2014
PLAN DU COURS
I. INTRODUCTION
1. Procédure de recouvrement
2. Voies d’exécution
2.2. La saisie-arrêt
2.4. La saisie-exécution
a- La saisie conservatoire
b- La saisie à fin d’exécution
- La saisie-vente
- La saisie-attribution de créances
- La saisie et la cession des rémunérations
2
- La saisie-appréhension et la saisie-revendication des biens
meubles corporels
- La saisie des droits d’associés et des valeurs mobilières
a- L’état de l’immeuble
b- La mise à prix
IV. CONCLUSION
3
COURS DE DROIT DES VOIES D'EXECUTION
I. INTRODUCTION
On peut dire que les voies d’exécution ce sont les moyens par lesquels
le créanciers poursuit la réalisation forcée de son droit.
En RDC comme dans tous les autres Etats parties audit Traité, la matière
est aujourd’hui réglée par l’Acte uniforme du 10 avril 1998 portant
organisation des procédures simplifiées de recouvrement et des voies
d’exécution.
4
équivalentes à celles de l’Acte uniforme. Tel est le sens de l’avis N°
001/2001/EP rendu par la CCJA le 30 avril 2001.
1. Procédure de recouvrement
5
Pour gagner tant soi peu du temps, deux voies pourrait toutefois être
tentées, mais sans satisfaction suffisante : l’abréviation des délais de
comparution et la sommation de conclure ou de comparaître.
La procédure à bref délai existe, mais elle reste conditionnée par une
autorisation du tribunal qui appréciera l’urgence et, en tout état de
cause, son seul intérêt réside dans la réduction du délai de
comparution (par exemple deux ou trois jours au lieu de huit jours). En
effet cette procédure n’est pas à confondre avec le référé que notre
droit processuel ignorait encore ;
2. Voies d’exécution
6
président du tribunal de paix ou du tribunal de grande instance là où il
n’existe pas de tribunal de paix.
Pour être valable, une saisie conservatoire doit être suivie d’une
assignation du débiteur en validité dans un délai fixé par l’ordonnance
qui accorde l’autorisation de saisir.
7
Dès lors qu’elle est déclarée valable, la saisie conservatoire se
transforme en saisie-exécution (article 139).
2.4. La saisie-exécution
La saisie mobilière est régie par les dispositions des articles 120 à 136 du
code de procédure civile tandis que la saisie immobilière est organisée
par l’ordonnance du 12 novembre 1886.
La vente des biens saisis se fait aux enchères. Elle ne peut intervenir
moins de 15 jours après la remise du procès-verbal de saisie.
Alors qu’une saisie mobilière peut être pratiquée par un créancier muni
de n’importe quel titre exécutoire (jugement, acte authentique...), une
saisie immobilière ne peut être pratiquée que sur base d’un jugement
définitif.
8
Le créancier muni du jugement se fera délivrer par le conservateur des
titres immobiliers, un extrait du livre d’enregistrement constatant que
l’immeuble dont la saisie est projetée est enregistré au nom du
débiteur.
La vente des immeubles saisis est faite par le notaire auquel sera remis
le jugement, l’extrait du livre d’enregistrement et le commandement
préalable.
Si la saisie n’a porté que sur une partie des immeubles, l’article 12
permet au débiteur non seulement d’indiquer l’ordre de vente, mais
également de commencer par demander que le créancier soit
contraint de saisir les autres immeubles.
9
Dans un souci de simplicité et de clarté, reprenant la
structure adoptée par le législateur, nous traiterons successivement des
procédures simplifiées de recouvrement (1) et des voies d’exécution
(2).
L’INJONCTION DE PAYER
10
peut obtenir une ordonnance d’injonction de payer qui ne pourrait
être annulée par le juge1.
