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Initiation à la science économique

Cycle des ingénieurs


Enseignant : Mohammed BENAYAD

Année universitaire : 2012-2013


Table des matières

Abstract ................................................................................................................................ 4
Introduction......................................................................................................................... 6
1. Les lois fondamentales du marché ................................................................................. 8
1.1. Les lois régissant la demande et leurs implications .................................... 8
1.2. Les lois régissant l’offre et leurs implications ........................................... 15
1.3. L’équilibre du marché et la loi de l’offre et de la demande ............................ 19
Exercices du chapitre 1 .................................................................................. 32
Solutions des exercices du chapitre 1 ............................................................. 38

3
Abstract
Ce support pédagogique est le fruit de quatre années d’enseignement de la
microéconomie aux étudiants de l’Ecole Supérieure des Industries du Textile
et de l’Habillement (Esith). Il présente les principales lois régissant le marché
avant de s’intéresser à la spécification du comportement du producteur
respectivement dans les contextes de concurrence pure et parfaite, de
monopole et de concurrence monopolistique. Le manuel est clôturé par un
chapitre réservé à l’analyse du comportement du consommateur et son
programme d’optimisation.
L’élaboration du support s’est inspirée de l’ouvrage de Hal R. Varian
«Introduction à la microéconomie»1. Des explications ou des détails ont été
puisés dans diverses autres sources. Des exercices pratiques sont suggérés à
la fin de chaque section et chaque fois que c’est opportun, des exemples se
référant à la réalité économique marocaine ont été cités à titre d’illustration.

1Hal R. Varian « Introduction à la microéconomie », traduction de la 6ème édition américaine


par Bernard Thiry, édition Nouveaux Horizons, 2005.

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Introduction
L'analyse microéconomique est fondée sur une vision bien particulière de l'activité
économique. Elle fait référence notamment à l’individu méthodique, à la rationalité des
agents économiques et à l’équilibre. Comme toute théorie économique, on attend de la
microéconomie une meilleure compréhension de l'activité économique et de ses résultats.
Cette compréhension permet d’assurer deux objectifs :
- aider l'agent économique à tirer un meilleur parti de l'activité économique (c’est la
fonction positive de la théorie) ;
- disposer d’un référentiel à même de permettre la conception des politiques
économiques et d'évaluer leur efficacité et leur impact sur les agents économiques et
sur le bien-être de la collectivité (C’est la fonction normative de la théorie).
Convient-il de préciser, à cet égard, qu’une théorie, quel que soit son champ d’application,
permet, une meilleure compréhension de la réalité quand elle est empiriquement testable
et testée soit dans le monde réel (cas des sciences humaines), soit dans un laboratoire (cas
des sciences exacts).
Comme la majorité des sciences humaines le « laboratoire » des théories économiques n’est
rien d’autre que le comportement quotidien des agents économiques. C’est à travers
l’observation de ces comportements qu’on peut approcher la pertinence des théories et
leur capacité d’expliquer et de prédire les faits économiques.
Comparativement aux sciences exacts (physique, chimie, etc.), le « laboratoire » des
sciences économiques demeure particulier. En effet, on ne peut pas ériger une société en
laboratoire fermé remplissant toutes les conditions et les hypothèses qui fondent les
théories scientifiques et leur permettent de démontrer avec une exactitude chiffrée les
énoncées et relations développées par les théories.
Pourquoi développer donc les théories économiques s’il est quasiment impossible de
les tester selon les normes des sciences exactes ? Parce que la combinaison de ces
théories avec une certaine connaissance du terrain et l'intuition peuvent quand
même conduire à une meilleure compréhension du monde réel. La connaissance du
terrain permet de vérifier si le modèle théorique est pertinent et si ses hypothèses
sont acceptables compte tenu du comportement observé des agents. Si les théories
sont ainsi vérifiées, elles permettent de simplifier les problèmes et d'organiser les
idées dans un cadre logique.
Une tâche importante de l’analyse microéconomique est de prédire le comportement
d’un agent type généralement un consommateur ou un producteur. Mais elle
s’intéresse, également, à ce que pourrait être le résultat du comportement simultané
des agents individuels dans un même contexte institutionnel. L’outil théorique
privilégié, à cet égard, est l’analyse en termes d’équilibre.
De manière générale, un équilibre est une situation dans laquelle chaque agent
individuel atteint son objectif particulier étant données les actions des autres acteurs
et la nature du marché dans lequel il opère. Exprimé autrement, un équilibre est
une situation dans laquelle un agent individuel ayant atteint son optimum, n’aura
aucun intérêt particulier à modifier son comportement.

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Ce genre d’équilibre est particulièrement vérifié dans le contexte du marché
concurrentiel. Dans ce type de marché, les producteurs et les consommateurs sont
exposés à un même système de prix des biens sur lesquels ils n’ont aucune prise.
En prenant ce système comme donné, chaque producteur choisit, dans son ensemble
de production, l’activité productive qui lui est la plus profitable. De même, chaque
consommateur, doté d’une richesse résultant de ses revenus (salaires ou revenus du
capital investi, etc.), choisit le panier des biens qui lui procure le plus de satisfaction.
Cette description abstraite du comportement des consommateurs et des producteurs
dans un environnement concurrentiel est souvent critiquée comme étant “irréaliste”.
L’irréalisme de cette description concerne surtout le comportement des producteurs.
En effet, en première approximation, l’hypothèse que le consommateur individuel
n’ait pas de prise sur le prix des biens qu’il achète apparaît raisonnable. Par contre,
il est à priori peu satisfaisant de supposer qu’une firme comme Peugeot ou Toyota
décide du nombre de voitures qu’elle mettra sur le marché en prenant le prix de vente
de ces voitures comme une donnée indépendante de son contrôle.
Ces nuances ont constitué le fil conducteur de l’élaboration de ce manuel. Dans un
premier temps, le manuel précise les lois fondamentales régissant la demande, l’offre
et l’équilibre du marché avant de s’intéresser plus particulièrement à la théorie de
l’offre dans le cadre d’un marché concurrentiel. Le référentiel du marché concurrentiel
est nuancé dans les troisième et quatrième chapitre qui traitent respectivement de
l’offre dans les marchés de monopole et de concurrence monopolistique.
Le dernier chapitre est consacré à la présentation de la théorie du consommateur
dans l’objectif d’approfondir les notions portant sur la théorie de la demande
présentée dans le premier chapitre.
Il est à relever que le présent manuel est orienté plutôt vers l’explication du
comportement de l’offre. Cette orientation est retenue sciemment du fait que ce cours
a été élaboré au profit d’ingénieurs qui auront comme principale préoccupation la
gestion de l’offre des entreprises.
Il serait opportun de rappeler que le principal objectif de ce cours est de contribuer au
développement de la connaissance du fonctionnement des entreprises et des marchés.
Au terme du cours, l'étudiant devrait être capable de comprendre et de pouvoir utiliser
quelques outils de base de l’analyse du comportement des marchés et des agents qui les
animent dont notamment les consommateurs et les producteurs.

7
1. Les lois fondamentales du marché
Quels sont les agents économiques qui animent les marchés des biens et services ?
Existe-t-il des lois qui régissent ces marchés ? Quelles sont leurs caractéristiques
fondamentales et leurs principaux déterminants ? Convergent-ils vers un équilibre
ou faut-il qu’il y ait des interventions des gouvernements pour les réguler à travers
l’élaboration et la mise en œuvre des politiques économiques ? Quelles sont les
incidences de ces politiques sur l’équilibre du marché et sur ses opérateurs ?
Ce premier chapitre, présentera des éléments de réponse à ces questions tels que
élaborés au fil des années par les fondateurs de la pensée économique et par les
économistes en général. On analysera les lois fondamentales de l’économie du marché
en présentant, dans une première section, les lois régissant la demande. La deuxième
section examinera les lois régissant l’offre et leurs implications. La dernière section
analysera la notion d’équilibre du marché sous différentes facettes.
1.1. Les lois régissant la demande et leurs implications
Comme mentionnée ci-dessus, cette section sera consacrée à la présentation des lois
fondamentales régissant la demande et leurs implications. On procèdera, dans un
premier temps, à la présentation des facteurs déterminant la quantité demandée et
à la spécification de la courbe de demande avant de présenter les autres facteurs qui
l’influencent. Le dernier paragraphe sera consacré à la présentation du concept du
surplus du consommateur comme outil permettant de mesurer l’impact des
variations de la demande sur le bien-être du consommateur.
1.1.1. Les lois fondamentales de la demande
La quantité demandée d’un bien ou d’un service x (𝑸𝒅𝒙 ) est la quantité de ce bien ou
service que le consommateur souhaite acheter et, est capable de la payer. Plusieurs
facteurs peuvent contribuer à la détermination de la quantité demandée d’un bien ou
d’un service. Il s’agit, entre autres, du prix du bien ou service, du revenu de l’acheteur,
de l’existence de biens ou services substituables ou complémentaires sur le marché, de
la nature du bien ou service concerné (normal, inférieur ou de luxe) des préférences, des
anticipations, du nombre d’acheteurs, etc.
Parmi ces facteurs, le prix figure comme l’une des P

variables les plus déterminantes de la quantité Graphique 1.1. Courbe de demande

demandée. En effet, si l’on considère toutes les


autres variables influençant la quantité demandée 40

comme fixes, on peut conclure que cette quantité


est une fonction décroissante du prix (𝑷𝒙 ) du fait
30

qu’elle tend, en général, à baisser quand le prix 20

augmente et à augmenter quand le prix diminue. 10

Cette relation générale présente, cependant, des


exceptions. En effet, pour certains biens et
services de luxe (les œuvres d'art, le recrutement 0
0 2 4 6 8 Quantité
demandée

des grands chefs d'entreprises, les biens de


snobisme, etc.), ou de première nécessité, lorsque les prix augmentent, la demande
augmente. Dans le cas des biens de luxe on parle de l’effet Veblen, de snobisme ou
d'ostentation. Dans le cas des biens de première nécessité on parle d’effet Gigffen.
La hausse des prix de ces biens provoque un effet revenu important qui oblige les
couches défavorisées à consacrer plus de revenu à la satisfaction de leurs besoins en
biens inférieurs au détriment de biens normaux ou supérieurs. Il va de soi que les
courbes de demande de ces deux types de bien sont croissantes.

8
Le graphique 1.1 illustre la loi générale de la demande stipulant que, toutes choses
étant égales par ailleurs, la quantité demandée est une fonctionne décroissante du
prix. C.à.d. le prix et la quantité demandée varient dans le sens inverse : quand le
prix augmente la quantité demandée diminue et inversement quand le prix diminue
la quantité demandée augmente.
Ainsi, sur la courbe de demande du
Question 1 à méditer
graphique 1.1, en supposant que les autres
Pourquoi on représente le prix dans
facteurs influençant la demande sont
l’axe vertical et la quantité demandée
constants, on peut lire que quand le prix est
dans l’axe horizontal lorsqu’on trace
égal à 40, la quantité demandée est de 2
une courbe de demande ?
unités. Si le prix baisse à 20, la quantité
demandée augmente à 6. Le sens inverse de variation permet de conclure que si le
prix augmente de 20 à 40 la demande baissera à 2. La variation du prix conduit,
ainsi, à un mouvement le long de la courbe de demande. Ceci nous amène à se
poser la question suivante : les autres facteurs influençant la quantité demandée
permettent-ils d’opérer le même déplacement ?
Examinons dans un premier temps l’effet d’un changement du revenu (𝑹) de
l’acheteur sur la quantité demandée. Supposons que l’acheteur a subi une baisse de
son revenu. Il aura moins de revenu à dépenser pour certains biens et fort
probablement pour la plupart des biens. Quand la demande d’un bien diminue suite
à une baisse de revenu, ce bien est qualifié de bien normal.
Le graphique 2.2 illustre l’effet de la variation du Prix

revenu sur la demande d’un bien normal. Si le Graphique 1.2. Effet du revenu sur la
revenu baisse, la quantité demandée, pour le demande

même prix, baisse de Q1 à Q2. On assiste à une


translation à gauche de la courbe de demande.
Inversement, si le revenu s’améliore, la courbe de
demande se déplace à droite et la quantité P

demandée passe de Q1 à Q3. Ainsi, on peut conclure


que la quantité demandée d’un bien normal D3
est fonction positive du revenu. Cette relation
générale présente, cependant, certaines exceptions. D1

D2

En effet, tous les biens ne sont pas normaux. 0 Q2 Q1 Q3 Quantité

Quand la demande d’un bien augmente suite à demandée

une baisse du revenu, ce bien est qualifié de bien inférieur (bien Giffen). Le service de
transport en commun est un exemple de ce type de biens. En effet, lorsque le revenu d’un
consommateur moyen diminue, il préfère délaisser sa voiture au profit du transport en
commun. Inversement, si son revenu augmente, il utilise moins le service de transport en
commun. Ainsi, la quantité demandée d’un bien inférieur est fonction négative du
revenu : quand le revenu augmente elle baisse et s’il diminue elle augmente. Les deux
variables varient dans des sens inverses.
La quantité demandée subit, également l’effet
des prix des autres biens (𝑷𝒊 ) sur le marché. Question 2 à méditer
Quand la baisse (la hausse) du prix d’un bien Comment se déplacerait la courbe de
conduit à la baisse (la hausse) de la quantité demande du graphique 1.2 si l’on fait
demandée d’un autre bien, ces deux biens face à un bien inférieur ?
sont qualifiés de biens substituables.
C’est le cas de la viande du bœuf et du poulet, du cinéma et des DVD, des vestes et
blousons, des slips et des calçons, etc. Dans ce contexte, la quantité demandée
est fonction positive des prix des biens substituables. Ceci implique que les deux
variables varient dans le même sens.

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D’un autre côté, quand la baisse (la hausse)
du prix d’un bien conduit à l’augmentation Question 3 à méditer
(la baisse) de la quantité demandée d’un Comment se déplacerait la courbe de
autre, les deux biens sont qualifiés de biens demande du graphique 1.2 si l’on fait
complémentaires. C’est le cas de l’essence face à des biens substituables ou
et la voiture, le pain et la levure, les complémentaires ?
chaussettes et les chaussures, etc. On peut
conclure que la quantité demandée est fonction négative des prix des biens
complémentaires. Les deux variables varient dans des sens opposés.
Les goûts et les préférences (F) figurent parmi les déterminants les plus importants
de la demande. Si l’on aime un bien ou un service on est plus disposé à en
consommer plus que les autres et à y consacrer une partie plus importante du
revenu. Ainsi, la quantité demandée est fonction positive des préférences. Plus on
préfère un bien plus on en consomme.
Il convient de mentionner, à cet égard, que les économistes s’intéressent plutôt à
l’explication de l’effet des préférences sur le demande qu’à l’explication des
préférences elles-mêmes. En effet, cette explication relève plutôt de domaine du
marketing et s’explique par des considérations historiques et psychologiques qui vont
au-delà du champ de l’économie.
Les anticipations du futur (A) exercent, également, un effet sur la quantité demandée
aujourd’hui. Ainsi, si l’on s’attend à une augmentation du revenu dans le futur on
peut être enclin à dépenser une partie de l’épargne actuelle ou s’offrir un crédit
aujourd’hui en vue d’augmenter la consommation présente. De même, si l’on s’attend
à une augmentation de l’inflation (hausse des prix) dans le futur, on préférerait
consommer plus aujourd’hui.
Cependant, l’effet des anticipations sur la quantité demandée dépend de la nature des
anticipations et des variables anticipées et il serait difficile de déduire une règle générale
liant les anticipations à la quantité demandée. Mais on peut conclure que les
anticipations conduisent à une translation de la courbe de demande. Le sens de
cette translation dépend de la nature des anticipations et des variables anticipées.
Enfin, le nombre d’acheteurs ((𝑵𝒂 )) exerce un effet positif sur la quantité demandée.
Plus le nombre d’acheteurs augmente plus la quantité demandée augmente. Cet
effet, découle du fait que la demande du marché est une agrégation des demandes
individuelles. Elle dépend de tous les facteurs, examinés ci-dessus, qui déterminent
la demande individuelle comme résumé dans la fonction suivante :

𝑸𝒅𝒙 = 𝒇(𝑷𝒙 , 𝑹, 𝑷𝒊 , 𝑭, 𝑨, 𝑵𝒂 )
Le tableau ci-dessous récapitule la nature des effets de ces facteurs sur la quantité
demandée et sur le déplacement de la courbe de demande. Il ressort de ce tableau
que mis à part le prix dont les variations induisent un déplacement le long de la
courbe de demande, les variations des autres variables déterminant la demande
provoquent une translation de la courbe de demande. Le sens de cette translation
dépend de la nature positive ou négative de l’effet de la variable concernée.
Il convient de relever, enfin, que le tableau ne fait ressortir que la nature (positive ou
négative) de la relation de la quantité demandée aux variables qui la déterminent
sans en mesurer l’ampleur. Comment peut-on donc quantifier ces effets ? C’est
l’objet de la prochaine section.

