritaire est totalement inefficace et


improductive. Mais que faire quand l’enfant n’arrive pas de lui-même à respecter une
consigne ? D’autant plus qu’il reconnaît lui-même le bien-fondé de la consigne, et qu’il est
presque en demande pour recevoir une aide. Alors dans ce cas, le priver de tablette, est-ce
encore une punition ? Surtout, quand c’est fait en accord avec lui. Alors nous avons
recommencé une deuxième fois. Il a de nouveau tenté de négocier, menaçant de faire la tête,
mais ce n’est pas grave, il n’y avait quand même pas de tablette.

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ENCORE QUELQUES EFFORTS À FAIRE !

Aujourd’hui, je ne peux pas encore répondre de manière catégorique qu’éduquer sans punir
est possible, je n’en suis pas encore là ! Mais le fait de vouloir que ce soit possible, c’est déjà
prendre le bon chemin pour y arriver !

Nous sommes là pour guider nos enfants sur le chemin de la vie, pour les aider à avoir leurs
propres réflexions, leurs propres déductions, nous ne devons donc pas les rendre angoissés
devant leurs erreurs, mais au contraire, les encourager à y réfléchir, à les comprendre et à en
tirer des leçons, des conclusions, des solutions. En les punissant, on les muselle, on les frustre,
on fait gonfler en eux un sentiment négatif qui les empêche d’aborder positivement les
changements qu’ils ont à mettre en place pour s’améliorer, grandir, se construire et
s’épanouir.

Éduquer sans punir ne veut pas dire qu’il faut laisser faire tout et n’importe quoi à nos enfants.
Mais le juste milieu est difficile à trouver. D’autant qu’effectivement, la société a toujours
tendance à juger les parents qui ne punissent pas comme trop laxistes.

Et vous ? Quel comportement avez-vous face à la désobéissance de vos enfants ?

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7. Aménager sa maison, une alternative aux
punitions
Aurélie, de Superliposés

*****

Mon habitat idéal est celui qui sert ses habitants. Il est aménagé, organisé de telle manière
qu’il y facilite le bien-être et le bonheur. Je suis spécialisée dans l’aménagement de l’habitat
avec des enfants. Mon objectif est donc de trouver des solutions pour faciliter le bien-être et
le bonheur d’une famille dans leur lieu de vie, et j’entends par là autant les parents que les
enfants. Je travaille pour permettre aux enfants d’évoluer à l’intérieur de la maison en toute
sécurité, être le plus autonome possible, pouvoir coopérer à la vie de la famille. Pour autant
mon but n’est pas de transformer votre habitat en crèche ou en école maternelle, des lieux qui
sont dédiés, pratiquement de manière exclusive aux enfants, et où pour le coup ce sont aux
adultes qui entourent les enfants de faire un effort pour s’adapter à l’environnement. Dans ces
espaces, tout est conçu à l’échelle des enfants, les tables et chaises, les sanitaires, etc. On y
note d’ailleurs que cet aménagement de l’espace permet aux enfants d’évoluer de manière
beaucoup plus autonome qu’à la maison. Ils ont beaucoup moins besoin des adultes. C’est
donc intéressant de se dire que la manière dont on va organiser notre habitat va permettre
aux enfants d’acquérir de l’autonomie ou au contraire leur compliquer la vie.

Maria Montessori a beaucoup écrit en ce sens. Elle a proposé de nombreux aménagements de


l’espace de vie de l’enfant pour lui permettre une meilleure autonomie (dans sa chambre
notamment mais pas seulement). Si je trouve son travail très intéressant, je sais aussi qu’il ne
convient pas à toutes les familles. Mon travail est donc d’abord d’identifier les besoins de la
famille pour trouver avec eux un aménagement qui leur conviennent.

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Aujourd’hui, sur une invitation de Ludivine du blog Graines de bienveillance, je souhaite
vous parler d’éducation sans punition. “Quel rapport avec l’aménagement intérieur ?” me
direz-vous et bien je crois que notre habitat peut favoriser une éducation sans punition ou au
contraire la compliquer. Mon travail en tant que family designer est justement de vous aider
à créer un habitat bienveillant avec ses habitants, vous simplifier la vie vers une éducation
positive, sans punition.

UNE MAISON OÙ L’ON ENTEND RAREMENT NON

Nous pouvons aménager notre habitat pour faire en sorte d’éviter un maximum les “bêtises”.

