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Les Plantes des dieux

Richard Evans Schultes

Albert Hofmann

Pour l'édition révisée:


Christian Ratsch

Les Plantes des dieux


Pouvoirs magiques
des plantes psychédéliques

... Plus on s'enfonce dans l'univers du tconan<icatl, plus on voi t de choses.


Et l'on voit le passé ct l'avenir, qui sont unis, déjà achevés, déjà fa its ..
Je vis ct je sus des mill ions de choses. Je connus ct je vis Dieu :
une im mense horloge qui fait tic· tac, les sphères célestes tournant do ucement ct, à l' intéri eur,
les étoiles, la Terre, l'univers tout entier, le jour ct la nuit, les pleurs ct les ris, le bonheur ct la douleur.
Celui qui perec totalement le secret du tconan:icatl peut même voir
les rouages infinis de l'horloge.,.

Maria Sabina

Les Éditions du Lézard


9, passage Dagorno
Parisx:xe
MISE EN GARDE
Cet ouvrage na veut nj ne doit inciler à rusage de
plantes t\alluclnogènet. Il ott re une documenta!lon
saent1llque stK ~ groupe de végétaux qui ont ét6
ousontencorelmpotlantspourlavietantcultu-
reHe que religieuse de nombreuses sociétés hu·
mainea.
Nous albrons rattenllon du lecleur sur le tait que
bon nombre des plantes décrites ou représentées
sont soumises à la loi sur les narcotiques et que
leur usage peut entrainer des poursu1tes jodiclal-
..,_

Titre orig1nal . PIBnts of/he Gods

Pourr6ditmanglaJSe
C 1979 Mc Graw-Hil Book Company
(UK) Umited, Maidenhead, England

Une productiOn de .
EMB-Serw:e pour les éditeurs.
L.uœme . ......
C 1989 EMB·Service pour les éditeurs,
Lucerne. Suisse
Pourr«tiboncomgée
C 1998 EMS-Service pour les éditeurs,
Wœme, ......

Pour l'édition lrança!st:


C2000NSP,
9, pasaaoe Dagomo- 75020 Pans
ISBN : 2-91071&--24-7

TraducllonlrançaiSEI
CathenneCreox

---
~Pietra champtgnon • maya, El Salvador, pénode
de 300 av. J.-C. à 200 de notre ère (hauteur :
33,5cm).
Table

Préface. 120 Les graines d e la civilisation Ce fumeur de haschisch, qui fê.


Anadenanthera colubrina- Cebil vasse confortablement étendu,
Introduction s'adonne complètement à ses vi-
124 Ayahuasca, le breuvage sions. Gravure de M. von Schwind,
10 Qu'est-ce qu 'une plante magique de l'A mazon ie publiée en 1843.
hallucinogène? Banisteriopsis- Ayahuasca
P5ychotris- Chakruna
16 Le règne végétal
140 Les trompettes des anges
20 Étude ph ytoch im ique des Brugmamia - Stramoine
drogues sacrées
144 La trace du petit cerf
26 Répart iti on ct utili sation des Lophophora- Bouton à mcscal,
hallucinogènes Peyotl
J I Lexique !56 Les petites fleurs des dieux
Conocybe, Panaeolus, P5i/ocybe-
61 Les plantes hallucinogènes et
Teonaniicatl
leurs usage rs
164 La sauge des devins
65 Résumé de l'usage des Satvia divinorum
plantes psychédéliques
!66 Le cactus des qu at re vents
81 Les princ ipau x Trichoœreus- San Pedro
hallucinogènes
170 Les lianes du serpent
82 Le soutien des cieux lpomoea- Badoh negro
Amanita- Amanite tue-mouches Turbina- Ololiuqui
86 Les herbes magiques 176 La semence du solei l
Atropa- Belladone Virola -Epcna
Hyoscyamus - Jusquiame
Mandragora - Mandragore 182 Pituri - La porte du temps
des rêves
92 Le nectar du délice Duboisia- Pitcheré
Cannabis- Chanvre, Marijuana,
Haschisch 184 Structures chimiques des
hallucinogènes
102 Le feu de saint Antoine
Claviceps - Ergot de seigle 188 Emploi des hallucinogènes
en médecine
106 La fleur sacrée de l'étoi le
Polaire 196 Épilogue
Datura - Pomme épineuse, Page 4: Les sorcières de l'Europe
Stramoine, Dhatura, Tolo:ache, !98 C rédits photograp hiques du Moyen Âge préparaient de
Torna Loco nombreuses pelions psychotropes
!99 Index dont la plupart conteoaient une ou
11 2 Le pont vers les ancêtres même plusieurs solanacées.
Tabernamhe- iboga Au cours de l'ivresse, elles se
livraient à des pratiques de magie
116 Les grai nes de l'esprit blanche ou noire. Cette gravure sur
bois de 1459 montre deux
Hckula sorcières qui veuleot provoquer un
Anadenanthera peregrina- Yopo oragegràceàunepotion(sans
doute pendant une période de
sécheresse).
Pour les Indiens huk:hol du Mexique, le peyotl (Lophophora willi-
amsii) {page 7) n'est pas une plante, mals une divinité ou encore un
cadeau de la déesse Terre aux humains. qui doit permettre à ces
damiers de garder un contact mystique avec elle. À cette fin, les
Huichol célèbrent chaque année de grandes fêtes du peyoU {ci-
dessous), lors desquelles les cactus tout juste ramassés sont
mangés par tous les membres de la tribu.
Préface

Ce livre est une invit:uion au voyage, un voyage


dans le temps ct l'espace, dans le corps ct l'esprit.
Certaines plantes décrites da ns ces pages (le datu-
ra, l'amanite tuc-mouches ou la belladone) pous-
sent encore dans nos champs ou nos forêts. Consi-
dérées aujourd'hui comme des poisons, elles
renfermaient jadis le secret de nos sorcières. Nos
sociétés, chrétiennes ct colonisatrices, n'ont trop
souvent vu que paganisme cr sauvagerie dans le
culte porté aux plantes. Sans l'audace de quelques-
uns, dont Schu ltcs ct H ofm ann sont parmi les plu s
éminents, des dizaines de pratiques culturelles ct
religieuses, où l'homme croit transcender la réalité
ct communiquer avec un dieu, auraient été défini-
tivement saccagées par oc l'homme blanc ,. fou de
rationalisme.
Aujourd'hu i, en Europe, le can nabis ct psilocybc
ont fo rcé la porte de notre perception de façon

massive, mais ils ont du même coup perdu leur·


dimension magique. Au contraire, la majorüé des
plantes répertoriées par nos au teu rs, que leur cu lte
soit vivace ou non, ont donné lieu à l'élaboration
d'un rituel précis.
Le livre richement illustré de Richard Evans
Schu ltcs c t Albert H ofmann est tout simplement
l'ouvrage de référence sur le sujet. Il nous démon-
tre que dans toutes les civilisations et à toutes les
époques, l'usage maîtrisé de produits psychotro-
pes, loin d'obscurcir notre vision du monde, peut
comribueràl'éclairer.
Jean-Pierre Galland
«Car il y a dans la conscience le Merveil/e11X
avec lequel outrepasser les choses.
Er le peyotl nous dit
où il est
An10n in Aruud, /~s Tar.,IJHmaras ( 19-47)

Les chamans des Huichol u\Jtisentle peyotl, cactus divin, afin de centre de l'image est représeoté avec une tête de ITlOfl parce qu~~
provoquer un élat 1\alluclnatoue leur permenant de YOir et de passe pour un • homme mort •, condition sine qua non pour VOfS·
changer, selon letlrseovies, rautre réahté, qui a un rapport de gerdanst'au..eselà.
cause à eifel avec les manifestations de ce monde. Le chaman au
Introduction

Pendant des millénaires, l'usage de plantes psy~ psychiatrie n'a pas progressé aussi rapidement que
chédéliqucs ou qui exacerbent les sens fit partie d'autres branches de la médecine, c'est su rtout
de la vie des hommes, mais les soc iétés accidenta· faute d 'avoir cu à disposition les ou tils appropriés.
les viennent tout juste de prendre conscience à C'est à cet égard que l'utilisation très ciblée des
quel point ces végétaux ont marqué l'histoire des principes actifs de plantes psychotropes pourrait
diverses cultures, même les plus avancées. Depuis être d'un grand secours.
une vinguinc d'années, l'intérêt porté à l'emp loi À notre avis, les connaissances spécifiques acqui·
ct aux vertus des hallucinogènes dans notre mon- ses par la science devraient être accessib les à tous
de moderne, urbanisé ct industrialisé, s'est consi- ceux qui peuvent en cirer profit ct cc pour le bien
dérablement accru. de l'humanité ct de son développement. C'est sur
L'aide que pourrait apporter l'utilisation appro- cc désir que sc fonde le présent ouvrage, dont nous
priée de leurs principes actifs aux personnes qui espérons qu'il servira les intérêts pratiques du
souffrent n'a pas encore été reconnue à sa juste genre humain.
valeur. Certaines plantes contiennent des compo-
sés chimiques capables de modifier la perception Richard Evans Schultcs
visuelle, auditive, olfactive, gustative ct tactile, Albert l-l ofmann
ainsi que de causer des psychoses artifi cielles. De
toute évidence, leur utilisation remonte aux pre·
miers pas de l'homme dans la connaissance de Pour l'éd ition révisée
son environnement végétal. Les effets provoqués
par ces plantes sont souvent inexplicables et réel- À sa parution en 1979, les Plantes des dieux mar-
lement etranges. qua un tournant pour l'ethnobotaniquc ct l'cthno-
Il n'est donc pas étonnant qu'elles aient joué un pharmacologic, interpellant, inspirant ct motivant
rôle important dans les rites rel igieux des civilisa· beaucoup de jeunes che rcheurs dans le monde en-
tians ct qu'elles soient encore vénérées comme des tier. Leurs travaux ont apporté de nouvelles con-
êtres sacrés par certains peuples qui cultivent les naissances sur les "" plantes des dieux •, répondant
traditions ct un mode de vic primitif. Dans une à de nombreuses questions sur les composants ct
société archaïque, comment l'homm'e pouvait·il les effets de plantes psychotropes. J'ai essayé d 'in·
plus facilement entrer en contact avec le monde dure les nouvelles informations dans l'ouvrage
des esprits que grâce aux principes actifs de ces existant de façon qu'il reflète l'état actue l des
plantes, dont l'effet psychédélique était immé· connaissances tout en gardant son aspect d'ori-
di at? Par quetlc méthode aurait-il pu s'affranchir gine. j'espère que les «plantes des dieux • garde·
plus directement des limites prosaïques du quoti· ront leur place dans not re monde et qu'elles con-
dien pour pénétrer, ne serait·ce qu'un instant, cerneront de nombreuses personnes qu i tiennent
dans des mondes fascinants aux merveilles imma· au caractère sacré de la nature.
tériellcs ct indescriptibles?
Pourquoi les plantes hallucinogènes som-elles Christian !Utsch
étranges, mystiques ct déroutantes? Parce que
leur étude sciemifiquc ne fait que commencer.
Les résultats aniseront sans aucun doute l'intérêt
our l'utilisation des plantes biodynamiques, car
f.esprit humain a autant besoin d'agents cu ratifs
et correctifs que le corps ct ses organes.
Une connaissance approfondie de l'usage ct de la
composition chimique de ces drogues qui ne pro-
voquent pas d'accoutumance permettrait-elle la
découverte de nouveaux remèdes pour les traite·
mcnts ou la recherche en psychiatrie? Le système
nerveux central est un organe très complexe et si la
Qu 'est-ce qu'une plante hallucinogèn e ?.

De nombreuses plantes sont toxiques. Ce n'est pas l e datura a depuis longtemps été
un hasard si la racine étymologique de ce mot lar- misenrelatronaveclecultede
Shiva, le dieu des forces créa tri·
gement utilisé par les spécialistes vient du grec cesetdestructrrcesdel'univers
tOÇLY.OV (toxicon), dérivé de m~ov (roxon), dans la religioo hindoue. Ce
«arc,., ct qui signifiait à l'origine «flèche empoi- bronzb remarquable du xt• ou du
sonnée,., xu·s~le représenteentrain
de danser I'Anandatân·dava, der·
C'est parce qu'elles sont toxiques que les plantes nièredesesseptdanses. où se
médicinales peuvent guérir ou soulager. Le plus fondent toutes leslacettesdeson
souvent, on prête au mot toxique le sens de poison caraclère.Desonpieddroit,
mortel. Or, comme l'écrivait Paracelse au XV I ~ ShivaécraseApasmârapurusa. le
siècle:« Il y a du poison dans toute chose ct il n'est démonde l'ignorance.Dans la
plushautedesesmainsdroites.il
rien sans poison. Qu'une chose devienne poison tient un petit tambourin, symbole
ou pas ne dépend que de la dose. ,. du Temps, que le rythme de sa
La différence entre un poison, un médicament ct danse cosmique définit dans le
un narcotique est une simple question de dosage. champdelavieetdetaforce
créatrice.l'autremaindroitedu
La digitale par exemple, en quantité appropriée, dieu est dans la position de I'Atr
est un des remèdes cardiaques les plus efficaces et hayamudrâ, exprimant son rôle de
les plus employés mais, à fortes doses, elle devient protecteurdel'unrvers.Danssa
un poison mortel. plus haute marn gauche se twuve
Au sens large du terme, il conviendrait d'appeler lallammequrbrùlelesvoilesde
l'illusion. t:alllre marn gauche de
toxiques les subst:wces végétales, anima les ou ch i- Shrva est dans ta posrtron de
miques ingérées po ur des raisons non al imentaires Gajahasta et montre son p1ed
qui n'influent pas de façon spectaculaire su r les gaudlelevé, tibre dans t'espace,
fonctions biody namiques du corps. Cette défini- et symbole de la libération de
resprilSescheveuxsontretenus
tion large inclurait des principes actifs comme la
par un bandeau dont l'ornement
caféine; employée normalement elle ne provoque central représente deux serpents
pas d'intoxication, à fortes doses cependant, elle tenant un crâne et illustre les
devient dangereuse. aspects destructeurs de ce dieu
Les hallucinogènes sont à classer dans les substan- duTempsetdelaMort.Àdroite
delatête,onpeutvoirunelleurde
ces toxiques. l!s provoquent des symptômes évi- datura,denombrèusesautres
dents d'intoxication (ivresse). Au sens large, on fleurssontmêléesauxcheveux
peut aussi les qlralifier de narcotiques. Cc mot, du bouclés du dieu.
grec VOQXOuv (narkoyn), ..:engourdir .. , désigne
étymologiquement toute substance qui finit par
provoquer un état dépressif du système nerveux
central, même si ell e inclut des phases actives; ainsi
l'alcool est un narcOlique. Les stimulants comme
la caféine, bien qu'exe rçant une action psycho-
trope, ne peuvent ent rer dans cette catégorie puis-
que à doses normales ils ne provoquent pas cene
dépression. Le terme allemand Genuflmittel (mo-
yen de p laisir), désignant à la fo is les narcotiques et
les sti mulants, n'a aucun équivalent en français ou
en anglais.
En général , on classe les hallucinogènes parmi les
narcotiques bien que l'o n n'en connaisse aucun
qui produise un phénomène d'accoutumance ou
qui soit ancsthésiarH.
Il existe plusieurs types d'hallucinations. Les plus

ID
Ci-dessous: Sur œtte peinture, te chaman péruvien Pabto Amarin- P. 13 en haut: L:usage du chanvre (Cannabis) comme hallucino-
go représente la fabrication et les effets de l'ayahuasca, le remède gèneremontei\_laplushauteantiquitéetilestlortpossiblequ'ilsoil
le plus Important des Indiens d'Amazonie. Ce breuvage magique à l'origine des danses frénétiques de ces chamans mongols.
auK propriétés hallucinogènes oHre à ses consommateurs de voir
la ~vraie réalité •. le monde fantastique des visions

courantes sont visuelles, la plupart du temps co- de nomenclatu re ont été faites sans qu'aucun des
lorées, mais tous les sens peuvent être affectés: termes ne désigne à lui tout seul l'ensemble des
l'ouïe, l'odorat, le goût Ct le toucher. Souvent, di- phénomènes provoqués par ces substances: déli-
ve rses fo rmes d'ha llucinations sont provoquées rogène, psychostimulant, psyc hotique, psychody-
par une seule plante; c'est le cas du peyod ou de sleptique, psychogène, psychomimétique, psy-
la marijuana. chédéli que, enthéogène.
Les substances hallucinogènes peuvent auss i cau- Il est en fait impossible de regrouper sous un
ser des psychoses artificielles, on les qualifie alors terme unique des plantes aux effets psychotropes
de psychomimétiqucs (qui provoquent des états si diversifiés. Le toxicologue allemand Louis Le-
psychotiques). La recherche moderne sur le cer- win, qui ut ilisa le premier le terme • phantastica »,
veau a démont ré que l'activité cérébrale déclen- admet que le mot ne recouvre pas tout cc qu'il
chée par les hallucinogènes diffère comp lètement voudrait lui faire signifier. H allucinogène, facile à
de celle observée lors de vraies psychoses. comp rendre, n'est pas entièrement satisfaisant
Des rec herches récentes ont révélé une telle diver- puisque les plantes dom il est question ne provo-
sité des effets psychophysiologiques que le terme quent pas toutes des hallucinations. Psychomimé-
d'hallucinogène ne peut recouv rir qu'une partie riquc, bien que souvent employé, n'est pas ac-
des effets possibles. De nombreuses propositions cepté par les spécia listes, les planees concernées

12
En bas à droite: En Inde, les fleurs de la stramoine metal (Datura
me tel) sont doarlées en offrande au dieu Shiva ou bien fumées
rituellement.

En bas à gaUChe: La jusquiame blanche (Hyoscyamus a/bus), une


des plantes hallucinogènes les plus imporlantes d'Europe, était
Ulilisée à des fins divinatoires ou pour des fumigations riluetles
dans la Grèce antique.

ne causant pas toutes des états psychotiques . Né- (kawa-kawa) ct hallucinogènes ou psychédéliques
anmoins, comme les termes hallucinogène et psy- {peyotl, marijuana, etc.). La plupart d'entre elles
chomimétiquc sont très usités, nous les emploie- ne font que modifier l'humeur, en stimulant ou en
rons dans cet ouvrage. calmant. Le de rnier groupe cité provoque cepen-
Parmi les nombreuses définitions proposées, celle dant de profonds changements au niveau des-sen-
de Hoffcr ct Osmond paraît assez générale pour sations, de la perception du réel (même de l'es-
être acccptfc par une majorité: «Les hallucinogè- pace ou du temps) ct de la perception du soi
nes sont [ ... ]des substances chimiques qu i, à des (allant jusqu'à la dépersonnalisation). Sans perdre
doses non toxiques, provoquent des changements connaissance, l'individu pénètre dans un monde
dans la perception, la pensée ct l'humeur, mais onirique qui lui parait souvent plus réel que le
donnent rarement lieu à la confusion mentale ou monde normal. Les couleurs sont fréquemment
à des pertes de la mémoire, de l'idcntitéou du sens perçues avec une luminosité indescriptible; les
de l'orientation dans le temps ct l'espace.,. objets perdent leur caractère symbolique. Dé-
Albert Hofmann, en sc fondant sur la classifica- tachés de tout contexte, ils semblent mener une
tion de Lewin, divise les drogues psychotropes en existence propre, acquérant par là une significa-
analgésiques ct euphorisants (opium, cocaïne), sé- tion plus profonde.
datifs ct tranquillisants (réserpine), hypnotiques Les changements psychiques ct les modifications

13
de la conscience provoqués par les hallucinogènes que, selon certains auteurs, la conception du divin
sont si éloignés de la vic ordinaire qu'il est impos- serait peut-être le fai t des effets surnaturels de ces
sible de les décrire dans un langage quotidien. Un substances. Dans l'ensemble, les cultures primiti-
individu sous hallucinogène abandonne son uni- ves ne conçoivent pas la maladie ct la mort
vers familier ct fonctionne selon d'autres critères, comme des phénomènes physiologiques et orga-
dans une dimension ct un temps différents. niques, mais comme le résultat d'interférences
Si la plupart de ces substances sont d'origine vé- avec le domaine des esprits. Ëtant donné qu'ils
gétale, certaines nous viennent du monde animal permettent au guérisseur, ct parfois même au ma-
(crapauds, grenouilles, poissons) ct d'autres sont lad e, de commun iquer avec cet univers surnaturel,
des produits de synthèse (LSD, TMA, DOB). les hallucinogènes représentent des remèdes pri-
Leur usage remonte si loin dans la préhistoire mordiaux dans la pharmacopée traditionnelle.
Leur rôle est beaucoup plus important que celui
des remèdes qui exercent une action physique di-
recte. ils sont devenus petit à petit le fondement
de_ la_ ~hérapeutique dans b plu part des sociétés
pflllll[lVeS.
Ces plantes doivent leurs propriétés à un petit
nombre de corps ch imiques agissant spécifique-
ment sur des parties bien déterminées du système
nerveux central. L'état hallucinatoire est générale-

:~~~:b:~i~~ci~~ ~~r~~·i~;i~:pa~t~fn~t:te ~~~~1~i~


1

nation. li semble qu'il y ait une différence emre les


véritables hallucinations (visions) et cc que l'on
pourrait qualifier de pseudo-hallucinations. De
nombreux végétaux peuvent affecter si fortement
le métabolisme qu'ils provoquent un état mental
anormal répondant à tous les critères de l'halluci-
nation. De nombreuses plantes expérimentées par
le milieu de la drogue ct qui passent pour de nou-
veaux hallucinogènes (par exemple la salvinorinc)
appartiennent à cette dernière catégorie. Ces états
pscudo-hallucinalOircs peuvent être provoqués
sans l'ingestion de plantes ct de substances lOxÎ-
ques, mais par de fortes fièvres, par exemple. Les
fanatiques religieux du Moyen Age qui jeûnaient
CI-<Jessus · La chamane mazatèque Maria Sabina mange avec re-
CUI!IIIement des champignOnS hallucltiOQènes et curatifs qu'elle
appelle tendrement nmos san/os, • enfants saints •
Fc:~d~~~~~~~~i~;~ces/cé~~lï!e~:~ii~~~el~~~ifse~~~~~~
véritablement sujCls à des visions ct entendaient
Page 15 . Maria SabN encensedeschamptgnOttS sacrêsQUI se- des voix, subissant sans le s~voir des effets pseudo-
ront mangés lors d'une cérémome thérapeutiQue. hallucinogènes.

14
Le règne végétal

Avant le XVW siècle, il n'existait en bouniquc ni


classification ni nomenclatures logiques générale-
ment acceptées. Dans les divers pays d'Europe, on
connaissait les plantes sous leur nom populaire;
les savanlS utilisaient des périphrases latines sou-
vent lourdes.
Vers le mil ieu du XV" siècle, l'invention de l' im-

b~~d~il~v~~;'d~t ~~ia~?~~~~~~~~td;~;]~c;~~!né~Y:~
consac rés aux plantes médicinales . Entre 1470 ct
1670, la botanique ct la médecine sc libérèrent en-
fin des anciens principes de Oioscoridc et des au-
tres naturalistes de l'Antiquité, qui avaient régi la
science européenne pendant près de mille six cents
ans. En deux cents ans, la botanique fit alors plus
de progrès qu'elle n'en avai t fait durant les seize
siècles précédents.
Mais il fa ll ut attendre le XVl W siècle pour que
Carl von Linné, médecin ct naturaliste suédois,
professC:ur à l'université d'Uppsala, mît au point
le premier système de classification scientifique ct
de nomenclature des plantes, dans son monu-
mental Speaes Planramm de 1200 pages, publié
en 1753.
Linné groupa les végétaux su ivant un système se-
xuel comprenant vingt-quatre catégories, fondé
sur le nombre et les caractéristiques des étamines.
Il donna à chaque plante un genre et un nom spé-
cifique, réalisant :1insi une nomcnclarurc binomi-
n:lle. D'autres botanistes avaient déjà utilisé le bi-
nôme, mais Linné fut le premier à construire un
système rigoureux. Celui-ci, artificiel ct inadéquat
pour comprendre l'évolution des végétaux (qui fut
étudiée plus tard), n'est plus en usage de nos jours,
mais sa nomenclature est universellement acceptée
ct, pour les botanistes, l'année 1753 en marque le
début.
À cette époque, Linné croyait avoir classifié la
presque toulité de la flore mondiale qu'il est'imait
à 10000 espèces ou moins. Mais ses travaux ct l'in-
fluence qu'exercèrent ses nombreux élèves stimu-
lèrent de nouvelles recherches sur la flore des pays
nouvellement colonisés ou exp loités. En 1847,
près de cent ans plus tard, le botaniste anglais john
Lindley estimait la flore mondia le .ft 100000 espè-
ces réparties en 8 900 genres.
La botanique moderne n'a que deux siècles d'exis-
tence, mais cette estimation s'est encore largcmem
accrue, allant aujourd'hui de 280000 à 700000

16 Po!ytrlche commun
Polytrichum commune
lesdicotylédones(plantesàdeuxfeuiflesprimordiales
pargraine)sontdiviséesenarchichlamydées(sans
AngiOSpermes pétales ou à pétales séparés) et métachlamydées (à
pétales soudés)

Les spermatophytes, ou plantes à graines.


sont d1visées en cooilères (gymnospermes)
et pLantes à fleurs (ang1ospermes).

1 S RMATOPH

Pm blanc
Pinussrrobus

Les champignons et moisissures (fungi), les algues


(algae),lesmoussesetlichens(bryophytes)etles
fougères(ptéridophytes)fontpartiedesplanlesin-
férieures.
17
Ci-dessous. Le Datura innollia, qui appar11ent a une des lamilles P 193gauche : Cettecolonielos.sWiséedecy~.VIeile
les plus évoluées des pLantes a lieurs, a des propnélés han1JC11'10- d'81'1Vlron 2,3 midiards d'années, représente une des lormes de VIEl
gèoos. lesplusânclennessurnotreplanète.

P 19 a droite: Ces algues fossilisées datant du cambden démon·


trent qu'un type d'organisme vivant peut se maintemr pendant des
miltlélfds d'années.

Les lichens, orga ni smes symbiotiques constitués


par l'association d 'une algue ct d'un champignon,
comptent ent re 16 000 cr 20000 espèces réparties
en 450 ge nres.
Les bryophytes sc divisent en deux groupes: les
mousses et les hépatiques. La plupart étant tropi-
cales, on s'attend à découv rir de nombreuses cspè·
ces nouvell es avec l'exp loration plus poussée de
ces régions. Le manque d'importance économique
de cc groupe de plantes explique le peu de con-
naissances que nous possédons à son sujet.
D'après des estimations récentes, il y aurait entre
12 000 ct 15 000 espèces de ptéridophytes (fougè-
res et plantes ;tpparcntécs). Ces végétaux très
anciens sont aujourd 'hui particu li èrement nom-
breux da ns les régions tropicales. Numérique-
ment, la nore est dom inée par les sperm atophytes
ou plantes porteuses de graines. Les gymnosper-
mes (conifères) constituent un perit groupe de
675 espèces, remontant au carbonifère et appa-
remment en voie de disparition.
Le groupe végéta l dominant qu i a développé le
plus grand nombre ct la plus grande diversifica-
tion d'espèces est cel ui des angiospermes. Dans
l'esprit populaire il représente la tOlalité du mon-
de végétal. Composé de plantes dom les gra ines
som couvertes ou protégées par le tissu ovarien, il
espèces. Le chiffre le plus haut est généralement diffère des gymnospermes dont les graines sont
soutenu par les botanistes qui travai llent su r la nues. Appelées communément plantes à fleurs,
flore relativement mal connue des régions tropica- elles sont aujourd'hui considérées comme les
les. plantes • les plu s importantes,. grâce à leur exploi-
Les seuls champignons compte raie nt de nos jours tation ct sc sont imposées sur la totalité de la terre
entre 30000 ct 100000 espèces. La disparité emre ferme, dans les environ nements les pl us diven:.
ces chiffres est duc en partie au manque d'études Leur nombre varie selon les est imat ions. La plu -
d'ensemble ct aux difficultés qu'il y a à définir cer- part des botanistes pensent qu' il existe de 200000
tains types unicellulaires. Un m yco lo ~;ue con tem- à 250000 espèces répanics en 300 familles. D'au-
porain, tenant compte du fait que les champignons tres calculs, vraisemblablement plus réalistes, per-
sont peu collectés sous les tropiques où ils so nt mettent de les estimer à 500000.
pourtant si nombreux, a suggéré que le nombre Les angiospermes som divisées en deux groupes
tota l d'espèces pourrait bien sc situer au tour de principaux: les monocotylédones, ou pl antes à
200000. une seu le feuille par graine, ct les plantes à deux
Les algues som tou tes aquat iques et plus de la feuilles (ou plus) par graine ou dicotylédones. Les
moitié d'entre elles vivent dans la mer. On pense premières représentent le quart de la totalité des
aujourd'hui que cc groupe très varié comp rend plantes à fleurs.
entre 19000 ct 32000 espèces. Certa ines, trouvées Certain es famil les du règne végétal sont particu-
dans des fossi les précambriens, rcmontem à plus lièrement imponantes, leurs espèces possédant
de trois millions d'années. Les cya no phycées des substances aux propriétés médicinales ou eni-
(C:ollenia) représentent la plus ancie nne forme de vra mcs.
VIC connue sur terre. Les champignons, p:1 r exem ple, éveillcm de plus

18
en plus d'intérêt: pratiquement tous les antibioti- n'ont trouvé de constituant hallucinogène, bien
ques connus en sont dérivés. On les uti lise égale- que plusieu rs fougères soient ut ilisées en Amé-
ment dans l'industrie pharmaceUliquc pour syn- rique du Sud comme add itifs à des boissons ha ll u-
thétiser les stéroi'dcs. Un grand nombre d'espèces cinogènes (ayahuasca).
de cc groupe végétal possèdent sans doute des Parmi les spermatophytes, les gymnospermes ne
composants ha llucinogènes, mais seuls des asco- li vrent que peu de substances biodynarniques ac-
mycètes (ergot de seigle) ct des basidiomycètes tives. On les connaît surtout comme source de
(divers champignons comprenant les vesses-de- l'éphédrine ct de la taxine, autre alcaloïde très
loup} onr été utilisés par l'homme. On a très ré- toxique. En omre, leur résine et leur bois ont une
cemment découvert que des champignons produ i- grande importance économique. Cc groupe de
saient la dangereuse aflatoxine alimentaire. plantes à graines est aussi très riche en stilbines ct
Curieusement, on ne connaît de nos jours quasi- autres composants qui protègent le bois de la
ment aucune espèce d'algue ou de lichen util isée pourriture.
comme hallucinogène. Mais un nombre impres- Les angiospermes sont particulièrement impor-
sionnant dC nouveaux composants biodynami- tantes, c'est le groupe comportant le plus grand
qucs, certains d'emre eux fort précieux pour la nombre d'espèces. Ces plantes fournissent la ma-
médecine, ont été isolés à partir d'a lgues. Des re- jeure partie de nos remèdes d'origine végétale. La
cherches récentes ayant pour but d'isoler des plupart des espèces toxiques, dont une grande par-
substances actives à partir de lichens sc sont révé- tic des hallucinogènes ct des narcotiques utilisés
lées prometteuses: on a trouvé un grand no mbre par l'homme, appartiennent à cc groupe.
de composants antibactériens ainsi que des sub-
stances chimiques intéressantes. L'emploi de li-
chens hallucinogènes a été souvent signalé dans
l'extrême nord-ouest de l'Amérique, mais nous
n'avons pas encore obtenu de spécimens identi-
fiables ou d'informations vé rifiées. En Amérique
du Sud, le lichen Dictyonema. est utilisé pou r ses
propriétés psychotropes.
Les bryophytes ont été négligés sur le plan phy-
tochimiquc, ct les rares types étudiés n'ont pas
donné grand espoir d'y découvrir des substances
médicalemem actives. Leur usage en ethnomé-
decine n'a pas non plus été signalé. Cela dit, les
recherches phytochimiques qui les co ncerne nt
n'ont pas été très poussées . Des recherches très
récentes ont révélé une richesse insoupçonnée de
composés biodynamiques qui intéressent la mé-
decine ct l'industrie: il s'agit de lactones sesqu i-
terpinoïdes, d'ecdyosones, d'alcaloïdes e[ de gly-
cosides cyanogéniques.
Des travaux ont été entrepris récemment pour re-
chercher des agents ant ibactériels à part ir d'ex-
traits de quarante-quatre fougères de Trinidad, ct
77% de ces extraits ont donné des résultats posi-
tifs. Cependant, ni les laboratoires ni les indigènes

\9
Étude phytochimigue
des drogues sacrées

À la lecture du chapitre précédent, on comprend Si la tâche du botaniste consiste à identifier les vé-
aisément pourquoi les chi mistes sc sont particuliè- gétaux qui furent ou sont encore utilisés comme
rcmcm intéressés aux plantes à fleu rs. La connais- drogues sacrées par certai nes cu ltures ou par cer-
sance que nous en avons reste poun:mr superfi- tains groupes ethn iqu es, c'est au ch imi ste qu'il re-
cielle ct le règne végéraJ représente un cap ital vient de déterminer ensuite la ou les substances
immense de principes aCl ifs encore peu étudi és. provoqua nt les effets qu i som à l'origine de leur
Chaque espèce est une véritable petite usine chi- usage magique ou religieux. C'est la recherche
mique. Si les soc iétés primit ives o nt découvert des princi pes actifs, de la qu intessence, la (/llinta
dans leur végétat ion am biante de nombreuses essentia comme les appelait Paracelse.
plantes aux propriétés médi ci nales, narcotiques Parm i les centaines de substances chimiques com-
o u wx iqucs, il n'y a pas lieu de supposer qu'elles posa nt une plante, une ou deux, tOut au plus une
Ont fait usage de la totalité des principes psycho- dem i-douzaine, sont à l'origine de ses effets psy-
tropes de ces \'égétaux. JI est certain que le monde chotropes.
végétal recèle de nombreux autres ha ll ucinogènes Le poids de ces substances représente moins d'un
ct que la connaissance de leurs composants serait centième et même souvent moins d'un millième de
d'un très grand intérêt pour la médeci ne moderne. celui de la plante. Les principaux composants de
il existe une divergence ent re l'Eurasie ct l'A mé- cette dern ière, soit 90% de son poids, sont la cel -
rique en cc qui concerne le nombre ct l'util isati on lu lose (qui constitue son support) Ct l'cau (diluant
des hallucinogènes. Ell e peut s'exp lique r par des et véhiculant des éléments nutritifs ct des produits
différences dans le dévcloppcmelll cu lturel. Les métaboliques). Les hydrates de carbone comme
tribus amérindiennes sont restées des sociétés l'amidon ct les sucres, les protéines, les sels miné-
cent~·écs sur la chasse, même si beaucoup d'entre raux et les pigments représenten t encore un ccr-
:::~~s"fo~~~~~l~3f.ie ~~a:~~o~~\~%"d~ l~s ~:~1~eo~p~~
elles ont transféré le gros de leur activité vers 0
l'agriculture. Leur survie dépend directement de
la capacité de chacun de ses membres à menrc les retrouve dans tous les végétaux supérieu rs.
son adresse de chasseur au profit des siens. Cc Les substances ayant des effets physiologiques ou
sont des dons de l'au-delà ou des forces surnatu- psychiques inhabituels ne sc trouvent que da ns
relles qu i décident si un jeune garçon sera un certai ns d'entre eux. En général, ces substances
chasseur ou un guerrier héroïque à l'âge adulte. ont des structures chimiques très différentes des
Cette croyance exp lique la quê te passionnée de composants ou des produits métaboliques habi-
visions qui imprègnent la plu part des cu ltu res in - tuels.
digènes américaines. Les religions des Indiens On ne connaît pas encore la fonction spéciale
d'Amérique, fondées su r le chaman isme de socié- qu'elles occupent dans la vic de la plante ct il exi -
tés de chasseurs, recherchent toujours activement ste plusieurs théories à ce sujet: la plu part des
l'expérience mystique personnelle. Le moyen le principes psychotropes propres à ces végétaux
lus sim ple ct le plus évident de la vivre est contiennent de l'azote ct l'on a pensé qu'i l s'agis-
f.usage de plantes psychotropes aux pouvoirs sur- sait peut -être de déchets du métabolisme- comme
naturels. Les cu ltures as iatiques remplacère nt la l'acide urique dans les organismes animaux- des-
chasse par l'élevage et l'agricu lture, entraînant tinés à éliminer l'excédent d'azote. D'après cette
une baisse de l'usage rituel des plantes psychotro- théorie, toutes les plantes devraient contenir de
pes, moins valorisées. tels composants azotés, ct cc n'est pas le cas. Bien
Parmi les différentes disciplines qu i s'i ntéressent des su bstances psyc hotropes sont toxiques à haute
aux plantes des dieux, comme l'ethnologie, l'étude dose ct l'on a donc suggéré qu'elles servent à pro-
des religio ns, l' histoire, le folkJorc, etc., la bota- téger les plantes des animaux. Cette théorie n'est
~~(;~~c~t ~ac c;~~~~~r~edê:;~~ Ïen~r~~!'if'j:n~hi~~;'st:~
pas plus convaincante, car de nombreuses espèces
toxiques sont en fait consommées par des animaux
qui analyse les composants des plantes uti lisées insensibles à ces poisons.
pour des rites religieux ou des pratiques curatives Nous nous trouvons donc devant l'une des énig-
magiques. mes non résolues de la nature. On ne sait pas

20
Le jus psychotrope d'abord blanchâtre du pavot somnifère (Papaver
somniferum) s'épaissit et devient marron. C'est l'opium brut. En
1803 -1804. on isola pour la première lois un principe actif de
fopium: La morphine.

Ci-dessous : Papaver somniferum tiré du Medizinalpflanzenat/as de


KOhler, édité en 1887. Cet atLas est run des très grands ouvrages
botaniques du siècle dernier

lapmrmac.

~ ·\
'Y '

.D

Papmr somnifmmL
21
Certains act1ts psychotropes végétaux sont sécrétés par des ani·
maux. Ainsi, les sécrétions cutanées du crapaud du Colorado (Bufo
alvarius) sont riches en Me0·5 OMT.

tians de chimistes pour élucid er les structures


complexes des composés naturels. Aujourd'hui,
grâce à la spcctroanalyse ou aux rayons X, on
arrive à les déterminer en quelques semaines ou
quelques jours. En même temps, les méthodes de
synthèse ch imiqu e ont connu des améliorat ions
décisives.
Nous allons montrer la part du chimiste dans la
recherche sur les drogues sacrées grâce à l'exemple
des champignons magiques du Mexique. Dans le
Sud de cc pays, des ethnologues avaient découvert
pourquoi certaines plantes produisent des subs- des tribus indiennes qui consommaient des cham-
tances ayant des effets spécifiques sur les fonc- pignons au cou rs de cérémon ies religieuses. Des
tions psychiques de l'homme. mycologues ident ifièrent les espèces utilisées ct
Les phytochimistcs sont chargés du travail impor- l'analyscchimique détermina les champignons res-
tant ct fascinant de séparer les principes actifs du ponsables de l'ivresse observée lors des cérémo-
reste de la plante, de les isoler ct de les obtenir nies. À partir d'un de ces champignons, que les
sous leur forme la plus pure. il est possible alors chc!'cheurs avaient expérimentés sur eux-mêmes
de les analyser pour en déterminer les compo- ct qu'il était possib le de cul tiver en laboratoire,
sants, à savoir les proponions relatives de car- Albert Hofmann réussit à isoler deux substances
bone, d'hydrogène, d'oxygène, d'azote, etc., ct actives. La pureté ct l' homogénéité chimique d'un
d'établir la st ructure moléculaire selon laquelle composant se manifestent dans sa capacité de cris-
s'organisent ces divers éléments. L'étape suivante tallisation (sauf chez les liquides). Les deux prin-
consiste à synthétiser les principes actifs, c'est-à- cipes hallucinogènes provenant du champignon
dire à les reconstituer en labora toire, sans l'aide de mexicain Psiiocybe mexicana, appelés psilocybine
la plante. Avec ces composants purs, isolés à partir ct psi loci ne, furent obtenus sous forme de cristaux
de la matière végéta le ou produits pa r synthèse, on incolores.
peut procéder à des expérimentat ions pharmaco- De même, on isola la mescaline, principe actif du
logiques impossibles à réaliser à partir du végétal cactus mexicain Lophophora williamsii. Elle se
lui-même étant donné que sa teneur en principes véscnte sous forme de sel après cristallisation à

~:csi~~~~~:~~~r~{li~iqucs
actifs est variable ct que les autres composants cré-
ent des interférences avec les premiers. une fois cristallisés, il
La première substance psychot rope obtenue sous était possible de poursuivre des recherches sur di-
forme pure à partir d'une pla me fut la morphine. vers terrains, en psych iatrie pa r exemple, où l'on
Cet alcaloïde fut isolé pour la première fo is en obtint des résultats positifs.
1806 par le pharmacien Friedrich Scrtürncr à par- Puisque l'on pouvait maintenant déceler la pré-
tir de jus de pavot. Les méthodes pour séparer ct sence ou l'absence de psilocybinc ct de psilocine,
pul'ificr les principes actifs ont été considérable- il devint facile de distinguer les vrais champignons
ment améliorées depuis, les progrès les plus si- hallucinogènes des faux.
gnificatifs ayant vu le jour au cours des dernières On détermina ensuite la structure chimique de
décennies. Il s'agit de la chromatographie, qu i est leurs princ ipes hallucinogènes (voir les Jonnules
une méthode de séparation reposant sur la capa- pp. 18-J à 187) ct on découvrit qu'ils étaient chimi -
cité d'adhésion relative de diverses substances à quement très proches d e substances naturellement
des matériaux absorbants ou la possibilité d'ab- produites par le cerveau, comme la sérotonine, qui
sorption de ces substances par des solvants non jouent un rôle important dans la régulation des
miscibles. Les méthodes d'analyse quantitative, fonctions psychiques.
ou celles qui permettent d'établir la structure Les composés purs pouvant être cxactemcm do-
chim ique des composants, ont aussi beaucoup sés, on érudia sur des animaux de laboratoire leur
changé. Autrefois, il aurait fallu plusieurs généra- action pharmacologique, ct on détermina l'éten-

22
MescaJ1ne-HCL {hydrochloride de mescaline Psilocybine Psilocine
cristalisêà l'alcool) (cristalliséeauméthanol) (cnslalliséeauméltlanol)

Beai.ICOUpd'alcaloldescristallisentmalentantquebases libres.On donné que chaque substance développe des cristaux caractéristi-
peutnéanmoinslesisolerd'unesolutionsousformedeselscristal· ques,ceux-cipeuventserviràsonidentilication.t.:analysedeleur
~sés soit par refroidissement de la solution saturée, soit par évapo- structure aux rayons X est une méthode moderne d'élucidation des
rationdusolvant.lesalcaloidessontneulralisésparunacide compositions Chimiques. Pour l'appliquer, ~ faut que les alcaloïdes
appropné grâce aUQUel la cristallisa11on en sels se fera Étant ou autres substances soient sous lorme de cnstaux.

due de leur action psychotrope sur l'hom me. Ces éprouvette. Mai s souvenons-nous que les recher-
expériences auraient été impossibles à réa liser avec ches ph ytoch imiq ues Ont simplement démontré
les champignons eux-mêmes, car leu r teneur en que les propriétés magiques de ces champ ignons
substances act ives vari e entre 0, 1 et 0,6% du poids som ducs à deux com posants cristallins. Leu r effet
du tissu végétal. La maj eure partie du principe ac- sur l'être hum ain reste in ex pliqué ct toujours aussi
tif est composée de psi locybine, la psilocine ne s'y mystérieux, aussi magiqu e que les cham pignons
trouvant qu'à l'état de traces. La dose efficace mo- eux- mêmes; il en est de même pour toutes les au-
yenne pour les humains est de 8 à 16 mi ll igrammes tres substa nces actives isolées et purifiées à parti r
de psilocybinc ou de psilocinc. Au lieu d'avaler 2 de nombreuses plantes des dieux.
gramm es de cham pi gnons séc hés qui o nt par ail-
leurs fort mauvais goût, il suffit d' absorber 0,008
gramme de psilocybinc pour provoquer une
ivresse de plusieurs heures.
Les principes actifs purs une fois à disposit io n, on
put éwdicr leur applicati on en médecine. Il s sc ré-
vélèrent particuliè rement utiles co mm e co mplé-
ments médicamenteux en psycholyse ct en psy-
chot hérapie.
L'isolat ion, l'a nalyse ct la sym hétisation de la psi-
locybinc ct de la psilocinc ont volé leu r magic aux
champignons mexicains. Les substances qui firent
croire aux Indiens pendant des mill énaires qu'un
dieu habitait ces champignons se fab riquent en

23
"'Le plus grand fleuve du monde coule à trave rs la plus
grand e forêt ... Peu à peu, je commençai à com prendre
qu e dans une forêt pratiqucmem sa ns li mites- près de
huit millions de ki lomèt res carrés couverts d'a rb res
ct seulement d'arbres - où les indigènes ne s' inquiètcm pas
plus de détruire le plus imposant des arbres
quand il les gène, q ue nous la plus vu lgaire mauvai se herbe,
un arbre abattu ne laisse pas plus de vide,
n'est pas plus regretté qu'une tige de séneçon
ou un coquel icot arrachés
d'un c hamp de blé angla is.,.
Richard Sprucc

Ci·dessous :Vue aérienne du Kuluene, affluent le plus méridional du XingU,


lui·même l'un des principaux affluents de l'Amazone.

À droite • ~ Il y av811 des arbres énormes couronnés de feuillage splendide, ornés


defantastiquesparasitesetcoovertsdelianesquipouvaientêtrefinescomme
desfilsougrossescommedespythons,tantôtaplaties.tantiitnouées,ouparfois
encoretorsadéesaveclarégularitéd'uncâble.Entrelesarbre s,etsouvent
presque aussi hauts qu'eux, poussaient d'imposants palmiers: beaucoup plus
tolies, d'autres espèces de la même famille. dont le tronc annelé ne dépassait pas.
parfois, l'épaiSSeur d'un doigt, mais portait au sommet un panache plumeux et de
longues grappes de baies noires ou rouges semblables à celles des plus grands
palmiers lormaient, avec toutes sortes d'arbustes, un taillis qui n'étal! ni très dense
â l'œil ni très difficHe à pénétrer ... tt est curieux de noter que plus la torét est haute.
plus elle est facile à traverser : les lianes et les parasites étant dans l'ensemble
trop haut perchés pour gêner le passage .. • RiChard Spruce

24
Répartition et utilisation
des hallucinogènes

11 existe nettement plus de plantes hallucinogènes Turkestan font une infusion avec les feuilles sé-
que celles utilisées pal' l'homme. La flore du chées d'une menthe arbustive, le LttgochilliS.
monde comp rend envi ron un d em i-mill io n d 'es- En Europe, l'utilisation de plantes hallucinogènes
pèces, mais on n'en connaît que mille mi lisées connut son apogée pendant l'Antiquité, essentiel-
comme inébriants. Rares sont les régions du globe lement dans des pratiques de magic (sorcelle ri e) et
où il n'existe pas au moins un hallucinogène de di vination. La plupart des plantes utilisées
jouant un rôle important dans b vic des habitants. éta iem des solanacées: stramoine, mandragore,
Malgré sa taille ct sa végétation très variée, l'Afri- jusqu iame ct belladone. L'ergot de seigle, champi-

~~t~~l !é~~~~~t,c e~~~;i:o~,é~~~~°Fr~~t~d~~~~n~~,;d~~ r~~


que semble assez pauvre en plantes hallucinogè-
nes. La plus connue est l'iboga, de la famille des
apocynacées, dont la racin e est utilisée au Gabon gions entières lorsq u'il éta it par mégarde moulu
ct dans ccnaines régions du Congo au cours de avec la farine. L'intoxication sc caractérisait par
cérémonies du culte bwiti. Les Bochimans du des troubles nerveux accompagnés de cram pes ct
Botswana emploient le kwashi, bulbe de la famille de dé li res ou par la gangrène. Elle éta it souvent
des Amaryllis. Ils le cou pent en tranches qu'ils mortelle. 11 semble que l'ergot de seigle n'ait ja-

~~i~~~~,f~ns~~~~~; ~ri~ci;sv:~~ifsrj~lj~!e;~~~r~~~
mais été utilisé pour ses propriétés hallucinogènes
dans l'Europe médiévale mais certa ins indi ces
dans le sang. Le kanna, assez mystérieux, n'est soulignent l'étroite relation entre cc champignon
probablement plus utilisé de nos jours. Les Hot ~ ct les mystères d'Éleusis de la Grèce antique.
tcntots mâchaient autrefois cc végétal qui provo~ En Australie, le pituri est l'hallucinogène le plus
quait l'cuphoric, le rire ct des visio ns; il doit s'agir irnponant. Le célèbre ct très répandu kawa-kawa
en fait de deux espèces de la famil le du ficoïdc gia~ n'est pas hallucinogène, mais compte parmi les
ciaire. Dans certaines régions, des espèces appa~ narcotiq ues hypnotiques.
rentées au datura et à la jusquiame étaie nt co n ~ Le Nouveau Monde occupe de loin b première
sommées pour l' ivresse qu'elles provoquaient. place en cc qu i concerne le nombre et l'impor-
En Eurasie, on connaît de nombreuses p la m es h a l ~ tance culturelle des p lantes hall ucinogènes; cha-
lucinogènes. Il faut dire que c'est le berceau de la que domaine de la vie des aborigènes est empreint
drogue la plus employée de nos jours: le chanvre, de l'usage de ces drogues.
connu également sous les noms de marijuana, ma~ Quelques espèces hallucinogènes poussent aux
con ha, dagga, ganja, duras, herbe, etc. Son usage Antilles. Les anciennes populations autochtones
s'est répandu pratiquement dans le monde entier. prisaicrn cssc rnicllcm ent une poudre conn ue sous
Le plus spectaculaire des hallucinogènes curasiati~ le nom de cohoba. 11 est d'ai lleurs fort probable
qucs est l'amanite tue~mouehes consommée par que cene coutume ait été introduite par des enva-
plusieurs tribus sibériennes. Cc champignon ser- hisseurs indiens venus de l'Orénoque.
vait probablement à la confection du soma, narco- L'Amé rique du Nord (au nord du Mexique) est
tique sacré de l' Inde ancienne. également assez pauvre en plantes hallucinogènes.
La pomme épineuse ou st ramoine, le datura, était Plusieurs espèces du genre Datura, étaient répan-·
répandue sur de vastes régions de l'Asie. En Asie ducs sur toute la région, particulièrement dans le
du Sud-Est, plus particulièrement en Papouasie Sud-Ouest. Au cours de cérémonies destinées à
Nouvelle-Guinée, différents hallucinogènes en- provoquer des visions, les Indi ens du Texas et des
core mal connus sont employés. Le rhizome de régions avois inantes mangeaient le haricot rouge
rm.raba, une zingibéracée, est probablement con- ou haricot à rncscal. Dans le nord du Canada, les
sommé en Nouvelle-Guinée. Lorsqu'ils veulent Indiens mâchaient des racines d'acore pour leurs
provoquer un sommeil visionnaire, les indigènes propriétés aussi bien thérapeutiques qu'appa~Xm­
de Papouasie ingèrent un mélange de feuilles pro- mcnt hallucinogènes.
venant d'une aracéc, l'ércriba, ct d'écorce d 'u n De toutes les populations du monde, cc som sans
grand arbre, l'agara. Quant à la noix de muscade, aucun doute les sociétés indigènes du Mexique qu i
elle a p robablement été utilisée en Inde ct en In- fi rem le plus gra nd usage d'une très grande variété
donésie pour ses effets narcotiques. Les tribus du de ces plantes. Cc phénomène est d'ailleurs dé-

26
Ci.OOssous: Pour exécuter tes difficiles eKercices physkjues et En bas: Le trartement artistique des visions déclenchées par les
pour méditer, les yogi indiens tu ment de la marijuana, ici au temple hallucmogènes permet à ces derniers d'entrer dans le quotidien
de Shiva de Pashupat1nath près de Katmandou, Népal. (Christian Aatsch, Hallucigenia, aquarelle, env. t993.)

concertant, étant donné le nombre restreint d'es- nanâcatl par les Aztèques, ils som encore consom-
pèces végétales de la flore du pays. Le cactus més de nos jours au cours de rites religieux. Dans
peyotl est ind én iablement la drogue sacrée la plus le sud du Mexique, on utilise toujours au moins
importante. Dans le nord du Mexique, d'autres vingt-quatre espèces différentes de champignons,
cactus sont encore utilisés de nos jours comme ainsi que les grain es d'une convolv ulacéc, l'ololiu-
hallucinogènes de deuxième catégorie au cours de qui, autre importanl hallucinogène de la religion
pratiques tn;tgico-rcligieuses. Pour les premiers aztèque. D'autres plantes psychotropes revêtent
h;tbitants du pays, ccrt;tins champ ignons avaient une importance moindre: le toloachc ct d'autres
presque la même importance sac rée. Appelés teo- datura, le haricot à mescal ou fnïoli!io dans le
Nord, le pipiltzintzindi aztèque, un coleus connu
sous le nom de hierba de la pastora, le gen~t
(Genista) des Indiens yaqui, la piule, le sin icuichi,
le zaca tcchich i, les vesses-de- loup des Mixtèques
ct d'autres encore.

27
LES PRINCIPAUX Bien que les ct.JIIures du monda oriental SOI8fll
HALLUCINOGÈNES plus anciennes et que l'usage dhallucino-
gènes y soit beaucoup plus répandu, le nonr
bfe cfespèces utilisées pour PfO'ICICII)el' une
ivresse est supérieur dans le monde OCCiden-
taL Les anthropologu9s expliquenl cene Os-
parité par des différences CUlturelles. La
cause ne peut en effet en aucun cas être la
répartition botanique, puisque les deox
hémisphères produisenl sensiblement le
même nombre despècas psycholropes.

.1

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• tr 0


<5 <fi& 'i' 't
<&.. ,,

Cette carte monlre iquelpoint les plantes


halluclllOQènesetlespeuplesqUienlonl
usage sont répandus. On remarque cepen-
dant d'ifnportantes zones vides
Dans l'hémisphère occidental, les cultures qui
n'utilisèrent pas au moins une plante hanucino-
gène lors de leurs cérémonies magk»-rellgleu·
ses sont rares. Certaines en possédaient
même plusieurs. Outre les haQucinogènes,
d'autres plantes psychotropes étaient véné·
rées: le tabac, la coca, laguayusa, le yoco, le
guaranâ. Certaines, en parliculier le tabac et la
coca. occupent tine positiOil de premier plan
dans les pharmacopêes lnd1gènes. Sur la carte.
les symboles indiquent les régions dans les·
quelles des hallucinogènes ont acquiS une
importance CUlturelle.

\';} H)œcyamus'PP

1r Amanita muscana

*
~ Alropabe#ddarma

cannabiS sarrva
-~ CIBvicepspurpurea

r!}J Datura spp.


Tabernanthe iboga
.,\,~ 0
o Anadenanthera peregrina .,\, 0~
·~.,\, 'ii' 'ii' 'ii'
<J) Anadenanthera coiubrina i -!11~-lli~"
~ Banlsterlopslscaapi
""!<iP~'ii' "'
'ii' <!li
j. .._,•..., <!li
i§, Lophophora wiJ/iamsii .,~, oo
'tV-""'·
~ Tutblna corymtma etlpomoea Violaœa
.,\,
iP Virolsspp.

*-""'·
Ci-contre:Jusqu'ànosjours,lescl1amansdétiennentlaconnais·
sance des effets magiques des plantes psychotropes. Ce chaman
danse et joue du tambour sur le mont Kalinchok (env. 4()(X) mètres)
dans l'Himalaya au Népat.

Par le nombre, la variété ct la profonde significa-


tion magico-rcligieuse de ses hallucinogènes,
l'Amérique du Sud suit de près le Mexique. Les
cultures andines connaissaient une demi-douzaine
d'espèces de Brugmamia qu'ils appelaient borra-
chero, carnpanilla, floripondio, huamo, haucaca-
chu, maicoa, toé, tongo, etc. Au Pérou ct en Boli-
vie, on boit la cimora, boisson préparée à part ir
d'un cactus appe lé San Pedro ou aguacolla, au
cours de cérémonies olt les participants cherchent
à avoir des visions. Les chamans essentiell ement
féminins des Mapuche chiliens sc servaient d'un
arbre de la famille des solanacées, le latué ou arbo!
de los brujos pour réaliser leurs projets. Des re-
cherches récentes Ont signalé l'usage, dans diver-
ses régions andines, d'un arbuste rare, le taiquc
(Desfontainia) ains i que du mystérieux shanshi ct
des fru its de deux éricacées: le taglli et la hierba
loca. On sait depuis peu qu'une espèce de pétun ia
est employée en Équateur.
Dans le bassin de l'Orénoque ct certaines régions
d'Amazonie, on prise une poudre puissame, le
yopo ou niopo, fabriquée avec les graines gri llées
d'un arbre de la famille des légumineuses. Dans le
nord de I'Argcmine, les Indiens prisent le ccbil ou
vi Ica, très proche du yopo. L'hallucinogène le plus
important des plaines de l'Amérique du Sud est
l'ayahuasca, aussi appelé caapi, natcma, pindé ou
yajé. À base d'un mélange de plusieurs espèces de
lianes de la famille des rnalpighiacécs, il est con-
sommé au cours de cérémonies en Amazonie de
l'Ouest ct à certains endroits de la côte Pacifique
de la Colombie ct de l'Équateur. Un arbuste de la
famille des solanacées, la brunfclsie, était util isé
dans l'ouest de l'Amazonie sous le nom de chiri-
caspi.
Le Nouveau Monde utilise plus d'hallucinogènes
végétaux que l'Ancien. Près de 130 espèces ont été
comptées dans l'hémisphère occidental contre en-
viron 50 dans l'hémisphère oriental. Pour les bo-
tan istes, il n'y a cependant aucune raison de pen-
ser que la flore du Nou\'eau Monde est plus ou
moins riche en plantes psychot ropes que celle de
l'Ancien Monde.

30
Lexique

Cc lexique cOmprend une dcscrip~ Certaines illustrations ont été réali- Au fil des ans. l'étude botanique
tion générale, principalement bota- sées J. l'aquarell e à partir de spéci- desplantesmédicinalesaamé-
liorésesméthodes. En 1543, Leo-
nique, de 97 plantes comportant mens vivants ou provenant d'her- nardFuchs,auteurd'unherbier
des principes actifs hallucinogènes biers; la plupart des plantes sont particulièrement bien illustré, lit
ou psychotropes. présentées sur des photos en cou- cetteesquissedétailléede la
Nous avons essentiellement pris en leurs. Un certain nombre d'entre pomme épineuse, Datura s/ramc-
nium(àgauche).Environlrois
considération les végétaux dont les elles sont illustrées ici pour la pre-
centsansplustard,KOhler.dans
effets psychotropes sont établis par mière fois. son livre Medizinalpf/anzen, en
la littérature, les expériences de ter- Le but de cc lexique est évident : il livraunereprésentationparticuliè-
rain ou les résultats de recherches devrait aider le lecteur à s'y retrou- rementprécise(aumilieu).Au
scientifiques. Il est éga lement fait ver dans un nombre de faits et d'in- coursdescentvingt-cinqannées
écoulées depuis la classification
mention de certaines espèces qui formations assez complexes, ct qui deUnnéetsanomenclaturebino-
ont la répULation d'être «narcoti- ne représentent d'ailleurs qu'une pc- minale,nosherbiers,enrichisde
ques * ou «enivrantes "· tite partie de cc que nous savons sur spécimensrapportésdesquatre
Les plantes sont traitées par ordre ces plantes considérées par tant de coinsdumonde,ontbeaucoup
aidéàlacompréhensiondesva-
alphabétique d'après leur nom de groupes humains dans le monde en-
riantesmorphologiquesdesdiver-
genre latin. Cene présentation s'est tier comme des« plantes des dieux». sesespècesvégétales.Latroi-
imposée, étant donné la grande di- Dans cette édition révisée, plusieurs sièmeillustration,unepage
versité des noms vernacu laires . aquarel les d'espèces ra res, voire très d'herbiermoderneprésentantun
Ce livre ayant été écrit pour des rares, qui avaient été réalisées à par- spécimen typique de pomme épi-
neuse,montrelegenredematé·
non-spécialistes, les descriptions tir de spécimens d'herbiers ont pu riauàpartirduquel onréaliseau-
botaniques sont délibérément cour- être remplacées par des photos en jourd"huiuneidentification
tes et insistent sur les caractéristi- coul eurs. C'est le cas par exemple botanique.Latechnologiecontem-
ques les plus évidentes de la plante. de Coriaria thymifolia, de Lochro- poraine(entreautreslemicro-
scope électronique) permet de
Là où la mise en page nous l'a per- ma Juchsioides, de La tua pubiflora, mettreenévidencedesdétails
mis, nous avons donné un surcroît de Lobelia tupa, de Tana:cium noc- morphologiques comme ces poils
d'informations historique, ethnolo- turnum. àlasurtacedesfeuillesdela
gique, phytochimiquc ct plus rare- pommeépineuse,assurantune
ment pharmaceutique, cssayanr de grandeprécisiondansl"identifica-
tiondesvégétaux
présenter un point de vue interdisci-
plinaire aussi vaste que possible.

31
Clef de l'index
et du lexique

la liste d·contre con11entles noms verna- 1 Acac1a 96 Epenâ


culaires des plantes Le numéro qui les 2 Acoreoclorant 39 Erenba
précède renvoie à la rubrique correspon· 35 Agara 20 Ergotdeseigle
dantedu lexique.Cederniersuitunordre 49 Agripaume de S1bérie 34 Erythrine
alphabétique par genre 94 Aguacolla 25 Esakuna
Chaque en-tête indique . 56 Ajuca 72 Fang-K"uei
• legenredelaplante,rauteuret, entre 73 Alpisteroseau 83 Ficoide
parenthèses, le nombre d'espèces 3 Amanite tue--mouches 11 Flonpondio
connues ; 42 Arboldecampanilla 88 Frijoles
• le nom botanique de l'espèce représen- 47 Arboldelosbrujos 45 Galanga
tée. Le Résumé de l'usage des plantes 6 Argentaire 17 Ganja
psychêdéHques livre une liste complète 86 Axocatzin 26 Genêt desCanaries
desplanteshallucinogènesouem· 9 Ayahuasca 94 Gigant6n
ployées comme telles (pp. 65- 79): 95 Badoh 52 Gi-i-sa-wa
• la famille de la plante ; 43 Badoh Negro 52 Gii-i-wa
• le numéro de la rubrique ; 24 Bakana 88 Haricot à mescal
• la distribution géographiQue du genre. 84 Bakalla 88 Hariootcorail
Le tableau des pages 66 à 79 doone les 67 Baquois 65 Harmale
noms vernaculaire el botamque des plan- 8 Belladone 17 Haschisch
tes, décrit les conditions historiques et 8 Belledame 86 Herbeàbala1s
ethnographiquesdeleuremploi.explique 17 Bhang 44 Herbeàcharpenlier
dans quel contexte et pour quelles raisons 57 Biak·biak 82 Hierbadela pastora
ooles utilise et dOnne antin leur mode de 10 Bolet 82 Hierba de la Virgeo
préparation, leur compos1tion chim1que et 11 Borrachero 70 Hierbaloca
leurs effets. 30 Borrachero 24 Hikuli
97 plantes sont représentées et décr1tes 42 Borrachero 51 H1kuli
de la page 34 à la page 60. 51 Boutonàmescal 33 Hikulimulato
13 Brunlelsie 33 Hikuli rosapara
9 Caapi 53 Hlkulirosapara
93 Caapi-pinima 7 Hikulisunamé
94 CactusdeSan-Pedro 32 Hikuri
62 Cawe 53 H1kuri
4 Cebil 70 Hongo de San Isidro
61 Cebolleta 11 Huacacachu
19 Cestreau 11 Huanto
80 Chakruna 70 Huedhued
83 Channa 87 Hue1patl
17 Chanvre 904 Huilca
,_
17 Charas
7 Chautle 37 Immortelle
86 ChiChipe 42 loctuome
34 Chilicote 43 Ipomée Vlolet1e
13 Ch1ricasp1 63 Jambur
13 Chiric-sanango 56 Jurema
32 Cierge 40 Jusquiameblanche
5 Cohoba 41 Jusquiamenoire
34 Colorines 83 Kanna
88 Colorines 87 Kfeli
22 Conocybe 17 Kif
26 CytisedesGanaries 92 Koribo
17 Dagga 57 Kratom
19 Dama da no1te 66 Kwashi
27 Oatura!Ohatura 82 Lahembra
28 OaturaiDhatura 47latué
29 DaturaiDhatura 49 LéonuredeSibérle
31 Duboisie 50 lobélieduChili
21 El ahijado 11 Maicoa
21 Elmacho 86 Malvaeolorada
21 Elneoe 53 Mamm1llaire

32
13 Manaka 29 Stramoine rommune
54 Mandragore 11 Stramoine dorée
45 Maraba 28 Stramoine metel
17 Marijuana 12 Stramoine sanguine
44 Mashl-hiri 17 TaMa
14 Matwû 50 Tabaoo del diablo
46 MentheduTurkestan 89 Tabernémonlane
59 Muscadier commun 91 Tagèteluisant
60 Nénuphar 70 Taglli
60 Ninfa 30 Talque
10 Nonda 38 Takini
96 Nyakwana 22 Tamu
95 Ololiuqui 87 Tecomaxochitl
61 Oncldier 22 Teonanâcatl
42 Paguando 64 Teonané.catl
67 Palmieràvis 76 Teonané.catl
19 Palqui 78 Teonané.catl
66 Pancralie 16 Thl&pelakano
65 Panéole 43 Tlilillzin
63 Panéole bleuté 11 roa
64 Panéoledulumier 27 Toloache
96 Parcl 27 Toloatzin
62 Peignedesindigènes 12 Tonga
70 Pernettye 64 To-shka
48 Pet1te queoe de lion 42 Totubjansush
71 PétuniaVIOiel 87 Trompene à Mari-Barou
72 Peucédan japonaiS 7 Tsuwiri
69 Peyotillo SOT"'"
51 Peyotl 34 Tzompanquahuitl
7 Peyotl c1marr6n 52 Vesse-de-loup
74 Phragmite 4 Vilca
75 Phytolaque 97 Voacanga
82 Pipittzmtzintli 62 Wichowaka
32 Pitall1t0 24 Wichuri
31 P1tcheré 53 Wichuriki
31 PiiUri 95 Xtabentum
43 Pluie 91 Yahutli
81 Pluie 9 Yajé
58 Poismascate 96 Yakee
29 Pommeépineuse 5 Yopo
76 Psilocybe 15 Yün-shih
16 Zacatechichi Unlndiend'Amériquelatine sansrélléchircarellepeutpro-
77 Psilocybe bleuté
récolte une • plantades voquer des hallucinations
79 Psilocybelancéolé
dieux ~, lastramoinesanguine fortes et des délires. Seuls les
78 Psilocybemexicain
(Brugmansia sanguinea) riche chamans expérimentés sau·
9 Ouapanerdesgalibis
en alcaloTdes. Dans les Andes, raientllrerproliide • l'espril~
60 Ouelzalaxochiacall
cela !ail des siècles ou même la plante - pour des divinations
55 Rapé dos lndios
des m1lléna1res qu'on la cuhJVe oudesguérisons. laplante
23 Redoul
pour ses principes psycho- cha\19 durement quiconque lui
74 Roseau
lropes. leslndiensmeuenten manque de respect
65 Auesauvage
garde quiconque l'utiliserait
18 Saguaro
82 Saugedesdevlns
84 Scirpe
85Soopoliedecarniole
75 Shang-la
71 Shanin
23 Shanshi
64 She-to
36 Sinicuichi

33
ACACIA MilL (750-800) ACCRUS L. (2) AMAN ITAL (50-60) ANADENANTHERA Speg. (2)

Acacia maidenii F. voo Mue!l. Acoroscalamusl. Amanita muscana (L ex Fr.) Anadenanthera colubrina
Acacia de maiden Acore odorant Pers. (Vellozo)Brennan
Amanite tue-mouches Cebil, Vilca
Légum1neuses Aracées Amanitacées Légumineuses
Australie Régionschaudesettempé· Europe.AITique.Asle, Noro-ouestoorArgentine
2 ré&sdesdeuxhémisphéres 3 Amérique 4

Le genre Acada, qui se trouve D'après quelques vagues indi· L:Aman;la muscaria est un joli Cet arbre haut de 3 à 18m 58\.J·
dans les régions tropicales et ces. ilsepourrait quelesCree. champignonquipoussegén8· lement possède une écorce
subtropicales du globe, pré· Indiens du nord-ouest du Gana· ralement sous les bouleaux jeu- presque noire. souvent pourvue
sente généralement des arbres da chiquent le rhizome de nes, les pins et les pins pignon. d'epines comques ou de
de taille moyeone à feuilles pen· l'acore odorant pour ses effets Il peut atteindre 20 à 23cm de nœuds.Lesfeuillesfinementlo-
nées, plusrarementlisses,à psychotropes. haut. Sonchapeauhémisph8· culéespeuventatteindre30cm
gloméruJesllorauxfasciculéset Cette plante semi·aquallque rique devient presque plat à de long. Les fleurs sphériques
à fruits en lorme de gousses. possède un long rhizome tor. maturité et mesure alors entre 8 sont d'un blanc jaunâtre. Les
Certains acacias servent de tueux aromatique. Ses longues et20cmdediamètre.llexiste cossesmarronfoncésontcoria·
complément traditionnel à des feuilles lancéolées peuvent troisvariëtésd'amanitetue· ces et peuvent atteindre 3Scm
produits psycholropes (bétel, atteindre jusqu"à 2m. Ses fleurs. mouches : la première a un cha· de long. Elles contiennent des
b1ère, pituri, pulque). Plusieurs m1nuscules,sontportéessurun peau rougesangauxverrues graines très plates, rondes ou
espècesconviennentàlafabri· spadicevert·jaune.Latigesou· ~anchesetpousseenEurope carrées, de t à2cmde largeet
cation de substances analogues terraine, le rhizome, contient et dans le nord-ouest de l'Amé· d'unmarronroux.L:albrese
à I'Ayahuasca. De nombreuses une huile essentielle à laquelle riqueduNOfd,ladeuxième, distmgue à peine de I'Anade-
espèces australiennes (A. mai· ondoitlespropriétéscuratives avecsonchapeaujauneou nanthera peregrina. de la même
denii. A. phlebophylla, A. simpli· dela plante. orangéetsesverruesjaunâtres, famille.
cifolia) contiennent d'importan-- Il est probable que les principes pousse à l'ouest et au centre de Les graines sont utilisées rituel-
tes concentrations de DMT dans actifssoientl'asarone«el I'Aménque du Nord, la troi· lement comme halluc1nogène
l'écorce et les feuilles. l'asarone~,dontlastructure est sième,entièrement~anche, depuis environ4500anspar ·
Acaciarnaidenii.belarbredroit prochedecelledelamescaline, pousse dans t'Idaho (USA). des Indiens des Andes méridio-
à l'éclat argenté, contient diver· un alcaloide psychotrope. Ce- Le pied cylindrique, renflê à la nales. Elles sont!Ianslofmées
sestryptamines.L:écorce pendant, rasarooe est absente base, est ~a ne et épais de t à enpoudreàpriser,luméesou
contient 0,36% de DMT. Les desplantesutiliséespar les 3cm.Sonanneaublancjaunâ· ajoutéesàdelabière.C'estle
feuilles livrent la OMT néces· Indiens. treestbienvisible.Cechampi· chamanismequilesutilisees·
saireàlafabrîcationd'analo- gnon, sans doute le plus ancien sentiellement.
guesàl'ayahuasca.Cetacacia hallucinogène de !"histoire de Lesgraines(cebilouviJca)
secultivebiendanslesrégions l'humanité,aétéasslmlléau contiennentdestryptamines.
tempérées, par exemple en Ca· soma de l'Inde ancienne. notamment de la bufotén1ne.
filofnie ou en Europe méndio-
nale.

34
ANADENANTHERA Speg. (2) ARGYREIA Lour. (90) ARtOCARPUS Scheidw. (6)

Anadenanlhera peregrina (L.) Argyre~anervosa Ariocarpus retusus Scheidw.


