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Physique quantique II
S6 - P/PS 2011-2012
C. Pinettes
Transformées de Fourier
« Fonction » δ de Dirac
Ce document rappelle les définitions et résultats utilisés dans le cours de Physique Quantique
concernant les transformées de Fourier et la « fonction » δ de Dirac.
1 Transformées de Fourier
1.1 Définitions
Soit f (x) une fonction à variables complexes définie sur R. On définit la transformée de Fourier
de f (x), g(k), par la relation :
Z +∞
1
g(k) = √ e−ikx f (x) dx
2π −∞
On montrera au § 2.4 que l’on a alors la transformation de Fourier inverse :
Z +∞
1
f (x) = √ eikx g(k) dk
2π −∞
En physique, x désigne une position et k un vecteur d’onde (homogène à l’inverse d’une longueur).
Evidemment, nous supposons que ces intégrales existent, c’est à dire que les fonctions f (x) et g(k)
sont « suffisamment » régulières, ce qui sera le cas en général en physique.
Remarque : Les conventions utilisées pour définir les transformées de Fourier ne sont pas univer-
selles. On peut, par exemple, définir les transformées de Fourier par les relations :
Z Z
1
f (x) = ikx
e g(k)dk g(k) = e−ikx f (x)dx
2π
mais on préférera la définition précédente, plus symétrique et donc plus facile à mémoriser.
D’autre part, on pourra noter que les intégrales de Fourier peuvent être vues comme limites de
séries de Fourier (voir par exemple l’appendice I du Cohen-Tannoudji).
1
1.2 Les transformées de Fourier en mécanique quantique
En mécanique quantique, on s’intéresse aux fonctions d’ondes ψ(x) (à une dimension), x étant la
position et à leurs transformées de Fourier ψ̄(p), p étant la quantité de mouvement :
Z +∞
1
ψ̄(p) = √ e−ipx/~ ψ(x) dx (1)
2π~ −∞
Z +∞
1
ψ(x) = √ eipx/~ ψ̄(p) dp (2)
2π~ −∞
Pour obtenir ces relations, on a fait le changement de variable p = ~k et pris : ψ̄(p) = √1 g(k) =
~
√1 g(p/~), convention qui permet de garder des relations symétriques.
~
Z +∞ Z +∞
∗
ϕ (x) ψ(x) dx = ϕ̄∗ (p) ψ̄(p) dp (3)
−∞ −∞
et en particulier :
Z +∞ Z +∞
2
|ψ(x)| dx = |ψ̄(p)|2 dp
−∞ −∞
Démonstration :
Z +∞ Z +∞ Z +∞
∗ 1 ∗
dx ϕ (x) ψ(x) = dx ϕ (x) √ dp eipx/~ ψ̄(p)
−∞ −∞ 2π~ −∞
Z +∞ Z +∞
1
= dp ψ̄(p) √ dx eipx/~ ϕ∗ (x)
−∞ 2π~ −∞
Z +∞
= dp ψ̄(p) ϕ̄∗ (p)
−∞
• Relation d’incertitude
Si ψ(x) est une fonction d’onde normalisée, alors d’après Parseval-Plancherel, sa TF ψ̄(p) l’est
aussi : |ψ(x)|2 et |ψ̄(p)|2 décrivent alors des lois de probabilité et on peut définir les valeurs
moyennes :
Z +∞ Z +∞
2
< x >= x |ψ(x)| dx < p >= p |ψ̄(p)|2 dp
−∞ −∞
2
et les écarts-types de ces lois de probabilité :
√ p
∆x = < x2 > − < x >2 ∆p = < p2 > − < p >2
On peut alors montrer (on l’admettra) que les écarts-types ∆x et ∆p des lois de probabilités
|ψ(x)|2 et |ψ̄(p)|2 vérifient l’inégalité suivante :
~
∆x ∆p ≥ (4)
2
C’est la relation d’incertitude, bien connue en mécanique quantique. Donc, si la fonction |ψ(x)|2
est piquée (∆x faible), alors sa transformée de Fourier |ψ̄(p)|2 est étalée (∆p grand) et vice-versa.
Remarque : On verra au § suivant que si |ψ(x)|2 est une gaussienne, on a l’égalité : ∆x ∆p = ~2 .
On peut montrer que l’on n’a l’égalité que pour les distributions gaussiennes.
• TF de la fonction créneau
Considérons la fonction créneau ψ(x) représentée ci-dessous et calculons sa TF.