Les enfants, par nature, sont là pour tester et pour découvrir. Ils sont curieux, avec une grande
soif d’apprendre. Je suis persuadée qu’il est important de mettre un cadre et des limites à nos
enfants. Les règles et les interdits vont leur permettre de grandir. Ce cadre-là est nécessaire
pour qu’ils se structurent mentalement. Pour autant, faire évoluer nos enfants dans un
environnement “hostile”, à savoir un contexte de vie avec beaucoup d’interdits crée un
contexte beaucoup plus lourd. Les exemples peuvent êtres nombreux: parce que l’on a

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beaucoup d’objets fragiles que les enfants n’ont pas le droit de toucher, parce qu’il y a un
escalier très raide, parce que dans le jardin il y a des fleurs dangereuses, parce qu’une
installation électrique n’est pas adaptée, parce que le poêle risque de les brûler, etc, plein de
choses qui vont faire que les NON vont se répéter tout au long de la journée, ce qui est
stressant pour nous qui ne pouvons pas les laisser évoluer tranquillement et extrêmement
frustrant pour eux qui sont continuellement freinés. Je crois qu’il peut être intéressant de faire
un point de la situation et voir comment on peut aménager notre habitat différemment, je le
répète sans le transformer en salle de jeux pour enfants, ce n’est vraiment pas le but, mais en
essayant de tenir compte de tous les habitants, à savoir les parents, mais aussi, les enfants, et
créer un aménagement de l’habitat qui puisse être agréable pour tout le monde et ainsi
“filtrer” pour éviter un certain nombre de” bêtises”, ce qui derrière nous permet d’éviter les
punitions.

J’aime la solution trouvée par cette architecte d’intérieur et ce brocanteur qui ont un
magnifique appartement parisien avec de jolies pièces de design, mais aussi un petit garçon !
Ils ont trouvé leur solution : en semaine pendant que maman reçoit ses clients à la maison et
que le petit est à la crèche, elle habille l’appartement en version “pro” avec les pièces de
design. Quand ils sont à la maison tous ensemble, en version famille, plus aucunes pièces
fragiles n’est à portée de main de leur fils. L’appartement est toujours très beau mais plus
adapté à chacun de ses occupants.

RÉPARATION PLUTÔT QUE PUNITION

Je ne crois pas du tout à la valeur éducative de la punition. Il y a des bêtises qui sont faites,
des limites qui ont été franchies, il faut donc reposer les règles, remettre des cadres, pour la
sécurité des enfants, le bien-être et le confort de toute la famille, C’est effectivement essentiel.
Pour autant, je ne crois pas que la punition soit l’outil adéquat pour y arriver. Voici ma
définition de la punition : c’est une peine infligée par une autorité (ici le parent, l’adulte) sans
lien direct avec l’erreur, la bêtise commise. Par exemple, votre enfant a écrit sur le mur, a
cassé votre vase ou alors a mis trois fois les doigts dans la prise alors que vous lui avez
demandé d’arrêter et vous, en réponse à cela, vous le privez de dessert pendant une semaine.
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C’est une peine sans relation avec la faute, il n’y a pas de relation de cause à effet. Les enfants,
quand ils sont petits, ne peuvent pas comprendre ce fonctionnement. Leur cerveau n’est pas
mûr pour cela. L’enfant ne va donc pas comprendre davantage la règle que vous avez posée
mais par contre il va être frustré. Il va peut-être obéir grâce à la menace de la punition, mais
en aucun cas il n’aura intégré la règle que vous vouliez lui passer.

J’aime beaucoup plus l’idée de la réparation plutôt que de la punition. Évidemment ce n’est
pas toujours possible mais il y a quand même un certain nombre de bêtises qui peuvent être
réparées et quand les enfants peuvent le faire par eux-mêmes, c’est particulièrement
intéressant.