Yopo (Burmanf.)Bojer Ariocarpe trooconique
Argentai re
Légumineuses Convolvulacées Cactées
Régions tropiCales =a~edus-E .. ? MexiQue,Texas
oerAmériQueduS.• 6
"'""'

t:Anadenanlhera peregrina est et les Wa1ka, pour la labncation Celte plante gnmpante pérenne Ces pet1tscactus de IOà \Sem
un arbre ressemblant au mimo- d'epenci. La poudre à priser est au port vigoureux, pouvant at- de diamètre peuvent être gris-
sa, qui pousse principalement obtenueàpartirdes graines teindre tOm de haut contient vert, gris rougeâtre ou brunâ-
dans lessteppes.llpeutattein- auxquellessontajoutéesd'au- danssescellulesunjus laiteux tres. Souvent appelés ~ pierres
dre20mdehautavecuntronc tressubstancesetdescendres sem~a~eautatex.Lesfeuilles vivantes ~. ils se confondent
de60cm de diamètre. Son végétales.Lesgrainesconlien- opposées, pétiolées, cordilor- aveccesdernièresdansles
écorce noirâtre est couverte nent surtout de la N,N-diméthy1- mes, pouvant atteindre 27 cm de déserts caillouteux qu'ils affec-
d'épines coniques acérées. Les tryplamlne (OMT), Me0-5 OMT long sont velues sur le dos et tionnent. L8!Jrs petites excrois·
leuHies composées ont entre etd'autrestryptamines. argentées.Lesfleursinlondibu- sances charnues ou cornées, à
qu~nzeetving1 paires de petites Les chamans des peuples de la lilormes de couleur violette ou troispointes,sontcaractéristi-
lollolesvelues.lesminuscules régiondei'Orénoque(parex lavande sont placées en cymes. quesdugenre. Les aréoles sont
lleursblanchessontgroupées lesPiarca)cultiventcetarbrequi Leurssépalessontcouverts souvent garnies d'épaisses
ensphèresetcomposentde nepoussepaschezeux,s'as- d'unduvet.Lesfruitsarrondls touffes de polis. Les fleurs peu-
petits bouQuets axillaires ou ter- surant ainsi leur stock de poudre ressemblentàdesbaieset vent être !>lanches, roses ou
minaux. Les cosses lign8!Jses à priser. contiennent des graines lisses pourpres.
contiennent 3 à 10 minces grai- de couleur marron. Une capsule Les Indiens du centre et du nord
nesrondesetplatasd'unnoir sém1nale renferme 1 à 4 gra1ns. du Mexique considèrent l'A. fis·
bnlant.Danslebassindei'Oré- La plante est originaire d'Inde suratus et l'A. re/usus comme
ooque,laplantesertàlabriquer oû elle est utilisée médicale- des • faux peyotl ~. Ces cactus,
une poudre à priser fortement mentdepuislonglemps.Un proches des Lophophora, sont
haiiLICinogène.connuesousle usagetraditionnelcommeen- caractéristiques des plantes du
nomdeyopo.Cettedrogue. théogène n'a pas encore été désert, poussant de préférence
dontilexisteplusieursmodesde découvert. Le puissant effet enpleinsoleil,surlesableoules
labrication,étartjadismême psychédél~quedei'Argyreia rochers. On a iSOlé plusieurs ty-
connue aux Antilles sous le nom nervosaa étéconstatégr.1ceà pes d'alcaloïdes phényléthyta·
de cohoba. On en signalai\ détà la recherche phytoch1m1que. minés psychotropes à partir
J'usage ntuel chaman1que en Les graines cootiennent 0,3% d'A. lissuratus et d'A. retuSlJS.
t496.Jiamalheureusement d'alcaloïdes de l'ergot (ergotine,
disparu avec l'extermination des iso-tysergamide).
autochtones. Pour la plupart des psychonau-
Cetarbrepoussantenlisière tes,l'effetproduitpar4 àBgrai-
des grandes forêts de Guyane nesesttoutàfaitcomparableà
estencoreutil1sépard1V8rses celuiduLSO.
tnbus. surtout par les Yallomami

35
ATROPA l. {4) BANISTERIOPSIS {20 - 30) BOLETUS Dili. ex Fr. (225)
C. B. Robinson et Small
Atropa bel/adonna L Banisteriopsis ca api (Spruce ex Boletus manicus Heim
Belladone ou Belle Dame Griseb.), Ouaparierdesgalibis, Bolet qui rend lou
UaneAyahuasca
Solanacées Malpighiacées Bolétacées
B Europe,Afriquec!uN.,Asie Régioostropicalesaunord Q Cosmopolite
de l'Amérique duS 1
Antilles

Onretrouvediversesespèces
deboletsdanslacurieuse · folie
parleschampignons ~ desKu­
madeNouvelle-Guinée.Lun
fleurssontjaunesetd'autres d'eux,leBolelusreayi,estca-
variétés,moinsconnues.La ractériséparunchapeauhémi·
mètre. Toutelaplanteestriche belladone d'Inde (Atropa acumi- etpar_destribusisoléesduver- sphérique de 2 à 4cm de dia-
enalcaloides.Onlatrouvedans nalaRoyleetlindl.}estcultivée santPacifiquedelaColombieet mètre,dur,d'unbrunrougeâtre
lesbois et les fourrés, sur des pourdesraisonspharmaceuti- de l'Équateur. La décoction etjaunecrèmedanssonpour-
sols calcaires. quesgrâceàsontauxélevéde d'écorcedeB.caapietde tour. Lachairestjaunecitron. Le
ll estprobablequelabelladone scopolamine.EnAsieontrouve B.inebrians,faiteàl'eaufroide pied, orangeverslehaut, de-
fut un ingrédient important des en outre la belladonecauca- ouparlongueébullition, peutse vientvertmarbréetgris·rosesur
boissonsdesorcièresdurant sienne(AiropacauC<Jsica boire telle quelle ou avec divers lemilieupuisvert clairàlabase
I'Antiquité.Onconnaittouteune Kreyer)etturkmène(Atropako- additifs,entreautresdesfeuilles Les spores ovales, vert olive à
série de rapports historiques marviiBiin.etShal). De nos de Oiplopteris C<Jbrerana ou l'intérieur, ont une membrane
parlantdecasd'empoisonne- jours,labelladoneesttoujours oco-yajé et de Psycho/ria viridis. jaune.
mentsaccidentelsouvolontai- cultivéepourl'utilisationphar- LesdeuxespècesdeBanisre- LeB.manicusestuncham-
resàpartirdecetteplante. EIIe macologiquedel'atropine. riopsis ont une écorce lisse et pignon bien connu qui. comme
jouaunrôleen1035,1orsdela brune.L:inflorescencese sonnoml'indique{mania = fo-
guerredesËcossais, sousDun- compose de plusieurs petites lie) , adespropriétéstoxiques.
can1er,contreleroinorvégien fleursallantduroseaurose
SvenCanute.LesÉcossaisdé- foncé.LeB.inebrianssedistin-
truisirentl'arméescandinaveen guedu B.caapiparsesfeuilles
luilaisant parvenirdesmetset plusépaisses,plusfinesetova-
delabièreempoisonnésàla lesetparlaformedusamare
belladone Lalianecontientdesinhibiteurs
Saprincipalesubstancepsy- de MAO: harmaline, harmine,
chotrope est l'atropine mais on y
trouveaussi.enmoindrequan-
tité,delascopolamineetdes
'"
traces d'autres alcaloïdes de
typetropanol. !.:ensemble du
contenud'alcaloidesreprésente
0,4 % danslesfeuilles,0,5%

36
BRUGMANSIA Pers. (7- 8) BAUGMANSIA Pers. (9-10) BAUNFELSIA L. (40)

Brugmans~a aurea Lagerh. Brugmansia sanguines (Ruiz et Brunfe/sia grandiflora D. Don


Stramoine dorée Pavôn) O. Don Brunfelsie
Stramoine sanguine
Solanacées Solanacées Solanacées
OuestderAméfiqueduS. Amérique Ou S.,
11 12 delaCoiombteauChill

Ce Brugmansia vivace, fol'te- Plusieurs espèces de Brunfelsia


les est entièrement recouverte ment ramifié atteint 2 à Sm de sont utilisées médicalement et
par le calice: la pointe des péta- haut et développe untroncligni- comme psychotropes dans
les,longuede4à6cm,sere- fié.Lesfeuillesgris-vertetve- I'Amazoniecolornbienne,équa-
courbeversl'extérieur.Lefruit, lues sont grossièrement dente- torienneetpéruvlenne,ainsi
decouleurverte,d'unovaleal- lées. La stramoine sanguine qu'eo Guyane. On y a trouvé de
loogéetlisse,estdetailleva- n'exhale pas de parfum le soir. la scopolétine mais on ne
r~able. Il reste toujours charnu, Ses fleurs habttuellemeot vertes connailpasd'actionpsycho-
sans J8maiS devenir dur ou lai- àlabasesontjaunesaumilieu trope à ce composant.
neux. Lesgra1nes,anguleuses, et rouges sur les bords. Il 9luste B.chiricaspietB.grandillora
brunesounoirâtressontassez desvariétésvert-rouge,entière- sontdesarbustesoudespetits
grandes(de9à 12mm).Ces mentjaunes.jaune-rougeet arbresd'environ3mdehaut.
espècesnesontpasseulement presque entièrement rouges. Lesfeuillesovalesoulancéo-
hallucinogènes, elles jouent un LesfruitSO\Ialesetventrus,au lées,Jonguesde6à30cm,sont
rôle important dans la pharma- bout pointu sont lisses et sou- réparties sur des petits ra-
copée, soignant toutes sortes vent partiellement reco~Nerts du meaux.
de maladies, notamment les calice desséché. En Colombie, B. chiricaspi se d1St1ngue de
rhumatismes. Elles cont1ennent l'éJXl(lue précolombienne a vu B.grandifloraparsesfeuilles
des alcaloicles de type tropanol, l'utilisat1ondecettepuissante beaucoup plus grandes, ses pé-
lortement hallucinogènes. Chi· plantechamaniquelorsdescé- tiojespluslongs,sesinllores-·
miquement. elles sont apparen- rémonies dédiées au culte du cencesmoinslournlesetleslo-
tées aux Datura, au Latua pubi- soleil. EnÉquateuretauPérou, besdesacorolleinfléchis.
flora et à la Scopolia camio/ica. des chamans et des curanderos B.chiricaspiestprésenteen
l'utilisent toujours comme hallu- Amazonie occidentale, en Co-
cinogène. lombie, eo Équateur et au Pêr-
Laplanteentièrecontientdes ou. B. grandifkxa est commun
alcaloïdesdetypetropanoi.Les au Venezuela et en Bolivie. Les
fleurs renferment essentielle- Brunfelsiaserventd'additilà
ment de l'atropine et des traces l'ayahuasca.
del-scopolamine{hyoscine)
Lesgrainescontiennentenvlron
0,17% d'alcaloides, dont 78%
de !-scopolamine.

)7
CACAUAL. CAESALPINIA L (100) CALEA L. (95) CANNABIS L (3)

Cacaliacordi/oliaLfil. Gaesalpirna sep~aria Roxb. Galea zacatechichl Schlecht GannabissativaL.


MatwU Yün-Shth Zacatechichi Chanvre commun ou cultivé

Composées Légumioouses Composées Cannabiacées


EKtrêlll&Orient. AmériQliEI RégionschaudesetlropiC<I- Régionstropicalesdur!Of!l Régionschaudesellempé-
14 OuN .. Me~iqliEI 15 ~sdesdeu~hémisphères 16 dei' Amérique~S .. 17 rées,cosmopolite
Me~~liEI

Cacaliacordifo/ia,petiteplante Caesalpiniasepiariaouyün- Ce modeste arbuste répandu du Cannabissatrvaestdevenutrès


grimpante arbustive, présente shihestuneplantegrimpante MexiqueauCostaRicaetconnu polymorphe. If s'agit générale-
une tige hexagooale très fine· arbustive aux épines recour- sous le nom de zacatechichi ment d'une plante herbacée an-
ment velue. Ses feuilles ovales. bées. Ble semble avotr été utili· (>< helbeamère ,.) atenuune nuelle foisonnante, dressée, aux
longues de 4 à 9cm, sont ner- sée comme hallucinogène en place importante dans la phar- branches souples, pouvant at-
vurées et cordées à la base. Chine. La médecine populatre macopée tndigène. On l'a aussi teindre une hauteur de 5.4 m.
t.:infloresœnce portée par un apprécte ses racines, ses lieurs ulllisécommeinsecticide. Cllez cetteespècedioïquele
pédicelle est composêe de et ses graines. La consomma- Selon des informations récen- pJ&dmAiemeurtaprèsavoirli-
lleurslor~Quesdetcm. tionsurunelonguepériodeper- tes, il semblerait que les Indiens béré son pollen. Le pied femelle,
De nombreuses espèces de men rail même des lév~ations et chontal d'Oaxaca lassent une plusrésistant,estaussiplus
Cacaliaontétéclasséessousle un ~ dialogue avec les esprit s ~ . infusion hallucinogène avec les épaisettouffu.Leslleurssim-
terme de ~ peyou ~ dans le nord Lesleuillespennéesdecette feuillesséchéesdecetteplante. ples,vertfoncé,parfoisvertjau·
duMexiqueetilestpossible plantegrimpantequipousseen Croyantauxvisionsapparues nAtreou brun pourpre. sontpor-
qu'àunecertaineépoqueelles largeur,longuesde23à28cm danslesrêves, lesguérisseurs téesparlesbranchesaxillaires
aient été utilisées comme hallu- portent8àt2pairesdefol~s. chontal,quiaftirmentquefe 01.1 terminales. Le fruit ovoïde et
cinogènes. Dans cette même La grande inflorescence drotte z:acatechichiéclaircitlessens, légèrementaplatiestunakène
région. on attribue à C. cordifo/ia auxfleursjaunecanariest re- nomment cette plante Thle· cotMtrt d'un calice persistant.
un pouvoir aphrodistaque et l'on marquable. le fruit lisse, ovoide pela kano ou .. feuille de Dieu •. Enveloppé par une bractée, il
pense qu'il guértt de la stérilité. et potnlu conttent4 à 8 gratnes Onn'apasencoretsolédesub- s'anacheàlatigesansaucune
Un alcaloïde y a été découvert, ovales, brunes tachêes de notr, stances hallucinogènes à parttr arllculatton. Lagraineovalerne-
matsceneplanteneparaitpas de t cm de long. On a dêcelé un de C. zacatechichi. Cependant, sure4 x 2mm, parlOtsplus.
renfermer de composants chi· alcaloïde de strueiure inconnue l'herbe contient des germacra-
mlquesauxpropriétéspsycho- dans Caesalpinia sepian'a. nolides.
tropes. Cetteplantepeuétudiée
est apparemment souvent
confondueavecCa/ea
zacatechichi.

38
CARNEGIA (1) CESTRUM L CLAVICEPS Tulasne COLEUSLour. (150)
Britt. et Rose
Camegia gtgantea (Engelm.) C. parquit:Hérit Claviceps purpurea (Fr.) Tu- Coleus blumei Benth.
Brm. el Rose Cestreau du Chili Coleusscutellaire
Saguaro """'
Ergot de seigle
Cactêes Solanacées Labiacées

18 ~-:~=ueduN . 19
Chi li
21

Lesaguaroestleplusgranddes Les Mapuche du sud du Chili On appelle ergot le sclérote Deux espèces de Coleus sont
cactusàcolonnes.llatteinten utilisant leCestrum parqui médi- (stade d'hibernation) du cham- importantes au Mexique : avec
généralt2mdehautetres- calementetrituellement,lorsde pignon parasite Claviceps pur· la Sa/via divinorum apparentée,
sembleàungranclcandélabre. trailementscuratifschamani- purea qui s'attaque à certaines appelée la hembra (•la le-
lesbranchesellesligesàplu- ques, depuis l'ère précolom- céréales et herbes sauvages, et melle ~ ), il y a C. pumilus, appelé
sieurscOtesontundiamètrede bienne. Laplantealepouvoirde particulièrement au seigle. el macho (" le mâle •) et deux
30à75cm.Lesépinesprèsdu résisterauxattaquesdessor- L.:ergotproprementditestune formesdeC.blumei,appelées
sommet de la plante sont mar- ciersoudeschamansnoirs.Ses massecourbée,calviforme, elnene(•l'enfant •)etelahijado
ron-jaune Les fleurs blanches feuilles séchées sont fumées ou noire-violette de 1 à 6 cm de (•lefilleul~),quiatteignentlm
en lorme d'entonnoir, longues brûlées comme de l'encens. long qui peut se développer à la de haut Leurs feuilles, ovales et
de tOà t3cm, s'ouvrent pen- Cestrum parquiest un arbuste place d'un grain. le champignon légèrement dentées, mesurant
dant lapurnée.Lefruitcontient de 1,5mdehau1auxminces produitdesalcaloidespsycho- jusqu'à 15cmdelong,ontune
denombreusesgrainesnolres feuilles lancéolées et glauques tropesettoxiques. sur1aceinférieurevelueetune
et brillantes Bienquel'onn'ait Ses fleurs jaunes, tubulilormes Ce champignon se développe sur1ace supérieure couverte de
pas 51gnalé l'usage du saguaro à51acinulessontplacéesdans en deux temps; son cycle actif grosses taches rouges. les
comme hallucinogène, le cactus des panicules en bout de tige. estsuivid'uncyclededor- neursenclochettes,bleuesou
contlentdesak:aloïdesàeffets AuChili,ellesfleurissent entre mance.Lesclérotesesépare pourpres, longues de tcm,lor-
psychotropes On a iso~ de la octobreetnovembreetrépan- de l'épi et tombe. Il germe au mentdesgrappessouplesde
camégine,del"hydroxy-5 dent un parfum entêtant. Les printemps en émettant de petits JOan.
camégtne,delanorcamég1ne, pet1tes ba1es ovales de la plante champignons globula1res pédi- On a récemment découvert"
destracesdeméthoxy-3tyra- deviennent noires et bnllantes à cellésdanslesquelssedéve- dans le coleus scutellaire des
mine,amsiquedel'arisonine, ma1urité. loppentdesascosporeslila- diterpènesdestructurechi-
unebasetétrahydroquinollne. Ceslrumparquicontientdela menteuses.Celles-ciseront miquenonencoredéterminée,
leslndienslontduvinàpartir solasonine, un alcaloïde stéroi- disséminéesparleventsurles ressemblant à la salvinorine.
desfrurtspressésducactus dique, de la solasonidine et un stigmatesduse1gle.Lesépls Il est possible qu'en séchant
atcaloide amer, la parqu1ne, de ainsi infestés développeront de ou en brûlant ces diterpènes
formule C2 1H390aN. dont l'eifel nouveau de rergot. on obtienne des substances
estcomparableàceluide la actives.
strychnine ou de l'atropine.

39
CONOCYBE Fayod (40) CORIARIA L. (15) CORYPHANTHA (64) CYMBOPOGON (60)
(Engelm.)Britt. et Rose Sprengel
Conocybe siligineoides Heim Coriaria thymitolia HBK ex Willd. Coryphantha compacta Cymbopogon densiflorus Stapf
Redoul (Engelm.) Britt. et Rose Esakuna

Agaricacées(Bolbitiacées) Coriariacées Cactées Graminées


Cosmopolite DuMexiqueauChiti S-Q.de t'Amériquedi.JN., Régk>nschaudesd'Atrique
22 23 24 Mexique, Cuba 25 etd'Asie

le Conocybe siligineoides a été Dans leshautesAndesentrela Cepetitcactusépineuxen EnTanzanie,lesguérisseursin·


signatéaunombredeschampi- Colombie et le Chili, Coriaria fo rmedesphèreunpeuaplatie, digènes fumentunextraitde
gnonssacrésduMexique. On thymifoliadécoreleschemins quimesureauplus8cmdedia- fleurs de Cymbopogon densiflo-
n'enapasencoreisolédepsilo- desesfeuillesqui ressembjent mèlrepousseensolitairedans rus,seulouavecdutabac,afin
cybinemaisontrouvecetalca- auxfrondesdesfougères. Dans lesrégionsvallonnéesetdans deprovoquerdesrêvesprémo·
toide psychotrope dans les lespaysandins,onalongtemps les montagnes, de préférence nitoires.lesfeuillesetlesrhizo-
Conocybe cyanopus des États- crainttatoxicitéde laplante surunsotsablonneuxoùonle mes, d'uneodeuragréabjement
Unis. pourlesanimaux.llparaitmê- distingueàpeine.Sesépines, citronnée, sont utilisés dans
Cetrèsjolichampignonhautde me que des hommes sont morts blanches, longuesde1à2cm, cette même région comme to-
Bcmvitsurleboispourri.Son aprèsavoirgoûtéàsonlruil, le sont généralement absentes du nique et astringent.
chapeaude2,5cmdediamètre shanshi.Cependant,il semble centredelaplante.leslleurs Cetteherbevivaceàtigedroite
estbrunrougeâtreetd'un qu'enÉquateurcedernierserait jaunes,solitairesouparpaires, adesfeuilles lancéoléesetlon-
orangeintenseaucentre.Les consommepourprovoqueru ne apparaissentaucentredela gilignes,évaséesàlabaseetse
lamellescouleursafranoubrun ivressecaractériséeparlasen- couronne terminantenpointe.Onretrouve
orangéabritentdesspores sationdevolerdans lesairs.Cet LesTaharumarasdunorddu le Cymbopogon densiflorus au
jaune chrome arbustehaut de1 ,Bmades MexiqueconsidèrentCoryphan- Gabon, au Congo et au Malawi.
Plusieurs espèces du genre feui llesovales,longuesde 1 à lhacompac/a,qu'ilsappellent Ses propriétés psychotropes ne
Conocybe contiennent de la 2cm.portéessurdesbranches bakana.commeunesortede sontpasbienconnues.Legenre
psilocine, sont psychotropes et latéralesfinesetsouples.les peyotL Ils le craignent elle res- estricheenhuilesessentlelles
furent utilisées rituellement. On petitesfleursvioletloncésont pectent. et dans certaines espèces on a·
a découvert récemment en C6te groupéesen longuesgrappes Ona isolédiversalcaloides, trouvédesstéroides.
d'Ivoire un culte rudimentaire serrées, pendantes. dontdes~-phény l éthylami nes
voué à un Conocybe appelé ta- Pourl'instant.aucunesub- psychotropes, dans plusieurs
mu. ~ champignondela stanceactivepsychotropen'a espècesdeCoryphantha:l'hor·
connaissance * été isolée. dénine,lacalipamine,lamacro-
mérineetd'autres

40
CYTISUS L. (30) DATURA l (10~12) OATURAL (10~ 12) DATURA L. (14~16)

Cytisuscanariensis(l.) Datura innoxia Mill. Datura metel L. Datura stramonium linné


O.Kuntze (=O. meteloides) Stramoine metel Stramoine commune ou pomme
Cytiseougenêt desCanaries Toloache ép1neuse
Légumineuses Solanacées Solanacées Solanacées
~~=-~uri;tfriqoo duN .. Régiooschaudestempérées Régiooschaudestempérées R&gionstropicaleset
26 27 et tropicales des deux hémi- 28 et tropicales d'Asie et 29 tempéréesdesdel.lx
iles Canaries. Mexique sphères d'Afrique hémisphères

C'estauM~xiqueetdanstesud­ Cetteplanteannuelled'environ
ouestdesEtats-UnisqueleOa· 1.2mdehautpossèdeplusieurs
luraestleplusemployé,enpar· tigeslourchues, rameuseset
ticulierleOa/urainnoxiaquien lisses.Sesfeuillesvertfoncé
représentel'esp{!ce laplusim- et comme hallucinogène. sont grossièrement dentées.
portante.lls'agitducélèbreto- Da/urametel,vraisemblable- Lesfleursenentonnoirà51aci·
loachemexicain.quifaisaitpar· mentoriginairedesrégions nulessortentdresséesdesais·
lie des • plantes des dieux ~ des montagneuses du Pakistan ou, selles. Celles de l'espèce
Aztèques et d'autres Indiens. ptusàl'ouest,dei'Afghanistan, communesontblanches.Lava-
LesTarahumasduMexique est une plante herbacéepou- riétélarulaprésentedesfleurs
contemporainajoutent lesraci- vantdevenirarbustive,de1à violettes.Cesonttespluspeti·
nes,lesgrainesetlesfeuillesdu 2mdehaut.Lesfeuillesovales teslleursentrelesOa/uraspp
D.innoxiaautesquino,bièrede légèrementtriangutairesetpro- (6à9cmdelong).Lesfruits
mais servant de boisson céré- londémentdentéessontlon- verts,oviformes,hérissésde
monielle. guesde14à22cmetlargesde courts aiguillons pointus sont
O.innoxiaestuneplanteherba- Bà11cm.Unefoisépanouies, tétrachotomesetsedressent
vivacequipeutaneindre1m tesfleurssolitairessontpresque dans lesaisselles.Leursgraines
t.Sesfeuillesfinement rondes.Leplussouventviolet- réniformesetplatessontnoires
donnent un tes,eltessedressentdroitesou Onn'estpassùrde l'originede
1 obliques. Le fruit rond, pendant, cettestramoinefortementhallu·
estcouvertdeverruesoud'épi- cinogènequidiviselesbotanis-
nes,lesgrainessontplateset tes.CertainspensentqueOatu-
brun clair. Toutes les espèces ra stramonium est une espèce
deOa/uracontiennentlesalca- de l'Ancien Monde, originaire
desbordsdelamerCaspienne.
d'autreslafontvenirduMexique
oud'AmériqueduNord.Aujour·
d'hui,ellesetrouveenAmé-
riqueduNord,centraleetdu
Sud,enAfriqueduNord,enEu-
ropecentraleetméridionale,au
Proche-Orient et dans I'Hima·
laya.

41
DESFONTAINIA R. et P. (t -3) OUBOISIA R. Br. (3) ECHINOCEREUS {75) EPITHEL.ANTHA (3)
Engelm. · Weber ex Brin. et Rose
Desfontainia sp~nosa R. et P. Duboisra hopwoodii F. v. Mueller Echinocereustrigfochid!atus Epithelantha micromeris {En-
Taique Duboisieoupitcheré Engelm. gelm.) Weber ex Britt. et Rose
Cierge Hikuli
Desfontainiacées Solanacées Cactées Cactées
Régionsmonta\TI&u58S Australie centrale ~iq~ l'Amérique duN., ~;'~I'AmériqoeOuN. ,
30 d'Amériqoeœn1raleelduS. 31 32 33

Desfontamia spinosa est une Cet albuste rameux toujours vert Les Tarahumaras de rÉtat nord- Ce cactus très épineux est un
des plantes andines les moins autronctigniliéatteinteoviron mexicain de Chihuahua consi- des " faux peyotl • des Tarahu·
connues.etonlaclassesouvent 2,5à3mdehaut.Sonboisde dèreot deux espèces de cactus maras du Mexique. Ses fruits
dansuneautrefamille,leslon· couleurjaunedégageunesur· des régions montagneuses acides mais comestibles portent
ganiacéesou lespotallacées. prenanteodeurdevanille. Ses commedesfauxpeyotlouhiku· lenomdechilitos.Lesguéris-
Les botanistes ne sont pas feuillesvertes,entières,linéaires ri.llsnesontpasaussipuls- seurs absorbent le hiku!i pour
d'accord sur le nombre d'espè· etlancéolées(t2à !Sem de long sants que les Ariocarpus, Coty· rendreleursvisionsplusclaires
ces appartenant à ce genre. et 8 mm de large) sont atténuées phantha, Epithelantha, et pour communiquer avec les
Desfonlarnia spinosa est un danslepétiole. Lesfleursblan- MammiNaria ou Lophophora. sorciers. Les coureurs l'appré-
splendideartlusteauxleuitles ches, parfOis tachetées de rose Echinoœreus salmdyckianus cient comme stimulant et amu·
d'unvertbriltantetauxlleurs en forme de clochettes {7mm de est un cactus de petite taille aux lette. Leslndlenspensentqu'rl
tubulaires rouges, bordées de long)poussentenfaisceauàla branches rampantes, vert jau· prolongeleurvieetqu'ilabrite
jaune. pointe des branches. Le fruit est nâtre,comportantentre7et9 une forcequlrendfouslesgens
Appelé taique au Chili et borra· unebaienoirede6mmdelong cOtes.Lesépinesradialesjau· malveillants, oubientespréci-
chero en Colombie, il y est uli· qui renferme de nombreuses nes, longuesdetcmsootplus piteduhautdeslalaises.
tisé comme hallucinogène. grainesmrnuscoles. courtes que l'épine centrale so- OnatrouvédansEpithelantha
DanslesudduChili, ilestutilisé Le prtcheré est utilisé depuis litaire. Cette espèce est origi- micromeris des alcaloïdes et
à des fins chaman~C~ues , comme que l'Australie est peuplée par naire de Chihuahua et Durango des tnterpènes. Ce minuscule
La tua pubiffora. Les chamans les aborigènes de façon hédo- au Mexique. Ecllinocereus rri- cactus sphérique de 6 cm de
colombiens de la tribu kamsa nisteetrituella. Lesfeuillessoot glochidiarus s'en distingue par diamètreadesar~longues
boivent une infusion de ses récoltéesenaoût, lorsdela flo· desbranchesvertfoncé,des de2mmdisposéesenspirale.
feuilles, qui leur offre des rêves raison.accrochéesetséchées épinesradialesmoinsnombreu· Ses nombreuses épines blan-
et les aide à prononcer des ougrilléesau-dessusdufeu. sesetquideviennentgrisesen chescachentpresqueentière-
diagnostics. On ne sait encore Elles scot mâchées ou routées vieillissant, ainsi que par des mentlespartiescharnues. Les
nen des composants chimiques encigaresavecdessubstances fleurs écarlates de 5 à 7 cm de épinesradialeslesplusbasses
des Desfontainia. alcalines et fumées. k>ng. mesurent 2mm de tong, les su-
Duboisia tropwoodiicontient drl- On a trouvé clans Echinoœreus pérreures envrron t cm. Les pe-
férentsalcaloTdeslortementsti- rnglochkiiatus un dérive de la trtesfleursapparaissentaucen-
mulantsmaisaussitoxiques : la tryptamine,l"hydroxy-3métho- tredela plante.
piturine, laduboisine, laD-nor- xy-4phénéthylamine.
nicotineetlanlcotine.Onadé·
couvert lesalcaloïdeshallucino-
gêneshyoscyamineetscopola·
mrne dans les racines.

42
ERYTHRINAL (110) GAlBUUMIMA (3) HEIMIA llnk et Ot1o (3) HEUCHRYSUM Mill. (500)
F. M. Bailey
Erythn"na americana Mill. Galbulimima l>elgraveana He1mia salicifolia (HBK} Hel1chrysum foelidum (l.}
Erythrir1ed'Amérique (F. Mueii.)Sprague UnketOtto Moench.
Sinicuichi Immortelle fétide
légum1neuses Agara Lythracées Composées
Aéglonschalldese1ti'OpiC8· N.·E. de rAus11ahe. Mai!IISie Du S. de l'Amérique 111 N Europe, Alr\qi.IEI,Asle,
34 lesdesdeuxt\émlsphèl&s 35 36 àrArgenune. An1JIIes 37 Auslrahe

Onpensequelesgrainesde En Papouasie Nouvelle-Guinée, Ce genre comprend trois espè- LesguérisseursZoulousutlli-


plusieurs espèces du genre les indigènes font bouillir ces très semblables qui jouent sent deux espèces de Helictlry-
Erythnna, probablement lden- l'écorce et les feuilles de cel ar- toutes un rôle important dans la sum qu'ifs inhaleot pour provo-
llque au lzompanquahuitl des bre avec une espèce de Homa- médecine populalfe. P1us1eurs quer une transe. On présume
anc1ensAztèques, étaient jadis lomena. Celle décoction pro- nomsvernaculalfess1gnalésau queles~antessontfumées
utilisëes comme remède et voque un sommeil profond Brésilsem~entindiquerdes pourparveniràcettefin.
comme hallucinogène. Au Gua- peuplé devisions. propriétés psychotropes, Helichrysumfoeridumestune
temala,ellesserventàladivi- Galbulimima belgraveana, ré- comme arbre-o-sol (~qui ouvre planteherbacéedroiteetra-
nation. Les graines en lorme de pandu dans le nord-ouest de Jesoleii M)et hervadavida a
meuse haute de 20 30cm.
haricotsd'Erythnnaflabellifor· l'Australie, la Papouasie Nou- (•hertiedevieM) légèrement ligneuse à la base,
miS font partie de la pharma· velle-Guinée et les Moluques, He1mia salicHolia ou sinicUichi elle dégage une odeur très forte.
copéedesTarahumarasetsont présente un tronc tout droit et mesure entre 60cm et t,B rn de SesfeuiUes,laineusessurle
utiliséesendesoccasionstrès peut atteindre27 mdehaut.Son haut. Ses feuilles lancéolées dessus, portentdespoilsglan-
diverses. écorceécailleused'ungrisbrun, sont longuesde2à9cm. duleuxsur ledessous.Les
Erythnnaflabell1formtsestun épalssede1cm,esttrèsaro- Dans les régions montagneuses fleurs solitaires en corymbe ont
arbusteouunpe11tarbreaux manque. Lesfeuillesovaleset du Mexique, on fait une boisson un diamètre de 2 à 4 cm el sont
branches épineuses. Les lolio- brillantes, longues de 11 à en1vrante à partJr des feuilles lé· entourées de bractées crème ou
lesl0oguesde6à9cmsontgé- 15cm et larges de Sà 7cm, son! gèrement fanées, écrasées jaune doré. Ces espèces cie
néralement pluslargesquelon- vert métalliquesurledessuset dansde l'eaupuisfermentées He/ichrysumfontpartiedes
gues. Les fleurs rouges, de 3 à brunesendessous.Les fleurs Bien qu'un usage immodéré de plantesditesMimmortelles·M. On
6cm de long, forment des grap- sanspétalesportentclesstig- a
sinlcuichi semble la longue y a trouvé de la coumarine et
pes très denses Les cosses mates très apparents le fruit êlre noof, absorbé normale- des diterpènes, ma1s aucune
peuvent atte1ndre 30cm. Elles rougeâtre mesure 2cm de dia- ment, il ne comporte pasd'eHets substance aux propr1élés hallu-
conbennent deux ou plusieurs mètre. secondaires désagréables. La Cinogènes.
grainesrougefoncéetcompor- Bienquel'onaitisolé28alca- plantecontientdesalcaloides
tentuneétranglemententre loides à partir de Galbulimima detypequinolizidinecommela
chaque graine. Cette espèce est belgraveana, on n'y a pas en- cryogénine,la lythrine.lalyfo-
convnunedanslesréglons core décelé de substance psy- line, ou la nésidine, qui présen-
chaudes et sèches au ceotre et chotrope. len!desproprié!éSbloactlves.
auno«lduMexique.a1nsique
danslesud-ouestdesÉtats-
Unis.

43
HELICOSTYLIS Trécul (12) HOMALOMENA Scholl (142) HYOSCYAMUS l (10-20) HYOSCYAMUS l . (20)

Helicostylis pedunculata HomalomenalauterbachiiEng l Hyoscyamus a/bus l. Hyoscyamusnigerl.


Benoist Ereriba Jusquiame blanche Jusquiame noire
Takini
Moracées Aracées Solanacées Solanacées
Amériqoocentrale. régions AmériqooduS.,régions Méditerranée, Asie Mineure Europe. AlriqueduN., Asie
38 tropicales d'Amérique duS 39 tropicales d'Asie 40 41 duS ...Q. etcentrale

EnGuyane,letakiniestunarbre Les indigènes de Papouasie Cetteplanteherbacéede40à lajusquiameestuneplantean-


sacré. Avec la ~ sève~ rouge de Nouvelle-Guinée semblent 50 cm de haut possède des ti- nuelleoubisannuelle,vis-
sonécorce, onprépareune mangerlesfeuillesd'unees- gesdroites,maisparaîtsouvent queuseetvelue, hautede76cm
boissontoxiqueenivrante.On pèce de Homa/omena mélan- buissonneuse. les tiges vert qui dégage une odeur forte. ca-
saitaujourd'huiqu'ils'agit làdes géesàdesfeuillesetdel'écorce clair,lesfeuillesdentées.les ractéristique quand on l'écrase
deuxespècesdeHellcosty/is, de Galbulimima belgraveana calicesainsique lesfruitssont Sesfeuillesentières.parfois ir·
H. pedunculata et H. tomento- pour provoquer un état agité fortementvelus. Lajusquiame régulièrement dentées sont
sa, quisedistinguent àpeine suivid'unsommeilpeuplédevi- blanchefleuritdejanvieràjuillet ovaleset longuesSà 10cmsur
l'unedel'autre.Cesontdesar- sions.Lesrhizomessonttrès surChypreetenGrèce. les lapartiesupérieure.engainan-
bresgéantsautronccylindrique utilisésenmédecinepopulaire, fleursjauneclairsontsouvent tes,allongéesetpluspetitesàla
et àl'écorced'unbrungrisâtre. particulièrementpourle traite- violetfoncéàl'intérieur. les base. lesfleursjaunesouvert
!.:hallucinogène aussi peu connu ment d'affectionscutanées grainessontblanches,ocreou, jaunâtre,veinéesdevioletattei·
qu'étudiépourraitthéorique- LesHomalomenasontdes plus rarement, grises. gnent4cmdelongetsontfixées
mentprovenirdesgenresappa- plantesherbacées, petitesou Cette espèce de jusquiame fut enpaniculesuruncymearqué.
rentés Brosimum et Piratinera. grandes, auxrhizomesaromati- laplantemagiqueetmédicinale Lefruitestunecapsuleconte-
Desextraitsd'aubierdeces ques. Lesfeuilleslancéolées,à laplusutiliséedansi'Antiquité nantplusieursgraines,enfer·
deuxarbresontétéétudiés base cordée, ontdecourtspé- Lesoracleset lesvoyantes(les mée dans un calice persistant.
pharmacologiquement ; ils pré- tiolesetdépassentrarement SibyllesetlaPythie)provo- Hyoscyamus niger était utilisé
sentent deselfetsdépressifs 15cm. lesfleursmâlesetfe- quaientdes transesenconsom- dans l'Europe antique et
semblatllesàceuxduCannabis metlessonttrèsserréessurun mant des hallucinogènes tels moyenâgeusecommeingré- ·
saliva. même spadice. que « l'herbe du dragon ~ de dientdefumigationsetdes
Àl'analysechimiqueonn'apas l'oractedeGaïa, «l'herbedela boissonsetbaumesdessorciè-
encore découvert dans ces frénésie,del 'oracledeHécate,
plantes de principes hallucino-
gènes.
déessedelamagie,àColchide,
"la graine de Zeus » de l'oracle
"'
Lesprincipesactifsdecetteso-
lanacéesontdesalcaloidesde
deZeus-AmmonetduJupiter type tropanol, dontlascopola-
romainelnlaplanted'Apollon .. , minefortementhallucinogène.
dieudela ., folieprophétique"à
Delphesetailleurs.laplante
entièrecontientdesalcaloïdes
detypetropanol, lahyoscya·
mine et la scopolamine.

44
IOCHROMA Benth. (24) IPOMOEA l {500) JUSTICIAL. (350)

/ochroma fuchsioides{Benth.) /pomoea violacea L. JusticiapectoralisJacq. var.


Miers Ipomée violette srenophylla Leonard
loch rome Herbe à charpentier
~anacées Convolvulacées Acanthacées
Régionstropicalesetsubtro Régionschalldestempérées Régk>nstropicales etchau-
42 picales d'AmériQue du S. 43 ett ropica lesduMe~ique 44 desd'Amériquecentrale et
oos.

Encasdediagnosticdifficile. les religieux ou thérapeutiques. Les Jusliciapectora/isvar. steno-


cllamansdeslndienskamsâ ChinantèqLJesetlesMazaté- phylladillèredetatrès
des Andes colombiennes ab- quesappellentcesgraines commune J. pectoralis par sa
sorbellt lochroma fuchsioides. piule,lesZapotèquesbadoh taillepluspetite,sesfeuilles
Lïvressen'estpasagréableet negro. Les Aztèques de étroites et lancéolées etsaflo-
seseffetsdéplaisalltssepro- l'époqueprécolombiennel'ap- raisonpluscourte.Cetteplante
longelltplusieursjours.Cette pelaienttlililtzinetl"utilisaient herbacéeauxtigesdroitesou
~anteest aussiul iliséepour le commel'ololiliqui,unhallliCino- obliques produisant parfois des
traitemelltdeproblèmesdiges- génefabriquéàpartirdessrai- racinesauxnœudsinférieurs
tlfsouintestinauxetencas nes de Turbinacorymbosa,une peut atteindre30cmdehaut.
d'accoLJchementdifficile. alilreconvolvulacée. Lesentrenœudssontd"àpeine
tochromafuchsioides,arbuste lpomoea violacea, appelée 2cm.Lesnombreusesfeuilles
oopetit arbrede3à4mdehaut, aussi l.rubrocaerulea,est une sontlonguesde2à5cmetlar-
oupar1oisplus, poussedans les plantegrimpanteannlielle,aux gesde1à2cm. Lesfleursdis-
AndescolombienllesetéqLJato- feuillesovales, entièresetpro- crètes,longuesde5mm, sont
riales à 2200m d'altitude envi- fondémentcordées.Sonfruit blanchesouvfolettes,souvent
ron. Ses branches sont brun contientdesgrainesnoiresal- tachetées de pourpre. Le fruit
roogeâtre. Lefruitrouge, ovoïde longéesetangulairescontenant contientdesgrainesplates,
oupiriforme,d'environ2cmde des substances proches du brun-rouge.
diamètre,estpartiellementen- LSO.Cetteespécevariée, bien L'eKamenchimiquedugenre"
serrédansuncalicepersistant. connueenhorticulture.estré- Justician'apasétéconcluant.
Laplanteconti ent deswithano- pandueàl'ouestetausuddu Onattendlaconfirmationd'un
lides.D'autresespècesdu MexiqLJeetduGuatemalaainsi éventueltauxdetryptamines
genre lochromasontutilisées qu'auxAntillesetenAmérique {DMT)danslesfeuillesdeJusfi·
par leschamMsetlamédecine du Sud. ela pectoralis var. stenophylla.
populaire au Pérou. t..:herbeséchéecontientdela

45
KAEMPFEAIA L. (70) LAGOCHILUS Bunge (35} LATUA Phil. (1) LEONOTIS (Pers.) A. Br. (3-4)

Kaempferia ga/anga L. LagochilusinebriansBunge Latuapubiflora{Griseb.)Baill Leonotis leonurus (L.) A. Br.


Galanga Menthe du Turkestan La tué Petite queue de lion

Zingibéracées Labiées Solanacées Labiées


R!\ilionstropicatesd'Afrique Asie centrale Ch ili Afrique c!uSlld
45 etd'AsieduS .-E 46 47 48

Kaempferia galanga est utilisée LesTadjiks.Tartares, Turkmè- Hautede2à9m,Latuapeut Cetarbustesud-africain,proba-


enNouvelle-Guinéepourses nesetOuzbeksdessteppesdu avoirunouplusieurstroncs btementhallucinogène, ades
propriétés hallucinogènes. Son Turkestanfaisaientuneinfusion principaux. Sonécorcevariedu fleurs orangées. En Afrique, il
rhizornearomatiquetrèsappré- enivranteaveclesfeuillessé- rougeâtreaubrun-gris.Desra· s'appelle dacha. daggla ou wild
ciépourparfumerleriz.est chéesdeLagochi/usinebrians. millesrigides, épineuses.lon- dagga, ~ chanvre sauvage ~.
égalementutiliséenmédecine Les feuillessontsouventmélan- guesde2,5cmsedressent à Les Hottentots(Heusaquas)et
traditionnelle comme carminatif, géesauxtiges,auxfruitsetaux l'aisselledesfeuilles.Cesder- lesBochimansenfumentles
expectorante! aphrodisiaque. inflorescences.Onajoutefré- nières,étroitesetovales,vert boutons,les feuillesrésineuses
Uneinfusiondesesfeuillessoi- quemmentdusucreoudumiel à clairouvert foncéau-dessus, oularésinequienestextraiteà
gnelesmauxdegorge, lesrhu- cette boisson, pour en atténuer pluspâlesdessous,sontentiè- l'étatpuroumélangésàduta-
matismesetlesinfectionsocu- lalorteamertume.L.inebrians resoudentéesenscie.Les bac.llsepeutquecetteplante
laires.EnMalaisie, laplante afaitl'objetd'étudespharmaco- fleursontuncalicepersistant, appartienneauxstupéfiantsre-
était ajoutéeàunpoisonàflè- togiquestrèspoussées en enclochette,variantduvertau groupéssouslenomdekanna
chesfabriquéàbased'Anliaris URSS. Il est recommandé lors pourpre.etunecorolleurcéolée, (voir Sceletium tortuosum). Il
tox ica ria d'hémorragies pour ses effets unpeuplusgrande,allantdu n'existepasd'analyseschimi -
Lesfleursblancheséparses hémostatiques. On s'en sert magentaaurougeviolacé,avec ques.
sontlugacesetapparaissentau aussipourletraitementd'aller- uneouverturede1cm.Lefruit La fumée de l'inflorescence
centredelaplante. EIIeslont giesetdemaladiescutanées. estunebaierondede2.5cmde cultivée en Calilornieaungoût
environ2.5cmdelarge. Ende- Pour fin ir, il a des propriétés sé- diamètre.contenantdenom- ameretsonlégerelfetpsycho-
horsde lahauteteneurenhuiles datives et calmantes. breusesgrainesréniformes. trope rappelle aussi bien le'
essentielles de son rhizome, Lesexamensphytochimiques LesfeuillesetlesfruitsdeL.pu- Cannabis que le Datura. À l'est
dontcertainscornposantspour- ontsignalélaprésenced'un bif/oracontiennent0,18 % de de l'Afrique du Sud on fume le
raientavoirdeseffetspsycho· composant cristallin, lalagochi- hyoscyamineet0,08 % desco- Leonotis ovata, une espèce ap-
tropes, on nesaitpasgrand- line; cediterpènede typegrin- polamine. parentée,pourlesmêmesrai-
chosedelacomposrtionchi- delienn'acependantpasd'ef- sons.
miquedecetteplante. lets hallucinogènes.

46
LEONURUSL. (5-6) LOBELIAL. (250) LOPHOPHORA Goult. (2)

L60001UssibincusL Lobe/ialupaL Lophophora wiHiamsli(Lem.)


Léonure ou agnpaume Lobélie du Chili CooH.
de Sibérie Peyotl ou Boulon à mescal
Labiées Campanulacées Cactées
DelaSibérieàrExlrème· Rég1011SChaude!;et Mexique. Texas
49 Orient. Amérique centrale 50 tropicales 51
et duS.

Cetteplanteherbacéeleplus Cette magnifique lobélie aux Deux espèces de Lophophora tus produit souvent de nouvelles
sovvenlunicaulaatdroitepeut fleurs allant du rouge au pour- sedilférancientpar leurmor- têtes.
dépasser 2m de haut. Sa rami- pre. haute de2 è 3m est consi- phologie et leur composition Les effets hallucinogènes du
fication ressemble à celle du pin dérée comme toxique dans les chimique. Dans les deux cas, il peyotl sont klrts, provoquant
el ses leuilles ven loncé sont li- Andes du Sud péruvien et du s'agtt d'une pettte plante sphé- desvistOOskaléidoscopiques
nement pennées. les épis llo- Nord chilien. On l'y appelle tupa rique sans êplnes, ven grisâtre brillamment colorées. t.:ouïe, le
raux de cooleor viOlette pous- ou tabaco del diablo (.. tabac du ou bleuté. Sa tête JUteuse et toucher et le goût peuvent éga-
senl à chaque extrémité de diable•).llaimelessolssecset chamue,porteusedechiOfo- lementêtrealtérés.t.:ivresse
branche at peuvent développer ses racines contiennent un latex phylle, aussi appelée couronne. connait deux stades successifs:
unebelleetlongueinflores- blanc irritant pour la peau aunestructureradialedeSà 13 d'abordsurvientunepériodede
cer~ee. Presque toute laplanteestpa- côtes arrondies. contentement et de sensibilité
LeléonuredeSibérieapparait réed'unfeuillagaluxuriant,sou- Leslndiensfontséchercette aiguê.EIIaestsuiviad'unepa-
sous le nom de ruai dans le livre ventfinementvelu.Lacorolle couronnecoupéepourl'utiliser ressemusculaireaccompagnée
des chants. le Shih Ching de la estcourbéeverslabas, parfois comme hallucinogène. Ce petit d'ungrandcalmeintérieur.L:at-
Chine ancienne (env. 1 000- récurvée.leslobessontréunisà disque sec est appelé • bouton tentionsedétachedumonde
500av.J.-C.).Parlasuite,onen leurexlrémité.Les!euillesde à mescal• ou • bouton de extérieurpourlaisserlaplaœà
avantélespouvo~rscuratifs Lobelia /upa contiennent l'alca- peyoll~. une concentration méditative.
dansdevteuxherbierschtnois. loïde ptpéridine lobéline, stimu- Lophophora williamsii, généra-
En Amérique centrale et du Sud, lantresptratotre,atnsiquedela lement bleu-vert, cont1en1 jus-
on fume les feuilles séchées, lobélanidtneetdela nOJ-Iobéla- qu'à 30 alcaloïdes, essentielle-
récoltéessurlaplanteenfleurs, ntdine. Ces composants n'ont. ment de la mescaline, atnsi que
comme substttut de marijuana semble-t-Il, aucune propriété des phéné!hylamines et des
(t à2gparjoint). Leonurussi- hallucinogène. Toutefois, les isoquinolines. L. diffusa aune
birleuscontlent 0,1% de gluco· feuillesfuméesontunet!etpsy- oouronnegris-vert,parfoismê-
sidedeflavone. La découverte chotrope. mevert jaunatreetsesc6tes
de trois nouveaux diterpènes aux sillons sinueux sont peu dé-
dans l'huile essentielle, laléosi· finies
birictne,laléosibirineet!'iso· Les deux espèces de Lopho·
mèreiso-léosibirineestintéres- phOra poussent aux endroits les
santequantauxellels plussecsetlespluscaillouteux
psychotropes de la plante. des régfons cléserttques. atfec-
tionnantunsolcalcatre.Lors-
qu'on retire la couronne, le cac-

47
LYCOPERDON L (50-100) MAMMILLARIA (150 -200) MANDRAGORA L (6)
Ha w.
Lycoperdon mixtecorum Heim Mammillaria spp. Mandragora officinarum L.
Lycoperdon marginatum Viti. Mammillaire, espèces Mandragore
Vesse-de-loupmixtèque
Lycoperdacées Cactées Solanacées
RégiorJS tempérées du 5.·0. de l'Amé rique duN EuropeduS.,AfriqueduN.
52 Mexique 53 Amériqoo centrale 54 Asieoccidentalejusqu'à
t'Himalaya

Laplace exceptionnelle qu'oc- sans tige, possède une épaisse


cupe la mandragore comme ra- racine,leplussouventfourchue
cinemagiqueetcommeiné- etdesfeuillesoviformes.Les
briantdanslefolkloreeuropéen fleurs.blancverdâtre,pourpres
estunique.Connuepourses oubleuâtres,enformede
propriétés toxiquesetsesvertus clochettes, se présentent en
médicinales et magiques réelles grappeaumilieude latouffede
ou supposées, la mandragore feuilles. Labaiejaunediffuseun
lut crainte et respectée dans parfum délicieux. La racine
I'Europedei'Antiquitéetdu contient0,4%d'ak:aloïdesde
MoyenÂge.Sapopularitéetles typetropanoldontsurtoutla
pouvoirsmagiquesqu'onluiat- hyoscyamineetlascopolamine
tribuaits'expliquentsurtout par Onytrouveaussidel'atropine,
ses racines anthropomorphi- de lacuscohygrineetdela
ques mandragorine.
llexistesixespècesdemandra-
gore,maisc'estlaM.officina-
rumquifutlaplusimportanteen
EuropeetauProche-OrientoU
onl'utilisacommehallucino-
gèneensorcellerieetdans
d'autres pratiques magiques
Cetteplanteherbacéevivace,

Parm i lesplusimpo rtants~faux


peyotl,.desTarahumarason
Chihuahua, lessorciersabsor- trouve plusieurs espèces de
bentune espèce de Lycoper- Mammillaria , toutes rondes et
don,lekalamoto, pourappro- très épineuses.
cherlesgenssansêtrevusou Mammi/lariacraigiiestuncac-
pour leurjeterunsortetlesren- tussphérique,légèremeflt aplati
dremalades. Ausuddu ausommet,auxmamelonsco-
Mexique,lesMixtèquesd'Oaxa- niquesetanguteux. longsd"efl-
cautilisentdeuxespècesdeces viron t cm.Lesaxilleset les
champignons pour provoquer aréolessoflld'abord laineuses.
un état de demi-sommeil pen- leursépiflescentralesmesurent
dantlequelilsdisententendre environ5mmetles fleursroses
deséchosdevoix. peuventatteindre t .Scm.
Avec ses 3cm de diamètre. Ly- M.grahamii,sphériqueoucylin-
coperdon mixtecorum que l'on drique,atteint 6cmdediamètre.
ne trouve,semble-1-il.qu'à Lesmamelonssontpetitsetles
Oaxaca. laitpartiedespetites axillesglabres, lesépinescefl-
espèces de champignons. Les tralesmesurentauplus2cm.
spores sphériques, brunâtres. Lesfleurs,longuesde2,5cm ,
légèrement teintées de violet ontdescorollesviolettesou
mesurentauplus10microns. pourpres, partoisbordéesde
Cette espèce pousse dans les blanc.
forêtscta iresetlespâturages. OnaisoléduN-méthyl-3,4
Onn'yapasencoreisoléde diméthoxyphényléthylamineà
substances actives psycho- partir du M.heyderii,espèce
tropes. procheduM.craigii

48
MAQU IAA AutJI. (2) MIMOSAL (500) MITAAGYNA Korth . (20- 30)

Maqwrasclerophylla (Ducke) Mimosa hostilis (Mari.) Benth. Mitragyna speciosa Korthals


C. C.Berg ("='Mimosa tenuiflora) Kratom
Maquira Jurema
Moracées Légumineuses Rubiacées
R6gi00Stropicales MexiQue. Brésil Asie<llS.-E(Thal1arde.
55 d"Amérique<lJS 56 57 N.delapresqulle Malaise
jusqu"IIBorr.éo, NOIMllle·
Guinée)

Dans la région de Pariana en Cet arbrisseau assez fourni et Cetarbreouarbustetropical dépendance à cette drogue dès
Amazonie brésilienne. les légèrement éptneux abonde pousse dans des régions maré- le Xl>e- siècle. La plante contient
Indiens préparaient jadis une danslesrégionssèches{caa- cageuses.Haulde3à4m.plus plusieurs alcaloïdes indollques.
puissante poudre à priser aux tingas)dei'Estbrés ilien.Ses rarement de 12à 16m,son Saprincipalesubstanceactive,
effets hallucinogènes. Son épines de 3mm SOilt renflées à troncestdroitavecdesbran· lamitragynine.estbientolérée
usage a aUJOUrdltui disparu, la base. la gousse longue de ches fourchues, obliques. les et ne présente quastment pas
mais elle est enCOI"e connue 2,5 à 3 cm comporte 4 à 6 sec- leutllesvertes, ovales, de8à d'effets toxtques, même à hau-
souslenomderapédoslndios tions. Unalcaloidequet'ona t2cmdelong,sontlargesma ts tesdoses. L:Airiqueeti'Asie
(• tabacàprisercieslndiens •) appelé nigérine a été isolé à pointues. Les fleurssphériques, connaissent d'autres espèces
On pense qu"elle état! préparée panir de sa racine. Plus tard, on 1aune foncé. poussent sur de du genre M1tragyna dont certai-
aveclefruttd'unarbfegéantcie a découven quit étatl identique longuesttgesdansl'aisselledes nes sont Importantes pour la
la !orêt, leMaquirasclerophylla àl'hallucinogèneN,N-diméthyl- fleurs. Lesgrainessontalifères. mêdectne populaire, probable-
(ou 0/medioperebea sclerophyl- tryptamine. Lesfeuillesséchéessont fu- mentgrAceàleursalcaloides.
la) qui aneint une hauteur de 23 Dans l'est du Brésil, plusieurs mées, mâchées ou translor· La poursuite de l'étude ethno-
à30metproduttunlatexblanc. espèces de Mimosa portent le méesenunextraitappelékra· pflarmacologique des M11ragyna
!.:inflorescence mâle est ronde, nom de jurema. M. hosli/isest tom ou mambog. D'après des peutlivrerdesrésultatslort in-
de 1cm de diamètre maximum souvent appelé juremaprêta expériences personnelles, des téressants.
t.:inflorescenœ femelle se (• jurema noir •). C'est la même descrtptionslinéraires, ainsi que
trouvedansl'aisselledesteuil- plante que le tepescohuttl max•· les propriétés pharmacologi-
lesetcornprenduneoucieux ca in(::M.tenwflora). Unproctte ques de ses composants acl~s .
fleurs. La drupe couleur can- parent,M.verrucosa,dont lekratomagitàlafoiscommeun
nelle, ronde et parfumée. me· l'écorce servirait à préparer un stimulantde typecocaïneet
sure 2 à 2,5cm de diamètre. anesthésique, se nomme jure- comme un dépressif de type
La plante conttenl des glucost- ma branca (• jurema blanc •). morphine, c'est-à-dtre de façon
descardioactifs. proprement paradoxale. C'est
comme si l'on mâchait de la co-
ca tout en fumant de l'opium.
QuandonmAchelesfeutlles
fraiches, l"efletshmulantselait
ressentirau bout de5à tC mi-
nutes.
En Malaiste, le kratom est utilisé
comme substtlul de l'optum et
comme remède contre !"état de

l 49
MUGUNA Adans. (120) MYRISTIGA Gronov. (120) NYMPHAEA L. (50) ONGIDIUM Sw (3501

Mucuna pruriens (l.) DG. Myristica fragrans Houtt. Nymphaea ampla (Sallsb.) DG Oncidium cebolleta (Jacq.) Sw.
Pois mascate Muscadier commun Nénuphar Oncidier

Légumrneuses Myrtsttcaeées Nymphéacées Orchidacées


Aégi00Schaudese1tropica· Régionstroptealesetchatt- Régionstempéréesetchatt- AménquecentraleetduS..
58 les des deux hémraphèfes 59 desd"Europe.d"Atnqueet 60 des des dllu• hémr&phèfes
61 '"""'
'""'

On n'a pas signalé l'emploi de À hautes doses, La noix de mus- Toul porte à crorre que les Nym- L:Oncidîum cebol/eta est une or·
M. prunenscomme hallucrno- cade et le macrs peuvent provo- phea ont été utilisés comme chidée épiphyte poussant sur
gène, bien qu'à l'analyse chi· quer une rntoxication plus ou psychOtropes dans les deux hé- desfalaisesabruptesdupays
mrque, il se soit révélé nche en moins forte caractérisée par une misphères. !.:analyse chimique a des Tarahumaras au Mexique
composants psychotropes distorsiondutempsetdel'es- eneffetpermisd'enisolerde Son utilrsation est peu connue,
(DMT, Me0-5 DMD. Cette ro- paœ, un détachement de ra rapomorphine aux propriétés elle servait occasionnellement
buste plante grimpante a des ti- réalité et des perturbations vi· psychotropes.la nucrférine ella de substitut du peyotl (Lopho-
gesacutanguléesetdesleuilles suelles et auditives. Elle est sui· nor-nucrférineontaussi été iso- phora williamsii). Cette ordlidée
trifolléesauxloliolesoblongues vie d'effets secoodaires déplai· lées à partir du N. smp/8, dont tropicaleesttrèsrépanduedans
ouoviformes,veluessurtoute sants:migraines,vertiges. les feuilles épaisses et dentées, leNouveauMonde.Lebulbe
leur surface. Les fleurs, pourpre nausées et tachycardie. pourpres en dessous, font de 14 apparaÎt comme un petit renfle-
foncé ou bleuâtres, lOngues de 2 Myristicafragransestunbelar- à28cmdediamètre. Sestrès ment à labasedesfeuillesdroi-
à3cm,sontressembléesen bre, inconnuàl'étatsauvage, bellesfleursblanchesde7à tes,charnuesetarrondies, d'un
courtesgrappespendantes.Les maislargementcultivé.Lanoix 13cmdediamètreontentre30 grisverdâtresouventtachetéde
gousses, couvertes de poils rai· demuscade(lagraineséchée) et190étaminesjaunes. pourpre. L.:épifloral, souvent
des et piquants, sont longues de etlemacis(l'arillerougequi LesleuillesduN.caeruleaorigi· penché. aunetigevertetache-
4à9cmetépaissesdetcm. l'entoure) servent essentielle- naired'Égypte,àl'ovalearrorrdi tée de pourpre ou de brun. Les
En étudiantlesetfetspsycho- ment d'épices. Lapartiearoma· et irrégulièrement denté, d'un fleursauxsépalesjaune-brun
tropes des aleoylamines indoli· tique de l'huile de muscade diamètre de t2à !Sem, sont ont des pétales tachés de brun
quescontenusdansla plante,
on a constaté des changements
très marqués du comportement,
comprend 9 composants qui
font partie des terpènes et des
éthers aromatrques, tels que la
tachetées de vert-pourpre en
dessous. Ses fleu rs bleu clair.
blanches au centre, s'ouvrent le
"""''·
On a trouvé un alcaloïde dans
I'Oncidiumcebolleta
qur conlirment le pouvoir hallu- myristicine matin pendant trors jours.
crnogène de cet actil. Les
graines contiennent de la DMT
et sont utilisées comme substi·
tut de f'Ayahuasca.

50
PACHYCEREUS (5) PANAEOlUS (20 ~ 60) PANAEOlUS (20 ~ 60)
(A. Berger) Britt. et Rose (Fr.)Quélet (Fr.)Quêlet
Pachycereus pecten·abon'gi- Panaeolus cyanescens Berk. et Panaeolus sphinctrinus (Fr.)
num(Engelm.)Britt.etAose Be. Quélet
"""'des-s
Codées
Panéolebleuté
Copnnacêes
Panéole du fumier
Coprinacêes
Fléglonschaudesdesdeu~
62 """"' 63 hérmsphères 64 """'-'

TrèsutitiséparleslncHens.ce lePanaeo/uscyanescensest C'est un des champignons sa- chamans connaissent une large
grand cactus colomnaire res- un petit champignon charnu ou crésutilisésauMexiqueparles gamme de ces végétaux qu'ils
~ntàunalbreatteint presque membraneux. au cha- MazatèquesetlesChlnantè- métangentselonlessa1sons,tes
tO,Smavecuntroncde 1,8m. peauencloctle11e.lepiedest ques d'Oaxaca, pour des cêrê- conditions météorologiques et
Sestrèscourtesépinesontune linetlragile. leslamellesta· moniesdivlnatoiresetautres. lesbutspoursuivis.Autourd'hui.
couleurpartlculièrementcarac- ct1etéesportentsurlesbords LesMazatèquesappellentle les chercheurs pensent que les
téristtque:ellessootgrisesà descystidespointuesetcolo- champignont-ha-na-sa.she-to Indiens du Mexique connaissent
po1ntesoores LesfletJrsde5à rées. Lessporessootnoireset et to-shka. Comme d'autres et utilisent les effets de beau-
San de long ont des pétales lachairbleuilavecl'age. espèces du même genre, il coup plus de variétés et de gen·
extérieurs pourl)fes et des péta· Â Bali. le Panaeo/us cyanes· cont1ent de la psilocybine, un res de champignons que les
lesœntrauxblancs.Lelruitglo- cens est cull1vé sur des bouses alealoidehaflucinogèll9. scientiliquesmodernes.
buleuxestcouvertd'une devacheetdebuflleetingéré P. sphinctrinus pousse sur des Onn'apasencoretrouvéde
épaisselainejaunedontjaillis- lorsde festivitésoupourstimu· bousesdevacheen forêt,dans psilocybinedans le P. sphinctri-
sentdelonguesépines,jaunes lerl'inspirationartisHque.llest ~champs et le long des rou· nus européen et les expériences
égaOmenL également vendu comme haHu· tes. C'est un champignon fragile pharmacologiques n'ont pas
Les Tarahumaras, qui appellent cinogèneauxvoyageursde d'unbrunjaunAtre,quimesure révélé d'effets psychotropes. fi
cette plante cawe ou wichowa- passage. jusqu'à 10cm de haut. Son cha- est possible qu'il existe différen-
ka,préparentuneboissoonar- Cette espèce est surtout tropi- peauovaleen formedeclo- tesracesct1imiques.
cotlqueavoclejusdesesjeu- cale, mais le spécimen dans le· chetteestgri s·beigeetmesure
nesbranches.Cetteboissoo quel on découvrit de ta psilocy- 3cm de diamètre. Le pied est
causedesvertigesetdestlallu- bineprovenaitd'unjardin gnsloncé.leslamelies,quivont
canatiOI'ISvisuelles.Maislecac· français.Onapuisoler1 ,2%de du brun foncéaunoirportent
tus est également utilisé à des ps11ocine et 0,6% de psilocybme des spores oores en lotme de
lins médicinales clans cette espèce. Citron. Lacha1rmince,d'une
Desanalysesrécentesoot ré- couleursemblableàcelledu
vélél'hydroxy-4méthoxy-3 chapeau est quasiment inodore.
phénéthylamineetl'alcaloide Ouelqueschercheursontsou-
tétrahydro-4isoqUinohne. tenu que ce champignon n'était
pasutilisêparlesct1amans
d'Oaxaca,maisilexistequantilé
de prelNeS pour démontrer le
contraire.Lefaitqueles lndiens
utilisentcechampigoonavecde
nombreux autres montre que les

5I
PANAEOLUS (20- 60} PANCRATIUM L {15) PANDANUS L. fil. (600} PEGANUM L. (S}
{Fr.)Quélet
Panaeolus subbalteafus (Fr.) Pancrafium trianthum Herbert Pandanussp. Peganum harmala L.
Berk. et Broome Pancratieou Kwashi Palmier à vis Rue sauvage
Panéole
Coprinacées Amaryllidacées Pandanacées Zygophyllacées
Eurasie,AmériqueduN.et Régionschaudesettropica· Régionschaudesettropica DuProche-Orientàl'lndeclJ
65 centrale 66 lesd'Afriqueetd'Asie 67 tesd "Europe.d"Afriqueet 68 N.. MongolieetMandchoorHl
d'Asie

Cepanéoleest largementdil· TouteslesespècesdePancra- LesindigènesdeNouvelle-Gui- Originairedesrégioosdéserti·


fusé en Europe. li pousse sur liumontunbulbetuniquéetdes néeutilisentlefruitd'unees- ques,cetarbustetrèsfourni
dessolsherbeuxetfumés,sur- leuilles longilignes,apparais- pèce de Pandanus pour ses peutatteindre1mdehaut.Les
toutdanslesparcsàchevauxet sant enmémetempsqueles propriétés hallucinogènes, mais feuillessontdécoupéesenseg·
surleurcrottin. Sonchapeau, fleurs.Cesdernières,blanches onnesaitpasgrand-chosesur mentslongilignesetlespetites
d'abordconvexe, devientvite oublancverdâtre,sontportées la manière dont ils l'emploient. fleurs blanches apparaissent à
platetmesure2à6cmdedia- enombellesterminalessurune Onaisolédeladiméthyltrypta- l'aisselledesbranches.Lefruit
mètre.Brunethumide,ilpâliten hampedroiteetsolide.Piu- minedans lesnoixdePanda- conique, à lobesprofonds,
soncentreenséchant,laissant sieursdesquinzeespècesde nus.Cegenretrèsvasteest con ti entdenombreusesgraines
paraîtredesbordsnettement Pancraliumsontdespoisons répandusouslestropiquesde plates, anguleuses, de couleur
plusfoncés.Seslamelles cardiaques,d'autressontémé- l'Ancien Monde.Cetteplante brune, au goût amer et à l'odeur
échancréesd'unbrunrouxde- tiques:l'uned'ellesestcensée parfoisgrimpanteressembleun enivrante. Elles contiennent
viennentnoiresàcausedes provoquerlamortparparalysie peu àunart.Jre avec de grandes des substances psychotropes :
spores. dusystèmenerveuxcentral.ll rac ines proéminentes pareilles les alcaloïdes de type ~-carbo­
Onneconnaîtpasd'utilisation semble que le Pancratium trian- àdeséchasses.Lesfeuillesde lineharmine,harmaline,tetra·
traditionnelledecechampi- lhumsoitl'unedesplustoxi- certaines espècespeuventat- hydroharmineetdesbasesap-
gnon.l l sepeutqu'ilaitétél'un ques.Onnesaitpas~rand· teindre4,5mdelongetsontuti- parentées, toutesprésentes
desingrédientsdel"hydromelou chose de son usage. A Oobe au liséesenvannerie. EIIessont dansaumoinshuitfamillesde
delabièredesGermains. Après Botswana, les Bochimans utili- dotées d'épines retournées à la végétaux supérieurs.
tout.ilestenrelatioosymbio- sent cetteplantecommehallu- foisversl'intérieuretversl'ex- Peu importe où il poussê, Pega-
tiqueaveclecheval.animalsa- cinogène, lrottantdestranches térieur. Lefruitmultipleousyn- numharmalaestplacéenhaute
crédudieugermaniquedel'ex- de son bulbe sur des entailles carperenfermelescarpelles estime dans la pharmacopée
tase, Wotan. pratiquéessurlecuirchevelu. anguleux,facilementdétacha· indigène.Celapourraitindiquer
Lachaircontientenviron0.7 % En Afrique occidentale, Ptrian- bles. sooancienusagecommehallu-
de psilocybine. 0,46 % de béa- thum aurait une importance reli- LaplupartdesespècesdePan- cinogène lors de rituels religieux
cystine, beaucoupdeséroto- gteuse. danusapprécientlesbordsde et magiques.
nine,del"hydroxy-5tryptophane Onaisolé lesalcaloïdeslyco- merou les marécages d'eau
maispasdepsilocine.1,5gde rineethordéninedansson saumâtre. EnAsieduSud-Est,
cechampignonséchéestpsy- oolbe lesfruitsdecertainesespèces
chotrope, 2.7g sont hallucino- sont comestibles.
gènes.

52
PELECYPHOAA Ehrenb. (2) PERNETIYA (20) PETUNIA Juss. (40) PEUCEDANUM L (125)
Gaud.-Beaup.
PelecyphoraasellilormisEh- Pernettya furens {Hook ex DG.) Petunia violacealind l Peucedanum japonicum Thunb.
œob KK>tzch Pétunia violet Peucédan japonais
Peyolillo Pernenye
Caclée' Êncacées Solanacées Ombellifères
DuMexiqueauxAndes.iles Réglons chaudes d'Amé- ~tempérées
69 Mexque
70 GatapagosetMaJouioes. 71 riqueci.JN.,Am~ueduS. 72 d'Europe.lfAiriqueduS.
Nouvelle-Z61arlde et d'Asie

On suppose que ce cactus rond Oosaitdeplusieurssources La plupart des pétunias cultivés Le Peucedanum japcmcum est
est considéré au Mexique que le Pernetrya est toxique. Le sent des hybrides dérivés de une plante herbacée robuste et
conme .. taux peyotl~. On le lru•t de P. furens, appelé hued- Petuniavîo/aceaauxlleurs vivace,bleu-vert.auxracmes
connaild'ailleurslocalement hued ou hierba loca au Chili, pourpres et de P. axillaris aux épaissesetauxrflizcmes
sousleoomdepeyoteoupeyo- provoqueunecoofusionmen- fleurs blanches, tousdeuxorigi- courts. Lesgrossestigeslibreu-
tillo. tale,uneobsessionetmême nairesdelapartieméridionale ses atteignent une longueur de
Pelecyphora aseJMormis est un une folie permanente. l'ivresse dei'AmériqueduSud.Onn'a 50 cm à 1 m. Les fleurs forment
beaucactussolita•re,a•greté, ressemble à celle provoquée encore fait aucune étude phyto· des ombelles de 10 à 20 rayons.
conico-cylindrique,d'ungrîs parleDatura.Lefruittoxiquedu chimique de ce genre qui a pris Lefruitovale,de3à5cmde
verdâtre.Sesmamelons,aplatis taglli ou P. parvifo/18 peut causer une grande place dans nos jar- tong. est finement velu. Cene
surlecôté,sontdisposésen des hallucinations et d'autres dins. mais comme il appartient à planteestcommunesurlessols
spiraleetportentdetoutespeti- troubles psychiques ou ungroupedesolanacéespro- sablonneux des bords de mer.
tes épines un peu comme des moteurs. che du genre Nlcotiana {tabac), La racine de fang k'ueiestutlli-
écailles.les fleurs. en lorme de Ces deux espèces de Pernettya il est probable qu'il contienne sée dans la pharmacopée chi-
cloche, larges de Jcm, appa- sont de pelits arbustes aux desprincipesbiologiquesact•fs. I"IOise comme dépuratif, diuré-
raiSSent au sommet Elles sont branches rampantes ou semi- Dans les montagnes de l'Equa· tique et sêdat1f. On pense
blanchesàl'extéfieuretrouge dressées, au feuillage dense. teur on a récemment signalé généralementqu'etleestnui-
violacé à l'intérieur. Lesfleursvontdublaf\Caurose, l'usaged'unpétuniacomme sibleàlasanté,maisilsemble-
Derécelltes recherches ont lesbaiesvarient dublancau hallucinogène. On ignore ce- raitquesonusageprolongéait
perm•sdïsolerclesalcaloïdes pourpre. On a décelé des terpè· pendant quelle tribu Indienne deseffetstoniques.Onya·
duPelecyphoraase/Jifcrrms.en- nes dans P. furens. utiliSe cette drogue appelée s trouvé divers composants alca-
lre autres cie la mescaline. Lors- hanin el de quelle espèce il loïdes. La coumanne et la nuro-
qu'on le mange, le cactus pro- s'ag•t. Elle provoquerait, d~-on, coumarine sont très répandues
voquedeseffetssemblablesà unesensationdelévitalionou dans le genre et on en trouve

-
ceuxdupeyotl.cequiexplique l'impressiondevolerdansles également dans P. japcnicum.
queleschamansl'aientutilisé
jadis oomme substitut du lo-

53
PHALARISL (10) PHRAGMITES Adans. (1) PHYTOlACCA L . (36) PSILOCYBE (180)
(Fr.)Ouélel
Phalaris arundinacea L Phragmites australis (Cav.) Trin. Phytolacca adnosa Roxb. Psih:xybe cubensis (Earle)
Alpiste roseau exSteud. Phylolaque Sing.
Roseau Psilocybe
Graminées Graminées Phytolaccacées Strophariacées
Cosmopolite Régionscl'lauOesettropica- Presque cosmopolite sous
73 74 """'-" 75 lesdesdooxhémisphères 76 les tropiques

Cene graminée vivace déve· La plus grande gramtnée d'Eu· Phytolacca adnosa est un ar· Ce champ.gnon, connu à Oaxa·
IOppe des tiges gris-vert de 2 rn ropecentrale, plante vivace brisseauglabre,auxt.gesro- ca SOIJS le nom de hongo de San
dehautquipeuventseramifier poussantsooventen roselières Dustesetbranchues,decouleur lsidoroetchezlesMazatèques
Les longues et larges feuilles, au borddeslacsou dans les verte,pouvantatteindre91cm. sousceluidedi·shi·tjo·le·rra-ja
rudes au bord, gainent la tige. marais, forme des ltlizomes Les fleurs blanches, de tcmde (divin champignon du lumier),
La panicule peut être vert pâte épaisetrameux.Sesligesat- diamètre enviroo, sont portées est un important hallucinogène
oo rouge violacé avec des épil- teigoent 1 à 3 rn de haut, ses en grappes denses, longues de quoiqu'il nesoitpasutilisépar
lets uniflores. feuilles à arêtes rugueuses me- IOcm. La baie noir-pourpre tous les chamans.
!.:alpiste roseauéta1ttléjàconnu surent40à50cmdelooget 1 à contientdespe111esgra1nes Haut de 4 à Sem. Hpeut, mats
dans rAntiquité, maison ne sait 2cmdelarge.Latrèsloogue noires. Shang-lu, comme s'ap· rarement, dépasser \Sem. Le
riend'unusagetraditklnnel panicule(15-40cm)développe pellecettedroguebienconnue chapeauconiqueetencloche
comme psychotrope. c·est denombreuxépilletsviolet enChine.revêtdeuxformes d'abord pointu. devient ensuite
l'analysephylochimlqueà foncéavec4à6fleursfleuris· l'uneàfteursetracineblanches, convexeouplat.Jaunedoré,il
l'usage de l'agricu~ure qui a ré- santdejuilletàseptembre.les l'autre à fleurs roogesetracine devient jaune-brun à blanchâtre
vélé le caractère psychotrope graines ne mûrisseot qu'en hi· légèrement jX)Urpre. Cette der· surlesbofds. llsecyanoseavec
de Phalaris. Depuis quelques ver, bienquelesfeuillessoient nière passe pour être particuliè- l'âge ou après une meurtrissure
années, les " chamans des caduques. La paniCUle devtent rement toxique tandis que la Le pied est creux, généralement
caves • essaientdeconcocter alors souvent très blanche première est cultivée comme plusépaisàlabase.blancpuis
des analogues de l'ayahuasca Dans l'anctenne Égypte, le comestible.Leslleursappetées jaunâtreoorougecendré.LBs
et des extraits de DMT à partir roseau était surtout utilisé ch'ang-hau'sont utilisées dans lamellesvontdublanchâtreau
de ses principes actifs psycho· commematériau.Unusage letraitementdel'apoplexie. La grissombrevlolacéouaubrun-
tropes. comme psychotrope n'est pas racine est si vénéneuse qu'on pourpre
Toute la plante contient des al- connu, à part celui de ferment ne l'emploie qu'en traitement LeprincipeactifduPsi/ocybe
caloïdes indoliques, très varia· jX)Ur une botsson ressemblant à externe. cubensls est la psilocybtne.
blesselonlaraœ, letaxon, le dela bière. Phytolaccaacinosaaunehaule
lieu,le moment de la récohe. etc. Le rtlizome contient de la DMT, teneur en saponines et la sève
Il s'agitle plus souvent de DMT. de la MeQ.S OMT, de la bufoté· des feuilles fraîches possède,
MMT et Me0-5 OMT. On trouve nineetdelagramine.Lesrap- dtt·on, des propriétés anttwa-
parfois untauxélevédegra· portsconcernantles effetspsy- les.
mine, unalcaloidetrèstoxique. chotropessontcontradictoires.

