Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
CHAPITRE 3
L'époque baroque
Plan du chapitre
I. Généralités
A. Le monde du spectacle à l’époque baroque
B. Quelques éléments esthétiques caractérisant l’époque baroque
II. Les nouveautés musicales
A. Sur le plan instrumental : la basse continue et l’orchestre baroque
B. Antonio Stradivari, un luthier d’exception
C. Nouveaux genres musicaux
III. La musique en Italie
A. Claudio Monteverdi
B. Les castrats
C. Antonio Vivaldi
D. Domenico Scarlatti
E. Archangello Corelli
IV. La musique en France
A. Jean-Baptiste Lully à Versailles
B. Jean-Philippe Rameau, François Couperin et le clavecin
1. Jean-Philippe Rameau
2. François Couperin
V. Jean-Sébastien Bach en Allemagne
VI. Henry Purcell et Georg Friedrich Haendel en Angleterre
A. Henry Purcell
B. Georg Friedrich Haendel
VII. Analyses d’oeuvres
VIII. Ce qu'il faut retenir
IX. Lexique du chapitre
X. Quizz et QCM : testez vos connaissances
XI. Bibliographie, Discographie, sites internet, Filmographie
1
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
I. Généralités
Baroque et Musique
Le terme « baroque » est utilisé pour désigner la musique composée environ entre les années 1600 (dès 1580,
fin de la Renaissance) et 1750 (si vous aimez cette musique et que vous approfondissez vos connaissances,
vous vous rendrez compte que ces dates peuvent être affinées). La date de 1750 a été retenue car elle marque
la disparition du compositeur allemand Jean-Sébastien Bach. Après 1750, dans la seconde moitié du XVIIIe
siècle (donc après la mort de Jean-Sébastien Bach), dire d’une musique qu’elle était baroque était mal perçu
et l’adjectif ne désignait pas alors une période de l’histoire musicale. Le mot possédait une connotation
négative. L’écrivain, philosophe et compositeur d’opéras Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) écrit : Une
musique baroque est celle dont l’harmonie est confuse, chargée de modulations et de dissonances, le chant
dur et peu naturel, l’intonation difficile, le mouvement contraint » (supplément de la « Grande
Encyclopédie », 1776).
Notre perception musicale a bien sûr évolué et c’est Curt Sachs (1881-1959) qui, le premier, utilise le terme
« baroque » en 1919 pour distinguer une période de l’histoire de la musique (donc celle comprise entre 1600
environ jusqu’à 1750). Vous connaissez bien Curt Sachs : ce musicologue allemand est une figure essentielle
de l’organologie, co-auteur du fameux système de classification des instruments de musique, système dit
« Hornbostel-Sachs » (réalisé avec Erich von Hornbostel [1877-1935]). Dans sa définition de la musique
baroque Sachs évoque par exemple le plaisir à ornementer, la volonté de rechercher la courbe mélodique et
le mouvement, le plaisir des compositeurs à susciter les effets de masse etc. Autant d’éléments esthétiques
que nous définirons par la suite. Aujourd’hui encore, l’appellation « musique baroque » suscite de vifs
débats. Certains aiment à proposer plutôt une « époque de la basse continue » (voir ci-après pour connaître ce
qu’est une basse continue), d’autres aiment à différencier plusieurs étapes au sein même de cette époque
baroque. Mais restons, pour les besoins de ce manuel, sur notre division chronologique c’est-à-dire sur notre
période musicale que nous qualifions volontairement de baroque et qui s’échelonnerait dans le temps
d’environ 1600 à 1750.
Le métier de musicien
Les musiciens, instrumentistes et chanteurs, vivent alors de patronage, de mécénat et sont salariés d’une
institution ou travaillent dans le cadre d’une guilde ou d’une corporation. Principalement employés par les
cours, les chapelles, les villes, le compositeur, chanteur ou instrumentiste possède parfois un statut envié.
Beaucoup ont un niveau de vie correct. Le musicien indépendant financièrement n'existe pas. Dans la société
de jadis, il est impossible de vivre seul de son art. Le premier à se rebeller contre ce système et à revendiquer
une identité artistique sera Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). Mais Mozart n’est pas un compositeur
de l’époque baroque. Dans le chapitre suivant (chapitre 4) consacré au classicisme, nous apprendrons
comment Mozart s’est distingué socialement en voulant adopter un mode de vie différent, celui d’un
2
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
musicien indépendant. Cela dit, il ne faut pas oublier que pour être reconnu, le musicien de l’époque se
devait d’obtenir un des hauts postes proposés par les cours. Ainsi, un musicien comme Mozart fut-il partagé
entre indépendance et domesticité. Car l’indépendance ne pouvait pas encore contribuer à établir un talent.
Le public s’élargit à l’époque baroque. Le premier théâtre public ouvre ses portes en Italie, à Venise, en
1637. Moyennant un billet d’entrée, chacun peut donc se rendre au spectacle. Ainsi, se mêlent aristocratie et
public populaire. Le théâtre italien, en ce début d’époque baroque, comporte 5 étages d’une trentaine de
loges chacun.
Le parterre, au même niveau que la scène, est à l'origine réservé au public populaire (en général debout ;
parfois des bagarres ont lieu). Les plus riches, nobles et bourgeois, sont dans les loges et les galeries. Ces
riches spectateurs veulent être vus ; pour être vus, il faut être en hauteur… Avant que le riche public
n’investisse le parterre, le roi et son entourage, lorsqu’ils assistaient à des représentations, prenaient
l’habitude de s’installer au parterre, près de la scène. En France, par exemple, deux loges sont réservées au
parterre pour le couple royal : celle réservée à la reine à gauche de la scène (dite côté jardin) ; celle réservée
au roi à droite de la scène (dite côté cour). Le parterre est ensuite équipé, au XVIIIe siècle, de fauteuils.
L'éclairage est abondant mais rudimentaire : des chandelles et des lampes à huile éclairent les salles et la
scène. Sur cette dernière, la rangée de bougies est située au sol sur la bordure inférieure du plateau (partie de
la scène visible depuis la salle). L’utilisation de la lampe à huile n’est pas idéale car elle dégage une fumée
nocive et nuit à la voix des chanteurs ou acteurs. Par ailleurs, les chandelles sont souvent la cause d'incendies
parfois dramatiques (embrasement des costumes si les artistes s’approchent trop près des feux de la rampe).
D’autre part, cela accentue la séparation entre la salle et la scène.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, on utilise des rideaux-tableaux qui reproduisent des scènes donnant lieu à tout
un programme pédagogique. Au XIXe siècle seulement, s’impose le rideau rouge orné de franges dorées.
Dans la 2e moitié du XIXe siècle, le rideau de fer isolant la scène en cas d’incendie s’impose.
L’opéra est un spectacle très populaire : pièce de théâtre entièrement chantée, il devient très à la mode.
Opéra en italien signifie « œuvre ». Le terme est utilisé depuis 1639, il est un raccourci de l’expression opera
di musica = œuvre musicale. Avant 1639, l’opéra existe déjà en Italie mais sous d’autres appellations telle
favola in musica = fable en musique. L’opéra nécessite le recours à des chanteurs, un orchestre, des
3
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
costumes, une mise en scène au moyen de toutes sortes de machineries, des décors qui cultivent l'art de
l'illusion comme dans la peinture de l'époque (recherche du sublime, du grandiose). Le public des XVIIe et
XVIIIe siècles adore autant les prouesses vocales des chanteurs que la mise en scène (trappes, bateaux, chars,
orages simulés) ou les costumes chargés de bijoux, d'argent, de tissus étincelants.
• Art de l'expression.
• Musique très raffinée également, très expressive.
• Style très structuré, très symétrique.
• Importance du rythme.
• Développement de la virtuosité (le mot apparaît dans le dictionnaire en 1640 pour désigner la
virtuosité musicale).
• Art du mouvement, de la mobilité : prééminence du geste donc de la danse.
• Goût pour la variation (un thème est varié à l'infini).
• Art des contrastes (nuances apparaissent, effets sonores sont recherchés, variété des tempos, effets
de masse).
• Débordement d’imagination, de théâtralité (dans les volumes, l’espace, les décors en trompe-l’œil
dans l’opéra, les jeux de miroirs et de lumières). La musique d’église utilise les tribunes en y
installant l’orgue et joue ainsi sur une acoustique spatialisée.
• Art de l’improvisation : les airs chantés mais également les pièces instrumentales sont agrémentées
d'ornements : beaucoup de fioritures, d'ornementations (groupettos, trilles, notes répétées,
vocalises) :
4
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Le trille
L'ornement appelé « grupetto » (prononcer groupetto) est ici appelé « tour de gosier »
Ce paragraphe explique comment le réaliser : « Le tour de gosier se marque par le signe (voir sur l’image). Les 5 notes
servant à le former, se font d’une seule haleine et ne parcourent que 3 degrés conjoints ».
• Dans un opéra, la cadence met à l’épreuve l’imagination et la technique des chanteurs. Elle prend
l’allure parfois d’une véritable exhibition (à l’image d’un Chorus en jazz). Elle n’est pas écrite sur la
partition et un professeur de l’époque rapporte : « Chaque air a au moins 3 cadences. Dans la
dernière cadence, la gorge se met en mouvement comme une girouette dans la tempête ».
5
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Exemple dans la musique vocale : Extrait du film Farinelli, scène où le célèbre castrat
interprète l’air Lascia ch’io pianga (laisse-moi pleurer) extrait de l’opéra Rinaldo [Renaud]
du compositeur allemand Georg Friedrich Haendel (1685-1759).
L'époque baroque est donc une période de l’histoire de la musique où les musiciens improvisent beaucoup.