Typiquement chez nous, le moment qui est difficile actuellement c’est le repas car
quand Stellina (3 ans) a fini de manger, quand elle ne veut plus ce qu’elle a dans son assiette,
elle a tendance à faire de la patouille avec ou à jeter les aliments par terre. (si c’est le cas aussi
chez vous je vous invite à lire l’article de Ludivine “des repas en famille sereins? oui c’est
possible!”) Chez nous, on ne va pas au coin quand on fait ce genre de chose. On pose des
mots, je lui demande si elle fait cela parce qu’elle n’en veut plus, je lui explique que cela me
fâche quand elle fait ça car c’est du gaspillage et que cela abîme la planète. L’idée n’est pas du
tout d’installer de la culpabilité mais plutôt d’essayer de lui expliquer les faits et les émotions
que moi je vais y associer, pourquoi je suis fâchée, pourquoi cela me dérange. C’est le premier
point et le deuxième point qui fait que je ne suis pas contente c’est que du coup la cuisine est
toute sale et là je lui demande de nettoyer. Elle a commis une erreur, à elle de réparer. Elle le
sait, Il y a des outils à leur disposition pour réparer la “bêtise”. Il y a une éponge, la balayette,
la poubelle à leur hauteur et ils réparent leur bêtises. Je trouve cela beaucoup plus intéressant
et instructif que le coin où là il me semble qu’on leur apprend plus la frustration, l’autorité et
à se taire, plutôt que s’exprimer autrement. Personnellement, je suis d’accord pour que ma
fille n’ait plus faim, cela ne me dérange pas en soi. J’aimerais que l’on apprenne ensemble à
évaluer la bonne quantité à mettre dans son assiette parce je préférerais finir ce qui reste dans
le plat que finir son assiette. C’est un point sur lequel nous travaillerons sans doute dans un
deuxième temps, là ce que je voudrais, c’est qu’elle apprenne à me dire” j’ai fini de manger”
et qu’elle comprenne qu’avec la nourriture on ne peut pas faire la patouille. On lui redit à
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chaque fois, il y a des choses pour faire la patouille (le sable, la peinture, la pâte à modeler)
mais pas avec la nourriture. Là on est dans l’éducation, c’est ma définition de l’éducation
bienveillante. Repartir de l’erreur qu’ils ont fait, pour la réparer pour trouver des solutions,
des alternatives, comme cela on construit ensemble un chemin de vie.

Il y a beaucoup de choses que l’on peut faire à la maison pour inciter à la coopération, pour
inciter à la réparation. Quand les enfants mettent le grand bazar avec les livres de la
bibliothèque, qu’ils ont sorti absolument tous les livres qui sont désormais étalés au milieu du
salon. Il n’y aura pas de “file dans ta chambre” ou “va au coin” mais plutôt réparation. Ils
vont donc ranger les livres dans la bibliothèque. Comme ils sont encore petits (3 et 5 ans), il
va sans doute falloir que je les aide mais je ne fais pas à leur place. S’il y a un livre abîmé, il y
aura des conséquences, en lien direct avec les faits. Vous abîmez les livres, vous ne savez pas
en prendre soin, donc on fait une pause, pour que vous grandissiez un peu et pour le moment
vous n’aurez pas de nouveaux livres (plus d’emprunts à la bibliothèque).

LA PUNITION EMPÊCHE DE COMPRENDRE LA RÈGLE

De manière plus générale, voici pourquoi je suis contre la punition : N’étant pas liée
directement avec l’erreur qu’elle veut sanctionner, elle peut être incomprise et elle peut même
parfois détourner complètement l’enfant de la règle qu’elle devait mettre en avant. J’en
prends pour exemple mes enfants. Ici il n’y a donc pas de punition mais depuis qu’ils vont à
l’école, je les entends souvent se menacer l’un l’autre d’être puni. “Tu n’as pas le droit, sinon
tu vas être puni”. Je leur ai donc demandé d’approfondir. Par exemple, à l’école on n’a pas le
droit de courir dans les couloirs, ni de faire traîner ses mains sur le mur dans tout le couloir.
Donc je leur ai demandé s’ils savaient pourquoi on n’a pas le droit de faire cela à l’école, tous
les deux m’ont répondu “on n’a pas le droit de faire cela car sinon on va être puni”. “Oui,
vous allez être puni si vous le faites, mais pourquoi vous allez être puni ?” “ bah parce qu’on
n’a pas le droit”. J’ai essayé de tourner la question un petit peu dans tous les sens et les
enfants ne sont jamais arrivés à la conclusion qu’il ne faut pas courir dans le couloir parce
qu’on peut bousculer les autres enfants, parce qu’on peut glisser, parce que cela dérange les
autres enfants dans les classes, comme ils n’ont pas idée qu’on ne met pas les mains sur les
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murs du couloir parce que si 200 élèves mettent les mains, pas toujours propres sur le mur, il
va devenir tout sale. Je trouve cela dommage, certes les enfants ne le font pas à cause de la
menace de la punition, ceci dit je pense que cela n’empêche pas de le faire en étant sûr que
personne nous regarde, mais ils n’ont pas intégré le fait qu’il faut prendre soin du matériel
collectif. Si on leur parle du groupe et du bien-être de la communauté, du soin que chacun
doit prendre du matériel mis à disposition de tous, là le discours est complètement différent et
on n’a plus besoin de punition. Au contraire, imaginons un enfant qui fait une grande traînée
de main peinturlurée sur le couloir, je pense qu’il est beaucoup plus intéressant de lui dire de
nettoyer avec une éponge (et cela n’est pas une punition) pour qu’il apprenne à réparer ses
bêtises et qu’il apprenne quelque chose : quand je mets mes mains peinturlurées sur le mur, je
salis tout le mur (et cette leçon il peut la rapporter et l’appliquer aussi à la maison ensuite).

