Algèbre
H. EL BOUZID
Semestre 2
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N.B. : ce polycopié n’est pas complet en ce sens qu’il ne comprend pas les démonstrations
des résultats présentés ainsi que les solutions des exercices et exemples proposés, ces points
seront traités en détail pendant les séances du cours.
Chapitre 1
La notion d’ensemble est une notion qui évoque l’idée d’un groupement ou d’une collection
d’objets, appelés éléments de l’ensemble. En général, un ensemble est constitué d’éléments
susceptibles de posséder certaines propriétés.
Exemples
Inclusion
Soient E et F deux ensembles. On dit que F est inclus dans E, ou que F est une partie
de E, lorsque tout élément de F appartient à E et on écrit F ⊂ E. Ainsi,
F ⊂ E ⇔ (∀x, x ∈ F ⇒ x ∈ E).
Remarquons qu’on a
(F ⊂ E et E ⊂ G) ⇒ F ⊂ G,
1
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 2
(F ⊂ E et E ⊂ F ) ⇔ E = F.
Complémentaire
A = {x/ x ∈ E et x ∈
/ A}.
Considérons toutes les parties d’un ensemble E, elles constituent un nouvel ensemble
appelé ensemble des parties de E et noté P(E), on a donc
A ⊂ E ⇔ A ∈ P(E).
P(E) = {∅, {1}, {2}, {3}, {1, 2}, {1, 3}, {2, 3}, E}.
x ∈ A ∩ B ⇔ (x ∈ A et x ∈ B).
Lorsque l’intersection de A et B est vide, on dit que A et B sont disjoints ; dans le cas
contraire, on dit que A et B se rencontrent.
On appelle réunion de A et B, que l’on note A ∪ B (on lit A union B), l’ensemble des
éléments appartenant à A ou à B :
x ∈ A ∪ B ⇔ (x ∈ A ou x ∈ B).
— A ∩ B = B ∩ A et A ∪ B = B ∪ A (commutativité de ∩ et ∪).
— (A ∩ B) ∩ C = A ∩ (B ∩ C) et (A ∪ B) ∪ C = A ∪ (B ∪ C) (associativité de ∩ et ∪).
— L’intersection est distributive par rapport à la réunion et la réunion est distributive
par rapport à l’intersection, c’est-à-dire
A ∩ (B ∪ C) = (A ∩ B) ∪ (A ∩ C),
A ∪ (B ∩ C) = (A ∪ B) ∩ (A ∪ C).
— A ∩ A = A et A ∪ A = A.
— A ⊂ B ⇔ B ⊂ A.
— A ∪ B = A ⇔ B ⊂ A.
— A ∩ B = A ⇔ A ⊂ B.
— A ∩ B = A ∪ B.
— A ∪ B = A ∩ B.
Considérons un ensemble E et une famille (Fi )i∈I de parties de E (indexée par l’ensemble
\
I), on appelle intersection de la famille (Fi )i∈I que l’on note : Fi , la partie de E telle
i∈I
que chacun de ses éléments appartienne à tous les ensembles Fi , i ∈ I. On peut donc
écrire
\
Fi = {x ∈ E/ ∀i ∈ I, x ∈ Fi }.
i∈I
[
La réunion de la famille (Fi )i∈I que l’on notera Fi est définie comme étant la partie de
i∈I
E telle que chacun de ses éléments appartienne à au moins un des ensembles Fi , i ∈ I.
On écrit alors
[
Fi = {x ∈ E/ ∃i ∈ I, x ∈ Fi }.
i∈I
On appelle partition d’un ensemble E toute famille de parties de E, qui sont non vides,
deux à deux disjointes et dont la réunion est l’ensemble E.
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 4
Produit cartésien
Etant donné deux ensembles E et F , on définit un nouvel ensemble appelé produit cartésien
de E par F que l’on note E × F , formés de couples (x, y) dont le premier élément x est
un élément quelconque de E, et le second y un élément quelconque de F :
E × F = {(x, y)/ x ∈ E, y ∈ F },
Deux n-uplets sont égaux si et seulement si leurs coordonnées de même rang sont égales.
Exemple
seulement si (x, y) ∈ Γ, ce que l’on note x R y. Enfin, si E = F , cette relation sera dite
relation binaire sur E.
Exemples
1. La relation x = x dans un ensemble E est une relation binaire, dont le graphe est donné
par :
Γ = {(x, x)/ x ∈ E}.
Cet ensemble Γ est appelé diagonale de E × E.
2. L’inclusion entre parties d’un même ensemble E est une relation binaire sur P(E), son
graphe est défini par la propriété : (A, B) ∈ Γ si A ⊂ B.
Donnons maintenant les propriétés principales d’une relation binaire sur un ensemble E.
A titre d’exemple, on peut vérifier aisément que l’inclusion (exemple 2 ci-dessus) est une
relation reflexive, antisymétrique et transitive.
Une relation binaire R sur un ensemble E est une relation d’équivalence si elle est à la fois
reflexive, symétrique et transitive. Si on a x R y, on dit que x est équivalent à y (modulo
la relation R) et on écrit
x ≡ y (modulo R).
L’ensemble des éléments de E équivalents (modulo R) à un élément x de E est appelé
classe d’équivalence (modulo R) de x, on la note ẋ :
ẋ = {y ∈ E/ y ≡ x (modulo R)}
Une relation binaire R sur E est une relation d’ordre si elle est à la fois reflexive, antisy-
métrique et transitive.
On dit qu’une relation d’ordre R définit sur E un ordre total si quels que soient x et y
dans E, on a
x R y ou y R x,
c’est-à-dire que les éléments de E sont comparables deux à deux pour l’ordre défini par la
relation R. Ainsi, E est dit totalement ordonné par R ou que E possède une structure
d’ordre total.
