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L’acsé 

– Direction régionale Normandie 

Histoire et 
mémoires des 
immigrations en 
région Normandie 
Dossier contenant :                                                                                                    
‐ Rapport final à l’acsé, mai 2007, de John Barzman, directeur scientifique ; 
‐ Annexe 4 – Bibliographie du rapport « Histoire et mémoires des 
immigrations en région Normandie » ;                                                                  
‐ John Barzman et al., « La Normandie immigrée : des Anglais aux « gens du 
fleuve », Hommes et Migrations n° 1273 (article de synthèse) 

John Barzman 
01/01/2007 
 
Himéminor 2007 page 1

Appel d’offres de l’acsé : Programme d’études 2005-2008


Histoire et mémoires des immigrations en régions

Marché n° 2005 33 DED 02 : lot n° 08

Direction Régionale Normandie

Histoire et mémoires
des
immigrations en région Normandie.

Rapport final
Mai 2007

Direction scientifique : John Barzman

Courriel : john.barzman@univ-lehavre.fr

Université du Havre
UFR de Lettres et Sciences Humaines Cultures espaces sociétés
CIRTAI
Bâtiment des UFR AI et LSH CES
25 rue Philippe Lebon
76086 Le Havre cedex
Himéminor 2007 page 2

Sommaire

Remerciements 3

Les auteurs 4

Introduction 5
A. Le cadrage : 1851-2007, la Normandie, les étrangers 6
B. Aperçu des travaux existants 11
C. Les sources disponibles 19
Partie I
Les grandes tendances de l’immigration en Normandie 27
aux dix-neuvième et vingtième siècles à partir des statistiques
A. 1851-1911 29
B. 1921-1936 36
C. 1946-1999 47

Partie II
Comparaisons et corrélations :
quelques études de cas par localité, par nationalité ou par profession 73
A. L’immigration dans une ville portuaire : Le Havre 75
B. L’immigration dans deux petites villes textiles : Bolbec et Flers 82
C. L’immigration dans un canton rural : Forges-les-Eaux 91
D. L’immigration sub-saharienne en Normandie 95

Partie III
L’approche par les récits de vie 111
1. 30 entretiens du Havre 115
2. Turcs de Flers 138
3. Trois situations singulières au Calvados 160

Bibliographie 177

Sources disponibles 193

Annexes 203

Annexe 1 Tableaux statistiques complémentaires à la Partie II 204

Annexe 2 Cartes et documents complémentaires à la Partie II 259

Annexe 3 Un exemple de récit de vie : « Mme M. MY » 266

Annexe 4 Bibliographie avec indicateurs sous logiciel Excel dans 296


pochette contenant un CD
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Remerciements

Les auteurs tiennent à remercier Madame Fatimata Diara et Madame Chadia


Boudarssa, respectivement directrice et chargée de mission du Fasild-Acsè
Normandie, pour leur compréhension et leur coopération à l’élaboration de ce rapport.

Ils remercient également Monsieur Benjamin Steck, Madame Françoise Guyot,


Madame Sabrina Mommolin, et Madame Christine Le Bodo, respectivement directeur,
ingénieur d’études, documentaliste et assistante administrative du laboratoire
IDEES/CIRTAI, pour leur collaboration aux aspects administratifs et documentaires du
projet de recherche.

Les conseils de Madame Laurence Mayeur, Monsieur Philippe Rygiel, Mesdames


Laure Pitti, Anne-Sophie Bruno et Claire Zalc ont utilement contribué, chacun dans
leur domaine, à donner forme à ce rapport.

L’aide administrative de Monsieur Vincent Alès a permis le démarrage du projet


pendant le premier semestre de l’année 2006.

Monsieur Marc Pottier, historien, nous a gracieusement accueilli dans les locaux du
Mémorial de la Paix à Caen.

Enfin, l’équipe remercie le personnel des archives départementales des cinq


départements normands et, en particulier, M. Scholle des archives départementales
du Calvados, le personnel des archives départementales de la Manche à Saint Lo et
Mme Catherine Gouzer et le personnel des archives départementales de l’Eure à
Evreux, pour leur gentillesse et leur disponibilité.
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Les auteurs
Ce rapport est un travail collectif issu de nombreux échanges. La responsabilité
scientifique et la coordination de l’équipe ont été assurées par John Barzman. La
première partie sur les grandes tendances est essentiellement l’œuvre de Jean-Marie
Cipolat, avec l’aide de Valentin Porte. La deuxième partie a été coordonnée par Eric
Saunier, avec des apports de Matthieu Verdier, Erwan Simon, Nathalie Lemarchand,
Valentin Porte et Albert Nicollet. La troisième partie a été coordonnée par Jean-Pierre
Castelain avec des apports de Karine Le Petit, Léonard Barzman, Marie-Pierre
Legrand, Nathalie Lemarchand, Erwan Simon. Les passages dans l’introduction et les
annexes faisant le bilan des études déjà faites et recensant les sources susceptibles
d’être exploitées, sont essentiellement le résultat des démarches d’Elisabeth James et
Marianne Hue.

John Barzman, historien, CIRTAI/IDEES, professeur à l’université du Havre

Léonard Barzman, DEA d’ethnologie Paris X-Nanterre, master d’urbanisme CNAM

Jean-Pierre Castelain, ethnologue, CETSAH et CIRTAI/IDEES, responsable du


numéro d’Ethnologie française sur les îles

Jean-Marie Cipolat, historien, urbaniste, PAST au département de sociologie de


l’université de Rouen

Marianne Hue, DEA d’histoire de l’université du Havre

Elisabeth James, CIRTAI/IDEES, doctorante en histoire à l’université du Havre

Yann Leborgne, CIRTAI/IDEES, doctorant en géographie de l’université du Havre

Marie-Pierre Legrand, doctorante en histoire à l’université de Caen et à l’université du


Havre

Nathalie Lemarchand, ethnologue, CRECET, Caen

Karine Le Petit, ethnologue, CRECET, Caen

Albert Nicollet, sociologue, ancien directeur des Cahiers de sociologie économique et


culturelle

Valentin Porte, DEA d’histoire de l’université de Rouen

Eric Saunier, historien, CIRTAI/IDEES, maître de conférences à l’université du Havre

Erwan Simon, CIRTAI/IDEES, doctorant en histoire

Matthieu Verdier, master 2 d’histoire de l’université du Havre


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Introduction

Peut-on parler de creuset normand comme on parle de creuset français ? Une


certaine image de la Normandie aime à souligner la permanence de la population issue
du terroir et l’éloignement des frontières internationales. Quand elle admet l’apport
d’éléments étrangers, c’est pour évoquer les Vikings, les Plantagenêts de la Guerre
de Cent Ans ou les Italiens de la Renaissance.

L’étude présentée ici montre au contraire que l’immigration a apporté sa


contribution à la Normandie non seulement dans un passé lointain mais au cours des
deux derniers siècles. Certes, elle l’a fait moins que dans d’autres régions de France.
Mais la France a l’un des plus forts taux d’immigration du monde (comparable aux
Etats-Unis, par exemple). Le flux vers la Normandie, bien qu’inférieur à la moyenne
française, est donc loin d’être négligeable et en tout cas plus fort que vers de nombreux
pays européens. La population, l’économie et la culture normandes ne seraient pas ce
qu’elles sont aujourd’hui sans ces hommes et ces femmes venus d’ailleurs.

Certains pays ont nourri un flux presque ininterrompu pendant les deux derniers
siècles vers ce territoire bordé par la Manche et la Seine, les nouveaux arrivants
s’ajoutant à des Français naturalisés récents et anciens, et à leur descendance.
D’autres pays ont envoyé l’essentiel de leurs enfants pendant des périodes plus
brèves. Ils sont venus seuls ou en famille, pour des raisons diverses, avec l’espoir plus
ou moins affirmé de revoir leur pays natal. Quelques uns sont repartis assez vite vers
d’autres cieux, de gré ou de force, d’autres sont restés suffisamment longtemps pour
figurer dans les statistiques ou faire souche.

L’immigration d’outre-Manche est une des plus anciennes et pendant longtemps


une des plus nombreuses en Normandie. Elle reste assez mal connue dans sa
complexité : les négociants, industriels et amateurs de villégiature ont davantage
marqué les mémoires que les mécaniciens et domestiques venus implanter machines
à vapeur et chemins de fer dans la première moitié du dix-neuvième siècle. Pourtant,
cette vague ancienne, longtemps composée surtout d’hommes seuls, a légué le
Himéminor 2007 page 6

premier club de football français et s’est heurtée à de nombreux incidents


« anglophobes » dans les villes de la région.1

Peu après cette première vague de Britanniques sont arrivés par milliers des
Belges, des Allemands et des Suisses ; puis, pendant ou après la Première Guerre
mondiale, des Espagnols, des Polonais et des Italiens, mais pas exactement au même
moment ou dans les mêmes conditions que dans le reste de la France. Après 1945,
les Portugais et les Algériens ont constitué les plus gros contingents d’étrangers
recensés, jusqu’à ce que les Marocains, les Turcs et les ressortissants des pays
d’Afrique subsaharienne prennent le relais.

Le profil de chacune de ces vagues dépendait dans un premier temps de


l’origine sociale des individus qui la composaient, et de la situation économique et
politique du pays qu’ils quittaient. Il était déterminé en second lieu par la concurrence
des offres émanant d’autres régions de France ou du monde au moment de la
migration et, enfin, par l’efficacité des acteurs normands, notamment des recruteurs
privés et publics, des réseaux d’accueil, de la législation en vigueur et des
administrateurs chargés de l’appliquer à Rouen, Caen ou Alençon. Néanmoins, la
confrontation au déracinement et aux difficultés de s’installer en Normandie a été
largement partagée et a fait naître des comportements comparables d’une nationalité
et d’une génération à l’autre.

Le peu que l’on connaît de cette histoire confirme l’idée que ces apports
extérieurs ont enrichi la Normandie et qu’ils méritent d’être connus en plus grand détail.
Le présent rapport se conçoit comme un jalon sur cette voie : il signale ce que les
études publiées permettent déjà de connaître, repère les grandes tendances à partir
des statistiques démographiques, recense des archives et explore quelques pistes qui
sont autant d’incitations à poursuivre la recherche.

A. Le cadrage : 1851-2007, la Normandie, les étrangers

Issu d’une commande de l’Agence pour la cohésion sociale et l’égalité des


chances (Acsè, anciennement Fonds d’actions sociale pour l’intégration et la lutte

1
Voir dans les notes de l’Introduction, l’aperçu des travaux existants, les études de. LEROUX S, BOEDEC
J.et BENSIMON F.
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contre les discriminations, Fasild), il s’insère dans un plan coordonné qui doit permettre
des comparaisons, d’une part, entre les différentes régions de France, d’autre part, de
chaque région avec la moyenne nationale française. A la lumière de ces impératifs, la
coordination nationale a fixé les limites chronologiques (du milieu du dix-neuvième
siècle à nos jours), les bornes spatiales (la Haute et la Basse Normandie) et la
population considérée (les étrangers et naturalisés).

Précocité de l’industrie

Les premières statistiques démographiques qui permettent des comparaisons


à l’échelle de la France datent de 1851. Mais la Normandie est une des régions
pionnières pour la commercialisation de l’agriculture et l’industrialisation. L’immigration
liée à ces phénomènes y commence donc plus tôt. Par ailleurs, les nombreuses
liaisons entre les ports normands, l’Angleterre et l’Irlande, la première bouleversée par
la révolution industrielle, la seconde par la paupérisation, ont facilité les échanges
avant l’avènement de liaisons ferroviaires et aériennes. Heureusement, quelques
chiffrages ont été recueillis à l’échelle de localités avant 1851 et permettent d’entrevoir
cette précocité. A l’autre bout de la chaîne, les études concernant le temps présent,
l’économie des services et la diffusion du phénomène migratoire dans les cinq
départements, souvent conduites par des sociologues, des urbanistes, des
démographes et des économistes, gagnent à être conçues comme une étape dans
une évolution historique commencée au moins deux siècles auparavant.

Diversité de l’entité géographique

Le cadre spatial fixé est celui de la Normandie, province historique divisée


d’abord en cinq départements lors de la révolution française (Calvados, Eure, Manche,
Orne et Seine Inférieure puis Maritime), puis en deux régions lors des réorganisations
territoriales de 1956, 1960 et 1964 (Haute et Basse-Normandie). Ce découpage
administratif a dicté le ressort des autorités touchant de près ou de loin à l’immigration,
la collecte des données et, par voie de conséquence, le cadrage de la plupart des
études démographiques, économiques, sociales, politiques et culturelles portant sur
Himéminor 2007 page 8

la période contemporaine. Rares sont celles qui ont pris la Normandie toute entière
pour cadre. Ce biais est encore plus net pour les études migratoires : leur cadre
géographique le plus fréquent est soit la région administrative (Haute ou Basse-
Normandie), soit le département, soit la ville ou le quartier, jamais l’ancien duché.
D’ailleurs, la séparation administrative des deux régions correspond à des trajectoires
assez différentes depuis plusieurs siècles2.

En prenant l’ancienne province pour cadre de cette étude, l’équipe chargée du


projet a dû se couler dans une dimension relativement nouvelle. Elle a dû rapprocher
des chercheurs peu habitués à collaborer sur ce sujet, rassembler les travaux émanant
de trois universités (Caen, Rouen et Le Havre) et comparer des sources et des études
qui ne l’avaient pas été auparavant. Cette exploration nouvelle des tendances
migratoires à l’échelle de la province tend à confirmer la désynchronisation des deux
régions déjà observée sur le plan de la natalité et de la mortalité, du passage de la
polyculture à l’élevage, de l’industrialisation et du développement du tourisme :
pendant presque toutes les années considérées ici, la Seine-Maritime et l’Eure (c’est-
à-dire la Haute-Normandie) ont connu une immigration nettement plus forte que les
trois départements de la Basse-Normandie (Calvados, Manche, Orne).

Les étrangers, les Français naturalisés …

Enfin, la recherche d’éléments comparables au niveau national a déterminé la


population qui fait l’objet de cette étude sur la Normandie : celle des étrangers et des
Français naturalisés, catégories relevant du statut légal. Or, comme pour les autres
départements de France, les catégories recensées ont varié d’abord avec les
changements de souveraineté nationale des régions d’immigration (indépendance de
la Belgique, unification de l’Allemagne, indépendance de l’Irlande, nouvelles frontières
en Europe de l’Est et dans le monde colonial). Elles ont aussi varié en précision avec
le perfectionnement des méthodes de recensement et l’arborescence des services de
l’Etat dans les villes et les campagnes. Enfin, les dimensions prises en compte ont
changé avec la succession des modèles statistiques, retenus à Paris et répercutés par
les préfets.

2
Cette divergence est mise en évidence, par exemple, dans l’ouvrage d’Alain LEMENOREL, Nouvelle
Histoire de la Normandie : entre terre et mer, Privat, Toulouse, 2004.
Himéminor 2007 page 9

… et au-delà

Plusieurs mécanismes socio-économiques associent la présence d’étrangers et


naturalisés à d’autres phénomènes qu’il est nécessaire de distinguer tout en signalant
leur interrelation : les besoins en main-d’œuvre de certains secteurs de l’économie
locale, l’approvisionnement en main-d’œuvre issu de l’exode rural ou de migrations
internes à la France, l’émergence de marchés du travail distincts et les trajectoires
professionnelles typiques des ressortissants français, l’établissement d’échanges
avec un Etat et la formation de « têtes de pont », l’apparition de Français descendants
d’étrangers, les représentations culturelles des étrangers et des citoyens.

Ainsi, il est clair que le couchage en herbe et le déclin de la proto industrie rurale
a poussé les familles d’ouvriers agricoles et paysans pauvres du Pays de Caux, du
Calvados, de l’Orne et de l’Eure, vers les villes industrielles de la vallée de la Seine.
De nombreux Bretons les ont remplacés ou rejoints au dix-neuvième et au début du
vingtième siècle, par les routes traditionnelles de l’élevage, par la mer puis par le
chemin de fer. Ces deux groupes de migrants internes ont souvent occupé les emplois
de manœuvres, terrassiers, marins, domestiques et ouvriers non qualifiés de l’industrie
qui, dans d’autres régions, ont été attribués à des étrangers. Dans le cas des Bretons
en Normandie, l’expérience du déracinement, les préjugés de la population locale et
parfois des problèmes de langue ont amené certains historiens à les étudier sous
l’angle de « migrants ». Une différence fondamentale, cependant, les distingue des
étrangers : la possession de la nationalité française. Mais dans l’explication de l’écart
du pourcentage des étrangers en Normandie, même industrielle, à la moyenne
française, il peut être intéressant de prendre en compte cet apport de main-d’œuvre,
substitut au recours à l’immigration internationale.

Un autre domaine de chevauchement des problématiques est celui des


descendants français d’immigrés. La présence, en plus ou moins grand nombre, de
Français descendants d’une nationalité particulière dans une localité peut favoriser
l’accueil de nouveaux immigrés et le maintien de liens avec la terre des ancêtres. On
suppose alors que des personnes écrivent ou rendent visite au pays d’origine,
organisent des rencontres et forment des associations. Des indices permettent
d’apercevoir ce processus pour des Suisses, des Belges, des Polonais. Pour le
Himéminor 2007 page 10

déceler, il faut observer non seulement les étrangers et les naturalisés mais aussi les
descendants d’étrangers de la nationalité concernée.

Quelques travaux sur l’assise des religions présentes en Normandie incluent


dans leur champ à la fois des Français et, de façon importante, des étrangers. Cette
approche est peu visible chez les historiens du catholicisme qui auraient pu enquêter
par exemple sur les relations au sein du groupe considéré catholique entre Français
et étrangers (Belges, Italiens, Polonais, Malgaches, etc.). Rien de notable non plus sur
les relations entre Français et étrangers au sein du groupe considéré musulman. Par
contre, les historiens du protestantisme ont mis en valeur l’apport des étrangers
(Anglais, Ecossais, Allemands, Norvégiens, Suisses) dans le rétablissement de
l’égalité du culte protestant dans une région fortement marquée par la Réforme et les
Guerres de Religion. Pour le judaïsme, les études sur les dix-neuvième et vingtième
siècles font apparaître quelques étrangers et naturalisés à côté de Français de
confession israélite de longue date ou traitent de la confusion entre juif et étranger à
l’occasion des flambées d’antisémitisme, avant et après l’affaire Dreyfus, à la fin du
dix-neuvième siècle ou sous le régime de Vichy.

Enfin, des études sur les représentations de « l’autre » englobent Français et


étrangers dans leur champ. Elles partent souvent de la représentation qu’ont certains
Français des étrangers de telle ou telle nationalité ou des Français naturalisés ou de
Français non naturalisés faussement présumés étrangers. Ces écrits, intitulés souvent
« études de l’opinion publique », s’appuient principalement sur le dépouillement de la
presse et traitent plutôt des fièvres xénophobes que des manifestations d’entente
(anglophobie et germanophobie de 1848, judéophobie des années 1890, hostilité aux
réfugiés anti-fascistes allemands et espagnols et aux juifs des années 1930 et 1940,
brimades contre les Algériens pendant la guerre d’Algérie et xénophobie des années
1990). Malheureusement, la fragmentation de la recherche fait que ces travaux sont
rarement mis en correspondance avec des études sur la progression réelle de
l’apprentissage du français, la fréquentation des écoles, la dispersion des lieux de
résidence, les mariages entre étrangers et Français, le taux de naturalisation et la
naissance d’enfants français de parents étrangers.

Ces réalités « frontalières » de l’étranger proprement dit mènent parfois le


chercheur à examiner les données au-delà du champ délimité par la coordination dans
l’intérêt de comparaisons nationales sûres. Ce rapport s’est fixé comme règle de ne
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pas méconnaître les terrains connexes (Français bretons, juifs, alsaciens, originaires
des DOM-TOM, fils et filles d’immigrés) sans pour autant chercher à les explorer. Il
signale chaque fois que c’est possible ce début de passage de l’étude des étrangers
et naturalisés proprement dite à l’étude de phénomènes qui relèvent d’autres champs.

Le cadre temporel, spatial et statutaire de l’étude étant posé, cette introduction


traitera d’abord des études déjà réalisées puis des sources permettant de nouvelles
avancées. Elle comparera les ouvrages, articles et mémoires concernant l’immigration
en Normandie aux réalités révélées par la statistique dans la Partie I pour signaler
aussi bien l’attraction que certains sujets ont eu sur les chercheurs et vulgarisateurs
que les lacunes de la recherche existante. Puis, elle exposera le résultat de sondages
dans les dépôts d’archives et autres fonds documentaires qui ont permis de recenser
en plus grand détail les sources éventuellement exploitables par un chercheur
envisageant de nouvelles recherches. Pour les études comme pour les sources, le
texte de l’introduction est complété par la bibliographie, par la liste des sources placées
après la conclusion de ce rapport et, en Annexe 4, par un CD inséré dans une pochette
sur lequel la bibliographie est gravée avec une série d’indicateurs permettant de
regrouper les études par période, par nationalité, par localité ou par thème.
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B. Aperçu des travaux existants


Au regard de la moyenne nationale française, on l’a dit, la Normandie peut être
considérée comme une terre de faible immigration. Dans la Nouvelle Histoire de la
Normandie quelques paragraphes évoquent les migrations internationales3. Pourtant
une étude plus fine permet de faire quelques constats : d’une part, la faiblesse
numérique de l’immigration normande n’empêche pas la concentration géographique
propice à l’étude et la recherche, d’autre part les nationalités peuvent différer selon les
départements et même différer de la composante nationale, enfin, elle est parfois
singulière comme en Basse-Normandie avant la Première Guerre mondiale où elle se
révèle originale « dans la décision patronale de lier immigration et industrialisation. La
politique d’appel à la main d’œuvre étrangère doublée d’un paternalisme social servira
de modèle migratoire ».4 La liste des travaux existants sur l’immigration (ouvrages,
articles tirés de recueils ou de périodiques, thèses et mémoires, rapports) donnée en
annexe est le produit de sondages dans des bibliothèques et dépôts d’archives des
cinq départements normands et de la consultation d’ouvrages de références. Elle inclut
certainement les principaux travaux réalisés. Un recensement plus exhaustif dépassait
le cadre de cette étude. Cette liste est moins fournie que celle d’autres régions. On
peut attribuer ce résultat au fait que pendant longtemps ceux qui écrivaient ou
menaient la recherche ont été peu encouragés à aborder le sujet, qu’ils manquaient
d’outils de travail et ont donc produit moins de travaux qui ont connu une diffusion
limitée et suscité peu de publicité. Les exceptions ont concerné des domaines
particuliers.

L’examen de la liste montre que le thème des étrangers a connu un léger regain
d’intérêt chez les chercheurs vers les années 1970 ou 1980. Il s’avère en effet que la
recherche et les publications sur l’immigration en Normandie ne remontent
généralement pas plus de 25 ans en arrière et qu’elles présentent de nombreux
manques, quel que soit le département normand concerné. Il est intéressant d’y
regarder de plus près et de dresser un état des lieux, même lacunaire. La procédure
adoptée est, pour chaque période, d’abord de résumer les tendances dominantes

3
LEMENOREL Alain (sld), Nouvelle histoire de la Normandie : entre terre et mer, Toulouse : Privat, 2004.
4
POTTIER Marc, Normands de tous pays l’immigration étrangère en Basse Normandie de 1900 à 1950,
1999.
Himéminor 2007 page 13

telles qu’elles ressortent de l’étude statistique de la partie I, puis, de commenter


quelques études sur cette même période.

Presque tout au long du dix-neuvième siècle, que nous connaissons par des
statistiques comparables entre 1851-1911, les Britanniques sont les étrangers les plus
présents sur le sol normand, qu’ils soient résidents en villégiature sur la côte ou bien,
surtout, ouvriers et techniciens du textile et du chemin de fer. Cette prépondérance
n’apparaît dans aucune autre région en France. Pourtant, malgré cette spécificité
régionale, malgré l’empreinte qu’elle a laissée dans l’architecture et la toponymie des
lieux, cette présence anglaise n’a fait l’objet que de peu de recherches et d’études,
mis à part des articles sur Avranches (50) et Dieppe (76)5. Ce n’est qu’aujourd’hui
qu’on s’intéresse à nouveau aux relations entre Français et Britanniques, notamment
des couches populaires. Comme d’autres vagues migratoires après elle, celle d’outre-
Manche a été marquée à la fois par des emprunts (l’introduction du football dans la
région) et du rejet (des émeutes xénophobes)6.

Les Belges, autre groupe étranger d’importance au dix-neuvième siècle, font


peu l’objet d’études. Seules quelques publications concernant la Seine Inférieure
évoquent cette main d’œuvre utile et qualifiée pour les travaux agricoles saisonniers7.
Quant aux études d’envergure nationale sur les Belges en France, elles se focalisent
sur la région du Nord.