Louis Couperin (vers 1626-1661), l'oncle du célèbre claveciniste François Couperin, compose même des
préludes non mesurés (sans barres de mesure) écrits entre 1650 et 1661 : il n’inscrit que les notes qu’il
groupe en une succession de rondes par des liaisons. Le claveciniste doit déduire le rythme de la logique
harmonique et mélodique du discours musical :
Louis Couperin a-t-il été inspiré par l’allemand et grand improvisateur Johann Jakob Froberger (1616-1667) lors du
séjour parisien de celui-ci (vers 1652) ?
Quoi qu’il en soit, les préludes non mesurés de Louis Couperin possèdent un caractère improvisé très visible.
A l'époque baroque, la musique est tour à tour raffinée, pudique, profonde ou bien virtuose, exubérante. En
France, elle est très marquée par l'esprit et le style de la danse (rythme, gestuelle, basses marquées).
6
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
7
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Nicolo Amati avait toujours eu l'habitude d'accueillir des apprentis : son fils Girolamo (13 ans), Andrea
Guarneri (né en 1626) et Stradivari. Selon ses contemporains, Stradivari était grand, maigre et
habituellement coiffé d'un bonnet (laine blanche en hiver, coton en été). Il portait un tablier de peau blanche
lorsqu'il travaillait. Son premier violon est signé « sous la direction de Nicolo Amati » = « Antonius
Stradivarius Cremonensis faciebat anno 1666 » (= fait par le Crémonais Antonius Stradivarius en 1666). Les
étiquettes étaient alors rédigées en latin d'où le nom latinisé d’Antonius Stradivarius au lieu de son véritable
nom Antonio Stradivari. Au sujet des premiers violons de Stradivarius, les luthiers parlent de « Stradivarius
amatisé ».
Stradivarius se fait connaître et sa réputation dépasse les frontières (rois et princes lui commandent des
violons, des altos, des violoncelles). Tous les grands compositeurs violonistes de l'époque se rendent dans
son atelier : Arcangello Corelli, Giuseppe Tartini, Antonio Vivaldi etc.
A la fin de sa vie, la main du célèbre luthier tremble et il possède un défaut visuel qui lui faisait faire une
ouïe plus haute que l'autre (il estimait alors que l'instrument était médiocre). Tous les violons de Stradivarius
portent un nom en référence à leur possesseur. Celui appelé « Habeneck » (1736) a ainsi l'ouïe droite plus
haute de 2 millimètres que l'ouïe gauche.
Stradivarius meurt en 1737. Il est inhumé dans une église de Crémone qui fut détruite en 1868 (enfouissant à
jamais sa sépulture). En 1889, son atelier est transformé en salle de billard par un cabaretier qui avait acheté
sa maison. Pendant les travaux, une vieille planche est retrouvée avec l'inscription « ANTONIOSTR »
gravée de la main de Stradivarius dans le bois (peut-être un reste de coffre).
8
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Le « Paganini »" (1680, acheté à Vuillaume par Nicolo Paganini, compositeur violoniste et
guitariste).
Le « Lord Nelson » (1690, acheté par un des officiers de l'amiral Nelson).
Le « Belle aux bois dormant » (1704, propriété d'une banque allemande, un temps prêté à la
violoniste Isabelle Faust).
Le « Cathédrale » (1707, joué par Nigel Kennedy).
Le « Davidoff » (1708, légué au Musée instrumental de Paris).
Etc.
Connaissez-vous la pochette ?
La « pochette » était un mince et effilé violon
utilisé par les maîtres à danser. Il était si petit
qu’on pouvait le glisser dans sa poche, d’où son
nom !
Ecoute 2: Antonio Vivaldi, Concerto pour flûte à bec et orchestre en sol mineur, op. 10, n°2, Presto.
• Le charmant Concerto grosso : le grosso ou « ripieno » est l'ensemble orchestral qui dialogue avec
le « concertino », petit groupe de solistes (en général 3 ou 4). Les solistes du concertino s'opposent
ainsi au grosso. Grosso et Concertino forment le Tutti (l'ensemble = « tous »).
Ecoute 3 : Jean-Sébastien Bach, Concerto brandebourgeois n°2. Vous entendez rentrer le concertino composé
ici de 4 instruments : tour à tour s'expriment la flûte traversière, la trompette, le violon, le hautbois. Leurs interventions
solistes sont moins longues et moins virtuoses que dans un concerto pour soliste.
Ecoute 4 : Arcangello Corelli, Sonate pour violon op. 5, n°3 : donc pour violon ET basse continue (ici
seulement le clavecin). Extrait proposé : final (Allegro). Dans cet exemple, le clavecin accompagne le violon qui
déploie en continu les accords énoncés par la basse continue.
9
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
• La sculpturale Fugue : de l'italien « fuga » (fuite). Une cellule mélodique (thème appelé Sujet) que
l'on reconnaîtra tout au long de l'œuvre va servir à construire un morceau entier….Entre chaque
énoncée du sujet, des divertissements ou des conduits (une mélodie conduisant du sujet au sujet),
viennent égayer l'ensemble. Plusieurs voix se croisent et s’entremêlent. C’est pourquoi une fugue se
joue généralement sur un instrument polyphonique (orgue, clavecin, piano…, plus tard guitare et
accordéon) ou est exécutée par un ensemble vocal ou orchestral. Aux claviers, une fugue est
redoutable à interpréter, c'est pourquoi elle est toujours précédée d'un Prélude, d'une Toccata ou
d'une Fantaisie (plus rare) pour permettre à l’instrumentiste de se concentrer. Voici 3 exemples
significatifs pour bien comprendre la construction musicale de la fugue.
Ecoute 5 : Jean-Sébastien Bach, 2e Fugue Vidéo 3 : Voici cette même fugue interprétée
pour clavecin (ici jouée au piano) en do mineur (1er par le Canadian Brass Band. Les musiciens
cahier du « Clavier bien tempéré »). On entend le sujet conservent les mêmes notes mais au lieu de croches,
de la fugue jusqu'à la fin. exécutent un rythme pointé.
10
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
La fugue est une pièce extrêmement difficile pour les clavecinistes, pianistes et organistes. Elle requiert une
concentration extrême et un mental très solide. L’instrumentiste doit donc se préparer à l’interpréter. Les
compositeurs prennent ainsi l’habitude de faire précéder leur fugue d’un Prélude (ou d’une Toccata, ou
d’une Fantaisie…).
Question
Dans le film De battre mon cœur s’est
arrêté (Jacques Audiard, 2005),
Romain Duris échoue lors de son
audition de piano. Ayant préparé la
Toccata en mi mineur de Bach, il lui
est demandé de commencer par la
fugue. Aurait-il échoué de la même
façon s’il avait pu exécuter la Toccata
introductive ?
Remarque : Jean-Sébastien Bach
compose des Toccatas pour le clavier. Il
s’agit là d’un mélange de danses associées
à une fugue et bien sûr généralement un
Prélude ou autre pièce d’introduction. La
Toccata en mi mineur interprétée par
l’acteur tout au long du film est la 6e et
dernière pièce du recueil des Toccatas
pour piano de Jean-Sébastien Bach.
• Et que devient la Suite ? Très à la mode à l’époque baroque, elle s'enrichit de toutes les danses à la
mode : Menuet, Bourrée, Gavotte, Rigaudon, Passepied, Polonaise etc. Les compositeurs cherchent à
varier les expressions, à alterner les mouvements. La suite de danse triomphe en France (le roi Louis
XIV adore la danse). Et bien sûr, elle est souvent précédée d’un Prélude.
À noter
Les Partitas de Jean-Sébastien Bach sont des suites
instrumentales. Les Ordres de François Couperin le sont
également (sous-entendu les danses sont jouées dans cet
« ordre »).
• L'Opéra que nous avons déjà évoqué : véritable pièce de théâtre en musique. Un librettiste
(équivalent du scénariste) écrit l’intégralité de l'histoire et les répliques de tous les personnages. Tout
est chanté dans un opéra, même les dialogues (excepté dans l'opéra dit « bouffe » ou « comique » où
des dialogues sont insérés au discours chanté). L'opéra fait appel à un orchestre, des chanteurs
solistes, des chœurs (surtout en France car l'Italie est moins friande de chœurs, leur préférant les
grands airs solistes virtuoses). L'histoire est toujours présentée avec une mise en scène somptueuse,
11
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
des costumes, des décors. Un opéra baroque dure entre 2 et 3 heures environ (c'est un peu le
« cinéma » de l'époque, il y en avait chaque jour de nouveaux et le public en raffolait). Le mot même
d'« opéra » n'apparaît qu'à la fin du XVIIe siècle : auparavant, en Italie, on compose des « dramma
per musica », des « favola in musica » ; en France ce sont des « tragédies lyriques ».
• L'Oratorio : véritable opéra sacré. Il comporte les mêmes ingrédients musicaux que l'opéra (solistes
incarnant des personnages, chœurs, orchestre) mais sans mise en scène, sans décor, sans costume.
Son histoire est généralement empruntée à l'Ancien Testament (Bible) ou à l'histoire du Christ (le
Messie de Georg Friedrich Haendel par exemple). Il porte ce nom d'Oratorio car il était au départ
interprété dans des oratoires (petites chapelles privées dans les églises) au sein de la confrérie des
Oratoriens (Rome, fin de la Renaissance).
• La Cantate : vient de l’italien « cantare » signifiant chanter. Sorte de divertissement très court
comportant 2 ou 3 solistes, un petit accompagnement instrumental. Il existe des Cantates d'église
(Bach en compose de nombreuses pour les offices religieux) et des Cantates profanes (sujets
mythologiques ou trames historiques comme dans l'opéra). Une cantate dure entre 20 minutes et 1
heure.
Sa « Favola d'Orfeo rappresentata in musica » (= fable d'Orphée représentée en musique) est créée à la cour
de Mantoue pour le carnaval de 1607.