FAIRE DE NOTRE MAISON UN LIEU DE LIBERTÉ ET D’HARMONIE

La vie des enfants est une énorme découverte permanente. Pour des raisons de sécurité, de
sociabilité, d’hygiène, etc. nous devons régulièrement les freiner dans leur élan. C’est ainsi
qu’ils se construisent, sociabilisent, cela fait partie de notre rôle de parents, d’éducateur. Nous
pouvons faire le choix d’aménager notre cadre de vie, pour que chacun y vive de manière
plus libre et sereine et pour pouvoir nous concentrer sur les valeurs essentielles à nos yeux que
nous tenons à faire passer à nos enfants. C’est à cette mission que j’ai choisi de travailler: vous
accompagner pour installer le bien-être de votre famille dans votre maison.

Je vous invite à témoigner ci-dessous de votre expérience familiale :

– quels aménagements avez-vous faits chez vous depuis que vous êtes parents pour permettre
à vos enfants de grandir en toute autonomie ?

-quels sont aujourd’hui les soucis que vous rencontrez à la maison qui empêchent petits ou
grands de vivre sereinement à la maison ?

Je répondrai à toutes vos questions dans les prochains articles.

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8. Éduquer sans punir, c'est possible !
Ludivine, de Graines de bienveillance

*****

Un parent qui punit son enfant est souvent plein de bonnes intentions. Il souhaite le faire
réfléchir sur ce qu'il a fait, lui transmettre de bonnes valeurs et le sens des responsabilités. En
d'autres termes, il veut que son enfant apprenne de ses erreurs, dans l'espoir de le dissuader de
recommencer.

Pour bon nombre de parents, la punition est un gage de bonne éducation. Ceux-ci pensent
même que de ne pas punir l'enfant ne lui rendrait pas service. Elle arrive souvent en dernier
recours, quand le parent a tout essayé et est à court d'idées pour faire plier son enfant. Les
parents se sentent également rassurés par rapport au regard des autres, car en punissant, ils ne
passent pas pour des parents laxistes. Enfin, la plupart des parents ont eux-mêmes été élevés
de cette manière et ne connaissent pas d'autres méthodes.

Mais si la punition marchait vraiment, cela se saurait, tu ne penses pas ? Plus aucun enfant
n'aurait de mauvais comportement ! Or, ce n'est clairement pas le cas. Il suffit de regarder
autour de soi. Mais alors, pourquoi la majorité des parents continue à utiliser la punition ? Car
non seulement elle est mauvaise pour l'enfant, influence sa vie future mais elle nuit également
à la relation parent-enfant.

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LES MÉFAITS DE LA PUNITION

L'atout principal de la punition, c'est qu'elle nous donne l'impression de fonctionner. Nous
obtenons un résultat immédiat car l'enfant est contraint de stopper son comportement
inapproprié sur le champ. La punition nous donne l'impression d'avoir gagné la bataille et
nous sommes rassurés quant à notre autorité. C'est pour cela qu'elle est utilisée dans la plupart
des foyers, avec les menaces, le chantage et les récompenses qui font partie du lot.
Mais la punition permet-elle réellement d'atteindre l'objectif, à savoir que l'enfant apprenne
de ses erreurs comme nous l'avons dit en début d'article ? Pour cela, je te propose de te
replonger brièvement dans ton passé. As-tu été puni quand tu étais enfant ? Plus que
probablement, la réponse est "oui". Te souviens-tu de la raison des punitions infligées par tes
parents ? Qu'as-tu ressenti envers eux au moment où tu te faisais punir ? As-tu vraiment tiré
des leçons en filant au coin ou en recevant une gifle ?