Il faut noter, à cette époque, la présence de réfugiés polonais au Havre, ville


transit de l’immigration transatlantique après l’insurrection de Varsovie. Le fait divers
constitué par un navire immobilisé à quai à cause d’une avarie et la mise en
quarantaine de ses passagers fut l’objet d’un débat national sur le sort des exilés

5
Voir FAUCHON Maxime, « Les Anglais à Avranches au XIXème siècle » et « La colonie anglaise à
Avranches au XIXème siècle », La revue de l’Avranchin et du pays de Granville », t. 42, 1965, p.157 et
t. 47, 1970 pp. 41-61 ; et PACKENHAM Simona, Quand Dieppe était anglais, 1814-1914, 1971. .
6
Sur le football, voir LEROUX Stéphane, « Histoire du Havre Athletic Club Football des origines à 1939 »
Mém. Maîtrise Histoire Paris X, 1996, et BOEDEC J., « Le Havre, berceau du football et du rugby
français », Revue normande d’histoire du sport, n° 2, 1990, pp. 43-47. Sur l’anglophobie voir les études
annoncées de BENSIMON Fabrice, « Les ouvriers britanniques en France, 1815-1850 », DERAINNE Pierre-
Jacques, « Les perceptions sociales des travailleurs migrants britanniques en France dans la première
moitié du XIXe siècle », dans APRILE Sylvie et BENSIMON, Fabrice (sld), La France et l'Angleterre au XIXe
siècle : échanges, représentations, comparaisons, Paris : Créaphis, 2006, qui accordent une place
importante à la Normandie.
7
VANDEBULCKE Isabelle, « L’implantation des Belges en Seine Inférieure (1830 à 1940) », Mém.de
Maîtrise, 2003.
Himéminor 2007 page 14

polonais. Un chapitre leur a été consacré dans un mémoire de maîtrise sur les Polonais
au Havre dans l’entre-deux-guerres8. C’est un premier exemple qui montre qu’on
s’intéresse davantage aux étrangers quand leur pays d’origine est l’objet d’attentions
diplomatiques de la part de l’opinion publique ou du gouvernement français.

Les études les plus nombreuses et les plus approfondies concernent les
Italiens. Bien que faibles numériquement, qu’ils vivent en Seine Inférieure, saisonniers,
ouvriers du textile, journaliers du terrassement, maçons ou commerçants ambulants
ou en Basse-Normandie, recrutés de préférence à d’autres nationalités pour travailler
dans les mines de Soumont, ils ont fait l’objet de nombreuses études spécifiques9.

Ce n’est pas le cas des Allemands et des Suisses. Présents surtout dans le
service domestique et les professions libérales, troisième et quatrième groupe
d’étrangers dans la Normandie pendant toute la période, montant parfois au deuxième
rang dans l’Orne, l’Eure et la Manche, ils n’ont pourtant fait l’objet d’aucune
publication. La même remarque s’applique aux Espagnols déjà en forte progression
en 1911 dans ces mêmes départements (1er groupe dans l’Orne et 2ème dans la
Manche). Cette présence espagnole, bien que remarquable, reste très méconnue.

La Première Guerre mondiale marque une rupture dans l’histoire de


l’immigration normande avec la mise à l’écart des Allemands et des Austro-Hongrois,
l’afflux des réfugiés belges, l’accueil des soldats britanniques, canadiens et australiens
et enfin le recrutement des travailleurs coloniaux. Les ressortissants des Puissances
centrales sont internés par exemple dans les camps de la Ferté Macé dans l’Orne, de
Vire dans le Calvados ou de l’île de Tatihou dans la Manche. Une seule étude leur est
consacrée10.

Ce qui caractérise alors le plus l’immigration normande est l’arrivée d’une vague
de réfugiés belges, venus du Nord à la suite de leur gouvernement replié
provisoirement à Ste Adresse (76), événement qui constitue un épisode important de
l’histoire de la Belgique. Cette arrivée massive renforce l’implantation belge dans le

8
HUE Marianne, « L’immigration polonaise au Havre », Mém. Maîtrise, 2003.
9
LEMENOREL Alain, « Industrialisation et main-d’œuvre. Le recrutement italien à Soumont avant 1914 »,
Etudes normandes n°4, 1982, p. 23-36 ; POPCZYK Catherine, « L’immigration italienne dans la Seine
maritime au XIXe siècle », Mémoire de DEA, 1996.
10
BOURDIN Gérard « l’Orne, les réfugiés et les camps », Les réfugiés et les camps, Société Historique
et Archéologique de l’Orne, tome 121, bulletin 3, septembre 2002.
Himéminor 2007 page 15

pays de Caux agricole où ils sont rejoints par d’autres. Ils ne semblent pas non plus
avoir fait l’objet d’étude spécifique.

Quant aux travailleurs coloniaux venus d’Afrique du nord ou de Chine décrits à


leur arrivée au Havre dans le roman de Raymond Queneau Un rude hiver , ils ont fait
les uns et les autres l’objet de recherche et publication sur la seule ville du Havre alors
qu’ils sont présents dans toutes les villes industrielles de Normandie où ils marquent
l’imaginaire et entretiennent les fantasmes des habitants par leur nombre, le choc des
cultures, leur difficile cohabitation et par les émeutes qu’ils provoquent ou subissent
dans leurs camps de logement 11. Marc Pottier consacre quasiment un chapitre entier
à ces Chinois dans son livre traitant de l’immigration étrangère en Basse-Normandie,
à leur parcours depuis leur recrutement jusqu’à leur lieu de cantonnement, à leur
difficile vie enfermés dans les camps, aux sévices, au rejet et à la xénophobie dont ils
sont les victimes12. Ce faisant, il rend hommage à ces hommes qu’on a, pour la quasi-
totalité d’entre eux, renvoyés au pays de façon systématique, qui ont disparu de la
mémoire collective du fait du « choc des cultures, l’incompréhension et l’absence de
communication avec ces travailleurs » et dont le souvenir ne survit qu’à travers l’image
déformée et stéréotypée qu’en donnent deux séries de cartes postales intitulées « le
Caen cosmopolite » et « à Caen le dimanche matin ». Encore sur la Première Guerre
mondiale, Marc Pottier, dans ce même ouvrage, évoque sans s’y attarder la présence
de Russes dès 1917 en Normandie, militaires envoyés par le tsar, condamnés pour
s’être mutinés et placés dans des compagnies de travail comme c’est le cas à
Colombelles.

Après guerre, le nombre et la proportion des étrangers progressent très


nettement. Les Belges sont arrivés massivement depuis le début du conflit pour
travailler dans les bureaux des maisons de commerce, dans les usines et dans
l’agriculture vidée de ses forces vives par la guerre. Il arrive très souvent qu’ils
s’installent et embauchent des compatriotes. Eu égard à l’effectif et au rôle prégnant
des Belges sur la modernisation de l’agriculture normande par l’introduction de

11
Voir AUGUSTYN JAMES Elisabeth, « Algériens, Marocains et Tunisiens de 1914 à 1920 », Mém.de
Maîtrise, 2000, et MALON Claude, « Travailleurs étrangers et coloniaux au Havre 1880-1962», in
Migrants dans une ville portuaire :Le Havre (XVIè-XXIè siècle), 2005.
12
POTTIER Marc, « Normands de tous pays » Editions Cahiers du Temps, Cabourg, 1999.
Himéminor 2007 page 16

nouvelles techniques et de nouvelles cultures, très peu d’études leur ont été
consacrées13.

Les Italiens occupent une place prépondérante dans la littérature et la


recherche. Venus massivement pour fuir les très difficiles conditions de vie au pays,
ils se dispersent géographiquement même s’ils sont nombreux aux alentours des
centres industriels. Cet éparpillement est le reflet de la diversité de leur profession et
de leur recrutement. Ils ont fait l’objet d’études générales et de monographies, tant en
Basse-Normandie, et plus particulièrement dans le Calvados14, qu’en Haute-
Normandie, en particulier en Seine Inférieure et à Vernon (27)15. Le n° 28 du Cahier
des Annales de Normandie (Caen, 1998) réunit les premières études sur l’immigration
italienne de Basse-Normandie. De nombreux travaux ont été effectués dans le cadre
de la Maison de la recherche en Sciences Humaines de l’université de Caen et nombre
de colloques ont été consacrés à l’immigration italienne en Normandie16. Un fait divers
tragique, l’affaire Rosselli, qui vit deux antifascistes italiens assassinés en 1937 dans
l’Orne sur l’ordre de Mussolini, a en son temps défrayé la chronique. Gérard Bourdin,
lors de son intervention au colloque de Cerisy-la-Salle (8-11 octobre 1998) consacré
aux Italiens en Normandie montre, par l’analyse des faits et de leur traitement dans la
presse locale, que l’opinion publique et la presse manifestaient pour ce crime et le
procès des assassins qui s’en est suivi une relative indifférence, il s’agissait somme
toute d’une affaire entre étrangers17. Un monument commémoratif érigé et inauguré
en 1949 à Couterne (61) en présence de l’ambassadeur d’Italie, du Consul Général à
Paris et du chef du cabinet du préfet préserve la mémoire de cet événement mais
aucune recherche poussée n’a été menée sur cette affaire et les circonstances du
drame n’ont pas été entièrement élucidées.

13
LEGOY Frédéric, « Les réfugiés belges du nord de la France au Havre », Mém. Maîtrise : Histoire :
Lille.
14
COLIN Mariella, L’immigration italienne en Basse-Normandie, Editions Cahiers du Temps, 1997.
15
Voir les nombreuses contributions de POPCZYK Catherine, déjà citées, DURIEUX Delphine,
« L’immigration italienne dans l’agglomération rouennaise : la colonie des Hauts-Fourneaux », Mém. de
maîtrise, Paris III Sorbonne nouvelle, 2002, et MORRIGI Vittorio, « L’immigration italienne à la cité Meyer
de 1923 à 1960 », Mém. de maîtrise, 2006.
16
Citons entre autres : COLIN Mariella (sld), Les Italiens en Normandie : de l’étranger à l’immigré : Actes
du colloque de Cerisy la salle (8-11 octobre 1998), L’immigration italienne en Normandie de la 3ème
République à nos jours : de la différence à la transparence, Actes du colloque, 9-11 octobre 1997, et
COLIN Mariella et NEVEUX François, L’émigration immigration italienne et les métiers du bâtiment en
France et en Normandie, Actes du colloque de Caen, 24-26 novembre 2000.
17
BOURDIN Gérard, « L’affaire Rosselli et l’Orne : de l’aveuglement à l’oubli », Cahier des Annales de
Normandie, Caen, 2000, n°29.
Himéminor 2007 page 17

De nombreux Russes blancs ont été recrutés par les usines bas-normandes,
entre autres la SMN où ils sont regroupés dans le camp de Colombelles18. Il semble
que d’autres communautés se soient constituées à Dives sur mer (14), Deauville (14),
le Havre et Rouen. Malgré une sociabilité très riche, des pratiques religieuses et
culturelles vivaces, aucune étude particulière ne semble leur être consacrée.

Les Polonais venus de façon massive et organisée, le plus souvent en famille,


pour pallier le déficit de main d’œuvre dans l’industrie lourde, dans la mine ou dans
l’agriculture ont également une empreinte très marquée, dans l’espace géographique
par leur regroupement dans des cités et dans l’espace culturel par leur vie associative
ou religieuse. Ils ont inspiré soit des études au niveau national, soit des monographies
mais pas de véritable ouvrage de synthèse sur la région entière alors même qu’ils ont
tissé des liens interactifs sur l’ensemble de la Normandie 19.

La crise des années trente marque un certain reflux de l’immigration hormis la


venue des réfugiés républicains espagnols dans les cinq départements normands. Au
moins trois mémoires de maîtrise étudient ce phénomène dans la Haute-Normandie
20
et le Calvados sous des angles divers . On sait que plusieurs directives
contradictoires ont gouverné l’accueil de différents groupes d’étrangers et de coloniaux
entre 1939 et 1945 : refoulement, mobilisation dans l’armée française, démobilisation,
internement, recrutement pour la construction du mur de l’Atlantique puis la
Reconstruction. Deux aspects ont attiré le plus l’attention, la persécution des étrangers
juifs puis des Français juifs et les relations entre Américains et Normands après le
débarquement de juin 194421.

18
POTTIER Marc, Normands de tous pays l’immigration étrangère en Basse Normandie de 1900 à 1950,
1999, pp 106 -121.
19
HOPQUIN Jean, « La communauté polonaise de Potigny, 1920-1960 », Mém. de Maîtrise, 1980, et
HUE Marianne, « L’immigration polonaise au Havre dans l’entre deux guerres », Mém. de Maîtrise, 2003.
20
WARGNY Christophe, « L’opinion publique et les évènements d’Espagne en Seine Inférieure de 1924
à 1939 », Mém Maîtrise, 1969, LEGENDRE Caroline, « Les réfugiés espagnols dans l’Eure et la Seine
Inférieure : l’hébergement des populations réfugiées dans la guerre d’Espagne de 1937 à 1940 », 1998,
et ARRUEGO Coralie, « Les réfugiés espagnols dans le Calvados, 1937-1940 », 2001.
21
Voir entre autres DHAILLE HERVIEU Marie-Paule, « Les juifs au Havre pendant l’occupation allemande :
entre exode et destruction », dans Migrants dans une ville portuaire…,2005, et BERGERE Marc,
« Français et Américains en Basse Seine à la Libération (1944-1946) : des relations ambivalentes », in
Les étrangers dans l’Ouest de la France (XVIII-XXèmes siècles), Actes du colloque tenu à Cholet les
25 et 26 avril 2002, Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, Rennes, P. U. de Rennes.
Himéminor 2007 page 18

Après la Deuxième Guerre mondiale, l’immigration change de visage. La


Normandie est certes toujours une région d’immigration inférieure à la moyenne
nationale mais elle est plus contrastée. La Basse-Normandie connaît une baisse
sensible de son effectif étranger tandis que la Seine maritime voit progresser
modestement le nombre de ses étrangers. Pourtant, la bibliographie en notre
possession ne nous signale aucun travail de recherche pour cette période.

On a relativement peu d’études concernant les immigrés d’Afrique du nord. Leur


présence en Normandie, particulièrement celle des Algériens, remonte au début du
vingtième siècle et leur nombre est en très forte progression à partir de 1954, pleine
période de reconstruction 22. Cette immigration va s’amplifiant jusqu’en 1968,
particulièrement en Seine Maritime. Pourtant, peu de travaux y sont consacrés bien
qu’un article de Laure Pitti mentionne la forte présence de travailleurs algériens, de
Mauritaniens et Sénégalais dès 1965 à l’usine Renault de Sandouville (76),
contrairement à la politique nationale de recrutement de la Régie23.

Cette défaillance de la recherche concerne également les Marocains, groupe


prééminent depuis 1990, notamment en Haute-Normandie et qui n’a cependant
suscité aucune étude particulière.

De la même manière, l’arrivée et la progression spectaculaires des Portugais


qui dure jusqu’en 1975 passe inaperçue dans les publications et recherches. Le même
constat de pauvreté d’études doit être fait pour les Turcs, hormis deux mémoires de maîtrise
de géographie concernant la présence turque sur le territoire bas-normand 24.

En revanche, l’Afrique subsaharienne, représentée par le Sénégal, le Mali, la


Mauritanie et dont les ressortissants sont présents particulièrement dans les villes de
Seine Maritime, a fait l’objet de nombreuses études et articles. Citons, en particulier,
les travaux du sociologue Albert Nicollet qui s’est longuement penché sur le sort de
ces immigrés en Normandie. De nombreux mémoires de travailleurs sociaux

22
LEROY Brigitte, « L’immigration algérienne à Rouen et au Havre pendant la guerre d’Algérie », et
CORBIN Anne, « La guerre d’Algérie en Haute Normandie », Mém de Maîtrise, 2005.
23
PITTI Laure, « Ouvriers étrangers dans l’industrie automobile havraise », in Migrants dans une ville
portuaire, 2005, pp.117-129.
24
GOSSELIN Franck, «Les migrants turcs en Basse-Normandie : espaces, société, identités », Mém. de
maîtrise, 1994,et GOSSELIN Franck, « Espace de vie et identités dans le champ migratoire turc : une
étude comparée en Basse-Normandie, mémoire DEA, 1995.
Himéminor 2007 page 19

(infirmiers et assistants sociaux) se sont également intéressés aux processus


d’intégration, aux particularismes culturels des individus et des familles issus de cette
immigration, à leur vécu et à leur ressenti. Une contribution d’Albert Nicollet en
deuxième partie de ce rapport dresse leur portrait pour ce qui concerne la Haute-
Normandie.

Il faut signaler en outre un certain nombre d’études effectuées dans le cadre


d’une entreprise, d’un métier ou d’une branche d’activité économique qui abordent la
question des immigrés employés dans ce domaine, soit parce qu’ils sont nombreux,
soit parce que leur faible nombre par rapport au bassin d’emploi ambiant doit être
expliqué. Ainsi la Société métallurgique de Normandie, les établissements miniers de
Potigny, la production du textile à Flers et à Bolbec ont-ils été l’objet d’études plus ou
moins complètes. Parmi les travaux axés sur la profession, citons ceux de John
Barzman sur les métiers portuaires du Havre qui mettent en évidence les tensions
entre la nécessité de réserver le marché de l’emploi de la manutention portuaire à
« ceux qui travaillent habituellement sur le port » (expression tirée d’une pétition de
1848) et l’affirmation d’une solidarité de classe25. Ainsi, pendant la Première Guerre
mondiale, le syndicat a-t-il cherché à obtenir la solidarité des travailleurs belges,
marocains et algériens qui avaient remplacé les dockers havrais mobilisés en diffusant
des tracts en flamand et en arabe ; ainsi aussi, le 1er mai 1919, les marins ont-ils défilé
derrière un porteur du drapeau du syndicat, « originaire des colonies françaises ». Or,
peu de temps auparavant, en juin 1917, une foule d’habitants du quartier Saint-
François comprenant probablement de nombreux dockers et marins, avaient agressé
ceux qu’ils appelaient « les Marocains »26. En 1944, la manutention manuelle
remplaçant les nombreux équipements détruits par les bombardements et la main-
d’œuvre faisant défaut, de nombreux étrangers (Espagnols, Marocains, Sénégalais)
furent embauchés. Trois ans plus tard, avec l’évolution des trafics et des équipements,
le syndicat des dockers soulignait la distinction entre dockers « professionnels » et
« temporaires », permettant au service départemental de la main-d’œuvre de freiner
l’emploi de ces étrangers sur le port et de les canaliser vers des emplois dans le

25
John BARZMAN, Dockers, métallos, ménagères…, Rouen : PUR, 1997, et « De la brouette au
portique : les dockers du Havre aux XIXe et XXe siècles », Mémoire d’habilitation, Paris I-Panthéon
Sorbonne, 2000.
26
Voir AUGUSTYN/JAMES Elisabeth, «Travailleurs étrangers et coloniaux au Havre », dans Migrants dans
une ville portuaire, 2005.
Himéminor 2007 page 20

bâtiment, moins bien rémunérés. Le recrutement des étrangers dans la manutention


portuaire fut durablement ralenti par cette mesure.

Citons également le livre d’Isabelle Kaanen-Vandenbulcke qui dépeint le Pays


de Caux agricole de 1900 à 1968. Il raconte la détresse des fermes en mal de main
d’œuvre une fois les hommes valides partis au front, l’arrivée de réfugiés belges en
octobre 1914 en une vague si grande que les environs du Havre en deviennent
surpeuplés, l’élan de charité des Havrais pour ces gens démunis, la reconnaissance
des Belges qui se mettent aussitôt au travail. C’est alors qu’ils introduisent des
techniques nouvelles, valorisent la culture du lin, s’illustrent dans l’agriculture et la
redynamisent jusqu’à parfois susciter rancune et jalousie de la part des paysans
normands. Après la guerre, le gouvernement belge réfugié quitte Ste Adresse mais
certains Belges décident de rester et s’implantent en Pays de Caux. Ils sont rejoints,
dans l’entre-deux-guerres, par d’autres compatriotes. La très grande majorité d’entre
eux sont d’origine flamande, se regroupent, possèdent leurs propres journaux édités
à Granville ou Le Havre, leurs propres associations, organisent leurs propres banquets
et restent nostalgiques de leur pays. Cette façon de vivre en clan ne les empêche pas
de jouir d’un relativement bon accueil car ils sont de religion catholique ce qui est
considéré comme un rempart contre le bolchevisme. Et puis, après plusieurs années
de coexistence, l’intégration finit doucement par se faire27.

27
KAANEN-VANDENBULCKE Isabelle, Le chemin de la ferme, 1995.
Himéminor 2007 page 21

C. Les sources disponibles

D’autres sources s’offrent au chercheur, à savoir les archives orales et écrites.


Des témoignages oraux ont été recueillis par une équipe de chercheurs havrais dans
le cadre d’un projet de collaboration de l’université du Havre, la Cité nationale de
l’histoire de l’immigration et la ville du Havre « Trente entretiens sur les migrants du
Havre ». Ces entretiens sont déposés et conservés actuellement à la mairie du Havre
en attendant d’être stockés aux archives municipales. Pour ce présent projet, des
entretiens ont été effectués en Basse-Normandie, Calvados et Orne. Ces entretiens
figurent en annexe. Enfin, des archives audiovisuelles de l’atelier de cinéma de
Normandie ACCAAN sont conservées aux archives départementales du Calvados.
Elles contiennent des reportages et des œuvres de fiction sur les quartiers à partir des
années 80. Quelques-uns de ces films abordent les problèmes liés à l’immigration.
Malheureusement ces vidéos ne sont pas exploitables en l’état mais le seront après
traitement d’ici une dizaine d’années.

Pour ce qui concerne les archives écrites, il faut distinguer les archives
publiques des archives privées. Il est relativement facile de dresser la liste des
entreprises ayant fait appel à la main d’œuvre étrangère d’autant plus qu’elles sont
concentrées28. Un certain nombre d’usines du Calvados ont versé leurs archives aux
archives départementales29. De même, les archives municipales d’Elbeuf ont-elles
recueilli des archives d’entreprises, notamment celles des usines textiles qui ont
employé de la main d’œuvre alsacienne après 1871. Ce n’est malheureusement pas
le cas de la plupart des entreprises de Haute-Normandie qui, mis à part les Tréfileries
et Laminoirs du Havre, ont donné une réponse négative à toute demande de
consultation en évoquant la confidentialité des données nominatives, la très forte
charge de travail qu’elle exigerait ou bien encore l’ignorance de la localisation
d’archives concernant une activité parfois cessée depuis plusieurs années, voire
même la destruction de documents dont la durée de vie est planifiée, surface de
stockage oblige. Une liste des entreprises normandes ayant employé de la main
d’œuvre étrangère pour la période qui nous concerne est fournie en annexe. Les

28
La liste de ces entreprises se trouve dans ce rapport après la bibliographie et les sources.
29
Idem
Himéminor 2007 page 22

Chambres de Commerce et d’Industrie et les Chambres d’Agriculture de chacun des


départements normands peuvent être également sollicitées mais elles n’offrent que
très peu de matière concernant notre sujet, hormis des rapports de séances sur des
points de législation concernant les étrangers pour les unes et des recensements de
l’INSEE et des atlas socio économiques pour les autres. Le fonds agricole ancien du
ministère de l’agriculture, archivé au centre de documentation de la maison de
recherche en sciences humaines de Caen fournit quelques données sur le recrutement
des Belges pour les travaux agricoles dans l’Eure.

Un répertoire en trois volumes de l’ensemble des archives publiques de France


classé par département a été édité par l’association Génériques en 1999. Cet
intéressant outil de recherches et d’études devait, d’une part, être réactualisé car les
Archives Départementales ont parfois procédé à un nouvel archivage entraînant une
variation des cotes de documents et, d’autre part, être complété parce qu’il ne recense
pas les archives versées après cette date. Ces dernières, pour la plupart,
appartiennent à la série W. Les auteurs de ce rapport ont élaboré un tableau qui
rassemble les cotes qui corrigent ou complètent le répertoire de l’association
Génériques. Il est placé après la conclusion et la bibliographie, avant les annexes.

La richesse des archives ainsi que la commodité de consultation varient suivant


le département. Ainsi, la répartition des archives départementales de la Seine Maritime
en deux lieux géographiques relativement éloignés ne facilite pas l’accès au
document. De même, la pesanteur administrative retarde le chercheur. La lecture est
nettement plus aisée aux archives municipales des villes d’Elbeuf et du Havre et aux
archives départementales des autres départements. Il faut aussi prendre en compte
les bombardements de la seconde guerre mondiale qui ont gravement endommagé le
patrimoine archivistique des villes de St Lô, du Havre et de Caen.

