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Protection de distance

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Protection de distance numérique

Symbole CEI de la protection de distance

Une protection de distance est un relais de protection destiné à surveiller l'état de


certains éléments d'un réseau électrique, en particulier les lignes ou câbles haute
tension, mais également les transformateurs de puissance et les générateurs. Elle a
pour fonction de détecter les défauts électriques (courts-circuits sur la ligne), et de
donner au disjoncteur l'ordre d'ouvrir pour mettre hors tension la ligne. Elle forme
l'épine dorsale de la protection des réseaux électriques.
Selon le Vocabulaire électrotechnique international, une protection de distance est
une « protection à sélectivité relative de section dont le fonctionnement et la
sélectivité dépendent de la mesure locale de grandeurs électriques à partir
desquelles la distance équivalente du défaut est évaluée par comparaison avec des
réglages de zones1 ». En pratique, elle mesure l'impédance de la ligne, si celle-ci
devient faible, la protection déclenche. Ceci explique son symbole CEI : « Z< »2.
Son nom vient de sa capacité à estimer à quelle distance du début de la ligne se
trouve le court-circuit. Cette capacité permet au gestionnaire de réseau de
transport de très rapidement envoyer sur le lieu précis de l'incident une équipe de
maintenance pour remettre en état au plus vite, sans avoir à faire un examen
complet de la ligne pour trouver le lieu du défaut. Cette capacité, associée à une
remarquable sensibilité et une excellente fiabilité ont fait de la protection de distance
un élément incontournable qui équipe la plupart des lignes HTB et certaines
lignes HTA. Dans les lignes du réseau 400 kV de RTE on utilise par exemple soit 2
protections de distances redondantes, soit une protection de distance et une
protection différentielle de ligne3.
Le code ANSI de la protection de distance est 212.

Sommaire

 1Principe
o 1.1Exemple
 2Intérêts et défauts
 3Histoire
 4Différents types de caractéristiques
o 4.1Réactive
o 4.2Impédante
o 4.3mho
o 4.4Quadrilatérale
o 4.5Lenticulaire
o 4.6Autres
 5Protection par zone
o 5.1Principe
o 5.2Réglages
o 5.3Téléaction
 6Construction
o 6.1À pont de Graetz
o 6.2Électromécanique
 6.2.1À bascule
 6.2.2Coupe d'induction
o 6.3Statique
o 6.4Numérique
 7Coût
 8Fonctions associées aux protections de distance
o 8.1Réenclencheur
o 8.2Autres fonctions
 9Principaux fabricants
 10Bibliographie
 11Références
 12Traductions

Principe[modifier | modifier le code]

Pour mesurer l'impédance la protection de distance mesure la tension et le courant en un point

La protection de distance mesure deux grandeurs :

 le courant de ligne I est mesuré à l'aide


d'un transformateur de courant ;
 la tension de la ligne U est mesurée à l'aide
d'un transformateur de tension.
Soit une ligne électrique de longueur L (exprimée en km), d'impédance linéique Z'
(exprimée en ohm/km). En temps normal l'impédance estimée :  n'est pas un multiple
de l'impédance de la ligne. En cas de défaut par contre, si on néglige la résistance
de l'arc électrique, elle devient égale à l'impédance linéique multipliée par la distance
entre l'appareil de mesure et le défaut : . Z' étant connue, l peut être déduite. Si elle
est inférieure à la longueur totale de la ligne, le défaut s'y trouve. Dans ce cas, la
protection déclenche, le disjoncteur associé s'ouvre 4.
Exemple[modifier | modifier le code]

La protection de distance utilise le fait que l'impédance de charge et de défaut sont différentes pour
fonctionner

Soit une ligne 220 kV. La résistance linéique R' (exprimée en ohm/km), de réactance
linéique X' (exprimée en ohm/km) :

 R'=0,1 ohm/km
 X'=0,4 ohm/km
 Z' =0,1 + j 0,4
 longueur L = 100 km
 courant maximal 1 000 A avec un facteur de
puissance=0.8
En temps normal, son impédance (de charge donc) vaut :
 orientée à 37°.
Par contre, lors d'un défaut supposé en bout de ligne,
l'impédance vaut
 orientée à 76°.
L'impédance est donc ici en valeur absolue plus faible en cas de défaut. L'angle est
beaucoup plus élevé5.

