Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
– Direction régionale Normandie
Histoire et
mémoires des
immigrations en
région Normandie
Dossier contenant :
‐ Rapport final à l’acsé, mai 2007, de John Barzman, directeur scientifique ;
‐ Annexe 4 – Bibliographie du rapport « Histoire et mémoires des
immigrations en région Normandie » ;
‐ John Barzman et al., « La Normandie immigrée : des Anglais aux « gens du
fleuve », Hommes et Migrations n° 1273 (article de synthèse)
John Barzman
01/01/2007
Himéminor 2007 page 1
Histoire et mémoires
des
immigrations en région Normandie.
Rapport final
Mai 2007
Courriel : john.barzman@univ-lehavre.fr
Université du Havre
UFR de Lettres et Sciences Humaines Cultures espaces sociétés
CIRTAI
Bâtiment des UFR AI et LSH CES
25 rue Philippe Lebon
76086 Le Havre cedex
Himéminor 2007 page 2
Sommaire
Remerciements 3
Les auteurs 4
Introduction 5
A. Le cadrage : 1851-2007, la Normandie, les étrangers 6
B. Aperçu des travaux existants 11
C. Les sources disponibles 19
Partie I
Les grandes tendances de l’immigration en Normandie 27
aux dix-neuvième et vingtième siècles à partir des statistiques
A. 1851-1911 29
B. 1921-1936 36
C. 1946-1999 47
Partie II
Comparaisons et corrélations :
quelques études de cas par localité, par nationalité ou par profession 73
A. L’immigration dans une ville portuaire : Le Havre 75
B. L’immigration dans deux petites villes textiles : Bolbec et Flers 82
C. L’immigration dans un canton rural : Forges-les-Eaux 91
D. L’immigration sub-saharienne en Normandie 95
Partie III
L’approche par les récits de vie 111
1. 30 entretiens du Havre 115
2. Turcs de Flers 138
3. Trois situations singulières au Calvados 160
Bibliographie 177
Annexes 203
Remerciements
Monsieur Marc Pottier, historien, nous a gracieusement accueilli dans les locaux du
Mémorial de la Paix à Caen.
Les auteurs
Ce rapport est un travail collectif issu de nombreux échanges. La responsabilité
scientifique et la coordination de l’équipe ont été assurées par John Barzman. La
première partie sur les grandes tendances est essentiellement l’œuvre de Jean-Marie
Cipolat, avec l’aide de Valentin Porte. La deuxième partie a été coordonnée par Eric
Saunier, avec des apports de Matthieu Verdier, Erwan Simon, Nathalie Lemarchand,
Valentin Porte et Albert Nicollet. La troisième partie a été coordonnée par Jean-Pierre
Castelain avec des apports de Karine Le Petit, Léonard Barzman, Marie-Pierre
Legrand, Nathalie Lemarchand, Erwan Simon. Les passages dans l’introduction et les
annexes faisant le bilan des études déjà faites et recensant les sources susceptibles
d’être exploitées, sont essentiellement le résultat des démarches d’Elisabeth James et
Marianne Hue.
Introduction
Certains pays ont nourri un flux presque ininterrompu pendant les deux derniers
siècles vers ce territoire bordé par la Manche et la Seine, les nouveaux arrivants
s’ajoutant à des Français naturalisés récents et anciens, et à leur descendance.
D’autres pays ont envoyé l’essentiel de leurs enfants pendant des périodes plus
brèves. Ils sont venus seuls ou en famille, pour des raisons diverses, avec l’espoir plus
ou moins affirmé de revoir leur pays natal. Quelques uns sont repartis assez vite vers
d’autres cieux, de gré ou de force, d’autres sont restés suffisamment longtemps pour
figurer dans les statistiques ou faire souche.
Peu après cette première vague de Britanniques sont arrivés par milliers des
Belges, des Allemands et des Suisses ; puis, pendant ou après la Première Guerre
mondiale, des Espagnols, des Polonais et des Italiens, mais pas exactement au même
moment ou dans les mêmes conditions que dans le reste de la France. Après 1945,
les Portugais et les Algériens ont constitué les plus gros contingents d’étrangers
recensés, jusqu’à ce que les Marocains, les Turcs et les ressortissants des pays
d’Afrique subsaharienne prennent le relais.
Le peu que l’on connaît de cette histoire confirme l’idée que ces apports
extérieurs ont enrichi la Normandie et qu’ils méritent d’être connus en plus grand détail.
Le présent rapport se conçoit comme un jalon sur cette voie : il signale ce que les
études publiées permettent déjà de connaître, repère les grandes tendances à partir
des statistiques démographiques, recense des archives et explore quelques pistes qui
sont autant d’incitations à poursuivre la recherche.
1
Voir dans les notes de l’Introduction, l’aperçu des travaux existants, les études de. LEROUX S, BOEDEC
J.et BENSIMON F.
Himéminor 2007 page 7
contre les discriminations, Fasild), il s’insère dans un plan coordonné qui doit permettre
des comparaisons, d’une part, entre les différentes régions de France, d’autre part, de
chaque région avec la moyenne nationale française. A la lumière de ces impératifs, la
coordination nationale a fixé les limites chronologiques (du milieu du dix-neuvième
siècle à nos jours), les bornes spatiales (la Haute et la Basse Normandie) et la
population considérée (les étrangers et naturalisés).
Précocité de l’industrie
la période contemporaine. Rares sont celles qui ont pris la Normandie toute entière
pour cadre. Ce biais est encore plus net pour les études migratoires : leur cadre
géographique le plus fréquent est soit la région administrative (Haute ou Basse-
Normandie), soit le département, soit la ville ou le quartier, jamais l’ancien duché.
D’ailleurs, la séparation administrative des deux régions correspond à des trajectoires
assez différentes depuis plusieurs siècles2.
2
Cette divergence est mise en évidence, par exemple, dans l’ouvrage d’Alain LEMENOREL, Nouvelle
Histoire de la Normandie : entre terre et mer, Privat, Toulouse, 2004.
Himéminor 2007 page 9
… et au-delà
Ainsi, il est clair que le couchage en herbe et le déclin de la proto industrie rurale
a poussé les familles d’ouvriers agricoles et paysans pauvres du Pays de Caux, du
Calvados, de l’Orne et de l’Eure, vers les villes industrielles de la vallée de la Seine.
De nombreux Bretons les ont remplacés ou rejoints au dix-neuvième et au début du
vingtième siècle, par les routes traditionnelles de l’élevage, par la mer puis par le
chemin de fer. Ces deux groupes de migrants internes ont souvent occupé les emplois
de manœuvres, terrassiers, marins, domestiques et ouvriers non qualifiés de l’industrie
qui, dans d’autres régions, ont été attribués à des étrangers. Dans le cas des Bretons
en Normandie, l’expérience du déracinement, les préjugés de la population locale et
parfois des problèmes de langue ont amené certains historiens à les étudier sous
l’angle de « migrants ». Une différence fondamentale, cependant, les distingue des
étrangers : la possession de la nationalité française. Mais dans l’explication de l’écart
du pourcentage des étrangers en Normandie, même industrielle, à la moyenne
française, il peut être intéressant de prendre en compte cet apport de main-d’œuvre,
substitut au recours à l’immigration internationale.
déceler, il faut observer non seulement les étrangers et les naturalisés mais aussi les
descendants d’étrangers de la nationalité concernée.
pas méconnaître les terrains connexes (Français bretons, juifs, alsaciens, originaires
des DOM-TOM, fils et filles d’immigrés) sans pour autant chercher à les explorer. Il
signale chaque fois que c’est possible ce début de passage de l’étude des étrangers
et naturalisés proprement dite à l’étude de phénomènes qui relèvent d’autres champs.
L’examen de la liste montre que le thème des étrangers a connu un léger regain
d’intérêt chez les chercheurs vers les années 1970 ou 1980. Il s’avère en effet que la
recherche et les publications sur l’immigration en Normandie ne remontent
généralement pas plus de 25 ans en arrière et qu’elles présentent de nombreux
manques, quel que soit le département normand concerné. Il est intéressant d’y
regarder de plus près et de dresser un état des lieux, même lacunaire. La procédure
adoptée est, pour chaque période, d’abord de résumer les tendances dominantes
3
LEMENOREL Alain (sld), Nouvelle histoire de la Normandie : entre terre et mer, Toulouse : Privat, 2004.
4
POTTIER Marc, Normands de tous pays l’immigration étrangère en Basse Normandie de 1900 à 1950,
1999.
Himéminor 2007 page 13
Presque tout au long du dix-neuvième siècle, que nous connaissons par des
statistiques comparables entre 1851-1911, les Britanniques sont les étrangers les plus
présents sur le sol normand, qu’ils soient résidents en villégiature sur la côte ou bien,
surtout, ouvriers et techniciens du textile et du chemin de fer. Cette prépondérance
n’apparaît dans aucune autre région en France. Pourtant, malgré cette spécificité
régionale, malgré l’empreinte qu’elle a laissée dans l’architecture et la toponymie des
lieux, cette présence anglaise n’a fait l’objet que de peu de recherches et d’études,
mis à part des articles sur Avranches (50) et Dieppe (76)5. Ce n’est qu’aujourd’hui
qu’on s’intéresse à nouveau aux relations entre Français et Britanniques, notamment
des couches populaires. Comme d’autres vagues migratoires après elle, celle d’outre-
Manche a été marquée à la fois par des emprunts (l’introduction du football dans la
région) et du rejet (des émeutes xénophobes)6.
5
Voir FAUCHON Maxime, « Les Anglais à Avranches au XIXème siècle » et « La colonie anglaise à
Avranches au XIXème siècle », La revue de l’Avranchin et du pays de Granville », t. 42, 1965, p.157 et
t. 47, 1970 pp. 41-61 ; et PACKENHAM Simona, Quand Dieppe était anglais, 1814-1914, 1971. .
6
Sur le football, voir LEROUX Stéphane, « Histoire du Havre Athletic Club Football des origines à 1939 »
Mém. Maîtrise Histoire Paris X, 1996, et BOEDEC J., « Le Havre, berceau du football et du rugby
français », Revue normande d’histoire du sport, n° 2, 1990, pp. 43-47. Sur l’anglophobie voir les études
annoncées de BENSIMON Fabrice, « Les ouvriers britanniques en France, 1815-1850 », DERAINNE Pierre-
Jacques, « Les perceptions sociales des travailleurs migrants britanniques en France dans la première
moitié du XIXe siècle », dans APRILE Sylvie et BENSIMON, Fabrice (sld), La France et l'Angleterre au XIXe
siècle : échanges, représentations, comparaisons, Paris : Créaphis, 2006, qui accordent une place
importante à la Normandie.
7
VANDEBULCKE Isabelle, « L’implantation des Belges en Seine Inférieure (1830 à 1940) », Mém.de
Maîtrise, 2003.
Himéminor 2007 page 14
polonais. Un chapitre leur a été consacré dans un mémoire de maîtrise sur les Polonais
au Havre dans l’entre-deux-guerres8. C’est un premier exemple qui montre qu’on
s’intéresse davantage aux étrangers quand leur pays d’origine est l’objet d’attentions
diplomatiques de la part de l’opinion publique ou du gouvernement français.
Les études les plus nombreuses et les plus approfondies concernent les
Italiens. Bien que faibles numériquement, qu’ils vivent en Seine Inférieure, saisonniers,
ouvriers du textile, journaliers du terrassement, maçons ou commerçants ambulants
ou en Basse-Normandie, recrutés de préférence à d’autres nationalités pour travailler
dans les mines de Soumont, ils ont fait l’objet de nombreuses études spécifiques9.
Ce n’est pas le cas des Allemands et des Suisses. Présents surtout dans le
service domestique et les professions libérales, troisième et quatrième groupe
d’étrangers dans la Normandie pendant toute la période, montant parfois au deuxième
rang dans l’Orne, l’Eure et la Manche, ils n’ont pourtant fait l’objet d’aucune
publication. La même remarque s’applique aux Espagnols déjà en forte progression
en 1911 dans ces mêmes départements (1er groupe dans l’Orne et 2ème dans la
Manche). Cette présence espagnole, bien que remarquable, reste très méconnue.
Ce qui caractérise alors le plus l’immigration normande est l’arrivée d’une vague
de réfugiés belges, venus du Nord à la suite de leur gouvernement replié
provisoirement à Ste Adresse (76), événement qui constitue un épisode important de
l’histoire de la Belgique. Cette arrivée massive renforce l’implantation belge dans le
8
HUE Marianne, « L’immigration polonaise au Havre », Mém. Maîtrise, 2003.
9
LEMENOREL Alain, « Industrialisation et main-d’œuvre. Le recrutement italien à Soumont avant 1914 »,
Etudes normandes n°4, 1982, p. 23-36 ; POPCZYK Catherine, « L’immigration italienne dans la Seine
maritime au XIXe siècle », Mémoire de DEA, 1996.
10
BOURDIN Gérard « l’Orne, les réfugiés et les camps », Les réfugiés et les camps, Société Historique
et Archéologique de l’Orne, tome 121, bulletin 3, septembre 2002.
Himéminor 2007 page 15
pays de Caux agricole où ils sont rejoints par d’autres. Ils ne semblent pas non plus
avoir fait l’objet d’étude spécifique.
11
Voir AUGUSTYN JAMES Elisabeth, « Algériens, Marocains et Tunisiens de 1914 à 1920 », Mém.de
Maîtrise, 2000, et MALON Claude, « Travailleurs étrangers et coloniaux au Havre 1880-1962», in
Migrants dans une ville portuaire :Le Havre (XVIè-XXIè siècle), 2005.
12
POTTIER Marc, « Normands de tous pays » Editions Cahiers du Temps, Cabourg, 1999.
Himéminor 2007 page 16
nouvelles techniques et de nouvelles cultures, très peu d’études leur ont été
consacrées13.
13
LEGOY Frédéric, « Les réfugiés belges du nord de la France au Havre », Mém. Maîtrise : Histoire :
Lille.
14
COLIN Mariella, L’immigration italienne en Basse-Normandie, Editions Cahiers du Temps, 1997.
15
Voir les nombreuses contributions de POPCZYK Catherine, déjà citées, DURIEUX Delphine,
« L’immigration italienne dans l’agglomération rouennaise : la colonie des Hauts-Fourneaux », Mém. de
maîtrise, Paris III Sorbonne nouvelle, 2002, et MORRIGI Vittorio, « L’immigration italienne à la cité Meyer
de 1923 à 1960 », Mém. de maîtrise, 2006.
16
Citons entre autres : COLIN Mariella (sld), Les Italiens en Normandie : de l’étranger à l’immigré : Actes
du colloque de Cerisy la salle (8-11 octobre 1998), L’immigration italienne en Normandie de la 3ème
République à nos jours : de la différence à la transparence, Actes du colloque, 9-11 octobre 1997, et
COLIN Mariella et NEVEUX François, L’émigration immigration italienne et les métiers du bâtiment en
France et en Normandie, Actes du colloque de Caen, 24-26 novembre 2000.
17
BOURDIN Gérard, « L’affaire Rosselli et l’Orne : de l’aveuglement à l’oubli », Cahier des Annales de
Normandie, Caen, 2000, n°29.
Himéminor 2007 page 17
De nombreux Russes blancs ont été recrutés par les usines bas-normandes,
entre autres la SMN où ils sont regroupés dans le camp de Colombelles18. Il semble
que d’autres communautés se soient constituées à Dives sur mer (14), Deauville (14),
le Havre et Rouen. Malgré une sociabilité très riche, des pratiques religieuses et
culturelles vivaces, aucune étude particulière ne semble leur être consacrée.
18
POTTIER Marc, Normands de tous pays l’immigration étrangère en Basse Normandie de 1900 à 1950,
1999, pp 106 -121.
19
HOPQUIN Jean, « La communauté polonaise de Potigny, 1920-1960 », Mém. de Maîtrise, 1980, et
HUE Marianne, « L’immigration polonaise au Havre dans l’entre deux guerres », Mém. de Maîtrise, 2003.
20
WARGNY Christophe, « L’opinion publique et les évènements d’Espagne en Seine Inférieure de 1924
à 1939 », Mém Maîtrise, 1969, LEGENDRE Caroline, « Les réfugiés espagnols dans l’Eure et la Seine
Inférieure : l’hébergement des populations réfugiées dans la guerre d’Espagne de 1937 à 1940 », 1998,
et ARRUEGO Coralie, « Les réfugiés espagnols dans le Calvados, 1937-1940 », 2001.
21
Voir entre autres DHAILLE HERVIEU Marie-Paule, « Les juifs au Havre pendant l’occupation allemande :
entre exode et destruction », dans Migrants dans une ville portuaire…,2005, et BERGERE Marc,
« Français et Américains en Basse Seine à la Libération (1944-1946) : des relations ambivalentes », in
Les étrangers dans l’Ouest de la France (XVIII-XXèmes siècles), Actes du colloque tenu à Cholet les
25 et 26 avril 2002, Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, Rennes, P. U. de Rennes.
Himéminor 2007 page 18
22
LEROY Brigitte, « L’immigration algérienne à Rouen et au Havre pendant la guerre d’Algérie », et
CORBIN Anne, « La guerre d’Algérie en Haute Normandie », Mém de Maîtrise, 2005.
23
PITTI Laure, « Ouvriers étrangers dans l’industrie automobile havraise », in Migrants dans une ville
portuaire, 2005, pp.117-129.
24
GOSSELIN Franck, «Les migrants turcs en Basse-Normandie : espaces, société, identités », Mém. de
maîtrise, 1994,et GOSSELIN Franck, « Espace de vie et identités dans le champ migratoire turc : une
étude comparée en Basse-Normandie, mémoire DEA, 1995.
Himéminor 2007 page 19
25
John BARZMAN, Dockers, métallos, ménagères…, Rouen : PUR, 1997, et « De la brouette au
portique : les dockers du Havre aux XIXe et XXe siècles », Mémoire d’habilitation, Paris I-Panthéon
Sorbonne, 2000.
26
Voir AUGUSTYN/JAMES Elisabeth, «Travailleurs étrangers et coloniaux au Havre », dans Migrants dans
une ville portuaire, 2005.
Himéminor 2007 page 20
27
KAANEN-VANDENBULCKE Isabelle, Le chemin de la ferme, 1995.
Himéminor 2007 page 21
Pour ce qui concerne les archives écrites, il faut distinguer les archives
publiques des archives privées. Il est relativement facile de dresser la liste des
entreprises ayant fait appel à la main d’œuvre étrangère d’autant plus qu’elles sont
concentrées28. Un certain nombre d’usines du Calvados ont versé leurs archives aux
archives départementales29. De même, les archives municipales d’Elbeuf ont-elles
recueilli des archives d’entreprises, notamment celles des usines textiles qui ont
employé de la main d’œuvre alsacienne après 1871. Ce n’est malheureusement pas
le cas de la plupart des entreprises de Haute-Normandie qui, mis à part les Tréfileries
et Laminoirs du Havre, ont donné une réponse négative à toute demande de
consultation en évoquant la confidentialité des données nominatives, la très forte
charge de travail qu’elle exigerait ou bien encore l’ignorance de la localisation
d’archives concernant une activité parfois cessée depuis plusieurs années, voire
même la destruction de documents dont la durée de vie est planifiée, surface de
stockage oblige. Une liste des entreprises normandes ayant employé de la main
d’œuvre étrangère pour la période qui nous concerne est fournie en annexe. Les
28
La liste de ces entreprises se trouve dans ce rapport après la bibliographie et les sources.
29
Idem
Himéminor 2007 page 22
pour objectif de pallier les destructions des archives. On peut donc y trouver des
sources de seconde main sur le sujet.
Des deux régions, la Haute-Normandie est celle qui a le plus employé de main
d’œuvre étrangère.
libres, présents en Normandie durant le conflit. En plus de ces archives militaires, les
dossiers de police et ceux des préfectures, abondants en période de conflit et de
surveillance accrue de la population, nourrissent les recherches sur cette période
troublée. Dans la série M, on trouve également un important dossier traitant de la
propagande anti coloniale, plus particulièrement au Havre dans l’entre-deux-guerres.
De même, la série 60W émanant de l’Office de Placement offre-t-elle un panorama
riche et varié de la main d’œuvre étrangère agricole et industrielle de l’après-guerre.
Par contre, les archives concernant la période après 1976 sont soit inexistantes, soit
difficiles d’accès.
30
François NEIBECKER explique que ces étrangers sont concentrés dans les villes de Vernon et Evreux, que ce
phénomène relève d’une banlieusardisation due à la politique de décentralisation : ces villes moyennes ont été
prolétarisées et intégrées au système urbano-industriel dominé par Paris.
Himéminor 2007 page 26
Les auteurs de ce rapport n’ont pas seulement repérer les études existantes et
les sources disponibles pour poursuivre la recherche. Ils ont voulu aussi engager des
recherches nouvelles destinées à démontrer les potentialités de la recherche. Trois
échelles d’observation sont adoptées :
Les annexes complètent ces études à trois échelles par des exemples
particuliers ou plus développés.
31
Pour mémoire, la présence anglaise et espagnole avant la première guerre mondiale ainsi que la prépondérance
des Portugais en 1968 en Normandie alors qu’à l’échelle nationale les Espagnols sont nettement plus nombreux.
Himéminor 2007 page 27
Partie I
de l’immigration en Normandie
A. 1851-1911
B. 1921-1936
C. 1946-1999
27
Himéminor 2007 page 28
7,0%
14
27
France
6,0% 50
61
5,0% 76
NORM
4,0% France
Eure
3,0%
Calvados
2,0% NORMANDIE
Seine-Mar.
1,0% Orne
Manche
0,0%
1851 1876 1896 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954 1962 1968 1975 1982 1990 1999
La production statistique a profondément évolué entre 1851 et 1999, tant dans ses
catégories d’analyse que dans ses méthodes. La constitution de séries homogènes
sur la longue période reste donc difficile sauf pour quelques indicateurs (taux
d’étrangers,..).. Les deux guerres mondiales constituent par ailleurs des
bouleversements humains majeurs (décès, déplacements de population), notamment
pour les étrangers qui y résident et représentent de véritables fractures. Nous avons
donc choisi, pour cette étude qui reste une première approche sur le sujet à l’échelle
régionale, un découpage chronologique qui s’articule autour des deux guerres
mondiales : avant 1911, 1921-1936 et 1946-1999.
28
Himéminor 2007 page 29
A. 1851-1911
NORMANDIE-FRANCE
TAUX COMPARES D'ETRANGERS ET DE NATURALISES -1851-1911
3,5%
source: Recensements de population -
taux d'étrangers Normandie 3,0%
3,0% taux d'étrangers France
2,7%
taux de naturalisés Normandie
taux de naturalisés France
2,5%
2,2%
2,0%
1,5%
1,1%
1,0%
0,6%
0,5% 0,5% 0,5%
0,5%
0,5%
0,3%
0,2%
0,1%
0,0% 0,0% 0,1% 0,1%
0,0%
1851 1876 1896 1911
29
Himéminor 2007 page 30
moyenne nationale. En Seine-Inférieure, ce taux est déjà de 0,6 % en 1851, alors qu’il
est très faible dans l’Eure (0,2%). En Basse-Normandie, la population étrangère reste
durablement très marginale au cours de la période, surtout dans l’Orne et dans la
Manche.
- la tendance régionale à un enracinement assez notable des étrangers, via la
naturalisation, est générale et s’observe dans tous les départements. Elle est
cependant beaucoup plus forte dans la Manche, où l’on compte en 1911 davantage
de naturalisés que d’étrangers, ainsi que dans le Calvados. Elle est relativement plus
modeste en Seine-Inférieure.
L’analyse des taux de masculinité33 (cf. données en annexes) confirme cette
tendance : le taux de masculinité des étrangers est stable dans la Manche et proche
de celui des Français de naissance, signe de structures sociales assez voisines. Il
baisse sensiblement dans le Calvados. Par contre, il augmente nettement en 1911 en
Seine-Inférieure, Eure et Orne, ce qui peut indiquer une forte mobilité des étrangers
avec des apports récents de populations à forte dominante masculine.
taux d'étrangers
Norm. /
14 27 50 61 76 NORM France France
taux de naturalisés
Norm. /
14 27 50 61 76 NORM France France
33
Taux de masculinité = nombre d’hommes/ population totale en %
30
Himéminor 2007 page 31
1911 : une proportion plus élevée d’étrangers en Haute qu’en Basse Normandie
31
Himéminor 2007 page 32
En 1851, les Anglais constituent la première nationalité dans chacun des cinq
départements normands alors qu’à l’échelle nationale les Belges constituent le premier
groupe étranger.
LES ETRANGERS EN NORMANDIE
EVOLUTION DES PRINCIPALES NATIONALITES - 1851-1911
sources: Recensements de population
légende 555 1er groupe étranger du département
101 2ème groupe étranger du département
CALVADOS
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1851 1146 555 101 44 111 50 53 63
1876 1198 378 224 202 112 70 28 17
1896 1471 439 267 120 177 185 22 19
1911 1110 222 209 147 129 138 76 29
EURE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1851 775 172 135 161 67 50 37 67
1876 2223 185 921 381 402 131 25 56
1896 2500 220 1176 225 579 116 42 22
1911 1876 170 818 122 466 121 29 57
MANCHE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1851 785 459 59 36 60 49 60 29
1876 784 482 54 56 82 33 28 14
1896 709 300 81 104 61 82 20 12
1911 770 260 117 63 43 89 185 18
ORNE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1851 332 59 48 47 25 17 49 37
1876 475 32 120 92 44 41 44 10
1896 529 39 132 69 81 62 35 13
1911 710 24 109 110 43 74 184 14
SEINE INFERIEURE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1851 4479 1385 553 596 528 244 170
1876 7251 1750 1441 1414 1196 343 120 165
1896 7206 1422 1814 1100 1236 503 106 185
1911 6588 1434 1390 866 807 399 371 217
NORMANDIE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1851 7517 2630 896 884 791 410 369 196
1876 11931 2827 2760 2145 1836 618 245 262
1896 12415 2420 3470 1618 2134 948 225 251
1911 11054 2110 2643 1308 1488 821 845 335
France en milliers
anglais allemand espagnol
TOTAL /brit. belges s+AH suisses italiens s polonais russes
1851 379,3 20,3 128 57 25,4 63,3 29,7 9,4
1876 801,7 30 374,5 66,5 50,3 165,3 62,4 8
1896 1052
1911 1160 40,3 287 102 73 419 105,8 35
32
Himéminor 2007 page 33
En 1876,
Le nombre des étrangers a augmenté fortement dans la Seine-Inférieure et dans
l’Eure, grâce notamment à un afflux de Belges qui constituent alors le premier groupe
dans l’Eure et le second en Seine-Inférieure, où le poids des Anglais se consolide. On
notera également dans ces deux départements le poids notable et en nette
augmentation des Allemands et des Suisses.
Dans la Manche et le Calvados, où le nombre des étrangers augmente peu, les Anglais
restent la principale composante étrangère. Dans l’Orne, les Belges deviennent le
premier groupe devant les Allemands.
En 1896,
En Normandie, le nombre des étrangers n’a augmenté que marginalement. Ce sont
les Belges qui y progressent le plus et qui y deviennent le premier groupe étranger.
Ils le sont en Seine-Inférieure, dans l’Eure et dans l’Orne. Mais dans la Manche et dans
le Calvados, les Anglais restent le premier contingent étranger.
Les Suisses progressent légèrement en Seine-Inférieure et Eure alors que le nombre
des Allemands s’y tasse.
33
Himéminor 2007 page 34
En 1911, les étrangers ont un profil social qui les distingue de l’ensemble de la
population normande (voir données départementales en annexes) :
- Ils sont très souvent, et beaucoup plus souvent que l’ensemble de la population,
ouvriers et employés, surtout les hommes. Ils le sont pour 33 % dans
l’industrie. Pour 21%, les étrangers sont employés de commerce. Ceci vaut
pour les deux sexes mais davantage pour les femmes (notamment en Seine-
Inférieure et dans l’Orne). Les femmes étrangères sont pour 31 % d’entre elles,
domestiques, phénomène très marqué en Seine-Inférieure.
- Mais les étrangers peuvent être aussi des petits patrons de l’industrie et du
commerce (pour 19 % d’entre eux), notamment en Seine-Inférieure et dans la
Manche.
- Il faut par ailleurs signaler la présence importante des étrangers dans
l’agriculture dans l’Eure, où 36 % d’entre eux y sont salariés et 8 %
agriculteurs.
34
Himéminor 2007 page 35
35
Himéminor 2007 page 36
B. 1921-1936
NORMANDIE-FRANCE
TAUX COMPARES D'ETRANGERS ET DE NATURALISES -1921-1936
7,0%
6,6%
source: Recensements de population -
taux d'étrangers Normandie
taux d'étrangers France 6,0%
6,0%
taux de naturalisés Normandie
taux de naturalisés France 5,3%
5,0%
4,1%
4,0%
3,0%
2,4%
2,0%
2,0% 1,8%
1,6%
1,3%
0,9%
1,0% 0,7% 0,6%
0,2% 0,3%
0,1% 0,2%
0,0%
1921 1926 1931 1936
36
Himéminor 2007 page 37
que dans le même temps, en France, il passe de 4,1% à 6,6 %. La Normandie reste
durablement une région accueillant relativement peu d’étrangers.
Les évolutions par département sont très contrastées sur la période 1921-1931 :
- en Seine-Inférieure, la progression en nombre et en taux est modeste, après la forte
progression de la période de guerre.
- le Calvados connaît un doublement du nombre et du taux d’étrangers (3,5%) alors
que la progression est également assez sensible dans l’Eure (plus fort taux d’étrangers
en 1931) et dans l’Orne.
37
Himéminor 2007 page 38
Le reflux du nombre des étrangers entre 1931 et 1936 s’accompagne d’une baisse de
la proportion des hommes dans cette population : le taux de masculinité tombe dans
la région de 68,6% à 62,6%. Ce sont donc plus souvent des hommes, probablement
plutôt jeunes, sans attache matrimoniale dans la région, qui retournent au pays ou qui
changent de région - ou de pays - à la recherche d’un nouvel emploi. La chute de ce
taux de masculinité est très nette dans la Manche. Une population étrangère assez
mobile quitte le département après 1931, notamment des Italiens. La part des hommes
reste forte chez les étrangers de la Seine-Inférieure en 1936 (67,3 %).
38
Himéminor 2007 page 39
39
Himéminor 2007 page 40
taux d'étrangers
Norm. /
14 27 50 61 76 NORM France France
taux de naturalisés
Norm. /
14 27 50 61 76 NORM France France
1921 0,1% 0,2% 0,1% 0,1% 0,2% 0,1% 0,7% 0,22
1926 0,1% 0,2% 0,1% 0,1% 0,2% 0,2% 0,6% 0,25
1931 0,2% 0,3% 0,1% 0,1% 0,2% 0,2% 0,9% 0,23
1936 0,4% 0,4% 0,1% 0,2% 0,3% 0,3% 1,3% 0,24
Sur les quelques 26.000 nouveaux étrangers recensés en 1921 par rapport à 1911,
environ 18.000 sont des Belges, qui constituent au lendemain de la Première Guerre
mondiale le 1er groupe étranger en Normandie (soit environ 56 % des étrangers), et
ce, dans les cinq départements normands. En masse, ce sont la Seine-Inférieure, puis
l’Eure et le Calvados qui accueillent surtout des Belges.
Phénomène plus surprenant, ce sont les Espagnols qui constituent le second groupe
étranger en Normandie, avant les Italiens, pourtant en augmentation également, et les
Anglais. La présence espagnole est assez générale dans la région mais c’est en
Seine-Inférieure que l’on trouve le plus gros contingent.
A partir de 1926, un net reflux du nombre des Belges est perceptible qui va se
prolonger jusqu’en 1936, date à laquelle on recense de l’ordre de 11.000 Belges contre
20.500 en 1921, chiffre qui reste cependant nettement supérieur aux 2.600
enregistrés en 1911. Malgré le reflux des années 20-30, de nombreux Belges restent
durablement dans la région. Leur recul est d’abord celui de la Seine-Inférieure, où en
40
Himéminor 2007 page 41
15 ans ils baissent de plus de moitié. Par contre, ils restent, toutes choses égales par
ailleurs, relativement fixés dans l’Eure et dans l’Orne.
Dès 1926, le nombre des Belges est en recul mais globalement celui des
étrangers augmente très sensiblement grâce à l’apport massif d’Italiens et de
Polonais, notamment. Les Polonais, en nombre insignifiant en 1921, comptent près
de 6.000 ressortissants cinq années plus tard. Ils constituent alors le second groupe
étranger dans la région. Leur progression est particulièrement forte dans le Calvados
et dans l’Eure. Juste derrière les Polonais, on trouve les Italiens dont la progression a
été également forte entre 1921 et 1926, notamment dans le Calvados, où l’on compte
1.500 Italiens supplémentaires. Mais c’est dans les départements qui comptent le
moins d’étrangers, l’Orne et la Manche, que les Italiens sont relativement les plus
nombreux.
Si leur progression est moins vive que celle des Polonais et des Italiens, celle des
Espagnols n’en est pas moins réelle. Elle atteint alors un maximum de plus de 4.000
personnes, avec une forte présence en Seine-Inférieure.
Alors qu’au lendemain du premier conflit mondial le nombre des Allemands s’est
effondré, celui des Anglais et des Suisses progressent encore légèrement.
41
Himéminor 2007 page 42
42
Himéminor 2007 page 43
EURE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1911 1876 170 818 122 466 121 29 57
1921 7193 185 5402 15 440 180 394 72 96
1926 9908 224 4600 47 630 800 454 1464 133
1931 11150 186 4407 173 439 1289 245 1308 141
1936 9499 134 4033 81 318 1008 217 2139 116
MANCHE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1911 770 260 117 63 43 89 185 18
1921 2402 194 1101 11 76 262 149 65 48
1926 3765 232 625 19 117 588 264 431 294
1931 3726 150 429 30 105 1245 349 480 93
1936 2490 123 253 34 88 812 221 481 53
ORNE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1911 710 24 109 110 43 74 184 14
1921 2204 96 1343 8 73 117 391 25 39
1926 4022 134 1298 11 130 740 560 483 194
1931 4050 71 1244 20 117 815 362 742 93
1936 3017 67 979 57 81 627 268 452 49
SEINE INFERIEURE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1911 6588 1434 1390 866 807 399 371 217
1921 18518 1739 9114 66 884 952 1527 175 272
1926 18641 1862 5641 79 1169 1509 1919 1445 428
1931 21826 1278 4651 287 826 2359 2416 2850 392
1936 14437 968 3663 168 566 1864 1335 1705 309
NORMANDIE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1911 11054 2110 2643 1308 1488 821 845 0 335
1921 36920 2479 20525 133 1723 2007 3112 400 536
1926 46741 2698 14615 192 2422 5543 4142 5932 1757
1931 54481 1931 13870 618 1757 8987 4125 8526 1524
1936 40942 1490 10905 437 1270 6130 2567 9117 1269
France
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1911 1160 40,3 287 102 73 419 105,8 35
1931 2715 47,4 253 71,7 98,5 808 351,9 507 71,9
1936 2198 ? 195,4 58,1 78,9 720,9 253,5 422,7 63,9
43
Himéminor 2007 page 44
La forte progression du nombre des étrangers depuis 1911 est d’abord celle d’une
population de plus en plus masculine et ouvrière. Le taux d’activité des étrangers était
de trois points supérieur à celui de la population régionale en 1911. L’écart est porté à
5 points en 1921, 10 points en 1926 et 14 points en 1931 et 1936. 82, 5% des hommes
étrangers en 1931 sont des actifs contre 64 % pour la moyenne régionale. Par contre,
le taux d’activité des femmes étrangères est faible et plutôt inférieur à la moyenne.
Les étrangers semblent avoir été d’un apport substantiel (22,1 % des actifs) dans les
industries extractives, certes assez marginale dans la région. C’est le cas notamment
dans le Calvados, la Manche et l’Orne. Mais les étrangers trouvent surtout leur emploi
dans les industries de transformation (pour 46,8% d’entre eux) et la manutention et
transports (5,7%) : ceci vaut surtout pour la Seine-Inférieure. Dans l’Eure et l’Orne,
c’est davantage l’agriculture qui les emploie.
44
Himéminor 2007 page 45
45
Himéminor 2007 page 46
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
chefs d'établissement 2314 1117 3431 160539 148859 309398 13 22 15 22 27 24
1921 employés 1757 596 2353 91541 51723 143264 10 12 10 13 9 11
ouvriers 11498 2414 13912 356896 200904 557800 64 48 61 49 36 44
sans emploi 703 132 835 16392 9937 26329 4 3 4 2 2 2
travailleurs isolés 1663 796 2455 102461 139356 241817 9 16 11 14 25 19
total 17935 5055 22990 727829 550779 1278608 100 100 100 100 100 100
Etrangers population totale Etrangers population totale
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1926 chefs d'établissement 2971 1666 4637 168204 153136 321340 12 18 14 23 30 29
employés 1992 802 2794 86927 52510 139437 8 9 8 12 10 12
ouvriers 17779 5891 23670 353670 186742 540412 71 64 69 49 36 48
sans emploi 291 71 362 8176 4581 12757 1 1 1 1 1 1
travailleurs isolés 1874 835 2709 104212 119267 223479 8 9 8 14 23 20
total 24907 9265 34172 721189 516236 1125325 100 100 100 100 100 100
46
Himéminor 2007 page 47
C. 1946-1999
NORMANDIE-FRANCE
TAUX COMPARES D'ETRANGERS ET DE NATURALISES -1946-1999
8,0%
source: INSEE -Recensements de population -
taux d'étrangers Normandie
7,0% taux d'étrangers France 6,8%
6,5%
taux de naturalisés Normandie 6,3%
taux de naturalisés France
6,0%
5,6%
5,3%
5,0% 4,7%
4,4%
4,1% 4,0%
4,0%
3,1%
3,0% 2,8% 2,7% 2,6% 2,6% 2,6% 2,5%
2,1% 2,1% 2,2%
2,0% 1,8%
1,5% 1,4% 1,5%
1,3%
1,1%
1,0% 0,8% 0,8% 0,8% 0,8%
0,5% 0,6%
0,0%
0,0%
1946 1954 1962 1968 1975 1982 1990 1999
47
Himéminor 2007 page 48
A partir de 1954 et jusqu’en 1982, on enregistre à l’échelle nationale une très vive
progression du nombre et du taux d’étrangers dans un contexte de forte croissance
démographique.
La Normandie présente une évolution sensiblement décalée :
- la progression du nombre des étrangers est d’abord assez vive entre 1954 et
1962 ( plus de 5.000 personnes et un taux qui passe de 1,3% à 1,5 %). Elle est
imputable essentiellement à la Seine-Maritime et à l’Eure alors que l’effectif
étranger recule dans le Calvados.
- la période 1962-1968 voit une très modeste progression du nombre des
étrangers (+ 2.000 personnes environ) dont le taux baisse même légèrement.
C’est à la Seine-Maritime qu’est imputable cette progression (plus de 5.000
personnes) alors que le nombre des étrangers régresse nettement dans l’Eure.
48
Himéminor 2007 page 49
C’est à partir de 1968 que la région voit progresser fortement le nombre de ses
étrangers (+ 21.000 environ), le taux passant de 1,4% à 2,1% en 1975. A partir de
cette date, si la proportion d’étrangers reste sensiblement inférieure à la moyenne
nationale, l’écart avec celle-ci se réduit.
Entre 1990 et 1999, les étrangers reculent en nombre et en taux tant au plan national
qu’en Normandie (-9.200 personnes environ). Cette baisse affecte à des degrés divers
les différents départements sauf la Manche où le nombre des étrangers progresse
encore légèrement.
49
Himéminor 2007 page 50
50
Himéminor 2007 page 51
51
Himéminor 2007 page 52
taux d'étrangers
Norm. /
14 27 50 61 76 NORM France France
p.m 1936 2,9% 3,2% 0,6% 1,1% 1,6% 1,8% 5,3% 0,33
1946 2,9% 3,6% 0,7% 1,4% 1,3% 1,8% 4,4% 0,41
1954 2,0% 2,6% 0,4% 0,9% 1,1% 1,3% 4,1% 0,32
1962 1,5% 3,3% 0,3% 0,9% 1,4% 1,5% 4,7% 0,31
1968 1,3% 2,3% 0,3% 1,0% 1,8% 1,4% 5,3% 0,27
1975 1,7% 2,9% 0,3% 1,9% 2,7% 2,1% 6,5% 0,32
1982 1,9% 3,3% 0,8% 2,3% 3,4% 2,6% 6,8% 0,38
1990 1,7% 3,6% 0,8% 2,4% 3,1% 2,5% 6,3% 0,40
1999 1,5% 2,9% 0,8% 2,2% 2,6% 2,2% 5,6% 0,39
taux de naturalisés
Norm. /
14 27 50 61 76 NORM France France
p.m 1936 0,4% 0,4% 0,1% 0,2% 0,3% 0,3% 1,3% 0,24
1946 0,8% 0,8% 0,3% 0,4% 0,5% 0,5% 2,1% 0,26
1954 0,9% 1,1% 0,2% 0,5% 0,6% 0,6% 2,5% 0,25
1962 1,0% 1,3% 0,3% 0,6% 0,7% 0,8% 2,8% 0,27
1968 0,9% 1,3% 0,3% 0,6% 0,8% 0,8% 2,7% 0,29
1975 0,9% 1,2% 0,3% 0,6% 0,9% 0,8% 2,6% 0,31
1982 0,9% 1,2% 0,3% 0,6% 0,9% 0,8% 2,6% 0,32
1990 1,1% 1,5% 0,5% 0,8% 1,2% 1,1% 3,1% 0,34
1999 1,4% 2,1% 0,6% 1,2% 1,7% 1,5% 4,0% 0,38
nb naturalisés pour 100 étrangers
Norm. /
14 27 50 61 76 NORM France France
p.m 1936 12 13 23 17 21 17 24 0,71
1946 27 23 42 25 43 31 49 0,63
1954 45 42 53 50 51 47 61 0,77
1962 68 39 81 59 50 52 59 0,88
1968 69 58 111 56 43 54 50 1,07
1975 52 42 115 32 32 39 40 0,96
1982 47 35 42 26 28 33 38 0,85
1990 61 42 55 35 39 43 50 0,87
1999 91 72 74 55 66 70 72 0,98
52
Himéminor 2007 page 53
Cette période 1946-1954 est celle du début de la reconstruction des villes et des
infrastructures normandes très fortement touchées par les destructions de la guerre
(Le Havre, Caen, Saint-Lô, Rouen, Sotteville,…). Mais il ne semble pas que cette
première phase de la reconstruction ait nécessité un fort recours à la main d’œuvre
étrangère.
L’essor important du nombre des étrangers entre 1954 et 1962 masque deux
mouvements contradictoires :
- la poursuite de la baisse du nombre des Belges et des Polonais.
- une certaine progression des Italiens et Espagnols (qui deviennent le premier
groupe en Normandie) s’accompagnant d’une apparition des Portugais,
mouvement qui tend à compenser numériquement le précédent.
- Une forte progression du nombre des Algériens34 qui contribue
principalement à la progression du nombre des étrangers dans la période. Ils
deviennent le premier groupe étranger en Seine-Maritime en 1962, devant les
Italiens.
34
Rappelons cependant les incertitudes concernant le nombre des Algériens en France à cette époque.
53
Himéminor 2007 page 54
L’immigration algérienne en
1962 : une présence plus
particulièrement marquée en
Seine-Maritime.
54
Himéminor 2007 page 55
La période 1968-1975 se traduit par une très forte progression des Portugais et des
Algériens (respectivement : + 9.500 et 5.600), les premiers consolidant leur position
de premier contingent étranger en Normandie. L’augmentation de ces deux groupes
nationaux est générale sauf dans la Manche, qui reste à l’écart de mouvements
migratoires importants.
55
Himéminor 2007 page 56
56
Himéminor 2007 page 57
L’année 1982 qui est celle d’un maximum du nombre d’étrangers en France, ne
marque à l’échelle nationale qu’une modeste progression du nombre des Portugais
alors que celle des Algériens reste une peu plus vive et leur permet de constituer le
premier groupe étranger dans le pays. En Normandie, la progression des Portugais
est marginale par rapport à celle des Algériens, mais ils constituent encore le premier
contingent étranger dans la région.
57
Himéminor 2007 page 58
Entre 1990 et 1999, le nombre des étrangers diminue sensiblement en France et dans
la région. Ce mouvement touche la plupart des nationalités, notamment celles qui
représentaient les principaux contingents étrangers depuis une trentaine d’années,
Portugais, Algériens puis Marocains. Les effectifs des Turcs et des nationalités
d’Afrique Noire continuent à progresser légèrement ou se maintiennent. Ces
tendances se retrouvent peu ou prou dans les cinq départements normands.