La plupart des cotes complétant Génériques appartiennent aux séries M et W.


La série M est un outil très riche qui reflète la vie administrative du département et les
mouvements de population mais aussi l’opinion publique et l’évolution des mentalités.
Les versements des services publics à partir de 1940 sont classés dans la série W et
leur consultation est, la plupart du temps, soumise à dérogation. Là encore, le délai
Himéminor 2007 page 23

d’obtention de cette dérogation est variable suivant le département jusqu’à, parfois,


devenir rédhibitoire. Les dossiers de naturalisation instruits en Préfecture sont, au
terme de leur délai de conservation dans ce service, soit détruits, soit versés sous
forme d’échantillonnage aux Archives Départementales. Il existe cependant une série
complète de ces dossiers à l’échelon national dans le fonds des ministères instructeurs
des demandes de naturalisation. Pour la période qui va de Napoléon 1er à 1930, il faut
consulter le fonds des Archives du Sceau à la section moderne des Archives
Nationales, pour la période qui s’étend de 1930 à 1975 environ, celui du ministère des
Affaires Sociales au Centre des Archives Contemporaines de Fontainebleau et enfin,
à partir de 1975, le fonds de la sous direction des naturalisations au Centre de Rézé-
les-Nantes.
Il faut émettre quelques réserves : les recensements et les états numériques
permettent de dresser un bilan quantitatif à un moment donné de la présence
étrangère dans un département et d’y déceler son empreinte dans l’espace. La
présence d’immigrés dans les archives signifie que depuis Paris des ordres ont été
donnés d’observer et surveiller ces populations afin de mieux connaître leurs positions
politiques et éventuellement de réfléchir à l’utilité de conserver ces immigrés sur le sol
français. Ces sources archivistiques sont donc des indicateurs de la vie associative,
culturelle, religieuse et sportive des étrangers mais ils fournissent peu d’éléments sur
leur vie professionnelle et familiale. De même, on y trouve de nombreuses données
sur l’image de l’immigré mais très peu sur ses propres représentations et son ressenti.
L’éclairage est unilatéral et donc partiel.

D’une manière générale, on peut dire que la richesse en archives de chaque


département est conforme à l’importance numérique de la population étrangère.

Les Archives Départementales de la Manche, département à l’écart de tout


mouvement migratoire quasiment sur toute la période, ne recèlent que très peu de
documents ayant trait aux immigrés, hormis les Espagnols réfugiés politiques à la fin
des années 30, les camps d’internement de la 1ère Guerre Mondiale, les travailleurs
requis de la 2ème Guerre Mondiale et la main d’œuvre agricole italienne de l’après-
guerre. Rien sur les Britanniques, 1er groupe étranger d’avant 1914, rien non plus sur
les Belges, prédominants dans l’entre-deux-guerres. Signalons toutefois que ce
service a acquis de très nombreux ouvrages et plus de 300 titres de périodiques avec
Himéminor 2007 page 24

pour objectif de pallier les destructions des archives. On peut donc y trouver des
sources de seconde main sur le sujet.

Les Archives Départementales de l’Orne sont également pauvres en documents


traitant des immigrés hormis les camps d’internements de la Première et de la
Seconde Guerre mondiale et un dossier concernant le fait divers de l’affaire Rosselli.
Pourtant, on sait que la mine de fer de la Ferrières aux étangs a recruté à l’étranger,
que les nationalités étaient multiples et que l’effectif immigré, pour une grande part
russe et chinois a constitué en 1925 jusqu’à 45% de l’effectif total de l’usine. En fait,
ceci illustre bien nos propos, à savoir que les états numériques et les statistiques ne
rendent pas compte de l’éventuelle instabilité du travailleur immigré.

L’essentiel des sources archivistiques concernant l’immigration en Basse


Normandie se concentre à Caen. On y trouve un volumineux dossier de l’Office
départemental du placement de l’immédiat après-guerre. Les étrangers du Calvados
sont recrutés pour la plupart dans les entreprises dont les archives peuvent être
consultées aux archives départementales. La série anciennement SC du fonds de la
préfecture et des sous-préfectures du Calvados à partir des années soixante est en
cours de classement. Le tableau récapitulatif des sources du Calvados doit être
complété ultérieurement. Cette série a pour originalité de contenir des dossiers traitant
des étudiants étrangers de toutes origines en particulier d’Afrique sub-saharienne.

Des deux régions, la Haute-Normandie est celle qui a le plus employé de main
d’œuvre étrangère.

C’est ainsi que la Seine Maritime est le département possédant le plus


d’archives concernant le sujet. Malgré cela, la présence des Britanniques, Allemands,
Italiens et Espagnols d’avant-guerre reste assez discrète. Pourtant, des associations
de bienfaisance allemandes, italiennes et espagnoles laissent penser que des
ressortissants de ces pays résidaient en Seine Inférieure et tentaient d’établir des liens
de solidarité nationale.

Un remarquable dossier d’archives militaires, le 11R, datant de la première


guerre mondiale et conservé aux archives départementales fournit au chercheur
d’abondants renseignements sur la vie des travailleurs coloniaux, enrégimentés ou
Himéminor 2007 page 25

libres, présents en Normandie durant le conflit. En plus de ces archives militaires, les
dossiers de police et ceux des préfectures, abondants en période de conflit et de
surveillance accrue de la population, nourrissent les recherches sur cette période
troublée. Dans la série M, on trouve également un important dossier traitant de la
propagande anti coloniale, plus particulièrement au Havre dans l’entre-deux-guerres.
De même, la série 60W émanant de l’Office de Placement offre-t-elle un panorama
riche et varié de la main d’œuvre étrangère agricole et industrielle de l’après-guerre.
Par contre, les archives concernant la période après 1976 sont soit inexistantes, soit
difficiles d’accès.

La ville d’Elbeuf conserve de nombreux dossiers sur la présence alsacienne à


la fin du XIXe, ouvriers du textile, industrie florissante dans cette ville. De nombreuses
usines dont la liste figure en annexe y ont déposé leurs archives. Les archives
municipales du Havre, quant à elles, ont un dossier sur les réfugiés polonais de la
Grande Emigration.

Le département de l’Eure possède, de son côté, un fonds intéressant consacré


à la dernière période qui voit une progression du nombre d’immigrés contrairement à
une stabilisation au niveau national30. On y trouve de nombreux éléments sur la
population algérienne en particulier ainsi qu’un dossier sur les réfugiés sud-
vietnamiens et cambodgiens. La consultation de ces documents est le plus souvent
soumise à dérogation.

Il apparaît que dans l’entre-deux-guerres une organisation de rabatteurs existe


dans l’Eure et qu’elle introduit notamment de nombreux Portugais sur le sol français.
Ces étrangers n’apparaissent pas dans les statistiques car ils partent rapidement vers
la région parisienne. D’une manière générale, il n’est pas facile d’étudier le parcours
des immigrés de cette période car la main d’œuvre est fluctuante, dispersée le plus
souvent dans le secteur agricole et, seules, quelques rares villes concentrent des
travailleurs étrangers, telles Vernon, Evreux et Rugles.

30
François NEIBECKER explique que ces étrangers sont concentrés dans les villes de Vernon et Evreux, que ce
phénomène relève d’une banlieusardisation due à la politique de décentralisation : ces villes moyennes ont été
prolétarisées et intégrées au système urbano-industriel dominé par Paris.
Himéminor 2007 page 26

En conclusion, différentes sources, tant bibliographiques qu’archivistiques


témoignent de la présence lointaine ou actuelle d’une grande variété, originelle,
culturelle et sociale d’immigrés sur le sol normand. Pour ce qui concerne la recherche,
on peut faire les constats suivants : d’une part, elle n’a pas accordé la même attention
aux différentes nationalités selon les départements et les périodes, ceci,
indépendamment parfois de leur importance numérique et socio-économique. Un
approfondissement de la recherche parait indispensable. D’autre part, certains
groupes ont même été complètement laissés de côté, ce qui laisse le champ ouvert à
d’éventuelles prospections. Enfin, le modèle normand n’est pas toujours adapté au
modèle national ce qui lui confère une spécificité digne d’intérêt et d’étude31.

Les auteurs de ce rapport n’ont pas seulement repérer les études existantes et
les sources disponibles pour poursuivre la recherche. Ils ont voulu aussi engager des
recherches nouvelles destinées à démontrer les potentialités de la recherche. Trois
échelles d’observation sont adoptées :

- macro-historique : elle identifie les grandes tendances de l’immigration dans


toute la Normandie sur deux siècles, telles que les révèlent les statistiques
démographiques, afin de restituer la cohérence de cette histoire et de repérer les
lacunes de la recherche.

- méso-historique : elle montre la fertilité d’études à l’échelle d’une ville, d’une


nationalité, d’une profession, par des exemples ; et

- micro-historique, fondée sur les récits de vie recueillis au travers d’entretiens,


elle pénètre au niveau du vécu des immigrés et offre une dimension absente des
autres échelles.

Les annexes complètent ces études à trois échelles par des exemples
particuliers ou plus développés.

31
Pour mémoire, la présence anglaise et espagnole avant la première guerre mondiale ainsi que la prépondérance
des Portugais en 1968 en Normandie alors qu’à l’échelle nationale les Espagnols sont nettement plus nombreux.
Himéminor 2007 page 27

Partie I

Les grandes tendances

de l’immigration en Normandie

aux dix-neuvième et vingtième siècles

à partir des statistiques

A. 1851-1911

B. 1921-1936

C. 1946-1999

27
Himéminor 2007 page 28

Une première donnée de cadrage sur la longue période


…..

EVOLUTION COMPAREE DU TAUX D'ETRANGERS EN LONGUE PERIODE -


1851-1999
sources : Recensements de population
8,0%
taux d'étrangers = étrangers / pop.totale

7,0%
14
27
France
6,0% 50
61
5,0% 76
NORM
4,0% France

Eure
3,0%
Calvados

2,0% NORMANDIE

Seine-Mar.
1,0% Orne

Manche
0,0%
1851 1876 1896 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954 1962 1968 1975 1982 1990 1999

Note sur le découpage chronologique retenu :

La production statistique a profondément évolué entre 1851 et 1999, tant dans ses
catégories d’analyse que dans ses méthodes. La constitution de séries homogènes
sur la longue période reste donc difficile sauf pour quelques indicateurs (taux
d’étrangers,..).. Les deux guerres mondiales constituent par ailleurs des
bouleversements humains majeurs (décès, déplacements de population), notamment
pour les étrangers qui y résident et représentent de véritables fractures. Nous avons
donc choisi, pour cette étude qui reste une première approche sur le sujet à l’échelle
régionale, un découpage chronologique qui s’articule autour des deux guerres
mondiales : avant 1911, 1921-1936 et 1946-1999.

28
Himéminor 2007 page 29

A. 1851-1911

Normandie : un taux d’étrangers32 qui reste durablement inférieur à


la moyenne nationale

L’évolution du taux d’étrangers en Normandie diverge sensiblement de la tendance


nationale :
- dans l’ensemble du pays, le taux d’étrangers augmente très nettement entre 1851 et
1911 (de 1,1% à 3%), et notamment entre 1851 et 1876, phase de croissance
économique soutenue. Ce taux en augmentation s’applique par ailleurs à une
population qui connaît encore une certaine croissance démographique : le nombre des
étrangers est multiplié par 3 en un peu plus d’un demi-siècle. Les naturalisations ont
fortement augmenté au recensement de 1896, grâce à la loi de 1889, et on compte en
1911, 22 personnes naturalisées pour 100 étrangers.
- en Normandie, le taux d’étrangers est très nettement inférieur à la moyenne
nationale et stagne à 0,5 % dès 1876. Ce taux s’applique à une population totale
normande qui diminue dans le second 19ème siècle : le nombre d’étrangers est multiplié
par 1,5 au cours de la période. Par contre, ces étrangers semblent se fixer assez
durablement en Normandie : on compte ainsi 13 naturalisés pour 100 étrangers en
1876, 27 en 1896 et 46 en 1911.

NORMANDIE-FRANCE
TAUX COMPARES D'ETRANGERS ET DE NATURALISES -1851-1911
3,5%
source: Recensements de population -
taux d'étrangers Normandie 3,0%
3,0% taux d'étrangers France
2,7%
taux de naturalisés Normandie
taux de naturalisés France
2,5%
2,2%

2,0%

1,5%

1,1%
1,0%
0,6%
0,5% 0,5% 0,5%
0,5%
0,5%
0,3%
0,2%
0,1%
0,0% 0,0% 0,1% 0,1%
0,0%
1851 1876 1896 1911

- les départements présentent une dynamique différente : la Seine-Inférieure et


l’Eure ont un taux d’étrangers nettement supérieur à la moyenne régionale
(respectivement 0,8 % et 0,6%) mais toujours très nettement en dessous de la
32
Taux d’étrangers = nombre total d’étrangers / population totale en %

29
Himéminor 2007 page 30

moyenne nationale. En Seine-Inférieure, ce taux est déjà de 0,6 % en 1851, alors qu’il
est très faible dans l’Eure (0,2%). En Basse-Normandie, la population étrangère reste
durablement très marginale au cours de la période, surtout dans l’Orne et dans la
Manche.
- la tendance régionale à un enracinement assez notable des étrangers, via la
naturalisation, est générale et s’observe dans tous les départements. Elle est
cependant beaucoup plus forte dans la Manche, où l’on compte en 1911 davantage
de naturalisés que d’étrangers, ainsi que dans le Calvados. Elle est relativement plus
modeste en Seine-Inférieure.
L’analyse des taux de masculinité33 (cf. données en annexes) confirme cette
tendance : le taux de masculinité des étrangers est stable dans la Manche et proche
de celui des Français de naissance, signe de structures sociales assez voisines. Il
baisse sensiblement dans le Calvados. Par contre, il augmente nettement en 1911 en
Seine-Inférieure, Eure et Orne, ce qui peut indiquer une forte mobilité des étrangers
avec des apports récents de populations à forte dominante masculine.

ETRANGERS ET NATURALISES EN NORMANDIE -1851-1911


sources: Recensements de population

taux d'étrangers
Norm. /
14 27 50 61 76 NORM France France

1851 0,2% 0,2% 0,1% 0,1% 0,6% 0,3% 1,1% 0,26


1876 0,3% 0,6% 0,1% 0,1% 0,9% 0,5% 2,2% 0,21
1896 0,4% 0,7% 0,1% 0,2% 0,9% 0,5% 2,7% 0,19
1911 0,3% 0,6% 0,2% 0,2% 0,8% 0,5% 3,0% 0,16

taux de naturalisés
Norm. /
14 27 50 61 76 NORM France France

1851 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,53


1876 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% 0,1% 0,1% 0,1% 0,64
1896 0,1% 0,2% 0,0% 0,0% 0,2% 0,1% 0,5% 0,26
1911 0,2% 0,3% 0,2% 0,1% 0,3% 0,2% 0,6% 0,33

nb naturalisés pour 100 étrangers


14 27 50 61 76 NORM France
1851 7 9 11 12 5 7 3
1876 9 7 18 13 15 13 4
1896 29 22 24 29 28 27 19
1911 58 43 106 41 38 46 22

33
Taux de masculinité = nombre d’hommes/ population totale en %

30
Himéminor 2007 page 31

1911 : une proportion plus élevée d’étrangers en Haute qu’en Basse Normandie

31
Himéminor 2007 page 32

Prépondérance des Anglais puis des Belges

En 1851, les Anglais constituent la première nationalité dans chacun des cinq
départements normands alors qu’à l’échelle nationale les Belges constituent le premier
groupe étranger.
LES ETRANGERS EN NORMANDIE
EVOLUTION DES PRINCIPALES NATIONALITES - 1851-1911
sources: Recensements de population
légende 555 1er groupe étranger du département
101 2ème groupe étranger du département
CALVADOS
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1851 1146 555 101 44 111 50 53 63
1876 1198 378 224 202 112 70 28 17
1896 1471 439 267 120 177 185 22 19
1911 1110 222 209 147 129 138 76 29

EURE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1851 775 172 135 161 67 50 37 67
1876 2223 185 921 381 402 131 25 56
1896 2500 220 1176 225 579 116 42 22
1911 1876 170 818 122 466 121 29 57

MANCHE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1851 785 459 59 36 60 49 60 29
1876 784 482 54 56 82 33 28 14
1896 709 300 81 104 61 82 20 12
1911 770 260 117 63 43 89 185 18

ORNE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1851 332 59 48 47 25 17 49 37
1876 475 32 120 92 44 41 44 10
1896 529 39 132 69 81 62 35 13
1911 710 24 109 110 43 74 184 14

SEINE INFERIEURE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1851 4479 1385 553 596 528 244 170
1876 7251 1750 1441 1414 1196 343 120 165
1896 7206 1422 1814 1100 1236 503 106 185
1911 6588 1434 1390 866 807 399 371 217

NORMANDIE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1851 7517 2630 896 884 791 410 369 196
1876 11931 2827 2760 2145 1836 618 245 262
1896 12415 2420 3470 1618 2134 948 225 251
1911 11054 2110 2643 1308 1488 821 845 335

France en milliers
anglais allemand espagnol
TOTAL /brit. belges s+AH suisses italiens s polonais russes
1851 379,3 20,3 128 57 25,4 63,3 29,7 9,4
1876 801,7 30 374,5 66,5 50,3 165,3 62,4 8
1896 1052
1911 1160 40,3 287 102 73 419 105,8 35

32
Himéminor 2007 page 33

En Seine-Inférieure, département qui accueille relativement le plus d’étrangers, les


Anglais constituent de loin le groupe principal avec plus de 2.600 personnes, devant
les Belges, les Allemands et les Suisses.
Dans le Calvados et la Manche, les Anglais représentent environ la moitié des
étrangers.
Dans l’Orne et l’Eure, où les étrangers sont peu nombreux, les Anglais sont aussi le
principal groupe en 1851.

En 1876,
Le nombre des étrangers a augmenté fortement dans la Seine-Inférieure et dans
l’Eure, grâce notamment à un afflux de Belges qui constituent alors le premier groupe
dans l’Eure et le second en Seine-Inférieure, où le poids des Anglais se consolide. On
notera également dans ces deux départements le poids notable et en nette
augmentation des Allemands et des Suisses.
Dans la Manche et le Calvados, où le nombre des étrangers augmente peu, les Anglais
restent la principale composante étrangère. Dans l’Orne, les Belges deviennent le
premier groupe devant les Allemands.

En 1896,
En Normandie, le nombre des étrangers n’a augmenté que marginalement. Ce sont
les Belges qui y progressent le plus et qui y deviennent le premier groupe étranger.
Ils le sont en Seine-Inférieure, dans l’Eure et dans l’Orne. Mais dans la Manche et dans
le Calvados, les Anglais restent le premier contingent étranger.
Les Suisses progressent légèrement en Seine-Inférieure et Eure alors que le nombre
des Allemands s’y tasse.

En 1911, le nombre d’étrangers a reculé en Normandie alors qu’il continue à


progresser à l’échelle nationale grâce notamment à l’apport des Italiens. La structure
par nationalité est par ailleurs dans la région très différente de la moyenne nationale,
ainsi :
- les Italiens ne représentent qu’une composante modeste de l’immigration
en Normandie, alors qu’ils constituent la première nationalité étrangère en
France. De plus, dans la région, le nombre des Italiens est même en léger recul.
- les Belges et les Anglais, qui constituent toujours les deux premières
composantes étrangères de la région sont eux aussi en diminution, peut-être
en bonne partie par le biais des naturalisations. Le recul des Belges est
particulièrement accentué là où ils étaient relativement nombreux, en Seine-
Inférieure et Eure.
- Il convient de noter par ailleurs la forte progression des Espagnols (1er groupe
dans l’Orne, 2ème dans la Manche) qui dépassent même les Italiens et à un
moindre niveau celle des Russes.

33
Himéminor 2007 page 34

Des emplois davantage d’ouvriers et employés mais une présence


dans le commerce

En 1911, les étrangers ont un profil social qui les distingue de l’ensemble de la
population normande (voir données départementales en annexes) :

- le taux d’activité des étrangers est de 3 points supérieur à celui de la


population totale. Mais ceci ne s’explique que par un très fort taux d’activité
des hommes étrangers ( + 5 % par rapport à la moyenne régionale) alors que
celui des femmes étrangères est inférieur à la moyenne. Les femmes ne
constituent que 31 % des actifs étrangers mais 42 % des actifs de la région.
Cette caractéristique se retrouve surtout en Basse-Normandie et notamment
dans l’Orne et le Calvados. Inversement en Seine-inférieure, le taux d’activité
des étrangers est proche de celui de l’ensemble de la population.

Normandie taux d'activité comparés


taux d'activité
nb femmes
Total Etrangers / 100 actifs
H F T H F T TOT ETR
1911 64,6% 43,9% 53,9% 69,6% 40,4% 56,9% 42 31
sources : recensements de population

- Ils sont très souvent, et beaucoup plus souvent que l’ensemble de la population,
ouvriers et employés, surtout les hommes. Ils le sont pour 33 % dans
l’industrie. Pour 21%, les étrangers sont employés de commerce. Ceci vaut
pour les deux sexes mais davantage pour les femmes (notamment en Seine-
Inférieure et dans l’Orne). Les femmes étrangères sont pour 31 % d’entre elles,
domestiques, phénomène très marqué en Seine-Inférieure.
- Mais les étrangers peuvent être aussi des petits patrons de l’industrie et du
commerce (pour 19 % d’entre eux), notamment en Seine-Inférieure et dans la
Manche.
- Il faut par ailleurs signaler la présence importante des étrangers dans
l’agriculture dans l’Eure, où 36 % d’entre eux y sont salariés et 8 %
agriculteurs.

34
Himéminor 2007 page 35

STATUTS SOCIAUX DES ETRANGERS ET DE LA POPULATION TOTALE EN 1911

NORMANDIE Etrangers POPULATION TOTALE


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
patrons ensemble 1143 402 1545 227567 219786 448353
dont patrons de l'agriculture 148 70 218 130078 124034 254112
patrons de l'industrie 411 125 536 56241 54102 98508
patrons du commerce 453 148 601 35920 39822 75742
professions libérales 121 60 181 5288 1829 7117
employés et ouvriers ensemble 3207 1539 4746 508303 312425 820728
dont agriculture+ 527 122 649 187281 110645 297926
industrie 1795 284 2079 264551 110990 374991
commerce 803 533 1336 31483 32280 63763
domestiques 55 600 655 25021 58510 83531
total 4290 1942 6232 735928 532212 1268159
Etrangers POPULATION TOTALE
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
patrons
dont ensemble 27 21 25 31 41 35
patrons de l'agriculture 3 4 3 18 23 20
patrons de l'industrie 10 6 9 8 10 8
patrons du commerce 11 8 10 5 7 6
professions libérales 3 3 3 1 0 1
employés et ouvriers ensemble 75 79 76 69 59 65
dont agriculture+ 12 6 10 25 21 23
industrie 42 15 33 36 21 30
commerce 19 27 21 4 6 5
domestiques 1 31 11 3 11 7
total 100 100 100 100 100 100
source : recensement de la population de 1911

35
Himéminor 2007 page 36

B. 1921-1936

Normandie : un taux d’étrangers en nette progression jusqu’en 1931


mais qui reste durablement inférieur à la moyenne nationale

En 1921, en Normandie, le nombre et la proportion des étrangers ont progressé


très fortement par rapport à 1911 avec une multiplication par 3 environ. On passe
ainsi de l’ordre de 11.000 étrangers avant la guerre (soit 0,5 % de la population) à près
de 37.000 au premier recensement d’après-guerre (1,6 %). Le rythme de progression
des étrangers en Normandie apparaît beaucoup plus fort qu’au niveau national où le
taux progresse de 3 à 4,1 %.
Ces nouveaux étrangers (+26.000 ) entre ces deux dates sont davantage des hommes
(+16.000 environ).
On notera la très forte diminution du nombre des naturalisés (- 2.000 personnes
environ, soit – 60% !), notamment hommes, comme si, hypothèse, cette catégorie de
population avait payé un très lourd tribut à la Première Guerre mondiale ?