Dans son livre "Heureux d’apprendre à l’école, comment les neurosciences affectives et
sociales peuvent changer l’éducation" le Docteur Catherine Gueguen nous prouve, études à
l'appui, que les punitions n'atteignent pas les effets escomptés d'apprentissage. Au contraire, la
punition aurait tendance à réduire l'empathie des enfants. De plus, il a été démontré que la
peur qu'elle peut susciter chez l'enfant n'est pas un moteur efficace pour l'apprentissage. Au
contraire, l'enfant effrayé ne peut pas comprendre ce que l'on attend de lui. Les neurosciences
ont également prouvé que la punition entraîne des conséquences négatives à long terme sur la
capacité à être en relation avec les autres.

Selon sa personnalité, l'enfant puni pourra :

• vouloir se venger pour restaurer son sentiment d'égalité


• se soumettre par peur des représailles ou pour ne pas subir l'humiliation
• élaborer des stratégies pour ne plus se faire prendre

Dans tous les cas, il ressentira une profonde injustice, nourrira des rancœurs et sera envahi par
une colère, qu'il choisira d'intérioriser ou d'extérioriser.

LA PUNITION EST INEFFICACE

Nous venons de le voir : la punition ne permet pas d'atteindre l'objectif escompté. Elle est
donc inefficace. Pourquoi ? Simplement parce qu'elle porte sur le geste, mais pas sur sa cause.
L'adulte sanctionne un comportement qu'il estime inapproprié. Pourtant, nous savons que

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derrière tout "mauvais comportement" se cache un message, un indicateur de besoins
physiques ou émotionnels. Punir, c'est donc rester en surface, ne pas chercher à comprendre
ce que veut réellement dire l'enfant. Et tant que le besoin n'aura pas été assouvi, l'enfant
continuera à "mal" agir.

🔑 La première clé est donc de changer de regard sur les désobéissances et autres "caprices"
qui sont en fait des appels lancés par notre enfant pour nous passer un message: un besoin
d'attention, de repos, d'autonomie, de temps dédié, de calme...

LA PUNITION DÉTRUIT LA CONFIANCE EN SOI DE L'ENFANT

La punition recadre l'enfant, le remet dans les "bons rails".


Cela sous-entend qu'il a des mauvaises impulsions qui le
poussent à mal agir. Cette croyance erronée sur lui-même
altérera la construction de sa confiance en lui. En répétant
certains comportements, il sera qualifié de "difficile", de
"lent", de "bruyant", de "maladroit" ... Peu à peu, il
intégrera cette étiquette comme étant la vérité sur lui.
C'est ainsi qu'il s'y conformera, s'éloignant de sa véritable personnalité.

🔑La deuxième clé est de faire attention à la manière dont nous parlons à/de notre enfant.
Apprenons à différencier le comportement de la personne. "Tu as mis beaucoup de temps à te
préparer" sera beaucoup moins néfaste qu'un "mais quel lambin !" Soyons factuels et qualifions
le comportement, pas l'enfant.

LA PUNITION CRÉE UNE RELATION CONFLICTUELLE

Lorsqu'on punit l'enfant, on est dans une relation verticale. Le parent se pose au-dessus de
l'enfant, en mode accusateur. En criant sur lui, en le réprimandant, il se peut qu'il pleure. Mais
ses larmes seront-elles dues à un quelconque regret ? Je ne le pense pas. S'il pleure, c'est
simplement parce qu'il est en train de se faire gronder et que c'est un moment désagréable à
passer. S'il se sent accusé, il n'aura pas envie de s'excuser ni de réparer. Au fil du temps,
l'enfant n'aura plus confiance dans son parent et la relation en sera dégradée. Dans la relation
verticale, il y a toujours un gagnant et un perdant.

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🔑La troisième clé est de concevoir la relation parent-enfant comme une relation horizontale,
d'égal à égal, dans le sens où l'enfant mérite notre respect et notre considération de qui il est,
là où il se trouve sur son chemin. Cette manière de voir les choses permet de trouver des
solutions gagnant-gagnant, qui conviennent aux deux parties.

LA PUNITION N'EST PLUS DANS L'AIR DU TEMPS

Nous venons de le voir, la punition ne permet pas à l'enfant de comprendre la conséquence


de ses actes. Mais alors, que faire ? C'est une bonne partie de nos méthodes éducatives qui
tout d'un coup vole en éclat. Pas facile à digérer, mais en même temps, si nous souhaitons
devenir un parent bienveillant, cela fait partie du programme.

