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Dr E. NTAKIRUTIMANA
D.E.S – NEUROLOGIE MEDICALE
CHU Kamenge, 26 Août 2021
PLAN
I. INTRODUCTION
II. EPIDEMIOLOGIE
IV. CONCLUSION
I. INTRODUCTION
L’encéphalite = inflammation du parenchyme cérébral se traduisant par des
manifestations neurologiques : crises d’épilepsie, confusion mentale et troubles de la
vigilance.
La méningo-encéphalite = situation où à ces signes s’associent des signes méningés
(céphalées, photophobie ou raideur de la nuque).
Les causes sont soit infectieuses, soit non infectieuses médiées par des auto-Ac (Mdies
de système, vascularites).
L’inflammation directement liée à l’agent pathogène, ou réactionnelle à celui-ci n’est
que rarement démontrée histologiquement, suite aux risques de la biopsie cérébrale.
Ce sont donc des critères cliniques, biologiques, EEG et neuromorphologiques qui
permettent le diagnostic.
L'hospitalisation (souvent en USI) et des soins de soutien agressifs sont la règle chez les
patients atteints d'encéphalite virale.
II. EPIDÉMIOLOGIE
Les encéphalites sont des maladies rares,
avec une incidence annuelle mondiale
estimée entre 3,5 et 7,4 pour 100000
habitants.
En France, dans une étude multicentrique
menée en 2007, l’âge moyen des patients
était de 50 ans et le sex-ratio homme/femme
de 1,6.
Si les encéphalites ont de nombreuses
causes, infectieuses ou dysimmunitaires, la
moitié des cas reste d’origine indéterminée. Epidémiologie encéphalites en France en 2018
CEN, 2019
III. ASPECTS DIAGNOSTIQUES
III.1. Concepts généraux
L’IRM, plus performante que le scanner,
montre :
• Des hyper intensités sur les séquences pondérées
en T2 ou FLAIR et l’absorption du produit de
contraste dans la région des lobes temporaux ou
de l’insula sont typiques de l’encéphalite
herpétique.
• Des anomalies localisées au niveau du lobe
temporal médian en cas d’encéphalite limbique.
• Des anomalies au niveau des ganglions de la base
ou des cornes antérieures de la moelle épinière en
cas de MET. Figure 3 Plage en hypersignal Flair temporale interne droite
étendue au ruban insulaire droit et aux lobes frontaux avec une
Q J Med 2015
III. ASPECTS DIAGNOSTIQUES
III.5. Encéphalite post-rougeoleuse
3) L’encéphalite à inclusions :
Au départ, l'analyse du LCR semble normale, bien que l'on puisse observer une
légère pléiocytose et une hyperprotéinorrachie.
Les taux d'anticorps spécifiques de la rougeole augmentent au fur et à mesure que la
maladie.
L'ARN viral de la rougeole peut être définitivement détecté dans les cellules
cérébrales à la suite d'une biopsie.
Le traitement est un ttt de soutien, bien que la ribavirine puisse peut être utile mais la
mortalité est de 75 %.
Q J Med 2015
III. ASPECTS DIAGNOSTIQUES
III.5. Encéphalite post-rougeoleuse
4) La panencéphalite subaiguë sclérosante (PESS) :
Forme la plus grave et la plus redoutable qui touche 1/25 000 infections de la
rougeole, avec une l'incidence plus élevée si infection à l’âge plus jeune (RR= 1/5500
si âge <1an).
Mécanismes : défaut d'élimination complète du virus après l'infection aiguë suivi des
mutations d’où persistance et aggravation de l'infection.
Les symptômes surviennent 6 à 15 ans après : troubles de comportement et déclin
cognitif et en quelques semaines ou mois un dysfonctionnement moteur apparaît.
Des crises d'épilepsie de nature myoclonique complètent le tableau, et 50 % des
patients présentent des troubles oculaires tels qu'une rétinite nécrosante.
Les patients tombent dans le coma et la mort suit dans un délai de 3 ans.
III. ASPECTS DIAGNOSTIQUES
III.5. Encéphalite post-rougeoleuse
4) La panencéphalite subaiguë sclérosante (PESS) :
Le Dc est confirmé par la présence de titres très élevés d’Ac antirougeoleux dans le LCR.
Des anomalies EEG bilatéralement synchrones avec des ondes aiguës d'une durée de 2 à 3
secondes, se produisant toutes les 2 à 20 s sont visualisés pendant le sommeil.
L’IRM retrouve des lésions d'abord dans la matière grise qui sont ensuite remplacées par des
lésions dans la substance blanche périventriculaire et progressent pour enfin affecter les
Noyaux gris centraux et le tronc cérébral.