Intérêts et défauts[modifier | modifier le code]


Son avantage par rapport à une protection à maximum de courant est d'être peu
dépendant de l'impédance de la source et de la charge, sa sélectivité aux défauts et
sa rapidité. Par ailleurs, elle est facile à coordonner avec d'autres types de
protections et elle ne requiert pas de sélectivité chronométrique 6,7,8.
Les protections de distance permettent de mettre en place une protection par zones.
C'est-à-dire que dans un premier temps, elle ne protège qu'un certain nombre de
composants situés dans une zone précise. Cela évite de déclencher inutilement des
lignes saines. Au bout d'un temps préétabli, si la protection de la zone avoisinante
n'a pas rempli son rôle, la protection de distance va tout de même déclencher afin
d'interrompre le défaut. Cela permet de combiner sélectivité et robustesse 7.
Les protections de distance ne nécessitent pas de
canal de communication (par exemple fibre optique)
entre les deux extrémités de la ligne, à la différence
des protections différentielles de ligne.
Sa sensibilité est dépendante de la puissance du
court-circuit de la charge, son réglage est difficile
lorsque la liaison n’est pas homogène (ligne
aérienne + câble)7. Par ailleurs, il faut rappeler que
les défauts peuvent être de plusieurs types : entre
phases ou phase-terre, l'impédance en résultant
n'est pas identique9. La protection de distance n'est
pas non plus applicable aux lignes de très courte
longueur.

Histoire[modifier | modifier le code]

Relais d'impédance de type électromécanique de marque


Westinghouse

Les premiers relais de protection intégrant les


fonctions de base d'une protection de distance ont
été proposés en 1904 par Felten & Guilleaume-
Lahmeyer- Werke AG. Ils sont basés sur la détection
simultanés de l'augmentation du courant et d'une
baisse de la tension10.
En février 1916, Westinghouse propose une
protection de distance dont le temps de
déclenchement dépend de la valeur de l'impédance.
En 1923, cette société installe les premières
protections de ce type aux États-Unis10.
À partir de 1918, le Dr. Paul Meyer AG améliore le
concept et installe une protection de distance sur un
câble 4 kV à Karlsruhe entre mars et avril 192311. Mi
1924, AEG sort le relai Biermann et l'installe sur le
réseau 30 kV de Gotha. Les protections connaissent
un plus grand succès en Allemagne qu'aux États-
Unis. Cela s'explique par le fait que le réseau
allemand est plus fortement maillé, celui américain
étant principalement radial. C'est à cette époque là
également que s'impose le nom protection de
distance10.
L'augmentation de la complexité des réseaux, rend
la protection par protection à maximum de
courant et protection directionnelle inefficace : les
temps de déclenchement deviennent trop long. Il est
nécessaire d'améliorer la coordination des
protections électriques. Par ailleurs, on remarque
que les courants de court-circuit peuvent être parfois
plus faible que les courants nominaux, ce qui rend la
protection à maximum de courant inefficace10.
En 1932, H. Neugebauer et Fr. Geise travaillant pour
Siemens sortent le premier relais de distance
contenu intégralement dans une boîte à l'extrémité
de la ligne. Il a un temps de réaction de 0,3 s. En
1937, AEG utilise pour la première fois des
redresseurs métalliques dans ses protections de
distance, cela diminue fortement leur consommation
électrique12.
À l'époque, la résistance des arcs électriques est mal
connue, les appareils ont des difficultés à évaluer
correctement la distance pour cette raison. Par
ailleurs, les relais se déclenchent de manière
injustifiée lorsqu'une oscillation de puissance se
produit entre deux générateurs, ce qui est
problématique. En 1944, AEG brevète une méthode
pour contourner le premier problème, désormais
l'impédance est estimée grâce à la formule
suivante 12:

La protection de distance ne doit pas déclencher quand


l'impédance correspond à une impédance de charge

Les années 1950 voient l'apparition des


mécanismes d'autoréenclenchement, qui
permettent de limiter les coupures en cas
d'orage. Elles sont aussi le cadre d'un début de
standardisation, permettant l'interopérabilité de
systèmes de fabricants différents. L'usage
de power line carrier débute en 1955 sur la ligne
220 kV de Preussenelektra. À la fin des années
1960, les dispositifs permettent de déterminer à
la fois la distance mais également la direction de
laquelle provient le défaut12.
Le premier relais à distance électronique est
entré en service en 1959 par EdF sur une ligne
200 kV. Cependant les relais électromécaniques
restent plus économiques. Celui sorti
par ASEA en 1970, a un temps de réaction de
seulement 21 ms, en 1976 un autre système de
la même marque atteint 2,4 ms12.
Les relais numériques, à base de micro-
controleurs, apparaissent en 197112. De nos jours
tous les relais fabriqués sont de type numérique,
mais il existe encore des relais de type
électromécaniques en service13. En effet, les
relais mho étaient très répandus dans le monde 13.
En outre, les relais électroniques ne dépendent
certes plus du moment exercé, mais leur
fonctionnement émulent souvent celui des relais
électromécaniques. Les mêmes termes peuvent
donc être utilisés8, la connaissance des principes
de fonctionnement des relais électromécaniques
restent utile.

Différents types de
caractéristiques[modifier | modifier le
code]

Protection de distance

Influence de l'impédance, principalement résistive, de l'arc


électrique sur l'impédance de défaut
La protection de distance tente de faire la
distinction entre impédance de défaut et
impédance de charge. Il faut donc définir, une
limite, une frontière entre les impédances que la
protection va considérer comme normales, de
charge et celles anormales associées à un
défaut. Cette limite est appelée ici caractéristique
de déclenchement. Elles peuvent avoir plusieurs
formes et sont représentées dans un plan
résistance - inductance : RX.
Si l'impédance de l'arc électrique est négligée,
l'impédance de défaut se trouve sur la droite , la
distinction est alors aisée. L'impédance des arcs
n'est cependant pas toujours négligeable, elle est
considérée comme étant purement résistive et
dépend à la fois de sa longueur et de son
courant14. Ces paramètres ne pouvant être
déterminés à l'avance, la résistance d'arc est une
inconnue. Sur une ligne électrique longue l'effet
des arcs électriques peut normalement être
négligé, mais pas sur les lignes courtes avec un
courant de défaut faible13.
Si la résistance d'arc ne peut être négligée, la
zone de déclenchement doit être plus large (sur
le diagramme RX) que la simple droite Z'l.
Par ailleurs, les générateurs électriques, quand
ils se synchronisent au réseau, font augmenter
subitement le courant et donc diminuer
l'impédance lue. On parle aussi
de « pompage »15. Un relais peut prendre une
oscillation de puissance pour un défaut multi-
phases16. La caractéristique doit être choisie de
manière que cet état transitoire ne provoque pas
de déclenchement6.
Les relais numériques peuvent utiliser n'importe
quelle caractéristique, il suffit de la programmer 17.
Par contre les relais statiques ou
électromécaniques ont une caractéristique
dépendante de leur principe de fonctionnement.
Réactive[modifier | modifier le code]
Caractéristique purement réactive

La mesure de la réactance a l'avantage de ne


pas être sensible à la valeur de la résistance
d'arc, mais est très sensible aux synchronisations
de générateur et n'est pas directionnelle. Elle est
du fait idéale pour les protections phase - terre 6,18.
Impédante[modifier | modifier le code]

Caractéristique purement impédante

Sans directionnalité, la ligne AB, saine déclenche car


l'impédance mesurée en A chute brutalement

La caractéristique impédante décrit un cercle sur


le diagramme RX, la limite est constituée de tous
les Z tel que |Z|= une constante9. Elle a le défaut
de ne pas être directionnelle, ce qui empêche de
faire une protection de zone efficace et sélective
(voir exemple ci-contre). Par ailleurs, la
résistance d'arc menant au déclenchement
dépend fortement de l'inductance. Enfin, elle est
vulnérable aux oscillations des générateurs
synchrones13.
mho[modifier | modifier le code]
Caractéristique mho. L'impédance de la ligne ne passe pas
systématiquement par le centre du cercle