59
Himéminor 2007 page 60
NORMANDIE
TOTAL belges italiens espagnols portugais polonais algériens maroc tunisiens turcs
1936 40942 10905 6130 2567 9117
1946 39745 10416 5117 5708 992 9894
1954 32473 7029 5573 5614 1180 5766
1962 37954 4571 5372 5429 1527 3853 5297
1968 39816 2468 4852 5956 6728 2856 6660 1028 600
1975 60615 0 4135 4630 16225 12245 4845 2165
1982 78152 0 3408 3118 16744 15808 10868 2980
1990 78162 0 2556 2056 12137 12881 13721 3268 7608
1999 68887 0 2047 1752 9500 10331 11624 2155 6805
France
TOTAL belges italiens espagnols portugais polonais algériens maroc tunisiens turcs
1936 2 198 236 195 447 720 926 253 599 28 290 422 694 30 564
1946 1 743 619 153 299 450 764 302 201 22 261 423 470 22 144 16 458 1 916 7 770
1954 1 765 298 106 828 507 602 288 923 20 085 269 269 211 675 10 734 4 800 5 273
1962 2 169 665 79 069 628 956 441 658 50 010 177 181 350 484 33 320 26 569 np
1968 2 621 088 65 224 571 684 607 184 296 448 131 668 473 812 84 236 61 028 7 628
1975 3 442 415 55 945 462 940 497 480 758 925 93 655 710 690 260 025 139 735 50 860
1982 3 714 200 52 636 340 308 327 156 767 304 64 804 805 116 441 308 190 800 122 260
1990 3 596 602 56 129 252 759 216 047 649 714 47 127 614 207 572 652 206 336 197 712
1999 3 258 539 66 927 200 632 160 194 555 383 33 925 475 216 506 305 153 574 205 589
source: INSEE recensements de population
60
Himéminor 2007 page 61
61
Himéminor 2007 page 62
France
1946 66% 38% 51% 81% 32% 60% 67% 37% 51%
1954 (*) 59% 30% 44% 73% 22% 54% 60% 29% 44%
1962 55% 28% 41% 69% 20% 50% 56% 28% 41%
1968 54% 28% 41% 67% 20% 48% 55% 28% 41%
1975 52% 31% 41% 62% 22% 46% 53% 30% 41%
1982 53% 36% 44% 56% 24% 42% 53% 35% 44%
1990 50% 39% 44% 57% 31% 45% 51% 38% 44%
1999 50% 41% 45% 58% 39% 49% 51% 40% 45%
(*) pour 1954, il s'agit de la population active ayant un emploi
1946 INSEE - RGP 1946 - population active- volume III-2 ème partie - p.31-32
1954 INSEE -RGP 1954 - Tableaux A1 - population active ayant un emploi
1962 Français, NC par acquisition
INSEE RGP de 1962-résultat du dépouillement exhaustif - popul-mén-logts-Paris 1967 Imprimerie Nationale -p.44
1968 in INSEE- RGP 1975 - Nationalité-collection D n°83- sept.1981-p.67-68 -données 1968 = sondage au 1/4
1975
1982 INSEE RGP 1990 -logements -population-emploi -évolutions 1975-1982-1990 -exhaustif pour ces données
1990
1999 INSEE RGP 1999 -exploitation complémentaire
En 195435, bien que les catégories statistiques aient fortement changé depuis 1946, il
apparaît clairement que les étrangers sont relativement moins présents dans
l’agriculture, dont la part relative dans l’emploi régional et national amorce un profond
recul : 23,5% des étrangers actifs travaillent dans l’agriculture en Normandie (France :
24%) contre 32% en 1946. L’agriculture reste cependant le principal emploi des
étrangers dans l’Eure et dans l’Orne où plus de 42% d’entre eux y travaillent.
Les étrangers sont de plus en plus employés dans le BTP : 25 % d’entre eux le sont
contre 15% en France. Mais leur part dans le BTP (5,6% des employés) est moins
significative que dans l’ensemble du pays (8,8%). Le BTP fournit une part très
importante de leur emploi aux étrangers dans la Manche (43%) et à un moindre niveau
dans le Calvados et la Seine-maritime (environ 28%).
Un autre quart des étrangers actifs est employé dans les industries de
transformation, proportion proche de la moyenne nationale. C’est en Seine-
Inférieure que celles-ci y occupent le plus les étrangers (34% des étrangers y
travaillent, dont 16,9% dans la seule métallurgie), mais les étrangers n’y occupent
globalement que 2,6 % des postes.
Les industries extractives n’occupent que moins de 1% de l’emploi total en France
mais les étrangers y sont très présents :10,3% des effectifs en Normandie, 16,1% en
35
On notera la proportion non-négligeable d’étrangers pour lesquels l’activité économique n’est pas connue
(5%), signe d’une probable précarité de l’emploi.
63
Himéminor 2007 page 64
France. C’est dans le Calvados, que les étrangers y ont l’apport le plus important, 16,9
% des effectifs de ces industries.
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE -1954-
PAYE tableaux A1 part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T étrangers TOTAL
1954-NORMANDIE
0-1- pêche, agriculture, forêt 1,7% 1,0% 1,4% 23,5 34,2
2 -industries extractives 10,6% 1,5% 10,3% 3,3 0,7
3 -bâtiment, travaux publics 5,8% 1,1% 5,6% 25,0 9,4
4-5 autres industries de transformation 3,3% 0,9% 2,6% 25,6 20,6
dont ind.prod.transf. des métaux 4,8% 1,3% 4,3% 11,9 5,8
6- transports et auxilliaires de transports 1,0% 0,2% 0,9% 2,0 4,8
7- commerce, banque, assur., spectacles 1,8% 0,6% 1,2% 7,5 12,7
dont commerce 2,1% 0,5% 1,4% 3,4 5,2
8 -services 1,5% 1,1% 1,2% 5,4 9,0
9- services publics admin., armée 1,1% 0,2% 0,8% 2,6 7,1
ND 9,5% 1,0% 6,8% 5,0 1,5
Total 2,8% 0,9% 2,1% 100,0 100,0
1954- France
0-1- pêche, agriculture, forêt 4,6% 1,9% 3,6% 24,0 27,7
2 -industries extractives 16,3% 8,8% 16,1% 7,8 2,0
3 -bâtiment, travaux publics 9,1% 1,9% 8,8% 15,2 7,2
4-5 autres industries de transformation 5,5% 2,4% 4,5% 28,2 26,4
6- transports et auxilliaires de transports 1,7% 1,1% 1,6% 1,5 4,0
7- commerce, banque, assur., spectacles 3,6% 1,6% 2,7% 9,0 14,0
8 -services 4,2% 4,4% 4,4% 9,1 8,7
9- services publics admin., armée 2,1% 0,7% 1,6% 3,3 8,6
7,7% 3,3% 6,3% 1,9 1,3
Total 5,2% 2,3% 4,2% 100,0 100,0
source : INSEE-RGP 1954
64
Himéminor 2007 page 65
seulement 2,5% des travailleurs des industries sont étrangers alors qu’en France cette
proportion est presque le triple (7,2%).
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1968
1968
NORMANDIE
0-1- pêche, agriculture, forêt 1,1% 0,4% 0,9% 10,4 22,3
2 -industries extractives 3,6% 14,0% 4,1% 0,8 0,4
3 -bâtiment, travaux publics 6,0% 0,7% 5,7% 30,6 9,9
4-5 autres industries de transformation 3,2% 0,9% 2,5% 36,5 26,7
6- transports et auxilliaires de transports 1,6% 0,1% 1,5% 3,9 4,9
7- commerce, banque, assur., spectacles 1,5% 0,4% 1,0% 8,3 15,6
8 -services 1,8% 1,1% 1,3% 7,3 10,5
9- services publics admin., armée 0,6% 0,2% 0,4% 2,2 9,8
Total 2,5% 0,6% 1,8% 100,0 100,0
1968
France
0-1- pêche, agriculture, forêt 4,5% 1,3% 3,4% 8,8 15,7
2 -industries extractives 14,8% 3,5% 14,5% 2,8 1,2
3 -bâtiment, travaux publics 18,3% 3,2% 17,6% 29,9 10,5
4-5 autres industries de transformation 8,9% 3,5% 7,3% 33,0 27,8
6- transports et auxilliaires de transports 3,4% 1,5% 3,2% 2,2 4,3
7- commerce, banque, assur., spectacles 4,8% 1,8% 3,5% 9,5 16,8
8 -services 5,8% 5,9% 5,9% 11,0 11,5
9- services publics admin., armée 1,8% 0,7% 1,3% 2,7 12,2
Total 7,9% 2,9% 6,1% 100,0 100,0
source : INSEE RGP 1968
65
POPULATION ACTIVE PAR NATIONALITE SELON LA CATEGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE -1968
% étrangers
Himéminor 2007 page 66
En 1975, les étrangers constituent 2,5 % des actifs en Normandie contre 1,8% en
1968 : ils ont contribué entre ces deux dates pour près de 20 % à l’augmentation
de la population active.
Désormais, moins de 5% des étrangers sont employés dans l’agriculture. La moitié
des effectifs y est située dans le département de l’Eure.
26,5 % des étrangers sont employés dans le BTP (30,6% en 1968) : si les effectifs
étrangers et la part des étrangers continuent de progresser dans le BTP, la part de
celui-ci dans l’emploi des étrangers plafonne.
C’est que les étrangers sont de plus en plus relativement employés dans les
industries, et cela pour 48 % d’entre eux. On trouve les étrangers plutôt dans les
industries de biens intermédiaires (20,5%) puis dans celles des biens d’équipement
(17,6%) et plus secondairement dans celles des biens de consommation (9,4%).
C’est toujours dans le département le plus industriel, la Seine-Maritime, que les
étrangers trouvent davantage leur emploi dans les industries, notamment dans celles
des biens d’équipement (automobile). Mais on assiste aussi à un développement de
l’emploi des étrangers dans les autres départements normands, surtout dans l’Orne.
Dans ce dernier, de l’ordre de 500 étrangers y travaillant dans l’industrie en 1968, on
passe à plus de 1500 en 1975. Désormais, 56 % des étrangers de ce département
sont employés dans l’industrie.
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1975
1975 Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
NORMANDIE H F T H F T H F T H F T étrangers TOTAL
U01-agriculture-sylviculture-pêche 105485 66405 171890 1130 225 1355 106615 66630 173245 1,1% 0,3% 0,8% 4,6 14,6
U02 -industries agricoles et alimentaires 29660 12945 42605 300 155 455 29960 13100 43060 1,0% 1,2% 1,1% 1,6 3,6
U03 -production, distribution d'énergie 12760 1645 14405 200 0 200 12960 1645 14605 1,5% 0,0% 1,4% 0,7 1,2
U04-industries des biens intermédiaires 73060 20345 93405 5560 415 5975 78620 20760 99380 7,1% 2,0% 6,0% 20,5 8,4
U05- industries des biens d'équipement 95370 38595 133965 4560 570 5130 99930 39165 139095 4,6% 1,5% 3,7% 17,6 11,7
U06 -industries des biens de consommati 32260 35485 67745 1970 765 2735 34230 36250 70480 5,8% 2,1% 3,9% 9,4 5,9
U07-bâtiment -génie civil agricole 86185 5110 91295 7665 65 7730 93850 5175 99025 8,2% 1,3% 7,8% 26,5 8,4
U08 -commerce 67835 57330 125165 990 200 1190 68825 57530 126355 1,4% 0,3% 0,9% 4,1 10,7
U09- transports et télécommunications 56035 14165 70200 755 30 785 56790 14195 70985 1,3% 0,2% 1,1% 2,7 6,0
U10 - services marchands 70975 82510 153485 1525 545 2070 72500 83055 155555 2,1% 0,7% 1,3% 7,1 13,1
U11 à U14-autres activités 81465 112060 193525 730 840 1570 81645 112235 193880 0,9% 0,7% 0,8% 5,4 16,4
Total 711090 446595 1E+06 25385 3810 29195 735925 449740 1185665 3,4% 0,8% 2,5% 100,0 100,0
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1982
Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
1982-NORMANDIE H F T H F T H F T H F T étrangers TOTAL
U01-agriculture-sylviculture-pêche 81288 56368 137656 584 100 684 81872 56468 138340 0,7% 0,2% 0,5% 2,7 11,5
U02 -industries agricoles et alimentair 28320 13456 41776 364 92 456 28684 13548 42232 1,3% 0,7% 1,1% 1,8 3,5
U03 -production, distribution d'énergie 13936 2120 16056 304 16 320 14240 2136 16376 2,1% 0,7% 2,0% 1,2 1,4
U04-industries des biens intermédiaire 66940 18404 85344 3756 344 4100 70696 18748 89444 5,3% 1,8% 4,6% 16,0 7,4
U05- industries des biens d'équipeme 89624 34540 124164 3688 400 4088 93312 34940 128252 4,0% 1,1% 3,2% 15,9 10,6
U06 -industries des biens de consomm 30056 30768 60824 1100 680 1780 31156 31448 62604 3,5% 2,2% 2,8% 6,9 5,2
U07-bâtiment -génie civil agricole 86192 6824 93016 7184 44 7228 93376 6868 100244 7,7% 0,6% 7,2% 28,2 8,3
U08 -commerce 70696 65220 135916 1112 424 1536 71808 65644 137452 1,5% 0,6% 1,1% 6,0 11,4
U09- transports et télécommunication 57652 17084 74736 868 52 920 58520 17136 75656 1,5% 0,3% 1,2% 3,6 6,3
U10 - services marchands 84984 110940 195924 2144 860 3004 87128 111800 198928 2,5% 0,8% 1,5% 11,7 16,5
U11 à U14-autres activités 83758 100799 184557 680 872 1552 89508 120046 214864 0,8% 0,7% 0,7% 6,0 17,8
Total 693446 456523 1149969 21784 3884 25668 720300 478782 1204392 3,0% 0,8% 2,1% 100,0 100,0
66
Himéminor 2007 page 67
Le recensement de 1982 (cf. tableau ci-dessus) enregistre un fort recul des effectifs
employés dans les industries régionales, fortement marquées par les restructurations
et disparitions d’entreprises : globalement, les effectifs dans l’industrie reculent de plus
28.000 emplois par rapport à 1975.
Le tableau ci-dessous laisse apparaître la très forte composante ouvrière des actifs
étrangers en 1982 : 78,6 % des actifs étrangers sont ouvriers36, 83,1% pour les
hommes et 53,5 % pour les femmes qui sont assez souvent employées.
Bien que les catégories statistiques permettent difficilement la comparaison avec
1968, il semble bien que si la grande masse des étrangers occupe des emplois peu
qualifiés de l’industrie, du BTP et des services, la proportion des étrangers occupants
des emplois de professions intermédiaires ait sensiblement augmenté .
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON LA CATEGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE -1982
% étrangers
Francais Etrangers TOTAL /actifs pour 100 actifs étrangers
H F T H F T H F T H F T
1982
NORMANDIE
1- agriculteurs exploitants 64104 53808 117912 200 64 264 64304 53872 118176 0,2% 0,9 1,6 1,0
2- artisans, commerçants, chefs entrepr. 60916 37888 98804 844 100 944 61760 37988 99748 0,9% 3,9 2,6 3,7
3-cadres, professions intellectuelles sup. 54360 15360 69720 692 88 780 55052 15448 70500 1,1% 3,2 2,3 3,0
4- professions intermédiaires 113880 73476 187356 1204 384 1588 115084 73860 188944 0,8% 5,5 9,9 6,2
5 -employés 62904 208720 271624 752 1172 1924 63656 209892 273548 0,7% 3,5 30,2 7,5
6 - ouvriers, yc agricoles 342352 90956 433308 18092 2076 20168 360444 93032 453476 4,4% 83,1 53,5 78,6
Total 698516 480208 1178724 21784 3884 25668 720300 484092 1204392 2,1% 100 100 100
36
Il s’agit de données sur les actifs ayant un emploi, donc hors chômeurs , ce qui tend probablement à sous-
estimer encore la part des ouvriers, plus souvent frappés par le chômage.
67
Himéminor 2007 page 68
En 1999, au sein d’une population active totale qui augmente encore légèrement, le
nombre des actifs étrangers ayant un emploi a nettement diminué depuis 1982,
retrouvant l’ordre de grandeur de 1968, soit 21.000 personnes. Ces derniers ne
représentent que 1,7% des actifs en Normandie, pour un référent national de 5,2 %.
Les écarts restent marqués entre départements avec un minimum de 0,6% d’étrangers
parmi les actifs employés dans la Manche et un maximum de 2,6 % dans l’Eure.
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE- 1999
%
étrangers
TOTAL Français Etrangers / actifs pour 100 actifs
dont par dont par
acquisition total français acquis étrangers
NORMANDIE
agriculture 63349 62815 299 534 0,8% 5,1 5,2 1,7 2,5
industrie 271468 266168 3619 5300 2,0% 22,0 22,0 20,0 24,8
construction 77108 73715 1165 3393 4,4% 6,3 6,1 6,4 15,9
tertiaire 819500 807334 13006 12166 1,5% 66,5 66,7 71,9 56,9
dont commerce 154083 152043 1980 2042 1,3% 12,5 12,6 10,9 9,5
TOTAL 1231425 1210032 18089 21393 1,7% 100 100 100 100
France
agriculture 949017 909708 14259 39309 4,1% 4,1 4,2 1,5 3,3
industrie 4230978 4012401 164746 218577 5,2% 18,4 18,4 17,7 18,1
construction 1344215 1167137 63230 177078 13,2% 5,8 5,3 6,8 14,7
tertiaire 16526356 15755059 688327 771297 4,7% 71,7 72,1 74,0 63,9
dont commerce 3051246 2906977 133832 144269 4,7% 13,2 13,3 14,4 12,0
TOTAL 23050566 21844305 930562 1206261 5,2% 100 100 100 100
source: INSEE RGP 1999 -exploitation complémentaire
La part des étrangers qui s’emploient dans l’agriculture est devenue aujourd’hui très
marginale, 2,5% des étrangers qui constituent 0,8% des actifs de ce secteur. Mais
dans l’Orne, près de 10% des étrangers sont encore employés dans l’agriculture.
68
Himéminor 2007 page 69
Certes, 56,9% des étrangers sont en 1999 employés dans le tertiaire mais cette
proportion est nettement inférieure au référent national (63,9%).
Les actifs qui devenus Français par acquisition de la nationalité sont assez
systématiquement plus présents dans le tertiaire, davantage que les étrangers et les
Français de naissance, que ce soit à l’chélon des départements, de la région ou du
pays.
69
Himéminor 2007 page 70
Conclusion
Jusqu’à la Première Guerre mondiale, la Normandie n’accueille que relativement peu
d’étrangers. Ceux-ci sont davantage présents en Haute-Normandie. Les Anglais sont
les plus présents au milieu du XIXème siècle, en liaison notamment avec la révolution
industrielle entamée depuis le siècle précédent dans la Vallée de la Seine. Les Belges
prennent ensuite le relais. Peu nombreux, ces étrangers semblent s’intégrer assez
rapidement, au moins pour une partie notable d’entre eux. Ils travaillent tantôt dans
l’industrie mais dans des départements qui sont très ruraux (Orne, Manche), tantôt
dans l’agriculture (Eure). Mais ils sont bien aussi représentés dans le commerce dans
le département le plus industriel (Seine-Inférieure). L’industrialisation progressive mais
inégale de la région ne semble pas avoir entraîné un recours massif à une main
d’œuvre étrangère, les campagnes normandes ou des régions voisines alimentant
largement les usines de la région.
La Normandie connaît une nouvelle vague migratoire étrangère à partir du milieu des
années 60. Plus tardif qu’au plan national, ce nouvel apport contribue à multiplier par
2 le nombre des étrangers entre 1946 et 1990. Avec les Algériens et les Italiens, cette
première vague de l’après-guerre présente encore assez souvent un profil assez
masculin. A partir des années 70, cette nouvelle immigration se diversifie dans ses
origines (Marocains, Turcs, Africains sub-sahariens,…). Avec le regroupement familal,
sa structure sociale se rééquilibre en faveur des femmes et des enfants et se
rapproche du profil de l’ensemble de la population. Les femmes étrangères deviennent
par ailleurs de plus en plus actives.
Partie II
Corrélations et comparaisons :
Près d’un siècle plus tard, la carte de la présence étrangère montre que Le
Havre suit l’évolution qui est celle également de toutes les villes importantes du
département, portuaires ou non. On relève en effet l’affaiblissement de la présence
étrangère dans les faubourgs riches (comme la partie haute d’Ingouville, 6e canton) et,
parallèlement, son affirmation dans les quartiers de l’Est de la ville (3e et 4e cantons)
où s’installent les migrants de condition modeste. C’est là que sont implantés les
Belges, lesquels sont devenus la nationalité la plus représentée de la Cité Océane
(voir Annexe n°2)
L’évolution des mentalités montre aussi que Le Havre suit globalement le
mouvement général observé en Normandie et en Seine-Maritime. Les Anglais sont
ainsi, en 1851 et en 1891, la principale communauté présente dans la ville, leur poids
Himéminor 2007 page 78
800
700
600
Anglophones
500 Germanophones
Francophones
400
Hispanophones
300 Scandinaves
Est-européens
200 Italophones
100
0
1851 1891 1926
100%
90%
80% Autres
20% Négoce
10%
0%
1851 1891 1926
Cette longue présence des Anglais au Havre entraîne également des spécifités
dans les comportements culturels. Ainsi, à la différence des Suisses, dont la présence
importante est une caractéristique départementale (cf. Partie I, p. 32), les Anglais
restent-ils fidèles au même quartier d’installation (voir Annexe n°2), un phénomène
lié à la fois au caractère originellement élitaire de cette migration (parmi les 29 notables
étrangers les plus riches de la ville en 1842, on compte 11 Anglais) et aux
comportements démographiques qu’entraîne l’appartenance au protestantisme de la
plupart de ces personnes.
Ce particularisme religieux est en effet un obstacle à l’intégration. Ainsi, en
1891, quand 51,6% des Belges et 61% des Italiens, tous ou presque catholiques,
épousent une française, ils ne sont que 24,6 % d’Anglais à le faire. Par ailleurs, leur
très forte inclination à pratiquer les métiers du négoce (1/3 des emplois masculins) et
de la domesticité (ils représentent 30% des emplois étrangers de ce secteur) tout au
long du XIXe siècle peut être lue comme le signe d’une difficulté à sortir de leur
profession originelle. Ce n’est que très tardivement, en 1926, qu’une rupture se
produit. Les Anglais travaillant dans le négoce ne sont plus que 17%, soit la même
Himéminor 2007 page 80
proportion que ceux qui sont employés dans l’industrie peu qualifiée (17%) et les
métiers du port (15%).
Ces difficultés trouvent leur confirmation dans les pratiques inhérentes à la
sociabilité maritime havraise implantée dans le quartier St François. En 1891, on y
recense 23 débits tenus par un étranger, auxquels il faut adjoindre 2 cafés et 2 cafés-
concerts. En 1926, malgré une légère baisse, ils sont encore 21 débitants et 3
cafetiers, dont 16 dans le 2e canton. Les établissements anglophones comme le « Bill
Rhode » (rue Dauphine), le « Bill White » (rue Pleuvry), le « Sailor’s Home » ou le
« Sailor’s Rest », restent les plus nombreux. S’ils sont des lieux d’intégration, ces
établissements suscitent une suspicion montrant, comme ce fut le cas durant
« l’Affaire Jacobs », la stigmatisation pouvant affecter les étrangers. Cette « affaire »
fut au Havre, au tournant des XIXe et XXe siècles, un pendant de l’affaire Dreyfus
permettant de voir (Annexe n°2), à travers l’acharnement de la presse contre cette
famille de juifs anglais responsables de cafés-concerts, que le milieu portuaire
n’échappe pas aux tensions qui, en période de crise, caractérise la relation entre
population d’accueil et migrants
.
Himéminor 2007 page 81
1. Bolbec
C’est dans ce cadre que nous avons tenté d’analyser la corrélation entre le
déclin d’une industrie et le recours à l’immigration étrangère. Pour répondre à cette
question, nous avons jugé pertinent de comparer les tableaux de l’immigration en
1926, année où l’activité du textile reste forte, en 1968, moment où le déclin est
entamé, et en 1975, année où la plus puissante entreprise de la ville (Desgenetais-
Boussac) ferme ses portes37.
Anglais 1 1 2 4
Belges 6 4 3 7 20
Chiliens 1 1
Ecossais 1 1
Espagnols 4 1 5
Hollandais 1 1
Hongrois 1 1
Italiens 1 1
Irlandais 1 1
Suisses 1 1
Tchécoslovaques 2 2
TOTAL 13 7 9 9 38
37
L’étude a été réalisée grâce aux données démographiques recueillies aux Archives municipales de Bolbec
(Mairie de Bolbec, square du Général Leclerc, 76210 Bolbec) et aux registres de recensements nominatifs de
l’INSEE.
Himéminor 2007 page 83
Dans cette ville qui compte alors 10 000 habitants (10 041), ils ne représentent
que 0,38% de la population totale, la proportion d’immigrés en France étant de 5,7%.
Il s’agit presque exclusivement d’immigrés européens, dont plus de la moitié de
Belges, concentrés dans le centre de la ville (quartier 2). Le nombre d’étrangers
employés dans le textile est alors marginal. Ils ne sont que trois dans ce cas, dont deux
Britanniques qui occupent des postes à haute responsabilité. Les autres immigrés
étrangers travaillent majoritairement dans l’artisanat traditionnel.
En 1968, le textile bolbécais est entré dans une phase d’accélération de son
déclin. Dans ce contexte nouveau, la proportion d’étrangers à Bolbec reste faible
(0,45% de la population totale). On remarquera cependant, alors que la population
globale croît de 30%, que le nombre d’immigrés a presque doublé.
38
L’usine Tetlow, localisée à la limite du quartier 5, emploie également des ouvriers résidant dans le quartier 4.
Himéminor 2007 page 85
39
Entretien réalisé avec Monsieur Miloud Chébli, immigré marocain, ancien actif du textile à Bolbec, réalisé par
Valentin Porte et Erwan Simon, le mardi 20 février 2007, au domicile de Monsieur Chébli.
Himéminor 2007 page 86
2. Flers
différents bailleurs sociaux de combler un fort taux de vacance dans les logements
collectifs du quartier. Une soixantaine de familles viennent s’installer au Pont Féron
entre les années 1975 et 1978. Pour l’essentiel des familles turques arrivant à Flers,
le Pont Féron sera leur premier lieu de résidence. On l’appellera d’ailleurs le « quartier
aux moutons », en référence aux peaux de mouton que les Turcs font sécher sur les
pelouses. La communauté turque, peut-être en raison de sa provenance commune,
Posof en Anatolie, est très structurée et très organisée. Les Turcs représentent,
quantitativement, la première communauté étrangère de Flers. Depuis octobre 2005,
la communauté turque musulmane dispose d’un lieu de culte, une mosquée située
dans le quartier du Pont Féron, et un café dans le même bâtiment géré par
l’association Amicale franco-turque de Flers.
Les entretiens réalisés à Flers en décembre 2006 et janvier 2007 ont montré
que c’est à partir du milieu des années 1970 que des Turcs, uniquement des hommes
arrivant du nord-est de la Turquie, plus précisément de la région de Posof en Anatolie,
viennent s’installer à Flers. La région de Posof, une région rurale et pauvre, s’est
trouvée désertée par les jeunes, à partir des années 1970. L’exode rural a poussé les
jeunes hommes turcs en âge de travailler à quitter leur région natale et à partir, soit
d’abord vers les grandes villes de l’ouest de la Turquie (Istanbul et Ankara) pour aller
ensuite en France, soit à transiter par la Belgique ou l’Allemagne, soit directement vers
la France. Les primo arrivants de Flers sont des hommes venus seuls pour travailler.
Dans le cas où l’homme était déjà marié et père de famille, la femme et les enfants ne
sont venus le rejoindre que quelques années plus tard.
Les Turcs installés à Flers, majoritairement ouvriers, travaillent principalement
dans le secteur de l’automobile (Faurécia, équipementier automobile), de l’industrie
agro-alimentaire (Charal), dans le secteur du bâtiment ou encore du commerce
(restauration rapide, sandwicherie kebab). Certains ont d’abord, à leur arrivée, travaillé
dans des usines textiles qui ont fermé dans les années 1980.
Le modèle parental s’est perpétué pour les enfants des primo arrivants aussi
bien au niveau professionnel que familial. Les enfants de la première génération de
migrants, souvent nés en Turquie, sont partis très jeunes avec leur mère pour rejoindre
le père installé à Flers. Tous soulignent l’arrivée difficile en France liée notamment au
problème de la langue. Les enfants étaient inscrits à l’école, sans savoir parler le
français. Un enfant qui avait l’âge d’entrer en CM2 pouvait très bien ne sachant pas
parler le français, se retrouver en CP. Ces situations ont bien souvent provoqué des
Himéminor 2007 page 88
retards scolaires et un manque de motivation pour les études. Les enfants des primo
arrivants ont ainsi continué à travailler dans les mêmes secteurs que les parents en
essayant malgré tout d’évoluer au sein de l’entreprise. Alors que les hommes de la
seconde génération ont été jusqu’au BEP voire exceptionnellement jusqu’au
baccalauréat, les plus jeunes souhaitent désormais poursuivre leurs études. Voyant
leurs aînés reproduire le modèle parental, ils souhaitent, quant à eux, accéder à des
postes plus qualifiés.
Les femmes turques, en général, n’ont pas d’activité professionnelle. Elles
restent au foyer pour s’occuper de la maison et élever les enfants. Les primo arrivants
ont au moins cinq enfants. Aujourd’hui, les femmes restent encore au foyer pour élever
leurs enfants, trois en moyenne. Les enfants vont à l’école publique et à l’école turque
une fois par semaine pour apprendre la langue avec un enseignant venant de Turquie.
Payé par le gouvernement turc, il ne vient que quelques années puis repart dans son
pays. Les jeunes, même s’ils sont nés en France, n’oublient pas qu’ils sont d’abord
des Turcs, fiers de l’être, et aussi des musulmans fidèles aux valeurs de cette religion.
Il apparaît nécessaire à la communauté turque d’éviter que se produise l’assimilation
définitive des enfants. Il est essentiel de protéger le groupe dans sa différence à travers
la préservation de l’identité. Plusieurs critères d’identification sont avancés, la religion
musulmane et la culture turque, principalement la langue. Les primo arrivants ont
d’ailleurs de grandes difficultés à s’exprimer en Français. Quant à leurs enfants ayant
pourtant été à l’école en France, certains parlent un français approximatif. La langue
turque est la langue la plus utilisée. Elle est parlée en famille et avec les amis. Il s’agit
d’une communauté structurée, intégrée économiquement, sans revendication
particulière autre que celle de garder leur identité.
Les mariages des jeunes qui sont nés ou qui ont grandi en France s’effectuent
avec des époux ou des épouses venant de Turquie presque exclusivement originaires
de la région de Posof. Une expression est d’ailleurs couramment employée par les
Turcs pour définir les hommes qui viennent de Posof pour épouser une femme vivant
à Flers : ce sont les « beaux-frères », « les pièces rapportées ». Les mariages avec
des conjoint(e)s venu(e)s de Turquie constituent un atout majeur pour la communauté.
Ils perpétuent la dynamique migratoire par l’arrivée régulière d’un nouvel immigré ou
d’une nouvelle immigrée. Ces alliances matrimoniales permettent de faire perdurer les
valeurs de la communauté. La transmission de l’identité doit s’effectuer sans altération
de génération en génération.
Himéminor 2007 page 89
La promesse d’un retour au pays, le mythe de l’éternel retour qui serait le lieu
commun de l’immigration ne se vérifie pas. Les primo arrivants, désormais grands-
parents, souhaitent voir grandir leurs petits-enfants. Ils ne voient pas l’intérêt de
retourner passer leur retraite en Turquie seuls, sans leur famille. Le dépaysement n’est
d’ailleurs pas total puisque Flers présente des similitudes avec leur région d’origine.
Le paysage du bocage ornais aurait étonnamment, selon différents témoignages, des
similitudes avec la région de Posof.
Himéminor 2007 page 90
SITUATION DE FORGES-LES-EAUX
En 1926, les étrangers ne sont que 59 dans ce canton rural de moins de 20 000
habitants (1964).
1 2 2
7
Allemands
14 Anglais
Belge
Espagnols
Hongrois
Polonais
33
3 1 5
Beauseault
Forges-les-Eaux
18 Grumesnil
Pommereux
Serqueux
32
Sur le plan des activités, on note la part importante des étrangers dits « sans
profession ». C’est le signe du développement d’une immigration familiale installée en
milieu rural, la plupart des actifs étrangers du canton de Forges-les-Eaux travaillant
dans le secteur agricole.
Himéminor 2007 page 93
1 1 1
1
Mécanicien
Sans profession
9
Journalier
Marchand de primeurs
Employée de cuisine
Hôtelier
1
Tailleur
Couturière
2 Electricien
28 Chapelier
2 Herbager
Aide-agriculteur
1
Cultivateur
1
Aide-cultivateur
1
1 Industriel
Raccomodeuse
2
Marchand
1
6
1
malheureusement pas l’équivalent pour la Normandie. Par contre, nous savons ce qu’il
advint des navigateurs. La passage du charbon au diesel sur les navires priva d’emploi
les soutiers. En 1953, sur 2 000 inscrits maritimes africains recensés dans les ports
français, les trois quarts ne naviguaient pratiquement jamais. La tendance à chercher
du travail à terre dans les ports d’attache comme Rouen ou Le Havre se confirme en
particulier chez les Manjak (dans cette période 70 d’entre eux furent embauchés dans
des usines de l’agglomération rouennaise). Les ex-navigateurs sédentarisés
constituèrent le premier noyau de l’immigration africaine d’après-guerre. Il y eut des
mariages mixtes et quelques regroupements de familles, signes avant-coureurs d’une
période nouvelle.
(Bénin), Cameroun, Gabon qui alimentent le courant. Mais très tôt, le Sénégal et le
Soudan (Mali) vont prédominer avec près de 50% des migrants du travail africains.
Progressivement, la migration va changer d’échelle et concerner un autre type de
migrants, comme l’indique une enquête dans une usine parisienne. Un observateur
note, en effet : « Avant la guerre de 1939, travaillaient régulièrement à la fonderie, où
ils faisaient merveille, sept ou huit anciens tirailleurs qui avaient pris goût à la France.
Maintenant, ces éléments, sinon européanisés, du moins initiés à la vie urbaine et
moderne, anciens marins, anciens tirailleurs, gens des cités et de ports, mus par
l’attrait du gain, l’esprit d’aventure ou par le prestige d’un monde qu’ils avaient parfois
déjà effleuré, sont noyés dans une masse de ruraux qui semble passer sans transition
notable des steppes du Fouta-Toro aux usines parisiennes ».
Désormais ceux qui partent des villages, principalement de la Vallée du Fleuve
Sénégal, sont jeunes, célibataires ou mariés ayant laissé femme et enfants au pays.
Ils n’ont connu ni la ville, ni l’école et l’analphabétisme les assigne aux postes de
manœuvres et d’O.S. C’est précisément de cette main-d’œuvre que la France d’après-
guerre en reconstruction et bientôt en croissance économique a besoin. Des accords
de libre circulation sont signés avec les jeunes états indépendants. « Avant, nous
étions sollicités, bien accueillis », dit un vétéran. Des industriels recrutaient sur place
et même sans contrat ces migrants disponibles, peu exigeants, trouvaient rapidement
du travail. Dans l’agglomération rouennaise, les filatures, la métallurgie, la construction
navale embauchaient, de même Renault sur ses chaînes de montage (Cléon, près
d’Elbeuf, à partir de 1958, plus tard Sandouville, près du Havre, à partir de 1964) où
les ¾ des ouvriers étrangers étaient africains (397 en 1984 du Sénégal et de
Mauritanie). Parmi les entreprises havraises, on peut citer Multiplex (Lutherma), les
Tréfileries, le Nickel, le Titane, Dresser, les Verreries de Graville, Goodyear.
La connaissance du prolétariat africain en Normandie est encore dispersée et
incomplète. Cependant, certaines caractéristiques ont souvent été décrites. Il suffit de
les rappeler très sommairement :
minoritaire mais présente dans toutes les villes normandes (davantage à Evreux), les
Manjak, marqués par des différences religieuses et anthropologiques.
- L’importance du peuplement, l’homogénéité culturelle ont amené des Africains à
reconstituer dans les Foyers de travailleurs les structures sociales villageoises (village-
bis) en conservant les us et coutumes.
- La finalité de la migration était la prise en charge des besoins en subsistance et en
équipements des villages d’origine, d’où la mise en place d’un système d’aide
collective très organisé par des Associations Villageoises en France.
- Le séjour en France était limité à 2 ou 3 ans, le travailleur était relayé par un
compatriote. La sédentarisation définitive dans le pays d’accueil et le regroupement
familial étaient exclus.
Ce type de migration allait être enrayé par la décision du gouvernement français
d’interrompre les migrations de travail en 1974. Avec la sédentarisation des travailleurs
et le regroupement familial, l’immigration entrait dans une ère nouvelle.
Qualification professionnelle
Manœuvres de moins de 18 ans 1
Manœuvres 428
O.S. 240
O.P. 49
Employés 3
Maîtrise 0
Cadres 1
Total 722
Orne 6 0 0 6 0 0 0 0 4 0 0 4 10
Calvados 24 4 0 28 7 0 0 7 32 1 0 33 68
Total
30 4 0 34 7 0 0 7 40 1 0 41 82
B.-N.
Seine-Maritime 456 7 0 463 330 11 0 341 2528 199 275 3002 3806
Total
534 7 18 559 369 13 3 385 2951 233 316 3500 4444
H.-N.
Total
564 11 18 593 376 13 3 392 2991 234 316 3541 4526
Normandie
La situation en 1976 dans les départements normands pour les 3 pays comptant le
plus grand nombre d’immigrés (Sénégal, Mali et Mauritanie) montre qu’il s’agit d’une
Himéminor 2007 page 101
migration encore presque exclusivement masculine (en France, sur 75000 adultes africains,
il y a environ 5000 femmes).
Très faible en Basse-Normandie (quasi inexistant dans la Manche et l’Orne, minime
dans le Calvados) le peuplement africain se concentre en Haute-Normandie (Eure et Seine-
Maritime), la Seine-Maritime comptant pour 85,5%, avec une très forte proportion de
Sénégalais.
Orne
Maliens 5 1 4 10
Sénégalais 7 3 4 14
Camerounais 5 5 3 13
Congolais 0 3 1 4
Ivoiriens 4 1 1 6
Total 21 13 13 47
Calvados
Maliens 44 16 4 64
Sénégalais 70 19 8 97
Camerounais 32 20 2 54
Congolais 41 16 6 63
Ivoiriens 91 40 8 139
Total 278 111 28 417
Himéminor 2007 page 102
Eure
Maliens 187 48 158 393
Sénégalais 612 233 318 1163
Camerounais 6 2 2 10
Congolais 13 6 21 40
Ivoiriens 3 6 0 9
Total 821 295 499 1615
Seine-Maritime
Hommes Femmes Mons de 16 ans Total
Maliens 380 34 43 457
Sénégalais 2963 657 1020 4640
Camerounais 185 97 67 349
Congolais 90 45 55 190
Ivoiriens 195 36 25 256
Total 3813 869 1210 5892
Total Haute-
4634 1164 1709 7507
Normandie
Total
4978 1302 1770 8050
Normandie
Les chiffres au 1er janvier 1984 concernant les cinq nationalités les plus
représentées en France au recensement de 1982 (Congolais –7620-, Ivoiriens –
11680-, Camerounais –14220-, Maliens –24320-, Sénégalais –33240-) montrent que
la Haute-Normandie compte pour 93,2%, la Seine-Maritime, avec une forte dominante
sénégalaise, pour 73,2%.
Himéminor 2007 page 103
a) Afrique centrale : 732 (15,9%) dont 46 % de femmes (Congo : 333, Cameroun : 185,
République Démocratique du Congo : 138).
b) Pays côtiers du Golfe de Guinée : 345 (7,4%) dont 49 % de femmes (Côte d’Ivoire :
121, Guinée : 112, Togo et Bénin : 77).
c) Iles : Madagascar, Maurice, Comores : 231 (5%) dont 63% de femmes.
d) Autres pays ex-colonies d’Afrique française : 37 (0,8%).
e) Pays d’Afrique hors ancienne tutelle française : 82 (1,7%).
Pour deux villes, le pourcentage de Sénégalais est indiqué : Elbeuf (19,2% soit
667 personnes), Evreux (15 ,7% soit 780 personnes). Nous savons par ailleurs que
l’ethnie Manjak est très représentée dans cette ville.
Dans l’une et l’autre région, la taille des ménages est supérieure à la moyenne
des immigrés (en moyenne 2 fois plus d’enfants). Elle est égale ou légèrement
supérieure en Basse et en Haute-Normandie – entre 3,5 et 4. Elle est de 5,6 personnes
par ménage chez les Sénégalais de Haute-Normandie.
Les catégories socio-professionnelles, qui ne sont données que pour la Haute-
Normandie, permettent de constater le contraste entre la population sénégalaise qui
domine dans les migrations de travail et les autres Africains.
Le classement des Africains dans les secteurs d’activité révèle également des
phénomènes intéressants.
Le secteur Education – Santé – Action sociale est bien représenté en Basse-
Normandie.
Himéminor 2007 page 105
Hommes Femmes
C1 28,5% 39,9%
C2 31,3% 39%
Sénégal
15,8% 6,2%
Himéminor 2007 page 106
1982, deux pays (Sénégal, Mali) avaient plus de 20 000 immigrés. En 1999, 8 pays
(Côte d’Ivoire, Congo, Cameroun, R.D.C. -ex-Zaïre-, Madagascar, Maurice) sont dans
ce cas.
La migration la plus ancienne (migration de travail du Sahel), qui a si fortement
marqué la Haute-Normandie, ne représente plus que 25% en France contre près de
la moitié dans le passé.
Les ressortissants des nouveaux courants migratoires (immigrés et
demandeurs d’asile politique) se caractérisent par une scolarisation et une qualification
professionnelle plus élevées, la connaissance du français avant émigration, une forte
proportion de femmes (dont des chefs de famille monoparentales) de plus nombreuses
acquisitions de la nationalité française, pour beaucoup une appartenance chrétienne
(contrairement aux Sahéliens Toucouleur et Soninké islamisés).
Cette Afrique a été longtemps très minoritaire en Haute-Normandie, elle l’est
moins. Par contre, elle est majoritaire en Basse-Normandie : on en trouve un signe que
mentionne l’Atlas de Basse-Normandie dans la très forte proportion de familles
monoparentales (13,4%) dont la personne de référence est une femme.
Emmanuel Todd (Le destin des immigrés, Seuil, 1994) distingue deux types de
migrations africaines en France en se fondant des critères socio-démo-
anthropologiques (page 352).
Nous pensons que la Haute-Normandie est encore très largement de 1er type
et la Basse-Normandie du second type.
Conclusions
A partir de ce panorama, trois pistes peuvent être esquissées. S’agissant de la question
de l’immigration en milieu portuaire, l’étude faite au Havre confère deux enseignements. Le
premier est, en dépit de la modeste présence des immigrés dans cette ville, la confirmation de
la capacité des villes portuaires maritimes à être des réceptacles de choix pour l’accueil des
populations immigrées. En comparaison du poids occupé par cette population dans l’ensemble
de la Seine-Maritime, les chiffres obtenus au Havre montrent en effet une
« surreprésentation » des immigrés. Par ailleurs, la proximité de l’Angleterre et l’ancienneté
des liens humains et commerciaux établis entre Le Havre et ce pays contribuent à maintenir
une forte présence des Anglais tout au long du XIXe siècle, retardant dans cette ville une
évolution générale caractérisée par l’affaiblissement de cette nationalité dès le milieu du siècle.
S’agissant de la présence immigrée en milieu rural, on retiendra, à partir du
canton de Forges-les-Eaux, la stabilité de ses caractères socio-géographiques et son
déclin après la Seconde Guerre mondiale. Dans ce département, l’industrialisation de
la vallée de la Seine (raffineries, automobile…) mit fin à l’arrivée dans les cantons
ruraux des immigrés venus de pays limitrophes et employés dans l’agriculture
Le dernier enseignement est la confirmation de l’existence à l’intérieur d’un
même espace régional de deux « modèles d’immigration ». A l’immigration bas-
normande fondée sur le recours à une population assez qualifiée et employée dans
tous les secteurs d’une industrie modestement représentée s’oppose l’immigration
haut-normande pour laquelle la main d’œuvre immigrée, plus nombreuse et moins
qualifiée, est l’objet d’une répartition plus élaborée dans les secteurs de l’industrie.
Ainsi, alors que dans la vallée de la Seine les raffineries tendent à exclure les
immigrés, ceux-ci sont fortement employés dans l’automobile (Sandouville) et, de
façon plus marginale, dans le textile, lorsque le déclin de cette industrie est devenu
inexorable.
Himéminor 2007 page 110
Partie III
L’importance des récits de vie de migrants est une évidence pour une équipe de chercheurs,
familiers de l’histoire orale, traitant d’« Histoire et mémoires des immigrations en région
Normandie ». Outre l’apport au savoir scientifique, le recueil de la mémoire orale des migrants
est une manière de reconnaître leur parole et, par là même, de dévoiler le sens qu’eux-mêmes
donnent à leurs expériences respectives de la migration, singulières, multiples, mais toujours
porteuses de significations.
D’importantes collectes ont été réalisées, ou sont en cours, dans quelques régions,
qu’elles soient le fait de chercheurs, d’universitaires ou de militants d’associations, qu’elles
aient pour objectif la connaissance, une création artistique ou la valorisation de telle ou telle
communauté. En Normandie, Basse et Haute confondues, ce type de recherche est encore
rare, à quelques exceptions près, telle les Trente entretiens sur les migrants du Havre, réalisés
en 2005 par le Cirtai de l’Université du Havre, à laquelle plusieurs d’entre nous ont participé.
Aussi, le programme d’études de l’Acsé a-t-il été l’opportunité de constituer une équipe
de chercheurs, historiens et ethnologues, formés aux méthodes de recueil et d’analyse des
récits de vie de migrants dans l’ensemble de la Normandie. Non qu’en l’occurrence il y ait
nécessairement des spécificités régionales, mais c’est précisément aux migrants de
témoigner, avec leurs mots, de leur situation et de la façon dont ils la vivent. Et c’est à nous
de les analyser, dans un cadre méthodologique et conceptuel marqué par les références,
d’une part à Florence Descamps40 et à Daniel Bertaux41, et d’autre part à Abdelmalek Sayad42,
sans pour autant nous contenter de paraphraser l’un de ses titres, emblématique pour la
compréhension des migrants : La double absence. Des illusions de l’émigré aux souffrances
de l’immigré.