54
PSILOCYBE (Fr.) Ouélet (180) PSILOCYBE (Fr.) Ouélet (180) PSILOCYBE (Fr.) Ouélet _(180) PSYCHOTAIA L. {1200-1400)

--;
Psioc)'tl6 cyanescens Wake·
leldemend. Kriegelst8108r

Strophanacées

n =~ra~·
PsilocytJe mexK:ana Heim
Psilocybemexicam,
T-H
Strophariacées

78 -
Psilocybe semilanceata (Fr.)
Ouélet
Psilocybelancéolé
Strophanacées

79
COimopoltle, sauiMexique
PsychOlriaviridisRufzetPavôn
Chakrul"la

Rubiacées
AnlalonledelaCoiombil.
80 leBolivitetBiéSII ooental

Ce chanwnon ete 4 tt8cm de PluSIEillrs espèces de Psilocybe Psiltx:ybe ssmilanceata est le CetartlustetouJOUrsvertpeut
hautestlacilementrepérable sontutdiséesauMexique plusoourantetlepiusrépal'ldt.l devenir un petit arbre au tronc
gn\ct à 101'1 Chapeau Jortement comme champignons sacrés du genre. Il pousse de prélé- très ligneux. Cultivé. on le main-
onckM. Il ne pousse pas SOl du P mexicana est l"un des plus rence dans des pAturages sur tient cependant à une hauteur
fumler,maiSsordesdéchets employés. ll pousse sur des sols du 'lieux lumier et dans des lan- de 2 è 3m. Ses longues leuiUes
Yég6taux.OJbolspourrletcles calcaires, entre 1350 et 1700m des herbeuses au sol riChe. le étroites et aerodromes varient
sollnchesenhumus.Appelé d'altitude. On le trouve isolé ou chapeau COOJque de 1 à 2an de duvertdaJrauvertJonoéettri-
jadis HyphaJoma cyafi6SC8flS. ~ en tout petitS groupes en tapis hautaunepointeaiguêetun lent sur le dessus. Les fleurs
est apparenté aux espèces de mousse le long des sentiers mamelon souvent protubérant. Il auxpétalesbiancverdâtreont
PSIIocybe azurescens et PsiJo- de haute montagne, dans des est humide ou visqueux au tou· de longues t~ges. la baiS rouge
cybe bohem/cs, également très champs ou des prairies très hu- cheretsacullculesesépareai· contlentplusleurspelltesgrai·
halklcinogènes mides, dans des fofêts de cM- sément Les lamelles adnées nes ovales émarginées de 4 mm
nn·exiSteaucundocumentat- nes ou de pins. Avecses2,5à varientduvertoll'leaubrun- de!oog.
leslantuneutillsatiootradition· 10cm de haut, c'est l'un des rouge, lessporesdumarron Lesfeuillesdolventétrerécol-
ne1t 01.1 chaman.que de ce plus pet1ts champignons haRuct- loncéaubrunpourpré. tées le ma\Jn et sont ut~isées
psiocybel'lautementpsycho- nogènes. le chapeau conique PSIIocybe semrlanceata lait par- fraidles ou séchées pour la fa-
trope. En Europe centrale et en enelochene, souventhémi· tiedeschampignonslesplus brication de f'ayahuasca ou
sphérique. est d'une coUetx
""""""'"'"""""""""
pulSSélntsavecuntauxélevêde d'analogues Elles contiennent
cyBI)CJIIC6Il58SI8UJOtmfhU1em· palMe claire ou jaune verdatre psilocybine(de0.97 % à deO,t à0,61,deOMT, lepkJs
plo>,<édansdesntuelsnéo- lOrsqu'~ est frais Sa chair bleuit 1,34 '%), un peu de psilocine et souvent0,3 %, ainsi que des ·
pa•ent pendant leS(Jiels des SI on la meurtntla IIQEI creuse, de la béocystJne (0,33%) traces d"alcaloides smilmres
champlgoonscuftiVésàceteHet d'un brun rouge à la base, peut Dans t'Espagne du Moyen Âge, (MMT, MTHC).
etpr8sentantuntauxéleYéde étrejauneoujaune rosé. les il fut probablement utilisé
psilocyblnesontingérés.La spores vont du sépta loncë au comme hallUCinogène par des
chairséchéeoontientenviron brun-pourpre foncé. lemmes accusées de sorcelle-
l'datryptamines(psilocyblne, rie. On dit que les nomades des
psiloclne,béocystine).tgest Alpes rawelal8flt ~ champtgnon
considéré comme hallucino- durêve • eii'UiillsaJentcomme
glne psychotrope. De nos JOUrs. il est
consommé ntuellement dans
certains cercles

55
AHYNCHOSIA Lour (300) SALVIAL. (700) SCELETIUM (1000) SCIAPUS L. (300)

Rhynchosia phasooloides OC. Sa/via divinorum Epi. et Jativa- Sceletium tortuosum L. ScirpusatrovirensWilld.
Piule M. Ficoidetortueux ScirpeouBakana
Sauge des devins
Légumineuses Labiacées Aizoacées Cyperacées
Aégionstropicalesetchau- Oaxaca., au Mexique Afrique du Sud Cosmopolite
81 desdesdei.Jxllémisphères 82 83 84

Les jolies graines rouges et LesMazatèquesd'Oaxaca,au llyaplusdecleuxsiècles,des Une des herbes lespluspuis-
noires de plusieurs espèces de Mexique, utilisent laSalviadivi- explorateurs hollandais rappor- santesdesTarahumarasdu
Rhynehosiaauraientétéutili- l')(}(um au cours de rituels de di- taient que les Hottentots Mexique est apparemment une
sées comme hallucinogène vination pour ses propriétés hal- d'AfriqueduSudmâchaientla espèce de Scirpus. Ces Indiens
dansleMexiqueancien.Les lucinogènes. liS en mâchent les racine d'une plante appelée craignaientdecuttiverlabakana
deux espèces R. /ongeracemo- feuillesfraichesoulesavalent kanna ou channa, pour ses de peur de devenir lous.
saet R.pyramidalis,toutes aprèslesavoirécraséesetdé- propriétés hallucinogènes. Ce Quelques guérisseurs l'utilisent
deux des plantes grimpantes layéesdansun peu d'eau. "'?"lruvreaujourd'huiplu- pour soulager la douleur. La
aux longues inllol'esceoœs en Connue sous le nom de hierba Sieurs espèces de Sceletium plante pJotège les Tarahumaras
grappes, se ressemblent beau- de la pastora, .. herbe de la bef- contenant des alcaloïdes- qui souffrent de troubles men-
coup. Les fleurs de R. longera- gère-. ou hierba de la Virgen, mésembrine et mésembré- taux, son tubercule souterrain
cemosasontjaunesetlesgrai- ~ herbe de la Vierge~. elle est nine - dont les propriétés séda- estcenséguérirlatolie.Ona
nes tachetées de brun clair et de cultivée sur des lopins cachés tives rappellent celles de la co- troovédesalcaloïdesdansles
brun loncé. R. pyramidalis a des dans la forêt. caïne et peuvent provoquer une Scirpus, atnsi que dans le geore
lleursverdâtresetdejoliesgrai- C'est une plante herbacée torpeur. Sceletium expansum voistn Cyperus.
nesrougesetnoires. vtvace aux feuilles ovitormes. estunarbustede30cmdehaut, Les diverses espèces de Scir-
Lesrecherchesphytochlmiques finementdentées. llestpossible autronclisseetcharnuetaux pus sont vivaces ou annuelles.
entreprises juSQu'a présent que le narcotique aztèque branchestombantesetétalées. lls'agitleplussouventd'herbes
n'ont donné que des résultats pipiftzintzintüétaitlaSalviadM- Les fleurs poussant en groupes au~ petits épis florau~plusoo
proviSOiresetpeusûrs.Ona norum.Aujourd'hui,laplante de t a 5 bfanches SOlitaires sont moins fournis, SOI~aïres ou lor-
signalédansl'unedesespèces semblen'êtreplusutiliséeque blanches et jaune pâle et mesu- mant plusieurs tnflorescences
unalcaloideprésentantlesel- parlesMazatèques.EIIe rentde4aScmdediamètre.Le terminales.Letru1testunakène
fetsducurare.Desexpériences contient le puissant principe fru it est anguleux. à troisangles.Cesplantessem·
pharmacologiques plus anc.en- acttfsalvinorineA. S. expansum et S. tortuosum blent apprécier particulièrement
nes a parttr d'un extr811 de étatent jadis groupés sous le les sols humides ou maréca-
R. phaseoloides ont pJovoqué genre Mesembryanthemum geux.
unétatsemi-narcotiquechez
des grenouilles.
SCOPOUA (3- 5) SIDA L (200) SOLANDRA Sw. (10 - 12) SOPHORA L. (50)
Jacq.corr Unk
Sccpolia camiolica Jacques Sida acuta Burm. SoJandra grandil/ora Sw. Sophora secundil/ora (Ort.)
Scoj:diedecarniole Herbeàbalais Trompette à Mari-Barou Lag. ex OC.
HaricotâmescaJ
Solanacées Malvacées Solanacées légumineuses
Alpes, Carpates, Caucase. Réglonschaudesdesd&ux Régionstropicalesd"Amé· S.-O.dei'AmérlqueduN,
85 EuropeduS·E.,Utuai"IIE!. 86 hémisphères 87 riqueduS.,MexiQue 88 Mexique
letllri!el~

Ceneplanteherbacéeannuelle Sida acuta et S. rhombifolia sont Cesluxuriantsarbustesgrim- Sophora secundiflora est un ar-
de Xlà80cm de haut, à la ra· des plantes herbacées ou des pants. dont les fleurs remarqua- buste ou un petit arbre pouvant
ci'lec:hamueetluseléeporte arbustes pouvant atteindre bles ne soot pas sans rappeler ene1ndre 10.5m de haut. les
desleui!lesvertsombre.Les 2,7m de haut, qui poussent celtes des Brugmans/8, sont feu1tles persistantes ont de 7 à
petitesfleurspourpresoujaune dansdesrégionschaudeset estimésauMexiquepourleurs tOfoliolesbrillantes.Leslleurs
pille sont pendantes et campa· basses. Leurs branches rigides propriétés hallucinogènes. Une parfumées,d'unbleuviolacéat-
nulées et rappellent par leur sont utilisées pour la confection boisson la~e du jus des bran- telgnent 3cm de lof'IQ et forment
formelajusqu1ameblanche de balais. Les feuilles, ovales ou ches de S. bJricalyx et de des grappes pendantes longues
(Hyoscyamusa/bus).Leurfkr lancéolées, ont 2,5cm de large S.guerrerensisprovoqueune d'unedizalnedecentimètres.
I'8ISOf'lseSI!ueentreavriletjUin. sur 10cmde long. Banuesdans fOfte 1vresse. Hernandez parle En Amérique du Nord, les belles
Lefruitestunecapsuleâdouble de l'eau, elles produisent une de S. guerrorensrs comme du grames rouges de cet arbuste
séparetioocontenantdenom- mousseparfuméeQUiadoucitla tecomaxochitlouhue1pat1des étaientautrefo1sutilisées
breosespetitesgraines peau. la couleur des fleurs va Aztèques.Danslarégionde comme hallucinogène. Elles
llestprobablequelascopolle dublancaUJSUOO Guerrero, Mest utilisé comme contiennent unelcato1detrès
decarnioleaitserviàlaprépa· Les deux espèces sont appa- drogue. Ces deux espèces de tox~que,lecystine ,clesséeen
ratkxldebaumesdesorcièreen remment fumées comme stimu· So/andrasontdebeauxarbus- pharmacologie dans le même
Slovéme En Prusse orientale, lant et comme substitut de mari- tesdressés, leplussouveot groupequelanicotine.lacys-
one,outa~ ses rac~nes à le JUana sur les régions côtières du grimpants, aux épaisses feuilles tine provoque des nausêes, des
bière, on les utilisait comme golfe du Mexique. On a trouvé le ellipsoïdes, longues de 18cm et convulsions, et peut être rTIOI'·
droglle populaire et comme stimulant éphédrine dans les ra· aux grandes fl eurs parfumées. telleàhautesdosesenprovo· ·
aphrodisiaque. Clnesdechacuned'elles. de couleur crème ou Jaune. quantt'arrêtdelafonctionrespi·
L.aplanteentièrecont~entdes L:hertle séchée développe Étant donnê sa proche parenté retoire.EIIen·apasdevéntables
alcaloideshallucn'l09ènes l'odeur caractéristiQue dela aveclesDafura, legenreSOian· propriétés hallucinogènes, mais
(hyoscyamlne,scopolamine), coumarine. On a trouvé des dra est riche en alcaloïdes de elleprovoqueuneforteivresse
des coumannes (scopohne, alcaloides (de la chohne. de la type tropanol: hyoscyam1ne, accompagnée d'une sorte de
scopolétine)alnsiquedel'aclde ~phénéthylamineetdesalca· scopolamlne,nortroplne,tro- délrrequ1déclencheunetranse
chlotogénique.Aujourd'hui,elle loïdesindoliques), une huilees· pine,cuscohygrineetd'autres visionnaire.
estcultlvéepourl'extractionin- sentielle et des terpènes dans bases.
dustnelled'hyoscyamineet S. rhomblfoJIS.
d'atropine

57
TABERNAEMONTANA L (120) TABERNANTHE Ba!ll (2- 7) TAGETES L.

Tal>ernaemontana spp. Tabernanthe iboga Baill. Tage/es lucida Cav


Tabernémontane,espèces lboga Tagète luisant

Apocynacées Apocynacées Composées


Régionstropicalesdescleux Régioostropica~de Régionsdlaudes
89 hémisphères 90 rAfriquederO 91 d'AmériQue

La plupart des espèces du certaines variétés, même de Cet arbuste haut de 1 à 1,5m Tagetes lucida est une plante
genre sont des arbustes buis- l'ibogaïneetdelavoacangine. pousse dans le taillis des forêts herbacéetrèsodorantequipeut
sonneux, des sous-arbrisseaux, Legenreestdoncparticulière- tropicalesetplussouventen- atteindre46cmdehaut.Les
desplantesgrimpantesoude mentintéressantpourladécou- coredans lesjardinsdesindi- feui lles opposées sont ovales et
petitsarbresauxfeuillespersis- verte de nouvelles plantes psy- gènes.Sonabondantlatex lancéolées, dentées et ponc-
tantes,lancéoléesetplusou chotropes. On connaît d'ailleurs ~anc dégage une odeur fétide. tuées de petites glandes conte-
moins aerodromes, dont le des- déjàleseHetsetutilisations Lesmtnusculestleursjaunâtres, nant une huile essentielle. Les
sus est souvent coriace.Les psychotropes de certaines es- rosées oy,t~~anches tachetées inflorescences terminales sont
fleurs à cinq lacinules poussent pèces ( T. coffeoides Bojer ex de rose poussent en groupes de denses. Cene espèce origtnaire
en grappe dans l'aisselle. les OC. et T.crassaBenth.). 5à 12.leurcorolletubuliforme du Mexrque est partiCulièrement
fruits sont symétriquement bi- auxlacmulestordusmesureen- répandue dans les États fédé-
partitesavecuneconstriction vironlcm.Leslruitsàl'ovale rauxdeNayaritetJalisco.
plusoumoinsnette,ressem- polntu.d"unjauneorangé.se Dans lebutd'accéderàdes
blantsouventauxtesticulesdes présentent parpairesetattei· étatsvisionnaires,lesHuichol
mammifères supérieurs. gnentlatailled'uneolive. duMexiquelumentunmélange
En Amazooie, la médecine po- On a décelé dans Tabemanthe de Nicoliana rostica et de Tage-
pulatreutiliselesfeuilles,lesra- iboga, la présence d'une dou- tes /uclda qu·~s accompagnent
ctnesetl'écorceriCheenlatex zamed'alcaloidesaumOifls, souvent de btère de mais. Par-
du sanango ( Tabernaemontana doot le plus aelif estl'tbogaïne lois cependant. T. tucida est
sananho A. et P.) qui passe pour quiprovoquedesvisionsfan- fuméseul. , '
unremèdeuniverse!. Les feuil- tastiques.Unesurdoseentraîne Onn'enapasisoléd'atcaloides,
les de cel arbrequlpeut attein- laparatysie,descrampeset,le maistoutlegenreesttrèsriche
dre Sm de haut sont utilisées cas échéant, la mort enhuilesessentielleseten
aussi bien comme additif à dérivés de th10lène. On a égale-
l'ayahuasca que pour la laboca- ment trouvé de l'tnosttol, des
tion d'un hallucinogène en sapontnes, des tanins, ainsi que
combtnaison avec Virola. Ap- des dérivés de coumarine et des
pelé-plantedelamémoire~.il glycosides cyanogènes.
permet de mieux se souvenir
des visions provoquées par
l"ayahuasca
la récente analyse phytochi·
mique du genre a décelé des al-
caloïdes indoliques et, dans

58
TANAEClUM Sw. (7) TETRAPTERIS Cav. (80) TRICHOCEREUS {52)
{A. Berger) RICCOb.
Tanaecium noclurnum (Barb.- Tetrap/eris me/hystica R. E. Trichocereus pachanoi Britt. et
Rodr.)Bur. etK.Sctlum Sc huit. Rose
uane du Gaapi
"""'
Bigol'llacées Malpighiacées
Gactus de San Pedro
Cactées

-Régionstropicalesd'Amé-
92 riqueceotraleetduS., 93
Régionslropicalesd'Amé-
riqoo du S., Mexique, Ant~les 94
Régk)nstempéréesetchau-
desd'AmériqueciuS.

Tanaeclumnocrurnumestune tionscutanéesaveclejusfrai· Terrapteris mefhystica (= T. mu- Trichocereus pacha nol(= Echi-


plante grimpante polydade aux chementpressédelaplante cronata) est un arbuste grim- nopsis pachanc1} pousse entre
lleurstlbulalresblanches, lon- L:analyse de plusieurs espèces pantàl'écofcenoire. Sesteuil- 1800 et 2800m d'ahitude dans
guesde16,5cm,quiseprésen- a mis en évidence des saponi- lesoviformesetverlicilléessont les Andes centrales, surtout en
tent en grappes de Sem de long. nes et des tanins. Les feuilles vertvifsurledessuset grisver- Équateur et au nord du Pérou.
portées par la t1ge et compor- contiennent de l'acide cyanhy- dâtre sur le dessous. L:intlores- Ce cactus à colonnes, branchu,
tant 5 à a ind1vidus. Coupée, la dr~que et des glucosines cyano- cence oliganthe est plus courte souvent sans épines, est haut
hged&gageuneodeurd'huile génétiques qui se décomposent quelesleu-.Lessépales de 3 à 6 m. Des bourgeons
d'amandes. Pour traiter des cas quandonlesfait griller.Cette sont épais,velusendehors. pointu ss'ouvrentlanuit, lit>érant
difficiles, comme par ex. l'ex- réactionsoulignepeut-êtreles ovales et lancéolés et contien- de très grandes fleurs en forme
tractiOf'l d'ob,ets magiques du etfets psychotropes de T. noc- nent 8 glandes noires et ovOOr- d'entoono1r, de 19à24cmde
corpsd'unmalade. leschamans tumum.Onlgnoresilaplante mes. Les pétales membranés, diamètre.EIIessontblanchesà
desPaumariduRioPun.ispri- recèled'autresactifs, maisi!est étalésetobjoogs, sont longs de l'Intérieur, brun rougeâtre à
sentunepoudreappeléekoribo- possible qu'elle contienne des 1cm etlargesde2mm.llssont l'extérieure\ parfumées. leurs
natun1,laDnquéeàpartirdes substancesdestructurechi- jaunes. rouges ou bruns au étamines sont verdâtres. le
feuilles de T. nocturnum. Seuls miqueetd'effetspharmacologi- centre fruit,ainsiquelesécaillesdu
les hommes ullhsent celle pou- quesinconnus. Les MakU du Rio Tiké sont des tube floral, sont couverls de
dre qu'lis pnsent lors des rituels nomades de l'extrême nord- longspoilsno1rs.
pourlaprotectiondesentantset ouestdei'Amazoniebrési- Trichocereus pachanoi est riche
quilestalttomberentranse.Les lienne.llspréparent unelx>is- en mescaline : 2% de la matièrê
Indiens du ChacO en Colombie son hallucinogène avec l'écorce sècheet0,12 % delaplante
vantentlesverlusaphrodis~a­ de Tetrapter/S methystica Il lraiche. On a égalementtrOtNé
quesde T.noclumum, large- s'agit d'unesorted'ayahuasca, d 'autresa~a.loïdes:diméthoxy-
ment utilisé par la médecine po- ou caapi. Des rapports sur les 3,4phényléthylamine,méthoxy-
pulairell'ldienne LesKaritana eHets de cene drogue indiquent 3 tyramine et des traces d'au-
dePortoVelhoauBrésiiSOI- une présence poss1Dte d'alca- tres bases.
gnentladiarrhéeaveclesfeuil- loïdesdetype~-carboline .
les,lesWayapideGuyanela-
ventlesplalesavecune
décoc11ond'écorceoudetiges,
lesPalikurbalgnentleurtête
dansuneinfusiondefeu1lles
lorsquïlsontlamigraineetles
Yanomami frict ionnent les irrita-

59
TURBINA Rai. (10) VIROLAAubl {60) VOACANGA (10-20}

Tu/bina corymbosa (l.) Rai. Virolalheiodora(Spr.)Wartl. Voacanga spp.


Ololiuqui Cumala Voacanga, espèces

Corwotvulacées Myristicacées Apocynacées


Régions tropicales Aégionstropicalesd'Amé- Alriquetropicale
95 d'Amérique 96 riquecentraleetduS. 97

Les graines de Turbina corym- Laclassrficattondesgenres L.:aubier de la plupart, sinon de Les espèces de ce genre peu
bosa, plus connue sous le nom danslafamllledesconvolvula- touteslesespècesde Virola étudié, assez similaires, sont
de Rivea corymbosa , représen- céesa toujours été difficile. cootient une abondante ~ ré- desarbustesoupetitsart>res
teot un des ~us importants hal- T. corymt>osa a été diversement sine • rouge dont on prépare polycladestoojoursverts,aux
luctnogènes sacrés pour les ln- rangée dans les genres Convoi- parfois une poudre à priser ou fleurs jaunes oo blanches à 5
diensdusudduMexique. Leur vu/us, lpomoea, Legendrea, des petttes pasttlles aux effets pétales, au frurt double et symé·
usageremonteauxtempstrès Riveaet Turbina. Dans la plu- hallucinogènes. L.:espècela plus tnque.L.:écorcerenfermeun
anciens où, sous le nom d'olo-
=r~~~tea~~~:::et
part des études Chimiques ou latex.
liuqui, elles touarent un rOie de ethnobotaniques. elle porte le à Lécorce et les graines de Voa-
premier plan dans les cérémo- nom de Rrvea corymbosa, malS 23mdehaut, onginatredeslo- canga afncana Stapf. contien-
niesaztèquesenraisondeleurs révalua11oncritrquelaplus rêts de l'ouest du bassin de nent jusqu'à 10% d'alcaloïdes
propriétésanatgésiquesetde récenteindiquequelebin~mele I'Amazone.Letronccylindrique indoliques de type itx>ga, princi·
l'ivresse qu'elles provoquaient. plus approprié est Turbina de 46cm de diamètre a une paiement de la voacamine et de
Tu/bina corymbosa est une ""''mOOsa. écorce caractéristique très lisse, l'ibogaine. Leur effet est stimu-
grande plante grimpante li- brune et tachetée de gris. Les lant et hallucinogène. En Alnque
gneuse. Lefrurtsec. ovaleetin- leutllesdégagent une légère de l'Ouest, l'écorce donne une
déhiscentrenfermeuneseule odeurdethélorsqu'ellesontsé- drogue pour les chasseurs, un
grainedure,trèsfinementvelue. Chées.Lesinflorescencesmâ- stimulantetunpuissantaphro·
Celle-ci contient du lyserga- les, trèsfoumies, sontvelues. disraque.Ouantauxgraines,les
mrde, une substance proche du brunes oo jaune doré, plus marabouts les utilisent, arnsi
LSD. courtes que les feuilles. Les que celles de V. grandif/or8
Les graines de T. corymbosa fleurs elles-mêmes, minuscules, (Miq.) Rolle, pour provoquer des
sont encore utilisées rituelle- isoléesouengroupesde2à 10, visions
ment dans le sud du Mexique. dégagent une forte odeur âcre. Malheureusement, on ne dis·
LesPrulerosd"Oaxacalesutifr- La résine de Virola contient de la pose actuellement d'aucun dé-
sent à des ftns divrnatorres. Les DMT et de la Me0-5 DMT tail, le savoir des marabouts
MayaduYucatân,quilesfont étant secret.
marinerdansunesorted"hydro-
mel, les ingèrent pour sombrer
dans une transe prophétrque. Ils
utilisent également la plante
poursoignerleslumeurs.Â
Cuba, elleestcenséefaciliter
l'accouChement.

60
Page 6 1: t.:amanite tue·mouches est utilisée par les chamans du
Les plantes hallucinogènes monde ent1er. Elle a niême été idenllliée au soma de 11nde an-
cienne.
et leurs usagers

Ces dernières années, l'usage de plantes psycho- ancêtres. Pour les Indiens d'Amérique du Sud,
tropes a fortement augmenté dans les sociétés l'ayahuasca ouvre les portes du vrai monde, la vie
occidentales modernes. La quasi-total ité de cet quotidienne n'étant qu'une illusion. Ayahuasca si-
ouvrage est cependant consacrée au rôle des hallu- gnifie « li ane de l'âme », en allusion à la sensation
cinogènes dans les sociétés aborigènes, où ils sont récurrente que l'âme sc détache du corps ct entre
le plus souvent uti lisés dans un but magique, reli- en communication avec les ancêtres ct les espritS.
gieux ou thérapeutique. C'est justement la diver- Boire du caapi permet de .. retourner à l'utérus
~~;c~é~~t~~~cc:~:o:~;~a~; ~~·d;i{r~~~~~caud~~~ t
maternel, source ct origine de wu tes choses •.
Lors de l'ivresse, les Indiens voient "' toutes les di-
consommation de drogues sous nos latitudes ct vinités de leur tribu, la création de l'univers, les
dans les sociétés préindusrricllcs. Toutes les cu ltu- premiers êtres humains, les premiers animaux ct
res tribales ont considéré ct considèrent toujours sc familiarisent avec la structure de leur ordre tri·
les plantes comme des dons des dieux, voire ba],..
comme des personnifications divines. Le chaman ou le guérisseur ne prétend pas tou·
JI existe de nombreux exemples de plantes sancti- jours à l'usage exclusif de ces plantes sacrées. Sou·
fiées ou divinisées. Nous allons en présenter quel- vent, la population participe à la prise d'hallucino-
ques-unes dans les pages suivantes. La plus
connue d'ent re elles est certainement le soma de
l' Inde ancienne,' qui fut considéré comme un dieu
ct personnifié . La plupan des hallucinogènes ne
représentent que des médiateurs entre l' homme
ct le surnatureL Le soma avait atteint un tel degré

de sainteté, que l'on peut supposer que la percep-


tion du divin des Indiens a découlé de leur expé-
rience avec les effets surnaturels de la drogue. Les
champignons sacrés du Mex ique Ont une longue
histoire, étroitement liée au chamanisme et à la
religion. Les Aztèques les nommaient teonamicatl
(chair divine) elles consommaient lors de cérémo-
nies. Les Mayas des massifs montagneux du Gua-
temala utilisaient les champignons dans le cadre de
leur religion très évoluée, ct cela, il y a plus de
trois mille ans . Le plus célèbre hallucinogène sacré
est le peyotL Les Huichol du Mexique l'identi-
fient au cerf ct au maïs, qui représentent la base
de leur vic ct qui sont sacrés. La première cueil -
lette de ce cactus fut conduite par le chaman origi-
ne l, le Tatcwari. Aujourd'hui encore, la collecte du
peyotl donne lieu tous les ans à un pèlerinage sacré
vers Wi rikuta, le pays originel paradisiaque des

62
Ck1essus: Représentation chrooologique de la création du monde de.Cer1, représenté par l'espace noir en bas au milieu. Queue-de-
par les Indiens huichol. Les dieux surgirent du monde souterrain Ceri a les bois rouges ; il est surmonté de sa lorme humaine. Der-
pour apparaitre sur la Terre-Mère grâce au Kauyumari (Notre-Frëre- rière lui, oo voit Notre-Mère-la-Mer. Une grue lui apporte une !JOUrde
AirHHe-Cer1) qui découvrit la porte nierika (en ha ur au milleu) qui à prières contenant les paroles de Kauyumari. Au milieu à gauche,
un~ie l'esprit de toutes les choses et de tous les mondes et qui Cerf-Bleu donne la vie aux offrandes sacrées. Un rayon d'énergie le
évellletouteslescréaturesa lavie. Dessous, Notre-Mère-Aigle (au relie à la gourde de Notre-Mère-la-Mer. Il offre son sang aux céréa·
centre) baisse la tête pour écouter Kauyumari, assis sur un rocher les en germe, base de la vie à ses pieds
en bas a droite. Le large flot de ses paroles sacrées va dans un bol a
prières et se transforme en énergie vitale reprêsentée par une fleur
blanche. Au-dessus de Kauy~.~mari, l'Esprit de la plu1e, sous la lorme
cfunS8fpent, donne la v1e aux dieux. À sa gauche, Tatewari, premier
c!'laman et Esprit du leu se penche vers Kauyumari pour écouter Page 62: Cette statll8 aztèque du début du xvr•siècle, découverte
soo chant Tous deux sont reliés à un panier a remèdes (au centre à à Tlamanalco, sur les pentes du Popocatépetl, représente Xochipilli,
droile)qui lesunit entantqu'alliéschamaniques.Notre-Père-le-So- leprincedesfleurs,enextase. Lesmotifsstylisésreprésentent
~1. à gauche, est attaché à l'Esprit de l'aube, personnage orange diverses plantes hallucinogènes. De droite à gauChe : un chapeau
qui se trouve juste au-dessous de lui. Le Soleil et l'Esprit de l'aube de Champignon, une vrille de volubilis, une tleur de tabac, une fleur
sont tous deuK à Wirikuta, terre sacrée du Peyotl. C'est 1.!1 aussi que de volubilis. un bouton de sinicuiche et sur le sode des Chapeaux
se S1tue la nienkade Kauyumari et le temple de Frère-Aîné-Queue· stylisés de Psilocybe azterorum.

63
gènes. 11 convient cependant de respecter des rè- enceintes pendant leur·s années de fécondité; l'in-
gles très strictes, des tabous cérémoniels ct des res- terdit servait donc peut-être à l'origine à éviter
trictions. Dans l'Ancien Monde comme dans le l'avortement, raison qui a été oubliée par la suite.
Nouveau, les drogues hallucinogènes sont pres- La prise d'hallucinogènes est parfois permise,
que exclusivement réservées aux hommes adultes. voire prescrite aux enfants. Les jivaros donnent
Cependant, quelques exceptions remarquables occasionnellement du Bmgmansia aux jeunes gar-
méritent d'être mentionnées: chez les Koryak de çons, afin qu'ils perçoivent les remontrances de
Sibérie, les femmes peuvent consommer l'amanite leurs ancêtres durant la période d'intoxication.
tout comme les hommes. Dans le sud du Mexique, Mais en général, la première prise d'un hallucino-
les champignons sacrés sont autorisés aux deux gène se fait au cours du rite initiatique.
sexes; d'ailleurs le chaman y est souvent une Il n'existe pratiquement aucune culture aborigène
femme. De même en Afrique, l'iboga est acces- qui ne connaisse et n'utilise au moins une plante
sible à tous les adultes. Il existe une raison pure- aux effets psychotropes. Même le tabac ou la coca,
ment spéculative mais qui paraît quand même évi- pris à hautes doses, peuvent provoquer des vi-
dente à l'interdiction faite aux femmes d'absorber sions. Les Waraos du Venezuela fument du tabac
des substances hallucinogènes. Beaucoup d'entre pour provoquer un état de transe pendant lequel
elles sont probablement suffisamment toxiques ils vivent des expériences mentales très semblables
pour avoir des effets abortifs. Or, dans les sociétés à des visions.
aborigènes," les femmes sont presque constamment On utilise aujourd'hui bien plus d'espèces végéta-
les psychotropes dans le Nouveau Monde que
dans l'Ancien, mais dans les deux hémisphères il
n'existe guère de région dont les habitants n'au-
raient aucune expérience avec des hallucinogènes.
Toute règle ayant son exception, il convient de si-
gnaler les 1nuits qui, d'après ce qu'on sait, ne con-
naissent qu'une seule plante psychotrope. Les ha-
bitaJltS des iles Poly_nésicnnes avaient le kawa-
ka\~ (Piper methystzcum), classé parmi les hyp-
notiques, mais n\nilisaient aucun hallucinogène.
L'Afrique reste mal connue en ce qui concerne ses
plantes psychotropes. l1 sc peut qu'elle recèle des
espèces hallucinogènes encore inconnues des
scientifiques.
Malgré son immense étendue, l'Asie a donné peu
d'hallucinogènes majeurs, mais leur usage y est
très ancien, très répandu et d'une grande impor-
«Que le chaman ingère seul, tance culturelle. On dispose de nombreuses sour-
ou accompagné des participants, ces sur l'utilisation de végétaux hallucinogènes et
des boissons d'ilex, des infusions de datura, inébriants dans l'Europe de l'Antiquité.
Le constat s'impose que, parmi les régions du
du tabac, du peyotl, des graines d'ololiuqui, monde explorées, il en existe peu dans lesquelles
des champignons, des feuilles des plantes psychotropes ne sont pas ou ne sont
de menthe narcotique ou de l'ayahuasca, plus utilisées. Les scientifiques sont nombreux à
le principe ethnographique reste le même: voir la naissance de la culture, du chamanisme et
ces plantes contiennent des forces spirituelles.,. de la religion dans l'utilisation de plantes psycho-
tropes ou hallucinogènes.
WestonlaBarrc

64
Résumé de l'usage
des plantes psychédéliques

Le tableau des pages 66 à 79 offre un ronncment végétal. La progression Clef des symboles utilisés pour les
résumé clair des autres parties du li- inéluctable de la civi lisation occi- différents types de plantes dans
tes tableaux qui suivent:
vre. Deux points sont à prendre par- dentale, de plus en plus rapid e, tou-
ticulièrement en com pte à sa lec- che aujourd'hui les peuples les plus
ture: reculés et les mieux cachés. L'accul- [1] ~~~;EHS~~~ES
1. Les informations sont toutes de turation condamne irrémédiable-
nature interdisciplinaire. ment les traditions à la disparition Il LIANES
2. Les détai ls souvent insuffisants ct les connaissances acquises au
ou imprécis illustrent le besoin cou rs des âges à l'oubli. Il est donc ~ PLANTES GRIMPANTES
urgent d'études approfondies. urgent d'accélérer le rythme de nos
Les études scientifiques ne progres- recherches avam que ces savoirs ne
seront à l'aveni r que si les diverses di spara issent avec les cultures qui ~ GRAMINÉES ET ROSEAUX
leur ont donné le jour.
Toute étude approfondie d'halluci - ~HERBES
nogènes doit débuter par une iden-
NOTES OF A BOTAN IST
tification botanique précise de la
plante d'origine. Malheureusement, [!] UUACËES
AMAZON & ANDES elle n'est pas toujours réalisable.
• JO. ... •0 TO . . IU.OOO TU 4.....uol< A.O~
Id éalement, ell e devrait sc faire à [!] CHAMPIGNONS
' 1•1 "T'II<T ...... l ... I<IO,..-,_, partir d'un spécimen type: c'est la
••OI.r'<'"'""''""'""'"'
.... , .... A>"-<••TKOUTAI
.,..,.,,... "'• .,.,..,.. ,...,..,not
v."''~.....,
o

or U< ..,,.. or
seule manière d'être précis. Mais
on est parfois ob li gé de la faire
Iii ORCHIDÉES
>Ill une<U->!l. "D <Kt

""'"''"'"""""''"- d'après un nom vernaculaire ou


une description, auquel cas il y a ~AR BUSTES
Br R!C'HARD SPRUCE. Pn.D. toujours un doute. Il est primordial
que les analyses ch imiqu es se fas- [!)ARBRES
sent à partir de matériaux bien dé-
AI.PMt..ll lltiSSI:.L WALL,\(;!~ O.M., f<.U
terminés ct identifiés. Jf!ne brillante
~ PLANTES AQUATIQUES
rec herche phytochimique pcm sc
révéler inutile, simplement parce
que l'idemific:nion du végétal traité Agauche:Ausiècledernier,le
est douteuse. botanisteanglaisRichardSpruce
Dans d'autres domaines également, passa quatorze ans en Aménque
du Sud. Cet explorateur infatigable
les connaissances lacunai res empê- du monde végétal devint le modèle
M,<(;)IJILANA'<DL"'O.,LI'-IIfr.ll chent une compréhension approfon- des ethnobotanistes de l'Amérique
JT )o1Un'<',1T11Il"T.l<JNI>OI'
die des hallucinogènes ct de leur uti - tropicale. Sestravauxscientiliques
lisation. Il n'y a pas longtemps que furent la base des recherches sur
les hallucinogènes yopo et caapi."
les anthropologues ont comme ncé à non encore achevées à ce jour.
h~,j~cl~~~~~l~~ad:~!mf.~is\ oi~~. dJ!
3
disciplines (anthropologie, botani- Page64 : Ces énigmatiques
que, chimie, histoire, médecine, mythologie ct la philosophie des so- plaques pectorales en or de la
ciétés aborigènes. L'anthropologie culture s1nU colombienne {1200 à
pharmacie, philosophie, théologie,
1600) semblent représenter des
etc.) f?urnissent un travail complé- progressera dans l'explication de champignons. Elles té!TIOlgnent
mentaire. nombreux éléments fondamentaux vraisemblablement de l'existence
Cc sont les hommes de sociétés di - de la cultu re humaine dans la mesure d"un culte employant ces plantes
tes primitives qui, les premiers, ont où elle sau ra tirer profit de ces nou- hallucinogènes. Plusieurs de ces
bijoux sont décorés d' • ailes ~ qui
découvert les hallucinogènes et les velles connaissances. symbolisentpeut·êtrerart
ont pliés à leur usage, grâce à une magiqueduvol.caractéristiquede
connaissance intime de leur envi- l'état hallUCinatoire.
--- ---
N"AEF NOM UTIUSATION:
VERNACULAIRE HISTOIRE ET ETHNOGRAPHIE

~
AcadlmaideniiF.v.MueR De nombfeu~ acacias 1001 Uloll... ethnom6dica.lement
Aphl9bophyflaF.v Muell l:llt&Qtptychotropedal'acool&,ql.liOOflliem(lelaOMT...
A,simp!iciloliaDruœ rkenletsurtoutdéveloppéenAuWalleet&nCa lifornie

[!] Chez lM Cree. Indiens du Nord-Ouesl carwdien

----
~
Ag.a.ra GaiOOI•mima belgrtlfVINirnl lr'ldigèlles dePapouasJe·Nouvelle-Gu inêe
35 (F,v.Mueii.)Spragll(l

~
AgripaumediSibéne L.am«ieonechnlOisetradibOnnellluhbseœttehertle
49 Léono.lfede&Wrie curahYIIdepuosloufoUrslmpor!éeenNnérique.... ylul
fumH comme subsh!UI da La mefltuan.a.

73
Alpiste roseau
liill Phlllarisarundinacnl. Blenq~.~el'alpisteroseaualté1éoonnudansi'AntiQulté,un
usaoepaychotropen'estapparuquerécemm&nl

3
Amarutetu&-mouches
(~pp. 82-8S) [Il A/Nnitamuscana
(l.exFf.)Pers.
~finno-ougnensenSl*iedel'estetdel'ouest;
PlusleursgrO!li)8'Sdep&upleaathabascansd'Amél1quedu

"""'
A mcnc.riaeslprobatllemer11ideni1Ql1418U!IOIT\IIdel'lndlll
ancilln,..., drog<.lfl mystérloose QOOIOn1mOO par~~ AryeM 1
ya3500ans.

~
Arg.!l'lùlill ArgyrN!lei'\IDSa Enlnde,l'afQ&Il\aÎf&UIUllloHdepuosloogtempsAdeshnf,
6 Wood<- (Burmani)Bojef "**aales.Unl.ISIIgetrad~~conwnetlalkicinogMen'a

pu lt1é décowert .li ce )ouf

9
AyahuaiiCII
c.... Ill &nisleriopsisCSIJPI(SprliOiuGriseb.)
Morton:B.inebrlsnsMortoo;
U!oliMenAmazonieocciôentaleelpardestribuslsoléftdoJ
wrsMtpEtCifiqoedesAndesOOiomblermesetéQuatonales

"l'
Quapflrl erdes~libos
B.rosbyana{Ndz.)MortOO[•Dipklpterys
csbrersns(Cuatr.)B.Gates)
(YO!rpp..12..._139)

,.
UneespècedeScirpusfllapp~.re!OOI(IIItCOI'ISidér&epa~lll

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....M
84 Tarahumaru oomma spécoalement p\.uSNnte . Ils laC1'19*U.
""""
-
pen&antqu"ellepeutengendrerla~i s

67 Baqi.IOia
PlllmteriVIII ~ ...

~
Atrop~~belladonnal. EuropeatProche-Ofi4!nt
Ls balladona éta~ un Ingrédient Important des boissoot OH
(YOirpp.66-91) toreièrescluMoyenÂge.Etlta)olléunr61aprimordlaoldilr.ll
myt~delaplupartdespauplqaoropéeM

10 [Il Bolll/u:fk1H719USHftom .; B~
H111m ;B n/grrNJolllctluHelm.:
NOU'Y811e-Guu•léfl

B.re.ay~Heom

~
BrtH1161sla cllincssp/~QWm&f\; Les Indiens da Colombiel'app&lleo1tborrachero(•eelui~Y'
13 Borrachero B. <Jrandifilya O. Don ; B. grtndifforl! ra!'ldlv•e•). llestconnYIOUIIenomdedliricaspi(•a/bffl
Chlrica'PI D.Doo ssp./ldlulti!IJiif>lowman lrood • )dllnsl'ouestdei'Amazonle{COiombis.t:quatauret

"'~'
- -- -

66
PRÉPARATION ET MODE D'EMPLOI CQMPOSITION CHIMIOUE ET EFFETS

lll~a~$1ral.....,.ajoulaiflnldelaréslne Desextra~sd'lk:orœeldeleu~lead'A maldenii. DenombrauxaeaeiaseontiannenllatubSranoe


f"'*'-au prturi. Aujourd'IM, diverses espkft de l'écorœ du lf'OflC cfA. ~ou des leuillea psydlolropeDMT:0,36%dansl'e.::orc.d'A
..,.....tt.bnquotrdttana~derayah...uea d'Ap/llfN)Ophyllasontajouté$auxgraineade tnaldoni;-0.3,danllesleullleld'A.
wtœtleur"'*"enDMTI\aluCIADgène. Psgamm,.rm.alaetrngérêt.. ~C&eore.dutroned'Aiimp/k:Jiolla
conlien\3,6%cfalcaloides.donlerMronunbers
deDMT

Le rhizome est mâché. Contient de l'u·a!lllrone et de Ill ~aurone Une forte


IIIIUII!Itléltoudedt!llslld'aslhme.Civreue dosepetJtp!'I)YOqllerdl!sllaJiucu.,.,_tiot-.VISuelleset
desefletasemblables.llceuxdul$0.

Unedécoctionesrpréparée!llleCrécorceetlel Brenque28elcalordelalftfltétéiao!M,alJCUnprin·
leuilklt,.,...langéesàuiMI&spècedeHoma""'-. cipep:sydlo1ropen'aététrouvé.L'lllre11Ha'ac:corn-
~gne de vls.iont d'tlommes et d'animaux QU'on croit

Ll>erbell'llleursestsédréettluméepureouavec Laplantecontief'1tdelalcabides,delglucoeldes,...,.
d'autresplantes.LadoseactiYeestdelà2gdekl huileessentieleet<leldit&rpènes(ir6ollbii'ICinll,
IMibonne.~rbiiYie)probaiJiernlonlre~opa<~llêlblel
~~-- desetle19psycholropea.

Unextraitdesleullles,c:omblnéaveclePeg/lnum ContientdenombreuxelcaJoïdesfndohquea.surtout
harm.al.a.aclnefletshallucrnogènesetpeutl!trebo.l la N, N-OMT, la MIQ.5 OMT, la MMT et ~n peu
comme analogue de l'ayahouasca deb'èstoxique Me0-5DMTetDMTsonl
p&yctMkléliq~.

Un ou plurslevrs champignont sont c:oneQmmês Conüentdei'IICIOeiboténrqoo,dumliiCimoletdala


ap<Havolrétéséchésausole~ougrifléaau-desW!I muscazone.ProvoqueOesvis.Jonscoloréee.dela
d'un leu Unsxtraitpeutêtrebumélangéàde l'sau, macropsle,partoieune larvoo rr&ligleuseetun
dulaitderenne.ouo:tujusdeVaccinlumohgÎfi(MUifl IOI!l!!Miilprolond
ouEpilobwm!lngti$/Jialiurn.EtrSr~.t'unnotde
personr.sintauquéespeulêlflbuenluetlemenl.

LesgraineabrO'fêess.ontbuearnélangéesllrdereau Lesgrarneacontlennent0.3%cfalcalok1Mdererp,
4 à e grail'!ll (• lnY. 2g) sont conaidérées comme .urtoutdelachanoclavrne-t;enOI.IIredereronovine,
unedoselllCJif&nnementpsyd'rotrope. det'ergine(LSA)etderlso-lysargamlde.

-----------
eu .. g6t*al.uCIIllnda~~CK:on:etrefl'II)Hcla115del'eautroiclloubouilanlet:aclivltéhalluanogèneestsunoutdue.l'llarrrW!e,r.
-c.ltdelltukanodeColombie,appelée pettta'absorberlllll.lleoua"'Cclnedditôfs.leplus pnncipatalcaloidedeto,'pefk:arbolrl'llpo"rhentdens
Yt6\ll*l,qurœlèbrlr""""desgaiÇOI'Iollôant sowenrr.aleurlesdeB.I'U5byana(Diplopterys r.sY6gétawr.LMtlletsdeœlleboiMonemèreet
rtgt.w~e. Lea..WV~~ro~crolent pouvoir cabrerana) et de Psycholrla lliridis, qui varient sea nauséeusevarienl .ntrl l'étmétê agrNbr. Nr'l$ efleiS
OIIIMIUfllqoeravee--arrc&lresgrAce.lll'ayahll&sca. eflets.EIIepevtaus.siêtremAchée. seconda iresetdesn!lac!ionsvk>lilntesprovoquant
lar*ogufpermellra<tauultr.lmedequitterson O'aprèsderkentesobservatklnslilltesdanslenonl Oesvomissemel1ta. Slmanilestantg4~t
COIJM!IIilt~~t derAmazonle.taplanteestausslutiâée~ perdeshatlucinalionacolorées.l'lvfMMM

----------~~--·-·~
~ -·-----------------*-~~~-'_"~---·~ ._~_œ
__~_•·__
On va SOUYellt trk loin pour rama!lllef les raanes
___
Onars.olédelalclrloklesdalltr.Sdrpusetdansdes
bo.llbeusesduScirpu$. cypéracéesapparentéet.Lesl~pensantque
cesp l antat~urpermettantdepafCOI.Irirdegrands
trajatsetdeparler.llleul$ancètresllsontclnvislons
colol_'es.

OesrapporttrKentssignalentrllblutrono:tutrun Oansunextrllllalcalokle,onati'OU'o'l6dallrOMT.

.............
d'ul'lleapbcedePandllnU$parllnllldigênesde Crngesboncfunegri!II'Kiequanlrtédenorxcaullefait
une•crisedeoomport8!Tiefllilfatronnel•.appe~
la·lolieKaruka•.

Toutelaplantecontientdesactrl!;psychotropes. ContientdetalcaloiOeshallucrnogënei.Leprineipal
compoaant~eSIIahyotcyJm,.....,marson
trouveaussrdela.aopoiamrnell<leltr-.d'autrfls
alcaloldesdetypetropenol

Las carpœomes séchés at Drovéa sont ingérés

LesKol:rindeColombreetd'Équateur.aonsiqueles Les Brun~renlefment de la scopolêtrne, mars


Jlvarosd'Équateurrajoutentauyt.jé,péparéav«~ cetle.Qn'apucfactronpsychotropeconnue
8ar~~$/6riopsis(YOirAyahuasca),pourenintensifrer L:~lionpi'OYOqUede&!riSIIOI'IIIetl.lll&IMIWIIIOI'\de
lesefletsha ll uclnogènes lroid,d'OO~nomdeladrogue,chlricaaplj•arbre
lrokt•).

67
-- ---
N"REF TYPEOE NOM
""" HISTOIRE ET ETHNOOf!APHIE

~
Caap~-pwuma Telrap/ensme#Jysltea Le caapi-pmoma Hl utrhM par lM Malui. lndi6ns nomadndu
93 Caapi(voorAyahuasca) RESchuK, RloTikrédanalellO<d-oveslderAmarornebfésiheooe
CorrwneleSanisl<lnOJIIIIS.iltrappellemCilapl Plusoeurs
auteursontdota..oorobHM•plusd'une $0rle·OOeaapjiUI
lesbofdadu A10Tr~é

1~
et Rose
Ill
CactusdeSanP&dro TrichocareuspachanŒ' Brln Utilisé surtoutparl esind ig&nesdesAr>despéruv~ermel,
94 Aguacoll a • Echinap51Spachar.oi équatorialesetbOirvl&nrtel.
Grgant6r!
(IIOirpp.\66-169)

c~ Pachycereuspecten-aborrgfflum Lll>hsé par ln Tarahumaras du Me~ .que, wichowaka !I.J!II'lillt


62 Peigne deS~ (Engelm.)Bntt.<:>IRose • lobe•

- [!] AnadenimlherncoA/llmoi(VeU.)Brenan; ltestprob&blltqueleslndensd'ArgantnlBeldusuddu


4 Acolt.tbnru(Veii_)Bienanvar~ PlirouaremconsomméA coltlbtmaaYa~~t lacolonrsalion ,
Vilca(huilca) (Griseb.)Aitsehui;A.peregma(L) fappelantrespeCI!Yem8f'llll'ka(hudca)etoebll.
Speg. : AptHegrrnlf(L)Speg~ar lalcara Ap1HegrmaestutUisédeOO$JOU!"Sparlestribusdubaasil1dl
(V01rpp116-119) (Booth.)Aitschut I'Orénoqueatl'ap!J&ileyopo. ~gnaJépourlaprem.&ru!oil
en1946, il n'eslplusut111841eliXAnl lll es

~
Oncidiumcebol/ota(Jacq.)Sw
61

- ~
Cestreau Cesll'l.lln/aev>galumScl\lechl; F!égOOscOtlèresdansleWddulkkrl. !ludduCh•h
19 Oamada11011e C. parqutL'Hérit.

~
Psyct>otJialllfldi:sRurzeiPav 0epu1Sionglemps.ce1arbuSieeslrundes•ngrédientt
80 pnncrpau~ de l'eyahuUca en Amazonie

~
Chanvre En lnde,l'ut•liS<JTIOnduCannabisa\llll!unesogrllticatlon
17 BhaiiQ Cffldrca lam relogieuse
CMras Surunsiloégyptien,OOII!rouvédesspéc•mon~vieuxda
Dagga prèsda4000ans
Gan1a DansrancionneTI\&bes,lap!anteélaitlrBrn;lorméeenun
HaschiSCh broovageauxe!leiSprochesdeceuxderop,um
LaaScyth$&dHbo<(ISdela 'Jo9'lculuvaoemleCa~Wy
"
Marijuana a3oooa... llsen)elaiemlugrllroesatluleu•Ues~.u~IM
p18rrosclwnJ(Ie$deJeu,.bains der;apeur,prodUISan1arnsr
(11011pp. 92-101) uneluméeen!VI'ante
EnCh•ne.sonuaageremonte•4800ans.

lll Af10Cllr()IJ$fissvratvsSchumann. ChezlesHuôcholduMe.o:ique


7 O'apf&slesTarahumarasduiiO!"detducentreduMexiqllll,
Peyotlcimarr6n I'A.fissurntvsestpluspo;issantqualapeyoii(LOphop/lorH)

Epr/OO/antharrtiCromer>$(Engoelm.)
33 [1] Cunr:lrn-tauxpeyoU·desTarahumarasduCil•huahl.lfrOI
desHuocholduiiO!"dduMe~oque
Hir.ulirosapara

~
ErythntlalllrHinWmaMII.; E~ Au MeiUqtHI. les grernes de diverses espèces d' Erythrina tant
34 Moc et SKse ex OC . E. ltabe/lilorrn#; vendues en amo.rlenes avec celles de Sophow S8CIJfldllfonl
Eryltlnne (haricolèmescal).
Tzompanquahu1tl

~
CyMe des Canaries Cyl•suscananensis(l.)O.Kunue BIOnqu'ori-ginmredetCantmes,lagenêtlutadoptéparln
26 Genêt des Canaries soclétésetlorigènead'Amé rique Appa.remrrnl'lll,ilaacqi.HS
unr~importantchezlesYaquiduMexique

~
Datura o·ancoensécntssansluilselclliiiOISsignalentqueOIIlOUiiMt
28 Ol\aJura hallucinogène O.nosjoura. ~eslsur!OUI utilisé en Inde, au
Pakistanei..-.Alghan•stan
(YOirpp.IQ6.-111) a ~MX ~eespèceapparenléederAncloo Monde . JOUI'~
rOiesubahema

68
SIGN IFICAT ION CU LTURELLE ET PAÊPAAATION ET MODE D'EMPLO I
BIJTOEtUTIUSATION

EnlaiSiUlllramperl'écorcedeT.mei/Jys/IGIIŒin&de 011n'apasencorepulaireranatysepiYflochom~
laauhOtda , onobtoomtunaboos.sonjauroêtra, akll's deT.melhys/IGII,maosdasrapportssurMS811815
que l'infuslondoBanosteriopSJsastplutOtbrunAt ra lals.sant si.fPPOHrqu' ol oontlent,s ononlasmémes,du
mo<nsdesateaklidesdetypejl.;;a~lnesembtabl. .
lleeWtduBarnstencplld.

IYr155411\e.lloeonatoora.LaTpactmooisernb!aètra Depetotsmorceauxdetlgesontçwpésentranctles
kltoliiMI~rtoutpourlad o ~inationettadiagnostocdes ettxluil li sdansdel'eau pendllntplusi eu rsheu re s sèche ,ou0, 12 % dolaplentelraicha
1
~.malauconsonvnatiOnpermataussode 011yajootaparlojsd'autrMplamoscommalos
t~<M rldanmjd'un autra EJrugmansss.PtHnettya.L)ICOpOdium.etc

C.CIICIUia~rsutolosationsPlJram(Onl Uneboossonh&n0Cinogèna8$lpréparlteaveclejus Onaisol4del'tlydroxy·4méthoxy<lplljnjthylamooo


~ desjeunestiges etq...atrealcaloldesdetype tétrahydi'OIIC>quloohne
AoOOsde.-ertlgeatlla.II!JQnetionsvosuelles.

F..,.,.ŒIIIIftMhaluc&'logèna ptuleslndoell$dunord Unepoudfeêopnserestlabriquéellpartlrdasgraooos ConMilldas~deh'yplarronaetdasfl­


œrArgenline. humid itiées,r6du~esenpAteetséchéessurunleu ca~ o oos. Fr~issarnenttOOSmusdet, ljgères
Broyées,ellesdonnomtunepoudrog risvertqu i est eonvu lsionaltmafiQuedflcoord trllltlonmuscu lai re
mélangéeêodeseendresvégélatasatcalonesoudes suMsdenalilées, d'llalluclna~ons..,sue41es el d'un
coquillesd'escargolécraHes .ommeol agM Macropsle

--
Uplanle walt utilisée comma haiiLJC111ogèo1e et Inconnus à œ jour Un alea laide a été signalé Kifs de l'analysa chi moque
Mr'WIIitpait*desoccédf,njdupayoll

Latt.4ap\JctllldulllldduChllirut>hs.entpourdes Les lauoltas son1 tum&es en guise de maooruana laafruotsvertf.tasleutllalltlaaHeurs eontiennenl


dessaponlnet,qu i netonteependantpaspartiedes

Cllwtuf,. a une omportanoeculturela lk'oorme, LB$ teuolles traichesou séc:hlies sonl booolhes avec les lauolles contiennenl 0,1 - 0.61 % de N, N-OMT.
I)IMqU'IIIYra ii OMTnlioasSllirellla dasmoreeau~delianeoud'écoreedeBIInisteriopsjs alnsiquedesttacesd'autrBilalcaloides
llobr'Qitlonde rayahuasca, qui est au cœur CJI8PJ et bun comme ayahuasca (caapl, yajé)

La~•unetonguacarrioèredanstemédaclna LaGallrl8btss'absorbededottérentestaçoros Dans Lapluslor1ecor.:entrall0ndeproncapetpsych<!1rt;lp8s


1!801tlonneleetenlantque~bstancepsychotrope laNovveau Moode, onlumede la marituana, le bout (descorroposjscanrlllbinollques)setrouvedarlSla
LadlarNrellvreun1ruilcomes1 oble,uoo tibratartol a. des inllorescencesoo lesteuoiiGsséchjsetbroyés résloo,tri'-abondantedansl'lntlore$C8!1Ce
l,lllhuitpourl"lndustrie. daamédicamenlletun 10fltmétangjs•dut.lbaeou6d'autresherbeset temeHelapiBntelrafeheeontlentprincipalemelll
~dOtltriiiii{IOs'eslrél)andusurlaquaso­ tuml!sencogarlltles. Danslespaysmu~n&du desaCideJCfii'W'IabonoliquiS,précufHU,.das
!Oüilltdllglobedapulsql.lllf11nte ans. La Proehe·O!'Iellloud'AiriQUaduNord,lollaschlsch,la tétrahydrocannablnolsetd'autrescompoaants
consorMIIItloneroissanteduCannabisdans réslnedelaplantetemell e.estmangéou fumj appa renlés,telsleeannablno!etlaeannabldlol
lllpjiy~~l.etwnoutdan• les grandes IO<Nllntdansc~&Splposàeau Le!!ettetseontsurtoutdueau~'­
.... 1 paNdas proi>Wirne$ drfhalesau• autootés. trallSlétrat'tfdrOCannab•not-3.4

lM Tarllu!Wu utilis&nt ce cactus pour &IlS Esteonaommélraosouliaaséetdéjayédansde Contlentdiver~ak:aloidesdelypept1éM!hylamone


powors~~pansanlqu'il ernp6dla
IMMenll)plolantteshommnarmésllo
IJof'MCOUSM.PourlesHulctool,rAnocarpus
811'-"&pial'ltefl'lllignellsiO!ltpersuadés
"".... paut prtMIQU8f une k:oloe p~~rmanenll
ca-doitprocure<detri6vétations elao"" aux L" tt'!tes sonlconsomll'léa-lraichesoulllc:ll&es Conberlldesatcaloidaseldastrilarpènet.O'ap<ès
ptsseuflttlesaiderdant leu rsrelatoontavec los lndiens,lecactu.salepouvoorderendrelouslas
QOnsmatvel llantsetdelospréctpite<duh&utde
"'"""" lalalSeS

LapltnttlutplllJI·étreautraloisutütSOOparles LHgra>nesroogessontSOUV!tntmélangéeeavec Certaines espèces comlenoont des atcaloodas da


TsrahumarM qulapprédent ~ graones comme celles de Sop/IQ(B $9Cundillore. auxqlJellee elles typea rythrBne,donttaseltets ressemblentàc&uxdu
,...,.,. re$S8mblentbea...::oup COJrareoudelacytosone

lltllllatlon cjr~ielledar'IS des tribue amllrk.aines Le!! graines sont perticuliêrement apprécnles par les Le ey!ise nt riche en cytlllioo, quo ne la~ pas par!NI
~~ttoutpardesgYérltseurscomme gl.lérissa ursdes Yaqui. dossubstaroeespsychQtropes. maisqulesttrès
l'lll.oanogionelorldeoér~smagiQuet toxique

l/blll600!f'll'll8apl\rodislaq1.18enlfldeorientale Lesgranesré<luitesonpoudresontrnélangéesàdu
M.-~lal laouréeffla~ve vtn.Lesgraioossontaj<:lutéesèdesçogarottasde
cannabisoudetabac.•desbOissonsalooohéeset
partoosllolllcll.quedetNitel

69
N"AEF UTILISATION ·
HISTOIRE ET ETHNOGRAPHIE

Coleust>I:Jmei6enth.: Cllez les Ma.>:atèqoosdu wd du MelciQue. deu• espèceadt


21 C.pumliusBianco œ game oog ~r"><me des Phi l1 ppme11 ont acqui~ la même
aJg nil icationqLJeleSt!IVIII

96 '"""
Nyakwena
Viro/acalophyllaWarb.: Vcalophylk>KJea
Markg~.: V.etongata(Spf. e~ B&nttl)
DlversesespècesdeV•ml<lsontutollséesauBrhil.auPérou.
enColomb~etauVenezuela laplusomportantesemblett..
Vlheiodora.LapoudoeèprlM!fhalluconogènequoenftltrit
"""' WaiD:VIh8iodora($pf.)Warb.
porte un nom diltéoent selon leslnbos (!!les locall\65 LM pb
oourants som pancll epenâ et n)lllkwana au Brès~. yakeetc
""'
(YOiq)!l176-161) yatoauPérou.

39 [!] Homalomenasp Apparemment. les mdigènu de Papouasoe ut1hserao&n!


Homa/omona

20
Er{IOldeH'I)ie
(vouppl02-105) !tl ClavlcepspulpiJfeajFr.)Tulasne On a récemment démontré de !açon très convarncante QUI
lergoldeseogleavaotj0Uéoor61etmportan1danslesmyslèrtl
d"titeus.sdelaGrèeeant.quel:e<gol.maladiecryplogarnoqw
O&scé<éales,powMempoosonnerdesrégoonsenttères
quandllétartpar!T'égardemooluiMICI'épi.AuMoyenÂge.
ces épidém ies d'argot•sme é1aient appe~s • feu de saint

CymbopogondenslflorosSta.pt FumépardesgoéflsseursenTanza<~~e
25 lœJ
~
Fang·k'LJ&j AN.tœaanumJBPOfiiCVff'Thunb.
72 Peu<::«<llntaponars

~
Mosembryanthllm!iln911{Ninsuml. ; ll yaptusdedeuxsiècles.desexplorateu rshol landa il
83 M tortvowm L • SCeletwm tortuosum SI{Jfla ~lentl"usage.par letHotlentOI.!isud-afr ocains.dela
(L) N E.Br. racir.ed"uneplanteappeJéech.armaoul<ann.a

- -- -
~
Gatanga Kaempfenal.ll'lilngal. D"aprèsqueiQuesrodices.legalangilserartconsomn-..
45 oomme haHuctnogène en Nouvelle·GUIIlée

~
Sophomsocundrllom(Ort.) Dansle bass induR>e Orande.l"usage ritu el duharlcotè
88 Lag.oxDC meGe<~l rernooteau moinsè9000&ns

coo"~ Au•États·Unrs.lesArapahoetleslowal'uhh5efltaumoinl
FrijOieS depuoa 1820. Dans le $U(! (lu Me>ciQue !JI dans le sud du T..u,
plusreurstribusrndien,..praloquenturredanserltuellelonl
delaquellodeshallucrnatoonssontpiOIIOQUéesgrbau
hanootl!.mascal

~
Pr1ganumharm11IRL Denos jours.cetleplanteest hautemootpt"i séedei"Asie
65 Aue sauvage Mlneure à l"lllàe ,cequl lalsaesllppOserson usag epas!-8
commehallucinogèr.e

~
SIÔIIIICtltaBurm, S .etotll (!! S rhomblloMsonr ~remmentlumés le long
86 Ax~l;un S.rtlomblollaL oesOOtesdugollolduMe•IQue
c""""

~
H crbeàcharp.:~ntier Just!C•apoctoralts Jacq var.stenophy!la Cenoh<:r rbet!Si cu ltlvé-apa r lesWaikàetpard"autres lndiens
44 duhaul0rénoque et dearégoonaaci)8CIIfltesduiiOI'Ô-OUIISI
duBrés>l

70
SIGNIFICATION CULTURELLE ET PRÉPARATION ET MODE D'EMPLOI
I!IJTOEL\JTIUSATION
- -- -
~C...,d"omportancemagiQueetrelogoeuu.B$1 L"feuollestralchessomctuquées Partoos.onlalt Onn"aanoore...,..aucune.ubllar"Qthalluanogèrw
IJIQêpourladivinlotoon uneboossondelaplanteécreséeetdduéedantde danslest50esp4K:esconn~deCooloos.

ltl*lllounyallwanapeut(ltraprisépartwsles Carüinslntloensgra!ten11'al.lblerdeV•rola.letom Lesellets 1\alluconogènessontdi.ISBu~alcafoide!lde

-
~adui!Mioltdecér~resetpar!oismême séchersur ..nteu,lerédwsentoopolldre,lllaquelta typetryplamineelf\·carbohne.lamétl\oq·S
tnda!l0110&toutoontuterltue l Les guérisseurs llsa)out&ntév&ntue ll ement~sleu ll lesbrCI')'Mscle diméthyltrrptam rneetladunéthyltnptamine
Mliltnti)OUrdiagnostiquerstgu&rtrd rverses JusrtcJ/I,delacendred'AmasJUJetclel"tk<lrce Cesettetssontvariés tlstlébutemgénéralemenl par
d'EiwJberhBprri}C(}ps.D"alJires lnd iensllbatte-nt unéta!d'e~ crtation,ptusleursmrnutesaprès l apri~
Lcu,gtdu~akeeoo park:è eststnctem&nt rés.ervé l"arbre,enré<:oltent larésme.lafootl.>o<.JIIIi rjusqo/èoa Puillsurvrenne<ltunsentimentd"fOgourchssement
qu"elleformeunepAtequ"olstontansultasécherau des mernt>res. des lrénussementl des muscles
sole~. puos quc~s écrasootet tall'l!S911t Paoo;,on y laco~ux, l'incap.acoté deeoo<donner ses mouvements.
ajoutelescendresdediverses~etlesteuolles desna.usées.de&hatluanationsvosuelleset
puMiooséesdeJusiiC!a.ouboenontailséchefla lrnatementunsommertproloncletagoté
réslneau!IOI&iletonlalranstormeenpour;lrellpn5ef
apr~sra..,.rmélangéeàdescendres
Oanslar6glondeVaupèsenColombte,les M.!Iku
ongèrentlaré~~o~nebruta,tel!aqu"elleaététlréede
l'avboer

"""""'"'""
t!IPOOI prowquer..
cles"''"""oc'oo'""""'"""
réves drvinatoires "'""''
aux feu rll"es
-,~de-,.-
, '"-'''-'·""-'"-''''"'"'"
Q~ lbulimimll
(>ro rr Agara) ""~""'''"""'"""''"'"'""""'"""""''
espèces de
belgraveana VIolentes perturbationsHomalomfN!a
----'"_ivi6
_ • _d"unprofor>ds.omme<lpeuplédevoSIOilS.

ltfVO!Mmblt nt !limais avoor étéoonscief!VTI9nt Des macémtoons d'ergols sont consommées pour Lescomposantsoct•Tsdel'ef90110<11desalcaloides
~eommehalluanogènedansi"Europe leursefletspsydlolropesledosageestmatcooou detypeergoline.prinapalemtfltdesdénvésd'IICide
......ale IIM&otcependantsouventemptovépar et dangereux ty5ergoque LesalealoldMdel"ergotetleur$dérivés
-~lorsd"accouchementsdifficiles sontàlabased"import&nt&~ocamentsutotlsés
lwgot provoque tiM contrac~~ons des muscles enobstélnque.enmrideconeontllfneetenpsychoatne
..... c"tll.ullliunpur$SIInlvaoo-constncteur t:halluclno{lènelepii.ISpuissant.tloetnvlllmidetl"ocodo

~pOU1PfOYOC!U9rdesrêvesprémonotoir~ Lesl!eurssont!umo!-esseulosooavecduta-"-" --'-:-'"'


-..,'--o-re=e:::l =t:=~
11

r aciooestutiliséeenm&declne---:-:-::::::~::::::e ~ucedanum
8

lolédeanttra(litionne lle En Chine. ta


ma i sonlgnores"itssonthaltudnogèr~es
Lacouma·
rrneetlaTurocoumaorne,qu'onretroovedans
PJaPOI!icum.sont trèsrépanduesdanstegenre

Danlt'am&re-paysslld-atncaon,raeonesetleuotles Lenomdekannarecou .... aa'lojourtftlujdol!é.antes


!IDfltlncoreutohsêes.Lesleoilestermenléesaeraoent espèces de Sœ/etNm et de M89flf7lbqanlhemum
parlois séchées e1 ctuquées comme onébrlant contenant des alealoodes (mésembnne et
mésemtlfénine) su x eltels sédarols provoquant une
----'~c_"'"
_'_:_ __ hséa l:Mnsenttréstorte

ir!r-.r;ham•nlquenorrétabloo IJ!nisatoonparla Le rtlrzometrès aromatoque esl apprécré comme LertlizomeestrochttenhUIIosessentralles.peut~lre


ridldne II.Ortlonnelle et comme aphrodo~~o~aque condrment.Lamédaciootraditoonnelleutr loseune responsatMsdesertetshattucinog&nes.Onnesaot
praHquemant r>en cie leur composrtoon ch imoqo.Je.

Letiflui0"10Ucu~edupeyotl.avoc l' hatlucin~ Uneboissonétaitpréparéeavocl<!sg r9inesrougas Lesg rai nescontiennentde lacytis lne,unalcaloide
fl'!l:lo'-.dlnger111.Jx ~OphQp/IIXII. alaitsetlélourne r deSop/loraS«:Undiflora. trèstoxiquaqu i appartoentsumémagroopaquela
lltr~desharicolsrougesqUiaYBientun ni<:otrneooplla.rmaoologie.L.acytosooon"estpas
f<oit(tlfmtditleurorltCUiaoreetd'halluconogène hatlucinogène,maislalorte~oessapeutpro..oqU9<
unasortadedétiracorrrparalJiellunetransevosoon-
narre.Àhautedose.LW~Bparalys;erasporatoirepeut

Lerrliœanapoputairaconnaitdrll9rsesutilosauons Entnde.ladrogueappelèaharmatestla~ellpaflir CeslsurtoutdanstesgraonesquerontrOIMides


(t\fllrw Elle Mt appo-koéeoomma aphrodisiaque desgoaones séchées. alcaloodeshattucînogènesdetypef\-carboline
lllllO,IYinl ulililée comme encens harfTI!Ile,harmatone.télrehydroharmineetdesbases
apparantées.présentesdansaumoonshuotlarnd~
tlevégétauxsupé rl&urs

ElrirnlUnleta..bttitutdema rrwana Laplantaost Tumée. Cesespè;:;esdeSJdsoontien nentdat"éphédrineet


sontlégèrementslimulantas.

IM~m61entlesteuillesde .Ns/Jclaàla Lesleuolassontséchéesetrédlutesenpoudre Onsoupçonnelaprésençadetrypt.amonesdans


pr:II.Ôtipri&erla!leavacleVirola(voorEpeM)pour plusoeursespèoo$deJus~.
. . . . . . . lrfgoût·

71
N"AEF UTIUSATION
HISTOIRE ET ETHNOGRAPHIE

~
H1erbaloca Pamettyaturtms(Hook.ex0C)Kio1~ AuCh•li. Piurenseslappelé/118rtMioca(•helbelolla•)"
70 Pparvrlo/laBenlham PparvtlollaasiOOI'IfluanÉqlllllau•sousleroomdelag&.
""""'"""
""""""'
Taglli

~
Hue •pall Solt~ndrllbreviÇa/yxSi andl. D'ap rès Hemandaz. il a'ag 1t du tecomaxocll itl ou hua i ~~ dR
87 Kieli S.guerrerens•s Mart•nez Aztèques.Piusieu raas.pècesdeSo/andrajouenr unrOie
Tecomwcochitl 1mponant dans la mylholog •e et la sy mbol~q ua des HulcholtlJ
Trompattaè Mari·Barou Mexlque.e lnslqued'aul restribus

'""' ~
Tabemani!Nibog.'IBal\1 AuGabonerauConoo,lecuneenrouranrr•boga....,rore.la
90 ('o'Oi1pp.112-115) résasranœobsllnéedesirl<logOOe.lllapolnétraliondes
penséeschlét14111118etoslarnque

~
Helichrys vm fool!dum(L.)Moench PaysdesZoolouaenAfriqooduSud
37 H.s lenoptervm DC

~
lrx:tmxnafuchs!Oides MI(Hli Ulill sé<ldanslesuddeLaColomboeparleslndoenadeLav....
42 Arbotdecampanllla laSibundoyelpariHKamsa
"'"""''m
-·""'
Torubjansustt

----
~
lpoméevdetle 1pomo9a VIOiacea l. Oaxacadansle!IUdduMex.que
43
,..
Badohnegro t.:opomée était connue t1es Azt""'es !lOUS le room de d1l1~>n
e1 ul •lisée comme r·o~ • uqul. Les Cr.<nantl)ques et les
T l1 1i~zin Mazall)quaal'appellenlpiule,lesZapotèquesDadohrl&{li"O.
(volrpp.l7().-175)

56

40
41
_,.__
Ju rema
Ajuca

......., ......
('IQOrpp.B&-91)
[!]

~
Mimt;sa hos/J!os(Mart. )Elenth.

Hrr-;yat111SB/bu$L:
Hyœcyan-.sfll{lfltL
Plusieurstnbusdei 'ÉtlltdePernambouc{B résil ) l'ut llisentlu
coursdecérémonlesll!ul~lementem~oy(idansceHe
méme,égoonpardestnbusaujou!dhuidisparues

Au Moyen Âga,la JUIIQUI&me éta~ un arogo-édoent desbooüonl


ltlonguenlsdei ~M DaprkdesteJ!IesdelaGrkef!
delaAomeantoques,elleaura~souventé!éa;outéeau•
• boiSSOM m&giQUBS ~

Ill TanaOCHJmfiOCtumum(Barb - Rodr.) UtJ I•sé an Amalon•e l)réalhenne par lea Mantran.a du Aoo
92

57
Krarom
Blak·bial< [!] MJtragyrJBspeciosaKon ha ls Onappnrau~•,esiècle.Que l ekratomfut uloll séavecsua::te
comme substitut de I'OI)oum 8<1 Malaisie et en T~ilallde

66 [!] Panc:mlwm/nanttrumHarbert Le kw astu Ml ubhsé par les Boc:hnnans de Dobeau Bot.....-.

47 ArboldelosbrU)OS [!] 1.8fvapubiflor8(Groseb.)Bail Ut•hséJadosparN!schamansdesMapuchedelar&pooncll


ValdJViaauChiH
(•a rbre des magiciens)

~
Lobe/ia tupa l. Les MapLJChedunordduCh lll connalssentla to• iclléde
50 L.tupaetenutll isent les !euillespourleurse!tetsen •Vf'l.nll
'""
TaiJaCO~diabkl D'autres tribus ~ndines I'UtJ iisentcommevom •~l ou purgabl.

53 Hikulirosapara [j] Mammilanacra'!Jlll.indsay .


M'"""""'"-
Parmiles « fauxpeyod ~ desTerah-arasduMirnque, lya
plusoeursespoke$de~rlll
Msenilis(Lodd.)Weber

72
_
SIGNIFICATION CULTURELLE ET
9UTDEllJTILISATION

.....
~"tutii!Hcommet>atlocooogoène
patlnCOI'IpuCOOIIrroorler~esuppoHde lap l ame
dlnlltto.l<~ iesrehg ieu sosetmagoquesen

LIIHudlolaôorerrtetaa.gnentleSclandra.une
On n'a

d!Ogul ........ aurangdedrv1flf141Koehapporteuroe


-~ltlux&OrCIE!rs.Sguerrerens-ssertde
PRËPARATION ET MOOE D'EMPLOI

Lelru it estmangé

Uneinluslon8<1ovrnnteestlabnquéeàpan"duJUS
desbranches<le$deuxespèo::(ls
COMPOSITION CHIMIQUE ET EFFETS

Onnaconnaltpasenc:orelacOI'\"ij))ttt>onchimoqve
00stru itS!OxiqoosdePiurense1Pparvrfol/a.lls
ca useot touteloos uoooonlu sionmentalepouva nt
allerjulqu'81a Tolie

LegenreSolandra.procheparentdesDIItur•.
conllentdela~Yfœcyamone.delll..::opolamonedela
tropulO,delanortroponedelascopone ,delacus·
dr!)guOI dant rËial de Guerrero au Mexoque col'lygflneetd'avtresak:alo+desdetypatropanolà
eltetstortementllaiii.IConogènes

llboQI"teutlrlloe llemenlutolisédanslecu ltebwiti Larac ine lra1clleouséch00estingé réepu reou LibogaCOI'ltlonlaumoinsuoodocualned'alcaloides


idftllns~setmagiquet. ll sortâenlr&ran aprèsunemltCétall()ndansduv rndepalme La dose lndollqves.donllep lusimponantest l'i bogalna.un
o:o:nm<ncatlooawclesanc6tresetlemondedes psyd>édéHqueesld'oovlfOO tOgdepoudrede puinantsMwlaotpsyehiqve,QUj,8haulado$e,

-
IIIJIIII~iM·~Iierav«:lamort·.!Adrogue raconesèdle PfCMXtl.>ll(lesMaiii.IConabons
lltui*Melorsderttesonrtoatoq.-
TilloOfPMMpourêtreloflemenl&tlmulanlet

_
Cet heftles ~ Ulllt!Hs par les guérisseurs !.:herbe séchée est lu mée On a s>gnalé de la coomarioo et des doterpènes, ma•s
....,..qul•les inhalentpourprovoquerdes evcunecmpoSantha ll uconogènen'apovrl'onstantété

D'~letcllllmans,leselletsseconda11esdela L:éco<œtraiclle,râpéesurtetmnc.estbollllloeavec
"""
&enquellogenren·anpasencorelaoll'obt&t
pllo'UIIIIlt•brtsquetlenestullliS4Hipourla tamèmequan~tédeleullles.engénéoatunepoognée
lbllflbOft. "'propho!llfls et Ill doagnostoe de maladieS LI déco<:llon oblenue est consommée leDe quette
""'lorlqu'onn'apasd'autresfl'KY)'8ftsllldisposotoon unetoosrelroodoelad0sovaneentretet3
...
d'analy-phytochollliQIJes,lllaorparue
(leslllllllrladles.co~pourteursprOptoétés

llUqu''l'llglld'uncaspartoculioèremenldlllocole laS$&$,buesSurunepériodede3hellres L:rvressedésagréableenlraînedetelletssecondaores


quotlurentplusieursiours

Cettt llllnetrbrespactéedans leslldduMexoque Une boisson est prépa rée aveclava leurd'undé~ lelau~d'alca loldesétantc r nqloissupérieuràcetui
lllundftprlnclpauxhaHuclflogènesulol rHspour coLJdredegraülOspu lvénsées de7ùrtlina~sa.lesindigènssutr l isentmoins
•ctmabelllelcllmslest'itu<"smagie<~-<ellgieux
011,.,..~ .. de graones On lm!Ml les mémes alcaloidel
dans d'autrM \IOiubdos, unlquemenlemployés
auMexoque(voorOioln,o:juo)

l\.uge du .U /lo&llltS comme lliiiii.ICinogène LaraconeduM hostlltsélaotlabaseduoo-boosson Unak:aloldeodentiQUIIèl'llalluo::onogèneN.M

-
t*~ Mn'lble avoir presqueçomplètement m>reculeuse-. connoo localomeniiiOUS le nom de dométt"r)'Hryplamtne a pu être,~
•rullntcapendanlulllisédaMuncontoJde vonhodejuremaoua)vca

e c-.n.dt IOI'eières. boissons magoques !.:herbe s6chte est lumée oo boJ iée comme de Les p11oclpea 11cto1s de ce genre de solanooées sont
~Urlltransedivlnatoore l'eocens Elleremplaœlehooblondanslll tabrica~on desaiciiiOidesdetypetmpanol,partoculièromentla
dela~LesgreinesservanteSSO<l~etlement h-,'oscyamoneetlaseopolamone.C'eatceneder'nlère
derocens\Aoos..vaneselonlesondrvodi.Js. QUIPfOIIOQU8deshlllucin81101'1S

MMIIdroti)Ot:Uflire.LaplanteserMapprécoéedes Unell'llu...,..,desleuollesdectlhehanemelangéesà O'aprèslesdellcnptionsdebolanostes.rOdeurdela


~OUdéparlemenl colomt>ten de ClloOO po;~r una plante non encore idenllf>ée constrtue un plante >ndoquera~ la présence d'octde cyarWlydfique
......... 1~• aphrodisiaques remède centre la dlarmée. On en a osolé oes saponines et des tanins

lllleuile11011t choquées ou fumées comme LesleuotlessontchiqLJéesfra;c!1es,tum6esséctlées laplanteenllèracontlentdeslllcaloldesindoliques.