NORMANDIE-FRANCE
TAUX COMPARES D'ETRANGERS ET DE NATURALISES -1921-1936
7,0%
6,6%
source: Recensements de population -
taux d'étrangers Normandie
taux d'étrangers France 6,0%
6,0%
taux de naturalisés Normandie
taux de naturalisés France 5,3%

5,0%

4,1%
4,0%

3,0%
2,4%
2,0%
2,0% 1,8%
1,6%
1,3%
0,9%
1,0% 0,7% 0,6%
0,2% 0,3%
0,1% 0,2%
0,0%
1921 1926 1931 1936

La vigoureuse augmentation du nombre des étrangers en Normandie se retrouve dans


tous les départements, mais c’est en Seine-Inférieure qu’elle est la plus forte : ce
département accueille près de la moitié des nouveaux étrangers de la région (12.000
sur 26.000). La progression est également appuyée dans l’Eure, qui compte en 1921
le plus fort taux d’étrangers en 1921 (2,4%), ainsi que dans le Calvados.
Après cette forte progression des étrangers enregistrée en 1921, l’évolution de leur
nombre suit la courbe nationale, orientée à la hausse jusqu’en 1931, mais avec
beaucoup moins de vigueur. Le taux d’étrangers passe de 1,6 % à 2,4% en 1931, alors

36
Himéminor 2007 page 37

que dans le même temps, en France, il passe de 4,1% à 6,6 %. La Normandie reste
durablement une région accueillant relativement peu d’étrangers.

Les évolutions par département sont très contrastées sur la période 1921-1931 :
- en Seine-Inférieure, la progression en nombre et en taux est modeste, après la forte
progression de la période de guerre.
- le Calvados connaît un doublement du nombre et du taux d’étrangers (3,5%) alors
que la progression est également assez sensible dans l’Eure (plus fort taux d’étrangers
en 1931) et dans l’Orne.

En 1931 : le nombre et le taux d’étrangers connaissent en Normandie un maximum


depuis 1851. C’est dans l’Eure et le Calvados que la proportion d’étrangers est la
plus forte, avec de forts afflux migratoires depuis 1911.

37
Himéminor 2007 page 38

L’arrivée de ces nouvelles vagues successives d’étrangers migrants depuis 1911 se


traduit par une montée du taux de masculinité : la proportion d’hommes dans la
population étrangère passe de 56,5 % en 1911 à 61,5 % en 1921 et à 68,5 % en 1931.
Ces nouveaux étrangers sont donc plus souvent des hommes qui viennent seuls pour
nombre d’entre eux. Le phénomène est particulièrement marqué dans la Manche, où
une première génération ancienne d’étrangers probablement assez fortement intégrée
est recouverte par une nouvelle vague de migrants : le taux de masculinité qui était de
49,9 % en 1911 dans le département, proche de celui des Français de naissance,
bondit à 75 % en 1931.

Le recensement de 1936 enregistre un recul sensible du nombre et du taux


d’étrangers en Normandie encore plus net que dans l’ensemble du pays. Il y a dans
la région de l’ordre de 13.000 étrangers de moins qu’en 1931 et la progression très
sensible des naturalisés (+ 2.200) ne peut expliquer qu’une partie de cette baisse. Ce
reflux des étrangers à la fin des années 30 est très net par rapport à la vague migratoire
des années 20. Le taux d’étrangers est à cette date au tiers du taux national. Mais il
n’en reste pas moins qu’en 1936 il y a un nombre et un taux d’étrangers nettement
plus important qu’en 1911 en Normandie alors que l’on compte par ailleurs près de
7.000 naturalisés, catégorie de population en croissance lente et régulière.

Le reflux du nombre des étrangers entre 1931 et 1936 s’accompagne d’une baisse de
la proportion des hommes dans cette population : le taux de masculinité tombe dans
la région de 68,6% à 62,6%. Ce sont donc plus souvent des hommes, probablement
plutôt jeunes, sans attache matrimoniale dans la région, qui retournent au pays ou qui
changent de région - ou de pays - à la recherche d’un nouvel emploi. La chute de ce
taux de masculinité est très nette dans la Manche. Une population étrangère assez
mobile quitte le département après 1931, notamment des Italiens. La part des hommes
reste forte chez les étrangers de la Seine-Inférieure en 1936 (67,3 %).

38
Himéminor 2007 page 39

Le recul du nombre et de la proportion des étrangers est général en


Normandie entre 1931 et 1936. Il laisse subsister des disparités marquées
entre départements avec une part relativement plus forte des étrangers dans
l’Eure et le Calvados. La présence étrangère reste très marginale dans l’Orne
et surtout dans la Manche.

39
Himéminor 2007 page 40

ETRANGERS ET NATURALISES EN NORMANDIE -1921-1936


sources: Recensements de population

taux d'étrangers
Norm. /
14 27 50 61 76 NORM France France

1921 1,7% 2,4% 0,6% 0,8% 2,1% 1,6% 4,1% 0,40


1926 2,7% 3,1% 0,9% 1,5% 2,1% 2,0% 6,0% 0,34
1931 3,5% 3,7% 0,9% 1,5% 2,5% 2,4% 6,6% 0,36
1936 2,9% 3,2% 0,6% 1,1% 1,6% 1,8% 5,3% 0,33

taux de naturalisés

Norm. /
14 27 50 61 76 NORM France France
1921 0,1% 0,2% 0,1% 0,1% 0,2% 0,1% 0,7% 0,22
1926 0,1% 0,2% 0,1% 0,1% 0,2% 0,2% 0,6% 0,25
1931 0,2% 0,3% 0,1% 0,1% 0,2% 0,2% 0,9% 0,23
1936 0,4% 0,4% 0,1% 0,2% 0,3% 0,3% 1,3% 0,24

nb naturalisés pour 100 étrangers


Norm. /
14 27 50 61 76 NORM France France
1921 7 8 13 9 9 9 16 0,53
1926 5 7 11 6 9 8 10 0,74
1931 6 8 13 10 10 9 13 0,64
1936 12 13 23 17 21 17 24 0,71

Un nouvel afflux massif de Belges lié à la guerre…

Sur les quelques 26.000 nouveaux étrangers recensés en 1921 par rapport à 1911,
environ 18.000 sont des Belges, qui constituent au lendemain de la Première Guerre
mondiale le 1er groupe étranger en Normandie (soit environ 56 % des étrangers), et
ce, dans les cinq départements normands. En masse, ce sont la Seine-Inférieure, puis
l’Eure et le Calvados qui accueillent surtout des Belges.
Phénomène plus surprenant, ce sont les Espagnols qui constituent le second groupe
étranger en Normandie, avant les Italiens, pourtant en augmentation également, et les
Anglais. La présence espagnole est assez générale dans la région mais c’est en
Seine-Inférieure que l’on trouve le plus gros contingent.

A partir de 1926, un net reflux du nombre des Belges est perceptible qui va se
prolonger jusqu’en 1936, date à laquelle on recense de l’ordre de 11.000 Belges contre
20.500 en 1921, chiffre qui reste cependant nettement supérieur aux 2.600
enregistrés en 1911. Malgré le reflux des années 20-30, de nombreux Belges restent
durablement dans la région. Leur recul est d’abord celui de la Seine-Inférieure, où en

40
Himéminor 2007 page 41

15 ans ils baissent de plus de moitié. Par contre, ils restent, toutes choses égales par
ailleurs, relativement fixés dans l’Eure et dans l’Orne.

…relayé ensuite par les Polonais et les Italiens

Dès 1926, le nombre des Belges est en recul mais globalement celui des
étrangers augmente très sensiblement grâce à l’apport massif d’Italiens et de
Polonais, notamment. Les Polonais, en nombre insignifiant en 1921, comptent près
de 6.000 ressortissants cinq années plus tard. Ils constituent alors le second groupe
étranger dans la région. Leur progression est particulièrement forte dans le Calvados
et dans l’Eure. Juste derrière les Polonais, on trouve les Italiens dont la progression a
été également forte entre 1921 et 1926, notamment dans le Calvados, où l’on compte
1.500 Italiens supplémentaires. Mais c’est dans les départements qui comptent le
moins d’étrangers, l’Orne et la Manche, que les Italiens sont relativement les plus
nombreux.
Si leur progression est moins vive que celle des Polonais et des Italiens, celle des
Espagnols n’en est pas moins réelle. Elle atteint alors un maximum de plus de 4.000
personnes, avec une forte présence en Seine-Inférieure.
Alors qu’au lendemain du premier conflit mondial le nombre des Allemands s’est
effondré, celui des Anglais et des Suisses progressent encore légèrement.

Le recensement de 1931 marque une nouvelle progression du nombre des étrangers


dans la région qui atteint un maximum historique depuis le 19ème siècle.
Si les Belges constituent toujours la première composante étrangère de la région, leur
nombre se tasse légèrement, comme si l’on assistait à une stabilisation de cette
communauté et à son intégration progressive.
Comme dans la période quinquennale précédente, la progression du nombre des
étrangers en Normandie est portée surtout par les Italiens et les Polonais.
Désormais, ce sont les Transalpins qui présentent la progression la plus vigoureuse
avec plus de 4.000 personnes supplémentaires, devant les Polonais (un peu moins de
3.000). Le nombre des autres nationalités (Suisses, Anglais, Russes, Espagnols), se
tasse, ne semblant plus approvisionné par de nouveaux immigrants.
La progression des Italiens touche tous les départements normands mais c’est en
Basse-Normandie qu’elle est encore la plus forte, notamment dans le Calvados, avec
près de 1.300 personnes en plus. Les Italiens y constituent en 1931 le premier groupe
étranger du département, tout comme dans la Manche, où leur nombre double en cinq
ans. Dans l’Eure et l’Orne, les Italiens représentent le second groupe, après les
Belges.
La progression des Polonais est très marquée dans deux départements : la Seine-
Inférieure (2ème nationalité après les Belges) et le Calvados.

Le recensement de 1936 enregistre un recul important du nombre des étrangers


(plus de 13.000 personnes), dans un contexte politique troublé, qui ne s’explique que
partiellement par la progression des naturalisations. Si les Belges diminuent encore
en nombre (-3.000 personnes environ), ils restent toujours le premier groupe
étranger. Diminution qui s’explique probablement en grande partie par le jeu des
naturalisations et des décès d’un groupe, dont l’implantation par strates successives,
est ancienne. Leur recul est enregistré dans tous les départements.

41
Himéminor 2007 page 42

Les Polonais augmentent encore légèrement en Normandie dans ce contexte de


reflux assez généralisé, alors que leur nombre diminue de près de 14 % au plan
national. Ils deviennent ainsi le premier groupe dans le Calvados, où leur
augmentation est très nette et semble compenser le recul des Italiens. Ils progressent
sensiblement dans l’Eure mais reculent en Seine-Inférieure.
C’est pour les Italiens que le reflux migratoire est le plus important, leur nombre
passant de l’ordre de 9.000 à 6.000 (soit environ –1/3), reflux nettement plus important
que celui constaté au plan national (-12%). Leur recul est très marqué dans le
Calvados, mais beaucoup plus relatif dans la Manche (1er groupe) et dans l’Orne (2ème
groupe) et surtout en Seine-Inférieure, où ils sont désormais le 2ème groupe, après les
Belges mais avant les Polonais. La baisse du nombre de ressortissants est également
sensible pour les Espagnols, les Russes, les Suisses et les Allemands.

Au total, de 1911 à 1936, la Normandie reste une région qui accueille un


pourcentage d’étrangers nettement inférieur à la moyenne nationale. Cependant
l’écart par rapport à cette dernière s’est atténué : alors qu’à l’échelle nationale le taux
d’étrangers est multiplié par un peu moins de 2, en Normandie il est multiplié par près
de 4.
Les Belges, déjà premier groupe en 1911, où ils venaient de devancer une
implantation anglaise ancienne et durable, ont reçu un second apport migratoire
considérable avec la Première Guerre mondiale, s’étendant aux différents
départements normands et dont une part majeure semble s’être durablement ancrée
sur la région .
L’arrivée des Polonais, marginaux avant 1914, est massive et constante dans les
années 20-30 mais inégale dans le temps et dans l’espace.
Les Italiens occupaient une place également marginale dans la région avant 1914
alors qu’ils constituaient déjà le premier groupe au plan national. Leur progression est
cependant vigoureuse dans les années 20-30, et malgré le recul de la fin des années
30, ils constituent le 3ème groupe en 1936.
Ce trois groupes d’étrangers constituent le substrat d’une immigration qui va s’ancrer
durablement dans la région.
Le cas des Espagnols, assez méconnu, est assez remarquable : plus nombreux que
les Italiens en 1921, leur nombre décline très nettement après 1931.

42
Himéminor 2007 page 43

LES ETRANGERS EN NORMANDIE


EVOLUTION DES PRINCIPALES NATIONALITES - 1921-1936
sources: Recensements de population
légende 3565 1er groupe étranger du département
651 2ème groupe étranger du département
CALVADOS
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1911 1110 222 209 147 129 138 76 29
1921 6603 265 3565 33 250 496 651 63 81
1926 10405 246 2451 36 376 1906 945 2109 708
1931 13729 246 3139 108 270 3279 753 3146 805
1936 11499 198 1977 97 217 1819 526 4340 742

EURE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1911 1876 170 818 122 466 121 29 57
1921 7193 185 5402 15 440 180 394 72 96
1926 9908 224 4600 47 630 800 454 1464 133
1931 11150 186 4407 173 439 1289 245 1308 141
1936 9499 134 4033 81 318 1008 217 2139 116

MANCHE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1911 770 260 117 63 43 89 185 18
1921 2402 194 1101 11 76 262 149 65 48
1926 3765 232 625 19 117 588 264 431 294
1931 3726 150 429 30 105 1245 349 480 93
1936 2490 123 253 34 88 812 221 481 53

ORNE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1911 710 24 109 110 43 74 184 14
1921 2204 96 1343 8 73 117 391 25 39
1926 4022 134 1298 11 130 740 560 483 194
1931 4050 71 1244 20 117 815 362 742 93
1936 3017 67 979 57 81 627 268 452 49

SEINE INFERIEURE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1911 6588 1434 1390 866 807 399 371 217
1921 18518 1739 9114 66 884 952 1527 175 272
1926 18641 1862 5641 79 1169 1509 1919 1445 428
1931 21826 1278 4651 287 826 2359 2416 2850 392
1936 14437 968 3663 168 566 1864 1335 1705 309

NORMANDIE
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1911 11054 2110 2643 1308 1488 821 845 0 335
1921 36920 2479 20525 133 1723 2007 3112 400 536
1926 46741 2698 14615 192 2422 5543 4142 5932 1757
1931 54481 1931 13870 618 1757 8987 4125 8526 1524
1936 40942 1490 10905 437 1270 6130 2567 9117 1269
France
TOTAL anglais belges allemands suisses italiens espagnols polonais russes
1911 1160 40,3 287 102 73 419 105,8 35
1931 2715 47,4 253 71,7 98,5 808 351,9 507 71,9
1936 2198 ? 195,4 58,1 78,9 720,9 253,5 422,7 63,9

43
Himéminor 2007 page 44

des étrangers de plus en plus actifs et ouvriers

La forte progression du nombre des étrangers depuis 1911 est d’abord celle d’une
population de plus en plus masculine et ouvrière. Le taux d’activité des étrangers était
de trois points supérieur à celui de la population régionale en 1911. L’écart est porté à
5 points en 1921, 10 points en 1926 et 14 points en 1931 et 1936. 82, 5% des hommes
étrangers en 1931 sont des actifs contre 64 % pour la moyenne régionale. Par contre,
le taux d’activité des femmes étrangères est faible et plutôt inférieur à la moyenne.

Normandie taux d'activité comparés


taux d'activité
nb femmes
Total Etrangers / 100 actifs
H F T H F T TOT ETR
1911 64,6% 43,9% 53,9% 69,6% 40,4% 56,9% 42 31
1921 69,3% 46,1% 57,0% 79,0% 35,6% 62,3% 43 22
1926 67,9% 41,5% 54,1% 79,7% 37,3% 64,5% 40 21
1931 67,0% 39,9% 52,9% 82,5% 34,7% 67,5% 39 16
1936 64,1% 37,0% 49,8% 80,0% 38,8% 64,6% 39 22
sources : recensements de population

Les étrangers semblent avoir été d’un apport substantiel (22,1 % des actifs) dans les
industries extractives, certes assez marginale dans la région. C’est le cas notamment
dans le Calvados, la Manche et l’Orne. Mais les étrangers trouvent surtout leur emploi
dans les industries de transformation (pour 46,8% d’entre eux) et la manutention et
transports (5,7%) : ceci vaut surtout pour la Seine-Inférieure. Dans l’Eure et l’Orne,
c’est davantage l’agriculture qui les emploie.

LA POPULATION ACTIVE SELON LE SECTEUR D'ACTIVITE EN 1926


% étrangers /
NORMANDIE Etrangers population totale actifs pour 100 étrangers
niveau 1 de classification Hommes Femmes total Hommes Femmes total Hommes Femmes total
Pêche 7 1 8 5218 192 5410 0,1% 0,0 0,0 0,0
Forêts et agriculture 5107 2885 7992 280320 212228 492548 1,6% 21,4 46,2 26,5
industries extractives 1209 28 1237 4915 692 5607 22,1% 5,1 0,4 4,1
industries de transformation 12670 1448 14118 242297 132067 374364 3,8% 53,0 23,2 46,8
manutention et transports 1657 76 1733 61596 15858 77454 2,2% 6,9 1,2 5,7
commerce, banque 2148 1176 3324 72704 62351 135055 2,5% 9,0 18,8 11,0
professions libérales 314 472 786 13535 15788 29323 2,7% 1,3 7,6 2,6
soins personnels et domestiq 227 642 869 10135 45293 55428 1,6% 0,9 10,3 2,9
services publics 590 18 608 50459 23344 73803 0,8% 2,5 0,3 2,0
Total 23919 6246 30165 741809 496246 1238055 2,4% 100 100 100
source : recensement 1926

44
Himéminor 2007 page 45

La progression en nombre des actifs étrangers depuis 1911 s’est accompagnée de


leur prolétarisation continue (cf. tableau régional en page suivante et tableaux
départementaux en annexes). La proportion des ouvriers qui était de 61 % des actifs
étrangers (région = 44%) monte jusqu’à 71 % en 1931.

Le recul de la proportion d’ouvriers constaté en 1936 est liée à un départ massif de


ceux-ci dans le contexte de crise économique et de chômage massif : départ vers
d’autres régions, ou d’autres pays ou retour dans le pays d’origine. On compte ainsi
plus de 10.000 ouvriers en moins en 1936. Cependant cette diminution du nombre des
ouvriers est aussi constatée à l’échelle de la population régionale totale, bien qu’avec
une ampleur moindre que pour celle de la composante étrangère. L’augmentation du
nombre des chômeurs constatée en 1936 ne représente qu’une part très limitée de la
baisse des ouvriers tant étrangers que nationaux.
Par contre, le nombre des étrangers « chefs d’établissement » et « travailleurs isolés »
reste stable.
Les départements normands ne présentent pas de profils très contrastés de ce point
de vue : la progression des ouvriers est massive et générale jusqu’en 1931. Il convient
de signaler dans la Manche une composante « employés » relativement plus forte
qu’ailleurs.

45
Himéminor 2007 page 46

STATUTS SOCIAUX DES ETRANGERS ET DE LA POPULATION TOTALE - 1921-1936

NORMANDIE Etrangers population totale Etrangers population totale

Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
chefs d'établissement 2314 1117 3431 160539 148859 309398 13 22 15 22 27 24
1921 employés 1757 596 2353 91541 51723 143264 10 12 10 13 9 11
ouvriers 11498 2414 13912 356896 200904 557800 64 48 61 49 36 44
sans emploi 703 132 835 16392 9937 26329 4 3 4 2 2 2
travailleurs isolés 1663 796 2455 102461 139356 241817 9 16 11 14 25 19
total 17935 5055 22990 727829 550779 1278608 100 100 100 100 100 100
Etrangers population totale Etrangers population totale
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1926 chefs d'établissement 2971 1666 4637 168204 153136 321340 12 18 14 23 30 29
employés 1992 802 2794 86927 52510 139437 8 9 8 12 10 12
ouvriers 17779 5891 23670 353670 186742 540412 71 64 69 49 36 48
sans emploi 291 71 362 8176 4581 12757 1 1 1 1 1 1
travailleurs isolés 1874 835 2709 104212 119267 223479 8 9 8 14 23 20
total 24907 9265 34172 721189 516236 1125325 100 100 100 100 100 100

Etrangers population totale Etrangers population totale


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1931 chefs d'établissement 3316 1440 4756 179514 204081 383595 11 24 13 24 43 32
employés 1864 604 2468 90369 58778 149147 6 10 7 12 12 12
ouvriers 22921 3416 26337 362529 168937 531466 74 56 71 49 36 44
sans emploi 601 80 681 12998 5160 18158 2 1 2 2 1 2
travailleurs isolés 2126 502 2628 100585 97637 198222 7 8 7 14 21 16
total 30829 6052 36881 733245 475763 1209008 100 100 100 100 100 100

Etrangers population totale Etrangers population totale


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1936 chefs d'établissement 3363 2148 4917 161955 141604 303559 16 34 19 23 32 27
employés 1399 596 1995 86736 57340 144076 7 10 8 12 13 13
ouvriers 12628 3231 15859 316047 145833 461880 62 52 60 45 33 40
sans emploi 954 113 1067 30215 12244 42459 5 2 4 4 3 4
travailleurs isolés 2111 447 2618 106230 90207 196437 10 7 10 15 20 17
total 20455 6244 26379 698023 446888 1144821 100 100 100 100 100 100
source : recensements de population

46
Himéminor 2007 page 47

C. 1946-1999

Normandie : un taux d’étrangers qui progresse jusqu’en 1982, un


écart qui se réduit par rapport à la moyenne nationale

A travers les destructions humaines et les mouvements de population de la guerre, le


nombre des étrangers en Normandie est presque identique à celui de 1936 (-1200
environ) et le taux d’étrangers est resté stable à 1,8 %, alors qu’au plan national, le
recul des étrangers est beaucoup plus marqué, tant en nombre qu’en taux (de 5,3 %
à 4,4%). Parallèlement à cette stabilité apparente des étrangers, le nombre des
naturalisés a fortement augmenté en dix ans, de 5.500 personnes environ et dans une
proportion plus importante que la tendance nationale. Relativement peu nombreux en
Normandie, les étrangers semblent s’y intégrer plus fortement.

NORMANDIE-FRANCE
TAUX COMPARES D'ETRANGERS ET DE NATURALISES -1946-1999
8,0%
source: INSEE -Recensements de population -
taux d'étrangers Normandie
7,0% taux d'étrangers France 6,8%
6,5%
taux de naturalisés Normandie 6,3%
taux de naturalisés France
6,0%
5,6%
5,3%
5,0% 4,7%
4,4%
4,1% 4,0%
4,0%

3,1%
3,0% 2,8% 2,7% 2,6% 2,6% 2,6% 2,5%
2,1% 2,1% 2,2%
2,0% 1,8%
1,5% 1,4% 1,5%
1,3%
1,1%
1,0% 0,8% 0,8% 0,8% 0,8%
0,5% 0,6%

0,0%
0,0%
1946 1954 1962 1968 1975 1982 1990 1999

Si la progression des naturalisés est générale en Normandie, il n’en va pas de même


du nombre des étrangers, où l’augmentation constatée dans l’Eure et à un moindre
niveau dans l’Orne et dans la Manche est plus que compensée par le net recul observé
en Seine-Inférieure (- 4.000 personnes).
Le recensement de 1954 enregistre une tendance au recul sensible du nombre des
étrangers ( plus de 7.000 personnes) en Normandie dans un contexte de forte reprise
de la croissance démographique : la proportion d’étrangers diminue donc
sensiblement de 1,8% à 1,3 % de la population totale. La progression du nombre des
naturalisés (près de 3.000 personnes) n’explique qu’en partie ce phénomène. Il n’y a

47
Himéminor 2007 page 48

pas d’apports migratoires substantiels. La tendance observée en Normandie


s’inscrit dans un contexte national de très faible progression du nombre des étrangers
Le recul du nombre des étrangers est très net dans le Calvados (-2.700 env.), dans
l’Eure (-2.500 env.), la Manche et l’Orne alors qu’en Seine-Maritime la tendance est à
une très légère progression.

A partir de 1954 et jusqu’en 1982, on enregistre à l’échelle nationale une très vive
progression du nombre et du taux d’étrangers dans un contexte de forte croissance
démographique.
La Normandie présente une évolution sensiblement décalée :
- la progression du nombre des étrangers est d’abord assez vive entre 1954 et
1962 ( plus de 5.000 personnes et un taux qui passe de 1,3% à 1,5 %). Elle est
imputable essentiellement à la Seine-Maritime et à l’Eure alors que l’effectif
étranger recule dans le Calvados.
- la période 1962-1968 voit une très modeste progression du nombre des
étrangers (+ 2.000 personnes environ) dont le taux baisse même légèrement.
C’est à la Seine-Maritime qu’est imputable cette progression (plus de 5.000
personnes) alors que le nombre des étrangers régresse nettement dans l’Eure.