S’il existe deux éléments de E non comparables, on dit que la relation d’ordre est partielle.
Enfin, une relation d’ordre se note en général par le symbole “≤” (qui n’est pas forcément
l’ordre usuel sur les nombres réels) au lieu de R.
Exemples
2. E étant un ensemble contenant plus d’un élément, sur P(E), la relation A ⊂ B (inclu-
sion des parties) est une relation d’ordre partielle.
Après avoir introduit cette notion de relation d’ordre sur les ensembles, on va maintenant
donner la définition de quelques éléments remarquables d’un ensemble ordonné.
Pour terminer cette section, on définit la borne supérieure d’une partie A comme étant
le plus petit élément de l’ensemble des majorants de A, on la note sup(A) ; et la borne
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 7
Exemples
3. Un intervalle ouvert ]a, b[ de R n’a ni un plus petit élément ni un plus grand élément,
mais il possède une borne supérieure qui est b et une borne inférieure qui est a.
Etant donné deux ensembles E et F , une application (ou fonction) f de E dans F est une
correspondance qui associe à tout élément x de E un et un seul élément y de F appelé
image de x par f que l’on note f (x). On écrit
f :E → F
x 7→ f (x).
G = {(x, y) ∈ E × F/ y = f (x)}.
Toute application d’un ensemble E dans l’ensemble des nombres réels R est dite fonction
numérique (ou réelle) et si en particulier E est une partie de R, f porte le nom de fonction
numérique d’une variable réelle.
f :A×B → C
(x, y) 7→ f (x, y)
∀x ∈ E, f (x) = g(x).
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 8
f g
E G
gof
On écrit alors f = g.
Exemples
1. L’application définie sur E et qui fait correspondre à tout élément de E une même
valeur c est dite application constante.
2. L’application de E dans E qui associe à tout élément x de E cet élément lui même est
appelée application identique (ou identité) de E, on la note idE (∀x ∈ E, idE (x) = x).
Exemple
g◦f :R → R
√
1+x2
x 7→ e .
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 9
Remarque
Soient E et F deux ensembles ordonnés par une relation notée avec le même symbole ≤
(l’ordre strict sera noté < 1 ) et f une application de E dans F . On dit que
— f est croissante si ∀x, y ∈ E, x ≤ y ⇒ f (x) ≤ f (y) ;
— f est strictement croissante si ∀x, y ∈ E, x < y ⇒ f (x) < f (y) ;
— f est décroissante si ∀x, y ∈ E, x ≤ y ⇒ f (x) ≥ f (y) ;
— f est strictement décroissante si ∀x, y ∈ E, x < y ⇒ f (x) > f (y) ;
— f est monotone si f est croissante ou décroissante ;
— f est strictement monotone si f est strictement croissante ou strictement décrois-
sante.
∀y ∈ F, ∃x ∈ E, y = f (x).
Remarque
Une manière équivalente pour affirmer qu’une application f est bijective est
∀y ∈ F, ∃!x ∈ E, y = f (x),
1. x < y signifie que x ≤ y et x 6= y. Notons qu’ici, on donne une définition générale et ces symboles
ne désignent pas uniquement l’ordre usuel des nombres réels.
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 10
ce qui signifie que tout élément de F admet un et un seul antécédent dans E par l’appli-
cation f .
y = f (x) ⇔ x = f −1 (y).
Exemples
1. L’application f : R → R définie par f (x) = x2 n’est pas injective car par exemple, on
a f (−1) = f (1).
Cette application n’est pas surjective car ∀x ∈ N, f (x) = x2 6= 2. Ce qui signifie que
l’élément 2 de N n’admet pas d’antécédent dans N.
f −1 : Z → Z
x 7→ x − 1.
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 11
f (A) = {y ∈ F/ ∃x ∈ A, y = f (x)}.
Remarques
– Dans cette définition, f −1 (B) est sous-ensemble de E qui peut être défini même si
l’application f n’est pas supposée bijective.
– f est surjective si et seulement si f (E) = F .
Chapitre 2
Espaces vectoriels
L’ensemble Rn , comme nous l’avons déjà défini dans le premier chapitre, est formé de
n-uplets (couples si n = 2, triplets si n = 3...), appelés vecteurs, de la forme x =
(x1 , x2 , . . . , xn ) avec xi ∈ R pour i ∈ {1, . . . , n} 1 .
(x1 , x2 , . . . , xn ) = (y1 , y2 , . . . , yn ) ⇔ xi = yi , i = 1, . . . , n.
On munit l’ensemble Rn
∀x = (x1 , x2 , . . . , xn ) ∈ Rn , ∀y = (y1 , y2 , . . . , yn ) ∈ Rn ,
x + y = (x1 + y1 , x2 + y2 , . . . , xn + yn ) ;
– d’une loi de composition externe notée “.”, application de R × Rn dans Rn , appelée
multiplication par un scalaire, définie par :
∀λ ∈ R, ∀x = (x1 , x2 , . . . , xn ) ∈ Rn ,
1. Faire attention à ne pas confondre x qui est un vecteur et xi qui est un nombre réel.
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Algèbre – S2, H. EL BOUZID 13
De façon générale, on a :
Définition 2.1.1 On appelle espace vectoriel sur R tout ensemble muni d’une loi de
composition interne vérifiant les propriétés 1 à 4 et d’une loi de composition externe
vérifiant les propriétés 5 à 8.
Exemples
m
(λai )xi ∈ Pm , λ ∈ R.