~ttin4>bf'iantenAsteduSud·Est etongéréessooslormed'onlusoonoud'eo<lraiiEIIes don! le pnnapal est la mitragynone. choml(l\.lemen!
sontparloosajOOiéesàlachoquedubélel tresproehedelayotumblneetdelltps!locytline,et
lortementpaycholrope

SembleMUIIIIMp;~rla~poputaoreet Lesbubessontcoupésendauxe11mnéssurlecuor Pl.-urs~quonzeespkesoontoennent <le$


COflllflll~rtOQèn&EnAirlQUedei'Ouest,la clleveh.J préalablement inc>sâ cette coutume se alcatoode&trèstoxoquest:ivr&!lS&p&u1S'8CCOfT'Ipe·
pllnluprobftblementunelmportancerehgoeuse rapprocllebeaU(l()l;pdelapratiqueocciCientale gnerdesymptOmesh.anuo::onog.ènes
d'inj8Cirondesmédiçaments

!AIItl..,.leloopOisonvooleni•HétartJadisulolisé Lesdosagesétaientunsecreltarooel"'em&ntgardé LeslewtlesetleslrurtscontJennent0,15'11.de


pt).lfpiO'IOC!UifdHdétores.deSMtluonGIIOI'Iset Onemployaildepréléfeocelelful!lra.s ~amone810,06";.desoopolamoneCelteder·
,..,.,..,.tobeparrnar-.te nlèreestresporl$llbladesetletsllalti.ICII10gènes

L8$lellltle& sont tumées oo ongé<ées Lesl&uolatdetupaconltennemdelalobéhne.un


alcato.O.detypepopèrodine,stomulanlresporatoire,
aonsiqveletOérivéstli(:(ito-etdohydrcucyKIWiano·
don aatnor·lotlélanidine.nonllall uconogènes

F'Qufp!'O'«)Qll8fdes/la lloona.tionsvosoelles M craigllestcoopéendeuxetparlolsgrollé.On DansM heydrlrd,procheparentdeM Cf/f/gi~Oila


ll~81tlblorblipardescllaman s n'utllosequelad1alfduoef1tre osolédelaMmélhyl-3,4diméthoMyphénll!hytamine
lindt~partocullères
- - --
UT(LISATION
HISTO IRE ET ETH NOGRAPHIE

~
Mand r agoo r ~ Mandragoraofflcmaruml Lh isto ,redelamandragoreesttrèsanciennedans i'Ancien
54 (voirpp.S&--91) Mond<letsesutihsatiorlS!ortdoverses.
Àcausedesa raconeenth ropomorphe .oolui aprêtéde$
vertusmagtques

~
CacallacordifoliaL.til Mextque
14

~
LagochilusinebriansBu nge Lestrlbustadj•ks,tartares,turkmènasetouzbeksd<ls
46 steppesa rtdesduTurkostanprépa rontdepuisdessièctes
une.nfusionavecL miJI>rians.

~
MyristiCafragrans Houn. D'aocoenstextesind ienslecitentcomme .. frutt onivrant• .
59 En Égyp1e, il est pa rfois fumé comme sut>st •t ut de ta marîjue.N.
Lesarn;iensG rOCsi!IRoma insneconnaissatantpasle
muscadier.trnportéenEuropeaulersiècleparlesAral>&s,~
l 'ull lt sa~entcommeplantecurat iV<l

Lesné<1upha rsonttenuunepleceexœptionr>elledans l'a rt


la
Nénuphar Nymphaea ampla (Soli sb.) DG.;
60 N. Cileru/tlaSav. et lamytholog redesculturesm rnoenneetégyptienne,en
lndeeterrChine,ainsiquadanst'empiremaya,de lapériode
class+quemoyenne jusqu'àlapériodemexicaine
L"AncienetleNouveauMondea lli entsouventles
hallucmogènes au x mêmes Images Ainsi , le N. amp/EJ est
asSOCiéhlamort ooaucrapaud , auquelonprêtedes
prop riétésha ll octnogènes

~
Oto ti uqui Turblnacorymbosa(L.)Raf Lesg rainesdeoevolub ili s. connujad issous lenomdeRM!a
95 corymbosu,sontparmi leshallucinogbnessacrés lesplus
"'"""
Xtabentum
(voirpp170- 175)
importants de nombreux Indiens du sud du Mex+que. Leur
usageesttr0sancien:ellesjoua rentun r61eimportanttors0e
cé ré mon ies aztèques, tant comme tné!lnant qll<l comme
pottOOmagiq ueauxpropriétésanalgéstques

63 [1] Panaoo/uscyanescensBerk.et Br.


" Copelandracyanescens(Ba rk et Br.)
Cultivépar lesBahna issu rdesbousesdebulflaetdevache

Singer

~
Putitequeuede lioo Loonolrs/tJoourus( L.)RBr. Uti lr sédepo;isuès longtempserrAiriqueduSud
48 Wilddllgga

~
Pfl luniavrolacealind l Unrapport arécemment signalél'usagadacepétuntacomme
71 hallucinogênedanslesmontagr.esdoi'Équa1eur

~
Puy<>trllo Pf!lecypfioraaselliformrsEhrenb ll semblequececactussol!considérécommeun • laux
69 peyotl • auMex ique

~
Pey<ltl Lopllophoradrflusa(Croizat)Bravo Deschron iquesespagn<Jiesontdécnt l'usagadupeyctl chez
51 Bootonàmascal L. williamsii(Lem.)Cou ll lesAztèques. Aujourd 'hui,leLopl'roplloraestutilisépar les
Htkuli Tarahuma ras,lasHuicholetd'auues lndiansduMexique, ainsi
(vetrpj). 144-155) quepa rl esmembresdela NattveAmencanChurchaux
États-Un isetdans l' ouestduCanada.

74
Phragmtte
œJ Phragmitesaustralls(Cav.)
TriniusexStelKktl
Le roseauestutilisémédtÇalementdepuisi'Ant+qu ité
L"usagapsychotropaast u èsrécent.

~
Phylojaqua PhytolaccaacinosaRoxb
75 Shang·la

Echmocereus Slllmdyc!<ianus Schee r LesTarahumarasdeChth uahuaconsid èrent lesdeuxespàces


32 Hikuri [1] E. lriglochidia/usEngalm. commedes"fauxpeyotl "
Ciergi!

74
SIGNIFICATION CULTURELLE ET PRÉPARATION ET MODE D'EMPLOI COMPOSITION CHIMIQUE ET EFFETS
IIUTDe~UliLISATION

La~llgo<e)OO(Iunrtoleextraordina.i recomme Diversesprécautionsde\laOent êtrepriscspoo r Sescomposantspsyct>olropassontdasalcatoldasda


p1w11e magoque et oomme drO!,JU(I hallucu'IO!)ène déraanar la mandragore, car sas ens aftroyablas lypatropanollaptusrmponantélantLahyoscyi1111rne
ct.nellllolkll;ft.,..opéan lfuhséecommepanacéa. pouvaiantrendralouœluiquilllr$mli.S$illl Ontrouveégaklmentdelllscopolamrna,dalatroprna
•IIAIOramentrrngrédlantlepluspltiSS<IntdeS e1delamandragonnaLarocmeoon~entout
bclllonlhilllllclnogène$deSson:oères 0." "4 d'alcaloidesdatypatropanol

PuMpourêtreunaphrodisJaqueatu n ramè<la ~ herbes«:Mtleast lumée Unsoo l alcaloldeaététrouvé,ma rsaucuna


0)!11rtlll516n lité ifld icatronOepropfiétéshallucinogènae

Une infusror~ est préparée avec tesleurlles grillées La plante oon~ent un composé cnstallrn. un dotarpèfle
Lasêchagee11eslockageaCCfOISSé!ltlaurar0ma appelélagochrhna llestapparantéAceluidaladro.
gueherbagrindeha,mao&n'astpashalluanogène

L'ut~~Q~idrlllloorxdamuscadaestsp&cral emant Poorobt&nlfunoltetna rcohqut.l.rllauten ingérer Lamyns!ieinaestleeompos.antpriocipatde l'hoite


~dlnstespaySOCCIOentauK,notammanl oup riseraumolns unecu ill er&eàcalé,maisurrevrala assantielledumuscadiar,qu i c011tiantéga lemantdu
chez lM pntonnrers, qyl na pauwnt sa procurer ivressenbssrtaunaOOsab&a.UCOU!lpluséleYé(t. satroletdel'augénol Àhautedosa,lascompoo-
ci'.W.dfo!l.Jes Ona,outeparlorsdalaOOxdamuscadaAtachrque santsdel'hurledemu$CitdasontsJIOI<rquaset
du bétel OOngereuxq<ùlsperturbentteslonclronsduoorpSau
porntdaca..serunOélrrehallliCinatorre.accompagné
&ng&r>ératOOIIIOient&smrgrarnet~,d'ar::cùdevert.ga
et de nausées.

~actMté

-
1 -dH pa!allèlas intéressants sur ta s.gnrhcatroo Les fleurs ou les boutons séchés du N. ampla sont psychotrope daN ampla est probablement
ntullt(ellamanrque)dai.Nympllaaadanslasdeu~ fumé$ Lerhrlomeastmangécruoubollrlli Les dueau~alcaloodreeprésentsdaM$8$rhtl!omas
~donnllntdttrr'ldlceS&urunemplo; boutonssont!!galemantbusenrntusron apomorphrne.nucrlénnae1nomucrlérrne
cmmt,..rooli<peet&urdévantuelsal1els

Qrlaapprisil yapauqu'auMexique.N amplaéta it


\llrilrMCOI'I'In'leurred rogueralaxanteetstlmulanta
•IUJ:puiiUntseffetsh.!llucrnogènes•

0.-jours.lesChrnant'<!ues.lesMazatèques. LesgrarrresdoM!ntélferamasséasparlapersonr18 Lescomposantspsychotropassont<lasalcaloidesde


IMirût~tesZapoltquesetd'autrest<ibus quivaêtrasoognéa.EIIessontansurtaécrasêassur typeargoline,lesp!lnapauxétantlel)lsergamrda
llllliMntltspetrtasgrar'18sronOaspourladrvin.u· unepierreàmoudreparuMvl&rge. Ortuéesdansda etl'oc.OOiysargoquetlydro.<yl\thylamrde,trflprochas
lroratlllmagie l'eau et filtrées. Lepatientbortcarem&dalanu ll dans dupr.rrss.anthallucrnogènaLSD

lllriiM'Birlilor$deléiMIIlllig4wlaSetvendu Leschamprgnonssor~tmangéstra rsou$échés Pcyanescensconllentt.2 "4 <1apsiloaneat0.6 .,_ de


-hlluernogèrreauxvovagaursdapassage psrlocybona,caquranlartlachilmpognonl\lltluano-
gèfl91aplusncrreanalealoidesdeœtypa

lM Monef'tOis et las Bo<:hrmans le fument comme Las bout011s !Jorau• et les feu illes sont tumés purs lt n'ex ista pas encore d'étude phytochlmique
.........,.ouauocéda!MduCitlllllb<S ouméla~èdutabac
- .-.-
La~pn>a~reauxlnoransjquatoriensLa llnexistapasanoored'éludeplrtiochrmrquedugenre
- " ' f ! lM \101er Petunia Laplantadonnemrtlasensatroodei/Oier.

_,
C.<*llll a été ou est IOI.If()UrS ut1hSé par les Indiens
Ou fiOI'd du Mexktua comme le peyotl (Lophoptlor~
La ch arr do cactus est mangée lrakha ou séchée Des ana~ rkentas ont prouvé la prés&nce

Srgnrlicalionrelig~~:~US~~atmythologrquetorsda Lacactuspeutétreoonsr;rmmécru.séché,anpurée Lepeyolloontrentll'squ'•30alcatordasdatypa


I'III.IMNrapeulrques_ ouenintusron létrahydrorsoqurnoltne.Latnmélhoxypllén'(lêthyla-
Aul ~UIIS-Unll, l'emplOI (lu peyotl est Oewou un Pendant une cérM!onre. on consonvne entre ....,,, mreux oonr~ue IIOUIIIe nom ela meecahne, est le
fllulibeM""'Ia QUête d'elCpérrances visronna~res 4 e\30 tétas pnncipal composant llallucrnogène

lt,_ntutiliséi)Oilrlloll tenaurenOMT Da 20/1 SOg du rhizome sont bourllrs pendant au moon1 Le rhizome content re. alcaloidas hsl~uonogèn~Îs
..,.t.pripatatronrf'Gn.alogruesdefayahuasca 15 mrnutasavac 3g da grarnesde 1\!ganum N, 111-DMT, Ma().5 DMT. buloténrna, ernst que de la
harmala,pursbus

Ltllhllng-laestuoeptantem6dicr""lebranconnue Lestleursattasractrressontutrlrséasparla Paanosaauneh.autatanauransaponrnas.LatO>:r·


tnCI'IInltl l semblequ'alleaitétêullhséepa rlas médec irreclllnolsa:lespremrèrasenusagaextarna Cltéatlasetletsha ll ucinogènesdush.llng·laiOflt
IOfdt,.poursesettetsllaltudnogènes uniquement. lusacondespourtra iterl'apoplexra souvent mentionn6sdanstesherbiaraclllnols.


lMtndrentd>antentpenOantlllcuerllattadaœ UndérM!idetryptamrneaétédécouvertdanst'E
r:ICilllt.~ilsattrtluenlune•grandepurssanœ tuglochtdiatus_

75
.UTILISATION

Ouboisial!opwoodiiF.vonMuell EnAustra lie,lesleu illesdupltcherésontutili séesdelaçon


31 ritue ll e,hédooisteetmédica l edepuisaumoons40000ar~t.

Rhyncosialonf}6ractJrnosaMart.etGal.: l lestpossiblequelesgrainesr~esetnollesdeplusieln
81 R.phaseoloides : R.pyramida tis(Lam.)Urt:J espèces de Rhy~~Cos ra aient été employé-es romme
ha ii LJCmogènedans l'aiiCienMexique.

Mucunapruriens(l.)DC Utiliséparlamédecineyajurltédiqueen lnOO Lesgratl"lesiOI"I


58 appréciêes corn me amulettes dans le monOO entier.

~
Pomme épmeuse Util isée, semble·!·~, parlesAigonquinsetpard'autrestrib.4
29 Stramoine commune
Datura lngrédientdesbooss.onsdesorcièresdansi'EuropeOu
(voirppi00-1 11) Moyen Âge.

Psilocybesemilanceata(Fries)Qué let '""'m,-


,,~
-,-
.,,.
-,~, .,-
,.,-
,, ,,. .
-:-,-
.,,-
,, -
,-000-
oo-
,~­
79
PsolocybelaiiCéolé
[tl Europecentm le . Lesnomadesalplns lemangeaientpo~~r
sespropriétésha ll ucillOgènes. ll falsaltprobabtememparlkl
desdroguesdessorcièreseuropéennes

~
Rapédos lndios Maquirasclerophylla(Dud<e)C.C.eerg EnAmazonlebrésilienne,les lnd iensdelarég iondePari<lna
55 utilisaoentautreloisteMaqurra

~
Corianatl!ymilohaH.B.K . exWIIId Utilisépardespaysanséquato rlens
23 '""'"'
Ill
Saguaro Carnegragrgantea(Enge lm.) SLJd-ouestdesEtats-UnisetMexique. Bienqu'i l n'existepas
18 Britt et Rose derapporleth~ogiquesuruneutitisationhallucinogène,lt
saguaroestuneimportanteplantecuratovepourleslncliens

~
Sauge des devin~ SaMadivrnorumEpLeiJat iva-M LesMazatèquesmexoca.insutill sentlaS.drvrnorum.qu"js
82 Hierb.ade lapastora appellent ~ herbe da la bergère• comme s.ubstotut de9
Hierb.aOO iaVirgen champignons psychotropes

Pipi iUintzlntli
(voir pp 164- 165)

~
Scopoliedecarmole Scopoliacarnioi/Cé!Jacq . Ceneherbe!aisaitprobablementpartledesingréd ientsde9
85 onguentsdessorcières . EIIefututohséerommesubstiiUI
delamandragoraanEuropedei'Esteta)outéeà labière.

~
Hermlasalicilolla(H.B. K.)Lin k et Otto Boenqualest roisespèeesdeHeimrajouentunrOtaimportant
36 dans la médecona trad~ionnella mexicaine. H saliclfol~ast
particutièrementpriséepoursespropriétéshall udnogè<las.

Brugmansüta/tlorea(l.)Lagerh Les8rugmansiasontutil1sésdanslesrégion s chaudesde


11 Flonpondio B.aurealagerh. ,B.insignis(Barb.· l'Amérique du Slld, surtou! en Amazonie occidentale. o~ on
Hu.acacachu. huanto Roclr.)Lockl'«lldaxR.E.Schult; lesappe lletoâ
12 Mak:oa.toà B. sanguinea(R.etP.)Don Las Mapuche du Chili et les Cliibcha de Colombie tes ut~isent
Stramoonesanguir10 B.sua"""'lens(H. etB. axWilld.)Bercht el lesHuacacachupéruvians les conna issant.
Tonga etPrasi. ; B.vttrsicolorlagerh. :
(voorpp. 140--143) B. lllilcanicola(A. S. Barclay) R E. Schu~.

76
SIGNIFICATION CULTURELLE ET PRÉPARATION ET MODE D'EMPLOI COMPOSITION CHIMIQUE ET EFFETS
IIUTOEL\JTILISATION

Dllllllet~téslndigènesd 'A.ustral ie,lep ituri L es f e url ies fe rrr~e ntéesson t chi quées, L~ts leurllesconliennentd r~ersalca lo l deapsychotro­
OCOJ!IIIIIIDI~œntraledeprodurtstomulant,de ~angéeslldesœndresvégétalesalcalr nes, pes (~!Ufine. nk:<1Me. nomoootine. anabasine etc.)
drvgutltlllgoqutrchamaflrqueeldepréoeu~bien desréslnes(pareKempledelarésined'acacia) Dans les raones. on a troiMi de la nomieotrne et de
~. Lepnunestmkhécommenarcotrque, etd'autres subslanctl$ tascopolamrne.Lesleudlesmlchéespeuventavorr
........,.llproducteurde~(dreamrngs) deseHetsnarcotiques.sumulanlsOilhalluc:wlogènes

CMz les lrxHens dOaxaca, los gram es po rtent ill LH résul tai$ de l'enatys.e piY)'Iochrm>que du gotliB
mêm e nom que ceux du ..otubil is Thrbina corymboslt Rflym:hosia ne sont pas délinotrfs. t..:une des ~tspèœs
CO<llientunalcaloi'deauxeffetsprochescioceuxdu
eurare.DesexpérreneespharmaC<IIogiquesavecR.
phaseokNdesontprcrvoquéunétatsenM·na.wllque
ctlezlesgrenourlles

C.~tl'ibusen l r>del'ontpeut-être ut rlr !;épO<.rr Lesgrainess.ontrédu r tesenpoudrt:l•~re la Bien que Moc"na ne soit pas consodér• comme
-~tM ~yehotropes Mucunay est aussi DMT f\écessalrallla fabrication d'analogues de Mllucinog&ne,llutriehee n alcaloidespsyctrotropes
OOIIIICMr•oommeapOrodis.aqoe l'lf1'/ahuasca {DM T etautres)capa~esdaprowquerdes
changement$ du C<lfnportement. C<lnlPillllbln aux
eHetsdesubstanoest>allucrnogènes

......
RIMNIII ..IIques;ingrédrentsdebreuvagesde tls.epeut quelesracrnesdalaponvrreéprneUS<~
sote m ut rlr séesdan.slaprépa rationdelaborsson
ha ll uc ioogène Wy!IOCCan

lllchlrrnont mangées (lans le monde entrer pour Lescharrs sorrt mangées lralches 0\l séchées La AVfl(:untau•élev6depSrlocybrne . ...,peudepùo-
lllntlltlfiDrtemenlhallucanclg&nes dosepsychédél>queesldettuntachamprgllOils crneetdebêocyetrne.laconcentratronenalc.aloiOOs
lrars0\lenvlron3gdochairssé<:tr&et r&préstmte envrron t ,_, de ta mane Mette, ce qur fart
deœdlamprgoonunpu r sS<~nt n&llucmogèoe

._.pi)III:Qêtaitpriséelorsdecén!lll0f1resùobales App.a remment,seuls lesanC>OnssaSOIN"-'"nentdu M.sciflrophyllanapasenooreétésoumiallrune


modedep<éparationdufrurtséeh6 anatysectumrque

O.rilcentsrapports~nantrtrypothèseqoelr! Lelnrttestmano' Lacomposrtionchtmrquedelaplanten·"tpasen·


kurt-.wtr~êl6coosomrnépourprovoquerune corebrencoronueSerrsatrondeltMtatronourmpres-
erondo volertrèsllautdanslesarrs

l'lll;rltl8er1, Indiens da l'Etat mexica in de Sonora. Le lrurt cio carnegra est appnkié comme denrée
Conlient desalcaloidespOarmacotoglquemontactrls
.. uguaro•telfocace eonù&lr!s rt.umatsme$ alimentarre OIJ pour larre du vin qurpeuventinfiuerwrlr!p:sycflosme.c.amégrne .
norcarnégrrreettrydroxy·Scamégrne,...-.s;quede-s
traœsdeméthoxy·3tyramwoeetlenouvetalcaloQe
_____, __ .,.
_ (unebas.et•trahydroqulnOirfiiQIMI)

lll Mazatèques d'Oaxaca la cu ltrvent pour ses Les feuilles sont mâchées l raiches ou rkrasées La princrpa la substance actr~e, la sal\' rnorrne A. peut
~HMlluQroogènesutlllsétlslorsderi tuelsde diluéesdansdal·eauellrltré<ls déc!onche r deOOentasnal lucinatioosdètllnhalatk>n
(twra!IOn~sée..,.rusemi:Jiablementlorsquele• d'urredosede250-500microgranvn81
w-"'lfQnanèca!IO\ld"ololruquosontrares

EnlJuanieet&nLenonie,laplanteaétéutilis&e La racine est a)ootOe a la bière t..:herbe a&cMe peut LaplanteentiàreCO<ltlentdesalcaloTdesdetype


(l)'llfllllapl1rodislaqueetphlltred'amou r lltre fumê&puraoumé langéelld'autresherbes. t ropa~.lortementlla ll ...clnogènes . dontsurtout
delahyoscyamineetdelasoopolaminfi.Enplus.
onarsolélacournarrnescopolétrne

llrlnquede.~me:.-ocarnspar1entdos Dans l&s réglons montagneuses du Mexrque. ln Contientoesalcalordosdetypequrnolrvdrne,dontla


IO!cttturrliiiUI'IIDesduarnlcurchr.taptamene letrilteslêgèremomlanéessontêcrasêesdansde cryogêntne{-tine)èlaquelleondoilpeut-être
Mf!'lble JMII he consomm&e lors do ritools ou de l"eau.puistermenté<lspO<.rrdonneruneborsson l'actionpsycl>otrape.Laboissonp<OYOQU8deS
~t-Certamsrndigènessorrtpersuadé-5 vart iges,uneagréa~etorpeu r etlasentationque.
quelttrnoculc:hitesillde•sesouvenrr l'tnvrronnement sOOaeurtitetrétréciiEII&
d'~ISancrens.parloosmêmepréflatals engendreparlorsdeshducrnatiOflllaudrhves:on
entenddesvoo:etdeel()ftlldéformêsqursembl&nt

L•lndltnldelavalléedu$ rbund<:lvu1 rlisentles Lesgrainessontgénéral&mentpulvérls&es,purs Toutes les espèces de Brugm<Jnsias.e ressemblent


~i.tdaosunt>utmagooo·t hé rapeuhquo,los ajoutéesàdesborssonsterment ées.On taitu ne Chlmlqoome nt, même les variétés comportent le
Mlpucheconvnemédrcart1(1rltpourlesenlants inlusrona.-ecleslooilles molnl dalcaloideSLt<;rp!'lncrpale<:>mpONintpsycho-
***~ Autreto;s,ln Chrbcha larsa-! bcrrrede tropeestlascopolamrne LesBrugmsf!Aisorrtde
.. <:~Hctwler<l*lt.. auxtemmesetawtosdave.des dallgereuxhalluorrogèoes.L:ivresseestiiOIM!ntsi
r::l*'dt!UI1t..pourle$randr•têlhargrquesavantO& vrotente.quelecoro50n'lf"l"lateurd0itêtreretenu
ttumtrrtr v.vantsaveoc leur man ou leur maitre jusqu"llrœquawrvrenn&uneprolondeléthlrgie
accompagnêede~rsions

77
N"AEF . UTILISATION
HISTOIRE ET ETHNOGRAPHIE

~
Tabemaemomanat:t:JIIooldes8ojer LAinqueeti"AménqueduSudsonlrichesenespècesdu
89 811DC.:T.crassaBenlh.,Tdlcholoma ge<~re Tabernaemot~ranus. En Alnque, qoolques espioeel
Rolo;b.: TpandacaqtJ>Poor oo ENaiBIJitll semblent(l!reuhhHHdep..sloogtempspiuleschamansll
pandacaqu~(Poir)PdiO<l laméde<:•nerraclilooonelle

~
Tagètelursam TBg<>tesi!XIdaCav. Les Huichol du Ma~Jque apprécient le tagète comma piaille
91 Yahutli cé rémome ll epOUrsespropri été slla l luc~r'lO{Iè<les

~
Taique 06stomainiifspmosaAu lzetPav Srgna lé comme hllllucinogène au Chili (taiqoo) er 8f1

!r 30 Borrachero Cdomb<edusud(bonacherOI

~
/-lellcvslyl<speduncu/a!a8eAOOS! EnGuyane.lel.aklnleslunerbresacré
38 H. torneniOS.a(PetE.IMacbnde

Ccnoc)tle~Hetm.PanMOII.<s
22 Cooocybe,lamu [ïJ sphlnclnfi<IS(Fr.)Ouélot.Psubbaneatus(Fr.l
0epu1Sdeslllkles,lecuttedechamprgnonssacrésesl
enraCiflé!Jansl;l!radri>OOdetlndoensd'Aménquecenlr&le
Panéoledulumief B&rk.etBroome.Ps/locybellcutiSSrma Les A.zlèq..e$ les appetaient teonankarl. Les Mazarl!quet
64 She-to.To-shka He•m : P azrecorumHeim, P caarulescens etlesCh•na.nrèquesaunortl--ouestd'OaJCaca.nomm&ntle

65 "'""''
Psilocybe
HoogodeSaniS<dro
Murr.var.alb!daHeom ;PcaerulescansMurr
var.mazatecorumHarm;Pca6rulescans
Murrvar.ombrophilaHeim;Pcubansrs
PanaacluSSphlrl(;lr<nll!ll· hll·llll·!la,to-shka(•champognor~
enivrant .. )elsha-to( • champignondepâturage•).ÀOa~<~e~
onappetlelePs•locytHtcubansishongodeSanlsrdroerl!fl
76 PS<Iocybemexocarn eane ; P m6xicana Hetm . P m•xa96nSIS langoomaJ:atèque,ond ,! di-shl-tjo-le-rra-ja(«drvrn
(VO<rpp156-163) H<J<m. P semperv.vaHeomerCadleoJ•; CllamPI'Jf'l<lndulumoor • J
78 PWi1ssonUHeom,P}'IHig6'tSlSSrfi{IBf
PzapotBrorumEarte

~
DalurainnaoaMrll. • Orbsoolor8ernh D.l1lll<lll4, COrlrlU81.1SSiiiOUS ienomde 0 meteloldes,es!
27 exTromms.;OkymatocarpaA S Barclay emplojéauMexiQUeetdarts lewd-ouesldesÊtats-Unr5
Oalu•a D pt1Jl110SaG<eenm, D. ~lolia
(voorppl06-- 111) H.B.K .D.reburraA.S Barclay,
D.wrlg!IWRtlgel

52
Vessa-d-e-loup
Gi-i-s.a -wa [ïJ Lycoperdonma rgmMwnV in
L mixrecorumHe im
LesMoxlèquesd'Oaxacaseplongentdans-.nas.ortede
dom r-sommell grAce Il deux aspèces de Lycoperdon. Catte
Gil·i·wa utollsaHon~~t~S9miJiepas êtra l iéai\u119eétémonle

~
~ngaafricaMSI.ap!:Vbracreata EnAfnqu& . pluSiaU.-espèoosde~ngasoniUI. . . .
97 """'"'' Stapi , VlkegerE.May; Vgrandiflora
(Moq .)Roffe
depurs des lamps immémoroaux comme halluanogènes.
aphrodoSIBQ..e$ al remèdes

24 .....
Wichurr
~ [j] Coryphantacompac1a(Eflll&lm)
BritterAose
,. L""'Ta•ahumar!ISduMexoqueconsoderenrCcomp.ac~.a,Qiflt
appellen!wictlurr.maJ& ai.ISSib.akanaoobakanawa.~
unesorradepeyo!IOOhik<Oii(voorP9yo11)

~
Caf/Sillpinla sepiari<!Roxb. Chi~~t~:Ti bete!Népa l pOUrsesvertusmédrcma les
15 K C.decapetala(Rolh)Ais!on

~
CJJiaazaca!ectuctuSchlechl Blenqli!.lré!)andueduMexrqueauCostaRica.laplante
16 Tllle-pelakano n'auraolétéu~liséequeparlesChontald'Oaxaca

7R
SiG~IFICATIONCULTUAELLEET PAÊPAAATION ET MODE O'E~PLOI COMPOSITION CHIM IQUE ET EFFETS
9UTOELUTILISATION

~laiiiJCillss<J&Siuonnar<:OIIQuepourla LesgmnesdeT.d!chotomasomulthséespourleurs LaplvpartOesespècescontr&flflllntdesalcaloides


mM~~mttttnoquec»I'AtrlQuetlei'Ouest. alletski!IUCinO!}èOO$ Onnesartquepeudechoses detypeibogarne(perexempledelaVOIICIIngone)_q.~r
t~l~6 emploréentndeetauSnLanka dace genre intéressant peuveotavoordeSellatslortementMMLJCIIlOgènas
pcu'I8Spropri616s psycholropes

Parlol&tuméseul,parlolstumémélangéàdutabac Onn'apas osoléd'atcalordet, mars toutlegooreest


(Mcobanarus!JCB) roeheenhurleaH&entrelleaetendérillésdalhoolèna.

IM~dettnbuskams.ébolverlluone UnerntuSionestpréparéeàpartndesfeulllesoudes On ne &a~ nanencoredelaCOfrrpQ:SIIlon


"'*'"tiMieullleSpOUrdlagnosiiQuefune chomoq.,.de05plflf16a.ladrogooprQ'IOqlle
...-:iiiOUpllllfPI'O'IOQUII<des•rêves • OesvosoonseiCII'talnsgué<Jsseursafform&nlaVOirété
passagérententlrapp6sdelohesousson8fl1l'ÎS!!

Unesubslancelligèremooltonqueetenrvranteest Aucunesubstanotspé<:•hquemer1thalluanogènen'a
préparéeavecla•sève•rougedel'écofce puètreisoléelo!$del'anatysectwnoquadelaplante


IJulllmythOiogi(!ueetaacr6 Lect>o<xd\Jd1amp0gnondépenddugoi'Jtpersonnel Lespnncipalaa lkJbstaneeeMUucmogèoossontles
UI*Mr:lero~jourseod<~< nation el lors de ntll&ls du chaman. du but de la cérémooie et de la saison alealoidesim:tollqUBllfMiiklcytrinaatpsi tocine.Les
PITHl>'..:ana,Qu ilartpartie desespècestargement champlgnoosséchéscon ti anll!lf11de0,2à0,6 % de
lJCOIIIIÇ!aYeCiechrostianismeoulesodées prélérées. peut être vu comme le champignon u.cré psllocytllneselon la&aspécesatunequant•témom-
modfmur.esemtM~savoorallecté laprolonde par exc&llenca . Lors d'une cérOmooie. on consomme dredep$•loclne llsprovoquantdesha ll ucinations
~tiorl(llllcaractérlsaleritadeschamplgnoos antre2at30champignons, selon lesaspOc&s. aud •tivosetvt&Je ll es,lorsdesqoollasleréve
IMpeoutquedesPsilocyb#lsottmtut•liséschezlos llssontsoit rnangés lra•ssoit écrasésetbusen devient réalité
~de i 'Amazomepéruvienne pour
-•'-cletlvreueahalllltlnatOires

--
DNitJMIII(II(IalutlltliiMpar iN Azt6ques etd'autres
l'tdil'ldiWW'M comme plante curattW et comme

1r'9'1" peu proooq.,.r dn hallur:>natoons audotrves.


LesTarahumarasaJOUtamlaOinnolrlllàleurboèreoo
mars.llsubhsentlasracmes.lasl&urllasetles grarnes

Leschampognoossontmangés
LacompoSitronchornoqoodeloutesteses.pècesde
Oaturaserassemble LesiWb&tancesactriOssont
desak:aiOodel detypelropanof.dontlahyooscyamrne
et la SOXJI)Oiarnon&, cette dernléfa lofmant la compo-
santpnncopal

Pourl'rnstant.aucuonell)(phcatoonphylochrrnoquan'a


.. danner_.au~sorc,....•ndienslepou'o'(Mrde ététrowéepourppl~querlesell&tspsychotropesde

tiCIPfOCI*dno-r~~sansétrevua elde les rendre la plante

lM gr.- œ dilt.lrefltes espkes de ~ot~acanga Onrng,èresootlesgraones,sootfécorœdediveroos De nombreuses npèces contiaMent dus ak:alokles
JŒ11contQtllll'rMipl.rde$10fQBrsah1carnspour espèœsde~ng;~. onctoloqUMpsycholropes,surtoutdelavoacangrneet
IJIOI'O(!Utfcleti'UIIOO& dela'IOIIICimone,toutesdauxapparentéesltl'•bo-

1Ju1111116rapeu11Que. Con10mmépa•les chamans LapartiaS<JpérieuraastmangOOiralcheouséd+t COn~entdiVilf& alealordes,clontd&spMnéttryta­


oomme..nedrOQlltPI'•tsanta Lecactusastc•~ • nt La closeectivaastde 6/1. t2cactus mloos Des •é&Jitats promeneurs laissent presager
llrespec16pa•laslndlans unaétvdeplusapprotondledugoor&darll l'avenir

Unusage~de$11aurspermtlttrelt • une Radnas, llaursetgranes L:étudade laplantaamllltjourunalcalo•de inconnu


'*-'llltlOn&luoocommunocationaveetasesprits•. Laplus anciOnharbiarchrnoisindiqueqoo .. laslleurs
flem6dll~l··· permettantdevoirdnespnts.•

-
UtrloMtnmédaclllBiradotlonnello.aurtoulcomma
oomme astringant eo cas da
jUVI~ItiMbnflJ!IIIII
Unarnfusionastprépar9eaveclesfeuill esécrasOOs
at s6chées at consommée comme 1\i!Uucmogèna
Leplantacontientun91caloldeancorainconnu,a insi
quedeslactonessesqu•tarpènes

79
Les principaux hallucinogènes

!.cs principaux lullucinog(·ncs mention- cipaux hallucinogènes de l'Amérique


nés dans le lexique seront traités en dé- du Sud.
to~il dans les chapitres suivams. La plu- L'arch(.~logie a permis de retracer la très
1
~~~~;Ï~~o l,is:J~~eti~~ ~:~~~~m:~~b~~~~~l~;
pm de ces plantes 0111 joué ou jouent
encore un tel rôle dans la vic sensorielle,
physique ct culturelle de certaines so- le principal h.tllucinogène des Andes
ciétés primitives <[u'il est impossible de centrales.
les ignorer. Quelques-unes prêscntcm L'iboga est uti lisé en Afrique au cours
un intérêt particulier d'un point de vue de rites initiatiques. L'ivresse qu'il pro~
bouniquc ou chimique. voque permet de communiquer avec les
Ammnta muscaria, l'amanite tuc-mou- ancêtres. Son usage, qui s'étend aujour-
~:hcs, un des hallucinogènes les plus d'hui au Gabon ct au Congo, est devenu
:anciens, est connu dans les deux hémi- un facteur d'unification culturelle entre
sphères. Bioc~in~iqucmcm, elle rcp~é­ k·s populations.
scmc un cas uncrcssant, car son pnn- La boisson enivrante préparée à base de
cipr actif est éliminé par l'organisme IJ111risteriopsis occupe une place primor-
de f.1çon atypique, s.111s avoir été méta- diale dans les cu ltu res de l'Ouest am;t-
bolisé. zonien. Connue au Pérou sous le nom
l'emploi du pc) otl, Lophophora u·tl- d'ayahuasca (•liane de l'âme • ), elle per-
ll.lmsù, remonte à une haute antiquité. met à l'ime de quitter le corps pour cr-
Cc co1ctus psychotrope du Mexi<JUe est rer l_ibrcrncnt ct communiquer avec les
aujourd'hui très répandu; on le trouve espnts.
JU~ États-Unis (Texas), où il est à l'ori- Trois différents types de poudre à priser
~ine d'une nouvelle religion indienne. jouent un rôle important dans certaines
Au Mexique ct au Guatemala, l'util isa- cultures d' Améri<]Ue du Sud. L'une, uti-
tion religieuse de champignons, appelés lisée dans l'Ouest ama7onicn, est prépa-
tconan:ic.ul par les indigènes, faisait déjà rée avec un liquide semblable à de la ré-

~~~~l~~:~ lad~ic l1ult~~~~~~~~s ~:~~~~~~~~~


sine, tiré de l'écorce de diverses espèces LelécythedelaGn3ceanhque
de Viro!d. Les autres, faites avec les grai- étailunrécipient sacrérempli
Leurs substances psychotropes présen- nes d'une espèce d'Anaden~mhera, sont d'huilesaromatiquesquei'Oflpla·
tent des structures chimiques tout à fait employées dans I'Orénd'ffuc, en Ama- çM soit à c6tê des lits de mort, soit
inédites, jamais observées dans d'autres 7onie et en Argentine. à c6té des tombeaU)(. Sur ce vase
plantes. Nous parlerons également du Can11ab1s, (450-425 av J.·C.), Triptolème
Les gmines de plusieurs sortes de courOflnéllentlegraind'Éieusis,
cc très anc ien hallucinogène d'origine
une graminée vraisemblablement
convolvulacées sont tout aussi impor- ;tsiatiquc, aujourd'hui utilisé presque parasitée avec l'ergot de seigle.
IJntcs ct d'un usage aussi ancien. Elles partout dans le monde. Déméter ou Perséphooe verse une
som encore employées dans le sud du Le pit uri est la principale substance psy- libation sacrée, préparée avec le
Mexique. Leurs composants actifs, d'un chotrope consommée en Australie. grarn infecté. Le bâton de Trrpto-
~rand intérêt chimico-t.txonomiquc, ne lème sépare les deux personna-
se retrouvent <Jue dans quelques cham- ges dont l'unicité est cependant
pignons de bmillcs différentes ayant soullgnéepar lescéréalesetla
probablement servi d'hallucinogènes ooope.
d.tns la Grèce antique. L'ergot de seigle
PageBO~ Cette mandragore a été
enfôiit panic. gravéeaudêbutduXVIII•srècle
La belladone, la jusquiame ct la mandra- parlecélèbreartistebâ~sMat­
gore comptaient parmi les principaux thâusMerian.
ingrédients des breuvages_ de sorcières
dans l'Europe du Moyen Age. Elles ont
cxrrcé une grande influence culturelle ct
historique.
Le datura a joué un rôle important
d.ms les cultures indigènes des deux
hémisphères. Son proche parent, le
Hrugmamia, est toujours un des prin-

81
Le soutien des cieux
(lesnumérosrenvoientau lexique.
pp. 31 -60, les noms vernaculai·
resren110ientauchapitreRésumé
de l'usage des plantes psychédéli·
ques,pp.66-79.)

P.83enhau/:Gravuresurpierre Le soma, narcotique divinisé de l'Inde dam deux millénaires. Cc n'est qu'cn
représentantunchamandesmon- ancienne, occupait tme place primor- 1968 que des recherches interdiscipli-
tagnesdei'AitaienAsie. diale dans les cérémonies religieuses des naires aboutirent à la conclusion, une
Aryens qui, il y a 3 500 ans, descendirent vaste documentation à l'appui, que cc
P. 83 à droite: !.:amanite tue·mou- du Nord vers la vallée de l'Indus, en ap- narcotique sacré était un champignon:
ches(Amanitamuscaria),cosmo- l'Ama11ita muscaria, l'amanite tuc-mou-
portant avec eux leur culte; les envahis-
polite, estpresquetoujoursasso-
ciéeaumondedesfées,aux
seurs révéraient cNte drogue dont ils ches. L'Ama11ita muscaria est donc pro-
universparallèlesetauxpratiques buvaient un extrait au cours de leurs ri - bablement l'hallucinogène le plus an-
chamaniques. tes les plus sacrés. Tandis que la plupart cien ct certainement aussi le plus
des hall ucinogènes étaient considérés largement employé.
comme de simples médiateurs, le soma Le curieux usage hallucinogène d'Ama -
devint une divinité à part entière. 1/Ùa muscaria est connu depuis 1730. À
D'après le Rigveda, « Parjana, dieu du cette époque, un officier de l'armée sué-
tonnerre, était le père de Soma"· doise, pendant douze ans prisonnier de
«Pénètre dans le cœur d'Indra, siège de guerre en Sibérie, apprit que les chamans
Soma, comme les ri\·ières pénètrent de certaines tribus utilisaicnt l'amanite
tue-mouches comme substance eni-
vrante. Cette coutume s'est perpétuée
en Sibérie parmi quelques groupes dis-
persés de Finno-Ougriens. Certaines
traditions laissent d'ailleurs penser que
d'autres ethnies de cette vaste région fai-
saient aussi usage de ce champignon.
Les Koryak racontent cette légende:
Grand-Corbeau, le héros de cette cul-
turc, captura un jour une baleine mais
ne parvint pas à reporter l'animal si
lourd dans la mer. Le dieu Vahiyinin
(qui signifie «existence ,.) lui ordonna
de manger des esprits wapaq pour ac-
quérir la forcc dont il avait besoin. li
cracha sur la terre ct de petites plantes
blanches (les esprits wapaq) apparu -
rent.
Une fois qu'il les eut mangés, Grand-
Corbeau devint très fort ct il supplia:
«Ô wapaq, poussez à tout jamais sur la
terre.,. Il ordonna ensuite à son peuple
de s'imprégner des enseignements des
wapaq. Ces esprits sont les amanites
tuc-mouches, cadeau de Vahiyinin. ·
Leschamanssibériensportaient dans l'océan, toi qui plais à Mitra, à Va- Avant l'introduction de l'alcool dans la
descostumesmagnifiquesàsigni- runa ct à Vay a, soutien des cieux! ,. région, les champignons y étaient le seul
ficationsymboliqueetdestam- "Père des dieux, géni teur de la force moyen connu de provoquer l'ivresse.
boursdécorés.Cesdeuxgravures mouvante, soutien du ciel, fondation de On les faisait sécher au soleil pour les
représenten t,degaucheàdroite, la terre." consommer tels quels ou en décoction
deschamansdesrégionsde
Sur plus de mil le hymnes sacrés que dans de l'cau, du lait de renne ou du jus
Bratsk et du Kamtchatka.
comporte le Rigveda, cent vingt sont de diverses plantes sucrées. Quand on les
exclusivement consacrés au soma. Mais consommait secs, on les humidifiait dans

~~ ~~~1~ttr~~:t:i:~~~~~:t~~~~~~~u;~~~~
1 sa bouche ou on les donnait à une femme
qui en faisait une boule avec sa propre
taux, pas ou peu psychotropes, la rem- salive, puis on les avalait. L'emploi céré-
placèrent. Le soma n'en demeura pas moniel de l'amanite tuc- mouches donna
moins une énigme ethnobotanique pen- naissance à la coutume de boire de

82
l'urine. Les Sibériens avaient en effet dé ~
couvert que les principes psychotropes
du champignon passaient à travers le
corps sans être métabolisés ou étaien t
éliminés en métabolites encore actifs,
f~it exceptionnel pour des composés hal ~
lucinogènes d'origine végétale. Dans un
~ncicn récit, on peut lire ii propos des
Koryak: ..: Ils versent de l'cau sur ces
ch~mpignons et les font bouillir, puis ils
boivent l'infusion qui les enivre; les plus
pauvres, qui ne peuvent sc permettre de
sc constituer une provision de champi~
gnons, se rassemblcm autou r des huttes
des riches et lorsque les invités sortent
pour se soulager, ils recueil lent leur urine
Jans un bol en bois et la boivent avide-
ment car el!e a gardé quelque chose des
\'Crtus du champignon: ainsi, ils peuvent
s'eniwerégalcmcnt.•
Le Rtgveda mentionne clairement la
consommation d'urine au cours du rite
dtdié au soma: .. Les hommes gonflés
pissent le soma qui déborde. Les sei~
gncurs, la vessie pleine, pissen t rapide~
ment le soma ... Les prêtres pcrso n ni ~
fiant Indra et Vayu. ayant bu du soma
dans du lait, urinent du soma. Dans les
poèmes védiques, l'urine n'est pas un
objet de dégoût, c'est au contraire une

~~~afa~~~ee :C~~:d:r~i~;: s!~n ~~~~~a~~~


ides jets d'urine par lesquels les nuages
ferti liscmlatc rrc.
Quand l'ivresse duc à l'amanite rue-
mouches est forte, les sens s'en trouvent
perturbés. Les objets de l'environne-
ment proche apparaissent soit très
gnnds, soit très petits, des hallucina-
tions accompagnées de mouvements in-
contrôlés ct de convulsions surviennent.
• D'après cc que j'ai pu observer, des ac~
cès d'intense joie de vivre alternent avec
des moments de profonde dépression. La chimie de l'amanite tue-mouches
Celui qui a absorbé le champignon est
p.lisiblement assis, il sc balance douce~ Il y a plus d'un siècle, lorsque Schmiedeberg et Koppe isolèrent la
ment d'un côté à l'autre, il prend part à muscarine d' Amanita muscaria, on pensa qu"il s'agissait du principe
la conversation familiale. Soudain ses actif de ce champignon. C'était une erreur. Eugster en Suisse et
yeux sc dilatent, il commence à gesticu ~ Takemoto au Japon ont récemment isolé racide iboténique et l'alca-
1er convulsivement, parle avec un parte ~ loïde muscimole, responsables des effets psychotropes de l'amanite
naire in\'isiblc, chante ct danse. Puis sur~ tue-mouches.
~icnt une nouvelle période de calme."

~~fea~:~~~~~~~Ï:~~;cc~n~::e h~~~~i~
0

83
........, .
Adroite : L:amanile tue-mouches,
souvent crainte à mauva1s escient,
est appréciée en friandise porte-
-. ~
---
bonheur.

_; __

Ci-Cessus : Le jourde la Salnt-Syl- nogène en Amérique cemrale. Elle la signification magico-rcligicuse df


vestre,despiècesd'artificesen pousse dans les régions montagneuses l'amanite ruc~n10uchcs peut être rctr~­
lorme d'amanite tue-mouches doi- du sud du Mexique ct du Guatemala. cée jusqu'à nos jours chez ccm.incs
ventgarantiruneheureusenou- Les Mayas du Guatema la, par exemple, cu ltu res nord-américaines. On a trouvé
velle année. ont reconnu ses propriétés; ils l'appel - des indices d'une utilisation hallucino·
lem kakuljJ-ikox (« champignon de gène de l'Amanita mu.scaria par les
En haut à droite : Un livre pour
enfants allemand, M6Cki et les sept
l'éclair ,.) et l'associent à Rajaw Kakulja, Athabaskans Dogrib des monrs Mac·
nains, montre ce qui se passe le dieu de l'éclair. C'est lui qui gu48'e les Kcnzic dans le nord-ouest du Canada,
lorsqu'on fume des amanites actions des chacs, nains faiseurs de pluie
tue-mouches : les esprits du plus connus aujourd'hui sous le nom
champignon apparaissent. chrétien d'angelitos. Kakul, nom quiché
d'Amanita muscaria, rappelle son ori-
En bas à droite: Il se peut que gine légendaire, tandis que le terme itze-
l'amanite tue-mouches fut iden-
llque à la drogue suprême vêdique,
le soma. De nos JOUrs, l'Ephedra
~C:ha~n;~~~~e ::~léfi;~;oi~usaJ~b~~
gerardiana est appelée somalata lique • . Dans les deux hémisphères, le
(plante soma) au Népal. Elle n'est tonnerre ct les éclairs ont été depuis très
pas hallucinogène, mais néan- longtemps associés aux champignons ct
moins très stimulante. plus particulièrement à. l'Ama11ita mus-
caria. "Quoi qu'il en soit, les Mayas
quichés ... savent très bien que l'A ma-
nita muscaria n'est pas un champignon
ordinaire ct qu'il a des liens avec le sur-
naturel. ,.
Les premiers hommes à s'établir en
Amérique venaient d'Asie après avoir
traversé lenremcnt les régions du détroit
de Béring. Les anthropologues ont re-
trouvé en Amérique de nombreux traits
culturels qui dénotent cette origine asia-
tique. D'après des découvertes récentes,

84
Agauche: Une chamane du
Kamtchatkaconjure!'amanitetue·
mouchesquivaluiservirdedro-
gue rituelle pour voyager dans la
réalité parallèle.

où elle conslitue un sacn::mcm chama- vision, je m'élève, boule de graines éda- Ci-dessus: Le lutin Tengu avec son
nique. Un jeune néophyiC 1émoignc tam dans l'espace ... j'ai cham é l'air qui visage rouge et son long nez est
quelechamanl'a •aurapé ... • Jcn'avais fracasse l'univers ct l'air qui fracasse le cons1déré au Japon comme l'esprit
plus de volonté, plus de pouvoir sur chaos, ct j'ai été damné. j'ai été chez les de l'aman1te tue-mouches. Oui-
moi-même. Je ne mangeais pas, je ne morts et j'ai assailli le labyrinthe . .. conque mange de ce champignon
appelébeni-tengu-dakepeutle
dormais pas, je ne pensais pas, je n'étais On a découvert très récemment que
rencontre r.
:~~~~~~=r 'k:fgj~~w~;i~~~~fsh\~~~~
plus dans mon corps." Après une autre
sé.mee, il écri vit:" Purifié ct mûr pou r la En t>.as â gauche : Le mythe du
bcg, Indiens du lac Supérieur dans le soma véd1que est encore vivace :
Michigan. Le champignon est uti lisé ici. un bar dans unhOtelde luxe à
cornrnc hallucinO):\ène sacré au cours Delhi.
d'une cérémonie annuelle très ancienne.
Il est appelé oshtimisk wajashkwcdo
(•champignon au sommet rouge »).

85
8 ~7a~:e Les herbes magiques ·
40 7u~~~~~us
41

Ci-<Jessus:Cettevariététrèsrare En Europe, plusieurs rcprésemames de L'atropine a servi de modèle aux chimis-


d'Atropa bel/adonna, var. lutea a la famille des solanacées som associées à tes pour réaliser la synthèse de plusieurs
des fleurs jaunes et passe pour la sorcellerie depuis l'A nt iquité. Elles ai- composants hallucinogènes. Leurs ef-
être spécialement efficace en ma- daient les sorcières à provoquer des mi- fets -et ceux de la scopolamine -som
gie et en sorcellerie. racles occultes, à prédire l'aveni r ct à différents de ceux des autres substances
exercer leurs pouvoirs en établiSiJ'It une psychotropes naturelles: ils sont extrê-
À droite: l es fleurs en forme de
clochette de la belladone sont ca·
communication avec le surnaturel grâce mement toxiques. L'usager ne se sou-
ractérisl1quesdessolanacées. il des hallucinations et en se transportant vient pas de l'expérience vécue durant
dans des lieux très éloignés pour y cxcr- l'ivresse, il pe rd tout sens de la réalité et
P. Blen haut à gauche:On ne voit eer leur;U"t. Ccs plantesétai entesscnti cl- tombe dans un sommeil profond.
querarementlesfleursdelaman- lcmcnt la jusquiame (Hyoscyamus ni- La jusquiame était connue ct crainte dès

f:r~;~,~~~~~r~"{i::;J;;g:~~la:;;;~~;~
dragore (Mandragora officinarum) la plus haute antiquité. On su rapide-
carelles disparaissent après une ment qu'il en existait trois variétés dom
floraison très courte. rum). Les trois espèces ont chacune une la noire était la plus puissante, pouvam
longue histoire d'hallucinogène ct de engendrer la folie. En 1500 avant J.-C.,
P. 87en haut à droile:Jadis, on
~~~teg/s~~~~,i~~t!~~~1is:~i~~~ /eafa~~~
YO)'Bit l'œil du diable dans la fleur
plamc magique. Leur extraord inaire ré-
de la jusquiame noire (Hyoscya- putation est due avant tout il leu r cu-
mus roger) à cause de sa couleur rieuse act ivité psychmrope. Leurs effets quiame. Homère décrit des boissons
caractéristique et de son dessin lrès voisins s'expliquent par une compo- magiques dont les effets laissent suppo-
incomparable. sition chimique presque iden tique. ser qu 'elle en était l'ingrédient principal.
Ces trois solanacées présentent des con- Dans la Grèce antique, on l'utilisait
centrations assez élevées d'alcaloïdes de comme poison, pour simuler la folie et
type tropanol, dont les principaux som pour acquérir des pouvoirs prophéti-
l'atropine, la hyoscyamine ct la scopola- ques. JI est probable que les prêtresses
fc:r~·o;:~~ché~ ~s ~~~hf~nh~~~~;ç~~e~~
mine. On y trouve aussi des traces d'au - 1
tres bases. L'activité hallucinogène est
apparemment due à la seule scopola- fum ée de graines de jusquiame. Au
mine. !;ivresse est suivie d'une narcose XIW siècle, d'après l'évêque Albcn le
liVCC des hallucinations il la limite de la Grand, elle était employée par des né-
conscience et du sommeil. cromanciens. Ses propriétés analgési-

86
ques som connues depuis des temps im- La chimie de la belladone, de la jusquiame et de la mandragore
memoriaux. On l'utilisai t pour sou lager
les souffrances des suppliciés ct des con- Ces trois solanacées contiennent les mêmes principes actifs: tes
damnés à mort. Outre son action cal- alcaloi des atroj;jine, hyoscyamine et scopolamine, ainsi que quel-
m~me, la plante possède la faculté de ques autres alcaloides en faible quantité. Leur concentration varie
proi'Oqucr un oubli total. Mais c'est selon les plantes. La belladone contient surtout de l'atropine et de
comme ingrédien t des o nguents de sor- la hyoscyamine, mais peu de scopolamine. alors que c'est Je compo-
cières que la jusquiame est la p lus sant principal de la mandragore et de la jusquiame. Ces alcaloïdes
connue. sont présents dans toute la plante. en concentration élevée dans les
Desjeunesgcnsqui voulaient être adm is racines et les graines. Les effets hallucinogènes sont surtout dus à la
dans un groupe s'adonnant à la sorcel le- scopolamine, l'atropine et la hyoscyamine étant moins actives.
rie sc \·oyaient souvent admi nistrer un
breuvage à base de jusquiame; ils sc lais-
uient alors facilement persuader de par-
ticiper aux rites précédant l'adhésion of-
ficielle.
D'aprèscetteillustration tiréedu.
L'im:ossc s'accompagne d'une pression CodeK Juliana, le botaniste grec
dms la tête ct de la sensation que q uel- Oioscoride reçut la mandragore
qu'un vous ferme les paupières de force; des ma1ns d'Heures1s, déesse de
l'acuité visuelle diminue, les objets som la découverte, ce qui til de ce re-
déformés ct des hallucinations visuelles mède mag1que une plante des
très inhabituelles apparaissent. Parfois, dieux.
elles peuvent aussi être olfactives ou
gusmi\'CS. Cet état est sui\·i d 'un som-
meil peuplé de rêves.
D'aU! res espèces du genre ont des pro-
priétés voisi nes ct som parfois uti lisées
de la même manière. Hyoscyamus Tflllfi-
cus est répandu depuis les déserts
d'~gypte jusqu'à l'Afgh.mistan ct l' ln-

87
«La mandragore est« l'arbre de la connaissance." et l'amour attisé
par sa consommation est l'ot·igine du sexe humain."
HugoRahncr
Mythes grecs et interprétation chrétienne (1957)

Ci-dessus: La déesse antique de de. Ses feuilles séchées sont fumées en rieliSe, soulignent ses propriétés iné-
la sorcellerie, Hécate, régnait sur Inde. Les Bédouins surtout s'en servent briantes.
lesherbespsychotropes, notam- pour provoquer l'ivresse ct dans certai- Dans la mythologie grecque, lors des or·
mentsurlessolanacéeshallucino- nes parties d'Asie ct d'Afrique, on le gies dionysiaques, les Ménades sc jc-
gènes.CettelithographiedeWil· fume avec du Carmabù. taiem, pupi11cs dilatées, dans les bras
liamBiakelamontreentouréede
La belladone est originaire d'Emope, des hommes adeptes du dieu, ou sc
sesespritsd'animauKchamani-
ques mais de nos jours cette ancienne plante ruaient, .. avec des yeux enflammCs•,
cultivée pousse également à l'état sau- sur eux pour les déchirer ct les manger.
P.89enbds:L.:anthropomorphe vage en Inde ct aux États-Unis. Son Le vin des bacchanales était probable-
mandragoresertd'élémentdedé· nom générique, Atropa, vient de la ment additionné de jus de belladone.
corationpourlacouverture d'un li· déesse grecque Atropos, la Parque qui C'est dans l'Europe du Moyen Âge, cc-
vresurlesplantesmédicinales. coupe le fil de la vic. Son nom spéci- pendant, que l'usage de la belladone
fique, Bcliadona, "' belle dame "• rap- connut son plus grand développement.
pelle l'usage qu'en fais aient les dames Elle constituait l'un des principaux in-
de la haute société italienne. Elles dib- grédients des breuvages ct des onguents
taicnt leurs pupilles grâce à sa sève afin des sorcières ct magiciens. Un de ces
de se donner un regard sombre, grisé ct mélanges à base de belladone, de jus-
rêveur, couronnement de leur beauté. quiame, de mandragore ct de graisse
Plusieurs des noms \'ernaculaires de la d'enfant mort - né était app liqué sur la
plante, comme par exemple morelle fu- peau ou irnroduit dans le vagin. Le célè-

88
À gauche: la conjuration ma- À droite: Llnquisitioo reprochait
giquedelamandragoreestun souventauxsorcièresl'usagede
thème récurrent dans la liltéra· solanacées hallUCinogènes, sur-
ture et l'art européens, comme on toutdelaJusqulameetdeta
le voit dans cene scène issue mandragore. C'est pour cette rai-
d'une bande dessinée de Caza. son qu'elles étaient souvent tor-
turées. assass1nées et brûlées

brcb.1lai des sorcières remonte très loin


d.tns les coutumes magiques européen-
nes. On lit dans un rapport d'enquête
sur la sorcellerie daté de 1324: " En
fouill.tnt l'armoire de la femme, ils trou -
\·Crent un grand tonneau de pommade
m.·~ laquelle elle enduisait un bâwn
dont elle sc servait pour galoper ct sc
dCplJccr partout où elle le voulait,
quJnJ elle le désirait." Au XV' siècle,
un rapport à peu près semblable relatait:
«les gens croient ct les sorcières
confessent que, certains jours ou certai-
nes nuits, elles enduisent un biton ct le
che,,wchcnt jusqu'à l'endroit convenu,
ou bien elles s'enduisent les aisselles ct
.tutrcs endroits poilus, ct parfois portcm
dc5 amulencs sous les cheveux. • Porta,
contcmpor;~.in de Galilée, écrivait en
\589 que, sous les effets d'une potion à

89
Toutenhaut:Danslesdeuxhémi- base de ces diverses solanacées, «un tian de formules spéciales. Deux siècles
sphères,lesamphibiens(surtout homme semblait parfois sc changer en plus tôt, Pythagore avait signalé sa
tescrapauds)quicontiennen t sou- poisson ct avait alors coutume de nager forme anthropomorphe. À l'époque ro-
ventdessubstanceschimiques sur le sol en effectuant des mouvements maine, on commença à mettre de plus en
toxiquesontétéassociésàlama- précipités avec ses bras; parfois il scm- plus la magic en rel:nion avec les pro-
gieet à la sorcellerie. En Europe, 1
~~:i~i~~~t~ ~~;tsr~~!·~~~tt~~~:tJr~~~~
priétés psychotropes de la plante. Au
cesanimauxétaientparfoisajou- premier siècle de notre ère, Flavius Jo-
tésauxpuissantsbreuvagesdes
oie ct mangea de l'herbe ct enfonça ses sèphe écrivait que dans la région de la
dents dans la terre comme une oie; de mer Morte, il existait une plante qui
En haut à gauche: Les fruits par- temps en temps il sc mettait à cacarder brillait la nuit d'une lueur rouge; il était
fumésdelamandragoresontaus- ct à battre des ailes». difficile de l'approcher car elle sc cachait
à l'arrivée d'un homme. On pouvait
~=s ~~~~i~~~~r:t dt~i~g~~i~~~é~ri:!s a~ft~~:
si appelés • pommes d'amour~.
C'étaient les • pommes dorées~ l'apprivoiser en l'arrosant d'urine et de
d'Aphrodite. fortement narcotiques ct à la curieuse sang menstruel. 11 était physiquement
forme de sa racine. il serait difficile de dangereux de la déraciner, c'est donc un
Enhautaucentre:Labaiemûre chien qui la déterrait après avoir été at-
trouver un meilleur exemple d'applica-
de la belladone est noire. taché à sa racine. Selon les croyances de
tion de la doctrine des signatures. Cette
Enhautàdroile:Lajusquiame modeste herbe vivace possède une ra- l'époque, l'animal en mourait la plupart
blanche (Hyoscyamus a/bus) était cine si tordue ct branchue qu'elle res- du temps.
dédiée à Apollon. dieu de la divi- semble parfois à un corps hurnain. Très La célébrité de la mandragore atteignit
nation tôt, la conviction que sa récolte devait son apogée vers la fin du XVI " siècle. À
être entourée de grandes précautions cette époque, les botanistes commcncè-
mena à de curieux usages. Au III ~ siècle, rclll à douter des légendes dont elle était
Théophraste écrivait que les ramasseurs entourée. Dès 1526, le botaniste anglais
de plantes médicinales dessinaient des Turner niait que tomes les racines de
cercles autour de la mandragore avant mandragore eussent une forme humaine
de couper la partie supérieure de sa ra- ct prmestait contre les croyances qui y
cine en sc tournant vers l'ouest. Le reste étaient liées. Gérard, autre botaniste an-
de la racine était extrait après l'exécu- glais, écrivait en 1597: «Vous rejetterez
tion de pas de danse précis ct la récita- de vos ouvrages ct de votre mémoire

90
tous ces rêves de sorcières ct toutes ces En haut à gauche: La Pythie, prê-
histoires de bonne femme, sachant que tresse devineresse d'Apollon au
cc ne sont là que faussetés. Mes dornes- temple de Delphes, le «nombril du
tiques ct moi-même avons déterré, monde ~, proférait ses oracles
pbmé et replanté des quantités de ces aprèss'êtreenivréegrâceàlajus-
quiame.
f~af~Wcl~;~ ·c~;~é~~s~~·:~"~!~~c ~~~~~
5
Au centre: La racane de la man-
r~r la mandragore de multiples supersti- dragore (Mandragora officinarum).

Enhautàdroite:lesJX!UVI)irs
mystérieuxetmagiquesquel'on
atlribue au ginseng (Panax gin-
seng) en Corée sont semblables à
ceux que les Européens prêtalenl
à la mandragore. D'ailleurs, les ra-
cinesdesdeuxplantesseressem-
blent.

En bas à gauche: Cet ApollOn,


dieodelalum~reeldeladivina-
1101"1, lOrs d'une libalion face à un
corbeau a été trouvé à Delphes.

91
Le nectar du délice

Selon la tradition de l' Inde, les dieux cine traditionnelle, comme la pharma-
donnèrent le chanvre aux hommes afin cologie moderne l'utilisent dans le trai-
qu'ils connaissent l'extase, le courage et tement de nombreuses pathologies.
des désirs sexuels plus intenses. Lorsque Grâce à ces emp lois multiples, le Cmr-
Arnrita, le Nectar, tomba des cieux, il nabis a été introduit dans de nombreu-
engcndr.1 le Cannabis. D'après une au- ses régions du globe. Le contact pro·
tre histoire, les dieux, aidés de démons, longé avec l'homme ct l'agriculture a
battirent l'océan de lait pour produire des répercussions étranges sur les plan·
l'Amrita; l'u n des breuvages divins ainsi tes; cultivées dans des envi ronnements
obtenus fu t le Cannabis. Consacré à nouveaux et inhabituels, elles parvien-
Shiva, il était la boisson préférée d'In- nent à des hybrid.uions impossibles à
dra. Après avoir battu l'océan, les dé- réaliser dans leur habitat d'origine.

mons tentèrent de s'emparer d' Amrita Lorsqu'elles sc naturalisent, elles de-


mais les dieux réussin•nt à les en empê- viennent souvcm des n1auvaises herbes·
cher; en souvenir, ils donnèrent au Can - crwahiss:~.ntcs. L'homme peut aussi les
nabis le nom de Vi jaya "victoire ,._ De- transformer grâce à une sélection des ca-
puis, on croit en Inde que cette plante ractéristiques correspondant à un usage
des dieux confère des pouvoirs surnatu- spécifique. Certaines plantes cultivées
Adro;te:lafleurmâled'uncro.se-
menl de Cannabis indics et saliva.
rels à ceux qui en usent. sont si différcmcs de leur type d'origine
L'amitié emre le Camlllbis ct l' homme a qu'il est impossible d'en retracer l'his-
probablement dix mille ans, die débute toire. Ce n'est pas le cas du Cannabis.
avec la découverte de l'agriculture dans La classification botanique de cette
l'Ancien Monde. C'est une de nos plus plante a longtemps été incertaine. Les
anciennes plantes cultivées. Elle fournit botanistes sc querellaient sur sa famille:
les fibres de chanvre, de l'hui le ct des les premiers chercheurs la rangèrent
akènes ou graines comestibles; elle a av<.-c les orties (urticacécs), plus tard, on
des propriétés narcotiques ct la méde- la cl:~.ssa avec les figuiers (moracées) ct

92
A gauche. Shiva, le dieu h1ndouà la peau bleue, est un grand ama- (marijuana), mélangés parfOIS à des leuilles de datura et d'autres
teur de chanvre, ce qui la1t du cannabis une plante sacrée des plantes psychotropes. (Temple de Shiva de Pashupahnath, vallée de
dfeux,utilisée Jorsde rituels religieuxetdepratiquessexuellestan- Katmandou au Népal)
triques.
En bas: Le chanvre a beaucoup d'amateurs dans de nombreux pays
A.droite:Les Sadhus. ou " hommes sa1nts ~.de J'Inde vouent leur vie du monde. Surtout lumé sous lorme de joints que l'on roule soi-
au dietJ Shiva. Ils portent de longs cheveux, ne possèdent rien et même, sa consommatîon, te plus souvent illégale, entraîne l'offre de
Pf8liquentle yoga et la méditat1on. Ils fument souvent de grandes nombmux produitS dér1vés: du pap1er à rouler spécial, grand tormat,
quantrtés de charas (du hasch1sch broyé manuellement) et de ganja en chanvre. des boites en métal, des br1quets, etc

~ujourd'hui on aurait plutôt tendance à


lui donner une famille spécifique, les ca-
nabiacées, qui ne compone que deux
genres, Camr11bis et Humulus (hou-
blon). La question du nombre d'espèces
existantes divisait également les esprits:
pour certains, le genre comprenait une
seule espèce aux aspects très variés, pour
d'autres, il y avait plusieurs espèces dis-
tinctes. Aujourd'hui, tout ponc à croire
qu'il en existe trois espèces: C. indica,
C. mderalis ct C. sativa. Elles sc distin-

gucnt par la croissance, le caractère de


leurs akènes et surtout par l!!sstructures
foncièrement différentes de leur bois.
On ne sait pas aujourd'hui quel usage
du Cannabù fut découvert en premier.
Comme les méthodes simples d'exploi-
tation des plantes précèdent générale-
ment les méthodes compliquées, on
peut supposer que l'homme fut d'abord
intCressé par les longues fibres du chan-
ne. En Chine, on en a retrouvé qui re-
montent à 4000 ans avant j. -C., au Tur-
kestan, on a découvert d!!S brins de
corde ct des fibres de chanvre datant de
JOOO ans avant J.-C. Sur des sites très

9}
Ci-dessus:Cettesculpturemontre anciens de Taiwan, on a retrouvé des Cannabis est représenté par l'ancien
qu'en Afrique, le chanvre est fum é battoirs de pierre servant à écraser les caractère Ma, pourvu d'un accent " né-
àdesfinscurativesethédonistes. fibres, ainsi que des empreintes de cor- gatif .. qui signale ses propriétés narco-
des de chanvre qui avaient été cuites tiques. Cette idée ayant manifestement
Enhaui: Lafeuillesicaractéris· dans des poteries. On a découvert en précédé l'écriture, le Pen Tsao Ching
tiqueduCannabisindica,jadisle Turquie des tissus en fibres de chanvre (écrit en 100 après J. -C. mais remon-
symboledetasous-cultureetde la
rébellion, est aujourd'hui assimilée
du VIlle siècle avant J.-C., ct, en tant à Shen Nung, empereur légendaire
à la conscience écologique. Ëgypte, dans une sépulture vieille de du deuxième millénaire avant J. -C.),
trois à quatre mille ans, on a mis au jour prouverait que les Chinois ont très tôt
cc que l'on pense être un spécimen de cc cu la connaissance des effets psycho-
végétal. tropes du chanvre ct les ont probable-
Les Vedas indiens louaient le Cannabis ment utilisés. Au V siècle avant J.-C.,
comme étant l'une des boissons magi - un prêtre taoïste signalait que " le Can-
ques divines qui donnent à l'homme la nabis mélangé à du ginseng était cm-
santé, la longévité et des visions des ployé par des nécromanciens pour
dieux. avancer le temps ct révéler les événe-
Le Zend Avesta, en 600 avant J.-C., ments futurs ". Il ne fait aucun doute
mentionne une résine eni Hante, ct dès que, à cette époque reculée, l'usage du
le IX " siècle avantj.-C., les Assyriens Cannabis était associé au chamanisme
faisaient du chanvre un usage analogue chinois. Quin~c siècles plus tard, lors
à celui de l'encens. des premiers contacts avec les Euro-
Sur des inscriptions chinoises de la dy - péens, le chamanisme était en train de
nastie Chou (700--500 av. J. -C.), le disparaître ct il semble qu'on avait ou-

94
blié l'usage psychotrope nance ·i de l'Angleterre. Sa
Elle éuit devenue avant tout une cu lture gagna les colonies britanniques
source de fibres textiles. En tout cas, du Nou,rcau Monde, en 1606 le Canada
la Chine pratique la cuhurc d u chanvre ct en 1611 la Virginie. Les pères pèlerins
sans interruption depuis le néolithique l'introduisirent en Nouvelle-Angleterre
cc qui laisse supposer que c'est là qu'il en 1632. Avant l'indépendance améri-
faut chercher l'origine de cette plante cai ne, on en faisait même des vêtements
et non en Asie centrale. Une opi ni on de travail. Les Espagnols o m même in·
;tsSez répandue fait de l'Asie centrale troduit le chanvre plus tôt dans leurs co·
le berceau du Cannabis que les Scythes lonies d'Amérique; en 1545 au Chili,
auraient propagé vers l'ouest jusqu'en puis au Pérou en 1554.
Europe. Si le chanvre fut ut ilisé très tôt pour ses
Vers 500 avan t J. -C., l' histo ri en grec fibres, il est possible que l'em ploi ali -
Hérodote fait la description d'un bain mentaire de ses akènes ait précédé la dé-
de v.1pcur chez les Scythes: • Ils cons- couverte de son utilisat ion tex ti le. Le
truisent une tente en plantant dans le fruit étant très nourrissant, on imagine
sol trois bâtons convergents, qu'ils re- difficilement que l'hom me préhisto-
couvrent le plus hermétiquement pos- rique, tou jours en quête de nourriture,
sible de fou rrures laineuses. A l'i nté- n'ait pas remarqué cene qualité. La dé-
rieur, ils posent par terre un plat couverte sur des sites préhistoriques al-
contenant des pierres brû lantes, sur les- lemands d'akènes datant de 500 avant
quelles ils jcnent quelq ues graines de J.-C. le démontre. En Europe de l'Est,
ch;~.nv rc. 11 s'en dégage imméd iatement on en consomme encore de nos jours, ct
une fum ée ct une vapeu r q u'aucun bain aux ~ra ts - Unis ils sont à la base d'ali-
grec ne sau rait surpasser. Les Scythes,
ravis,crientdcjoic ..... r;sn~sffc~u~h~1::;~~~iques du Cannabu,
Des uchéologucs ont récemment mis q u'o n distingue sou,·em a,·cc peine de
au jour en Asie centrale des sépu ltures ses effets psychotropes, o nt peut-être
scythes aménagées entre 500 ct 300 déterminé son premier usage. Le pre-
avant J.-C. Ils y Ont trouvé des trépieds
ct des peaux, des braseros. du charbon ~~~~: ~~~~\~tfC:r \~e~~~~~:~~~ib~t~l~~is~~ Ci-dessus:L:empereurchinois
Shen·Nung passe pour avoir dé·
de bois ainsi que des restes de feu illes ct chinois Shen Nung. Il y a 5000 ans, il ia
couvertlespropriétésmédicinales
de fruits de Cannabis. recommandait pour traiter le paludisme, denombreusesplantes.Saphar-
Si les Grecs ct les Romains n'utilisaient le béribéri.la constipation, les rhumatis- macopée, qui aurait été compilée
pas habituellement le chanv re comme mes, les absences ct les troubles gynéco· pourlapremièreloisen2737avant
stupéfiant, ils en connaissaient néan- logiques. Un autre botaniste chi nois, J.-C., note que le Cannabis saliva
moins les pouvoirs psychotropes. Selon Hoa-Glio, prescrivait un mélange de adesplantesmâlesetfemelles.
Démocrite, on en mélangeait parfois à vin ct de rés ine de chanvre comme anal-
de 1~ myrrhe ct du vin pour provoquer gésiq ue lors d'interventions chi rurgica· Enhaut: Lafletlrfemelleduchan-
des visions. Vers l'an 200 de notre ère, les. vre cultivé ou commun (Cannabis
G~lien éc riv;~. i t qu'il étai t coutume d'of- C'est dans l' Inde ancienne que cc •don satwa).
frir du chanvre aux invités afin de sti- des di eux .. fut le plus employé en méde-
muler l;~. bonne humeur. cine traditionnelle. On estimai t qu'il
Le Cannab1s a pénétré en Europe par le rendait l'esprit plus vif, prolongeait la
nord. L'auteur latin Lucilius en parle
vers 120 avant J.-C. Au 1er siècle de no- ~~c~n~:f~~~f~tge~ccJ~~~~~~n[~i::a~:
tre he, Pline l'Ancien offre un aperçu de guérissait la dysenterie. Ses propriétés
la prép<~ra t ion ct des d iverses qualités de psychotropes le menaient au-dessus
fibres. En Angleterre, on a trOU\'é de la d'autres médic.tmcnts qui n'agissaient
corde de chanvre sur un site romain da- que su r le corps. Selon l'œuvre du Su-
tant de 140-180 après J. -C. ll cnri V111 shruta, il guérissait la lèpre. Vers 1600,
encouragea la culture de la plante ct sous le Bharaprakasha le décrivait comme
le règne d'~lisabcth 1", la demande s'ac- antiphlcgmasiquc, stimulant biliaire, di -
crut fortement en raison de la prédomi - gestif ct astringent. O n le prescrivait

95
A droite:Cene pancarte du jardin botanique de Berne prévient que:
~ Ce chanvre (cultivé pour sa) fibre ne convient pas à la fabrication
de drogues à cause de sa faible teneur en principes actifs. • C'estle
THC. prallquement absent du chanvre textile. qui provoque
l'ivresseetl'eophooe.

