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des Enseignants en Neurologie
Syndrome pyramidal
Ensemble des symptômes et signes résultant de l'atteinte, à quelque niveau que ce soit, de la voie cortico
spinale (faisceau pyramidal), support de la commande motrice volontaire.
Le syndrome pyramidal se caractérise par l'association de signes déficitaires (traduisant l'atteinte du faisceau
corticospinal) et de signes de spasticité(liés à la libération d'activités motrices réflexes normalement inhibées
par la voie corticospinale). La survenue de ces deux composantes peut être synchrone (en cas d'atteinte
lentement progressive) ou décalée dans le temps (en cas d'atteinte aiguë). Dans ce dernier cas, la paralysie est
d'abord flasque (hypotonie) puis spastique (hypertonie pyramidale).
Il est controlatéral à la lésion lorsque celleci siège audessus du bulbe (moelle allongée), ipsilatéral à la
lésion lorsque celleci est médullaire (les fibres corticospinales passant la ligne médiane au niveau de la moelle
allongée).
I – Symptomes
Faiblesse motrice d'intensité et de topographie variables. Les malades peuvent utiliser le terme de
paralysie, mais aussi de gêne, d' « ankylose », de lourdeur, de maladresse, de mauvais équilibre, etc…
Elle retentit sur les activités motrices courantes : marcher, courir, gravir les escaliers, se relever d'un
siège, porter des charges lourdes, etc…
La claudication motrice intermittente est évocatrice : le patient se plaint d'une faiblesse indolore d'un
ou des deux membres inférieurs, survenant après un temps de marche, disparaissant au repos pour
réapparaître par la suite. Ce symptôme s'observe surtout en cas d'atteinte médullaire (cf. infra, formes
topographies). voir la vidéo
Des sensations de contractures et/ou de raideur pouvant s'exprimer comme douloureuses (liées à la
spasticité)
Des troubles de la phonation et de la déglutition peuvent s'observer en cas d'atteinte bilatérale (cf.
infra, syndrome pseudobulbaire).
Des mictions impérieuses (le malade ne peut se retenir d'uriner) traduisent une vessie spastique.
II – Signes cliniques
1. Déficit moteur (déficit de la commande motrice volontaire)
En cas de lésion aiguë et étendue, le déficit est massif, concernant toute la musculature, de
topographie variable selon la localisation de la lésion : hémicorps (face, membre supérieur, membre
inférieur) voir la vidéo ou deux membres inférieurs, plus rarement un seul membre.
En cas de lésion partielle ou progressive, le déficit prédomine sur certains groupes musculaires :
Au membre supérieur, sur les muscles extenseurs et entraînant l'atteinte des mouvements fins et
rapides des doigts. On décrit trois signes cliniques :
Epreuve des bras tendus : les bras sont tendus à l'horizontale ; une chute progressive du
membre supérieur concerné atteint le bras, parfois seulement le poignet ou les doigts. voir la vidéo
Signe de Garcin : les bras sont fléchis et les doigts fortement écartés ; la main se creuse
progressivement (par déficit des extenseurs).
Lenteur des mouvements alternatifs rapides comme l'opposition pouceindex, en comparant
un côté à l'autre.
Au membre inférieur, atteinte des muscles fléchisseurs :
Le signe de Mingazzini : le patient en décubitus dorsal garde les cuisses fléchies et jambes
maintenues à l'horizontale ; la chute progressive du membre inférieur (cuisse et/ou jambe)
extériorise le déficit.
Le signe de Barré : le patient en décubitus ventral garde les jambes fléchies à 90° ; le déficit
s'extériorise par la chute progressive de la jambe.
A la face, sur le territoire facial inférieur : voir la vidéo
Effacement du pli nasogénien,
Asymétrie lorsqu'on demande au patient de découvrir les dents (le territoire facial supérieur est
respecté car il reçoit des fibres de chaque hémisphère cérébral) et se corrigeant lors des
mouvements automatiques tels que le rire, réalisant alors la dissociation automaticovolontaire.
2. Troubles du tonus musculaire
http://www.cenneurologie.fr/1ercycle/propedeutique/analytique/pyramidal/index.phtml 1/4
En cas de lésion aiguë et étendue : hypotonie (déficit flasque)
En cas de lésion partielle ou progressive, ou bien quelques semaine après la phase hypotonique :
hypertonie pyramidale, ou SPASTICITÉ, caractéristique du syndrome pyramidal.