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Tableau 1.1. Tableau synthétique des effets des variables
déterminant la quantité demandée
Nature de l’effet sur la Mouvement de la courbe
Variables
quantité demandée de demande
− Prix :
o Prix d’un bien Négatif Le long de la courbe
o Prix d’un bien de luxe Positif Le long de la courbe
− Revenu :
o Bien normal Positif Translation
o Bien inférieur Négatif Translation
− Prix des autres biens :
o Biens substituables Positif Translation
o Biens complémentaires Négatif Translation
− Préférences Positif Translation
− Anticipations Positif/Négatif Translation
− Nombre d’acheteurs Positif Translation

1.1.2. L’élasticité de la demande


L’élasticité mesure le rapport des variations de deux variables liées par une relation de
cause à effet. Plus précisément, elle meure la réaction d’une variable endogène
expliquée (la quantité demandée) suite à une variation de l’une des variables exogènes
explicatives (prix, revenu, prix des autres biens, etc.) toutes choses étant supposées
égales par ailleurs. Elle est souvent exprimée par la variation induite d’une
augmentation de 1% de la variable explicative.
En termes formels, supposons que ε exprime l'élasticité de la variable endogène y aux
variations de la variable exogène x. L’élasticité est mesurée par le rapport des
variations proportionnelles (en pourcentage) de x et de y soit :
y y
y x y y x y
 (y, x ) = = et  (y, x ) = =
x y x x y x
  x    x
Variables discrètes Variables continues

A titre d’exemple, supposons que la variable


explicative "x" varie de 5% et que suite à cette P

variation, la variable expliquée "y" a connu une Graphique 1.3. Calcul de l’élasticité par la
évolution de 15%, l’élasticité "ε" de y par méthode du point milieu
rapport à x serait : ε =15%/5% = 3. Le chiffre
3 indique que le changement de y induit par la
variation de x est trois fois plus important.
Le calcul de l’élasticité soulève, cependant, 40 B

certains problèmes. En effet, si l’on se réfère


au graphique 1.3, l’élasticité en allant du point 30

A au point B (εA/B) est différente de l’élasticité


du point B au point A (εB/A). Ainsi : 20 A

80 − 120 120 − 80
 A /B = 120 = −0,33 et  B / A = 80 = −1
40 − 20 20 − 40
20 40 80 100 120 400
Q
440 Q

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Afin d’éviter ce problème, les économistes utilisent la méthode du point milieu pour
calculer l’élasticité. Ainsi, le point milieu des prix serait égal à 30 = 40+20/2 et le
point milieu des quantités serait 100 = 120+80/2. La méthode du point milieu
consiste à calculer la variation en pourcentage en divisant l’écart entre la valeur finale
et la valeur initiale par le point milieu au lieu de la valeur initiale comme il se fait
dans le calcul habituel des pourcentages. L’application de cette méthode à l’exemple
ci-dessus donne les résultats suivants :
80 − 120 120 − 80
 A /B = 100 = −0,66 et  B / A = 100 = −0,66
40 − 20 20 − 40
30 30
Il est à remarquer que la méthode du point milieu permet d’aboutir au même résultat quel
que soit le sens du calcul de l’élasticité entre deux points. Cette méthode peut être
formulée d’une façon générique entre deux points A(QA,PA) et B(QB,PB) de la façon suivante :
(Q B − Q A ) (Q A − Q B )
[(Q B + Q A ) / 2] [(Q A + Q B ) / 2] Q PA + PB
 = = = 
( PB − PA ) ( PA − PB ) P Q A + Q B
[( PB + PA ) / 2] [( PA + PB ) / 2]

Ces précisions de calcul étant faites, l’élasticité-prix de la demande mesure comment


la quantité demandée d’un bien ou d’un service réagit au changement de prix de ce bien.
Elle est définie comme le rapport entre la variation relative de la quantité demandée d'un bien
et la variation relative du prix de ce bien. Sauf les exceptions des biens Veblen et Giffen, elle est
négative du fait que la quantité demandée est fonction décroissante du prix. Ainsi, si Q est la
quantité demandée et P est le prix, l’élasticité-prix de la demande est définie par :
Q Q
P Q P Q
 (Q , p ) = Q = 0 et  (Q , p ) = Q = 0
P Q P P Q P
 P     P  
Variables discrètes Variables continues

Les courbes de demande sont classées généralement en fonction de leur élasticité-


prix. Les économistes considèrent qu’une demande est élastique si l’élasticité-prix
est inférieure à -1 c.à.d. la quantité demandée varie plus proportionnellement que
la variation du prix : si le prix varie de 1%, la quantité demandée varie de plus de 1%.
La demande est jugée peu élastique au prix si l’élasticité est comprise entre 0 et -1
c.à.d. la quantité demandée varie moins proportionnellement que la variation du
prix : si le prix varie de 1%, la quantité demandée varie de moins de 1%.
Le graphique 1.4 synthétise les différents cas
Graphique 1.4. Courbes de demande et élasticité-prix
d’élasticité. Ainsi, la courbe de demande D1 P

présente une courbe de demande parfaitement D1 (ε = 0)

inélastique (pente infinie) : la quantité A


Inélastique

demandée n’est pas sensible au prix. Quelle


que soit la variation du prix, la quantité D2 (ε = ∞)
Parfaitement

demandée demeure fixe. Par contre, la courbe élastique

D2 présente une courbe parfaitement élastique


(pente nulle) impliquant qu’une petite variation
des prix engendre une très grande variation de D3 (0 < ε < ∞)
Imparfaitement

la quantité demandée. Entre ces deux cas


B
élastique

extrêmes, la courbe D3 présente une courbe de


demande à élasticité variable. L’élasticité au Q

point A est plus faible que celle au point B.

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L’élasticité-prix de la demande est, généralement, négative car, comme on l’a vu dans la
section précédente la quantité demandée est fonction négative du prix : lorsque le prix
augmente, la quantité demandée diminue et inversement. Les biens Veblen et Giffen
constituent, cependant, une exception à cette règle en présentant une élasticité positive. La
valeur de l’élasticité dépend, ainsi, de la nature des biens et de plusieurs autres facteurs.
Ainsi, l’élasticité-prix d’un bien normal est plutôt Question 4 à méditer
variable. Sa courbe de demande ressemble à D3 Quelle est la différence entre la pente, une
du graphique 1.4. Par contre l’élasticité d’un variation en pourcentage et l’élasticité ?
bien ou un service de première nécessité
(pain, énergie, soin de santé, etc.) est assez faible. La forme de la courbe de demande de
ce genre de bien se rapproche plutôt de la courbe D1 du graphique 1.4. A l’autre extrême,
l’élasticité d’un bien de luxe est quasiment infinie. La courbe de demande ressemble, dans
ce cas à D2 du graphique 1.4.
Le niveau de l’élasticité-prix de la demande est influencé par plusieurs facteurs dont
notamment l’existence de substituts proches, de biens complémentaires et la variation
du comportement dans le temps.
En effet, les biens qui ont des substituts proches tendent à avoir une demande plus
élastique du fait que les consommateurs peuvent se tourner facilement vers les biens
substituables. C’est le cas à titre d’exemple du beurre et de la margarine. Une petite
hausse du prix du beurre, toutes choses étant égales par ailleurs dont notamment le
prix de la margarine, peut conduire à une forte baisse de sa quantité demandée.
Le niveau de substituabilité ou de complémentarité entre deux biens est mesuré par
l'élasticité-prix croisée. Elle se définit comme le rapport entre le pourcentage de
variation de la quantité demandée du bien A et le pourcentage de variation du prix
d'un bien B, soit en termes formels :
Q A Q A
QA P Q A QA P Q A
 (Q A , PB ) = = B et  (Q A , PB ) = = B
PB Q A PB PB Q A PB
PB PB
    
Variables discrètes Variables continues

Les biens A et B peuvent être des biens substituables, complémentaires ou


indépendants. Une élasticité-prix croisée positive signifie que l'augmentation du
prix d'un bien entraîne l'augmentation de la demande d'un autre bien. Les deux
biens sont donc substituables. Par exemple, l'augmentation du prix du ticket de
cinéma engendre une hausse la demande des lecteurs DVD.
Une élasticité-prix croisée négative signifie que l'augmentation du prix d'un bien
entraîne la diminution de la demande d'un autre bien. Les deux biens sont alors dits
complémentaires. Par exemple, l'augmentation des prix des lecteurs DVD entraîne une
diminution de la demande des DVD.
Enfin, quand l’augmentation du prix d’un bien n’a aucun effet sur la demande d’un
autre, l’élasticité-prix croisée est nulle. Cela signifie que les deux biens sont
indépendants.
Il est à mentionner que la notion d'élasticité-prix croisée est particulièrement utile en
matière d’analyse de la concurrence. Pour déterminer l'étendue d'un marché et
déterminer si une entreprise est en situation d'abus de position dominante, il est, en
effet, nécessaire de voir jusqu'à quel point les différents produits sont substituables (ex.
Coca et Pepsi). La notion d'élasticité prix croisée est alors utile pour déterminer si deux
biens appartiennent au même marché et si les autorités de la concurrence doivent
déclencher une action.

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Par ailleurs, les biens tendent à avoir une demande plus élastique à long terme. En
effet, une élasticité nulle à court terme peut, toutefois, s'avérer non nulle à long terme,
car l'augmentation des prix peut pousser à la recherche de nouveaux produits de
substitution. Le pétrole, par exemple, est un bien non substituable à court terme
mais, sur le long terme, l'augmentation de son prix peut favoriser l'exploitation de
nouvelles sources d'énergie.
De même, la spéculation se généralise en situation de déflation ou d'inflation : la
hausse de l’inflation (ou une hausse générale des prix) peut être interprétée comme un
signe d'une rareté future et conduit le consommateur à acheter maintenant et le plus
possible, car plus tard le bien ne sera plus disponible ou il sera plus cher. Ainsi, la hausse
de l’inflation conduit à une augmentation de la demande. Inversement, une baisse de
l’inflation peut s'interpréter comme un signal qu'il est avantageux d'attendre pour acheter,
car le bien sera disponible moins cher plus tard. La baisse de l’inflation conduit, ainsi, à
une baisse de la demande.
Par ailleurs, l'élasticité-revenu de la demande est définie comme le rapport entre le
pourcentage de variation de la demande d'un bien et le pourcentage de variation du
revenu. Elle mesure l'impact d'une variation du revenu d'un consommateur sur sa
demande pour un bien particulier soit en termes formels :
Q Q
Q R Q Q R Q
 (Q , R ) = = et  (Q , R ) = =
R Q R R Q R
 R     R 
Variables discrètes Variables continues

L'élasticité de la demande par rapport au revenu n'est pas forcément positive.


L'augmentation du revenu change la structure de la consommation. On peut distinguer
trois catégories de biens :
- les biens inférieurs ou de première nécessité (Giffen): la demande de ces biens diminue
quand le revenu augmente (élasticité-revenu négative), et augmente quand le revenu
baisse. Il s'agit de biens nécessaires auxquels les consommateurs préfèrent substituer
de nouveaux biens lorsque leur revenu le permet ;
- les biens normaux : la demande augmente quand le revenu augmente dans une
proportion inférieure ou égale à 1 (élasticité-revenu comprise entre 0 et 1) ;
- les biens supérieurs ou biens de luxe : la demande de ces biens augmente de façon
plus rapide que le revenu (élasticité-revenu strictement supérieure à 1).
1.1.3. Demande et bien-être du consommateur
Comme mentionné dans la section 1.1.1, les préférences constituent l’un des facteurs
déterminant la quantité demandée. Un consommateur qui a une préférence pour un
bien ou un service peut payer un prix supérieur pour consommer ce bien relativement
à un autre consommateur qui le désire moins. Ces différences des préférences se
révèlent généralement par la volonté de payer qui est définie comme le montant
maximum qu’un acheteur est prêt à payer pour un bien.
On se référant à cette notion de volonté de payer on définit le surplus du consommateur
comme la différence entre le montant qu’un acheteur a la volonté de payer pour acquérir
un bien et le montant qu’il paie effectivement pour l’ acheter.
Le surplus du consommateur est étroitement lié à la courbe de demande du fait qu’elle
représente la volonté de payer des acheteurs. C’est pour cette raison qu’elle est utilisée
pour mesurer le surplus du consommateur.

14
Ainsi, le graphique 1.5 décrit une courbe
de demande décroissante suggérant que si P

le prix dépasse le point A aucun Graphique 1.5. Courbe de demande et surplus du


A
consommateur n’aura la volonté de payer consommateur

pour acheter le bien concerné. Si le prix


s’établit entre le prix du marché P1 et le
point A, il y aurait des consommateurs qui
auront la volonté de payer un prix
supérieur au prix du marché mais ils ne
payeront que ce dernier. Ces P1 C
B

consommateurs réaliseront un surplus P2 F


équivalent au triangle ABC. D E

L’idée sous-jacente au calcul du surplus


du consommateur et que les acheteurs
désirent toujours payer moins cher les Q Q 1 400 Q
2 440 Q

biens qu’ils achètent. De ce fait un prix


plus bas améliore leur situation. Le concept de surplus du consommateur permet
donc de calculer la variation du bien-être des consommateurs suite à une variation
des prix. Ainsi, dans le graphique 1.5, si le prix baisse de P 1 à P2, le surplus du
consommateur correspondra au triangle ADF. Le bien être des consommateurs se
trouve ainsi amélioré d’une quantité équivalente à la surface BCDF.
Cette surface peut être décomposée en deux parties. En effet, les acheteurs qui
achetaient la quantité Q1 au prix P1 voient leur situation s’améliorer car ils paient
moins cher chaque quantité achetée. L’amélioration de leur bien-être engendrée par
la baisse des prix correspondrait au rectangle BCED. Les nouveaux acheteurs, quant
à eux bénéficieront d’un surplus correspondant au triangle CEF.
En définitif, le concept du surplus du consommateur reflète le bien-être économique
du fait qu’il suppose que les individus sont rationnels lorsqu’ils prennent leurs
décisions et que les consommateurs sont les meilleurs jugent des avantages qu’ils
retirent des biens qu’ils achètent. Il respecte, ainsi, les préférences des
consommateurs en les utilisant comme moyen d’évaluation de leur bien-être suite à
des variations de la demande.

1.2. Les lois régissant l’offre et leurs implications


Cette section sera consacrée à la présentation de la loi fondamentale de l’offre et ses
implications. On procèdera, dans un premier temps, à l’examen des facteurs
déterminant la quantité offerte et à la spécification de la courbe d’offre avant de présenter
les facteurs influençant l’offre. Le dernier paragraphe sera consacré à la présentation
du concept du surplus du producteur comme outil permettant de mesurer l’impact des
variations des prix sur le bien-être du producteur.
1.2.1. Les lois fondamentales régissant l’offre
La quantité offerte 𝑸𝒐𝒙 d’un bien, communément connu par l’offre tout court,
correspond à la quantité qu’un vendeur souhaite et capable de vendre. A l’instar de
la quantité demandée, la quantité offerte est fonction de plusieurs variables dont le
prix est le plus important. La relation entre le prix et la quantité offerte est appelé
la loi de l’offre qui stipule, toutes choses étant égales par ailleurs, que la quantité
offerte est une fonction positive du prix : si le prix augmente la quantité offerte
augmente s’il diminue elle diminue.