Tout en bas: Ce plant femelle de chanvre cultivé ou commun (Can-


nabis sat1va) est en fleurs.

contre le manque d'appétit, la digestion


laborieuse ct pour adouc ir la voix.
En Inde, l'éventail de ses fonctions thé-
rapeutiques .tllait du traitement des pel-
licules, de la migraine, de la folie rn~·
niaque et d e l'inso mnie à l'apaisement
des maladies vénériennes, de la coquelu-
che, des maux d'orei lle et de la rubcrcu-
losc!
La glo ire médicinale du Cannabis se
propagt•a aussi rapidement que la plantt
elle-même. Dans certaines régiom
d'Afri<[UC, il servait à traiter la dysente-
rie, le palud isme, les anthrax ct la fièvre.
Aujourd'hui encore, les H ottentots et
les Mfengu sont convaincus de son effi-
caci té en cas de morsure de serpent, tan-
dis q ue les femmes sotho en fument
~~~:~ d 'accoucher, en guise d'ancsthé-

Lc Ctmnabù fut très apprécié dans la


pharmacopée de l'Europe médiévale;
son emploi remonte aux premiers méde-
cins classiques comme Dioscoride ct
Galien. Les botanistes du Moyen Âge
dis ti nguaient le cha1wrc • amél i oré~,
cultivé, ct le chanvre •i nférieur •, sau-
v,tgc, recommandant cc dernier contrt
• les nodosités goutteuses, les tumeurs
ct au tres enflu res dures•. Le premier
était souverain dans le traitement de
toutes sortes de maux allant de la toux
à la jaunisse. Ils mettaient cependant en
garde contre un usage excessif qui pro-
voquait la stéri lité; chez les hommes, •il
dessèche la semence •, chez les femmes
• le lait de lcursscins•.
En médecine trad itionnelle, les vertus

96
Tout a gauche: Dans le nord de
l'Inde, on la~ tremper des feuilles
de chanvre dans de l'eau, on les
broie et on en forme des boulettes
proposées sur le marché sous le
nom de bhang. (Oevanlure du Go-
vernmental Ganja Shop de Vara-
nasi,Bénarès)

du Cannabis sont liées à ses propriétés par la profonde signification mytho lo- Tout enhautadroite :Lesboulel·
euphorisantes ct h:dlucinogènes, du nt la gique ct spiritu ell e que l'on prête à la tes sont soit avalées, soit bues dé·
~onnaisS<tnce est peut-être aussi an- plamc. Le bhang éu.it une préparation layées dans un mélange de lait, de
e~cnne que celle de la fibre text ile. si sacrée q ue l'on pensait qu'elle éloi- yaourt et d'eau appelé bhang-
L"ht)mme primitif qui essayait tOutes gnait le mal, attira it la chance ct lavait lassi.
\liftes _de plan~cs pou~ leurs vertus ali- l'homme de ses péchés. Celui qui mar-
En haut à dr01te: Ces trois clichés
mcnt.l.ITCS avatt ccrtamcmcnt reconnu chait su r les feuill es de cc végétal divin
montrent la germination d'une
le~ effets psychotropes du chanvre, ca- allait subir des préjudices ou de grands graine de chanvre. Les feu1lles ar·
p~hles de le transporter à un .tutrc ni- malheurs. Des scrmcms sacrés sc pro- rondies sont les cotylédons ou
n·au de conscience, voire de le conduire nonçaient su r le chanvre. Le breuvage feu1tlesissuesdelagraine Les
~ l'rxpériencc religieuse. C'rst vraisem- préféré d'lndr<l, dieu du firmament, premières vraies feuilles sont tou·
blablement pour ces raisons que, très était à base de Camwbls ct le dieu hin- jours s1mples et non pas compo-
séescommelesleuillesadultes.
f~u p~~i~~~:G; ~~:~Ja~~el~: s: r~~i~~:."f~
tiit, cette plante fut cons id érée comme 1 1
un don des dieux, un intermédiaire sacré
pcrmcnam de communiquer avec le sarclage et la moisson de ~·ttc plante. En haut à gauche: AJJ Mex1que, les
Indiens cora de la Sierra Madre
monde des esprits. La connaissance ct l'emploi de ses pro- occidentale fument du Cannabis
Bien que de nos jours le Cannabis soit la priétés en ivran tes sc répandit jusqu'en au cours de leurs cêrémonies. Il
subStJncc psychotrope la plus cm - Asie Mineure. En Assyrie, pendant le est rare qu'une plante Importée par
premier millénaire avant J.-C., elle ~cr­
f,~Ji~~,s~ns:~~~~r~:t td~~c~:~~ :r~;~Ji1a~~
1 desétrangerssoitacceptéeet uti·
vait d'encens ct probablement aussi de hsée pour des cérémon1es reli·
~it relAtivement récent. Durant la pé- ~tupéfi ant. La Bible ne mentionne pas gieuses.ma1silsemblequeles
riode cl.1ssique, on lui connaissait ce- d irectement le chanvre, mais certains Cuna de Panama et les Cora du
Mex ~que a1ent adopté l'usage rituel
~c~~h~~e~,es01~r~~rif~~~~i:u~~cor~~~i~~~~; passages pourraient fai re allusion aux
effets de la résine de Ca nnabis ou du duchanvre.Danslesdeuxré-
gions, la plante a été introduite par
connue pour ses effets semblables à ceux haschisch. C'est dans l'llimalaya ct sur les Européens. ·
de l'opium. Gal ien r.1pponc que des g.î- k· plateau tibétain que les préparations à
tcau" JU chanvre intoxiquaient tous base de Cannabis prircm leu r plus P. 96aucentre. L.:usagedu Can-
œu.~ qui en mangeaient trop. L'emploi gr.1ndc importance rel igieuse. Le bhang nabis est très répandu dans les
du CJ/mabis comme stupéfiant semble est une d rogue douce: une pâte ép;lisse, deux hémisphères. De gauche à
~voir été répandu à l' Est comme à obtenue en pilant des feuille s séchées ou droite :une femmekungd'Afrique
l'Ouest par les hordes barbares d'Asie des inflorescences avec des épices, est du Sud, un Pygmée du Congo, un
(entule, particul ièrement par les Scy- mangée comme une friandise, le maa- voyageur au Cachemire el des fu-
the~ qui exercèrent une grande influence ju n, ou prise en infusion. La ganja sc meurs de haschisch en Afrique du
Nord.
culturelle sur la Grèce ct l'est de l'Eu- fait avec les fleurs femelles séchées ct
rnpc. riches en résine de la plante cultivée,
Dans l'histoire de l'Inde, la connais- comp ressées pendam plusieurs jours de
·~ncc des propriétés psychotropes du façon à former une masse compacte, cc
chlnvre remonte à très loin, à en juger qu i provoque des transformations chi-

97
La chimie de la marijuana

Si les substances psychotropes de la plupart des plantes hallucino-


gènes sont des alcaloïdes, contenant donc de l'azote, les principes
actifs du Cannabis sont des combinaisons huileuses non azotées.
Les propriétés hallucinogènes sont dues aux cannabinoïdes dont le
plus efficace est le tétrahydrocannabinol ou THC (chimiquement:
6 9 -transtétrahydrocannabinol-3,4). Il est particulièrement concen-
tré dans les exsudations résineuses des inflorescences femelles.
Après l'élucidation de la structure chimique (voir page 184), on a
pu récemment synthétiser le THC.

Plantes psychotropes servant de succédané de la marijuana

nom bot8nique nom vernaculaire partie utilisée


Alchomea floribunda alchornée fleurie racine
Argemone mexicana argémone mexicaine feuilles
Artemisia mexicana armo1se mex1came herbe
miques. On la fume la plupart du
Ca/ea zacatechichi zacatechichi herbe temps, souvent avec du tabac ou du da-
Canavalia maritima canavalie maritime feuilles tura. Le ch;~.ras est de la résine pure, il se
présente en une masse brunâtre, que
Catharanthus roseus pervenche de Madagascar feuilles l'on ajoute généralement à des mélanges
~
Cecropia mexicana chancarro feuilles à fumer.
Pour les Tibétains, le Cannabis était sa-
Cestrum /aevigatum maconha feuilles
cré. Selon une tradition du bouddhisme
Cestrum parqui palqui feu illes rnahayana, durant les sept étapes de l'as·
Cymbopogon densiflorus citronnelle extrait de fleurs cèse qui le conduisit à l'i llumination, le
Bou_ddha vécut d'une graine de cham re
Helichrysum foetidum immortelle fétide herbe par JOUr.
Helichrysum stenopterum immortelle herbe Selon la tradition folklorique, c'est un
pèlerin indien qui apprit aux Perses
Hieracium pilocella piloselle herbe
l'usage du chanvre sous le règne d~
Leonotis leonurus wild dagga herbe Khursu (531-579), mais on sait que les
Leonurus sibiricus agripaume de Sibérie herbe Assyriens l'utilisaient comme l'encens
dès le Je• mi llénaire avant J.-C. Le ha-
Nepeta cataria herbe aux chats herbe
schisch, à l'origine interdit aux peuples
Piper auritum poivrier doré feuilles musulmans, sc répandit vers l'ouest l
Sceletium tortuosum ficoïdetortueux herbe, racines travers l'Asie Mineure. En 1378, les au-
torités tcmèrent ~'en éradiquer l'usage
Sida acuta herbe à balais herbe sur leurs territoires, en menaçant les
Sida rhombifo/ia escobilla herbe usagers de peines sévères.
La diffusion irrésistible ct de plus en
Turnera diffusa turnère herne
plus grande envergure du Cannabis de
Zornia latifolia maconha brava feuilles séchées l'Asie Mineure vers l'Afrique se fit en
Zornia diphylla maconha brava feuilles pa_rtie par 1~ pression de l'infl~ence isla-
Inique, ma1s sa consommatiOn ne sc

98
«Le chanvre, c'est le «donneur de joie,., l'.,envol dans le ciel "'• le •guide céleste,.,
le «c iel du pauvre,., celui qu i "'apaise le deu il,..
Nul dieu, nu l homme n'est aussi bon que le rel igieux buveu r de chanvre.,.
J-lempDrug
Commission Report (1884)

nntonnc pas aux seuls territoires rnu- pas influé sur les cérémonies ct les con- En haut /J gauche: Cannabis safi-
sulm.tns. Cert.tins chercheurs pensent cepts religieux des indigènes de cc conti- va avec des polis glandul31fes ou
qu'il fut é-galement introduit par des es- nent. Les Tepecano du nord-ouest du non glandulaires b1en lormés, à di-
d~l·es malais. Sous le nom de kif ou dag- Mexique font partie de ces exceptions vers stades de développement
g~, il joue désormais un rôle dans la vic en consommant du Cavnabis, qu'ils
D1vers types de poils glandulaires
wciale ct religieuse de certaines cultures appe11ent Rosa Maria, l""squ'ils ne dis-
du Cannabis :
~~~~;~~:s 1~:~~J~~n~d~~ P{r~;sr~~~~~
mdigèncs africaines. Les Hottentots, les 1
Bochimans ct les Cafres !'emploient de- Tout en haut à droite: Glande en
puis des siècles, à la fois comme remède cains de Veracruz, Hida lgo ct Puebla capituleavecunepseudo·tige
et comme substance enivrante. Dans pratiquent une cérémonie thérapeutique assezproémlnentesurl'anthère
une très ancienne cérémonie tribale de avec une plante appelée Santa Rosa ct faceaucentredelafleur.
b vallée du Zambèze, les participants qui a été identifiée comme étant du Can-
inhalaient la fumée d'un tas de chanvre nabis sativa. Elle est considérée d'une En haut à drOite. Glande bulbeuse
incandescent. Plus tard, on employa des part comme un végétal, d'autre part dont la tige et la tête comportent
tu raux ct des pipes ct on brûla la plante deuxcelluleschacune,àlasurface
comme un intercesseur sacré auprès de
de la feuille. À l'extrémité de la .
sur un autel. Les tribus Kasaï du Congo la Vierge. Bien que la cérémonie repose glande, se trouve une pet1te rég1on
ont réhabilité un ancien culte ziamba où esscnticllemcm sur des éléments ch ré- circulaireau-Oessousdelaquelle
le chanvre, remplaçant les vieux fétiches tiens, la plante est vénérée comme une la rés1ne s'accumule sous la mem-
ct symboles, est élevé au rang de dieu ct d ivinité terrestre dont on croit qu'elle brane distendue.
protc.:teur de tout mal physique ou mo- est vivante et qu'elle représente une par-
ral. Des pipes en calebasse servent à tic du cœur de Dieu. P.98enhaut:Moissonduchanvre
~cellcr les traités par des bouffées de fu- Au début du xx ~ siècle, des ouvriers pour le textile à la !indu siècle der·
mée. Dans certaines régions d'Afrique mexicains répandirent la coutume de fu- nier. Ce«e espèce peut atteindre 6
mètres de haut
~~c~:~s;: fuar~~~~~~ce~~s~ f:~~: e~~r\:~
1 mer la marijuana dans tOut le sud des
Ëtats-Unis. Vers 1920, on l'uti lisait cou- P. 98 au centre · Un haschiSCh très
lors de cultes. ramment à La Nouvelle-Orléans, au dé- pu1ssant es\ tJré du Cannabis mdi-
le chanvre s'est répandu dans de nom- but surtout chez les pauvres ct parmi les ca. peille espèce pyramidale très
breuses régions du Nouveau Monde, minorités. Sa popularité croissante aux
mais, i de rares exceptions près, il n'a États-Unis et en Europe donna lieu à

99
En haut: Dessin de W. Miller, Co-
pyrightt 978, The NewYorkerma-
gazine, lnc.
- Eh iQu'est-cequec'estquece
truc?Ça me fait trouverprofond
tout cequejepense.•

Enbas: LetableaudeGustave
Doré Composition sur la mort de
Gérard de Nerval fut certainement
inspiréparl'emplolduCannablset
de l'opium. l e dessin humoristique
contemporain illustre b1en la re-
naissance de cene croyance.

P. 101/ou/en haut. La manjuana


est composée des fleurs séchées,
plus ou moms fermentées, de la
plantelemelleduchanvre.

100
Centre gauche. Dans son conte
Alieeaupaysctesmerveilles,Le-
wiS Carroll décrit la rencontre entre
Allee et la chenille comme su11
• Elle s'étira sur la po~nte des Pieds
et jeta un coup d'œil sur le cham-
p!gr'IOO: sesyeuKrenoontrèfent
ceuK d'one grande chenille bleue
qois'yét311installée.lesbrascroi-
sés. fumant tranqUillement un long
l'loollah,nes'apercevantnldesa
l)fésence ni d'autre chose d'aU·
leurs.•

"'Cene me rvei lle, cen e


espèce de prodige, sc
prod uit comme si el le
éta it l'effet d'u ne puis-
sance supé rieure ct invi-
sible, extérieu re à
l'homme ... Cet état
charma nt et singu lier ..
n'a pas de symptômes
a\•ant-coureurs. Il est
aussi imprévu que le
fantôme.
C'est une espèce de
hantise, mais une hantise
intermi ttente dom nous
devrions tirer, si nous
une controverse qui est encore loin
ét ions sages, la certitude
J'être résolue.
le) effets ps}'ChOiropes du C.umabu d'une existence ~~l­
sont très variables, i l ~ dépendent du Ieure ... Cene acuité de la
dos.11:e, de la préparation, du type de pensée, cet enthousiasme
pbnte utilisé, de 1.1 manière de l'.tbsor-
bcr.dc la personnalité de l'utili)ateur ct
des sens et de l'esp rit ont
de ~on environnement socioculturel. L.1 dû, en lOut temps, appa-
plup;art du temps, l'ivresse cH vécue raître à l'homme comme
.:omme un état rêveur. Souvent, des évé-
le prem ier des biens.,.
nements oubliés depui~ longtemps re-
ltmt surf.tce ct des pensée~ incohérentes lt•$Paradrsartifioe!s, Q-dessus ·tw xx• siècle, un
'Il: \Ut:cèdent. La perception du temps, ct Ch.1rlesBJudel.1ire groupe élillste d'artiStes euro-
péens usa de sub!\ances psycho-
pufois de l'espaœ, semblent .tltêré~.
tropes pour essayer d' • élariJir la
On prises il. h.iiutc dose peu1cnt être sui- conscience • ou de l'ahérer Nom-
ue\ d'hallucÎn.iitions 'isucllcs ct auditi- brewcéta~&ntOSUKQUicrovaient
\"t\. Très cJrat:tCristi<rues aussi de quel"actMtécréatncepouvallêtre
l'U!>.oij\C du Caml<lbts sont l'euphorie, lortement accrue par l'usage du
l'c,~iution, un bonheur imCricur sou- Cannabis C'étan le cas de Baude-
\"CIIt .1ccompagné d'hi larité ct de crises laire qui livra des desc11ptions co-
de fou rire. L'ivresse peut s'achncr sur kdes de ses eKpénences de
une phJsc dépressi\c. Bien que le consommateur de haschisch.
wnromm.1teur sc comporte souvent de
m.miàe impulsive, il n'est que rarement
1iolcnt ouagrcssif.

101
20 ~~~ICEPS Le feu de saint Antoine

Une :an.1lysc pluridisciplinaire, dont les que c'était un poison. Oéjii en 600 avant
méthodes s'appuyaient sur trois spécia- J.-C., les Assyriens appelaient l'ergot
lités, l'ethnomycologic, l'étude de l'An- une « pustule nocive dans l'épi des
tiquité ct la chimie, a associé les rites grains~. Les livres sacrés des Parsis (vers
secrets de [., Grèce antique, restés mys- 350 av.J.-C.) disent: •Parmi les choses
térieux pendant près de quatre mille ans, néfastes créées par Ahriman, il y a des

t~;:ue: dneÏ:~~~~;u:t ~~~~~~~~ k~ fe';


à l'intoxication provoquêe p:ar le cham-
pignon parasite Clavlceps. On pense au-
jourd'hui que le Claviceps paspali ct mes en couches."' Si les anciens Grecs
peut-être d'autres espèces du même employaient apparcmmem ce champi-
genre attaquant Lo/ium ct d'autres gra- gnon pour certains rites, ils ne man-
minées originaires de Grèce sont à l'ori - geaient pas de seigle à cause du « fruit
gine de l'ivresse sur laquelle reposait noir ct malodorant de Thrace et de Ma-
l'extase vécue lors des Mystères. Les cédoine • . Le seigle ne fut introduit en
principes actifs qui caractêrisent le cêlè- Europe classique qu'au début de l'ère
bre ergot de seigle ou C/aviœps purpu- chrétienne, si bien que l'empoisonne-
rea ont également été isolés à panir ment par l'ergot n'apparaît pas dans l.t
d'autres espèces de cc champignon pa- littérature médicale romaine.
:~:~;éL~~u~1isl~:~ss~~~; ld~'f:Ï~~l~: o~~~~~~
Les premiers récits mentionnant d'une
manière incontestable l'intoxication par
complexes, mais les arguments sont très l'ergot ~e seigle n'app:araissent qu'au
conv:ainc:ants, d'autant plus qu'ils repo- Moyen Age. À cette époque, de curieu-
sent sur des recoupements interdiscipli - ses épidémies éclatèrent dans diverses
n:aires. Fondamentalement, on peut au - régions d'Europe, causam des millil.'rs
jourd'hui panir du principe que de de morts ct d'intenses souffrances. Elles
nombreuses graminées sauvages de prenaiem deux formes: l'une à convul-
Grèce peuvent être infectées par plu - sions nerveuses et symptômes épilcpti·
sieurs espèces de Claviceps. qucs ct l'autre à gangrène, momifica-
L'espèce de loin la plus importante est tions, atrophies ct pertes des extrémités
C. purpurea qui infecte le seigl~eca/c (nez, lobes d'oreilles, doigts, orteils ct
cereale). Le sclérote dur, marron ou pieds). Délires ct hallucinations étaient
noir-violet du champignon, qui se déve- les symptômes cour:ants de la maladie,
Ci-dessus: t.:ergot peut parasiter loppe dans le caryopse du seigle est ré- souvent fatale. Un rapport officiel décrit
diversesgraminées,maisilest pandu dans toute l'Europe. On appelle l'ergotisme comme étant "une grande
surtoutconnucommeparasitede sclérote k· stade d'hibernation du cham - peste d'ampoules !;Onflées [qui] consu-
l'inllorescenceduseJgle. pignon parasite. maient les gens dans une répugn.tnte
La nomenclature indigène du Claviceps pourriture ... . Pendant ces épidémies, les
P. 103enhaut. t:ergoldeseigle
est nenement plus gros que celui purpurea est particulièrement diversi- busses couches ct les naissances av.tm
de la paspale. fiée. Le terme ergot, par association terme étaient légion. Le « feu sacré•
avec l'ergot du coq, fut d'abord utilisé était caractérisé par une sensatio}l de
P.l03centredroit : Lorsqu'une dans les environs de Paris. 11 est passé brûlure dans les pieds ct les mains.
céréaleestatteinted'ergot, de aujourd'hui dans plusieurs autres lan - Saint Antoine, qui donna son nom au
lOngues excroissances no1res, les gues. En franç:ais, vin~:;t -quatre autres • feu • , était ermite en Ëgypte. Il mourut
sclérotes.seformentsurl'épi. termes le dé.~igncnt, en :dlcmand on en en 356 à l'âge de 105 ans. C'est le saint
compte soixante-deux, Mutterkom patron qui protège du purgatoire, de
P. 103cenlregauche: Fruclllica· étant le plus usité. Il y a vingt ct un ter- l'épilepsie ct des infections. Pendant les
tiOfl du C/aviceps purpurea. le
nom spécifique de ce champtgnon
mes en néerlandais, quinze dans les !:an- croisades, les chevaliers rapportèrent ses
signifie «pourpre~ , couleur qui gues scandinaves, quatooe en italien ct reliques en France. Elles furent inhu-
dansi'An!iquitéétattassociéeaux sept en anglais. Cette prolifération de mées en l'église de Saint-Didier-la-
pouvoirsdumondesouterrain. noms vernaculaires suffit ii démontrer Mothe dans le Dauphiné. C'est dans
l'importance que les peuples européens cette province que se déclara, en 1039,
ont de tous temps donné à l'ergot. le • feu sacré•. Parmi les victimes SI::
Si son usage médicinal était inconnu à la trouvaient un gentilhomme nommé
période classique, on savait néanmoins Gaston et son fils, qui promirent à saint

102
••• • (
'-··
••• • •
Antoine de lui consacrer tome leur for-
tune s'il les guérissa it. La prière fut
exaucée ct la création d' un hô pital ?t
Sai nt-Didier vit l'émergence de l'ordre
de Saim-Antoinc, destiné à soigner ceux
qui Ctaicnt ancims d'ergotisme. Un pè-
lcrinagcsur lelicuconsacréausaint per-
mcmit disait-on de guéri r de la malad ie.
Il est cependant probable que l'a mélio-

ution :a.i t été duc à un changement de


nourritu re, c'est-à-d ire à d u pain sans
ergot. C'est seulement en 1676, cinq
cents ans après les grandes épidémies
de feu de saint Antoine, que l'on dé<:ou-
lrit la CôiuSc de ccuc maladie ct q ue l'on
r.rit des mesures de contrô le. Au Moyen La chimie de l'ergot
Âge, les meuniers g:~rdaicnt souvent la
farine de seigle pure pour les riches ct Les principes actifs de l'ergot sont des alcaloïdes indoliques dérivés
vendaient celle faite à partir d cscigleer- d'un même composé de base, l'acide lysergique. L.:ergot de seigle
~mé ;tux plus pauvres. La cause une fois (Seca le cereale) contient essentiellement des ergotamines et des
déterminée, la surveillance des moulins ergotoxlnes dans lesquelles l'acide lysergique se trouve relié par
conduisit .i une réduct ion de l'épidêmic. trois acides aminés. Ces alcaloïdes sont responsables de l'aspect
l.J dernière épidémie irnporuntc rava- gangreneux de l'ergotisme. ~.:ergot paraSitant les graminées sauva-
~tl 13 région entre Ka z;ln ct l'Oural ges contient des lysergamides simples, l'ergine et l'acide lyser-
ÙJns le sud de la Russie en 1929. Si l'on glque-hydroxyéthylamide, qui ne sont présents qu'à l'état de traces
en croit certai ns ind ices, il n'est pas im- dans l'ergot de seigle. Ces substances psychotropes jouent un rôle
possible que les prétendus cas de "sor- dans l'ergotisme à forme convulsive. On les trouve dans l'olofiuqui
cellerie • rn Nouvcllc-Anglctc rrr, parti- mexicain (Turbina corymbosa) et dans d'autres convolvulacées
(UliCrcmrnt J Salem, aient été dus à des (lpomoea violacea, Argyreia nervosa).
inwxic;uions par l'ergot de seigle.
On trouve la prem ière description de

103
A droite: Il se peut que l'ergot De la
paspale, riche en alcaloïdes. ait
étéajoutéaubreuvagein~~tique
d'Éleusis. le Kykeon.

C1-<iessus: Déméter avec des épis l'ergot de seigle, qui mentionne aussi garde, dans une publication scientifique
de blé et des capsules d'op1um. pour la première fois son utilisation mé- de 1824, contre l'ut ilisation de l'ergot
dicale. dans le livre de botanique du mé- pour accc:;lérer les accouehemcms et
Adrode: Le Plutomon d'Éleusis decin Adam Lonitzer (Lonicerus) de con.scilbit de cantonner son usage en
Francfort, publié en 1582. Il y est écri1: obstélriquc au seul traitement des sai-
P. 105 en bas: Une des rares épi-
" On trouve souvent aux caryopses du gnements suivant les couches. C'est en-
démies d'ergot1sme survenues en
Angleterreaffectaunelamillede seigle ou du blé de longs et fins,ncs, core de nos jours le domaine d'utilisa-
Wattishamen1762Cegenre durs ct noirs/à côté ct entre les grains/ tion de prép:l.rations à base d'ergot en
d'empoisonnement était si rare dans les caryopses/qui en sortent/ct en obstétrique.
qu'onlesignalasuruneplaque s'étirant longuement 1 ressemblant à des La description botanique de cc champi-
dans l'église paroissiale ongles/blancs à l'intérieur/comme le gnon par:tsite a ég:t lemcnt une longue
gr:l.in/et qui ne nuisent pas au grain. histOire. On considère que sa première
Les femmes considèrent que dl! te ls illustration est une estampe en bois dans
cônes sont une aide exceptionnelle ct le Tbealrlon Hotanicum de Caspar Bau-
une médecine efficace contre la montée hin, imprimé à Biilc en 1658. La même
ct la douleur des contractions de la année parut une étude scientifique du
mère/à condition qu'ils soient pri.s ct médecin bou.nistc français Dodart.
é\•acués quelque trois fois ... Mais jusqu'à !.1 moi tié du XVII' siècle,
l~icn que très employé p:l.r les sages- les botanistes ignoraient que l'ergot
femmes, comme le démontre la citation éuit dû à un champignon. C'est cc que
de Loniccrus, l'ergot ne fit son entrée en découvrit le bou.niste allemand Münch-
médecine qu'au début du X I X~ siècle. hausen en 1764, mais sa théorie ne fut
En 1808, le médecin américain John acceptée officiellement qu'en 18 1;,
Stcarns publia le premier traité scient i- après avoir été vérifiée par le célèbre bo-
fique sur son utilisation pour accélérer taniste suisse A. P. de Candolle. L'ana-
l'accouchement. En 1823 parurent deux lyse chimique des principes actifs de

~;~~Y~' l~;:~~~tsq~;:~lo~~~~tre~~o~s~:
publications sur les effe ts curatifs de
l'ergot: l'une de Preseau, aux Ëuts-
Unis, l'autre de Desgrangcs, à Lyon. bles de S:l. toxicité comme de ses vertus
Peu de temps après cependant, un autre curatives furent découverts. Le premier
médecin américain, 1-l osak, mctt:til en :tlcaloidc utilisé en médecine, surtout

104
flr•••

rotuttcrforn,
Slricbclfranfbcit.

.........e•l"••••
-._.,~

pour combanre la migraine, fut l'ergo- interne, par la psychiatrie ct pour soi- Ci--dessus ·Page titre d'un liVret sur
umine, isolée en 1918. En 1935, on par- gner la sénilité. l'ergot(1n1).
vint â extraire l'ergono,ine, l'ergotine Ainsi, l'ergot de seigle est passé, au
s'est a\'érëc efficace contre les hémorr.t- cours de son histoire, d'une uti lisation En haut à gauche: Perséphone,
probablement sacrée lors des mystères reine des morts, est ass1se sur le
gics après l'accouchement. Depuis, de
trOne à côté de soo épou- Hadès,
puissants remèdes ont été élabori's à c!_'Éicusis à un poison craint au Moyen
selgneurdesen!ers. Elle lient des
panir de plusieurs autres alcaloïdes. Ils Age, pour devenir une ~ne de médica- céréales. Ce«edéesse.associée
sont utilisés notamment par la médecine ments llOU\"eaux. à l'origine au blé, fut enlevée par
Hadèsetsonretourduroyaume
desmortsétait liéàlarenaissanœ
symbolique lors des mystères
d'Ëieusis. Les fidèles croyaient
queleretoursurterrede ladéesse
Thi~ Jnfcription Serves to Authenticate était le garant de leur propre ré·
surrection. li est possible que la
1i·,1Ù1 of a Sin~ Jar Calamity;VVhichSud&:n!r · représentat1onde la vie de Persé-
phone se soit laite sous l'influence

l hp~d to apoor F.mllly in this Parilb, d'une boisson hallucinogène à


based'ergot.carlesGrecsavaient

Oh 'bichSi x Perfons loft their feet b.Y a


1 une coonaiSSance développée des
' proprlétéschimiQuesdesptantes.

Morljficalion not to be accounted for .


A fiùl J'\arrati,(· of their Ca1eis recorded
In the PariJl1 Reg;ifter 'Iii Pbil05:
ll·anfactions for 17Ô2.

105
25 ~!~~~ La fleur sacrée de l'étoile Polaire
27 :~~:pineuse
Tornaloco
28
29

Ci-dessus: Dans l'Himalaya, Da tu· Une bd le légende des lndiL•ns zuni il lus- Des fl eurs poussèrent à l'endroit où il5
ra stramonium var. tarula, recon· tre l'origine divine d'ancglakya, le Da- s'étaiem enfoncés, des fleurs pareilles~
nalssableàsesfleursviole1tes, es1 tura mnoxia, leur plante la plus sacrée. celles qu i ornaient leurs tempes lors·
le plus répandue
:~a~Î~~~fr~~~~~s s:~~~:;~~~n~ {~~~~
3 qu'ils visitaient le monde. Les êtres di·
vins nommèrent cette plante a'negla-
Adroite:la stramo1ne sacrée Da· rieur de la terre. Le garçon s'appelait kya, du nom du garçon. Les nombreux
tura me/e/es1 souven1 plantée au
pieddestasdepierresservantaux
A'neglakya ct la fille A'ncglakyatsi'tsa. enfants de la plante d'origine se sont ré·
Ils rnont.licnt cependant souvent à la );mdus de par le monde, certaines de
sacrificesdédiésauxdivini1ésde
la montagne. (photographié à Tuk· surface de latcrrcctfaisaicntde longues lcurs fleurs sont légèrement jaunes,
che. Népal) promenades. Tous deux faisaient très at- d'autres bleutées ou rougeâtres. Les
tention à cc qu'ils voy.ticnt ct enten- couleurs correspondent aux qu;ure
En bas: la fleur pleine jaune du daient pour le r.tpportcr à leur mère. points cardinaux . ..
Datura mele/. Cela déplut aux divins fils jumeaux du Cc datura ct d'autres espèces apparen-
Père Soleil. Lorsqu'ils rencontrèrent le tées ont été depuis longtemps utili~ês
garçon ct la fille, ils leur demandèrent:
., Commcm allez-vous? • ct le frère ct la
sœur de répondre: " Nous sommes
heureux. • Ils rJcontèrcnt aux jumeaux
divins comment ils pouvaient pousser
les hommes à dormir, ou à voir des es-
prits, ou à sc déplacer fiévreusement cr
à reconnaître les voleurs. Après cette
rencontre, les êtres divins décidèrent
qu'A'ncglakya ct A'ncglakyatsi'tsa en
savaient trop ct qu'il fallait les bannir
de cc monde à tout jamais. Ils firent
donc disparaître le frère ct la sœur à
l'intérieur de la terre pour toujou rs.

106
La chfmie des Datura

Les Datura contiennent les mêmes alcaloïdes que les autres sola-
nacées de la même famille (belladone, jusquiame, mandragore): de
la hyoscyamine et de grandes concentra tions de scopolamine. La
météloïdine est un alcaloïde secondaire caractéristique de D. metel.