Histoire : Orphée est le héros grec musicien qui, par ses chants, enchante les bêtes féroces, apaise les
hommes sauvages. Dans cet opéra, il parvient à obtenir de Pluton (Dieu des enfers) et de Proserpine (sa
femme) la libération de son épouse Eurydice, tuée par un serpent. Les dieux acceptent de laisser partir
Eurydice à la seule condition qu'Orphée ne se retourne pas avant d’avoir quitté les Enfers. Mais Orphée ne
résiste pas à la tentation de contempler Eurydice. Se retournant, il la perd définitivement.
12
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Culture générale
Que sont les Enfers dans la
mythologie grecque ?
Ne pensez pas qu’il s’agit là de l’Enfer
décrit par le Christianisme où le diable et les
sorcières rivalisent d’ingéniosité pour vous
faire rôtir. Dans la mythologie grecque, les
Enfers désignent de façon générique le
royaume des morts. C’est un lieu souterrain
régi par le Dieu Hadès et sa femme
Perséphone. Les Romains (mythologie
romaine) ont donné à Hadès le nom de
Pluton qui règne sur les Inferni avec sa
femme Proserpine.
Des instruments sont associés aux personnages : Orphée est accompagné dans son chant par la harpe,
l'orgue ; les bergers (milieu pastoral) par le clavecin, le luth, le chitarrone, les cordes pincées, les flûtes ; le
Dieu des Enfers et le royaume des ombres par l'orgue régale (sonorité grinçante due aux anches battantes en
métal mises en vibration par l'air), tantôt seul, tantôt soutenu par les trombones, les cornets à bouquin, la
douçaine (orchestre des scènes de l'Enfer).
Acte II : Après la mort d'Eurydice annoncée par l'espérance, la volonté et le courage du héros :
une messagère au début de l'Acte, Orphée se N'andro sicuro a piu profondi abissi (je ne
désespère : l'air Tu se morta mia vita et mi respiro craindrai pas de descendre aux plus profonds
(tu es morte ma vie et moi je respire) exprime par abîmes) exprimé par une courbe musicale
la musique le désespoir, le refus d'Orphée, puis
13
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
14
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Les compositeurs baroques dotent leur musique d’une émotion unique et traduisent « les passions de l'âme »
à la voix comme aux instruments. Les auditeurs sont envoûtés et voyagent vers un monde imaginaire, un
monde où les rêves sont accessibles, où l’amour règne en maître absolu. Après Monteverdi, l'opéra évolue en
Italie et dès la seconde moitié du XVIIe siècle, le public raffole du grand air (Aria) d'opéra italien avec
improvisations et cadences ; un bel canto (= beau chant) riche en vocalises et prouesses diverses.
B. Les castrats
De la seconde moitié du XVIIe siècle aux années 1750, les voix de castrats sont à l'honneur, à l’église et sur
scène. Leur grande époque sera le XVIIIe siècle (plus de 4000 enfants castrés chaque année). Les
compositeurs cherchent à plaire au public et recherchent les effets, la virtuosité. Les castrats sont les sujets
d'un véritable phénomène de « starisation ». Les Italiens adorent le travestissement, ces voix aiguës
masculines dont les contemporains louaient la beauté. Un castrat est un chanteur masculin ayant subi avant
sa puberté une opération partielle de ses parties génitales de manière à bloquer la production de testostérone.
Il conservait ainsi le registre aigu de sa voix enfantine (le larynx ne se développait pas), tout en bénéficiant
du volume sonore produit par une capacité thoracique adulte. Cela donnait une voix riche en harmonique, un
vibrato aisé, une grande tessiture. On dit que les meilleurs castrats pouvaient rivaliser en puissance,
technique et hauteur avec une petite trompette. Leurs voix étaient beaucoup plus souples que celles des
femmes. Cette pratique serait venue des Maures (Arabes). Elle a été employée au départ à cause de
l'interdiction faite aux femmes de se produire à l'église. La pratique de la castration a été interdite par le pape
clément XIV à la fin du XVIIIe siècle. Cependant, les castrats disparaissent presque définitivement au XIXe
siècle. Le dernier castrat connu, Alessandro Moreschi (1858-1922), officiait encore au XXe siècle à la
chapelle Sixtine (chapelle du pape). Sa famille avait décidé de le castrer lorsqu'il avait 7 ans. Les raisons de
cette opération demeurent inconnues. Elles sont peut-être dues à des problèmes médicaux. Moreschi couvrait
une tessiture allant du Do3 au Mi5 (du La3 au Sol4 en fin de carrière). Il existe des enregistrements sur
cylindre de cire gravés en 78 tours mais sa voix est déjà chevrotante.
En France, cette confusion entre les deux sexes est jugée scandaleuse. Les Français regrettent qu'on ridiculise
ainsi les femmes et qu'on outrage les hommes dans leur virilité (un dictionnaire français de 1787 précise :
Castrat = « musicien qui chante le dessus. Hélas ! »). Les Français utilisent des voix de « haute-contre »,
voix aiguë de ténor combinant habilement des registres de poitrine et de fausset (= voix de tête). C'est une
voix masculine travaillée. En Angleterre, on emploie des « countertenors » ou contreténors (tels aujourd'hui
Alfred Deller, James Bowman) qui sont des hommes utilisant leur registre de fausset (= ils sont appelés
falsettistes). La tradition anglaise cultivait ce type de chant en fausset qui était surtout utilisé dans un but
comique au sein des pièces de théâtre pour contrefaire une voix de femme ou produire une imitation
grotesque.
15
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
La popularité des castrats commence à décroître lorsqu'on exigea plus de naturel dans les représentations
théâtrales et surtout lorsque les compositeurs s’insurgèrent contre les entorses et les additions faites par les
chanteurs aux partitions originales.
16
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Le soliste peut changer à chaque saison. Sous cet Que nous dit le Sonnet pour le 3e
angle, les 4 saisons pourraient être appréhendées mouvement de l’été ?
comme un seul concerto grosso. Mais la virtuosité Ah che pur troppo i Suo timor Son veri
qu'elles requièrent montre que chaque saison est Ah, ses craintes n'étaient que trop vraies,
Tuona e fulmina il Ciel e grandioso
un véritable concerto pour soliste. Louis XIV
Le ciel tonne et fulmine et la grêle
adorait cette œuvre. Tronca il capo alle Spiche e a' grani alteri.
Coupe les têtes des épis et des tiges.
Ecoute 8 Dans le Concerto pour flûte, cordes et basse continue en sol mineur RV 439, op.10-2 dit La Notte,
Vivaldi s’amuse à dépeindre un univers peuplé de fantômes et de rêves étranges. Les effets sont étonnants. C’est une
véritable musique figurative.
17
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Un contemporain raconte
« Vers la fin de l'œuvre, Vivaldi improvisa une
cadence qui me stupéfia. Jamais je n'avais entendu
jouer de la sorte. Il plaça les doigts à un cheveu
du chevalet, de sorte qu'il y avait à peine la place
de placer l'archet ».
Vivaldi meurt oublié de tous à Vienne. La cantatrice Anna Giro s’était installée chez lui en qualité de soi
disant gouvernante. Elle resta auprès de lui jusqu’à la fin de ses jours. Son œuvre fut longtemps oubliée.
18
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Né la même année que Jean-Sébastien Bach, Domenico Scarlatti, fils d’Alessandro, célèbre compositeur
d'opéras, s'est presque exclusivement consacré à la musique pour clavier (ses 555 sonates pour clavecin
représentent près de 34 heures de musique). Aucun compositeur du XVIIIe siècle, pas même Haydn et
Mozart à l'époque classique, n'a dépassé 61 notes sur un clavier. Pourtant, la sonate K 485 de Scarlatti
demande une étendue de 63 notes !
Domenico Scarlatti exerce à la cour du Portugal et à la cour de Madrid. Il meurt ruiné (passion pour les jeux
d'argent). Le compositeur espagnol Padre Antonio Soler (1729-1783) fut un de ses élèves et Scarlatti
influence également les compositeurs espagnols des XIXe et XXe siècles : Isaac Albeniz, Enrique Granados,
Manuel de Falla etc. Johannes Brahms l'adorait.
19
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Le violoniste, compositeur Arcangello Corelli passe presque toute sa vie à Rome (il se rend souvent à
Crémone pour acheter des violons à Stradivarius). Ses œuvres montrent à quel point la musique
instrumentale italienne s'est développée. Avec son opus 5 (Sonates pour violon), il contribue à développer la
technique du violon : vivacité des arpèges, jeu des doubles notes, recherche de l'expressivité mélodique. Son
opus 6 est un recueil de 12 concertos grosso. Le 8e de ces concertos grosso est le célèbre Concerto pour la
nuit de Noël : le « concertino » est confié à un trio d'archets (violon 1, violon 2, violoncelle) et le « grosso »
est composé d'un violon 1, d'un violon 2, d'un alto et de la basse continue. Les 8 premiers concertos grosso
sont dits « da chiesa » (d'église) et Corelli interdit toute improvisation ornementale pour en préserver le
caractère religieux. Les 4 derniers sont dits « da camera » (de chambre).
Ecoute 15 : Corelli, Concerto grosso n°8, op. 6 dit « pour la nuit de Noël », 2e mvt.
Corelli exploite, comme beaucoup de ses contemporains, le célèbre thème populaire et anonyme de la
« Folia » (= folie) dont il tire 23 variations.
Le thème de la Folia
20
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Parmi les compositeurs ou les interprètes ayant été séduits par le thème de la Folia, citons :
Jean-Baptiste Lully, Les folies d’Espagne en 1672.
Domenico Scarlatti en 1710.
Antonio Vivaldi dans sa Sonate n°12 op. 1 (vers 1712, ré mineur, violon, violoncelle, clavecin) et dans
son opéra Orlando Furioso en 1727.
Jean-Sébastien Bach dans sa Cantate « des paysans » en 1742.
Serge Rachmaninov au XXe siècle dans ses Variations sur un thème de Corelli (1931).