LE DEROULEMENT DE LA PROCEDURE
11
La décision de rejet qui peut être partielle dans la procédure
d’injonction de payer (article 5 al.2), n’est pas susceptible de recours
(article 5 al.2). Lorsqu’il ressort des pièces produites que la créance est
constituée par le solde du compte client du débiteur dans les livres
comptables du créancier, matérialisée par des chèques bancaires
sans provision, que le débiteur ne l’a pas contestée et en a même
commencé le remboursement, la demande d’injonction de payer est
valable et l’opposition doit être rejetée3.
12
caducité, elle doit être demandée au greffe par le créancier dans les
deux mois qui suivent l’expiration du délai d’opposition ou le
désistement du débiteur (article 17).
Une fois que l’opposition est faite par le débiteur dans le respect des
dispositions légales (articles 9 à 11), le juge a l’obligation de faire une
tentative de conciliation. Si un accord est trouvé, il est consigné dans
un procès-verbal signé par les deux parties antagonistes et le juge
(article 12, al. 1er). Ce procès-verbal de conciliation vaut titre
exécutoire (article 33, al. 3).
5
- Abidjan (Côte d’Ivoire), Civ. et Com., n° 714, 6 juin 2000.
6
- Voir « La procédure d’injonction de payer telle qu’elle est organisée par l’acte uniforme
constitue-t-elle un recul par rapport à la loi togolaise du 20 avril 1998 » AQUEREBURU Coffi
Alixis, PENANT N° 831, sept à déc 1999, p. 287.
13
Si au contraire, la tentative de conciliation n’aboutit pas, le juge saisi
devra statuer immédiatement, même en l’absence du débiteur ayant
formé opposition (article 12, al. 2). La décision rendue est susceptible
d’appel dans un délai de trente jours. La jurisprudence semble être
divisée pour l’heure sur la question. Alors le Tribunal de Grande
Instance de Ouagadougou juge que la tentative de conciliation
prévue à l’article 12 AURVE est une phase obligatoire dans la
procédure d’opposition à injonction de payer 7 , la Cour d’Appel
d’Abidjan décide que la violation de l’obligation pour la juridiction
saisie de l’opposition, de procéder à une tentative de conciliation,
n’est pas sanctionnée par la nullité du jugement8.
7 TGI Ouagadougou, n° 74, 19-2-2003 : KIEMTORE T Hervé c/ L’Entreprise A.P.G., www.ohada.com, Ohadata J-04-248 ; TGI
-
Ouagadougou, n° 193, 23-4-2003 : SAWADOGO Saïdou c/ Caisse Populaire de Dapoya, www.ohada.com, Ohadata J-04-316
8
- CA Abidjan, n° 865, 5-7-2002 : SIDAM c/ CISSE Drissa, www.ohada.com, Ohadata J-03-
23, obs. J. Issa-Sayegh
14
Les dispositions communes à toutes les saisies se résument comme
suit9 :
9
- Note de présentation réalisée par le secrétariat permanent de l’OHADA avec la
collaboration du Prof.. Joseph Issa SAYEGH (www.cm.refer.org)
15
Ce sont les mesures d’exécution forcée qui portent sur des meubles
corporels et incorporels du débiteur. En fonction de l’objectif poursuivi
par le créancier, il peut s’agir d’une saisie conservatoire ou d’une saisie
à fin d’exécution.
b- La saisie conservatoire
10
- Abidjan (Côte d’Ivoire), Civ.et com., n° 690 du 30 mai 2000.
16
cas lorsque le domicile ou l’établissement du débiteur est situé dans un
pays étranger. On parle dans ces hypothèses de saisie foraine (article
73).