La proportion d’étrangers en 1962 a


régressé par rapport à 1936 dans
tous les départements normands sauf
dans l’Eure.

48
Himéminor 2007 page 49

C’est à partir de 1968 que la région voit progresser fortement le nombre de ses
étrangers (+ 21.000 environ), le taux passant de 1,4% à 2,1% en 1975. A partir de
cette date, si la proportion d’étrangers reste sensiblement inférieure à la moyenne
nationale, l’écart avec celle-ci se réduit.

Entre 1968 et 1975, la progression du nombre des étrangers est de près de


21.000, le taux bondissant de 1,4 % à 2,1%. La Normandie amplifie alors une forte
progression des étrangers observée à l’échelle nationale. L’augmentation est générale
dans les départements sauf dans la Manche. Elle est quantitativement marquée dans
la Seine-Maritime et l’Eure, mais c’est dans l’Orne qu’elle est en proportion la plus
spectaculaire, le taux d’étrangers passant dans la période de 1 à 1,9 %.

Entre 1975 et 1982, la progression des étrangers reste forte en Normandie, en


nombre (+17.500 environ) et en taux ( de 2,1% à 2,6%), relativement plus vive
qu'au plan national (taux de 6,5 à 6,8 %). L’écart avec la moyenne nationale se réduit
encore. Le nombre et la proportion des étrangers augmentent dans les cinq
départements normands. Si en masse, c’est encore en Seine-Maritime que
l’augmentation des étrangers est la plus importante, c’est dans la Manche, jusqu’à
présent très à l’écart du phénomène, que la progression est la plus spectaculaire : le
nombre des étrangers y triple en 8 ans !

Alors que 1982 marque un maximum historique au plan national, du nombre et de la


proportion d’étrangers, en Normandie, les étrangers restent stables en Normandie, au
moins en nombre jusqu’en 1990. L’écart de taux à cette date se réduit donc encore
entre la Normandie et la France, tout en restant très substantiel.
Entre 1982 et 1990, le recul du nombre des étrangers est manifeste en Seine-Maritime
(-3.000 env.). Il est compensé par une progression équivalente dans l’Eure, alors qu’il
y a une stabilisation dans les départements bas-normands.

Entre 1990 et 1999, les étrangers reculent en nombre et en taux tant au plan national
qu’en Normandie (-9.200 personnes environ). Cette baisse affecte à des degrés divers
les différents départements sauf la Manche où le nombre des étrangers progresse
encore légèrement.

Si au total, le nombre et la part des étrangers ont régressé en France et en Normandie


depuis 1982, ce phénomène se superpose à la naturalisation progressive de
populations arrivées précédemment dans le pays et la région. Ainsi, si en 1999, les
étrangers constituent 2,2 % de la population régionale (France : 5,6 %), les naturalisés
représentent à cette même date 1,5 % de la population régionale (France :4 %). A titre
de comparaison, il y avait en 1954 (minimum d’après-guerre) 1,3 % d’étrangers en
Normandie et 0,6 % de naturalisés (France, respectivement 4,1% et 2,..%). Par
ailleurs, la diminution du nombre des étrangers ne signifie pas qu’il y ait arrêt de
l’immigration de populations étrangères : on peut avoir parallèlement arrivées de
nouveaux étrangers (en nombre toutefois relativement moins important que dans les
années 60-70) et naturalisations en plus grand nombre d’étrangers déjà sur le sol
national ou régional.

49
Himéminor 2007 page 50

En 1982, le taux d’étrangers atteint un maximum historique de 2,6 % en


Normandie, dépassant cependant de peu le niveau de 1931 (2,4%). Si la part
des étrangers reste assez forte dans l’Eure (3,3 %), c’est en Seine-Maritime
que la progression du taux d’étrangers est la plus forte, passant de 1,4 % en
1962 à 3,4 % en 1982 et à un moindre degré dans l’Orne.

50
Himéminor 2007 page 51

Le développement massif de l’immigration étrangère à partir du milieu des années 50


jusqu’à 1975-1982 s’accompagne d’une progression sensible du taux de
masculinité de cette population étrangère (cf. annexes). Si le phénomène rappelle
ce qui s’est produit dans les années 1920-30, il semble cependant beaucoup moins
puissant. La proportion des hommes parmi les étrangers passe de 62,8 % en 1954 à
67,7 % en 1968 pour baisser assez fortement par la suite jusqu’à 54,8% en 1999. A
cette dernière date, l’écart de taux de masculinité entre étrangers et Français de
naissance s’est considérablement réduit : respectivement 54,8 % contre 48,5% alors
qu’en 1931, l’écart était de plus de 20 points, ces taux se situant respectivement à 68,6
% et 47,4 %.

51
Himéminor 2007 page 52

ETRANGERS ET NATURALISES EN NORMANDIE -1946-1999


sources: Recensements de population

taux d'étrangers
Norm. /
14 27 50 61 76 NORM France France

p.m 1936 2,9% 3,2% 0,6% 1,1% 1,6% 1,8% 5,3% 0,33
1946 2,9% 3,6% 0,7% 1,4% 1,3% 1,8% 4,4% 0,41
1954 2,0% 2,6% 0,4% 0,9% 1,1% 1,3% 4,1% 0,32
1962 1,5% 3,3% 0,3% 0,9% 1,4% 1,5% 4,7% 0,31
1968 1,3% 2,3% 0,3% 1,0% 1,8% 1,4% 5,3% 0,27
1975 1,7% 2,9% 0,3% 1,9% 2,7% 2,1% 6,5% 0,32
1982 1,9% 3,3% 0,8% 2,3% 3,4% 2,6% 6,8% 0,38
1990 1,7% 3,6% 0,8% 2,4% 3,1% 2,5% 6,3% 0,40
1999 1,5% 2,9% 0,8% 2,2% 2,6% 2,2% 5,6% 0,39

taux de naturalisés

Norm. /
14 27 50 61 76 NORM France France
p.m 1936 0,4% 0,4% 0,1% 0,2% 0,3% 0,3% 1,3% 0,24
1946 0,8% 0,8% 0,3% 0,4% 0,5% 0,5% 2,1% 0,26
1954 0,9% 1,1% 0,2% 0,5% 0,6% 0,6% 2,5% 0,25
1962 1,0% 1,3% 0,3% 0,6% 0,7% 0,8% 2,8% 0,27
1968 0,9% 1,3% 0,3% 0,6% 0,8% 0,8% 2,7% 0,29
1975 0,9% 1,2% 0,3% 0,6% 0,9% 0,8% 2,6% 0,31
1982 0,9% 1,2% 0,3% 0,6% 0,9% 0,8% 2,6% 0,32
1990 1,1% 1,5% 0,5% 0,8% 1,2% 1,1% 3,1% 0,34
1999 1,4% 2,1% 0,6% 1,2% 1,7% 1,5% 4,0% 0,38
nb naturalisés pour 100 étrangers
Norm. /
14 27 50 61 76 NORM France France
p.m 1936 12 13 23 17 21 17 24 0,71
1946 27 23 42 25 43 31 49 0,63
1954 45 42 53 50 51 47 61 0,77
1962 68 39 81 59 50 52 59 0,88
1968 69 58 111 56 43 54 50 1,07
1975 52 42 115 32 32 39 40 0,96
1982 47 35 42 26 28 33 38 0,85
1990 61 42 55 35 39 43 50 0,87
1999 91 72 74 55 66 70 72 0,98

52
Himéminor 2007 page 53

Prépondérance maintenue des Belges et Polonais aux lendemains


de la guerre…

A travers la stabilité apparente du nombre des étrangers en Normandie entre 1936 et


1946, on retrouve une grande inertie des populations par nationalités. En 1946, les
Belges et les Polonais restent les deux groupes les plus importants de la région. Les
Italiens, qui constituent au niveau national le premier contingent étranger, voient leur
nombre diminuer en Normandie. Mais le phénomène le plus marquant est la nette
progression du nombre des Espagnols qui touche tous les départements (1er groupe
dans la Manche, second dans l’Orne) sauf la Seine-Inférieure. Peut-être les
embauches d’Espagnols se font-elles davantage en milieu rural ?

En 1954, Belges et Polonais restent prépondérants mais leur nombre a fortement


diminué (respectivement –3.000 et –4.000 env.), probablement sous l’effet du
vieillissement sur place et des naturalisations, mais peut-être aussi de retours au pays
d’origine ?
Seul mouvement notable, la progression du nombre d’Italiens qui ne concerne que la
Seine-Inférieure.

Cette période 1946-1954 est celle du début de la reconstruction des villes et des
infrastructures normandes très fortement touchées par les destructions de la guerre
(Le Havre, Caen, Saint-Lô, Rouen, Sotteville,…). Mais il ne semble pas que cette
première phase de la reconstruction ait nécessité un fort recours à la main d’œuvre
étrangère.

L’essor important du nombre des étrangers entre 1954 et 1962 masque deux
mouvements contradictoires :
- la poursuite de la baisse du nombre des Belges et des Polonais.
- une certaine progression des Italiens et Espagnols (qui deviennent le premier
groupe en Normandie) s’accompagnant d’une apparition des Portugais,
mouvement qui tend à compenser numériquement le précédent.
- Une forte progression du nombre des Algériens34 qui contribue
principalement à la progression du nombre des étrangers dans la période. Ils
deviennent le premier groupe étranger en Seine-Maritime en 1962, devant les
Italiens.

34
Rappelons cependant les incertitudes concernant le nombre des Algériens en France à cette époque.

53
Himéminor 2007 page 54

L’immigration algérienne en
1962 : une présence plus
particulièrement marquée en
Seine-Maritime.

54
Himéminor 2007 page 55

A partir du milieu des années 60, explosion de l’immigration


portugaise et amplification de l’immigration algérienne

Entre 1962 et 1968, la progression du nombre des étrangers en Normandie, plus


modeste que celle constatée au plan national, masque toujours deux mouvements en
sens inverses :

- recul des Belges et Polonais, toujours sous l’effet probable du vieillissement et


des naturalisations.
- quasi-stagnation des Italiens et des Espagnols, ces derniers progressant
encore nettement au plan national et y devenant en 1968 le premier groupe
devant les Italiens.
- si la progression des Portugais est moins spectaculaire en Normandie qu’au
plan national (effectifs multipliés par 4 en six ans), elle n’en est pas moins nette.
Les Portugais deviennent ainsi la première nationalité étrangère en 1968,
juste devant les Algériens alors qu’à l’échelle nationale les Espagnols restent
nettement plus nombreux. Ils sont le premier groupe dans l’Orne et le second
dans la Seine-Maritime et l’Eure.
- La progression des Algériens déjà perceptible entre 1954 et 1962 s’amplifie
dans la période 1962-1968. En masse, elle est très sensible en Seine-Maritime
où les Algériens restent le premier groupe national devant des Portugais dont
le nombre est multiplié par trois dans la période.

La période 1968-1975 se traduit par une très forte progression des Portugais et des
Algériens (respectivement : + 9.500 et 5.600), les premiers consolidant leur position
de premier contingent étranger en Normandie. L’augmentation de ces deux groupes
nationaux est générale sauf dans la Manche, qui reste à l’écart de mouvements
migratoires importants.

Mais on assiste également à la forte progression des autres nationalités du Maghreb,


des Marocains (qui deviennent le deuxième groupe dans l’Orne) et dans une moindre
mesure des Tunisiens.

55
Himéminor 2007 page 56

1975 : les Portugais, qui constituent


depuis 1968 le premier groupe
étranger en Normandie, voient leur
nombre augmenter très
sensiblement sauf dans la Manche.

56
Himéminor 2007 page 57

L’année 1982 qui est celle d’un maximum du nombre d’étrangers en France, ne
marque à l’échelle nationale qu’une modeste progression du nombre des Portugais
alors que celle des Algériens reste une peu plus vive et leur permet de constituer le
premier groupe étranger dans le pays. En Normandie, la progression des Portugais
est marginale par rapport à celle des Algériens, mais ils constituent encore le premier
contingent étranger dans la région.

Il convient de noter l’évolution décalée de la Manche, où la progression des Portugais


est vive entre 1975 et 1982 tout comme celle des Algériens, mais où ce sont les
Marocains qui prennent désormais la première place, tout comme dans l’Orne.

1982 : les Marocains en forte expansion dans tous les départements de la


région, où leur nombre a plus que doublé depuis 1975

57
Himéminor 2007 page 58

A partir de 1990, prééminence des Marocains et diversification des


nationalités

En 1990, dans un contexte de recul des effectifs étrangers en France et en Normandie,


les Marocains continuent leur progression entamée dans la période précédente pour
devenir le premier groupe étranger en Normandie, alors que s’amorce un reflux du
nombre des Portugais et des Algériens, comme à l’échelle nationale. L’augmentation
des Marocains est particulièrement soutenue en Seine-Maritime et dans l’Eure.
La progression des Turcs est également sensible. Elle est plus prononcée dans la
Manche et dans l’Orne, où ils deviennent le premier groupe étranger.
La progression des nationalités d’Afrique Noire est nettement marquée au plan
national, amplifiant un mouvement entamé dans la période précédente. Elle reste
cependant difficile finement à saisir au plan statistique.

Entre 1990 et 1999, le nombre des étrangers diminue sensiblement en France et dans
la région. Ce mouvement touche la plupart des nationalités, notamment celles qui
représentaient les principaux contingents étrangers depuis une trentaine d’années,
Portugais, Algériens puis Marocains. Les effectifs des Turcs et des nationalités
d’Afrique Noire continuent à progresser légèrement ou se maintiennent. Ces
tendances se retrouvent peu ou prou dans les cinq départements normands.

LES ETRANGERS EN NORMANDIE


EVOLUTION DES PRINCIPALES NATIONALITES - 1946-1999
sources: Recensements de population
4340 1er groupe étranger du département
2ème groupe étranger du département
CALVADOS
TOTAL belges italiens espagnols portugais polonais algériens maroc tunisiens turcs
58
1936 11499 1977 1819 526 4340
1946 11456 1766 1716 1584 233 4327
1954 8771 1191 1585 1652 170 2537 85
Himéminor 2007 page 59

59
Himéminor 2007 page 60

LES ETRANGERS EN NORMANDIE


EVOLUTION DES PRINCIPALES NATIONALITES - 1946-1999
sources: Recensements de population
4340 1er groupe étranger du département
2ème groupe étranger du département

NORMANDIE
TOTAL belges italiens espagnols portugais polonais algériens maroc tunisiens turcs
1936 40942 10905 6130 2567 9117
1946 39745 10416 5117 5708 992 9894
1954 32473 7029 5573 5614 1180 5766
1962 37954 4571 5372 5429 1527 3853 5297
1968 39816 2468 4852 5956 6728 2856 6660 1028 600
1975 60615 0 4135 4630 16225 12245 4845 2165
1982 78152 0 3408 3118 16744 15808 10868 2980
1990 78162 0 2556 2056 12137 12881 13721 3268 7608
1999 68887 0 2047 1752 9500 10331 11624 2155 6805

France

TOTAL belges italiens espagnols portugais polonais algériens maroc tunisiens turcs
1936 2 198 236 195 447 720 926 253 599 28 290 422 694 30 564
1946 1 743 619 153 299 450 764 302 201 22 261 423 470 22 144 16 458 1 916 7 770
1954 1 765 298 106 828 507 602 288 923 20 085 269 269 211 675 10 734 4 800 5 273
1962 2 169 665 79 069 628 956 441 658 50 010 177 181 350 484 33 320 26 569 np
1968 2 621 088 65 224 571 684 607 184 296 448 131 668 473 812 84 236 61 028 7 628
1975 3 442 415 55 945 462 940 497 480 758 925 93 655 710 690 260 025 139 735 50 860
1982 3 714 200 52 636 340 308 327 156 767 304 64 804 805 116 441 308 190 800 122 260
1990 3 596 602 56 129 252 759 216 047 649 714 47 127 614 207 572 652 206 336 197 712
1999 3 258 539 66 927 200 632 160 194 555 383 33 925 475 216 506 305 153 574 205 589
source: INSEE recensements de population

60
Himéminor 2007 page 61

Des taux d’activité qui re rapprochent de plus en plus de la moyenne


régionale

Voir données départementales en annexes

En 1946, en Normandie, les étrangers ont un taux d’activité nettement supérieur à


celui des Français (y compris naturalisés) : 67% contre 52%, soit 17 points d’écart,
avec même une pointe dans la Manche à 76%. Ce sont surtout les hommes qui ont un
taux d’activité élevé, les femmes étrangères se situant dans la moyenne régionale. Ils
sont aussi un taux d’activité supérieur à celui des étrangers en France ce qui peut
indiquer une population étrangère plus jeune et plus mobile dans la région.
Jusqu’en 1975, le taux d’activité des étrangers reste supérieur d’une dizaine de points
à la moyenne, avec toujours des taux très élevés chez les hommes et assez faibles
chez les femmes.
En 1982, on observe une chute brutale du taux d’activité des étrangers, de 51 % en
1975 à 40 %, beaucoup plus marquée qu’au plan national où le phénomène a été plus
progressif. On peut y voir un effet de la politique du regroupement familial : c’est le
dénominateur du taux d’activité (la population totale étrangère) qui grossit brutalement
amenant ainsi une chute du taux.

A partir de 1990, on assiste à une augmentation sensible du taux d’activité des


femmes étrangères, qui après un minimum de 18-20 % en 1975-1982, atteint 24%
en 1990 et 33% en 1999. C’est une tendance également observée également au plan
national (39% en 1990), où elle semble avoir commencé plus tôt. Cette progression
du taux d’activité des femmes étrangères est à resituer dans une progression générale
du taux d’activité des femmes en France qui est perceptible dès 1975.
Parallèlement, le taux d’activité des hommes étrangers qui avait sensiblement baissé
jusqu’en 1982 reste en 1999 (55 %) sensiblement supérieur à la moyenne (50%).

61
Himéminor 2007 page 62

EVOLUTION DES TAUX D'ACTIVITE -1946-1999


NORMANDIE
1946 66% 39% 52% 84% 39% 67% 67% 39% 52%
1954 (*) 58% 31% 44% 94% 28% 69% 59% 31% 44%
1962 54% 30% 41% 68% 22% 52% 54% 30% 42%
1968 55% 30% 42% 70% 21% 54% 55% 30% 42%
1975 53% 32% 42% 67% 20% 51% 53% 32% 42%
1982 53% 37% 45% 54% 18% 40% 53% 37% 45%
1990 50% 39% 44% 53% 24% 40% 50% 38% 44%
1999 50% 40% 45% 55% 33% 45% 50% 40% 45%

France
1946 66% 38% 51% 81% 32% 60% 67% 37% 51%
1954 (*) 59% 30% 44% 73% 22% 54% 60% 29% 44%
1962 55% 28% 41% 69% 20% 50% 56% 28% 41%
1968 54% 28% 41% 67% 20% 48% 55% 28% 41%
1975 52% 31% 41% 62% 22% 46% 53% 30% 41%
1982 53% 36% 44% 56% 24% 42% 53% 35% 44%
1990 50% 39% 44% 57% 31% 45% 51% 38% 44%
1999 50% 41% 45% 58% 39% 49% 51% 40% 45%
(*) pour 1954, il s'agit de la population active ayant un emploi

1946 INSEE - RGP 1946 - population active- volume III-2 ème partie - p.31-32
1954 INSEE -RGP 1954 - Tableaux A1 - population active ayant un emploi
1962 Français, NC par acquisition
INSEE RGP de 1962-résultat du dépouillement exhaustif - popul-mén-logts-Paris 1967 Imprimerie Nationale -p.44

1968 in INSEE- RGP 1975 - Nationalité-collection D n°83- sept.1981-p.67-68 -données 1968 = sondage au 1/4
1975
1982 INSEE RGP 1990 -logements -population-emploi -évolutions 1975-1982-1990 -exhaustif pour ces données
1990
1999 INSEE RGP 1999 -exploitation complémentaire

Des actifs étrangers de plus en plus massivement ouvriers de


l’industrie et du BTP jusqu’en 1975

En 1946, les étrangers actifs en Normandie se distinguent du profil moyen des


étrangers au plan national par :

 Une part relativement importante employée dans l’agriculture : 32 % des


étrangers y sont employés contre 26% en France. C’est notamment le cas des
femmes étrangères, près de 54 % d’entre elles y travaillant. Cette
caractéristique régionale est en fait largement influencée par deux
départements où le phénomène est très développé : l’Eure, tout d’abord, et
l’Orne, où respectivement 57 % et 37 % des actifs étrangers travaillent dans
l’agriculture.(70% et 54% des femmes).
 Une plus forte proportion d’ouvriers et d’employés des « industries de
transformation et transports » (44,1% contre 39,9% au plan national).
Corrélativement, les patrons de l’industrie et du commerce sont moins bien
représentés parmi les actifs étrangers de Normandie tout comme les employés
des services. Cette caractéristique est très affirmée en Seine-Inférieure (51%
d’ouvriers dans les industries de transformations-transports), dans le Calvados
et la Manche. Dans ces deux derniers départements, 11 % des étrangers
travaillent dans « les industries extractives-terrassement ».

LES ETRANGERS ACTIFS PAR SEXE ET CATEGORIE PROFESSIONNELLE EN 1946


NORMANDIE TOTAL hommes femmes TOTAL hommes femmes
TOTAL ACTIFS 26647 20834 5813 100,0 100,0 100,0
dont 62
1- Professions agricoles 8589 5455 3134 32,2 26,2 53,9
12 patrons et cadres sup. 3179 1889 1290 11,9 9,1 22,2
13 employés, ouvriers, cadres inf. 5410 3566 1844 20,3 17,1 31,7
Himéminor 2007 page 63

En 195435, bien que les catégories statistiques aient fortement changé depuis 1946, il
apparaît clairement que les étrangers sont relativement moins présents dans
l’agriculture, dont la part relative dans l’emploi régional et national amorce un profond
recul : 23,5% des étrangers actifs travaillent dans l’agriculture en Normandie (France :
24%) contre 32% en 1946. L’agriculture reste cependant le principal emploi des
étrangers dans l’Eure et dans l’Orne où plus de 42% d’entre eux y travaillent.

Les étrangers sont de plus en plus employés dans le BTP : 25 % d’entre eux le sont
contre 15% en France. Mais leur part dans le BTP (5,6% des employés) est moins
significative que dans l’ensemble du pays (8,8%). Le BTP fournit une part très
importante de leur emploi aux étrangers dans la Manche (43%) et à un moindre niveau
dans le Calvados et la Seine-maritime (environ 28%).
Un autre quart des étrangers actifs est employé dans les industries de
transformation, proportion proche de la moyenne nationale. C’est en Seine-
Inférieure que celles-ci y occupent le plus les étrangers (34% des étrangers y
travaillent, dont 16,9% dans la seule métallurgie), mais les étrangers n’y occupent
globalement que 2,6 % des postes.
Les industries extractives n’occupent que moins de 1% de l’emploi total en France
mais les étrangers y sont très présents :10,3% des effectifs en Normandie, 16,1% en
35
On notera la proportion non-négligeable d’étrangers pour lesquels l’activité économique n’est pas connue
(5%), signe d’une probable précarité de l’emploi.

63
Himéminor 2007 page 64

France. C’est dans le Calvados, que les étrangers y ont l’apport le plus important, 16,9
% des effectifs de ces industries.

POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE -1954-
PAYE tableaux A1 part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T étrangers TOTAL
1954-NORMANDIE
0-1- pêche, agriculture, forêt 1,7% 1,0% 1,4% 23,5 34,2
2 -industries extractives 10,6% 1,5% 10,3% 3,3 0,7
3 -bâtiment, travaux publics 5,8% 1,1% 5,6% 25,0 9,4
4-5 autres industries de transformation 3,3% 0,9% 2,6% 25,6 20,6
dont ind.prod.transf. des métaux 4,8% 1,3% 4,3% 11,9 5,8
6- transports et auxilliaires de transports 1,0% 0,2% 0,9% 2,0 4,8
7- commerce, banque, assur., spectacles 1,8% 0,6% 1,2% 7,5 12,7
dont commerce 2,1% 0,5% 1,4% 3,4 5,2
8 -services 1,5% 1,1% 1,2% 5,4 9,0
9- services publics admin., armée 1,1% 0,2% 0,8% 2,6 7,1
ND 9,5% 1,0% 6,8% 5,0 1,5
Total 2,8% 0,9% 2,1% 100,0 100,0

1954- France
0-1- pêche, agriculture, forêt 4,6% 1,9% 3,6% 24,0 27,7
2 -industries extractives 16,3% 8,8% 16,1% 7,8 2,0
3 -bâtiment, travaux publics 9,1% 1,9% 8,8% 15,2 7,2
4-5 autres industries de transformation 5,5% 2,4% 4,5% 28,2 26,4
6- transports et auxilliaires de transports 1,7% 1,1% 1,6% 1,5 4,0
7- commerce, banque, assur., spectacles 3,6% 1,6% 2,7% 9,0 14,0
8 -services 4,2% 4,4% 4,4% 9,1 8,7
9- services publics admin., armée 2,1% 0,7% 1,6% 3,3 8,6
7,7% 3,3% 6,3% 1,9 1,3
Total 5,2% 2,3% 4,2% 100,0 100,0
source : INSEE-RGP 1954

En 1968, 10,4% des étrangers sont encore employés dans l’agriculture


(France :8,8%), soit moins de la moitié qu’en 1954. C’est toujours dans l’Eure et dans
l’Orne que les étrangers trouvent, pour environ maintenant 20% d’entre eux, leur
emploi.
Les effectifs étrangers employés dans les industries extractives se sont effondrés :
moins de 1% des étrangers y travaille. Ceci vaut notamment pour le Calvados, où le
nombre des étrangers y ayant un emploi est tombé de 525 en 1954 à 84 à1968.