Manuel Maria Ponce dans ses Variations sur « Folia de Espana » et fugue pour guitare etc.
En 2008, au festival de jazz de Montréal, Sébastien Dufour improvise au Ukulélé un solo basé sur le
thème de La Folia.
Une variation de ce thème a d'ailleurs donné naissance à une danse de bal très en vogue en France au début
du XVIIIe siècle : les Folies d'Espagne.
21
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Jean Antoine Watteau, Mezzetin Jean-Antoine Watteau, L’enchanteur J.A.Watteau, La gamme d’amour
New-York, Metropolitan museum.
Si la musique instrumentale est très en vogue à la cour de France, c’est à l’époque baroque que l’opéra
français s’impose sous la tutelle de Jean-Baptiste Lully. Sur le plan vocal, l'opéra français ne cultive pas la
virtuosité comme l’opéra italien. Il s'oppose ainsi à l’esthétique italienne. Son style est différent. Les
compositeurs s'intéressent avant tout à la diction, aux passions, à l'émotion véhiculée par le texte et par le
geste. N’oubliez pas que le XVIIe siècle est la grande époque de la tragédie classique dans le domaine
théâtral : Racine, Corneille… Vous connaissez tous de célèbres tirades : « Rodrigue, as-tu du cœur ? »
(Pierre de Corneille, Le Cid, Acte I, scène 5, 1637) ; ou encore ces 2 alexandrins (12 pieds chacun) extraits
de Phèdre (Jean Racine, Acte I, scène 3) : « Athènes me montra mon superbe ennemi. Je le vis, je rougis, je
pâlis à sa vue ». C’est ce style issu du monde du théâtre que Jean-Baptiste Lully va imposer dans ses œuvres
lorsqu’il conçoit l’opéra « à la française » appelé Tragédie lyrique.
A. Jean-Baptiste Lully
Jean-Baptiste Lully Le roi danse, film de Gérard Corbiau Benoît Magimel interprète le rôle de Louis XIV
22
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Jean-Baptiste Lully est né à Florence. Fils d’un meunier, il arrive en France en 1646 (il a 14 ans), peu de
temps avant le début du règne de Louis XIV (1650-1714). Aussi jeune que le roi, Lully va devenir un
élément indispensable aux yeux du roi et va l’aider à réaliser ses rêves de grandeur sur le plan artistique.
Louis XIV aime la danse passionnément (voir à ce sujet, le film réalisé par Gérard Corbiau en 2000, Le roi
danse avec Benoît Magimel dans le rôle de Louis XIV). De nombreuses pièces dansées sont composées par
Lully et accordent au roi la première place. Lully collabore également avec Molière pour lequel il compose
l’accompagnement de plusieurs comédies tel « Le bourgeois gentilhomme » (1670).
Vidéo 12 : Lully, Le bourgeois gentilhomme, extrait « La cérémonie des turcs : ballet des nations » (2ème air)
La mort de Lully
Lors d’une représentation donnée en l’honneur de la guérison du roi, Lully se blesse
grièvement au pied avec son Tactus (lourd bâton avec lequel le musicien scandait la
mesure pour diriger son orchestre). La plaie s’infecte et Lully refuse l’amputation
d’un orteil. La gangrène emporta sa jambe en quelques jours et Lully mourut ainsi
après d’atroces souffrances. Une anecdote rapporte qu’il aurait confié au prêtre qui
venait le confesser sur son lit de mort l’emplacement d’une dernière œuvre cachée
dans sa chambre.
Lully veut être pour le roi le seul représentant de la musique française de cette époque. Il se fâche avec
Molière (c'est le compositeur Marc-Antoine Charpentier qui composera la musique du Malade imaginaire en
1673) et veut concevoir, seul, un opéra « à la française » : ce sera la naissance de la « Tragédie lyrique » (la
première, Cadmus et Hermione, est composée en 1673). Les tragédies lyriques possèdent une ouverture
orchestrale dite « à la française » : rythmes pointés solennels et pompeux, à la gloire du roi et mettant en
relief les temps forts de la musique. Le passage en rythmes pointés s'enchaîne à un autre plus rapide avant
que ne revienne la musique pointée du départ (non obligatoire). L'ouverture dure environ 3 minutes et se
décompose ainsi : lent/vif/lent (exactement le contraire de l'ouverture d'opéra dite « à l'italienne » alternant 3
mouvements également mais en sens inversé : vif/lent/vif). Une tragédie lyrique comporte donc une
Ouverture, un Prologue destiné à vanter les mérites et les qualités du roi, de son règne : « Louis est
triomphant, tout cède à sa puissance » etc. par exemple. Une tragédie lyrique est composée de 5 actes
comme dans les tragédies théâtrales (3 actes en général dans les opéras italiens). En France, les sujets sont
extraits de la mythologie ou vantent les mérites de personnages historiques. L’univers des tragédies lyriques
est peuplé de dieux, de déesses qui perturbent ou soutiennent les aventures. Lully crée un monde poétique,
imaginaire, propre au rêve, au merveilleux. Il y a beaucoup de machines, de feux d'artifice, des effets sonores
(coups de tonnerre), des costumes somptueux. Les personnages tuent, se suicident, se vengent, se trahissent,
s'aiment, se sacrifient. La composante magique est très présente (homme transformé en cyprès ou en fleuve
par exemple). La fin est souvent heureuse et morale. Lully tient à la diction, à la mise en valeur de la langue
française, comme dans le théâtre. Et bien sûr ses tragédies sont truffées de ballets. Lully reçoit des moyens
matériels et financiers considérables de la part du roi. Lorsque la cour s’établit à Versailles, ce palais
majestueux est le réceptacle de superbes fêtes.
23
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Le Château de Versailles
24
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Ecoute 19 : Lully, Tragédie Lyrique Armide, 1686. Monologue d'Armide « Enfin il est en ma puissance », Acte II, scène
2. La déclamation expressive rend toute la puissance du texte (esthétique différente si nous comparons avec la musique italienne).
Les thèmes des grands opéras baroques sont souvent les mêmes que les thèmes traités en iconographie par
les artistes plastiques. Voici, par exemple, quelques œuvres représentant l’histoire d’Armide et de Renaud.
Antoon Van Dyck (1599-1641) Louis Lagrénée (1724-1805) Giovanni Battista Tiepolo (1696-1770)
Renaud et Armide Renaud et Armide Renaud ensorcelé par Armide
1629, Baltimore, museum of Art 1766, collection privée 1742, Chicago, Art institute
Les deux principaux représentants de la musique pour clavier en France à l'époque baroque sont Jean-
Philippe Rameau et François Couperin (1668-1733). Au XVIIIe siècle, le clavecin a atteint un tel point de
perfection que sa sonorité est devenue très subtile, très raffinée. Ces deux compositeurs renouvèlent le jeu au
25
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
clavecin, le vocabulaire musical et introduisent dans leur musique des effets divers (batteries, notes répétées
etc.).
En 1700, Rameau a 17 ans, Bach et Haendel 15 ans. Rameau est dijonnais et mène une carrière en dehors des
cercles de la cour. Organiste et claveciniste, il s'impose également comme un des maîtres de l'opéra français
(tardivement, à l'âge de 48 ans). Dans la lignée de Lully, il compose des tragédies lyriques, des opéras-
ballets... Pour Rameau, la musique est plus forte que tout, le pouvoir de l'émotion musicale est primordial.
Son originalité réside dans le traitement, la présence et le rôle de l’orchestre qui, sous sa plume, évolue. Dans
sa tragédie lyrique en 5 actes Zoroastre (1749), il fut un des premiers à introduire la clarinette. Cet opéra ne
possède pas de prologue ce qui est une innovation. Zoroastre est Zarathoustra. L’histoire oppose Zoroastre,
réformateur de la religion iranienne et symbole du Bien à Abramane, symbole du Mal. Dans l’ouverture,
Rameau explique : « La première partie est un tableau fort et pathétique du pouvoir barbare d’Abramane et
des gémissements des peuples qu’il opprime ; un doux calme succède, l’espoir renaît. La seconde partie est
une image vive et riante de la puissance bienfaisante de Zoroastre et du bonheur des peuples qu’il a délivré
de l’oppression ».
Ecoute 21 : Rameau, Zoroastre, extrait : Ouverture. Écoutez bien le rôle des instruments, les nuances, les silences.
Cette ouverture possède un caractère dramatique étonnant et nouveau.
Ecoute 22 : Rameau, opéra ballet les Indes galantes, 1735, Air des sauvages (orchestre). Cet opéra est un « opéra-ballet »
ou Ballet héroïque en 1 Prologue et 4 entrées : « Le Turc généreux » ; « Les Incas au Pérou » ; « Les fleurs » ; « Les sauvages ».
Rameau souhaitait « divertir le public sans le secours des Dieux et des enchanteurs ». L’Air des sauvages est issu d’une pièce pour
clavecin (Suite en sol, 1731, écoute 23).
Ecoute 23 : Rameau, Suite en sol pour clavecin, 1731, Air des sauvages.
26
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Compositeur d’opéras sur le tard, Rameau est un créateur absorbé par son art, un art qu’il déploie dans toutes
les catégories possibles. Grand théoricien également, il écrit son fameux Traité de l’harmonie réduite à ses
principes naturels (1722) et d’autres ouvrages à caractère scientifique. En 1726, il déclare que « la musique
est une science physico-mathématique dont l’objet est le son ». Contrairement à Jean-Jacques Rousseau, il
défend l’idée que la musique repose sur l’harmonie et non sur la mélodie. Rameau s’appuie sur la nature
physique et acoustique du son.
Rameau excelle dans le domaine du clavecin : « Toute son âme et son esprit étaient dans son clavecin.