15
Le graphique 1.6 présente une courbe
illustrant la loi de l’offre. Ainsi pour un prix
P
Graphique 1.6. Courbe d’offre

inférieur à 10, l’offre est nulle et aucun


producteur ne sera capable d’offrir le produit. 50

Lorsque le prix augmente, la quantité offerte


augmente au fur et à mesure. De ce fait la
40

courbe d’offre est croissante. Une variation 30

du prix (𝑷𝒙 ) induit un déplacement le long 20

de la courbe d’offre. Quid alors des autres


variables impactant l’offre comme les prix des
10

facteurs de production, la technologie, les 0 5 10 15 20 Q

anticipations, le nombre de vendeurs, etc.


Afin de produire les quantités de biens qu’ils offrirent sur le marché, les vendeurs
utilisent des facteurs de production comme les bâtiments, les équipements, les
matières premières, la main d’œuvre, etc. Lorsque le prix de l’un ou de plusieurs facteurs
(𝑷𝒇 ) de production augmente, la production devient moins profitable et certains
producteurs décident d’arrêter de produire. Ceci constitue un choc d’offre qui induit un
déplacement vers la gauche de la courbe d’offre. Inversement, une baisse des prix des
facteurs de production génère une augmentation de l’offre et une translation à droite de
la courbe d’offre. On peut conclure donc que la quantité offerte est fonction négative
des prix des facteurs de production. Le graphique 1.7 illustre cette relation.
La quantité offerte est, par contre, une fonction P Graphique 1.7. Effet des prix des facteurs sur

positive de la technologie (𝑻). En effet, les l’offre revenu sur la demande

inventions permettent, généralement, de réduire les


O2
coûts de production. Toutes choses étant égales par O1

ailleurs, elles permettent d’avoir des niveaux de O3

production plus élevés avec les mêmes quantités de P

facteurs de production. Une amélioration de la


technologie induit une translation à droite de la
courbe d’offre alors qu’une défaillance technologique
conduit un déplacement à gauche.
La quantité offerte aujourd’hui dépend, également,
des anticipations (𝑨) relatives au futur. Plus on
s’attend à ce que les prix des biens qu’on produit 0 Q2 Q1 Q3 Q

augmentent, toutes choses étant égales par ailleurs, plus on produira pour stocker une partie
de la production courante et on mettra une quantité moindre sur le marché. Le raisonnement
inverse est tout aussi valide. La quantité offerte est une fonction négative des
anticipations des prix. Selon leur nature positive ou négative elles provoquent donc une
translation de la courbe de demande.
Convient-il de préciser qu’à l’instar de la demande, l’effet des anticipations sur la quantité
offerte dépend de la nature des anticipations et des variables anticipées et il serait difficile de
déduire une règle générale liant les anticipations à la quantité offerte. Mais on peut conclure
que les anticipations conduisent à une translation de la courbe d’offre. Le sens de cette
translation dépend de la nature des anticipations et des variables anticipées.
Enfin, dans un marché concurrentiel, l’entrée et la sortie de nouveaux vendeurs sur le
marché sont libres. Toute nouvelle entrée provoque un déplacement à droite de la courbe
d’offre. En effet, pour le même prix, il y aurait plus de quantités offertes sur le marché.
Le nombre de vendeurs (𝑵𝒗 ) est une fonction positive de la quantité offerte. La
fonctions ci-dessous récapitule les déterminants d’une fonction d’offre.
𝑸𝒐𝒙 = 𝒇(𝑷𝒙 , 𝑷𝒇 , 𝑻, 𝑨, 𝑵𝒗 )

16
Tableau 1.2. Tableau synthétique des effets de variables
déterminant la quantité offerte
Nature de l’effet sur la Mouvement de la courbe
Variables
quantité offerte d’offre
− Prix Positif Le long de la courbe
− Prix des facteurs Négatif Translation
− Technologie : Positif Translation
− Anticipations Positif/Négatif Translation
− Nombre de vendeurs Positif Translation
Le tableau ci-dessus récapitule les variables impactant la quantité offerte et leurs
effets sur la courbe d’offre. Il en ressort que mis à part le prix dont les variations
induisent un déplacement le long de la courbe d’offre, les variations des autres
variables déterminant la quantité offerte provoquent une translation de la courbe
d’offre. Le sens de cette translation dépend de la nature positive ou négative de l’effet
de la variable concernée.
1.2.2. L’élasticité de l’offre
A l’instar de l’élasticité-prix de la demande, l’élasticité-prix de l’offre mesure la réaction
de la quantité offerte aux variations des prix. Elle est, généralement, positive et peut
être mesurée soit par la méthode du point-milieu soit par le rapport des variations en
pourcentage de la quantité offerte et du prix. Dans ce dernier cas, elle s’exprime par les
équations suivantes :
Qo Qo
Qo P Qo Qo P Qo
 (Qo , p ) = = et  (Qo , P ) = =
P Qo P P Qo P
 P 
   P  
Variables discrètes Variables continues

Plusieurs déterminants influencent le niveau de l’élasticité de l’offre dont notamment la


nature des produits et services et l’horizon temporel (court terme et long terme). Ainsi, l’offre
de certains produits et par nature inélastique. Par exemple, l’offre de logement est quasiment
inélastique dans certaines villes caractérisées par un manque du terrain constructible. Par contre,
l’offre de certains produits manufacturés est
relativement élastique. P
Graphique 1.8. Courbes d’offre et élasticité-prix

Il convient de noter, également, que l'offre est,


généralement, inélastique à très court terme, O1 (ε = 0)
Inélastique
(on ne peut pas augmenter subitement la ΔPA A
production). À long terme, elle devient plus
élastique. Par contre, l’existence de biens O2 (ε = ∞)
Parfaitement
substituables induit une offre plus élastique. élastique

De même, il est à rappeler le principe


d'asymétrie de l'élasticité de l'offre (Cortés) qui
stipule que la production est à même de réagir ΔPB
O3 (0 < ε < ∞)
Imparfaitement
plus facilement à une baisse de prix (ou de B élastique

demande) par une baisse de la production que


d'augmenter de manière indéfinie la
production en cas d'augmentation du prix ou ΔQBA ΔQAA Q

de la demande (Cas du pétrole).

17
Le graphique 1.8 synthétise différentes courbes d’offre en fonction de leur degré
d’élasticité. Ainsi, la courbe d’offre O1 est parfaitement inélastique : la quantité offerte
n’est pas sensible au prix. Par contre, la courbe d’offre O2 présente une courbe
parfaitement élastique impliquant qu’une petite variation des prix engendre une très
grande variation de la quantité offerte.
Entre ces deux cas extrêmes, la courbe d’offre O3 présente une élasticité variable.
L’offre au voisinage du point A est inélastique (élasticité inférieure à 1). Par contre elle
est élastique au voisinage du point B (élasticité supérieure à 1).
Ce cas se présente, généralement, pour des d’industries disposant d’importante
capacité de production. A un niveau de production faible, l’entreprise réagit
substantiellement aux variations des prix (c’est le cas au voisinage du point A). A
meure que la quantité offerte augmente, l’entreprise atteint ces pleines capacités de
production et l’offre devient inélastique au prix (voisinage du point B).
1.2.3. Le surplus du producteur Questions 5 à méditer
Le surplus du producteur est lié à la notion Le rendement de l’investissement
du coût d’opportunité et la volonté de dans le logement social est de
d’investir. On entend par coût d’opportunité, l’ordre de 35% et celui industriel est
ce à quoi il faut renoncer si l’on ne réalise pas de 5%. Quel est le coût d’opportunité
un projet d’investissement. Pour illustrer d’investir dans l’industrie ? Faut-il
cette notion, supposons un producteur qui investir dans l’industrie ?
dispose de 100 000 dhs et qui a le choix entre Quel est le coût d’opportunité d’étudier
déposer cette somme dans une banque et ou de ne pas étudier à l’ESITH ?
gagner un revenu de 5000 dhs par an (si l’on
suppose que le taux d’intérêt est de 5%) ou P
Graphique 1.9. Courbe d’offre et
investir cette somme dans une industrie qui surplus du producteur

lui rapporte 10 000 dhs par an (soit une


rentabilité de 10%). Dans ce contexte, si le
producteur décide d’investir, il doit renoncer à P2
D E

5000 dhs de revenu d’intérêt bancaire. Ce


F

B
montant est donc le coût d’opportunité de P1
C

l’investissement dans une industrie.


La volonté de vendre ou d’investir est corrélée
à la notion de coût d’opportunité. Si l’on
A

reprend l’exemple ci-dessous et on suppose que 0 Q1 Q2 Q

le producteur concerné a la possibilité de


travailler comme conseiller et gagner 70 000 dhs par an, investira-t-il dans l’industrie ?
La rationalité voudrait qu’il ne renonce pas à 12 000 dhs par an (5000 dhs d’intérêt plus
70 000 dhs de revenu de conseil) contre 10 000 dhs de revenu d’investissement. Dans ce
contexte, le producteur n’investira pas et n’aura la volonté de vendre ses produits que si
l’investissement et la vente des produits lui rapportent un revenu supérieur à 12 000 dhs.
Ces notions étant clarifiées, le concept du surplus du producteur correspond au
montant auquel le producteur est payé moins le coût de production. Comme la
courbe d’offre reflète le coût des producteurs, elle est utilisée pour calculer le surplus
du producteur.
Le graphique 1.9 suggère que si le prix est inférieur à A aucun producteur ne sera capable
de produire. Par conséquent, la production sera nulle. A un prix légèrement supérieur à
A, des producteurs peuvent produire à un coût au moins égal à A et pourront ainsi réaliser
un léger profit. Plus le prix augmente, plus des producteurs entrent sur le marché et
vendent à des prix supérieurs à leurs coûts. Si le prix s’établit à P1, le cumul des surplus
des producteurs correspondra au triangle ABC.

18
Si le prix augmente de p1 à p2 la quantité offerte augmente de Q1 à Q2 et le surplus
s’accroit pour atteindre le triangle ADF. A l’instar du surplus du consommateur, cette
surface peut être décomposée en deux parties. En effet, les producteurs qui vendaient
la quantité Q1 au prix P1 voient leur situation s’améliorer car ils vendent plus cher
chaque quantité produite. L’amélioration de leur bien-être engendrée par la hausse du
prix correspondrait au rectangle BCED. Les nouveaux producteurs, quant à eux,
bénéficieront d’un surplus correspondant au triangle CEF.
1.3. L’équilibre du marché et la loi de l’offre et de la demande
Après avoir analysé la demande et l’offre séparément, il est temps d’entamer l’étude de
leur interaction dans le marché à travers la définition de la notion d’équilibre du marché.
Cette notion une fois définie, on procédera à l’analyse des effets des caractéristiques de
l’offre et la demande sur le marché et on examinera l’impact de certaines politiques
économiques sur l’équilibre du marché et sur les opérateurs. Avant de ce faire, il serait
utile d’introduire cette section en différentiant les types des marchés afin de mieux
cerner les limites des analyses qui seront introduites.
1.3.1. Typologie des marchés
Le marché est l’espace de rencontre des vendeurs et des acheteurs d’un produit ou un
service. Cet espace peut être concentré dans un lieu défini ou dispersé sur plusieurs
lieux où s’échange le produit ou le service concerné. Il peut être, également, un espace
virtuel si le produit ou le service fait objet du commerce électronique.
Parfois les marchés sont très organisés. C’est le cas, à titre d’exemple, des marchés
de gros des fruits et légumes, des marchés de poissons, de la bourse (marché des
actions et des obligations), etc. Dans ces marchés, les acheteurs et les vendeurs se
rencontrent en lieu et heure précis et un commissaire-priseur " ْ‫ " الدَّالل‬contribue à
déterminer les prix et à organiser les ventes.
Cependant, les marchés organisés sont relativement rares. Les vendeurs et acheteurs
opèrent souvent dans des marchés moins organisés comme ceux des fruits et légumes
en détail, des services de voyages, des services de coiffure, etc. Dans ces marchés, il n’y
a pas de commissaire-priseur ni de lieu désigné de manière institutionnelle.
Sur un autre registre, les marchés peuvent être caractérisés par le nombre des vendeurs
et acheteurs qui interagissent en leur sein. Le tableau 1.1 récapitule différents types de
marchés selon le nombre d’acheteurs et de vendeurs qui y opèrent.
Tableau 1.3. Typologie des marchés

Vendeurs Quelques Plusieurs


Un acheteur
Acheteurs acheteurs acheteurs

Monopole Monopole
Un vendeur Monopole
bilatéral contrarié
Quelques Monopsone Oligopole
Oligopole
vendeurs contrarié bilatéral
Plusieurs Concurrence
Monopsone Oligopsone
vendeurs parfaite
Ainsi, le marché est qualifié de monopole bilatéral si un seul acheteur et un seul
vendeur y opèrent. Ce type de marché est assez rare. Le marché du service du
transport ferroviaire du phosphate en est un exemple. En effet, ce service n’est
demandé que par le groupe OCP qui produit le phosphate au Maroc et il n’est offert
que par ONCF qui a le monopole du service de transport ferroviaire au Maroc.

19
Ce type de marché est caractérisé par l’absence totale de la concurrence tant au
niveau de l’offre que de la demande. Les deux opérateurs disposent, ainsi, de
pouvoirs absolus mais quasi-équilibrés en matière de négociations des prix et des
quantités à échanger.
A l’opposé du monopole bilatéral, le marché concurrentiel est caractérisé par l’existence
d’un nombre important de vendeurs et d’acheteurs de sorte qu’aucun opérateur n’a un
pouvoir déterminant sur les prix du marché. En effet, dans ce type de marché, qualifié
de concurrence parfaite, le vendeur n’exerce aucun contrôle sur le prix parce que les
autres vendeurs offrent des produits similaires.
Ainsi, dans le contexte de concurrence parfaite, un vendeur a peu de raison de fixer un
prix au-dessus du prix courant car les acheteurs iront ailleurs. De même, aucun
acheteur ne peut influencer le prix car il ne peut acheter qu’une quantité limitée. Du
fait que ni les vendeurs et ni les acheteurs ne sont capables d’influencer le prix déterminé
par le marché, ils sont qualifiés de preneurs de prix (Price-taker).
Les marchés de concurrence parfaite sont assez Question 6 à méditer
fréquents. Il s’agit, à titre d’exemple, des marchés de Un vendeur de fruits et légumes
détails des fruits et légumes, des services standards dans un quartier isolé opère-t-il dans
de coiffure, du marché du blé qui est produit par des un marché de concurrence parfaite
millions de producteurs et consommé par au moins ou dans un marché de monopole ?
autant de consommateurs.
Entre le monopole bilatéral (un acheteur et un vendeur) et la concurrence parfaite (n
acheteurs et n vendeurs), les marchés peuvent être caractérisés par une
concentration relative soit de l’offre (monopole, duopole, oligopole, etc.) ou de la
demande (monopsone, monopsone contrarié) ou des deux (monopole contrarié,
oligopole bilatérale et oligopsone).
Le marché de concurrence parfaite demeure l’un des plus étudiés en microéconomie
car il sert souvent comme référence pour l’analyse des comportements des
consommateurs et des producteurs dans des marchés de concurrence imparfaite ou
de monopole. Cependant, il est souvent critiqué comme étant "irréaliste" surtout en
matière de comportement des producteurs.
En effet, en première approximation, l’hypothèse que le consommateur individuel
n’ait pas de prise sur le prix des biens qu’il achète apparaît raisonnable. Par contre,
il est à priori peu satisfaisant de supposer qu’une firme comme Peugeot ou Toyota
décide du nombre de voitures qu’elle mette sur le marché en prenant le prix de vente
de ses voitures comme une donnée indépendante de son contrôle.
On verra, dans les chapitres 3 et 4 des réponses à ce genre de critiques qui justifient
l’intérêt que des spécialistes peuvent avoir à étudier ce cas d’école limite qu’est
l’environnement de concurrence parfaite.
Abstraction faite de ces remarques, dans cette section on admettra que le contexte du marché
de concurrence parfaite demeure un référentiel incontournable pour l’analyse des
comportements des acheteurs et des vendeurs dans des marchés caractérisés par une
concurrence imparfaite. On s’intéressera essentiellement à la caractérisation des forces qui
animent le marché à savoir : l’offre et la demande avant de s’attaquer à la présentation de
l’équilibre du marché concurrentiel et ses caractéristiques.
Il convient, cependant de préciser que la théorie de l'offre et de la demande est importante
pour l’analyse du fonctionnement des économies de marché car elle explique le
mécanisme par lequel les agents économiques prennent les décisions d'allocation des
ressources. Les recherches en matière d'économie comportementale ont toutefois
montré des phénomènes "irrationnels" dans la réaction aux prix de l'offre et de la
demande. De ce fait l'explication par l'offre et la demande demeure imparfaite mais elle
reste adaptée à la très grande majorité des cas.