Le traitement est symptomatique et de soutien, bien qu’une gamme de régimes antiviraux a
été tentée.
Un patient traité avec de l'interféron α intraventriculaire , de l'inosiplex et de la ribavirine à
haute dose s'est amélioré pendant 10 mois avant de se détériorer soudainement et de mourir.
III. ASPECTS DIAGNOSTIQUES
III.6. Encéphalite japonaise
Le virus de l’encéphalite japonaise est la cause la plus importante d’encéphalite virale
en Asie dont le 1er cas ayant été documenté en 1871 au Japon.
Flavivirus du même genre que les virus de la dengue, la fièvre jaune et du Nil
occidental, transmis par les moustiques (arthropodes).
L’incidence annuelle varie de 1 à >10 cas / 100 000 habitants pouvant être plus
élevée en cas d’épidémie.
On estime à 68 000 le nombre de cas cliniques d’encéphalite japonaise chaque
année dans le monde et 13 600 à 20 400 décès par an.
L’EJ touche principalement les enfants, la plupart des adultes des pays d’endémie
étant naturellement immunisés.
III. ASPECTS DIAGNOSTIQUES
III.6. Encéphalite japonaise
La plupart des infections par le virus de l’EJ sont bénignes (avec de la fièvre et des
céphalées) ou sans symptômes apparents.
Dans environ 1/250, elles entraînent une maladie grave avec une forte fièvre, des
céphalées, une raideur de la nuque, une désorientation, le coma, des convulsions,
une paralysie spastique et la mort, le taux de létalité pouvant atteindre 30% des cas
symptomatiques.
Parmi ceux qui survivent, de 20 à 30% gardent des problèmes intellectuels,
comportementaux ou neurologiques permanents, comme une paralysie, des
convulsions récurrentes ou des troubles phasiques.
III. ASPECTS DIAGNOSTIQUES
III.6. Encéphalite japonaise
Il n’existe pas de traitement curatif.
La prise en charge s’attache à soulager les signes cliniques graves et à apporter un
soutien aux patients pour les aider à surmonter l’infection.
Il existe en revanche des vaccins sûrs et efficaces pour la prévention.
L’OMS recommande d’intégrer le vaccin contre l’encéphalite japonaise aux
calendriers de vaccination nationaux dans toutes les régions où cette maladie est
reconnue comme un problème de santé publique.
III. ASPECTS DIAGNOSTIQUES
III.6. Encéphalite japonaise
Vaccination par Ixiaro
Adultes :
• Deux injections de 0,5 ml à J0 et J28.
• Rappel 12-24 mois après la primo-vaccination
• 2ème dose de rappel10 ans après la 1ère dose de rappel.
Enfants et adolescents âgés de 3 à 18 ans :
• 2 injections de 0,5 ml à J0 et J28.
• Rappel (3è dose) 12 à 24 mois après la primo-vaccination.
Enfants âgés de 2 mois à 3 ans :
• 2 injections de 0,25 ml (1/2 dose) à J0 et J28.
• Dose de rappel de 0,25 ml (1/2 dose).
• Aucune donnée de séroprotection à long terme au delà de 2 ans après l’administration du 1er
rappel, 1 an après la primo-vaccination n’a été générée chez les enfants.
III. ASPECTS DIAGNOSTIQUES
III.7. Encéphalites(méningo-encéphalite) tuberculeuse
• La tuberculose neuroméningée peut survenir lors de la dissémination faisant suite à
une primo-infection tuberculeuse ou à distance de celle-ci à partir d'une autre
localisation.
• Diagnostic difficile, souvent retardé.
• Doit être évoqué notamment si :
– sujet originaire d'une zone d'endémie ;
– absence de vaccination par le BCG ;
– immunodépression ;
– notion de contage ;
– tuberculose-maladie autre associée (pulmonaire ou extrapulmonaire…).
III. ASPECTS DIAGNOSTIQUES
III.7. Encéphalites(méningo-encéphalite) tuberculeuse
Début progressif sur +rs jours ou semaines associant fièvre modérée, sueurs, AEG,
céphalées progressives, troubles psychiques (irritabilité, insomnie, troubles
cognitifs) ;
Signes méningés souvent au second plan ;
Méningite basilaire (atteinte méningée de la base) souvent rencontrée et associant
:
• atteinte des nerfs crâniens : paralysie oculomotrice, paralysie faciale ;
• troubles neurovégétatifs : anomalies du rythme respiratoire, irrégularité du pouls et
de la pression artérielle ;
• troubles de la vigilance ;
Signes de focalisation par atteinte d'autres structures du SNC : arachnoïdite,
épidurite, infarctus localisé, hydrocéphalie.