Lorsqu’il l’avait fermé, il n’y avait plus personne au logis » déclare un contemporain. Ses pièces pour
clavecin sont de véritables pièces de caractère portant des titres et représentant les gens de cour, des
émotions, des éléments. Il remplace les noms de danse par des appellations poétiques, comme François
Couperin. Ce procédé descriptif sera repris aux XIXe et XXe siècles par Hector Berlioz puis par Emmanuel
Chabrier, Claude Debussy, Maurice Ravel. Les musiciens français ont toujours aimé les sources d’inspiration
que pouvaient procurer les sensations, la nature….
Ecoute 24: Jean-Philippe Rameau, Suite en mi mineur, 1724, extrait, Le rappel des oiseaux.
Contrairement à Jean-Philippe Rameau qui effectue une carrière provinciale, François Couperin cumule les
fonctions et les honneurs à la cour de Louis XIV et de Louis XV. D’abord organiste de la chapelle royale, il
est ensuite nommé « Maître de clavecin des enfants de France » et claveciniste au sein de l’orchestre de
chambre du roi. C’est lui qui compose les célèbres Concerts royaux qu’il dirige le dimanche pour le roi.
François Couperin appartient à une dynastie de musiciens parisiens. Il enseigne le clavecin aux princes et
princesses et écrit divers traités dont Règles pour l'accompagnement et Art de toucher le clavecin (1715 et
1716-1717).
Pendant près de 20 ans, il compose ses fameux « Ordres ». Sous cette appellation étrange, se cachent en fait
des suites de danses dont chacune porte un nom original. Couperin fait ainsi éclater le cadre rigide de la Suite
instrumentale en dotant ainsi ses pièces de titres évocateurs et dont on ne sait pas toujours à quoi ou à qui ils
se réfèrent. Ce sont de véritables « portraits musicaux » :
27
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Couperin oriente donc la Suite vers une conception très personnelle (analyse psychologique, observation du
monde qui l’entoure, sens pictural aigu, sensibilité) : « J’avoueray de bonne foy que j’ayme beaucoup mieux
ce qui me touche que ce qui me surprend ». À travers les titres qu’il donne aux danses, on devine un
personnage, un caractère, une scène, un décor, une satire, une caricature parfois. Couperin évoque aussi la
nature, les oiseaux, les métiers, les animaux, les paysages, les sentiments, les scènes comiques etc.
Ecoute 24: François Couperin, Tic Toc Choc au piano (Alexandre Tharaut, accompagné de 2 danseurs de hip hop).
Il a dit
« Pour les noms que j'ai choisis, j'ai prétendu les tirer du
caractère même des pièces qu'ils désignent, afin qu'ils pussent
en déterminer le goût et le mouvement, en réveillant des
sentiments ordinaires et naturels au cœur humain ». François
Couperin
En écoutant les pièces pour clavecin de Couperin, on ne peut s’empêcher de penser, là encore au peintre
Jean-Antoine Watteau :
28
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Si les carrières de Jean-Baptiste Lully, Jean-Philippe Rameau et François Couperin ont été évoquées, cela ne
signifie pas que les autres compositeurs sont moins importants. L'époque baroque est en effet très riche sur le
plan musical. Citons par exemple les parisiens Marin Marais ou Marc-Antoine Charpentier.
29
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
L'œuvre de Bach est répertoriée dans le « Bach Werke Verzeichnis » (BWV), catalogue monumental de ses
œuvres. Issu d'une grande famille musicienne dont les membres sont presque tous organistes et chanteurs
d'église depuis le XVIe siècle, le parcours professionnel de Bach s'effectue dans 3 grands centres importants
d’Allemagne : Weimar (1708-1717), Köthen (1717-1723), Leipzig (1723-1750).
Bach excelle dans la pratique des claviers et compose beaucoup pour cet instrument. En 1707, il épouse sa
cousine Maria Barbara et en 1708, il accepte un poste d'organiste et de musicien à la chapelle du duc de
Weimar (période de la plupart de ses nombreuses œuvres pour orgue, fugues, toccatas). En 1714, il est
Konzertmeister (maître des concerts) à Weimar. Il a l'obligation d'écrire et de faire jouer une Cantate d'église
par mois (le duc est très religieux). En 1717, il part à la cour du prince Léopold d'Anhalt Köthen où il dirige
la chapelle (18 musiciens). Bach doit composer la musique des concerts du soir dans lesquels le prince aime
jouer de la viole de gambe. C'est là qu'il compose ses Concertos pour violon, les 6 Sonates et Partitas pour
violon seul, les 6 Sonates pour clavier et violon, les 6 Suites pour violoncelle seul. En 1721, il écrit pour le
Margrave (= gouverneur) Christian Ludwig de Brandebourg, les 6 Concertos Brandebourgeois. Cette
même année, il épouse Anna Magdalena Wilke (1701-1760) à peine âgée de 20 ans (Bach a 36 ans). Après
son mariage, Bach compose les œuvres pour clavier (Suites anglaises, Suites françaises, Clavier bien
tempéré, Inventions, « Petit livre d'Anna Magdalena »…). En 1734, il est directeur de la musique et
« Cantor » à la Thomasschule de Leipzig (église Saint Thomas). Cette grande ville de foire et universitaire
est très dynamique sur le plan musical. Bach supervise toutes les manifestations musicales de la ville et écrit
une Cantate pour chaque dimanche. Il a 38 ans. Entre 1740 et 1744, il termine le second recueil du « Clavier
bien tempéré » (Préludes et Fugues) et en 1742 sa Messe en si mineur.
Le saviez-vous ?
Jean-Sébastien Bach a fait de la prison
30
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Alors que Bach est employé à Weimar, il se heurte de plus en plus fréquemment avec son employeur le duc Wilhelm
Ernst. Ayant trouvé un nouveau poste à Cöthen, il demande son congé. Le duc refuse et considérant que Bach a commis
un outrage, il le fait emprisonner pendant près d’un mois. Finalement, Bach pourra se rendre à Cöthen où son traitement
annuel sera supérieur à celui de Weimar. C’est à Cöthen qu’il composera ses plus grandes œuvres instrumentales et
qu’il perdra sa première femme. Parmi les œuvres de Cöthen citons les Concertos brandebourgeois, les Suites
anglaises, les Suites françaises, le premier livre du Clavier bien tempéré, les Concertos pour 1 et 2 violons, la Fantaisie
chromatique et fugue en ré mineur pour clavier… Après Cöthen, Bach se présente au poste de Cantor à l’église de
Saint-Thomas de Leipzig. Parmi les 7 postulants, c’est Georg Friedrich Telemann qui est choisi. Mais celui-ci s’était
présenté à ce poste pour faire pression sur les autorités de Hambourg afin qu’ils augmentent son salaire. La place est
donc libre et Bach eut le poste non sans mal (un autre candidat avait été préféré après Telemann…). Il passera à Leipzig
les 25 dernières années de sa vie.
Bach compose pour tous les genres musicaux, sauf pour l'opéra (il n'en écrivit aucun).
Il élargit le cadre strict de la Suite instrumentale qui n'a plus vraiment d'attaches avec l'art de la danse :
Ecoute 26: Jean-Sébastien Bach, Suite anglaise n°2 en la mineur, Bourrée. Composées entre 1717 et 1720 (?) à Köthen.
Elles portent le nom d'« anglaises » peut-être parce qu'elles ont été écrites pour un gentilhomme anglais ou parce qu'un ami de Bach
vivait à Londres.
Ecoute 27: Jean-Sébastien Bach, Suite pour violoncelle seul n°1, Allemande. Composée en 1720 à Köthen. La forme et
l'esprit sont proches des Suites anglaises pour le clavier. Cette Allemande fait suite au fameux Prélude écouté lors du chapitre 2.
Jean-Sébastien Bach compose quatre Suites pour orchestre (2 sont composées à Köthen, 2 à Leipzig). Elles
sont destinées aux ensembles dont Bach disposait : orchestre de 17 musiciens à Köthen ; 2 orchestres à
Leipzig.
Ecoute 28: Jean-Sébastien Bach, Suite pour orchestre n°2 en si mineur, Ouverture. Magnifique ouverture « à la française »
(Bach parlait couramment la langue française et connaissait l'art de Lully). Souvenez-vous de la forme que prend une ouverture dite
« à la française » : lent/vif/lent.
Ecoute 29: Jean-Sébastien Bach, Suite pour orchestre n°2 en si mineur, Polonaise. Cette polonaise est pourvue d'un
« double » : la mélodie, jouée aux violons et à la flûte à l'unisson dans la polonaise, est ensuite énoncée dans le double par la Basse
continue pendant que la flûte improvise une ligne ornementale. Le double commence à 1'12 environ. Au XVIIe siècle, le double
désigne le second couplet d'un air varié au moyen d'ornementations : le compositeur peut le noter ou laisse le choix à l'interprète de
31
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
l'improviser librement. Au XVIIIe siècle, le terme désigne souvent une ou plusieurs variantes (= un ou plusieurs doubles) d'une danse
dans une Suite instrumentale. Cette écoute fait clairement comprendre ce qu'est le double, c'est-à-dire une sorte d'improvisation, de
variation.
Ecoute 30: Jean-Sébastien Bach, Suite n°3 en Ré majeur pour orchestre : 2 hautbois, 3 trompettes, 2 timbales, les cordes,
le continuo. Nombre importants d'instruments. Cette suite est composée à Leipzig où Bach dispose de 2 orchestres : celui de la
Thomas Schule et un orchestre d'étudiants. Cette suite est traitée symphoniquement dans l'ensemble.
Dans ses Concertos brandebourgeois (merveilleux exemples de concertos grosso), Bach innove
profondément : à travers les écoutes, vous pouvez comprendre comment.
Ecoute 31: Jean-Sébastien Bach, Concerto brandebourgeois n°3, 2e mouvement. Ce mouvement contient seulement 2
accords (notés sur la partition). C'est une cadence simple sur laquelle les violons, altos, violoncelles (soutenus par la basse continue)
doivent improviser.