X
λP (x) =
i=0
2. L’espace vectoriel des applications de Rm dans Rn noté F(Rm , Rn ), muni des deux
opérations :
s = f + g ⇔ ∀x ∈ Rm , s(x) = f (x) + g(x),
h = λf ⇔ ∀x ∈ Rm , h(x) = λf (x), λ ∈ R.
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Définition 2.2.1 Soit F une partie non vide d’un espace vectoriel réel 2 E. On dit que
F est un sous-espace vectoriel de E si
1. ∀x, y ∈ F, x + y ∈ F (F est stable pour la loi “ +”) ;
2. ∀x ∈ F et ∀λ ∈ R, λx ∈ F (F est stable pour la loi “.”).
Remarques
∀x, y ∈ F, ∀α, β ∈ R, αx + βy ∈ F.
Exemples
Proposition 2.2.1 L’intersection de deux sous-espaces vectoriels d’un même espace vec-
toriel est un sous-espace vectoriel.
Remarque
Exemple
E2 = {(0, x2 )/ x2 ∈ R}.
Soient (x1 , 0) ∈ E1 et (0, x2 ) ∈ E2 . On a
(x1 , 0) ∈ E1 ∪ E2 et (0, x2 ) ∈ E1 ∪ E2 ,
Soit {v1 , v2 , . . . , vp } une famille d’un espace vectoriel E sur R. On dit qu’un vecteur v de E
est combinaison linéaire des vecteurs vi s’il existe une famille de scalaires {λ1 , λ2 , . . . , λp }
telle que
p
X
v= λi vi = λ1 v1 + λ2 v2 + . . . + λp vp .
i=1
Exemple
Le vecteur
Exemples
1. Montrer que les vecteurs u = (2, 1), v = (−1, 2) et w = (1, 3) constituent une famille
génératrice de R2 .
2. Dans l’espace vectoriel R3 , on considère les deux vecteurs v1 = (2, 3, 4) et v2 = (0, 1, 2).
Déterminer le sous-espace F1 engendré par les vecteurs v1 et v2 .
3. Donner une famille génératrice pour chacun de ces deux sous-espaces vectoriels de R3
suivants :
F2 = {(x, y, z) ∈ R3 / x + 3y − 2z = 0},
F3 = {X ∈ R3 / X = (a − b, 2a + 3b, b); a, b ∈ R}.
4. Déterminer l’intersection des sous-espaces vectoriels F1 et F2 des exemples précédents.
Théorème 2.4.1 Soient E1 et E2 deux sous-espaces vectoriels d’un espace vectoriel (E, +, .)
sur R. La somme
E1 + E2 = {x1 + x2 / x1 ∈ E1 et x2 ∈ E2 }
des deux sous-espaces vectoriels E1 et E2 est un sous-espace vectoriel de E.
Définition 2.4.1 Soient E1 et E2 deux sous-espaces vectoriels d’un espace vectoriel (E, +, .)
sur R. On dit que E1 et E2 sont deux sous-espaces vectoriels supplémentaires de E si
on a
E = E1 + E2 avec E1 ∩ E2 = {0E }.
On dit aussi que E est somme directe des sous-espaces vectoriels E1 et E2 et on note
E = E1 ⊕ E2 .
x = x1 + x2 avec x1 ∈ E1 et x2 ∈ E2 . (2.1)
Exemples
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 17
Définition 2.5.1 On dit que la famille {v1 , v2 , . . . , vp } de vecteurs de E est une famille
libre (ou que les vecteurs vi pour i = 1, . . . , p sont linéairement indépendants) si la
relation
λ1 v1 + λ2 v2 + . . . + λp vp = 0E (2.2)
entraîne λ1 = λ2 = . . . = λp = 0.
Si la famille {v1 , v2 , . . . , vp } n’est pas libre, on dit qu’elle est liée (ou que les vecteurs vi
pour i = 1, . . . , p sont linéairement dépendants), il existe alors des scalaires λi non tous
nuls tels que la relation (2.2) soit vérifiée.
Définition 2.5.2 (rang d’un système de vecteurs) On appelle rang d’un système
de vecteurs le nombre maximum de vecteurs linéairement indépendants que l’on peut ex-
traire de ce système de vecteurs.
Exemple
Définition 2.5.3 On dit que p vecteurs v1 , v2 , . . . , vp d’un espace vectoriel E forment une
base de E si la famille {v1 , v2 , . . . , vp } est une famille libre et génératrice.
Dans un espace vectoriel E, toutes les bases ont un même nombre de vecteurs. Ce nombre
est appelé dimension de E, on le note dim E et on a par convention dim{0E } = 0.
Remarque
Exemples
Chaque vecteur x = (x1 , x2 , . . . , xn ) s’écrit d’une façon unique comme combinaison linéaire
de cette famille de vecteurs :
x = x1 e1 + x2 e2 + . . . + xn en .
2. Montrer que la famille F = {(1, 1, 1), (1, −1, 1), (1, 1, −1)} est une base de R3 . Exprimer
le vecteur (0,2,2) dans cette base.
F = {(x, y, z) ∈ R3 / x − 2y + z = 0}.
Ainsi, si on reprend l’exemple 2 précédent, pour montrer que la famille {(1, 1, 1), (1, −1, 1),
(1, 1, −1)} est une base de R3 (dim R3 = 3 et la famille en question contient 3 vecteurs),
il suffit de montrer qu’elle est libre ou qu’elle est génératrice.
Remarques
– Toute famille libre d’un espace vectoriel de dimension n comporte au plus n vecteurs.
– Toute famille génératrice d’un espace vectoriel de dimension n comporte au moins n
vecteurs.