comme hallucinogènes sacrés au Mexi - tre les dynasties Song ct Ming (960- Toutenhaut:Représentation tra-
que ct dans le sud-ouest des États-Unis. 1644), plusieurs espi!ecs de datura en dltioonelle d'une stramoine sur une
Ils ont joué un rôle important dans la prO\'Cnancc d' Inde furent introduites image médicale tibétaine.

~~~;dh;~: le~tl~;rbfe:~~hi?oi~ !n~~:i;~r~~


medecine indigène et dans des rites ma-
giqueset religieux. Agauche· On voit b.en les graines
du fru1t pendant du Datura innoxia,
D.1ns l'Ancien Monde, lc datura a une Le botaniste Li Shih-Chcn expliqua en
que des chamans mêchent alin de
longue histoire de plante médicinale ct 1596 l'usage médical d'une espèce con- tomberdansunetransedivina-
d'h,lllucinogène sacré, bien que cc gcn- nue sous le nom de man-t'o-lo: les toire.

J~ "Jr~~J;m~~~é~~~~i~~~rn~~~ PJ:~~n~~
1 fleurs ct les graines servaient à soigner
les éruptions cuunées sur le visage ct Au centre. Plusieurs espèces de
1\ou\·cau Monde. L'ancienne littérature l'o n prescrivait la plante en usage in- Daturajouaientunr61eprimordial
s~nskritc ct chinoise mentionne le Da- tcrnt• pour le traitement de rhumes, de dans l'anc1en Mex.que, que ce SOit
rura mctel. Cette cspècc est sans aucun troubles nerveux ct d'autres cas patho- comme remède ou comme halluci-
doute identique à la plante décrite au logiques. Mélangée à du vin et à du nogène. Cene page du • manuscnt
Badianus , (Codex Berbenni Lati.-
Xl' siècle par le médecin arabe A\·Î- Cmmabis, t.'!lc servait d'anesthésique
na241. Folio29)montredeuxes-
ccnnc sous le nom de jouzmathal (noix pour les petites interventions chirurgi· pèces de Datura et décrit leur
de métcl), signalée aussi par Dioscoride cales. Les Chinois connaissaient ses usage thérapeutique. Ce docu-
dans ses écrits. La désignation metcl propriétés narcotiques, car Li Shih- ment datant de 1542 est le premier
\·icnt du urmc arabe, tand is que le Chen les expérimenta sur lui-mê-me ct livre botanique écr~t dans le Nou-
nom du genre est issu du sa nskrit Dha- écrivit: « La tradition dit: si l'on cueille veau Monde
tur.l, latinisé par Linné. En Chine, les fleu rs en riant pour les utiliser avec
''ét.lit une plante sacrée : lorsque le du vin, cc dernier vous fera rire; si l'on Àdroite:CettefleurdeDaruraest
Bouddha prêchait, les cieux la cou- cueille les fleurs en dansant, le vin vous posée en offrande sur un lingum
dédié à Shiva à Pashupatinath, au
~uient de rosée ou de gouttes de pluie. fera danser.»
Népal.
Selon une légende taoïste, D,aura met cl En Inde, la plante était le buisson de
rst l'une des étoiles circumpolaires ct Shiva, dieu de la destruction. Des dan -
les messagers qu'ellc envoie sur terre seuses droguaient parfois le vin en y
tiennent une de ces fleurs à !.1 main. En- ajoutant des graines de datura. Qui-

107
Ci-dessous:Surcebronzesacré Àdroite:Enlnde,le fuit caracté-
chinoisde ladynastieSui, le ristiqueduOaturametelestoffert
BouddhaAmitabhaestassissous ensacrificeaud ieuShiva.
lesarbresduparadis,sertisde
pierresprécieuses.llestditque
pendantsesprêches,desgouttes
deroséeoudepluietombaientdu
ciel sur les Datura.

conque buvait de cette potion perdait


toute force de volonté, ne savait pas â
qui il s'adressait et ne se souvenait plus
de rien après son ivresse, alors qu'il avait
répondu aux questions qu'on lui avait
posées, apparemment en pleine posses-
sion de ses moyens. C'est pour cette rai-
son que les Indiens appelèrent le datura
«ivrogne,.,« fou,., « imposteur,. et • tri-
cheuP. En 1796, H ardwicke, un voya-
geur anglais qui :tvait souvent vu cette
plante dans des villages des montagnes
indiennes, raconta que les effets des
boissons alcoolisées éraient renforcés
par des infusions faites l partir de ses
graines. Durant toute la période sans-
krite, la médecine indienne sc servit du
Datura mere! pour soigner les troubles
mentaux, diverses fièvres, tumeurs, in-
flammations des seins, m:tladics de peau
ct la diarrhée.
Dans d'autres régions d'Asie, il fut ap-

précié aussi bien comme remède que


comme drogue. En Indochine, aujour-
d'hui encore, ses graines ou ses feuilles
réduites en poudre sont souvent fumées,
mélangées l du Cannabis ou du tabac.
En 1578, on signalait son emploi comme
aphrodisiaque en Inde orientale. Mais
dès la plus haute <tmiquité, on fut cons-
cient de la dangerosité du D(rt11ra mere!.
Le botaniste anglais Gerard pensait que

108
tés thérapeutiques de la plante tout en P. 108cenrredroire:L.a fleur du
prévenant qu'un usage excessif pouvait Darurainnoxiaquis"épanoults'ap-
provoquer une folie accompagnée de pellextohl<'uhenmaya( .. endirec::-
............-o~iZ\l~;IOoo...-- • chimères diYcrscs ct vaincs • . De nos tion des dieux •) et sert encore de
jours encore, le rôle magico-rclîgicux ct nos jours à des div1nahons et des
guér1sons chaman1ques.
thérapeutique du datura est important
au Mexique. Chez les Yaqui par exem- En haut· Un lru1t de Datura a été
le D.ilura était I'H1ppomanes mentionné ple, les femmes en prennent pour soula-
par l'auteur grec Théocrite, plante qui offertàNandi,letaureausacréde
ger les douleurs de l'accouchement. On Shiva.
rendait fous les chevaux. prête à la plante des cHeu si puissants
Surtout employé en Afrique, le Darura qu'elle ne peut l•trc maîtrisée que par
>lramonimn var. ferox est aujourd'hui une personne •autorisée • . Un ethna-
très répandu dans les régions chaudes botaniste a écrit: "Lors de sa cueillette,
des deux hémisphères. Son utilisation j'ai souvent été prévenu que j'allais per-
est semblable à celle de D. metel. En dre la raison ct mourir. puisque je la
T~nn.nie on le mélange pour ses pro- maltraitais. Plusieurs Indiens refusèrent
priétés enÎHantcs à une sorte de bière ensuite de m'adresser la parole des jours
~ppcléc pombc. En Afrique, les feuilles durant. ,. Dans de nombreux endroits, il
sont sou"ent fumées pour soigner est d'usage d'ajouter du toloachc au
~:f;~;~'c ct traiter les problèmes pu lmo· rnescal (un alcool distillé de l'agave) ou
au tesguino (sorte de bière de maïs), afin
Les Mexicains l'appellent tolo.\chc, ver- d'en augmenter l'effet enivrant. JI agit

PERFtJME

--·or_,__ .,_,__.
L o - - I c-• .. •~-­
•Mt~~ceyoo~o

=.=.-- o_., ...


(1 . .-CIIMIGIO . . . .ol

-?u..n~t
Unlsex

sion moderne de l'ancien aztèque toa- en • catalyseur pour provoquer un sen- À gauche: En Inde du Nord. les
loattin (•tête penchée .. , par allu sion au timent de bien-être ct des visions ... f1uitsde Oaturasontreliésencol-
port du fruit). En nahuatl, il s'appelait Chez les Indiens du sud-ouest des lier et offerts au dieu hindou Shiva.
tolohuaxihuitl ct tlapatl. Employé Ëtats-Unis, le Datura nmoxia est l'hal-
comme hallucinogène, c'était aussi un lucinogène le plus employé. Il a pris une À droite: Les guérisseurs popu~·
res ou curanderos nord-péruvieos
remède multiple, surtout pour soulager importance extraord inaire comme une
aiment ut1liser un parfum appelé
les rhum~tismcs ct pou r réduire les en- sone de sacrement. Pour les Zuni, cene dlamico lofs de lei.Jrs cérémonies.
flures. plante appartient à la confrérie des prê-
Peu après la conquête du Mexique, le tres de la pluie, ct seuls ces derniers pcu-
médecin Hcrnindez signala les proprié- vcm en récolter les racines. Ils en font

109
Ci-contre:Lefruitépineuxd'une
espèce rare de stramoine.

A df"OI/e: Une variété pourpre du


Datura mele/, mieUx connue sous
lenomdeDa/urafastuosa,est
surtout utilisée en Afrique comme
drogue lors de rnes initiatiques.

Ci-contre:LalleurduDaturastra-
monium var. ta tula s"ouvre le soir,
répand toute la nu~ un délicieux
par1um pour se faner le lendemain
matin.

..: j'ai nnngé les feuilles de une poudre qu'ils introduisent dans flucnec du toloaehc qu'ils utilisent aussi
stmmoinc leurs yeux pour entrer en contact la nuit pour acquérir des pouvoirs occultes. Si,
avec les êtres à plumage, ou ]{'S chiquent pendant la transe, un individu entend
ct les feuilles m'ont bit afin de d{'mandcr aux mons d'intercé- chanter un oiseau, il acquicn le don de
tourner b tête. der auprès des esprits pour qu'ils fassent guérison. Les Navajos apprécient égale-
tomber la pluie. Les prêtres utilisent ment les propriétés hallucinogènes du
également les {'ffcts analgésiques du Da - datur.l ct l'utilisent pour diagnostiquer
j'ai mangé les fleurs de wra zmw.t·ta pour de petites interven- ct soigner diverses maladies ainsi que
stramoine tions chirurgicales, les réductions de pour provoquer l'ivresse.
ct la boisson m'a fait fractures ct le nettoyage des plaies puru- On pense aujourd'hui que le Datlm
chanceler. lcnt{'s. L"s Yokut, qui appdlem œne stramomum est originaire de l'est de
plame tana yin, ne la consomment qu'au l'Amérique où les Algonquins et d'au-
printemps ct pensent qu'en été elle de- tres tribus l'auraient utilisé comme hal-
Le chasseur banda son vient vénéneuse. Ils en donnent aux lucinogène sacré. Au cours de la céré·
arc, mc toucha ct mc rua. adolescents, garçons ct filles, un{' seule monie Huskanawing, rituel initiatique
fois dans ]{'ur vie, afin de leur assurer d'Indiens d" Virginie, on employait un
bonheur et longévité. tl' mélange toxique dont l'ingrédient actif
Le chasseur coupa mes Dans la tribu Tabatulobal, garçons ct fil - était probablement le Datura stramo-
cornes ct les jeta, les boivent du datura après la puberté nmm. Les jeunes garçons, enfermés
la flèche resta plantée. pour« obtenir la vic " ct les adultes l'cm- pendant un{' longue période, n'absor-
ploient pour avoir des visions. Les raci - bai{'tlt rien d'autre que ,.]'infusion ou la
nes sont macérées pendant dix heures décoction de quelqu{'S racin{'S wxiques
Il mc toucha ct mc tua, dans de 1\·au; après avoir absorbé de ct enivrantes .. . Durant cette épreuve, ils
coupa ct jeta mes pattes. grandes quantités de cc br"uvag", les • se défont de leur vie antérieure" et en·
jeunes gens tombent dans une léthargie trent dans l'âge adulte en perdant tout
qui peut durer vingt-quatre heures ct souvenir de leur enfance.
Maintenant les mouches qui s'accompagne d'hallucinations. S'ils il existe au Mexique une espèce àedatu-
sont folles voient apparaître un animal (aigle ou ra fort curieuse: elle est si différente des
ct tombent à terre, les ai- faucon par exemple), celui-ci devient autres qu'on lui a assigné une section
les palpiramcs. leur an imal préféré et leur fétiche spiri- particulière du genre. il s'agit d" D. ctra-
tuel pour le reste de leur vic. S'ils voicm tocartla, pl ame charnue aux tiges épais-
«la vic,., ils reçoivent un esprit protee· ses et branchues, vivant dans les maréca-
Maimcnam des papillons teur. Cc dernier est immortel ct peut ap- ges ou dans l'cau. Appelée torna loco
ivres sont posés paraître en toute circonstance. Il {'St dé- (plante qui rend fou), elle est un puissant
fendu aux jeunes gens de tuer ['animal narcotique. Dans l'ancien Mexique, on
et ouvrent ct ferment dom ils ont cu la vision, car en cas de la considérait comme la« sœur de l'olo-
leurs ailes . .. maladie grave, celui -ci peut leur rendre liuqui" et la traitait avec respect. On sait
visite ct provoquer la guérison. très peu de choses sur son utilisation ac-
•Ch:msondeehasseprima• Les Yuma tentent d" lir" l'avenir dans tuelle comme hallucinogène.
f. Russel les réactions de leurs guerriers sous l'in- Comme les composants chimiques de

110
LdlustratJonci-dessous,tlréedes C1-dessous: Un magicien kuma Datura mele/var. fastuosa. Les
réatsdurt'IOIIlefranciSCainespa- du nord-est de I'Afnque conduit femmes sont possédées par des
(TIOI Sahagùn qui fut miss1onnaire une danse de femmes en transe. espri\squiutilisentleurcorps
peu ap!ès La conquête du Mexique, Celles-ci ont d'abord ingéré une pour revenir dans le monde des
montre comment s01gner les rhu- mi:dure secrète de nombreuses vivants
matismeS grâce à une intusion de plantes. souvent inconnues, dont
Datura. Cet emplOi est toujours re-
commarxlédanscertainesphar-
macopéesmodernes.

toutes ces espèces de datura sont simi-


laires, il n'existe quasiment pas de diffé-
rences dans leurs effets. L'acti vité phy-
siologique commence par un sentiment
de lassitude, puis survient une période
d'h.1llucinations suivie d'un sommeil
profond ct d'une perte de conscience.
Absorbée en doses excessives, cette
plante peut être mortelle ou provoquer
une folie permanente. L'activité psycho-
lropc de toutes ces espèces sc révèle si
imense que l'on comprend tout de suite
pourquoi les cultures primitives les ont
dtSsées parmi les plantes des dieux.

Ill
Le po nt ve rs les ancêtres

P 113 à QBuche Ces Vl8UX léb- • Zarne n• Mebc~e (le dernier des dieu-.: heures), afin d'•ouvrir la tête • ct d'ob-
cheslang1M1ieoi)IKisiA'Irappof1 nC;~teun) nous don no~ l'ibogo~. Un jour, tenir • un conutt a\ec les anr.:êtrc~,,
avec le culte de r 1boga il rcmuqu:t le Pvgméc Bitamu haut per- ~~~,c~~ d'une syncope ct d'h,lllucin;~-

---
p , 13 à <tort& le tusson d"iboga
développed"étonnants lruiiSJ<IU·

P tt 3enhaut· Aaclnesd'llx>ga
ché dans un arbre A tango~. dont il ranus-
s.tit les fruits. Il le fit tomber. Bitamu
mounll ct Zame recueilli t \On c~prit.
Ume coupa les petits doigiS ct les petits
orteils du cadavre ct les plant,\ dam di-
\'ers endroits de la fori-t. Il en pouss;~ des
buissom d'iboga."
Ceue drogue a une gr.mde influcrn.:c ~ur
tt vic sociale. Selon 1.1 loi des indigène~
un initié ne peut joindre le cercle que~·
a ,-u l.t di,·inité initi;uriœ Bwiti, ct le
seul moyen de la voir est de prendre de
l'ib~.)ga. ~ cC:rémonirs très complcxn

0-dessus.·Lesr8Cinesdel'itJo9a Cet arbu~tc haut Je 1,50 il 2 métres est le ct le\ danses ASsoc iées .1 \,1 consomm~­
sont mang6es ntuelement pour le seul membre de 1.1 (;~mille de\ .Jpcx~·na tion urlem (oncment d'un endroit l
culte bw!t1, af1n de provoql.lef des cécs a être urilisé comme h a l lucino~Cnc. l'.lutre.
visions des ardtres. Ses r.Jcine' jaun.itres contiennent le~ al- La. pl;r;ntc C\1 étroitement liée a la mt>n
~#~::dc r.:~~~~l1t;,or:rr~~~::~:er\~~
et elle est SOU\ent pcrsonnifi« ert être
Àdrofle ·Les plantes nécessanes surna turel, sorte •d'ancêtrcgénCriquc•,
au culte bwlti sont CUltivées à côté
du temple QUI u esl consacn! ou réduite en poudre et ingérée ou en- i tel point capable d';apprécier ou de
(Photographié au Gabon) core bue en mfusion. L'iboga est il la mépri~er un indi' idu qu'il peut l't:mptll
ba!>e du cuhe bwi ti et d'autres sociétés ter dans le royaume des mons. Pcnd.Jnt
'enète!> du Gabon et du Congo. L;r; dro · les mitiations, il urivc parfois que l'~b
gue est consommée de deux manières: sorpuon de doses cxcc~~ivcs d' i hog~
régulièrement en petites doses avant et prmoque ha mort. Le plu~ souvent, l'in-
pcnd;am IJ, première partie de.'> cérémo- toxication affecte i un tel point l'.;animr
nies, pui.'> en une dose pl us faible apri.-s mot rice que l'initié est contraint de res·
minuit; ensuite, une ou deuJC fois pen- ter .l~Sis,le regard fixe, scruunt le né.Jnt,
d.lnt l'i ni tiation .lU culte, cette fois-ci en .;anm de tomber en synwpe ct d'êtrt
surdose (le contenu d'un a trois paniers, .;alor\ tr;~nsponé dans une maison sp(·
sur une période de huit a vmgt-quatre ciale nu dans une CJ.chene de la forêt.

112
Durant cett e période presque coma-
teuse, •l'ombre•, c'est-à-dire l'âme qui
a quiné le corps, sc promène avec les La chimie de l'iboga
ancêtres dans le pays des morts. Les
banzic (anges), autrement dit les initi és, Les principes actifs du Tabernan the iboga appartiennent à la classe
racomcm ainsi leurs hallucinations: des alcaloi'des indoliques, comme ceux d'autres plantes hallucino-
• Un parent mon vint mc trouver dans gènes, telles que teonanécatl (Psilocybe spp.) ou ololiuqui (Turbina
mon sommei l ct m'ordonna de manger corymbosa). L:ibogaïne, que l'on peut produire par synthèse, est le
de l'iboga. • • J'étais malade ct on mc principal alcaloïde de J'iboga. Ses effets hallucinogènes s'accompa-
conseilla de manger de l'iboga pour gué- gnent de fortes stimulations du système nerveux central.

Une cure de désintoxication à l'ibogaïne

La racine de l'iboga contient l'alcaloïde ibogaïne, isolé pour la pre-


mière fois en 1901 en France. Dans tes années 60, te psychiatre
rir.• •Je marchai ou vobi sur une lon- chilien Claudio Naranjo l'introduit dans la psychothérapie parce qu'il
gue route multicolore ct au-dessus de "intensifie la fantaisie"· Aujourd'hui , l'ibogaïne se trouve au cœur
quelques ri\·ièrcs qui mc conduisirent de la recherche neuropharmacotogique. En effet, diverses expérien-
chezmesancêtres;cesderniersme me- ces ont démontré qu'elle contribuait à freiner el à guérir la dépen-
nèrent ensuite devant les grands dieux.,.. dance à des drogues telles que l'héroïne ou la cocaïne. L:ibogaïne.
L'iboga peut être un puissant slirnulant, atténue entre autres l'activité motrice qui se développe lors du se-
permettant à l'usager de maimcnir un vrage des opiacées. Selon Karl Naeher, un chiropracteur qui connaît
extraordinai re effort physique sur une bien l'iboga, "la prise unique d'une forte dose d'ibogaïne réduit
longue durée sans ressentir de fatigue. considérablement l'état de manque du toxicomane tout en lui offrant
Le corps semble souvcl\l être en apesan- une vision si profonde des causes personnelles de sa dépendance
teur. Des jeux de couleurs comme des qu'un grand nombre de patients traités de ta sorte peut vivre plu-
ucs-cn-cicl ou des spectres sont perçus sieurs mois sans rechute. Cela dit, plusieurs séances supplémentai-
sur les objets environnants, indiquant res peuvent être nécessaires avant qu'il y ait une stabilisation du-
au ban7ie qu'il approche du royaume rable., À Miami en Floride, Deborah Mash et son équipe étudient
des ancêtres ct des dieux. La perception actuellement la possibilité d'utiliser de l'ibogaïne dans la thérapie
du temps est altérée, il paraît sc dérouler médicamenteuse des toxicomanes.
plus lentement ct l'initié pense que son
•voyage,. a pris plusieurs heures ou rnê-

113
En haut au centre: La feuille ca· mc plusieurs jours. Il a l'impression
ractéristiquedel'iboga. d'être détaché de son corps: «Je suis ici
ct mon corps agit là-bas.,. De hautes do-
En haut à droite: Un exemplaire œ ses provoquent une synesthésie audi-
Tabemantheibogadans un herb1er tive, olfactive et gustative. L'humeur va-
comparalîf.
rie entre la peur ct l'euphorie.
~~g~~pli~:~~s~fta~ ~ar(fr~;t~~~~~dt~~
11

rance ct qu'elle avait des propriétés


aphrodisiaques. I:autcur d'un témoi -
gnage datant de 1864 insista sur le fait
que l'iboga n'était toxique qu'à forte
dose, ct que •les gu~rricrs ct les chas-
seurs en consomma1cnr constanunent d'autres plantes aux propriétés narcoti·
pour sc tenir éveillés pendant les gardes qucs. Elles sont employées seules ou
de nuit • . Il y a cent ans, les Allemands mélangées à Tabernanthe iboga. Lors-
découvrirent cette drogue au Came- qu'on la prend en faibles doses, il est
roun. Un rapport de 1898 signale que la bon de fumer du Cannabis sattva,
racine a« un effet excitant sur le système connu localement sous le nom de yama

~i~~·~~x~~~~~iednc ~~;l~~ccsc~~~~~il~:Pf:tt
ou bcyama. Au Gabon, on mange par·
fois de la résine de cannabis avec de
gantes, de \'oyagcs en pirogue ct de veil- l'iboga. L'Alan (Alcbornea f/oribunda)
les de nuit particulièrement dures•. consommé en grandes quantités doit ai-
La première mention des effets halluci- der à provoquer la syncope des inititi~

Cl-dessus:Lorsdelalêteinitia- nogèncs de ]'iboga date de 1903, lorsque bwiti. Dans le sud du Gabon, on le mé-
tique du culte bwlti, les novices fut rapportée l'expérience d'un initié lange à l'iboga. Une autre euphorbiacée,
consomment une très grande qui en avait consommé de fortes doses: l'ayan bcyem (Elaeophorbut drupifcra),
quantité de racinesd"ibogaqui, «Soudain tous ses muscles s'étirent est parfois utilisée si, au cours de l'ini-
aveclerituel,valeurpermettre d'une manière extraordinaire. Il est saisi tiation, l'effet de l'alan sc fait attendre:
d'entrerencontactaveclesancê-
d'une folie épileptique. La bouche de on en applique le latex directement dans
l'inconscient prononce des mots qui les yeux à l'aide d'une plume de perro-
pour les initiés possèdent un sens pro- quet, ce <]Ui affecte le nerf optique ct
phériquc ... provoque des visions.
Les cultes de l'iboga utilisent aussi Pendant les dernières décennies, l'in-

114
flucncc sociale comme
nombre de ses adeptes sc som régulière-
ment accrus. Il sen de bouclier aux in-
digènes comre les cultures étrangères
qui submergent leur société en pleine
mumion. Les adeptes considèrent que
l'iboga ct les cultes qui l'entourent leur
permettent de mieux résister à la verti-
gineuse transition entre l'individua-
lisme de l'ancien mode de vic tribal ct
le collectivisme, la perte d'identité, ap-
portés par la civilisation occidentale. Il
a permis d'unifier de nombreuses tribus
autrefois ennemies dans leur lune
commune contre les innovations impo-
sées par les Européens ct représente cer-
tainement la plus grande force de résis-
t.1nce contre le christianisme ct l'islam
introduits par les missionnaires. Un ini-
ti~ s'est exprimé ainsi: « Le catholicisme
et le protestantisme ne sont pas nos re-
ligions. Les églises de la Mission ne mc
rendent pas heureux. •
L'imponancc culturelle de la drogue est
évidente panout. Le terme iboga repré-
sente le culte bwiti dans sa totalité:
ndzie-boka (mangeur d'iboga) désigne
un adepte, nyiba-eboka désigne la rdi-
gion liée à la plante. L'iboga est une
plante des dieux dans tous les sens du
terme. Elle semble être indéracinable
dans les cultures indigènes de l'ouest de
l'Afrique centrale.

En haut: Les graines de l'iboga,


quinecontl8f"lnentquasimentpas
desubstancesactrves, negerment
que dans des conditions écologi-
q.JeStrèspartiC\Jiières.
À droite .·La musique est au ceotre
Iii culte bwlb au Gabon. le har-
I)ISte tooe eo chantant des liturgies
qui expnment la cosmologie et ta
VISion du monde de sa oommu·
nauté.

115
5 ~~~~~~~N~HEAA Les graines de l'esprit H ekula
Piptadénie
Yopo

Au commencement, le Soleil créa divers plus connu sous le nom de Piptadenia


êtres intermédiaires entre lui ct la terre. peregrina. L'Orénoque est ct a proba-
11 créa aussi une poudre à priser eni- blement toujours été le centre de la ré-
vrante, afin que les hommes puissent gion où la poudre à priser était consom-
entrer en contact avec les êtres surnatu- mée. On pense que les tribus indigènes
rels. JI cachait cette poudre dans son des Antilles avaient essentiellement
nombril, mais sa fille la découvrit et émigré du nord de l'Amérique du Sud.
c'est par elle que cc produit végétal di - La coutume de priser ainsi que l'arbre
rectement issu des dieux parvint aux furent très probablement introduits pilr

Ci-dessus: Les Ql8ines plates hommes.


d' Anadenanlhera peregnna ser· Dès 1496, une chronique espagnole si-
vent de poudre à priser d'lama· gnalait que les Tai no d'Hispaniola inha-
nique à de nombreux peuples in· laient une poudre appelée cohoba afin
diens,commeicienGuyane. de communiquer avec le monde des
esprits. Elle produisait des effets si in-
À droite: Le baron Alexander von
Humboldt et son collègue bola·
tenses que les usagers en perdaient con-
nisle Aimé Bonpland étudièrent la naissance. Lorsque son action com-
nore de rOrénoque, qui marque la mençait à sc dissiper, leurs bras ct leurs
frontière entre la Colombie et le jambes s'engourdissaient, ils se met-
Venezuela. C'est là qu'ils décou· taient à hocher de la tête ct l'espace
vrirenten18011apréparationet tournoyait, si bien que les hommes
l'emploi de la poudre à priser ap· semblaient y marcher la tête en bas. La
peléeyopo. disparition progressive des peuples abo- des 1ndiens venus de l'Orénoque.

!-~u~u~F~si:~;~niJ~ca ~t~cf~~ ~~!~u%~~~


rigènes a entraîné l'oubli de cette pou- 1
dre aux Antilles.
En 19 16, des recherches en cthnobma- d'hui coule de source. À l'époque pré-
nique permirent d'identifier le cohoba, hispanique, il était prisé par des tribus
que l'on avait pris jusque-là pour un ta- chibchan, des Andes colombiennes à
bac très fort. il s'avéra qu'il s'agissait l'ouest jusqu'aux plaines, les llanos, ct à
d'une poudre à priser hallucinogène, l'Orénoque.
connue sous le nom de yopo dans la ré- En 1560, un missionnaire vivant dans les
gion de l'Orénoque, fabriquée à partir
de graines d'Anadenanthera peregrina, ~::~a!~r~v~~t 1~cc!~~~~i~n: :r~n~~~
116
Agauche:Lesfeuilleslinement Ci-dessous: t.:Anadenanthera est Enbas : \1 ya 125 ans, Richard
pennéesdelapiptadémeserventà trèsrépandudanslesprairiesou Spruceramassasurlesbordsde
son iclefltlfiCaiiOO, mais ne contien· campos au nord de l'Amazonie l'Orénoque ces objets destinés à
neJ'Itaucul'lesubstanceaetlve. brésilienne. t.:arbreportedelon- la préparation et à la consomma·
guesgoussescontenant desixà tion de yopo. On peut encore les
douzegrainesà partir desquelles voirau muséum des Jardinsde
on prépare une poudre à priser Kewen Angleterre.
hallucinogène

~~ai~~~au ~~~~:~~i ~~ ra~::o~~oï;;.


: 'n
Dans leurs rêves, le démon leur mo nt re
toutes ses vanités pernicieuses qu'i ls
prennent pour la réalité. Ils croient à
leurs visions, même si on leu r annonce
une mort prochaine. Cette coutume de
prendre du yopa ou du tabac est géné-
ulc dans le Nouveau Royaume,.. En

Les principes actifs de t'Af)8denanthera sont des dérivés de tryptami-


!~js ~h~~u:~:~u ~~~~id~J~:~:~~~rjt~~
9 nes et appartiennent dOÔc à la classe des alcaloides indoliques. La
tryptamine est également le composant de base de l'acide aminé
pa ct du tabac ... Lorsqu'ils ont perdu tryptophane très répandu dans le monde animal. La diméthyhrypta-
connaissance, le démon leu r parl e ... Le mine (OMT) et la hydroxy-5 diméthyltryptamine (bufoténine) font par·
jopa est un arbre avec des gousses tie des tryptamines de I'Anadenanthera. La bufoténine est également
comme celles des vesces ct les graines à présente dans les sécrétions cutanées du crapaud (Bufo sp.), d'où
l'intérieur sont les mêmes, mais plus pe- son nom. On trouve également dans cette plante tes méthyl·2 et di·
tites .... À l'époque précolombienne, le méthyl-1,2 méthoxytétra-6 hydro·~-carboline.
yopo était si demandé que les Indiens
des montagnes, où l'arbre ne poussait
p.tS, allaicm chercher la drogue dans les
buscs terres tropicales ct en fa isaient
commerce. Selon un ancien historien es-

bicg:~~~ ~::i~~id~ac~t~~ ~:u~e:e~~~;~;~


l'herbe divina10irc est utilisée par les
mojas ou prêtres du Soleil à Tunja ct Bo-
goti.... Les Muisca .. ne partiraient ja-
mais en voyage, ne déclareraient aucune
guerre ct n'engageraicm rien d'impor-
tant sans s'informer au préalable de l'is-
sue de l'entreprise; ils reçoivent des vi-
sions d'avenir par l'ingestion de yop ct
osca•.

117
Les dessins représentent des ob-
jetstrouvéslorsdeloulllesarchéo-
logiques dans les Garaibes et en
Amérique du Sud (Haiti, Costa Ri-
ca.ColombieetBrésil).llsser-
vaientà aspirer la poudre à priser
ou illustraient l'usage r~uel de
celle-ci.

Suite de photos p. 118- 119: À certaines périodes, le yopo est pris


LesWaikadusudduVenezuelaet quotidiennement comme stimulant,
du nord du Brésil sont sans doute chez les Guahibo par exemple. Très sou-
les plus grands usagers de cette vent, il est administré par les payés, les
poudre à priser préparée avec les chamans, pour provoquer des transes et
gra1nes de rAnadenanthera pere-
grina. Ils en consomment d'énor- des visions de façon que les indigènes
mesquantitésqu'ilss'insufflent
puissent communiquer avec l'esprit He-
danslesnarinesàl'aidedelongs kula. 11 sert également souvent à favori-
tubeslabriquésavecdestiges de ser les prophéties, à protéger la tribu des
d1versesmaranthacées. malheurs, des épidémies ct des maladies
Avant de priser le yopo, les cha- ct à rendre plus agiles ct plus vigilants
mans se rassemblent et chantent, les chasseurs ct leurs chiens. '-
1nvoquant l'esprit Hekula, avec le- Pendant longtemps, les poudres à priser
quelilsvontentrerencommunica- à bascd'Anadcnanthera, à base de Virola
tioo pendant leur ivresse.
ou d'autres plantes Ont été confondues.
Ladrogueagitrapidement,laisant
d'abord abondamment couler le
C'est donc avec une certaine précaution
mucus nasal et provoquant des qu'il faut lire les canes ethnologiques
frémissements dans les bras. ainsi
qu'uneexpressiontorturéedu ?:;i~~ésd-~~~~~~~:;~,~~:cse~o~e~1~~i~~:
visage du Sud.
Cet état lan place à une périOOe En 17·-41, le missionnaire jésuite Gumil-
d'extrêmeag1tatiooquidureentre la, qui décrivit longuement la géogra-
une demi-heure et une heure pen- phie de l'Orénoque, parle de l'usage du
dantlaquelle leschamanssautent yopo chez les Otomac: " Ils ont l'habi-
etgesticulentencriantviolemment
pourappelerl'espritHekula.
tude abominable de s'enivrer par les na-
PUis, totalement épuisés, ils tom- rines avec certaines poudres nocives
bent dans une SOfte de transe du- qu'ils appellent yu pa. Elles leur enlèvent
rant laquelle ils s'adonnent à leurs la raison ct les font gesticuler furieuse-
hallucinations ment. .. Après avoir décrit la préparation
de la poudre et la wutumc d'y ajouter
de la coquille d'escargot, il signale

(r~;~é~~~:~s ~;~è~~~~\~e~:i~é tc~i~;~,cJ~


sc blcsselll, ct ivres de sang et de colère
ils partent en guerre comme des jaguars
enragés ...

118
Alexander von Humboldt fit le premier avec lequel les graines sont écrasées ..
r~pport scientifique sur le yopo. Il en La poudre est conservée dans un éwi
identifia la source botanique ct décrivit en os de patte de jaguar. Pour la priser,
comment les Maypurc de l'Orénoque, ils utilisent un appareil fabriqué avec des
oU il observa la préparation de la drogue os de pattes de héron ou d'autres échas·
en 1801, c.tssaicm les longues gousses, siers,assembléscn Y. ,.
les trempaient ct les laissaient fermenter. Il existe des différences notables dans la
QuAnd elles étaient devenues noires, les préparation du yopo suivant les tribus ct
grAines ramollies étaient pétries avec de les régions. Généralement, les graines
b hrinc de cassave Ct du calcaire prove- sont grillées et pulvérisées. On y ajoute
nant de coquilles d'escargot, puis for- du calcaire provenant de coquilles d'es-
mées en gâteaux que l'on réduisait en cargots ou des cendres dejFtaines plan-
poudre lorsqu'on voulait priser. l lum- tes, mais quelques Indiens emploient la
boldt pensait ii. tort qu'il était « peu pro- poudre sans ces additifs alcalins. Appa-
bable que les gousses soient la principale remment, l'Anadcnanthera n'est jamais
cause des effets de la poudre ii. priser .. mélangé à d'autres p lantes.
Ces effets sont dus au calcaire fraîche- L'Anadenanthera peregrina, parfois cul-
ment moulu •. Plus tard, Spruce donna tivé, pousse natu rellement dans les plai-
une description très détaillée de la pré- nes ct prairies du bassin de l'Orénoque à
paration ct de l'emploi du yopo chez les la frontière emre la Colombie ct le Ve-
Guahibo de l'Orénoque. Il recueillit un nezuela. On le trouve également dans
m.uériel ethnographique complet con- les forêts claires du sud de la Guyane
cernant cc narcotique; pourtant, les britannique ct dans la région du Rio
grAines qu'il expédia en 1851 pour exa- Branco du nord du Brésil, ainsi que dans
men chimique ne furent analysées qu'en les savanes isolées des environs du Rio
1969. Madei ra. S'il apparaît ailleurs, c'est qu'il
• Une horde d' Indiens guahibo itiné- y fut sans doute introduit par les In-
r.mts avait installé son campement sur diens. Au siècle dernier, il était fréquem -
les savanes de Maypli. Leur rendant vi- ment planté dans des régions extérieures
site, je vis un vieillard qui écrasait des à son h.tbitat naturel.
graines de niopo. Après avoir été gril -
lées, les graines som réduites en poudre
sur une planche en bois qu'on maintient
sur les genoux par une grande anse assez
fine, tenue de la main gauche, les doigts
de la main droite serrant un petit pilon

119
ANAOENANTHEAA
COLUBAINA var. cebn Les graines de la civilisation

De gauche à droite: Les Mataco Le déscn d'Atacama dans le nord d u de 4 500 ans. Cet usage psychmrope
soignentlescéphaléesensela· Chili renferme une oasis, appelée au- semble s'être surtout répercuté su r la
vant la têteavec uneinlusionde jourd ' hu i San Pedro de Atacama, d ans cu lture tiah uanaco (« habitati on du
cossesdecebll fraïchesencore laquelle l'historien d'art ct archéologue Dieu,.) qu i passe pour la culture mère
vertes. Labutoténineestlasob- C. Manuel Torres a découvert ct étudié des civilisations andi nes qu 'elle a toutes
stance active principale des • grai·
nes de la civiHsalion. (semen
600 tombes préhistoriques éwnnantcs. influencées.
Anadenanthera colubrina).
Presque chaque mort avait près de lui De nombreux objets précolombiens
Les cosses mOres de l' Anadenan- des ustensiles scrvaru à la prise tradi- ayant un rappon avec la poudre à priser
rhera colubrinavar. cebffse ras- tionncl lcduccbll. (plateaux, tuyaux) ont été trouvés en
semblent sous la voûte du feuil· Le mot ccbil désigne aussi bien un arb re, Argem ine (Puna) ct au C hili (désert
lage. ]' Anadenamhera colJ1brina, que les grai- d'Atacama). D'après leurs ornements,
L'écorce noueuse du cebfl argentin nes de celui-ci, qui peuvent déve lo pper qui ont certainement été réalisés sous
(Anadenanthera colubnna var ce- des effets fortement psyd10tropcs. l'influence d' hallucinations ducs au cc·
bi/). Les plus anciennes preuves d'une ufft~­ bil, ils appaniennent à la cul lU re tiahua-
sarion riiUclle ou chamaniquc des grai- naco. Dans sa Relaciôn, le chroniqueur
Page 121: I..:Anadeflanthers colu-
bnnavar. cebilavecseslruits
nes de ccbll ont été trouvées dans des espagnol Cristobal de Alborno7 est le
mûrs grot! cs de la région de Puna, dans le premier, en 1850, à noter l'usage de cette
nord-ouest de l'Argenti ne. Pl usieurs pi- poudre dans les Andes méridio nales. Il
pes en céramiq ue dont les têtes conre- sc peu t que b. substance psychotrope
naicm encore des restes de graines prou- appelée villca par les colons soit iden·
vent que l'on fumait le cebil il y a plus tique au cebil, toujou rs prisé par les cha-
mans des Wichi ( Indiens mataco) du
nord-o uest de l'A rgenti ne, bien qu'ils
La chimie de I'Anadenanthera colubrlna préfèrent fumer les graines séchées d
grillées dans des pipes ou sous forme de
Certaines variétés de graines de cebfl ne contiennent qu'une seule cigarettes. Pou r eux, les grai nes de cebil
substance psychotrope, la bufoténine de formule C 12 H, 60N2 . D'au- sont un moyen de pénétrer le monde pa·
tres renferment la Me0-5 MMT. ta DMT, le N-oxyde de DMT, le N- rallèlc ct d'influer sur lui, ou, comme le
oxyde de OH-5 DMT, ainsi que la bufoténine. Des spécimens an- prétend le chaman Fortunato Ruiz, elles
ciens ne contenaient que 15 mg/g de bufoténine. sont la porte d u monde des visions.
Dans les graines séchées des arbres du nord-est de l'Argentine, à Rui7 fume les graines mélangées à du
Salta, on a trouvé essentiellement de la bufoténine (4 %) et une sub- tabac ct de l'aromo, tout comme ses an·
stance apparentée, peut-être de la sérotonine, mais ni d'autres tryp- cêlres il y a 5000 ans. Le nord-ouest de
tamines, ni d'autres alcaloïdes. Des graines prélevées dans le jardin l'Argenti ne possède donc la plus vieille
d'un chaman mataco contenaient 12 o/o de bufoténine , présente aus- tradi tion, jamais interrompue, d'usage
si dans les cosses mûres. rituel ct chaman iquc d'une substance
p:.ychotrope.

120
~
En bas: Sur celte toile de 1996, qui porte Ci-contre: l e récent rapport sur les Ma-
le nom · Rien n'est séparé de moi•, la taco du nord de I'Argenline qui fument et ·
peintre allemande Nana Nauwald a re- prisent l' Anadenanthera eolubrina
présentéle fruitd'une expérience avec le coofirme l'hypothèse des Espagnols se-
cebii. Ony voit leshallucinationssinu- lonlaquellecebiletvillcaproviendraient
eusessitypiques. de cette plante.
·Ei-
Ces dernières années, quelques Indiens
mataco ont été convertis au christia-
Qu 'était le villca? nisme. Ils ont tom de suite assimilé l'ar-
bre biblique de la connaissa nce au cebil
La littérature coloniale de la Nouvelle-Espagne parle souvent de sans cependant y voir de frui t défendu,
l'usage psychotrope de certaines graines et de certains fruits appe· mais le fru it d'u n arbre sacré, utilisé par
lés huilca, huillca, uillca, vilca, vilcas, villca, wil'ca, wiUca ou willka . les chamans à des fins curatives.
Aujourd'hui, ces fruits sont considérés comme étant les graines de Les halluci nations provoquées par lecc-
l'Anadenanthera colubrina. Le viltca avait une importance rituelle et bfl ont influencé l'iconographie ti a hu ~­
religieuse considérable dans le Pérou préhispanique puisque les naco, comme celle de Chavin de Huan-
prêtres incas de haut rang, ainsi que les devins (umu) étaient égale· tar, dont les moti fs sont semblables.
ment nommés villca ou vilca camayo. Un objet sacré indien (huaca) Ainsi, les serpe nts emrclacés ou noués
était appelé villca ou vilcacona et la montagne sainte dont le sommet qui sortent de la tête du dieu de l'oracle
avait servi de refuge à quelques hommes lors du déluge de l'ère
primitive était le Villca Cota. Fn~~v::t~ n~~~csi;~crT:~~tll.comme des
Pour les Incas, les graines avaient valeur de psychotrope cérémo- L'effet de la poud re de cebfl dure cn\·i-
niel. Le .. jus » de vinca était versé goutte à goutte dans la bière de ron 20 minutes pcndam lesquelles on a
maïs que le devin buvait pour voir l'avenir. En outre, des lave- de fortes hallucinations en noi r ct blanc,
ments pratiqués médicalement ou chamaniquement étaient appe- pl us rarement en couleurs, presque ja-
lés villca. mais géométriques mais flui des et dé-
centralisées qui rappe llent clairement
les dessi ns précolombiens de la culture
tiahuanaco.
Fumées, les graines de ccbil provoquent
également des hallucin ations, très foncs
pendant environ JO minu tes et qui dis-
paraissent dans les deux heures.
Ap rès environ 5 à 10 mi nutes pendant
lesq uelles on a l'impression de s'aJour·
dir, des hallucinations visuel les appa·
raisscnt derrière les paupières doses.
Cc sont des lignes si nueuses qui sc mt-
langent, des figures géométriques, sy-
métriq ues ou cristall ographiques. Les
visions l caractère réel, com me voler,
voyager dans d'autres mondes, sc trans-
fo rmer en ani mal, etc. som rares.

122
Al'extrême gaUChe: "Serv.ce à
priser .. précolombien d'une tombe
de San Pedro de Atacama au Chili.

À gauche:Cet os gravé est un ré·


cipient depoudreApriserpréco-
lombien (San Pedro de Atacama,
Chili).

Ci-dessus: Dans la région de Puna


dans le nord-ouest de rArgent1ne,
cela lait plus de 4 500 ans qu'on
/ume ou prise les gra1nes de ~Il
lors de cérémonies curatives.
C"estlapluslongueutilisation
continued'uneptantechamanique
hallucinogène jamais recensée.

Agauche: Celle huile sur toile de


la pe1ntre américano-colombienne
Donna Torres montre le cabinet de
travail d'un ethnobotaniste qui étu-
diei"Anadenantheracolubrina
(1996).

123
9 ~~~~:IOPSIS Ayahuasca, le breuvage magique
8Q 6~:k~~n~TAIA de l'Amazonie
68 ~~~~~ge
g3 ~!~RAPTERI S

Dans le nord -ouest de l'Amérique du crispa ou toé negra; Calathea veitchianfl


Sud, il existe une d rogue magique do nt (maranthacécs); Alternamhera /ehmfln-
les Ind iens pensent q u'el le libère l'âme nii (amaramhacées); une espèce d'Ire-
du corps de façon qu'elle puisse errer sine; plusieurs fougè res dont Lygodium
librement ct regagner son enveloppe venustum ct Lomariopsis japurensis;
charnelle lorsq u'elle en a envie. L'âme Phrygyltmtlms eugenioides de la famille
ainsi libérée conduit son possesseur loin du gui; Ocimum micramhum, le basi-
du q uotid ien dans un royaume mervei l- liq ue américain; une espèce de Cyperus;
leux qu'il considère comme la véritable plusieurs eaciUs dom Opuntia ct Ept-
réalité. L'homme peut alors commu ni - phyllum; enfin, un membre du genre
quer avec ses ancêtres. Le nom quechua Clusia (gummifères).
de cette boisson eni vrante, ayahuasca, Les indigènes om souvent des noms
•la liane de l'âme», illustre sa capacilé particuliers pour désigner différentes
de libérer l'esprit. Les plantes grimpan- sortes d'ayahuasca, alors que le bou-
tes q ui composent cc breuvage sont, aux nistc trouve souvent la même plante lors
yeux des Indiens, de véritables plantes de vérifications. Il est généralement dif-
des dieux puisqu'el les contiennent une ficile de comprendre le système classifi-
substance qui procure des forces surna- catoire aborigène. Le nom donné dé-
tu relles. C'est un cadeau des d ieux aux pend pour certai nes« variétés,. du stade
premiers Ind iens qui vécurent sur terre. de dévcloppemem, pour d'autres de dif-
L'ayahuasca possède plusieurs noms fére ntes parties de la liane, pour d'auues
vernaculaires: caapi, d:i.pa, mi hi, kahi, encore des conditions écologiques in-
natcma, pindé, ou yajé. Cc breuvage égales (par exemple, la différence du
qui se rt à la fois à la divination, à la sor- sol, de la lumière, de l'humidité). Selon
cellerie ct à la thérapeutique est profon- les Indiens, ces diverses «variétés,. ne
dément enraciné dans la mythologie ct produisent pas les mêmes effets et il est
la philosophie indigènes. Il fait partie fort possible que leu rs compositions
de la vic indienne depuis toujou rs. chimiques soient différentes. Il s'agit li
Deux espèces apparemées du genre Ba- d' un des aspects les moins étud iés mais

;~::~~~~sid~ot~~~~~~~~l~;:a ~as~-dc:~~f'~
les plus intéressants de la recherche mo-
derne sur ['ayahuasca.
B. inebriam. Localc111ent, on utilise par- Les Tukano de Colombie, par exemple,
fo is aussi B. quitensis, Mascagnia glan- re<:onnaissent six «variétés,. d'ayahuas-
dulzfera, M. psilophylla var. antifebrilis, ca, ou kahi. il n'a pas toujours été pos-
Tetrapteris metbystica ct T mucronata. sible d'en faire la détermination bota-
Toutes ces plantes sont de grosses lianes nique mais elles portent toutes des
de la forêt de la famille des malpighia- noms indigènes bien distincts. La plus
cécs. B. caapi ct B. inebrians sont sou- forte, appelée kahiriâma, provoque des
vent cultivés, afin d'être toujours dispo- hallucinations auditives ct procure le
nibles. do n de prophétie. Elle a également la ré·
On ajoute souvent à la boisson de base putation de tuer celui qui l'emploierait
des plantes de familles totalement diffé- mal. Méné-kahf-mâ, à peine moins puis-
rentes pour en modifier les effets. Les sante, donne des visions de serpents

Î:sdj~i~_l::t:~~;a~:u;::J~s ~:Ï1~~
0 5 ve rts. On en ut ilise l'écorce ct, employée
r: b;::é:s sans précaution, elle peut aussi être mor-
que Psychotria carthagiuemis ou P. viri- telle. Il est possible que ces deux., varié·
dis . On peut aussi y mêler d'autres plan- tés ,. ne soient pas des Banistcriopsis ni
tes psychotropes comme Brugmamifl même des malpighiacécs.
suaveolcm, Brunfelsia chlricaspi ct La troisième, la suâna-kahf-mâ (kahi du
B. grandiflora. Parmi la multitude de jaguar rouge) donne des visions dans
plantes utilisées sc trouve le tabac, Ma - des tons de rouge. Kahi-vai bucura-rijo-
louetia tamaquiarina ct une espèce de mâ (kahi de la tête de singe) provoque
tabcrmémontanc de la famille des apo- des hallucinations chez les singes ct les
cynacées, Te/i.ostachya lanceolata var. fait hurler. La plus faible de ces ., varié-

124
À droite : lesrejetonsdela liane
Banisteriopsis.
À gauche : Un Indien shipibo avec
uneliane,qu'ilcultivedansson
jardin.

P. 124 en haut : la liane Baniste-


riopsiscaapiestunesol'deplante
grimpantetropicaleàcroissance
rapide.

P. f 24 en bas : les morceaux de


tige constituent la base de la pré-
paratiOI'ldel'ayahuasca.

125
«ayahuasca, remède, donne-moi !'ivresse!
Aide-moi en mc dévoilant tes mondes mag~ifiqucs!
Tu as été créé par Dieu, qui a aussi créé les hommes.
Révèle-moi les mondes de ca médecine. J e veux guérir les corps malades:
Cet enfant malade, cette femme malade, je veux les guérir en faisant tout bien . ,.
Chantdcl'ayahuascadcsShipibo

Ci-dessus:En1851, le botaniste tés,. hallucinogènes est l'ajUwri-kahi- L'ayahuasca provoque souvent la nau-
britanniqueSprucecollecta les mi; elle produit peu d'effet. On l'utilise sée, des vertiges ct des vomissements ct
premiers spécimens de Baniste- pour renforcer méné-kahi-ma. Toutes met dans un état soit euphorique, soit
riopsiscaapiquïlexpédiaenAn- ces « variétés" sont vraisemblablement agressif. Au cours de leurs visions, les
gleterrepouranalysechimique.En des formes de Banisteriopsis caapi. Le Indiens assistent souvent à de formida-
t969, on les retrouva au muséum kahf-somomâ ou kahî-uco (kahi qui fait bles attaques de serpents géants ou de
des Jardins botaniques de Kew.
vomir) est un arbuste dont les feuilles jaguars qui leur font cruellement ressen-
Aucentreetàdroile:Chezles sont mêlées à l'ayahuasca pour leur effet tir leur propre faiblesse. Ces apparitions
Kofân de Colombie et de I'Equa- émétique. il s'agit sans doute du Diplop- récurrentes de serpents ct de jaguars
teur,dessorciers-guérisseurspré- lerys cabrerana que les Siona Tukano dans les hallucinations ducs à l'ayahua-
parentlecurareet leyajé.Ceder· appellent oco-yajé. sca ont intrigué les psychologues. On

~~e~~~~~;;:~~n~él~~~:é;u~~c ~~~i~~
nierestconsomméparlesKofân comprend l'importance de ces animaux
avantdepartiràlachasse,dans qui, dans toute la forêt tropicale, sont
l'espoir que les visions révèlent les l'ayahuasca a retenu l'auention du pu- les seuls êtres que les Indiens craignent
cachettesdesanimauxrecher- ct respectent. Leur force ct leur appa-
blic grâce à des articles de journaux
chés.
mentionnant ses pouvoirs télépathiques. rence mvstéricuse leur ont donné une
P.l27àdroile:Lesindigènes Suite à cela, le premier alcaloïde isolé à place pri'mordialc dans les croyances re-
dansentenligneenexécutantdes partir du Banistcriopsis fut nommé télé- ligieuses des aborigènes. Les chamans
pas compliqués. accompagnés du pathinc. de plusieurs tribus se transforment en
sondesmaracasdechantstypi- Il y a diverses manières de préparer cet félins pendant l'ivresse ct exercent leurs
quesdescérémoniesbarasana hallucinogène. Habituellement, on sc pouvoirs secrets sous cet aspect. Les
durant lesquelles on boitducaapi sert de morceaux de tiges fraîchement guérisseurs yckwana imitent les rugisse-
(RioPiraparanà). coupés dont on gratte l'écorce. Dans ments du jaguar. Les Tu kano qui ont bLi
l'Ouest, celle-ci est bouillie pendant de l'ayahuasca ont parfois des visions
P. J27àgauche:Lesnombreuses
plusieurs heures ct donne un épais li- cauchemardesques durant lesquelles ils
tribustukanodubassinduVaupés
enColombieetauBrésildédient quide amer qu'on absorbe à petites do- sc croient déchirés par des jaguars ou
auxancêtresunecérémooieré- ses. Ailleurs, on la pulvérise ct on lapé- étouffés par des serpents géants. Ils
servéeauxhommes.Ladanse trit dans de l'eau froide. 1! faut avaler de voient des serpents multicolores grim-
Yurupari,durantlaquelleilsboivent grandes quantités de cc breuvage car il per sur les piliers des maisons.
ducaapi,permetàcesderniersde est moins concentré. Les effets de ces Cette drogue peut servir aux chamans à
communiqueraveclesespritsdes boissons enivrantes varient selon les diagnostiquer des maladies, à éloigner
défunts méthodes de préparation, l'humeur de les désastres imminents, à deviner les
celui qui les boit, la quantité ingérée, le desseins d'un ennemi ou à prédire
nombre et le type d'additifs, le but de l'avenir. Mais elle n'est pas seulement
leur utilisation ct la force incantatoire un outil chamaniquc: l'ayahuasca rem-
du chaman. plit la vie des indigènes qui en consom·

126
ment des quantités rarement aueintes La chimie de l'ayahuasca
par d'autres hallucinogènes. Tous les
usagers, qu'ils soient chamans ou non,
voicm les dieux, les premiers ê~rcs hu ~
mains, les animaux origi nels, ct ils
comprennent la place qu'ils occupent
Pensant qu'il s'agissait d'une nouvelle découverte, on nomma télé-
pathine et banistérine les premiers alcaloïdes isolés à partir du Ba-
nisteriopsis. Des recherches chimiques plus récentes montrèrent
1
que ces substances étaient identiques à l'harmine, alcaloïde déjà
dans la société humaine dans laquelle connu, tiré de la rue sauvage (Peganum harmala). En outre, o~ a
ils sont nés. trouvé dans le Banisteriopsis les alcaloïdes secondctires harmallne
L'ayahuasca est avant wut un remède; et tétrahydroharmine, qui avaient également déjà été isolés à partir
c'est le grand remède. Le chef de la cé- du Peganum. Les principes actifs sont des alcaloïdes indoliques que
rémonie de l'ayahuasca, chez les Campa l'on trouve dans de nombreux autres hallucinogènes.
du Pérou, est un chaman spécialisé qui, L:ayahuasca est un comgpsé pharmacologique unique associant
suivant un ancien précepte, maintient ct Banisteriopsis caapi, qui contient de l'harma!ine, et Psychotria viri-
~~b:~î~ts~~Ï·~;:;~~~s~~~cSo~sl'~~ffc~ ~~ dis dont les feuilles contiennent de la OMT. Charmaline, inhibiteu r de
mo'noaminooxidase (MAO), bloque la distribution de celle-ci. Or, il
la drogue, sa voix prend des sonorités s'agit là d'une enzyme produite par le corps humain, qui décompose
inquiétantes ct lointaines. Les frém i sse~ la substance hallucinogène DMT avant qu'elle n'atteigne le système
mcnts de sa mâchoire signalent l'arrivée nerveux central. C'est donc grâce à la combinaison de ces deux
des bons esprits qui, merveilleusement substances que la boisson peut exacerber les sens et provoquer
vêtus, chantent ct dansent devant lu i. des visions.
Lorsque le chaman reprend les chants
des esprits, sa voix n'est pratiquement Les plantes qui contiennent des ~- carbollnes inhibitrices de
plus la sienne. Pendant toute la _du~ée MAO :
de ce chant, son âme voyage au lom, m~
dépcndamment du déroulement de ~a Banisteriopsis spp. harmine
cérémonie, ct le chaman peut commum~ Kochia scoparia (L.) Schrad. harmine, harmane
q u e~ aux participants les volontés des
Passiflora involucrata ~.-carboline
cspnts. Passiflora spp. harmine, harmane, etc.
Les chamans des tribus péruviennes des Peganum harmala L. harmine, tétrahydroharmane, di-
Cohibo ct des Shipibo racontent que hydroharmane, harmane, isohar-
pendant l'ivresse leur âme voyage sur mine, tetrahydroharmol, harmalol ,
une pirogue surnaturelle rempl ie de dé ~ harmol, nor-harmine, harmalicine,
mons pour reconquérir des âmes per~ tetrahydroharmine, harmaline
dues ou \"Oiées. Strychnos usambarensis Gilg. harmane
Les effets de la boisson sont fortement Tribu/us terrestris L. harmine et autres
modifiés par l'addition de feui lles de Di-

127
plopterys cabrerana ou de f'sychotria. pari. À un signal à peine visible de l'un
Lors d'une prise orale, les tryptamines des hommes les plus âgés, toutes les
(DMn contenues dans ces dernières femmes, depuis les mères avec leur bébé
som inactives si elles ne sont pas ac- au sein jusqu'aux vieilles édentées, sc
compagnées d'inhibiteu rs de monoami- rendirent à la lisière de la fo rêt proche,
nooxydasc. L'harminc ct ses dérivés, pour écouter de loin les notes profondes
présents dans B. caapi ct B. incbriam, ct mystérieuses des trompettes dom la
sont de tels inhibiteurs. Grâce à ces ad- vue signifie pour toute femme une mort
ditifs, la durée ct l'éclat des visio ns sont certaine ... Les payés ct les vieux n'hési-
grandement accrus. La boisson sans mé- tent d'ailleurs pas à préserver la crédibi-
lange donne généralement des visions lité et la justice du mystère en con trant
bleues, pompres ou grises alors que si la curiosité féminine avec du poison.
on ajoute des tryptamines, ell es devien- Quatre paires de clairons avaient été
nent rouges ct jau ne vif. sorties de leur cachette ct les joueurs sc
L'ivresse duc à l'ayahuasca peut être très rangèrent en demi-cercle, produisant les
violcntc. Une période de vertiges, de premi ères notes profondes ... Pendant
ncrvosité, de fo rtes sueurs ct parfois de cc temps, de nombreux hommes âgés
nausées, est suivie de visions lumineu- avaient ouven leur boîte tangatara avec
ses. Le jeu des couleurs débute dans un les plumes de cérémonie, ct, choisissant
état de lassitude par le blanc qui devient avec grand soi n des collerettes bri ll:uucs
un bleu fumé "ct brumeux qu i s'accroît et colorées, ils les attachèrent au milieu
en intensi té. Puis survient un profond des clairons les plus longs. Toul en haut: De nombreuses es-
Avançant ct reculant à peti ts pas de pèces de passiflore (PasSiflora
sommeil peuplé de rêves, parfois ac- spp.) contiennent de l"harm1ne et
compagné de poussées de fièvre. L'effet danse, quatre vieux, dans un rythme de l"harmaline.
désagréable le plus fréquemment res- parfait et avec une cadence dramatique.
senti est une diarrhée qui sc prolonge défilèrent dans la maloca, fa isant sonner Ci-dessus. La rue sauvage (Pega-
au-delà des effets psychotropes. Ces ef- les clairons décorés. De temps en num ttarma/a) et son fruit capsu·
fets som très intensifiés par les additifs temps, quelques indigènes sonaicnt par laire.
contenant des tryptamines qui provo- la porte en dansam, les clairons haut le-
quent par ailleurs dcs tremblements vés, ct rcmraient après Ut\ court instant. P. 128en haut:l.a fresque de l'aé-
convu lsifs, une mydri:tsc (dilatation des Leurs col lerettes de pltf:nes, en s'épa- roport de Cuzco. au Pérou, révèle
lemondedevisionsdel'ayahuas-
pupilles) ct une accélération elu pouls. nouissant et se refermant, traversées
par la lumière du jour, étaient illumi- ca.
Une grande insouciance ou une agressi-
vité exacerbée sont les signes d'un stade nées de merveilleuses cou leurs. Des P.l28enbas:Leshabitstradition-
avancé de l'ivresse. hommes plus jeunes commencèrent les nelsdeces lndiensshipibodeYa-
Le yurupari, célèbre cérémonie des Tu- premières fla gellation s sauvages ct le rinacocha, au Pérou, sont décon~s
kano, est un ritu el de communica tion maître de cérémonie apparut, tenant à avecdesmotifsayahuasca.
avec les ancêtres. 11 est le fondement de la main une cu rieuse cruche d'argile
la vic sociale en même temps qu'un rite rouge contenant le puissant breuvage
d'initiation pour les jeu nes hommes. La narcotique appelé caapi. Cc li<luide
vue de la trompette sauéc qu i appelle brun ct épais fu t servi par paires dans
l'esprit Yurupari est interdite aux fem- de toutes petites gourdes rondes. De
mes. Faite d'écorce, elle exerce une in- nombreux buveurs \'Omirent immédia-
fluence favorable sur les esprits de la tement.
fécondité, guérit les maladies très répan- Douze hommes plus âgés sc coiffercnt
dues ct accroît les prÎ\·ilègcs des hom- des plus beaux diadèmes fa its de plu mes
mes ct leur domination sur les femmes. éclatantes de guacamayo, se parèrent de
De nos jou rs, le yurupari n'est plus que longues plumes d'aigrette, de pièces
rarement pratiqué. ovales fa ites de la peau rousse du singe
Un article assez récent ct détaillé donne hurleur, de disques de carapace de tatou,
de la danse cérémonielle la description de précieux anneaux en poil de singe, de
suivante: ., Le son profond des tam- cylindres de quartzite ct de ceintures en
bours à l'intérieur de la maloca annonça dents de jaguar. Couverts de ces tro-
l'apparition du mystique clairon yuru- phées d'an sauvage, ils formèrent un

129
Ci-dessus: Cette cruche de bière demi-cercle ondu lant ct dansant, la duits lorsque les hommes vinrent peu-
des$h1pibo-Coniboestcouverte mai n droite de l'u n posée sur l'épau le pler le Vaupés. !lieur fallut endurer des
clemollfsayahuasca. de l'au tre, tous bougeant ct chantant à années de peine ct de misère avant de
l'unisson. Le vieux payé menait le pouvoir s'installer dans ces nouvelles ré-
A droita:Des femmes shipibo pei·
gnentdesmotifsayahuascasur
une céramique ;~~fK:n~tlabt~~~id~~:l ~~~~~1;0c7~acr~ gions. Les fleuves groui llaient de ser-
pen ts et de dangereux poissons, l'air
de tabac posé sur une fou rche de céré- était saturé d'esprits cannibales, et c'est
monie en bois scu lpté, tandis que sa dans l'effroi que les Tu kano reçurent les
lance à grelms ne cessait de vibrer. Pu is fondements de leur culture.
le chant cérémoniel cachîrî, fam ilier ct Chez ces premiers Tukano vivait Yajé,la
solennel, fut entonné par tout le groupe; femme origi nelle de la création, qui
les voix graves montaient et descen - " noyait • des hommes dans les visions
daient, se mêlant aux sons \ ibrants des des indigènes. Pour les Tukano,
clairons yurupari. • 1 1 0
Les Tukano croient que de nombreux
événements extraordinaires sc sont pro-
~~ ~~:~ ~s:d·:~k~~:S fee~~ê~~~ ~u~ ~·:~~:
qui désigne le fait d'o:être ivre•. La pre-

130
mière (emme fut fécondée par l'œil du fécondité fém in ine. Le bleu représente De nombreuses espèces du genre
Père SoleiL Son enfam, Caapi, la pbnte la réflexion au milieu d'un nuage de fu- Banisteriopsis, comme ce 8. muri·
n.ucotique, naquit dans un éclair. Yajé mée de tabac. Ces couleurs accompa- cata du sud du Mexique, dévelop-
coupa le cordon ombi lical ct frotta l'en- gnent les visions ducs à l'ayahuasca ct pentdela~-carboline inhibitr ~ede

fant avec des plantes magiques pour elles sont interprétées d'après leur MAO et sont précieuses pour la la·
contenu symbolique. Un grand nombre brication d'analogues de raya.
donner une forme à son corps. L'enfant huasca.
Caapi vécut très vieux, gardant jalouse- des figures rupestres compliquées des
ment ses pouvoirs hallucinogènes. C'est vallées de la région du Vaupés sont sans
de lui, Il' possesseur du caap i ou de l'acte aucu n doute le résultat d'expériences
sexuel, que les hommes tU kano reçurent h.t llucinogènes. De même, les peintures

le sperme. Gerardo Reichel-Dolmaroff sur les murs en bois des maisons Agauche: Une lemme shipibo
êcrivit que, pour les Indi ens, ., J'expé- comm unes des Tukano sont inspirées peintdesmotilstraditionnelsaya·
rience hallucinogène est essentiellement des visions ducs à l'ivresse produite par huasca sur un pan de tissu.
sexuelle. Pour la sublimer, pour passer l'ayahuasca. Les dessins ct les décors des
de l'érotique ct du sensuel à une union poteries, des maisons, des van neries ct AdrOite: La pharmacie de la jungle
des Indiens péruviens Shipibo. De
mystique avec les temps mythiques, le autres objets domestiques sc classent en
nombreuses plantes curalîves sont
retOur au stade imra-urérin constiwc le deux groupes; motifs abstraits ct motifs prises avec de l'ayahuasca pour en
but ultime atteint par peu d'entre eux figuratifs. Les Indiens sont conscient.~ accentuer les effets.
mais désiré ardemment par tous •. de ces catégories ct ils disent qu'elles
L'art amérindien est pour une large part sont dues aux effets du caapi. G. Rei-
fondé sur l'expérience hallucinogène. chci-Dolmatoff suppose que; «Qucl-

J~·~~in<lJ:e :~c~~f t~~u~~~::~ ~e:~i~r~ii~


Les couleurs ont une signification sym- 0 1
bolique: le jaune ou le blanc cassé évo-
quem la semence ct la fc::-condatio n so- rait; "C'est cc qu'on voit après trois
laire. Le rou~;e, couleur de l'utérus, du coupes de yajé\ spécifia nt parfois !a
feu ct de la chaleur, est symbole de la plante ut ilisée ct indiquant ainsi les cf-

Ill
"'À celui qui fait l'expérience de l'ayahuasca fcts mrcotiqucs des différents mélan-
ges.»
sc révèle une plante caji qui pousse,
Il aurait été naiUrel qu'une drogue aussi
verdoie ct fleurit, puis disparaît de nouveau. importante ait très tôt :miré l'attention
Le moment de la floraison est considéré des Européens. Or, cc ne fut pas le cas.
comme le poim culmi nant de l'expérience.,. C'est Spruce qui trouva le caapi, alors
qu'il collectait les plantes chez les Tu ka-
1:lori.1n Ddrgcn(l'J9J) no du Rio Vaupés. Il en expédia en An-
~;letcrrc pour analyse chimique. Trois
ans plus tard, il observa l'usage qu'en
faisaient les Indiens guahibo du haut
Orénoque. Plus tard encore, il trouva
l'ayahuasca che7 les Zaparo de l'J!qua-
tcur ct l'identifia comme étant le mëme
hallucinogène que le caapi.
Depuis Sprucc, de nombreux voya~;eurs
ct chercheurs ont mentionné cette dro·
gue, mais on ne lui a accordé que peu
d'imponance. En effet, le matériel col-
lecté par Spn1cc en 1851 ne fut analysé
chimiquement <]U'en 1969.
Il reste bco~ucoup à trouver sur l'aya-
huasca, le caapi ct le yajé. Dans peu de
temps cependant, l'assimilation forcée à
la culture blanche, voire la disparition
de tribus entières rendra l'érudc des se-
crets de ces us ct coutumes ancestraux à
jamais impossible, tout comme une
meilleure connaissance de l'utilisation
de l'un des hallucinogènes les plus fasci-
nantsetculturcllementcsscnticls.

Ci-dessus:Devantsamaloca, un
Indien barasana dessine dans le
sablelesmotifsqu'ilavuslorsde
l'fvresse due au caapi. On pense
que nombre des motifs artistiqu es
ainsi obtenus sont spécifiquement
cullurelsetprodultsparleseffets
biochlmJquesdessubstancesaciJ·
vesdesplantes.

132
-·-
,_
Agauche : Celte belle gravure or-
nant un rocher de granil à Nyi, sur
le Rio Piparanll en Colombie, est
de toute évidence très ancienne.
lesrapidesdulleuvesetrouvent
juste sur la ligne de l'Équateur. On
pense que t'endroit oU le Père So-
leil s'unit à la Mère Terre pourcrêer
lespremiersTukanosesituerait
dansee paysage fluvial sauvage
Selonleslndiens,levisage trian-
gulalreseraitunvaginetlafigure
humainetrèsstyliséeunphallus
avec des ailes.

C1-dessus : Le peintre péruvien


Yando, lits d'un ayahuasqueros de
Pucallpa, estrauteurdecedessin
tnspiréparunevistondueàl'aya-
huasca Yando traduit La comple-
XItédeshallucinationsenmélan-
geant habilement les dimensions
microscopiques et macroscopi-
ques.

133
AdrOI/8 : De J&unes plants de cha-
kruna (Psycho/na viridis) en
culture

Additifs à l'ayahuasca

On ajoute des plantes à l'ayahuasca, afin de lui donner certaines propriétés


curatives ou autres. En voici quelques-unes:

Aicuro pour mieux chanter


~ Cspiscum frurescens ~ ton iq~
Amacisa Erythrina spp. ~me purgatif
~yahuma~~Couroupita guianensis pour fortifier le corps
Batsikawa Psychotria sp. pour rafraîchir et réduire les visions
Cabalonga~_TheveiJa sp. ~se protéger des espnts

Catahua Hura crepitans ~~c_


omme purgatif
Chiricaspi Brunfelsia spp. contre la fièvre, les rhumat1smes
etl'arthr1te
Cuchura-caspi Malouetia tamaquarina ~r prorlOnce~e meilleurs diagnostics
Cuma la Virola~ pour renforcer les visioos
~~- --
Toa Brugmansia spp. contre les délires, les empoisonnements
par flèches magiques (chonteado) et les
envoûtements
Guatillo lochroma fuchsioides ~enfOI"cer les visions
Guayusa flex guayusa comme vomitif et purifianl
Hipo~ Alchornea castanaefolia contre la diarrhée
Kana Sabicea amazonens/s pour donner un goût .. sucré,. à
l'ayahuasca
Kapok - Ceiba pentamfa contre la diarrhée elles problèmes
intestinaux
Uncaria tomentosa comme fort1f1ant, contre les allergies, les
maladies vénériennes. les dommages
rénaux, les ulcères d'estomac
Lu puna ChooSJa ins!!!!!_is contre les maladies intestines
Plaffia Pfaffia iresinoides contre la fa1blesse sexuelle
Pichana Ocimum micranthum contre la fièvre
Piriplrl Cyperus sp. lors de frayeurs, pour le développemerit
spirituel, la conception et l'avortement
Pulma Ca/a/hea veitchiana pour recevoir des v1sions
Tout en haut à gaudle : Le tabac
Ram1 Lygodium venustu~r rendre l'ayahuasca plus fort_ _
rustique(Nicotiana rustica) fait
partiedes principalesplantescha- Remo caspi Pifhecel/obium /aetum pour rendre l'ayahuasca plus puissant
maniques en Amérique du Sud.
On le !ume et on l'ajoule à l'aya· Sananco Tabernaemontana contre les pertes de mémoire, pour le
sananho développement spirituel, contre les
""'"" rhumatismes et l'arthnte
Ci.<Jessus : Les lruits d'une espèce Sucuba Hlmatanthus sucuuba ~r l'extraction de flèches magiques
de Thevetia, les Cabalonga blan-
ca.sont ajoutésà l'ayahuasca Tabac Nicotiana rus/ica pour la désintoxication
pour protéger le buveur des espr~ts Toé ~oeacarnea pour renforcer les visions
vils.

134
l)la brunfelsie(Bfllflfelsiagrandi·
floœ spp. schunesH) est une lm-
portante plante cha manique dans
le nord de l'Amérique latine.
2) Uncaria tomentosa est run des
principaux remèdes contre les ma-
ladieschroniquesdeslndiens
péruviens.

4) ~lpomoea camea, qui contienl


desalcaloTdeslortementpsycho-
lropes. esta}ootéà l'ayahuasca
dans l'Amazonie pérw.enne.
5) Les feuilles de Tat>ernaemonra-
na sananho renforcent la mémoire.
6) Lepalode borrach, • l'arbre de
l'ivresse • commeonappellele
Chorisia insignis. est un arbre du
Monde dans la cosmologie cha-
manique. Son écofce astringente
est ajoutée à l'ayahuasca
7) Une bouture de leu1lle de Psy-
cholna Vlndisissued'unecutture
califormenne.

135
Analogues de l'ayahuasca

Le principe pharmacologique découvert


lors de l'étude de l'ayahuasca tradition-
nel peut être imité avec des plantes qui
contiennent les mêmes substances acti-
ves, à savoir l'harmalinc/llarrninc, la
DMT/Mc0-5 DMT. Les mélanges non
traditionnels de ces plantes sont des
~n.tlogues de l'.tyahuasca ou des ana-
hu.tsca.
Le chimiste Jonath:~n On écrit: " L'étu-
de pharmacochimique de l'ayahuasca
du point de vue des psychonautcs est
si éloignée de l'orientation principale caire, scimillant, alchimique de la cons- Ci-dessus: De nombreuses espè·
de la recherche qu'il a fallu uois décen- cience ordinaire.[ ... ] ces du genre nord-américain Des-
nies aux scientifiques indépendants, qui Les enthéogènes comme l'ayahuasca modium contiennent de la DMT
tr.waillaicnt cl:mdcstincmcnt ct sans pourraient être les médicaments appro- fortement hallucrnogène dans
soutien, pour démontrer la théorie de priés pour l'humanité hypcrmatérialistc l'écorcedeleurracineetconvien·
l'inhibiteur d'enzyme de l'ayahuasca. au seuil d'un nouveau millénaire qui dé- nentdoncà lapréparationdebois·
sonsressemblantàfayahuasca
P.uadoxalcmcnt, cene théorie pourrait cidera si n01rc espèce continuera à gran-
sc retrouver au ca:ur de la recherche dir ct à prospérer ou si cllc sc détruira Page 136: À travers la représenta·
en biochimie de la conscience ct en gé- dans un holocauste biologique massif tiondeseshallucinatronsduesâ
nétique des fonctions cérébrales patho- comme cette planète n'en a plus vu de- l'ayahuasca, la peintre allemande
logiques! [... ] La recherche sur l'aya- puis 65 mi ll ions d'années. [ ... ] La réfor- Nana Nauwald nous permet de
huasca sc trouve donc non seulement â mation cnthéogène représente notre voir «l'autre réalité~
l'apogée neurosciemifiquc, mais l'inhi- plus grand espoir de guérison pour no-
bition réversible de la MAO dans cc tre chère Gaïa. Elle encourage une re-
composé pourrait s'avérer être une al- naissance religieuse dans un nouveau
ternative possible ct moins toxique aux millénaire ...
composés nocifs acrucllcmcnt utilisés Chaque analogue de l'ayahuasca doit
en médecine . .. contenir un inhibiteur de M~Q ainsi
Pour Ou, l'impor1.1ncc des analogues qu'une source de DMT. La plupart des
de l'ayahuasca réside dans leur action expériences ont été faites avec Bamste~
cnthéogènc, qui mène â une écologie rlopsis caapi, Bamsteriopsis spp. ct Pega-
approfondie, spirituelle ct qui aide à man h1nmala. Il existe cependant d'au-

~;~tv~s~~~.:r;~~~~~ ~~s~~;~ù;·~~~~!~~~~~
tres inhibiteurs de MAO dans la nature,
comme la croix de Malte (Tribu/us tcr-
rcctcmcnt dosés, provoquent une extase restris). Pour la DMT, Psychotria virrdis
~~ai~ {1nconsacx~:;~'t~;,ad'a:~~c:~~~ti::~
ch.1maniquc, • la vraie" religion des an- 1 5
ciens temps". Les Églises modernes
n'en sont plus que le pâle souvC'nir. En bleau).
tous lieux ct de tous temps nos ancêtres
ont découvert que l'extase emhéogène
pou\·ait réconcilier l'intelligence culti-
\·ée, qui distingue chaque être humain
de toutes les autres créatures ct même
des autres humains, avec les corps sau-
\".tgcs, splendides ct bestiaux que nous
sommes également.( ... ] Il n'est pasné-
ccsuire d'avoir la foi. C'est l'extase Ci-dessus: Les gra1nes du Mimosa
die-même qui nous fait croire en l'un i- sca/:Nella conllennent de la OMT et
cité ct l'intégrité de l'univers ct en nous- peuvent donc servir à la fabrication
d'analogues de l'ayahuasca
mêmes comme partie intégrale de cc
Tout. C'est elle qui nous dévoile le sub-
lime de notre univers ct le miracle pré-

137
1) Les feuilles du lrès rare Acacia
ph/ebopllylla, qui ne pousse que
sur une montagne en Australie.
sontrictlesenDMl

2) L:écorce dei' Acaciamaidenii,


originaire d'Australie, présente une
forte concentration de DMT.

Les plantes utilisables pour la préparation d 'analogues de l'ayahuasca

_ _ _ _ drogue tryptamine-s - - -

Graminées (Poacées)
Arundodo~ - rh~ OMT
Phalaris~. herbe,racine- DMT
Phalaris tuberosa L (race italienne) feuilles_ _ _ DMT
Phragmites australis (Cav.) Tr.~ rhizome - -0- MT, Me0-5 DMT

Légumineuses (Fabacées)
Acaciama/denii F.v. Muel. ~_ 0,36 % de0MT_ _
Acacia phlebophylla F. v. Muel. - - -feuilles 0,3% de DMT
Acacia simplicifolia Druce feuilles, écorce 0,8 1% de DMT
Anadenanthera peregrina (l.) Spag . écorce - - DMT, Me0-5 DMT
Desmanthus illinoensls (M ichx.) MacM. écorce de racine jusqu'à 0,34% de DMT
Desmodlum pulchellum Benth. ex Bak. écorce de racine DMT
Desmodwm spp. DMT
Lespedeza capitata M•chx. OMT
Mimosa scabrella Benth. - - -éc - orce - o -Mr
Mimosa tenuiflora (Witld~ écorce de racine 0,57 - 1% de DMT
Mucuna pruriens OC. graines DMT, Me0-5~

Mafplghlacées
Oip/op~(Cuatr. ) Gales feuilles OMT, MeQ-5 ~

Myristlcacées
Virola sebifera Aub. écorce DMT
Virola theiodora (Spruce ex Benth.) Warb. fleurs 0.44% de DMT
3) Semence du Dictyoloma inca- Virola spp. - - - écorce/résineDMT, Me0-5 DMT
nescens, arbresud-américain
riche en Me0-5 DMl
Rubiacées
4) Lesgrainesdupo1smascate Psychotria poeppigiana Muell.· Arg. feuilles OMT
(Mucuna prunens) son\ riches en Psychotria virldis A. el P. feuilles DMT
OMT et Me0·5 DMT. Certains
peuplesaiment enfanedesbi-
joux.
Rutacées
Dictyoloma incanescens OC écorce 0,04% de Me0-5 DMT
5) Une espèce du genre Desmtr
dium qui contient de la DMT.

6) Phalansarundinaœa var. Tur-


key red est riche en DMT.

7) L.:écorce de la racme du M1mosa


tenuiflcra(Mimosahosl!lis)est ri-
cheen alcaloïdes psychOtropes.
Séchée. elle contient enwon 1%
de DMT et peut donc servir à la
prépara11on d'un analogue de
rayahuasca.
Juremahuasca ou mlmohuasca
Pour les connaisseurs, cet analogue de l'ayahuasca est le plus di-
geste et le plus psychotrope. Par personne, prenez :
3 g de graines de Peganum harmala finement broyées,
9 g d'écorce de racine du Mimosa tenuiflora,
le jus d'un c1tron ou d'un citron vert.
Les graines broyées de la rue sauvage (Peganum harmala) sont
avalées soit sous forme de gélule, soit diluées dans de l'eau. Un
quart d'heure plus tard, on boit la décoction d'écorce de racine de
mimosa mélangée au jus de citron. Les hallucinations surviennent
environ 45 à 60 minutes plus tard, souvent après une nausée passa-
gère et éventuellement des vomissements. On voit alors un feu d'ar-
tifice de dessins kaléidoscopiques, de couleurs pétillantes, de man-
dalas fantastiques, on voyage dans d'autres mondes. Les effets
ressemblent à ceux de ta vraie préparation amazonienne.
Les Églises de l'ayahuasca
À cOté de l'usage réellement c.hama-
nique de l'ayahuasca, diverses Eglises
syncrétistes se sont développées ces
dernières années en Amazonie. Elles
utilisent cette boisson comme sacre-
ment. le culte Santo Daime comme
l'Église Uniào do Vegetal organisent
des réunions régulières lors desquel-
les les adeptes boivent de l'ayahuasca
tous ensemble en chantant des chan-
sons p1euses. Sous l'égide d'un prêtre,
l'assemblée voyage autant vers les es-
pnts de la forêt que vers les saints
chrétiens. De nombreux participants
découvrent là un nouveau sens à leur
vie et voient la guérison de leur âme.
l:usage de la boisson magique semble
aussi légitime aux adeptes de ces égli-
ses brésiliennes, qui se sont égale-
ment installées en Europe. qu'aux cha-
mans de la forêt.
Santo Daime, la boisson rituelle du
culte du même nom et hoasca, le sa-
crement de l'Église Uniào do Vegetal,
tous deux de puissants hallucinogè-
nes, sont préparés d'après la recette
originale indienne avec la liane Banis-
teriopsis caapi et les feuilles de Psy-
chotria viridis.
Des missionnaires du culte Santo
Daime ont apporté leur croyance en
Europe et ont ouvert une église à
Amsterdam. On y étudie l'utilisation de
l'ayahuasca dans les programmes thé-
rapeuliques de désintoxication.

139
Les trompettes des anges

1. Le Brugmansia aurea aux fleurs Les Guambiano du sud de la Colom- ves elle garde une petite figurine en son
dorées est surtout utilisé parles bic disent de Brugmansia vulcamcola: sein, qui vient au monde six mois plus
chamans colomb1ens et nord- -Comme il est doux le parfum des lon- tard sous la fo rme de graines de l'ar-
péruviens. gues fleurs en clochettes du yas lors- bre.,.
qu'on le respire l'après-midi! Mais l'ar- Toutes les espèces de Brugmamia som
2. De nombreux chamans indiens
bre est habité par un esprit qui a originaires de l'Amérique du Sud. Jus-
utilisent les lieurs et les feuilles à
des lins curatives. l'apparence d'un aigle, que l'on voit pla- qu'à présent, on avait coutume de les
ner ct disparaître dans les airs ... Cet cs- prendre pour un sous-gemc des Daw-
3.Lefruitmûrdu8rugmanslasan- prit est si maléfique, qu'une personne ra. Des études récentes sur la biologie
guinea, espèce qui fructifie beau- faible perd sa mémoire qu:1nd el le s'ar- de ces plantes om montré qu'il fallait
coupplussouvent que lesautres rête sous l'arbre ct qu'elle sc croit tran s- les classer dans un genre propre. Le
grandes stramoines portée dans les airs sur les ailes de l'cs- comportement de ces espèces ct leur lo-

~::~ls~~~~Ot~r~~oy~~l~i:u;s~~~l;r~~~t ~~~~
prit du yas ... Lorsqu'une jeune fille est
4. La fleur du Brugmansia sangui- assise dans l'ombre de l'arbre, elle rêve
des hommes de la tribu Paez. De ces rê- l'homme.
Il sc pourrait que l'usage ha!lucinogène
des BrJtgmansia soit en relation avec la
connaissance que les indigènes avaient
de leu rs proches parents, les Datura.
En effet, l'usage de ces derniers fut in-
trodu it dans le Nouveau Monde par les
Mongoloïdes proto- indiens à la fin du
paléolithique et au mésolithique. Sc dé-
plaçant 10ujours plus au sud, ils rencon-
trèrent d'autres espèces de Datura, tout
particu lièrement au Mexique, ct les uti-
lisèrent lors de leurs riles chamaniques.
En arrivant dans les Andes, ils n.•mar-
quèrent la grande ressemblance entre
,Brugmaruia ct Datura en cc qui con-
cerne leur apparence comme leurs ef-
fets. Tout cc qui est en rapport avec
l'emploi de Brugmansia indique une
grande ancienneté.
2 On ne sait pas grand-c hose de l'utilisa-
tion de ces plantes hallucinogènes à
l'époque précolombienne bien qu'elles
soient memionnêes çà c l là. Le savant
français De la Condamine en signala
l'usage chez les Ornagua du Rio Mara-
ilon. Les explorateurs von Humboldt Cl
Bonpland rapportèrent que le tonga, la
fleur rouge de B. sangmnea, était une
plante sacrée des prêtres du temple du
Soleil à Sagamm·a.
Brugmamitr arborca, B. aurea et B. san-
gumea poussent généralement à plus de
1800 mètres d'altitude. Leurs graines
sont 1rès souvent ajoutées à la chicha.
Les feuilles ou les fleurs écrasées sont
bues en infusion dans de l'cau chaude
ou froide. Parfois aussi, les feuilles sont
mélangées à une infusion de tabac. Ccr-
4 tains Indiens décortiquent les tiges ct

140
font tremper l'écorce verte ct tendre Dans les régions plus chaudes de En haut: Au Pérou, les grames du
d:ms de l'cau. L'ivresse provoquée par l'Ouest amazo nien, Brugmamùt SIM- Brugmansia suaveolans sont ajou·
le Bmgmamia peu t occasionner des ef- veoleiiS , B. versicolor ct B. :x insignis tées à la bière de mais pour ac-
fets divers, mai s ell e est to uj o urs carac- sont utilisés co mme hallucinogè nes ou centuer l'ivresse. Leschamans les
térisée par une phase viole nte. Il n'existe comme add iti fs à l'ayahuasca. avalentengrandesquantitéspour
prOYOquer des délires de plusieurs
pas de description plus explicite que Dans aucune rfgion, l'ivresse d uc au
jours accompagnés d'hallucina·
celle de Johann J. Tschudi q ui en obscr- Brugmansia n'es t plus vénérée q ue dans t1onsviolentes.
l'a les effets au Pérou en 1846: l'ind igène b vallée de Sîbu ndoy des Andes colom-
• sotnbra dans un abrutissement pro- biennes. Les Ind iens kamsâ ct ingano Ci-dessous: Le Brugmansia san-
fond, son regard vague d irigé vers le uti lisent plusieurs espèces sauvages ainsi guinea est souvent planté dans
sol, la bouche convu lsivement fermée que d e nombre uses cs pi:ccs cul ti vées lo- des li eu ~ sac résetdescimetiè res.
ct les na rines d ilatées. Au bou t d'un calement. Leu r co nnaissance des effets comme ici près d'une Madone
quart d'heure il commença à rouler des de ces plantes est remarquable, particu- danslesudduChili.
)'CUX, de la bave sor!Ît de sa bouche ct lièrement chez les chamans.
tout son corps fut agité de terribles Les espèces cultivées appartiennent gé-
convulsions. Lorsque ces symptômes
violents cessèrent, ils furen t suivis d'un
>rofond sommeil de plusieurs heures, ct
lorsquc le sujet sc rétablit, il parla de ses
ancêtres,..
Che1 les Muisca de Tunja, d'après une
chronique datée de 1589, un or chef mon
étoJ.Ît accompagné dans sa tombe par ses
femmes ct ses esclaves, enterrés sous
différentes couches de ter re qui toutes
contenaient de l'or. Pour que les femmes
ct les p.luvres escbves n'aient pas pe ur
de la mon devant l'horrible tombeau,
les nobles de la tribu leur donnaient des
jus avec du tabac et les feu illes de l'arbre
que nous appelons borrache ro. Ils les
mêlaient à leu r boisson habituelle, si
bien que leurs sens ne sc rendaie nt pas
compte du mal heur immine nt qui les at-
tendait ... Les espèces uti lisées étaie nt
sans :lUcun doute /Jrugmmuia aurca ct
B. sang11mea.
Chez les Jivaros, on donne à boire un
breuvage à base de 8. sanguinea ct de
m.1ïs grillé aux enfants récalcitrants.
Lorsqu'ils sont ivres, on les corrige ct
les esprits des ancêtres peuvent pa rtici- La chimie du Brugmansia
per l l'admonestation. Dans le ChocO,
on pense que les graines de Hrugmansia Les solanacées arbo rescentes appartenant a u genre Brugmansia,
ajoutées à la bière magique chicha pro- les espèces 8 . arborea, B. aurea, B. sanguinea, B. suaveolens et
voquent un état d'excitation chez les en- B. versicolor contienne nt les mêmes a lcaloïdes de type tropanol
fants, ql}i leur permet de découvrir de que les Datura : la scopolamine (s yn. hyoscine), l'hyoscyamine,
l'or. l'atropine e t d ivers a lcaloïdes secondaires du groupe trepane
Des Indiens du Pérou donnem à B. san- comm e la no rscopolamine, l'a poscopolamine, la mé té loïdine. etc.
gllinett les noms de huaca ou huacacha- La scopolami ne est toujours l'alcaloïde le plus fortement dosé,
ca, plante des tombeaux, d'après une comme le montre l'exemple des feuilles et des tiges de 8 . aurea qui
croyance selon laquelle elle révèle les contie nnent 0 ,3 % d 'alcaloïdes, don t 80 % de scopolamine. Il en va
trésors cachés dans les vieilles sépu h u- de même pour les racines.

141
À gauche; Un teune garçon kamsâ néralcmcnt à certains chamans et p~ répandue de Sibundoy, le munchira est
duSibundoy,danslesuddela terH des noms indigi.·nes. Les feuilles de la plus toxique. Les variétés rares dien-
Colomt:ie,tientunefleuretdes buyés (B. aurea) servent à soigner les tes cr ochre servent surtout au traite·
feu illesdeculebraborracherapour rhumatismes, ct leur concentration en mcm des rhumatismes. O'après plu-
en laire une infusion. Pendant alcaloïdes de type tropanol les rendent sieurs botanistes, le culebra borrachcro
l'ivresse. on lui dévoilera lesse·
très efficaces. Autrefois, les chasseurs est l'une de ces variétés cultivées bizar·
crets de l'emploi des halfucmogè·
nes en mag~e et en médecme mêlaient des fleurs et des feuilles de res. Plus puissam que les autres Brug-

ti:~~~~~ ~:~~~~~i~~~~ ~~~~ccr~t:~ fe~J~


11/tmsw, il est utilisé pour la divination
Adroite: C'est dans la vallée du ct comme remède fort efficace contre
Sibuncloy, en Colombie, que les les d'am~trOn, en forme de langue, sont l'arthrite et les rhumatismes.
Brugmansiasont leplusutilisés utilisées pour soigner les purulences ct Les variétés quindé ct munchira sont le·
SalvadorChindoyestundescha· les rhumatismes. La plus rare de ces plus souvent utilisées pour leurs effets
manslesplusréputésdelatribu planws ('Uratives est lt· salam:i.n, aux psydlOtropes. Le jus ou les feuilles écra -
kamsA. On le voit ici en costume de feuilles curieusement tordues. On l'cm- sées sont bus seuh dans de l'eau ou mé-
cérémonie, ayant absorbé du
ploie à la fois comme remède contre les langés à de l'aguardiente (alcool de
Brugmans1a rus te avant une
séance de divination. rhumatismes et comme hallucinogène. canne à sucre). Dans le Sibundoy, seuls
Les feuilles des quinde ct des munchira les chamans prcnnem du BrugmllllSÙI.
om les formes les plus singulières. Tou- La plupart d'entre eux ont de terrifian-
tes deux sont utilisées comme inébriants tes visions de jaguars et de serpents
ct émétiques, mais aussi contre les rhu - venimeux. Des symptômes ct effets se-
matismes, les flatulences, les purulences condaires désagréabk·s om sans doute
et les vers. Le munchira intervient éga- limité l'usage de ces h.1 llucinogènes.
lement dans le traitement de l'érysipèle. l>our les Jivaros, la 'ic norrn;lle est une
Le quindé est la \'ariété cuhi\ée la plus illusion ct les \'f,lies puissances, qui se

142
trouvent derrière le quotidien, sont sur- le maikoa peut rendre fou. À t~'s points À gauche: Ce dessin réalisé par
naturelles. Le chaman, grâce à ses plan- de vue, malgré leur grande beauté, les un lndienguambianodanslesud
tes hallucinogènes, peut s'élever dans le Brugmansia ont eu du mal à s'imposer. des Andes colombiennes repré·
monde des miracles célestes ct traiter Ils ont beau être des plantes des dieux, senteunefemmesousunborra-
avec les forces du mal. À l'âge de six cc ne sont pas les cadeaux divins plai- cheroouBrugmansiavulcanico/a
ans, un petit garçon jivaro doit acquérir L.:aigle,espritmaléfique,indique
sants, comn1e par exemple le peyotl, les
bienàquelpointcet arbreest
une âme extérieure, l'arutam wakani, champignons ou l'ayahuasca. Leurs ef- toxique. Toute personne qui s'at-
l'âme qui procure des visions ct qui lui fets puissants ct tout à fait désagréables, tarde dans son ombre perd la mé-
permet de communiquer avec ses ancê- les accès de violence ct la folie tempo- moireetcroitvolerdanslesairs.
tres. Pour obtenir cette arutam, le gar- raire qui les accompagnent, ainsi que
çon ct son père font un pèlerinage à la ['état misérable provoqué par leurs ef- Àdroile:Lesmerveilleusesfleurs
cascade sacrée, s'y baignent, jeûnent ct fets ultérieurs les ont fait échouer à la desBrugmansiaont inspiré lesar-
boivent des infusions de tabac. On peut seconde place. Cc sont des plantes des tistesdei'ArtNouveaucommele
également boire du maikoa ou jus de dieux il est vrai, mais ces derniers ne montrecetteimpressionsurtissu
d'aprèsunoriginald'AifonsMucha
Brugmamia afin d'établir un contact veulent pas toujours rendre la vie
(Paris,t896)quisetrouveaumu-
avec le surnaturel au cours duquel l'aru - agréable à !'homme. L'aigle maléfique sée du Land de Bade-Wurtemberg
tarn du garçon apparaît ct pénètre dans plane au-dessus de lui et son borrachcro à Stuttgart
son corps sous la forme d'un jaguar ou est là pour rappeler qu'il n'est pas tou -
d'un anaconda. Les Jlvaros prennent jours facile d'obtenir une audience avec
souvent du natema (ayahuasca) ou Ba- ['au-delà.
nistcriopsis pour recevoir une arutam,
mais s'il s'avère inefficace, il leur faut
consommer du Brugmamia, une drogue
plus violente. Les Jivaros affirment que

143
La trace du petit cerf

P. f45enl'laut:Selonsonâgeet Depuis l'arrivée cn Amérique des pre- sentie] des cérémoni es religieuses indi -
les conditions de sa croissance. la miers Européens, lc peyotl a toujours gènes. Les efforts entrepris par les Euro·
couronne du peyotl prend des lOf· été au centre des débats, donnant licu à péens pour éliminer ces pratiques ne
mesd•tférentes.
~e~nJac~s:u;~jàn~a~~csd~~~l~~~~~~s~o~:~
réussi rent qu 'à les refouler dans les ré-
gions montagneuses ou elles persistent
P. 145 au centre: Un groupe de pagnols pour sa .. fou rberie satanique,. jusqu'à nos jours.
gros peyotls dans leur habitat na·
turel dans le sud du Texas.
ct sans ccsse anaqué par les pouvoi rs De quand date le cu lte du peyotl? Un
publics ct des groupes rel igieux, cc cac- des premiers chroniqueurs espagnols, le
tus n'a ccpcndam pas cessé de teni r un frère Bernardino de Sahagûn, estimait
rôle essentiel dans la religion de nom- d'après divers événeme nts historiques
breux Indiens du Mexique. Depuis \.Ille de la chronol ogie indiennc, que le
centaine d'années, son usa~e s'est répan- peyotl éta it co nnu des Chichimèques et
du à travers les tri bus d'Amérique du des Toltèques \890 ans avant l'arrivée
Nord . La ténacité avcç laquelle cc culte des Européens. Selon cc calcul, cette
s'est imposé ct développé est un chapi- • plamc des dieux,. du Mexique serait
tre fasc inant de l'his10ire du Nouveau uti lisée depuis plus de deux millénaires.
Monde; il constitue un défi aux anthro- D'après l'eth nologue danois Carl Lum-
pologues, psychologues, botanistes ct holtz, pionnier des études sur les ln-

Ci·dessus: Un peyotl (Lophophora pharm acie ns qui étudi ent le peyotl ct dicns de la région de Chi huahua, le
williams!!) en lieurs. ses com posa nts par rapport i leurs effets cu lte du peyotl est encore plu s ancien.
sur les hommes . Il signala en effet un symbole utilisé par
AdfOite :Cettetapisseriehuichol On peut considérer cc cactus mexicain !cs Tarahumaras au cours de cérémoni es
montre le peyotl offrant la vie et la sans épines comme le prototype des hal - consacrées au peyotl ct qui apparait
fécondité. lucinogènes américains. C'est l'une des aussi sur d 'antiques gravures ri tuelles
premières drogues découvenes par les ornant des laves d'Amérique centrale.
EuropÇcns ct sans aucun dou te la pl us Des fou illes archéologiques récentes
passionnante des plantes provocatrices menées au Texas dans des grottes ct des
de\ isions. Elle constitue un élément cs- abris sous roche ont révélé des restes de

144
pcyml. Les o bjets de culte trouvés au
même endroit laissent supposer u n em-
ploi remontant à p lus de sept mille ans.
SahagUn, <JUÎ vécut de 1499 à 1590 ct
cons~c ra la majeure partie de sa vic aux
Indiens du Mexique, fut le premier à
pnlcr de cc cacrus sacré, mais ses pré-
cieuses observations ne furen t éditées
qu'au XV IW siècle. Le mérite d'avoir
publié le premie r rapport sur le peyotl
revient donc à Juan Cardcnas do nt les
notes sur les secrets des îles Caraïbes pa-
rurent dès 1591. Quoi qu'il en soit, les
écrits de SahagUn comptent parmi les
plus importanlS témoignages anciens. Il
décrivit l'usage du peyotl chez les C hi-
chimèques des p lateaux désertiques du
Non! comme su it: .. ]] y a là un autre
végétal : on l'appelle pciotl ct il est
blanc. 11 pousse dans le nord du pays ct
ceux qui en maitgcnt ou en boivent ont
des \·isions cffrayamcs ou drôles. L'iv-
resse dure deux ou trois jours, puis s'es-
tompe. Peiotl est un aliment courant des
Chichimèques, qui leur permet de sub-
sister, leur donne du courage pou r sc

~ry:efa~~~.s ncrr!n;~if.' 1Ïs ~rs~:~t ~~~~ 1~:


0 11

prmège de tout danger. ,.


On ignore si les Chichimèques furent
les premiers à découvrir les propriétés
psychotropes d u peyotl. Certains spé-
cialistes pensent que ce furent les Tara-
hu maras, car le cactus abonde su r leur
territoire. Oc là, son usage sc serait en -
suite répandu chez les Cora, les 1-iuichol
et parmi d'autres tribus. !:tant donné La chimie du Peyotl
que cette plante est indigène dans plu-
sieurs régions du Mexique, il paraît plus Lophophora williamsii fut la première plante hallucinogène analy-
vraisemblable que ses effets enivrants sée chimiquement dès la fin du XIXe siècle. Son principe actif fut
aient été découvertS indépendamment identifié comme alcaloïde cristallisé (voir p. 23). Comme le cactus·
par différentes tribus. séché à partir duquel on l'avait extrait s'appelait "bouton à mes-
Au XVW siède, plusieurs jésuites espa- cal " • on le nomma mescaline. Outre cette dernière, à laquelle on
gnols attestèrent que les Indiens mcxi- doit tes hallucinations, on trouva dans le peyotl et dans des cactus
c;~.ins utilisaient le peyotl à des fins thé- de la même famille des alcaloïdes apparentés. Une fois sa struc-
r;~.pcutiqucs ou rimellcs ct qu'ils a\•aicnt ture chimique déterminée, on put produire de ta mescaline synthé-
.,J'horribles visions• lo rsqu'ils étaient tique. Sa combinaison est relativement simple : triméthoxyphéné-
enivrés par le cactus. Le père Andréa thylamine-3,4,5 (voir p. 186). Chimiquement, elle est similaire à
Pérez de Ribas, qui passa seize ans à Si- une hormone du cerveau, le neurotransmetteur noradrénaline (voir
naloa, rapporte que le peyotl était le p. 186). La dose active de mescaline pour un humain est de 0,4 à
plus souvent absorbé sous forme de 0,8 g en prise orale.
boisson, mais que son emploi, même
médicinal, était interdit ct passible de
punition parce qu'il étai t lié avec " des

145
Ci-dessus: Après les visions obte- rites païens ct des superstitions .. ct <Ju'il vait battre la mesure. Chacun avait un
nues grâce au peyotl, les Huichol tentait de conjurer des esprits maléfi- assistant pou r le remplacer s'il était fati-
rendenl glâce à la Terre en lui of- <JUCS par •des fantaisies diaboliques •. gué. À côté d'eux sc trouvait un bol avec
frant des ~serpents de peyotl~ On doit la première description com- le peyotl, une racine diaboli<juC qu'ils
décorés deperies etdereprésen- plète du cactus à Francisco J-lcrnândez, buvaient après l'avoir moulue, afin de
tatioosducactus. médecin personnel du roi Ph4tfppe Il , ne pas s'épuiser pcndam la longue céré-
A droite: Ce lrès gros cactus avec
envoyé au Mexique pour y étudier la monie. Les participants commencèrent

rca~!~:~:~s~r l:~~~e q~~h~!~s;~~e~t q:~


ses pousses latérales est appelé médecine aztèque. Dans son étude cth-
~grand·père ~par les Indiens à nobotanique sur la Nouvelle-Espagne,
cause de son âge. il dit du pcotl (nom de la plante dans avai t été balayé pour la circonstance, le
la langue nahuatl des Aztèques): • La permettait. Il s entrèrent ensuite chacun
racine de taille moyenne, qui ne pro- leur tour dans le cercle pour d;anscr, b;at-
duit ni branches ni feu illes au-dessus tant la mesure avec leurs pieds tout en
du sol, y est solidement ancrée, je ne encourageant le musicien ct le maitre
pus donc pas la dessiner précisément. de chant ct en reprenant le rhème peu
On pense qu'elle est tout aussi nocive harmonieux <JUi avait été entarAé. Ils
pour l'homme que pour la femme. Son dansèrcm toute la nuit, de cinq heures

~~?~s~:n~~~~:~l~~:éc: !~~è~e;~e;r~i!~[.~~
du soir à sept heures du matin, sans in-
terruption ct sans quitter le cercle. À la
rions douloureuses, elle aurait des ef- fin de la danse, tous ceux qui le pou-
fets analgési<jues. Si l'on en croit l'opi- vaient encore sc tenaient debout, la ma-
nion populaire, la r;acine possède des jorité étant incapable d'user de leurs
propriétés miraculeuses: ceux qui en jambes à cause du vin ct du peyotl qu'ils
mangent peuvent prévoir l'avenir ... ,. avaient bus.~
Vers la fin du XVII" siècle, un mission- Cette cérémonie des Cora, des J-luichol
naire espagnol de Nayarit décrivit pour ct des Tarahumaras a peu changé au
la première fois l'emploi cérémoniel du cours des siècles; son élément principal
peyotl chez les Cora : "Le meneur de est toujours la danse. De nos jours, c'est
chant était assis près du musicien ct de- le rituel du peyotl chc7. les J-luichol qui

146
• Car il y a dans la conscience le Mervedleu:x
avec lequel outrepasser les choses.
Et le peyotl nous dit où il est
Antonin Aruud,les Tarahumaras(l9-47)

~tir plus proche des cérémonies préco-

~~~;7~1~r~~!~~~1~~0h7~r~~~ ~~~:
nit con\'Cnir à celle des lluichol
d'~ujourd'hui. Ces Indiens ~ nssem-
blcnt J.1ns le désert il 480 kilomètres de
leur territoire de l.t Sieru t..ladre, d;~ns
l'ouest du Mexique, ils ch;antent encore
JOUr rt nuit, pleurent toujours bc~ucoup
« mcnem le peyotl au-dessus de toute
autre pla me psychotrope. l)our eux, les
ch;~mpignons ucrés, les pb.mcs grim-
p~mrs ct les str~moines ;~pp;~.rtirnncnt
~u monde de la sorcellerie.
Au _Mt'xique,·b· pluput dcstémoi~n;~ges
;~n.:tens ont etc &riu p~r des mt.ssion-
n.lirt's qui s'oppos;~.icm à l'emploi du
~rod d.1ns l;~ pruique rcligicuS(: des ln-
dtcns. Pour eux, cc cactus n'av;~it pas sa
rixe d.ms _le christi;~nisme puisqu'il
ct.m lu: ;. l'tm.lgin.ttrc p;~.ten. L'mtolé-
rancr de l'~glise esp;~,gnolc qui n'~ccep­
tollt pu d'~utre culte que le sien condui-
sit à de dures persécutions nuis les
Indiens ne renorlCèrent p~s bcilcntt'nt à

-
lcurtraditionstcul~irc.
gnes ct des rêves, ou en tn.ç;~nt des cer 0-dessw · Ces différents cactus
La répn'Ssion concern.tm l'uuge du des et des formes sur l'cau? Garnis-tu sontappeléspeyotl.hilwli,peyoti-
de guirlandes de fleurs des idoles ct des Jo, •pelltpeyo!I•OU •taUX peyotl•
pc\otl dur;~. longtemps. En 1760, un prê- au MexiQUe. JIS contrement de la
tre dt' S;~,n Antonio ;~.u Tcus publia un :autels qui leur sont consacrés ? Suces-tu
3
mescahne et d'autres alcalofdes
manuel ~:omenar~t entre a.utres les qucs-
uoru: sui\-;antCJ, a poser .;~ ceux qui de- ~u~t ~; d~~-~d;~~ ~u:ed~:~~~t::~u~~~a ...HHautaut droite:
gauche: Anocarpus retusus
vaient être convertis: •AHu mangé de nir en aide? As-tu bu du peyotl ou en AstrophytOn asteriss
1~ ~:h~rr hum;~me? As-tu mangé du as-tu donné il. boire à d'autres pour dé e.u gaUChe . Altekiun ntefi
1 1 couvrir des secrets ou retrouver des ob- Bas droite. Anocarpus fissura/us
l:sYJ~ Cr·o~~;:~~~~~:ê;r~~; le~~:~,~~~"~; jets volés ou perdus?,.
À b fin du XVIII~ sittle, l'cxplor.ueur En bas i g.tuo'le. Premtère lus-
~ 1~ com crsion: .. (s -tu devin ? tlrédis-
Carl Lumholtz observa l'usage du cac tration bolaniQue du Lophophora
tulcsévénemcntscn interprétant des si- willlamsJI.putilée.,t847.Lorsde
tus che7 les Indiens de b Sierra Madre
Occidcmal, part1culièrement chez les louilles•rchéologiQues..ona
Huichol ct les Tar;~humar~s. Il décrivit trOIJYé del restes végétaux V18UX

-
de plus de 7000ans. Ce fut
le déroulement dC' la cérémonie du probablement la première plante
peyotl ct plusieurs autres types de CJ.C hallucinogène remarquée par les
tus employés en association a\·ec Lo- conquérants espagnols au
phophora <t<:J!liAmftl ou pouvant le rem
pl:tcer.
Av.tnt 1960, :aucun anthropologue
n'auit réussi à p;~.rticiper ou simple·
ment à être témoin d'une •chasse• :au
peyotl. Puis, les Huichol :autorisèrent
quelques anthropologues ct un écriv~in
mexic;~in à les accomp;~gner au cours de

~:fes1i,c~;s fo~~~~a~~~-~~~~!~;~ ~~uarn r~n


masser le c:acrus qu'ils :appellent hikuri.

147
«Tu vois comment c'est lorsque nous marchons .vers le peyotl.
Comment nous cheminons sans manger, sans boire, avec une grande volonté .
Nous sommes tous ensemble. On y va ainsi lorsqu'on est Huichol.
C'est ce qui fait notre unité. C'est elle que nous devons défendre."
RamOn Medina Silva

Agauche: Pour les Huichol, Wiri- Ils sont conduits par un mara'akame, ou La préparation à la cueillette commence
kutaestl'endroitdesancêtres- chaman expérimenté ct en contact avec par un rituel de confession ct de purifi-
dieux,oùlaviedelatributrouve Tatewari (.. notre Grand-Père le Feu ,.), cation. Chacun doit rendre compte
sonoriginesacrée.C"estlàque le plus ancien dieu huichol. Cc dernier publiquement de toutes ses aventures
pousse le peyotl et qu'il est ra- est représenté avec des peyotl aux mains sexuelles. Aucune manifestation de
masséaucoursdupèlerinage et aux pieds. Il est l'interprète de toutes honte, d'indignation ou de jalousie, pas
annuelréalisépardepetilsgrou-
les divinités lors des conversations avec même la plus petite trace de ressenti-
pesdelidéles.Levoyageest long
et pénible car, pour suivre l'exem- les chamans, souvent au moyen de vi- ment n'est jamais observée à cette occa-
ple des dieux, les pèlerins se sions ct parfois indirectement à travers sion. Pour chaque offense, le chaman
priventdenourriture,desommeil Kauyumari («Cerf Sacré" ct héros cul- fait un nœud dans une cordelette qui
etderelationssexuellesaussi turel). C'est Tatewari qui conduisit les est brûlée à la fin de la cérémonie. Après
longtempsqu'ilssontenchemin. premiers pèlerins vers Wirikuta, région la confession, le groupe qui se prépare à
Arrivésdansleurparadis.lecha- ancestrale où abonde le peyotl, très éloi- partir pour Wirikuta (dans l'Ëtat de San
man (mara'akame) Ram6n Medina gnée du territoire actuellement occupé Luis Potosi) doit être purifié, afin qu'il
Silvaleurmontreles~champsde
par les neuf mille Huichol. Guidés par puisse entrer au paradis.
puissance~ où se tenaient jadis
les ancêtres-dieux. le chaman, les dix ou quinze partici- En arrivant en vue des montagnes sa-
pants prennent l'identité d'ancêtres déi- crées de Wirikuta, les pèlerins se sou-

de~~r;~dc~ Y~ cp~~l~t~~n 1:t fc~~iii\~.PA~


fiés ct suivent Tatcwari "" pour trouver 1
leur vic.,.
Une chasse au peyotl est une véritable beau milieu des prières et des chants
chasse. Les pèlerins portent des calebas- du chaman commence le dangereux
ses pleines de tabac, nécessaires au passage vers l'au-delà. Il se fait en deux
voyage rituel. Ils les rapportent souvent étapes: .. le portail des nuages qui s'en-
remplies d'eau de Wirikuta. Générale- trechoquent• ct .. ]'ouverture des nua-
ment, des tortillas constituent leur seule geS»-. Ces étapes n'existent que dans
nourriture durant le voyage. Arrivés à « la géographie de la mémoire,. mais,
Wirikuta, ils mangent du peyotl. De pour les participants, le passage de
nos jours, étant donné l'énorme dis- l'une à l'autre est une expérience exci-
tance à parcourir, le pèlerinage sc fait tante. Arrivé sur le territoire de chasse,
souvent en voiture. Autrefois cepen- le chaman commence la cérémonie en
dant, les Indiens faisaient 300 kilomè- racontant des histoires issues de la tra-
tres ou plus à pied. dition du peyotl et il implore la protee-

148
Ci-contre: Les paniers emportés à Adroite: Un chasseur de peyotl
Wirikuta ne contiennenl que quel- élalesonbutin.
quesobjels personnels. AJ.Jrelour,
ils sonl remplis de peyotls ramas- En bas à gauche: Un chasseur de
sés par les pèlerins. peyotlelsahotteplelnedecactus.

Enbasàdroite:Deslndienshui·
chol revenanl Ou pèlerinage

ta bac est ét roitement lié au fe u. Le cha-


man prie tout en disposant le tabac de-
vant les flamm es, en le touchant avec
des plumes avam d e le distribuer à
chaque pèlerin qui le met dans sa
gourde, symbolisant par là la naissance
de cen e plante.
La chasse au peyotl des Huichol est vé-
tion contre les malheurs~ veni r. Il ban- cue comme un n•rour à Wirikuta, le pa-
de les yeux des pèlerins qui accomplis- radis, l'archétype du commencement ct
sent leur premier voy:tge ct les conduit de la fin d'un passé mythique. Un
vers le .. seu il cosmique "• que lui seul mar'akamc huichol expliquait; • Un
peut \"Oir. Là, tous allument des bougies jour tout sera comme vous l'avez vu à
et murmurent des prières tandis que le Wirikuta. Les premiers hommes revien-
chaman, investi de fo rces supérieures, dront. Les champs seront tous purs ct
commence à chanter. cristallins; tout ccci n'est pas encore
Enfin, on trouve le peyotl; le chaman a très clair pour moi, mais dans cinq ans

vu il trace du cerf. Il bande son arc et je sau rai, grâce à d'autres révélations. P. 148àdroite. Les pèlerins ont
tire sur le cactus. Les pèlerins font une Le monde sombrera ct l'unité sera réta- chacun apporté des offrandes au
offr.lndcaupremierhikurictse mcttcnt blie, mais seulement pour les vrais Hui - peyoti.Aprèslesavoirsolgneuse-
ensuitcàenram:tsscrctàenrem plirl cs choJ. ,. mentdisposéessurlesol,ils ten-
paniers appo rtés. Le lendemain, la ré- Pour les Tarahurnaras, le culte du peyotl denldesciergesdansladireclion
colte continue. U ne partie de celle-ci est moins important. La plupart du dusoleillevant.ltspleurentel
p41ent pour que les dieux acceptent
doi t être mise de côté pour ceux qui sont temps, ils achètent les cactus don r ils leurs offrandes landis que Ram6n
restés à la maison, le reste sera ve nd u o nt besoin aux Huicho l. Bien que les (le deuxième à droite) chante avec
JUX Cora ct aux Tarahumaras qui l'utili- deux tribus soient séparées par plusieu rs ferveur.
sent mais n'en fon t pas la cuei llette. centaines de ki lomètres, elles utilisent le
Vient ensuite la cé rémonie de la distri - même nom pour le peyotl; hikuri. Les
bution du tabac. Des flèches dirigées coutumes qui y sont liées sc ressemblent
vers les quatre points cardinaux sont sur bien des points. La danse du peyotl
posées sur le sol ct à minuit on allume des Tarahumaras peut avoi r lieu à n 'im-
un immense feu. Pour les H u ichol, le porte quel moment de l'année, pour ob-

149
P.l51àgauche:Latrinitéhuichol Ci-contre:Unepatènehuicholdé-
ducerf, dumaïsetdupeyotlestun coréedemotifsdepeyotl.
comp lexe hautement symbolique
Lepeyotlreprésentele lientrans-
temporelaveclesurnaturei.Dans
leurchasseannuelleaueaetus,les
pèlerinstirentuneflèche sur le
premierpeyotltrouvé.etcedernier
estassimiléàuneertmourant.On
lui offredesincantationsparticu-
lièresetdesgrainsdemaïs tenir la santé, la prospérité de la tribu ou Devant lui, on creuse un petit trou dans
par simple dévotion . Elle est parfois in- lequel il pourra cracher. Le peyotl est
tégrée à d'autres fêtes religieuses. Lacé- également posé devant lui ou planté
rémonie comprend essentiellement des dans un petit trou conique. Il vide le
danses ct des prières suivies d'une jour- contenu d'une demi -gourde sur le cac-
née de réjouissances. El le se déroule sur tus, retournelcrécipientctgraveunccr-
une aire bien balayée. On y traîne de de dans la terre autour de la plante. Il
grosses bùches de chêne ct de pin qu'on dessine dans la poussière une croix sym-
empi le en les orientant d'est en ouest bolisant le monde, puis remet la gourde
pour faire un feu. Le nom tarahumara en place. Elle sert de caisse de résonance
au bâton-crécelle. Le peyotl est placé
sous la table d'harmonie pour en embel-
lir le son.
Du copal est brûlé en offrande devant la
croix. Après s'être tournés vers l'est en
s'agenouillant ct en sc signant, les assis-
tants reçoivent des crécel les en sabot de
cerf ou des clochettes qu'ils agitent pen-
dant la danse. La purée de peyotl est
placée près de la croix dans un pot ou
une cruche et reversée dans la gourde
par un assistant: pour servir le chef de
tribu, il fait trois fois le tour du feu,
pour les partieipams ordinaires, il ne le
fait qu'une fois. Tous les chants louent le
eacms pour la protection qu'il accorde à
la tribu ct la « belle ivresse ,. qu'il pro-
voque.
Tout comme les Huichol, les Tarahuma-
ras célèbrent également de nombreuses
cérémonit·s thérapeutiques. Le chaman
pratique son art au lever du jour. Il met

fi~eà l~av~~~s;a:~ctd~~?:at~~~re~ufr~n~di~
chaque personne présente. Ensuite il
touche trois fois son patient ct lui pose
son bâton sur la tête. La poussière qu'il
sou lève cc faisant est une puissante sub-
stance qui d_onnc la vic ct la santé; on la
conserve so1gncuscmcnt pour un usage
médicinal.
Ci-dessus :,C'estun,e 'estune de la danse signifie: " mouvement au - Le rite final consiste à renvoyer le
unité,c'estnous-mêmes.•Ces dessus du feu "'· Avec le peyotl, le feu peyotl chez lui. Le maître de cérémo-
parolesduchamanhuichoiRamôn constitue l'élément principal des festivi - nie tend ses bras vers le soleil levant ct
Medina Silva décrivent le rapport tés. Le maître de cérémonie a plusieurs dit trois fois d'une voix criarde: .., Au
mystiquequilie lesparticipantsà assistantes qui préparent les hikuri. petit matin Hikuli était venu de San
laeérémoniedupeyotl. Sur cette
Elles broient les cactus frais en faisant Ignacio ct de Satapolio, chevauchant
tapisserie.six«peyoteros•etle
chaman(enhaut)réalisenteette très attention à ne pas perdre une goutte de jolies tourterelles vertes, afin de cé-
unitésurunchampdeleu.Aumi- de leur jus. L'une des femmes verse en- lébrer la fin de la danse avec les Ta-
lieud'euxsetrouveTatewari,le suite dans une gourde le jus, ainsi que rahumaras, lorsqu'ils sacrifient de la
chamanoriginel,représentéparun l'eau utilisée pour laver le récipient dans nourriture, qu ' ils mangent ct qu'ils
feu à cinq flammes. lequellescacmsontétéécrasés. Le chef boivent. Ayant donné sa bénédictio n,
de tribu s'assied à l'ouest du feu. On Hikuli se transforme en boulc ct s'en-
dresse souvent une croix lui faisant face. vole chez lui

150
Actoae.lesYaquidunorddu Enbas:lecl\aman huichol Ra-
MexlqJe symbolisent également le môn Medina Silva anend les VI·
peyod par un cer1. comme le mon- stOOS otferles par le peyotL Enve-
lrlœttesculpture loppédanssacowerture,
mmobile, ~ fixe le feu pendan1 des
heuresjusqu"àcequelesdieoxiUI
envoient leur message.