- La saisie-vente
- La saisie-attribution de créances
17
tirant au profit du créancier saisissant un chèque en paiement des
causes de la saisie.11
18
débiteur qui est exproprié à l’issue de la procédure et celle du nouvel
acquéreur qui devra en avoir pleinement jouissance.
a- L’état de l’immeuble
b- La mise à prix
La mise à prix - seuil minimal exigé pour les enchères - est fixée au
quart de la valeur vénale de l’immeuble. Ladite valeur est appréciée
soit au regard de l’évaluation faite lors de la constitution de
l’hypothèque conventionnelle ou en comparaison avec des
13
- Pour une étude complète sur le sujet, voir Ndiaw DIOUF « Saisie immobilière »,
www.bj.refer.org
14
- Article 119 al 2 de l’acte uniforme portant organisation des sûretés : « Peuvent faire l’objet
d’une hypothèque :
1°) Les fonds bâtis ou non bâtis et leurs améliorations ou constructions survenues, à
l’exclusion des meubles qui constituent l’accessoire ;
2°) Les droits réels immobiliers régulièrement inscrits selon les règles de l’Etat partie »
l’ancien texte quant à lui se réfère au régime foncier.
19
transactions portant sur des immeubles de nature et de situation
similaires. (Article 267-10). On peut espérer que cette disposition
permettra de réduire les multiples contestations du débiteur liées à la
mise à prix. Il a été jugé que la mise à prix d’un immeuble saisi ne doit
pas être inférieure au quart de la valeur vénale dudit immeuble telle
qu’appréciée lors de la constitution de l’hypothèque conformément à
l’article 267 AURVE15.
Cette option, que n’a peut être pas souhaité transcrire clairement le
législateur, pourrait être une meilleure solution de recouvrement forcé
aussi bien pour le débiteur que pour le créancier.
15
- TGI de la Menoua à Dschang, n° 35/ADD/civ.,12-5-2003 : AFRILAND FIRST BANK
anciennement dénommée CCEI Bank c/ Fongou Fidèle Taneuzou et trois autres,
www.ohada.com, Ohadata J-05-18
16
- Article 115 de l’acte uniforme.
17
- «Notion de compensation », Lamy Droit des sûretés, Mars 2004, 263-15.
20
L’AURVE prévoit expressément la possibilité de compensation de
dettes entre une personne morale de droit public ou des entreprises
publiques et « quiconque » serait créancière de celles-ci (article 30) à
condition toutefois que ces dettes résultent d’une reconnaissance de
dettes ou d’un titre ayant un caractère exécutoire de l’Etat où se
situent lesdites personnes et entreprises (article 30 al 3).
Il reste donc que cette disposition tant saluée par les nombreux
créanciers des Etats fasse ses preuves. L’investisseur devra donc y
porter une attention particulière.
18
- Niamey (Niger), Cour d’Appel, n°105 du 13 juin 2001.
21
diligent peut provoquer une répartition judiciaire du prix, en saisissant le
juge compétent. C’est donc à bon droit qu’une action initiée dans ce
sens a été déclarée recevable pour avoir été formée dans les
conditions fixées à cet effet.19
S’il ya désaccord entre les créanciers, le plus diligent saisi le président
de la juridiction du lieu de la vente ou le magistrat délégué qui
statuera sur la répartition du prix (article 326). La décision de répartition
est susceptible d’appel dans les quinze jours de sa signification et selon
les conditions prévues à l’article 333.
19
- TRHC Dakar, n° 319, 15-3-2001 : Distribution du prix d’adjudication du TF n° 9795 / DG
saisi sur LOBATH FALL par la S.G.B.S, www.ohada.com, Ohadata J-05-44.
22
législateur entend ainsi encadrer de façon rigoureuse le recouvrement
et les voies d’exécution.
23
plupart des Etats membres ou plutôt d’un juge spécial qui devra être
prévu dans l’organisation judiciaire interne? Les avis sont assez
partagés sur la question. S’agit-il en outre d’une compétence exclusive
en la matière ou au contraire est-il encore possible de saisir le juge du
fond qui semble avoir gardé toute sa compétence dans le système
judicaire interne ? En pratique, dans l’optique de multiplier ses chances
de recouvrement, le créancier va saisir à la fois le juge des référés et le
juge du fond.
Plus de dix ans après l’entrée en vigueur de l’Acte uniforme, les textes
permettant son application sont encore inexistants dans certains Etats
membres. Or, l’Acte uniforme renvoie assez fréquemment à la
législation interne. C’est le cas par exemple des biens et droits
24
insaisissables 21 , des rémunérations saisissables 22 , du régime foncier
applicable dans le cadre de la saisie immobilière23.