Chapitre 3
Applications linéaires
Définition 3.1.1 Etant donné deux espaces vectoriels E et F sur R, on appelle appli-
cation linéaire de E dans F toute application f : E → F vérifiant
1. ∀x, y ∈ E, f (x + y) = f (x) + f (y) ;
2. ∀x ∈ E, ∀λ ∈ R, f (λx) = λf (x).
Remarques
– De manière générale, on a
∀Xi ∈ E, ∀λi ∈ R, i = 1, . . . , p (p quelconque),
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Algèbre – S2, H. EL BOUZID 21
1. E = F = R3 , f (x, y, z) = (x − y, 2x + z, 3y + 1).
2. E = R3 , F = R2 , f (x, y, z) = (3x − z, xy + z).
3. E = R3 , F = R2 , f (x, y, z) = (x − 2z, 5y + z).
Avant de commencer l’étude de quelques propriétés des applications linéaires, nous don-
nons la définition de ce qu’on appelle une forme linéaire.
Définition 3.1.2 Etant donné un espace vectoriel E sur R, toute application linéaire de
E dans R est appelée forme linéaire définie sur E. L’ensemble des formes linéaires
définies sur E est appelé dual de E et est noté E ∗ .
Proposition 3.2.1 Soient E, F et G trois espaces vectoriels sur R. Si f est une appli-
cation linéaire de E dans F et g une application linéaire de F dans G, alors l’application
composée g ◦ f est une application linéaire de E dans G.
ker f = {x ∈ E/ f (x) = 0F } ;
Im f = {y ∈ F/ y = f (x), x ∈ E}.
1. Rappelons que f (A) et f −1 (B) désignent respectivement l’image directe de A et l’image réciproque
de B définies dans le chapitre 1.
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 22
Remarque
Proposition 3.2.5 L’image par une application linéaire d’un système lié est un système
lié.
Remarque
L’image d’une famille libre de E par une application linéaire n’est pas en général une
famille libre de F .
Proposition 3.2.6 L’image d’une partie génératrice de E par une application linéaire
est une partie génératrice de f (E).
Théorème 3.2.1 Soit f une application linéaire d’un espace vectoriel E de dimension
finie dans un espace vectoriel F . Alors on a
Proposition 3.2.7 Si f est une application linéaire d’un espace vectoriel réel E dans un
espace vectoriel réel F de dimensions finies. Alors
1. rg(f ) = dim E si et seulement si f est injective.
2. rg(f ) = dim F si et seulement si f est surjective.
Proposition 3.2.8 Soit f une application linéaire de E dans F , E et F étant deux es-
paces vectoriels réels de même dimension finie. Les propriétés suivantes sont équivalentes :
1. f est injective ;
2. f est surjective ;
3. f est bijective.
Exemple
Nous allons terminer cette étude des propriétés des applications linéaires par le théorème
suivant qui précise la structure de l’ensemble de toutes les applications linéaires d’un
espace vectoriel E dans un autre espace vectoriel F .
Théorème 3.2.2 E et F étant deux espaces vectoriels sur R, l’ensemble des applications
linéaires de E dans F , noté L(E; F ), a une structure d’espace vectoriel pour les deux lois
de composition définies de la façon suivante : pour tous f , g dans L(E; F ) et λ dans R,
Matrices
4.1 Généralités
Définition 4.1.1 Etant donné deux entiers strictement positifs m et n, on appelle ma-
trice à m lignes et n colonnes, une famille {aij } d’éléments de R, où i ∈ {1, . . . , m} et
j ∈ {1, . . . , n}, notée A = (aij )1≤i≤m et est représentée par le tableau
1≤j≤n
a11 a12 . . . a1n
a21 a22 . . . a2n
A=
.. ..
. .
am1 am2 . . . amn
Les nombres réels aij sont appelés les coefficients (ou les termes) de la matrice A, l’indice
i s’appelle indice de ligne, j indice de colonne ; aij est ainsi le coefficient qui se trouve sur
la i-ème ligne et la j-ème colonne.
Une matrice à m lignes et n colonnes est dite matrice de type (m, n) et l’ensemble de
toutes les matrices de type (m, n) est noté M(m, n).
– Si m = n, on dit que A est une matrice carrée d’ordre n ; les éléments aii , i ∈ {1, . . . , n}
sont appelés éléments diagonaux de la matrice A et la famille {aii } est la diagonale
principale de A.
– Si m = 1, on dit que A est une matrice ligne (ou uniligne).
– Si n = 1, on dit que A est une matrice colonne (ou unicolonne).
24
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 25
Exemples
1 0 2 −1
5 3 0 −2 est une matrice de type (3,4).
−1 0 4 5
Une matrice dont tous les coefficients sont nuls (aij = 0, ∀i, j) est dite matrice nulle.
c’est-à-dire que les termes qui sont situés strictement au-dessus de la diagonale sont tous
nuls ;
et triangulaire supérieure si
c’est-à-dire que les termes qui sont situés strictement en-dessous de la diagonale sont tous
nuls.
– On dit que A est une matrice diagonale si aij = 0 pour tous i et j tels que i 6= j ;
autrement dit, seuls les termes qui se trouvent sur la diagonale de A sont non nuls. En
particulier, si tous les termes diagonaux sont égaux à 1 et tous les autres sont nuls, cette
matrice porte le nom de matrice unité (ou matrice identité) d’ordre n et est notée In .
a11 a a12 . . . a1n
11
a21 a22
a22 a2n
.. ..
. .
. . ..
. .
an1 an2 . . . ann ann
a11 1
a22
1
..
In =
..
. .
ann 1
Notons que dans cette écriture, par exemple pour la première matrice, la partie strictement
au-dessus de la diagonale – qu’on a laissée vide – ne contient que des zéros.