20
1.3.2. L’équilibre du marché
Le graphique 1.10 illustre des courbes P Graphique 1.10. Equilibre du marché

d’offre et de demande du marché. Ces


deux courbes se rencontrent dans un point Offre

unique appelé point d’équilibre du marché. Excédent

Le prix à ce point P* est appelé prix P2

d’équilibre et la quantité à ce point Q* est


appelée quantité d’équilibre. P* Equilibre du
marché

On peut alors définir l’équilibre du marché


comme la situation dans laquelle le prix P 1

atteint un niveau tel que l’offre est égale à la Pénurie

demande. Le prix d’équilibre est le prix qui Demande

égalise l’offre à la demande et la quantité


d’équilibre se définie comme la quantité 0 D2O 1 Q* O D 2 1 Q

offerte et demandée au prix d’équilibre. Donc à l’équilibre la quantité que désirent et sont
capables d’acheter les consommateurs et exactement égale à celle que désirent et sont
capables de vendre les producteurs.
L’offre et la demande interagissent dans le marché. Si le prix du marché est inférieur au
prix d’équilibre soit le niveau P1, les consommateurs souhaiteront bien consommer une
quantité égale à D1 mais les producteurs ne seront pas capables de produire cette
quantité à ce prix. A ce prix (relativement bas) seules certaines entreprises seront
capables de produire pour le marché. La quantité qui sera mise sur le marché ne
dépassera pas O1. Au prix P1 on a alors une quantité offerte inférieure à la quantité
demandée. On est alors face à une pénurie, appelée également, une situation de
demande excédentaire. Malgré qu’ils désirent consommer une quantité égale à D1, les
consommateurs ne pourront pas l’acheter car la quantité offerte ne dépasse pas O1.
Cette situation créera une compétition entre les acheteurs qui conduirait à une
augmentation du prix jusqu’à ce qu’il atteint le prix d’équilibre P*.
Supposons maintenant que le prix du marché est supérieur au prix d’équilibre soit
P2. A ce prix les producteurs voudront bien vendre une quantité égale à O2 mais à ce
prix les acheteurs ce contenteront de demander une quantité inférieure ou égale à
D2. La quantité offerte serait supérieure à la quantité demandée et on fera alors face
à un excédent appelé, également, offre excédentaire.
Dans ce contexte, les vendeurs ne seront pas capables de vendre tout ce qu’ils désirent et
seront obligés de réduire les prix ce qui permettrait d’augmenter la quantité demandée et
réduirait l’offre des entreprises qui ont des coûts supérieurs au prix d’équilibre. La
situation reviendrait, ainsi, à l’équilibre avec un prix P* et une quantité Q*.
Le mécanisme décrit ci-dessus est qualifié de la loi de l’offre et de la demande qui
stipule que le prix d’un bien s’ajuste en vue d’équilibrer les quantités offertes et
demandées. La rapidité d’ajustement des prix dépend de la nature des marchés.
Dans la plupart des marchés libres qui ne sont pas réglementés par des politiques
publiques ou par des entraves institutionnelles, les excédents et les pénuries ne sont
que temporaires car les prix s’ajustent rapidement pour retrouver le niveau d’équilibre.
Dans les marchés réglementés, la vitesse d’ajustement est relativement lente. C’est le
cas à titre d’exemple du marché du travail qui est soumis à l’exigence d’un salaire
minimum ou à des conventions collectives qui limitent la variation du salaire.
Il est, par ailleurs, important de relever que le prix d’équilibre et la quantité d’équilibre
dépendent de la position des courbes d’offre et de demande. Un choc d’offre (effet
coronavirus) ou de demande (changement des préférences, etc.) sont à même de déplacer
les courbes d’offre et de demande et par conséquent les quantités et les prix d’équilibre.

21
L’analyse de ces changements s’appelle la statique comparative car elle consiste en la
comparaison de deux situations : un équilibre initial et un nouvel équilibre. Comment
précède-t-on pour réaliser une analyse de statique comparative.
P Graphique 1.11.a. Choc positif de P Graphique 1.11.b. Choc négatif d’offre
demande

O2
O

O1

P2 E2
P2 E2

P1 E1 P1 E1

D2

D1

0 Q1 Q2 Q 0 O2 Q1 Q

P Graphique 1.12.a. Chocs simultanés biaisés à la P Graphique 1.12.b. Chocs simultanés


demande biaisés à l’offre

O2 O2

O1

O1
P2 E2

P2 E2

P1

E1

D2 P1 E1

D2

D1 D1

0 Q1 Q2 Q 0 Q2 Q1 Q

Généralement, il faudrait précéder en trois étapes. La première consiste à déterminer si


le choc impacte l’offre, la demande ou les deux. Une fois la nature de l’impact est
identifiée, il faudrait en second lieu, déterminer le sens de la translation des courbes
d’offre, de demande ou des deux. Généralement, un choc positif induit une translation
à droite des courbes et un choc négatif engendre une translation à gauche. En dernier
lieu, il faudrait tracer les courbes et comparer le nouvel équilibre avec l’équilibre initial.
En matière d’analyse du choc et de son impact sur les courbes d’offre et de demande, il
faudrait distinguer entre les déplacements des courbes et les déplacements le long
des courbes. Ainsi, le graphique 1.11.a suppose un choc positif de la demande d’un bien
normal : soit une augmentation du revenu. Cet évènement conduirait à un déplacement
à droite de la courbe de demande et n’impacterait pas directement l’offre car l’offre est
indépendante du revenu des consommateurs. L’excès de demande induirait une
augmentation du prix qui stimulerait une augmentation de la quantité offerte. On aura
alors, un déplacement le long de la courbe d’offre vers la nouvelle quantité d’équilibre. Le
choc d’augmentation du revenu conduirait à un nouvel équilibre (E2) caractérisé par un
prix et une quantité d’équilibre supérieurs à ceux de l’équilibre initial (E1).
Le graphique 1.11.b suppose, quant à lui, un choc négatif d’offre soit, à titre d’exemple
une sécheresse qui affecte la production agricole. Cet événement induirait une
translation à gauche de la courbe d’offre et engendrerait une hausse des prix. Cette
dernière ne manquerait pas d’affecter la quantité demandée et on assisterait à un
déplacement le long de la courbe de demande vers le nouvel équilibre (E2) caractérisé par
une quantité inférieure et un prix supérieur à ceux de l’équilibre initial (E1).

22
Le graphique 1.12.a illustre, par ailleurs, les effets de chocs simultanés biaisés à la
demande c.à.d. le choc de la demande est plus important que celui de l’offre soit, à titre
d’exemple, une légère sécheresse combinée à une augmentation du revenu des
consommateurs. Ces chocs conduiraient à une légère augmentation de la quantité
d’équilibre et à un important accroissement des prix.
Inversement le graphique le 1.12.b simule l’effet de chocs simultanés biaisés à l’offre soit,
à titre d’exemple, une forte sécheresse combinée à une légère augmentation du revenu
des consommateurs. Ces chocs conduiraient à une légère réduction de la quantité
d’équilibre et à un important accroissement des prix.
Tableau 1.3. Effet des variations simultanées de l’offre et de la demande sur
les prix et les quantités d’équilibre
Offre Offre fixe Offre augmente Offre diminue
Demande P Q P Q P Q
Demande fixe

Demande augmente ?? ??

Demande diminue ?? ??

Le tableau 1.3 récapitule les différents cas des effets des variations de l’offre et de la
demande sur la quantité et les prix d’équilibre. Il ressort, cependant de la statique
comparative que dans un marché libre les prix assurent une fonction d’allocation des
ressources. En effet, dans tout système économique, les ressources rares doivent être
allouées à des activités concurrentes. L’offre et la demande déterminent ensemble les
prix des différents biens et services de l’économie et, en retour, ces prix sont des signaux
qui guident l’allocation des ressources.
1.3.3. Elasticité et équilibre du marché
En plus des déplacements dus aux chocs d’offre et de demande, l’équilibre du marché est
affecté par l’évolution des caractéristiques de l’offre et de la demande. Ainsi, comme on l’a
vu dans les sections relatives à l’analyse des élasticités de l’offre et de la demande, certains
produits et services présentent des rigidités d’offre ou de demande notamment à court
terme ? Quel est l’impact de ces rigidités sur l’équilibre du marché ainsi que sur les
acheteurs et les vendeurs ?

P Graphique 1.13.a. Elasticité de la demande Graphique 1.13.b. Elasticité de l’offre et


P
et équilibre du marché équilibre du marché

O2 O

O1

P1 E1 P2 E2

P2 E2 E1
P1

D2

D1

0 Q1 Q2 Q 0 Q1 Q2 Q

23
Afin d’illustrer ces effets, analysons deux cas à travers l’usage de la statique
comparative : cas d’un marché caractérisé par une rigidité de la demande (demande
inélastique) et un autre présentant une rigidité à l’offre (offre inélastique).
Dans le premier cas supposons qu’on fait face à un marché de blé. Dans ce contexte,
une bonne année pluviométrique est-elle une bonne affaire pour les agriculteurs ? En
vue d’entamer l’analyse, il convient de rappeler que la demande du blé est généralement
inélastique du fait que les habitudes de consommation sont quasi constantes.
Cette caractéristique fait que la courbe de demande et quasiment verticale comme l’illustre le
graphique 1.13.a. Le déplacement à droite de la courbe d’offre induit par la bonne
pluviométrie conduit, ainsi, à une forte baisse des prix et une faible augmentation des
quantités vendues relativement à l’équilibre initial.
Quel est l’impact de ces variations sur le revenu des producteurs du blé. On sait que la
recette totale des producteurs (RT) est égale au prix (P2) multiplié par la quantité (Q2).
Du fait que la baisse des prix a été beaucoup plus importante que la hausse des
quantités vendues, la recette totale des producteurs diminue et la bonne pluviométrie
conduit ainsi à une baisse des revenus des agriculteurs. D’où la raison de l’adage
marocain « ‫ع‬ ّ ‫» عا ْم ال‬. Une bonne année agricole n’est pas nécessairement une
ْ ‫صاب ْة عا ْم الجو‬
bonne année pour les agriculteurs.
Analysons à présent les effets d’une
rigidité à l’offre. Comme l’illustre le Questions 7 à méditer
graphique 1.13.b un déplacement à Pourquoi l’Etat marocain garantie un prix
droite de la demande induit une forte minimum aux producteurs des céréales et
progression des prix du fait que l’offre développe des silos de stockage des céréales ?
est rigide et incapable de répondre Pourquoi l’Union Européenne paye des
instantanément à la variation positive subventions aux agriculteurs pour ne pas
de la demande. Cette situation conduit à cultiver leurs terres ?
aggraver les dépenses des consommateurs Pourquoi les prix du pétrole varient
et améliore substantiellement les revenus substantiellement suite à des vagues de froid ?
des producteurs. Ce cas se présente
généralement pour les industries produisant à pleines capacités.
1.3.4. Equilibre du marché et politiques publiques
Pour faire face aux aléas du marché les gouvernements élaborent et mettent en œuvre
des politiques économiques dans la perspective de réduire les fluctuations des prix
ou de limiter la baisse des revenus des producteurs et des consommateurs. Ce
faisant, ces politiques impactent l’équilibre du marché et l’empêchent de fonctionner
librement. Ces politiques prennent, généralement, la forme soit d’un contrôle des
prix à travers la mise en place des prix plafonds ou des prix planchers soit d’une
taxation à la consommation ou à la production.
La politique du contrôle des prix est une monnaie courante dans plusieurs pays. Cette
politique a été toujours contestée par les libéraux qui militent en faveur de la politique de
la vérité des prix et invitent les gouvernements à s’abstenir des interventions dans les
marchés et les laisser fonctionner uniquement selon la loi de l’offre et de la demande.
Au Maroc la politique de réglementation des prix est pratiquée dans plusieurs secteurs dont
notamment le secteur agricole, à travers la réglementation des prix du blé et de certaines
céréales, le secteur énergétique, à travers la fixation des prix des hydrocarbures et de l’électricité,
dans le marché de travail moyennant la mise en place du salaire minimum interprofessionnel
garanti (SMIG) et salaire minimum agricole garanti (SMAG), etc.

24
Graphiques 1.14. Effets des politiques du contrôle des prix sur l’équilibre du marché

Graphique 1.14.a Equilibre du marché Graphique 1.14.b Equilibre du marché


P P
et prix plafond non contraignant et prix plafond contraignant

Offre Offre

Prix plafond Prix plafond


P* P*

Pénurie

Demande Demande

0 O* Q 0 Qo O* Qd Q

Graphique 1.14.c Equilibre du marché Graphique 1.14.d. Equilibre du marché


P et prix-plancher non contraignant P et prix-plancher contraignant

Offre Offre

Excédent

Prix-plancher Prix-Plancher
P* P*

Demande Demande

0 O* Q 0 Qd O* QO Q

La politique de contrôle des prix est, généralement, mise en œuvre moyennant


l’instauration d’un prix-plafond ou d’un prix-plancher. Le prix plafond est un outil
de protection des consommateurs contre la hausse des prix. Il a été pratiqué au
Maroc, à titre d’exemple dans le secteur des hydrocarbures. Il consiste à mettre en
place un prix maximum légal au-dessus duquel un bien ou un service ne peut être
vendu. Ses effets sur les consommateurs, les producteurs et l’équilibre du marché
sont différente selon que le prix est contraignant ou non contraignant.
Le graphique 1.14a illustre le cas d’un prix-plafond non contraignant dans le sens
ou le plafond est fixé par l’Etat à un niveau supérieur au prix d’équilibre du marché.
Dans ce contexte la politique du contrôle des prix n’a pas d’effet sur le marché. Par
contre, le prix-plafond devient contraignant lorsque l’Etat le fixe à un niveau
inférieur au prix d’équilibre du marché.
Comme l’illustre le graphique 1.14.b, un prix-plafond contraignant conduit,
généralement, à une pénurie sur le marché car il déséquilibre l’offre et la demande. En
effet, comme le prix-plafond est inférieur au prix d’équilibre, les forces de l’offre et de la
demande n’arrivent pas à faire évoluer le prix vers son niveau d’équilibre car elles se
heurtent au prix-plafond qui est imposé comme prix du marché. A ce prix-plafond la
quantité demandée est supérieure à la quantité offerte car certains producteurs ne
peuvent pas produire au prix-plafond qui demeure inférieur à leurs coûts.