Les protections de distance ayant dans le plan


RX une caractéristique circulaire passant par
l'origine porte le nom de « mho » ou
à admittance4.
Les relais mho auto polariséanglais 1 sont les plus
sélectifs de tous les relais à distance, car ils ne
déclenchent que pour une gamme précise
d'impédance qu'on peut représenter sur un
diagramme R-X. Ils sont donc peu susceptible de
déclencher sur des éléments perturbateurs autre
qu'un défaut de la ligne. Il est donc un élément
privilégié pour les lignes de longues distances 6.
Les relais mho sont intrinsèquement directionnel.
Ils sont caractérisés par l'impédance sur le cercle
et par l'angle caractéristique du relais φ, qui est
l'angle entre l'axe R et la droite passant par
l'origine et le centre du cercle. Cet angle doit être
plus faible que celui formé avec l'impédance de
la ligne, afin d'être plus sensible en cas de défaut
avec un arc fortement résistif13.
Un désavantage du mho est qu'en cas de défaut
proche du relais, la tension est trop faible et la
sensibilité mauvaise8. Pour contourner ce défaut,
une solution consiste à introduire partiellement la
tension d'une autre phase, potentiellement saine
pour soutenir la tension. La caractéristique reste
alors circulaire, mais le centre du cercle se
rapproche de l'origine. On parle de mho à
polarisation croiséeanglais 2,19.
Les mho sont plus simple à configurer que les
relais quadrilatéraux, mais sont moins sensible
aux défauts résistifs en bout de ligne8. Aux États-
Unis, la caractéristique mho est encore très
utilisée dans les relais numériques17.
Si on configure la caractéristique mho de sorte
que la droite de l'impédance de la ligne passe par
le centre du cercle, on peut faire l'interprétation
géométrique suivante. Soit Zrelais l'impédance sur
la ligne à partir de laquelle le relais déclenche.
On peut également définir  , avec Z l'impédance
mesurée. Si l'angle entre  et  est supérieur à 90°
(voir figure) alors Z est en dehors du cercle, s'il
est égal à 90° Z est sur le cercle, inférieur dans le
cercle13.

Si l'angle est supérieur à 90°, Z est en dehors du cercle


 

Si l'angle est égal à 90°, Z est sur le cercle


 

Si l'angle est inférieur à 90°, Z est dans le cercle

Quadrilatérale[modifier | modifier le code]
Caractéristique quadrilatérale

Une caractéristique quadrilatérale est délimitée


par 4 droites9. Les relais quadrilatéral ont
l'avantage d'être plus sensible aux défauts
résistifs que les relais mho. Ces caractéristiques
sont très flexibles en termes d'impédance, aussi
bien pour les défauts phase-phase que phase-
terre. Pour cette raison, ils sont très utilisés par
les relais analogiques et numériques13.
Le temps de résolution de l'algorithme
quadrilatéral classique est d'environ 40 ms. Afin
d'éviter cette lenteur, un algorithme détectant une
variation rapide du courant et de la tension
appelé algorithme « delta » peut être mis en
place. Dans ce cas, les deux types d'algorithmes
sont exécutés en parallèle, ceux classiques
permettant de détecter les défauts que
l'algorithme delta ne reconnait pas13.
Lenticulaire[modifier | modifier le code]

Caractéristique lenticulaire

Une zone lenticulaire est formée par l'intersection


de deux zones circulaires de type mho. L'axe de
la lentille est celui de la ligne. La sensibilité au
défaut résistif est limitée, par contre la probabilité
de déclenchement due à des oscillations de
puissance est très faible16. En pratique, ce type
de zone n'est plus utilisé[réf. souhaitée].
Autres[modifier | modifier le code]
D'autres formes de caractéristiques sont
possibles : ovale, en hélice, en cornet à glace, en
cacahuète, en trou de serrure, etc20. Par ailleurs,
des caractéristiques courant-tension peuvent être
également utilisées en lieu et place des
diagrammes RX. Ceci permet de distinguer, pour
une même impédance, les situations de défaut,
lorsque la tension est faible, et les situations de
transit, lorsque la tension est élevée.
L'inconvénient de ce système est la difficulté de
le faire fonctionner avec un dispositif
antipompage15.