Soit A une matrice de type (m, n). On appelle rang de la matrice A et on note rg(A), le
rang du système de ses vecteurs colonnes (ou lignes).
La trace d’une matrice carrée A = (aij ) d’ordre n est égale à la somme des termes situés
sur la diagonale principale. Si on note tr(A) la trace de la matrice A, on a
n
X
tr(A) = aii .
i=1
L’application f est donc déterminée de façon unique par la donnée des n vecteurs images
f (e1 ), f (e2 ), . . . , f (en ) (dans F ) ; autrement dit, il suffit de connaître ces derniers vecteurs
pour déterminer l’image par f de tout vexteur X de E.
Par conséquent, si on reporte ces expressions dans (4.1), on aura en utilisant une écriture
matricielle,
a11 a12 . . . a1n x1
a21 a22 . . . a2n x2
f (X) = .
..
..
.. . .
am1 am2 . . . amn xn
C’est-à-dire qu’on obtient la relation
f (X) = M (f ; B, B 0 )X,
où M (f ; B, B 0 ) = (aij )1≤i≤m est une matrice de type (m, n) appelée matrice associée à f
1≤j≤n
relativement aux bases B et B 0 . Si E et F sont munis de leurs bases canoniques, on la
note tout simplement M (f ). Enfin, notons que la colonne j de la matrice M (f ; B, B 0 ) est
constituée des coordonnées du vecteur f (ej ) dans la base B 0 .
Exemples
Egalité
aij = bij .
ce qui signifie que la matrice somme 1 A + B est obtenue en additionnant les coefficients
de même rang de A et de B. Cette matrice représente l’application linéaire f + g.
L’opération interne qu’on vient de définir sur M(m, n) est appelée somme des matrices.
λA = (λaij )1≤i≤m ,
1≤j≤n
c’est-à-dire que le produit λA est obtenu en multipliant chacun des coefficients de A par
le scalaire λ. Cette matrice représente l’application linéaire λf .
1. La somme de deux matrices A et B n’est possible que si A et B sont de même type.
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 29
L’opération externe ainsi définie sur M(m, n) est appelée multiplication des matrices par
un scalaire.
Exemple
Proposition 4.3.1 L’ensemble M(m, n) muni de ces deux lois est un espace vectoriel de
dimension mn.
Démonstration
On vérifie sans peine que les huit propriétés qui définissent un espace vectoriel sont toutes
satisfaites (voir définition 2.1.1 du chapitre 2).
Soit Eij la matrice de M(m, n) qui a tous ses coefficients nuls sauf celui situé à l’inter-
section de la ligne i et la colonne j qui vaut 1. Alors toute matrice A = (aij ) de M(m, n)
s’écrit de manière unique sous la forme
X
A = (aij ) = aij Eij .
i,j
L’espace vectoriel M(2, 2) des matrices carrées d’ordre 2 est de dimension 4, sa base
canonique {E11 , E12 , E21 , E22 } est telle que
1 0 0 1
E11 = , E12 = ,
0 0 0 0
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 30
0 0 0 0
E21 = et E22 = .
1 0 0 1
a11 a12
Toute matrice A = de M(2, 2) s’écrit dans cette base sous la forme
a21 a22
Produit de matrices
Ce terme cij résulte du produit de la i-ème ligne de B par la j-ème colonne de A, obtenu en
multipliant les termes de même rang de cette ligne et de cette colonne, et en additionnant
les résultats de ces m multiplications. Le produit BA n’est possible que si le nombre de
colonnes de B est égal au nombre de lignes de A.
Le produit BA est une matrice de type (p, n) qui représente l’application linéaire g ◦ f ∈
L(E; G).
Exemple
(AB)C = A(BC) ;
2. Sous réserve que ces produits soient possibles.
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 31
et (B1 + B2 )A = B1 A + B2 A ;
— si A est une matrice de type (m, n), alors
Im A = A et AIn = A,
0A1 = 0 et A2 0 = 0.
Remarque
Soit A = (aij ) une matrice dans l’ensemble M(m, n). On appelle transposée de A, la
matrice B = (bij ) 1≤i≤n ∈ M(n, m) définie par :
1≤j≤m
bij = aji ,
alors
1 0
t
2 −1 ∈ M(3, 2).
A=
3 5
Une matrice A telle que tA = A est appelée matrice symétrique, ses coefficients vérifient
la relation aij = aji , ∀i, j. Par exemple
1 2 3
A = 2 −1 4
3 4 0
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 32
Si une matrice A est telle que tA = −A, on dit qu’elle est antisymétrique.
1. t (tA) = A.
2. t (A + B) = tA +tB.
3. t (λA) = λ(tA).
4. t (AB) = tB tA.
Définition 4.4.1 Une matrice carrée A d’ordre n est dite inversible (ou régulière) s’il
existe une matrice carrée B d’ordre n telle que
AB = BA = In .
Dans la suite, nous présenterons deux méthodes pour déterminer l’inverse d’une matrice
inversible, la première en faisant appel aux déterminants (cf. chapitre 5) et la deuxième
en utilisant une méthode dite du pivot de Gauss (cf. chapitre 6).
3. Sous réserve que tous les termes qui vont suivre soient bien définis.
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 33
Matrice de passage
Remarques
Exemple
La matrice de passage de la base canonique B = {e1 , e2 , e3 } à la base B 0 = {(1, 1, 1), (1, 2, 3),
(1, 3, 6)} de R3 est
1 1 1
P = 1
.
2 3
1 3 6
Le problème auquel on s’intéresse ici est de trouver une relation qui lie les les anciennes
coordonnées xi dans la base B et les nouvelles coordonnées x0i dans la base B 0 du vecteur
X.