Sans nous étendre sur les questions de procédure civile, l’effet pervers
de l’article 32 mériterait d’être souligné tant ses conséquences sont
dommageables pour l’économie dans l’espace OHADA.
25
Le sursis à exécution semble être battu en brèche par cette disposition.
Si on peut légitimement penser que le législateur par cette mesure vise
la rapidité du recouvrement, il n’a certainement pas prévu son effet
pervers et ses lourdes conséquences sur les créanciers de bonne foi.
Dans tous les cas le juge des référés n’est pas compétent pour
empêcher l’exécution provisoire d’une décision assortie de l’exécution
provisoire26.Il est en revanche, compétent pour ordonner la nomination
d’un séquestre et le cantonnement des causes d’une condamnation27
C’est vraisemblablement la solution que l’investisseur devra retenir pour
échapper aux dérives de l’article 32 en attendant une éventuelle
révision, du moins souhaitée.
25
- CCJA, n° 2/2001, 11-10-2001 : époux Karnib c/ SGBCI, www.ohada.com, Ohadata J-02-
06, voir Ohadata J-05-105, obs. J. ISSA-SAYEGH
26
CA Abidjan, Ch. civ. & com., n° 935/bis, 2-9-2004 Mr. TIBERI Alain Gérard c/ Société
Industrielle THANRY, www.ohada.com, Ohadata J-05-342).
27
CA Abidjan, Ch. civ. & com., n°574, 5-4-2004, A D feu KOUAHO OI KOUAHO Bonaventure
c/ Sté SIDAM et CARPA, www.ohada.com, Ohadata J-05-334.
26
2-2 Sur le plan conjoncturel
Dans les cas où le créancier parvient à faire pratiquer une saisie sur les
biens de son débiteur, il pourrait être confronté à une autre difficulté
liée à la garde des biens.
27
les mains du débiteur lui-même. Le non respect de cette disposition par
le débiteur saisi est pénalement sanctionné.
28 CA Niamey, ch. civ. civile, n° 115, 2-10-2002 : Ets Hassan Barti c/ Adamou hamidou, Dame Maïmouna, Habou Halli Koko,
29
(TGI Bobo-Dioulasso, ord. réf. n° 002, 17-1-2003 : MANDE Rasmané, TRAORE Kalifa,
TRAORE Boukary, SANOGO Fousséni, GAZAMBE Boureima, ILBOUDO/BAKO Soumou,
TOE Maria Chantal c/ la STCB,, www.ohada.com, Ohadata J-04-48).
28
Qu’en est-il de la saisie immobilière ?
Le terme « incidents de saisie » est utilisé sans être défini par l’Acte
uniforme (articles 298 et suivants).
Après plusieurs positions controversées, la jurisprudence française
actuelle considère que, « n’ont pas le caractère d’incidents de saisie,
les contestations extérieures ou antérieures à la procédure de saisie » 30.
C’est probablement cette position qui servira de référence au juge
OHADA en cas de litige en la matière.
30
- Civ. 2e 23 octobre 1996 JCP 1996, II, 22795 N. Prevault.
29
« Les contestations ou demandes incidentes doivent, à peine de
déchéance, être soulevées avant l’audience éventuelle31.
Toutefois, les demandes fondées sur un fait ou un acte survenu ou
révélé postérieurement à cette audience et celles tendant à faire
prononcer la distraction de tout ou partie des biens saisis, la nullité de
tout ou partie de la procédure suivie à l’audience éventuelle ou la
radiation de la saisie, peuvent encore être présentées après
l’audience éventuelle, mais seulement, à peine de déchéance,
jusqu’au huitième jour avant l’adjudication » (article 299).
31
- Voir article 272 et s. portant sur l’audience éventuelle.
32
- La remise c’est le renvoi à une autre audience pour une nouvelle mise à prix.
30
CONCLUSION
31