Ecoute 32: Jean-Sébastien Bach, Concerto brandebourgeois n°4, BWV 1049, 2e mouvement. Solistes = violon, 2 flûtes à
bec (concertino). Grosso = violons 1, violons 2, altos, violoncelle et basse continue (clavecin et violoncelle). Ce concerto grosso offre
au violon solo une place prépondérante (1er mouvement à environ 1’40, Adagio). Il y a là une ambiguïté entre un concerto grosso et
un concerto solo. On retrouve cette ambiguïté entre concerto grosso et concerto solo dans le concerto Brandebourgeois n°5.
Ecoute 33: Jean-Sébastien Bach, Concerto brandebourgeois n°5 en ré majeur, BWV 1050, 1er mouvement. A l'origine, ce
concerto est composé pour le lancement d'un nouveau clavecin réalisé par le facteur Michael Mietke (avant 1665-17126 ou 1729).
L'importante partie destinée au clavecin (longue cadence) semble mettre à l'épreuve l'instrument ! Les solistes du concertino sont le
clavecin, la flûte à bec, le violon. Le grosso est réalisé par les violons 1, les violons 2, les altos, le violoncelle et la basse continue.
Une grande cadence virtuose dans l'Allegro introductif donne la part belle au clavecin (véritable concerto de soliste !). La présence
continue du clavecin est à noter dans toute l'œuvre. Ce concerto est pour l'essentiel un concerto soliste pour clavecin.
Il a écrit
À son Altesse royale Monseigneur Chrétien Louis Marggraf de
Brandenbourg : « Comme j’eus il y a un couple d’années le
bonheur de me faire entendre à Votre Altesse Royale et que je
remarquai alors qu’elle prennoit quelque plaisir aux petits talents
que le ciel m’a donnés pour la musique, et qu’en prenant congé de
votre Altesse Royale elle voulut bien me faire l’honneur de me
commander de lui envoyer quelques pièces de ma composition, j’ai
donc selon ses très gracieux ordres, pris la liberté de rendre mes
très humbles devoirs à Votre Altesse Royale par les présents
Concerts que j’ai accommodés à plusieurs instruments ; la priant
très humblement de ne vouloir pas juger leur imperfection à la
rigueur du goût fin et délicat que tout le monde sçait qu’elle a pour
les pièces musicales mais de tirer plutôt en bénigne considération
le profond respect et la très humble obéissance que je tache à lui
témoigner par là ». Votre très humble et très obéissant serviteur
Jean Sébastien Bach.
Parmi les œuvres vocales de Jean-Sébastien Bach, citons la très belle Passion selon Saint Matthieu. Le
compositeur avait mobilisé toutes les forces musicales en présence à Leipzig : 2 chœurs, 2 orgues, 2
orchestres, 30 instrumentistes, près de 40 chanteurs.
Ecoute 34: Jean-Sébastien Bach, Passion selon Saint Matthieu, chœur initial. Ce chœur engage tout de suite les 2
orchestres et les 2 chœurs. Écoute de l’Aria en si mineur Erbarme dich (= pardonne-moi) pour violon seul, violon 1 et 2, continuo et
voix d’alto. La mélancolie et la tristesse sont suggérées par le texte même. Sur « Herz » (= cœur), « Auge » (= yeux) ou « Weint vor
32
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
dir bitterlich » (= larmes amères), Bach utilise la technique du figuralisme pour exprimer le sens profond de ces mots dans le récit de
la mort du Christ. L’orgue, les violoncelles/contrebasses forment la basse continue. Les cordes sont pincées et la ligne de basse est
régulière. Celle du chant est au contraire irrégulière et profite de cette assise rythmique du continuo pour décaler sa mélodie
rythmiquement. Écoute de l’Aria Buss und Reu pour haute contre et 2 flûtes traversières. L’air évoque les larmes figurées par une
ligne fluide de notes liées, le cœur qui se brise évoluant en notes discontinues.
Le saviez-vous ?
Johann Pachelbel (1653-1706), auteur du célèbre
canon fut le maître de Jean-Christophe Bach, frère
aîné de Jean-Sébastien Bach.
L’un est allemand (Haendel), l’autre anglais (Purcell). Tous deux furent au service de la couronne anglaise.
1616), la période du théâtre de cour. Les Anglais adorent les airs chantés dans les représentations théâtrales et qui
mélangeent volontiers tragique et comique dans une plus grande liberté qu’en France : utilisation de voix d’hommes
aigues (voix de fausset, voix de tête appelées countertenor) ; beaucoup d’ornements étaient utilisés ; dissonances
tolérées. Après 1625, deux souverains anglais se succèdent : Jacques Ier (roi de 1603-1625) et Charles Ier (roi de 1625
33
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
à 1649). Mais les soucis politiques de Charles Ier, la montée du puritanisme, le conduisent sur l’échafaud et une
république est instaurée. C’est le Commonwealth (= richesse des nations) instauré par Cromwell. Les théâtres ferment,
plus de danses, plus de théâtres, plus de cabarets, plus de courses de chevaux….à l’église on interdit les orgues et la
musique vocale. On fait fondre les tuyaux d’orgue pour les transformer en mesures à bière…Les musiciens sont chassés
de leur emploi. De 1642 à 1659, la dictature religieuse est austère. Les musiciens sont des artistes à la rue. Sous le
régime de Cromwell, la musique est absente pendant 15 ans.
En 1660, l’accession au trône d’un nouveau roi catholique, Charles II, a pour effet un regain d’activité artistique à
Londres. Ce monarque a vécu à la cour de France pendant son exil. Il veut recréer une ambiance Versaillaise. Il recrute
des instrumentistes à l’étranger et veut créer de véritables institutions musicales : Henry Purcell est recruté à ce
moment-là. La période qui s’ouvre apparaît dès lors comme une ère d’épanouissement pour la musique. En 1685,
règnera Jacques II le catholique puis en 1689 Guillaume III le calviniste, marié à la toute jeune reine Mary II Stuart,
fille de Jacques II qui est musicienne et pour laquelle Purcell écrira sa sublime Musique funèbre pour la reine Mary.
Grand maître anglais Henry Purcell est le musicien officiel de la monarchie anglaise. Il meurt à 36 ans,
emporté par la maladie. Il s’impose dans tous les domaines : musique instrumentale (clavecin, orgue, cordes,
instruments à vent : voir son Voluntaria pour trompette) ; musique vocale sacrée (une soixantaine d’Anthems
[pièces pour le service religieux], 25 hymnes, psaumes et canons) ; des Odes et des Welcome songs ; des
Cantates profanes... Son premier poste consistait à accorder divers instruments (instruments à vent,
épinettes…) et à s'occuper du parc instrumental de la cour. Il est également chargé des compositions pour les
violons de la chapelle royale. Devenu claveciniste de la chambre du roi, il est aussi organiste, chanteur… Il
officie sous Charles II, Jacques II, Guillaume III et sa jeune épouse Mary morte prématurément de la variole
(à 32 ans). Dans les années 1680, Purcell compose beaucoup et surtout pour le théâtre.
Ecoute 37: Purcell, Musique funèbre pour la reine Mary, extrait, Marche. Purcell nourrit son œuvre à grand renfort de
percussions (tambours). Il fut très affecté par la mort de Mary. Dans les années 1960, Wendy Carlos transforme électroniquement
cette musique pour la version utilisée dans la bande son du film Orange mécanique de Stanley Kubrick.
Purcell compose des « semi opéras ». Le terme « semi » est étrange pour désigner un opéra. Cela signifie que
tous les rôles ne sont pas chantés tout simplement parce que certains rôles principaux sont généralement
dévolus à des comédiens (donc non chanteurs). Le dialogue parlé alterne avec une succession d’airs, et autres
intermèdes instrumentaux dont la fonction est soit d’exalter l’action, soit de présenter des épisodes comiques
ou travestis et pouvant comme dans The Fairy queen (adaptation d’une pièce de Shakespeare), n’avoir rien
en commun avec l’action. Dans le « semi opéra » King Arthur (= le roi Arthur) de Purcell, par exemple, le
personnage du génie du froid, personnage fictif inventé par Purcell, est tenu par un chanteur, celui du roi
Arthur par un comédien.
34
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Nomi, grande figure des années 1980 (mort en 1983, lancé What Power art thou, who from below
par David Bowie). Par ailleurs, dans le film Molière (avec Hast made me rise, unwillingly, and slow.
Philippe Caubères dans le rôle titre) tourné par la réalisatrice From Beds of Everlasting snow !
et metteur en scène Ariane Mnouchkine, le personnage de See'st thou not how stiff, and wondrous old,
Molière meurt dans une splendide scène et au son de cette Far unfit to bear the bitter cold,
musique. I can scarely move, or draw my breath ;
Let me, let me, freeze again to Death.
Paroles :
Son seul opéra complet est le sublime Didon et Énée qu'il compose à la demande de Josias Priest, directeur
d’un pensionnat de jeunes filles nobles à Chelsea. Le cahier des charges précisait que l'œuvre devait être
courte et relativement simple (orchestre réduit aux cordes). Les rôles ne devaient pas être difficiles, de même
que les chœurs. Le livret est de Nahum Tate, poète irlandais. Purcell s’est inspiré de l’Énéide, épopée relatée
par le poète et écrivain latin Virgile (1er siècle avant Jésus-Christ).
L’Énéide
Trame de l’opéra de Purcell (d’après le Livre IV de l’Énéide) : le prince Énée, survivant de la guerre de
Troie, ville qu'il fuit avec son père et son fils, est missionné par les dieux pour reconstruire une ville ailleurs.
Il prend la mer et accoste sur les rives d’un pays inconnu, à Carthage (= en Tunisie) où il rencontre la reine
des lieux, Didon. Il s’éprend de Didon mais doit néanmoins la quitter pour mener à bien sa mission. Énée
doit en effet continuer sa route. Sa quête préfigure la fondation de Rome. La reine Didon, folle de désespoir,
se suicide..