ψ(x)
1/a
−a/2 0 a/2 x
On a :
Z +∞ Z a/2
1 −i px 1 1 −i px 1 1 h ~ −i px ia/2
ψ̄(p) = √ ψ(x) e ~ dx = √ e ~ dx = √ − e ~
2π~ −∞ 2π~ a −a/2 2π~ a ip −a/2
Soit : pa
1 sin 2~
ψ̄(p) = √ pa
2π~ 2~
On a donc :
1 1 pa
ψ(x) = si − a/2 ≤ x ≤ a/2 et 0 sinon ⇒ ψ̄(p) = √ sinc (5)
a 2π~ 2~
3
• TF d’une gaussienne
On veut montrer que :
- la TF d’une gaussienne est une gaussienne.
- si |ψ(x)|2 est une gaussienne normée, alors on a ∆x ∆p = ~2 .
On choisit la fonction d’onde ψ(x) telle que |ψ(x)|2 est une gaussienne normée :
x2 x2
e− 4σ2 2 e− 2σ2
ψ(x) = p√ ⇒ |ψ(x)| = √
2π σ 2π σ
|ψ(x)|2 est bien une gaussienne normée d’écart-type ∆x = σ (cf cours de méca. stat.).
√
On remarquera que ψ(x) est aussi une gaussienne (mais pas normée et d’écart-type 2σ).
La transformée de Fourier de ψ(x) s’écrit alors :
Z +∞
1 x2
ψ̄(p) = √ e−ipx/~ A e− 4σ2 dx
2π~ −∞
p√
avec A = 1/ 2πσ.
On peut calculer la TF de deux façons : en calculant directement l’intégrale de Fourier dans le
plan complexe ou en se ramenant à la résolution d’une équation différentielle.
x
Puis on fait le changement de variable u = 2σ
:
Z +∞
2Aσ −p2 σ2 /~2 pσ 2
ψ̄(p) = √ e e−(u+i ~ ) du
2π~ −∞
Γ3 pσ/h
Γ4 Γ2
−R 0 R x
Γ1
4
Or, d’après le théorème des résidus :
I Z Z Z Z
−z 2
e dz = + + + =0
Γ Γ1 Γ2 Γ3 Γ4
On peut utiliser les tables des intégrales gaussiennes pour obtenir I, mais c’est une intégrale facile
à retrouver. L’astuce, c’est de calculer I 2 par les coordonnées polaires :
Z +∞ Z +∞ Z Z +∞ Z 2π Z +∞
−x2 −y 2 −x2 −y 2 2
2
I = e dx e dy = e dx dy = dθ dr r e−r = π
−∞ −∞ −∞ 0 0
donc :
Z +∞ √
2
I= e−x dx = π (7)
−∞
Finalement, on trouve :
2Aσ 2 2 2
2σ 2 1/4 2 2 2
ψ̄(p) = √ I e−p σ /~ = 2
e−p σ /~
2π~ π~
5
On obtient donc :
+∞
2 p σ2 2 p σ2
Z
1 x2
0
ψ̄ (p) = − 2
√ e−ipx/~ A e− 4σ2 dx = − ψ̄(p)
~ 2π~ −∞ ~2
2 p σ2
ψ̄ 0 (p) = − ψ̄(p)
~2
2 σ 2 /~2
Equation différentielle que l’on résout sans difficulté : ψ̄(p) = ψ̄(0) e−p .
Reste à calculer ψ̄(0). Un changement de variable évident donne :
Z +∞ Z +∞
A 2
− x2 2Aσ 2 2Aσ
ψ̄(0) = √ e 4σ dx = √ e−u du = √ I
2π~ −∞ 2π~ −∞ 2π~
√
Or, d’après (7) : I = π, donc :
2σ 2 1/4 2σ 2 1/4 2 2 2
ψ̄(0) = ⇒ ψ̄(p) = e−p σ /~
π~2 π~ 2
Conclusion :
x2
e− 4σ2 2σ 2 1/4 2 2 2
ψ(x) = p√ ⇒ ψ̄(p) = 2
e−p σ /~ (8)
2π σ π~
? ψ̄(p) est bien une gaussienne : la TF d’une gaussienne est donc une gaussienne.
? On peut vérifier sans difficulté que |ψ̄(p)|2 est bien normée (Parseval-Plancherel).