Protection par zone[modifier | modifier


le code]
Principe[modifier | modifier le code]

Réseau pour illustrer la protection par zone

Le principe de sélectivité assure que seules les


lignes défectueuses soient ouvertes, tandis que
les lignes saines restent connectées. Toutefois, il
faut pouvoir parer à la défaillance d'une
protection, ainsi des protections de secoursanglais
3
 sont utilisées.
L'exemple suivant est purement théorique, il
suppose que toutes les lignes ont même niveau
de tension.
Détection du défaut et temps de
déclenchement
Zone 1 Zone 2 Zone 3 Amont
0 s 0,5 s 2,5 s 7 s

Lors de son apparition, le défaut est Relais 1


détecté par tous les relais à l'exception du Relais 2 X
1 qui est trop loin. Les autres relais la
visualisent de la manière suivante: Relais 3 X
Relais 4 X
 Pour les relais 2, 4, 7, 8, 10 et 11 le Relais 5 X
défaut est derrière eux. Relais 6 X

Relais 7 X
Pour
les Relais 8 X
Relais 9 X
Relais 10 X
Relais 11 X

relais 3 et 9, le défaut est en zone 3.


 Pour le relais 5, il est en zone 2.
 Pour le relais 6, il est en zone 1.
Dans tous ces relais, un chronomètre commence
à décompter le temps par rapport à l'apparition
du défaut.
Le processus est alors le suivant:

 Le relais 6 envoie l'ordre de déclenchement à


son disjoncteur qui s'ouvre au bout de
20 ms environ. Le relais 7 voit disparaître le
défaut et arrête son décompte.
 Le relais 5 envoie l'ordre de déclenchement à
son disjoncteur au bout d'environ 0,5 s (il se
trouve en zone 2). Le défaut disparaît, les
autres relais le voient disparaître.
 Si le relais 5 et/ou son disjoncteur ne
fonctionnent pas correctement, alors les
relais 3 et 9 vont se déclencher au bout de
2,5 s. Dans tous les cas le relais 11 va se
déclencher au bout de 7 s.
o Si le relais 3 et/ou son disjoncteur ne
fonctionnent pas correctement, alors les
relais 2 et 4 vont se déclencher au bout
de 7 s.
o Si le relais 9 et/ou son disjoncteur ne
fonctionnent pas correctement, alors les
relais 8 et 10 vont se déclencher au bout
de 7 s.
 Si le relais 6 et/ou son disjoncteur ne
fonctionnent pas correctement, alors le relais
7 va se déclencher au bout de 7 s.
On note que les relais 3 et 9 déclenchent avant
les relais 4, 10 et 11 qui sont pourtant plus
proche du défaut. Cela est dû au fait que les
temps de déclenchement en amont sont réglés
de manière plus longue que ceux en aval.
En pratique la première zone déclenche au bout
d'un ou deux cycles, ce qui représente 20 à
40 ms dans un réseau 50 Hz. La zone 2 au bout
de 300 à 400 ms21. Les relais électromécaniques
ont des temps de réaction dépendant de la valeur
de l'impédance, au plus celle-ci est faible au plus
le relais est rapide13.
Les protections de distance servent parfois
également de protection de secours pour
les transformateurs de puissance et
les générateurs21, bien que des protections bien
plus adaptées existent comme les protections
différentielles.
Réglages[modifier | modifier le code]