Les trois parties qui suivent s’inscrivent donc dans une démarche en cours, et dans la
perspective d’une nouvelle recherche, spécifique et approfondie, sur les récits de vie des
migrants en Normandie, futur programme qui pourrait également se fédérer avec ce qui se fait
ailleurs, et voire même prendre l’initiative d’une rencontre nationale des recherches sur la
mémoire orale des migrants.
Dans un premier temps, Léonard Barzman procède à l’analyse de trente entretiens,
recueillis dans la région du Havre entre avril et juillet 2005 par des chercheurs et associés du
CIRTAI en collaboration avec la ville du Havre. Ces paroles de migrants illustrent la diversité
40
Florence Descamps, L’historien, l’archiviste et le magnétophone : de la construction de la source
orale à son exploitation, Paris : CHEFF, 2001.
41
Cf. entre autres, parmi de nombreuses références: Daniel Bertaux, Les récits de vie, Paris, Nathan,
1997.
42
La double absence. Des illusions de l'émigré aux souffrances de l'immigré, Paris, Seuil, coll. Liber,
préface de P. Bourdieu, 448 p., 1999.
Himéminor 2007 page 112
de leurs origines et de leurs parcours, informent sur de nombreux sujets, tels les motifs et
circonstances de la migration, les conditions de vie et de travail, les contraintes
administratives, les efforts pour préserver un lien avec le pays d’origine et sa culture, le regard
sur la France et la Normandie, etc. Et, au-delà de cette diversité, s’expriment, presque
toujours, une rupture plus ou moins violente, un premier contact parfois brutal et la nécessité,
ou la contrainte, de s’adapter à une nouvelle société, parfois hostile et souvent ambivalente.
Chacun de ces hommes et de ces femmes a son histoire propre, mais tous nous donnent à
entendre des paroles d’espoirs et de rêves, de désespoirs et d’amertumes, et, toujours,
d’aspiration à la reconnaissance et au respect de l’autre. Etre migrant, et enfant de migrant,
revient souvent à vivre entre deux cultures. Et même s’ils choisissent la nationalité française,
ce n’est pas pour autant qu’elle leur est reconnue spontanément par les « Français de
souche ».
soixante, mariée et mère de trois enfants, met en avant les ambiguïtés et ambivalences, entre
la culture d’origine et la culture choisie, dans l’appartenance et la transmission. Le récit de
Mme JN, Mauricienne qui a passé toute sa vie à Madagascar avant d’arriver en France il y a
sept mois, jeune mariée d’une cinquantaine d’années et mère de deux enfants adultes encore
au pays, est significatif des conflits et métissages d’identités et de nationalités. Enfin, M. MS
et Mme MDS, couple sénégalais installé, avec leurs enfants, en milieu rural en Basse
Normandie (situation peu fréquente), se sentent rejetés : maintenir leur culture est leur
manière de résister à l’environnement social, tandis qu’ils souhaitent l’assimilation de leurs
enfants…
Ces trois approches, différentes et complémentaires, tant par la méthode que par la
diversité des sujets appelés à témoigner, disent les directions de la recherche que nous
souhaitons maintenant poursuivre et amplifier.
Himéminor 2007 page 114
1. 30 entretiens du Havre
Histoires et parcours de vie de migrants
A. Cadre théorique
Nous présenterons ici, préalablement, les principaux outils théoriques qui nous
semblent pertinents pour l’analyse d’un corpus d’entretiens réalisés avec des migrants en
Normandie en juin 2005 dans le cadre des Journée Nationales de l’Immigration. Tout d’abord,
nous apporterons des précisions quant aux définitions des termes « migration », « migrants »,
« immigrés » ou « immigration ». En outre, nous expliquerons pourquoi nous avons préféré
l’emploi des deux premiers termes à celui des deux seconds. Dans un second temps, nous
examinerons les raisons du récent engouement pour la « mémoire » (qu’il s’agisse de la
« mémoire des quartiers », de la « mémoire ouvrière », etc.) tout en envisageant les moyens
dont dispose le chercheur en sciences sociales ou en histoire pour « sonder » cette mémoire.
Enfin, nous présenterons les principales approches de l’anthropologie pour appréhender
l’ethnicité ou l’identité des groupes sociaux qu’elle étudie. Nous en profiterons pour
déconstruire quelques termes très usités par le sens commun (« communautarisme »,
« mouvements identitaires »).
Migration et migrants
Pour le sens commun, la migration est un déplacement de populations qui passent d’un pays
à un autre pour s’y établir, ou même simplement d’un endroit à un autre. Ainsi, la migration est
appréhendée en tant que phénomène collectif puisque ce sont des « populations » dont il
s’agit et non pas d’individus isolés. D’autre part, migrer n’impliquerait pas nécessairement le
passage ou déplacement d’un pays à un autre mais aussi d’un village à un autre, de la
campagne à la ville, d’une région à une autre, d’Outre-mer à la Métropole… Une telle définition
laisse le champ ouvert à l’étude des populations de migrants originaires de la Bretagne ou des
Antilles par exemple. Mais toujours, dans la représentation commune, le migrant ou l’immigré
est celui qui se déplace pour venir chercher un travail, pour des raisons alimentaires.
Ces derniers sont définis de façon négative comme des « non autochtones ». C’est alors le
point de vue du pays d’accueil qui est exclusivement pris en compte. Or toute d’arrivée
suppose un départ… Ce qui nous intéresse dans cette étude, ce sont justement les logiques,
le « ressenti » ou encore le « vécu » des migrants, donc de bien prendre en compte l’ensemble
de l’expérience que représente pour eux la migration. Bien plus qu’une simple arrivée ou
entrée dans un pays d’accueil, la migration est un passage d’un lieu à un autre avec le
franchissement d’une frontière : qu’elle soit réelle ou symbolique. On a ainsi pu parler de la
« barrière de la langue » qu’avaient pu subir les Bretons en s’installant en Normandie au siècle
dernier sans qu’il n’y ait le franchissement d’une frontière réelle.
La mémoire
Le terme de mémoire est très usité, que ce soit dans les disciplines des sciences humaines
(histoire et sciences sociales) ou par un certain nombre de techniciens territoriaux et cabinets
d’études en « patrimoine ». Avant de nous engager dans une discussion quant à la « mémoire
des migrants », nous avons souhaité repréciser ce que nous entendions par une telle
expression car, si la mémoire renvoie avant tout à la « faculté de se souvenir », une telle
définition, en partie juste, ne rend pas compte de l’engouement collectif que connaît l’usage
de ce terme.
Pour Florence Descamps44 ce regain d’intérêt est lié au « retour » de l’histoire orale
dans la discipline historique. Ce serait des sciences sociales que serait parti le mouvement de
43
Arnold Van Gennep, Les rites de passage, Paris, 1909.
44
Florence Descamps, L’historien, l’archiviste et le magnétophone : de la construction de la source
orale à son exploitation, Paris : CHEFF, 2001.
Himéminor 2007 page 116
L’histoire orale connaîtra une reconnaissance en France à partir des années soixante-
dix, essentiellement grâce aux enquêtes de Daniel et Isabelle Bertaux, sur l’histoire de la
boulangerie artisanale, avec une volonté de s’orienter « en direction des humbles et des
dominés ». Cet intérêt pour tout ce qui a trait à la vie des campagnes, aux mutations en cours
s’était manifesté lors d’une grande enquête dirigée par la Délégation Générale à la Recherche
Scientifique et Technique à Plozévet (sud Finistère). Il s’agissait d’examiner la « campagne en
changement et chercher à comprendre les processus qui affectent le monde paysan ».
De l’identité et de l’ethnicité
Identité et ethnicité sont deux thématiques très courantes dans les travaux et études menées
en sciences sociales à propos des « communautés de migrants » (englobant les migrants et
leurs descendants). Le postulat est que l’identité de ces personnes serait fondamentalement
autre que celle du pays d’accueil.
Il importe pour nous de revenir sur la définition à accorder à ces notions et d’introduire
les principales approches coexistant en sciences sociales. L’anthropologue Fredrik Barth45
conteste l’idée assez largement répandue que l’ethnicité d’un groupe social soit « la somme
de ses traits culturels » ; au contraire, elle est l’ensemble des caractères mis en avant par le
groupe en question pour se définir vis-à-vis d’autres groupes sociaux. Cette démarche est dite
interactionniste dans la mesure où c’est l’interaction – ou plutôt le contexte interactionnel – qui
détermine l’ethnicité des groupes sociaux, à savoir l’identité que ces derniers revendiquent
pour se différencier les uns des autres. On notera que cela implique un décalage
entre ethnicité affirmée par telle société, telle nation ou telle ethnie et ce qu’il en est réellement.
Pour illustrer ceci, donnons l’exemple des Croates, des Serbes et des Bosno
Musulmans : des peuples voisins, dont les populations s’imbriquent très souvent
territorialement, parlant de fait une même langue46. Dans la dernière période, les différences
religieuses (catholiques/orthodoxes/musulmans) ont été mises en avant par les différents
nationalismes pour se définir distinctement. Or, sous l’Empire austro-hongrois on pouvait se
déclarer Croate et orthodoxe, chose désormais considérée comme impossible… L’ethnicité
est donc une notion construite par les groupes sociaux pour se différencier les uns des autres
plus qu’une donnée objectivable.
45
« Les groupes ethniques et leurs frontières », dans Philippe Poutignat et Jocelyne Streiff-Fénart,
Théories de l'ethnicité, Paris, PUF, 1995.
46
S’il existe des « variantes dialectales », elles sont davantage territoriales qu’ethniques, à savoir que
Serbes et Croates de Krajina parlent une langue similaire mais différente de celles parlées par Serbes
et Croates de Slavonie.
Himéminor 2007 page 118
Nous avons souhaité éviter l’emploi de termes assez usité par le discours politique,
médiatique ou le sens commun tels que « communautés », « communautarisme »…
L’expression « phénomène identitaire » est aussi à éviter. Comme nous venons de le voir,
l’identité est en partie discours et mise en scène pouvant conduire, d’une part, à exagérer la
« différence ethnique » pour se différencier, et d’autre part à éluder d’autres phénomènes tels
que le syncrétisme (mélange ou métissage entre différentes cultures). Si nous nous
intéresserons à l’identité des personnes ayant participé à nos entretiens, ce n’est pas en
partant du postulat que leur identité serait fondamentalement différente de celle du pays
d’accueil, mais pour l’appréhender justement dans sa complexité (mise en scène, syncrétisme
et mélange entre l’identité du pays d’accueil et celle du pays d’origine). En outre, nous nous
intéresserons aux modalités de transmission (famille, associations et amicales) ou encore aux
biais par lesquelles elle se réalise (cuisine, langue, vêtement).
B. L’expérience de la migration
47
Cf. « L’ethnie en question, débats sur l’identité », in Martine Segalen (dir.), Ethnologie. Concepts et
aires culturelles Paris, Armand Colin 2001, 320 p.
Himéminor 2007 page 119
Nous avons pu entrevoir en introduction que la frontière entre migration et voyage n’est pas
nécessairement évidente à délimiter. Une migration c’est a priori un déplacement ; qu’est ce
qui confère donc à un simple déplacement le statut de migration ?
Plutôt que d’entrer dans une discussion autour d’une définition objective de la
migration, nous nous sommes intéressé au point de vue des migrants dont nous avons recueilli
les témoignages : se considèrent-ils comme migrants ? Au moment de leur installation dans
le pays d’accueil, ont-ils vécu ce déplacement comme une migration ? Y a eu il eu une prise
de conscience ultérieure ? Pourquoi ? Et quels sens donnent-ils à ces mots ?
Tout d’abord, présentons le cas d’AM, journaliste originaire d’Afrique de l’Ouest, venu
d’abord en France pour enquêter sur les « milieux d’immigrés » sans réelle intention de rester
plus durablement : « J’avais un ordre de mission avec un visa de court séjour et je suis venu
en France ». « Mais j’ai fait connaissance au cours de mes reportages avec une jeune fille très
belle blanche, et puis voilà qui est, c’est elle qui m’a fixé si vous voulez ». « Je me suis marié
et puis je me suis vu attribuer une carte de séjour, une carte de résident […] ».
Il n’y a pas eu à l’origine l’intention de migrer mais, dans le cas d’AM un voyage
professionnel de courte durée, pour RC un voyage de formation en tant qu’enseignant. Dans
le premier cas, c’est la rencontre d’une « jeune fille très belle blanche » qui l’a « fixé ». Dans
le second cas, il n’y a pas eu de décision de s’installer plus durablement mais une évidence :
« On reste là, voilà » suite à un mariage et à la constitution d’une famille.
R, migrant mauricien venu travaillé avec une cinquantaine de compatriotes dans des
chantiers de réparation navales au Havre insiste sur la liberté de choix qui a présidé à leur
venue en France. « Alors, nous avons quitté l’Ile Maurice le 21 septembre 1970 et nous
Himéminor 2007 page 120
sommes arrivés en France avec un contrat de travail… pendant un an… Ce qui veut dire
qu’après un an, on était soit libres de rester, soit restés libres de partir. »
Le choix était donc de rester ou de partir. Mais on reste « libre. Dans le second cas, on
conserve la liberté de « partir », ce qui suppose donc que durant cette première année en
France, il n’y avait pas d’obligation de rester, donc aucune attache forcée au territoire d’accueil.
Dans le premier cas, « liberté de rester » est gagnée et donc, en aucune façon, le fait de rester
n’est posé comme une fatalité.
Évoquons les situations fréquentes où c’est d’abord le père, considéré comme chef de
famille, qui s’installe dans un premier temps dans le pays d’accueil pour venir y travailler et qui
effectue de nombreux aller-retour avec le pays d’origine où est restée une partie de la famille.
Il en est ainsi de J, née en France, de parents originaire d’Algérie (Kabylie) : « Mon père,
d’abord, est arrivé pour travailler. Il était jeune, il était déjà marié […] Donc il est arrivé à la fin
de la guerre [d’Algérie]. Je crois qu’il a vécu pendant quelques années – exactement, je sais
pas – trois ans, cinq ans, ici au Havre. Il est arrivé directement au Havre. Il a rejoint des gens
qui étaient déjà partis, des gens de son village qui étaient déjà venus […] Donc il est venu et
après il a été relancé par son père pour revenir, pour retourner au pays […] Et puis, bon, il est
revenu en France. Après, il a été obligé de venir chercher sa femme et ses enfants […] »
On trouve ainsi une situation d’ambivalence où le père travaille dans le pays d’accueil,
mais dans les esprits tout se passe comme si il ne s’était pas réellement installé dans ce pays,
ces attaches restant celles du pays d’origine.
Pour déconstruire ce type de préjugé, nous entendons revenir ici sur les différentes
circonstances dans lesquelles les personnes interrogées ont effectué leur migration. Tout
d’abord, même si l’on constate une prédominance de motifs d’ordre économique, il convient
Himéminor 2007 page 121
de souligner qu’il n’y pas forcément d’exclusion entre migration « volontaire » ou par
« nécessité ». Ainsi un enquêteur a demandé à CB, originaire de Mauritanie : « - Quels sont
les causes de ton départ pour la France ? Est-ce que c’est une immigration volontaire ou par
nécessité. »
« - C’est plutôt par nécessité. Nous vivions mes parents et moi dans des conditions
très difficiles dans notre village. J’ai choisi de partir en aventure pour pouvoir aider mes
proches restés au Pays. C’est-à-dire ma famille, mon père, ma mère, mes frères, et mes
proches parents. »
Le terme « plutôt » implique, qu’il n’y avait pas exclusivement de la « nécessité » (sans
pour autant minorer le poids que cela a pu jouer) mais que c’était aussi le fait d’un choix, une
migration « volontaire ». T, originaire de Turquie : « Il fallait que je trouve un travail en Turquie
et comme il y avait beaucoup d’émigration, beaucoup partaient en Europe. J’étais curieux de
savoir ce qui se passait en Europe ». Il y avait nécessité de trouver un travail avec toutefois le
choix de découvrir un autre pays, un autre continent (T est originaire d’Izmir, en Asie Mineure).
« Alors donc avec quarante-huit autres compatriotes, nous avons un contrat de travail
avec les établissements Caillard [construction de grues portuaires] de l’époque, en 1970.
Caillard avait besoin de main d’œuvre, en 1970. Caillard avait besoin de main d’œuvre
qualifiée, donc l’entreprise avait fait un appel dans les journaux […] dans toute la France… »
La présence d’un compatriote mauricien dans cet établissement a pu être utile au cours
de ces démarches : « Et il y avait une épouse d’un compatriote qui était venue travailler en
France et qui avait vu cette annonce sur le journal… Elle l’a découpé, elle l’a envoyée à son
mari [à Maurice]. On a passé une annonce sur le journal local Le Mauricien ». Ainsi, « plusieurs
personnes, dont moi et d’autres compatriotes, ont écrit à l’entreprise. L’entreprise a délégué
un de ses ingénieurs du Havre pour l’île Maurice. Et donc, il y avait une discussion avec les
gens pour voir un peu leur capacité professionnelle. ».
Une responsable d’une association d’aide aux migrants affirme que les « Turcs étaient
sûrs d’avoir un travail » (en opposition à des migrants originaires d’autres pays ou d’autres
continents). Puis, elle rajoute immédiatement : « une partie serait repartie ». On a l’impression
Himéminor 2007 page 122
que les deux sont inconsciemment liés… tout se passerait comme si le migrant qui viendrait
« contrat en main » n’aurait pas d’intention de rester durablement (et au contraire celui qui
vient sans s’assurer de la disponibilité du marché du travail voudrait rester plus longtemps).
La frontière entre un migrant qui a « contrat en main » et ceux qui viendraient « rien
dans les mains » n’est pas aussi tranchée que l’on pourrait se l’imaginer. SC, originaire du
Sénégal :
« - Vous étiez promis à un emploi avant de partir du pays d’origine ? » « - Quand j’étais
sur le bateau ». Autrement dit lorsque SC est arrivé en France, il avait déjà une promesse
d’emploi. Le voyage était peut-être le meilleur moyen pour lui d’être mis au contact de
personnes pouvant lui proposer un travail.
Le migrant n’est pas un « miséreux » vivant dans le dénuement le plus extrême. Assez
souvent, il s’agit de personnes qui étaient commerçants dans leur pays d’origine et qui, se
retrouvant en situation de famille, se sont vues dans l’obligation de venir travailler comme
ouvrier en France.
« Mon père était commerçant à Oran. Nous étions plutôt à l’aise nous avions une belle
petite maison. Mais mon père a fait faillite, son commerce s’est écroulé. C’était un commerce
de fruits et de légumes dans un quartier populaire que les colons appelaient le village nègre.
Voyant sa faillite, mon père a cherché du travail à Oran, c’était en 1953, il n’en a pas trouvé.
Quand il était aisé, il avait aidé un ami qui avait eu les mêmes problèmes que lui. […] Voilà
comment mon père a émigré, et est arrivé au Havre, chez monsieur L au quartier des Neiges.
Himéminor 2007 page 123
Là, mon père a travaillé, a fait différents travaux de manutention. Et un an après, il nous a
demandé de le rejoindre, c’était un novembre 1955 ». (KB).
JU est originaire du Chili. Après avoir trouvé refuge dans l’ambassade de France, après
le coup d’état du 11 septembre 1973 qui fut particulièrement féroce pour les partisans du
président Allende, il est arrivé en France : « Oui on [une centaine de personnes] est resté
quand même un mois et demi à l’ambassade. Oui. Et après on est parti. On est arrivé le 14
décembre 1973. Juste quand le Boeing de Iberia touchait l’aéroport d’Orly à 23h35. Je précise
toujours 23h35 parce que c’était quelque chose de… c’était inoubliable. L’accueil était
formidable […] Jamais, on a été reçu comme ça. Et dans toutes les escales qu’a fait ce vol-
là… C’était un vol pénible parce qu’on a fait des escales à Lima, à Bogota, à Caracas… L’avion
était constamment entouré par des militaires parce qu’il y avait des éléments « dangereux »
[…] Donc quand on arrive à Madrid pour changer vers l’avion d’Iberia c’était pareil, c’était
épouvantable la situation. […] il y avait des policiers, des mitrailleuses partout, comme si on
était des délinquants. C’était pénible. C’était triste… De passer de la passerelle d’un avion
pour monter dans un autre, entouré de militaires comme ça. C’était affreux. Et les femmes
paniquaient. Parce qu’elles disaient « comment va être l’accueil à Paris ? Ils vont nous mettre
directement en prison […] »
cela, j’ai été à l’aéroport avec deux copains qui m’ont livré au gars [voir suite] qui m’a fait sortir
de l’aéroport sans pour autant passer par la PAF. Au sein de la police algérienne, il y a encore
des personnes intègres, enfin des gens qui nous tenaient informés de pas mal de choses,
hein ? Et qui n’ont absolument aucun pouvoir ? Moi, la personne qui m’a fait sortir, il m’a
accompagné jusqu’à l’entrée de l’avion, puis il m’a dit : « Voilà, bonne chance, au revoir, et
puis oublie-moi. Tu m’oublies, hein ? J’existe plus, ça y est, c’est fini. »
Après, l’arrivée en France : « Non ça a été très long, et c’est très dur ça. Vivre sans
savoir ce qui peut t’arriver, c’est très dur. Je peux vous dire, j’ai eu une réponse de l’OFPRA
un an après. Un an. Après j’ai attendu sept mois pour avoir une réponse négative. Il fallait
attendre pour qu’on nous invite à la commission de recours presque un an […] Ils m’ont envoyé
le deuxième rejet. À ce moment on était vraiment débouté, on n’arrivait pas à comprendre
pourquoi, qu’est-ce qu’on pouvait faire […] c’est sûr qu’on ne pouvait pas rentrer en Arménie.
[…] » Il faudra encore de nombreuses procédures (et rejets) pour que D obtienne finalement
le statut de réfugié.
Enfin, on trouve des migrants venus en France dans le cadre de leurs études ou de
leur formation. OB, né le 19 mars 1956 à Madagascar, est d’origine indienne. « Oui mes études
secondaires, je les ai démarrées en France parce que mes parents m’ont donné le choix entre
un enseignement en malgache et tenter un pari sur l’avenir, venir en France. À Madagascar,
c’était devenu un peu trop court et un peu trop refermé d’où le choix de venir en France ».
Ainsi, ce n’est pas une migration vécue comme forcée, mais un choix pour donner une
portée plus grande à ses études. O insiste sur les difficultés qu’il a rencontrées en venant
étudier en France (même si le sens commun pourrait porter à croire que la condition d’étudiant
étranger est plus facile que celle de travailleur) « C’est pas facile du tout. En tant qu’étranger,
Himéminor 2007 page 125
Migrer au Havre
Nous avons jusqu’à présent envisager la migration comme étant un déplacement d’un pays à
un autre, sans nous préoccuper spécifiquement des raisons qui ont prévalu dans le choix de
s’installer au Havre. Certains des migrants interrogés sont venus directement au Havre,
d’autres avaient déjà vécu ailleurs (en Normandie, dans une autre région, ou dans un autre
pays) après leur première migration.
CL est originaire de Bretagne. Elle est venue vivre au Havre suite à la mort de
son père, agriculteur, foudroyé par une crise cardiaque. « Mon père est mort en 14. Nous
étions cinq enfants. Enfin, six, mais ma petite sœur est morte en naissant. Mon père était
cultivateur – il portait son blé au moulin. Et puis il tombe de la charrette par terre. À cette
époque-là, on disait embolie, mais c’était une crise cardiaque certainement. Et le cheval est
revenu tout seul à la maison, il savait où il habitait, avec sa cargaison de blé. Voilà. […] et ma
mère, elle n’a pas pu tenir la ferme, parce que c’était trop dur pour elle, et puis payer tout le
monde, c’était cher. Elle ne pouvait, elle a vendu […] Et puis mon frère a su qu’il y avait du
travail au Havre, il avait dix-sept ans, il est venu tout seul. Il travaillait sur le port. À cette
époque-là, il y avait du travail à tire larigot. Il a dit à ma mère : « Venez au Havre ». On a pris
un meublé ».
Les Bretons ont connu un important exode à la fin du XIXe siècle et au début du
XXe siècle vers d’autres régions parmi lesquelles la Normandie venant souvent travailler dans
l’industrie. L’idée de les considérer comme des migrants fait débat. CL, elle-même, refuse
d’être considérée comme une immigrée et réagit immédiatement à la question suivante :
« - Donc on va aborder des thèmes qui sont plus centrés sur l’immigration, de la Bretagne, en
l’occurrence.
« Finalement, le fait d’être breton vous a aidé puisqu’il y avait des gens pour vous aider.
- Ah oui ! Tout le monde se connaissait. C’est une colonie par là-bas. Saint François c’est une
colonie ».
LB, mentionné précédemment, s’est installé dans les proches environs du Havre avec
sa famille. Son père travaillait déjà au Havre avant cette arrivée, et cette situation n’a été que
provisoire : « Mon père nous a trouvé un endroit pour vivre c’était à la campagne […] à 20 km
du Havre. […] On est venu rejoindre notre père. Il nous a trouvé un petit logement sous les
toits dans une villa, une maison de campagne de gens du Havre qui venaient les week-ends
et nous on habitait en haut sous les toits.
Et mon père se farcissait le trajet, ça c’était le coté dur… il était jamais à la maison
avant onze heures et demi. Au bout de trois mois, il y avait des baraquements qui avaient été
construits dans les années cinquante, des baraquements qui tenaient debout, c’était avec de
la laine de verre entre les murs. Et il avait un maximum d’Italiens qui avaient logé là… qui sont
repartis, il en restait plus qu’une centaine. À ceux qui avaient ramené leur famille, on allait
arranger ces baraquements comme des appartements. C’était comme un petit pavillon, on
s’est ressenti chez nous. »
LB a donc pu à ce moment venir vivre au Havre, avec sa famille, grâce à ce qui semble
une mesure de fortune prise en faveur des migrants et de leurs familles (réaménager les
baraquements d’après guerre en habitation en « appartements »).
T a dans un premier temps vécu à Fécamp (port de pêche) car il travaillait dans le
domaine de la réparation navale : « J’ai commencé chez Matthieu à Fécamp : faillite ! Je suis
venu au Havre. À cette époque, il n’y avait pas de chômage. Il y avait des demandes d’emploi.
Comme j’avais le permis poids lourd, on m’a demandé si je voulais être grutier mobile. Ils m’ont
donné l’adresse. J’ai dit oui et je me suis présenté le lendemain à 9 heures à Montivilliers »
C’est la perte de son emploi initial qui a amené T a déménagé au Havre puisque c’est
dans sa banlieue (Montivilliers) qu’il a ensuite réussi à trouver un emploi de grutier. Cela met
en évidence l’aire d’attractivité économique du Havre dépassant les strictes limites de son
agglomération.
Himéminor 2007 page 127
WA, au contraire, a vécu en Hollande après avoir quitté la Chine avec ses parents :
« Je suis né en Chine à Chekiang. Le 22 juin 1974. Je suis parti dès l’âge de 3 ans, de Chine.
Et j’ai grandi en Hollande. Et à l’âge de 17 ans, mes parents ont déménagé ici en France, au
Havre. Parce que mon père était cuisinier à Hong-Kong, et puis il y avait un grand chef cuisinier
qui allait ouvrir un restaurant en Hollande. Et donc c’est comme ça que nous on est venu en
Hollande. »
Il estime que « les Chinois » auraient des compétences de migrateurs favorisant leur
adaptation à d’autres pays : « Disons que… les Chinois sont… des migrateurs et ils ne
s’adaptent pas vraiment à un endroit, ils s’adaptent à tous les endroits, là où il y a du travail.
C’est pour ça qu’ils ont des facilités à voyager maintenant. On est attaché quelque part, donc
on a du mal à partir enfin j’aurai du mal à partir, maintenant du Havre ».
En revanche il est intéressant de noter cette attache qu’il a nouée avec la ville du Havre.
« Comment ça se fait que vous avez atterri ici au Havre ? C’était un choix de vos parents
toujours ? [venus directement de Hollande au Havre] - On a de la famille ici, nous on proposait
de vendre le commerce, et puis vu que mes parents cherchaient quelque chose de nouveau,
ils ont accepté, et puis bon on est venu là. » Ici, c’est la présence de membres de la famille
associée à une opportunité commerciale qui s’est présenté, qui a présidé le choix du Havre.
C. L’identité et sa transmission
Quelle identité ?
La croyance la plus communément admise est que les migrants seraient dotés d’une identité
ethnique ou culturelle fondamentalement différente et indissoluble dans celle du pays
d’accueil, et qu’ainsi « l’identité nationale » serait « mise en danger » par la présence de
migrants sur le territoire national.
- d’une part que les migrants seraient dotés d’identité(s) ou d’ethnicité(s) indissoluble(s) dans
« l’identité nationale » en raison d’un « fossé culturel insurmontable » (l’éternel « fossé » entre
« l’Occident » et « l’Orient »…). La peur du « choc de culture », annoncé après les attentats
du 11 septembre 2001 en est le corollaire.
- D’autre part, que la France serait caractérisée par une identité immuable prenant ces racines
dans « des siècles d’histoire » à commencer par celle des Gaulois. La nation française est au
contraire une construction politique parachevée d’une unification linguistique assez tardive : le
Français n’était pas parlé dans certaines régions jusqu’à la Première Guerre mondiale (Eugen
Himéminor 2007 page 128
Weber48) C’est le pouvoir politique qui a souhaité cette unification culturelle. Enfin,
l’immigration n’est pas un phénomène propre aux dernières décennies. L’identité nationale ne
s’est pas effondrée dans le passé.
« - Donc le pays d’origine c’est l’Italie ? - C’est l’ltalie. Je suis Piémontais […]Je
suis né à Alessandria qui est une petite ville entre Turin et Gêne […] de l’autre côté des
Alpes, je suis un gaulois transalpin pour la France cisalpine quand on est en Italie. » (LB)
À la question portant sur le pays d’origine, LB répond qu’il s’agit bien de l’Italie, puis
immédiatement il se définit comme « Piémontais ». Ceci est très caractéristique du sentiment
régional et local très prégnant en Italie au détriment de la « conscience nationale ». Ainsi, on
se dit avant tout « Piémontais, Sicilien, Calabrais… Dans les cas où l’on est d’une ville
véhiculant une identité propre très forte, on est Napolitain, Romain, Génois, Florentin… Non
sans humour, il rajoute par la suite qu’étant originaire d’Alessandria, située « de l’autre côté
des Alpes », il est un « gaulois transalpin pour la France » et « cisalpin pour l’Italie ». Il joue
ainsi de la confrontation des points de vue : pays d’origine/pays d’accueil. Se définir
ironiquement comme « gaulois » est aussi une manière de se rapprocher des Français. Le
Nord de l’Italie était sous l’antiquité peuplée de Gaulois qualifiés de cisalpins par Rome. Or,
l’origine gauloise présumée de la France est aussi un élément fort de la construction de
« l’identité nationale ». Il rajoute ensuite : « On est là depuis 1958 et je suis toujours rital. Je
suis toujours italien. On est en train d’essayer de faire l’Europe. On la fait mal, mais on la fait
quand même. Je suis toujours italien… Je suis venu j’avais douze ans, douze ans et demi, j’ai
vécu en Italie. Je parle italien couramment. »
Rappelons que le terme rital n’est pas usité en Italie. Il est apparu dans le langage
courant du français populaire pour caractériser les migrants italiens et leurs descendants.
Nous renvoyons à l’ouvrage Voyage en Ritalie49 de Pierre Milza analysant l’identité commune
recréée par la « communauté » des migrants italiens et leurs descendants vivant en France.
48
Eugen Weber, La fin des terroirs,Paris, Fayard, 1983.
49
Pierre Milza, Voyage en Ritalie, Paris, Plon, 1993.
Himéminor 2007 page 129
Etre rital renvoie plus à un syncrétisme entre les cultures des pays d’accueil et d’origine, ou
encore renvoie plus à une identité propre aux « Italiens de France » qu’à celle d’Italien.
Toutefois, le fait d’avoir vécu une première partie de sa jeunesse en Italie (douze ans) et de
parler toujours la langue du pays explique la persistance de cette identité italienne et de
migrants (« toujours rital », « toujours italien »).
Cela illustre le fait qu’il n’existe pas d’ethnicité pure qui ne pourrait être raciale.
L’ethnicité est une construction partagée par un groupe qui intègre notamment le principe de
stratification sociale. Très souvent, dans des buts de légitimation de la domination sociale et
matérielle exercée par un groupe donné, des origines « ethniques », « raciales » ou
mythologique lui sont attribuées.
« Là, vous touchez à l’une des traditions les plus conservées de nos terroirs, il s’agit
de la stratification sociale, c’est vrai que la société poular [un autre terme pour peul] à laquelle
moi j’appartiens est stratifiée à la manière pyramidale. C’est dire que du sommet de la
pyramide jusqu’au bas de l’échelle, il y a donc les clans […]. Et ce qui est extraordinaire au
niveau de cette stratification, c’est que en France des enfants qui sont nés ici respectent cette
stratification voilà donc ; on voit cela ; extraordinaire. Ceci montre quoi ? Ceci montre jusqu’à
quel point ces pères de familles peuvent accepter que tout tombe à l’eau, sauf ça entre autre.
Cette stratification ne sombra jamais et c’est pas pour demain qu’elle va tomber quel que soit
l’évolution de ces émigrés. De toute façon moi dans les mille ans à venir je ne vois, eh, en fait
c’est une manière de parler, mais aussi longtemps que possible je ne vois pas quand cette
stratification sociale sera battue en brèche par l’évolution de la mode, par l’évolution ou par la
modernité moi je ne vois, puisque le problème c’est ceux-ci qui sont nés ici et qui devaient être
des vecteurs de l’évolution ces filles et garçons, eux mêmes respectent cette stratification
sociale. »
L’ethnographe remarque alors : « Le paradoxe c’est qu’en Afrique c’est plus souple
qu’ici, dans une société occidentale. Comment vous pouvez expliquer cela ? » « Là vous
pouvez une question extrêmement importante, c’est vrai quand même : en Afrique c’est
plus souple, parce que le problème c’est que ces pères de famille et ces mères de famille
qui sont venus en France depuis 1960, ils vivent au Fouta ancien, ils vivent à l’ancienne,
Himéminor 2007 page 130
c’est-à-dire qu’ils conservent les coutumes, les traditions, telles qu’elles sont emportées,
quand ils sont venus pour la première fois. Ils refusent de larguer cet arbre de tradition donc
qu’ils ont toujours connu, alors que actuellement au Fouta nous notons une certaine
évolution. Parce que dans certains villages, un jeune thioubalo, qui sort avec une fille thiédo
donc cela veut dire que petit à petit bon la tradition elle s’effrite dans ces milieux. Mais le
problème en France on a l’impression que ces traditions sont davantage plus conservées.
Donc il y a une conservation à outrance de cette stratification sociale qui pourtant est en
train de perdre ses lettres de noblesse dans des milieux plus conservateur comme le
Fouta. »
Doit-on conclure d’après les propos d’AM que ce qu’il appelle le « respect » ou
conservation à « outrance » de cette stratification sociale chez les enfants de migrants
participe de la construction d’une identité plus appuyée chez ces derniers ? Le paradigme
interactionniste en anthropologie tend à considérer que la mise en scène d’une ethnicité est
souvent plus appuyée voir exacerbée dans des contextes où l’individu ou le groupe se trouve
en situation d’interaction forte avec des groupes sociaux revendiquant une identité autre. Ainsi
pour se définir par rapport à la société englobante, on respecterait avec le plus grand zèle des
principes de différentiation sociale interne à la société dont on est originaire. C’est en
substance ce qu’entend AM.
Les vexations qu’il a pu connaître lors de son parcours professionnel ont amené OB à
revendiquer son identité : « Le jour je vais dans des pharmacies, je postule pour être
pharmacien assistant. Je suis tombé dans deux ou trois pharmacies où on m’a dit monsieur
vous êtes sympathique, on a déjà eu des pharmaciens d’origine étrangère et les gens se
cachaient pour ne pas être servis par ces gens-là, donc on ne veut pas de vous. »
Plus tard dans l’entretien, il revendique son prénom et nom qui sont dépositaires de
son identité : « Je fais parti des gens qui n’ont pas changé mon prénom. Je suis OB et je
resterai OB. Ce n’est pas comme certains confrères qui ont certains soucis dans la
communauté et qui ont changé en se disant « sur une plaque, ça sera mieux ». « Non,
j’envisage ce nom même s’il dérange. Si les gens veulent de moi comme ça, tant mieux, sinon,
tant pis. Ce sont eux qui sont perdants. Moi, je me sens bien en France, j’estime que je suis
bien intégré, mais qu’on ne me dise surtout pas d’oublier mes origines. Je suis Indien. Je
resterai Indien jusqu’au bout. Parce que c’est comme ça. Mais je me sens Français. Si les
gens veulent de moi comme ça, veulent apprendre de moi, parce qu’ils ont beaucoup plus à
apprendre de moi que l’inverse parce que, moi, j’ai deux origines et que j’ai une civilisation
derrière moi, j’aurai gagné […] »
France, je suis Française. Mes parents sont Kabyles. Tous les deux. Et je me suis longtemps
posée la question si j’étais vraiment… Enfin qui j’étais ? Réellement ? J’ai longtemps pas su
d’où je venais, parce que, par rapport à mon histoire, mon histoire familiale… »
L’hésitation est très forte pour se définir. Toutefois, elle arrive très facilement à
caractériser ses parents. Ces derniers sont Kabyles et non Algériens : on retrouve la référence
à une région qui aurait sa spécificité culturelle (notamment linguistique) plus qu’à une nation,
l’Algérie. L’identité de l’individu est liée à l’origine («…qui j’étais », « j’ai longtemps pas su d’où
je venais ? »). Le questionnement de l’identité se traduit par un doute vis-à-vis du caractère
véridique d’une identité qu’elle entrevoit de revendiquer : « Je me suis longtemps posé la
question si j’étais vraiment… ».
Lorsqu’elle évoque les origines de ses enfants, elle s’interrompt comme si elle s’effaçait
devant l’identité de ses parents : « Moi, je leur [ses enfants] dis qu’ils sont Français. Je leur
dis : « Vous êtes nés en France, vous parlez français », après il y a des origines : leur papa
est Marocain, moi, mes parents sont Kabyles… »
- « Au fond de l’âme, je suis kabyle… Si je dis Française, c’est par… Mais dans ma
façon de… Je l’ai dit, c’était une difficulté pour moi, sur le plan identitaire… Dans ma façon de
penser je suis Kabyle. Je suis pas… Après, pour le reste, je suis Française ».
Nous avons vu précédemment que l’identité mise en avant par les migrants ou leurs enfants
n’est pas univoque. Cela n’implique pour autant l’absence de volonté chez les premiers de
Himéminor 2007 page 132
transmettre – que ça soit dans un cadre familial ou associatif – une identité propre au pays
d’origine.
R fait état des circonstances dans lequel est apparu le souhait de créer un club visant
à rassembler des familles mauriciennes : « Disons qu’après le travail, on rentrait assez tard
comme je vous le disais. On préparait le repas et on ne sortait pas. Le dimanche et le samedi
après midi (on travaillait presque tous les samedis matins), l’après midi, on faisait les courses
de la semaine. Et il n’y avait que le dimanche, le dimanche matin, on allait à la messe. Quand
il faisait beau, on allait un peu à la plage, ainsi de suite. Après, les familles commençaient à
arriver donc on se retrouvait plus ou moins dans les familles, ainsi de suite. Et après, en 73,
quelques familles étaient arrivées et quelques amis, et on s’était dit qu’il faut qu’on trouve un
endroit pour que les familles soient regroupées et après on a fait un club »
Enfin le club est aussi l’occasion de parler collectivement des problèmes familiaux et
en particuliers de la scolarité, parfois difficile, des enfants : (On parle de l’île Maurice), chacun
a des nouvelles fraîches. Après on parle un peu de problèmes familiaux, qu’est ce qu’on
projette de faire dans l’avenir, puis des problèmes des enfants ceux qui ont passé le Bac, ceux
qui n’ont pas eu le Bac, ceux qui sont au collège… »
« - Et vous voulez qu’elles parlent couramment ? Oui nous ne voudrions pas qu’elles
perdent ceci pour pouvoir communiquer avec les grands parents. Même s’ils sont loin quand
ils viennent, ils aiment bien parler aux enfants et c’est un signe de respect que de leur parler
en indien donc, ne serait-ce que pour ça, c’est important de savoir le parler. »
Le point de vue évoqué ici est celui d’un migrant rapportant une situation où la
transmission de l’identité fait consensus entre la génération de migrants et celle des enfants
nés en France. Ce n’est pas systématiquement le cas : J (née en France) et sa sœur ont,
durant leur adolescence, été en conflit avec leurs parents pour avoir noué une relation avec
des jeunes Français. J rapporte ce que son père leur a dit : « Oui, mais vous vous rendez
compte, ils ont tué mon oncle pendant la guerre. Et ma sœur lui a répondu : c’est pas mon ami
qui a tué ton oncle. Il n’était pas né à l’époque ».
La relation entretenue par J et sa sœur est vécue par le père comme inconsidérée au
regard du drame vécu par son oncle et sa famille durant la guerre d’indépendance. « Et mon
père, après une période… il a vu que c’était des relations… qui duraient. Il a compris et il nous
a emmenés en Algérie ma sœur et moi. Il nous a emmenées avec l’idée de nous laisser là-
bas… C’est vrai qu’y avait nos racines, mais… on parlait pas comme eux, on… […] on était
pas spécialement bien accueillis et on était des enfants d’immigrés… ça commençait à la
douane quand on arrivait… Nos tenues vestimentaires étaient critiquées… parfois, ils nous
manquaient de respect… »
Tout se passe comme si le fait d’envoyer ses filles vivre en Algérie (pour les marier par
la suite) constituait une contrepartie à la mort de son oncle. « Ill avait fait ses plans, il voulait
nous laisser là-bas, il voulait nous inscrire à l’école, et puis je pense que, après, ça aurait été
le mariage… On a tout fait, on a fait la grève de la faim, ça a pas tellement marché. […] Et
puis ma mère avait par habitude, quand elle allait là-bas en Kabylie, d’aller voir les marabouts,
les Cheikhs… C’est un sage, le sage du village […] »
C’est finalement la figure de cette autorité « traditionnelle » (le sage) qui résout le conflit
en désavouant les projets des parents de J. « Elle le voyait chaque fois qu’elle allait en Algérie.
Il lui donnait des conseils… Et on l’avait adoré parce qu’’il avait dit à ma mère : tu es venue
pour quoi ? Alors elle lui avait répondu : « Je suis venue pour laisser mes filles ». Il lui avait
dit : « Je t’interdis de laisser tes filles, tu prendras tes filles, tu les ramèneras chez toi » et elle
avait dû lui dire qu’on fréquentait des Français et de là il lui avait dit : « Tu ramèneras tes
filles… ne t’inquiète pas pour le reste ». […] De là elle avait repris les passeports à mon père
et elle avait dit : il m’a dit de ramener les filles, donc je les ramène. »
Himéminor 2007 page 135
Cette expérience illustre le rapport conflictuel entre générations. Les migrants pouvant
souhaiter transmettre une identité ou un héritage à ne pas trahir, que les enfants peuvent
refuser. Il n’y a pas réception consensuelle et encore moins passive de cet héritage ou identité.
Elle n’a pas de propos particulièrement élogieux vis-à-vis des familles kabyles
fréquentées par ses parents au Havre. Au contraire, ils forment une sorte de « famille », avec
des réciprocités vécues comme « lourdes » : « Les fréquentations de mes parents… Chez
nous, ils se côtoyaient beaucoup quand ils sont arrivés au Havre. Il y a beaucoup de familles
kabyles au Havre, et ils s’invitaient régulièrement, ils avaient souvent des fêtes, baptêmes,
baptêmes du garçon, circoncision du garçon, mariages, tout ça. Donc toutes les familles
s’invitaient. C‘était comme une famille… Donc tout le monde se connaissait et c’était assez
particulier ça aussi… Parce que si, pour une raison ou une autre, vous n’alliez, vous ne
répondiez pas à l’invitation, c’était sûr que la fois d’après vous n’étiez pas invité. Donc vous
sentez un petit peu exclu et… C’était comme ça, et il fallait toujours « rendre la même » je me
souviens… Les cadeaux… il fallait rendre dans la même valeur… [Rires] j’ai trouvé çà…
Bizarre… Mais les gens s’invitaient beaucoup. Vraiment… On les connaît. Donc c’est un peu
lourd quand même hein. C’est lourd. »
2. Turcs de Flers
Parallèlement, quatorze anciens salariés de la SGTF ont évoqué leurs souvenirs liés à
cette arrivée de Turcs dans l’entreprise au cours d’un entretien plus largement dédié à leurs
souvenirs professionnels dans ces usines.
Les accueillants comme les accueillis gardent des souvenirs « sans vagues » de l’arrivée des
primo arrivants d’origine turque à Flers. Les Turcs décrivent des Flériens particulièrement
hospitaliers. Ils mettent souvent en perspective les récits de leur arrivée avec les sentiments
de rejet qu’ils vivent actuellement et qui leur semblent nouveaux. Ils ne disent presque rien sur
la situation actuelle, mais insistent pour dire qu’avant, tout allait bien. Du côté des Flériens,
ceux qui ont témoigné affirment avoir eu de bonnes relations avec ces nouveaux arrivants.
D’un côté comme de l’autre on évoque du bout des lèvres quelques personnes plus hostiles,
50
L’entretien avec Mme MY est publié en annexe.
Himéminor 2007 page 137
mais ce qui émerge avec évidence de ces souvenirs, c’est une impression positive de cette
arrivée.