Soit P = (aij )1≤i,j≤n la matrice de passage de la base B à la base B 0 . Nous avons alors la
relation suivante :
x1 x01 a11 . . . a1j . . . a1n x0
1
x2
x02
x2
a21 . . . a2j . . . a2n 0
.. =P
.. =
.. .. .. ..
.
. . . . .
.
xn x0n an1 . . . anj . . . ann x0n
Ce qui signifie que les coordonnées de X dans la base B s’expriment en fonction de ses
coordonnées dans la base B 0 et inversement :
x01 x1
x02
−1
x2
.. = P .. .
. .
x0n xn
Exemple
Dans l’exemple précédent, le vecteur X = 3e01 − 2e02 + e03 a pour coordonnées dans la base
canonique B = {e1 , e2 , e3 }
x1 3 1 1 1 3 2
x = P −2 = 1 2 3 −2 = 2 .
2
x3 1 1 3 6 1 3
Soit f une application linéaire d’un espace vectoriel E réel de dimension n dans lui-même.
B = {e1 , e2 , . . . , en } et B 0 = {e01 , e02 , . . . , e0n } étant deux bases de E. Notons par :
— P la matrice de passage de la base B à la base B 0 ;
— A la matrice associée à l’application linéaire f relativement à la base 4 B ;
— A0 la matrice associée à l’application linéaire f relativement à la base B 0 .
Nous avons alors la relation suivante qui lie les deux matrices A et A0 :
A0 = P −1 AP.
Enfin, on dit que deux matrices carrées A et B d’ordre n sont semblables s’il existe une
matrice carrée P , d’ordre n, inversible telle que
B = P −1 AP.
4. Notons que là, l’ensemble de départ et l’ensemble d’arrivée sont tous les deux munis de la base B.
Chapitre 5
Déterminants
(∀i = 1, 2, . . . , n) fi : xi 7→ f (x1 , x2 , . . . , xi , . . . , xn )
soient linéaires.
La linéarité des applications partielles fi signifie que f est linéaire par rapport à chacun
de ces arguments, c’est-à-dire, quels que soient les vecteurs xi et yi de Ei , le scalaire λ,
on a
f (x1 , x2 , . . . , xi + yi , . . . , xn ) = f (x1 , x2 , . . . , xi , . . . , xn )
+f (x1 , x2 , . . . , yi , . . . , xn ),
36
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 37
D’autre part, comme f est également linéaire par rapport à son deuxième argument,
Définition 5.1.2 On appelle forme multilinéaire sur E1 ×E2 ×. . .×En une application
multilinéaire f de E1 × E2 × . . . × En dans R (c’est-à-dire lorsque F = R). Si n = 2, f
est dite forme bilinéaire.
Pour pouvoir définir ce qu’on appellera déterminant, il nous reste à introduire la notion
de forme multilinéaire alternée.
Définition 5.1.3 Etant donné un espace vectoriel E, une forme multilinéaire f sur E n
est dite alternée si l’on a
f (x1 , . . . , xi , . . . , xn ) = 0
pour tout (x1 , . . . , xi , . . . , xn ) tel qu’il existe des indices i et j distincts vérifiant xi = xj .
f (x1 , . . . , xi , . . . , xj , . . . , xn ) = −f (x1 , . . . , xj , . . . , xi , . . . , xn ).
Proposition 5.1.2 Une forme multilinéaire alternée n’est pas modifiée si on ajoute à l’un
de ses vecteurs une combinaison linéaire des autres :
X
f (x1 , . . . , xi + λj xj , . . . , xn ) = f (x1 , . . . , xi , . . . , xn ).
j6=i
f (x1 , x2 , . . . , xn ) = 0.
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 38
5.2 Déterminant
Définition 5.2.1 Soit E un espace vectoriel de dimension n sur R. Il existe une et une
seule forme multilinéaire alternée définie sur E n , notée det(.) et telle que
det(e1 , e2 , . . . , en ) = 1
det(x1 , x2 , . . . , xn ).
Notation
a11 . . . a1j . . . a1n
.. ..
. .
det(x1 , x2 , . . . , xn ) = ai1 . . . aij . . . ain = |aij |.
.. ..
. .
an1 . . . anj . . . ann
L’ordre d’un déterminant est le nombre de ses lignes ou de ses colonnes.
Le déterminant d’une matrice A = (aij ) est noté det(A) ou |aij |.
Terminons cette section par un résultat d’une grande importance, qui permet d’associer le
fait qu’un système de n vecteurs d’un espace vectoriel E de dimension n est libre ou non
à une condition sur le déterminant de ces vecteurs, cela fera l’objet du théorème suivant.
det(x1 , x2 , . . . , xn ) 6= 0.
c’est-à-dire que
1
det(A−1 ) = .
det(A)
3. Un déterminant est nul
— si une ligne (ou colonne) est nulle ;
— si deux lignes (ou colonnes) sont identiques ou proportionnelles ;
— si une de ses lignes (ou colonnes) est combinaison linéaire des autres.
4. Dans un déterminant, si tous les éléments d’une colonne j (ou ligne), sont de la forme
λaij , i = 1, . . . , n avec λ ∈ R, alors ce déterminant est égal λ multiplié par le déterminant
dont la j-ème colonne est formée des éléments aij , les autres colonnes sont identiques au
déterminant initial. Soit
. . . λa1j . . .
. . . a1j . . .
. . . λa2j . . .
. . . a2j . . .
= λ
.. .. .. ..
. . . .
. . . λanj . . . . . . anj . . .
5. La valeur d’un déterminant change de signe lorsqu’on échange deux lignes (ou colonnes).
6. Si dans un déterminant on ajoute à une ligne (ou colonne) une combinaison linéaire
des autres lignes, sa valeur reste inchangée.