35
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Paroles :
Ecoute 39: Purcell, Didon et Enée, extrait Thy hand Belinda ; darkness shades me,
When I am laid, Air final pour la mort Didon. La On thy bosom let me reste ;
tension est obtenue par la répétition immuable de la More I would but Death invades me ;
basse (basse obstinée). La ligne vocale du chant est Death is now a welcome guest
pleine de souffrance, le chromatisme évoque le "when I am laid in earth,
désespoir, le chant est soutenu par un orchestre dont la may my wrongs create,
descente lente illustre l’irréversibilité de la mort. Un no trouble, no trouble in thy breast.
chœur final (chœur des anges) suit cet air magnifique Remember me, remember me but ah ! forget my fate.
où Didon sombre dans la mort.
Traduction :
Ta main Belinda ! L'obscurité m'enveloppe
Laisse-moi m'appuyer contre ton sein Je voudrais en
dire davantage, mais la mort m'envahit. La mort est
désormais une invitée bienvenue. Lorsque je serai
couchée dans la terre que les torts que j'ai subis ne
viennent point troubler ton sein souviens-toi de moi,
mais, ah ! Oublie mon destin.
Né à Halle, Georg Friedrich Haendel quitte sa ville natale à 18 ans pour s’installer à Hambourg. Alors qu’il
n’a que 20 ans, ses premiers opéras y sont représentés. Adepte de l’art italien, il voyage en Italie entre 1706
et 1710 (Florence, Rome, Naples, Venise) et rencontre Arcangello Corelli, Domenico Scarlatti. De retour
en Allemagne, il est employé par la cour de la ville de Hanovre. Il a 25 ans lorsqu’il se rend en Angleterre
pour la représentation de son opéra Rinaldo. La reine Anne est enthousiaste et il sera réinvité. À la mort de la
reine, son cousin, le prince électeur de Hanovre devient Georges Ier d’Angleterre. Haendel suit tout
naturellement son employeur à Londres. En 1714, l’Angleterre est prospère et c’est dans un contexte
36
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
politique très favorable que l’ambitieux Haendel (Händel pour les anglais) s’installe dans la ville où il restera
15 ans et où il effectuera l'essentiel de sa carrière. Précepteur des enfants du roi Georges Ier, c'est un bourreau
de travail, une force de la nature au caractère très fort. Autoritaire, directeur de théâtre, on rapporte qu’il
mangeait des quantités de nourriture impressionnantes, qu’il buvait beaucoup. Il compose des opéras italiens
(et impose l'opéra italien en Angleterre), des oratorios (le célèbre Messie, 1741), de la musique instrumentale
(le Water Music - = musique d'eau - en 1717 pour une promenade du roi sur la Tamise ; des concertos ; des
sonates…). Il est enterré comme Henry Purcell à l'abbaye de Westminster.
Haendel et Farinelli
L’opéra Rinaldo (= Renaud) de Haendel (1711)
comporte le célèbre air Lascia ch’io pianga que
Farinelli interprète dans le film de Gérard Corbiau. Les
relations entre Farinelli et Haendel furent toujours
conflictuelles. Ils se croisèrent à plusieurs reprises (en
Italie, à Naples et à Venise, en Angleterre, à Londres
notamment, où Farinelli vécut 3 années).
Ecoute 35: Haendel, Oratorio Le Messie, extrait, Alleluia. Cette œuvre (composée en 3 semaines, dure 3h) comporte une
Ouverture à la française et raconte l'arrivée du Messie (= Jésus Christ) sur terre, son avènement, sa mort, sa résurrection. La version
initiale comporte des cordes, des trompettes, des timbales et le continuo. Par la suite, Haendel rajoute des hautbois, des bassons et des
cors. Comme dans l'opéra, les chœurs, les interludes instrumentaux, les solistes participent à ce spectacle sans mise en scène. Le
fameux chœur « Alleluia" » renoue avec la gaieté. Se déchaînent les trompettes, les timbales. La légende raconte que le roi Georges
II, impressionné par la beauté spectaculaire de ce chœur et malgré une forte attaque de goutte, se serait levé brusquement au beau
milieu de son exécution. Quand le roi se lève, tous se lèvent : c'est une tradition en Angleterre. Aujourd'hui, tradition oblige, tout le
monde se lève en écoutant l'Alleluia de Haendel ! On raconte que le Messie de Haendel est chanté en Angleterre sans interruption
depuis sa création….
37
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
La musique instrumentale s'émancipe avec l'apparition du clavecin, des grandes orgues, des
trombones, du hautbois, du basson, de la trompette baroque et surtout du violon qui trouve sa forme
définitive grâce aux luthiers de Crémone en particulier le meilleur d'entre eux Antonio Stradivari
(Stradivarius). Apparition du Concerto grosso (groupe d’instruments concertants rivalisant avec un
orchestre réduit ou un petit groupe d’instruments ; virtuosité limitée), du concerto pour soliste (un
seul soliste [marginalement plusieurs] et un orchestre ; virtuosité peut s’exprimer dans les 1er et 3e
mvts), de la Fugue (construction très mathématique superposant plusieurs voix, véritable contrepoint
joué par les 10 doigts d'un pianiste). La Suite instrumentale est très à la mode.
Développement de l'orchestre à cordes avec continuo = basse continue : clavecin ou orgue associé
ou non à un instrument grave : basse d'archet (violoncelle, viole de gambe, basse de viole), basson,
théorbe…
Les concerts publics se diffusent, les premiers théâtres sont construits à Venise et accueillent des
spectateurs friands d'opéra.
Parmi les nouvelles œuvres vocales : Oratorio (en Italie puis en France), Opéra (en Italie puis en
France), Cantate (en Allemagne, en France).
L'opéra est né à l'époque baroque. Il apparaît en Italie (le 1er grand véritable opéra est celui de
Claudio Monteverdi, Orfeo, 1607). La France est en retard. Elle s'intéresse beaucoup au ballet. Mais
en 1673, Jean-Baptiste Lully compose le premier opéra français qu'il appelle « Tragédie lyrique ».
Un opéra ou une tragédie lyrique est toujours précédé d'une Ouverture jouée par l'orchestre. Elle dure
peu de temps : entre 1 et 5' : vif-lent-vif chez les Italiens (ouverture à l'italienne) ; lent-vif-(lent) chez
les Français (ouverture à la française).
Connaître les principaux compositeurs : français (Lully, Rameau, Couperin), italiens (Monteverdi,
Vivaldi, Corelli), allemands tel Bach (savoir définir son style, connaître quelques œuvres), Haendel,
anglais tel Purcell.
Basse-continue ou continuo : caractérise le style baroque. Il s'agit d'une partie de basse chiffrée
confiée à un instrument polyphonique (le clavecin, l'orgue). L'exécutant « remplit » le milieu, réalise
les accords. Le clavecin ou l'orgue peut être accompagné d'une basse archet ou d'un instrument plus
grave. La basse continue peut également être effectuée par un instrument grave type théorbe.
Cantate : De l’Italien cantata (ce qui se chante). Pièce chantée, accompagnée par des instruments,
sans décors ni costumes, ni mise en scène destinée au concert et non au théâtre. D’origine profane, la
cantate peut être religieuse (voir Jean-Sébastien Bach).
Concerto grosso : concertino (petit groupe de solistes) dialogue avec le reste de l’orchestre.
L’ensemble des musiciens qui accompagne le soliste (donc l’orchestre) s’appelle le Ripieno (italien
ripieno = rempli, plein : groupe « plein » par opposition au groupe réduit du Concertino). Les 2
forment le tutti (l'ensemble).
Concerto pour soliste : un soliste dialogue avec un orchestre. Lorsque 2 solistes dialoguent dans un
véritable rôle soliste avec l’orchestre on parle de « double concerto ». Pour 3 solistes = « Triple
concerto ».
38
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Opéra : pièce de théâtre en musique composé de divers ingrédients : chœurs, orchestre, solistes
chanteurs, mise en scène, costumes, décors.
Oratorio : opéra sacré (drame lyrique) sur un sujet religieux, parfois mais rarement profane, qui
contient les mêmes éléments que la cantate avec un rôle plus important dévolu à l’orchestre.
Psaume : il en existe 150, ils sont consignés dans la Bible. De nombreux compositeurs les mettent en
musique. Les plus connus sont Dixit Dominus (le Seigneur dit), Nisi Dominus (Ainsi Seigneur).
Sonate : pièce instrumentale.
Suite : succession de danses précédées d'un prélude. Autres noms : Partitas (Bach), Ordres
(Couperin).
Les solutions sont proposées à la fin du test. L'évaluation des points pour chaque question vous
permettra de vous attribuer une note sur 20.
Question 3 (1 pt)
Classez chronologiquement ces 3 compositeurs : 1/ Josquin Desprez ; 2/ Jean-Sébastien Bach ; 3/
Claudio Monteverdi.
Question 4 (2 pts)
Citez 2 nouveaux genres instrumentaux apparus à l'époque baroque.
Question 5 (1 pt)
Qui a composé Orfeo en 1607 ?
Question 6 (1 pt)
Citez :
Un compositeur baroque français :
Un compositeur baroque italien :
Un compositeur baroque allemand :
Un compositeur baroque anglais :
Question 7 (1 pt)
Attribuez à ces époques son instrument préféré :
Luth Renaissance
Clavecin Moyen Age
Saxophone Baroque
Vièle XIXe siècle
Question 8 (1 pt)
Chassez l'intrus :
Beethoven Lulli Purcell Rameau
Question 9 (1 pt)
Vrai ou Faux :
- L'opéra est né au XVIIe siècle
39
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Question 10 (1 pt)
Reliez chaque terme de gauche à sa définition :
Question 11 (2 pts)
Qu'est-ce qu'un concerto grosso ? Quel autre type de concerto existe-t-il à l'époque baroque ?