M. F51. : Comment il s’appelait le gros qu’achetait tout le temps plein de tissus là enfin bref, il
est reparti en Turquie
Mme F. : Tous
M. M.53 : Non, je ne me souviens pas de personne, au point de vue du refus de l’étranger, non.
Au point de vue, qu’ils n’étaient pas forcément compétents là ça a créé des problèmes de
relations de personnes qui se suivaient, là oui. Mais autrement non. Et généralement c’était
des gens assez sympathiques. On n’a pas senti de gens rejeter l’étranger comme on peut
l’entendre. Je pense qu’ils ont été bien accueillis, normalement.
Par ailleurs, l’immigration de Turcs à Flers semble avoir été liée à un cercle étendu de
sociabilité entre hommes originaires de la ville de Posof. Une fois à Flers, ils se sont entraidés
et organisés un peu de la même façon. Ils logeaient donc dans une petite pension de famille
à proximité de la gare, se retrouvaient dans un café où ils s’échangeaient les informations
quant aux offres d’emplois (témoignage hors micro). À l’usine, ils n’étaient jamais seuls
originaires de Turquie. Pour vivre à Flers, il ne leur était donc pas nécessaire de parler français.
M. L.54 : Y en a qui parlaient français, mais il fallait essayer de les comprendre. J’en avais un
qui était venu en teinture après avoir été licencié de filature, je sais pas comment que je l’ai
51
M. F., tisserand puis monteur de chaînes puis contremaître aux tissages de la Planchette puis de la
Blanchardière de 1946 à 1979.
52
Mme F., tisserande aux tissages de la Planchette puis de la Blanchardière de 1946 à 1987.
53
M. M., apprenti tisserand puis monteur de chaînes puis contremaître puis contremaître chef au tissage
de la Blanchardière (une des usines de la SGTF) de 1948 à 1986.
54
M. L., conducteur de flambeuse à la teinturerie de la Blanchardière de 1956 à 1985.
Himéminor 2007 page 138
retrouvé chez nous, j’ai voulu discuter avec, je me souviens, il parlait d’école « écoule, écoule,
écoule » ben ça voulait dire école !
M. L. : Ah non, bah quand on a l’habitude déjà d’être avec eux, on arrive à les comprendre
mais là !
M. G.55 : Oui, beaucoup oui. Et puis on répétait et on recommençait avant qu’ils fassent des
bêtises. On recommençait pour voir s’il avait bien compris.
M. G. : Oh oui ! Y en avait un qui avait du mal, hein. Lui il parlait très peu, très très peu. En
plus il avait un physique qui faisait peur alors il ne cherchait pas trop les contacts !
M. G. : Non, on prenait un petit papier et on leur disait 1er fil à tel endroit, 2e fil après continuez
comme ça alors il en commençait un petit bout et je lui disais dans 15 minutes tu viens me
rechercher pour voir et je recontrôlais et bon, « bah c’est bon, tu peux continuer »
Mme H56 : J’ai eu un Turc qui m’apportait des caisses de coton et je l’ai mis au courant
KLP : Comment ?
Mme H : Bah vous savez fallait prendre une grande bobine et puis faire marcher !
Mme H : Hum
Mme H : Ah bah non. Il m’aimait bien. Il était gentil. J’ai eu une Portugaise, un Turc… 2 Turcs
55
M. G., tisserand puis monteur de chaînes puis contremaître aux tissages de la Planchette puis de la
Blanchardière de 1962 à 1986.
56
Mme H, dévideuse puis bobineuse au tissage de la Blanchardière de 1930 à 1973.
Himéminor 2007 page 139
Mme H : Bah oui ! Quand je les ai vus arriver, ils ne parlent pas français, faut lui expliquer.
Ben j’ai dit me vlà bien et puis ça a été très bien. « maman » qu’ils m’appelaient,
« maman » !
Au-delà de la langue
Alors, comment chacun peut-il avoir une perception positive de l’autre sans pour autant avoir
pu échanger ? Voici quelques propositions de pistes pour comprendre. Côté flérien : le plein
emploi des années soixante-dix ne leur fait pas porter un regard méfiant sur ces nouveaux
ouvriers. Les Turcs arrivent pour faire un travail dont les Français ne veulent pas.
M F57 : Lorsqu’on a mis en route des équipes de nuit, on a eu un peu de mal à trouver du
personnel et je m’en rappelle, le directeur technique, qui était en même temps directeur du
personnel a dû faire appel à la main d’œuvre portugaise… turque. Parce qu’on avait pas tout
à fait trouvé des volontaires, à Flers en tout cas hein
M F : Bah il s’est adressé au ministère je sais pas trop quoi et on a, on a fait venir des ouvriers
de Turquie, pour faire les équipes de nuit. D’ailleurs chez Cousin, c’était pareil hein, nos
Flériens n’étaient pas bien chauds pour travailler la nuit hein, donc on a fait venir des étrangers
et ces étrangers-là ils sont là encore, mais ils se sont multipliés aussi !
KLP : Il a fallu faire savoir à l’époque dans les villages de Turquie que Flers embauchait, c’est
ça en gros ?
M F : Oh bah c’est les ministères qui s’en occupent hein, c’est les ministères qui s’en occupent,
moi je me rappelle, il s’était adressé au… peut-être par le canal de la préfecture, je sais pas,
au ministère de la main d’œuvre sans doute, et, relations avec l’ambassade de Turquie, et ça
n’a posé aucun problème, on a eu du personnel turc qui était des travailleurs hein, il n’y avait
pas de problèmes
M F : Pourquoi la Turquie, parce que, je sais pas trop pourquoi euh, sans doute qu’à l’époque
ce pays était demandeur de main d’œuvre à l’étranger hein et on a eu de très bon, on a eu
des Français quand même, mais quand même, les équipes de nuit, c’était beaucoup,
beaucoup des étrangers qui acceptaient de travailler la nuit.
57
M. F, directeur du service commercial de la SGTF aux « grands bureaux » de 1957 à 1978 puis
directeur du tissage de Pont des Vers de 1979 à 1993.
Himéminor 2007 page 140
M. B.58 : Comme c’était des ouvriers qui prenaient n’importe quel travail, que ce soit propre ou
sale, bah ils étaient embauchés parce qu’il est arrivé que les Français aimaient pas beaucoup
se salir
M. M59 : En 72 c’était une époque où le travail marchait très bien, il y avait beaucoup de
demandes, donc il fallait beaucoup de production. Donc d’installer une équipe d’homme qu’il
a fallu former et les volontaires parce que ne faisaient équipe de nuit que des gens acceptants,
des volontaires. Il fallu d’abord trouver des personnes qui veulent bien. Il était déjà très difficile
de recruter même en double équipe, d’où l’équipe de nuit il y a eu beaucoup d’étrangers, des
Portugais et des Turcs.
De plus, les Français imaginent que ces hommes vivent dans la misère en Turquie, ce qui
exacerbe leurs bons sentiments. On accueille plus généreusement des personnes
présumées dans le malheur plutôt que des gens venus chercher mieux tout simplement.
Mme H.60 : Bah fallait mieux. C’était pas de leur faute hein ! Y a eu des Portugais, des Turcs.
Y’en a qui travaillaient mieux que les Français, c’est vrai
Côté turc : les Turcs adoptent une attitude collective de travailleurs efficaces et discrets. En
effet, ils vont s’attacher à faire mieux que les Français (ou Françaises) qui occupent les mêmes
postes qu’eux, sans pour autant être rémunérés en conséquence. Ils pensent avoir à
démontrer sans cesse qu’ils sont de bons ouvriers et qui plus est, qu’ils ne sont jamais à la
source de problèmes. Aussi, s’attachent-ils à n’adhérer à aucun syndicat, à ne pas suivre les
mouvements de grève (sauf s’ils s’avéreraient être les seuls à ne pas faire grève) et dès qu’ils
acceptent un travail, ils ne rechignent sur aucune tâche, ne remettent rien en cause.
De plus, dans les filatures et tissages de la SGTF, ces jeunes hommes occupaient la
nuit, des postes qui le jour étaient occupés par des femmes. Ils mettent donc un point
d’honneur à obtenir des rendements supérieurs à ceux des femmes et décrivent leur travail
comme un travail facile.
M. G61 : Les Turcs ils étaient tous à la production, c’étaient tous des gros travailleurs !
58
M. B, apprentis régleur puis contremaître à la filature de la Blanchardière de 1952 à 1979.
59
M. M., apprenti tisserand puis monteur de chaînes puis contremaître puis contremaître chef au tissage
de la Blanchardière de 1948 à 1986.
60
Mme H., dévideuse puis bobineuse au tissage de la Blanchardière de 1930 à 1943.
61
M. G : tisserand puis monteur de chaînes puis contremaître aux tissages de la Planchette puis de la
Blanchardière de 1962 à 1986.
Himéminor 2007 page 141
KLP : Alors j’imagine que les Turcs et Portugais qui travaillaient la nuit n’étaient pas syndiqués
M. P.63 : Bah qu’est ce que vous voulez quand ça arrive à la Blanchardière, c’est des mecs qui
arrivent directement, enfin pour la mise en place de l’équipe de nuit, c’est des gens, ils bossent
que la nuit, on les voyait pas, ils bossaient la nuit. Ils parlaient pas français. Ils cherchaient pas
à venir nous rencontrer quoi que ce soit. Ça ne nous a pas posé de problèmes, ça n’a pas
dérangé nos vieilles petites habitudes de fonctionnement et là mea culpa. Bah voilà, ça s’est
fait en douce comme ça
Les salariés qui ne travaillaient pas directement avec ces ouvriers turcs en ont des souvenirs
tellement lisses qu’ils en ont même oublié leurs difficultés à s’exprimer en Français.
KLP : Qu’est ce que vous leur demandiez comme compétences ? Est ce qu’il y avait un
problème de langue ?
Les hommes turcs sont musulmans, mais ils n’ont jamais revendiqué des conditions
particulières pour pouvoir effectuer leurs prières sur leur lieu de travail. Le travail de nuit les
dispensait de cette demande car les prières cessent entre 21 heures et 6 heures du matin. De
plus ces hommes étaient jeunes, ils arrivaient en France en célibataires et semblent avoir
composé de façon assez souple avec leurs pratiques religieuses.
De rares rencontres
Les problèmes de langue et surtout le manque de curiosité des Français envers ces Turcs ont
donné lieu à peu de véritables rencontres entre travailleurs turcs et français à l’époque. Même
62
M. L : conducteur de flambeuse à la teinturerie de la Blanchardière de 1956 à 1985.
63
M. P, employé de la comptabilité au tissage de la Blanchardière de 1968 à 1984 puis permanent
syndical CFDT de 1984 à 1989 (date de la fermeture).
64
M. M., apprenti tisserand puis monteur de chaînes puis contremaître puis contremaître chef au tissage
de la Blanchardière de 1948 à 1986.
Himéminor 2007 page 142
si les Français se sont construits des souvenirs dans lesquels la langue n’a pas été un
obstacle. Il s’agissait juste de bonnes relations de travail, mais pas davantage.
M. B65 : Oui un peu leur vie là-bas, ils étaient pas heureux hein, aussi bien au régime politique
que question salaire, ils étaient là c’est parce que c’était intéressant
[…]
M. B : Pas grand-chose. On m’a dit que c’était un peu comme la religion catholique, pratique
qui veut. Apparemment ils n’étaient pas tellement fanatiques du ramadan mais enfin est ce
qu’il le faisait ou ne le faisait pas ils n’étaient pas obligés de me le dire ! Je voulais les faire
parler, ils voulaient peut-être me faire parler en même temps aussi hein !
M. B : Bah y en avait pas beaucoup à le faire. Non. Moi j’ai été en remplacement la nuit pendant
le ramadan et ils n’avaient pas l’air de… Ça n’avait pas l’air de les tracasser, ils avaient le droit
de manger mais ils auraient été peut-être fatigués quand même, pas s’ils dormaient dans la
journée, mais c’est pas des gars à dormir dans la journée en plus, non, ils pratiquaient pas
beaucoup c’était peut-être l’époque où ils pratiquaient un peu moins que maintenant je crois
qu’il y a un fanatisme qui s’est propagé un peu et… que l’islamisme a pris le dessus hein, j’ai
rien contre hein !
M. B : Non, aucune
KLP : Donc en fait pour vous c’était des gens qui travaillaient bien, qui travaillaient beaucoup ?
KLP : Et comment ça s’est passé avec ces personnes-là vous les rencontriez ou est-ce qu’ils
étaient complètement à part dans l’entreprise ?
65
M. B, apprentis régleur puis contremaître à la filature de la Blanchardière de 1952 à 1979.
Himéminor 2007 page 143
M. L66 : Bah comme ils travaillaient la nuit, on les voyait pas. On savait, j’arrivai au tissage des
fois à 5h du matin ils étaient là. On se connaissait bien, plus ou moins. En teinture, des fois ils
arrivaient le soir à 9h, des fois un peu avant, alors on se connaissait comme ça
Mme B : De toute façon on avait pas tellement le temps, on se croisait, nous on faisait 1h-9h
eux ils arrivaient pour 9h et nous on partait
KLP : Et après ils ont appris le français un petit peu même s’ils ne le parlaient pas en arrivant ?
Mme H69 : Hum. Bah celui que j’avais il s’y est bien mis.
Mme H : Ah non.
KLP : Donc c’était une ignorance réciproque en fait, vous n’avez pas tenté de les rencontrer ?
M. P70 : Mais une méconnaissance totale, il n’y a pas de problèmes qui remontent et pour
cause, on a peut-être été un peu léger, quand je dis ça, mais il n’y avait pas de problèmes à
remonter, oui, y avait pas de problèmes à remonter et pourtant avec le recul ils ont eu aussi
leur problème, comme tout le monde.
Quelques véritables rencontres ont tout de même vu le jour, mais elles sont directement
liées à la personnalité de quelques contremaîtres. Ce sont en effet les contremaîtres qui
pouvaient se déplacer dans l’usine et choisir de passer ou non du temps avec les ouvriers
postés au pied de leurs machines.
KLP : Comment s’est fait le mélange comment se sont rencontrés ou pas les gens, est ce
qu’ils reformaient des petits groupes ?
66
M. L. : conducteur de flambeuse à la teinturerie de la Blanchardière de 1956 à 1985.
67
Mme B, fileuse à la filature de la Blanchardière de 1952 à 1979.
68
Mme C, fileuse à la filature de la Blanchardière de 1961 à 1979.
69
Mme H, dévideuse puis bobineuse au tissage de la Blanchardière de 1930 à 1943.
70
M. P, employé de la comptabilité au tissage de la Blanchardière de 1968 à 1984 puis permanent
syndical CFDT de 1984 à 1989 (date de la fermeture).
Himéminor 2007 page 144
M. G.71 : Non, on s’entendait bien. Et puis tous les mois on avait décidé à la sortie du travail le
samedi matin d’aller manger ensemble. Y avait un restaurant turc dans la rue Schnetz et le
gars on s’était mis d’accord avec lui et on allait manger tous ensemble, un samedi matin à la
sortie d’usine
M. G : Bah on avait décidé ça au début quand on s’est tous retrouvé, parce qu’ils allaient
manger les Turcs là-bas, et je dis « vous allez manger tous là, peut-être qu’on pourrait y aller
ensemble », ils ont dit « ok on va en parler » et la 1re fois qu’on a lancé cette idée là, tout le
monde a été d’accord d’y aller, alors on a maintenu
M. G : Et puis c’était sympa et c’était pas cher, je ne sais pas comment ils calculaient mais je
ne sais même pas si on payait 30 francs à ce moment-là
M. G : Bah ils cuisinaient presque français mais copieusement, et y avait des petites choses
qu’ils mettaient dedans qui faisait différent mais tout le monde aimait bien et tout le monde
était content et on rentrait vers 7h à la maison. Mais une fois par mois on se retrouvait tous
ensemble
Les familles
Les familles, femmes et enfants de ces ouvriers turcs, se souviennent d’une arrivée
douloureuse à Flers. Elles pensaient trouver des conditions de vie meilleures que celles
qu’elles quittaient, mais n’ont en fait trouvé que des appartements vides. C’est le plus souvent
71
M. G, tisserand puis monteur de chaînes puis contremaître aux tissages de la Planchette puis de la
Blanchardière de 1962 à 1986.
Himéminor 2007 page 145
la solidarité de leur communauté déjà installée à Flers qui les a aidées à s’installer, mais aussi
quelques voisins français bienveillants.
Ni les hommes, ni les femmes, ni les enfants ne décrivent leur pays natal comme un
pays dans lequel ils ont été malheureux. Ils imaginaient simplement venir en France pour
gagner de l’argent puis repartir en Turquie. Or les petits-enfants sont nés en France, ils ne
partagent plus la langue de leurs grands-parents et n’ont plus le même attachement pour la
Turquie que leurs grands-parents.
Les jeunes hommes qui ont immigré à Flers dans les années soixante-dix sont
aujourd’hui retraités (ou proches de la retraite) et souhaitent idéalement passer la moitié de
leur temps à Flers et l’autre moitié dans leur région natale. Ils ont quitté la Turquie il y a une
trentaine d’années et venaient pour la majorité d’entre eux d’une région rurale de l’Anatolie à
proximité de Posof. Ils parlent donc un turc attaché à cette ruralité. Une langue qu’ils ont
entretenue ici à Flers, entre immigrés turcs. Une langue qu’ils ont fait évoluer ici même, en y
intégrant des mots de français (l’exemple classique étant « Caisse Régionale d’Assurance
Maladie » qui surgit parfois au beau milieu d’échanges en turc). Or leurs petits enfants
apprennent le français à l’école. Leurs parents (principalement les mères semble-t-il) leur
apprennent des mots turcs. Mais surtout pour ces enfants, la langue turque est l’objet d’un
apprentissage particulier auprès de professeurs de Turc. Ces enfants apprennent donc un
Turc dit « moderne » et ne parlent donc plus tout à fait la langue de Posof des années soixante-
dix. Cette hypothèse mériterait d’être davantage explorée.
Ces entretiens demandent à être approfondis, aussi, doivent-ils faire l’objet d’interprétations
minimales afin d’éviter toute erreur d’incompréhension. Les hommes de la première génération
maîtrisent souvent très mal le français. L’entretien avec monsieur MO a été traduit par sa fille.
Il devait en être de même lors de l’entretien avec messieurs CK et AO, mais monsieur AO
s’exprimait suffisamment bien pour être compris. Madame MY n’est donc pas intervenue pour
traduire comme cela avait été convenu. C’eût d’ailleurs été lui faire affront. Cependant,
l’entretien ne peut être exploité comme un entretien entre deux personnes partageant la même
langue. Des incompréhensions de part et d’autre subsistent et il n’est pas question d’extrapoler
sur le choix d’un mot plutôt que tel autre. De plus, les mots étaient accompagnés de gestes et
une transcription aussi fidèle soit-elle ne peut rendre compte d’explications techniques, par
exemple, dont il ne reste sur la bande que « on fait comme ça, comme ça ».
Himéminor 2007 page 146
Dans les années soixante-dix, durent lesquelles la concurrence internationale sévit plus
sévèrement que jamais, la SGTF (Société Générale des Tissages de Flers) décide d’exploiter
son outil de travail 24 heures sur 24. Une équipe de nuit est alors créée d’abord pour la filature
puis pour les tissages. De courte durée, une dizaine d’années seulement, cette expérience a
néanmoins totalement transformé le profil des ouvriers de l’usine. En effet, alors que le jour,
des femmes occupaient les postes de tisserandes et fileuses, la nuit ce sont des hommes qui
les ont remplacées. À l’époque, le travail des femmes la nuit était encore interdit et les
candidats Flériens aux postes de tisserand et fileur trop peu nombreux. Ce sont donc des
Turcs qui ont constitué en majorité les équipes de nuit (95 % en filature). Ils occupaient les
postes des ouvrières alors que les contremaîtres et monteurs de chaîne restaient français.
Ainsi, des ouvriers étrangers, sont venus à Flers pour y travailler puis, peu à peu y ont construit
leur vie.
M. M. : Le travail de nuit c’était quand même quelque chose de nouveau et qui nous paraissait
quand même très difficile. Et de trouver des personnes compétentes pour travailler de nuit ce
n’était pas non plus très évident. Nous allions vers des complications certaines. Autrefois en
simple équipe, une seule personne travaillait sur le nombre de machines qu’elle avait à
conduire. Ensuite est arrivée la double équipe et là, déjà, les problèmes se sont compliqués,
parce que telle tisserande conduit ses machines d’une telle manière et suit son travail d’une
certaine manière et sa collègue, elle, trouvait l’état des lieux plus ou moins dérangé par rapport
à sa manière à elle. D’où, conflit général, enfin, général, souvent de personnes qui se
plaignaient de la personne précédente. On essayait au maximum de marier en contre-équipe
des personnes qui se correspondaient et qui pouvaient se parler. Parce que si on voyait que
au moment du remplacement, ils se croisaient sans se parler, ça c’était pas bon.
Trois personnes sur les mêmes machines, c’est certain qu’il y a eu beaucoup de
problèmes. D’autant qu’en 72, c’était une époque où le travail marchait très bien, il y avait
beaucoup de demandes, donc il fallait beaucoup de production. Donc d’installer une équipe
d’hommes qu’il a fallu former et les volontaires, parce que ne faisaient équipe de nuit que des
72
Extrait du catalogue d’exposition sur l’histoire de l’industrie textile à Flers, publié par la médiathèque
en juin 2007. Messieurs CK, AO et MO , tous trois issus de la première génération d’immigrés turcs à
Flers, éprouvent encore quelques difficultés à s’exprimer en français. Leurs propos ont été synthétisés
afin d’en faciliter la lecture. Certains de ces témoignages ne paraîtront pas dans le catalogue de
l’exposition.
Himéminor 2007 page 147
gens acceptants, des volontaires. Il était déjà très difficile de recruter même en double équipe,
d’où, l’équipe de nuit il y a eu beaucoup d’étrangers, des Portugais et des Turcs.
Tous ceux que nous avons embauchés il fallait quand même qu’ils parlent un peu le
français, parce qu’autrement c’était impossible. La personne qui est tisserande faut qu’elle
puisse quand même dire ce qu’elle a vu, ce qui ne va pas. Bon, il peut faire voir éventuellement
au départ, mais je ne me souviens pas de problème de langue, sans doute que nous étions
tombés sur des personnes qui parlaient plus ou moins bien, quelquefois c’était difficile de se
comprendre, mais on arrivait quand même toujours à se comprendre.
M. CK est arrivé en France en 1972 et M. AO en 1974. Tous les deux sont originaires de
Turquie. Ils ont été contactés par des entreprises françaises qui, à l’époque, manquaient de
main d’œuvre. Des représentants de ces entreprises s’étaient alors rendus sur place pour
recruter des ouvriers. Leurs futures conditions de travail leurs ont été décrites par un
interprète : grands déplacements, hébergement en hôtel, etc. Une fois ces postes acceptés,
ils ont dû subir une visite médicale. Ils décrivent ces démarches pour obtenir un travail en
France comme extrêmement faciles et rapides. La SGTF n’a pas démarché directement les
ouvriers en Turquie. Ce n’est qu’en 1974, pour M. CK, et en 1977, pour M. AO, qu’ils
intégreront l’équipe de nuit de la filature de la Blanchardière.
Comment vous avez décidé de venir en France alors que vous étiez en Turquie ?
M. CK : Oui, tout est neuf là ! Y a pas de malades, les yeux ci… partout, partout, visite
médicale, toute neuve, pas occasion !
M. AO : Visite médicale générale et test des oreilles, et tout ça. Si c’est bon, signé et
puis on donne quelques mots de français de turc, y a un monsieur et une dame, ils posent des
questions en français et y a un interprète turc qui parlait avec nous. Là il a dit tu travailles en
déplacement, manger hôtel. Dès fois travail même secteur, des fois partir loin. Et nous
accepter ou pas accepter ? Et puis accepté, on a signé.
Comment vous avez su qu’il y avait du travail en France, comment cela s’est passé ?
Si quelques Français et Turcs travaillaient ensemble au sein des équipes de nuit, la grande
majorité des salariés de l’usine n’a fait que croiser furtivement ces ouvriers de la nuit lors des
changements d’équipes. Ces nouveaux venus, qui ne disposaient dans leurs bagages que de
peu de mots français, ont été formés le jour, l’espace d’une semaine, par les tisserandes (et
Himéminor 2007 page 149
exceptionnellement par quelques tisserands) puis ont ensuite travaillé exclusivement la nuit
continuant leur formation auprès des contremaîtres.
L’urgence résidait alors dans leur formation professionnelle, pour laquelle il a fallu
davantage user de gestes que de mots. Les personnes rencontrées conservent toutes de bons
souvenirs de cette arrivée d’ouvriers étrangers au sein de l’usine bien que la barrière
linguistique - et parfois le manque de curiosité - ait limité les échanges.
Est-ce que vous avez souvenir de réticences, de personnes qui refusaient cette nouvelle
arrivée ?
M. M. : Non, au point de vue du refus de l’étranger, non. Au point de vue qu’ils n’étaient
pas forcément compétents, là oui, ça a créé des problèmes de relations de personnes qui se
suivaient, là oui. Mais autrement non. Et généralement c’était des gens assez sympathiques.
On n’a pas senti de gens rejeter l’étranger comme on peut l’entendre. Je pense qu’ils ont été
bien accueillis. On a eu beaucoup de problèmes c’est au point de vue technique, les problèmes
au point de vue relations homme, généralement ils n’étaient pas violents, ils n’étaient pas des
gens à se fâcher, ils étaient calmes généralement.
La plupart des salariés français ne font guère que croiser les ouvriers étrangers
M. L. : Comme ils travaillaient la nuit, on les voyait pas. J’arrivais au tissage, des fois à 5 h du
matin ils étaient là. On se connaissait bien, plus ou moins. En teinture, des fois ils arrivaient le
soir à 9 h, des fois un peu avant, alors on se connaissait comme ça.
Mme B : On les avait la journée avec nous, parce que ça tournait pas encore la nuit,
alors on les a formés dans la journée.
M. B : C’était des gens qui voulaient travailler et qui étaient quand même assez doués,
c’était pas des gens de la campagne, c’était des gens d’un certain niveau déjà.
Mme Ch : Moi, j’avais un Turc qui était très sympa et qui parlait bien le français.
M. B : Moi ils voulaient absolument s’intégrer, ils ont cherché à parler français.
Himéminor 2007 page 150
Mesdames B et C : Non
M. MO (traduit par sa fille) : On avait pas le temps d’avoir une ambiance, tout le monde
s’occupait des machines, on se voyait à peine.
De véritables rencontres
Monsieur G., vous étiez contremaître, comment se fait-il qu’ils vous aient choisi en 75 pour
travailler la nuit ?
M. G : Je pense que c’était une question de relation avec les personnes qui travaillaient
la nuit. Il fallait pas de conflits, et puis comme j’étais pas mal diplomate, je pense qu’ils ont
joué là-dessus, ils se sont dit « Avec G, la nuit, ça va être tranquille ». Parce qu’il y avait déjà
des problèmes à la filature. En équipe de nuit, il y avait des problèmes relationnels parce qu’il
y en avait qui commandaient les étrangers comme des moins que rien.
Mais je pense que c’est de ce côté-là que ça c’est décidé. Ils se sont dit y aura pas de
conflits, parce que les conflits ça perturbe pour de longs mois, de longs mois, de longues
périodes.
M. G : Euh… de travailler avec des hommes, c’est pas désagréable quand même, y a
moins d’histoires !
M. G : Il y en avait onze, onze personnes. Les Turcs, ils étaient tous à la production,
c’étaient tous des gros travailleurs. Les Marocains, y a rien a redire pourtant c’était des
Marocains qui venaient du fin fond de l’Atlas là-bas, parce que pour les faire parler, c’était pas
facile par moment. Je sais pas si les autres Marocains les comprenaient ! Mais des sacrés
bosseurs ! On leur disait de faire comme ça, moi je n’ai jamais vu des gars aller aussi vite. Il y
avait des Turcs, des Français, il y avait un Autrichien.
Un Autrichien !
Himéminor 2007 page 151
M. G : Non, des Français. Pas une grosse majorité, peut-être un ou deux de plus, c’est
tout. On s’entendait bien. Et puis, tous les mois on avait décidé à la sortie du travail le samedi
matin d’aller manger ensemble. Il y avait un restaurant turc, et le gars on s’était mis d’accord
avec lui, et on allait manger tous ensemble, un samedi matin, à la sortie d’usine. On avait
décidé ça au début parce qu’ils allaient manger les Turcs là-bas, et je dis « Vous allez manger
tous là, peut-être qu’on pourrait y aller ensemble ? ». Ils ont dit « Ok, on va en parler ». Et la
première fois qu’on a lancé cette idée-là, tout le monde a été d’accord d’y aller, alors on a
maintenu. Et puis c’était sympa et c’était pas cher, je ne sais pas comment ils calculaient mais
je ne sais même pas si on payait trente francs à ce moment-là. Une fois par mois, on se
retrouvait tous ensemble, ça permettait de discuter en dehors du bruit et puis de maintenir des
petites choses sympathiques et puis discuter des choses qui n’avaient pas été et trouver une
solution avant que ça puisse dégénérer aussi.
Comment ça vous a été présenté par la direction le fait que ce soit des personnes qui
venaient directement de l’étranger ?
M. G : Ils ne s’en sont jamais occupés, ils nous les mettaient comme ça.
M. G : On prenait un petit papier et on leur disait « Premier fil à tel endroit », « Deuxième fil
après », « Continuez comme ça », alors ils en commençaient un petit bout et je lui disais
« Dans quinze minutes tu viens me rechercher pour voir » et je recontrôlais et bon, « Bah c’est
bon, tu peux continuer », mais fallait voir la vitesse qu’ils allaient !
Il y avait beaucoup de gens qui venaient de Turquie pour travailler, des Turcs ?
Mme H : Ah, oui… J’en ai connu un, très gentil. J’ai travaillé avec des Portugaises
aussi, très bien, c’est moi qui l’avais mise à travailler, elle était très gentille. Mais à côté de ça,
y en avait une autre elle était mauvaise.
Mme H : Non. C’est moi qui l’a mise au courant en travaillant. Même un Turc, j’ai eu un
Turc qui m’apportait des caisses de coton, et je l’ai mis au courant. Il m’aimait bien. Il était
gentil. J’ai eu une Portugaise, un Turc… deux Turcs.
Mme Hi : Bah oui ! Quand je les ai vus arriver, ils ne parlaient pas français, « Faut lui
expliquer ! » Ben, j’ai dit « Me vlà bien ! » Et puis ça a été très bien. « Maman » qu’ils
m’appelaient, « Maman ».
Mme H : Bah, fallait mieux. C’était pas de leur faute hein, y a eu des Portugais, des
Turcs. Y’en a qui travaillaient mieux que les Français, c’est vrai.
Mme H : Ah non.
Messieurs AO, CK et MO soulignent tous trois la qualité de l’accueil qui leur a été réservé. Les
tisserandes et fileuses qui les ont formés de jour, ont pris soin de s’adapter à ces élèves
particuliers qui ne maîtrisaient absolument pas le français. Elles ont transmis leurs savoir-faire
en montrant par gestes. Parfois même les aidaient en leur touchant les mains. De leur côté,
ces nouveaux arrivants turcs regrettent de ne pas avoir pu communiquer davantage car leur
maîtrise de la langue française était insuffisante pour aller au-delà des rituels « Bonjour »,
« Bonsoir ». Les premiers mots de français qu’ils ont appris étaient directement liés à leurs
outils de travail : « le tube », « coton », « manivelle à tourner », « automatique », « défaut ».
Messieurs AO et CK, je voudrais savoir quelles ont été vos premières impressions en rentrant
dans cette usine de filature ?
M. AO : Nous avant, impressions, tout ça, on regarde pas. Nous, intéressés travail. Parce que
connaît pas français. À côté il y a deux femmes, on est des fois travail la journée, était deux
femmes à côté, bon, je dis « bonjour », « bonsoir », c’est tout, c’est pas contacté. Si par
Himéminor 2007 page 153
exemple, problèmes de machine on est venir "madame, deux minutes, trois minutes en panne"
c’est tout. Mais « comment ça va »… impossible de parler, pas de langue !
Quels sont les mots que vous avez appris en premier pour la filature ?
Et comment cela s’est passé cette formation alors que vous parliez très peu français ?
M. CK : Faut faire attention, avant les Français, tous, tous les Français c’est gentil,
gentil, gentil. Ca fait rien si les Français, les Turcs ça parlent pas, femme c’est expliqué, c’est
toucher avec la main.
M. AO : Pourtant c’était pas dur le travail coton, on est bien regardé, comme le dit
monsieur CK, on est bien regardé professeur, c’était une femme professeur, elle était gentille,
très gentille. Bien expliqué. (Monsieur MO était assisté de sa fille pour les traductions)
M. MO : Monsieur trois mois avec moi tout seul. Comme ça, comme ça, attention casse,
on coupe. Trois mois, la tête comme ça ! Cassé, aller, encore ! Après, encore cassé ! Trois
mois comme ça !
M. MO : Non
Fille de Monsieur MO : Un roumain, il parlait neuf langues.
Mais est-ce qu’il y avait vraiment besoin de parler pour apprendre… avec le bruit ?
Fille de Monsieur MO : Il montrait plus. Il cassait les fils après il dit « Recommence »,
« Attache », après il noue et tout, parce que c’est pas le nœud qu’on fait nous.
Fille de Monsieur MO : Ils étaient très gentils. Il y en avait des méchants aussi oui, mais
il y en avait plus de gentils !
Himéminor 2007 page 154
Fille de Monsieur MO : Dès qu’on connaît pas le métier, c’est un problème, quand on
connaît bien, il y avait pas de problème.
Vous avez travaillé la nuit, mais le matin, il fallait ensuite voir la personne qui vous
remplaçait, donc il fallait lui dire ce qui c’était passé dans la nuit ?
Mais vous parliez quand même avec la personne qui vous remplaçait, qu’est-ce qu’il
fallait se dire, quel type d’informations ?
Monsieur MO : ça « défaut »
Fille de Monsieur MO : Il y a un « défaut ». Bah ils ont appris les mots qu’il faut c’est
tout !
Mme MY : ça fait depuis 72 qu’il est en France, il se fait comprendre, il comprend, mais
il peut pas faire une phrase sans faire une faute non, non, il a du mal. Il a pas été à l’école en
Turquie, il sait écrire et lire le turc, mais en France non, il a pas pu. Non, la langue française,
elle est dure hein ! Bon, moi, je parle c’est parce que j’ai été à l’école !
Ces ouvriers d’origine étrangère s’appliquaient surtout à rester le plus discrets possible
et à ne provoquer aucun problème au sein de l’usine.
M. P : Bah, qu’est-ce que vous voulez, quand ils arrivent à la Blanchardière, c’est des
mecs qui arrivent directement pour la mise en place de l’équipe de nuit, c’est des gens, ils
bossent que la nuit, on les voyait pas, ils bossaient la nuit. Ils parlaient pas français. Ils
cherchaient pas à venir nous rencontrer ou quoi que ce soit. Ça ne nous a pas posé de
problèmes, ça n’a pas dérangé nos vieilles petites habitudes de fonctionnement et là mea
culpa. Bah, voilà, ça s’est fait en douce comme ça.
Donc c’était une ignorance réciproque en fait, vous n’avez pas tenté de les rencontrer ?
M. P : Mais une méconnaissance totale, il n’y a pas de problèmes qui remontent et pour cause,
on a peut-être été un peu légers, quand je dis ça, mais il n’y avait pas de problèmes à remonter,
oui, y avait pas de problèmes à remonter. Et pourtant avec le recul ils ont eu aussi leurs
problèmes, comme tout le monde.
Himéminor 2007 page 155
Mme MY : Je sais qu’il travaillait toujours mon père, toujours, toujours. C’est vrai qu’il
a travaillé dur ! Lui, il travaille souvent le samedi, Parce que mon grand-père il a vendu ses
bœufs pour que mon père a son argent pour venir ici, pour qu’il achète son billet tout ça.
Messieurs MO, AO et CK insistent sur le fait qu’ils n’ont jamais posé de problèmes au sein de
l’usine. Ceci s’avère être le fruit d’une démarche délibérée de leur part, persuadés que les
Turcs étaient embauchés justement pour leur efficacité au travail et leur discrétion. Ils
racontent fièrement que la nuit, ils produisaient plus que les femmes le jour, ce qu’ils
contrôlaient grâce aux compteurs, bien que cela n’ait jamais eu aucun effet sur leurs revenus.
M. CK : Les femmes combien le compteur ? 1000, l’autre 1005. Nous : 1050, 1060 et
peut être 1100 !
M. AO : Non, non. En société filature avant, ils ont choisi les Turcs, je sais pas peut-
être travail sérieux, on ne dira rien. Par exemple le chef posait question ou boulot, on ne dira
rien : « D’accord chef, pas de problème, on va le faire »
Mme MY (fille de monsieur CK) : Je suis venue en France, il nous a fait venir en France en 75.
Mme MY : Oui, non, on savait pas définitivement, on disait bon, on part, on va gagner
de l’argent. C’est ce qu’il disait, tout le monde disait ça, on va gagner de l’argent et puis après
on va retourner en Turquie et puis non, on est là ! ça fait trente ans, on est pas partis !
SY (petit fils de monsieur CK) : Je suis un Turc mais je ne sais pas parler turc ! Je
suis né en France, à l’hôpital de France de Flers. On peut dire, mon père, il est Turc, il sait
parler turc, mais il ne sait pas parler français, il est comme moi mais c’est le contraire !
Fille de Monsieur MO : Rien du tout. Nous, on croyait qu’on allait venir dans une maison
toute prête, on pensait pas que c’était comme ça quoi, qu’il y avait rien, que c’était vide ! On
avait acheté des fauteuils, mais c’était tout.
Fille de Monsieur MO : Comme là-bas ! Parce que, nous, là-bas, on avait tout et on croyait
que ici on avait tout ce qu’il faut, tout !
Fille de Monsieur MO : Oui, d’abord l’Allemagne et après à Flers. On vient la nuit, il y a plus
rien, il n’y a pas de lumière, il y a rien ! On a pleuré toute la nuit parce que c’était pas ça qu’on
voyait nous, on croyait qu’il y avait tout, tout ce qu’il faut quoi. Pendant je ne sais pas combien
de jours, on voulait repartir. Après bon, on commence à s’habituer, on sait qu’on peut pas
partir, ça y est, après qu’ils ont acheté des trucs, des meubles et tout, bon, ça a été, mais le
temps qu’on s’habitue, qu’on apprenne à parler, ça nous a pris deux ans pour nous habituer.
Fille de Monsieur MO : Non, je quitterai pas Flers ! Si je n’y suis pas obligée, mais jusqu’à
maintenant non, je ne pense pas du tout. J’ai été partout, dès que je viens à Flers, c’est le plus
beau, c’est comme mon pays, je peux pas quitter Flers quoi. On va en Turquie, bon, on passe
des vacances, quand je reviens là c’est… Là-bas, c’est mon pays natal, mais quand on vient
là, c’est mon pays aussi. Pour moi, là-bas, je peux pas rester longtemps. Pourtant c’est beau,
là-bas aussi, on a tout ce qu’il faut où on vit là-bas. La vie là-bas, c’est bien, mais, même si on
est enfermés ici, on préfère rester là. Je sais pas pourquoi ! Mes parents et nous c’est pas la
même chose. Moi si je ne vais pas à Posof, je m’en fous !
Himéminor 2007 page 157
Himéminor 2007 page 158
OL est une femme de trente-sept ans, mariée et ayant trois enfants de cinq ans à douze ans.
Née en France, en Haute Normandie, de parents yougoslaves, nationalité qu’elle conservera
jusqu’à l’âge de 18 ans. OL aujourd’hui travaille dans une bibliothèque, emploi obtenu grâce
à une maîtrise et un diplôme de documentaliste soutenus en France. Le couple et leurs enfants
vivent actuellement en Basse-Normandie.
Trois entretiens, menés chez Mme OL, constitue un récit libre autour de trois thèmes :
les acquisitions transmises par les parents, le « vécu » identitaire, et la transmission de cette
identité d’origine.
73
Voir sa transcription en annexe.
Himéminor 2007 page 159
son enfant : elle s’installera dans la maison familiale de son époux et vivra au Kosovo durant
deux ans encore, au cœur même de sa belle-famille.
Transmission de l’identité
Naît donc une identité serbe, et meurent les objectifs professionnels : plus question de
repartir dans un pays en guerre, OL restera en France. Elle s’y marie et veut conserver son
patronyme accolé au nom marital - la chose s’estompe au moment de la scolarité de ses
enfants car le nom était trop long !
Elle essaie, dit-elle, de conserver, voire de retrouver, des éléments de son identité
originelle. Cela passe par la cuisine, la façon de faire le café, la conservation d’objet culte
comme une croix offerte par son père, ou la recherche d’une Gusla instrument de musique du
Kosovo que possédait son grand-père. Mais elle reconnaît que le quotidien ne lui permet pas
de cultiver suffisamment ce jardin. Cependant on sent chez elle une très forte appartenance à
la Serbie. Elle dit, d’elle-même, avoir ressenti la chose lors des événements. Elle se sentait
serbe durant les bombardements.
Ses parents sont retournés dans le pays depuis quatre ou cinq ans, pour y vivre
définitivement. L’essence familiale se retrouve donc en Serbie, ce qui la conforte dans son
identité de cœur, bien qu’elle parle du décalage entre les vrais serbes et elle-même. Elle dit
hériter d’un passé serbe, mais n’étant pas dans le pays, et n’y allant que pendant les vacances
avec son mari et ses enfants, depuis la fin des conflits, elle constate ne pas vivre vraiment le
quotidien d’un serbe.
La revendication identitaire
Ce fut un propos intéressant avec OL. Son niveau de culture et de langage, sa réflexion
permanente entre les entretiens, ont offert une réflexion approfondie à propos de la
revendication identitaire. On retiendra chez elle une revendication de cœur, le jour du choix
de sa nationalité, et surtout durant la période de la décomposition de l’état yougoslave. Vivant
en France, étant française, OL ne se sent pas le droit de revendiquer son identité serbe et elle
en fait rarement part aux inconnus. Durant les bombardements, avec les personnes qui lui
demandaient de quel côté elle était, OL jouait avec cette revendication : elle précisait non sans
sarcasme, son appartenance au côté des méchants serbes.
Si la guerre l’a conduite à se sentir serbe et à refuser que les Français bombardent
Belgrade, elle insiste particulièrement sur la définition du nationalisme. Il y a deux
nationalismes : celui d’appartenance à une identité et celui, plus politique, des ultras
nationalistes. OL réfute l’existence de ce groupe tout en expliquant qu’on y retrouve très
certainement les personnes regrettant le socialisme de Tito. Sa revendication pourrait aussi
se traduire par sa volonté de transmission de son identité. Elle ne veut pas que ses enfants
oublient leur origine, et elle est aidée, dans cette démarche, par son époux - même s’il lui
rappelle souvent qu’elle est française.
Enfin, on soulignera une fierté exacerbée lors de la venue en Normandie de musiciens
et de groupes serbes : la revendication de OL se situe donc en grande partie dans la culture
musicale, littéraire et historique serbe.
Conclusion
Ce qu’elle ressent comme déracinement, conduit OL à préférer, dans tous ses choix, la
sécurité. Il n’est plus question pour elle de changer de région ou de pays. La Serbie,
éventuellement, pourrait accueillir la famille mais, en y réfléchissant, elle ne le désire pas
vraiment. OL a souffert de sa situation durant son enfance et elle s’est fondue dans l’identité
du pays d’accueil.
Himéminor 2007 page 164
OL connaît trois problèmes identitaires. Enfant elle est yougoslave, adulte elle devient
serbe mais, entre temps, elle a adopté la nationalité française. Lorsqu’on l’interroge sur ces
faits, on sent un malaise et une tristesse qui remontent.
Il y a eu transmission identitaire de la part de ses parents, eux même repartis, après les
conflits, en Serbie. À son tour, et malgré l’échec de son projet de retour en Serbie, dès la fin
de ses études, elle transmet son identité d’origine.
Il existe une nette volonté de ne pas oublier l’origine serbe. Mais en aucun cas, elle ne
dirige l’identité de ses enfants : ils sont Français, elle leur rappelle, mais avec une origine
différente. OL s’applique donc à leur apporter un souvenir identitaire essentiellement
intellectuel, les traditions plus concrètes étant délaissées en France.
Himéminor 2007 page 165
venant de Madagascar
JN est une femme malgache approchant la cinquantaine. Jeune mariée avec un Réunionnais
vivant en Basse Normandie, elle est arrivée en France en juin 2006. Au préalable, elle fut en
couple et éleva deux enfants à Madagascar, une fille et un garçon. L’aînée vit à la Réunion, le
second est resté sur l’île d’origine. Nous verrons ici la marque profonde de l’emprunte
mauricienne de JN. Ces parents étaient tous les deux de l’Île Maurice et émigrèrent pour des
raisons économiques à Madagascar avant sa naissance.
Le récit est libre effectué chez JN, après une rencontre organisée par un tiers. Nous
avons cherché ici à connaître l’héritage identitaire du sujet, puis sa position face à son identité
et enfin la transmission à son entourage familial.
avait rien à manger à la maison. Elle décide donc de la séparation et se met en quête d’un
travail pour subvenir à l’éducation de ses deux enfants, dont elle obtient la garde après une
amère bataille juridique. Refusant toute rencontre masculine, elle rappelle à cet égard qu’un
conjoint peut être dangereux pour sa fille encore trop jeune, JN devient agent d’accueil dans
un Hôtel de tourisme haut de gamme. Sa fille fera des études de danse puis se marie et vit
actuellement à la Réunion. Son fils plus jeune, aujourd’hui 22 ans, a fait des études
d’informaticien mais est en recherche d’emploi.
passe la plupart de son temps contre la cheminée. Pour le moment sortant peu, elle découvre
la France essentiellement par le biais de la télévision, constamment allumée. JN éprouve un
certain malaise dans le langage. Elle redoute de ne pas être à la hauteur dans le discours, et
son époux la pousse à participer d’avantage aux conversations qu’ils ont avec ses amis. Elle
exprime une satisfaction d’être en France, un pays libre selon elle. Par contre elle se montre
surprise, étant catholique, de la faible fréquentation du lieu de culte. Par là même, elle prend
conscience d’un certain manque de chaleur humaine auquel elle n’était pas habituée à
Madagascar.