7. Si tous les éléments de la colonne j (ou ligne) d’un déterminant sont de la forme
ai + bi , i = 1, . . . , n, alors ce déterminant est égal à la somme de deux déterminants dont
les colonnes j sont constituées respectivement des éléments ai et bi , les autres colonnes
restent inchangées. Soit
. . . a1 + b1 . . . . . . a1 . . . . . . b1 . . .
. . . a2 + b2 . . . . . . a2 . . . . . . b2 . . .
.. .. = .. .. + .. ..
. . . . . .
. . . an + bn . . . . . . an . . . . . . bn . . .
Notons que ces propriétés découlent immédiatement de la théorie des formes multilinéaires
alternées que nous avons étudiée dans la section 1.
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 40
Soit A = (aij )1≤i,j≤n une matrice carrée d’ordre n, le déterminant de A peut être développé
selon la i-ème ligne :
n
X
det(A) = aij ∆ij
j=1
Exemples
a11 a12 a13
a22 a23 a21 a23
(−1)2 a11 + (−1)3 a12
a21 a22 a23 =
a32 a33 a31 a33
a31 a32 a33
a21 a22
+(−1)4 a13
a31 a32
Remarque
D’après ce qui précède, on voit qu’un déterminant peut être développé selon n’importe
quelle ligne ou n’importe quelle colonne, à condition de faire attention au signe des termes
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 41
(−1)i+j ; le tableau suivant donne la règle du signe à appliquer lors du développement d’un
déterminant :
+ − + − ...
− + − + ...
+ − + − ...
.. ..
. .
Proposition 5.4.1 Le déterminant d’une matrice triangulaire est égal au produit de ses
termes diagonaux.
Une matrice carrée A d’ordre n est inversible si et seulement si son déterminant est non
nul :
A inversible ⇔ det(A) 6= 0.
La matrice (∆ij )1≤i,j≤n qu’on a introduite dans la définition 5.4.1 est appelée comatrice
de la matrice A, on la notera A0 ; on va s’en servir pour déterminer la matrice inverse de
A.
Proposition 5.4.2 L’inverse A−1 d’une matrice inversible A s’obtient en divisant par
det(A) la transposée de la comatrice de A :
1
A−1 = t 0
A.
det(A)
Exemple
6.1 Définitions
a11 x1 + a12 x2 + . . . + a1n xn = b1
a21 x1 + a22 x2 + . . . + a2n xn = b2
.. .. (6.1)
. .
am1 x1 + am2 x2 + . . . + amn xn = bm
où les aij (appelés coefficients) et les bi (seconds membres) sont des nombres réels donnés
et xi les inconnues du système.
42
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 43
Sachant que la matrice A et le second membre b sont donnés au départ, on cherche à ré-
soudre ce système d’équations linéaires, c’est-à-dire déterminer l’ensemble de ses solutions.
Trois cas sont possibles :
— le système n’a pas de solution ;
— le système a une solution unique ;
— le système a une infinité de solutions.
Remarquons que lorsque la matrice A est une matrice carrée inversible, le système (6.1)
admet une solution unique. En effet,
d’où x = A−1 b.
Dans cette section, on se place dans le cas où A est une matrice carrée inversible d’ordre
n, le système correspondant admet alors une solution unique et on dit qu’on a un système
de Cramer.
B1 = (b A2 . . . An ).
B1 = (x1 A1 + x2 A2 + . . . + xn An A2 . . . An ).
Il en résulte
det(B1 ) = det(x1 A1 + x2 A2 + . . . + xn An A2 . . . An ).
Puisque la fonction déterminant est une forme multilinéaire (cf. chapitre 5), on a
D’autre part, comme det(.) est une forme alternée, tous les termes de cette somme sont
nuls sauf le premier et par suite
det(B1 ) = x1 det(A).
Par conséquent,
det(B1 )
x1 = .
det(A)
On montre de façon similaire que pour tout i = 1, . . . , n, on a
det(Bi )
xi = .
det(A)
La démarche précédente nous permet d’énoncer le résultat suivant.
Exemple
Résoudre le système
−x − y + 3z = 1
x + 2y + 2z = 0
x + y − 2z = 0
Pour résoudre le système (6.1), nous proposons cette fois-ci d’utiliser la méthode dite
de Gauss qui consiste à transformer le système de départ et le ramener à un système
triangulaire équivalent qui peut être résolu aisément.
Lorsqu’on multiplie une équation du système par un scalaire non nul et on lui ajoute une
combinaison linéaire des autres équations, le nouveau système est équivalent au système
initial.
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 45
La méthode de Gauss utilise cette propriété pour apporter les modifications suivantes au
système initial :
— on élimine x1 des équations (2), (3), . . . , (m), la première équation reste inchangée ;
— on élimine ensuite x2 des équations (3), (4), . . . , (m), la première et la deuxième
équations restent inchangées ;
— puis, on élimine x3 . . .
La forme finale obtenue permet de déduire facilement l’ensemble des solutions du système
(6.1).
Exemple
Considérons le système
2x1 − x2 − x3 = 4 (1)
3x1 + 4x2 − 2x3 = 11 (2)
3x1 − 2x2 + 4x3 = 11 (3)
Notons que la matrice associée à ce dernier système est triangulaire supérieure (cf. chapitre
4) :
2 −1 −1 x1 4
0 11 −1 x = 10 ,
2
0 0 120 x3 120
on dit alors qu’on a un système triangulaire car il comporte un “triangle” de zéros en-
dessous de la diagonale.
x1 = 3, x2 = 1, x3 = 1.