Rendons-nous à l’évidence : dans la société actuelle, les enfants n'ont quasiment plus de
modèles de soumission autour d'eux. Il n'y a pas si longtemps, les femmes occidentales étaient
encore soumises à leur mari. L'employé était soumis à son employeur pendant toute sa
carrière. C'est inconcevable aujourd'hui. Alors, de la même manière, la punition n'a plus
aucune raison d'être. Pourquoi voudrions-nous continuer à soumettre notre enfant en le
punissant alors que nous prônons les valeurs de liberté et d'égalité ? Souhaitons-nous qu'il soit
un bon petit mouton dans le monde de demain ? J'en doute.

J'ai mis du temps à ne plus craindre la "non-punition" (qui n'est pas du laxisme, je tiens à le
préciser !). Aujourd'hui, je me sens plus sereine, moins sujette aux peurs qui peuvent découler
de ce changement radical dans la manière d'éduquer ma fille. Pourquoi ? Parce que j'apprends
à lui faire confiance. Je suis convaincue que, comme tout être humain normalement constitué,
qui est entouré d'amour et qui vit dans une famille équilibrée, elle est fondamentalement

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dotée d'empathie, elle veut bien faire, elle est sensible à son entourage. Je m'efforce, au
quotidien, de sortir des schémas de jeux de pouvoir, de croire qu'elle me manipule, qu'elle
veut me rendre la vie impossible. Ne va pas croire que je sois une maman baba-cool, peace
and love qui remercie la Vie parce que ma fille a fait une bêtise ;) Je pense être une maman
réaliste. Comme tout le monde, je mets des limites, non seulement pour elle, mais aussi pour
moi, pour nous. Bien sûr, notre famille a ses propres règles. Car le cadre est sécurisant. Mais
chez nous, nous faisons en sorte qu'il soit aussi bienveillant. Si les berges sont trop larges,
l'enfant se perdra. Mais si elles sont trop étroites, il ne pourra jamais avancer. Être un parent
bienveillant, c'est chercher l'équilibre. Réajuster, constamment. Alors, je réajuste.

SI JE NE PUNIS PAS, JE FAIS QUOI ALORS ?

Tu remarqueras que j'aborde en premier lieu les solutions pour le parent plutôt que pour
l'enfant. Tu trouves cela étrange ? Tu vas vite comprendre pourquoi je vois les choses dans cet
ordre-là. A ce stade, tu as maintenant compris que la punition n'est pas une solution
envisageable pour le parent bienveillant. Pour autant, ne pas utiliser de punition ne veut pas
dire laisser l’enfant tout faire. Alors, je te propose dans un premier temps de changer de
regard sur l'éducation sans punition. Cela peut être très déstabilisant, surtout au début. Je l'ai
moi-même vécu. Mais petit à petit, j'ai compris que si j'étais déstabilisée, c'est parce que je
réfléchissais encore en termes d'éducation classique. Je me disais "si je ne punis pas mon
enfant, qu'est-ce que je fais alors pour qu'il obéisse ?" Je me sentais démunie jusqu'à ce que je
comprenne que je cherchais encore, d'une certaine manière, à soumettre mon enfant, plutôt
qu'à coopérer pour trouver une solution qui nous convienne à tous les deux.

DÉPROGRAMMER NOS CONDITIONNEMENTS ÉDUCATIFS

L’éducation bienveillante demande quelques réajustements dans nos mécanismes de pensée et


de la réflexion sur les valeurs que nous souhaitons transmettre pour faire de notre enfant un
adulte autonome et bien dans sa peau ! Pour changer de regard sur l'éducation sans punition,
je te confie quelques principes qui me sont fort utiles et que j'essaie de garder à l'esprit, un peu
comme des mantras :

• Toujours avoir confiance dans le fait que notre enfant est quelqu'un de bien

“Un enfant qui se comporte de façon inappropriée est bien souvent un enfant découragé. Il
en va de même pour les adultes” nous dit Rudolf Dreikurs. Derrière un mauvais
comportement se cache toujours un message à décoder. Mais fondamentalement, notre

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enfant est une bonne personne. Petit détail : je n'ai jamais traité ma fille de "monstre" comme
le font beaucoup de parents. Sans vouloir juger, je trouve que c'est un mot fort et qui donne
une étiquette à notre enfant. Si nous le traitons de monstre, il risque de se comporter en
monstre.

