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INTRODUCTION La question de savoir si et comment le commerce contribue à une croissance inclusive

reste une priorité pour les pouvoirs publics. Des décennies de libéralisation des échanges ont contribué
à réduire la pauvreté, s’accompagnant toutefois dans de nombreux pays d’un écart croissant entre
riches et pauvres (Draper, 2017; OCDE, 2015; Winters et Martuscelli, 2014). Bien que les économies
soient de plus en plus interconnectées, la croissance du commerce mondial semble stagner (OMC,
2019). Cela a amené certains à s’interroger sur la capacité du commerce à apporter des avantages à
tous. Les politiques qui stimulent la participation des femmes, des jeunes et d’autres groupes
marginalisés au commerce mondial peuvent rendre le commerce plus inclusif et promouvoir
l’autonomisation économique. Il est particulièrement pertinent aujourd’hui de mettre l’accent sur le rôle
des jeunes dans le commerce, étant donné que ces derniers représentent une part importante et
croissante de la population dans de nombreux pays en développement. On compte 1,2 milliard de
jeunes âgés de 15 à 24 ans dans le monde (DAES de l’ONU, 2015), mais 66 millions de jeunes hommes et
femmes sont au chômage et 145 millions ont un emploi mais sont en situation de pauvreté (ITC, 2019a).
Les jeunes ont trois fois plus de risques d’être touchés par le chômage que les adultes (OIT, 2017), ce qui
peut entraîner des pressions migratoires. Dans le même temps, les petites et moyennes entreprises
(PME) peinent à trouver les employés qualifiés dont elles ont besoin pour être compétitives et faire du
commerce. Bien que les PME représentent plus d’un tiers du produit intérieur brut (PIB) des pays en
développement, les pénuries de compétences limitent leur capacité à évoluer, à être compétitives et à
se connecter aux marchés clés. Les deux problèmes du chômage des jeunes et de la compétitivité des
PME peuvent et doivent être résolus ensemble. L’autonomisation économique des jeunes est un objectif
à lui seul: en effet, l’Objectif de développement durable (ODD) 8 appelle la communauté internationale
à assurer le “plein emploi productif et [un] travail décent” aux jeunes. Les jeunes se sentent autonomes
sur le plan économique lorsqu’ils ont des emplois bien rémunérés et intéressants. Cela a plus de chances
de se produire lorsque les entreprises sont compétitives et recrutent des jeunes. Étant donné que les
PME représentent la plupart des emplois dans les pays en développement, elles sont bien placées pour
embaucher des jeunes issus des populations locales et leur offrir une formation et une expérience sur le
tas, qui peuvent conduire à une carrière. De fait, l’ODD 8 souligne que la croissance des PME est vitale
pour le développement durable. Toutefois, pour croître et pouvoir embaucher dans l’économie
mondialisée actuelle, les petites entreprises doivent renforcer leur compétitivité et leur attractivité afin
que les jeunes les considèrent comme un choix de carrière viable. Dans ce chapitre, nous examinerons
les liens entre l’autonomisation économique des jeunes et la compétitivité internationale des petites
entreprises. Nous constaterons qu’il existe des synergies entre les objectifs d’autonomisation
économique des jeunes et de compétitivité des PME – autrement dit, la relation va dans les deux sens:
le renforcement des compétences des jeunes et l’innovation favorisent la compétitivité et les
exportations des PME, et des PME compétitives sur le plan international créent des emplois plus
nombreux et de meilleure qualité pour les jeunes. Nous évaluerons également les caractéristiques des
programmes d’autonomisation économique des jeunes qui sont essentielles pour les aider à trouver un
emploi rémunérateur dans de petites entreprises en tant que travailleurs ou entrepreneurs. PANORAMA
DE L’AIDE POUR LE COMMERCE 2019 : DIVERSIFICATION ET AUTONOMISATION ÉCONOMIQUES - ©
OCDE, OMC 2020 231 CHAPITRE 8. AUTONOMISER LES JEUNES POUR UN COMMERCE DURABLE
DONNER AUX ENTREPRISES LES MOYENS D’EXPORTER GRÂCE AUX COMPÉTENCES DES JEUNES
L’éducation et les compétences sont importantes pour le développement des jeunes, et elles influent
sur les résultats économiques et sociaux. Dans la littérature économique, le concept de capital humain
d’une personne englobe les capacités, l’éducation et les qualifications formelles (qu’elles soient
académiques ou professionnelles), ainsi que les aptitudes, les compétences et l’expérience
professionnelle (Blundell et al., 1999). Le capital humain des jeunes est particulièrement important,
compte tenu de leur rôle, actuel et futur, dans les économies nationales. Une personne sur trois dans le
monde aujourd’hui est âgée de moins de 25 ans (Khokhar, n.d.). Lorsque les taux de mortalité infantile
diminuent mais que les taux de fécondité restent élevés, il en résulte ce qu’on appelle l’explosion
démographique de la jeunesse, c’est-à-dire une forte proportion de jeunes dans le pays. Dans les 48
pays les moins avancés du monde, les enfants et les adolescents constituent la majorité de la population
(Gupta et al., 2014). En revanche, dans les pays développés, une plus faible proportion de la population
se situe dans la tranche d’âge des 15-29 ans: plus précisément 7 points de pourcentage de moins (Yifu
Lin, 2012). En 2014, 90% des jeunes de 10 à 24 ans vivaient dans des pays en développement (Gupta et
al., 2014). Lorsque les jeunes, qui sont de plus en plus nombreux, trouvent des emplois de qualité
correctement rémunérés, la société dans son ensemble profite de ce que l’on appelle le “dividende
démographique”. Toutefois, dans de nombreux cas, cela n’est pas le cas. Au Moyen-Orient et en Afrique
du Nord, par exemple, environ 25% des jeunes sont au chômage (Purfield et al., 2018) et les pays en
développement enregistrent fréquemment des taux de chômage à deux chiffres chez les jeunes (voir la
figure 8.1). L’Organisation internationale du travail estime que 13% des jeunes âgés de 15 à 24 ans sont
au chômage dans le monde (O’Higgins, 2017).

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