? Et on vérifie bien la relation d’incertitude (4) puisque |ψ(x)|2 est une gaussienne d’écart-type
∆x = σ et |ψ̄(p)|2 une gaussienne d’écart-type ∆p = ~/(2σ)
⇒ ∆x∆p = ~/2.
⇒ si le pic de |ψ(x)|2 est étroit, le pic de |ψ̄(p)|2 est large et vice-versa.
Attention : √
ψ(x)
√ est une gaussienne d’écart-type ∆x = 2σ et ψ̄(p) une gaussienne d’écart-type ∆p =
~/( R 2σ) ⇒ ∆x∆p =R~ 6= ~/2. Cela vient de ce que ψ(x) et ψ̄(p) ne sont pas des lois de probabilités
car ψ(x)dx 6= 1 et ψ̄(p)dp 6= 1.
On peut aussi calculer de la même façon la TF d’une gaussienne normée et on obtient sans
difficulté :
x2
e− 2σ2 1 p2 σ 2
ψ(x) = √ ⇒ ψ̄(p) = √ e− 2~2 (9)
2π σ 2π~
6
1.5 Généralisation à 3 dimensions
Les définitions des TF se généralisent sans difficulté à 3d :
Z
1
ψ(~r) = ei~p.~r/~ ψ̄(~p) d3 p (10)
(2π~)3/2 R3
Z
1
ψ̄(~p) = e−i~p.~r/~ ψ(~r) d3 r (11)
(2π~)3/2 R3
Parseval-Plancherel :
Z Z
∗
ϕ (~r) ψ(~r) d r = 3
ϕ̄∗ (~p) ψ̄(~p) d3 p (12)
R3 R3
Relations d’incertitude :
~ ~ ~
∆x ∆px ≥ ∆y ∆py ≥ ∆z ∆pz ≥ (13)
2 2 2
2 « Fonction » δ de Dirac
2.1 Définition
()
Considérons la fonction créneau δx0 (x) représentée ci-dessous, avec > 0 :
(ε)
δx (x)
0
1/ ε
0 x−ε x0 x+ ε
0 /2 x
0 /2
Calculons l’intégrale suivante, ψ(x) étant une fonction d’onde quelconque (càd en pratique une
fonction complexe sur R de carré sommable) :
Z +∞ Z x0 +/2
1
δx()0 (x) ψ(x) dx = ψ(x) dx
−∞ x0 −/2
7
Dans la limite → 0, on peut développer ψ(x) au voisinage de x0 dans l’intervalle [x0 − /2, x0 +
/2] :
Z +∞
1 x0 +/2
Z
lim ()
δx0 (x) ψ(x) dx = lim [ψ(x0 ) + (x − x0 )ψ 0 (x0 ) + ...] dx
→0 −∞ →0 x −/2
0
1
= lim [ψ(x0 ) + O(2 )] = lim [ψ(x0 ) + O()] = ψ(x0 )
→0 →0
On a donc :
Z +∞
lim δx()0 (x) ψ(x) dx = ψ(x0 ) (14)
→0 −∞
()
Bien que δx0 (x) diverge en x = x0 lorsque → 0, l’intégrale (14) est bien définie.
On définit alors la « fonction » δ(x − x0 ) par la relation :
Z +∞
δ(x − x0 ) ψ(x) dx = ψ(x0 ) (15)
−∞
et pour x0 = 0 :
Z +∞ Z +∞
δ(x) ψ(x) dx = ψ(0) δ(x) dx = 1 (17)
−∞ −∞
Remarque :
()
On remarquera que si δx0 (x) est bien une fonction, sa limite lorsque → 0 n’est pas une fonction
(elle diverge !) : δ(x − x0 ) n’est donc pas elle-même une fonction mais une distribution et l’écriture
de l’équation (15) n’est pas rigoureuse du point de vue des mathématiques.
En fait, que δ(x − x0 ) ne soit pas une fonction n’est pas essentiel du point de vue de la physique :
la seule chose qui compte, c’est qu’elle permette de simplifier les calculs d’intégrales.
C’est pourquoi en physique, on manipulera δ(x − x0 ) comme une fonction (d’où son nom, « fonc-
() ()
tion » δ). On considérera que δ(x−x0 ) est la fonction créneau δx0 (x) (ou une autre fonction δx0 (x)
« tendant » vers δ) où est aussi petit que l’on veut mais non nul. Cette approche, bien que non
rigoureuse mathématiquement, est suffisante en physique et, on le verra, très commode.