Plus de quarante tribus indiennes de tance farouche des Indiens, des lois ré-
nombreuses régions des Éuts-Unis ct prcsSÎ\es furent promulguées en dépit
de l'ouest du Canada utilisent le peyotl de l'opinion soutenue par les milieux
comme ueremem religieux. L'étendue
de son unge :utira uès tôt l'attention ~~~~~;fj~~;s t~~~;n~a~~uc~~~~l ~a~la~~~:j
des hommes de science ct des législa- dans leurs pratiques religieuses. Afin
teurs. Une résisu.nce violente et sou- de protéger leur droit à la liberté de
\Cnt irrespons01ble s'opposa à son em- culte, les Indiens des Étau-Unis s'orga-
ploi libre dans les cérémonies nisèrent en une Ëglisc reconnue juridi-
indiennes. quement: la Native Amcrican Church.

Apparemment, les Kiowas ct les Co-


m<~.nchcs furent les premiers à faire la
connaisu.nce de cene plante sacrée alors
<ju'ils ét<tient en visite dans le nord du
Mexique. Pcnd<tnt la deuxième moitié
du X I X~ siècle, les Indiens des Ëtats-
Unis furent cantonnés dans des réserves
ct une grande partie de leur héritage
culturel s'est dissoute ct a disparu.
Cene é\·olution filtalc a poussé un cer-
tOlin nombre de chefs indiens à répandre
un nouve<~.u culte du peyod, adapté aux
btsoins des 1ndicns progressistes des
Ét<lts-Unis. Cc culte s'est particulière-
~i~~: :né\Û~~ran~:ns les tribus rapa-
Lcs Kiow01s ct les Comanches furent les
défenseurs les plus actifs de cene nou-
velle religion. De nos jours, c'est leur
cùémonie qui, à quelques modifica-
tions près, prédomine au nord de la
fromière mexicaine. Si l'on en juge par
b rapide progression de cc nou\·e<tu
~~~~~ ~c~ ~ti~~:~~~~;ï~si~:~1~ ·~~t~::
1

groupes. Son succès provoqua une vive


opposition de l;~. part des missionnaires
ct des pou\·oirs publics. Face à la résis-

151
Adroire:Lesharicotsàmescalde
Sophora secundiflora

~UUI ~~ ~ ~~
~~~~

~
~~~

' "-"'--""
'
Ci-dessus: Dans la Native Ameri- Totalement inconnue avant 1885, elle unions ont toujours lieu le samedi soir.
canChurch. ~rhommeduche­ comptait déjà \3000 membres en 1922. Tout membre du groupe peut dewnir
min»olficieàlacérémoniedu De nos jou rs, on pense qu'elle regroupe guide ou "homme du chemin .. . Le
peyotlentantquereprésentantdu quelque 250000 adeptes . culte du peyotl est accompagné de cer-
GrandEsprit.SonrOteestde
~~sc~~f~i~:sp~~~t~i~~~~s~~; l~e:o~~~~
tains interdits qui doivent être respectés
montrer«lavoiedupeyotl »auxfi-
par l'homme du chemin ct parfois mê-
dèles. Sur ce tableau de Stephen
Mopope, l'homme du chemin tient
séchée du cactus, le bouton à mescal me par l'ensemble des participants. Les
des objets cérémoniels: l'éventail, (mcscal button). Certaines tribus en- hommes plus âgés n'ont le droit ni de
le bâton et la crécelle. Unecou- voient encore des pèlerins en chercher manger du sel la veille ct le jour de la
ronnedepeyotlest peinte sur sa dans les plaines, suivant la coutume des cérémonie, ni de se baigner pendant les
JOUe. Indiens du Mexique. La plupart d'entre quelques jours suivants. Il ne semble
elles cependant s'approvisionnent dans pas y avoir d'interdit sexuel, comme
Aucentre:Cetautretableaude le commerce ou par voie postale. dans les tribus mexicaines, mais le rite
Mopope montre des fidèles qui Un membre d'une tribu peut organiser ne connaît jamais de débordements li-
chantent,assisdanslatentesa·
une cérémonie en action de grâces pour cencieux. Les femmes sont autorisées à
crée.AumilieusetrouventPère-le-
Feuetl'autelenformedecrois-
une guérison, un retour de voyage, ou le y prendre part, elles mangent du peyotl
sant. Au-dessus du tipi. on peut succès d'un pèlerinage au pays du ct prient, mais normalement elles ne
voirlamarmitedupeyoll peyotl. La cérémon ie peut aussi célé- participent pas aux chants ct ne battent
brer la naissance d'un enfant, le bap- pas les tambours. Les enfants ont le
Adroite : Henry Crow Dog, guéris- tême, les quatre premiers ann iversa ires, droit de regarder dès qu'ils ont plus de
seursioux,lorsd'unecérémonie avoir lieu après un traitement médical dix ans, la participation active est cc-
du peyotl dans la réserve de Ro- ou bien comme action de grâces géné- pendant réservée aux adultes.
sebud rale. Les Kickapoo pratiquent un culte Le rituel varie d'une tribu à l'autre.
du peyotl dédié aux morts, lors duquel Chez les Indiens des plaines, il a généra-
le corps du défunt est porté dans le tipi lement lieu dans une tente dressée au-
cérémoniel. Les Kiowas organisent dessus d'un autel de terre ou d'argile et
leurs fêtes autour du peyotl cinq fois à démontée dès la fin de la cérémonie
Pâques, quatre fois à Noël ct à Thanks nocturne. Certaines tribus officient
giving ct six fois au Nouvel an. Les ré- dans des huttes rondes en bois, avec un

152
ÀgalJChe·LacrécelleestiXIobfet
important pour la cérémome du
peyotl de la Native Amencan

"""""

.tutd rn ciment au milieu; ce ll e~ des voi r en absorber plus de cinquante. L:1. À droite. la photographie montre
Os.~gc ct des Quapaw sont souvent moyenne dc\·rait sc situer autour de le bâtoo à plumes de l'homme du
(\:b.irtti ~ ['éiC'\:tricité. dou?C. chemin, marque de son autorité;
Le Père Peyotl (un gros bouton à mcsc.al L'homme du chemin entonne le chant deux bâtons à fumer pour allumer
ou couronne séchée du cactus) est placé d'introduction. Psalmodié d'une voix lescigarenesriluetles,dontrunest
haute ct nasale, c'est toujouJ'lc même décoféàlalolsderOiseau-
sur une noix ou une rosette en feuilles
tonnerre et de la Cl'Cix, coml:lll'lant
de sauge au ccmrc de l'autel. Cc sym- ct il dit à peu pri!s ccci: ., Que les dieux éléments chrétiens et paiens; des
holc en forme de croissant représente mc bénissent, qu 'i ls mc viennent l'Il feu•lles de mais poor les cigaret·
l'esprit du peyotl. Dès que le Père aide, qu'ils mc donnent force ct discer· tes; une baguette de tambour ,
Peyotl est en place, tout bavardage cesse nemcnt. • On demande parfois à plusieurscrécelles ; deux colliers
ct lcsycuxsc portcnt vers l'autel. l'homme du chemin de soigner un ma- de haricots à mescal falSSnt partie
Des feuilles de tabac ct de mais ou de lade. Le rituel thérnpeutiquc prend des du vêtement de l'homme du che·
chêne circulent parmi les fidèles ct cha- formes diverses mais il comprend pres~ min; un bouquet d'armoises
(Art~/udt.Mclana),desbou·
'un sc roule une cig;ucne qu'il fumer-.1 que toujours des prières simples ct un
pendant la prière d'ouverture pronon- usage fréquent du signe de croix. tons de peyotl; une flùte !aile dans
ros de l'aile d'un algie et quelques
œc pu le maitre de cérémonie. I.e SJ.C Si la consommation du peyotl dur.mt la bâtonnets de bols de cèdre ser-
comcn.mt les boutons à mcscal sCchés cérémonie a acquis une signification sa- vantd'encens
<:51 ensuite purifié avec de l'encens de cramentelle, c'est certai nement en partie
rési ne de cèdre. Après la bénéd iction, j cause de ses effets biologiques. Un
l'homme du chemi n sort qu:urc bouton s senti ment de bien-être ct des hallucina-
À mescal du sac qu'il fa it ensu ite circuler tions, qui sc traduisent la plupart du
dans le sens des aiguilles d'une montre; temps par un jeu kaléidoscopique de vi-
ch.1quc participant prend également sions multicolores, pcuvcnt à tout mo·
qu.ttre couronnes de peyotl. On peut mem être rcnouvclés par l'ingestion du
en rctlem:mder à tout instant de b. céré- peyotl.
monie, la quantité consommée éum à la Pour les indigènes américains, le peyotl
di~rétion de chacun . Certains peuwnt est sacré. Ce • remède" est un mcssager
en manger ju squ'à trenrc-six en une divin qui leur permet de commu niquer
nuit, d'.tutres encore sc \"amcnt de pou- avec Dieu sans l'i ntermédiai re d'un pré-

153
Tout en haut à gauche: La robe de rrc. Pour de nombreux fidèles, il est le tion, des forces surnaturelles entrent
cette représentation moderne de représentant de Dieu sur Terre. "'Dieu toujours en jeu. Elles distinguent aussi

~~~~~xe~~~:f;e~hr~~~r~~~ ~~an~casv~
ladéessedupeyotlouMèreTerre deux types de remèdes: celui qui a un
estdécoréedesymbolesducac- effet purement physiologique (soula-
tussacré. Ladéesseaoffertle le tuèrent ... "• déclare un Indien à un geant par exemple une rage de dents ou
peyotlauxhommesalinqu'ils anthropologue. "' Dieu a fait le peyotl. une indigestion) ct le « médicament »
puissententrerencontactavec
Il est son pouvoir. 11 est le pouvoir de par excellence qui, grâce aux visions
elleetqu'ilsvénèrentetexploitent
laterreavecrespectetraison. Jésus qui vint sur la terre plus tard, après qu'il provoque, permet au guérisseur de
le peyotl .. Dieu (à travers le peyotl) parler avec les esprits malveillants, res-
Tou/enhautàdroile:Cetlndien parla aux Delaware comme jésus parla ponsables de la maladie et de la mort.
huicholcultiveavecamourlepetit aux Blancs. ,. Les raisons de la diffusion rapide et de la
jardindepeyollqu'ilaaménagé Outre sa valeur de sacrement religieux, ténacité du culte du peyotl aux États-
dans son village on attribue au peyotl une importance Unis sont multiples ct dépendent les
thérapeutique. Certains Indiens sou- unes des autres. La plus évidente est la ·
Enhaut:Unchamanhuichol facilité avec laqudle on peut sc procurer
tiennent qu'une bonne utilisation du
chanteavecsesassistantsdevant
peyotl rend superflus les autres médica- cet hallucinogène de manière légale.
letempledanslequelaura lieula
cérémonie du peyotl. ments, et la croyance en ses propriétés D'autres raisons sont l'absence de régle-
curatives constitue sans doute la raison mentations juridiques de la pan du gou-
essentielle de la rapide diffusion du culte vernement fédéral, la cessation des guer-
aux États-Unis. Lors de l'appréciation res intertribales, la vie paisible dans les
d'un remède et de ses substan<.:cs actives, réserves ct les nombreux mariages qui
il faut toujours faire la différence entre en découlent, comme l'échange d'idées
la conception indigène et les résultats de sociales et re-ligieuses, la commodité des

~~~e~J~,~~;r~~~ieOd~ eSte~~ ~~:i; rao:~:i~


notre médecine moderne. En général,
les sociétés primitives n'envisagent pas
de morts naturelles ou de maladies uni- gnation générale des Indiens face à
quement physiques. Dans leur concep- l'avancée de la culture blanche.

154
Adroire:Unoiseaudepeyottna-
,.
vajo de facture cootempora1ne

Agauche: l'éventail de peyotl na-


vajo,faitdeplumesdeperroquet,
sert pendant le ntuel à déclencher
des visionS

155
CONOCYBE
22 Les petites fleurs des dieux
63 PANAEOLUS

64
65
76 ~!~n~~~~
77 "I l existe un monde au-delà du nôtre, nes qui mirent tout en œuvre pour en
78 un monde à la fois proche et lointain, i~terdire l'usage lors de pratiques rcli-
invisible. C'est là que vit D ieu, là que gJCuscs.
79 vivent les morts et les saint~, dans le ., Ils avaient pour s'enivrer une autre
monde où tout est déjà arrivé et où tout méthode qui exacerbait leur cruauté,
est connu. Ce monde raconte. Il parle car lorsqu'ils employaient certains pe-
une langue à lui. J e rapporte cc qu'il ra- tits champignons, ils pouvaient avoir
conte. Le champignon sacré me prend mille visions, surtout de serpents. Dans
par la main, ct mc mène dans le monde leur langue, ils appelaient ces champi-
où tout est connu . Ce sont eux, les gnons teunamacatlth, ce qui signifie
champignons sacrés, qui parlent d'une chair de dieu, ou chair du diable qu'ils
manière que je peux comprendre. Je les adorent; de cette façon, ils étaient me-
questionne et ils mc répondent. Lors- nés vers leur dieu cruel à travers cette
que je reviens du voyage que j'ai entre- amère nourriture. »
pris avec eux, je rapporte cc qu'ils En 1656, un petit guide destiné aux mis-
m'ont raconté et ce qu'ils m'ont mon- sionnaires réprouve les idolâtries in-
tré.,. C'est ainsi que Marîa Sabina, célè- diennes, y compris l'absorption de
bre chamanc mazatèque, décrit respec- champignons, et recommande leur éli-
tueusement les pouvoirs divins des mination. Le tconanâcatl n'est pas uni-
champignons enivrants qu'elle emploie quemem condamné par les écrits, mais
dans ses cérémonies venues du fond des aussi par des illustrations. L'une d'elles
âges. représente le diable en train d'inciter un
Peu de plantes ont été aussi vénérées que [ndicn à manger du champignon. Sur
les champignons sacrés du Mexique. Ils une autre, on le voit en train de danser
étaient si sanctifiés que les Aztèques les sur un champignon.
appelaient tconanicatl ou «chair di- Un des ecclésiastiques écrivait: "Mais
vine ". Bien que les champ ignons ne avant d'expliquer cette idolâtrie, je
fleurissent pas, les Aztèques les appe- voudrais parler de la nature des cham-
laient ~fleurs,., et les Indiens qui s'en pignons qui sont petits et jaunâtres.
Ci-dessus:Undesplusgrands servent encore aujourd'hui pour leurs Pour les ramasser, des prêtres ct des
Psilocybeazurescensjamaistrou-
vés. rites religieux leur donnent des no~ vieil lards, nommés ministres de cette
tendres, comme" petites fleurs"· imposture, montaient sur les collines
Lorsque les Espagnols firent la con- ct y passaient presque toute la nuit en
quête du Mexique, ils furent scandalisés célébrations et prières superstitieuses.
par la coutume indigène de vénérer les À l'aube, lorsqu'une certaine petite
dieux à l'aide de plantes enivrantes brise qui leur est familière commence
comme le peyotl, l'ololiuqui ct le tco- à souffler, ils ramassent les champi-
nanâcatl. Les champignons provoquè- gnons auxquels ils attribuent un carac-
rent tout particu lièrement l'indignation tère divin. Lorsqu'elles sont ingérées,
des autorités ecclésiastiques européen- ces plantes produisent une ivresse, des

Psi/ocybe mexicana Psilocybe caerulescens var. mazarecorum


Psilocybe semperviva Psilocybe caerulescens var. nigripes
Psi/ocybe yungensis
CKJessous:Ce n'est qu'eo 1979que l'ondé-
couvrit, près d' Astoria dans l'Oregon, le champi-
QilOflleplusgrandetleplusaclltdugenrePsi-
locybe, le P. azurescens. qui cont1entla plus
lorte concentration de psilocybine.

troubl es sensoriels et provoquent mille


délires. •
Francisco Hernandcz, médecin persan -
nd du roi d'Espagne, dit que l'on ado-
uit trois sortes de champignons narco-
tiques. Après avoir décrit une espèce
mortelle, il ajoute: « D'autres, lorsqu'on
les mange, ne som pas monels, mais
provoquent parfois une folie durable
qui sc manifeste par un rire incontrôlé.
Généralement appelés tcyhuintli, ils
sont jaune foncé, âcres ct d'une fraî-
cheur assez agréable. Puis il y en a qui,
uns déclencher l'hilarité, provoquent
divtrscs visions, comme des guerres ct
dts images de démons. D'autres encore,
très appréciés des princes qui les com-
mandent pou r leurs fêtes ct leurs ban·
quers, sont récoltés pendant des nuiu
entières, une activité lugubre ct inquié-
tante. Cette espèce est brun clair ct un
peu âcre. •
Pendant quatre siècles, on ne sut rien
du culte des champignons, ct l'on sc
mit même à douter de leur usage hal-
lucinogène lors de cérémonies. Les
persécutions de I'.Ëglisc avaient réussi
à repousser cc culte dans ses derniers
retranchements, tant et si bien qu'an-
thropologues ct botanistes n'en décou-
vrirtnt le secret qu'au XXc siècle.
En 1916, un botaniste américain pensa
avoir enfin résolu l'énigme de l'identifi-
cati on du tconankatl, en soutenant
qu'il ne faisait qu'un avec le peyotl. Ne
se fiant ni aux chroniqueurs ni aux In-
diens, il disait que les indigènes avaient
montri aux autorités des champignons à
la place du peyotl pour protéger cc der-
nier. Selon lui, la couronne séchée du
Ci-dessous: Il ex1ste en Europe et
en Amérique du Nord de nom-
breuxob;etsreflétantleculte
contemporain du champignon

Ci-dessus:Leschampignonspsy· peyotl ressemblait à un champignon sé- semblent être Psilocybe mexicana, P. cu-
chotropes poussent dans le ché d'une façon si parfaite que même un bensisct P. C<terulescem.
monde ent1er. On en trouve sou- mycologue pouvait s'y tromper. Cc On sait aujourd'hui que ces divers
vent des représentations sur des n'est que dans les années trente du xx· champignons som utilisés dans les ri:
tee-shirts, comme le montre cene siècle que l'on acquit des connaissances tucls divinatoires ct religieux des Maza-
broderie népalaise de Katmandou,
plus précises sur l'importance des cham· tèqucs, des Chinamèques, des Chatino,
qui font le bonheur des voyageurs
amateurs de champigf'lons.
pignons hallucinogènes du Mexique. des Mixe, des Zapotèques et des Mixtè-

~~~:-ê~~e ~!s'~~~~~d:a~f:ta~~e ~uaehbJ::


Vers la fin des années trente, deux pre-
Adroite ·On découvre constam- mières espèces parmi la mu ltitude de
ment de nouvelles espèces de champignons jouant un rôle pendant ainsi que des T.uascana de l'Ëtat de Mi~
Psilocybe. P. weiliitutdécriten des cérémonies qui leur sont dédiées fu- choacan. Ce som les Mazatèques qui en
1996 par Paul Stamets et nommé rent ramassées. D'autres travaux sur le font le plus grand usage.
d'aprèslecélèbreethnobotaniste terrain permirent la découverte de quel- D'une année ou d'une saison su r l'autre,
et médecin Andrew Wa1l Dans son que vingt-quatre espèces différentes. on observe des différences dans l'abon-
livre The Na tura/ Mmd, Weil fut le
premier à émettre la théorie que le
Les plus importantes appartiennent au dance des champignons. 11 peut même
besoind'altérersaconscience genre Psilocybe, dont sont issues douze arri\·er qu'une ou plusieurs espèces
était inhérent à l'hOmme. des espèces décrites. Les principales soient en panic ou toulement absentes

15 8
Ci,;ootre:Lemolneespagnoldu
XVI' siècle, Bernardino de Saha-
gün. dénonça l'usage sacré du
teonanâcatl. Cene IUustratioo tirée
de sa célèbre chroo1que, le Codex
Florenlrno. montre un esprrt démo-
nraque dansant sur des champi-
gnons grossièrement dessinés.

à ccnaincs époques. Leur local isation


varie également. De plus, chaque cha-
man a ses champignons préférés: Maria La chimie du teonamicatl
Sabina, par exemple, n'emploie pas de
Psllocybe cubensis. Enfin, certaines cs- Les champignons du genre Psilocybe doivent leurs effets hallucino-
gènes à deux alcaloïdes, la psilocybine et ta psiloclne. La psilocy-
~~~:at~~~t t;~!s~~é:?fi~~;,rëe6°~~n~f:: bine, composant principal, est l'ester acide phosphorique de la psi-
que les expéditions ethnobotaniques ne loci ne, qui n'apparaît qu'à l'état de traces. La psilocybine et la
peuvent pas s'attendre à retrouver tou- psitocine, étant des dérivés tryptamines , appartiennent à ta classe
jours les mêmes espèces, au même en- des alcaloïdes indoliques (voir p. 186). La parenté chimique de ces
droit ct chez les mêmes tribus. hallucinogènes avec la sérotonine est particulièrement significative
Des recherches en chimie ont indiqué (voir p. 187). La sérotonine est un neurotransmetteur et joue un rôle
que b. psilocybine ct, à un degré moi n- capital dans ta biochimie des fonctions cérébrales. La psilocybine et
dre.', la psilocine sont présentes dans de ta psilocine peuvent être produites synthétiquement. La dose active
nombreux champignons du Mexique. pour l'homme est de 6 à 12mg, de 20 à 30mg produisent de fortes
Cl.'s composants ont été isolés à partir visions.
de diverses espèces de Psilocybc ct d'au-
tres genres collectés dans différentes
panics du monde, mais il n' y a, semble-
t-il, qu'au Mexique qu'on les emploie
dans un contexte rituel indigène.
La cérémonie, dont la majeure partie
s'accompagne de chants, dure toute la
nuit et comprend parfois un rituel thé-
npeutique. L'ivresse est caractérisée par
d'ext r,10rdinaires visions colorées, en
mouvements kaléidoscopiques, accom-
pagnées parfois d' hallucinations aud i-
tives. Les consommateurs om la sen-
SJtÎon de voler vers de fantas ti ques
mondes surnatu rels.
A la nouvelle lune, les champignons
sont ramassés dans la forêt par une fil le
5
~~ri1~ ~~si~~té u~u~e~;~~~~lt~r~~;s~ ~f;i~c~
sont jamais vendus sur le marché. Les
Mazatèques les appellent mi-si-tho,
• nti • étant une particule respectueuse " J ~ suis la femme qui gronde, la femme Àgauche:Cetétrangesaintvé-
dénotant une grande affection; le reste qu1 sonne, nérédansleséglisescatholiqoos
du mot si~nifie •ce qui surgit'"· Comme Je suis la femme araignée, la femme oi- mexicaines, nommé El Niilo l'en-
seau-mouche, fant, représente la personnification,
l'exprimart poétiquement un Maza-
Je su is la femme aigle, l'importante du champignon sacré pour les ln·
tèque: • Le petit champignon vient tout diens,qui l'appellentd'aitleursmilo
seul, personne ne sait d'où, comme le femme aigle,
en espagnol. (Autel à San CristO-
vent qui passe, dont nous ne savons pas Je suis la femme tou rbillonnante du bal de Las Casas, Chrapas)
non plus d'où et pourquoi il souffle.,. tou rbillon,
Le {ou la) chaman psalmodie pendant Je si us la femme du lieu sacré, enchanté, À droite: Le PsiiOcybe cvbensis
des heures, tapant souvent sur ses cuis- Je suis la femme des étoi les filan tes.,. ("' Stropharia cubensis), recueilli et
ses dans le ryt hme de son chant. Celui R. Gordon Wasson, le premier témoin iclenllfiépourlapremrèreloisà
de Maria Sabi na a été enregistré ct tra~ non ind ien d 'une cérémonie mazatèquc Cuba,estprésentdanstoutesles
écrivit à p ropos de l'usage des champi- régions tropicales et pousse de
duit. Il parle de sa capacité à guérir ct à préférence sur des bouses de
comprendre le pouvoir div in grâce à gnons: • Voici un mot sur la nature des
vache.
l'aide des champignons. L'extrait ci· perturbations psychiques causées par
après donne un aperçu de cc qu'est ce l'absorption des champignons. Cette
chant: perturbation est aussi différente des cf-

159
En 1958, la célèbre chamane Ma- fets de l'alcool que le jour l'est de la quelques symptômes de l'ivresse alcoo-
ria Sabina lit une velada, une veil- nuit. Nous parlons là d'un sujet pour lique. Cependant, tous les mots qui dé-
lée, pour un jeune homme de dix- lequel le vocabulaire de toutes les larj- crivent de façon plus ou moins vulgaire
sept ans, Pefecto José Garcia, qui gues européennes s'avère singu lilfe- un état d'ivresse alcoolisée som mépri-
était gravement malade. ment lacunaire puisqu'il ne possède pas sants, humiliants et péjoratifs. Si par
de mots adéquats pouvant dépeindre analogie nous employons les termes
De gauche à droite:
Pefectoattendledébutdelavela-
l'état dans lequel on se trouve lorsqu'on usités pour l'alcool, nous diffuserons
d•. est "champigno11né ". Pendant des cen- une représentation faussée du champi-
taines, des milliers d'années, nous avons gnon, ct comme peu d'entre nous ont
Il se lève au début de la cérémonie pensé en termes d'alcool. Nous devons été "champignonnés ", l'expérience ris-
et Maria Sabina tourne la tête pour maintenant franchir les barrières que <IUC d'être mal jugée. Nous avons be-
le regarder. nous nous sommes infligées dans notre soin de mots nouveaux pour pouvoir
La chamane tend quelques cham- obsession alcoolique. Nous sommes décrire toute l'étendue des effets de tel-
ptgnons consacrés à Pefecto pour tous, que nous le voulions ou non, con- les drogues rituelles ... •
qu'il les mange. finés dans la prison de notre vocabu- Lors d'une cérémonie, Wasson reçut six
laire quotidien. Par un choix habile des paires de champignons qu'il mangea. Il
Pefecto, qui a entendu le diagnos-
mots ct de la signification qui les habite, eut le sc111imcnt que son âme sortait de
hc délavorable révélé à Maria Sa-
blnaparlesdieuxgraœaux nous sommes à peu près capables d'ex- son corps ct qu'elle flouait dans l'cs-
champignons- il n'y a aucun es- primer des sensations et des pensées pace. Il vit des motifs géométriques, an-
poir de guérison- s'effondre de nouvelles, mais quand l'état d'esprit guleux, de cou leurs riches ct vives, qui
terreoretdedésespoir nous est totalement étranger, nos mots sc tr.msformaicru en structures architec-
habituels ne sont plus à la ha01cur. turales. Les murs aux cou leurs brillantes
La chamane et sa f1lle, en dépit du Comment expliquer à un homme qui étaient d&orés avec de l'or, de l'onyx ct
diagnostic, oontmuent è psalmo-
dier,espérantunevisionpluspro-
est né aveugle ce qu'est la vue? Dans de l'ébène ct s'étendaient dans des di-

~~t~~ ~~s~r~;~~é:n~~~~~~~~trf;~~:\~~~~~~ct~
londe, bieo qu'elles sachent que mensions inconuncnsurablcs loin au-
l'âme de Pefecto est irrémédiable- delà de l'hori;wn. Ces visions sem-
ment perdue. un homme "'champignon né "' présente blaient correspondre en tout point aux

160
architectures décrites par les visionnai- vador, au H onduras ct même, plus au .. Les niflos sa mos (Psilo-
res dans la Bible... Dans la pâle lum ière nord, dans les régions de Veracruz et de cybe mexicana) guéris-
~n~~~::r: pi:~rc~p~x~{~c~o~,c~rh~~ ~~~~
de la lune, le bouquet sur la table prenait 1
les dimensions ct la forme d'un char tri- sem. lls fombaisscrla
omphal tiré par des créatures connues témoignent de l'extrême ancienneté de fi èvre, dégage nt le nez,
de la seule mythologie. • la tradition de l'emploi des champi- déli vrent du rhurne ou du
De toute évidence, l'usage cé rémoniel gnons hallucinogènes.
mal de dents. Ils font sor-
des champignons en Amérique centrale
date de plusieurs siècles. Plusieurs sour- ~sn d~éc;:;~~treé;~~Ï,n~e~~~· ~~:~~~{;~~~ tir les démons du corps
ces anciennes émettent l'hypOt hèse que statue de Xochipilli, le prince des fleurs ou bien libèrent l'esprit
les langurs mayas du Guatemala utili - aztèque, datant du début du xvi· siècle
(voir la photo page 62). Son vis:tge a une
du malad e.•
saient des noms de champignons pour
désigner les enfers. Des champignons exp ression extatique, comme s'il avait Maria Sabin~
miniatures, en pierre, vieux de 2200 des visions ct sa tête est légèrement pen-
~ns, ont été découverts sur des sites pro- chée, comme s'il voulait entendre des
ches de la ville de Guatemala Cuidad. voix lointaines. Sur son corps sont gra-
On suppose que ces pet ites effigies mi- vées des fleurs stylisées où l'on a rc~con ­
ses ~u jour dans la sépulture d'un digni- nu des plantes sacrées, pour la plupart
tJ.irc maya auraient une relation avec les psychotropes. Le socle su r lequel il est
neuf suivants de Xibalba, mentionnés assis est décoré de chapeaux de Pnlo-
dans le livre sacré Popol Vub. Jusqu'à cybe aztccorum en coupe transversale,
aujourd'hui, on a trouvé plus de deux champignon halluc inogène qui pousse,
cents de ces champignons en pierre, semble-t- il, uniquement sur les pentes
dom le plus ancien remonte au premier de ce volcan. Xochipîlli représente donc
millénaire avant J.-C. La majorité d'en- assu rément non seu lement le prince des
tre eux provient du Guatemala, mais fleurs, mais plus spécifiquement le
quelques-u ns ont été mis au jour au Sai- prince des fleurs qui enivrent, c'es t-à-

161
A droite: Cette illustration du Xvi•
siècle tirée du COOex Magliaboc·
chianomontre un indigène man-
geant des champignons hallucino-
gènes lors d'un rituel sacré.
DerrièreluisetientM~etlanttcuhtli,
leseigneurdesenlers. Lestrois
champignons au centre sont vert

,..,, ..
jade sur l'original, ce qlll indique
leurgrandevaleurentantqu"objets

dire aussi des champignons qui, dans la breux pendentifs en or, d'aspect humain
poésie nahuad, sont justement appelés a\·ec un ornement en forme de dôme
., flcurs ,. ct •flcurscnivramcs ». sur la tête. La plupart ont été mis au
Une espèce de Psifocybe ct une espèce jour dans les régions de Sinû dans Il'
de Panaeolus sont utilisées de nos jours nord-ouest de la Colombie ct de Cali-
près de Palenque, centre historique des ma sur la côte pacifique. En l'absence
Mayas. On a êgalcment signalé l'emploi d'un terme plus appropriê, on les a ap-
de champignons hallucinogènes le long pelés «dieux téléphones ,. à cause de la
de la frontière emre le Mexique ct le ressemblance entre ces ornements creux
Guatemala. On ignore actuellement en - ct hémisphériques ct les sonnettes des
core si ces cérémonies som un vestige anciens appareils. On suppose qu'il
d'une tradition ancestrale, ou si elles s'agit là de représentations symboliques
ont été introduites récemmem à partir de champignons. La découverte d'ob-
de la région d'Oaxaca. jets à peu près semblables au Panama,
Quoi qu'il en soit, des preuves s'accu- au Costa Rica ct au Yucatoin signalerait
d~~lccn~;~~f~~~~:ufu~oj~jà q~~~~q~~~t~
l' existence d'un culte préhistorique du
champignon sacré s'étendant du Mexi-
l'époque prêhistoriquc (de 100 av. J.-C. que à l'Amérique du Sud.
à 300-400 apr. J.-C.) au Mexique (hm Si les indices archéologiques sont assez
de Colima, Jalisco ct Nayarit). Les ar- convaincants, on ne trouve cependant
chéologues pensent que les petites sta- quasiment aucune mention de l'usage
tues funéraires à deux • cornes " qu'on de ces végétaux dans la littérature colo-
y a trouvées représentent soit des «divi - niale, ct de nos jours, pour autant que
nités ,. mâles ct femelles, soit des prêtres l'on sache, aucun groupe aborigène
cultivant un lien avec les champignons. d'Amérique du Sud n'utilise cc type
Les traditions des Indiens huichol de d'hallucinogène. Il faut donc interpréter
l'tut de Jalisco permcucnt de penser très prudcmmcm cc que l'on pourrait
que ces végétaux jouaient un rôle reli- facilement assimiler à des représenta·
gieux • dans les temps anciens '" · tions anciennes de champignons au sud
Que se passe-t-il en Amérique JIJ. Sud du Panama. S'il s'avère que tous ces ob-
où ces champignons psychotropes sont jeu représentent bien des champignons
très abondants? Nous n'avons pas de hallucinogènes, il faudra complètement
preuves d'un emploi contemporain, reconsidérer l'étendue des régions
mais de nombreux témoignages anciens d'Amérique dans lesquelles ils ont cu
semblent indiquer qu'ils ont été en une importance culturelle.
usage. Au XVII" ct au XVIII'" siècles,
les Yurimagua de l'Amazonie péru-
vienne buvaient une boisson très eni-
vrante faite avec •le champignon d'un
arbre'"· Le jésuite qui nous a légué cette
information signale en outre que les In-
Page 163: Ce portrait de Maria
diens .. mélangent les champignons qui
Sab1namontrelafoiabsolue
qu'elle a clans le powo1r révélateur
poussent sur les arbres tombés avec une
des champtgnons. Tout au long de sorte de pellicule rouge que l'on trouve
la cérémon1e nocturne. eUe est en sur les troncs pourris, et qui a un goût
contact total avec le monde de très piquam. Il n'est personne qui puisse
rau-delà, que les champ1gnons lui résister aux effets de cette boisson après
ont perm1s de v1siter, grâce à des en a\·oir pris trois ou quatre gorgées tant
chants et des percussions elle est forte ou, plus exactement, toxi -
que ,.. On pense que cc champignon
d'arbre pourrait être Psllocybe yungell-
sis, une espèce psychotrope courante
dans cette région.
On a dêcouvert en Colombie de nom-

162
«Je prends le
"'petit qui sort de terre" (Psilocybe caerulescens)
et je vois Dieu.
Je le vois sortir de terre.)>
Maria Sabina

163
82 ~:~~A~!"c:?n~UM La sauge des devins
Sauge des Aztèques

Adro~te : La sauge des dev1ns est L'emploi de la sauge des devins est en
bien reconna1ssable à sa 11ge car- relation étroite avec les cultes indiens
<ée. des champignons. On ignore si elle était
déjà utilisée pendant l'ère précolom -
Ci-dessous : Lesleuillesfraîches bienne, mais il est possible qu'i l s'agisse
sont mâchées lentement sous
forme de priem (sorte de cigare:
du pipiltzintzimli des Aztèques.
cf.p.165) . Les chamans d'Oaxaca utilisent la sauge
des devins, appelée hoja de la pastor:t
(feuille de la bergère) ou pastor:t, lors
de rituels divinatoires ou curatifs

P.165enhaut8gauche:Lecoléus comme substitut des champignons psy- moindre lumière perturbent fonemcnt
scutellaire (Coleusblumei)estuti- chotropes qu'ils préfèrent habituelle- les visions. Étant donné que les effets
lisécommesubstitutdelaSa/via ment. Marîa Sabina dit à cc sujet: « Si je de la sauge som moindres que ceux des
divinorum. veux guérir un malade pendant !a pé- champignons, les rituels ne durent
riode où il n'y a pas de champignons, je qu'une à deux heures. Si ses hallucina-
P. 165 en haut 8: droite: Pour les
Mazatèques, le Cole us pumilusest
dois mc rabattre sur les feuilles de la tions om été assez foncs, le chaman a
apparentéàlasaugedesdevins.
pastora. Quand on les mange broyées, pu reconnaître la cause de la maladie ou
elles agissent comme les ni nos. Bien évi - un autre problème. Il donne des conseils
P.l65aucentfe : Lasaugedes demment, la pastora n'est pas aussi puis- aux patients, puis dissout l'assêmblée
devins (Sa/via dMnorum) dans la sante que les champignons. ,. nocturne.
lorêttropicalemeKICaine Les rituels de Sa/via divùwrum, qui res- La sauge des devins, aussi appelée sauge
semblent à ceux des champignons, sc des A7tèques, pousse dans les forêts tro-

~~~;!~5M~~Ir~a~~i~:~t~l, ~:~:;~t~:t ~:x\~


passent la nuit dans l'obscu rité ct le si-
lence complets. Soit le guérisseur est
seu l avec son patient, soit d'autres pa- cain d'Oaxaca, à une altitude de 300 3
tients et des personnes bien portantes J 800m. Peu répandue à l'origine, elle
sont également présents. Avant de sucer fait partie des plantes psychotropes les
ct de mâcher les feuilles, le chaman les plus rares même si, aujourd'hui, des
encense avec du copal ct les voue aux amateurs du monde entier la cultivent.
dieux en priant. Quand il les a mâchées, La multiplication sc fait par marcottes
les panicipants sc couchent dans un ou par boutures.
grand silence, car le moindre bruit ou la Les Mazatèqucs prennem treize paires

164
de feui lles fraîches (vi ngt-six feu illes),
Il'$ roulent en une sorte de cig;~.rc, le
priem, qu'i ls meucnt dans la bouche Qu'était le

k;:s~::~~~~ ~~tst~'.~~~:~~:i:~:~~=:~~~ Les anciens Aztèques connaissaient une plante nommée pipiltzint-
zintli (le plus noble petit prince) qu'ils utilisaient comme le Psilocybe
~bso r becs que par la muqueuse buccale.
La dose minimale po ur un priem CM de mexicana lors de ntuels enthéogènes. Elle existait en plante mâle,
six feuilles fraîc hes, de huit à dix si l'on macho, et en plante femelle. hembra. Les archives nationales à
souh~i t c accentuer les effets. La réaction Mexico conservent des actes de l'Inquisition datant de 1696. 1698
debute précis~ment après 10 mînuu.·s ct et 1706 dans lesquels il est question d'une plante aux propriétés
dure environ 45 minutes. enivrantes appelée pipiltzintzin. Plusieurs auteurs pensent qu'il
On peut ég:~lcme n t fumer les feuilles sé- s'agit là de la sauge des devins.
chées. Deux à trois inhalations pro fon-
des de la mo iti é d 'une feui lle moyenne
pcu\ent déji ~\·oir de forts effets psy-
chotropes. En général, on fume une à
deux feuilles.
b plupart des personnes :~y;am U!ilisé l.t
Salv111 divmomm sous fo rme de priem,
de teinture ou l';ayam fumée parlent
d'effets bizarres ct inhabituels, pas corn·
parablcs à ceux des subst.l nccs eup ho ri -
santes ou psychédéliques connues. Il
s'agit de torsio ns de l'espace, de sensa-
tions physiques de roulement ou d'ex·
perienccscxtracorporellcs.
D'après la taxinomie populaire mau-
tèque, la Salfna divmorum est apparen-
t ~ i deux espèces o u formes de Co/eus,
également une labiacée. La sauge est la
mère (la hembra), le Co/eus pumilus
.uiatiquc est le père (cl macho) et le Co-
ltlfS bbmu.>J est aussi bien l'enfam (cl
nene) que le lï llcu l (cl ahi jado). Leu rs
feuilles fraîc hes som mkhécs comme
celles de la Sa/via diVmorum. Les cha-
ma ns ct les devins m:1zatèques ne s'en
.!oCn·cm apparemment que pou r rempla-
çcr b. uuge, d'où la répu tation du
Colt•us d'ètr t' une p lante psyc hot ro pe.
La chimie de la Sal vla dlvinor um

Les feuilles contiennent les diterpènes néoclérodane salvinorine A


et B (divinorine A el 8 ), a1nsi que deux autres substances similaires.
non encore identifiées. La principale substance aclive est la salvino-
rine A de forme C:r.JH280 8 qui provoque des altérations de la cons-
cience dès 150 - SOOttQ. Décrite d'abord par Ortega et al. comme
salvinorine en 1982, puis par Valdes et al. comme divinorine A en
1984 , ce n'est pas un alcaloïde. Sa neurochimie resle cependant
un mystère. Son principe actif ne s'est lié à aucun récepteur connu
lors de tests de réception poussés (méthode Nova Screen). La
plante contient auss1de la loliolide.

165
Le cactus des quatre vents

Ci-dessus:Cettepiledemorceaux .. Le San Pedro a une signification sym- vagc qu'ils appellent achuma ct qui est
ducactusdeSanPedroestpropo- bolique dans le curandcrismo (médecine fait avec lasèved'uncactusépaisetlissc.
séesurlemarchéauxsorcièresde traditionnelle): il est toujotJrs en accord "' Comme elle est très forte, cette infu-
ChiclayodanslenordduPérou. avec la force des animaux, avec des per- sion leur fait perdre le jugement ct
sonnes ou des êtres forts ou importants, l'usage de leurs sens, au point qu'ils
À droite:Le cactus de San Pedro, avec des êtres aux pouvoirs surnatu- voient des illusions que leur montre le
qui pousserapidement,nedéve-
loppequepeu ou pas du tout rels··· '" ttP diable.,. Comme le peyotl au Mexique,
d'épinesquand ilestcultivé. Le cactus de San Pedro, Trichocereus pa- I'Ëglisc catholique combattit le San Pe-
chanoi, est sans aucun doute une des dro . .. C'est la plante avec laquell e Satan
plantes magiques les plus anciennes de a trompé les Indiens. Dans leur paga-
l'Amérique du Sud. Une gravure parié- nisme, ceux qui boivent le jus de cactus
talc chavfn, découverte dans un temple pour répandre leurs mensonges ct leurs
du nord-ouest du Pérou, date du XVl c superstitions perdent la raison. lis res-
siècle avant J. -C. Des textiles chavin, tent comme morts et on a même pu ob-
pratiquement de la même époque, repré- server que certains en sont véritable-
sentent le cactus décoré de jaguars ct de ment morts à cause de l'effet du poison
colibris. Des céramiques péruviennes sur le cerveau. Transportés par cette
réalisées entre le Xie ct le Vllle siècle boisson démoniaque dans des mondes
avamj.-C.le montrent associé au cerf; irréels, les Indiens rêvent mille choses
d'autres poteries plus récentes ont pour absurdes ct les croient vraies. ,. L'usage
motif le cactus avec le jaguar ct des spi - moderne du San Pedro le long des ré-
rales stylisées qui illustrent les expérien- gions côtières du Pérou, dans les Andes
ces hallucinogènes des indigènes. Sur la péruviennes en en Bolivie a été très in-
côte sud du Pérou, le San Pedro est des- fluencé par le christianisme, même dans
siné sur de grandes urnes appartenant à l'appellation de la plante qui tire sans
la culture nazca, dont l'existence s'étend doute son origine de la croyance chré-
du !er siècle avant J.-C. au V" siècle de tienne selon laquelle saint Pierre détient
notre ère. A l'arrivée des Espagnols, les clefs du paradis. Cependant, toute
l'usage du Trichocereus était très répan- l'organisation de cc rituel aligné sur les
du au Pérou. Un rapport ecclésiastique mouvements de la lune montre qu'il
signale que les chamans avalent un brcu- s'agit en fait d'un amalgame d'éléments

166
La chimie du San Pedro

Le principal alcaloïde du Trichocereus est le même que celui du


peyotl: la mescaline à laquelle on doit les hallucinations. On a pu
isoler 2 % de mescaline à partir de spécimens séchés du T. pacha-
noi. En outre, on y a décelé de l'hordénine.

chrétiens et païens, caractéristique de Toul en haut: Le caclus de San


l'Amérique du Sud. Pedro (Trichocereus pachanoi).
Le San Pedro est utilisé aujourd' hui
pour soigner des maladies, pour prédire Au centre: Les fleurs du San Pedro
l'avenir, pour contrer toute sorcellerie et restent closes la journée.
pour s'assurer le succès dans les cntre-
Adroile:Lesmagnffiquesfleurs
~:i~~~r;ee~::1~~~b·r;~i~e~;~~~si~~;g~~ luxuriantess'ouvrentenfinde
fournée.
qucs util isées par les chamans, e'esttout
de même la plus importante. Elle est ré- Agauche: Une espèce de Tricho-
coltée près des lacs sacrés, très haut dans cereusnon encore identifiée bata·
les Andes. niquementpoussedans lenord-
Chaque année, les chamans montent ouestdei'Argentine. Ëgalement
jusqu'à ces lacs pour sc purifier ct pour appelée San Pedro. elle est utilisée
pour ses propriétés psychotropes.
rendre visite à certains maîtrt•s en sor-
cellerie ct .. propriétaires" de plantes di -
\'Înes capables, comme le San Pedro, de
pouvoirs spirituels surnaturels. Même
les malades font le pèlerinage jusqu'à
ces lieux sacrés si éloignés. Les Indiens
croient que, dans ces lacs, les pénitents
subisscm une métamorphose, que les
plantes de cene région possèdent des
propriétés extraordinairement puissan -
tes grâce auxquelles des maladies peu-
vent é1re guéries et des pouvoirs magi-
ques influencés.
Les chamans dis!ingucm quatre espèces
de cc cactus selon le nombre de côtes.
Les cactus à quatre cô1cs som rares. Les
indigènes les consi&rcnt comme très

167
thymaloides ct la campanulacéc /soto-
ma /ongiflora. Excepté l'irésine, ces
plantes semblent contenir des principes
biodynamiques. L'irésine a la réputa-
tion de guérir la folie. Brugmansia au-
rea ct B. sanglfinea, deux autres puis-
sants haltucinogèncs, font également
souvcm partie des additifs.
Cc n'est que ces dernières années que
l'i dent ification botanique du San Pedro
a été correctement faite. Au Pérou, au
cou rs des premières études chimiques
ct psychiatriq ues, on croyait à tort qu'il
s'agissait d'Opuntia cylindrica . Des re-
f·~~;~~~:a~~~ed~~s a~~à~~ffsa~e~~:;~tu:~vj!~
couverte qui mériterait une plus grande
attention. Il arrive que la pratique ma-
gique requière d'autres additifs, comme
des os rédu its en poud re ou de la pous-
sière de cimetière, pour gara nti r l'effica-
cité du breuvage. À cc propos, un an-
thropologue remarqua que le San
Pedro • est le catalyseur qui active les
forces complexes présentes lors d'une
séance de guérison, ct plus particul ière-
En haut à gauche : Ce pot en céra- ment les talents visionnaires et divina-
mique de la culture chimU date de toires " du chaman, qui peut se saisir de
1200 av.J.-C. La femme au visage tre vents• ct « les quatre routes • . l'identité d'un autre individu . Mais le
de chouette est probablement une Dans les régions côtières du nord du.F pouvoir magique du San Pedro dépasse
herboristeetunechamane:elle Pérou, le cactus est appelé San Pedro. de loin la thérapeutique ct la divination,
tientunhuachuma(Trichocereus).
D'aprèsla tradition indigène,les
Dans le nord des And es il porte le car les Indiens croie nt qu 'i l garde mieux
chouettesonttoujoursétéasso· nom de huachuma ct en Bolivie celu i leurs cases qu'un chien, en produisant
ciéesàcesfemmes. d 'ac huma; le terme bolivien chumarsc des sons qui ne sont pas de cc monde,
(s'eniv rer) en est dérivé. En Ë<luatcur, infli geant une peur bleue aux intrus,
En haut 8 droite : On ajoute tradi- on l'appelle aguacolla ct gigantôn. contraints de fuir.
tionnellement de nombreuses her- Les tiges du cactus, le plus souvent
bes à la boisson de San Pedro. achetées au marché, sont coupées en
Regroupées sous le nom de tranches comme du pai n ct bou illi es
cooduro, elles appartiennent à des dans de l'cau pendant sept heures.
genres très divers, par e•emple Dans l'imaginaire indien, après l'ab-
Lycopodium.
sorption de la boisson, d'autres herbes
Au œntte: Un curandero nord- médicinales, qui y sont souvent mêlées
péruvl8fl prépare sa mesa pour le pou r appuyer ses effets, commencent à
rite du San Pedro sur les bords de • parler • au chaman ct activent ses
la Laguna Sh1mbe " pouvoirs intérieurs ». La dé-coction
de cactus peut aussi sc boire telle
En bas à droite : La mesa est en- quelle, mais le plus SOU\"Cnt on y ajoute
cadrée de bAtons magiques pro- d'autres plantes qui ont été bouillies
venant de tombes précolombien-
séparément. Ce breuvage s'appelle
nes ou fabflCluées avec le bOIS du
palmier chanta amazonien.
alors cimora. Parmi ces nombreux ad -
di tifs, on trouve le cactus andin Nco-
raimoudia macrostibas, l'amaranthacéc
!resine, l'euphorbiacée Pedi!tmthus ti-

168
Voici comment un chaman décrit les
effets du Trichocereus ptlchanoi: ., La
drogue provoque d'abord une som no·
!encc ou un état de rê,•c Ct une sensation
de !~thargic ct de léger engourdissement
suivie d'une puissante" vision", la corn·
prfhension très nette de toutes les facu l-
tés humaines, qui cause une légère lOr-
peur du corps. Suit alors un état de
tranqui11ité absolue. Ensuite commence
le détachement corporel dû à une sone
de force \'isible qui comble rous les
sens- y compris le sixième, le sens télé-
p~thique, qui dépasse les limites du
temps et de l'espace . ..
Pendam le rituel, les participants som
•libérés de la matière ,. et volent à tra-
vers le cosmos. C'est probablement de
charn;;ns que parle un offic ier espagnol
en poste à Cuzco (Pérou) au XVIe siè- nombreux hallu cinogènes, les dieux ont En haut à gauche: Les tiges du
cle: •Parmi les Indiens, il y a aussi une fait cadeau aux hommes d'u ne plante San Pedro continuent à vivre après
c.uégorie de magiciens, tolérés jusqu'à qui leur permet de connaître la sépara· avoir été récoltées et entreposées
un certain point par les Incas. Ils pren- tion du corps ct de l'âme da)\' l'extase ct et peuvent bourgeonner après des
nent la forme qu'ils désirent ct parcou - ce • d'une manière délicate, simple et années.
rent de grandes distances dans les ai rs en presque instan tanée•. Cette extase
Enhautàdroite:Onajouteparlois
un temps très courr. lis peuvent prédire constitue la préparation au vo l sacré l'euptlorbiacée Pedi/anthus tithy-
des événements, ils parlent au diable qui qui permet à l'holllme de réconcilier ma/oidesàlaboissondeSanPe·
leur répond par des pierres ou d'autres son existence lllortellc et les forces sur- dropouren accroître les effets,
objeu qu'ils \·énèrcnt. ,. Des vols extati- naturelles. prétendantqu'elleesthaltoono-
ques som également caractéristiques des gène On n'en a cependant pas
cérémonies contemporaines: • Le San encore apporté la preuve.
Pedro aide à rendre l'(.'sprit plus agré-
Jble ct plus maniable. On est transporté Au centre: Cette mesa montre
bienlavisionsyncrétiqueque les
,'i tr.wcrs la matière, le temps ct l'espace
guérisseurs contemporains ont du
de façon rapide et sûre ... ,. monde; des divinités et des saints
Le chaman peut absorber la drogue lui- dedifférentescu!turesc6toientdes
même ou la donner au patient, à moins coquillages, des objets archéologi-
qu'ils ne la consomment tous les deux. ques et des flacons de parfum.
Le but du rituel curatif cha manique est
de faire • fleur ir .. le malade pendant la
cérémonie nocturne, de faire que son in-
conscient "'s'ouvre comme une fleur •, à
l'image du cactus à la floraison noc-
turne. Les patients sont parfois calmes
ct pensifs, parfois ils sc mettent 3. danser
ouàsctord repar tcrre.
Avec le San Pedro, ct c'est le cas avec de

169
Les lianes du serpent ·

Il y a quatre siècles, un missionnaire cs- décs ct à la racine en forme de tubercule.


pagnol au Mexique écrivait: « L'ololiu- En 1651, Francisco llcrn:indcz, méde-
qui fait perdre la raison à tous ceux qui cin du roi d'Espagne, reconnut dans
en usent ... C'est ainsi que les indigènes l'ololiuqui un volubilis ct le décrivit ain-
entrent en relation avec le diable, car si; • L'ololiuqui, appelé aussi coaxihuid
lorsqu'ils sont ivres d'ololiuqui, ils sc ou plamc-scrpcm, est une plante grim-
mettent généralement à déraisonner ct pante aux fcuillf:s cordées, minces rt
ils sont trompés par des hallucin:nions venes ct aux longues fleurs blanches.
qu'ils attribuent à la divinité pr~du­ La graine ronde ressemble beaucoup à
mcnt présente dans les graines ... .. la coriandre, d'où son nom (en nahuatl,
D'après un rapport récent, l'ololiuqui il signifie chose ronde), les racines som
En haut à gauche: Turbina rorym- est toujours lié à la divinité dans l'Ëtat minces ct fibreuses. La plante a un goût
bosaou,ololiuqui mexicain d'Oaxaca: ~ Tout au long de âcre. Elle guérit la syphilis et calme les
ces remarques, nous assistons au duel à douleurs causées par les gelures. Elle
Enhautàdroite:Cettesélection mort de deux cultures (l'espagnole ct soulage les fl:uulcnccs ct fait disparaître
de rentvrante /pomoea violacea l'indienne), les Indiens défendam leur les tumeurs. Mélangée à de la résine, elle
esttrèspnséeenhorticulture.
cher ololiuquî avec ruse ct ténacité. Ils élimine les refroidissements ct c'est une

~~~~o~~~~;t~:c~~r~sa~: ~~sp~~sb~è~~i:~~
Au centre: Celle illustration tirée semblent d'ailleurs avoi r gagné. OJ.ns
de la HIStoria de las Cosas de presque tous les vi llages de la région,
Nueva Espal'la de Sahagûn (se- on uouve aujourd'hu i des graine~ d'olo- bassin chez les femmes. La graine est
conde mo~tié du xv1• siècle), mon- liuqui. ,. L'usage de cette plante grim- a
également employée des fins médici-
treclairementquel'ololluquiest pante hallucinogène, si important dans nales: comme poudre, en infusion, ou
uooplantevolubile. le Mexique précolonial, s'est maintenu appliquée en cataplasme sur la tète ou
jusqu'à notre siècle grâce it une semi- le front, avec du lait ct du piment, elle a
clandcsrini té. la réputation de soigner les maladies des
Selon une chronique espagnole écrite yeux. Il existe une boisson aphrodi-
juste après la conquête, " les Aztèques siaque à base d'ololiuqui. Elle a un goût
utilisent une herbe du nom de coatl- âcre ct pique la langue. Autrefois, les
xoxo uhqui (serpent vert), dont les grai - prêtres consommaient cette plante pour
nes sont appelées ololiuqui. ,. Une gra- provoquer un délire leur permcnant de
vure ancienne la représente comme une communiquer avec leurs dieux ct d'en
plante qui grimpe en s'enroulant, aux recevoir des messages. Ils avaient alors
nombreux fruits serrés, aux feuilles cor- mille hallucinations sataniques. Par son

170
La chimie d'ololiuqui

Les composants hallucinogènes de l'ololiuqui sont des alcaloïdes


d'acide lysergique, également présents dans l'ergot de seigle. Le
lysergamide, appelé aussi ergine, et l'hydroxyéthylamide d'acide ly-
sergique sont les composants principaux du mélange d'alcaloïdes
de l'ololiuqul (voir p. 187). Ils font partie des alcaloïdes indoliques.
la tryptamine dans ra structure en anneau de l'acide lysergique éta-
blit bien sa parenté avec les principes actifs du Psi/ocybe, ainsi
qu'avec l'hormone cérébrale sérotonine. Le composé semi-synthê·
tique LSD ou diéthylamide d'acide lysergique est l'hallucinogène le
plus puissant connu à ce jour. Il ne se distingue du lysergamide que
par deux groupes d'éthyle ayant remplacé deux atomes d'hydrogène
(voir p. 187). Les principes actifs de l'ololiuqui (dose hallucinogène
de 2 à 5 mg) sont cent fois moins puissants que le LSO (dose hallu-
cinogène 0,05mg) .

.1ction, on peut comparer la plante au oracle pour apprendre certaines choses, À gauche: La tige très ligneuse de
Solanum mamacum de Dioscoride. Elle particulièrement celles que la pensée l'olohuqui.
pousse dans les champs l des endroits hutnainc ne peu t pénétrer. Il s la consul-
chauds... tent par l'intermédiaire de leurs faux En haut à droite: Les graines et~
D'après d'autres témoignages anciens: docteurs, dont la profession est de boire capsutecaractéristiquesd'/pcr
de !'o!ol iuqui ... Si un docteur qui ne moeaviolacea.
• L'olol iuqu i est une graine comme la

~~iltad~~ f~!~;~~~~i :é:~rd:~~f~~cd·~~


lentille produite par une sorte de lierre; En bas· La plante volubile euro-
quiconque la boil perd l'esprit car elle péenne Convolvu/us tncolor
est très puissante ... Il n'est pas néces- prendre lui-même. Il fixe ensu itS le jour contientégalementdesalcaloldeS
saire de dire où elle pousse, car qu'e lle ct l'heure où la boisson doit ~re con- psychotropes,maisonnelui
:~,d~~~ e~aenc::fe~~~~, ~~~u~ai~~~~te~~
soit décrite ici ct que les Espagnols en connait pas d'usage tradlllonnel.
~ppren n ent l'existence n'a pas grande
Importance ... aztèque illu stre bien l'étroite relation
Un autre auteur s'étonne en ces termes: entre cette plante ct la sorcellerie: • J'ai
• Il est remarquable d'observer la con- cru dans les rêves, dans les herbes magi-
fiance que les indigènes accordent à ques, dans le peyotl, dans l'olo!iuqui ct
cene graine. Ils la consultent comme un dans la chouette ... ..

171
CH;ont1e: /pomoea camea, qui
cont1entles alcaloides psychotro-
pes de l'ergot, est utilisé comme
drogue en Aménque du Sud.

Ci-dessus: Une déesse-mère in- Les Aztèques préparaient un onguent Datura étai t une plante toxique bien
dienne entourée de prêtres et sur- qu'ils utilisaicm lors des sacrifices: "'Ils con nue; ses ncurs resscmblcnr à celles
montée d'un plant d'ololiuqui très prenaient des insectes venimeux, les des volubilis; on ne connaissait alors au-
stylisétiguresurceHefresquede brûlaient et mélangeaient leurs cendres cune substance psychotrope de la fa milie
Teotihuacén au Mexique jenviron avec du tabac, de l'olol iuqui ct quelques de ces derniers; les symptômes de
500 après J.-C.).Un nectar halluci-
~~i:~~~: di:b~l i~u~ à Fcr~::'d i~~;~,c;.~~
1 15 1 l'ivresse causée par l'ololiuqui ressem-
nogène semble couler des fleurs
delaplante.Desreprésentations blent à ceux que provoque le Dafllra;
d'yeux et d'oiseaux symbolisent frottaient le corps. Ainsi end uit s, ils ne pour finir, «On avait attribué aux Aztè-

~~\~gu~~~c~~\:~~sn:~~ « i1~ ~ffr~~-~~t ~~~~


l'ivresse hallucinogène. 0 11 1 5 ques une connaissance botanique qu'ils
étaient loin d'avoir. Les connaissances
mixture en guise de nourriture à leurs botaniques des premiers Espagnols
dieux; après l'avoir ingérée, ils devien- n'étaient sans doute pas plus étendues ...
nent des sorciers ct parlent avec le Cette assimi lation erronée fut à l'époque
diable". largement acceptée.
En 1916, un botaniste américain prit En 1939 seulement, on ramassa chez les
l'ololiuqui pou r une espè<:e de Datura. Chinamèques ct les Zapotèques de
Il)' a plusieurs raisons à cette erreur: le !"État d'Oaxaca des spécimens de Turbi-

172
Ci-comre: lpomooa violacea à
l'étatsauvagedanslesuddu
Mexique.

na corymbosa qu'ils cu ltivaient pour ses C1-dessus: Cet1e lresque 1ndienne


effets hallucinogènes. A·mu+kia, son de Tepant1tla {Teotihuac3n) montre
nom chinantèque, signifie "'médecine desvolubillsetdesyeuxvîsionnai-
pour la divination •. Le plus souvent,
treize graines sont broyées ct bues dans
de l'eau ou dans une boisson alcoolisée. Agauche: Le xtabentum, • corde-
let1e de p~erres précieuses~, est
L'ivresse sc manifeste très rapidement ct une liqueurduYucatân préparée à
donne lieu à des hallucinations visuelles. partirdumieldelafleurdel'ololiu-
On observe aussi des accès intermédiai - qui.
res de vertige suivis de lassitude, d'cu·
phorie, de somnolence Ct de narcose
somnambulcsquc. L'indigène ne capte
cc qui sc passe autour de lui que de fa·
çon peu claire ct lointaine. Il est d'au-
tant plus réceptif à toute sorte de chimè-
res. Les Indiens disent que l'ivresse dure
trois heures ct n'a que rarement des

173
Ci-dessous: À San Bartolo Yaute-
pec.auMexique,unechamane
zapotèqueprépareuneinfusionde
graines d'lpomoea violacea.

effets secondaires désagréables. L'olo-


liuqui est consommé h nuit ct par un
seul individu dans un lieu calme ct isolé,
contraircm_cnt au pcyod ct aux champi-
gnons mag1qucs.
On a signalé l'usage des graines de Tur-
bina corymbom chez les Chinantèques,
les Mazatèqucs ct d'autres groupes de
l'État d'Oaxaca où elles sont connues
sous le nom de piule, mais chaque tribu
P.ossède un nom particulier pour les dé-
slgncr.
Il semble en fait que les Aztèques aient
donné le nom d'ololiuqui à plusieurs ty-
pes de plantes, dom une seule était nar-
cotique. On peut lire dans une ancienne
chronique: " fi existe une herbe appelée
ololiuqui ou xixicamatic qui possède
des feuilles ressemblant à celles de Phy-
salis ct de fines fleurs jaunes. La racine
est ronde et aussi grosse qu'un chou. ,. Il
ne peut s'agir ici de T~trbina corymbosa,
ct l'identité de cette plante reste un mys-
tère. La troisième sorte d'ololiuqui, éga·
lemcnt appelée hueyytzontecon, était
employée comme purgatif, cc qui laisse
penser qu'il s'agit d'un volubilis mais,
en fait, elle n'appartient pas aux convol-
vulacées.
Un autre volubilis, lpomoca violacea,
était aussi un ha!lucinogène sacré chez
les Aztèques. Ils appelaient ses graines
tlitliltzin, d'après le mot nahuad signi-
fiant • noir,. ct un suffixe qui exprime
la vénération. Les graines de cc volubilis
sont longues, anguleuses et noires, tan-
dis que ce!les de Turbina corymbosa
sont rondes ct brunes. Une ancienne
chronique les cite toutes deux en affir-
mant que le peyotl, l'ololiuqui et le tli-
tliltzin sont pareillement psychotropes.
L' lpomoca violacca est surtout en usage
chez les Zapotèques ct les Chatîn d'Oa-
xaca qui l'appcllcm badoh negro. Cer-
tains villages zapotèques connaissent
les deux types de graines, dans d'autres
au contraire on n'emploie que l'lpo-
moea violacea.
Les graines noires sont souvent appelées
macho, le mâle, ct som prises par !es

174
P 174enhaut: l etimbrecubaln,
sorti en 1960 à Noêl. représente
Turbina corymbosa, très répandue
dans l'ouest de l'ile puisqu'elle
fleur itendécembre.letimbre
hongrois à côté ind1que l'impor-
tancedel'lpomoeaVIOiaceaetde
ses variétés

hommes, les graines brunes, appelées


hembra, la femelle, sont réservées aux
femmes. D'après les Indiens, les graines
noires sont plus puissantes que les bru-
nes, assertion confirmée par l'examen
chimique. La dose en est souvent de sept
ou d'un multiple de sept. Parfois, el le
peut être de treize, chiffre particu lière-
ment familier aux Indiens.
Comme celles de Turbina, les graines de
badoh negro sont réduites en poudre ct
\"crsées dans une gourde avec de l'cau.
Le liquide est bu après avoir été filtré.
L'auteur d'un rapport sur l'emploi des
gn.ines d'lpomoea violacea chez les Za-

::,';duJ~ ~~s~~h ~~~r~ â::,~dl~ i~i ~ d~


1 0

ces Indiens: .,J]s pratiquent la divina-


tion à l'aide d'une plante narcotique.
Cette dernière pousse dans le jardin
d'une famille qui vend les graines ct les
feuilles pour qu'elles puissent être don-
nées aux malades. Le patient doit être
laissé seul avec son guérisseur. Après
avoir consommé la plante, il tombe
dans un sommeil profond durant lequel
lui apparaissent les enfan ts de la plante,
des garçons ct des filles qui lui parlent.
Ces espri ts végétaux donnent aussi des
renseignements sur le destin des objets
perdus . .,. Les 1ndiens ont intégré des
éléments chrétiens dans le rite contem-
porain consacré aux graines de la plante
grimpante. Quelques-uns de ses noms-
semilla de la Virgen (graine de la
Vierge) ct hicrba Marîa (herbe de Ma-
rie) - révèlent le mélange de paganisme
Tout en haut. À gauche, les grai-
1.'1 de christianisme ct indiquent claire-
nes ocre el rondes de Turbina
ment que Turbma corymbosa et lpo- corymbosa, à dro11e les gra1nes
moea violacea som cons idérées comme noires et anguleuses d' lpomoea
des dons des dieux. violacea

Enhauf:Lachamaneaidéed'une
pelilef~leoffrefinfusionàunpa­
t~eni.EIIeexaminerasessoucis
lorsquïl semettraàparlersous
l'inHuence de la plante.

175
La semence du soleil

Au commencement des temps, le So leil ancienneté de cette drogue, elle n'est


commit l'inceste avec sa fille. Lors~
~~~~ ~~ ~~~i~~~~rs~~~~~~~~~h~~ep~r~f~~~
1
qu'elle toucha le pénis de son père, le
Viho fut conçu. Les Tukano reçurent lièrement intensives, qui permirent
ainsi cette poudre à priser sacrée, issue l'identification de nombreuses nouvel-
du sperme du solei l. Elle est encore très les espèces, l'ambitieux explorateur ct
vénérée ct les Indiens la conservent dans botaniste Spruce ne parvint pas à décou-
des récipients appelés muhipu~nuri ou vrir l'usage n1rcotiquc de Virola. La
"'pé nis du soleil"· Cet hallucinogène première mention de cet hallucinogène
permet l'accès au monde des esprits ct fut faite au début du xxe siècle par un
en particulier à Viho~mahsc, ., la pcr~ ethnologue allemand qui étudiait les
sonnc de la poudre à priser ,. qui, de YckwJ.na du haut Orénoque.
son repaire dans la Voie Lactée, s'oc~ Cc n'est qu'en 1938 que l'on fit le rap-
cupc de toutes les affaircs humaines. prochement entre les Virola ct la poudre
Les chamans ne peuvent invoquer des à priser. Le botaniste brésilien Ducke
forces spirituelles sans l'autorisation de rapporta que ce lle~ ci était préparée à
Viho-mahse. Cette poudre à priser est partir des feuilles de V. theiodora ct de
donc l'outil essentiel des payés ou cha ~ V mspidata. En réalité, on n'utilise ja-
mans. mais les feuilles, mais cc rapport eut le
Bien que les soixante espèces de Virola mérite d'attirer l'attention sur des ar-
soient répandues dans toutes !cs forêts bres dont on n'avait jusqu'alors jamais
tropicales du Nouveau Monde ct qu'on soupçonné les propriétés hallucinogr~
ait trouvé des principes psychotropes nes.
dans une bonne douzaine d'emre elles, Leur première description détaillée ct
c'est seulement dans l'ouest de l'Ama- leur identification spécifique ne furent
zonie, autour du b1ssin de l'Orénoque, cependant publiées qu'en 1954 dans un
que le genre est utilisé comme drogue article sur la préparation ct l'usage de la
sacrée. drogue par des cham;tns indiens de Co~
Les espèces servant à fabriquer la pou~ lombie. Chez les Barasana, les Makuna,
Ci-dessus:Lesgrainesde Virola
surinamensis, utilisées médicale- dre à priser_ sont Virola calophyl/;;l les Tu kano, les Kabuyaré, lcs Kuripako,
ment,sontappeléesucuba. V. callophyllozdea, V. clongata ct V. tew~ les Pulnavc ct d'autres tribus de l'est dr
dora, cette dernièrc étant la plus fré~
À droite: !.:espèce de Virola la plus quemmcnt employée. Dans certaines ré ~
utiliséepourlapréparationdela gions, la drogue est aussi fabriquée à
poudre hallucinogène est le partir de V. rufula, de V. e~tspidata et
V. lheiodoradunord-ouestde d'autres espèces. Certains Indiens,
l'Amazonie. Virolaestungenre comme les MakU, nomades du Rio Pi ra~
américainapparentéaumuscadier
paranâ de Colombie, ingèrent telle
dei'AncienMonde.Lesminuscu-
lesfleursdecetarbredégagentun quelle la résine rouge de l'écorce de
parfum pénétrant. V. elongata. D'autres tribus, particuliè-
rement les Bora ct les Witoto avalent
des pilules qu'ils préparent avec la ré-
sine de V. pemvimM, V. mrinamemis,
V. theiodora ct pcut~êtrc aussi V. lore~
!emis. Il existe des indices selon lesquels
ccn1ins chamans du Venezuela fume -
raient l'écorce de V scbifera au cours
de danses destinées à soigner les fièvres,
ou en fcraicnt une décoction consom-
mée «afin d'éloigner les esprits maléfi -
ques».
Bien que l'importance mythologique et
l'utilisation rnagico-religieusc de la pou~
dre appelée epen:i indiquent une grande

176
l~u~~~~ n7~l~~clf:mcc:~~::sr fcu~~~s:~~~~
0 tribus la consomment également dans Agauche : la feuille, l'inflores-
la vic quotidienne. Tous les hommes cenceetlejeunefruitde Virolaca-
tic ct le traitement des maladies, pour la au-dessus de treize ou quatorze ans y lophylla.
divination ct i diverses fins magico-rcli- sont autorisés. Ils en font souvent une
gieuscs. À cette époque, on pensait que consommation cffrayamc même. Au À drCHte : Une branche de Virola
cours d'une cérémonie qui dure deux thelodora avec des rnllorescences.
les espèces les plus estimées étaient
V. ca/ophy/la ct V. calophylloidea, mais ou t~ois jours, ils prisent ainsi sans dis-
des travaux subséquents établirent la su- cormnuer.
prématie de V rheiodora. La poudre peut sc préparer de diverses
Récemment, des recherches sur le ter- manières. C hez les Indiens de Colom~
uin ont permis de montrer que cene bic, on retire l'écorce de l'arbre au petit
poudre à priser narcotique est employée matin. On en grane aussi les tendres
par de nombreux groupes indiens de couches intérieures que l'on péuit r.cn-

f~oi~~~1~:o~;~1i~~ nb~:~~~~:~;: ~~lS'~;~~


l'Amazonie colombienne, du haut Oré-
noque colombien ct vénézuélien, du Rio

~;t~~~i:~:l~~j:ss~~~id~~s~~ !~~~~~ze~;
filtré ct bouilli jusqu'à ce q'-\ ait la
consistance d'un sirop épais qui, une
de cette dernière, chez les Indiens pau- fois séché, est réduit en poudre ct mé-
maré. langé à des cendres d'écorce de cacamier
Apparemment, c'est chez les Waikâ, sauvage.
nom collectif donné à quelques tribus Les groupes waika connaissent toute
indiennes du haut Orénoque vénézué- une série d'autres méthodes de prépara-
lien ct des affluents du Rio Negro au tion. Les indigènes de l'Orénoque râ-

;::~~~~ ~~nsf~~~~ti~~~~r~·cl~u~tst ~~~~s~


pent souvent le cambium adhérant à
l'écorce ct au tronc ct le font douce-
la plus profondément enracinée dans la ment sécher au -dessus d'un feu, afin de
vic aborigène. Ces groupes sont connus pouvoir le conserver pour un usage ul-
des anthropologues sous les noms de térieu r. Lorsqu'ils ont besoin de la dro-
Kirishanâ, Shirianâ, Karauetaré, Ka- gue, ces fragments som trempés ct
rimé, Parahuré, Surarâ, Pakidâi ct Yano- bouillis pendant une demi-heure ou
mami. Ils nomment la poudre à priser plus, puis le liquide est réduit jusqu'à
cpcnâ, ebcna, nyakwana, ou utilisent cc qu'il donne un sirop qui, une fois sé-
des variantes de ces termes. Dans le ché, est moulu ct tamisé. Cene pous-
nord-ouest du Brésil, la poudre, tom sière est ensuite mélangée à un volume
comme d'autres drogues, est connue égal de poudre de feuilles séchées d'une
sous le nom de paricâ. petite plante aromatique,jusricia pccto-
Alors que chez les Indiens de Colom- ralis, var. stenophy/1:1. On ajoute enfin
bic, l'usage de la poudre à priser est gé- un troisième ingrédient, les cendres de
néralement réservée aux chamans, ces l'écorce d'ama ou amasita. Il s'agit

177
d'Eiizabetha princeps, magnifique arbre de la résine de l'arbre cr qui provoquent
très rare de la famille des papilionacées. une ivresse. Plusieurs espèces sont em-
Les indigènes découpent son écorce très ployées, dont V. theiodora, V. pavonis,
dure en petits morceaux qu'ils posent V. elongata ct peut-être V. surinamemi5
sur des braises, puis les retirent, pour et V. loretensis. Les Bora du Pérou fabri-
~~j~~~~~~ ~~~d;~s5~mcr lentement ~e quent leurs pilules narcotiques à partir
de la pâte d' !ryanthera macrophylla qui
Plus à l'est du pays waikâ au Brésil, la appartient au genre Myristica. Les Wito-
Unefoisl'an,leslndienswaiké.du to de Colombie retirent entièrement
poudre est surtout préparée la nu ir. Les
nord du Brésil se rassemblent pour
unecérémonieaucoursdela- arbres sont abattus et l'on en retire de l'écorce d'un tronc de Virola. La couche
quelleilsconsommentd'énormes longues bandes d'écorce dont la surface brillante du cambium entre l'écorce et le
quantités de poudre de Virola. La interne se couvre d'un liquide abondant, tronc dénudé est raclée avec le dos de la
cérémonie,quialieudansleshut- qui devient bientôt rouge sang. Ayant machette ct soigneusement recueillie
tes rondes caractéristiques, fait doucement chauffer les bandes dans une calebasse. Petit à petit, elle de-
commémore les morts de l'année d'écorce, le chaman en recueille la résine vient brun rougeâtre. Les morceaux en-
écoulée. dans un pot de terre qu'il pose sur le feu. core humides sont pétris, pressés plu·
Lorsque cc liquide rouge a réduit ct ac~ sieurs fois ct tamisés à l'aide d'ur1e
quis la consistance d'un sirop épais, on passoire en vannerie. Le liquide qui s'en
le fait sécher au soleil jusqu'à ce qu'il se échappe, principalement la sève du cam-
cristallise en une masse ambrée, qui est bium, a uneteintccaféau lait. Sans autre
ensuite méticuleusement réduite en fine préparation, on le fait bouillir rapide-
poussière. Cette poudre à priser- nyak- ment, peut-être pour neutraliser les en-
wana - peut être utilisée telle quelle, zymes qui pourraient dérruire ses prin-
mais on y ajoute très souvent les feuilles cipes actifs. Puis on le laisse frémir en
pulvérisées dejusricia "pour en amélio- remuant souvent, jusqu'à cc qu'il ait rê-
rer l'arôme" . duit de volume. Lorsqu'il est devenu pâ-
Les Bora, les Muinane ct les Witoto de teux, on retire le récipient du feu et on
l'Amazonie colombienne et du Pérou roule des pilules destinées à une utilisa-
n'utilisent pas le Virola pour le priser: tion immédiate. D'après les indigènes,
ils avalent des pilules fabriquées à partir elles conservent leurs propriétés pen-

178
LesWaikâconsornmentd'incroya- Les chamans waiké emploient indigènesrendentdilhcile ladis-
bles quant1tés de poudre de V1ro/a. sowentla poudre appelée epené tinctionentrelesurnatureletle
Poorlapriser,Msutilisentdelongs au cours de séances de guérison. pragmatique Leslndienseux-
lllbesfailsavecdestigesdema· Les interactions complexes entre mêmes ne !ont pas la d1stincllon
ranthacêes.Àchaqueinhalatioo. pratiquesreligieuses·chamani· entre ces deux concepts.
letubeestremplidetroisàslx ques et thérapeutiques des
cuilerées à café de poudre. Cef!e-
dest souffléeloindanslesnarines
et les Sinus et provoque immédia-

dam deux mois. Lorsqu'on ne les con- Les Bora du Pérou nc dépoui ll ent que la Unchamanmahekototerienlutte
somme pas tout de suite, elles sont re- partie inférieure du tronc de son écorce, avec la mort, menace toujours
couvertes d'une pellicule fabriquée à sur 1,25 à 2,5 mètres. Ils la taillent de présente. Les Waik8 pensent que
partir de plusieurs autres plames. Cc façon à n'en conserver que la partie in- la communk:atK>n avec le monde
•sel,., comme disent les Indiens, est terne. Celle-ci brunit rapidement à mc- desespritsdanslequelilspénè-
toujours préparé de la même manière: sure que la résine s'oxyde. On la frappe
trent grâce à l'ivresse due à l'epe-
les végétaux sont tout d'abord brûlés ct vigoureusement avec un maille~ bois
na donne la lorce au chaman de
détourner la mort du malade, celle-
leurs cendres versées dans un entonnoir jusqu'à cc qu'e11c soit réduite en char- ci étanldueàl'actiond'esprits
en feuilles ou cn écorce. Le filtra t est pic, puis on la met à tremper pendant malveillants
ensuite bouilli jusqu'à cc qu'il ne reste au moins une demi-heure en la pétris-
plus qu'un résidu gris-blanc, lc • sel,._ sant de temps en temps. L'ensemble est
Les pilules dc résine gluante som rou- alors porté à ébullition. Au bout d'une
lées dans cette poudre. Les Witmo ap- demi- heure, on retire les lambeaux
pellent le-sa les nombreuses plantes cm- d'écorce. Le liquide restant est réduit
ployées pour préparer cc • sel ,. , Parmi jusqu'à la consistance d'une pâte, dont
elles, il y a plusieurs arbres de la famille
des lccythidacécs: Custavia pocppigia-
na, le géant Eschweiiera itayens/s ct une La chimie de l'epena
espèce non encore identifiée, connue
des indigènes sous le nom de cha-pc- Lanalyse chimique des diverses poudres à pnser à base de Virofa a
na. On emploie aussi la souche ligneuse révélé une demi-douzaine d'alcaloïdes indoliques apparentés, ap·
d'une espèce de CariltdO'Vica ou de partenant aux dérivés de tryptamine simple à chaîne droite ou liés
Spbaemdenia (cydanthacésées). Les au système tétrahydrocarboline. Les principaux composants de ces
cendres des feuilles ct des inflorescences poudres sont : la méthoxy-5 N, N-diméthyltriptamine et la diméthyl-
triptamine. La méthoxy-6 N, N-diméthyltriptamine, la monométhyl·
rz:~~·::sar~~é;;d~~'t:.~~ll: scl'~nea1r~~ triptamine, ainsi que la méthyl-2 et diméthyl-1 ,2 méthoxytélrahydro-
mière qualité. On utilise enfin l'écorce 6 carboline ne sont présentes qu'à l'état de traces. Les mélanges
d'une espèce sauvage de Theobroma et d'alcaloïdes sont à peu près les mêmes que ceux que l'on a isolés
de plusieurs palmiers, probablement à partir des poudres d'Anadenanthera.
des espèces dc Geonomtl et de Bactrù.