Question 12 (1 pt)
Qui est le célèbre luthier vivant à Crémone en Italie ?
Question 13 (2 pts)
Citez 2 nouveaux genres vocaux apparus à l'époque baroque
Question 14 (1 pt)
Comment s'appelle la partie de basse confiée à un instrument polyphonique ?
Question 15 (2 pts)
Citez 4 œuvres de Jean-Sébastien Bach (dont une œuvre vocale) :
Question 16 (2 pts)
Comment s'appelle la partie de basse, généralement chiffrée, confiée à un instrument polyphonique ?
(1 pt) Quels instruments ont la possibilité d'effectuer cette basse ? (1 pt)
Solutions : 1/ 4,3,5,1,2 ; 2/ Le prélude permettait de se chauffer les doigts et d'accorder son instrument ; 3/ 1,3,2 ; 4/
Concerto, Fugue ; 5/ Claudio Monteverdi en 1607 ; 6/ Rameau, Couperin, Lulli pour les français, Monteverdi, Vivaldi,
Corelli pour les Italiens, Bach ou Haendel pour les Allemands, Purcell ou Haendel pour les anglais ; 7/ luth et Renaissance,
clavecin et Baroque, Vièle et Moyen Age, saxophone et XIXe siècle ; 8/ Beethoven ; 9/ Vrai, Faux ; 10/ 1c, 2d, 3a, 4b ; 11/ un
concerto pour plusieurs solistes, un orchestre. Chaque soliste n'a pas un rôle très virtuose contrairement à l'autre type de
concerto, le concerto pour soliste et orchestre ; 12/ Antonio Stradivari ; 13/ Opéra, Cantate, Oratorio ; 14/ La basse continue ;
15/ Concertos brandebourgeois, Clavier bien tempéré, Suites pour violoncelle, clavecin, Concertos pour clavecin, Toccata et
fugue en ré mineur pour orgue, Variations Goldberg, Passion selon Saint-Matthieu pour l'œuvre vocale.
Alexandre, Ivan A., Guide de la musique ancienne et baroque, dictionnaire à l’usage des discophiles,
Paris, Laffont, coll. « Bouquins », 1993.
Antony, James, R., La musique en France à l’époque baroque : de Beaujoyeulx à Rameau, Paris,
Flammarion, 1981.
Barbier, Patrick, La Venise de Vivaldi, Paris, Grasset.
Beaussant, Philippe, Vous avez dit baroque ?, Arles, Actes sud/Babel, 2/1994.
Beltrando-Patier, Marie-Claire (éd.), Histoire de la musique : la musique occidentale du Moyen Age à
nos jours, Paris, Bordas, 1982.
Benoît, Marcelle (sous la direction de), Dictionnaire de la musique en France aux XVIIe et XVIIIe
siècles, Paris, Fayard, 1992.
Bouissou, Sylvie, Vocabulaire de la musique baroque, Paris, Minerve, 1996.
Bukofzer Manfred, F., La musique baroque, Paris, Lattès, 1982.
Collection L’avant-scène Opéra : nombreux opéras baroque analysés (Haendel, Lully, Vivaldi…)
40
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Collection Découvertes Gallimard : de nombreux numéros sont consacrés à la musique baroque : les
temples de l'opéra (77) ; Bach (116)….
Collection Solfèges : équivalents des « Que sais-je », ces petits ouvrages abordent la vie et l'œuvre de
nombreux compositeurs. Cette collection des éditions du Seuil comporte une centaine de références.
Doussot, Joëlle Elmyre, Vocabulaire de l'ornementation baroque, Paris, Minerve, 2007.
Durosoir, Georgie, La musique vocale profane au XVIIe siècle, Paris, Klincksieck, 1994.
Fichet, Laurent, Le langage musical baroque : éléments et structures, Bourg la Reine, Zurfluh, 2000.
Freillon Poncein, Jean-Pierre, La véritable manière d’apprendre à jouer en perfection du haut-bois, de
la flûte et du flageolet avec les principes de la musique pour la voix et pour toutes sortes
d’instruments, Paris, Jacques Collombat, 1700.
Harnoncourt, Nikolaus, Le dialogue musical, Monteverdi, Bach et Mozart, Paris, Gallimard, 1985.
Legrand, Raphaëlle, Comprendre la musique baroque à travers ses formes, Arles, Harmonia Mundi,
1997, livre + 2 CD.
Lemaître, Edmond (sous la dir. de), Guide de la musique sacrée et chorale profane, l’âge baroque
1600-1750, Paris, Fayard, coll. « Les indispensables de la musique », 1992.
Mamy, Sylvie, La musique à Venise et l’imaginaire français des Lumières, Paris, BNF, 1996.
Mamy, Sylvie, Les castrats, Paris, Presses universitaires de France, coll. Que sais-je, 1998.
Moindrot, Isabelle, L’opéra seria ou le règne des castrats, Paris, Fayard, 1993.
Morrier, Denis, Chroniques musiciennes d’une Europe baroque, Paris, Fayard, 2006.
Morrier, Denis, Les trois visages de Monteverdi : madrigal, opéra, musique sacrée, Arles, Harmonia
Mundi, livre + 2 CD, 1998.
Palisca, Claude, La musique baroque, traduit de l’américain par D. Collins, Arles, Actes Sud, 1994.
Rameau, Jean-Philippe, Démonstration du principe de l’harmonie servant de base à tout l’art musical
théorique & pratique, Paris, Durand, Pissot, 1750. il a également écrit Code de musique pratique ou
Méthodes pour apprendre la musique, même à des aveugles, pour former la voix ; nouvelles réflexions
sur le principe sonore, Paris, Imprimerie royale, 1760.
Sadie, Julie Anne (sous la dir. de), La musique baroque, Paris, Fayard, coll. « Les indispensables de la
musique », 1995.
Stricker, Rémy, Musique du baroque, Paris, Presses universitaires de France, 1968.
Zwang, Philippe, Guide pratique des cantates de Bach, Paris, Laffont.
Sites internet
Films
Gérard Caillat, Documentaire Opéra baroque, Charpentier, Lully, Quinault, Rameau, avec la
participation d'interprètes tels que William Christie, Marc Minkowsky, Jean-Claude Malgoire,
1993, 52’ (on y voit des répétitions, quelques images sur les Indes galantes de Jean-Philippe
Rameau…).
Corbiau, Gérard, Farinelli, 1994, 111’ (avec Stefano Dionisi dans le rôle de Farinelli, Elsa
Zylberstein, Caroline Cellier). César du meilleur son et du meilleur décor, Golden Globe du
meilleur film étranger (USA). Pour reconstituer la voix d’un castrat, l’IRCAM a travaillé sur
l’association de 2 voix : celle d’une femme soprano colorature Ewa Malas-Godlewska et celle
d’un contre-ténor Derek Lee Ragin. La bande son du film est interprétée par l’ensemble « Les
Talens lyriques » dirigé par Christophe Rousset. Elle a été enregistrée à l’Arsenal de Metz en
juillet 1993.
41
Isabelle Handy Histoire de la musique - Itemm
Corbiau, Gérard, Le roi danse, 2000, 108’ (avec Benoît Magimel dans le rôle de Louis XIV).
Bande son interprétée par le « Musica Antiqua Köln » dirigé par Reinhard Goebel.
Guillermou, Jean-Louis, Vivaldi un prince à Venise, 2007, 95’ (avec Stefano Dionisi dans le
rôle de Vivaldi, Michel Serrault dans le rôle de l’évêque de Venise, Michel Galabru dans le
rôle du Pape Benoît XIII, Christian Vadim dans le rôle de Goldoni).
Mnouchkine, Ariane, Molière, 1978, 245' (avec Philippe Caubères dans le rôle de Molière). La
scène finale figurant la mort de Molière est accompagnée de la musique King Arthur de Henry
Purcell (air du génie du froid).
Planchon, Roger, Louis, enfant roi, 160', 1993. Enfance et adolescence du futur roi soleil
Louis XIV.
CHAPITRE 3 ............................................................................................................................. 1
L'époque baroque ....................................................................................................................... 1
Plan du chapitre .......................................................................................................................... 1
I. Généralités...................................................................................................................... 2
A. Le monde du spectacle à l’époque baroque ............................................................... 2
B. Quelques éléments esthétiques caractérisant la musique baroque ................................. 4
II. Les nouveautés musicales .............................................................................................. 6
A. Sur le plan instrumental : la basse continue et l’orchestre baroque ........................... 6
B. Antonio Stradivari, un luthier d'exception ................................................................. 8
C. Nouveaux genres musicaux........................................................................................ 9
III. La musique en Italie ................................................................................................. 12
A. Claudio Monteverdi (1567-1643)............................................................................. 12
B. Les castrats ............................................................................................................... 15
C. Antonio Vivaldi (1678-1741)................................................................................... 16
D. Domenico Scarlatti (1685-1757) .............................................................................. 19
E. Arcangello Corelli (1753-1713) ............................................................................... 19
IV. La musique en France .............................................................................................. 21
A. Jean-Baptiste Lully................................................................................................... 22
B. Jean-Philippe Rameau, François Couperin .............................................................. 25
1. Jean-Philippe Rameau (1683-1754) ..................................................................... 26
2. François Couperin (1668-1733) ........................................................................... 27
V. Jean-Sébastien Bach (1685-1750) en Allemagne......................................................... 29
VI. Georg Friedrich Haendel et Henry Purcell en Angleterre........................................ 33
A. Henry Purcell (1659-1695)....................................................................................... 33
B. Georg Friedrich Haendel (1685-1759) ......................................................................... 36
VII. Ce qu’il faut retenir .................................................................................................. 38
VIII. Lexique du chapitre .................................................................................................. 38
IX. Quizz et QCM, testez vos connaissances ................................................................. 39
X. Bibliographie, Sites internet, Films.............................................................................. 40
42