Ainsi, si on reprend l’exemple précédent, les opérations que nous avons effectuées peuvent
s’écrire en utilisant uniquement la matrice augmentée comme suit :
2 −1 −1 4 (1)
3 4 −2 11 (2)
3 −2 4 11 (3)
2 −1 −1 4 (1)
(2)0 = 2(2) − 3(1)
−→ 0 11 −1 10
(3)0 = 2(3) − 3(1)
0 −1 11 10
2 −1 −1
4 (1)
(2)0
−→ 0 11 −1
10
(3)00 = 11(3)0 + (2)0
0 0 120 120
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 47
Remarque
Notons que lors du déroulement du processus de Gauss, si à une étape on obtient un zéro
sur la diagonale, nous ne pouvons pas l’utiliser pour annuler les termes situés en-dessous
sur la même colonne, pour remédier à ça, on permute cette ligne avec la ligne suivante.
Exemple
Rappelons que nous avons déjà présenté une méthode qui permet de déterminer l’inverse
d’une matrice au moyen des déterminants (cf. chapitre 5). Dans cette section, nous verrons
que la détermination de l’inverse d’une matrice carrée d’ordre n peut être ramenée à
celle des solutions de n systèmes d’équations linéaires et une fois de plus, nous pouvons
appliquer la méthode de Gauss pour résoudre en parallèle ces systèmes linéaires.
Soit A une matrice carrée d’ordre n, inversible. Rappelons que A est inversible si et
seulement si il existe une matrice B d’ordre n telle que
AB = BA = In ,
c’est-à-dire
ABi = ei , i = 1, . . . , n,
1
0
0
0
1
0
0
0
..
où e1 = , e2 = ,..., en = . .
..
..
. . 0
0 0 1
Ainsi, la résolution de ces n systèmes linéaires permet de déterminer les vecteurs colonnes
Bi de la matrice inverse B et puisqu’on a une même matrice A qui est associée à tous
ces n systèmes, on peut les résoudre en parallèle par la méthode de Gauss. On part du
tableau initial :
A|e1 e2 . . . en
et ensuite on applique le procédé de “triangularisation" décrit dans la section précédente ;
mais il faut noter au passage qu’une fois arrivé à une matrice triangulaire supérieure, on
applique cette technique de “triangularisation" encore une fois pour annuler les termes
situés au-dessus de la diagonale et on s’arrête lorsqu’on obtient un tableau final de la
forme
In |B1 B2 . . . Bn .
En récapitulant, on peut dire qu’on part du tableau initial A|In pour arriver au tableau
final In |A−1 .
Exemple
Si v = 0, la relation (7.1) est vérifiée quel que soit λ ; supposons v 6= 0 vérifiant (7.1), le
scalaire λ est alors unique car
(v 6= 0 et λv = λ0 v) ⇒ (λ − λ0 )v = 0 ⇒ λ − λ0 = 0,
d’où la définition :
f (v) = λv.
λ étant une valeur propre, par définition l’ensemble des vecteurs v de E vérifiant (7.1)
qu’on note E(λ) est distinct de {0}.
49
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 50
D’où αv ∈ E(λ).
Théorème 7.1.2 Les sous-espaces E(λ1 ) et E(λ2 ) associés à deux valeurs propres dis-
tinctes d’un endomorphisme f n’ont en commun que le vecteur nul.
Remarque
Les valeurs propres et les vecteurs propres d’une matrice carrée A sont par définition les
valeurs propres et les vecteurs propres de l’endomorphisme f dont la matrice associée est
A.
Si λ est une valeur propre d’un endomorphisme f d’un espace vectoriel E de dimension
n sur R, il existe v 6= 0 de E tel que f (v) = λv.
Théorème 7.2.1 A étant une matrice carrée d’ordre n à coefficients dans R, pour tout
réel λ les propriétés suivantes sont équivalentes :
1. λ est une valeur propre de A ;
2. A − λIn n’est pas inversible ;
3. det(A − λIn ) = 0.
Ainsi, pour chercher les valeurs propres de A, il suffit de trouver les racines de l’équation
a11 − λ
a12 ... a1n
a21 a22 − λ ... a2n
det(A − λIn ) =
.. .. .. .. = 0.
. . . .
an1 an2 . . . ann − λ
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 52
7.3 Diagonalisation
On dit qu’une matrice carrée A d’ordre n est diagonalisable s’il existe une matrice carrée
inversible P d’ordre n telle que P −1 AP soit diagonale.
Comme les valeurs propres sont les racines du polynôme caractéristique, on peut écrire
Ainsi, une matrice carrée A d’ordre n est semblable à une matrice diagonale si et seulement
si
1. le polynôme caractéristique PA a ses n racines (distinctes ou confondues) dans R ;
2. pour chaque racine λi de PA d’ordre ki , dim E(λi ) = ki .
Remarque
1 ≤ dim E(λ) ≤ k.
Algèbre – S2, H. EL BOUZID 53
Donc si A possède n valeurs propres toutes distinctes dans R, ces valeurs propres sont
simples, c’est-à-dire d’ordre ki = 1, pour tout i = 1, . . . , n et on aura dim E(λi ) = 1 = ki .
Par conséquent A est diagonalisable.
Exemples
7.4 Trigonalisation
Etant donné une matrice carrée A d’ordre n , on se propose de chercher une matrice
triangulaire T = (tij ) qui lui est semblable.
Le problème consiste alors à prouver l’existence d’une matrice inversible Q telle que
T = Q−1 AQ.
Exemple
On considère la matrice
8 −1 −5
−2
A= 3 .
1
4 −1 −1
Réduire à la forme diagonale ou à défaut triangulaire la matrice A.
Pf (f ) = 0, PA (A) = 0.