179
,. C'est une poudre à priser magique,
préparée avec l'écorce d'un certain arbre .
le sorcier en souffle un peu en l'air à travers un roseau.
Puis il ia prise en absorbant la poudre dans chaque narine.
il commence immédiamcnt à chanter ct à crier com me un fou,
tout en balançant son torse d'avant en arrière.,.
Theodor Koch-Grünbcrg (l'J23)

on forme ensuite des pilules. Pour pré- Si les indigènes grattent soigneusement
parer le "sel "• les Bora utilisent une la surface interne de l'écorce, c'est pour
moins grande variété de pbntes. Ils recueillir la totalité de la couche de cam-
n'emploient que les feuilles et la souche bium qui y adhère. La dt;oguc est prépa-
d'une espèce Je Carludovica et d'un rée avec la sève de cc dernier que l'on
palmier du genre Schccla. fait bouillir rapidement afin de faire
~t~~ ~~~~~~~s pl;~~le~~ti2oJ~~es 1 ;e]~:~~J'~
coaguler les protéines ct pcut~ê trc aussi
les polysaccharides. La cuisson sc pour~
presque incolore exsudé par la surface suit jusqt1'au dessèchement preSque
intérieure de l'écorce ct qui apparaît complet.
dès que cette dernière a été retirée de La résine de Virola joue un rôle impor-
l'arbre. Cette substance résineuse de~ tant dans la pharmacopée indigène: plu-
vient très rapidement rougeâtre à cause sieurs espèces sont utilisées pour leurs
de l'oxydation enzymatique, ct sc so li ~ propriétés antimycosiques. On enduit
dific en une masse plus foncée encore, de résine les surfaces infectées pour soi~
dure ct brillante. Dans les spécimens sé- gncr les affections dermatologiques
chés pour analyse chim ique, elle appa- d'origine fongique, si COtJrantes dans
raÎt comme une substance gluante et les forêts tropicales humides. Seules cer~
caoutchouteuse rouge brun. Chez de raines espèces sont utilisées à des fins
nombreuses espèces, cette résine con ~ thérapeutiques; les critères de leur choix
tient des tryptamines et d'autres halluci ~ semblent n'avoir aucun lien avec les
nogènes indoliques. propriétés hallucinogènes de l'espèce.

180
P. IBOSgauche.dehautenbas:
Avanteleleslairesécher, lesWai-
kétrientsoigneusementlesleuil-
lesdeJus!icia
Une des méthodes de préparation
de la poudre COOSISIB 8 recueillir le
liqu1de rés1neux rouge sur la lace
intérieure de l'écorce, puis à le
faire sécherau-dessusduleu.
Unlndienwitotoremuel'épaissi-
rop obtenu après avoir fait bouillir
la résine de Virola.

P. 180 au centre et a droite: Une


loisséchées,lesleuillesde Justl-
ciasonttrèsaromatiquesetonen
ajouteparfoisàlapoudreàpriserà
base de Virola. Mais on peut éga·
lement fabriquer une poudre hallu-
Cinogène aYeC Jus/ICia seule.
Chez les Waikâ, les cendres ajou-
tées à la poudre de Virola provien·

Les Indiens, pour lesquels les effets hal - l'usage hallucinogène ct médical de ces nent excluSIVement de récorœ
lucinogènes des Virola sont familiers, arbres ne fait aucun doute. d'un arbre imposant mais rare,
êtonnem par leur connaissance précise Elizabetha princeps.
des différentes espèces qu'un botaniste
ne saurait distinguer. Avant d'avoir re- En haut à gauche: Pendant
·l'ivresse due au Virola, le visage
tiré l'écorce d'un tronc, ils peuvent dire deslnd1ensprenduneexpression
combien de temps le jus qu'elle libère lointaine et rêveuse, provoquée
mcura pour rougir, s'il sera doux ou par les principesactilsdeladro-
âcre, combien de temps il conservera guelesindigènespensentce-
~~s ~:,OX~i~:~s u~,•~c~;; ré~~i.~ cnJ.~~t~:~ pendantqu'elles'expliqueparl'ab-
sence de l'âme du chaman. Pour
les Wa1ké, le tart que l'âme puisse
~=;,~;~~~~~~~~;·dl~ d~~ss~~:!d~?ü'ràe~~~~ pénétrerd'autresdimensoosest
imperceptibles sont ducs à l'âge des ar- l'effetleplusimportantdel'halluci-
bres, à la saison, aux conditions écologi- nogène.
ques, à la floraison ct la fructification ou En haul S droite: les feuilles de
à d'autres facteurs dans l'environne- Juslicla pectoraNs var. s/enophy/la
ment ou la physiologie de la plante. sont un important additif è la pou·
Mais l'habileté des Indiens à reconnaître dreàpriserlabriquéeàparlllde
ct à exprimer dans leur. lan~ue ces sub- résine de Virola.
tiles différences si importantes pour

181
31 ~~~c~::IA Pituri -la p o rte du temps des rêves
Ptturi

Ci-dessus:Surcetableaudu Dans l'histoire de l'humanité, aucune rêves, l'état originel transcendant de


peintre aborigène Walangari Karn- substance psychotrope n'a été util isée l'Ëtrc, est capitale.
tawarraJakamarra.lestxJissons culturcllcment de façon ininterrompue Le temps des rêves permet de détcrmi-
dupitcherésonl représentés par
des points gris. (Huile, 1994, e•-
pendant aussi longtemps que le pituri.
La culture des aborigènes d'Australie ~~uc;sd'~~~0i~h~:~~u~~~ l~~é~~~ion~r~~j
trail.) est la plus ancienne culture encore sub- jugé irréel.. Il semble qu'il y ait eu diffé-
Adroite.Letroncdupltcheré.
sistante. Les ancêtres du temps des rêves rentes espèces de pitchcré utilisées à des
mâchaient déjà le pitcheré il y a 40000 à fins diverses ct liées chacune à des
60000 ans. Au sens large, pituri désigne chants, à des totems ct aux •sentiers
toutes les plantes, ou !cs substances ob- des rêves,. ou songlines correspondants. ·
tenues par l'emploi d'additifs, que les
aborigènes mâchaient à des fins hédo-
nistes ou magiques, mais on ne l'cm-
ploie plus que pour désigner la solana-
céc Duboisia hopwoodli.
En général, les feuilles du pitcheré som
mélangées à des cendres végétales alcali-
nes ct mâchées sous forme de pricm.
Elles coupent la faim ct la so if ct provo-
quem une ivresse ct des rêves passion-
nés. C'est sans doute la raison de leur
utilisation dans la magie aborigène,
pour laquelle l'entrée dans le temps des

\82
La chimie du Piturl

La Duboisia hopwoodii contient divers alcaloldes très stimulants et


d'autres, toxiques. La substance active principale est la D-nornico-
tine, maison trouve également la piturine, ta duboisine, la nicotine, la
myosmine. ta N-formylnornicotine, la cotinine, ta N-acetylnornico-
tine, l'anabasine, l'anatabine, t'anatalline el le bipyridyle. Les racines
contiennent de la hyoscyamine, un alcaloïde de type trepanai hallu-
cinogène, et des traces de scopolamine, de nicotine, de nornicotine,
de métanicotine, de myosmine et de N-formylnornicoline. La Duboi-
sia myoporoidescontient beaucoup de scopolamine.

Plantes dont les cendres sont ajoutées au piturl

Proteacées
Grevi/lea striata R. BR . (ljinyja)
Mimosacées (légumineuses)
Acacia aneura F. Muel!. ex Benth . (mutga)
Acacia coriacea OC. (awintha)
Acacia kempeana F. Muell. (Witchitty bush)
Acacia lingulata A. Cunn. ex. Benth.
Acacia pruinocarpa
Acacia salicina lindley
Césalpinacées (légumineuses)
Cassiaspp.
Rhamnacées
Ventilago viminalis Hook. (atnyira)
Myrtacées
Eucalyptus microtheca F. Muell. (angkirra)
Eucalyptus spp. (gums)
Eucalyptus sp. (red gum)
Melaleuca sp.

Certains songlincs étaient chantés


,
un priem ou une bouchée. il s'agit soit Dehaur enbas:
comme des .. sentiers du pit uri,. (pituri de cendres végétales, soi t de substances Lepitcheré.
roads). Il existait même des clans de pi- liantes comme des poils d'animaux, des Les feuilles fermentées.
ruri. Cette plante porte en el le le rêve du fibres végétales, de l'ocre jau ne, de la ré· La Goodenia est un substitut des
lieu où elle pousse ct elle le transmet aux sine d'eucalyptus ct, depuis peu, de su- feuilles de Ouboisia hopwoodii.
L:ethnobotanique des aborigènes
hommes. cre. Les effets varient selon les prépara-
donneauxplantesdugenre
Duboisia hopwoodii a été décri te par le tions. Il y a de puissants analeptiques, de GOOdenla une importance curative
botaniste germano-australien Ferdi- faibles stimulants, des euphorisants ct et nutritive. Lesgoodeniacéessont
nand]. H. von Müller (1825-1896). Ses des hal lucinogènes. trèsrépar'lduesenAustratie.les
feuilles séchées ou fermentées jouaient feuilles séchées de la Goodenia
un rôle primordial d'objet d'échange lunala,quis'appellengkulpa
dans l'économie indigène. IJien qu'on ankirriyngka 8f'l alyawara, sont
la trouve dans toute l'Australie, il existe mâchées avec de la cendre végé-
des régions de prédilection pour sa ré- tale et semblent avoir des proprié-
tés légèrement psychotropes.
d~~~~ fo~~~qd~Îi~~ f~~i!~r; ;~~~s~~~~;~~
que les aborigènes n'aient des contacts
avec les Européens, le désert central
connaissait une activité commerciale de
grande portée. Le pituri était vendu sur
les "'sentiers du pituri•.
Divers additifs sont mélangés aux feuil-
les séchées ou fermentées pour obtenir

\83
Structures chim iqu es des hallucinogènes

La détermination de la strucmre ch imique des sauge des devins (Sa/via divinorum) sont les prin -
principes hallucinogènes dans les plantes magi- cipaux végétaux dont les substances actives sont
ques a donné de remarquables résultats. dépourvues d'azote. Le pri ncipe actif du Canna-
Presque tous les hallucinogènes d'origine végétale bis est le tét rahydrocannabinol (TH C), celui de
contiennent de l'azote ct appartiennent par consé- Sa/via divinorttm est la salvinorinc A.
quent à la grande catégorie de composants chimi- La structure chimique des principales plantes hal-

luc inogènes est très proche de celle de certaines


Té1rahydrocannablnol (THC) hormones du ce rveau, d'agents physiologiques
donc qu i jouent un rôle dans la biochimie des
fonctions mentales.
Le princ ipe actif du cactus mexicain peyotl, l'alca-
loïde mescaline, est chimiquement très proche de
qucs appelés alcaloïdes. Cc terme est employé par l'hormone cérébra le noradrénaline qui fait panic
les chim istes pour désigner les produits métaboli- du groupe d 'agents physiologiques connus sous le
ques azotés des plantes, qui ont des propriétés al- nom de neurotransmetteurs, car il s s'acquittent de
calines. Parmi les plantes psychotropes qui ont ac- la transmission chimiq~1 c des impulsions entre les
quis une importance culturelle, le chanvre ct la neurones (cellul es nerveuses). La mescaline ct la

184
Des études récentes ont montré la ditlérence de structure du ma-
tériau ligr~eux entre Cannabis sativa (photo de gauche) et C. indica
Comme on peutie voir sur ces coupes au microscope, il est très
clair que dans la première de ces espèces, les vaisseaux conduc-
teurs sont simples tandis que dans la deuxième ils sont groupés.
On r1e trouve pas de THC dans le t1ssu ligneux du Cannabis, en
revanche~ est très concentré dans la résine.

nisme humai n. Les modèles de molécule de mes-


ca line et de noradrénaline (voir page 186) mon-
trent clai rement la proche parenté de leur
structure chim ique.
La psil ocybine ct la psi locinc, principes actifs des
champi gno ns sacrés du Mexiqu e, teona nâcatl ,
so nt dérivées du même composa nt de base que
l' hormone cérébrale séroto nine: la tryptam ine.
Cette dernière est égalem ent le composant de base
d' un acide amin é essent iel, le tryptoph ane. Leur
parenté apparaît très nettement dans les modèles
Dans les modèles de molécules d'hallucinogènes montrés, les
de molécules des pages 186 ct 187.
boules noires symbolisent les atomes de carbone, les rouges Les principes hallu cinogènes d'une autre plante
ceux d'oxygène, les blanches ceux d'hydrogène, les vertes sacrée du Mcx ique, l'ololiuqui , sont égaleme nt dé-
ceux d'azote et la boule }aune (p. 186)symbolise un atome cie rivés de la tryptamine. Dans cc cas, la tryptaminc
phosphore. Pour que la représentation des molécules soit est incorporée à une co mplexe structure en anneau
claire, les atomes sont reliés par des petites liges. En réalité, il
n'y a pas d'espace entre les atomes. En plus. les atomes cie
appelée ergolinc. Les modèles de molécules de la
différents éléments ont des dimensions variables. Nous n'avons page 187 montrent la pa renté de struc ture entre le
indiqué que la ta1lle très réduite des atomes d"t"tidrogène. Il est lysergamid e ct l' hrdroxyéthrla mide d'ac id e lyser-
presque impossible d'imag1ner la dimens1on réelle des atomes gique, les deux principaux composa nts actifs de
et des molécules: 0,1 mg {un dixième d'un millième de gramme)
l'o\oliuqu i, le ncu rot ransmen eur sérotoni ne ct les
d'halluc!f"IOgène, à pe1ne visible à l'œil nu donc, contient environ
2 )( 10 17 {200000000000000000) molécules. principes hal lucinogènes des champignons sacrés,
la psilocybine ct la ps il oci nc.
Cc n'est sûrement pas pa r hasard que les principa-
les pla ntes hall ucinogènes ct les hormones céré-
brales sérotoni ne ct noradrénaline présentent la
même Sli]fturc de base. Cene étonnante parenté
cxpliq uc,-ans doute le pouvoir psychotrope des
ha llu cinogènes . Ayant la même stru ctu re de base,
elles doivent agir aux mêmes endroits du système
nerveux que les horm ones cérébrales menti onnées
plus haut, com me des clefs se mblab les peuvent
ou vrir un e même serrure. Il en rés ulte que les
fonct ions psyc hophysio logiq ues associées à ces
régio ns du cerveau peuven t en être modifiées, af-
faibl ies ou st imu lées.
La capacité des hall ucinogè nes à infl uer su r le psy- ·
ch isme n'est pas seu lement duc à leur composition
ch imiq ue particuliè re, mais aussi à la disposition
spatia le des atomes dans les molécules, cc qui est
particulière ment év idem da ns le cas du plus puis-
sa nt des halluc inogènes connus, le diéthylamidc
d'acide lysergique (lysergide). On peUl considérer
le LSD comme une for me chi miq uement modi fiée
noréphéd rine om la même structure de base. Tou- d'un principe actif de l'ololi uq ui. La seule di ffé-
tes deux sont des dérivés d'une substance que les rence entre le LSD scm i-synthétiq uc ct le lyserga-
chimistes appe ll ent phénéthylamine. Un autre dé- mide naturel de l'ololi u<tui tie nt au fait que deux
rivé de cette substance, la phénylalani ne, est un ato mes d' hydrogène de l'amide ont été remplacés
acide aminé vital, largement présent dans l'orga- dans le di éthylam idc par deux radicallx éthy les .

185
Peyotl (Lophophora wifliamsii)

Une dose de 0,05 mg de LSD provoque une pro-


fonde ivresse hallucinogène durant plusieurs heu- PsHocine
res. Avec de l'iso-LSD, qu i ne diffère du LSD que (principe hallucinogène du teonanécatl)
par la di sposit ion spati ale des ato mes dans la mo -
lécu le, une dose dix fois plus forte ne produit ab -
so lument aucun effet.
Les modèles de molécules de LSD et d'iso-LSD de
la page 187 montrent bien que les atomes sont liés
les uns aux autres de la même manière mais que
leur disposition spat iale est différente.
Les molécules qui ne diffèrent que par leur dispo-
sit ion spatiale s'appellent des stéréoisomè res. Ils
ne peuve nt exister que dans des molécules de
structure asymét riq ue. En géné ral, une seule des
d ispositions spat ial es théoriquement possibles est
active. Cette configurat ion spat iale joue donc un

Psilocybine
(principe hallucinogène du teonanécatl)

Noradrénalirle
(Urle hol'mone du cerveau)

rôle importan t, à côté de la composition ch imique,


pour déterminer non seu leme nt l'act ivité halluci -
nogène, mais également l'activité pharmacolo-
gique.

186
le Or Albert Holmann, né en 1906, dé-
coovrrtle LSD et les principes haltiJCino-
gènes du teooanécatl et de l'ololiuqui.
Cette photo, prise en 1943 dans le labora-
toirederecherchespharmaco-chimiques
Oe Sandoz à Bâle, le montre avec un mo-
dèledemoléculedeLSD.

Page 186:Lacomparaisondelamesca-
lineaveclanoradrénalineetcelledela
psHocybineetdelapsilocineavec laséro-
tonine(p. 187)révèlentuneparentéde
structurechimiqueentreceshallucinogè-
nes et les hOrmones du cerveau.

La parenté chimique entre le principe actif


de l'ololiuqui et celui du LSO, l'haltucmo-
gèoe le plus act1f connu de nos jours, est
évtdente si l'on compare les modèles de
moléculedelysergamideetd'hydrmtyé-
thylamided'ac!delyserglqueavecceluidu
diéthylamided'acldelysergique.

Lysergamide HydroK)'
(principe hallucinogène de lysergique
rololiuqu1) (principe haiiiJCinogène de l'oiOiiuqui)

Oiéthylamided'acidelysergique lso-LSO
LSD (composé semi-synthétique)
(haJiucinogènesemi-synthétique)
.#

Les propriétés actives des hallucinogè-


nes ne sont pas seulement dues à leur
composition ; la dispos1tion spatiale des
atomes dans les molécules est tout aussi
1mportante. Par exemple, le LSO et l'lso-
LSD comprennent les mêmes éléments,
mais la disposition spatiale du groupe
diéthylamide est différente. Comparé au
LSD. l'lso-LSD n·a pratiquement pas
d"elfethallucinogène
Emploi des hallucinogènes en médecine

~~ ~:~~~~~~~~~~~~~~~se ~~~~~~:~î~r f;2~~;~l~: f~ff;c~


1 0 un sujet, sans un Moi qui perçoit cette réalité.
L'expérience subjective d'une réalité dite objec-
que ceux des plantes magiques dom ils sonr issus, tive est le résultat de l'action de signaux, captés
c'est-à-dire essentiellement une profonde altéra- pa r les sens depuis le monde extérieur, sur le
tion de l'expérience de la réa lité. Cc n'est pas seu- Moi, capable de transformer ces informat ions en
lement la perception du monde extérieur qui est percept ions conscientes. On peu t sc représenter le
monde extérieur comme un émetteur ct l'être
. profond, créateur de conscience, comme un ré-
cepteur. Il suffit que l'un d'eux (émetteur ou ré-
cepteur) manque pour que la réalité n'existe pas.
Il n'y a pas de musique à la radio ct l'écran est
vide. Si nous adhérons à cc concept de la réalité
comme produit de l'interact ion emre un émetteur
et un récepteur, la perception d'une réalité diffé-
rente sous l'influence d'hallucinogènes pem s'ex-
pliquer par le fait que le cerveau, siège du récep-

~~~~·pt~~~i:s~:fns~hr~1~f~~~:~s u~! 1~~;i~red·o~~


0

des différente que ce lle attribuée à la réalité nor-


male du quotidien. De cc point de vue, l'expé-
rience subjective de la réalité ne connaît pas de
limites ct ne dépend que de l'état du récepteur,
qui peut largement être modifié par des influences
bioch im iqu es su r le cerveau.
Dans l'état dit normal, nous ne voyons qu'un as-
pect très précis, limité, du monde, la réa lité qumi -
diennc. Çfâce aux hallucinogènes, la perception
de la réa'llté peut être profondément transformée
ct élargie. Apparaissent alors d'autres aspects ou
niveaux de cette même réalité, qui ne s'excluent
pas mutuellement, mais qui forment une réalité
globale, transcendante, ct extratemporellc.
La capacité de changer la longueur d'ondes du
., Moi-récepteur,. ct de produire ainsi des modi-
fications de la perception de la réa lité est ce qui
donne aux hallucinogènes leu r véritable significa-
tion. Ce pouvoir de créer des images nouvelles ct ·
différentes du monde explique la sacral isation
~cs plantes psychotropes dans les cu ltures primi-
affectée, mais aussi celle que le sujet a de sa propre t!vcs.
personnalité. Les changements dans la vision du Quelle est la différence essentielle et caractéris-
monde extérieur sont dus à un décalage de la sen- tique entre la réalité quotidienne ct les images vues
sibilité des organes sensoriels. Les hallucinogènes au cours de l'ivresse hallucinogène? Dans un état
stimulent la perception sensorielle, particulière- conscient normal, dans la réalité quotidienne, le
ment pour cc qui est de l'ouïe ct de la vision. Les Moi et le monde extérieur som sépa rés: on fait
changements dans l'expérience du Moi montrent face au monde extérieu r qui est devenu un objet.
que les effets de ces d rogues inOucnt profondé- Sous l'emprise d'hallucinogènes, la fromière entre
ment sur la conscience. le Moi ct l'extérieur disparaît plus ou moins, selon
Notre expérience de la réalité est impensable sans le degré de l' ivresse. Une interdépendance étroite

188
Page 188 :la première étude scientifiQue sur les inébnants est sans Cl-dessous ·C&rtams peintres trouvent IIM source d'inspiration
doute la thèse d'Aiander, qui luté~ de Unné, le loodateur de la dans les expériences VISionnatres dues à des hatiiJCioogènes
bolaniqiJG moderne. Soutenoo eo 1762 à Uppsala (Suède), cette comme le montrent ces deux aquarelles téalisées par Christian
thèse C01f190rl8 également des éléments pseudo-saentiflques. Ratsch après une pnse de LSD Le caractère mystique de rexpé-
C'est sans doute un observateur présent à la soutenance qui s'est neoœestêvident.
amusé à dessiner tous ces proltls, représentant peut-étre les mem-
bres du jury.

s'instaure entre le récepteur ct l'émetteur. Une gicusc spontanée connue sous le nom d'unio mys-
putie du Moi pénètre le monde extérieur, les ob- tica, ct appelée samadhi ou satori dans les religions

~:;n~~; ~~~~ a: ~ ~éuri~'~\~ecsi~~if/c~~~~~d~f}~~~~~~


1 1
~:~ati~~:in~can;a~ej.~~~~ ~~· ~~eîu!~~n:~e~'d:~;:l~
ct plus profonde. Ccuc mutation peut être ressen- dans laquelle le Moi ct la Création, l'émcneur Ct
tie comme une expérience heureuse ou, au con- le récepteur ne font plus qu'un.

traire, démoniaque, entraînant la pene du Moi fa- Les changements du vécu ct de la conscience que
milier. Dans le cas d'une expérience réussie, le Moi l'on peut provoquer à titre cxpérimemal avec des
se sent étroitement lié aussi bien aux objets du hallucinogènes ont trouvé différentes applications
monde ex térieur qu'à ses congénères. en médec ine. Les substances pures les plus com-
Cene expérience d'étroite communication avec le munément employées sont la mescaline, le psilo-
monde extérieur peut même culminer dans la sen- cybine et le LSD. La plupart des recherches récen-
sation de ne faire qu'un avec toute la Création. tes ont utilisé le LSO, l'hallucinogène le plus
L'état de conscience cosmique qui, dans des cir- puissant connu à ce jour.
constances favo rables, peut être atteint avec des En psychanalyse, l'ébranlement de la vision habi-
hallucinogènes est apparenté à l'illumination rcli- tuelle du monde par le LSD peut aider les pa-

189
En bas: La plupart du temps,le LSD est distribué sous la forme d'un En bas à droite et p. 191 :Ces dessins datent de 1972. Les deux
papierbuvardimprimé. Lesmotilsàréférencemystfqueutilisent petits ont été laits après une séar.ce au LSO. Les trois au-dessous
souvent des images de religions orientales, comme ici le dieu hin· ont été peints avant, pendant et après Ul'\8 séance avec ce même
clou Ganesha, gardien de la porte qui mèi'IS vers d'autres mondes. hallucinogène.

tients, emprisonnés dans un cycle de problèmes déjà vécue: cc n'est pas une rémin iscence, mais
centrés sur le Moi, à échapper à leur fixation ct à une « reviviscence », selon la fo rmule du psychia-
leur isolement. La barrière entre moi et l'autre tre français Jean Delay.
une fois entrouverte, ou même supprimée, sous L'hallucinogène en soi n'apporte pas la guérison.
l'influence d'un hallucinogène, un meilleur con- Il est plutôt une aide thérapeutique médicamen-
tact peut s'établir entre le ps{chiatre et le patient teuse utilisée dans une psychanalyse ou une psy-
qui peut devenir plus récepti à la suggestion psy- chothérapie; il peut rendre ces dernières plus effi-
chothérapeutique. La prise de conscience des évé- caces ct réduire b période de traitement. Cc but
nements qui Ont conduit aux perturbations psy- peut être atteint de deux façons différentes. La
chologiqu es sont d'une importance cruciale en première méthode, développée dans des hôpitaux
psychothérapie. D'après de nombreux rapports, européens, est connue sous le nom de psycho lyse.
le souvenir d'événements remontant même à la Elle consiste à donner une série de doses moyen-
LOute petite enfance redevient vivace sous l'in- nes d'un hallucinogène, pendant plusieurs jours
fluence d'hallucinogènes utilisés pendant la psy- qui se suivent à intervalles déterminés. Les expé-
chanalyse. En fait, on ne sc souvient pas au sens riences vécues lors de l'ivresse hallucinogène sont
habituel du mot, mais on revit une expérience discutées en groupe ct sont exprimées par la pein-

lUre ct le dessin. Le terme psycholysc a été inventé


par Ronald A. Sandison, ps{ichothérapeute anglais
~fs!~~~~~~ud~;~~~=î·o~~ ~~ J~~cc:~~ft~~ désigne la
Aux États-Unis, on préfère généralement recourir
à une deuxième méthode. Après une préparation
psychologique individuelle intensive, on donne au
patient une seule ct très forte dose d'hallucino-
gène. Cene «thérapie psychédélique ,. est censée

190
pour d'autres techniques employées par la psy-
chiatrie, comme l'électrochoc, le traitement à l'in-
suline et la psychochirurgie. Toutes comportent
des dangers bien plus grands que ceux occasionnés
provoquer un état d'extase mystico-rcligieuse qui par l'usage d'hallucinogènes, qui, dans des cond i-
sert de point de départ à la restructuration de la tions adéquates, pem être considéré comme prati-
person nalité du malade. Le terme psychédélique, quement sans risque.
qui peut être traduit par «qui dévoile • ou oc qui Pour certains psychiatres, la promptitude avec la-
épanouit l'âme», fut créé par le psychiatre Hum- quelle, sous l'effet de ces drogues, les traumatis-
phrey Osmond. mes oubliés ou refoulés sont rappelés à la cons-
Le bénéfice possible de l'utilisation d'hallucinogè- cience ct, par voie de conséquence, l'accélération
nes en psychiatrie ct en psychothérapie sc fonde du traitemem sont loin de ne présenter que des
sur des effets exactement contraires à ceux des avantages. lis som d'avis que cette méthode ne
drogues psychO(ropes appelées tranqui ll isants. laisse pas le temps nécessaire à une intégration
Tandis que ces dernières tendent plutôt à atténuer thérapeutique efficace de ce qui a été ramené à la
les problèmes ct les conflits du patient en les fai- conscience; selon eux, les effets bénéfiques sont

sant apparaître moins lourds et moins importants, plus durables si les expériences traumatisantes
les hallucinogènes, au cont raire, les découvrent et sont ramenées plus lentement au niveau conscient
les font vivre intensément. ils sont ainsi plus clai- pour être traitées graduellement.
rement discernables ct plus faci lem ent accessibles La psycholyse ct cout particulièrement la thérapie
à la psychothérapie. psychédélique demandent une préparation très
L'utilité et le succès de l'aide médicamenteuse à la soigneuse du malade à l'expérience hallucinogène.
psychanalyse ct à la psychothérapie par des hallu- Celle-ci ne sera réellement positive que si le pa-
cinogènes sont encore un sujet de désaccord dans tient n'est pas effrayé par les changements inhabi-
les ce rcles médicaux. Il en va cependant de même tuels et étranges qu'il vit. Une bonne sélection des

191
Page !92. Dans les années 60, plusieurs pe1ntres d'Europe et des En bas: Il n'y a que peo d'artistes capables. sous l'emprise directe
Etats-Unis utilisèrent des haltuanogènes pour stimuler le proces- d'un hallucioogène, d'exj)M)ef par la pemture les images reçues
susdecréallon.CetableauenestuneKemple. Ces deux acryliques sur papier marbré de Fred Weidmano oot été
pe1nts sous rinHuenœ du PSllocybe cyanescens.

Agauche. Boursouflures er trainées de boue 1 (1t ex1ste un second


tableaudumémejour)

A droite: Las Jardms de Pan

malades à traiter est égalcmcm importa me car tous pouvait être considérée comme une .. psychose
les types de désordres psychiques ne répondent modèle • a été abandonnée parce que d'importan-
pas de la même manière à cc genre de traitement. tes études companuivcs ont mis au jour des diffé-
Une uti lisation réussie des hallucinogènes en psy- rences fondamenta les emre les phénomènes psy-
chana lyse ct en psyc hothérapie suppose donc des chot iques ct cette forme d'ivresse. Le modèle
connaissances ct une expé rience spécifiques. hallucinatoire peut cependant servir de base à
Lors de la formation des psychothérapeutes à l'étude des changements biochimiques, métaboli-

l'emploi d'hallucinogènes, les expériences faites ques ct électrophysiologiqucs qui sont accompa-

f~~i~~~~;~~~~n~~:~~~~t!~c~f::J:!~~I~è~;~~~~
gnés d'états mentaux inhabituels.
Il existe un terrain où l'emploi des hallucinogènes,
naissance directe du monde étrange dans lequel ct plus particulièrement du LSD, pose un sérieux
pénètrent ses patients. problème éthique: celui des soins donnés aux
Les hallucinogènes som également utilisés au mourants. Dans des hôpitaux américains, des mé-
cours d'études expérimenta les sur la nature de decins ont découvert que les souffrances de cancé-
ccnaincs psychoses. Les états psychiques anor- reux qui ne répondaient plus aux :malgésiques
maux qu'ils provoquent chez des sujets sains res- courants pouvaicm être partiellemen t ou totale-
j~n;~~i~~:h\~é~~;:itnd~~~~~ ~~1ÎaJ::P~:~:I;s~
ment soulagées par le LSD. Dans cc cas précis,
son action n'est sans doute pas analgésique dans
L'opinion selon laquelle l'ivresse hallucinogène le sens habituel du terme. La perception de la dou -

193
Beaucoupdepersonnesvoientjaillirdesspirales,destourbillonset
desvoieslactéeslorsd'haltucinations.C'estcetyped'expérience
quelapeintreNanaNauwaldareprésentésursontabteauLecen-
freesfparfou/

leur disparaîtrait plutôt parce que, sous l'influence talcmcnt le patient ct de lui expliquer l'expérience
de la drogue, l'esprit du malade sc dissocie de son ct les transformations qu'il peut ressentir. L'orien-
corps à tel point que la douleur physique ne l'at- tation des pensées du malade vers des considéra-
teint plus. Si l'on veut que l'usage d'hallucinogè- tions religieuses, que cc soit par l'entremise d'un
nes dans cc type de cas soit efficace, il est encore prêtre ou d'un psychodtérapeute, s'est également
une fois absolument nécessaire de préparer men- avérée très bénéfique. il existe de nombreux rap-
ports de patients qui, sur leur lit de mort, libérés A gauche: le tableau Espn't et matièrs sont indisSOCiables illustre
de la douleur dans l'extase duc au LSD, ont été une expérience fréquente sous l'emprise d'hallucioogènes.
éclairés sur le sens de la vic ct de la mort et sont Adroite: De nombreuses personnes reconna1ssent la Volonté de
partis sans cra inte et en paix, réconci li és avec leur vivre pe1nte ici pa1 Nana Nauwak:l, lorsqu'elles ont goùté aux plan-
destin. tes des dieux
En médecine, l'usage des substances ha ll ucinogè~

nes est différent de l'emploi chamanique qu'en


font les prêt res ct sorciers guérisseurs. Ces de r-
niers mangent eux-mêmes les plantes sacrées, tan-
dis qu'en médecine convemionncllc l'hallucino-
gène est uniquement administré au patient. Dans
les deux cas cependant, on uti li se les mêmes effets
psychologiques. L'uti lisation de la drogue comme
aide médicamenteuse en psychanalyse ct en psy-
chothérapie, tout comme l'acquisition par le cha-
man de pouvoirs de divination et de guérison sont
dus à la capacité des hallucinogènes d'assoup li r,
voire d'abolir la barrière ent re moi ct l'autre ct de
changer la conscience objective quotidienne en
une expérience mystique de l'Un.

195
Épilogue

Louis Lewin, célèbre toxicologue berlinois du dé-


but du siècle, fur l'un des principaux savants im-
pliqués dans l'étude interdisciplinaire des halluci-
nogènes. Saisissant la signification profonde qu' ils
ont eue dans l'évolution cu lturelle de la race hu-
ma ine, il écrivait dans son livre Phantastica:
.. Avec nos premières connaissances sur l'homme,
nous avons appris que cc dernier consommait des
substances sans valeur nutritive, dans l'unique
but, conscient, de provoquer pendant un certain
~~1~:~~-~~t~~a~ted~l~~~(:r~' aucl~r~~n1til~~~~tv:u~~c~;;!
pouvoirs dans des boissons alcoolisées et dans
quelques très rares substances végétales, les mê-
mes qui sont encore uti lisées de nos jours dans le
même but. •
« Leur énergie potemiellc a conquis la terre et a
établi des relations entre les peuples en dépit des
montagnes ct des mers qui pouvaient les séparer.
Ces substances sont devenues le lien entre des
hommes d'hémisphères opposés, entre la civil isa-
tion ct la non-civilisacion. Depuis que les humains Enlanguehuichol, letermenierikadésignelaporteentrelesmon·
sont tombés sous leur charme, elles sc sont frayé ciesterrestreetsupraterrestre. EIIeconstitueàiafoisunpassageet
des chemins pour leur progression, qui, une fois une barrière entre les deux sphères de ia réalité. Nienka signifie
également ~ miro1r ~ et ~ VIsage de la div1nité ~. Représentée ici
ouverts, ont révélé de multiples destinations pos- comme un disque cérémoniel richement décoré. elle montre lès
sibles. Elles sont devenues des signes d istinctifs quatre points cardinaux elle centre sacré L'axe qu1 coordonne le
des peuples qui les conservent encore de nos jours, tout e:-posé sur un champ de leu.
pe~mettan~ de :fi~gnostiquer les merve_ille~uses re-
lanans qUI extstcrem emre eux auss1 surcment
qu'un chimiste met en évidence des rel arions entre
deux substances par leur réaction. Les contacts in- d'État, les misanthropes ct les philanthropes,
conscients emre toute une série de peuples d'un l'homme de paix rejoint l'homme de guerre, le dé-
cominent par la propagation des substances végé- vot rejoint l'athée.,.
tales mettent probablement toujours des centai- .. Des impu lsions physiques capables d'unifier
nes, voire des milliers d'années à s'établir.,. dans la fasc ination qu'elles cxccrcem des carégo·
« Les mOl ifs qui président à l'usage occasionnel ou ries aussi d iverses de l'hununité som certainement
habituel de ces d rogues sont beaucoup plus inté- puissantes ct étranges. Plus d'un s'est exprimé à
ressants qu'une simple collection de faits les con- leur sujet, mais rares so nt ceux qui les ont appré·
cernant. Ici sc rencontrent toUlcs sortes de con- hendées dans leur globalité Cl qui ont compris leu r
trastes humains: la civilisation ct la barbarie avec essence. Plus rares encore sont ceux qui ont perçu
leurs différences de biens matériels, de rangs so- la cohésion des substances renfermant ces énergies
ciaux, de connaissa nces, de croyances, d'âge ct de si particulières ct les motifs qui poussent à leur
dispositions du corps, de l'esprit ct de l'âme. • emploi ...
«Sur cc plan sc rejoignent le journalier dans le car- On doit la mise en œuv re de l'étude interdiscipli-
can de sa corvée ct le propriétaire sans souci de naire des plantes ha llucinogènes ct de leurs sub-
nourriture, le sujet cr le souverain, le sauvage venu stances psychotropes à plusieurs chercheurs des
d'une île lointaine, des forêts du Congo, du désert débuts de l'ère scientifique. En 1885, Ernst Frei·
du Kalahari ou de celui de Gobi ct les poètes, les hc rr von Bibra publia it Die narkorischen Genufl·
phi losop lws, les savants, les hommes de loi ct mittel und der Mensch, dans lequel il étudiait dix·

196
sept plantes psychotropes. Il encourageait les chi-
mistes à explorer cc terrain si prometteur ct si
plein d'énigmes. Mordccai Cookc, mycologue an-
glais, écriv it toute une série d'articles spécialisés
sur les champignons. Sa seu le publication non
technique, The Sevcn Sisters of Sleep, parue en
1860, est une étude interdisciplinaire portant sur
des plantes psychotropes. Le uès compl et Die
menscblichen Gemtflmittel, écrit par Carl H:trt-
wich ct publié en 19 11, exami nait en dé tai l une

~~t1ltd~l~1 ~~,b::~~~~s5 ~~~~~.~~~~~~~~~~~~n1 ,:~c11nét~od~


parution de l'ouvrage de von Bibra, l'auteur main-
tenait avec optimisme qu'en 1911 les recherches
sur les hallucinogènes éta ient bien avancées pour
ne pas dire presque achevées, alors que, depuis
1885, on n'avait pr;n iqué que des étud es chimi -
ques ct botaniques très sporadiques sur ces plantes
aux propriétés si curieuses.
Trci7c ans plus urd, en 1914, une des figures les
plus inOuentcs de la psychopharmacologie, Lou is
Lewin, publia Pbantastzca, livre d'une e>.traordi-
naire richesse scie ntifique. Il y présenrc l'hiswire
ct les principes actifs de plus de vingt drogues vé-
gétales ct de quelques composa nts synthétiq ues
employés de par le monde pour leurs effets stimu-
lams ou enivrants, soulignant leu r importance
pour b recherche scient ifique, particulièrement
en botanique, en ethnobmanique, en chimie, en
pharmacologie, en médecine, en psychologie, en
psychiatrie, tout comme en etlmo logie, en histoire
ct en sociologie. Lew in écrivait à l'époque au sujet
de PIHmtastica que ., Je contenu de cc livre offre un
point de départ depuis lequel les travaux de re-
cherche or i ~; incl ~ peuvent être poursuivis dans les
sciences mcmionnécs ci-dessus •.
Depuis 1930, l'étude interdisciplinaire des plantes LOUIS LEWIN
psychotropes n'a cessé de s'accroître. Beaucoup 1850-1929
de connaissances anciennes o nt pu être vérifiées
ou éclaircies ct, dans de nombreuses spécialités,
les nouvelles découvcnc.s sc succèdent rap ide-
ment. éanrnoins, en dépit des progrès réalisés
ces cent vingt-cinq dernières années dans les di-
\'Crscs disciplines, un travail important reste en-
core à accomplir dans l'ét ude de ces .. pb mes des
dieux•.

197
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66,67.138.138 87,73.75,77,79,86, 29,3435,68,116,116, Astoria(Ofegon)l57 Blln.isteriopsoupp. 127,

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A,.-,ocarpus 1.2,&9 '"
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59,60,67.69.71,73.75
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BaJetusr~~gi'OVIOiacoos66 Cahpamiroe 40 79, 81,10/,126,147, 76.78,11ti.117,118, DsiUraferoJt. 68
BaJetusreayi36.66 CamerOUI'1 114 156,157.158, 158,159 119, 126, /33,140, 142, Ostura•nna.olfl 16,41,78.
Bolivie30,37,55.168
~nd.Aiméll6,140
Sora.tndlens176.178,
179,100
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Campa, lnd<ens 128
Gampanitla30
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Ganadl 26, 66, 74. 84, 95,
159,160,160, 161,162,
162,164,174,185
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cn:~non.cutle78.79,
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162,176. 177,178
Colonnes(Erytflnnll} 32,

Colonnes(Sopriota}32,70
79,106,107,109.109,

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Da tl/llO kymalocarpa 78
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30,141143,143
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106.107, 108, 108,109,

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Datllll'melelvar tassuosa
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39,102
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COI1go 26,40,72 81,97.
'"
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Dalurllpr!JIOOSB 78
32.n Cannabtd10169 Channa 32,56, 70 99,112196 Dsturaquemlolis 78
Bolrachero(k:lchroma}32 Cannabmoodes 96 Chanodavtne 61 C(IO')()C)'C6eysnopus 40 Daturarebvrra78
42.78 Cannabonot 69 Chanvre 12, /6, 17,26.32, CcnocybesÎIIf}ln60ides DsturaslraiTIOffiUm 31.41
Botswana 26, 52.72 Cannabis 12,46,68,69, 38,67,68,69,72.93,93, 40,78,157 76.110
Bouddha 99, 107, 108 81,88.92.93,93,94,95 94,94.95,95,96.96.99. Convolvulecées35.45.60. Datura stramomum var f&.
Bovddhosme mahayana 96 96,97.97.96,99.99, 99, /00,164 81.100,174
Boutonèmesca132,47,74 /00,101, W/,107,108. Chanvre, culture du 96 Convohrulus 60 ~"''
Daturastramofllumvw la·
Bouton de peyotl 47
Bratsk(Sobérie) 82
Brés ol43, 49,55,59,67,
"'
CsnnabisindiCD 68,92,93.
94,99,185
Charas 26,3268, 72.93,

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Chat1no,lndiens 158
ConiiOivu!ustriCOior 171
Cooke.MO<deeai 196 , 197
Copal 164
tulal06,110
Daturawnghtli 78
Delaware, Indiens 154
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126, 177,178,176 98 Chavin 166 [M iire33,57,73,75, 102
Breuvages de sorcières Cannabisind~eaxsativa Che n.LiShih 107 CoprinacOOs 51,52 141,157,170
77,81,87,68,90 92 Chi apas 67, 77 Cora, Indiens 97.145,146, Dé li rogène 12
Brugmanslll 30,57.64,67. Cannabis,r6sone 115 Chibctla,lnd iens 76, 77
69,76,77,81,134.140,
141,142, 142,1 43,/43
Cafltlllbisrvderalts 93
CannabissatMJ 17,29,38,
Chibctlan.t ribus 117
Chid1a 77, 140,14 1
"'
Corianalhymilolia 40,76
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Delphes 44,91
Delphes. oracle 86
Delt90n.Fio<ian 132
Brugmansiaartxxea 37, 44,68.93,9596.99.99 Chictl1méQues.lr>diens Corbeau 82,91 Démeter 81,/04
76,140,141 100, 114,185 144,145 Corée 91 Démocrite 95
Brugmansiasurea 37.76, Cannabis.suœédané 75 Chid11pe 32,70 Coryphanta42 Démon 1 Diable 10. 86.
140,140,141,142,168
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Caraibes 26
ChiClayo 166
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Coryphan1Boompaçta40. 117,146, 157,166,169.

8rugmatlSiiiSBngurn68
33.37,76.140,140.141
Cardenas.Juan 145
C/Jr/(1(/(M(;B 179.180
48,68,74,144
Chiti37,39,40,42,46,68,
COStaRtca 38.78. 118, '"
Oérl'o'ésdethiophène 58,

141, 168
8rugma(!$#1$U8V6016t1S
Csrneg.s n
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Coumanne 43 45, 53. 57,
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75,159
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8~nsiBvet$COIOr76, Carolt.L6WIS 101 Chilito68 CouroupltBf}IJIBnenSIS DeslllniB#!iasp<nOSB 42,
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Desgranges 104
~(!$#1Xillslgnts76, Catharanthus100eus 98 Chine 38,53.54 66,68. CrapaudduCollo<ado 22 DeSITIBIJthusillinœnsiS
Caucase 57 70.71,74,75,94,107 Cree,lfldiens 34 66
8flJfl/slsOB chmcaspo 37 , Cawe 32.51.68 Chtndoy,Salvador 142 Croi•cteMahe 137 '"
Desmodium 137, 138
66,124 ceon 30.32.34, 68.120 Chonc-sanango 32 Cryog6noroe 43,77 Desmodmmpulchellum
8flJfl/elsJaf}fB00.flora 37, 120, 122. 122 123 Chorocaspi 30.32 66,67, Cuba 40.60,159
66,124
Brunlelsiaf}fllndoflora sp
Gebo1Jeta32,68
Cecrop~ama..-.ocana 98
134,135
ChocO (Colomb>e) 73, 141
CI.IChura-caspi 134
CuJebraBorrachero 142,
'"
Dha1ura32.68,107
Oi·shHjo-le·•rs·ja54.78
schut1es;;68.135 Ceibapentandra134, 135 Choline 57
cuit,~itl26,73.
Dicotylédonesl6,17,19
Brunfelslll 67,134 Cendres végétales 69,7 1 Chonla l,lndiens 38,78 112. O.CtyolomaincBnesœns
Bruntelsie30,32,37.66, 77.119.177,178.179, Ct'lcriSillmsigms 134, 135 114,114 138,138
181.182, 183,183 Chou , dynastie 94
"'
Bryophytes/6,17,18,19
Bufo 117
Cér6momehuskanawtng Chypre 44
Cumala 134
Cumala.arbre 60
O.Ctyonema 19
Oiéthylamidod'acidolyser·

Bufoatvanus 22 '"
Cer1 62,62.63,148, 149.
Cierge 32,42. 74
Ciga rre 165
Cu randerlsmo 166
Curanderos 37, 109, 168
gique71,17 1,185.187
Digitale 10
Bulot6ruroe34.54,75,117, 150, 151,166 Cimora 30, 166 Curare 56,69, 77. 126 Oihydrot1armane 127
120. 120 Cestreau 32,39,68 Clal'lceps 102 Cuscohygrlroe 48,57.73 Oimétho•y-3.4pMnéthyla·
Buyésl42 CestrumliBwgstum 68,98 Clav>Cepspa!l(JB/i 102 Cuzco(Péroul 129,169 mine 59
Bw1ti.cutte 26,73. 112, Cestrvmparqu/39.68.98 Cla011C8pspurpurea 29,39. Cyanophycées 18. 18 D<mélhy\e·1,2métho.>:y-6
114,114
Bwoti,dwonolé 112
Ch'ang·hau 54
Cha·pe·na 119
70.102,/02
Clavicip41ales39
CymbopogorlrJensiftorvs
40,70,96
;é1
t;ahydro·ll-<:arboline
Caapi30,32,59,62.66, Ctlacs,na•na 84 Clinton,Bit1155 Cypéracées 56,67 O<méthyllryptamtne
68,69. 124, 126,129, Chakrooa 32,55,68, 124. Ctus.a 124 Cyperus56.124,134 (OMT) 52. 71,117,179
131,132132 125.134 Coatl-xoxouhqui 170 CytlseôesCallaries 32 DIOSCOOde 1667,96,107,
Caapo-por.ma 32,59.68 Chamans 8. 12. 14, 30. 33. Coaxihunl170 41.68
Cabalonga 134
Cabeloogablanca 134
39,42,45,51,53,54,59,
60.62.62,63,64,67.71.
Coca 29,49,64 117
Cocaine13,49,113
Cytisme 41,57,69,71
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DlploplerysCBOretana36.
66.67,124126,129,
Cacallscordtlolos 38.74 72. 73, 78. 79,82,85, Code-..:Berberini/07 Cytssuscanaf16ft$1S41,68
Cach&rnlre 97
Cachin chamcérMloni&t
118.118.120.127,129, Codex Aoo-enllno 159
Codex.).Jiiolna 87
D·nor-nocohne 183 '"
Drterpènes39.43,46,67.

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Caelé&s/Cactacees 35,
140.141.142.142,143.
148, 148.149 150, ISO.
15!, 154,159. 160. 162.
Cohoba 26,32,35,68,116 """"'"
Dawa 26,32,68.99
13,75,165
OivonatKlr!ldivtnatOirel3,

"""""
Coleus7t 33.43,45,5156,60,69
394()_42,47,4851.53, 164,165,166.167.168, Coleus/:Jk1rn9139,70,164, DamadaOOile 32.68 71,7375.n.79,109,
168,169,174,175,176,
59
Csesa/pln<ar:JecBpela/a 78
Caess/plruasep~~~na 38,78
177,178,179,161
Chamanisme 20,62 64,
"'
Coleuspurrnlus39,70,
164,165
Wpal24
Datura 10,26.27.29.32
37,41,46,53,57.63.68.
124,142,158,168,113,
175.177
D<vtnilébwrti 112
Catéoroe 10 85.95 Coleusscutetlaore27,39. 73.76,78,79,8193,97. D<vmorineA&B 165
Chamlco 109 164,165 106.107,107. 106,109, DMT 34.45,50,54,55,60,
Cslatheavei/Chlana 124, Champignon 14, 16, 17. Colima(Mexique) 162 109, 111,111, 140, 172 66,67,69,75,77.117,
18.19.22,23, 34.36,39 Collen1i118,16
'" Dawraceralocaula 110 127,129. 137, 138.138

20-1
DMT-1'4-oxyde 120 75,76,78.81.88.95.99, 74,81,86,95.97,102. HeffledelalréoésJe 44 Hydrœy-6carnegone 39,
107,109150,151,154, Hllfbedudragon 44 n
008"
Dobe(Bo1swana) 52.72
Dodar1105
190,193
Eucalyplus 183
"'"
Grenouilles 14,56
Grevilleastriala 183
Hemandez, FrallCisco 57,
72:109,146.156,170
Hydroxyéthylamode d'acde
lysergoque75,103,171,
Dof,,Gus1ave lOO Euca/yplusfr11Crothec8 Guahibo,lndiens 118. 119 Hérodote 95 185,187
Hérome 113 H\'(IIICII"I8 141
Dryoptenslihx-masJ6
Dubois;ahopwoodoi42.76, "'
Eugeno175
1:!2
Guambiano,tndiens 140. liefeusas,déesse87 Hyoscyamine41_42.44
182.163,183
DuboJsiam)'CJPOI'O'des
Euçster63
Euphort.><asp. t34 ""
Guarana 29
Guatemala 43,62,81.84.
Hida9J(Mexoque) 101
Hlfltaciumpiloce/la 98
HierbaOOiapastora 27,
46.48,57,67,73,75.77.
79,86.87,107.141
Hyoscyamus 88
"'
Dubois1Bspp.29
DuboiSI00183
Euf:rtliacées115,168,

Euphonsantst3
161, 162
Guatillo 134
32,70
HlerbaOOiaVirgen 32,58
Hyoscyamu5albus 13,44
57,72,90
D\ldle176 Eurasie20.26,52 Guayusa 29,134
D\li1CIInler36
Durango 42
Europe34.36,39,41 , 43
44,48,50,52.53,55,57,
GLJérissaurs 14,38,40,41,
42,43,58,64,69.70,7 1,
"
Hoerbak:lca 30,32,58,72
HlerbaMaria 175
Hyoscyamusmuticus 87
Hyoscyllmusn~g~Jr44,72
86.86
Outra 68 66,71 ,74,76.81,86.88. 73, 79,109,126.154. Hokuii(CoryphantaJ 32,78 Hyoscyamussw. 29
Ebena177 89,90,91.95.96,99 175.176,179, 195 Hokuti(Lophophora) 32.74
Ebers,papyrusd'86
Ecdy080n8St9
EclllnoctltewJ SBimdydua-
102,193
Extase52.63,t02,137
169195
Guerrero(Mruuque) 5773
161
Gumotla 118
150
Hoku~muleto 32,68.69
HokuWrosapara 32,68,72
-""'~
56
Hypnotoque13.64
lboga26,32.58,64.72,
IIU$42.74 Ex1rèm&-Onen1 38,47 GusfBIIIilpoepplfJIIIIIII 179 Hoku~sunamé 32,68 73.81.112,113,114,
EchlnocfltewJir>gloclwiia- Falkland.fles53 Guyane 35.37,44.59 78 Ho~~ri ~!chlnocereus) 32 115
fiJS42,74,75 Fewcf>eyott35,42,53.68, Guyanebfotannique 119 lbogain&S8,60,73,79
Echlnopsispachanci59
68
72.74,147
Fang-k'...el32,70
Gymnospermes 17, 19
HaOes 105
Htkuri(Lophophora)147,
1" 1"
llesCenarles 41 ,70
Éoossals36 Fang 112 HaitiiiS Hokurl(Mammilarill) 32,72 llesfalkland53
Égyp1e54,74,87,88.94. Ferment 54 • Hall uclgenla .. 27 Himalaya 30.41 ,48,92, II/Jx63
102 Fêtes in~iatlq...es 73, 112 Hallucination 12,13,14 97,100 116xguayusa134
Elahl!3do32.39,70,165 Fétiches101 33.5 1.53,69,71,73,77, H1rn8l(m/hussucuuba 134 lmmor1ellefétide 32,43,
El~ho32,39,70,165, FeudeSaint·Antoone 70, 79,86,102,110,112, Hippomanes 109 72,98
102103 113.118, 122,124, 126, Hispaniola 116 lnca.prêlre122
Eloena32,39,70,165 Feusacrét02 133,141,145,170,173 Hoa-Giio 96 tncast69
EJaeophofblldrupifera Ficoide32.5670 Halucinogène 12.13, 14, Hoasca 139 1nde13.26,35.66,68,69,
115 Flavous.Josephus91 19.20.26,2727.28,37, Holler13 70.71.H.76,n,79.88.
Éleu51s,myslèresd' 26 Fleurs.plantesèl6 44,45,46,51.52.53.54. Holmann,Ailert 13.22 93,96.97.107.108,109
70,102.105,/05 Flonde50,113 55,57,58,60,62.64.68. 162 187 tncliens(d'Améroque) 20.
Éleu51s.Piuton101'1d'/04 Flonpondio30,32.76 69.70,71,737476.77. HojadelaPas!ora164 2223,26.27.30.33.34,
Éhsabelhlère95 Folio56,66,67,6869.73, 78.7981,82.107,110, Homa!omena 43,67,70, 51.53,56,60,69,71,74,
Eluabelhaprinceps 71, 79,86,108,157 112.113,126,132141. 71 75.76,77.78,79,108.
177.181 Fougère~lel7 142,144,154,168,169, Homa!omenalauterbach!i 109.110,117, 124,135,
Eoœns 39, 71,73.94 98 Fougèresl6,17,18.124 171.174,176.180, 183, 142.144,148, 151,152
Epenà32,35,70,71,t76,
177,179
Frijoles32,70
Fl1Ctls,Leonard31
!84,185,168,189, /89
!90,190,191.193. 193
"
Hommeduchemin 152,
155.187,168, 169,170,
172.174,175,177, 181
Eph6dra gerllfdiana 84 Fucus 17 194.195,195,196, 197 153.153,154 lndlens(d"lnde)62,96.98
Ephédnne19,57,7t Fu~urts)dehaschisd!S Hardwidle 108 Honduras161 lndochina108
Epilobiumangusti~ Haricot A mescat 26 27, HongodeSanlsodro 32, lndonésie26
Fumi9ations 13,44,69 32,57,68,70,152 54,78 lndra82,Q2,97
"
EpJphytltlm124
E(JtlheJIIntha 42
Furoc:oumanne 53,71
Gabon 26,40,72.81, 112.
HariCOioora~ 32,70
Harrnal71
Hordemne 40,52.167
Hosak105
lndus.va11Mdel'82
tngano,lndiens141
E{Jtlhelanlham.ct01'116flS Harmale 32,52,70 Honen1ots26,56,70.75. IMiblteursdeMAO 36.
4268 Gaoa 44 Harmatine 36.52.71,127 96.99 127,129. /31.137
Équateur30,36.37.40, Galanga 3246,70 129,137 Houblon 67.73,93 tnotoatoques,létes73,112
45.59.66.67,66,72.74, Galapagoe53 Huaea 14! ln~ia!Ques, rHes 64, n
76,126,132.133,168 Huaeaeachu 32,76
~;:: ~~~-
Gslbulimlmabelgtaveana 129
Ererlba32,44,70 43,44,66,71 67, 71,, tnosoto158
Ereriba,leullles26 Galien 95,96,97 127, 129, 129,137 Hua<:huma 188 11'1Quilltion89
Ergln&67,103,17 1 Gal il ée 90 Harmol 127 Huan1ar.Chavinde 122 tnult64
Ergolone35 , 185 Ganesha 190 Hartwio:::h,CM 197 Huan1o30,32,88 /ocflromBfucf'lsiokles 45
Ergonovine105 Gania 26.32,68,93.97 Hasd1isch 32,68.69 ,93 Huedhued32,53,72 72,134
Ergot19,26.32.39,70, Gaf!Odermaiucldum 17 98,99.101 Hueipat132,57.72 Iowa. Indiens 70
71,74,75,81,81,102,
103,104,105.171
Ergotamine 103.104
Ganodermeluosant 17
Genêt 27.41
GenétdesCai\Bries 32,
Hasdlisch, lumeur(s) de
5,97
Hueyytzontecon174
H1.11Chol,tndiens8,58,62
63,68,69,72,73,74.78
'-"
lf)Otr!ONearii/JII134.135,
172
Ergollne 105 41 ,68 Hawar 35 144.145,146,146,1.(7 lpomoeatubnxaens/M45
Ergot;sme 70.103 GBnrs/827 Hayo 117 148,148149.150,15(1, /pomoea >'IOl8œ/J 29, 45.
Ergo4010.one103 Geno.6nottel 10,196197 Héca1e,déesse44.88 151.154162.196 72,103,171).171,173.
EricacHs53 Geoooms 179 Hemsasabcrfolia 43 76 Huolca 32,68,122 174,174175
Eronovme67 Gerard 90.108 Hekula,espnt 118,118 H~essentoelles1934. lresone124188 ,
ErvararrNapandac8qvi 78 Germacranohdes 38 He/ichrysum k>etldufn 43, 40,46,47 ,57,58,67,71, lrytmthemmacrophylla
Eryrhnnaameri!Cana 43,
68
ErylhrinaC()('S!/ofdes 68
Germains 52
Gi-i-sa-wa 32.78
Gii-1-wa 32,78
72,96
He!IChrysum slrmopterum
72,98
75,79
Humbold1Aiexaf'(lervon
116,1 18,140
"'
ISO>LSD 186, 187
ISO>Iysargamide 35,67
Erythrlnafiabelliformrs 43. Gigant6n 32.68.168 Helicostylispedunculata Humulus 93 tsoharmone 127
68 Ginseng 91,95 44,78 Hurscrepitans 134 tsoléositlirine47,67
Erytflrlnaspp. 68,134 Glucosides 19,49,87 Helicostylis tomentosa 44, Huskanawong. cérémonie ISOIOfnliiCXIgiflora 168
Esakl.lfl832,70 Glucosides cyanogènes 110
Esdtweilers ilayemJS 179
EIICObilla98
se. 59
GfucosodedettaiiOOfl 47
"
Henry VIII 95
Hépatiques 18
Hydromel 52,60
Hydroxy-3mélho)('f-4phlt-
Jakam.arra,Watangarl
Karntawarra 182
Jatisco(Mexoque)58,162
Espagnols144,145,146, Gobl,déser1196 Hefflagnnôelia. 75 néthylamor>e 42 Jambur32,7>t
147,156.157.166,170, Goodenlatunara 183 Hefbeàba181S 32.57.70 Hydroxy-4méthoxy-3phé- Japon 83,85
171 GraonedeZeus 44 H8fbeAcharperlliiH 32, néthylamine5169 Jivaro,trdi&ns64,67.69
Espri1s Wapaq82 Gramme 54,75 45.70 Hydrœ:y-5diméthyltripla- 141.142.143
Es1alia1e 98 Gramonées 40.54.138 mine117 Jop{a)117
États-Unis 41.43,70_74, Grèce!Grecs 44,70 72, Hydroxy-S!ryptophane 52 Joozmalhat 107

205
Jupiter44 Lécythe81 Malooetiatamaquarina Mesembryanthemumex- Narcotique 10,19,26, 75
Jurema 32,49,72 Légumineuses 30 , 34,35, 124,134 pansum70 77,79,132
36.41 , 43,49, 50,56,57, Malpighiacées 30,35,59 Mesembryanlhemum tor- Natema 30.124.143
136.183 124,138 1uosum70 NativeAmericanChurch
Leon.Nicotasde147 Mésolithique 140 74,151,152,153,155
Juremanoir49 Leonotisleonurus46,74, Malvacolorada 32,70 Mételoidine 107, 141 Nauwald,Nana 122,137,
JuremaPreta 49 98 Malvacées 57 Méthanol 23 194, 195
Jusquiame 13, 26,44,57, Leonotisovata46 Mambog 49 Méthoxy·3tyramine 39 NavaJo,lndiens1 10,!55
72.61,66,87.se,89, 91, LéoouredeSibérle 32.47 Mammillariacraigii72, 73 59,77 Nai~it (Mexique)58,146,
66.98 Mammillariagrahamii72, Méthoxy-Sdiméthyltripta-
"'
Jusquiamebianche 13, 32,
44, 72, 90
Leonurussibiricus47 , 66
98 "
Mammillan8heydefii73
mine 71
Méthyle-2méthoxy-6tétra-
Nazca166
Nécromanciens 87, 95
Jusquiame d'Égypte se Loosibiricine47.67 Mammillanasenilis 72 hydro-f\-carbol ine117 Nactar92
Jusquiame noire 32,44, Loos ibirine47,67 Mammi!larias.pp. 42,48 Mexique 22, 27,30,35, 38, Nénuphar33,74
72,86 Lespedezacapitarat36 Manaka 33,66 39 , 40,41.42,45,47, 48. Néolithlque95
Justicia71 . 178 , 181 Lettonie57,77 49, 51 , 53.55,58,57, 58. Neora•'mondiamacrosti·
Justiciapectorahs45 Lévitations36 59 , 62,66,68,70,72, 73, bas168
JusiiCiapectoralisvar.ste- Lewin , Louis 13, 196, 197 MRndragoraoffocinarum 74, 75, 76.77,78,61.99. Né~27,30,76,92, 106,
K'::::r'iila 70,178, 181 Liane de l'âme 62,81,124 48 , 74,se,86,91 107, 109,110, 140,145,
Libation81.91 Mandra!)Ora 26.33,46,66, 146,147.147, 151,151, Nepetacataria 98
Kabuyaré, Indiens 176 Liliumcandidum 16 74 , 75,76,81,86,86, 87 , 158,158.159,162,166, Narvai,Gémrdde 100
Kaempferiagalanga 46.70 Undley.Johnl8 87,88.88,89,90,90, 91 , 170,172,174 Nésidine43
Kahl-somomâ 126 Linné, Charles 16,31, 107, 91,107 Mfengu 97 Neurotransmetteur 145,
Mandragore, racine 90,91 Michoacan(Mexique) 156 159, 184 , 185
Kahl-uco126
Kahi124,126 '" Mandragorine 48,75 Miel 173
Kah iriâma 124 Lituanie57, 77 Mantiana, lndiens 72 Mihi 124 Mcotianarusi1Ca56,79,
Kahivaibucura-rijorru\124 Lobelanidine47, 73 ManuscritdeBadianus Miller, W. 100 134,134
KakuljA-ikox84
Kalahari,désert196
Lobeliatupa47,72
Lobélie du Ch ili 32,47,72 '"
MAO, inhibiteurs 36,127,
Mimohuasca 139
Mimosahostilis49,72,73
Nicollanatabacum 17
Nicotine 41 , 57, 7t , n.

Kaiamoto 48
Kamsà,lnd iens 42,45,72.
Lobé line47,73 129,131.137
Mapuche,lndiens 30,39.
69,72,76,77
'"
MitnQSascabrella 137, 138
Mimosa tenuif/ora 49, 137,
'"
Nierika 63, 196
Nln!a 33,74
79,141 , 142 Lomariopsisjapurensis Maquirasc/erophylla49. 138,138, 139 Niopo 30,119
76,77
Kamtchatka(Sibérie) 82,
85
Kanna26. 32 , 46.56. 70,
"'
Lonicerus104
Lonitzer.Adam 104
Mara'·akame 148
Maraba 26, 33, 70
Mimosaverrucosa49, 72
Ming. dynastie 107
M1tra 82
Nolxdeméte1107
Notxdemuscade 26. 50.

"
Kapok(ier)134 , 135
Lophophora35,42,53 , 68,
71 , 74 MariaSabina 14,156,159,
Mi1ragynaspec/osa49,72
Mitragynine 49,73
"
NomenclaturebiflOfT1inale

Karauetaré,lndiens177
Karimé,lndiens 177
Lophophoradil/usa47,74
Lophophorawilliamsli 23
1(5(),161,162,163, 164
Marijuana 12, 13, 16, 17,
Mixe, Indiens 158
Mixtèques, Indiens 48, 75.
"
Nonda33,66
Noradrénaline145, 184.
Karitana , lndlens59 29, 47, 50, 74, 75,81 , 26.27,33,57,68, 69.93, 76, 158 185, 186,187
Kasai (Congo) 99 144, 145, 147,148 , 186 98,100,101 MMT 54 , 55,67 Nora!ropine57
Katmandou 27. 158 LSA 71 Marij uana. substitut 47, 57, MolllqlJ(!S 43 Norcarnégme39, 77
Kauyumari 63,148 LSD 14, 35, 60, 67, 71 , 66, 71,74,76,98 Mondedesesprits 14, 73, Noréphédrine185
Kawa-Kawa 13,26, 64
Kew(Grande-Bretagne)
75,171,165,186.187,
169,189,190,193.195
Marij uanillo 76,97
Mascagniaglandulifera '"
Mongolie 52
Norharmine 127
Nor1obélanid ine47, 73
117, 126
Kickapoo.lndiens152
Luci lius95
Lumholtz. Car1144,147 '"
Mascagniapsilophylla 124
Monocotylédones 16, 17, Nornicot•ne 77
Nornucilérine 50, 75
Kieli / Kieri32,72, 73
Kil32,68,99
LutinTengu 85
LycoperOacées4B
Mascagniapsilcphyllavar.
entilebrilis124
"
Mopope,Stephen 152
Moracées 44,49
Norscopolamine 141
Nor1ropine 73
Kiowa , lnc:flfms 151,152 Lycoperdonmargmatum Mash, Deborah 113 Morphine 21, 22,49 NouvelleGu•née 36,46,
Kirishanâ, lndiens 177 48,76 Mashi·hiri 33,70 Mousses 17,18 49,52, 68,67,70
~~Grünberg , Thoodor Lyçoperdonm1xtecorum Mataco,lndiens 120.120, ~ oyenÂge44,66 , 70,72 , Nouvelle-ûrléans 99

KocNascoparia 127
48,78
Lycopodium69 '"
Matwù 33,38, 74
76, 88 , 96,102.103
MTHC 55
Nouvelle Zé lande 53
Ntl-si-tho 159
Kolân.1Miens67,126 Lycorine52 Mayaxtohk'uh 109 Mucha. Allons 143 Nucilérine 50,75
1Qlhler31 Lyfoline43 Mayas 4,60,62,66,74 Mvcunaprunens50,76 , Nyakwana 33,70,71 . 1n
Koppe83 Lygodiumvenustum 124, 84,161 , 162 77.138, 138 Nyiba-eboka115
Koribo32 , 72 Maypure, lndiens 118 Muinane, lndiens 178 Nymphaeaemp/a 50,74,
Korib6-naluni 59
Koryak64 , 82 , 63
""
Lyon(Fmnce)104
Lysergamide 60,75, 103,
Mazatèques,lndians 51
54.70,72,75,76,77.78,
Muisca, Indiens 117,141
Mü ll er, Ferd inandJ H "
Nymp/Jaeacaerulea 50, 74
Kratom 32 , 49, 72 171 , 185,167 158.158,159,164,164, \10(1163 Nymphéacées 50
Kuluene,llevve24 Lythracées43 165,174 Mùnchhausen,\10(1 105 Oaxaca(MexlqlJ(!) 38,45,
Kuma 36,67, I l l Lythrine43 « Medizinalpllanzen » 31 4B,S1 , 54 , 56. 60.72.n.
Kunpako, IMiens176 Ma(caractèrechir>Ois) 94 Ménades se Muscadier 33,50, 74,176 78,156,162,164, 170
Kwashi 26,32.52, 72 Maajun 97 Méné-kahi-mi\ 124, 126 Muscarine 83 172,174
Kykaon/04 Macédoine 102 Menthe 26,63 Muscazone 67,83 Odlre 142
Lahembra 32,39, 76 , 175 Macis(muscadier) 50 Menthe du Turkestan 33. Musc<mot 67,83 Ocimummicranthum 124,
La0iées(Labiac9es)39, Macooha 26,98 46, 74 Myristica 178
46,47, 56,165
Labumumanagyroides 41 Macroméfine 40
Me0-5 DMT 22. 35, 50, 54,
60,67,75, 137, 138,138
Myristicalragrans50,74
Myristicacéés 50 , 60,138
""
Oco-Yajé 36,126
Odin 52
LacSupérieur(Michigan) Magie 26, 48,75.86,89 Me0-5 MMT 120 Mylls1icine 50,75 OH-SDMTN-<Jy,yde 120
Myrrhe 95
~:;~;s:~;;:u: 81
85 90,142 1 Ojibway.lndiens 85
LacVictoria(Airique) 99 Mahekototeri,lndiens 179 Mystères d'Éleusis 26, 70 Oklahoma 152
Lagochiline46, 75 Maicoa 30, 32, 78,134 Mesa 168, 169 102, 105,105 Olmed/operebeasclerrr
LBgochilus26 Maïs 62, 141, 150 Mescal button 47, 152. N,N.,jiméthyltryptamine phylla49
LB~iluslnebfians46 , Mais, bière de 41,58, 79, 35,49, 73 0Jolluqul27, 33.45.60

Laitderenne67, 82
109,122, 141
MakU,Indiens 59,68.71 ,
'"
Mescaline 23.23,47,59,
69.75, 145,167, 184,
N,N-DMT 67,69, 75
N-méthyl-3,4diméthoxy-
63, 72,73, 74,77,103,
110, 113,156,170,170,
Lar!Qiang(N&pa1)92
La1uapubif/ora37,42 , 46 , "'
Makuna,lndiens 176
Malaisie 43, 49, 72
185.186,187,189
Mésembrénine 56.71
Mésembrine 56,71
phénéthylamine 73
Naeher.Karl113
Nahua. lndiens158
171 , 171,172,172, 173,
174,185.166,187
Omagua, lndiens 140
"
Latué30,32.46, 72,73
Le-sa179 Maloca 129,132
M~~embryanlhemum 58, Nandi/09
Naranjo,Ciaudio 113
Ombellifères 53
Oncidiumcebolleta 50, 68

206
Onguentsc!Etssorcières Peignedes lndigènes33 Plule(R/Iynchosla) 27, 33, Psi~ne22.23,40,51, Rubiacées 49.55, 124,
57, 72,76. 87.88,89 51 , 68 56,76 52,54,55,73,75, 77, 79,
Onirogémque 38
Opium 13,21,49,68,72,
Pelecyphotaasellilormis
53,74
P•ule{7ùtbtna)174
Plante d'Apollon 44
157,159.185.186, !87. "'
Ruesauvaga 33, 52,70.
71,129,139
•oo
()plum,capsulest04
PenTsaoCh•ng 94
Pernambouc (Brésil) 72
Plantedelamérnolresa
Plante dH tombeau~ 141
"'
Psychédétique12,35
191 , 193
Rulz,For1unato120
RI.ISSei, F 110
Opium, dépendance 49 Pemettya 69, 73 Plante grimpante 35.60. Psyctuatne9, 23,71 Rutacées 138
Oplum,subsmut 49,72
Q:)lllt.i8'124
Prml8/lyafurens53, 72,73
Prm'lettyamucronata53 "'
Plantevotlble 170,171
Psychochirurgie191
Psy<:hanalysa23.190,
"' Rutlne47
Sabice8amaJtonensis
(\7untlllcylindtiCII168 PemettyaparvifQiia 53, 72. Ptantas a rteursl6 193, 195
Oracle44,171
Ofac:tedeDetphes 87,91
73
Perséphone81,105
Pt•nerAneîen95
Pois mascate 33,50,76,
Psychodyslep1ique12
Psycholysat90,191
""
Sadhus 93
Salrot75
Ordlidacées50 Pérou30 , 37, 45,66,68, <38 Psychomimétique 12,13 Saguaro33,39.76
Clrdl!dée50. 68 70, 76, 79 95,127. 129, F'l:lissons 14 Psychoseart•lid&lle12 Sahagun. FrayBeman:l1no
OfSnoque26, 30.35.68.
70,116,116, 117,118,
141,141.166, 168,169,
176,179
Poivrier00ré9EI
Poly!richecommun 16
PsychostlfnUiant12
PsychothéraP'e23,190, "' 111, 144,145, 147,
159,170
119,132, 176,177 f'ervenchedeMadagas- l'olyfnclwmcommune 16 191,193, 195 SaintArltolne 102

"""'89
Olage,lndienst53
Osca117
~'"
Pe1rtequeuedelion33,
74,98
46. -""
Pomlll8S d'amour 90