Lors du deuxième entretien, JN est seule. À partir de ce moment elle avoue n’avoir aucun
contact avec la population locale du petit village. Elle n’a pas vraiment rencontré de Français
et sort essentiellement au milieu de la famille et des amis réunionnais de son époux. Pour
s’occuper, elle fait des samoussas qu’elle vend au restaurant de son beau-frère. JN n’a
toujours pas de titre de séjour définitif. Seulement un titre de trois mois déjà renouvelé trois
fois. Elle attend avec une certaine anxiété les contrôles de mariage blanc, mais se sent sereine
face à sa situation. Son souci premier est l’avenir de son fils. Pourra-t-elle le rapatrier en
France ?
Lors du dernier entretien, JN fait part de son extrême solitude. Elle n’a toujours aucun
contact en France et le déplore. Elle reconnaît que son mari ne veut pas qu’elle sorte sans lui.
Il redoute de mauvaises influences, voir la rencontre d’un autre homme. L’homme aurait
mauvais caractère mais aucune violence verbale ou autre n’est à déplorer. Elle espère que
les choses vont s’arranger avec le temps et prend conscience que la rencontre sur le net ne
livre pas tout de l’être aimé. L’acceptation de la situation est au profit du souci permanent
qu’elle porte sur l’avenir de son fils. Elle dit avoir besoin d’ami et d’aide.
pour épouser l’identité du pays d’accueil. On peut même avancer l’idée d’un certain « calcul »
dès son arrivée, pour rapatrier son fils qu’elle veut sortir d’une misère sûrement probable.
Transmission de l’identité
sa pensée ? Elle souligne, par ailleurs, qu’en aucun cas la France ne ressemble aux
descriptions qu’on en fait à Madagascar, et elle assure en faire part à son fils, prêt à y venir.
La revendication identitaire
On ne peut pas parler de revendication identitaire dans le cas de JN. Elle se dit mauricienne
de Madagascar mais ne le revendique jamais et les seuls moments ou elle met en avant ce
point c’est à propos des rares difficultés qu’elle éprouve en France. JN ne veut pas être jugée
sur de telles positions. Bien au contraire, elle recherche l’identité française tout en gardant plus
secrètement son identité d’origine. Cela peut se comprendre aisément au moins sur deux
points : le premier est le cadre de vie beaucoup plus confortable qu’à Madagascar (son époux
est ouvrier et elle n’a jamais eu tant de confort et de sécurité) et le deuxième est cette volonté
d’y intégrer son fils. En matière de revendication nous ne retiendrons donc, que l’héritage
hindou maternel auquel elle tient particulièrement.
Conclusion
Il s’agit cette d’un couple de Sénégalais, d’une cinquantaine d’années. Monsieur (MS) paraît
nettement plus âgé que madame (MDS). Ils vivent en Basse-Normandie, dans une ville
moyenne du département du Calvados. Ils ont six enfants dont quatre vivent en France et sont
scolarisés, les deux aînés sont restés au Sénégal. MS travaille comme ouvrier, MDS décroche
de temps en temps des petits contrats de ménage. Les entretiens se déroulent chez le couple.
C’est MDS qui en a pris la décision après une première rencontre dans un supermarché.
Le récit est libre. Nous aurons cependant du mal à obtenir des réponses quant à la
quotidien dont il souffre. MS restera méfiant et se livrera peu, contrairement à MDS qui
Nous proposons d’évaluer les difficultés de l’identité d’origine face à celle du pays
d’accueil, la position du couple vis-à-vis de l’identité d’origine et son implication dans l’identité
française, et enfin les éléments de pérennisation voire de revendication de cette identité.
Transmission de l’identité
La revendication identitaire
La revendication identitaire est surtout marquée par rapport au comportement de la population
locale. MDS rappelle qu’elle n’a aucun problème avec la mairie : la municipalité la soutient
dans ses démarches et lui facilite la vie. Le maire lui aurait même conseillé de ne pas
demander d’emploi dans un des supermarchés de la ville, car elle n’aurait aucune chance de
le décrocher. En lui disant cela, il lui rappelle qu’il comprend bien son problème et sa position
d’étrangère. Si le couple revendique son identité, il en va de même pour les enfants qui
s’estiment Sénégalais. De toute façon, ils ne sont pas de la même couleur ! Pour la famille, la
France est source de trop de problèmes. Donc, on s’y fait discret et on travaille pour « mettre
de côté » pour rentrer au Sénégal.
Conclusion
désir de réussite pour eux et sont prêts à les soutenir dans leur demande de naturalisation.
Cette volonté, le couple ne l’a pas pour lui-même : clairement exprimé, le vœu du retour dans
le pays est ce qui permet de tenir, livre MDS.
Si MS ne s’est que très peu livré, MDS, quant à elle, s’adressait facilement à
l’interlocuteur sur des sujets de son quotidien mais, de toute façon, le couple tenait plus à
parler de la xénophobie locale que de la transmission identitaire.
Himéminor 2007 page 175
Bibliographie
ACHER, Un siècle de renseignements statistiques et sanitaires sur Le Havre et ses
environs, Le Havre, 1902.
AMOYAL Jeanine, LEGOY Jean, MANNEVILLE Philippe, FAUVEL Daniel « Protestants et
minorités religieuses en Normandie » in Actes du 20ème congrès des sociétés
historiques et archéologiques de Normandie, Rouen, 1985, Rouen, Société libre
d’émulation du commerce et de l’industrie de la Seine-Maritime, 1987.
AMOYAL Jeanine, « La communauté juive du Havre et l’Afrique du Nord » in Protestants
et minorités religieuses en Normandie, Actes du 20e congrès des sociétés
historiques et archéologiques de Normandie tenu à Rouen du 3 au 7 septembre
1985, Rouen, 1987.
AMOYAL Jeanine, « Recherches sur la communauté juive du Havre » in Recueil de
l’Association des amis du vieux Havre, Le Havre, 1983.
ARRUEGO Coralie, « Les réfugiés espagnols dans le Calvados, 1937-1940 » Mémoire
Maîtrise Histoire, (dir Jean QUELLIEN), Caen 292 p., 2001.
Atlas historique et statistique de la Normandie occidentale à l’époque contemporaine,
vol.1, Caen, CRHQ, Ed. du Lys, 1994.
AUBERY Pierre, Les Américains au Havre, Paris, La bibliothèque française, 1948, 155p.
AUBIN Dominique, Havre du monde:portrait d'immigrés, Sainte Marguerite sur mer :
éditions des équateurs, 2005.
AUDOUS Fanny, « Un exemple de mémoire havraise : Jacques Simon Armand Suriray
(1769-1846), ‘un horsain mémorable’ », Mémoire Maîtrise Histoire, (dir E.
SAUNIER), Le Havre, 1998, 121 p. 2 Vol.
AUGUSTYN/JAMES Elisabeth, « Les travailleurs algériens, marocains et tunisiens au
Havre de 1914 à 1920 », Mémoire Maîtrise Histoire, (dir J. BARZMAN), Le Havre,
2000, 156 p.
AUGUSTYN/JAMES Elisabeth, « Algériens, marocains et Tunisiens au Havre de 1914 à
1920 », in BARZMAN John, SAUNIER Eric, (sld), Migrants dans une ville portuaire,
Publications des universités de Rouen et du Havre, 2005, p.83-94..
AZUR Marie-Aude, « Le Havre, colonie bretonne », in Ar Men, n° 75, mars 1996, p. 2-
14.
BA Sidy Abdoul, « La Traite des noirs et l’esclavage aux colonies. L’opinion des
Havrais de 1789 à l’abolition révolutionnaire de l’esclavage », 137 p., Mémoire
Maîtrise Histoire, Rouen, 1988.
BACCARA Daniel, HAREL Jean-Michel et MOULIN Valérie, Le Havre 16th Port of
Embarkation, 15 septembre 1944-21 octobre 1946, Le Havre, Ed. USST 488,
1997, 139 p. / 30 cm.
BARDET Jean-Pierre, Histoire démographique et sociale de la Normandie traditionnelle.
Université de Caen, CRHQ, 1987.
Himéminor 2007 page 176
BLAZEVIC Bruno ET AL. , « Population active immigrée : plus d’un homme sur six
travaille dans la construction », in Aval n° 24, 2003.
BOEDEC Jean, « Le Havre, berceau du rugby et du football français », in Revue
Normande d’Histoire du sport, n° 2, 1990, pp. 43-47
BONDIL Hélène, La présence américaine en Seine Inférieure 1944-1946, Mémoire
Maîtrise Histoire, Paris I, 1996, 131 p.
BOUCHER Manuel, « Les acteurs de l’intégration et leurs logiques : entre consensus et
éclatement », Canteleu/Rouen, IDS, 1998.
BOUCHER Manuel, DE RIDDER Guido, « L’accueil des demandeurs d’asile en
Normandie : entre adaptation, rationalisation et saturation » in Migrations santé,
n° 113,2002.
BOUCHER Géraldine, « Les étrangers de passage au Havre à la fin de l’Ancien
régime », Mémoire Maîtrise Histoire, (dir.E. SAUNIER), Le Havre, 1998, 2 tomes,
84 p.
BOURDIN Gérard, « L’affaire Rosselli et l’Orne : de l’aveuglement à l’oubli », in Les
Italiens en Normandie, Cahier des Annales de Normandie, n° 29, Caen, 2000.
BOURDIN Gérard « L’Orne, les réfugiés et les camps » in Les réfugiés et les camps,
Société Historique et Archéologique de l’Orne, tome 121, bulletin 3, septembre
2002.
BOURLET Yves, « Les étrangers dans le Calvados de 1911 à 1948 », Mémoire DES
Géographie, Caen, 1949111 p.
BUREAU MUNICIPAL D’HYGIENE, « Statistique démographique et médicale pour 1880-
1889 et 1890-1899 », 2 Vol.
BRAUNSTEIN Jean, « L’Emigration allemande par le port du Havre au XIXème siècle »,
Annales de Normandie, 1984, p. 95-105.
BRAUNSTEIN Jean, « En route vers l’Amérique : les émigrants allemands au Havre »,
Annales de Normandie, n° 1, mars 1991, p. 28-48.
BRIAND JP: « Les nouveaux bas normands: en transit ou au terminus? », La revue de
l'INSEE Basse-Normandie, n° 2, sept 1993
BRINDOS Isabelle, « La crise d'identité chez les jeunes d'origine maghrébine :
intervention du service social auprès de la famille », D.E.A.S.S., IRTS
Canteleu, 1994.
BROCARD Madeleine et LEVEQUE Laurent (sld.), Atlas de l’estuaire de la Seine, Le
Havre, Publications des Universités de Rouen et du Havre, 1996, 155 p.
« La Grâce de Dieu défait les bagages du Bosphore », Caen Magazine, n° 28 ; mars-
avril 1998.
CALLON G., « Le mouvement de la population dans le département de la Seine
Inférieure au cours de la période 1820-1920 et depuis cette période », Annales
des Associations normandes, 1933.
CANONNE Amélie, « Les étrangers dans l’agglomération caennaise (immigrations,
implantations, espaces de vie) », Mémoire (dir Benoît RAOULX), UFR des
Sciences de la Terre et de l’Aménagement Régional, Caen, 1999.
Himéminor 2007 page 178
COLIN Mariella, « Dire l’émigration : les immigrés italiens entre l’Italie et la Basse-
Normandie » in Cahier des Annales de Normandie N° 29, Les Italiens en
Normandie : de l’étranger à l’immigré, Caen, 2000.
COLIN Mariella, NEVEUX François, L’émigration immigration italienne et les métiers du
bâtiment en France et en Normandie », Actes du colloque de Caen, 24-26
novembre 2000, organisé par la Maison de la recherche en sciences humaines
de l’université de Caen, Caen, Cahier des Annales de Normandie, 2001, n° 31,
304 p.
COLLEGE PAUL VERLAINE, AMICALE DES ANCIENS MINEURS, Histoire d'un pays minier
autour de May sur Orne, 1999.
COLLEGE PAUL VERLAINE EVRECY, Ukrainiens en Normandie: témoignages
d'immigrants, Cully (14): OREP éditions, 2006.-127p.
COLLEGE PIERRE ET MARIE CURIE, LYCEE LIARD LOUIS DE FALAISE, Potigny, terre
d'immigration, Le livre de l'année, 1999.
COLLET Marie Claude, « Les étrangers en Haute-Normandie: une population citadine
qui vieillit et se féminise », INSEE, 2001, Aval, n° 10, déc. 2001.
« Communautés africaines », Revue Accueillir, SSAE, n° 195-196.
CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL REGIONAL DE BASSE-NORMANDIE, « L’accueil des
étrangers dans l’enseignement supérieur et la recherche en Basse-
Normandie », Nov. 2005.
CONSTANTINOIS A., « Etrangers d’hier et d’aujourd’hui », Aval : revue statistique et
économique de la Haute-Normandie, n° 26, Septembre 1985.
CONTRAY Philippe, « L’immigration à Caen 1576-1666 », Mémoire Maîtrise Histoire,
(dir. Hugues NEVEUX), Caen, 1981, 2 volumes de 87 p.
CORDIER Cécile, « Les propriétaires britanniques dans la région de Dieppe », Mémoire
Maîtrise Géographie, (dir. J-P FRUIT), Rouen, 1993, 122p..
CORPSD’HOMME Mélanie, « Les difficultés de gestion des prestations familiales dans
les familles sénégalaises. Introduction à une réflexion sur les pratiques
professionnelles en service social face à la différence culturelle », D.E.A.S.S.,
IRTS Canteleu, 1999, 90 p
COUDE J., PAP SYR Diague, Sahel sur Seine in Hommes et Migrations, 1984.
COUDERT S, De la Vallée du Fleuve Sénégal à la Vallée de la Seine : le long
cheminement vers l´intégration des femmes Toucouleur et Soninké, Mémoire
formation Assistante Sociale à l´IRTS, Canteleu, 2003.
COUTURE Claude-Paul, Rouen. La déportation raciale en Seine Maritime : 1940-1944 :
données chronologiques et statistiques commentées, Rouen, Centre régional
de documentation pédagogique, 1981.
DAGET Serge, Répertoire des expéditions françaises à la traite illégale (1814-1850),
Nantes, Centre de Recherche sur l’Histoire du Monde Atlantique, Comité
nantais d’Etudes en Sciences Humaines, 1988, 605 p.
DANGUILLAUME Alexia, « L’association, vecteur d’intégration », Mémoire DEFA, IRFTS
Canteleu.
Himéminor 2007 page 180
LEVEQUE Laurent (Dir.), Atlas Le Havre et sa région, 2002, Le Havre, Ville du Havre,
2002, 151 p.
LESEIGNEUR C., « L´accompagnement éducatif auprès des mères migrantes sans titre
de séjour en Centre maternel ou la nécessité d´une approche interculturelle »,
Mémoire de formation Assistante sociale, IRTS, Canteleu, 2003.
LHUILLIER Théo, « Adolescents d'ailleurs nés ici : Accompagner la construction
identitaire des adolescents français, issus de familles originaires d'Afrique de
l'Ouest », D.E.E.S., IRTS Canteleu, 2005, 71 p.
LOIR Dr., « L’immigration aux Etats-Unis », Revue Le Caducée, n° 23, 4 Décembre
1909.
LORNE Alain, Clandestins : neuf africains dans la cale...un rescapé, Ed L´Harmattan,
1994.
LOUZIENI-DIABANKANA Jean-Eugène, « Relations commerciales et maritimes entre la
Normandie (les ports du Havre et de Rouen) et l’Afrique noire du XIII au
XVIIIème siècle », Mémoire Maîtrise Histoire, Rouen, 1989, 126 p. et annexes.
MABOU, « L’immigration des travailleurs originaires d’Afrique noire en Seine-Maritime
de 1950 à 1982 : Approche historique et sociologique », Mémoire Maîtrise
Histoire, (dir. J.-P. CHALINE), Rouen, 1987, 185 p.
MALON Claude, Le Havre colonial, 1880-1960, Presses Universitaires de
Caen/Publications des universités de Rouen et du Havre, 2006.
MALON Claude, « Travailleurs étrangers et coloniaux au Havre », in Migrants dans une
ville portuaire, Publications des universités de Rouen et du Havre, 2005.
MANNEVILLE Philippe, « Grands négociants et industriels protestants de Normandie» in
Actes du colloque « Les Protestants dans les débuts de la Troisième
République, 1871-1855, Paris, 1979, pp. 333-353.
MANNEVILLE Philippe, « Les protestants étrangers au Havre au milieu du XIXème
siècle » in Actes du 101ème congrès national des sociétés savantes, section
d’histoire moderne et contemporaine, tome 1, Lille, 1976
MAREC Yannick, « Un labo des statistiques sociales. Rouen dans la première moitié
du XIXe siècle », in Histoire et Mesure, n° 1, 1987
MARQUIS Jean-Claude, Les camps « cigarette » : les Américains en Haute-Normandie
à la Libération, Rouen, Ed. Médianes, 1994, 58 p.
MARTIANO M. le Rabbin, « Les juifs à Rouen du XVIIIe siècle à nos jours », in Connaître
Rouen, tome IV Rouen, Les Amis des Monuments Rouennais, 1982
MAUDET Pascale, « Service social et migrants en difficultés », D.E.A.S.S, IRTS
Canteleu, 1993, 88 p.
MAUPASSANT Guy de, « Mademoiselle Fifi », « Boule de Suif », « Miss Harriett », in
Recueil de Contes et nouvelles, Paris, 1980.
MAURAU Marcel, « La croissance démographique de la Seine-Maritime de 1801 à 1960
et son incidence économique », Thèse Droit, Caen, 233 p.
Himéminor 2007 page 186
SAUNIER Éric, « Les migrants étrangers et les Havrais : le legs du passé », in BARZMAN
John, SAUNIER Eric, (sld), Migrants dans une ville portuaire, Publications des
universités de Rouen et du Havre, 2005, p.31-42.
SEBINWA Nsenga, « Le Havre au temps de la traite illégale : la traite des noirs sous la
Restauration, survivance d’un commerce prohibé mais soutenu », Mémoire
Maîtrise Histoire, Rouen : 1999, 340 p.
SENGHOR Léopold, Le dialogue des cultures, Ed Seuil, 1993, 295 p.
SEMBENE Ousmane, Le docker noir, Présence africaine, 1973, 219 p.
SOCIETE COOPERATIVE D’ETUDES ET DE RECHERCHES, Migration et habitat en Haute
Normandie : étude sur l’habitat d’une population de migrants dans les
agglomérations de Rouen, Le Havre et Evreux, 1972.
SOL Patrick, « L'inter culturalité comme vecteur de l'intégration sociale des personnes
issues de l'immigration », Mémoire C.E.S.F., IRTS Canteleu 2001, 41 p.
STECK Benjamin, « Une immigration inconnue: les étudiants étrangers au Havre », in
BARZMAN John, SAUNIER Eric, (sld), Migrants dans une ville portuaires,
Publication de l´université de Rouen-Le Havre, 2005, p. 157-174.
TERRISSE Michel, « Un faubourg du Havre : Ingouville », in Population, 1961, n° 2.
[GPP]
TETREL Sophie, « Les Britanniques au Havre des Lumières au Consulat », Mémoire
Maîtrise Histoire, (dir. E. SAUNIER), Le Havre, 2000.
THOMAS Brigitte, « Les pratiques du travail social en direction des familles africaines »,
SSAE (SERVICE social d´Aide aux Emigrants), Le Havre, 1998.
TILLARD S., Normandie 2000 : un demi-siècle de mutations, Rouen, INSEE Haute-
Normandie, 2000, 107 p.
TIMERA Mahmet, « Rapport sur les Franco-Sénégalais. Ministère des affaires
étrangères, Bureau des Français de l'extérieur, 1997-1998 ». [Contient des
entretiens conduits au Havre et à Rouen.]
TOCQUES Christophe, « Les étrangers sans titre de séjour au Havre : état des lieux »,
Mémoire Maîtrise Géographie, (dir. RAOULX), Caen, 2001.
TODD Emmanuel, Le destin des immigrés, Ed Seuil, 1994, 390 p.
TOURNES L., New Orléans sur Seine, histoire du jazz en France, Paris, Fayard, 1999,
501p.
TRAORE-CRAMARD Adjaratou, « Les étudiants étrangers à l’université de Caen :
logement et rapport à l’espace 2002-2004 », Mémoire de Master 1 de
Géographie, (dir. Pierre BERGEL et Robert HENIN), Caen, 2004.
VALLET-NORMAND Sylvaine, « Les Italiens et la reconstruction du Havre », in
L’émigration immigration italienne et les métiers du bâtiment en France et en
Normandie, Actes du colloque de Caen, 24-26 novembre 2000, organisé par la
Maison de la recherche en sciences humaines de l’université de Caen, Caen,
Cahier des Annales de Normandie, 2001, n° 31, 304 p.
VANDENBULCKE Isabelle, « L’implantation des Belges en Seine Inférieure (1830 à
1940) », Mémoire Maîtrise Histoire, Rouen, 1979, 174 p. et annexes.
Himéminor 2007 page 190
Remarques préliminaires pour une lecture plus aisée des sources des cinq départements
normands.
Certains dossiers traitant d’un département sont parfois conservés dans un autre lieu
d’archives que celui où ils devraient être rattachés. Les indications sont alors notées.
Abréviations :
ADC : Archives départementales du Calvados
EURE
1851-1911 1ère GM 1921-1939 2GM 1946-1962 1963-1975 1976-1988
Algérie Cartes : 1217W Non renouvelés : 1217W
Rapatriés et Cartes séjour :
Naturalisations : 1251W70à74
1070W1à41 Cartes séjour : 1303W48à51
Afrique Familles
sub- 1071W1à6
saharienne
Indochine ADC : Statistiques
826W40923
Sud- Demandeurs
vietnam asile :
Cambodge 1251W104
Toutes Circulation : Recensement Recensement : Cartes séjour CEE : 1251W1à15
Origines 1071W : 1FELB27 Cartes séjour non CEE : 1251W
1FELB27 16 à69
Changement Indésirables : 1251W75et 76
résidence : Statistiques : 1251W86à100
1303W55 Correspondance :
1251W101à103
Titres séjour :
1251W104
Hébergement collectif :
1251W107
Refus :
1267W1à4
Indésirables : 1267W5 à15
Délits : 1267W16
Assignés :
1267W17,18
Abrogation expulsion :
1267W19à22
Naturalisés :
1267W23à37
Cartes : 1303W1à47
Naturalisation :
1303W52à54
Statistiques : 1303W56à65
Himéminor 2007 page 193
CALVADOS
1851-1911 1ère GM 1921-1939 2GM 1946-1962 1963-1975 1976-1982
Algérie Rapatriement : Statistique :
676W10524 648W7599
Tunisie Statistique :
648W7599
Maroc Statistique :
648W7599
Belgique Mariages
mixtes :Z223à
231
Espagne Rapport RG :
613W2585
MANCHE
1851- 1ère GM 1921-1939 2GM 1946-1962 1963-1975 1976-1982
1911
Allemagne Internement :
3U1/934
Chine Travail sur le port :
45Chbg17
Toutes origines Surveillance Surveillance Naturalisations :145W85 Recensement :1FELB27
anarchiste1Z276 anarchiste1Z276
Recensement :1FELB27
Réfugiés : Expulsions :
1Z284 1Z280
Himéminor 2007 page 195
ORNE
1851-1911 1ère GM 1921-1939 2GM 1946-1962 1963-1975 1976-1982
Allemag Main d’œuvre,
ne prisonniers :
2W253
Turquie 483W80
Italie Affaire Rosselli : Dossiers
d’immigration
2W41 1058W71
Algérie Rapports des Affaires, logements
RG 1954-
1963 :348W407 348W407 /348W408
Espagn Colonie
e républicaine
de
Sées :41J95
Afrique Rapport logement et emploi :
noire
348W408
Indochi ADC :Statistiques
ne
826W40923
Toutes Recensement : Recensements, Recenseme
origines nts,
1FELB27 statistiques : statistiques :
348W408
Recensement :1FELB27
Himéminor 2007 page 196
SEINE
MARITIME
1851-1911 1ère GM 1921-1939 2èmeGM 1946-1962 1963-1975 1976-1982
Polo AMH Police: Liste :4HELB22 Associa-tions : 200W99
Gne I3C1l3, Main d’oeuvre Renouvelle Recense-ment : 200W107
I2C1l18 femmes Elbeuf:149Z5 ment carte
Statistiques main 60W369
d’oeuvre : 60W368
Algérie Main d’œuvre : -Main œuvre : Recensement : 60W371 Regroupe ment Regroupe
2Z3 60W367 Main d’œuvre familial : ment familial :
60W19 2JELB44 124WELB1
Indési-rables : Main d’œuvre nord-
11R69 africaine sur Le Havre,
Condamnés : Rouen , Dieppe : 60W371
11R70
Vente d’alcool :
11R205
Disparition : 11R212
Marins suspects :
11R224
Main d’œuvre :
11R234
Surveil-lance :
11R235
Surveil-lance :
11R235
Tunisie Main d’œuvre : 2Z3 -Main œuvre : Recensement : 60W371
Himéminor 2007 page 197
Autorisa-tion de 60W367
circuler : Statistiques Main
11R233 d’oeuvre : 60W368
Calvados :
Société normande de Métallurgie à Caen (Russes, Chinois)
Mine de Soumont à Potigny (Polonais)
Société d’Electro-Métallurgie de Dives (Marocains, Polonais)
Société Quentin Girard
Orne :
Mine de la Ferrière aux Etangs (toutes nationalités)
Eure :
Nassandres Sucrerie / Entreprise Bouchon (Belges)
Georgia Pacifique France (Turcs années 70)
Tréfileries et Laminoirs du Havre, Moulin de Rugles
Compagnie Générale d’Electricité de Tillères sur Avre (Grecs, Marocains…)
Filature Meyer (Saint Marcel)
Seine-Maritime :
Ateliers Augustin-Normand (polonais)
Ateliers et chantiers de Seine-maritime au Trait
Blin et Blin Elbeuf
Cipel Elbeuf
Chantiers de Normandie de Grand-Quevilly
Chantiers de la Basse Seine
Construction aéronautique du Havre
Compagnie électrique de Forges les Eaux
Compagnie électromécanique Le Havre (polonais)
Compagnie générale de navigation de Rouen
Compagnie du Môle central Le Havre
Compagnie française des Extraits tinctoriaux et tannants à Graville
Draperies d’Elbeuf
Entreprise Vincent Patrizio au Havre
Etablissement Wanner, succursales de Rouen et du Havre
Etablissement Leconte de Rouen
Etablissement Pellerin à Elbeuf (149Z7, 149Z5,
Etablissement Quidet à Elbeuf (43Z4/5)
Fonderie lorraine de SaintEtienne du Rouvray
Forges et Chantiers de la Méditerranée du Havre
Hauts Fournaux de Grand-Quevilly
Maison Bertrand et Compagnie
Mazeline (polonais)
Morineau de Grand-Quevilly
Multiplex (polonais)
Papeteries de la Chapelle d’Arblay,
Renault Cléon –années soixante dix-Maghrébins
Renault Sandouville
Theillage de Doudeville
Tréfileries et Laminoirs du Havre (TLH) (polonais, maghrébins)
Thireau-Morel du Havre
Union des usagers du Port de Rouen
Himéminor 2007 page 200
Calvados : ADC
Seine-Maritime :ADSM
Annexes
Annexe 1
Tableaux statistiques complémentaires à la Partie II
Annexe 2
Cartes et documents complémentaires à la Partie II
Annexe 3
Un exemple de récit de vie : « Mme M. MY »
Annexe 4
Bibliographie avec indicateurs sous logiciel Excel dans pochette contenant
un CD
Himéminor 2007 page 202
Annexe 1
Tableaux statistiques complémentaires à la Partie I
par sexe
taux de masculinité
tableaux :
départements
région
1851-1999
NOMBRE ET TAUX D'ETRANGERS ET DE NATURALISES AU SEIN DE LA POPULATION
Calvados rapport de masculinité
1946 179800 198477 378277 7165 4291 11456 1594 1525 3119 188559 204293 392852 2,9% 0,8% 47,5% 62,5% 51,1%
1954 205282 225438 430720 5443 3328 8771 1880 2036 3916 212605 230802 443407 2,0% 0,9% 47,7% 62,1% 48,0%
1962 226104 243053 469157 4604 2690 7294 2285 2671 4956 232993 248414 481407 1,5% 1,0% 48,2% 63,1% 46,1%
1968 243456 261608 505064 4388 2560 6948 2232 2568 4800 250076 266736 516812 1,3% 0,9% 48,2% 63,2% 46,5%
1975 264605 281430 546035 6215 3550 9765 2290 2755 5045 273110 287735 560845 1,7% 0,9% 48,5% 63,6% 45,4%
1982 276584 295844 572428 6628 4860 11488 2404 2940 5344 285616 303644 589260 1,9% 0,9% 48,3% 57,7% 45,0%
1990 289737 311618 601355 6102 4707 10809 2938 3627 6565 298777 319952 618729 1,7% 1,1% 48,2% 56,5% 44,8%
1999 302998 326145 629143 5340 4679 10019 4374 4763 9137 312712 335587 648299 1,5% 1,4% 48,2% 53,3% 47,9%
sources: Recensements de population
Himéminor 2007 page 203
NOMBRE ET TAUX D'ETRANGERS ET DE NATURALISES AU SEIN DE LA POPULATION
Eure rapport de masculinité
Français
taux taux de
Français Etrangers Naturalisés POPTOT étrangers naturalisés naissance étrangers naturalisés
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1946 142722 154938 297660 6629 4564 11193 1095 1472 2567 150446 160974 311420 3,6% 0,8% 47,9% 59,2% 42,7%
1954 155712 164908 320620 5227 3409 8636 1687 1927 3614 162626 170244 332870 2,6% 1,1% 48,6% 60,5% 46,7%
1962 169165 176314 345479 7310 4802 12112 2244 2505 4749 178719 183621 362340 3,3% 1,3% 49,0% 60,4% 47,3%
1968 181216 188316 369532 5872 2876 8748 2276 2816 5092 189364 194008 383372 2,3% 1,3% 49,0% 67,1% 44,7%
1975 199070 206965 406035 8005 4180 12185 2300 2875 5175 209375 214020 423395 2,9% 1,2% 49,0% 65,7% 44,4%
1982 217260 225384 442644 8848 6436 15284 2464 2940 5404 228572 234760 463332 3,3% 1,2% 49,1% 57,9% 45,6%
1990 240928 246996 487924 10301 8056 18357 3558 4186 7744 254787 259238 514025 3,6% 1,5% 49,4% 56,1% 45,9%
1999 252913 261687 514600 8454 7056 15510 5295 5858 11153 266662 274601 541263 2,9% 2,1% 49,1% 54,5% 47,5%
sources: Recensements de population
Himéminor 2007 page 204
NOMBRE ET TAUX D'ETRANGERS ET DE NATURALISES AU SEIN DE LA POPULATION
port de masculinité
Manche rapport de masculinité
is Français
taux taux de
ce étrangers naturalisés Français Etrangers Naturalisés POPTOT étrangers naturalisés naissance étrangers naturalisés
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1946 386 035 430 939 816 974 6 654 3 756 10 410 1 902 2 543 4 445 394 591 437 238 831 829 1,3% 0,5% 47,3% 63,9% 42,8%
1954 440 750 485 273 926 023 6 825 3 687 10 512 2 409 2 915 5 324 449 984 491 875 941 859 1,1% 0,6% 47,6% 64,9% 45,2%
1962 490 493 526 060 1 016 553 9 953 4 387 14 340 3 145 4 044 7 189 503 591 534 491 1 038 082 1,4% 0,7% 48,3% 69,4% 43,7%
1968 524 400 556 804 1 081 204 13 956 5 992 19 948 3 828 4 676 8 504 542 184 567 472 1 109 656 1,8% 0,8% 48,5% 70,0% 45,0%
1975 550 055 582 950 1 133 005 21 225 10 565 31 790 4 655 5 505 10 160 575 935 599 020 1 174 955 2,7% 0,9% 48,5% 66,8% 45,8%
1982 553 196 588 260 1 141 456 24 860 15 796 40 656 5 076 6 200 11 276 583 132 610 256 1 193 388 3,4% 0,9% 48,5% 61,1% 45,0%
1990 565 147 605 724 1 170 871 21 977 16 222 38 199 6 974 7 838 14 812 594 098 629 784 1 223 882 3,1% 1,2% 48,3% 57,5% 47,1%
1999 570133 614662 1184795 18308 14461 32769 10880 10732 21612 599321 639855 1239176 2,6% 1,7% 48,1% 55,9% 50,3%
sources: Recensements de population
Himéminor 2007 page 207
NOMBRE ET TAUX D'ETRANGERS ET DE NATURALISES AU SEIN DE LA POPULATION
Normandie rapport de masculinité
Français
taux taux de
Français Etrangers Naturalisés POPULATION TOTALE étrangers naturalisés naissance étrangers naturalisés
Hommes Femmes Total HommesFemmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1946 1 034 958 1 146 910 2 181 868 24 836 14 909 39 745 5 657 6 622 12 279 1 065 451 1 168 441 2 233 892 1,8% 0,5% 47,4% 62,5% 46,1%
1954 1 140 739 1 251 891 2 392 630 20 384 12 089 32 473 7 117 8 080 15 197 1 168 240 1 272 060 2 440 300 1,3% 0,6% 47,7% 62,8% 46,8%
1962 1 232 523 1 319 832 2 552 355 24 666 13 288 37 954 9 079 10 628 19 707 1 266 268 1 343 748 2 610 016 1,5% 0,8% 48,3% 65,0% 46,1%
1968 1 302 056 1 387 156 2 689 212 26 956 12 860 39 816 9 824 11 572 21 396 1 338 836 1 411 588 2 750 424 1,4% 0,8% 48,4% 67,7% 45,9%
1975 1 368 580 1 451 420 2 820 000 39 735 20 880 60 615 10 800 12 820 23 620 1 419 115 1 485 120 2 904 235 2,1% 0,8% 48,5% 65,6% 45,7%
1982 1 411 908 1 491 620 2 903 528 46 704 31 448 78 152 11 492 13 972 25 464 1 470 104 1 537 040 3 007 144 2,6% 0,8% 48,6% 59,8% 45,1%
1990 1 466 559 1 551 333 3 017 892 44 236 34 043 78 279 15 561 18 136 33 697 1 526 356 1 603 512 3 129 868 2,5% 1,1% 48,6% 56,5% 46,2%
1999 1 496 576 1 588 916 3 085 492 37 726 31 161 68 887 23 716 24 780 48 496 1 558 018 1 644 857 3 202 875 2,2% 1,5% 48,5% 54,8% 48,9%
sources: Recensements de population
Himéminor 2007 page 208
EVOLUTION DES TAUX DE MASCULINITE (= % hommes / pop.totale de référence)
source : Recensements de population
CALVADOS EURE MANCHE ORNE SEINE-MARITIME
taux de masculinité taux de masculinité taux de masculinité taux de masculinité taux de masculinité
Français
Français de Français de Français de de Français de
naissance étrangers naturalisés naissance étrangers naturalisés naissance étrangers naturalisés naissance étrangers naturalisés naissance étrangers naturalisés
1851
1876 47,8% 55,1% 54,9% 49,6% 55,7% 53,0% 48,5% 49,0% 47,6% 48,3% 50,1% 54,1% 49,0% 51,6% 50,6%
1896 47,5% 51,9% 47,8% 49,9% 54,9% 47,9% 48,9% 45,0% 88,9% 48,5% 46,5% 53,6% 48,3% 49,4% 50,5%
1911 47,8% 52,3% 41,4% 49,5% 57,8% 42,7% 48,8% 49,9% 51,6% 48,5% 62,1% 42,3% 48,0% 57,1% 45,1%
1921 45,8% 62,0% 26,8% 47,7% 56,7% 30,3% 46,1% 62,7% 35,8% 46,6% 57,6% 28,9% 46,8% 63,5% 31,8%
1926 46,5% 64,1% 31,0% 48,1% 60,4% 31,7% 46,5% 67,4% 33,5% 47,0% 65,4% 30,8% 47,0% 65,4% 30,8%
1931 46,8% 65,9% 39,6% 48,1% 64,0% 40,8% 46,8% 75,0% 39,0% 47,2% 65,4% 43,6% 47,7% 72,2% 39,8%
1936 46,5% 59,7% 47,7% 48,3% 59,4% 41,3% 46,6% 59,7% 42,4% 47,4% 63,4% 47,7% 47,2% 67,3% 40,3%
1946 47,5% 62,5% 51,1% 47,9% 59,2% 42,7% 47,5% 72,7% 51,3% 47,2% 60,3% 47,6% 47,3% 63,9% 42,8%
1954 47,7% 62,1% 48,0% 48,6% 60,5% 46,7% 47,3% 66,3% 50,1% 47,5% 61,2% 47,5% 47,6% 64,9% 45,2%
1962 48,2% 63,1% 46,1% 49,0% 60,4% 47,3% 48,0% 71,6% 49,9% 48,2% 63,5% 50,0% 48,3% 69,4% 43,7%
1968 48,2% 63,2% 46,5% 49,0% 67,1% 44,7% 48,1% 68,0% 49,0% 48,2% 64,7% 50,1% 48,5% 70,0% 45,0%
1975 48,5% 63,6% 45,4% 49,0% 65,7% 44,4% 48,2% 67,5% 44,1% 48,3% 61,3% 51,1% 48,5% 66,8% 45,8%
1982 48,3% 57,7% 45,0% 49,1% 57,9% 45,6% 48,7% 66,5% 45,4% 49,1% 55,5% 44,7% 48,5% 61,1% 45,0%
1990 48,2% 56,5% 44,8% 49,4% 56,1% 45,9% 49,0% 54,1% 44,5% 48,8% 53,4% 46,8% 48,3% 57,5% 47,1%
1999 48,2% 53,3% 47,9% 49,1% 54,5% 47,5% 49,0% 52,8% 47,1% 48,9% 53,3% 48,8% 48,1% 55,9% 50,3%
NORMANDIE
taux de masculinité
Français de
naissance étrangers naturalisés
1851
1876 48,7% 52,5% 51,0%
1896 48,5% 50,4% 51,8%
1911 48,4% 56,5% 45,1%
1921 46,6% 61,5% 31,0%
1926 47,0% 64,2% 31,3%
1931 47,4% 68,6% 40,2%
1936 47,1% 62,6% 42,7%
1946 47,4% 62,5% 46,1%
1954 47,7% 62,8% 46,8%
1962 48,3% 65,0% 46,1%
Himéminor 2007 page 209
France
TOTAL belges italiens espagnols portugais polonais algériens maroc tunisiens turcs
1936 2 198 236 195 447 720 926 253 599 28 290 422 694 30 564
1946 1 743 619 153 299 450 764 302 201 22 261 423 470 22 144 16 458 1 916 7 770
1954 1 765 298 106 828 507 602 288 923 20 085 269 269 211 675 10 734 4 800 5 273
1962 2 169 665 79 069 628 956 441 658 50 010 177 181 350 484 33 320 26 569 np
1968 2 621 088 65 224 571 684 607 184 296 448 131 668 473 812 84 236 61 028 7 628
1975 3 442 415 55 945 462 940 497 480 758 925 93 655 710 690 260 025 139 735 50 860
1982 3 714 200 52 636 340 308 327 156 767 304 64 804 805 116 441 308 190 800 122 260
1990 3 596 602 56 129 252 759 216 047 649 714 47 127 614 207 572 652 206 336 197 712
1999 3 258 539 66 927 200 632 160 194 555 383 33 925 475 216 506 305 153 574 205 589
source: INSEE recensements de population
Himéminor 2007 page 210
Himéminor 2007 page 211
Population active et taux d’activité par sexe pour les étrangers et la population
totale – 1911-1936
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
chefs d'établissement 373 207 580 29632 26497 56129 12 24 15 24 27 26
1921 employés 159 118 277 13207 8970 22177 5 14 7 11 9 10
ouvriers 2258 380 2638 58115 32163 90278 73 44 66 48 33 41
sans emploi 65 12 77 1714 1112 2826 2 1 2 1 1 1
travailleurs isolés 259 142 401 18979 27717 46696 8 17 10 16 29 21
total 3114 859 3973 121647 96459 218106 100 100 100 100 100 100
Etrangers population totale Etrangers population totale
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1926 chefs d'établissement 466 275 741 30180 26051 56231 9 21 11 24 27 51
employés 250 113 363 13356 9571 22927 5 8 5 11 10 21
ouvriers 4290 805 5095 61585 28847 90432 81 60 77 49 30 82
sans emploi 67 11 78 1193 611 1804 1 1 1 1 1 2
travailleurs isolés 252 127 379 19260 31365 50625 5 10 6 15 33 46
total 5325 1331 6656 125574 96445 109919 100 100 100 100 100 100
Etrangers population totale Etrangers population totale
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1931 chefs d'établissement 575 284 859 30465 26318 56783 8 20 10 24 31 27
employés 314 171 485 13493 11163 24656 4 12 5 11 13 12
ouvriers 6076 815 6891 61333 26212 87545 82 58 78 49 31 42
sans emploi 105 11 116 2037 918 2955 1 1 1 2 1 1
travailleurs isolés 371 120 491 18764 19426 38190 5 9 6 15 23 18
total 7442 1401 8843 126092 84037 210129 100 100 100 100 100 100
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
chefs d'établissement 505 310 815 22246 18449 40695 17 26 19 22 26 24
1921 employés 125 66 191 8752 5216 13968 4 6 4 9 7 8
ouvriers 2064 654 2718 50835 26128 76963 67 55 64 51 37 45
sans emploi 43 15 58 1169 860 2029 1 1 1 1 1 1
travailleurs isolés 323 151 474 17242 20503 37745 11 13 11 17 29 22
total 3060 1196 4256 100244 71156 171400 100 100 100 100 100 100
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
chefs d'établissement 132 49 181 44339 44425 88764 11 18 13 33 39 36
1921 employés 312 59 371 15952 8136 24088 27 22 26 12 7 10
ouvriers 555 106 661 54922 33506 88428 48 39 46 40 30 35
sans emploi 11 3 14 651 311 962 1 1 1 0 0 0
travailleurs isolés 152 57 209 20504 26943 47447 13 21 15 15 24 19
total 1162 274 1436 136368 113321 249689 100 100 100 100 100 100
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
chefs d'établissement 202 117 319 22492 27398 49890 21 28 23 27 35 31
1921 employés 57 55 112 7991 5167 13158 6 13 8 10 7 8
ouvriers 621 180 801 38460 26389 64849 65 44 58 46 34 40
sans emploi 9 3 12 579 428 1007 1 1 1 1 1 1
travailleurs isolés 69 57 122 14438 18899 33337 7 14 9 17 24 21
total 958 412 1370 83960 78281 162241 100 100 100 100 100 100
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
chefs d'établissement 1102 434 1536 41830 32090 73920 11 19 13 15 17 15
1921 employés 1104 298 1402 45639 24234 69873 11 13 12 16 13 15
ouvriers 6000 1094 7094 154564 82718 237282 62 47 59 54 43 50
sans emploi 575 99 674 12279 7226 19505 6 4 6 4 4 4
travailleurs isolés 860 389 1249 31298 45294 76592 9 17 10 11 24 16
total 9641 2314 11955 285610 191562 477172 100 100 100 100 100 100
Etrangers population totale Etrangers population totale
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1926 chefs d'établissement 1017 350 1367 41125 29491 70616 10 16 11 14 17 15
employés 1124 274 1398 42359 24167 66526 11 13 12 15 14 15
ouvriers 6651 1208 7859 165504 80598 246102 67 56 65 58 47 54
sans emploi 187 27 214 5074 2950 8024 2 1 2 2 2 2
travailleurs isolés 948 301 1249 32252 33861 66113 10 14 10 11 20 14