• Abandonner l'idée que l'enfant nous manipule, qu'il nous cherche

Osons réconforter notre tout-petit et répondre aux besoins qu'il manifeste, peu importe ce
qu'en pense notre entourage. Ne tentons pas de « réguler » ses besoins physiologiques. Un
petit sait instinctivement ce dont il a besoin, au moment où il en a besoin. A mesure qu'il
grandit, il part à la découverte du monde qui l'entoure et les confrontations surviennent
proportionnellement à sa curiosité et à sa mobilité. Il prend plaisir à participer aux activités de
la maison. Il le fait souvent "maladroitement" en raison de son âge, et c'est à nous de le
recadrer tendrement mais fermement s'il manipule quelque chose de délicat, de précieux. Si
l'enfant commet une maladresse, qu'elle soit due à un jeu, une exploration, ou encore à de la
fatigue, il peut réparer tout simplement, pour autant que la réparation soit adaptée à son âge.
Nous pouvons également lui proposer notre aide, si besoin.

• Ne pas employer le "tu" accusateur

C'est un principe fondamental de la Communication Non Violente, de Marshall Rosenberg.


Cela permet à l'enfant de prendre conscience de ce qu'il vient de faire et des conséquences de
ses actes, sans se sentir jugé, ce qui l'amènerait à se mettre automatiquement sur la défensive.
Si nous parvenons à faire passer le message de la bonne manière, il se sentira concerné et
responsabilisé.

• Accueillir et accompagner les émotions de l'enfant

L'enfant passe par de nombreuses frustrations, qui donnent lieu à des crises de pleurs ou de
rages. Ecouter ces manifestations très intenses est un véritable défi, surtout si nous n'avons
nous-mêmes pas été écoutés étant petit. Mais au plus nous le ferons, au plus nous aiderons
notre enfant à bien gérer ses émotions. Lorsque nous posons des limites, n’hésitons pas à dire
«non», et, en même temps, soyons prêts à écouter la déception, la tristesse et même la colère
de l'enfant après notre refus.

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• Être au clair avec son objectif long terme

Gardons en tête que notre objectif, en tant que parent, est d'influencer notre enfant pour le
responsabiliser et lui permettre de développer des compétences qui lui serviront toute sa vie.

• Montrer l'exemple

Gandhi disait "Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde". De même, soyons
le parent que nous aurions voulu avoir. Les alternatives à la punition sont aussi nombreuses
que les difficultés rencontrées au quotidien. Lorsque le réflexe de punir l'enfant surgit,
demandons-nous ce que nous pouvons faire à la place qui ne soit ni violent, ni punitif, ni
humiliant. Quelle solution légère, créative, ludique pourrais-je trouver pour sortir de la
situation critique ? Dernièrement, ma fille refusait de prendre son bain. Elle persistait dans son
refus et je commençais à m'impatienter. Pas question d'y renoncer car elle ne l'avait pas pris la
veille. C'est la règle chez nous. Je voyais le jeu de pouvoir arriver et j'étais très tentée
d'imposer ma décision à ma fille. J'ai pris le temps de me calmer, alors qu'elle était
redescendue voir son papa, me laissant seule dans la salle de bain. Lorsque je l'ai rejointe,
j'étais dans une autre dynamique. J'ai prétexté un jeu. Celui du "vite vite vite". On se
déshabille le plus vite possible, on se mouille, on se savonne et on se rince à toute vitesse et
on sort illico presto. La sauce a pris tout de suite ! Elle a tellement bien pris qu'une fois lavée,
elle a demandé à jouer dans le bain. Dans cette histoire, il n'y a pas eu un gagnant et un
perdant mais une fille contente de jouer dans son bain et une maman heureuse d'avoir évité la
crise du siècle ;) Envisager les situations problématiques sous un autre angle demande de
s'exercer un peu. Mais plus on pratique et plus on devient capable de trouver des idées qui
sortent de nos conditionnements éducatifs.

• Prendre soin de nos réservoirs affectifs

Chacun d’entre nous possède un réservoir affectif. S'il est rempli, notre seuil de tolérance est
élevé, nous avons tendance à voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide. En revanche,
s'il est vide, notre seuil de tolérance est au plus bas et tout devient source de conflit. Pour
l'enfant, c'est exactement pareil. Lorsque ses besoins sont comblés, il est coopératif et joyeux.
Mais si son réservoir est vide, il aura du mal à faire comprendre ce dont il a besoin et
deviendra agressif et beaucoup moins coopératif.