Limite des différentes zones, telles qu'elles sont généralement


définies

Protection de zones réalisée avec des relais mho

Les zones doivent être réglées correctement afin


de garantir la sélectivité et la robustesse. En
l'absence de dispositif complémentaire, la portée
de la protection en zone 1 ne doit pas dépasser
80 à 85 % de la ligne pour assurer la sélectivité
de la protection. Pour la zone 2, la portée doit
être comprise entre 120 et 150 % et sert à
protéger les parties de la ligne non couverte par
la zone 113,6. Par ailleurs, la zone 2 doit
déclencher après : la plus lente des protections
différentielles des jeux de barre à l'autre bout de
la ligne, des protections différentielles des
transformateurs à l'autre bout de la ligne et des
relais de lignes sur les sections adjacentes6. La
zone 3 sert de secours pour la zone adjacente.
Elle doit donc couvrir cette dernière autant que
possible6. On utilise aussi fréquemment une zone
arrière qui permet à la protection de surveiller les
défauts en amont de la ligne.
L'augmentation de la résistance causée par un
arc électrique peut faire passer un défaut en
zone 1 pour un de zone 2, un de zone 2 pour un
de zone 36...
Le réglage est d'autre plus difficile que le ratio
impédance (source impedance ratio, SIR) est
grand. Il est défini comme suit13:
Avec Zs, l'impédance en amont de la
protection, Zl, celle de la ligne, c'est-à-dire en
aval. Si le ratio est grand, un court-circuit côté
ligne fait peu varier le courant, parfois moins
qu'un changement de charge13.
Sur les systèmes électromécaniques le temps
de déclenchement et la précision de
l'estimation de la distance dépendent de la
valeur du courant et de la tension mesurée 10.
Téléaction[modifier | modifier le code]
La téléaction est le fait que deux protections,
de distance généralement et situées à
chaque extrémité d'une ligne, échangent des
informations entre elles afin d'augmenter leur
performance15.
De nombreux schémas de téléaction
différents existent. Toutefois, on peut
distinguer deux types de stratégie : les
schémas à déclenchement et les schémas à
blocage. Dans les schémas à déclenchement
la protection à une extrémité de la ligne
envoie un autre de déclenchement rapide à
l'autre extrémité. L'autre disjoncteur
déclenche alors immédiatement. Dans le cas
des schémas à blocage, la protection à une
extrémité de la ligne envoie un autre de
blocage à l'autre extrémité, le disjoncteur ne
va donc pas déclencher intempestivement.
Diverses variantes existent en fonction de la
zone surveillée par chaque protection et des
conditions appliquées au déclenchement. Les
schémas à déclenchement ont une sécurité
accrue : si la liaison entre les protections
défaille, il n'y a pas de déclenchement
intempestif par contre une sureté moindre :
dans ce cas la téléaction ne fonctionne plus
et les déclenchements ne sont plus rapides.
À l'opposé, les schémas à blocage ont une
sureté accrue : si la liaison entre les
protections défaille, les déclenchements
rapides ont tout de même lieu, par contre leur
sécurité est moindre : il n'y a plus de blocage
sans la liaison et donc des lignes saines
peuvent déclencher4,15.
La rapidité exigée des téléactions ne permet
pas de mettre en place des protocoles de
vérification des erreurs de transmission15.

Construction[modifier | modifier le
code]
À pont de Graetz[modifier | modifier le
code]

Relais à pont de Graetz

Le dispositif à pont de Graetz, dispose d'une


résistance réglable (voir ci-contre). Le relais
déclenche quand :
, Soit 
Il a donc une caractéristique impédante, la
valeur de l'impédance limite étant
réglable17.
Il était surtout utilisé en Allemagne17.
Électromécanique[modifier | modifier
le code]
Les relais électromécaniques utilisent les
flux produits par la tension et le courant
de ligne pour se déclencher8.
Parmi les avantages de relais
électromécaniques, ils consomment peu
d'énergie auxiliaire au repos, le couple de
déclenchement est constant tout au long
de la période si les transformateurs de
courant ne saturent pas. Même dans ce
cas là, ils ne sont saturés que sur une
demi-période et assurent un bon
fonctionnement sur l'autre. Le relais est
donc plus lent mais fonctionnement
correctement. Enfin, les relais
électromécaniques sont peu sensible aux
phénomènes transitoires15.
Parmi leurs défauts, le temps de
déclenchement dépend des valeurs de
tension et de courant en entrée. Au plus,
le courant est grand au plus le relais est
rapide. Dans les pires cas, on peut
atteindre un temps de déclenchement de
300 à 500 ms. Par ailleurs, leur
consommation d'énergie sur le secondaire
des transformateurs de courant et de
tension, nuit à la précision de ces
derniers. Enfin, ils sont sensibles à
l'harmonique de rang 215.
À bascule[modifier | modifier le code]

Principe d'un relais à bascule

Fonctionne seulement avec l'amplitude10.