25
Quand les prix-plafond conduisent à une pénurie, des mécanismes de rationnement se
mettent en place par les vendeurs ou par l’Etat (les bons d’achat de produits). Les deux
mécanismes conduisent à la formation de longues files d’attente génératrices de perte de
temps (et d’argent) pour les consommateurs Questions 8 à méditer
ou à des pratiques de clientélisme et de Pourquoi les prix-plafond des
corruption. Les consommateurs supporteront produits énergétiques (essence,
les coûts de ces pratiques et l’instauration du gasoil, gaz butane etc.) n’ont pas
prix-plafond qui a comme objectif d’aider les conduit à une pénurie au Maroc ?
consommateurs se transforme rapidement à Quelle est le rôle de la Caisse de
des coûts supplémentaires pour ces derniers. Compensation dans ce domaine ?
Cette politique devient, ainsi, complètement Cette politique est-elle efficace de
inefficace quand les coûts induits par le point de vue protection des
rationnement dépassent la différence entre le
consommateurs les plus démunis ?
prix de l’équilibre et le prix-plafond.
Un autre instrument de politique du contrôle des prix est la mise en place d’un prix-
plancher. L’objectif principal d’une telle politique est de garantir un prix minimum
pour les producteurs afin de les prémunir des chutes brutales des prix. Au Maroc
cette politique est pratiquée notamment dans le secteur agricole où l’Etat fixe chaque
année le prix-plancher d’achat du blé et de certains produits agricoles en vue de
protéger le revenu des petits agriculteurs.
Egalement, le prix-plancher peut-être contraignant comme il peut ne pas l’être. Le
graphique 1.14.c illustre le cas d’un prix-plancher non contraignant. Dans ce
contexte le prix d’équilibre du marché se situe au-dessus du prix-plancher et n’exerce
aucun effet sur le marché. C’est le cas à titre d’exemple pour un prix-plancher fixé à
260 dhs pour le blé dans une année de sécheresse ou le blé se vend à un prix de
marché de 350 dhs.
Le graphique 1.14.d présente, par contre, le
cas d’un prix-plancher contraignant. En Questions 9 à méditer
effet, son niveau est supérieur au prix Si l’on fait face à une bonne année agricole,
d’équilibre du marché ce qui inciterait même le prix-plancher instauré par l’Etat permet-il,
les producteurs ayant des coûts supérieurs à dans le contexte de l’économie marocaine,
ce prix à produire pour le marché. Par contre de faire bénéficier les petits agriculteurs de
les consommateurs sont découragés et blé d’un revenu supérieur que celui d’un
obligés de réduire leur consommation du fait marché libre. Citez certaines pratiques des
que le prix-plancher dépasse celui d’équilibre intermédiaires du marché qui détourne cette
du marché. Ces distorsions au politique de ses objectifs.
comportement de l’offre et de la demande
conduisent à l’émergence d’un excédent d’offre qui devait normalement conduire à
une baisse des prix mais cet ajustement ne peut être opéré du fait que la
réglementation impose un prix-plancher.
Les excédents induits par les politiques des prix-planchers conduisent, généralement, à
l’émergence de marchés parallèles où les prix sont inférieurs aux prix-planchers. En
effet, certains producteurs ne trouvant pas preneur de leur production, ils préfèrent
trouver un acheteur sur ces marchés que de garder leur production entre les mains sans
pouvoir la vendre au prix-plancher. L’objectif recherché par l’instauration d’un prix-
plancher se trouve contourner et les bénéfices
attendus au profit des producteurs se trouvent Questions 10 à méditer
amoindris si non anéantis du fait que les Comment une politique de salaire
marchés parallèles sont des marchés non minimum affecte-t-elle le marché du
transparents et les prix qui y sont pratiqués travail ? Permet-elle d’aider les
peuvent atteindre des niveaux inférieurs au chômeurs à trouver un travail ?
prix d’équilibre du marché.

26
Il découle de l’analyse de la politique du contrôle des prix que cette politique n’affecte
le marché que dans le cas des prix contraignants. Que ce soit un prix-plafond ou un
prix-plancher cette politique conduit à brouiller les signaux du marché et engendre
une allocation non optimale des ressources. En effet, un prix-plancher conduit à
produire des excédents qui dépassent, dans certains cas, les besoins de la société et
mène à un gaspillage des ressources.

Graphiques 1.15. Effets de la taxation sur l’équilibre du marché et sur les opérateurs

P Graphique 1.15.a. Taxe sur les acheteurs et P Graphique 1.15.b. Taxe sur les vendeurs et
équilibre du marché équilibre du marché

O2
O
O1

PPA

PPA EAT
PST T EST

PST EST
T
PRV EAT

PRV
D1

D2

0 QAT QST Q 0 QAT QST Q

P Graphique 1.15.c. Effet d’une taxe avec une offre élastique P Graphique 1.15.d. Effet d’une taxe avec une offre
et une demande inélastique inélastique et une demande élastique

Part de la taxe Part de la taxe


PPA supportée par les PPA supportée par les
consommateurs consommateurs
PST
O
T
O
T

PST Part de la taxe


supportée par les
Part de la taxe
PRV producteurs
supportée par les
producteurs PRV
D
D

Q Q

Il convient, également, de relever que ces politiques génèrent souvent une déviation
par rapport aux objectifs assignés et au lieu d’aider les personnes concernées ils
aboutissent, dans plusieurs cas, à détériorer leur situation et créent d’autres charges
découlant des exigences de la gestion des rationnements et de la lutte contre les
marchés parallèles. Devant de telles défaillances de ces politiques les taxes seraient-
elles une alternative meilleure ?
Les graphiques 1.15 synthétisent les effets de la taxe sur le comportement des
producteurs, des consommateurs et in finie sur l’équilibre du marché. Il convient de
rappeler, à cet égard, qu’une politique de taxation peut prendre la forme d’une taxe
payée soit par des producteurs soit par des consommateurs. Les incidences de la
taxe sur ces deux catégories d’opérateurs dépendent, cependant, des élasticités de
l’offre et de la demande. Les graphiques 1.15 illustrent ces différents cas.

27
Ainsi, le graphique 1.15.a présente le cas d’une taxe payée par les acheteurs d’un
montant équivalent à T pour chaque unité achetée (taxe spécifique). Dans ce
contexte, l’offre n’est pas concernée par cette taxe et le rôle des producteurs se
limiterait à la collecte du prix augmenté des revenus de la taxe pour les remettre au
Trésor Public. Le prix que reçoivent effectivement les producteurs serait alors PRV.
Du fait que la taxe porte sur la demande, le prix que doivent payer les acheteurs (PPA)
serait supérieur au prix d’équilibre du marché d’un montant égal à T. Puisque les
acheteurs raisonnent en termes de prix toutes taxes comprises (TTC), l’augmentation
du prix induite par la taxe provoquerait une diminution de la demande d’où le
déplacement à gauche de courbe de demande avec une distance équivalente au
niveau de la taxe soit T.
Suite à ce choc, le point d’équilibre sans taxe (EST) se déplacerait à un point d’équilibre
avec taxe (EAT). A ce point la quantité demandée et vendue est inférieure à la quantité
d’équilibre sans taxe. Cependant le prix est supérieur mais d’un niveau inférieur au
montant de la taxe. La taille du marché se trouve ainsi réduite et le prix a connu une
augmentation qui demeure inférieure au montant de la taxe. Cette différence découle
de l’incidence de la taxe sur les acheteurs et les vendeurs.
En effet, bien que les acheteurs paient la totalité de la taxe au Gouvernement, ils se
partagent la charge de la taxe avec les vendeurs. Ces derniers, étant obligés de réagir
à la baisse de la quantité demandée en réduisant légèrement leur prix pour
compenser l’effet de la taxe.
Au final l’instauration d’une taxe sur les acheteurs induit une baisse de la quantité
demandée. Au nouvel équilibre les acheteurs paient plus et les vendeurs reçoivent
un prix hors taxe inférieur au prix sans taxe. La différence entre le prix payé par les
acheteurs et le prix reçus par les vendeurs correspond à la taxe. La charge de la taxe
sur les acheteurs se trouve ainsi partagée entre les vendeurs et les acheteurs.
Quid alors d’une taxe payée par les vendeurs ? Le graphique 1.15.b illustre ce cas de
figure. Ainsi, puisque la taxe est payée par les vendeurs, la quantité demandée par les
acheteurs devrait rester la même. De ce fait, la courbe de demande ne change pas. Par
contre, la taxe affecte les vendeurs et diminue leur profit ce qui provoquerait une sortie
des producteurs les moins compétitifs et déplacerait la courbe d’offre à gauche.
L’introduction de la taxe induit une augmentation des coûts de production et réduit la
quantité offerte quel que soit le prix. Le nouvel équilibre avec taxe sera caractérisé par
une baisse de la quantité demandée et vendue. La baisse de l’offre générerait une
augmentation des prix de sorte que les acheteurs payeront un prix supérieur et les
vendeurs percevront un prix inférieur à celui de l’équilibre sans taxes. La charge de la
taxe se trouve, également, payée par les acheteurs et les vendeurs
Il ressort de l’étude des effets de la taxe payée par les acheteurs et les vendeurs qu’ils
aboutissent au même résultat et sont équivalentes et la seule différence concerne qui
des deux agents enverra l’argent collecté au titre de la taxe au Gouvernement. En
effet, on peut récapituler ces effets en ce qui suit :
− la taille du marché est réduite (baisse de la quantité demandée et vendue) ;
− le prix d’équilibre augmente mais d’un niveau inférieur au montant de la taxe ;
− les acheteurs payent plus que le prix d’équilibre sans taxes et les vendeurs
perçoivent moins que ce prix et la différence entre ces deux prix (appelé coin
fiscal) étant égale au montant de la taxe ;
− la charge de la taxe se trouve partagée entre les vendeurs et les acheteurs. Mais
comment s’opère ce partage ?

28
Les graphiques 1.15.c et 1.15.d livrent des éléments de réponse à cette question. Le
graphique 1.15.c suppose que le marché est caractérisé par une offre élastique et
une demande inélastique. Cela signifie que les vendeurs sont très sensibles au
changement des prix alors que les acheteurs sont très peu réactifs au prix.
Dans ce contexte, du fait que l’offre est élastique l’ajustement se fera essentiellement
par les quantités offertes : une faible augmentation du prix conduirait à une forte
augmentation de la quantité offerte. Ainsi, la baisse des prix perçus par les vendeurs
sera minime. Par contre, pour les acheteurs du fait que leur demande est inélastique,
l’ajustement se fera essentiellement par le prix. Ainsi, le prix qu’ils auront à payer
varierait d’une manière plus importante. Ces variations disproportionnées du prix
perçu par les vendeurs et celui payé par les acheteurs font que l’essentiel de la taxe
sera supporté par les acheteurs.
Le graphique 1.15.d présente le cas inverse d’une offre inélastique et une demande
élastique. Dans ce contexte, du fait que l’offre est inélastique l’ajustement se fera
essentiellement par les prix : le prix perçu par les vendeurs diminuera d’une manière
importante pour compenser l’invariabilité des quantités. Par contre, pour les acheteurs,
du fait que leur demande est dans ce contexte élastique, l’ajustement se fera
essentiellement par les quantités. Ainsi, le prix qu’ils auront à payer varierait peu. Ces
variations disproportionnées du prix perçu par les vendeurs et celui payé par les
acheteurs font que l’essentiel de la taxe sera supporté par les vendeurs.
Il découle des études des deux cas susmentionnés que la charge de la taxe est supportée,
essentiellement, par la partie la moins élastique. En effet, l’élasticité mesure la volonté
des vendeurs et des acheteurs de quitter le marché lorsque les conditions deviennent
moins favorables. Une faible élasticité de la demande indique que les consommateurs
ne peuvent pas se passer de la consommation du bien ou service objet de la taxe. De
même, une offre inélastique signifie que les producteurs ne peuvent pas changer
d’activité et arrêter la production du bien ou service objet de la taxe.
1.3.5. Efficacité du marché et bien-être économique
Les quatre dernières sections se sont intéressées à l’équilibre du marché et ses
caractéristiques : comment est-il affecté par la sensibilité des acheteurs et des vendeurs
et comment est-il impacté par les politiques publiques ? Mais on ne s’est jamais interrogé
est ce que le marché assure le bien-être économique d’une société en permettant une
allocation efficace et équitable des ressources. Cette section présentera quelques éléments
de réponse à cette interrogation. Pour ce faire, il serait indispensable de définir quelques
notions de base comme le bien-être économique d’une société et une allocation efficace et
équitable des ressources.
Comment peut-on quantifier le bien-être économique d’une société ? Une mesure
pratiquée par les économistes consiste à sommer les surplus des consommateurs et des
producteurs. Cette somme est qualifiée de surplus total (ST). Pour mieux comprendre
cette notion, rappelons les définitions de base des surplus des consommateurs (SC) et des
producteurs (SP). Ainsi on a :
− SC = Valeur accordée au bien par les acheteurs – Prix payé par les acheteurs ;
− SP = Prix perçu par les vendeurs – Coût du bien pour les vendeurs ;
− ST = SC + SP = Valeur accordée au bien par les acheteurs - Coût du bien pour les vendeurs
En effet, à l’équilibre d’un marché libre sans intervention de l’Etat, le prix payé par
l’acheteur est égal au prix perçu par le vendeur. D’où la définition du surplus total
comme la valeur (mesurée par la volonté de payer) qu’accordent les acheteurs aux
biens amoindrie des coûts que supportent les producteurs pour produire ces biens.

29
Les économistes utilisent la notion du surplus total en vue d’évaluer le bien-être
économique d’une société. Ainsi, on peut considérer que le bien-être économique
d’une société augmente lorsque le surplus total augmente et inversement. Pour
augmenter le surplus total, il faudrait réduire les coûts des biens produits par les
producteurs ou pouvoir produire des biens auxquels les consommateurs accordent
une valeur importante.
Pour ce faire, on doit allouer les ressources, dont dispose une société (capital humain
et matériel, main-d’œuvre, ressources naturelles, etc.), aux productions auxquelles
les consommateurs accordent une valeur élevée et que les producteurs peuvent
produire à moindre coût. De cette façon on peut maximiser le surplus total d’une
société. Cette façon d’allouer les ressources est appelée une allocation efficace des
ressources car elle permet de maximiser le surplus total.
Par opposition, si un bien est produit par des producteurs qui ont les coûts les plus élevés,
l’allocation des ressources à ces producteurs est qualifiée de non efficace. Dans ce contexte
transférer les ressources d’un producteur couteux à un producteur moins couteux
augmenterait le surplus total. De même, si un bien est consommé par les acheteurs qui lui
accordent peu de valeur, l’allocation des ressources serait inefficace car si ce bien est
consommé par d’autres consommateurs qui lui accordent une valeur importante le surplus
total augmenterait. En somme une allocation des ressources est efficace si elle permet de
maximiser le surplus total.
Mais le surplus total est composé du surplus des consommateurs et de celui des
producteurs. Maximiser le surplus total n’est pas synonyme que les producteurs et
les consommateurs profitent d’une manière équitable des bienfaits de cette
augmentation. Ainsi, l’efficacité qui peut être quantifiée par le surplus total et qui
renseigne sur l’évolution de la prospérité économique d’un pays ne permet pas de
répondre à la question : est-ce que la répartition de la prospérité se fait d’une manière
juste entre les producteurs et les consommateurs ?
A cet égard, on dira qu’une distribution est P Graphique 1.16. Surplus du producteur et du
équitable si elle permet de répartir la consommateur et équilibre du marché

prospérité économique d’une manière juste A Offre

entre les membres de la société. Ainsi, la D

notion de l’équité s’intéresse à savoir si les


parts de la prospérité sont distribuées d’une SC

manière juste entre les membres d’une société P* E

alors que la notion de l’efficacité permet de


quantifier cette prospérité sans se soucier des SP

problèmes de sa distribution.
B
Or s’il est facile d’évaluer l’efficacité d’un Demande

marché à travers l’usage de la notion du C

surplus total qu’on peut aisément quantifier en


utilisant les éléments d’analyse économique, la 0 Q* Q

notion de l’équité demeure difficilement quantifiable car elle se réfère au principe de


justice qui relève plutôt des jugements normatifs faisant partie des domaines de la philosophie
ou des sciences juridiques. Donc, dans le cadre des sciences économiques on se limite,
généralement2, à répondre à la question : le fonctionnement libre du marché peut-il
permettre une allocation efficace des ressources ?

2 Plus précisément, les écoles économiques, notamment d’obédience classique et marxiste ont développé des
théories de la répartition qui ont fait objet de débats durant le 19è et le début du 20è siècles sans aboutir à
l’élaboration d’outils permettant une quantification de la notion de l’équité.