total 9927 2160 12087 286314 171067 457381 100 100 100 100 100 100
Etrangers population totale Etrangers population totale
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1931 chefs d'établissement 1189 355 1544 40970 29578 70548 9 18 10 14 18 16
employés 1054 232 1286 43815 27585 71400 8 12 8 15 17 16
ouvriers 9499 1133 10632 164153 75132 239285 72 57 70 57 46 53
sans emploi 416 49 465 7985 2740 10725 3 2 3 3 2 2
travailleurs isolés 1082 207 1289 32206 29034 61240 8 10 8 11 18 13
total 13240 1986 15226 289129 165069 454198 100 100 100 100 100 100
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
chefs d'établissement 2314 1117 3431 160539 148859 309398 13 22 15 22 27 24
1921 employés 1757 596 2353 91541 51723 143264 10 12 10 13 9 11
ouvriers 11498 2414 13912 356896 200904 557800 64 48 61 49 36 44
sans emploi 703 132 835 16392 9937 26329 4 3 4 2 2 2
travailleurs isolés 1663 796 2455 102461 139356 241817 9 16 11 14 25 19
total 17935 5055 22990 727829 550779 1278608 100 100 100 100 100 100
EURE
1946 93471 58517 151988 5264 2117 7381 98735 60634 159369
1954 (*) 89052 47591 136643 4190 1132 5322 93242 48723 141965
1962 92498 52022 144520 4756 893 5649 97254 52915 150169
1968 100720 56652 157372 4284 708 4992 105004 57360 162364
1975 107082 69474 176556 5824 1095 6919 112906 70569 183475
1982 118408 87427 205835 5181 1338 6519 123589 88765 212354
1990 126030 101781 227811 5656 2051 7707 131686 103832 235518
1999 135846 111891 247737 2787 2301 5088 138633 114192 252825
MANCHE
1946 133764 101402 235166 1884 302 2186 135648 101704 237352
1954 (*) 124972 85214 210186 1141 204 1345 126113 85418 211531
1962 116020 76750 192770 612 172 784 116632 76922 193554
1968 117952 76072 194024 448 136 584 118400 76208 194608
1975 112691 74623 187314 519 83 602 113210 74706 187916
Himéminor 2007 page 229
1982 118843 84822 203665 1528 203 1731 120371 85025 205396
1990 116665 89822 206487 1035 310 1345 117700 90132 207832
1999 114164 92531 206695 975 473 1448 115139 93004 208143
LES ACTIFS ETRANGERS AU SEIN DE LA POPULATION ACTIVE TOTALE -1946-1999
Français y compris naturalisés Etrangers TOTAL
H F T H F T H F T
ORNE
1946 83362 64659 148021 1872 629 2501 85234 65288 150522
1954 (*) 76343 51696 128039 1184 368 1552 77527 52064 129591
1962 73544 50985 124529 1026 359 1385 74570 51344 125914
1968 76256 52232 128488 1364 292 1656 77620 52524 130144
1975 74136 52937 127073 2298 517 2815 76434 53454 129888
1982 74196 58213 132409 1918 561 2479 76114 58774 134888
1990 68804 58246 127050 1849 764 2613 70653 59010 129663
1999 67787 57307 125094 1790 851 2641 69577 58158 127735
SEINE MARITIME
1946 257228 146246 403474 5864 1318 7182 263092 147564 410656
1954 (*) 259199 133673 392872 7610 833 8443 266809 134506 401315
1962 269148 144699 413847 7318 821 8139 276466 145520 421986
1968 289556 159684 449240 9948 988 10936 299504 160672 460176
1975 294168 181637 475805 14488 1802 16290 308656 183439 492095
1982 299221 212516 511737 13761 2649 16410 312982 215165 528147
1990 289573 234240 523813 11863 3709 15572 301436 237949 539385
1999 291471 246460 537931 10346 4721 15067 301817 251181 552998
Himéminor 2007 page 230
LES ACTIFS ETRANGERS AU SEIN DE LA POPULATION ACTIVE TOTALE -1946-1999
Français y compris naturalisés
EVOLUTION DES TAUXEtrangers
D'ACTIVITE -1946-1999 TOTAL
H F T H F T H F T
Français y compris naturalisés Etrangers TOTAL
NORMANDIE H F T H F T H F T
1946 688278 450186 1138464 20834 5813 26647 709112 455999 1165111
1954 (*)CALVADOS
667677 382783 1053886 18736 7114 22424 686413 389897 1076310
1962 1946 66% 40% 52% 83% 34% 65% 67% 40% 53%
670271 395789 1066060 16866 2883 19749 687137 398672 1085809
1954 (*) 57% 30% 43% 91% 25% 66% 58% 30% 43%
1968 715280 425044 1140324 18824 2692 21516 734104 427736 1161840
1962 52% 29% 40% 69% 24% 52% 52% 29% 40%
1975 727443 471230 1198673 26788 4192 30980 754231 475422 1229653
1968 53% 30% 41% 63% 22% 48% 53% 30% 42%
1982 758339 555615 1313954 25339 5625 30964 783678 561240 1344918
1975 52% 33% 42% 59% 20% 45% 52% 32% 42%
1990 746173 606812 1352985 23307 8102 31409 769480 614914 1384394
1982 53% 38% 45% 45% 18% 33% 53% 37% 45%
1999 761769 641648 1403417 18648 9995 28643 780417 651643 1432060
1990 50% 39% 44% 48% 27% 39% 50% 39% 44%
1999 50% 40% 45% 51% 35% 44% 50% 40% 45%
France
1946 11858252 7615784 19474036 809388 237042 1046430 12667640 7852826 20520466
EURE
1954 (*) 11514463 6383574 17898037 797850 151636 949486 12312313 6535210 18847523
1946 65% 37% 51% 79% 46% 66% 66% 38% 51%
1962 11659905 6498600 18158505 927079 165611 1092690 12586984 6664211 19251195
1954 (*) 57% 29% 42% 80% 33% 62% 57% 29% 43%
1968 12211956 6917684 19129640 1059576 208760 1268336 13271532 7126444 20397976
1962 54% 29% 41% 65% 19% 47% 54% 29% 41%
1975 12334684 7824925 20159609 1286030 298310 1584340 13620714 8123235 21743949
1968 55% 30% 42% 73% 25% 57% 55% 30% 42%
1982 12861028 9392301 22253329 1189164 376448 1565612 14050192 9768749 23818941
1975 53% 33% 43% 73% 26% 57% 54% 33% 43%
1990 12880239 10612085 23492324 1127437 492379 1619816 14007676 11104464 25112140
1982 54% 38% 46% 59% 21% 43% 54% 38% 46%
1999 13365311 11583337 24948648 997072 591716 1588788 14362383 12175053 26537436
1990 52% 41% 46% 55% 25% 42% 52% 40% 46%
1999 52% 42% 47% 59% 37% 49% 52% 42% 47%
(*) pour 1954, il s'agit de la population active ayant un emploi
1946 MANCHE
INSEE - RGP 1946 - population active- volume III-2 ème partie - p.31-32
1954 1946
INSEE -RGP66% 1954 - Tableaux 55%
45% A1 - population active
90% ayant39% un emploi76% 66% 45% 55%
1962 1954 (*) 59% 36%
Français, NC par acquisition 47% 87% 31% 68% 59% 36% 47%
1962
INSEE RGP 54%de 1962-résultat 43%
33% du dépouillement 55%
exhaustif -39% 50%
popul-mén-logts-Paris54%
1967 Imprimerie
33% Nationale43%-p.44
1968 1968 54% 33% 43% 54% 35% 48% 54% 33%
in INSEE- RGP 1975 - Nationalité-collection D n°83- sept.1981-p.67-68 -données 1968 = sondage au 1/4 43%
1975 1975 52% 32% 42% 62% 20% 48% 52% 32% 42%
1982 61% 53% 36%
Himéminor 2007 page 231
1982 INSEE
53% RGP 36% 1990 -logements
44% -population-emploi 16%-évolutions
46%1975-1982-1990 -exhaustif pour 44%
ces données
1990 1990 50% 37% 43% 49% 17% 34% 50% 37% 43%
1999 1999
INSEE RGP 49% 38%
1999 -exploitation 43%
complémentaire45% 25% 35% 49% 38% 43%
EVOLUTION DES TAUX D'ACTIVITE -1946-1999
Français y compris naturalisés Etrangers TOTAL
H F T H F T H F T
ORNE
1946 67% 46% 56% 82% 42% 66% 67% 46% 56%
1954 (*) 59% 36% 47% 75% 37% 60% 59% 36% 47%
1962 55% 35% 45% 61% 37% 52% 55% 35% 45%
1968 55% 35% 45% 71% 28% 56% 56% 35% 45%
1975 53% 35% 44% 67% 24% 50% 53% 35% 44%
1982 52% 39% 46% 50% 18% 36% 52% 39% 46%
1990 49% 40% 44% 50% 23% 37% 49% 39% 44%
1999 48% 39% 44% 52% 28% 41% 49% 39% 44%
SEINE MARITIME
1946 66% 34% 49% 88% 35% 69% 67% 34% 49%
1954 (*) 58% 27% 42% 112% 23% 80% 59% 27% 43%
1962 55% 27% 40% 74% 19% 57% 55% 27% 41%
1968 55% 28% 41% 71% 16% 55% 55% 28% 41%
1975 53% 31% 42% 68% 17% 51% 54% 31% 42%
1982 54% 36% 44% 55% 17% 40% 54% 35% 44%
1990 51% 38% 44% 54% 23% 41% 51% 38% 44%
Himéminor 2007 page 232
1999 50% 39% 45% 57% 33% 46% 50% 39% 45%
EVOLUTION DES TAUX D'ACTIVITE -1946-1999
NORMANDIE
1946 66% 39% 52% 84% 39% 67% 67% 39% 52%
1954 (*) 58% 31% 44% 94% 28% 69% 59% 31% 44%
1962 54% 30% 41% 68% 22% 52% 54% 30% 42%
1968 55% 30% 42% 70% 21% 54% 55% 30% 42%
1975 53% 32% 42% 67% 20% 51% 53% 32% 42%
1982 53% 37% 45% 54% 18% 40% 53% 37% 45%
1990 50% 39% 44% 53% 24% 40% 50% 38% 44%
1999 50% 40% 45% 55% 33% 45% 50% 40% 45%
France
1946 66% 38% 51% 81% 32% 60% 67% 37% 51%
1954 (*) 59% 30% 44% 73% 22% 54% 60% 29% 44%
1962 55% 28% 41% 69% 20% 50% 56% 28% 41%
1968 54% 28% 41% 67% 20% 48% 55% 28% 41%
1975 52% 31% 41% 62% 22% 46% 53% 30% 41%
1982 53% 36% 44% 56% 24% 42% 53% 35% 44%
1990 50% 39% 44% 57% 31% 45% 51% 38% 44%
1999 50% 41% 45% 58% 39% 49% 51% 40% 45%
(*) pour 1954, il s'agit de la population active ayant un emploi
1946 INSEE - RGP 1946 - population active- volume III-2 ème partie - p.31-32
1954 INSEE -RGP 1954 - Tableaux A1 - population active ayant un emploi
1962 Français, NC par acquisition
INSEE RGP de 1962-résultat du dépouillement exhaustif - popul-mén-logts-Paris 1967 Imprimerie Nationale -p.44
1968 in INSEE- RGP 1975 - Nationalité-collection D n°83- sept.1981-p.67-68 -données 1968 = sondage au 1/4
1975
Himéminor 2007 page 233
1982 INSEE RGP 1990 -logements -population-emploi -évolutions 1975-1982-1990 -exhaustif pour ces données
1990
1999 INSEE RGP 1999 -exploitation complémentaire
LES ETRANGERS ACTIFS PAR SEXE ET CATEGORIE PROFESSIONNELLE EN 1946
224- services, soins pers., santé 226 32 194 3,1 0,6 9,2
225- emplois administr. et prof. Intellectuelles 89 44 45 1,2 0,8 2,1
226-gardes et armées 6 5 1 0,1 0,1 0,0
LES ETRANGERS ACTIFS PAR SEXE ET CATEGORIE PROFESSIONNELLE EN 1946
MANCHE TOTAL hommes femmes TOTAL hommes femmes
TOTAL ACTIFS 2186 1884 302 100,0 100,0 100,0
dont
1- Professions agricoles 325 211 114 14,9 11,2 37,7
12 patrons et cadres sup. 59 43 16 2,7 2,3 5,3
13 employés, ouvriers, cadres inf. 266 168 98 12,2 8,9 32,5
2- professions non-agricoles 1861 1673 188 85,1 88,8 62,3
21 patrons et cadres supérieurs 286 255 31 13,1 13,5 10,3
211 -de l'industrie 142 138 4 6,5 7,3 1,3
212-du commerce 68 53 15 3,1 2,8 5,0
213-autres 76 64 12 3,5 3,4 4,0
22- employés, ouvriers et cadres inf. 1575 1418 157 72,0 75,3 52,0
221 -industries extractives-terrassement 247 246 1 11,3 13,1 0,3
222- industries de transformation et transports 1135 1099 36 51,9 58,3 11,9
223 - commerce 18 15 3 0,8 0,8 1,0
224- services, soins pers., santé 88 19 69 4,0 1,0 22,8
225- emplois administr. et prof. Intellectuelles 81 33 48 3,7 1,8 15,9
226-gardes et armées 6 6 0 0,3 0,3 0,0
ORNE TOTAL hommes femmes TOTAL hommes femmes
TOTAL ACTIFS 2501 1872 629 100,0 100,0 100,0
dont
1- Professions agricoles 934 594 340 37,3 31,7 54,1
12 patrons et cadres sup. 414 249 165 16,6 13,3 26,2
13 employés, ouvriers, cadres inf. 520 345 175 20,8 18,4 27,8
2- professions non-agricoles 1567 1278 289 62,7 68,3 45,9
21 patrons et cadres supérieurs 208 162 46 8,3 8,7 7,3
211 -de l'industrie 94 85 9 3,8 4,5 1,4
212-du commerce 42 30 12 1,7 1,6 1,9
213-autres 72 47 25 2,9 2,5 4,0
22- employés, ouvriers et cadres inf. 1359 1116 243 54,3 59,6 38,6
221 -industries extractives-terrassement 211 210 1 8,4 11,2 0,2
222- industries de transformation et transports 971 867 104 38,8 46,3 16,5
Himéminor 2007 page 235
source : INSEE RGP 1946 -volume III -deuxième partie-tableau I-D p.70
Himéminor 2007 page 237
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE -1954-
PAYE tableaux A1 Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T T H F T H F T étrangers TOTAL
1954-CALVADOS
0-1- pêche, agriculture, forêt 39833 27153 66986 738 306 1044 40571 27459 68030 1,8% 1,1% 1,5% 18,1 35,4
2 -industries extractives 2510 69 2579 523 2 525 3033 71 3104 17,2% 2,8% 16,9% 9,1 1,6
3 -bâtiment, travaux publics 20199 984 21183 1597 15 1612 21796 999 22795 7,3% 1,5% 7,1% 28,0 11,9
4-5 autres industries de transformat 21307 7017 28324 1173 146 1319 22480 7163 29643 5,2% 2,0% 4,4% 22,9 15,4
dont ind.prod.transf. des métaux 7756 669 8425 735 58 793 8491 727 9218 8,7% 8,0% 8,6% 13,8 4,8
6- transports et auxilliaires de transp 4946 568 5514 33 1 34 4979 569 5548 0,7% 0,2% 0,6% 0,6 2,9
7- commerce, banque, assur., spect 13767 11973 25740 304 104 408 14071 12077 26148 2,2% 0,9% 1,6% 7,1 13,6
dont commerce 12383 11219 23602 286 99 385 12669 11318 23987 2,3% 0,9% 1,6% 6,7 12,5
8 -services 4456 14186 18642 67 215 282 4523 14401 18924 1,5% 1,5% 1,5% 4,9 9,9
9- services publics admin., armée 8269 5424 13693 77 14 91 8346 5438 13784 0,9% 0,3% 0,7% 1,6 7,2
ND 2490 995 3485 433 14 447 2923 1009 3932 14,8% 1,4% 11,4% 7,8 2,0
Total 117777 68369 186146 4945 817 5762 122722 69186 191908 4,0% 1,2% 3,0% 100,0 100,0
1954-EURE
0-1- pêche, agriculture, forêt 30357 14556 44913 1925 660 2585 32282 15216 47498 6,0% 4,3% 5,4% 48,6 33,5
2 -industries extractives 396 12 408 20 0 20 416 12 428 4,8% 0,0% 4,7% 0,4 0,3
3 -bâtiment, travaux publics 11185 536 11721 696 3 699 11881 539 12420 5,9% 0,6% 5,6% 13,1 8,7
4-5 autres industries de transformat 24922 11587 36509 976 206 1182 25898 11793 37691 3,8% 1,7% 3,1% 22,2 26,5
dont ind.prod.transf. des métaux 7602 2209 9811 350 27 377 7952 2236 10188 4,4% 1,2% 3,7% 7,1 7,2
6- transports et auxilliaires de transp 2544 374 2918 30 0 30 2574 374 2948 1,2% 0,0% 1,0% 0,6 2,1
7- commerce, banque, assur., spect 8856 6876 15732 144 62 206 9000 6938 15938 1,6% 0,9% 1,3% 3,9 11,2
dont commerce 7959 6521 14480 135 58 193 8094 6579 14673 1,7% 0,9% 1,3% 3,6 10,3
8 -services 3556 9223 12779 98 178 276 3654 9401 13055 2,7% 1,9% 2,1% 5,2 9,2
9- services publics admin., armée 5668 3679 9347 201 13 214 5869 3692 9561 3,4% 0,4% 2,2% 4,0 6,7
ND 1568 748 2316 100 10 110 1668 758 2426 6,0% 1,3% 4,5% 2,1 1,7
Total 89052 47591 136643 4190 1132 5322 93242 48723 141965 4,5% 2,3% 3,7% 100,0 100,0
Himéminor 2007 page 238
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE -1954-
PAYE tableaux A1 Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T T H F T H F T étrangers TOTAL
1954-MANCHE
0-1- pêche, agriculture, forêt 63894 51766 115660 122 43 165 64016 51809 115825 0,2% 0,1% 0,1% 12,3 54,8
2 -industries extractives 1177 32 1209 58 0 58 1235 32 1267 4,7% 0,0% 4,6% 4,3 0,6
3 -bâtiment, travaux publics 15183 599 15782 576 11 587 15759 610 16369 3,7% 1,8% 3,6% 43,6 7,7
4-5 autres industries de transformat 17649 5188 22837 145 14 159 17794 5202 22996 0,8% 0,3% 0,7% 11,8 10,9
dont ind.prod.transf. des métaux 6330 541 6871 27 3 30 6357 544 6901 0,4% 0,6% 0,4% 2,2 3,3
6- transports et auxilliaires de transp 3264 448 3712 23 1 24 3287 449 3736 0,7% 0,2% 0,6% 1,8 1,8
7- commerce, banque, assur., spect 10184 9897 20081 114 30 144 10298 9927 20225 1,1% 0,3% 0,7% 10,7 9,6
dont commerce 9150 9548 18698 106 29 135 9256 9577 18833 1,1% 0,3% 0,7% 10,0 8,9
8 -services 3601 11626 15227 35 98 133 3636 11724 15360 1,0% 0,8% 0,9% 9,9 7,3
9- services publics admin., armée 8648 4271 12919 27 3 30 8675 4274 12949 0,3% 0,1% 0,2% 2,2 6,1
ND 1372 1387 2759 41 4 45 1413 1391 2804 2,9% 0,3% 1,6% 3,3 1,3
Total 124972 85214 210186 1141 204 1345 126113 85418 211531 0,9% 0,2% 0,6% 100,0 100,0
1954-ORNE
0-1- pêche, agriculture, forêt 38231 26809 65040 472 189 661 38703 26998 65701 1,2% 0,7% 1,0% 42,6 50,7
2 -industries extractives 1003 27 1030 104 1 105 1107 28 1135 9,4% 3,6% 9,3% 6,8 0,9
3 -bâtiment, travaux publics 8180 362 8542 298 5 303 8478 367 8845 3,5% 1,4% 3,4% 19,5 6,8
4-5 autres industries de transformat 11980 6793 18773 149 47 196 12129 6840 18969 1,2% 0,7% 1,0% 12,6 14,6
dont ind.prod.transf. des métaux 2947 999 3946 36 2 38 2983 1001 3984 1,2% 0,2% 1,0% 2,4 3,1
6- transports et auxilliaires de transp 2217 317 2534 11 0 11 2228 317 2545 0,5% 0,0% 0,4% 0,7 2,0
7- commerce, banque, assur., spect 6667 5732 12399 82 18 100 6749 5750 12499 1,2% 0,3% 0,8% 6,4 9,6
dont commerce 5964 5465 11429 77 18 95 6041 5483 11524 1,3% 0,3% 0,8% 6,1 8,9
8 -services 2750 8215 10965 27 104 131 2777 8319 11096 1,0% 1,3% 1,2% 8,4 8,6
9- services publics admin., armée 4322 2914 7236 10 1 11 4332 2915 7247 0,2% 0,0% 0,2% 0,7 5,6
ND 993 527 1520 31 3 34 1024 530 1554 3,0% 0,6% 2,2% 2,2 1,2
Himéminor 2007 page 239
Total 76343 51696 128039 1184 368 1552 77527 52064 129591 1,5% 0,7% 1,2% 100,0 100,0
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE -1954-
PAYE tableaux A1 Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T T H F T H F T étrangers TOTAL
1954-SEINE-MARITIME
0-1- pêche, agriculture, forêt 47134 23424 70558 619 205 824 47753 23629 71382 1,3% 0,9% 1,2% 9,8 17,8
2 -industries extractives 1150 60 1210 34 0 34 1184 60 1244 2,9% 0,0% 2,7% 0,4 0,3
3 -bâtiment, travaux publics 36408 1874 38282 2396 16 2412 38804 1890 40694 6,2% 0,8% 5,9% 28,6 10,1
4-5 autres industries de transformat 74642 34675 109317 2713 181 2894 77355 34856 112211 3,5% 0,5% 2,6% 34,3 28,0
dont ind.prod.transf. des métaux 25417 5010 30427 1394 36 1430 26811 5046 31857 5,2% 0,7% 4,5% 16,9 7,9
6- transports et auxilliaires de transp 32995 3027 36022 344 9 353 33339 3036 36375 1,0% 0,3% 1,0% 4,2 9,1
7- commerce, banque, assur., spect 33263 28192 61455 687 140 827 33950 28332 62282 2,0% 0,5% 1,3% 9,8 15,5
dont commerce 29246 25717 54963 640 132 772 29886 25849 55735 2,1% 0,5% 1,4% 9,1 13,9
8 -services 9721 28654 38375 145 240 385 9866 28894 38760 1,5% 0,8% 1,0% 4,6 9,7
9- services publics admin., armée 20167 12341 32508 208 23 231 20375 12364 32739 1,0% 0,2% 0,7% 2,7 8,2
ND 3719 1426 5145 464 19 483 4183 1445 5628 11,1% 1,3% 8,6% 5,7 1,4
Total 259199 133673 392872 7610 833 8443 266809 134506 401315 2,9% 0,6% 2,1% 100,0 100,0
1954-NORMANDIE
0-1- pêche, agriculture, forêt 219449 143708 363157 3876 1403 5279 223325 145111 368436 1,7% 1,0% 1,4% 23,5 34,2
2 -industries extractives 6236 200 6436 739 3 742 6975 203 7178 10,6% 1,5% 10,3% 3,3 0,7
3 -bâtiment, travaux publics 91155 4355 95510 5563 50 5613 96718 4405 101123 5,8% 1,1% 5,6% 25,0 9,4
4-5 autres industries de transformat 150500 65260 215760 5156 594 5750 155656 65854 221510 3,3% 0,9% 2,6% 25,6 20,6
dont ind.prod.transf. des métaux 50052 9428 59480 2542 126 2668 52594 9554 62148 4,8% 1,3% 4,3% 11,9 5,8
6- transports et auxilliaires de transp 45966 4734 50700 441 11 452 46407 4745 51152 1,0% 0,2% 0,9% 2,0 4,8
7- commerce, banque, assur., spect 72737 62670 135407 1331 354 1685 74068 63024 137092 1,8% 0,6% 1,2% 7,5 12,7
dont commerce 29246 25717 54963 640 132 772 29886 25849 55735 2,1% 0,5% 1,4% 3,4 5,2
8 -services 24084 71904 95988 372 835 1207 24456 72739 97195 1,5% 1,1% 1,2% 5,4 9,0
9- services publics admin., armée 47074 28629 75703 523 54 577 47597 28683 76280 1,1% 0,2% 0,8% 2,6 7,1
ND 10142 5083 15225 1069 50 1119 11211 5133 16344 9,5% 1,0% 6,8% 5,0 1,5
Total 667343 386543 1053886 19070 3354 22424 686413 389897 1076310 2,8% 0,9% 2,1% 100,0 100,0
1954- France
0-1- pêche, agriculture, forêt 3232800 1790200 5023000 155120 34640 189760 3387920 1824840 5212760 4,6% 1,9% 3,6% 24,0 27,7
2 -industries extractives 312980 8540 321520 60800 820 61620 373780 9360 383140 16,3% 8,8% 16,1% 7,8 2,0
3 -bâtiment, travaux publics 1184700 52600 1237300 118860 1020 119880 1303560 53620 1357180 9,1% 1,9% 8,8% 15,2 7,2
4-5 autres industries de transformat 3192200 1550620 4742820 184380 38200 222580 3376580 1588820 4965400 5,5% 2,4% 4,5% 28,2 26,4
6- transports et auxilliaires de transp 674660 73900 748560 11320 800 12120 685980 74700 760680 1,7% 1,1% 1,6% 1,5 4,0
7- commerce, banque, assur., spect 1414260 1154400 2568660 52340 19040 71380 1466600 1173440 2640040 3,6% 1,6% 2,7% 9,0 14,0
8 -services 466460 1106020 1572480 20460 51100 71560 486920 1157120 1644040 4,2% 4,4% 4,4% 9,1 8,7
9- services publics admin., armée 1048860 545400 1594260 22360 4020 26380 1071220 549420 1620640 2,1% 0,7% 1,6% 3,3 8,6
Himéminor 2007 page 240
152440 72440 224880 12740 2480 15220 165180 74920 240100 7,7% 3,3% 6,3% 1,9 1,3
Total 11679360 6354120 18033480 638380 152120 790500 12317740 6506240 18823980 5,2% 2,3% 4,2% 100,0 100,0
source : 1954 INSEE- recensement de population - population active ayant un emploi -tableaux A1
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1968
Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T H F T H F T étrangers TOTAL
1968
CALVADOS
0-1- pêche, agriculture, forêt 29384 19676 49060 316 104 420 29700 19780 49480 1,1% 0,5% 0,8% 12,7 23,7
2 -industries extractives 1576 40 1616 84 0 84 1660 40 1700 5,1% 0,0% 4,9% 2,5 0,8
3 -bâtiment, travaux publics 19976 1084 21060 1104 16 1120 21080 1100 22180 5,2% 1,5% 5,0% 33,8 10,6
4-5 autres industries de transfor 33612 12504 46116 808 116 924 34420 12620 47040 2,3% 0,9% 2,0% 27,9 22,6
6- transports et auxilliaires de tra 5596 880 6476 24 0 24 5620 880 6500 0,4% 0,0% 0,4% 0,7 3,1
7- commerce, banque, assur., sp 20516 14684 35200 244 76 320 20760 14760 35520 1,2% 0,5% 0,9% 9,7 17,0
8 -services 6496 17324 23820 84 216 300 6580 17540 24120 1,3% 1,2% 1,2% 9,0 11,6
9- services publics admin., armé 11404 10392 21796 96 28 124 11500 10420 21920 0,8% 0,3% 0,6% 3,7 10,5
Total 128560 76584 205144 2760 556 3316 131320 77140 208460 2,1% 0,7% 1,6% 100,0 100,0
1968
EURE
0-1- pêche, agriculture, forêt 19764 9872 29636 836 188 1024 20600 10060 30660 4,1% 1,9% 3,3% 20,8 19,3
2 -industries extractives 456 20 476 24 0 24 480 20 500 5,0% 0,0% 4,8% 0,5 0,3
3 -bâtiment, travaux publics 14832 876 15708 1448 4 1452 16280 880 17160 8,9% 0,5% 8,5% 29,5 10,8
4-5 autres industries de transfor 36472 17332 53804 1528 148 1676 38000 17480 55480 4,0% 0,8% 3,0% 34,0 35,0
6- transports et auxilliaires de tra 3448 540 3988 32 0 32 3480 540 4020 0,9% 0,0% 0,8% 0,6 2,5
7- commerce, banque, assur., sp 12104 8904 21008 216 96 312 12320 9000 21320 1,8% 1,1% 1,5% 6,3 13,4
8 -services 4324 11040 15364 136 220 356 4460 11260 15720 3,0% 2,0% 2,3% 7,2 9,9
9- services publics admin., armé 6496 7216 13712 24 24 48 6520 7240 13760 0,4% 0,3% 0,3% 1,0 8,7
Total 97896 55800 153696 4244 680 4924 102140 56480 158620 4,2% 1,2% 3,1% 100,0 100,0
1968
MANCHE
0-1- pêche, agriculture, forêt 45092 36024 81116 28 16 44 45120 36040 81160 0,1% 0,0% 0,1% 7,7 41,8
2 -industries extractives 708 20 728 12 0 12 720 20 740 1,7% 0,0% 1,6% 2,1 0,4
3 -bâtiment, travaux publics 16384 580 16964 196 0 196 16580 580 17160 1,2% 0,0% 1,1% 34,5 8,8
4-5 autres industries de transfor 23800 7252 31052 80 28 108 23880 7280 31160 0,3% 0,4% 0,3% 19,0 16,1
6- transports et auxilliaires de tra 3092 660 3752 8 0 8 3100 660 3760 0,3% 0,0% 0,2% 1,4 1,9
7- commerce, banque, assur., sp 12932 11088 24020 28 12 40 12960 11100 24060 0,2% 0,1% 0,2% 7,0 12,4
8 -services 5028 12128 17156 52 72 124 5080 12200 17280 1,0% 0,6% 0,7% 21,8 8,9
Himéminor 2007 page 241
9- services publics admin., armé 11032 7672 18704 28 8 36 11060 7680 18740 0,3% 0,1% 0,2% 6,3 9,7
Total 118068 75424 193492 432 136 568 118500 75560 194060 0,4% 0,2% 0,3% 100,0 100,0
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1968
Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T H F T H F T étrangers TOTAL
1968
ORNE
0-1- pêche, agriculture, forêt 26564 19904 46468 276 76 352 26840 19980 46820 1,0% 0,4% 0,8% 21,7 36,2
2 -industries extractives 492 40 532 8 0 8 500 40 540 1,6% 0,0% 1,5% 0,5 0,4
3 -bâtiment, travaux publics 9628 460 10088 372 0 372 10000 460 10460 3,7% 0,0% 3,6% 23,0 8,1
4-5 autres industries de transfor 18484 9932 28416 476 48 524 18960 9980 28940 2,5% 0,5% 1,8% 32,3 22,4
6- transports et auxilliaires de tra 2428 520 2948 12 0 12 2440 520 2960 0,5% 0,0% 0,4% 0,7 2,3
7- commerce, banque, assur., s 9188 7068 16256 132 12 144 9320 7080 16400 1,4% 0,2% 0,9% 8,9 12,7
8 -services 3520 9024 12544 40 136 176 3560 9160 12720 1,1% 1,5% 1,4% 10,9 9,8
9- services publics admin., armé 5280 5328 10608 20 12 32 5300 5340 10640 0,4% 0,2% 0,3% 2,0 8,2
Total 75584 52276 127860 1336 284 1620 76920 52560 129480 1,7% 0,5% 1,3% 100,0 100,0
1968
SEINE-MARITIME
0-1- pêche, agriculture, forêt 31232 15688 46920 268 72 340 31500 15760 47260 0,9% 0,5% 0,7% 3,2 10,4
2 -industries extractives 644 52 696 16 28 44 660 80 740 2,4% 35,0% 5,9% 0,4 0,2
3 -bâtiment, travaux publics 39980 2484 42464 3280 16 3296 43260 2500 45760 7,6% 0,6% 7,2% 31,1 10,1
4-5 autres industries de transfor 98092 39680 137772 4028 420 4448 102120 40100 142220 3,9% 1,0% 3,1% 41,9 31,4
6- transports et auxilliaires de tra 34084 3892 37976 736 8 744 34820 3900 38720 2,1% 0,2% 1,9% 7,0 8,6
7- commerce, banque, assur., s 42976 36728 79704 844 92 936 43820 36820 80640 1,9% 0,2% 1,2% 8,8 17,8
8 -services 13456 36100 49556 304 280 584 13760 36380 50140 2,2% 0,8% 1,2% 5,5 11,1
9- services publics admin., armé 25076 21888 46964 164 52 216 25240 21940 47180 0,6% 0,2% 0,5% 2,0 10,4
Himéminor 2007 page 242
Total 285540 156512 442052 9640 968 10608 295180 157480 452660 3,3% 0,6% 2,3% 100,0 100,0
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1968
Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T H F T H F T étrangers TOTAL
1968
NORMANDIE
0-1- pêche, agriculture, forêt 152036 101164 253200 1724 456 2180 153760 101620 255380 1,1% 0,4% 0,9% 10,4 22,3
2 -industries extractives 3876 172 4048 144 28 172 4020 200 4220 3,6% 14,0% 4,1% 0,8 0,4
3 -bâtiment, travaux publics 100800 5484 106284 6400 36 6436 107200 5520 112720 6,0% 0,7% 5,7% 30,6 9,9
4-5 autres industries de transfor 210460 86700 297160 6920 760 7680 217380 87460 304840 3,2% 0,9% 2,5% 36,5 26,7
6- transports et auxilliaires de tra 48648 6492 55140 812 8 820 49460 6500 55960 1,6% 0,1% 1,5% 3,9 4,9
7- commerce, banque, assur., s 97716 78472 176188 1464 288 1752 99180 78760 177940 1,5% 0,4% 1,0% 8,3 15,6
8 -services 32824 85616 118440 616 924 1540 33440 86540 119980 1,8% 1,1% 1,3% 7,3 10,5
9- services publics admin., armé 59288 52496 111784 332 124 456 59620 52620 112240 0,6% 0,2% 0,4% 2,2 9,8
Total 705648 416596 1122244 18412 2624 21036 724060 419220 1143280 2,5% 0,6% 1,8% 100,0 100,0
1968
France
0-1- pêche, agriculture, forêt 2025676 999836 3025512 94804 13084 107888 2120480 1012920 3133400 4,5% 1,3% 3,4% 8,8 15,7
2 -industries extractives 199364 6948 206312 34676 252 34928 234040 7200 241240 14,8% 3,5% 14,5% 2,8 1,2
3 -bâtiment, travaux publics 1626092 98332 1724424 364068 3248 367316 1990160 101580 2091740 18,3% 3,2% 17,6% 29,9 10,5
4-5 autres industries de transfor 3557812 1606152 5163964 347628 58428 406056 3905440 1664580 5570020 8,9% 3,5% 7,3% 33,0 27,8
6- transports et auxilliaires de tra 726516 102048 828564 25864 1572 27436 752380 103620 856000 3,4% 1,5% 3,2% 2,2 4,3
7- commerce, banque, assur., s 1798736 1451368 3250104 90964 25932 116896 1889700 1477300 3367000 4,8% 1,8% 3,5% 9,5 16,8
8 -services 723960 1444180 2168140 44360 91200 135560 768320 1535380 2303700 5,8% 5,9% 5,9% 11,0 11,5
9- services publics admin., armé 1392168 1014380 2406548 25392 7200 32592 1417560 1021580 2439140 1,8% 0,7% 1,3% 2,7 12,2
Total 12050324 6723244 18773568 1027756 200916 1228672 13078080 6924160 20002240 7,9% 2,9% 6,1% 100,0 100,0
source INSEE RGP 1968 - sondage au 1/20è pour le total des actifs- PA 49
Himéminor 2007 page 243
1968
CALVADOS
0- agriculteurs exploitants 17920 16608 34528 120 52 172 18040 16660 34700 0,5% 4,3 7,0 5,1
1- salariés agricoles 10160 2708 12868 180 52 232 10340 2760 13100 1,8% 6,5 7,0 6,9
2- patrons de l'industrie et du commer 12296 7860 20156 144 20 164 12440 7880 20320 0,8% 5,2 2,7 4,9
3- professions libérales, cadres supér 6316 1288 7604 124 12 136 6440 1300 7740 1,8% 4,5 1,6 4,1
4 - cadres moyens 10324 7964 18288 96 16 112 10420 7980 18400 0,6% 3,5 2,2 3,3
5- employés 10428 15908 26336 52 52 104 10480 15960 26440 0,4% 1,9 7,0 3,1
6 -ouvriers, dont 59436 13144 72580 2004 176 2180 61440 13320 74760 2,9% 72,1 23,7 65,1
contremaîtres, ouvriers qualifiés, apprentis 744 44 788 0 26,8 5,9 23,5
OS, manœuvres 1212 132 1344 0 43,6 17,7 40,1
mineurs, marins pêcheurs 48 0 48 0 1,7 0,0 1,4
7 -personnels de service 190411584 13488 36 116 152 1940 11700 13640 1,1% 1,3 15,6 4,5
8 -autres actifs 2336 1668 4004 24 72 96 2360 1740 4100 2,3% 0,9 9,7 2,9
Total 131120 78732 209852 2780 744 3348 133900 79300 213200 1,6% 100,0 100,0 100,0
1968
EURE
0- agriculteurs exploitants 10848 8876 19724 372 144 516 11220 9020 20240 2,5% 8,7 20,3 10,3
1- salariés agricoles 8328 932 9260 432 48 480 8760 980 9740 4,9% 10,1 6,8 9,6
2- patrons de l'industrie et du commer 9584 5692 15276 156 8 164 9740 5700 15440 1,1% 3,6 1,1 3,3
3- professions libérales, cadres supér 3496 656 4152 64 4 68 3560 660 4220 1,6% 1,5 0,6 1,4
4 - cadres moyens 6524 5576 12100 56 4 60 6580 5580 12160 0,5% 1,3 0,6 1,2
5- employés 7308 11084 18392 92 36 128 7400 11120 18520 0,7% 2,1 5,1 2,6
6 -ouvriers, dont 49760 15696 65456 3040 224 3264 52800 15920 68720 4,7% 71,0 31,6 65,4
contremaîtres, ouvriers qualifiés, apprentis 952 28 980 22,2 4,0 19,6
OS, manœuvres 2088 196 2284 48,7 27,7 45,8
mineurs, marins pêcheurs 0 0 0 0,0 0,0 0,0
Himéminor 2007 page 244
7 -personnels de service 1752 7828 9580 48 172 220 1800 8000 9800 2,2% 1,1 24,3 4,4
8 -autres actifs 2016 532 2548 24 68 92 2040 600 2640 3,5% 0,6 9,6 1,8
Total 99616 56872 156488 4284 708 4992 103900 57580 161480 3,1% 100,0 100,0 100,0
POPULATION ACTIVE PAR NATIONALITE SELON LA CATEGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE -1968
étrangers
Francais Etrangers TOTAL /actifs pour 100 actifs étrangers
H F T H F T H F T H F T
1968
MANCHE
0- agriculteurs exploitants 34596 33912 68508 4 8 12 34600 33920 68520 0,0% 0,9 5,9 2,1
1- salariés agricoles 9236 1952 11188 24 8 32 9260 1960 11220 0,3% 5,4 5,9 5,5
2- patrons de l'industrie et du commer 12312 7852 20164 68 8 76 12380 7860 20240 0,4% 15,2 5,9 13,0
3- professions libérales, cadres supér 3372 696 4068 8 4 12 3380 700 4080 0,3% 1,8 2,9 2,1
4 - cadres moyens 6652 5636 12288 28 4 32 6680 5640 12320 0,3% 6,3 2,9 5,5
5- employés 7060 10512 17572 20 8 28 7080 10520 17600 0,2% 4,5 5,9 4,8
6 -ouvriers, dont 42312 7632 49944 268 28 296 42580 7660 50240 0,6% 59,8 20,6 50,7
contremaîtres, ouvriers qualifiés, apprentis 112 8 120 25,0 5,9 20,5
OS, manœuvres 152 20 172 33,9 14,7 29,5
mineurs, marins pêcheurs 4 0 4 0,9 0,0 0,7
7 -personnels de service 1144 7440 8584 16 20 36 1160 7460 8620 0,4% 3,6 14,7 6,2
8 -autres actifs 3188 972 4160 12 48 60 3200 1020 4220 1,4% 2,7 35,3 10,3
Total 119872 76604 196476 448 136 584 120320 76740 197060 0,3% 100,0 100,0 100,0
1968
ORNE
0- agriculteurs exploitants 18680 18312 36992 100 48 148 18780 18360 37140 0,4% 7,3 16,4 8,9
1- salariés agricoles 7816 1360 9176 144 20 164 7960 1380 9340 1,8% 10,6 6,8 9,9
2- patrons de l'industrie et du commer 8000 5176 13176 80 4 84 8080 5180 13260 0,6% 5,9 1,4 5,1
3- professions libérales, cadres supér 2100 596 2696 20 4 24 2120 600 2720 0,9% 1,5 1,4 1,4
4 - cadres moyens 4540 4028 8568 40 12 52 4580 4040 8620 0,6% 2,9 4,1 3,1
5- employés 4992 6764 11756 28 16 44 5020 6780 11800 0,4% 2,1 5,5 2,7
6 -ouvriers, dont 28252 9816 38068 928 64 992 29180 9880 39060 2,5% 68,0 21,9 59,9
contremaîtres, ouvriers qualifiés, apprentis 232 12 244 17,0 4,1 14,7
OS, manœuvres 688 52 740 50,4 17,8 44,7
mineurs, marins pêcheurs 8 0 8 0,6 0,0 0,5
Himéminor 2007 page 245
7 -personnels de service 648 5904 6552 12 56 68 660 5960 6620 1,0% 0,9 19,2 4,1
8 -autres actifs 1588 1072 2660 12 68 80 1600 1140 2740 2,9% 0,9 23,3 4,8
Total 76616 53028 129644 1364 292 1656 77980 53320 131300 1,3% 100,0 100,0 100,0
POPULATION ACTIVE PAR NATIONALITE SELON LA CATEGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE -1968
étrangers
Francais Etrangers TOTAL /actifs pour 100 actifs étrangers
H F T H F T H F T H F T
1968
SEINE-MARITIME
0- agriculteurs exploitants 19060 14484 33544 140 56 196 19200 14540 33740 0,6% 1,4 5,7 1,8
1- salariés agricoles 9716 808 10524 104 12 116 9820 820 10640 1,1% 1,0 1,2 1,1
2- patrons de l'industrie et du commer 22692 17260 39952 388 40 428 23080 17300 40380 1,1% 3,9 4,0 3,9
3- professions libérales, cadres supér 14708 2592 17300 252 28 280 14960 2620 17580 1,6% 2,5 2,8 2,6
4 - cadres moyens 23920 16500 40420 260 20 280 24180 16520 40700 0,7% 2,6 2,0 2,6
5- employés 26896 40504 67400 224 76 300 27120 40580 67700 0,4% 2,3 7,7 2,7
6 -ouvriers, dont 160964 42344 203308 8416 476 8892 169380 42820 212200 4,2% 84,6 48,2 81,3
contremaîtres, ouvriers qualifiés, apprentis 2944 208 3152 29,6 21,1 28,8
OS, manœuvres 5436 268 5704 54,6 27,1 52,2
mineurs, marins pêcheurs 36 0 36 0,4 0,0 0,3
7 -personnels de service 550824460 29968 112 200 312 5620 24660 30280 1,0% 1,1 20,2 2,9
8 -autres actifs 6648 1320 7968 52 80 132 6700 1400 8100 1,6% 0,5 8,1 1,2
Total 290112 160272 450384 9948 988 10936 300060 161260 461320 2,4% 100,0 100,0 100,0
1968
NORMANDIE
0- agriculteurs exploitants 101104 92192 193296 736 308 1044 101840 92500 194340 0,5% 3,9 10,7 4,9
1- salariés agricoles 45256 7760 53016 884 140 1024 46140 7900 54040 1,9% 4,7 4,9 4,8
2- patrons de l'industrie et du commer 64884 43840 108724 836 80 916 65720 43920 109640 0,8% 4,4 2,8 4,3
3- professions libérales, cadres supér 29992 5828 35820 468 52 520 30460 5880 36340 1,4% 2,5 1,8 2,4
4 - cadres moyens 51960 39704 91664 480 56 536 52440 39760 92200 0,6% 2,5 2,0 2,5
5- employés 56684 84772 141456 416 188 604 57100 84960 142060 0,4% 2,2 6,6 2,8
6 -ouvriers, dont 340724 88632 429356 14656 968 15624 355380 89600 444980 3,5% 77,9 33,8 72,6
contremaîtres, ouvriers qualifiés, appre 0 0 0 4984 300 5284 0 0 0 26,5 10,5 24,6
OS, manœuvres 0 0 0 9576 668 10244 0 0 0 50,9 23,3 47,6
mineurs, marins pêcheurs 0 0 0 96 0 96 0 0 0 0,5 0,0 0,4
7 -personnels de service 10956 57216 68172 224 564 788 11180 57780 68960 1,1% 1,2 19,7 3,7
8 -autres actifs 15776 5564 21340 124 336 460 15900 5900 21800 2,1% 0,7 11,7 2,1
Total 717336 425508 1142844 18824 2868 21516 736160 428200 1164360 1,8% 100,0 100,0 100,0
Himéminor 2007 page 246
source INSEE RGP 1968 - sondage au 1/20è pour le total des actifs- PA 50
INSEE-RGP 1968 -résultats du sondage au 1/4 - population-ménages-logements-immeubles
fascicules départementaux - tableaux D 15
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1975
Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T H F T H F T étrangers TOTAL
1975
CALVADOS
U01-agriculture-sylviculture-pêche 19645 11810 31455 195 65 260 19840 11875 31715 1,0% 0,5% 0,8% 6,2 14,0
U02 -industries agricoles et alimentaires 6275 3095 9370 50 20 70 6325 3115 9440 0,8% 0,6% 0,7% 1,7 4,2
U03 -production, distribution d'énergie 1120 220 1340 0 0 0 1120 220 1340 0,0% 0,0% 0,0% 0,0 0,6
U04-industries des biens intermédiaires 13370 2040 15410 550 25 575 13920 2065 15985 4,0% 1,2% 3,6% 13,8 7,1
U05- industries des biens d'équipement 17330 7890 25220 505 135 640 17835 8025 25860 2,8% 1,7% 2,5% 15,3 11,4
U06 -industries des biens de consommation 5935 4920 10855 130 20 150 6065 4940 11005 2,1% 0,4% 1,4% 3,6 4,9
U07-bâtiment -génie civil agricole 16875 1055 17930 1560 20 1580 18435 1075 19510 8,5% 1,9% 8,1% 37,8 8,6
U08 -commerce 14240 10895 25135 105 45 150 14345 10940 25285 0,7% 0,4% 0,6% 3,6 11,2
U09- transports et télécommunications 7940 1955 9895 20 10 30 7960 1965 9925 0,3% 0,5% 0,3% 0,7 4,4
U10 - services marchands 14975 18235 33210 255 110 365 15230 18345 33575 1,7% 0,6% 1,1% 8,7 14,8
U11 à U14-autres activités 17375 24940 42315 180 175 355 17555 25115 42670 1,0% 0,7% 0,8% 8,5 18,9
Total 135080 87055 222135 3550 625 4175 138630 87680 226310 2,6% 0,7% 1,8% 100,0 100,0
1975
EURE
U01-agriculture-sylviculture-pêche 14125 6395 20520 515 100 615 14640 6495 21135 3,5% 1,5% 2,9% 9,4 11,9
U02 -industries agricoles et alimentaires 3610 1585 5195 120 55 175 3730 1640 5370 3,2% 3,4% 3,3% 2,7 3,0
U03 -production, distribution d'énergie 1330 205 1535 20 0 20 1350 205 1555 1,5% 0,0% 1,3% 0,3 0,9
U04-industries des biens intermédiaires 14705 6320 21025 1620 215 1835 16325 6535 22860 9,9% 3,3% 8,0% 28,2 12,9
U05- industries des biens d'équipement 16880 8665 25545 885 185 1070 17765 8850 26615 5,0% 2,1% 4,0% 16,4 15,0
U06 -industries des biens de consommation 7615 7130 14745 520 145 665 8135 7275 15410 6,4% 2,0% 4,3% 10,2 8,7
U07-bâtiment -génie civil agricole 12265 845 13110 1330 0 1330 13595 845 14440 9,8% 0,0% 9,2% 20,4 8,1
U08 -commerce 8560 7150 15710 150 25 175 8710 7175 15885 1,7% 0,3% 1,1% 2,7 9,0
U09- transports et télécommunications 5160 1690 6850 55 0 55 5215 1690 6905 1,1% 0,0% 0,8% 0,8 3,9
U10 - services marchands 10535 10820 21355 190 95 285 10725 10915 21640 1,8% 0,9% 1,3% 4,4 12,2
U11 à U14-autres activités 10535 14915 25450 100 185 285 10535 14915 25450 0,9% 1,2% 1,1% 4,4 14,4