On parle aussi d'un relais à pourcentage15.
Le courant crée un moment qui déclenche
le relais, la tension un moment qui
empêche le déclenchement du relais8:
Si le couple devient positif, le dispositif
déclenche. L'impédance limite est
donc8:
Sur un diagramme RX l'ensemble
des points dessinent un cercle.
Elle n'est à l'origine pas
directionnelle. Ces relais doivent
être combinés à un relais
directionnel pour obtenir cette
propriété8.
Coupe
d'induction[modifier | modifier le
code]

Principe d'un relais à coupe d'induction

La coupe d'induction utilise


seulement le déphasage pour
déclencher. Utilise le principe de
Ferrarri, et donc seulement le
déphasage. Dans le détail, un
disque ou un cylindre en
aluminium peut tourner dans
l'entrefer de deux circuits
magnétiques. Le courant I1 crée
dans le circuit magnétique une
induction B1 qui lui est
proportionnelle. Cette induction
crée dans le disque des forces
électromotrices induites,
proportionnelles à la dérivée de I1
qui font circuler des courants de
Foucault pratiquement en phase
avec elles. Les courants de
Foucault passant dans l'entrefer du
deuxième circuit magnétique
créent, avec l'induction B2, un
couple qui fait tourner le disque. Il
en est de même des courants de
Foucault créés par I2 dans
l'induction B1. Soit C le couple qui
s'exerce sur le disque15:
Soit en régime permanent :
Pour la protection à
distance l'une des bobines
est reliée au transformateur
de courant, l'autre au
transformateur de tension.
Il en résulte une
caractéristique mho22.
L'équation conduisant au
déclenchement est22:
Le moment est alors
égal à zéro quand  vaut
+/-90°. On retrouve
l'angle droit décrit dans
le chapitre mho entre la
tension et ZI, qui décrit
un cercle dans le plan
RX8.
Elle était très utilisée
aux États-Unis et au
Royaume-Uni17.
Statique[modifier | m
odifier le code]
Un relais statique est un
relais constitué de
transistors,
d'amplificateurs
opérationnels et
de portes logiques23.
L'avantage des relais
statiques est que leur
temps de
déclenchement ne
dépend pas des valeurs
du courant et de la
tension en entrée. On
peut donc réduire la
taille des intervalles
sélectifs à une valeur
d'environ 150 ms. Leur
vitesse de
fonctionnement
moyenne est aux
alentours de 30 à
40 ms. Leur
consommation
d'énergie est
suffisamment faible
pour ne pas nuire à la
précision des
transformateurs de
courant et de tension
qui les alimentent.
Enfin, ils peuvent être
désensibilisés aux
harmoniques paires15.
Au niveau des défauts,
ils consomment autant
d'énergie au repos ou
lors des
déclenchements, il faut
donc adapter les
batteries des
accumulateurs en
conséquence. Ensuite,
ils sont sensibles aux
phénomènes
transitoires. En outre,
les signaux de détection
de défaut ne sont
élaborés qu'à deux
instants privilégiés de la
période. Si à ces
instants la grandeur
utilisée est entachée
d'erreur, la protection
peut émettre des ordres
erronés. C'est en
particulier le cas pour
les intensités lorsque
les réducteurs de
courant sont saturés. Il
faut donc souvent
remplacer les
transformateurs de
courant si de tels relais
sont utilisés15.
Numérique[modifier | 
modifier le code]
Un relais numérique
travaille avec un signal
discrétisé. Ils ont une
meilleure précision et
un temps de réponse
plus faible. La
sélectivité est
également améliorée,
même en cas de
défauts complexes. Ils
rendent aussi la
communication avec les
ordinateurs plus simple,
comme par exemple
pour l'intégration de la
protection dans un
système de commande
s, . Les relais
numérique moderne
combinent différentes
fonctions de protection,
telle que celle de
distance, mais aussi de
mesure24.
Les relais numériques
sont relativement
proches des relais
statique. Ils permettent
cependant
l'échantillonnage des
grandeurs d'entrée,
c'est-à-dire des trois
tensions, des trois
courants, et du courant
résiduel à titre de
contrôle, par exemple
40 fois par période.
Ceci permet de ne plus
faire les mesures
uniquement à des
instants privilégiés, au
passage par zéro de
grandeurs électriques,
mais de manière quasi -
continue, comme les
protections
électromécaniques. Des
vérifications
appropriées permettent
d'éliminer les mesures
faites lorsque les
transformateurs de
courant sont saturés.
De plus, ils peuvent
mémoriser les valeurs
des grandeurs sur le
réseau juste avant un
défaut. Cela permet de
faire des comparaisons
avec les valeurs lors du
défaut : une variation de
tension lui permet de
conclure à une mise en
route d'un générateur,
une variation d'intensité
permet de connaître la
phase affectée, une
variation de puissance
détermine la direction
du défaut15.
Finalement, les relais
numériques peuvent
acquérir des signaux
non électriques, comme
ceux optiques produits
par les transformateurs
de courant à effet
Faraday ou les
transformateurs de
tension à effet
Pockels15.