III. ASPECTS DIAGNOSTIQUES
III.7. Encéphalites(méningo-encéphalite) tuberculeuse
LCS : typiquement clair (parfois trouble) avec pléiocytose à prédominance
lymphocytaire, hyperprotéinorachie dépassant souvent 1 g/l, hypoglycorachie
constante sauf au début de l'évolution.
Diagnostic posé sur la positivité de la culture du LCS sur milieu solide de
Löwenstein ou sur milieu liquide (plus rapide) ou par PCR (Gene Xpert).
L'imagerie cérébrale peut montrer une prise de contraste méningée à la base du
cerveau, des tuberculomes ou des infarctus cérébraux témoignant d'une angéite
cérébrale.
Le traitement fait appel à l’association RHZE pendant 9-12mois et une
corticothérapie de 2-3 semaines.
III. ASPECTS DIAGNOSTIQUES
III.8. Encéphalite post-MNI
L’encéphalopathie sévère post-mononucléose infectieuse à EBV est une cause
classique d’encéphalite post-infectieuse.
L’EBV est un virus qui infecte les lymphocytes B de manière latente chez 90% de la
population. Il n’est pas neurotropique en tant que tel, mais vu qu’il infecte de
manière latente les lymphocytes B et que ces derniers peuvent se rendre dans le
système nerveux central, EBV occasionne parfois des troubles neurologiques, dont
des encéphalites.
Les mécanisme de ces encéphalites sont : infection cytolytique classique ou
dommages collatéraux dus à une réaction inflammatoire de l’hôte trop importante.
• Ainsi, si un virus n’est pas détecté dans le LCR d’un patient avec encéphalite, cela
n’exclut pas que ce virus soit responsable, par un mécanisme indirect, de troubles
neurologiques.
III. ASPECTS DIAGNOSTIQUES
III.9. Encéphalite émergentes : cas de l’encéphalite à tiques
Due à un Flavivirus, lui-même transmis à l’homme par une tique Ixodes spp.
En Europe, Russie non comprise, 3000 patients par an sont hospitalisés à cause de
la TBE. En Suisse, 259 cas ont été recensés en 2006, contre 26 en 1990.
La maladie se déroule en deux phases :
• d’abord un syndrome grippal,
• puis les troubles neurologiques sous forme de méningite, méningo-encéphalite
parfois accompagnée d’une myélite, voire d’une myéloradiculite.
Seule la moitié des patients infectés présente des symptômes neurologiques.
III. ASPECTS DIAGNOSTIQUES
III.9. Encéphalite émergentes : cas de l’encéphalite à tiques
La maladie est mortelle chez 1% des patients mais est compliquée, chez un tiers,
par des séquelles à long terme, principalement sous forme de troubles cognitifs.
Le diagnostic est essentiellement réalisé par une sérologie sanguine.
Il n’existe pas de traitement spécifique, en revanche, un vaccin efficace est
disponible.
Il est actuellement recommandé pour toutes les personnes, dès l’âge de six ans, qui
habitent ou séjournent temporairement dans des régions comportant des foyers
naturels.
EN CONCLUSION
La recherche étiologique des encéphalites infectieuses est souvent frustrante
puisque le germe responsable n’est retrouvé que dans ~ 30% des cas.
Elle doit être dirigée en fonction du contexte clinique (immunité de l’hôte,
contacts animaux, voyages, etc.) et il est rare que le diagnostic étiologique soit
évident dès l’admission.
Un liquide céphalo-rachidien (LCR) normale n’écarte pas une encéphalite.
Devant un tableau d’encéphalite, et dans certains cas avant même d’effectuer la
ponction lombaire, il convient d’administrer l’Aciclovir IV, l’encéphalite
herpétique, de loin la plus fréquente, pouvant voir son pronostic
spectaculairement amélioré si elle est traitée précocement.
Les séquelles sont également fréquentes, en particulier les déficits moteurs ou
neurocognitifs.
REFERENCES
1. Collège des enseignants de Neurologie (CEN). Méningites et Méningo-
encéphalites. 2019
2. Toledano M, Davies NWS. Acute neurological infections. Pract Neurol
2019;19:225–237.
3. Baldwin K. J., Cummings C. L. Neuroinfectious diseases. Continuum
(Minneap Minn) 2018;24:1264–1283.
4. Fisher D.L., Defres S. and Solomon T. Measles-induced encephalitis. Q J
Med 2015; 108:177–182.
5. Khalfalli A., Hmida B., Harres H. et al. Encéphalite virale dans toutes ses
formes : comment s’en sortir ? Journal of Neuroradiology 44 (2017) 79–87.
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