Himéminor 2007 page 247
Total 105320 65720 171040 5505 1005 6510 110725 66540 177265 5,0% 1,5% 3,7% 100,0 100,0
Himéminor 2007 page 248
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1975
Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T H F T H F T étrangers TOTAL
1975
MANCHE
U01-agriculture-sylviculture-pêche 31765 25025 56790 45 5 50 31810 25030 56840 0,1% 0,0% 0,1% 8,8 31,1
U02 -industries agricoles et alimentaires 7470 2425 9895 10 0 10 7480 2425 9905 0,1% 0,0% 0,1% 1,8 5,4
U03 -production, distribution d'énergie 760 140 900 0 0 0 760 140 900 0,0% 0,0% 0,0% 0,0 0,5
U04-industries des biens intermédiaires 5460 1165 6625 65 0 65 5525 1165 6690 1,2% 0,0% 1,0% 11,4 3,7
U05- industries des biens d'équipement 10160 3480 13640 80 10 90 10240 3490 13730 0,8% 0,3% 0,7% 15,8 7,5
U06 -industries des biens de consommation 2480 3540 6020 15 0 15 2495 3540 6035 0,6% 0,0% 0,2% 2,6 3,3
U07-bâtiment -génie civil agricole 14365 590 14955 155 0 155 14520 590 15110 1,1% 0,0% 1,0% 27,2 8,3
U08 -commerce 10090 7975 18065 45 0 45 10135 7975 18110 0,4% 0,0% 0,2% 7,9 9,9
U09- transports et télécommunications 4505 1360 5865 5 0 5 4510 1360 5870 0,1% 0,0% 0,1% 0,9 3,2
U10 - services marchands 9875 11520 21395 80 15 95 9955 11535 21490 0,8% 0,1% 0,4% 16,7 11,8
U11 à U14-autres activités 13730 14250 27980 20 20 40 13730 14250 27980 0,1% 0,1% 0,1% 7,0 15,3
Total 110660 71470 182130 520 50 570 111160 71500 182660 0,5% 0,1% 0,3% 100,0 100,0
1975
ORNE
U01-agriculture-sylviculture-pêche 18375 12865 31240 180 45 225 18555 12910 31465 1,0% 0,3% 0,7% 8,3 24,9
U02 -industries agricoles et alimentaires 3435 1400 4835 70 55 125 3505 1455 4960 2,0% 3,8% 2,5% 4,6 3,9
U03 -production, distribution d'énergie 350 115 465 0 0 0 350 115 465 0,0% 0,0% 0,0% 0,0 0,4
U04-industries des biens intermédiaires 6690 2120 8810 785 40 825 7475 2160 9635 10,5% 1,9% 8,6% 30,6 7,6
U05- industries des biens d'équipement 7890 4770 12660 270 105 375 8160 4875 13035 3,3% 2,2% 2,9% 13,9 10,3
U06 -industries des biens de consommation 3665 4975 8640 195 120 315 3860 5095 8955 5,1% 2,4% 3,5% 11,7 7,1
U07-bâtiment -génie civil agricole 8340 450 8790 440 0 440 8780 450 9230 5,0% 0,0% 4,8% 16,3 7,3
U08 -commerce 5755 4770 10525 70 20 90 5825 4790 10615 1,2% 0,4% 0,8% 3,3 8,4
U09- transports et télécommunications 3640 1155 4795 15 0 15 3655 1155 4810 0,4% 0,0% 0,3% 0,6 3,8
U10 - services marchands 6590 7665 14255 125 35 160 6715 7700 14415 1,9% 0,5% 1,1% 5,9 11,4
U11 à U14-autres activités 7525 11025 18550 50 75 125 7525 11025 18550 0,7% 0,7% 0,7% 4,6 14,7
Total 72255 51310 123565 2200 495 2695 74405 51730 126135 3,0% 1,0% 2,1% 100,0 100,0
Himéminor 2007 page 249
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1982
Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T H F T H F T étrangers TOTAL
1982-CALVADOS
U01-agriculture-sylviculture-pêche 15244 10176 25420 116 44 160 15360 10220 25580 0,8% 0,4% 0,6% 5,0 11,0
U02 -industries agricoles et alimentair 5980 3200 9180 48 8 56 6028 3208 9236 0,8% 0,2% 0,6% 1,8 4,0
U03 -production, distribution d'énergie 1412 248 1660 8 4 12 1420 252 1672 0,6% 1,6% 0,7% 0,4 0,7
U04-industries des biens intermédiaire 12380 2124 14504 372 60 432 12752 2184 14936 2,9% 2,7% 2,9% 13,6 6,4
U05- industries des biens d'équipeme 14484 6384 20868 352 64 416 14836 6448 21284 2,4% 1,0% 2,0% 13,1 9,1
U06 -industries des biens de consomm 5716 5068 10784 80 32 112 5796 5100 10896 1,4% 0,6% 1,0% 3,5 4,7
U07-bâtiment -génie civil agricole 16392 1264 17656 852 20 872 17244 1284 18528 4,9% 1,6% 4,7% 27,4 7,9
U08 -commerce 15332 12900 28232 196 48 244 15528 12948 28476 1,3% 0,4% 0,9% 7,7 12,2
U09- transports et télécommunication 9236 2688 11924 56 0 56 9292 2688 11980 0,6% 0,0% 0,5% 1,8 5,1
U10 - services marchands 18336 25256 43592 304 164 468 18640 25420 44060 1,6% 0,6% 1,1% 14,7 18,9
U11 à U14-autres activités 17375 24940 42315 140 212 352 19340 27236 46576 0,7% 0,8% 0,8% 11,1 20,0
Total 131887 94248 226135 2524 656 3180 136236 96988 233224 1,9% 0,7% 1,4% 100,0 100,0
1982-EURE
U01-agriculture-sylviculture-pêche 10060 5756 15816 220 32 252 10280 5788 16068 2,1% 0,6% 1,6% 4,4 8,4
U02 -industries agricoles et alimentair 3868 1592 5460 128 16 144 3996 1608 5604 3,2% 1,0% 2,6% 2,5 2,9
U03 -production, distribution d'énergie 1508 308 1816 8 0 8 1516 308 1824 0,5% 0,0% 0,4% 0,1 0,9
U04-industries des biens intermédiaire 13928 5780 19708 1308 148 1456 15236 5928 21164 8,6% 2,5% 6,9% 25,3 11,0
U05- industries des biens d'équipeme 18224 9452 27676 892 176 1068 19116 9628 28744 4,7% 1,8% 3,7% 18,6 14,9
U06 -industries des biens de consomm 7560 7196 14756 392 200 592 7952 7396 15348 4,9% 2,7% 3,9% 10,3 8,0
U07-bâtiment -génie civil agricole 12520 1188 13708 1024 4 1028 13544 1192 14736 7,6% 0,3% 7,0% 17,9 7,7
U08 -commerce 10172 9524 19696 168 76 244 10340 9600 19940 1,6% 0,8% 1,2% 4,2 10,4
U09- transports et télécommunication 6344 2264 8608 76 4 80 6420 2268 8688 1,2% 0,2% 0,9% 1,4 4,5
U10 - services marchands 12816 16352 29168 352 192 544 13168 16544 29712 2,7% 1,2% 1,8% 9,5 15,4
U11 à U14-autres activités 12828 17384 30212 132 208 340 12960 17592 30552 1,0% 1,2% 1,1% 5,9 15,9
Total 109828 76796 186624 4700 1056 5756 114528 77852 192380 4,1% 1,4% 3,0% 100,0 100,0
Himéminor 2007 page 250
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1982
Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T H F T H F T étrangers TOTAL
1982- MANCHE
U01-agriculture-sylviculture-pêche 25360 20560 45920 8 4 12 25368 20564 45932 0,0% 0,0% 0,0% 0,7 24,3
U02 -industries agricoles et alimentair 6700 2380 9080 8 0 8 6708 2380 9088 0,1% 0,0% 0,1% 0,5 4,8
U03 -production, distribution d'énergie 1020 200 1220 12 4 16 1032 204 1236 1,2% 2,0% 1,3% 1,0 0,7
U04-industries des biens intermédiaire 6128 1132 7260 124 4 128 6252 1136 7388 2,0% 0,4% 1,7% 7,9 3,9
U05- industries des biens d'équipeme 10956 3592 14548 64 4 68 11020 3596 14616 0,6% 0,1% 0,5% 4,2 7,7
U06 -industries des biens de consomm 3080 3932 7012 16 8 24 3096 3940 7036 0,5% 0,2% 0,3% 1,5 3,7
U07-bâtiment -génie civil agricole 16188 1032 17220 1028 4 1032 17216 1036 18252 6,0% 0,4% 5,7% 64,0 9,7
U08 -commerce 10248 9336 19584 64 0 64 10312 9336 19648 0,6% 0,0% 0,3% 4,0 10,4
U09- transports et télécommunication 4848 1584 6432 12 8 20 4860 1592 6452 0,2% 0,5% 0,3% 1,2 3,4
U10 - services marchands 12304 15096 27400 108 16 124 12412 15112 27524 0,9% 0,1% 0,5% 7,7 14,6
U11 à U14-autres activités 13730 520 14250 60 56 116 15304 16508 31812 0,4% 0,3% 0,4% 7,2 16,8
Total 110562 59364 169926 1504 108 1612 113580 75404 188984 1,3% 0,1% 0,9% 100,0 100,0
1982-ORNE
U01-agriculture-sylviculture-pêche 14640 10664 25304 152 8 160 14792 10672 25464 1,0% 0,1% 0,6% 9,5 20,8
U02 -industries agricoles et alimentair 3572 1524 5096 56 24 80 3628 1548 5176 1,5% 1,6% 1,5% 4,8 4,2
U03 -production, distribution d'énergie 532 108 640 0 0 0 532 108 640 0,0% 0,0% 0,0% 0,0 0,5
U04-industries des biens intermédiaire 5876 1916 7792 328 24 352 6204 1940 8144 5,3% 1,2% 4,3% 20,9 6,6
U05- industries des biens d'équipeme 7068 3912 10980 168 48 216 7236 3960 11196 2,3% 1,2% 1,9% 12,8 9,1
U06 -industries des biens de consomm 3876 4328 8204 96 100 196 3972 4428 8400 2,4% 2,3% 2,3% 11,6 6,8
U07-bâtiment -génie civil agricole 8244 672 8916 276 4 280 8520 676 9196 3,2% 0,6% 3,0% 16,6 7,5
U08 -commerce 6224 5400 11624 72 52 124 6296 5452 11748 1,1% 1,0% 1,1% 7,4 9,6
U09- transports et télécommunication 3536 1064 4600 52 0 52 3588 1064 4652 1,4% 0,0% 1,1% 3,1 3,8
U10 - services marchands 7540 10700 18240 124 56 180 7664 10756 18420 1,6% 0,5% 1,0% 10,7 15,0
U11 à U14-autres activités 7525 11025 18550 16 28 44 7900 11780 19680 0,2% 0,2% 0,2% 2,6 16,0
Total 68633 51313 119946 1340 344 1684 70332 52384 122716 1,9% 0,7% 1,4% 100,0 100,0
Himéminor 2007 page 251
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1982
Francais Etrangers TOTAL art des étrangers / acti pour 100 actifs
H F T H F T H F T H F T tranger TOTAL
1982-SEINE-MARITIME
U01-agriculture-sylviculture-pêche 15984 9212 25196 88 12 100 16072 9224 25296 0,5% 0,1% 0,4% 0,7 5,4
U02 -industries agricoles et alimentair 8200 4760 12960 124 44 168 8324 4804 13128 1,5% 0,9% 1,3% 1,3 2,8
U03 -production, distribution d'énergie 9464 1256 10720 276 8 284 9740 1264 11004 2,8% 0,6% 2,6% 2,1 2,4
U04-industries des biens intermédiaire 28628 7452 36080 1624 108 1732 30252 7560 37812 5,4% 1,4% 4,6% 12,9 8,1
U05- industries des biens d'équipeme 38892 11200 50092 2212 108 2320 41104 11308 52412 5,4% 1,0% 4,4% 17,3 11,2
U06 -industries des biens de consomm 9824 10244 20068 516 340 856 10340 10584 20924 5,0% 3,2% 4,1% 6,4 4,5
U07-bâtiment -génie civil agricole 32848 2668 35516 4004 12 4016 36852 2680 39532 10,9% 0,4% 10,2% 29,9 8,5
U08 -commerce 28720 28060 56780 612 248 860 29332 28308 57640 2,1% 0,9% 1,5% 6,4 12,3
U09- transports et télécommunication 33688 9484 43172 672 40 712 34360 9524 43884 2,0% 0,4% 1,6% 5,3 9,4
U10 - services marchands 33988 43536 77524 1256 432 1688 35244 43968 79212 3,6% 1,0% 2,1% 12,6 17,0
U11 à U14-autres activités 32300 46930 79230 332 368 700 34004 46930 86244 1,0% 0,8% 0,8% 5,2 18,5
Total 272536 174802 447338 11716 1720 13436 285624 176154 467088 4,1% 1,0% 2,9% 100,0 100,0
1982-NORMANDIE
U01-agriculture-sylviculture-pêche 81288 56368 137656 584 100 684 81872 56468 138340 0,7% 0,2% 0,5% 2,7 11,5
U02 -industries agricoles et alimentair 28320 13456 41776 364 92 456 28684 13548 42232 1,3% 0,7% 1,1% 1,8 3,5
U03 -production, distribution d'énergie 13936 2120 16056 304 16 320 14240 2136 16376 2,1% 0,7% 2,0% 1,2 1,4
U04-industries des biens intermédiaire 66940 18404 85344 3756 344 4100 70696 18748 89444 5,3% 1,8% 4,6% 16,0 7,4
U05- industries des biens d'équipeme 89624 34540 124164 3688 400 4088 93312 34940 128252 4,0% 1,1% 3,2% 15,9 10,6
U06 -industries des biens de consomm 30056 30768 60824 1100 680 1780 31156 31448 62604 3,5% 2,2% 2,8% 6,9 5,2
U07-bâtiment -génie civil agricole 86192 6824 93016 7184 44 7228 93376 6868 100244 7,7% 0,6% 7,2% 28,2 8,3
U08 -commerce 70696 65220 135916 1112 424 1536 71808 65644 137452 1,5% 0,6% 1,1% 6,0 11,4
U09- transports et télécommunication 57652 17084 74736 868 52 920 58520 17136 75656 1,5% 0,3% 1,2% 3,6 6,3
U10 - services marchands 84984 110940 195924 2144 860 3004 87128 111800 198928 2,5% 0,8% 1,5% 11,7 16,5
U11 à U14-autres activités 83758 100799 184557 680 872 1552 89508 120046 214864 0,8% 0,7% 0,7% 6,0 17,8
Total 693446 456523 1E+06 21784 3884 25668 720300 478782 1204392 3,0% 0,8% 2,1% 100,0 100,0
Himéminor 2007 page 252
1982
CALVADOS
1- agriculteurs exploitants 11432 9528 20960 44 28 72 11476 9556 21032 0,3% 1,7 4,3 2,3
2- artisans, commerçants, chefs entrepr. 12732 7804 20536 144 28 172 12876 7832 20708 0,8% 5,7 4,3 5,4
3-cadres, professions intellectuelles sup. 10936 3388 14324 96 20 116 11032 3408 14440 0,8% 3,8 3,0 3,6
4- professions intermédiaires 22568 15864 38432 204 76 280 22772 15940 38712 0,7% 8,1 11,6 8,8
5 -employés 13288 43324 56612 168 256 424 13456 43580 57036 0,7% 6,7 39,0 13,3
6 - ouvriers, yc agricoles 62756 16424 79180 1868 248 2116 64624 16672 81296 2,6% 74,0 37,8 66,5
Total 133712 96332 230044 2524 656 3180 136236 96988 233224 1,4% 100 100 100
1982
EURE
1- agriculteurs exploitants 7236 5316 12552 84 24 108 7320 5340 12660 0,9% 1,8 2,3 1,9
2- artisans, commerçants, chefs entrepr. 10492 6200 16692 140 16 156 10632 6216 16848 0,9% 3,0 1,5 2,7
3-cadres, professions intellectuelles sup. 8960 2484 11444 132 12 144 9092 2496 11588 1,2% 2,8 1,1 2,5
4- professions intermédiaires 18144 10872 29016 200 80 280 18344 10952 29296 1,0% 4,3 7,6 4,9
5 -employés 8604 31044 39648 108 288 396 8712 31332 40044 1,0% 2,3 27,3 6,9
6 - ouvriers, yc agricoles 56392 20880 77272 4036 636 4672 60428 21516 81944 5,7% 85,9 60,2 81,2
Total 109828 76796 186624 4700 1056 5756 114528 77852 192380 3,0% 100 100 100
1982
MANCHE
1- agriculteurs exploitants 22012 20028 42040 4 0 4 22016 20028 42044 0,0% 0,3 0,0 0,2
2- artisans, commerçants, chefs entrepr. 10532 6528 17060 72 0 72 10604 6528 17132 0,4% 4,8 0,0 4,5
3-cadres, professions intellectuelles sup. 6004 1700 7704 88 8 96 6092 1708 7800 1,2% 5,9 7,4 6,0
4- professions intermédiaires 14564 9760 24324 100 56 156 14664 9816 24480 0,6% 6,6 51,9 9,7
5 -employés 9836 26872 36708 40 24 64 9876 26896 36772 0,2% 2,7 22,2 4,0
6 - ouvriers, yc agricoles 49128 10408 59536 1200 20 1220 50328 10428 60756 2,0% 79,8 18,5 75,7
Total 112076 75296 187372 1504 108 1612 113580 75404 188984 0,9% 100 100 100
Himéminor 2007 page 253
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON LA CATEGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE -1982
% étrangers
Francais Etrangers TOTAL /actifs pour 100 actifs étrangers
H F T H F T H F T H F T
1982
ORNE
1- agriculteurs exploitants 11984 10224 22208 28 4 32 12012 10228 22240 0,1% 2,1 1,2 1,9
2- artisans, commerçants, chefs entrepr. 7168 4240 11408 60 8 68 7228 4248 11476 0,6% 4,5 2,3 4,0
3-cadres, professions intellectuelles sup. 3740 1084 4824 28 8 36 3768 1092 4860 0,7% 2,1 2,3 2,1
4- professions intermédiaires 8816 6656 15472 72 20 92 8888 6676 15564 0,6% 5,4 5,8 5,5
5 -employés 5380 18800 24180 28 48 76 5408 18848 24256 0,3% 2,1 14,0 4,5
6 - ouvriers, yc agricoles 31904 11036 42940 1124 256 1380 33028 11292 44320 3,1% 83,9 74,4 81,9
Total 68992 52040 121032 1340 344 1684 70332 52384 122716 1,4% 100 100 100
1982
SEINE-MARITIME
1- agriculteurs exploitants 11440 8712 20152 40 8 48 11480 8720 20200 0,2% 0,3 0,5 0,4
2- artisans, commerçants, chefs entrepr. 19992 13116 33108 428 48 476 20420 13164 33584 1,4% 3,7 2,8 3,5
3-cadres, professions intellectuelles sup. 24720 6704 31424 348 40 388 25068 6744 31812 1,2% 3,0 2,3 2,9
4- professions intermédiaires 49788 30324 80112 628 152 780 50416 30476 80892 1,0% 5,4 8,8 5,8
5 -employés 25796 88680 114476 408 556 964 26204 89236 115440 0,8% 3,5 32,3 7,2
6 - ouvriers, yc agricoles 142172 32208 174380 9864 916 10780 152036 33124 185160 5,8% 84,2 53,3 80,2
Total 273908 179744 453652 11716 1720 13436 285624 181464 467088 2,9% 100 100 100
1982
NORMANDIE
1- agriculteurs exploitants 64104 53808 117912 200 64 264 64304 53872 118176 0,2% 0,9 1,6 1,0
2- artisans, commerçants, chefs entrepr. 60916 37888 98804 844 100 944 61760 37988 99748 0,9% 3,9 2,6 3,7
3-cadres, professions intellectuelles sup. 54360 15360 69720 692 88 780 55052 15448 70500 1,1% 3,2 2,3 3,0
4- professions intermédiaires 113880 73476 187356 1204 384 1588 115084 73860 188944 0,8% 5,5 9,9 6,2
5 -employés 62904 208720 271624 752 1172 1924 63656 209892 273548 0,7% 3,5 30,2 7,5
6 - ouvriers, yc agricoles 342352 90956 433308 18092 2076 20168 360444 93032 453476 4,4% 83,1 53,5 78,6
Total 698516 480208 1E+06 21784 3884 25668 720300 484092 1204392 2,1% 100 100 100
Himéminor 2007 page 254
tertiaire 66494 65604 721 890 1,3% 59,2 59,4 61,0 47,9
dont commerce 12714 12510 112 204 1,6% 11,3 11,3 9,5 11,0
TOTAL 112231 110372 1181 1859 1,7% 100 100 100 100
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE- 1999
%
étrangers
TOTAL Français Etrangers / actifs pour 100 actifs
dont par dont par
acquisition total français acquis étrangers
SEINE-MARITIME
NORMANDIE
agriculture 63349 62815 299 534 0,8% 5,1 5,2 1,7 2,5
industrie 271468 266168 3619 5300 2,0% 22,0 22,0 20,0 24,8
construction 77108 73715 1165 3393 4,4% 6,3 6,1 6,4 15,9
tertiaire 819500 807334 13006 12166 1,5% 66,5 66,7 71,9 56,9
dont commerce 154083 152043 1980 2042 1,3% 12,5 12,6 10,9 9,5
TOTAL 1231425 1210032 18089 21393 1,7% 100 100 100 100
France
agriculture 949017 909708 14259 39309 4,1% 4,1 4,2 1,5 3,3
industrie 4230978 4012401 164746 218577 5,2% 18,4 18,4 17,7 18,1
construction 1344215 1167137 63230 177078 13,2% 5,8 5,3 6,8 14,7
tertiaire 16526356 15755059 688327 771297 4,7% 71,7 72,1 74,0 63,9
dont commerce 3051246 2906977 133832 144269 4,7% 13,2 13,3 14,4 12,0
Himéminor 2007 p. 256
TOTAL 23050566 21844305 930562 1206261 5,2% 100 100 100 100
source: INSEE RGP 1999 -exploitation complémentaire
Himéminor 2007 p. 257
Annexe 2
Cartes et documents complémentaires à la Partie II
Himéminor 2007 p. 258
Himéminor 2007 p. 259
Himéminor 2007 p. 260
Himéminor 2007 p. 261
Himéminor 2007 p. 262
Nous savons de plus que le consul anglais a également protesté par lettre
adressée à M. Kolb, commissaire central, contre l’autorisation accordée à son
compatriote d’ouvrir l’Alcazar. C’est qu’il en connaît long sur la tribu, le Consul anglais,
et que les dossiers qui le concernent sont plus que volumineux.
Bouchons-nous le nez et passons …
*Le Progès, 1901, (Archives Municipales du Havre, I1, Carton 31, liasse 8)
Himéminor 2007 p. 264
Annexe 3
Mme M. MY.
Le 24 mai 2006
Domicile du témoin
MD 1
PARTIES TRANSCRIPTION
GÉNÉRIQUES Sous-parties
Son père KLP – Voilà donc, Mme MY, vous êtes à Flers… On va peut-être commencer par votre papa
Mme MY – Comme vous voulez !
KLP – Ce que vous pouvez m’en dire, ce que vous connaissez de son histoire, à quel moment est-ce qu’il
est arrivé à Flers…
Mme MY – Il est venu en 72 en France, mais il est pas venu directement à Flers, il est venu à Angers je crois
31s il vient de Posof KLP – Alors il vient d’où déjà, de quelle région en Turquie ?
Mme MY – Il vient de Posof. Posof c’est vers les frontières russes la George, c’est ça ?
KLP – Géorgie ?
Mme MY – Oui, Géorgie et il est venu après son service militaire, il est venu directement avec les papiers,
avec les demandes il est venu, il est venu comme ça. Il a travaillé dans des chantiers au début, après il est
venu à Flers
1mn 06 pourquoi à Flers KLP – Est-ce que vous savez pourquoi il est arrivé à Flers ?
Mme MY – Pour travailler, pour gagner de l’argent
KLP – Mais c’est le hasard qu’il soit arrivé à Flers Ou
Mme MY – non parce qu’il y avait d’autres gens, d’autres amis de Turquie qu’il connaissait qui étaient déjà à
Flers, par correspondance ils ont fait appeler ici. Ils ont dit nous on travaille là-bas, ils se connaissent mieux
parce que quand ils sont arrivés en France, ils connaissaient pas personne, ils connaissaient pas la langue
et puis ça s’est fait comme ça et puis ils sont venus à Flers. Il y en a beaucoup à Flers de Posof. Il y en a
beaucoup à Flers des gens qui viennent de Posof. La plupart des gens qui habitent à Flers, c’est de Posof.
1mn 49 Posof KLP – Et à quoi ressemble cette région ?
Mme MY – c’est comme Flers. Disons c’est Flers, Posof c’est Flers et nous on habite vers les environs par
exemple Messei, Athis, comment on appelle Saint Georges, c’est des sortes de villages où on habitait
KLP – D’accord. C’est pas la montagne
Mme MY – Non
KLP – ça ressemble beaucoup à ici alors ?
Mme MY – Oui, moi je trouve que ça ressemble à Flers, même le temps, l’air il est de ce que nous on habite
KLP – Ah oui ! Même les températures
Himéminor 2007 p. 266
Mme MY – Oui. Il fait pas très chaud, il fait pas très froid, c’est comme, il pleut beaucoup là-bas aussi, c’est
comme Flers, moi je trouve que c’est comme Flers, l’air il est bien. Bon il y a pas de pollution parce qu’il n’y a
pas de voitures tout ça, mais, c’est comme Flers moi je trouve
2mn 48 il est venu à KLP – Donc il est arrivé à Flers et c’était pour travailler où ?
Flers, a trouvé du travail Mme MY – il savait pas où travailler, il est venu travailler, il a travaillé, je sais plus exactement, je connais
dans une usine pas tout ce qu’il a fait, mais il a travaillé un peu dans une autre usine, un peu dans des chantiers, après, il est
rentré dans le truc de tissages
KLP - En quelle année, vous savez ?
Mme MY – comment vous dire en quelle année, exactement je sais pas, je sais que après il a été licencié de
cette usine-là, ça a dû être 74.
3mn 35 elle est venue KLP – Et vous à ce moment-là alors, où étiez-vous ?
en France en 1975, son Mme MY – Moi j’étais pas là, j’étais en Turquie, il nous a fait venir en France en 75
père à la Blanchardière KLP – Quand il travaillait donc à l’usine textile, c’était la Blanchardière ?
de nuit Mme MY – Oui. Il travaillait de nuit, il a toujours travaillé de nuit. Quand nous on est arrivés, il est venu nous
chercher après, en une semaine, non, en 15 jours il est venu et puis on est retourné ici
4mn 10 les conditions KLP – Comment il a voyagé ?
de l’arrivée de la famille Mme MY – Il est venu en avion et nous on est venus en train
à Flers KLP – Vous avez quitté, vous aviez une maison là-bas
Mme MY – Oui, on était avec mes grands-parents et puis j’avais des tantes, des oncles. J’ai deux oncles,
mais mes oncles ils étaient pas là, mes oncles quand nous on était là-bas, ils étaient partis travailler et puis il
nous a pris, on est arrivés ici. Avec une autre famille on est venus
KLP – Vous étiez combien de frères et sœurs ?
Mme MY – moi, on est 2. Je suis l’aînée et j’ai un frère
KLP – Donc avec votre maman
Mme MY – Oui, avec ma mère
KLP – Donc vous étiez prévenus, vous saviez qu’il allait
Mme MY – il est venu demander l’autorisation à son père, mon père il a donné l’autorisation en disant que,
mon père il a dit la vie tout seul là-bas pour manger, pour faire à manger, c’est pas pareil, il a dit j’ai besoin
de ma femme, est-ce que tu donnes l’autorisation et mon grand-père il a donné oui
KLP – Et vous dites vous êtes partis à deux familles ?
Mme MY – Oui, il y avait une autre famille qui était venue, du même village que nous, que le monsieur il
travaille ici
KLP – Donc ils avaient fait le voyage en avions ensemble et vous êtes
Himéminor 2007 p. 267
5mn 57 elle ne voulait KLP – Et vous aviez fait vos bagages, vous vous souvenez précisément du moment où vous êtes partis ?
pas partir Mme MY – oui, moi j’ai trop pleuré parce que je voulais pas partir
KLP – Vous aviez quel âge ?
Mme MY – J’avais 6 ans 1/2, je voulais pas, je disais non, je veux pas quitter, ma grand-mère je voulais pas
quitter et même quand je sais que je montais dans le train je disais t’inquiètes pas grand-maman, je vais
revenir dans 3 mois ! J’avais dit ça !
6mn 27 peu de choses KLP – Et qu’est-ce que vous aviez emmené d’important dans vos bagages ?
dans les bagages Mme MY – Pas beaucoup de choses ! Juste les vêtements qu’on mettait c’est tout
KLP – Oui, pas un souvenir
Mme MY – je sais plus, non, on a pas ramené beaucoup de choses, je sais pas, quelques photos c’est tout
6mn 47 le voyage en
train
KLP – D’accord
Mme MY – Oui, maintenant c’est Aliasignal (?) et puis un autre nom encore
8mn 24 sa 1re KLP – Vous vous souvenez de votre première impression en arrivant ici ?
impression en arrivant à Mme MY – Ah oui ! Parce qu’on avait pas nous, c’était des maisons vous savez, il y en a qu’ils étaient en
Flers pierre ou en terre les maisons où nous on habitait là-bas et quand on est venus ici, la maison que mon père il
avait louée, c’était au 4e étage et quand on montait les escaliers je disais papa on monte où là, c’est où ça ? !
J’avais l’impression que je suis en train de monter la montagne tellement que c’était haut ! Et puis et les
escaliers ils étaient très hauts, les maisons que je voyais j’étais étonnée !
9mn 02 logement KLP – Donc l’autre famille habitait Condé, donc vous n’avez pas partagé l’appartement ?
Mme MY – Non, non, nous quand on est arrivé mon père il avait son appartement. Il était avec des copains
quand il est venu, quand il est venu il était avec des copains de Posof qu’il connaissait et puis quand nous on
est arrivés, ils sont partis dans des foyers eux, où il y a les jeunes là avant et puis
KLP – C’était où cet appartement ?
Mme MY – C’était au Pont Féront, à côté Leclerc, on a habité ici, je sais plus combien d’année, 5/6 ans on a
habité, c’était une F2, il y avait une chambre et il y avait la salle et puis cuisine, WC, salle de bain
9mn 53 équipement de KLP – Et l’équipement de l’appartement ?
l’appartement Mme MY – Il n’y avait pas beaucoup de choses ! Il y avait juste la gazinière, il y avait, 2/3 matelas qu’ils
avaient mis par terre (rires), il y avait pas de lit rien du tout
KLP – Alors que vous en aviez à Posof
Mme MY – Ah oui, on avait nos lits, oui, ceux qui s’étaient avant dans les années, c’était des lits, on était
bien, on avait tout, bon c’était pas le moderne il faut dire, mais on était habitués à ce que nous on avait,
quand on est venus, on avait pas ça
KLP – Oui, pour vous c’était moins bien
10mn 32 elle n’osait pas Mme MY – Oui, on osait pas sortir, je sortais pas
sortir KLP – Pourquoi vous n’osiez pas sortir
Mme MY – on connaissait pas, on avait peur de se perdre, c’était pas du tout pareil
10mn 47 son père leur KLP – Votre papa vous parlait de son travail ?
parlait de son travail Mme MY – oui, il nous parlait, quand il partait il disait il allait travailler sur une machine, des fois il nous
ramenait, il avait ramené beaucoup de tissus qu’il achetait, que eux ils donnaient des chutes, des trucs
comme ça, que ma mère elle faisait des coussins, elle nous a fait des couvertures, des trucs comme ça que
mon père il ramenait de son boulot
KLP – Vous compreniez ce qu’il faisait
Mme MY – Oui, il nous expliquait qu’est-ce qu’il faisait. Il nous disait c’est ça que je fais avec la machine.
Himéminor 2007 p. 269
11mn 34 le travail KLP – Donc on en était à votre arrivée et votre papa qui vous racontait son métier, enfin ce qu’il faisait ici à la
de nuit Blanchardière et le fait qu’il travaille la nuit, ça vous semblait normal, enfin lui est-ce qu’il avait déjà travaillé
la nuit ?
Mme MY – Non, je sais pas, je pense pas, et on était pas trop rassurés quand il était pas là, il nous disait
bien fermer la porte, t’inquiète pas, ici il n’y a pas de ce problème-là, pas de voleurs, il nous disait toujours
ça, mais bon, ça s’est passé, ça fait 30 ans et on a rien eu !
12mn 12 relations avec KLP – Et il travaillait avec d’autres hommes, est-ce qu’il s’est fait des amis ?
ses collègues Mme MY – oui, il avait des autres Turcs qui travaillaient aussi avec lui, après il a eu des copains par rapport
à ce que ils se comprenaient, il a eu des copains aussi
KLP – Oui, principalement d’autres personnes d’origines turques ?
Mme MY – Oui, il y en avait oui
KLP – Et des Français après est-ce qu’il y en avait ? Est-ce qu’il a aussi eu des amis
Mme MY – Si, il a eu des amis français, bon, ils venaient pas, mais dans l’usine il avait des copains oui qu’ils
ont aidés parce que des fois ils se comprenaient pas, ils aident avec des gestes, non, il a pas eu de
problèmes, il a eu des copains
12mn 54 l’apprentissage KLP – Oui parce qu’il a fallu apprendre la langue pour votre papa
de la langue Mme MY – Oui, et c’est pas encore, ça fait depuis 72 qu’il est en France, bon il se fait comprendre, il
comprend, mais, il peut pas faire une phrase sans faire une faute non, il a du mal. Il a pas été à l’école en
Turquie, il sait écrire et lire le turc, mais en France non, il a pas pu. Ma mère qui est en France depuis 30
ans, même elle, elle comprend, mais elle a du mal à faire les phrases. Non, la langue française, elle est
dure ! Bon, moi, je parle c’est parce que j’ai été à l’école !
13mn 33 elle, elle est KLP – Dès que vous êtes arrivé vous êtes allée à l’école ? Comment ça s’est passé ?
allée à l’école Mme MY – Oui, oui, j’étais à l’école. Ils m’ont mis en CP, mais j’étais perdue. Après ils m’ont mis dans une
classe spéciale pour apprendre le turc, j’ai été 2 ans. Après j’ai fait CE2, non CP, après j’ai fait CE1, CE2,
CM1, CM2. Après j’ai été au lycée
KLP – Vous êtes allée au lycée ?
Mme MY – Oui, j’ai fait CAP de couture, j’ai eu mon CAP
KLP – Ici à Flers ?
Mme MY – Oui, au lycée Fernand Léger
14mn 13 CAP la couture KLP – Pourquoi vous avez choisi couture
un métier de femme Mme MY – (rires) parce que c’était pour mon père, c’est ce qu’il disait, c’est un métier de femme
KLP – Il disait que c’était un métier de femme ?
Mme MY – Oui. Et après j’ai travaillé dans la couture. Et après, je suis à la maison (rires), j’ai eu mon fils et
après j’ai plus travaillé
Himéminor 2007 p. 270
14mn 34 son père lui KLP – Et vous dites votre papa vous disait que c’était un métier de femme la couture et lui la nuit, il était
n’avait pas le choix tisserand c’est ça ?
Mme MY – Oui
KLP – Et il considérait que c’était un métier d’hommes ou un métier de femmes ?
Mme MY – il avait pas le choix lui ! Il avait pas le choix ! Après il a été dans une autre usine là où il faisait les
plaquettes de freins, là Férodo eh, mais il avait pas le choix mon père, parce que c’était là-bas, ils
embauchaient là-bas, il est parti là-bas. Parce que les autres turques qui travaillaient là-bas, ils l’ont fait
rentrer là-bas, mais c’est pas parce qu’il connaissait le métier, non, c’est pas ça, c’était comme ça, il a pas
choisir comme ça
15mn 15 son travail KLP – Et après, quand la Blanchardière a fermé, il a travaillé chez Férodo ?
chez Ferodo Mme MY – Non, il a été un an et demi au chômage, après il a travaillé à Férodo
KLP – Jusqu’à quand chez Férodo ?
Mme MY – jusqu’en 2002, il est à la retraite
15mn 33 comparaison KLP – Et est-ce que ça ressemblait un peu, est-ce que c’était du tissage aussi ?
tissages de la Mme MY – Non, c’est pas du tout, non, non, non c’est pas du tout, là-bas c’est des trucs, j’sais pas en coton,
Blanchardière et c’est pas du tout pareil parce que là-bas c’est du fer
l’amiante chez Ferodo KLP – de l’amiante
Mme MY – De l’amiante oui, il a travaillé dans l’amiante. Et puis c’est pas du tout pareil. Là-bas, quand mon
16mn 12 infection au père il venait du tissage, il était propre, bon il y avait les trucs, mais il était propre. Quand il venait de chez
niveau du bras Férodo, il avait les mains qui étaient toutes noires, il se faisait brûler, il avait des ampoules partout. Au début,
jusqu’à ce qu’il apprenne le métier, il était, et même à un moment il avait, parce que bon il voulait pas aller au
médecin, il brûlait l’aiguille avec son briquet et il perçait les ampoules et à un moment ça s’est infecté et il
avait tout le bras qui était gonflé, devenu presque, ils allaient presque le couper son bras et après quand le
médecin, on avait rappelé le médecin, je sais, je me rappelle, c’est le docteur (?) il a fait, après il a été à
l’hôpital. Encore une semaine, dix jours, il aurait plus son bras !
KLP – Et dans l’entreprise personne ne disait rien ?
Mme MY – il a pas dit, il a rien dit, non, non, il a rien dit, il a gardé pour lui, il avait mal, mais ça faisait pas
longtemps qu’il était rentré, il avait peur qu’il se fasse virer, j’sais pas il avait pas dit, mais heureusement
qu’on avait ramené le médecin, parce qu’il pouvait plus dormir à cause des douleurs il pouvait plus dormir et
je sais que c’est moi qui a appelé le médecin, il est venu à la maison, heureusement, il a fait une piqûre et
puis
17mn 33 la dangerosité KLP – Et l’amiante chez Férodo, vous vous souvenez à quel moment il a su que c’était dangereux son
de l’amiante métier ?
Mme MY – il a su que après que l’amiante c’était dangereux pour lui, là il est amianté, il est à 5 % d’amiante,
c’est pour ça qu’il a été plus tôt à la retraite, normalement il devait pas à son âge, il était pas à la retraite, il a
Himéminor 2007 p. 271
gagné par l’amiante 5 ans je crois. À la télé ils avaient fait voir. Il est amianté quoi. Il est malade. L’amiante,
c’est, il peut pas marcher beaucoup, il est essoufflé
18mn 14 quelle est sa KLP – Comment il en parle de Férodo maintenant ?
vision sur ces 2 emplois Mme MY – pour lui c’était une usine très bien, parce qu’il travaille aussi de nuit là-bas, il a travaillé aussi de
nuit, il gagnait bien, mais le tissage, pour lui le tissage c’était pas un métier lourd, il aimait bien son métier !
(rires)
KLP – Le premier, à la Blanchardière ?
Mme MY – Oui
18mn 43 le travail des KLP – Je vais peut-être dire quelque chose de complètement stupide, mais est-ce qu’il connaissait ce métier-
hommes de la famille en là en Turquie déjà, est-ce que
Turquie (maçon, Mme MY – Non, non, non parce que mon père il était, mon grand-père c’était un agriculteur, c’était un
agriculteur) paysan, alors j’sais pas mon père il agrandit avec son père, il connaissait l’agriculteur, il savait pas beaucoup
de choses. Mais mon grand-père il prenait des gens dans des villages, il ramenait dans des grandes villes
pour faire travailler, il était comme chef, il ramenait les gens et puis là-bas il connaissait des patrons et puis il
ramenait les gens ils travaillaient là-bas et mon grand-père lui il faisait le chef, il travaillait pas lui, il faisait voir
le métier. Mais en maçonnerie
KLP – D’accord, donc il était dans l’agriculture, il avait sa ferme et en même temps il avait
Mme MY – Oui. Il laissait comme il y avait son frère à mon grand-père, il laissait sa femme, ses enfants avec
son grand frère qui était parce qu’ils étaient ensemble, ils avaient pas séparé leur foyer, c’était un foyer que
tout le monde était, qui vivait là-bas et l’argent qu’il gagnait mon grand-père, il partageait avec son frère. Et
mon, je dis mon grand-père aussi au frère de mon père, lui il faisait le travail de l’agriculteur au village
20mn 27 sa retraite à KLP – Aujourd’hui votre papa est reparti en vacances en Turquie, à Posof ?
Posof Mme MY – Oui il est parti à Posof, normalement on habite pas à Posof, mais depuis 98 on habite plus à
Posof. Mon grand-père et ma grand-mère ils étaient assez âgés, mon père il a ramené dans sa maison qui
est à Boursa et ils ont pas trop vécu. Ma grand-mère elle a vécu un an après elle a décédé et mon grand-
père il a vécu 11 ans avec son autre fils, le frère à mon père, après il a décédé en 2002, 2001 pardon, 2001
et mon père il veut aller à Posof, où il y avait la maison à son père. Bon, elle est vieille la maison, mais il va
faire rénover, il veut habiter là. Il veut pas la grande ville, il veut pas.
21mn 30 les retours à KLP – Et quand il est venu ici avec vous, j’imagine qu’il n’a pas pu retourner en Turquie pendant de
Posof pour les vacances nombreuses années, et vous non plus ?
(1600 km en voiture : 1 Mme MY – 3 ans, on est resté 3 ans après qu’on aille en Turquie
semaine) KLP – Et vous partiez juste pour les vacances d’été ?
Mme MY – Oui, on est partis en voiture, on a toujours été en voiture. Mon père il avait eu son permis en 72,
pardon en 76 et on est partis en 78, la première année qu’on est partis en vacances
KLP – Combien de temps on met pour aller en Turquie en voiture ?
Himéminor 2007 p. 272
Mme MY – On mettait… parce que à Posof, de d’ici à Posof on mettait une semaine. On partait France,
Italie, Yougoslavie, la Bulgarie et la Turquie. De la Turquie où nous on habite à Boursa, il y a 1600 km pour
aller à Posof.
KLP – Ah oui !
Mme MY – Et mon père il s’arrêtait juste une demi journée chez de la famille qu’il y avait à Boursa et les
temps de se reposer un peu après on prenait la route pour aller à Posof.
KLP – Vous dormiez dans la voiture
Mme MY – oui, on dormait dans la voiture oui, on s’arrêtait pour manger
KLP – Donc tous les ans vous avez pu retourner
Mme MY – non, pas tous les ans, tous les 2 ans après
KLP – Tous les 2 ans
Mme MY – Oui, c’est cher vous savez un voyage, on peut pas, on faisait pas tout ce qu’on voulait, on voulait
économiser de l’argent pour aller parce que son père, sa mère ils demandaient qu’on aille là-bas
KLP – Que vous alliez les voir
Mme MY – Oui
23mn 13 aide financière KLP – Est-ce que vous les aidiez financièrement aussi ?
à la famille en Turquie Mme MY – Oui, beaucoup, oui, mon père beaucoup
KLP – Il était le seul à travailler dans la famille ?