Coût[modifier | modifi
er le code]
Les relais de distance
sont des dispositifs
relativement coûteux,
cela explique s'ils soient
réservés à la protection
des lignes de haute
tension. J.L. Lilien parle
d'un prix approximatif
de 10 000 €20.

Fonctions
associées aux
protections de
distance[modifier | 
modifier le code]
Réenclencheur[mo
difier | modifier le code]
Les protections de
distances actuelles
intègrent en général
une fonction
réenclencheur. La
fonction réenclencheur
(ANSI 79) est destinée
à l’élimination des
défauts fugitifs et semi-
permanents de lignes
aériennes, qui sont
statistiquement
nombreux8, de l'ordre de
95 % des défauts15, en
limitant au minimum le
temps d’interruption de
service. Elle génère
automatiquement des
ordres de refermeture
de disjoncteur pour
réalimenter une ligne
aérienne après défaut,
et procède en plusieurs
étapes :

 à l’apparition du
défaut,
déclenchement du
disjoncteur pour
mise hors tension
du circuit,
 temporisation
nécessaire à la
reconstitution de
l’isolement à
l’endroit du défaut,
de l'ordre d'une
seconde.
 réalimentation du
circuit par
réenclenchement du
disjoncteur.
Si le réenclenchement
échoue, il est très
probable que le défaut
soit permanent et la
protection arrête de
réenclencher après une
ou plusieurs tentatives15.
L’activation du
réenclenchement est
assurée par les
protections des liaisons.
Le réenclencheur peut
être monophasé et/ou
triphasé7.
Autres
fonctions[modifier | 
modifier le code]
En dehors des fonctions
de réenclencheur, les
protections de distance
numériques intègrent
bien d'autres
fonctions : Protection à
maximum de courant,
protection
directionnelle,
protection directionnelle
de terre, etc.

Principaux
fabricants[modifier 
| modifier le code]
Les principaux
fabricants sont les
acteurs principaux sur
le marché des produits
haute
tension : ABB, Siemens, 
Schneider
Electric et Alstom Grid.
D'autres fabricants
existent : ZIV en
Espagne, General
Electric et SEL aux
États-Unis, Toshiba au
Japon. D'autres
fabricants ont disparu,
intégrés dans d'autres
groupes (Reyrolle dans
Siemens, Asea et BBC
dans ABB, AEG et
Enertec-Schlumberger
dans ce qui est devenu
Alstom Grid).

Bibliographie[mo
difier | modifier le code]
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travail B5.05, Moder
n techniques for
protectiong,
controlling and
monitoring power
transformers,
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, Numerical distance
protection, principle
and applications,
Erlangen,
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Références[modifie
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23. ↑ Ziegler 2011, p. 13
24. ↑ Ziegler 2011, p. 12

Traductions[modif
ier | modifier le code]

1. ↑ « self polarized »
2. ↑ « cross polarized »
3. ↑ « back-up »

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