Nouvelles de l’hémicycle

Bernadette VERGNAUD
Députée européenne

Session plénière à Strasbourg du 7 au 10 mars 2011

N°79

La taxe sur les transactions financières a été approuvée par le Parlement

Pour la première fois, le Parlement européen a majoritairement voté en faveur d’une

résolution demandant l’instauration d’une taxe de 0,05% sur les transactions financières
(TTF). Après un vote négatif en commission des affaires économiques, l’opiniâtreté et la
force de conviction des députés de gauche ont joué un rôle déterminant pour s’assurer les
suffrages de quelques parlementaires libéraux et conservateurs (PPE) sensibles aux effets
dévastateurs causés par la crise du capitalisme. Cette nouvelle fiscalité pénaliserait les
opérations hautement spéculatives et permettrait de lever quasiment 200 milliards d’euros qui
seraient prioritairement utilisés pour l’aide au développement durable. Le texte précise qu’à
défaut d’accord mondial sur cette taxe, l’UE pourrait jouer un rôle précurseur et appliquer ce
nouvel impôt à son seul espace économique.

Enfin, ce rapport estime que la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale doivent être renforcés
et les paradis fiscaux combattus. Ces flux financiers illégaux coûteraient plus de 250 milliards
d’euros aux Etats membres de l’UE.
Je me réjouis qu’enfin l’Europe adresse un message politique clair de volonté de régulation
du système financier.

Réduction des inégalités de santé dans l’Union européenne

Les inégalités en matière de santé se traduisent par des écarts d’espérance de vie entre les
différentes populations de l’UE. Ces disparités s’expliquent par des déterminants
économiques, sociaux et culturels : les conditions et les modes de vie, l’éducation, la
profession, le revenu, la qualité des soins de santé et les politiques de prévention. Face à la
crise économique qui a aggravé la situation sociale et qui a eu des répercutions sur l’offre de
soins, le combat contre les inégalités de santé doit rester au cœur des préoccupations des
pouvoirs publics. Parmi les mesures préconisées par les députés, il faut noter: le renforcement
de la prévention, l’amélioration de l’accès aux soins pour tous, le soutien à la recherche
médicale…
Mon intervention avant le vote

« Comme rapporteure pour le groupe S&D (avis de la commission du marché intérieur) je me

félicite du texte adopté en commission de la santé et de l’environnement, qui reprend
beaucoup de mes propositions et celles d’autres commissions associées.

Le rapport met l’accent sur des éléments essentiels de notre modèle social et de santé
européen: égalité de l’accès à des soins de qualité pour tous sur l’ensemble du territoire,
meilleure prise en charge de la santé reproductive, contrôle de l’efficacité et de la qualité des
médicaments par des systèmes de pharmacovigilance indépendants, et avant tout la nécessité
d’un financement public conséquent pour la santé, en cette période de crise.

La santé n’est pas un bien comme un autre, et c’est un devoir de nos systèmes sociaux que
d’assurer l’accès aux soins aux plus démunis. Je ne puis donc que trouver effarant les votes de
suppression demandés par les groupes du PPE et de l’EFD sur les points précédemment
évoqués. Cette démarche a un parfum de néo-libéralisme réactionnaire, et j’espère que le vote
final sauvegardera l’esprit de ce rapport et fera honneur au Parlement. »

Fort heureusement, le vote final a sauvé l’essence du texte.

Politique industrielle européenne

En réponse à une communication de la Commission européenne, les députés ont approuvé un

rapport sur « la politique industrielle à l’ère de la mondialisation ». Il s’agit de concevoir une
nouvelle approche fondée sur une croissance durable, l’emploi et l’innovation. Les régions et
les PME ont un rôle essentiel à jouer dans ce nouveau dispositif. L’enjeu est de maintenir la
compétitivité de l’industrie européenne. La délégation socialiste française a insisté pour que
l’emploi figure au même niveau que l’inflation parmi les objectifs de la BCE. Nous avons
réitéré notre demande de création d’Eurobonds susceptibles de financer des infrastructures et
cette nouvelle politique industrielle. Enfin, nous avons exigé le conditionnement des aides aux
entreprises à l’engagement d’une implantation durable et proposé la création d’un fonds
européen d’adaptation à l’environnement pour soutenir les régions et les acteurs économiques
du secteur.

Le Parlement favorable à une nouvelle stratégie pour la « Région

Atlantique »

Suite à la question orale posée par quelques députés de l’ouest européen -comme moi- à la
Commission pour une "Stratégie européenne pour la région atlantique", le Parlement a voté
largement une résolution qui invite la Commission à proposer d'ici juin 2011 une stratégie qui
articulerait la politique maritime et les enjeux de cohésion territoriale. Les députés estiment
qu’une nouvelle stratégie pour les pays, les régions et les communes de la façade atlantique
devrait couvrir les domaines suivants : énergies marines, environnement, pollution, transports
(autoroutes de la mer), sécurité, recherche et tourisme.
Une semaine de présence en moins à Strasbourg
Les députés ont majoritairement approuvé les calendriers des sessions plénières 2012 et 2013.
Ces calendriers prévoient de remplacer deux semaines de travail à Strasbourg par une semaine
organisée en 2 sessions successives de 2 jours. Or, les traités fixent à 12 le nombre de sessions
plénières mensuelles qui doivent se tenir dans la capitale alsacienne.

Avec de nombreux députés français et allemands, j’ai rejeté cette modification qui cherche
subrepticement à dévaloriser le siège officiel du Parlement européen. Afin de faire respecter
les traités et le symbole que représente Strasbourg pour la construction européenne, la France
n’exclut pas de saisir la cour de justice de l’UE…Néanmoins, je pense qu’il est nécessaire
d’envisager des économies de fonctionnement et de rationaliser le travail des administrations
européennes.

Le Parlement ne se réunit pas au mois d’août. Cette session est généralement reportée au mois
de septembre, mois au cours duquel, les députés se réunissent 2 semaines à Strasbourg.