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• Ne pas s'attendre à un résultat immédiat

Quand on essaie d'établir une parentalité plus


consciente et bienveillante, tout ne se fait pas en
un jour. Il faut faire preuve de patience envers
soi-même et envers notre enfant. C'est un
processus qui prend du temps et qui demande
de la persévérance. Décider de ne plus
soumettre notre enfant et de ne plus attendre
une obéissance automatique est une vraie
révolution, compte tenu de l'éducation reçue.
Tout ce travail demande d'être plus en contact avec soi, avec l'autre, de chercher l'équilibre
entre nos besoins et ceux de l'enfant, d'établir des priorités ... Bref, il est nécessaire de donner
du temps au temps. Nous ne visons pas l’immédiat comme la punition, mais bien le long
terme.

• Se faire confiance

A l'heure où l'on trouve tout et son contraire sur Internet, cela n'a jamais été aussi important
de se faire confiance, de s'écouter, de savoir ce qui est juste pour soi-même et pour sa famille.
Ayons confiance dans notre capacité à trouver des solutions respectueuses pour poser des
limites à notre enfant.

• S'informer

Lire sur le sujet de la parentalité positive, que ce soit des bouquins, des magazines, des articles,
des blogs, l'important est de s'informer, de découvrir et de se remettre en question. Cela va
nous aider à changer de regard sur soi-même et sur notre enfant. Cela nous permettra de
prendre conscience de ce que nous faisons déjà bien et de ce sur quoi nous devons encore
travailler. Car oui, il y aura toujours quelque chose à améliorer. Sans pour autant être dans la
recherche de perfection, bien entendu, mais pour être aligné avec les valeurs qui nous sont
chères et que nous souhaitons transmettre à notre progéniture. Alors lisons tout ce qui peut
nous encourager dans notre démarche.

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LES ALTERNATIVES À LA PUNITION

Je terminerai cet article en te donnant quelques astuces très concrètes pour ne pas devoir en
arriver à la punition :

• Établir des règles explicites et en expliquer le sens et les comportements attendus. Cela
ne signifie pas pour autant de se justifier à tout bout de champ. Trop d'enfants ne
savent pas ce que leurs parents attendent clairement d'eux et quelles peuvent être les
conséquences de leurs transgressions.

• Exprimer nos besoins et nos attentes. De la même manière que pour les règles, au plus
nous nous exprimerons clairement sur ce que nous attendons de notre enfant, et sur ce
qui est important pour nous, au mieux il pourra intégrer l'information et y faire
attention.

• Adapter l'environnement. Réorganiser notre intérieur nous permettra de ne pas


constamment dire non mais de créer un espace sécurisé où l'enfant ne risque pas de
faire des "bêtises".

• Proposer des choix et des alternatives : trop de contraintes conduit inévitablement à la


frustration. L'enfant est fort dépendant de nous mais pour lui donner plus d'autonomie
et un sentiment de liberté, nous pouvons lui proposer des choix, dans la mesure du
possible. "Tu veux d'abord mettre tes chaussures ou ton manteau ?" peut parfois éviter
la crise juste avant de partir à l'école.

• Impliquer l'enfant dans la recherche de solutions. Cela restaure non seulement son
estime personnelle mais en explorant les conséquences de ses actes, il trouve des
solutions pour réparer et avoir la conduite appropriée.

• Laisser l'enfant subir les conséquences naturelles de ses actes. Cette solution doit
répondre à certains critères car le parent est responsable de son enfant et ne peut pas le
laisser expérimenter toutes les conséquences naturelles. Il doit veiller à son bien-être et
à sa sécurité. Si le sujet t'intéresse, je te propose de lire mon article "les alternatives à la
punition", tiré du livre "la Discipline Positive" de Jane Nelsen.

Selon moi, si l'on utilise ces astuces sans déprogrammer les conditionnements éducatifs reçus,
nous n'aurons pas les mêmes résultats.

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J'espère t'avoir emmené avec moi dans ma réflexion sur l'éducation sans punition et ne pas
t'avoir perdu en chemin ;) Selon moi, ce type d'éducation est possible, mais demande un
changement de mentalité et un travail au quotidien pour y arriver. Que cet article puisse
t'inspirer sur le chemin de la parentalité qui est le tien et t'aider à aller plus loin dans ta
démarche.

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