La proportion des étrangers employée dans le BTP a encore augmenté, passant


à 30,6% (France : 29,9%). Mais les étrangers n’y représentent qu’une part modeste
des travailleurs de ce secteur : 5,7 % y sont étrangers alors qu’en France cette
proportion est de 17,6 %.
La part des étrangers employée dans l’industrie tend également à augmenter : 36,5%
des étrangers de Normandie y sont employés (France : 33%), avec un maximum en
Seine-Maritime à 42 %. Mais là aussi leur part dans l’emploi y reste assez limitée :

64
Himéminor 2007 page 65

seulement 2,5% des travailleurs des industries sont étrangers alors qu’en France cette
proportion est presque le triple (7,2%).

POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1968

part des étrangers / actifs pour 100 actifs


H F T étrangers TOTAL

1968
NORMANDIE
0-1- pêche, agriculture, forêt 1,1% 0,4% 0,9% 10,4 22,3
2 -industries extractives 3,6% 14,0% 4,1% 0,8 0,4
3 -bâtiment, travaux publics 6,0% 0,7% 5,7% 30,6 9,9
4-5 autres industries de transformation 3,2% 0,9% 2,5% 36,5 26,7
6- transports et auxilliaires de transports 1,6% 0,1% 1,5% 3,9 4,9
7- commerce, banque, assur., spectacles 1,5% 0,4% 1,0% 8,3 15,6
8 -services 1,8% 1,1% 1,3% 7,3 10,5
9- services publics admin., armée 0,6% 0,2% 0,4% 2,2 9,8
Total 2,5% 0,6% 1,8% 100,0 100,0

1968
France
0-1- pêche, agriculture, forêt 4,5% 1,3% 3,4% 8,8 15,7
2 -industries extractives 14,8% 3,5% 14,5% 2,8 1,2
3 -bâtiment, travaux publics 18,3% 3,2% 17,6% 29,9 10,5
4-5 autres industries de transformation 8,9% 3,5% 7,3% 33,0 27,8
6- transports et auxilliaires de transports 3,4% 1,5% 3,2% 2,2 4,3
7- commerce, banque, assur., spectacles 4,8% 1,8% 3,5% 9,5 16,8
8 -services 5,8% 5,9% 5,9% 11,0 11,5
9- services publics admin., armée 1,8% 0,7% 1,3% 2,7 12,2
Total 7,9% 2,9% 6,1% 100,0 100,0
source : INSEE RGP 1968

Prépondérance des emplois dans l’industrie et le BTP, en conséquence l’écrasante


majorité des actifs étrangers en 1968 sont des ouvriers (72,6%) encore davantage
qu’à l’échelle nationale (70,5%) et pour près de la moitié ce sont des ouvriers
spécialisés ou des manœuvres. Cette forte composante ouvrière vaut surtout pour la
Seine-Maritime (81,3 % d’ouvriers).
En Normandie, la part des ouvriers qualifiés (24,6% des actifs étrangers) est
cependant supérieure à la moyenne nationale, ce qui peut être lié à la structure des
emplois locaux (Seine-Maritime).
Par rapport à l’échelon national, on notera la proportion plus importante en Normandie
d’exploitants agricoles (4,9 % des actifs étrangers) qu’en France (2,3 %) et celle plus
limitée des salariés agricoles (4,8% contre 6%).
Si le profil général des actifs étrangers est largement déterminé par celui des hommes,
le profil social des femmes étrangères est très particulier : 33,8% d’entre elles sont
ouvrières. Elles sont assez souvent employées (6,6%-France : 9,9%) et surtout
personnels de service (19,7% - France :34,6%), mais aussi exploitantes agricoles
(10,7% -France : 32,%) et ouvrières agricoles (4,9%-France :2,7%), notamment dans
l’Eure et la Manche.

65
POPULATION ACTIVE PAR NATIONALITE SELON LA CATEGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE -1968
% étrangers
Himéminor 2007 page 66

En 1975, les étrangers constituent 2,5 % des actifs en Normandie contre 1,8% en
1968 : ils ont contribué entre ces deux dates pour près de 20 % à l’augmentation
de la population active.
Désormais, moins de 5% des étrangers sont employés dans l’agriculture. La moitié
des effectifs y est située dans le département de l’Eure.
26,5 % des étrangers sont employés dans le BTP (30,6% en 1968) : si les effectifs
étrangers et la part des étrangers continuent de progresser dans le BTP, la part de
celui-ci dans l’emploi des étrangers plafonne.
C’est que les étrangers sont de plus en plus relativement employés dans les
industries, et cela pour 48 % d’entre eux. On trouve les étrangers plutôt dans les
industries de biens intermédiaires (20,5%) puis dans celles des biens d’équipement
(17,6%) et plus secondairement dans celles des biens de consommation (9,4%).
C’est toujours dans le département le plus industriel, la Seine-Maritime, que les
étrangers trouvent davantage leur emploi dans les industries, notamment dans celles
des biens d’équipement (automobile). Mais on assiste aussi à un développement de
l’emploi des étrangers dans les autres départements normands, surtout dans l’Orne.
Dans ce dernier, de l’ordre de 500 étrangers y travaillant dans l’industrie en 1968, on
passe à plus de 1500 en 1975. Désormais, 56 % des étrangers de ce département
sont employés dans l’industrie.

POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1975

1975 Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
NORMANDIE H F T H F T H F T H F T étrangers TOTAL
U01-agriculture-sylviculture-pêche 105485 66405 171890 1130 225 1355 106615 66630 173245 1,1% 0,3% 0,8% 4,6 14,6
U02 -industries agricoles et alimentaires 29660 12945 42605 300 155 455 29960 13100 43060 1,0% 1,2% 1,1% 1,6 3,6
U03 -production, distribution d'énergie 12760 1645 14405 200 0 200 12960 1645 14605 1,5% 0,0% 1,4% 0,7 1,2
U04-industries des biens intermédiaires 73060 20345 93405 5560 415 5975 78620 20760 99380 7,1% 2,0% 6,0% 20,5 8,4
U05- industries des biens d'équipement 95370 38595 133965 4560 570 5130 99930 39165 139095 4,6% 1,5% 3,7% 17,6 11,7
U06 -industries des biens de consommati 32260 35485 67745 1970 765 2735 34230 36250 70480 5,8% 2,1% 3,9% 9,4 5,9
U07-bâtiment -génie civil agricole 86185 5110 91295 7665 65 7730 93850 5175 99025 8,2% 1,3% 7,8% 26,5 8,4
U08 -commerce 67835 57330 125165 990 200 1190 68825 57530 126355 1,4% 0,3% 0,9% 4,1 10,7
U09- transports et télécommunications 56035 14165 70200 755 30 785 56790 14195 70985 1,3% 0,2% 1,1% 2,7 6,0
U10 - services marchands 70975 82510 153485 1525 545 2070 72500 83055 155555 2,1% 0,7% 1,3% 7,1 13,1
U11 à U14-autres activités 81465 112060 193525 730 840 1570 81645 112235 193880 0,9% 0,7% 0,8% 5,4 16,4
Total 711090 446595 1E+06 25385 3810 29195 735925 449740 1185665 3,4% 0,8% 2,5% 100,0 100,0

POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1982
Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
1982-NORMANDIE H F T H F T H F T H F T étrangers TOTAL
U01-agriculture-sylviculture-pêche 81288 56368 137656 584 100 684 81872 56468 138340 0,7% 0,2% 0,5% 2,7 11,5
U02 -industries agricoles et alimentair 28320 13456 41776 364 92 456 28684 13548 42232 1,3% 0,7% 1,1% 1,8 3,5
U03 -production, distribution d'énergie 13936 2120 16056 304 16 320 14240 2136 16376 2,1% 0,7% 2,0% 1,2 1,4
U04-industries des biens intermédiaire 66940 18404 85344 3756 344 4100 70696 18748 89444 5,3% 1,8% 4,6% 16,0 7,4
U05- industries des biens d'équipeme 89624 34540 124164 3688 400 4088 93312 34940 128252 4,0% 1,1% 3,2% 15,9 10,6
U06 -industries des biens de consomm 30056 30768 60824 1100 680 1780 31156 31448 62604 3,5% 2,2% 2,8% 6,9 5,2
U07-bâtiment -génie civil agricole 86192 6824 93016 7184 44 7228 93376 6868 100244 7,7% 0,6% 7,2% 28,2 8,3
U08 -commerce 70696 65220 135916 1112 424 1536 71808 65644 137452 1,5% 0,6% 1,1% 6,0 11,4
U09- transports et télécommunication 57652 17084 74736 868 52 920 58520 17136 75656 1,5% 0,3% 1,2% 3,6 6,3
U10 - services marchands 84984 110940 195924 2144 860 3004 87128 111800 198928 2,5% 0,8% 1,5% 11,7 16,5
U11 à U14-autres activités 83758 100799 184557 680 872 1552 89508 120046 214864 0,8% 0,7% 0,7% 6,0 17,8
Total 693446 456523 1149969 21784 3884 25668 720300 478782 1204392 3,0% 0,8% 2,1% 100,0 100,0

66
Himéminor 2007 page 67

Le recensement de 1982 (cf. tableau ci-dessus) enregistre un fort recul des effectifs
employés dans les industries régionales, fortement marquées par les restructurations
et disparitions d’entreprises : globalement, les effectifs dans l’industrie reculent de plus
28.000 emplois par rapport à 1975.

Pour la première fois, depuis plusieurs décennies, la population active étrangère


ayant un emploi diminue de plus de 3.000 personnes entre ces deux recensements,
postes perdus essentiellement dans l’industrie. Dans le BTP, l’emploi des étrangers
se tasse très légèrement dans une branche dont les effectifs globaux stagnent. Si
davantage d’étrangers paraissent occuper un emploi dans le commerce et les
services, c’est d ‘abord parce que les effectifs étrangers dans l’industrie et le total des
actifs employés ont fortement reculé. Cependant, on peut noter toutefois un progrès
limité mais réel des emplois étrangers en 1982 dans le commerce et les services
marchands.
La tendance générale de la Normandie est imprimée par la Seine-Maritime, où l’on
compte près de 2.000 actifs étrangers en moins entre 1975 et 1982, postes perdus
surtout dans les industries. Dans le Calvados, l’emploi des étrangers régresse
également fortement, dans le BTP surtout. Dans l’Orne, c’est plutôt dans l’industrie
que cette régression se produit. Le cas de la Manche apparaît très atypique, avec une
progression de l’emploi des étrangers très marquée, concentrée dans le BTP.

Le tableau ci-dessous laisse apparaître la très forte composante ouvrière des actifs
étrangers en 1982 : 78,6 % des actifs étrangers sont ouvriers36, 83,1% pour les
hommes et 53,5 % pour les femmes qui sont assez souvent employées.
Bien que les catégories statistiques permettent difficilement la comparaison avec
1968, il semble bien que si la grande masse des étrangers occupe des emplois peu
qualifiés de l’industrie, du BTP et des services, la proportion des étrangers occupants
des emplois de professions intermédiaires ait sensiblement augmenté .

POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON LA CATEGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE -1982
% étrangers
Francais Etrangers TOTAL /actifs pour 100 actifs étrangers
H F T H F T H F T H F T
1982
NORMANDIE
1- agriculteurs exploitants 64104 53808 117912 200 64 264 64304 53872 118176 0,2% 0,9 1,6 1,0
2- artisans, commerçants, chefs entrepr. 60916 37888 98804 844 100 944 61760 37988 99748 0,9% 3,9 2,6 3,7
3-cadres, professions intellectuelles sup. 54360 15360 69720 692 88 780 55052 15448 70500 1,1% 3,2 2,3 3,0
4- professions intermédiaires 113880 73476 187356 1204 384 1588 115084 73860 188944 0,8% 5,5 9,9 6,2
5 -employés 62904 208720 271624 752 1172 1924 63656 209892 273548 0,7% 3,5 30,2 7,5
6 - ouvriers, yc agricoles 342352 90956 433308 18092 2076 20168 360444 93032 453476 4,4% 83,1 53,5 78,6
Total 698516 480208 1178724 21784 3884 25668 720300 484092 1204392 2,1% 100 100 100

source INSEE-RGP 1982 -résultats du sondage au 1/4 - population-emploi-ménages-familles logements


fascicules départementaux - tableaux D 8

36
Il s’agit de données sur les actifs ayant un emploi, donc hors chômeurs , ce qui tend probablement à sous-
estimer encore la part des ouvriers, plus souvent frappés par le chômage.

67
Himéminor 2007 page 68

En 1999, au sein d’une population active totale qui augmente encore légèrement, le
nombre des actifs étrangers ayant un emploi a nettement diminué depuis 1982,
retrouvant l’ordre de grandeur de 1968, soit 21.000 personnes. Ces derniers ne
représentent que 1,7% des actifs en Normandie, pour un référent national de 5,2 %.
Les écarts restent marqués entre départements avec un minimum de 0,6% d’étrangers
parmi les actifs employés dans la Manche et un maximum de 2,6 % dans l’Eure.

POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE- 1999
%
étrangers
TOTAL Français Etrangers / actifs pour 100 actifs
dont par dont par
acquisition total français acquis étrangers

NORMANDIE

agriculture 63349 62815 299 534 0,8% 5,1 5,2 1,7 2,5
industrie 271468 266168 3619 5300 2,0% 22,0 22,0 20,0 24,8
construction 77108 73715 1165 3393 4,4% 6,3 6,1 6,4 15,9
tertiaire 819500 807334 13006 12166 1,5% 66,5 66,7 71,9 56,9
dont commerce 154083 152043 1980 2042 1,3% 12,5 12,6 10,9 9,5
TOTAL 1231425 1210032 18089 21393 1,7% 100 100 100 100
France

agriculture 949017 909708 14259 39309 4,1% 4,1 4,2 1,5 3,3
industrie 4230978 4012401 164746 218577 5,2% 18,4 18,4 17,7 18,1
construction 1344215 1167137 63230 177078 13,2% 5,8 5,3 6,8 14,7
tertiaire 16526356 15755059 688327 771297 4,7% 71,7 72,1 74,0 63,9
dont commerce 3051246 2906977 133832 144269 4,7% 13,2 13,3 14,4 12,0
TOTAL 23050566 21844305 930562 1206261 5,2% 100 100 100 100
source: INSEE RGP 1999 -exploitation complémentaire

En Normandie, les étrangers restent toujours relativement plus employés dans


l’industrie, pour 24,8 % d’entre eux (France :18,1%) qui pèse toujours d’un poids
assez important dans la région.
C’est dans l’Eure, que les étrangers sont le plus employés dans l’industrie (pour 34,6
% d’entre eux), ainsi que dans l’Orne (30 %)., alors qu’en Seine-Maritime, seulement
22,5 % des étrangers y ont leur emploi.

Environ 15 % des étrangers trouvent leur emploi dans la construction, tant en


Normandie qu’en France. Cette proportion est un peu plus élevée dans le Calvados et
la Seine-Maritime. C’est dans la construction que les étrangers contribuent le
plus à l’emploi local : ils constituent 4,4% des actifs de ce secteur (5,9 % en Seine-
Maritime) mais cette contribution reste nettement inférieure au référent
national (13,2%).

La part des étrangers qui s’emploient dans l’agriculture est devenue aujourd’hui très
marginale, 2,5% des étrangers qui constituent 0,8% des actifs de ce secteur. Mais
dans l’Orne, près de 10% des étrangers sont encore employés dans l’agriculture.

68
Himéminor 2007 page 69

Certes, 56,9% des étrangers sont en 1999 employés dans le tertiaire mais cette
proportion est nettement inférieure au référent national (63,9%).

Les actifs qui devenus Français par acquisition de la nationalité sont assez
systématiquement plus présents dans le tertiaire, davantage que les étrangers et les
Français de naissance, que ce soit à l’chélon des départements, de la région ou du
pays.

69
Himéminor 2007 page 70

Conclusion
Jusqu’à la Première Guerre mondiale, la Normandie n’accueille que relativement peu
d’étrangers. Ceux-ci sont davantage présents en Haute-Normandie. Les Anglais sont
les plus présents au milieu du XIXème siècle, en liaison notamment avec la révolution
industrielle entamée depuis le siècle précédent dans la Vallée de la Seine. Les Belges
prennent ensuite le relais. Peu nombreux, ces étrangers semblent s’intégrer assez
rapidement, au moins pour une partie notable d’entre eux. Ils travaillent tantôt dans
l’industrie mais dans des départements qui sont très ruraux (Orne, Manche), tantôt
dans l’agriculture (Eure). Mais ils sont bien aussi représentés dans le commerce dans
le département le plus industriel (Seine-Inférieure). L’industrialisation progressive mais
inégale de la région ne semble pas avoir entraîné un recours massif à une main
d’œuvre étrangère, les campagnes normandes ou des régions voisines alimentant
largement les usines de la région.

Avec ou après la Première Guerre mondiale, la Normandie connaît une puissante


vague migratoire, jusqu’en 1931, qui touche à des degrés divers les cinq départements
normands. Si cette apport migratoire reste modéré par rapport à ce qu’ont connu
d’autres régions françaises, il n’en est pas moins net et rapide par rapport à la
tendance observée avant guerre. Un renversement de tendance est enregistré en
1936 avec un recul sensible du nombre des étrangers, qui reste toutefois très
largement supérieur à ce qu’il était en 1911. Ces étrangers sont d’abord des Belges,
puis des Italiens, Polonais, Espagnols vont prendre le relais. Cette vague migratoire
apparaît davantage le fait d’hommes, assez souvent seuls et plutôt mobiles et
massivement ouvriers dans les mines, l’industrie, la manutention mais aussi dans
l’agriculture. Les étrangers sont alors davantage utilisés dans les activités délaissés
par les Français car moins rémunératrices ou plus pénibles.

La Normandie connaît une nouvelle vague migratoire étrangère à partir du milieu des
années 60. Plus tardif qu’au plan national, ce nouvel apport contribue à multiplier par
2 le nombre des étrangers entre 1946 et 1990. Avec les Algériens et les Italiens, cette
première vague de l’après-guerre présente encore assez souvent un profil assez
masculin. A partir des années 70, cette nouvelle immigration se diversifie dans ses
origines (Marocains, Turcs, Africains sub-sahariens,…). Avec le regroupement familal,
sa structure sociale se rééquilibre en faveur des femmes et des enfants et se
rapproche du profil de l’ensemble de la population. Les femmes étrangères deviennent
par ailleurs de plus en plus actives.

L’essor important de l’immigration étrangère à partir du milieu des années 60


correspond bien à une phase de (re)développement de l’industrie en Normandie, soit
à partir de grands pôles déjà existants comme les agglomérations de Rouen, Le Havre
ou Elbeuf, soit à partir de nouveaux pôles jusqu’alors moins industrialisés comme les
agglomérations de Caen, Dieppe, Alençon, Evreux. De nouvelles branches se
développent comme l’automobile, l’électro-ménager ou se renforcent comme la
chimie, la mécanique... La reconstruction des villes normandes puis leur extension,
notamment sous la forme de grands ensembles ont généré des besoins importants
dans le BTP. Le recours à la main d’ouvre étrangère a incontestablement permis
d’accroître les forces productives régionales, mais dans une proportion beaucoup
moins importante qu’au plan national et avec un certain décalage dans le temps. A
Himéminor 2007 page 71

cela, probablement une raison majeure : la démographie normande, très vigoureuse,


dans les années 50-60 a permis d’alimenter très largement le marché du travail. Si le
rôle de l’immigration étrangère constitue un apport de main d’œuvre limité mais
incontestable, il conviendrait notamment de pouvoir en cerner plus précisément dans
quelles branches, quels métiers et types d’entreprises cela a pu se produire.
Himéminor 2007 page 72

Partie II

Corrélations et comparaisons :

Quelques études de cas

par localité, par nationalité ou par profession

A. L’immigration dans une ville portuaire :


Le Havre (XIXe-XXe siècles)

B. L’immigration dans deux petites villes textiles :


Bolbec (1926-1968) et
Flers (de 1960 à nos jours)

C. L’immigration dans un canton rural : Forges-les-Eaux


(1926 et 1968)

D. L’immigration sub-saharienne en Normandie


Himéminor 2007 page 73

Après avoir présenté les tendances et des caractéristiques de l’immigration


étrangère en Normandie de 1851 à nos jours, il nous a semblé intéressant de procéder
à une approche de type méso-historique s’appuyant sur quelques études de cas.
Dans un premier temps, nous avons choisi d’opter pour une mise en corrélation
entre le fait migratoire et quelques phénomènes souvent évoqués s’agissant de sa
dynamique ou de ses singularités régionales.
Dans cette perspective, quatre études successives ont été engagées (voir leur
localisation page suivante) :
 La première, réalisée à partir des recensements communaux du Havre pour les
années 1851, 1891 et 1926 (M. Verdier), s’est efforcée, à travers l’étude des
populations étrangères au Havre, de saisir l’articulation existant entre les
mouvements migratoires et une situation portuaire.
 Deux autres études, à partir de l’étude de deux villes industrielles de la vallée
de la Seine (Bolbec, E. Simon) et de Basse-Normandie (Flers-de-l’Orne, N.
Lemarchand) dans lesquelles le fait migratoire s’est développé de manière très
différente, ont eu pour objectif d’analyser le lien entre le recours aux migrations
étrangères et l’évolution des activités industrielles.
 Enfin, dans le cadre d’un département connu pour le poids qu’occupe l’industrie
dans la vie économique (Seine-Maritime), l’étude de la présence étrangère dans un
canton rural (Forges-les-Eaux, V. Porte) nous a permis de porter un regard sur la
présence étrangère dans un espace situé loin des centres industriels.
 Dans un second temps, nous avons également voulu rendre compte à travers
le cas des migrants originaires d’Afrique noire (A. Nicollet), dans un espace
régional connu pour les différences de structures économiques et sociales séparant
ses parties orientale (Haute-Normandie) et occidentale (Basse-Normandie), de
l’influence exercée par celles-ci sur la nature des mouvements migratoires.
Himéminor 2007 page 74

A. L’immigration dans une ville portuaire :


Le Havre (XIXe-XXe siècles)

Au Havre, l’immigration contemporaine intervient dans le contexte d’une


croissance démographique remarquable. Alors qu’en 1851, cette ville compte 56 000
habitants avec ses faubourgs bientôt annexés (1852 -Ingouville et Graville-Leure), elle
atteint le chiffre de 120 000 habitants à la fin du XIXe siècle (1891), de 158 000
habitants en 1926. Divisé en six cantons, étendu au nord et à l’est, Le Havre est
devenu, au tournant des XIXe et XXe siècles, la première ville de Normandie, la
neuvième de France.
Cette croissance démographique a accompagné l’industrialisation du port,
laquelle a entraîné d’importants mouvements migratoires vers Le Havre. Dès 1891,
selon Jean Legoy, moins de la moitié de la population est originaire de la ville (40,6%).
35,5% sont nés en Normandie, 8,8% en Bretagne et 20% d’horizons plus lointains.
Parmi eux figure une minorité d’étrangers (3.5%).
Himéminor 2007 page 75

L’immigration étrangère au Havre : le conformisme des attitudes

L’état des lieux concernant la présence étrangère au Havre et dans le faubourg


d’Ingouville en 1851 entraîne un premier constat : avec 1468 habitants pour 42 655
habitants, soit 3.4% de la population totale, les étrangers sont en nombre important, le
taux moyen d’étrangers étant de 1.1% en France, de 0.3% en Normandie. Toutefois,
le moment est exceptionnel, cette forte représentation étant due à l’afflux récent de
migrants venus s’entasser dans le faubourg populaire d’Ingouville avant un départ
souhaité pour l’Amérique.
Par la suite, la présence étrangère au Havre redescend au niveau des
moyennes nationales (3.2% contre 2.7% en 1891 puis 2.9% au lieu de 3.9% en 1926).
On soulignera cependant que, même si Le Havre n’est pas une grande ville
d’immigration, elle accueille un pourcentage d’étrangers supérieur à la moyenne
régionale (autour de 0.5%).
La conformité de la présence étrangère au Havre aux comportements régionaux
est confirmée dans l’absence de spécificité concernant la répartition géographique des
immigrés dans la ville. Ainsi, en 1851, la cartographie montre sans surprise une
propension à résider dans les deux quartiers du centre-ville (quartiers 1 et 2) alors que
la présence étrangère est faible dans les quartiers maritimes de Saint-François (3) et
du Quai de l’Ile (4).
Himéminor 2007 page 76
Himéminor 2007 page 77

Près d’un siècle plus tard, la carte de la présence étrangère montre que Le
Havre suit l’évolution qui est celle également de toutes les villes importantes du
département, portuaires ou non. On relève en effet l’affaiblissement de la présence
étrangère dans les faubourgs riches (comme la partie haute d’Ingouville, 6e canton) et,
parallèlement, son affirmation dans les quartiers de l’Est de la ville (3e et 4e cantons)
où s’installent les migrants de condition modeste. C’est là que sont implantés les
Belges, lesquels sont devenus la nationalité la plus représentée de la Cité Océane
(voir Annexe n°2)
L’évolution des mentalités montre aussi que Le Havre suit globalement le
mouvement général observé en Normandie et en Seine-Maritime. Les Anglais sont
ainsi, en 1851 et en 1891, la principale communauté présente dans la ville, leur poids
Himéminor 2007 page 78

diminuant de manière significative après la 1ère Guerre Mondiale moment à partir


duquel les Belges et à un degré moindre les populations méditerranéennes et
d’Europe orientale deviennent les groupes les plus importants (cf. Partie I, p. 40).