8
Remarque :
δ(x − x0 ) est une généralisation du symbole de Kronecker δn,n0 .
En particulier, les relations :
X X
δn,n0 ψn0 = ψn δn,n0 = 1
n0 n0
2.3 Propriétés de δ
• δ(x) = δ(−x)
Démonstration :
Z +∞ Z −∞ Z +∞
δ(−x) ψ(x) dx = − δ(x) ψ(−x) dx = δ(x) ψ(−x) dx = ψ(0), ∀ψ
−∞ +∞ −∞
9
• δ(x) = δ ∗ (x)
Démonstration :
Z +∞ hZ +∞ i∗
∗
δ (x) ψ(x) dx = δ(x) ψ ∗ (x) dx = [ψ ∗ (0)]∗ = ψ(0), ∀ψ
−∞ −∞
Z +∞ Z +∞
1 1
• δ(x) = e ipx/~
dp = e−ipx/~ dp (19)
2π~ −∞ 2π~ −∞
Calculons l’intégrale suivante en remarquant qu’elle est égale à la limite d’une autre intégrale :
Z +∞ Z +∞
1 1 2 2 2
e ipx/~
dp = lim eipx/~ e−p /(2~ ) dp
2π~ −∞ →0 2π~ −∞
()
avec la fonction gaussienne δ0 (x) (18). On obtient bien la relation (19).
Plus généralement, on a donc :
Z +∞ Z +∞
1 1
δ(x − x0 ) = eip(x−x0 )/~
dp = e−ip(x−x0 )/~ dp (20)
2π~ −∞ 2π~ −∞
Attention, cette écriture n’est pas rigoureuse mathématiquement (l’intégrale diverge !). Cette re-
lation doit être utilisée à l’intérieur d’une intégrale sur x, comme par exemple :
Z +∞ Z +∞ Z +∞
1
dx ψ(x) δ(x − x0 ) = dx ψ(x) eip(x−x0 )/~ dp
−∞ −∞ 2π~ −∞
On verra que la relation (20), comme la relation (15), sont très commodes pour les calculs
d’intégrales (cf. § 2.4) .
10
Remarque :
On aurait pu utiliser directement les TF des fonctions créneau ou gaussienne du § 1.4 pour obtenir
()
la relation (19). Par exemple, en prenant la fonction créneau δx0 (x) du § 2.1 et en utilisant (5),
on a :
Z +∞ Z +∞
() 1 () i px 1 px p
δ0 (x) = √ dp δ̄0 (p) e ~ = dp ei ~ sinc
2π~ −∞ 2π~ −∞ 2~
Et on obtient directement la relation (19) :
Z +∞ Z +∞
() 1 i px
p 1
δ(x) = lim δ0 (x) = dp e ~ lim sinc = eipx/~ dp
→0 2π~ −∞ →0 2~ 2π~ −∞
Remarque :
Il y a d’autres propriétés de la « fontion » δ que nous n’avons pas abordées ici (voir par exemple
appendice II du Cohen-Tannoudji).
La transformée de Fourier δ̄x0 (p) de la « fonction » δ(x − x0 ) vaut, d’après la définition (1) :
Z +∞
1
δ̄x0 (p) = √ dx e−ipx/~ δ(x − x0 )
2π~ −∞
Donc d’après (15) :
1
δ̄x0 (p) = √ e−ipx0 /~
2π~
Et en particulier :
1
δ̄0 (p) = √
2π~
11
2.6 Généralisation à 3 dimensions
Z Z
1 r−~ 1
δ(~r − ~r0 ) = e i~
p.(~ r0 )/~ 3
d p= e−i~p.(~r−~r0 )/~ d3 p (22)
(2π~)3 R3 (2π~)3 R3
1
δ̄~r0 (~p) = e−i~p.~r0 /~ (23)
(2π~)3/2
avec ψ(~r) = composante du ket |ψi sur le ket de base |~ri : la fonction d’onde ψ(~r) est donc la
représentation {|~ri} du ket |ψi.
On a alors :
Z Z
3 0 0 0
h~r |ψi = d r ψ(~r )h~r |~r i = d3 r0 ψ(~r 0 ) δ(~r − ~r 0 ) = ψ(~r)
R3 R3
12
Par ailleurs, soit un autre ket |ϕi :
Z
|ϕi = d3 r ϕ(~r) |~ri
R3
= d r ϕ∗ (~r) ψ(~r)
3
R3
13