30
Le graphique 1.16 illustre les surplus des consommateurs et des producteurs d’un
marché qui atteint l’équilibre entre l’offre et la demande. La surface ACE correspond
au surplus total. On ne peut confirmer que l’allocation des ressources générée par
l’équilibre entre l’offre et la demande est efficace que si l’on s’assure que le surplus
est au maximum.
Rappelons, à cet égard, que lorsqu’un marché est à l’équilibre le prix décide qui sont
les acheteurs et les vendeurs qui participeront à l’échange des biens et services
produits et mis sur le marché pour être consommés. Les acheteurs qui accordent
une valeur au bien supérieure au prix (représentés par le segment AE) participent à
l’échange et achètent le bien et ceux qui lui accordent une valeur inférieure au prix
(représentés par le segment EB) n’achètent pas le bien.
De même, les producteurs capables de produire le bien à un coût inférieur au prix
(représentés par le segment CE) produisent le bien et le vendent sur le marché et
ceux incapables de le produire à un coût inférieur au prix de marché (représentés
par le segment ED) choisissent de ne pas produire et sorte du marché comme offreur
car leurs coûts sont supérieurs au prix du marché.
Ces observations mènent à conclure que le fonctionnement libre du marché permet à
l’équilibre aux consommateurs qui attribuent le plus de valeur aux biens de les
consommer et aux producteurs qui peuvent les produire au coût le plus bas de les
produire. On peut conclure aisément que le fonctionnement libre du marché permet
une allocation efficace des ressources car il maximise l’utilité des consommateurs et
minimise les coûts des producteurs. Cette conclusion explique pourquoi les économistes
considèrent que les marchés libres sont les meilleurs outils d’organiser l’activité
économique car ils permettent une allocation efficace des ressources.
Cette conclusion est-elle toujours vraie ? Les économistes formulent d’une manière
quasi-unanime une réponse négative à cette question pour deux raisons principales. La
première a trait aux caractéristiques des marchés. En effet, il est démontré que seuls
les marchés de concurrence parfaite permettent une allocation efficace des ressources.
Or les marchés dans l’économie réelle sont loin d’être caractérisés par une
concurrence parfaite car ils sont souvent dominés par un nombre limité de vendeurs
ou d’acheteurs qui contrôlent les prix et les quantités et empêchent les marchés de
fonctionner librement.
En second lieu, il est à relever que dans l’économie réelle les activités des
consommateurs et des producteurs peuvent affecter les individus qui ne participent
pas à l’échange de certains marchés et n’en tirent pas un gain. La pollution en est
un exemple édifiant. Ainsi, un individu qui n’a pas de voiture se trouve affecté
négativement par les activités des participants au marché des voitures. Ce genre de
dommages collatéraux du marché s’appelle des externalités négatives (d’autres
externalités sont qualifiées de positives).
En effet, les voitures génèrent de la pollution et un individu qui ne participe pas au
marché des voitures se trouve obligé de consommer la pollution bien qu’il lui accorde
une valeur négative (personne n’aime la pollution). Du fait que cet individu accorde
une valeur négative à la pollution et qu’il est obligé de la consommer son surplus se
trouve amoindri ce qui conduit à réduire le surplus total.
Quand les marchés sont dominés par les pouvoirs d’un nombre restreint de
consommateurs ou de producteurs ou quand ils génèrent des externalités négatives
on parle alors d’échec du marché à assurer une allocation efficace des ressources.
Les politiques publiques doivent prendre le relais dans ces marchés pour les réguler
et augmenter l’efficacité économique. C’est là l’un des champs les plus utiles de la
microéconomie et des micro-économistes.

31
Exercices du chapitre 1
Exercice 1.
Répondre brièvement aux questions suivantes :
1. Quels sont les facteurs déterminant la quantité demandée ?
2. Pourquoi la courbe de demande est-elle décroissante ?
3. Un changement dans les préférences des consommateurs provoque-t-il un
mouvement le long de la courbe de demande ou une translation de cette
dernière ? Une variation du prix provoque-t-elle un mouvement le long de la
courbe de demande ou une translation de cette dernière ?
4. Le revenu d’un consommateur diminue, par conséquent il achète moins de
pomme de terre. Les pommes de terre sont-elles un bien inférieur ou un bien
normal ? Qu’arrive-t-il à la courbe de demande de ce consommateur ?
5. Définissez l’élasticité-prix et l’élasticité-revenu de la demande
6. Une élasticité supérieure à 1 implique-t-elle que la demande est élastique ou
inélastique ? Une élasticité nulle implique-t-elle que la demande est parfaitement
élastique ou parfaitement inélastique ?
7. Comment appelle-t-on un bien dont l’élasticité-revenu est inférieur à 0 ?
8. Expliquez comment sont liés la volonté à payer des acheteurs, le surplus du
consommateur et la courbe de demande.

Exercice 2.
Le marché d’un bien est composé de deux consommateurs : Khalid et Samia. Les
données du tableau ci-dessous retracent leurs plans de demandes individuelles en
fonction du prix du marché.
Prix Quantité demandée par Khalid Quantité demandée par Samia
0 18 9
1 16 8
2 14 7
3 12 6
4 10 5
5 8 4
6 6 3
7 4 2
8 2 1
9 0 0
1. Déduire la demande du marché et tracez les courbes de demande individuelles
de Khalid et Samia ainsi que la courbe de demande du marché.
2. En utilisant la méthode du point milieu calculez l’élasticité-prix de la demande de
Khalid, Samia et du marché quand ce le prix varie entre 4 et 6 ? Interpréter vos
résultats.

Exercice 3
Le marché d’un bien est très spécialisé. Il en résulte que seulement trois personnes
achètent ce bien. Quelle est la demande de ce marché sachant que les demandes
inverses des trois acheteurs sont caractérisées par les fonctions suivantes :
- Acheteur 1 : P = 200 – 20Q
- Acheteur 2 : P = 20 – 4Q
- Acheteur 3 : P = 20 – 5Q

32
Exercice 4
La demande mondiale d’un tissu est composée de la demande domestique et de la
demande étrangère :
- Demande domestique : Pd = 5 – 0,005 QR
- Demande étrangère : PE = 3 – 0,00075 Qe
Pd et Pe sont en dhs par mètre et Qd et Qe sont en mètres par jour. Si le prix du tissu est
de 3,10 dhs le mètre, la quantité achetée mondialement est donc de 246,7 mètres. Vrai
ou faux ? Justifiez votre réponse.
Exercice 5
La demande d’un bien est représentée par l’équation suivante Qd = -0,3Px + 0,2PY + 0,05R.
Qd est la quantité demandée du bien X, PX est le prix du bien X, PY est le prix du bien Y
et R est le revenu disponible. Interprétez les coefficients des variables PY et R.
Exercice 6
Vous êtes un employé d’un fabricant de pantalons nord-américain. Il existe deux
modèles de pantalons, chinois et égyptien, concurrents à l’un des modèles que vous
fabriquez. La fonction de demande mensuelle pour votre modèle peut être définie de
la façon suivante :
d
Q NA
= 40 000 – PNA+ 0,3PCH + 0,25PEG + 0,026R
d
Q NA
est la quantité demandée de votre pantalon, PNA est le prix de votre pantalon, PCH est
le prix du modèle chinois, PEG est le prix du modèle égyptien et R est le revenu des
consommateurs. Actuellement, le modèle chinois se vend 24 000 dhs (PCH ) pour 10 000
pièces, le modèle égyptien se vend 26 000 dhs (PEG) et le revenu moyen des
consommateurs est de 50 000 dhs (R) :
1. Quelle est l’élasticité-prix de la demande pour votre modèle s’il se vend 25 000
dhs ? Interprétez votre résultat.
2. Lequel des deux modèles concurrents est un meilleur substitut à votre modèle?
Expliquez en vous référant aux coefficients d’élasticité pertinents.
3. Si, au cours d’un mois donné, votre compétiteur égyptien fait une campagne de
promotion et réduit le prix de son modèle de 5%, quel sera l’impact sur vos ventes
en pourcentage ? (Supposez que vous et votre compétiteur chinois ne modifiez
pas vos prix.) Expliquez.
4. En supposant que la demande pour tous les modèles dans le monde se comporte
d’une manière semblable à votre demande, dites si une augmentation des revenus
des consommateurs serait de nature à stimuler la demande de pantalons.
Exercice 7
Répondre par Vrai ou faux aux énoncés suivants :
1. Les statistiques indiquent que l'élasticité-prix de la demande de cigarettes est de
l'ordre de -0.4. Si le prix du paquet de cigarettes augmente de 50 % alors la
quantité consommée va diminuer de 40 %. Vrai ou faux ?
2. Lors d’une récession, on s’attend à ce que la demande d’un bien diminue lorsque
son élasticité revenu est de -10. Vrai ou faux ?
3. Les biens substituables ont une élasticité croisée positive.
Exercice 8
La fonction de demande individuelle d’un bien A est spécifiée comme suit :
QA = 69PA−1PB R 0,5
1. Calculez l’élasticité-prix, l’élasticité-prix croisée et l’élasticité revenu ;
2. Si le prix du bien A augmente de 20% comment va évoluer sa demande ?
3. Même question si le revenu diminue de 10%.

33
Exercice 9
La fonction de demande d’un consommateur est exprimée par Qd = 6 - p : Calculez
le surplus du consommateur si P = 6 et si P = 2.
Exercice 10
Soit la fonction de demande individuelle Qdi = 4 – P. Il est supposé que l’économie
est composée de 10 consommateurs. Calculez le surplus des consommateurs et le
bénéfice social si P = 2,5.
Exercice 11
Soit le plan de demande suivant :
P Q P×Q ΔP% ΔQ% εp Niv ε
7 0
6 2
5 4
4 6
3 8
2 10
1 12
0 14
1. Compléter le tableau en vue de calculer l’élasticité-prix en utilisant la méthode
du point milieu et précisez son niveau (élastique ou non) ;
2. Peut-on dire qu’à l’instar de la pente, l’élasticité le long d’une courbe de
demande linéaire, est constante ?
3. Serait-il opportun, du point de vue recette totale, d’augmenter le prix de 1 à 2
et de 5 à 6. Justifiez votre réponse.
Exercice 12
Répondre brièvement aux questions suivantes :
1. Quels sont les déterminants de la quantité offerte sur le marché d’un bien.
2. Qu’est ce qu’une courbe d’offre et pourquoi est-elle croissante ?
3. Un changement dans la technologie de production provoque-t-il un mouvement
le long de la courbe d’offre ou une translation de cette dernière ?
4. Une variation du prix provoque-t-elle un mouvement le long de la courbe ou une
translation de cette dernière ?
5. Définissez l’élasticité-prix de l’offre et dites si elle est généralement plus
importante à long terme ou à court terme. Pourquoi ?
6. Expliquez comment sont liés le coût du vendeur, le surplus des producteurs et
la courbe d’offre.
Exercice 13
Une entreprise offre un bien sur un marché. Le nombre d’unités du bien que
l’entreprise est prête à offrir est fonction du prix du bien et ce selon la relation
spécifiée dans le tableau qui suit :
Prix 1 2 3 4 5
Quantité 100 200 250 300 325
1. Représentez la courbe d’offre et précisez ses caractéristiques.
2. Calculez et représenter de deux manières différentes les recettes totales liées à la
courbe d’offre de l’entreprise ?

34
Exercice 14
Dix entreprises ayant la même courbe d’offre assurent l’offre dans un marché. Les données
du tableau qui suit précisent les quantités offertes d’une entreprise type en fonction du prix.
Prix 1 2 3 4 5 6 7
Quantité 2 8 12 16 20 22 22
Représentez graphiquement la courbe d’offre globale, calculez les élasticités de l’offre
par rapport au prix en utilisant la méthode du point milieu des différentes parties de
la courbe et interpréter les résultats.
Exercice 15
Une entreprise a une courbe d’offre caractérisée par la relation suivante : Q = 5P - 5.
Calculez le surplus du producteur si P = 5.
Exercice 16
Répondre brièvement aux questions suivantes :
1. Qu’est-ce qu’un marché concurrentiel ? Décrivez brièvement les types de
marchés autres que parfaitement concurrentiels.
2. Définissez l’équilibre du marché et décrivez les forces qui le conduisent vers son équilibre.
3. Une pénurie sur le marché peut être causée par un prix-plafond ou par un prix-
plancher. Qu’est ce qui causerait un excédent sur un marché un prix-plafond
ou par un prix-plancher ?
4. Quelle est la différence entre une taxe payée par les acheteurs et celle payée par les vendeurs ?
5. Qu’est ce qui détermine la répartition de la charge fiscale entre les acheteurs et
les vendeurs et pourquoi ?
6. L’efficacité est-elle le but unique que recherche un décideur politique ?
7. Citez deux types d’échec de marché qui exige l’intervention de l’Etat dans le
fonctionnement des marchés
Exercice 17
1. Le marché de la pierre d’ornement est décrit par les fonctions suivantes : Offre :
P = 10 + 0,01Q et Demande : P = 100 – 0,01Q
P est le prix par unité en dhs et Q représente les ventes par semaine en tonnes.
Les prix et quantités d’équilibre sont : P = 50 dhs/tonne et Q = 6 000
tonnes/semaine. Vrai ou faux ? Justifiez votre réponse.
2. D’après les données de la question a), si le prix est fixé par le Gouvernement à 40
dhs/tonne, la pénurie sur le marché sera alors 3 000 tonnes/semaine. Vrai ou
faux ? Justifiez votre réponse et l’illustrer en utilisant un graphique.
Exercice 18
L’offre de main-d’œuvre pour les emballeurs de supermarché est la suivante : QO = 2 + 2P. De
plus, la demande de main-d’œuvre pour cette catégorie de travailleurs est donnée par
l’équation QD = 30 – 2P. Un salaire minimum à 8 dhs l’heure va nécessairement aider
ces travailleurs. Vrai ou faux ? Justifiez votre réponse.
Exercice 19
Soit un bien X acheté par trois personnes selon les fonctions de demande suivantes :
- Acheteur 1 : P = 200 – 20Q
- Acheteur 2 : P = 20 – 4Q
- Acheteur 3 : P = 20 – 5Q
Par ailleurs, on sait que l’offre sur ce marché est caractérisée par la fonction P = 0,5Q – 7 :
1. Quelle est la demande de ce marché ?
2. Calculez le prix et la quantité à l’équilibre.

35
3. Quel sera l’effet d’une baisse du prix d’un produit Y substitut sur le prix et la
quantité d’équilibre du marché du bien X ?
4. Par rapport à la situation en 2), si le gouvernement décide d’intervenir sur le
marché et de fixer le prix du bien X à 3 dhs, serait-on dans une situation de
pénurie ou d’excédent d’offre ? De quelle ampleur serait cette pénurie ou cet
excédent ? Illustrez graphiquement.
*Exercice 20
Supposons que les élasticités de la demande et de l’offre de long terme du pétrole brut sont
de –0,906 et de 0,515 respectivement. Le prix actuel d’équilibre du pétrole est de 30 dollars
le baril, et la quantité d’équilibre est de 16,88 milliards de barils par année :
1. Calculez les équations de la demande et de l’offre de long terme en supposant
qu’elles sont linéaires.
2. Supposons maintenant que l’offre de long terme que vous avez calculé en 1) est
constituée à la fois de l’offre concurrentielle et de l’offre de l’OPEP (Organisation
des Pays Exportateurs de Pétrole). Si l’équation de l’offre concurrentielle de long
terme est : QC = 7,78 + 0,29 P, quel doit être le niveau de production de l’OPEP
dans cet équilibre de long terme ?
Exercice 21
La demande d’un bien est représentée par l’équation suivante QD = -0,3Px + 0,2PY + 0,05R. QD
est la quantité demandée du bien X, PX est le prix du bien X, PY est le prix du bien Y
et R est le revenu disponible.
1. Interprétez les coefficients des variables PY et R.
2. L’offre de ce même bien X est donnée par l’équation suivante :
Qxo = 0,5Px + 80
Quels sont la quantité et le prix d’équilibre du bien X, si PY = 100 dhs et R = 2000 dhs ?
3. Calculez l’élasticité-prix de l’offre au point d’équilibre.
4. Si le revenu disponible augmente à 2400 dhs, quels sont le nouveau prix et la
nouvelle quantité d’équilibre? Sur un même graphique, représentez ce nouvel
équilibre ainsi que celui calculé en 2).
5. Suite à l’augmentation du revenu, le gouvernement maintient le prix à son niveau calculé
en 2). Une telle politique engendre une pénurie ou un surplus ? Calculez et représentez
sur le graphique précédent cette pénurie ou ce surplus.