LES ETRANGERS AU HAVRE : EVOLUTION DES NATIONALITES DE 1851 A 1926

800

700

600
Anglophones

500 Germanophones
Francophones
400
Hispanophones

300 Scandinaves
Est-européens
200 Italophones

100

0
1851 1891 1926

Les Anglais du Havre : l’émergence d’une spécificité née de la situation portuaire…

Toutefois, on remarquera, et sans doute est-ce le premier signe d’une


originalité liée à la position portuaire du Havre, que le recul des Anglais fut plus tardif
dans cette ville que dans les autres villes de Seine-Maritime. En effet, ce n’est qu’en
1926, et non en 1891, que les Belges s’imposent comme le groupe le plus nombreux
au Havre (cf. Partie I). La « résilience » des Anglais entraîne une singularité dans
l’éventail des professions occupées par les étrangers dans cette ville.
Dans un cadre général marqué par l’affirmation d’une population modeste
employée dans l’industrie, on constate en effet la bonne position que continuent à
occuper dans cette ville les métiers du négoce et de la domesticité.
Le recensement de 1926 marque un moment de brutale transformation. Les
métiers peu qualifiés du port et de l’industrie, qui occupaient 14% de la population
étrangère en 1891, regroupent 39, 5% de celle-ci en 1926.
Himéminor 2007 page 79

Les étrangers au Havre de 1851 à 1926 : l’évolution des professions

100%

90%

80% Autres

Prof. libérales / artistiques


70%
Industrie
60%
Domesticité
50%
Commis et Employés
40% Port
30% Petit commerce et artisanat

20% Négoce

10%

0%
1851 1891 1926

… qui n’empêche en rien les difficultés d’intégration

Cette longue présence des Anglais au Havre entraîne également des spécifités
dans les comportements culturels. Ainsi, à la différence des Suisses, dont la présence
importante est une caractéristique départementale (cf. Partie I, p. 32), les Anglais
restent-ils fidèles au même quartier d’installation (voir Annexe n°2), un phénomène
lié à la fois au caractère originellement élitaire de cette migration (parmi les 29 notables
étrangers les plus riches de la ville en 1842, on compte 11 Anglais) et aux
comportements démographiques qu’entraîne l’appartenance au protestantisme de la
plupart de ces personnes.
Ce particularisme religieux est en effet un obstacle à l’intégration. Ainsi, en
1891, quand 51,6% des Belges et 61% des Italiens, tous ou presque catholiques,
épousent une française, ils ne sont que 24,6 % d’Anglais à le faire. Par ailleurs, leur
très forte inclination à pratiquer les métiers du négoce (1/3 des emplois masculins) et
de la domesticité (ils représentent 30% des emplois étrangers de ce secteur) tout au
long du XIXe siècle peut être lue comme le signe d’une difficulté à sortir de leur
profession originelle. Ce n’est que très tardivement, en 1926, qu’une rupture se
produit. Les Anglais travaillant dans le négoce ne sont plus que 17%, soit la même
Himéminor 2007 page 80

proportion que ceux qui sont employés dans l’industrie peu qualifiée (17%) et les
métiers du port (15%).
Ces difficultés trouvent leur confirmation dans les pratiques inhérentes à la
sociabilité maritime havraise implantée dans le quartier St François. En 1891, on y
recense 23 débits tenus par un étranger, auxquels il faut adjoindre 2 cafés et 2 cafés-
concerts. En 1926, malgré une légère baisse, ils sont encore 21 débitants et 3
cafetiers, dont 16 dans le 2e canton. Les établissements anglophones comme le « Bill
Rhode » (rue Dauphine), le « Bill White » (rue Pleuvry), le « Sailor’s Home » ou le
« Sailor’s Rest », restent les plus nombreux. S’ils sont des lieux d’intégration, ces
établissements suscitent une suspicion montrant, comme ce fut le cas durant
« l’Affaire Jacobs », la stigmatisation pouvant affecter les étrangers. Cette « affaire »
fut au Havre, au tournant des XIXe et XXe siècles, un pendant de l’affaire Dreyfus
permettant de voir (Annexe n°2), à travers l’acharnement de la presse contre cette
famille de juifs anglais responsables de cafés-concerts, que le milieu portuaire
n’échappe pas aux tensions qui, en période de crise, caractérise la relation entre
population d’accueil et migrants
.
Himéminor 2007 page 81

B. L’immigration dans deux petites villes textiles :


Bolbec (1926-1968) et Flers (de 1960 à nos jours)

1. Bolbec

Bolbec, ville du département de la Seine-Maritime située entre Rouen et le Havre,


doit son développement économique aux nombreuses industries textiles qui en ont fait
l’un des plus grands centres cotonniers français jusqu’au début du XXe siècle, moment
où commence le déclin de cette industrie.
Himéminor 2007 page 82

C’est dans ce cadre que nous avons tenté d’analyser la corrélation entre le
déclin d’une industrie et le recours à l’immigration étrangère. Pour répondre à cette
question, nous avons jugé pertinent de comparer les tableaux de l’immigration en
1926, année où l’activité du textile reste forte, en 1968, moment où le déclin est
entamé, et en 1975, année où la plus puissante entreprise de la ville (Desgenetais-
Boussac) ferme ses portes37.

1926 : une faible présence immigrée

En 1926, le textile bolbécais n’est pas encore en crise : au moins 5000


personnes travaillent encore dans ce secteur industriel. Bolbec, découpée
géographiquement en cinq quartiers, ne compte que 38 étrangers.

LA PRESENCE IMMIGREE A BOLBEC EN 1926

Nationalités/Quartiers Quartier 1 Quartier 2 Quartier 3 Quartier 4 Quartier 5 TOTAL

Anglais 1 1 2 4

Belges 6 4 3 7 20

Chiliens 1 1

Ecossais 1 1

Espagnols 4 1 5

Hollandais 1 1

Hongrois 1 1

Italiens 1 1

Irlandais 1 1

Suisses 1 1

Tchécoslovaques 2 2

TOTAL 13 7 9 9 38

37
L’étude a été réalisée grâce aux données démographiques recueillies aux Archives municipales de Bolbec
(Mairie de Bolbec, square du Général Leclerc, 76210 Bolbec) et aux registres de recensements nominatifs de
l’INSEE.
Himéminor 2007 page 83

Dans cette ville qui compte alors 10 000 habitants (10 041), ils ne représentent
que 0,38% de la population totale, la proportion d’immigrés en France étant de 5,7%.
Il s’agit presque exclusivement d’immigrés européens, dont plus de la moitié de
Belges, concentrés dans le centre de la ville (quartier 2). Le nombre d’étrangers
employés dans le textile est alors marginal. Ils ne sont que trois dans ce cas, dont deux
Britanniques qui occupent des postes à haute responsabilité. Les autres immigrés
étrangers travaillent majoritairement dans l’artisanat traditionnel.

1968 : une légère montée du nombre d’étrangers

En 1968, le textile bolbécais est entré dans une phase d’accélération de son
déclin. Dans ce contexte nouveau, la proportion d’étrangers à Bolbec reste faible
(0,45% de la population totale). On remarquera cependant, alors que la population
globale croît de 30%, que le nombre d’immigrés a presque doublé.

LA PRESENCE IMMIGREE A BOLBEC EN 1968


Nationalités/
Quartier 1 Quartier 2 Quartier 3 Quartier 4 Quartier 5 TOTAL
Quartiers
Algériens 8 1 5 14
Allemands 1 3 1 5
Anglais 1 1
Autrichiens 1 1
Belges 2 1 3
Danois 7 7
Espagnols 2 2 1 5
Hongrois 1 1
Italiens 2 1 3
Marocains 1 1
Polonais 1 1
Portugais 1 7 8
Sénégalais 1 1
Suisses 1 1
Syriens 4 4
Tunisiens 2 2
Yougoslaves 1 1
TOTAL 17 4 4 30 4 59
Himéminor 2007 page 84

Cette croissance s’accompagne de modifications. Ce sont en effet des immigrés


nord-africains et, à un degré moindre, des Portugais qui ont remplacé les Belges. C’est
le bâtiment, et non le textile, qui a recours aux travailleurs étrangers. Leur répartition
géographique dans la ville a également évolué. En 1968, ce sont les quartiers où se
localisent les grandes usines (quartiers 1 et 4, Desgenetais et Val Ricard) qui
concentrent cette population38.

1975 ou le recours à l’immigration


LA PRESENCE IMMIGREE A BOLBEC EN 1975

Nationalités/ Quartier Quartier Quartier Quartier Quartier


TOTAL
Quartiers 1 2 3 4 5
Algériens 10 1 3 2 16
Allemands 3 1 1 4
Anglais 1 1
Belges 2 1 5 1 9
Brésiliens 1 1
Camerounais 1 1
Coréens 1 1
Espagnols 3 3
Hongrois 4 2 6
Italiens 1 1 2
Marocains 16 9 1 26
Norvégiens 1 1
Polonais 4 4
Portugais 3 6 2 11
Sénégalais 6 1 7
Tchécoslovaques 1 1
Tunisiens 3 1 1 4
Turcs 4 2 6
Vietnamiens 1 1
Yougoslaves 2 9 11
TOTAL 54 19 20 13 10 116

38
L’usine Tetlow, localisée à la limite du quartier 5, emploie également des ouvriers résidant dans le quartier 4.
Himéminor 2007 page 85

En 1975, on observe un nouveau doublement du nombre des étrangers. La


population étrangère à Bolbec atteint presque 1% de la population de la ville (0,9%).
La présence nord-africaine s’accentue. Marocains, Algériens et Tunisiens rassemblent
46 des 116 étrangers recensés. L’entretien réalisé avec Miloud Chébli39 montre
comment l’industrie textile en déclin a recours aux travailleurs étrangers qui disposent
d’une expérience professionnelle dans ce secteur d’activité. Ces travailleurs, trente
ouvriers spécialisés ou manœuvres, le plus souvent arrivés célibataires, se
concentrent dans le quartier 1, mais aussi dans le quartier 3, où se sont multipliés les
Habitations à Loyers Modérés.
Un des facteurs à prendre en compte pour expliquer ce recours aux immigrés est la
possibilité pour les anciens ouvriers du textile qui désirent une reconversion avant que
leur employeur bolbécais ne ferme définitivement, d’embauches à des salaires plus
élevés dans la nouvelle usine automobile Renault à Sandouville et dans les raffineries
de Port-Jérôme.
Pour conclure, il apparaît donc que, dans une ville où les immigrés n’ont
jamais représenté plus de 1% de la population, le lien entre le déclin de l’activité textile
et le recours à l’immigration est réel. Il est cependant de faible ampleur et il est survenu
tardivement. Comme le montre l’exemple de Monsieur Chébli qui arrive à Bolbec en
1973 et ne travaille que deux ans dans l’entreprise Desgenetais, on fait appel aux
étrangers au moment où le textile est déjà condamné.

39
Entretien réalisé avec Monsieur Miloud Chébli, immigré marocain, ancien actif du textile à Bolbec, réalisé par
Valentin Porte et Erwan Simon, le mardi 20 février 2007, au domicile de Monsieur Chébli.
Himéminor 2007 page 86

2. Flers

Au dernier recensement, avec environ 28 000 personnes, la Basse-Normandie


compte une faible population d’immigrés. Avec 2% de la population totale contre 7,4%
pour l’ensemble de la France), elle est au 20e rang sur les 22 régions françaises.
L’Orne est le département qui héberge proportionnellement le plus d’immigrés (2,6%),
principalement originaires de Turquie, car il est le plus industriel des trois
départements de Basse-Normandie.
Située au cœur du Bocage ornais, Flers est une ville moyenne de 16 834
habitants où les étrangers représentent 6,2% de la population totale (1050 personnes),
soit le plus fort taux du département voire de la région Basse-Normandie. Les
principaux pays de naissance sont la Turquie (36,6%), l’Algérie (22,4%), le Maroc
(9,2%), les autres pays représentant (31,8%). Flers et son agglomération (30 000
habitants), au centre du bassin d’emploi le plus industrialisé de la région, concentre un
nombre important d’entreprises dans le domaine de l’automobile et de l’agro-
alimentaire. Un tiers des salariés travaille dans l’industrie contre un cinquième en
Basse-Normandie. En 2006, les différents secteurs de l’industrie flérienne concentrent
un peu plus de 12 % des emplois industriels bas-normands. Les équipementiers
automobiles du bassin de Flers constituent un premier pilier de l’industrie du bassin.
Faurecia, spécialisé dans la fabrication de sièges pour automobiles, emploie plus de
1600 salariés, hors intérimaires, à Flers, et 460 dans la fabrication de systèmes
d'échappement à Messei. L'industrie agricole et alimentaire est la deuxième branche
industrielle du territoire, créatrice, ces dernières années, de plusieurs centaines
d’emplois. Elle repose principalement sur une industrie de la viande, traditionnelle
(SNV, Techni-Desoss) ou spécialisée dans le créneau des surgelés (Charal).

Au milieu des années 1960, l’industrie flérienne commence à embaucher de la


main d’œuvre étrangère car, à partir de 1964, des rapatriés originaires d’Afrique du
Nord arrivent à Flers. Plus tard, entre 1975 et 1990, une immigration du Maghreb et
de Turquie augmente le nombre de communautés. L’exode rural et l’arrivée de
population étrangère incitent la municipalité et les bailleurs sociaux à construire de
nouveaux quartiers d’habitat social collectif. Entre 1965 et 1970, 389 logements sont
construits au Pont Féron. Les premières installations de familles turques vont se faire
dans ce quartier, dans les années 1975. L’arrivée de ces familles turques permet aux
Himéminor 2007 page 87

différents bailleurs sociaux de combler un fort taux de vacance dans les logements
collectifs du quartier. Une soixantaine de familles viennent s’installer au Pont Féron
entre les années 1975 et 1978. Pour l’essentiel des familles turques arrivant à Flers,
le Pont Féron sera leur premier lieu de résidence. On l’appellera d’ailleurs le « quartier
aux moutons », en référence aux peaux de mouton que les Turcs font sécher sur les
pelouses. La communauté turque, peut-être en raison de sa provenance commune,
Posof en Anatolie, est très structurée et très organisée. Les Turcs représentent,
quantitativement, la première communauté étrangère de Flers. Depuis octobre 2005,
la communauté turque musulmane dispose d’un lieu de culte, une mosquée située
dans le quartier du Pont Féron, et un café dans le même bâtiment géré par
l’association Amicale franco-turque de Flers.
Les entretiens réalisés à Flers en décembre 2006 et janvier 2007 ont montré
que c’est à partir du milieu des années 1970 que des Turcs, uniquement des hommes
arrivant du nord-est de la Turquie, plus précisément de la région de Posof en Anatolie,
viennent s’installer à Flers. La région de Posof, une région rurale et pauvre, s’est
trouvée désertée par les jeunes, à partir des années 1970. L’exode rural a poussé les
jeunes hommes turcs en âge de travailler à quitter leur région natale et à partir, soit
d’abord vers les grandes villes de l’ouest de la Turquie (Istanbul et Ankara) pour aller
ensuite en France, soit à transiter par la Belgique ou l’Allemagne, soit directement vers
la France. Les primo arrivants de Flers sont des hommes venus seuls pour travailler.
Dans le cas où l’homme était déjà marié et père de famille, la femme et les enfants ne
sont venus le rejoindre que quelques années plus tard.
Les Turcs installés à Flers, majoritairement ouvriers, travaillent principalement
dans le secteur de l’automobile (Faurécia, équipementier automobile), de l’industrie
agro-alimentaire (Charal), dans le secteur du bâtiment ou encore du commerce
(restauration rapide, sandwicherie kebab). Certains ont d’abord, à leur arrivée, travaillé
dans des usines textiles qui ont fermé dans les années 1980.
Le modèle parental s’est perpétué pour les enfants des primo arrivants aussi
bien au niveau professionnel que familial. Les enfants de la première génération de
migrants, souvent nés en Turquie, sont partis très jeunes avec leur mère pour rejoindre
le père installé à Flers. Tous soulignent l’arrivée difficile en France liée notamment au
problème de la langue. Les enfants étaient inscrits à l’école, sans savoir parler le
français. Un enfant qui avait l’âge d’entrer en CM2 pouvait très bien ne sachant pas
parler le français, se retrouver en CP. Ces situations ont bien souvent provoqué des
Himéminor 2007 page 88

retards scolaires et un manque de motivation pour les études. Les enfants des primo
arrivants ont ainsi continué à travailler dans les mêmes secteurs que les parents en
essayant malgré tout d’évoluer au sein de l’entreprise. Alors que les hommes de la
seconde génération ont été jusqu’au BEP voire exceptionnellement jusqu’au
baccalauréat, les plus jeunes souhaitent désormais poursuivre leurs études. Voyant
leurs aînés reproduire le modèle parental, ils souhaitent, quant à eux, accéder à des
postes plus qualifiés.
Les femmes turques, en général, n’ont pas d’activité professionnelle. Elles
restent au foyer pour s’occuper de la maison et élever les enfants. Les primo arrivants
ont au moins cinq enfants. Aujourd’hui, les femmes restent encore au foyer pour élever
leurs enfants, trois en moyenne. Les enfants vont à l’école publique et à l’école turque
une fois par semaine pour apprendre la langue avec un enseignant venant de Turquie.
Payé par le gouvernement turc, il ne vient que quelques années puis repart dans son
pays. Les jeunes, même s’ils sont nés en France, n’oublient pas qu’ils sont d’abord
des Turcs, fiers de l’être, et aussi des musulmans fidèles aux valeurs de cette religion.
Il apparaît nécessaire à la communauté turque d’éviter que se produise l’assimilation
définitive des enfants. Il est essentiel de protéger le groupe dans sa différence à travers
la préservation de l’identité. Plusieurs critères d’identification sont avancés, la religion
musulmane et la culture turque, principalement la langue. Les primo arrivants ont
d’ailleurs de grandes difficultés à s’exprimer en Français. Quant à leurs enfants ayant
pourtant été à l’école en France, certains parlent un français approximatif. La langue
turque est la langue la plus utilisée. Elle est parlée en famille et avec les amis. Il s’agit
d’une communauté structurée, intégrée économiquement, sans revendication
particulière autre que celle de garder leur identité.
Les mariages des jeunes qui sont nés ou qui ont grandi en France s’effectuent
avec des époux ou des épouses venant de Turquie presque exclusivement originaires
de la région de Posof. Une expression est d’ailleurs couramment employée par les
Turcs pour définir les hommes qui viennent de Posof pour épouser une femme vivant
à Flers : ce sont les « beaux-frères », « les pièces rapportées ». Les mariages avec
des conjoint(e)s venu(e)s de Turquie constituent un atout majeur pour la communauté.
Ils perpétuent la dynamique migratoire par l’arrivée régulière d’un nouvel immigré ou
d’une nouvelle immigrée. Ces alliances matrimoniales permettent de faire perdurer les
valeurs de la communauté. La transmission de l’identité doit s’effectuer sans altération
de génération en génération.
Himéminor 2007 page 89

La promesse d’un retour au pays, le mythe de l’éternel retour qui serait le lieu
commun de l’immigration ne se vérifie pas. Les primo arrivants, désormais grands-
parents, souhaitent voir grandir leurs petits-enfants. Ils ne voient pas l’intérêt de
retourner passer leur retraite en Turquie seuls, sans leur famille. Le dépaysement n’est
d’ailleurs pas total puisque Flers présente des similitudes avec leur région d’origine.
Le paysage du bocage ornais aurait étonnamment, selon différents témoignages, des
similitudes avec la région de Posof.
Himéminor 2007 page 90

C. L’immigration dans un canton rural : Forges-les-Eaux


(1926 et 1968)

Le canton de Forges-les-Eaux et ses communes

SITUATION DE FORGES-LES-EAUX

LES COMMUNES DU CANTON DE FORGES-LES-EAUX


Himéminor 2007 page 91

En 1926 : la domination des Belges

En 1926, les étrangers ne sont que 59 dans ce canton rural de moins de 20 000
habitants (1964).

A un moment où ils constituent la communauté étrangère la plus forte du


département et de ses grandes villes, les Belges sont les seuls étrangers
véritablement présents dans ce canton rural, la « forte présence » des Espagnols étant
due à l’installation d’une famille nombreuse à Forges-les-Eaux.

LES ETRANGERS DU CANTON DE FORGES-LES-EAUX :

REPARTITION PAR NATIONALITE (1926)

1 2 2

7
Allemands

14 Anglais

Belge

Espagnols

Hongrois

Polonais

33

Sur le plan géographique, si la plupart des étrangers réside à Forges-les-Eaux,


ville qui est la seule cité d’importance (32 000 habitants) du canton, on remarque
cependant la présence étrangère à Grumesnil, un bourg de 1 000 habitants situé loin
Himéminor 2007 page 92

du chef-lieu, à l’extrémité orientale du département de Seine-Inférieure. Toutefois,


comme à Forges-les-Eaux, c’est l’installation d’une seule famille (belge) prolifique (les
Lefebvre) qui explique ce phénomène.

POPULATION ETRANGERE PAR COMMUNE (1926)

3 1 5

Beauseault

Forges-les-Eaux

18 Grumesnil

Pommereux

Serqueux

32

Sur le plan des activités, on note la part importante des étrangers dits « sans
profession ». C’est le signe du développement d’une immigration familiale installée en
milieu rural, la plupart des actifs étrangers du canton de Forges-les-Eaux travaillant
dans le secteur agricole.
Himéminor 2007 page 93

LES ETRANGERS DU CANTON DE FORGES-LES-EAUX EN 1926 :

REPARTITION PAR METIER

1 1 1
1
Mécanicien
Sans profession
9
Journalier
Marchand de primeurs
Employée de cuisine
Hôtelier

1
Tailleur
Couturière
2 Electricien
28 Chapelier
2 Herbager
Aide-agriculteur
1
Cultivateur
1
Aide-cultivateur
1
1 Industriel
Raccomodeuse
2
Marchand
1

6
1

1968 : la fin d’une présence


Plus de 60 ans après le recensement de 1926, la première évolution notable
est la très forte baisse du nombre des étrangers. Passée de 59 en 1926 à 14 en 1968,
la population étrangère est devenue marginale. Cette chute entraîne le renforcement
des caractères sociogéographiques qui caractérisaient les immigrés du canton de
Forges en 1926. A une exception près, ces étrangers sont des Belges (6) et des
Espagnols (7) appartenant à des familles qui résident dans la ville de Forges-les-Eaux.
Les Belges de Grumesnil ont disparu et le secteur agricole reste le plus représenté
parmi les actifs.
Himéminor 2007 page 94

D. L’immigration sub-saharienne en Normandie

Africains en Normandie, c’est-à-dire ?