C'est une contracture musculaire ayant plusieurs caractères :
Topographie
Au membre supérieur, elle prédomine sur les fléchisseurs pouvant imprimer une atteinte
permanente en flexion du coude, du poignet et des doigts.
Au membre inférieur, elle prédomine sur les extenseurs avec jambe en extension, pied en
varus équin, démarche en fauchant (+++) : marche spastique (le pied « racle » le sol avec sa
pointe et son bord externe). voir la vidéo
Elle s'accentue à l'action, pouvant n'apparaître, par exemple, qu'après un certain temps de marche
(claudication motrice intermittente)
Elle s'accentue avec l'angle et la vitesse d'étirement.
Elle est élastique (cédant comme une lame de canif), contrairement à l'hypertonie extrapyramidale, qui
est dite plastique (cf. syndrome parkinsonien).
Elle peut, quand elle est intense, être douloureuse
3. Anomalies des réflexes ostéotendineux (ROT) et des réflexes cutanés
Anomalies des ROT
Lésion aiguë et étendue : aréflexie ostéotendineuse
Lésion progressive ou partielle ou bien après une lésion aiguë : hyperréflexie ostéo
tendineuse: les ROT sont vifs, diffusés, polycinétiques voir la vidéo.
La vivacité désigne l'ampleur excessive de la réponse motrice.
La diffusion peut être celle de la réponse motrice (lorsque celleci s'observe aussi sur d'autres
segments du même membre ou sur le membre controlatéral) ou celle de la zone
réflexogène lors de la percussion avec le marteau à réflexes (par exemple, obtention de la
réponse après percussion de la crête tibiale pour le réflexe rotulien, ou obtention du réflexe
médioclaviculaire, qui est pathologique : la percussion avec le marteau à réflexes du doigt de
l'examinateur posé sous la clavicule n'entraîne normalement pas de réponse ; en cas de
syndrome pyramidal, on obtient une réponse motrice de l'ensemble du membre supérieur).
Le polycinétisme signifie que plusieurs réponses motrices se succèdent jusqu'à entraîner un
clonus inépuisable de la rotule ou du pied (« trépidation épileptoïde » du pied). Le clonus du
pied, le meilleur signe de spasticité, se recherche en exerçant une dorsiflexion brusque du
pied et en maintenant cette position : le pied est alors animé de mouvements brefs et
rythmés de flexionextension, typiquement inépuisables. voir la vidéo
NB : comme la spasticité, dont elle fait partie, l'hyperréflectivitéostéotendineuse traduit
l'exagération du réflexe myotatique (la recherche d'un clonus du pied équivaut à la
recherche du réflexe achilléen : étirement du tendon).
Le signe de Babinski : réponse en extension du gros orteil lors de la recherche du réflexe cutané
plantaire (stimulation d'arrière en avant, du bord externe de la plante du pied)voir la vidéo. La réponse
normale est une flexion du gros orteil. Parfois, un stimulus cutané quelconque peut déclencher un signe
de Babinski voir la vidéo
4. D'autres signes ont une moindre valeur.
Parmi eux :
Les syncinésies, mouvements involontaires ou renforcements toniques survenant dans des groupes
musculaires, lors de mouvements volontaires concernant une autre partie du corps (par exemple chez un
malade faisant les marionnettes ave la main droite, la main gauche ébauche le même mouvement).
Signe d'Hoffmann : flexion des doigts lors d'une pression vive sur l'ongle du majeur
Abolition des réflexes cutanés abdominaux.
III Examens complémentaires
L'imagerie cérébrale ou médullaire cherche à visualiser la voie pyramidale, mais dans un but essentiellement
étiologique.
IV Diagnostic différentiel
1. Réflexes vifs isolément
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Chez certains sujets, dits « neurotoniques», les ROT peuvent être vifs, parfois même polycinétiques avec une
ébauche de clonus du pied, épuisable, sans que cela témoigne nécessairement d'un syndrome pyramidal.
L'extension de la zone réflexogène n'est jamais observée dans ce cas.
2. Syndrome neurogène périphérique
Pas de difficulté diagnostique si le déficit est hémicorporel (il ne peut être, alors, que central).
Si le déficit intéresse les deux membres inférieurs ou les quatre membres, ou encore un seul membre, le
diagnostic peut être difficile à la phase aiguë du syndrome pyramidal, où existe une aréflexie ostéo
tendineuse, comme dans le syndrome neurogène périphérique. C'est souvent le contexte pathologique, la
topographie du déficit, et les signes associés qui permettent de trancher. Le signe de Babinski est
évidemment très utile.