Exercice 22
L’Association des fabricants de pneus estime que la demande du marché pour son produit
est égale à QD = 3600 – 2P – 0,04PA+ 0,02R. QD est le nombre de pneus demandés durant
l’année, P est le prix d’un pneu, PA est le prix d’une auto, et R est le revenu annuel moyen
des consommateurs. L’offre de pneus est donnée par la relation suivante : QO = 3000 +
3P. QO est la quantité offerte de pneus et P est le prix d’un pneu.
1. Estimez la fonction de demande si PA= 20 000 dhs et R = 50 000 dhs.
2. Quels sont le prix et la quantité à l’équilibre ?
3. Calculez l’élasticité-prix de la demande à l’équilibre. Interprétez votre résultat.
4. Sachant que le marché comporte 40 acheteurs dont les demandes individuelles sont
identiques, trouvez l’équation qui décrit la demande d’un de ces acheteurs.
5. En partant de la situation d’équilibre du marché, expliquez, en vous aidant d’un
graphique, l’impact des événements suivants sur le prix et la quantité d’équilibre
des pneus :
i. une hausse du coût de production des autos ;
ii. un plus grand souci des consommateurs de réduire la pollution générée par
les automobiles.
6. Imaginons que l’État fixe le prix des pneus à 55 dhs/l’unité, y aura-t-il pénurie
ou surplus ? Chiffrez votre réponse.

36
Exercice 23
Le directeur régional de la RAM, a recueilli des données suivantes sur une période de
5 mois successifs, concernant le vol régional Casa-Agadir offert par sa compagnie et
son principal concurrent :
Mois PA PC R QA QC
1 110 112 2 000 65 60
2 109 110 1 900 62 63
3 110 112 2 100 70 66
4 109 111 1 900 70 61
5 108 110 1 900 68 59
PA est le tarif (en 10 dhs) économique de la RAM pour un aller simple sur le vol Casa
– Agadir. PC est le tarif économique du concurrent pour un aller simple sur le vol
Casa – Agadir. R est le revenu mensuel moyen des utilisateurs du vol Casa – Agadir.
QA est la quantité moyenne de sièges vendus par la RAM pour un aller simple Casa –
Agadir. QC est la quantité moyenne de sièges vendus par le concurrent pour un aller
simple Casa – Agadir :
1. Calculez l’élasticité-prix de la demande pour la RAM entre les mois 2 et 5 et interprétez
votre résultat.
2. Le vol Casa - Agadir offert par la RAM est-il un substitut ou un complément au
même vol offert par le concurrent? Justifiez votre réponse.
3. Le vol Casa - Agadir est-il un bien inférieur ou normal? Justifiez votre réponse.
4. Si vous aviez laissé plus de temps aux consommateurs pour réagir à un
changement de tarif (disons une année plutôt qu’un mois), cela aurait-il affecté
la valeur obtenue pour l’élasticité-prix de la demande pour le vol Casa – Agadir
assurer par la RAM? Expliquez brièvement.
5. La demande pour le vol Casa - Agadir (quelle que soit la compagnie qui fournit le
vol) est-elle plus élastique que la demande pour le vol de la RAM (i.e., lorsque le
service est fourni par la RAM)? Expliquez brièvement.

37
Solutions des exercices du chapitre 1
Réponses aux questions à méditer
1. On retient P pour l’axe vertical et Q dans l’axe horizontal par convention entre les
économistes.
2. Quand le revenu augmente elle se déplace à gauche et quand il diminue elle se
déplace à droite.
3. La quantité demandée d’un bien est fonction positive de son substitut : si le prix
du substitut augmente, la courbe de demande se déplace à droite et s’il diminue
elle se déplace à gauche. La quantité demandée d’un bien est fonction négative
de son complément : si le prix du complément augmente, la courbe de demande
se déplace à gauche et s’il diminue elle se déplace à droite.
4. La variation en pourcentage est un rapport de variations absolues alors que
l’élasticité est un rapport des variations en pourcentage.
5. Le coût d’opportunité d’investir dans l’industrie correspond au rendement auquel
on doit renoncer si l’on investit dans ce secteur. Si l’on investit dans l’industrie
on renoncera à l’investissement dans l’immobilier qui rapporte 35% de
rendement. Donc de point de vue purement rentabilité on ne doit pas investir
dans l’industrie car le coût d’opportunité (35%) est supérieur au rendement dans
l’industrie (5%).
Si l’on étudie à l’ESITH on doit renoncer à tous les moments de détente et de loisir
qu’on peut avoir si l’on ne consacre pas de temps aux études. Le coût
d’opportunité d’étudier à l’ESITH correspond à la valeur qu’on accorde au loisir
et à la détente. De la même façon, le coût d’opportunité de ne pas étudier à
l’ESITH correspond au salaire d’un ingénieur qu’on risque de manquer à l’avenir.
A vous de choisir !
6. Il est plutôt dans un marché de monopole. Les prix des détaillants dans des
quartiers isolés sont toujours plus chers.
7. L’Etat marocain garantie un prix minimum aux producteurs des céréales pour
les protéger des baisses des prix durant la saison des récoltes ou l’offre est
abondante. Il leur assure, ainsi, un niveau de revenu en les protégeant de la
baisse des prix.
L’Etat marocain développe des silos de stockage des céréales pour réguler le
marché des céréales l’objectif et de collecter les récoltes durant la saison des
récoltes (l’été) ou l’offre est abondante et les stocker pour les vendre durant la
saison d’hiver ou l’offre est réduite.
L’Union Européenne paye des subventions aux agriculteurs pour ne pas cultiver
leurs terres en vue de réduire l’offre des produits agricoles et empêcher ainsi un
excès d’offre qui risque de réduire énormément le revenu des agriculteurs.
Les prix du pétrole varient substantiellement suite à des vagues de froid parce que
la demande de l’énergie augmente pour pouvoir chauffer les maisons.
8. Les prix-plafond des produits énergétiques (essence, gasoil, gaz butane etc.) n’ont pas
conduit à une pénurie au Maroc car quand le prix du marché mondial est supérieur
au prix plafond, la caisse de compensation paye le différentiel aux producteurs et
distributeurs des produits énergétiques. Cette politique favorise les consommateurs
les plus utilisateurs de ces produits. Du fait que les consommateurs les plus démunis
ne consomment pas beaucoup de produits énergétiques don cette politique est
inefficace de point de vue protection de ces populations.

38
9. Une bonne année agricole se solde généralement par un excès d’offre qui peut être
fatale pour les agriculteurs si les prix chutent. Pour faire face à ce genre de
conjoncture, l’Etat a mis en place des institutions qui garantissent l’achat de la
production à des prix planchers mais à condition que les agriculteurs livrent leur
production au point de ventes. Les petits producteurs loin des centres de ventes et
disposant de peu de production et de moyens, préfèrent écouler leur production
dans des souks les plus proches au profit d’intermédiaires à des prix inférieurs aux
prix-plancher. Les intermédiaires agrègent la production et les vendent aux
institutions publiques garantissant le prix-plancher. Ils réalisent, ainsi des marges
parfois importantes au détriment des petits agriculteurs. L’objectif de garantir un
revenu à ces agriculteurs se trouve contourner au profit des intermédiaires.
10. La politique de salaire minimum est une politique de prix-plancher. Si le salaire
d’équilibre est inférieur au prix plancher, chose fréquente dans des marchés
caractérisés par des taux de chômage élevé de salariés non qualifiés, cette
politique conduit à la réduction de l’offre d’emploi car il devient relativement plus
cher que le salaire d’équilibre. Cette réduction conduit à l’aggravation du
chômage. Au lieu de garantir aux chômeurs un minimum salarial, cette politique
les prive du travail et les conduit à n’avoir aucun revenu en demeurant chômeurs.

Solutions des exercices


Solution 1 :
1. Les facteurs déterminants la demande d’un bien sont son prix, le revenu, les prix
des substituts et des compléments, les préférences, les anticipations et le nombre
d’acheteurs.
2. La courbe de demande est décroissante car la quantité demandée est une fonction
décroissante du prix : si le prix augmente, la quantité demandée diminue et inversement.
3. Un changement dans les préférences des consommateurs provoque une
translation de la courbe de demande alors qu’une variation du prix engendre un
mouvement le long de cette courbe.
4. Si le revenu d’un consommateur diminue et le consommateur achète moins de
pomme de terre donc la quantité demandée cette dernière est fonction croissante
du revenu donc elle est un bien normal. Une diminution du revenu provoque
une translation à gauche de la courbe de demande.
5. L’élasticité-prix de la demande est égale au rapport des variations en pourcentage
de la quantité demandée relativement au prix, soit :
(Q ) (Q )
Q P (Q ) Q P (Q )
 (Q , p ) = = et  (Q , p ) = =
(P ) Q (P ) (P ) Q (P )
 P   P 
Variables discrètes Variables continues

L’élasticité-revenu de la demande est égale au rapport des variations en


pourcentage de la quantité demandée relativement au revenu, soit :
(Q ) (Q )
Q R (Q ) Q R (Q )
 (Q , R ) = = et  (Q , R ) = =
(R ) Q (R ) (R ) Q (R )
 R
   R 
Variables discrètes Variables continues

6. Une élasticité supérieure à 1 implique que la demande est élastique car cette
dernière varie plus que proportionnellement à la variation du prix. Une élasticité
nulle implique que la demande est parfaitement inélastique.

39
7. un bien dont l’élasticité-revenu est inférieur à 0 est un bien inférieur ou de première
nécessité : la demande d'un consommateur de ce bien diminue quand son revenu
augmente et augmente quand son revenu baisse
8. La volonté de payer qui est définie comme le montant maximum qu’un acheteur
est prêt à payer pour un bien. Le surplus du consommateur correspond à la
différence entre le montant qu’un acheteur a la volonté de payer pour acquérir un
bien et le montant qu’il paie effectivement pour l’ acheter. La courbe de demande
représente la volonté de payer des acheteurs. C’est pour cette raison qu’elle est utilisée
pour mesurer le surplus du consommateur.

Solution 2.
P
1. La demande du marché est égale à la somme
des demandes individuelles. Le graphique
suivant retrace les courbes de demandes Exercice 2

individuelles de Khalid et Samia ainsi que la


courbe de demande du marché. 9

2. La méthode du point milieu consiste à


calculer l’élasticité entre deux points A et B
moyennant la formule suivante :
(QB − Q A )
[(QB + Q A ) / 2] Q P + PB
 = =  A
( PB − PA ) P Q A + QB
[( PB + PA ) / 2]

Si le prix varie entre PA = 4 et PB = 6, la Samira Khalid


Total
quantité pour Khalid varierait entre
QAk = 10 et QBk = 6, pour Samia entre QAs = 5 9 18 20 Q

et QBs = 3 et pour la demande du marché entre


QAt = 15 et QBt = 9. En appliquant la formule ci-dessous on aura :εk = εs = εt = -1,25.
L’élasticité est la même entre 4 et 6 car Khalid consomme le double de Samira et la
demande globale n’est qu’une agrégation des demandes individuelles.
Solution 3.
La demande de marché : Qt = Σqi. A1 : P = 200 – 20Q ⇒ Q1 = 10 – 0,05P.
A2 : P = 20 – 4Q ⇒ Q2 = 5 – 0,25P. A3 : P = 20 – 5Q ⇒ Q3 = 4 – 0,20P,
QTOT = 19 – 0,5P
Solution 4 P

FAUX. Demande mondiale : QM = Qd + Qe doit


être formulée en termes de prix. 5

5 − Pd
Demande domestique Qd = = 1000 − 200 Pd Exercice 4

0,005
3 − Pe
Demande étrangère Qe = = 4000 − 1333,3Pe 3
0,00075
On note que les consommateurs domestiques entrent
sur le marché à Pd ≤ 5 dhs et que les consommateurs
étrangers entrent sur le marché à Pe ≤ 3 dhs.
0  Pd  5$
QM = 5000 − 1533,3P  DE DM

0  Pe  3$ Q

Pour P = 3,10 dhs ⇒ QM = Qd puisque P > 3dhs. QM


= 1000 − 200 (3,10) = 380 mètres.
Solution 5

40
Le coefficient de PY est positif. Ceci implique que si PY augmente la demande du bien X
augmente. Donc X et Y sont des substituts. De même, le coefficient de R est positif. Ceci
implique que si R augmente la demande du bien X augmente. Donc X est un bien normal.
Solution 6
%Q Q P 25000 dhs
1. EP = = = −1
%P P Q QNA
QNA = 40000 − 25000 + 0,3( 24000) + 0,25( 26000)
+ 0,26(50000) = 30000
25000
EP = −1 = − 0,83  1
30000
Peu sensible : Chaque 1% de variation de prix entraine 0,83% de variation
de quantité demandée de pantalons.
% Q x Q x Py 24000 26000
2. E s = =  EsCH = 0,3  = 0,24 et EsEG = 0,25  = 0,217
% Py Py Q x 30000 30000
Les pantalons chinois sont plus proches substituts car ils ont une élasticité plus
élevée
%𝑄 %𝑄
3. 𝐸𝑠𝐸𝐺 = %𝑃𝑥 = −5%𝑥 = 0,217 ⇒ %𝑄𝑥 = −1,09%
𝑦
La baisse de quantité demandée de vos pantalons sur le marché américain
sera de l’ordre de 1,09%.
%𝑄𝑥 𝛥𝑄𝑥 𝑅 50000
4. 𝐸𝑅 = %𝑅
= 𝛥𝑅 𝑄
= 0,026 30000 = 0,043
Compte tenu de la valeur de l’élasticité-revenu, on peut prévoir que chaque 1 %
d’augmentation des revenus amène une augmentation de quantité demandée de
pantalons de 0,043 %. Donc si R augmente, Q augmente. Le pantalon est un bien normal.
Solution 7
1. Faux car Ep = %Qx/%Px = −0,4. ⇒ demande inélastique. 1% de ΔPrix amène à
0,4% de variation de quantité demandée de cigarette. Si le prix augmente de
50%, on a 50 x -0,4% = -20% de baisse de la quantité demandée de cigarettes.
2. Faux car : ER = %QX↑ / %R ↓= −10. X est un bien inférieur. Donc, si le revenu varie
de 1%, la quantité demandée varie de –10%. Lors d’une récession, i.e, baisse
de revenu, alors si le revenu baisse de 1%, la quantité augmentera de 10%.
3. Deux biens (A et B) ayant une élasticité croisée positive sont des biens
substituables. Une augmentation du prix de A induit une baisse de la quantité
demandée de A (d’après la loi de la demande) et B devient relativement moins cher
ce qui induit une augmentation de la quantité demandée de B. Ainsi le prix de A
et la quantité demandée de B varient dans le même sens d’où une élasticité positive.