Mme MY – Oui, c’était le grand, mon père c’est le grand de, des enfants de mon grand-père, mon père il est
l’aîné et il a encore des autres frères, mais ils travaillaient, ais c’est pas pareil l’argent là-bas et ici, il aidait
beaucoup. Il a aidé, même tout de suite il aide mon père, c’est vrai, il a toujours aidé bon, il voient pas des
fois, ils sont pas remerciant ! Il a toujours aidé, toujours, toujours, toujours. Il a été toujours au secours de
ses frères, de ses neveux, de ses, toujours
KLP – Ah jusqu’aux neveux
Mme MY – Oui, oui, mon père il a toujours aidé, même tout de suite là, même tout de suite ! Il a toujours
aidé !
KLP – Ils se rendent compte que c’est un effort pour lui ?
Mme MY – Oui, il se croit, parce qu’il est le grand alors il se croit un peu obligé je pense. Nous on veut pas,
même mon frère, même moi, on est toujours en train de le disputer : écoutes papa tu as ta vie ! C’est vrai
qu’il a travaillé dur, il a travaillé dur ! Lui, il avait pas, il travaille souvent le samedi, souvent il travaille le
samedi
KLP – Chez Férodo ou
Mme MY – Oui
KLP – Et à l’usine de tissage aussi,
Mme MY – je me rappelle pas trop, mais je sais qu’il travaillait toujours mon père, toujours
Himéminor 2007 p. 273
Mme MY – Il voulait pas, je sais pas, il voulait pas ! Après on est revenus ici, après on est partis encore en
vacances en 90 et là il a envoyé encore d’autres personnes pour me faire demander, là c’était à Boursa en
grande ville et puis là il m’a donnée ! C’est moi qui ai dit je veux et puis ça s’est fait !
30mn 15 les enfants KLP – Entre vous, vous ne parlez pas français
parlent mieux français Mme MY – si avec mes enfants, mes enfants ils ont du mal à parler le Turc. Ils parlent, mais ils ont du mal
que turc KLP – Je vous entendais tout à l’heure, il y a quand même beaucoup de phrases ou de mots
Mme MY – En français oui
KLP – En turc aussi
Mme MY – Oui
KLP – Vous mélangez les deux
Mme MY – Oui, on mélange les 2. Moi je veux plus, bon, j’habite en France, c’est sur que mes enfants ils
parlent mieux le français, ils écrivent, mais le turc, je voudrais pas qu’ils perdent parce que là, on va partir en
vacances normalement, ils ont du mal ! Après quand ils font des phrases là-bas les enfants ils rigolent, ils
disent ouais comment tu parles ! Ils sont gênés. Nous c’était pareil, mais moi c’était moi, mais bon moi je
connaissais plus le turc, mais mes enfants qui sont nés ici ils ont du mal
KLP – Vous déjà, vous aviez du mal à parler turc ?
Mme MY – Non, moi je suis arrivée à 6 ans, je savais quand même parler, à 6 ans, je parlais le turc, mais
bon, c’était pas pareil, ma mère elle parle pas français ma mère, moi je parle avec mon père, ma mère, je
parle turc.
KLP – Vous avez pu entretenir le turc
Mme MY – Oui. Maintenant moi je parle le français, mes enfants ils ont du mal alors ils disent pas le turc, ils
disent en français, je suis obligée de répondre en français, c’est pour ça ils ont du mal mes enfants, surtout
le petit il a du mal. L’autre fois, il y a ma tante qui a téléphoné au téléphone, il a du mal, du mal. Il disait,
parce qu’il y avait mon frère qui était en Turquie : tu veux quoi ? Il veut lui envoyer quelque chose, mais il
arrivait pas dire qu’est-ce qu’il voulait, il disait en français ! (rires)
31mn 48 un cours de KLP – Et comment vous faites pour lui apprendre le turc alors, c’est dans la vie quotidienne comme ça ou
turc Mme MY – Oui, dans la vie quotidienne et puis maintenant il y a des profs turcs aussi. Ils vont à l’école tous
les lundis, le 2e, pas le petit, le 2e il va tous les lundis à l’école turque une heure
KLP – Donc c’est après l’école normale
Mme MY – Oui, de 4h30 jusqu’à 6h, bon, ils prennent à 5 heures moins le quart le cours, jusqu’à 6 heures il
apprend le turc
KLP – c’est que la langue ou c’est aussi la religion ?
Mme MY – Non, non, que la langue
KLP – Que la langue, donc pendant une heure toutes les semaines, et vous trouvez qu’il progresse ?
Mme MY – Oui, oui il a des bonnes notes
32mn 25 évolution de la KLP – Et en discutant avec vous ? Est-ce que c’est le même turc que celui que vous parlez vous ?
langue turque
Himéminor 2007 p. 276
Mme MY – non. Plus, comment on appelle, plus moderne. Moi je parle quand j’étais à Posof, maintenant,
mes enfants ils parlent comme si la ville. C’est comme ici, vous avez chacun, comme à Marseille par
exemple, ils ont du mal à parler, c’est pas du tout pareil bon
KLP – Et c’est vous qui essayez de parler comme eux ou c’est eux qui
Mme MY – c’est moi j’essaye parler comme eux ! Ma langue, la langue que moi je parle le turc, c’est plus
« gras »
KLP – Vous pouvez me donner un exemple en turc
Mme MY – Par exemple, je dis moi (gueliedim ?) ça c’était quand je parlais au village et mon fils il dit maman
(gueliorum ?) c’est pas pareil, il y a, il est plus doux !
KLP – Mais vous comprenez quand même tout ce qu’il dit
Mme MY – Oui, oui tout ce qu’il dit
KLP – Mais vous essayez de vous adapter à ce que lui apprend
Mme MY – Oui, y a pas de problèmes, on se comprend
33mn 38 des moments KLP – Et est-ce qu’il y a des moments dans la famille où vous décidez de ne parler que turc ? Pour
où on ne parle que turc justement que le petit puisse apprendre
Mme MY – Quand ma mère elle est là. Ma mère, je lui parle turc alors, ma mère elle lui parle turc, il est
obligé de répondre turc. Là, cette semaine on va aller chercher la sœur à mon mari qui est venu en All… En
Hollande parce qu’elle a son fils, nous on va aller chercher parce que c’est la sœur à mon mari, là samedi, ils
vont aller chercher et elle, elle parle turc, bon les enfants, ils vont être obligés de parler avec leur tante
turque. parce qu’elle va pas du tout comprendre. Ma mère elle comprend quand même quand ils disent mais
ma belle sœur elle va pas comprendre
KLP – Ils vont progresser alors
Mme MY – Oui, on va voir !!! Elle va rester 2/3 semaines pas plus
34mn 35 être présente KLP – Et donc si j’ai la possibilité de rencontrer votre papa au mois de janvier comme on a dit, vous pourriez
si rencontre avec son être là ?
père Mme MY – Oui, il y a pas de problème, vous venez chez moi, j’appelle mon père et puis le jour que
KLP – Qu’il puisse parler librement
Mme MY – Oui, il va vous expliquer plus du tissage, qu’est-ce qu’il a fait, dans quelle machine qu’il a
travaillé, il va voir dire plus. Moi je sais qu’il a travaillé dans le tissage, mais bon, je sais pas trop, même dans
le livre que j’avais dit
35mn 08 apprendre la KLP – Et donc, vous, vous avez fait votre CAP de couture, ça dure combien de temps un CAP de couture ?
couture Mme MY – 3 ans
KLP – Et a formation vous plaisait ?
Mme MY – Quand j’étais à l’école, oui
KLP – Votre maman, vous m’avez dit, elle faisait déjà de la couture avec les chutes de tissus
Himéminor 2007 p. 277
Mme MY – Oui, oui, elle faisait à la main, on avait pas de machine, ma mère elle cousait à la main. Elle nous
faisait des coussins à la main ou pour s’asseoir
KLP – Donc vous aviez déjà appris avec elle
Mme MY – Oui. Moi j’avais une poupée je faisais (rires) à ma poupée. Oui, mais moi j’étais sur la machine,
c’était pas main
KLP – Vous avez appris à la machine
Mme MY – oui à l’école
35mn 52 CES à la KLP – Donc après ce CAP qu’est-ce que vous avez fait, vous avez trouvé du travail tout de suite ?
Sauvagère (usine de Mme MY – non j’ai pas travaillé tout de suite, je suis resté 7 mois après l’école sans rien faire, de toute façon
couture) puis travaille à j’allais partir en vacances avec mes parents alors je peux pas et après quand je suis venue, j’ai fait une
Promopub (la Ferté formation comment on appelle, un CES, après l’usine elle a fermé, elle a fait faillite l’usine où j’étais
Macé) KLP – C’était où ?
Mme MY – c’était à la Sauvagère
KLP – C’était quoi comme usine ?
Mme MY – C’était une usine de couture, mais c’était petit, c’était pas très grand, mais j’ai oublié le nom, je
sais plus. Après j’étais encore au chômage et après j’ai trouvé à la Ferté Macé, c’était comme une formation
de 6 mois, pas une formation, ouais si, ils nous ont formés sur les machines. Après bon quand j’ai bien, ils
ont vu que je travaillais bien, après ils m’ont embauchée
KLP – Une formation de 6 mois ?
Mme MY – Oui
KLP – C’est long quand même. Et qu’est-ce que c’était votre métier là-bas, comment s’appelle cette
entreprise,
Mme MY – c’était Promopub, c’était le non tissé
37mn 05 le non tissé KLP – du non tissé ?
Mme MY – oui, le nom tissé ça s’appelait
KLP – Je sais pas c’que c’est
Mme MY – Le non tissé, c’est quand ils faisaient les blouses, quand ils travaillent dans les hôpitaux où ils
font les opérations, ils mettent des blouses, après ils le jettent après une opération, c’est ça qu’on faisait, le
non tissé c’était ça. On faisait, il y avait des couleurs, il y avait le jaune, il y avait du violet, il y avait du bleu, il
y avait encore quelle couleur… vert, il y avait ces couleurs-là, il y avait le pantalon et le haut. Le haut, c’est
des manches courtes comme ça et c’était élastique comme ça, on faisait ça le non tissé. On faisait des… Ils
mettent là
KLP - Des espèces de chaussons là
Mme MY – Oui, on faisait ça, on faisait les capuches, on travaillait pour l’hôpital, des hôpitaux.
KLP – Donc pour vous ça consistait en quoi exactement ?
Himéminor 2007 p. 278
Mme MY – C’était pas ce que j’ai appris moi à l’école, c’était du tissu que je travaillais moi et quand j’ai
trouvé le boulot, c’est pas pareil, c’était le non tissé, c’était pas le tissu. Ils nous ont formé 6 mois
KLP – ça ressemble presque à du papier ou du plastique
Mme MY – Oui, c’est plutôt comme ça
KLP – ça ressemble quand même, est-ce qu’il faut coudre ?
Mme MY – Oui, oui, oui, on cousait sur des surfileuses, sur une machine qui faisait l’élastique on faisait quoi
encore, ah on mettait des étiquettes, on collait des étiquettes sur une machine plate, une machine normale,
c’est ça, on cousait comme on cousait le tissu on faisait
38mn 59 elle était KLP – Donc vous, vous avez fait plusieurs machines ou vous n’aviez qu’une machine ?
polyvalente Mme MY – non, moi je faisais plusieurs machines, j’étais polyvalente
KLP – Toute votre carrière dans cette usine vous avez changé
Mme MY – J’étais toujours polyvalente
KLP – En fonction de quoi, des remplacements ?
Mme MY – Non, disons, une fille travaille sur une machine, mais elle en avait beaucoup, elle arrive pas à
suivre, là-bas j’allais, je l’aidais, je mettais sur une machine en attendant et puis bon, je retournais, je
contrôlais, je coupais des fils, j’étais polyvalente ! Je m’adaptais vite au boulot, à la poste que j’étais
KLP – C’était quoi toutes les machines ? Vous vous souvenez de leurs noms et ce qu’elles faisaient ?
Mme MY – On avait une surjeteuse, une surfileuse, une boutonnière, on avait une machine plate, le
repassage, on avait quoi encore, c’est ça les machines qu’il y avait
KLP – Et vous, vous alliez de l’une à l’autre
Mme MY – Oui
40mn 12 KLP – Et l’ambiance de travail
l’ambiance chez Mme MY – Ah c’était super !!! Ah, où j’ai travaillé 4 mois, je voulais partir au travail, je voulais pas, ma
Promopub patronne elle était pas gentille du tout, elle nous disputait. Et à Promopub, je me disais quand est-ce que
l’heure elle va arriver pour que j’aille au boulot ah oui, c’était superbe ! On était 5 filles turques qui
travaillaient, il y avait d’autres française, on était 5 filles turques c’était des bonnes copines, ah si, il y avait
une ambiance, on était super !
KLP – Il y avait combien de personnes au total ?
Mme MY – on doit être 9/10, Promopub on était 9/10
KLP – Que des femmes ?
Mme MY – Non, Promopub, il y avait 2 garçons, il y avait un garçon qui s’appelait Lucas et un garçon qui
s’appelait Bruno
KLP – C’était des contremaîtres ?
Mme MY – Non, ils étaient sur une machine comme nous. Non, non
KLP – Et l’ambiance était bonne avec eux aussi ?
Himéminor 2007 p. 279
Mme MY – Oui, on était comme des frères et sœurs, je sais pas, on était bien. On rigolait, on travaillait, on
s’aidait et notre chef Monsieur Jacques, lui, il était super ! Il nous ramenait les croissants le vendredi. On
avait la pause disons normalement c’est 5 minutes, on mettait 10 minutes ou plus, il nous disait rien parce
que du moment qu’on faisait le rendement, il y avait pas de problème. Ah il était super ! Je le regrette, il
ouvre une usine, j’y vais ! Moi que je veux pas travailler, là il était très gentil
41mn 53 horaires KLP – Donc vraiment une bonne ambiance. Et quel était votre rythme de travail ? Vous travailliez le jour, la
nuit ?
Mme MY – Non, on travaillait à la journée. On prenait le boulot à 8h, on arrêtait à 5h
42mn 07 repas du KLP – Et le midi vous mangiez sur place ?
midi Mme MY – Oui
KLP – Donc chacun apportait sa gamelle, comment ça se passait
Mme MY – Oui. On emmenait chacun son casse-croûte et on mangeait
KLP – Et vous mangiez ensemble
Mme MY – Oui, on mangeait ensemble. Il y a des filles françaises qui s’habitaient là-bas et ils partaient, nous
on restait là
42mn 24 relations avec KLP – Et avec les filles françaises, vous vous entendiez bien aussi ?
ses collègues françaises Mme MY – Ah oui super, jamais on a eu des problèmes, jamais ! Jamais on s’est disputé avec une fille,
jamais
KLP – C’était vraiment tout le monde
Mme MY – Ah oui, oui, bon il y en avait une ou 2, mais ils nous faisait pas trop voir, non mais on était bien. Il
y en avait une ou 2 qui était un peu, je vais pas dire le mot, vous avez compris ! J’aime pas ce mot-là alors
j’ai pas envie de le dire, mais on était bien. Mais après ils ont compris qu’on était des gens bien, après ça
allait
KLP – Il a fallu du temps
Mme MY – Oui, et après ils nous ont vu et après ça c’est passé bien après
43mn 06 son KLP – Comment vous êtes arrivée dans cette entreprise, vous connaissiez d’autres personnes ?
recrutement Mme MY – Non, non, c’est par l’ANPE
KLP – Par l’ANPE, donc c’était le hasard en fait que vous retrouviez 5 autre femmes turques
Mme MY – Oui. Il y en avait une copine qui travaillait déjà là-bas, c’est la fille qui nous ramenait avec sa
voiture, mais moi je travaillais par l’ANPE. C’est l’usine qui avait organisé ça, qu’ils allaient faire du non tissé
et il fallait des gens pour le former et puis c’était nous, on s’est inscrit, on était plusieurs, ils ont fait des tests
et après ils nous ont choisies
KLP – Et ça a donné quoi après, qu’est-ce qu’il fallait faire ?
Mme MY – on a passé par des tests, après par rapport aux notes qu’on a eues, c’est là qu’ils ont choisi les
gens et après ils nous ont formés
Himéminor 2007 p. 280
KLP – Donc sans vous voir quoi, c’est par rapport à un examen
Mme MY – oui. Et après on est parti, ils nous ont vu et il y avait d’autres filles qui étaient sélectionnées,
après les 6 mois ils ont pas pu, ils ont été partis. Nous on est resté. J’ai travaillé 4 ans et demi
CD 2
PARTIES TRANSCRIPTION
GÉNÉRIQUES Sous-parties
Convivialité fêtes KLP – et vous parlez de cette bonne ambiance dans cette usine, est-ce que vous fêtiez des anniversaires,
des
Mme MY – Oui, on fêtait, notre chef il savait à tout le monde son anniversaire, il fêtait toujours notre
anniversaire. Et nous aussi on fêtait une quête pour faire l’anniversaire au chef, on était non mais, je vous dis
c’était bien, à Noël, on faisait un pot, jour de l’an, bon on travaillait pas, mais on faisait une journée avant,
c’était bien
KLP – Donc un pot ou un repas en commun ?
Mme MY – Un pot, oui, on avait des gâteaux et de la boisson
KLP – Et l’anniversaire, vous parlez d’une quête donc il y avait un cadeau
Mme MY – Oui, on avait un cadeau oui
KLP – Et qu’est-ce que vous avez eu par exemple ?
Mme MY – Moi j’ai eu une fois un maquillage, une boite de maquillage et j’ai eu un parfum, j’ai eu quoi
encore, j’ai eu une écharpe, je sais pas si ça s’appelle une écharpe et on avait eu quoi, de la vaisselle des
trucs comme ça, je dois avoir encore mes tasses de café que j’avais eues aussi, non, c’était bien, je vous dis
que c’était bien !
KLP – Et est-ce qu’il y avait des fêtes comme les catherinettes, vous savez les femmes de 24 ans je crois qui
sont pas mariées
Mme MY – non, je sais pas, il n’y avait pas ça
KLP – Il n’y avait pas de fête spéciale
Mme MY – non, non il n’y avait pas ça
1mn 33 le ramadan KLP – C’était les anniversaires, Noël… Et quand vous dites qu’il y avait en gros la moitié des femmes qui
étaient d’origine turque et la moitié qui était d’origine française
Mme MY – Oui, on était 5 nous
KLP – Oui, donc vous fêtiez Noël, mais est-ce qu’il y avait des fêtes turques que vous fêtiez ?
Mme MY – Oui, comme nous que on faisait le ramadan, pendant le mois que on faisait le ramadan, ils
respectaient
KLP – C’est-à-dire
Himéminor 2007 p. 281
Mme MY – Ils essayaient de pas trop boire, manger à côté de nous parce que comme nous on faisait. Nous
pendant les repas, nous on travaillait. Par exemple on voulait pas s’arrêter, pourquoi faire s’arrêter parce
qu’on mange pas et notre chef par exemple les vendredis il nous disait de sortir plus tôt, une ou deux heures
avant
KLP – Pendant le ramadan
Mme MY – Pendant le ramadan parce que nous on travaillait à midi. Il nous respectait, nous on les respectait
aussi. Non, mais il était très compréhensif et comme nous c’était la fête du ramadan on ramenait plein de
gâteau, nos gâteaux spécial turcs là, on ramenait à l’usine. Et je sais qu’à mon patron je faisais le café turc.
Parce qu’il avait été en Turquie, il aimait le café turc et moi il m’avait demandé le café turc, j’avais acheté le
paquet et quand il recevait des clients il me disait est-ce que tu peux faire le café turc et je faisais le café turc
KLP – Ah oui, quand il recevait des clients, donc il était fier en fait de
Mme MY – Oui, je faisais son café. Bon disons, je prenais 1/4 d’H pour faire le café et mon 1/4 d’h il mettait
sur mon, comme si j’ai travaillé
3mn 12 le café turc KLP – Alors comment on fait un café turc ?
Mme MY – (rires) Café turc, on fait disons, on est 2 personnes, il faut mettre la tasse, il faut remplir l’eau et
puis mettre dans une casserole, normalement, on a une casserole spéciale pour le café turc, mais bon, j’en
ai pas, ça s’appelle du (jezvé ?) ça s’appelle et on mettait une cuillère à café par personne et on remplissait
le tasse, disons on est 3 personnes, il fallait que je mette 3 tasses de l’eau froide dans le casserole et après
on met par rapport au sucre disons 1 sucre par tasse, on mettait 3 sucre et après on mélange, mélange,
mélange et après on voit, comment ça s’appelle, les boules ? Il y a des boules qui vient
KLP – ça bout, quand ça bout ?
Mme MY – Oui, ça bout et puis on voit qu’il y a un truc dessus, on prend avec la cuillère, on met dans les
tasses parce que quand ça va bouillir, ça va partir le truc qui est dessus, ça c’est ça, je peux pas vous
expliquer, le café turc, c’est ça. Il y a le truc qui est dessus
KLP – il faut écumer
Mme MY – Oui, écumer pour mettre dans les tasses parce que quand on va mettre l’eau qui a bouillie après
ça va sortir, c’est comme le cappuccino voyez, c’est ça
KLP – Une espèce de mousse
Mme MY – Mousse, mousse, c’est ça, la mousse, mais faut pas boire le fond du café turc
KLP – c’est trop fort ?
Mme MY – oui, c’est trop fort, c’est un truc, une sorte de pâte
4mn 53 ne mange KLP – Est-ce qu’il y a d’autres choses comme ça que vous avez su conserver de la Turquie, est-ce que vous
pas de cuisine mangez
français Mme MY – On mange pas du tout français
KLP – Pas du tout
Himéminor 2007 p. 282
Mme MY – non. Moi, chez moi on mange pas du tout français. Il y a rien qu’on mange français. Tout ce que
je fais c’est turc
KLP – vous trouvez tous les ingrédients ici ?
Mme MY – Oui, il y en a maintenant. Je sais pas si vous voyez, vous voyez la ZUP
KLP – Pas très bien, mais
Mme MY – Le truc de commercial. Là-bas il y a les spécial turc, des magasins turcs. Il y en a une au Pont
Férron. Vous voyez, il y avait un café Relax avant, maintenant c’est, comment on appelle ça, vous voyez le
rond point pour aller à Messei ?
KLP – Oui
Mme MY – Il y a une sorte de bâtiment, il y a des cafés turcs
KLP – Là il y a une épicerie
Mme MY – Oui, il y a une épicerie turque là-bas
KLP – Vous vous fournissez là-bas et vous trouvez tout
5mn 59 avant, pour Mme MY – Oui, avant, il y en avait pas ici à Flers, on allait à Paris, à Paris il y en avait
trouver les KLP – Vous alliez à Paris ?
ingrédients turcs, Mme MY – Oui, on allait à Paris disons tous les 2 mois ou 1 mois on allait et puis on faisait nos courses : le
allaient à Paris fromage, on a des spécial de riz, on a des, comment on appelle ça, oh je sais pas le nom, des pois chiches,
des haricots, des trucs comme ça, turc, on ramène les soupes tout ça, les saucisses, on ramenait de là-bas.
On faisait nos réserves ! Et après quand ça c’était terminé, on allait à Paris
6mn 44 partage de KLP – Oui, je pense à l’usine, quand vous mangiez ensemble le midi, en fait peut-être les autres femmes ne
nourriture connaissaient pas les plats que vous mangiez ?
Mme MY – Oui, on en donnait, comme par exemple ça (brioche chaude), on en donnait quand les filles
8mn 30 le bébé est françaises disaient hum, c’est quoi ça c’est bon ? On disait goûte et nous quand on faisait les 5 filles qu’on
sacré, la femme mangeait, on prenait une table de là-bas dans l’usine, on mettait tout ce qu’on a ramenait et on mangeait
enceinte doit goûter ensemble. On était toujours, comment on appelle ça, les Turcs, on a une tendance à donner toujours. Il faut
les plats qu’on lui que, par exemple ça, quand moi j’en fais, il faut que je donne à mes voisines. J’ai mes 3 voisines là. Quand
propose j’en fais cuire, il faut que je ramène à elle, à elle, à elle, j’en ramène toujours
KLP – Et vos voisines elles sont turques ?
Mme MY – Non, non, c’est des Français, mais je partage toujours
KLP – Et est-ce que elles, elles font la même chose après ?
Mme MY – ma voisine qu’est de face oui, elle donne jamais mon plat sans rien vide, mais les autres non,
moi, je dis rien, mais
KLP – Et vous continuez à donnez quand même ?
Mme MY – Ah oui, moi je donne toujours. Je sais pas l’odeur chez nous, on dit qu’en l’odeur il sort, l’autre
personne elle va sentir l’odeur et ça se fait pas, je sais pas, nous on partage, toujours, toujours. C’est pas
Himéminor 2007 p. 283
bien si on donne pas. L’autre fois on a fait du barbecue, mon voisin il était au jardin, et, il fallait que je le
propose, bon il a pas voulu, mais monsieur, il faut que vous, parce que l’odeur il est venue. Surtout chez
nous, pour une femme enceinte, c’est ! La femme enceinte c’est sacré parce que le bébé, même si la
personne elle veut pas, il faut que le bébé il en goûte. Je sais pas !
8mn 46 une KLP – Donc à l’usine, c’était vraiment ce repas, et les françaises, elles finissaient par faire la même chose
générosité qu’on ne que vous ?
retrouve pas chez les Mme MY – Non, non, c’est pas pareil du tout non
Français KLP – Elles vous ont demandé des recettes ?
Mme MY – Si, on a donné des recettes de gâteaux, mais c’est pas pareil, les français, c’est pas pareil. Je
vois, j’étais enceinte de mon fils, et il y avait une fille, elle avait ramené un gâteau, tu vois, elle savait que
j’étais enceinte et elle avait pris dans le boulangerie, elle avait pris des gâteaux, je sais pas sur le coup,
j’avais envie de manger de, c’était mille feuilles ça je sais et je regardais, mais elle a mangé sans que me
proposer. Nous on propose. Même que on veut pas, « est-ce que tu veux un peu ? » on disait ça et elle a
pas dit. Après j’avais une fille, elle était partie acheter des cigarettes, je lui ai donné de l’argent, je lui ai dit tu
m’achètes ça, tu m’achètes ça, elle avait acheté plain de gâteaux elle m’avait ramené ! Sur la machine j’étais
en train de manger ! Parce que j’avais trop envie !
KLP – Donc même si vous, vous avez eu cette générosité, vous ne l’avez pas retrouvée chez les français ?
Mme MY – Non, il y en a pas du tout, du tout
KLP – C’est gênant ça quand même !
Mme MY – Oui, mais c’est pas pareil, vous êtes, je sais pas, c’est pas du tout pareil chez vous et chez nous.
Ce qu’ils disaient parce qu’au début quand je suis habité ici : non, non, non, on veut pas, ne vous dérangez
pas, mais madame, je les ai expliqués, j’ai dit chez nous, même que vous, vous pensez que ça me gêne,
mais non, ça me gêne pas, moi j’ai fait, moi, quand vous faites un truc, je dois sentir l’odeur et c’est sur que,
moi, chez nous, on partage, chez nous partager, c’est quelque chose de, je sais pas, on partage !
10mn 33 Le ramadan 10mn 33 KLP – Alors, vous n’avez pas de fille
et la fête du mouton transmission des Mme MY – J’ai pas de fille, j’ai 3 garçons
valeurs et KLP – Et vous leur transmettez quand même ces valeurs là
participation aux Mme MY – Oui, oui. Ils savent mes enfants, ils savent, j’apprends nos coutumes. Ils font, pendant la fête du
fêtes ramadan, on part chez des gens ramasser des bonbons, les enfants, ils doivent partir chez des gens
ramasser des bonbons, ramasser, comment dire, leur souhaiter bonne fête et eux ils donnent des bonbons,
des gâteaux, des chocolats. Pendant le ramadan après la fête, on achète plein de paquets de bonbons,
12mn 15 être habillé plein. C’est comme vous, c’est le, comment on appelle, l’Halloween c’est ça ? Halloween, nous on achète
neuf pour les fêtes plein, après les enfants ils vient, ils disent bonne fête, nous on donne les bonbons, les chocolats
KLP – Ils ne vont pas chez n’importe qui j’imagine !
Himéminor 2007 p. 284
12mn 43 pendant la Mme MY – Non, ils vont pas chez des français par exemple, ils vont chez des turcs, c’est tout, ils vont pas
fête du mouton chez des français parce que, quand c’était Halloween, moi je savais pas au début que c’était, qu’il fallait avoir
des bonbons. Il y a des enfants ils sont venus quand j’habitais ici, bon j’avais des bonbons, j’en ai toujours,
j’en ai donné, mais j’ai dis, c’est pas notre fête ! Eh, ils sont pas venus après.
KLP – Et vos enfants ne participent pas aux fêtes Halloween
Mme MY – Non
KLP – Et Noël, au travail, vous disiez que vous fêtiez Noël, est-ce que vous fêtez Noël en famille ?
Mme MY – Non, normalement on fête pas Noël
KLP – Même avec les enfants, vous arrivez à maintenir
Mme MY – Oui, on fait pas de l’arbre de Noël, on le fait pas chez nous, ça se fait pas
KLP – Donc c’est la fête du ramadans
Mme MY – Oui, nous c’est important. Pendant la fête du ramadan et pensant la fête du mouton, nous, moi
j’achète toujours neuf à mes enfants parce que le jour de la fête, il faut qu’on s’habille neuf.
KLP – Le jour de l’Aïd ou
Mme MY – Les deux, les 2 fêtes. Mes enfants ils ont toujours des vêtements neufs, des chaussures neufs,
tous les 3, même mon mari. Et on s’habille tout neuf. Et on fait des gâteaux, on ramène à nos familles et
pendant la fête du mouton, c’est, on coupe une vache. Par exemple là cette année on a coupé une vache et
on était 7 personnes
KLP – Ah, je pensais que ce n’était que les moutons
Mme MY – Non, il y a les vaches aussi, du moment que c’est une viande, mouton, vache, agneau, bœuf,
c’est tout, pas de poulet, pas des autres, on mange pas et puis après, il faut qu’on donne à 7 personnes, le
moins qu’on doit donner, il faut qu’on donne à 7 personnes, 7 familles je veux dire, 7 familles et après on
peut donner plus. Moi j’ai donné par exemple à 15 familles j’ai donné, j’ai fais 15 paquets, j’ai donné à 15
familles, c’est, il y a la famille, y a les voisins et puis les gens que l’on veut
13mn 47 dates du KLP – Donc c’était quand par exemple cette année le ramadan ?
ramadan et de la fête Mme MY – j’ai oublié exactement les dates, mais c’était au mois de janvier et l’autre c’était au mois de
du mouton novembre. Après la fête du ramadan, faut compter 2 mois et 10 jours pour la fête du mouton
KLP – D’accord, donc c’est les deux plus importantes
14mn 07 la Mme MY – Oui, et il y a la naissance de, du prophète
naissance du KLP – Là c’est à date fixe ?
prophète Mme MY – Oui
KLP – C’était quand ?
Mme MY – c’était quand, je sais pas, j’ai oublié, vous voyez j’oublie ! Il y a pas longtemps, il y a 1 mois 1/2
de ça, il y a pas longtemps
Himéminor 2007 p. 285
15mn 24 la mosquée KLP – On parlait de la fête du prophète, donc, vous faites quelque chose qui sent très bon, et vous partagez
avec votre
Mme MY – Et les prière on les fait soi même
KLP – Les prières vous les faites à la maison ou vous allez
Mme MY – On a une mosquée, le jour du prophète on a été à la mosquée avec les femmes, les hommes, les
hommes ils sont en bas, les femmes ils sont en haut. Est-ce que vous avez été visité le, la mosquée
KLP – Ici ? Non
Mme MY – Oui, on appelle loisirs interculturels, franco-turc ça s’appelle
KLP – c’est où ?
Mme MY – vers Leclerc
KLP – Et c’est écrit
Mme MY – Oui, c’est écrit sur le
KLP – Donc ça ressemble à une maison normale
Mme MY – Oui, c’est une maison, on dirait une maison, on dirait elle est grande
KLP – Et on peut visiter ?
Mme MY – Oui, vous pouvez aller visiter. Faut mettre un foulard juste un peu et puis faut se déchausser et
puis on avait été le jour du prophète et puis on a distribué des bonbons comme ça que les gens ils avaient
ramenés. Vous vous dites le curé, nous on dit un autre nom
KLP – Vous dites quoi
Mme MY – Eh lui il a fait la messe, les prières. Nous on dit Imam et puis l’imam nous a lu le Coran tout ça et
puis après on est rentrés
KLP – Vous allez régulièrement à la mosquée ?
Himéminor 2007 p. 286
Mme MY – les femmes y vont pas, ils vont pas beaucoup les femmes, mais les hommes oui. Par exemple
mon père quand il était là, il partait, on fait 5 fois la prière. Et puis il allait presque 5 fois à la mosquée.
KLP – Tous les jours ?
Mme MY – Oui, tous les jours, oui on y va tous les jours, chez nous la prière on fait 5 fois dans la journée
17mn 20 droit de KLP – Comment il faisait quand il travaillait ?
prier dans l’usine Mme MY – Quand il travaillait il faisait pas
KLP – Il y avait pas un endroit dans les entreprises
Mme MY – Après, après son chef ils avaient parlé et puis après le patron il avait donné une autorisation. Du
moment qu’il faisait son travail, qu’il faisait son rendement, qu’il y avait rien qui gênait ils avaient fait un
endroit pour les gens qui faisaient la prière dans l’usine. Même nous on avait droit, il disait rien notre chef
KLP – Vous le faisiez ?
Mme MY – Ah oui, oui, des fois on faisait pas, mais bon, quand on avait envie, il nous disait, il y avait pas de
problème, on avait un endroit pour faire la prière
KLP – Où vous pouviez être tranquilles ?
Mme MY – Oui, c’était une salle, on mettait nos tapis et puis on faisait notre prière
(enfants)
KLP – Des tapis que vous apportiez ?
Mme MY – Oui, qu’on a ici oui
Mme MY – Du velours
KLP – Et ça c’est la Mecque ?
Mme MY - Oui, ça c’est la Mecque. Ça c’est, je sais pas, une sorte de tapis noir et blanc
KLP – Et ça c’est vous qui l’avez fait également ?
Mme MY – Oui, ça c’est moi qui l’ai fait
KLP – Comment vous avez fait ça, à la machine ?
Mme MY – Non, à la main, avec une aiguille, à la main
KLP – Et les ? ça, ça reste accroché, comment ça s’appelle ?
Mme MY – Oui, ça s’accroche ça, on appelle un (taspin). Oui, après la prière, quand on a fini la prière, on dit
33 fois, voyez, par rapport au, voyez là, de là, voyez, il y a un truc spécial, par là, il y a 33 perles, alors quand
on fait ça, ça et ça on dit une prière, après ici, on change, il y a un autre nombre
KLP – Une 2e série
Mme MY – Oui, c’est la même chose
20mn 13 (je prends des photos de Mme MY et de son trousseau)
21mn 39 le faisait le Mme MY – Et je travaillais quand je faisais ça, c’est après le boulot que je faisais ça. Quand je rentrais le
soir après son travail soir, après je faisais ça, quand j’avais un temps de libre, je faisais mon trousseau
KLP – Et le tapis de prières, ça fait partie du trousseau ? Il porte un nom particulier ?
22mn 58 cadeaux Mme MY – Oui, ça fait partie du trousseau on appelle (demande si le micro marche) on a 2 noms, on dit
pour mariage (lamazlour) et (cédjédé). (cédjédé) c’est un nom qui est plus moderne je crois
KLP – plus moderne
24mn 26 constitution Mme MY – Oui, (lamazdour) ça fait un peu, mais on dit les deux
du trousseau KLP – Et il faut en avoir combien dans un trousseau ?
Mme MY – MY a pas de limite, moi j’en avais fait 22, j’avais fait avec ma main
KLP – 22 !
Mme MY – 22 comme ça j’en avais fait, avec plusieurs modèles et, comment on appelle, les tapis en velours,
mon père il avait acheté en Belgique, dans un magasin spécial turc, il avait acheté, il en avait acheté je sais
plus, 35/40 que les gens ils, quand on se marie chez nous, les gens ils viennent, pour nous féliciter ils nous
ramènent cadeau, par exemple la vaisselle ou, j’sais pas moi, un fer à repasser ou une lampe, des trucs
comme ça. Moi j’en ai eu plein, quand je me suis mariée, j’avais pas beaucoup de choses, mon père il m’a
acheté les choses essentielles, mais par exemple j’avais pas un fer à repasser, c’est un cousin à mon mari
qui m’a acheté, j’avais pas la table, c’est un autre cousin qui m’a acheté, ma gazinière, c’est un autre
quelqu’un qui m’avait acheté, bon mon père il m’avait acheté quand même le lit, les fauteuils, la télé, mon
tapis, plein de choses
KLP – Au moment du mariage ?
Mme MY – Oui
Himéminor 2007 p. 288
MD 2
25mn 11 faire un Mme MY – Oui, les filles de maintenant elles font moins, mais chez nous on fait beaucoup de
trousseau pour la travail manuel, on fait beaucoup de couture, on fait beaucoup de broderie, on fait beaucoup de
belle-famille crochet, il y en a beaucoup, beaucoup, dans notre trousseau, il y en a beaucoup
KLP – C’est pas le CAP de couture qui vous a appris ça, c’est votre maman ?
Mme MY – Ma maman, elle connaissait pas trop, bon, elle fait, mais elle connaît pas trop, c’est
plutôt (bruit micro) oui, par rapport à nos coutumes, on est obligés d’apprendre
KLP – Qui vous a transmis alors ?
Mme MY – j’ai appris par ma tante, des dames qui faisaient ou toute seule, j’ai appris toute seule.
Par exemple, je fais ce modèle-là, et je fais toute seule, personne m’apprend. Quand je vois chez
quelqu’un je dis est-ce que tu peux me prêter, elle me prête et je ramène, je fais toute seule.
KLP – Les chaussettes, vous dites c’est votre maman
Mme MY – ça, oui, c’était ma mère qui avait fait, quand elle faisait pour, elle, elle mettait pas, mais
c’est nos grands-mères qui mettent ça
KLP – Elle a fait quand même pour votre trousseau
Mme MY – oui, elle a fait quand même pour mon trousseau, au cas où j’aurais ma belle-mère.
Malheureusement j’ai pas eu ma belle-mère, elle est décédée ma belle-mère quand moi j’étais
fiancée avec mon mari
KLP – C’était pas pour vous, c’était pour accueillir
Mme MY – Oui, parce qu’on fait un trousseau par exemple, disons j’aurais eu ma belle-mère, il
fallait que je mette une paire de chaussettes, un gant de toilette, une serviette, une taie d’oreiller et
on fait, je sais pas, un tissu pour faire une robe, on fait un trou, on appelle un (bourtcha), on appelle
Himéminor 2007 p. 289
un (bourtcha), on fait ça, on le ferme avec un nœud de papillon, avec un ruban tout ça et on met
dessus belle-mère et eux, ils vont savoir que c’est à la belle-mère et on fait aux belles sœurs aussi.
Disons mon mari il avait ses sœurs, on a fait tous un trousseau pour elle, elles aussi, elle avait des
trucs comme ça
KLP – Que pour les femmes, pas pour les hommes ?
Mme MY – les hommes si disons, j’aurais eu mon beau-père, il aurait eu un mouchoir qu’on a
brodé, un on appelle un coucou de prière qu’on allait mettre pour quand il fait sa prière, on met un
tapis de prières, plein de trucs comme ça
KLP – Vous dites, les jeunes femmes font moins
Mme MY – Elles font moins. Bon encore il y a le trousseau, mais moins, les jeunes de maintenant,
les filles ils font pas, c’est plutôt les mamans qui préparent tandis que moi, moi j’ai fait toute seule
mon trousseau. Ma mère elle était pas trop, elle était malade ma mère alors je voulais pas trop la
fatiguer
28mn 14 KLP – Et est-ce que vous, ce que vous savez faire vous l’apprenez à d’autres, à des jeunes filles ?
transmission de la Mme MY – par exemple j’ai ma nièce, bon elle a sa mère, mais des fois elle veut pas trop
couture, la dentelle… apprendre avec sa mère, moi je l’explique. Je dis prends un crochet, bon, elle est petite encore,
à sa nièce mais moi j’ai appris à 12 ans, j’ai fait une dentelle là que vous avez vue.
Tu vas faire, tu le finis, tu le donnes à moi, en souvenir de ce que je t’ai appris. J’ai fait, j’ai donné à
cette dame-là
KLP – Et vous demandez la même chose à votre nièce ?
Mme MY – Non, j’ai pas encore demandé ! Mais elle a du mal
KLP – Quel âge elle a ?
Mme MY – Elle va avoir 11 ans là
KLP – Elle commence tout juste alors
Mme MY – Oui, elle a l’âge de mon fils, le 2e, ils ont une journée de différence entre ma nièce et
moi, et mon fils !
KLP – Elle est à Flers ?
Mme MY – Oui, ils habitent pas loin de chez moi, ils ont une maison aussi à côté.
KLP – Vous pouvez les voir assez souvent
Mme MY – Oui, tous les jours on se voit, tous les jours
29mn 23 ne travaille KLP – Vous avez arrêté votre métier quand vous vous êtes marié
plus depuis 1993 Mme MY – Je me suis mariée, j’étais enceinte de mon fils, le grand là je j’ai accouché après j’ai
(licenciement pris le boulot et ça a été licenciement économique quand je suis sortie de l’usine, c’était un
économique) licenciement économique. Il y avait plus ce poste-là, il y en avait plus.
Himéminor 2007 p. 290
32mn achète des KLP – Vous me parlez du marché à Hérouville Saint-Clair, j’ai le sentiment que vous vous déplacez
meubles turcs en beaucoup pour trouver des produits turcs en fait
Belgique Mme MY – oui, des produits turcs, si, si, par exemple, on part en Belgique pour acheter des
meubles turcs. Les meubles c’est turc.
KLP – C’est-à-dire ils sont fabriqués en Turquie ?
Mme MY – En Turquie, ils sont venus de Turquie mes meubles que j’ai commandé, par camions ils
sont venus
KLP – Et on les trouve qu’en Belgique
Mme MY – En Belgique, il y en a, à Paris, il y en a, mais bon avant on allait à Belgique parce que
avant il y avait plus de meubles de ramenés là-bas, tandis qu’ici non. À Paris, il y en a aussi, mais
moi mes meubles ils sont venus de Turquie. Mes fauteuils, mes meubles, tout ça c’est turc.
KLP – Vous tenez beaucoup à ce que l’alimentation, les meubles, à rester dans une ambiance
turque quand même
Mme MY – Oui, ça c’est la Turquie là (poster au-dessus du canapé), c’est Istanbul où mon mari il
habite. Mon mari il habitait là-bas Istanbul. J’ai été visité cette mosquée (mosquée bleue) oh ! C’est
très beau ! Faut partie ne Turquie !!! C’est pas cher le billet.
Himéminor 2007 p. 291
l’appartement pour que ma mère elle apprend à ma femme à manger » ! Ils mangent pas la cuisine
française, ils veulent pas
35mn 42 la viande KLP – Alors il y a à la fois le goût, la façon de cuisiner, et aussi, est-ce que la viande elle est hallal
hallal MY – Hallal oui, bon, c’est pas une question de hallal, on mange pas la viande qu’est pas, on
achète jamais au magasin la viande, c’est, on fait couper par des musulmans et c’est mieux que on
mari ramène, bon, il passe au laboratoire, la viande, après mon mari il ramène, il désosse à la
maison et on partage. Après on fait nous-même nos steaks, nos viandes hachées, tout ça c’est
nous qui faisons
KLP – C’est important pour vous que vos enfants ne mangent pas autre chose que la viande hallal
Mme MY – Oui, ils mangent pas du tout oui, là on va aller couper le poulet là au mois de juin, c’est
des usines vers Fléchard, vous voyez, par là-bas il y a un endroit, c’est nous qui coupons les
poulets, c’est nous qui nettoyons et puis qu’on ramène à la maison. On achète jamais au magasin
KLP – Vous amenez vos grands fils pour qu’ils apprennent ?
Mme MY – Oui, ils savent oui, lui, je le ramène
KLP – Le plus petit aussi alors oh pardon !
Fils de Mme MY – Mais j’ai peur.
Mme MY – Oui, il aime pas qu’on voie qu’on fait les couper
KLP – Oui, c’est pour ça qu’il faut les habituer petits
Mme MY – Mon fils quand il va être grand, il va couper aussi, il faut qu’il apprenne à couper
37mn 11 seuls les KLP – C’est les hommes comme les femmes qui peuvent couper ?
hommes peuvent Mme MY – Les femmes non, les hommes. Les femmes ne peuvent pas couper
couper la viande KLP – Mais vous y allez quand même regarder ?
Mme MY – Oui, moi je tiens, je tiens les pattes
Fils et mère en même temps – Il teint, après il coupe le grand-père
KLP – c’est le grand-père qui fait ?
Mme MY – Oui, c’est toujours avec mon père que j’allais, c’est pour ça ! Et là mon père il est pas
là, c’est ton père qui va couper !
KLP – Oui, donc après c’est vos garçons qui devront le faire
Mme MY – Oui, quand ils vont être grands. Ils peuvent pas couper tout de suite, il faut qu’ils aient
la puberté, ils peuvent pas
KLP – Votre grand par exemple
Mme MY – Il peut pas couper, il est pas encore, quand il sera oui, un homme, là il peut
KLP – à quel moment il devient un homme ?
Mme MY – je sais pas, après la puberté, là il va avoir 14 ans, d’ici 1 an peut être il devient un
homme, je sais pas
Himéminor 2007 p. 293
Annexe 4
Bibliographie avec indicateurs sous logiciel Excel dans pochette contenant un CD
Himéminor 2007 p. 295