3. Syndrome extrapyramidal
Pas de véritable paralysie, mais lenteur des gestes (akinésie)
Hypertonie extrapyramidale (rigidité) plastique et non élastique
ROT normaux
4. Syndrome de négligence (ou aspontanéité) motrice
Pas de véritable paralysie, mais sousutilisation
Lésion frontale
5. Trouble somatomorphe (trouble conversion)
Le pseudo déficit est souvent caricatural. L'examen neurologique est normal (réflexes et tonus musculaires).Le
contexte psychologique est habituellement évocateur.
V Formes topographiques
1. Cortex cérébral
Déficit moteur atteignant l'hémicorps (hémiplégie) controlatéral à la lésion, allant d'une simple gène
motrice à une paralysie complète.
Prédominance brachiofaciale si lésion à la face externe de l'hémisphère.
Prédominance crurale (membre inférieur) si lésion à la face interne de l'hémisphère
Association fréquente à un déficit sensitif (proximité des cortex moteurs et sensitifs).
2. Capsule interne
Déficit moteur atteignant l'hémicorps controlatéral à la lésion
Proportionnelle : atteinte d'intensité à peu près comparable de la face, du membre supérieur et du
membre inférieur.
Pas de déficit sensitif associé.
3. Tronc cérébral
Déficit moteur atteignant l'hémicorps controlatéral à la lésion
d'intensité comparable du membre supérieur et du membre inférieur mais épargnant la face
sans déficit sensitif associé mais possible atteinte ipsilatérale d'un ou plusieurs nerfs crâniens.
4. Moelle épinière
Déficit bilatéral atteignant les 4 membres : tétraplégie (atteinte complète) ou tétraparésie (atteinte
incomplète) en cas d'atteinte de la moelle cervicale
Déficit bilatéral atteignant les 2 membres inférieurs : paraplégie (atteinte complète) ou paraparésie
(atteinte incomplète) en cas d'atteinte de la moelle dorsale ou lombaire
Déficit unilatéral atteignant le membre supérieur et le membre inférieur, ipsilatéral à la lésion (le faisceau
pyramidal a décussé dans le bulbe)
5. Le syndrome pseudobulbaire
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Résultant de l'atteinte bilatérale des fibres motrices corticobulbaires, il comporte :
une paralysie labioglossopharyngée : voix nasonnée (dysarthrie paralytique avec, au maximum,
aphémie), fausses routes alimentaires, reflux alimentaires par le nez, difficulté à effectuer les
mouvements rapides de la langue et des lèvres, mais sans amyotrophie de la langue (présente dans le
syndrome bulbaire). voir la vidéo voir la vidéo
une abolition du réflexe du voile du palais et du réflexe nauséeux
d'autres signes sont fréquemment mais inconstamment associés : voir la vidéo
faciès spastique (« crispé »)
vessie spastique : mictions impérieuses, au maximum incontinence urinaire (le malade ne peut pas se
retenir).
marche à petits pas avec conservation du ballant des bras
rétropulsions
labilité émotionnelle : rires et pleurers spasmodiques
ROT vifs, diffusés, signe de Babinski
L'ESSENTIEL A RETENIR
Déficit moteur
Extenseurs du membre supérieur (épreuve des bras tendus, signe de Garcin)
Fléchisseurs du membre inférieur (signe de Mingazzini, signe de Barré)
Territoire facial inférieur
Spasticité (hypertonie pyramidale)
Prédomine sur les fléchisseurs du membre supérieur
Prédomine sur les extenseurs du membre inférieur (démarche en fauchant)
Accrue à l'action. Elastique
ROT vifs, diffusés (extension de la zone réflexogène), polycinétiques (clonus du pied) =
spasticité
Signe de Babinski (extension du gros orteil lors de la stimulation du bord externe de la plante
du pied)
Atteinte d'un hémicorps controlatérale à la lésion en cas d'atteinte supramédullaire
(hémiplégie = paralysie complète)
Atteinte des 4 membres : tétraplégie (paralysie complète) si atteinte moelle cervicale
Atteinte des 2 membres inférieurs : paraplégie (paralysie complète) si atteinte moelle dorsale
Syndrome pseudobulbaire (paralysie labioglossopharyngée) par atteinte bilatérale des fibres
corticobulbaires.
CEN Collège des Enseignants en Neurologie http://www.cenneurologie.asso.fr
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