41
Solution 8
1. On sait que l’élasticité est définie ainsi :
(Q )
Q x (Q )
 (Q A , x ) = = avec x = PA , PB et R   (Q A , PA ) = −1,  (Q A , PB ) = 0,5 et  (Q A , R ) = 0,5
(x ) Q (x )
x
On peut dire que la demande du bien A est isoélastique. L’élasticité prix croisée est
supérieur à zéro donc le bien B est un substituable du bien A. L’élasticité-revenu est
comprise entre zéro et un donc le bien A est un bien normal.
2. Puisque l’élasticité prix est isoélastique ( p = -1) une augmentation du prix PA du
bien A de 20% générerait une baisse de la quantité demandée de 20% (-1×20%).
3. On sait que l’élasticité-revenu est égal à 0,5. Si R augmente de 10% la demande
du bien A augmenterait de 0,5×10% soit 5%.
Solution 9
On a Qd = 6 – P donc si P = 6, Qd sera nulle. La
consommation est nulle donc le surplus du
consommateur sera nul.
Si P = 2, le surplus du consommateur correspondra S
à la surface verte du graphique soit [(6 - 2)×4]/2 = 8.
Solution 10
Pour chaque consommateur on a Qdi = 4 – P. La
demande du marché serait 10 × Qdi d’où Qd = 40 – 10P.
Si P = 2,5 alors Qd = 15. Le surplus des consommateurs
4

correspondra à [(4-2,5)×15]/2 = 11,25.


Exercice 10

Le bénéfice social correspond au surplus augmenté Surplus du


consommateur

de la dépense des consommateurs. La dépense est 2,5

égale à 2,5 ×15 = 37,5. Le bénéfice social sera alors


égale à 11,25 + 37,5 = 48,5.
15 40

Solution 11
P Q P×Q ΔP% ΔQ% εp Niveau
7 0 0 15 200 13,0 >1
6 2 12 18 67 3,7 >1
5 4 20 22 40 1,8 >1
4 6 24 29 29 1,0 1
3 8 24 40 22 0,6 <1
2 10 20 67 18 0,3 <1
1 12 12 200 15 0,1 <1
0 14 0 - - -
2. La pente est effectivement constante le long d’une courbe de demande linéaire mais pas
l’élasticité. La pente est un pourcentage. Elle est constante car elle est mesurée par le
rapport de variations absolues de deux variables alors que l’élasticité est un quotient
des variations relatives (en pourcentage) de deux variables.
3. Il est opportun d’augmenter le prix à 2 car dans cette partie de la courbe la demande
est inélastique et une augmentation du prix engendrerait une augmentation de la
recette totale alors que si le prix passe de 5 à 6 la recette totale diminuera car la
demande est élastique dans cette partie de la courbe.

42
Solution 12
1. La quantité offerte sur le marché d’un bien est fonction de son prix, du prix
des facteurs et de la technologie de production ayant servi à la fabrication du
bien, des anticipations des producteurs et de leur nombre.
2. Une courbe d’offre est une courbe qui relie la quantité offerte d’un bien à son
prix. Elle est croissante car la quantité offerte augmente si la prix augmente.
3. Un changement dans la technologie de production provoque une translation
de la courbe d’offre.
4. Une variation du prix provoque un mouvement le long de la courbe d’offre.
5. Définissez l’élasticité-prix de l’offre et dites si elle est généralement plus importante
à long terme ou à court terme car à court terme certains facteur de production sont
fixes et ne permettent pas un ajustement rapide de la production aux variations de
ses déterminants. Elle est définie comme un quotient des pourcentages de
variations de la quantité et du prix du bien, soit :
(Q o ) (Q o )
Qo P (Q o ) Qo P (Q o )
 (Q o , p ) = = et  (Q o , P ) = =
(P ) Q o (P ) (P ) Q o (P )
P   P
Variables discrètes Variables continues

6. Le concept du surplus du producteur correspond au montant auquel le producteur est


payé moins le coût de production. Comme la courbe d’offre reflète le coût des
producteurs, elle est utilisée pour
calculer le surplus du producteur. RT P

Recette
Solution 13 totale

1650 5 Offre
1. La courbe d’offre relie les quantités
offertes au prix. Elle est croissante 1200 4

car quand le prix augmente, la


quantité offerte augmente. 750 3

2. La recette totale est égale à la


quantité vendue multipliée par le
400 2

prix. On peut la représenter par une


100 1
courbe ou par une surface. Recette
totale

Prix 1 2 3 4 5 100 200 250 300 325 Q

Quantité 100 200 250 300 325


Recettes 100 400 750 1200 1625
Solution 14 P
Exercice 14

Le graphique ci-contre retrace la courbe 7


d’offre du marché. L’élasticité de l’offre entre
deux points A et B selon la méthode de point 6

milieu est définie par : 5

(QB − Q A ) 4
[(QB + Q A ) / 2] Q P + PB
 = =  A
( PB − PA ) P Q A + QB
3

[( PB + PA ) / 2] 2

0
20 80 120 160 200 220 Q
0

43
Le tableau suivant récapitule les différents niveaux d’élasticité :
P 1 2 3 4 5 6 7
Q 20 80 120 160 200 220 220
ε ∞ 1,80 1,00 1,00 1,00 0,52 0,00
Entre les points 1 et 2, l’offre est relativement
P Exercice 15
élastique (>1). Une variation du prix de 1%
entrainera une augmentation de 1,8% de la
quantité offerte. Entre les points 2 et 4, la
courbe devient isoélastique : une variation de B
1% du prix conduit à une variation de 1% de 5
C

l’offre. Entre 5 est 6, l’élasticité est inférieure


à 1 mais supérieure à 0. La courbe d’offre
devient relativement inélastique. Entre 6 et 7,
elles parfaitement inélastique : quel que soit la
variation des prix, la quantité offerte ne varie
pas. Il convient de relever qu’entre 0 et 1 la 1
A
courbe d’offre est infiniment élastique. La
courbe d’offre et perpendiculaire à l’axe des 0 Q
20
prix et parallèle à l’axe des quantités.
Solution 15
Si Q = 5P – 5 et P = 5, le surplus du producteur correspondra à la surface ABC = 40.
Solution 16
1. Le marché concurrentiel est caractérisé par l’existence d’un nombre important de
vendeurs et d’acheteurs de sorte qu’aucun opérateur n’a un pouvoir déterminant
sur les prix du marché. Chaque vendeur exerce un contrôle limité sur le prix parce
que les autres vendeurs offrent des produits similaires. Du fait que ni les vendeurs
et ni les acheteurs ne sont capable d’influencer le prix déterminé par le marché, ils
sont qualifiés de preneurs de prix ( Price-taker ).
2. On peut définir l’équilibre du marché comme la situation dans laquelle le prix
atteint un niveau tel que l’offre est égale à la demande. Le prix d’équilibre est le prix
qui égalise l’offre à la demande et la quantité d’équilibre se définie comme la quantité
offerte et demandée au prix d’équilibre. Donc à l’équilibre la quantité que désirent
et sont capables d’acheter les consommateurs et exactement égale à celle que
désirent et sont capables de vendre les producteurs. Les lois de l’offre et de la
demande conduisent le marché à l’équilibre.
3. Une pénurie sur le marché peut être causée par un prix-plafond si ce dernier est
inférieur au prix d’équilibre. Par contre un excédent peut être causé par un prix-
plancher si ce dernier est supérieur au prix d’équilibre.
4. Une taxe payée par les acheteurs affecte la courbe de demande et celle payée par les
vendeurs impacte la courbe d’offre. En termes d’effet, les deux taxes aboutissent au
même résultat : elles sont effectivement payées pour l’acheteur et le vendeur et
conduisent à réduire la quantité vendue et augmente le prix d’équilibre.
5. La charge de la taxe est supportée, essentiellement, par la partie la moins
élastique. En effet, l’élasticité mesure la volonté des vendeurs et des acheteurs
de quitter le marché lorsque les conditions deviennent moins favorables. Une
faible élasticité de la demande indique que les consommateurs ne peuvent pas se
passer de la consommation du bien ou service objet de la taxe. De même, une
offre inélastique signifie que les producteurs ne peuvent pas changer d’activité et
arrêter la production du bien ou service objet de la taxe.

44
6. Un décideur politique est plutôt occupé par l’équité de la politique économique
alors que l’économiste cherche l’efficacité.
7. Les marchés sont souvent dominés par un nombre limité de vendeurs ou
d’acheteurs qui contrôlent les prix et les quantités et empêchent les marchés de
fonctionner librement ce qui nécessite l’intervention de l’Etat pour rééquilibrer .Citez
deux types d’échec de marché qui exige l’intervention de l’Etat dans le
fonctionnement des marchés. Cette intervention peut se justifier également par
l’existence d’externalités négatives (pollution) ou positives (recherche et
développement).
Solution 17 P
Solution exercice 17

1. FAUX. Au point E d’équilibre, l’offre


doit être égale à la demande :
10 + 0,01Q = 100 – 0,01Q ↔0,02 Q = 90 ⇒ O

Q = 4500 tonnes/semaine et P = 55
dhs/tonne
E
2. VRAI. Si le prix est fixé à 40 dh. La 55

quantité offerte sera égale à : 40 = 10 + 0,01Q


⇒Q = 3000 tonnes/semaine. 40
Pénurie=

La quantité demandée : 40 = 100 – 3000

0,01Q ⇒ Q = 6000 tonnes/semaine. D

Donc, il y aurait pénurie :


Qd – Qo = 3000 tonnes/semaine
0 3000 4500 6000 Q

Solution 18
Faux. Le salaire minimum ne va pas aider les travailleurs parce qu’il est une source
de chômage. Le salaire d’équilibre serait celui qui égalise l’offre à la demande :QD =
QO ⇒ 30 – 2P = 2 + 2P ⇒ 28 = 4P ⇒ P* = 7 dhs. On a un salaire minimum > Salaire
d’équilibre : la quantité offerte de main-d’œuvre est donc supérieure à la quantité
demandée : surplus de main-d’œuvre = chômage
Solution 19
P
Solution exercice 19
1. La demande du marché est la somme
des demandes individuelles. Dans
l’énoncé les demandes sont inverse O
[P = f(Q)]. Il faut les exprimer sous la Excédent =
2,5

forme [Q = f(P)] on a : 3

A 1. P = 200 – 20Q → Q1 = 1/20 P - 10 2


E

A 2. P = 20 – 4Q → Q2 = 1/4 P - 5
A 3. P = 20 – 5Q → Q3 = 1/5 P – 4
Qd = 19 – 0,5P
2. A l’équilibre l’offre doit être égale à la D

demande soit O = D. on sait que


l’offre est égale = P – 7 + 0,5Q ⇒ 0 17,5 18 20 Q
QO = 14 + 2P = 19 – 0,5P. On
solutionnant l’équation on doit avoir :
P* = 2 dhs et Q* = 18 unités
3. Si X et Y sont des substituts, la baisse de PY est un choc négatif sur la demande
de X, d’où la translation de la courbe de demande de X à gauche de D0 à D1 et
de l’équilibre de E0 à E1. Le nouvel équilibre sera caractérisé tant par une baisse
de la quantité vendue de X ainsi qu’une augmentation de son prix.

45
4. Si le gouvernement fixe le prix à 3 dhs : P
Solution exercice 19
QO = 14 + 2(3) = 20 et
QD = 19 – 0,5(3) = 17,5
Excédent d’offre : QO – QD = 2,5 unités O

Solution 20 P0
E0

1. Si la demande est linéaire, elle est de la E1

forme : QD = a +bP. Aussi, on sait que : P1

P Q  16,88 


E = b   b = E   = −0,906  = −0,510
Q P  30  D0

En réarrangeant, on : a = QD –bP ⇒
D1
a = 16,88 + 0,510(30) = 32,18. On
peut écrire la demande : QD = 32,18 - 0 Q1 Q0 Q

0,510P
Si l’offre est linéaire, elle est de la forme : QO = c + dP. Aussi, on sait que :
P Q  16,88 
E = d
Q
  d = E  P  = 0,515 30  = 0,290
     
En réarrangeant, on : c = QO – dP ⇒ c = 16,88 + 0,290(30) = 8,18. On peut écrire
l’offre : QO = 8,18 +0,290P
2. L’offre de l’OPEC est la différence entre l’offre mondiale et l’offre compétitive à 30 dollars.
On sait que l’offre mondiale à 30 est 16,88. L’offre compétitive à 30 est égale à : 7,78
+ 0,29(30) = 16,48. Ceci implique qu’à 30 dollars le baril, l’offre de l’OPEP est de 0,4
milliard de barils par an. P
Solution exercice 21
Solution 21
1. Le coefficient de PY est positif. Ceci O
implique que si PY augmente la demande
du bien X augmente. Donc X et Y sont E1

des substituts. De même, le coefficient 75

de R est positif. Ceci implique que si R 50


E0

augmente la demande du bien X Pénurie=


20

augmente. Donc X est un bien normal. D1

2. O = D → P = 50 et Q = 105 D0

3. EO = 0,5 (50/105) = 5/21 = 0,24


4. P = 75 et Q = 117,5
0 125
5. La politique du gouvernement
105 117,5 Q

engendrera une pénurie de 20. Car


avec l’augmentation du revenu est le P
Solution exercice 22. Effet d’une
maintien du prix à 50, la demande hausse du coût de production des

passera de D0 à D1 (=125) alors que


automobiles

l’offre demeurera stable à 105. O1

Solution 22
O0

1. QD = 3600 – 2P – 0,04PA + 0,02R


E1
P1

⇒ QD = 3600 – 2P – 0,04(20 000) + 0,02(50 000) 160


E0

⇒ QD = 3600 – 2P – 800 + 1000


⇒ QD = 3800 – 2P D0

2. QD = Qo ⇒ 3800 – 2P = 3000 + 3P⇒ 800


= 5P ⇒ P = 160 dhs et Q = 3480 0 Q1 3480 Q

46
3. L’élasticité-prix de la demande est égale :
Q P * 160
d = = −2  = 0,09
P Q * 3480
εd est inférieure à zéro donc la demande est inélastique. Une variation de 1% du prix
entraîne une variation de 0,09% de la
quantité demandée.
P
Solution exercice 22. Effet du souci de
pollution des consommateurs
4. QD = 3800 – 2P = 40×Qd avec Qd est
égale à la demande individuelle O
⇒ Qd = (3800 -2P)/40
⇒ Qd = 95 – 0,05P E0
160
5. Les pneus et les automobiles sont des
biens complémentaires. Un choc
E1
P1

négatif sur la production des


automobiles aura le même effet sur la D1

production des pneus (Q diminue et P D0

augmente). Le souci de pollution des


consommateurs est un choc négatif de
la demande. Il entrainera une baisse
0 Q1 3480 Q

des prix et des quantités produites.


6. QD = 3800 - 2(55) = 3690 et QO = 3000 + 3(55) = 3165 ⇒ Pénurie = 525 unités.
Solution 23
1. Toutes choses égales, par ailleurs, et si l’on prend les observations des mois 2 et 5 on a :
%Q (Q2 − Q1 ) / Q1 (68 − 62) / 62
EP = = = = 10,6  Ep = −10,6  1  Elastique
%P ( P2 − P1 ) / P1 (108 − 109) / 109
Les consommateurs sont sensibles aux prix : Chaque augmentation de 1% du
prix entraine une diminution de 10,6% de la quantité demandée.

2. L’élasticité de substitution précise la variation de la demande de la RAM suite à une


variation du prix du concurrent. Si elle est positive les deux services sont des
substituts. Si l’on prend les données des mois 2 et 4 :
%Qx (Q2 − Q1 ) / Q1 (70 − 62) / 62
Ecx , y = = y = = 14,2  Ecx , y  0  y est un substitut de x
%Py ( P2 − P1 ) / P1
y y
(111 − 110) / 110

3. Un bien est dit normal s’il a une élasticité-revenu supérieure à zéro. Si l’on prend
les données des 1 et 3, on a :
%𝛥𝑄 (𝑄2 − 𝑄1 )/𝑄1 (70 − 65)/65
𝐸𝑅 = = = = 1,54 ⇒ 𝐸𝑅 ⟩ 0 ⇒ un bien luxe
%𝛥𝑅 (𝑅2 − 𝑅1 )/𝑅1 (2100 − 2000)/2000

4. Si l’on avait laissé plus de temps aux consommateurs, on aura EPLT EPCT ⇒ les
consommateurs sont plus sensibles à long terme. Ils ajustent leurs choix de
voyage et modes de transport, changent d’habitudes et trouvent des substituts.

5. La demande en général pour le vol Casa-Agadir offert par toutes les compagnies
aériennes est moins élastique (mois grande en valeur absolue) que la demande
pour le vol offert par une compagnie en particulier.

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