Le courant migratoire depuis l’Afrique Noire vers la France ne s’est amorcé
véritablement qu’après la Seconde Guerre mondiale, précédant de peu
l’indépendance des pays subsahariens. On sait que la colonisation a été un des
facteurs déterminants du départ des ex-colonisés vers les anciennes métropoles. On
ne peut aborder la question des migrations africaines en Normandie sans les replacer
dans le contexte national, qu’il s’agisse de l’importance numérique des flux migratoires
ou des caractéristiques sociales et culturelles des migrants. Quelle incidence peut
avoir sur la structure d’une famille Soninké ou Manjak le fait qu’elle réside à Rouen, à
Paris ou à Marseille ? Les observations faites ici ou là sont habituellement
généralisables, on le sait après enquête, mais on ne peut négliger certaines
spécificités du lieu. La morphologie sociale, associant l’espace et la démographie, a
certainement une influence. Il n’est pas indifférent que dans une ville on constate une
forte concentration de migrants de la même ethnie et de villages très rapprochés. Ils
reconstituent alors spontanément des liens communautaires d’interconnaissance, qui
régulent en partie leurs relations avec la société d’accueil, contrairement aux
ressortissants d’un pays qui sont isolés ou en tout petit nombre. Par ailleurs, la
composition de la population étrangère d’une cité donne une certaine configuration,
toujours particulière, aux relations de voisinage et aux fréquentations possibles. Les
immigrés qui résident depuis longtemps dans la même région en participant
activement à la vie associative qui leur procure de nombreuses rencontres, n’ont-ils
pas assimilé, à travers la familiarité avec les lieux ou les hommes, une manière d’être,
d’agir, de parler (vérifiable dans l’accent des jeunes) qui les singularisent par rapport
à des compatriotes vivant ailleurs. Les politiques locales, l’état de l’opinion, qui ne sont
pas en France parfaitement homogènes jouent aussi leur rôle.
Vivre l’immigration africaine en Normandie – et dans quel pays normand ? –
suscite bien des questions. Il serait trop simple de croire que la «normandité» selon
Léopold Sedar Senghor – Normand d’adoption – ait été intégrée dans l’identité des
très nombreux Sénégalais résidant en Normandie. Mais l’étude du facteur régional
dans la culture des populations immigrées mériterait d’être approfondie.
Himéminor 2007 page 95

Préludes à l’immigration africaine en France et en Normandie


La présence des Européens en Afrique – des Normands sur les côtes dès le
XIVe siècle – a précédé de très loin celle des Africains en Europe. Jusqu’au milieu du
XXe siècle, ils furent fort peu nombreux en France, si l’on excepte la parenthèse de la
Première Guerre mondiale. En Normandie, le séjour des Africains est lié d’une manière
ou d’une autre, pendant plusieurs siècles, à la mer, au commerce maritime et ne
concerne que les villes portuaires. Au Havre, port négrier, des servantes, cuisinières,
cochers participent aux fêtes célébrant l’éphémère abolition de l’esclavage en 1794.
Pendant la colonisation, des boys accompagnent la famille de leurs maîtres, lors de
leurs retours périodiques en métropole. Au cours de la Première Guerre mondiale,
environ 180 000 «tirailleurs sénégalais» furent engagés en France ; la plupart des
survivants regagnèrent leur pays. En 1926, on évaluait à cinq mille le nombre
d’Africains en métropole dont un tiers en région parisienne, militaires, journalistes,
étudiants, gens de maison. Une mention spéciale, qui intéresse les ports normands,
doit être faite, pour les navigateurs.
Le reclassement des anciens combattants dans certains emplois facilita
l’inscription des Africains dans la marine marchande, comme matelots, aide-cuisiniers,
soutiers et leur permit de s’établir dans les ports d’attache de Marseille, Bordeaux,
Dunkerque, Le Havre. En 1934, il y avait parmi les dockers de Rouen quelques
Africains et des cafés étaient tenus par d’anciens navigateurs. Les Manjak (Guinée-
Bissau et Casamance) et les Soninké (Fleuve Sénégal) comptèrent beaucoup de
navigateurs, parfois par familles entières. La plus grande possibilité d’être recruté dans
les ports français explique en partie la fréquence des passages clandestins sur les
cargos entre Dakar et Le Havre. L’historien havrais Jean Legoy en a recensé 134 entre
1924 et 1939, chiffre inférieur à la réalité puisqu’il ne concerne que les clandestins qui
ont été découverts. Rapidement libérés, ils séjournaient en ville, une trentaine furent
embauchés comme démineurs pendant la guerre.
Parmi les milliers d’Africains mobilisés et entrés en France au cours du
deuxième conflit mondial, nous ignorons combien décidèrent de rester ou de revenir
dans le pays qu’ils avaient défendu. Il est certain que la guerre, avec les déplacements
de populations qu’elle a entraînées, a joué un rôle dans l’amorce du mouvement
migratoire, dès la fin des hostilités. Dans son roman Le docker noir, Sembene
Ousmane décrit la mentalité de ses compatriotes de Marseille, nouvelle génération
d’anciens combattants, appartenant à des ethnies très diverses. Nous n’avons
Himéminor 2007 page 96

malheureusement pas l’équivalent pour la Normandie. Par contre, nous savons ce qu’il
advint des navigateurs. La passage du charbon au diesel sur les navires priva d’emploi
les soutiers. En 1953, sur 2 000 inscrits maritimes africains recensés dans les ports
français, les trois quarts ne naviguaient pratiquement jamais. La tendance à chercher
du travail à terre dans les ports d’attache comme Rouen ou Le Havre se confirme en
particulier chez les Manjak (dans cette période 70 d’entre eux furent embauchés dans
des usines de l’agglomération rouennaise). Les ex-navigateurs sédentarisés
constituèrent le premier noyau de l’immigration africaine d’après-guerre. Il y eut des
mariages mixtes et quelques regroupements de familles, signes avant-coureurs d’une
période nouvelle.

Les débuts des migrations de travail en Haute-Normandie


Dans les années 50, les migrations de travail depuis l’Afrique Noire portent sur
des effectifs encore réduits, difficiles à évaluer avec précision étant donné la diversité
des sources. En Normandie, on relève des tendances et des faits intéressants. Dès le
début et constamment par la suite, la Seine-Maritime est le département qui a accueilli
le plus grand nombre d’Africains, pour deux raisons. La première est liée au fait que
les Compagnies de navigation desservant les côtes d’Afrique ont dirigé vers Rouen
(Compagnie Paquet) et Le Havre les migrants du Sénégal.
La seconde raison tient à la proximité de la région parisienne. Paris et l’Île-de-
France offrant un large marché du travail non qualifié ont attiré la majorité des
Africains. Même ceux qui débarquaient à Marseille remontaient souvent vers le Nord,
en quête d’emploi. L’image du Malien au service de la voirie parisienne ou des
entreprises de nettoyage est restée dans les mémoires, même si l’on sait qu’elle est
très réductrice. Les industries métallurgiques, chimiques, la construction automobile
embauchaient à l’époque beaucoup de manœuvres et d’O.S. A la fin du siècle, l’Île-
de-France concentrera 65% des ressortissants d’Afrique Noire (87% des Maliens).
La Haute-Normandie, urbanisée et industrialisée, dans le prolongement
immédiat de la Région Parisienne présentait les mêmes avantages. L’expression
«Sahel sur Seine» datée de 1984 traduit bien cette continuité.
Le flux migratoire vers la France n’est qu’un cas particulier des migrations de
travail vers d’autres pays européens, faisant suite aux mouvements intenses,
multiples, interafricains en direction des pôles de développement agricoles et miniers
du continent. Ce sont surtout les pays côtiers, Guinée, Côte-d’Ivoire, Togo, Dahomey
Himéminor 2007 page 97

(Bénin), Cameroun, Gabon qui alimentent le courant. Mais très tôt, le Sénégal et le
Soudan (Mali) vont prédominer avec près de 50% des migrants du travail africains.
Progressivement, la migration va changer d’échelle et concerner un autre type de
migrants, comme l’indique une enquête dans une usine parisienne. Un observateur
note, en effet : « Avant la guerre de 1939, travaillaient régulièrement à la fonderie, où
ils faisaient merveille, sept ou huit anciens tirailleurs qui avaient pris goût à la France.
Maintenant, ces éléments, sinon européanisés, du moins initiés à la vie urbaine et
moderne, anciens marins, anciens tirailleurs, gens des cités et de ports, mus par
l’attrait du gain, l’esprit d’aventure ou par le prestige d’un monde qu’ils avaient parfois
déjà effleuré, sont noyés dans une masse de ruraux qui semble passer sans transition
notable des steppes du Fouta-Toro aux usines parisiennes ».
Désormais ceux qui partent des villages, principalement de la Vallée du Fleuve
Sénégal, sont jeunes, célibataires ou mariés ayant laissé femme et enfants au pays.
Ils n’ont connu ni la ville, ni l’école et l’analphabétisme les assigne aux postes de
manœuvres et d’O.S. C’est précisément de cette main-d’œuvre que la France d’après-
guerre en reconstruction et bientôt en croissance économique a besoin. Des accords
de libre circulation sont signés avec les jeunes états indépendants. « Avant, nous
étions sollicités, bien accueillis », dit un vétéran. Des industriels recrutaient sur place
et même sans contrat ces migrants disponibles, peu exigeants, trouvaient rapidement
du travail. Dans l’agglomération rouennaise, les filatures, la métallurgie, la construction
navale embauchaient, de même Renault sur ses chaînes de montage (Cléon, près
d’Elbeuf, à partir de 1958, plus tard Sandouville, près du Havre, à partir de 1964) où
les ¾ des ouvriers étrangers étaient africains (397 en 1984 du Sénégal et de
Mauritanie). Parmi les entreprises havraises, on peut citer Multiplex (Lutherma), les
Tréfileries, le Nickel, le Titane, Dresser, les Verreries de Graville, Goodyear.
La connaissance du prolétariat africain en Normandie est encore dispersée et
incomplète. Cependant, certaines caractéristiques ont souvent été décrites. Il suffit de
les rappeler très sommairement :

- origine géographique prédominante, la Haute-Vallée du Sénégal, formant frontière


entre Sénégal, Mauritanie et Mali, riche en hommes mais subissant une marginalité
économique et des aléas climatiques, ayant une longue tradition migratoire à
l’intérieur puis à l’extérieur de l’Afrique.
- Deux ethnies principales dans la migration, les Toucouleur et les Soninké,
musulmanes et très proches du point de vue social et culturel. Une troisième ethnie,
Himéminor 2007 page 98

minoritaire mais présente dans toutes les villes normandes (davantage à Evreux), les
Manjak, marqués par des différences religieuses et anthropologiques.
- L’importance du peuplement, l’homogénéité culturelle ont amené des Africains à
reconstituer dans les Foyers de travailleurs les structures sociales villageoises (village-
bis) en conservant les us et coutumes.
- La finalité de la migration était la prise en charge des besoins en subsistance et en
équipements des villages d’origine, d’où la mise en place d’un système d’aide
collective très organisé par des Associations Villageoises en France.
- Le séjour en France était limité à 2 ou 3 ans, le travailleur était relayé par un
compatriote. La sédentarisation définitive dans le pays d’accueil et le regroupement
familial étaient exclus.
Ce type de migration allait être enrayé par la décision du gouvernement français
d’interrompre les migrations de travail en 1974. Avec la sédentarisation des travailleurs
et le regroupement familial, l’immigration entrait dans une ère nouvelle.

Travailleurs noirs en Seine-Maritime


d’après Cahiers Nord-Africains, n°86, 1961, ESNA

Evolution de l’effectif global de Noirs recensés au travail en Seine-Maritime


(Service de la main-d’œuvre de Rouen)
31/03/1960 645
30/06/1960 687
30/09/1960 802
31/12/1960 781
31/03/1961 750
30/06/1961 722
Himéminor 2007 page 99

Effectifs par circonscription de bureaux de main-d’œuvre au 30 juin 1961


Rouen 471
Elbeuf 29
Le Havre 220
Bolbec 0
Fécamp 0
Dieppe 2
Le Tréport 0
Total 722

Qualification professionnelle
Manœuvres de moins de 18 ans 1
Manœuvres 428
O.S. 240
O.P. 49
Employés 3
Maîtrise 0
Cadres 1
Total 722

Répartition des travailleurs noirs par groupes d’activités professionnelles


Travailleurs Entreprises
Pétrole - carburants 4 2
Production – métaux 66 4
Mécanique – électricité 308 18
Verre – Céramique 34 4
Bâtiments et Travaux publics 63 13
Industries chimiques 87 12
Textile 93 6
Transport 12 4
Divers 55 14
Totaux 722 77
Himéminor 2007 page 100

Comparaison entre les populations d’origine africaine


de Basse et de Haute-Normandie
Les immigrés africains des rives du fleuve Sénégal au 1er janvier 1976

Mali Mauritanie Sénégal

-16 -16 -16


H F Total H F Total H F Total Total
ans ans ans
Manche 0 0 0 0 0 0 0 0 4 0 0 4 4

Orne 6 0 0 6 0 0 0 0 4 0 0 4 10

Calvados 24 4 0 28 7 0 0 7 32 1 0 33 68
Total
30 4 0 34 7 0 0 7 40 1 0 41 82
B.-N.

Eure 78 0 18 96 39 2 3 44 423 34 41 498 638

Seine-Maritime 456 7 0 463 330 11 0 341 2528 199 275 3002 3806
Total
534 7 18 559 369 13 3 385 2951 233 316 3500 4444
H.-N.

Total
564 11 18 593 376 13 3 392 2991 234 316 3541 4526
Normandie

En 1976 en France métropolitaine :


Environ 55 000 travailleurs noirs immigrés (3 sur 4 en région parisienne)
Environ 20 000 étudiants et stagiaires
Environ 10 000 enfants
Sur 75 000 adultes
70 000 hommes
5 000 femmes
(Source : Documents Hommes et migrations, 01/01/1976)

La situation en 1976 dans les départements normands pour les 3 pays comptant le
plus grand nombre d’immigrés (Sénégal, Mali et Mauritanie) montre qu’il s’agit d’une
Himéminor 2007 page 101

migration encore presque exclusivement masculine (en France, sur 75000 adultes africains,
il y a environ 5000 femmes).
Très faible en Basse-Normandie (quasi inexistant dans la Manche et l’Orne, minime
dans le Calvados) le peuplement africain se concentre en Haute-Normandie (Eure et Seine-
Maritime), la Seine-Maritime comptant pour 85,5%, avec une très forte proportion de
Sénégalais.

Les Africains dans les départements normands


chiffres de la Direction de la Réglementation (1er janvier 1984)
Nationaux pourvus d’un titre de séjour
Manche
Hommes Femmes Moins 16 ans Total
Maliens 1 1 0 2
Sénégalais 14 5 9 28
Camerounais 7 4 3 14
Congolais 6 3 8 17
Ivoiriens 17 1 0 18
Total 45 14 20 79

Orne
Maliens 5 1 4 10
Sénégalais 7 3 4 14
Camerounais 5 5 3 13
Congolais 0 3 1 4
Ivoiriens 4 1 1 6
Total 21 13 13 47

Calvados
Maliens 44 16 4 64
Sénégalais 70 19 8 97
Camerounais 32 20 2 54
Congolais 41 16 6 63
Ivoiriens 91 40 8 139
Total 278 111 28 417
Himéminor 2007 page 102

Total Basse- 344 138 61 543


Normandie

Eure
Maliens 187 48 158 393
Sénégalais 612 233 318 1163
Camerounais 6 2 2 10
Congolais 13 6 21 40
Ivoiriens 3 6 0 9
Total 821 295 499 1615
Seine-Maritime
Hommes Femmes Mons de 16 ans Total
Maliens 380 34 43 457
Sénégalais 2963 657 1020 4640
Camerounais 185 97 67 349
Congolais 90 45 55 190
Ivoiriens 195 36 25 256
Total 3813 869 1210 5892

Total Haute-
4634 1164 1709 7507
Normandie

Total
4978 1302 1770 8050
Normandie

Sources : Vérités statistiques sur l’immigration


- Hommes et migrations, supplément au n° 1090, 1986

Les chiffres au 1er janvier 1984 concernant les cinq nationalités les plus
représentées en France au recensement de 1982 (Congolais –7620-, Ivoiriens –
11680-, Camerounais –14220-, Maliens –24320-, Sénégalais –33240-) montrent que
la Haute-Normandie compte pour 93,2%, la Seine-Maritime, avec une forte dominante
sénégalaise, pour 73,2%.
Himéminor 2007 page 103

Quinze ans après, la statistique préfectorale des étrangers dans le département


de Seine-Maritime (31 décembre 1998 - étrangers adultes pourvus d’un titre de séjour)
donne les résultats suivants :

Sénégal 2609 Dont 38% de femmes


Mali 220
Mauritanie 345

Total 3174 Soit 68,9% des étrangers africains.

Les autres Africains présents sont :

a) Afrique centrale : 732 (15,9%) dont 46 % de femmes (Congo : 333, Cameroun : 185,
République Démocratique du Congo : 138).
b) Pays côtiers du Golfe de Guinée : 345 (7,4%) dont 49 % de femmes (Côte d’Ivoire :
121, Guinée : 112, Togo et Bénin : 77).
c) Iles : Madagascar, Maurice, Comores : 231 (5%) dont 63% de femmes.
d) Autres pays ex-colonies d’Afrique française : 37 (0,8%).
e) Pays d’Afrique hors ancienne tutelle française : 82 (1,7%).

Deux Atlas des populations immigrées de Haute et de Basse-Normandie ont


été publiés par le Fasild et l’INSEE. Les données sont celles du Recensement de 1999.
Pour l’Afrique, elles sont présentées très globalement, réparties en deux catégories
que nous désignerons dans les tableaux qui suivent par C1 et C2.
C1 : pays d’Afrique anciennement sous administration française.
C2 : autres pays et territoires d’Afrique.
Cependant l’Atlas de Haute-Normandie ajoute la catégorie Sénégalais,
confirmant ainsi leur importance en région haut-normande. Par ailleurs, dans les deux
Atlas, des pourcentages nationaux sont indiqués pour certaines villes importantes. Les
chiffres ne concernent que les immigrés adultes (étrangers ou Français par
acquisition).
D’après les deux Atlas, on compte 3 401 immigrés africains (étrangers et
Français par acquisition) en Basse-Normandie, dont 2 102 pour le seul Calvados. La
commune de Caen et, à proximité, Hérouville-Saint-clair, regroupent près de 54% des
Himéminor 2007 page 104

Africains du département (1133), cette dernière commune ayant un grand nombre


d’associations de ressortissants dont une bonne quinzaine d’associations africaines
ou franco-africaines.

Sur 14721 Africains en Normandie, la Haute-Normandie en compte 76,8%,


répartis en :
C1 : 4 407
C2 : 2 030
Sénégal : 4 483, soit 11 320

Pour deux villes, le pourcentage de Sénégalais est indiqué : Elbeuf (19,2% soit
667 personnes), Evreux (15 ,7% soit 780 personnes). Nous savons par ailleurs que
l’ethnie Manjak est très représentée dans cette ville.
Dans l’une et l’autre région, la taille des ménages est supérieure à la moyenne
des immigrés (en moyenne 2 fois plus d’enfants). Elle est égale ou légèrement
supérieure en Basse et en Haute-Normandie – entre 3,5 et 4. Elle est de 5,6 personnes
par ménage chez les Sénégalais de Haute-Normandie.
Les catégories socio-professionnelles, qui ne sont données que pour la Haute-
Normandie, permettent de constater le contraste entre la population sénégalaise qui
domine dans les migrations de travail et les autres Africains.

Artisans Cadres Professions Employés Ouvriers


Commerçants Professions intermédiaires
Chefs intellectuelles
d’entreprise

C1 4,6% 16% 19,1% 29,7% 30,5%

C2 1,6% 11,8% 11,5% 36,4% 38,8%

Sénégalais 4,8% 3,5% 7,2% 18,8% 65,5%

Le classement des Africains dans les secteurs d’activité révèle également des
phénomènes intéressants.
Le secteur Education – Santé – Action sociale est bien représenté en Basse-
Normandie.
Himéminor 2007 page 105

Hommes Femmes

C1 28,5% 39,9%

C2 31,3% 39%

Notons aussi l’importance du commerce côté femmes (14,5%) ainsi que le


service aux personnes (en C1).

En Haute-Normandie, côté femmes, le secteur éducation – santé – action


sociale est assez comparable à celui de la Basse-Normandie. Par contre, les services
aux entreprises (souvent entreprises de nettoyage industriel) est plus important chez
les hommes et les femmes –de même le secteur industriel. La population sénégalaise
est la plus ouvrière (22% dans l’industrie, 25% dans la construction automobile). Les
femmes ont les taux les plus forts dans les services aux personnes et aux entreprises
(24,4%) dans des tâches non qualifiées.
Le niveau socio-professionnel est donc globalement plus élevé en Basse-
Normandie, ce qui s’explique par le poids considérable que représente la «migration
historique» de travail des paysans – ouvriers (manœuvres, O.S.) du Sahel en Haute-
Normandie.
Il y a un recoupement à faire avec le pourcentage d’immigrés africains ayant
une formation dépassant l’école primaire.
En Basse-Normandie En Haute-Normandie

De 15 à 39 ans + de 40 ans De 15 à 39 ans + de 40 ans

C1 42,8% 29,1% 37,2% 30,5%

C2 37,3% 47,2% 19% 19,4%

Sénégal

15,8% 6,2%
Himéminor 2007 page 106

En ce qui concerne la Basse-Normandie, nous relevons dans l’Atlas cette


remarque très intéressante : « Les immigrés originaires des pays d’Afrique
anciennement sous administration française se distinguent (comparaison avec le
Maghreb sauf la Tunisie, le Portugal et la Turquie) par une part importante de diplômés
d’études supérieures (27%) : parmi eux beaucoup ont poursuivi leurs études dans la
région et s’y sont installés durablement. Ce sont aussi les étudiants de ces pays qui
sont les plus nombreux (22,7%) d’entre eux ».
Pour l’année universitaire 1980-1981, les étudiants africains de l’Université de
Caen se répartissent ainsi :
1. Côte d’Ivoire : 67
2. Madagascar : 37
3. Cameroun : 33
4. Congo : 27
5. Zaïre : 22
6. Togo : 18
7. Burkina Faso : 16
8. Gabon : 15
9. Sénégal : 15
10. Bénin : 10
11. Île Maurice : 6.

Cette répartition est une indication de la diversité du peuplement négro-africain


en Basse-Normandie, contrairement, dans ces années 80, à la prépondérance de la
Vallée du fleuve Sénégal en Haute-Normandie.
Ne pouvant isoler la Normandie de l’ensemble du pays, il nous faut signaler des
évolutions qui l’ont nécessairement influencée, bien que nous ne sachions pas dans
quelle mesure, faute de statistiques régionales par nationalités et ethnies.
Deux faits sont à relever :
1° La forte accélération de la migration subsaharienne entre 1982 (un peu plus de
170 000) et 1999 (près de 400 000).
2° Des changements qualitatifs : plus de femmes (de 36,1% on passe à 47,6%, plus
de jeunes de moins de 20 ans…), une diversification des origines géographiques. En
Himéminor 2007 page 107

1982, deux pays (Sénégal, Mali) avaient plus de 20 000 immigrés. En 1999, 8 pays
(Côte d’Ivoire, Congo, Cameroun, R.D.C. -ex-Zaïre-, Madagascar, Maurice) sont dans
ce cas.
La migration la plus ancienne (migration de travail du Sahel), qui a si fortement
marqué la Haute-Normandie, ne représente plus que 25% en France contre près de
la moitié dans le passé.
Les ressortissants des nouveaux courants migratoires (immigrés et
demandeurs d’asile politique) se caractérisent par une scolarisation et une qualification
professionnelle plus élevées, la connaissance du français avant émigration, une forte
proportion de femmes (dont des chefs de famille monoparentales) de plus nombreuses
acquisitions de la nationalité française, pour beaucoup une appartenance chrétienne
(contrairement aux Sahéliens Toucouleur et Soninké islamisés).
Cette Afrique a été longtemps très minoritaire en Haute-Normandie, elle l’est
moins. Par contre, elle est majoritaire en Basse-Normandie : on en trouve un signe que
mentionne l’Atlas de Basse-Normandie dans la très forte proportion de familles
monoparentales (13,4%) dont la personne de référence est une femme.
Emmanuel Todd (Le destin des immigrés, Seuil, 1994) distingue deux types de
migrations africaines en France en se fondant des critères socio-démo-
anthropologiques (page 352).
Nous pensons que la Haute-Normandie est encore très largement de 1er type
et la Basse-Normandie du second type.

Note sur les études qui concernent l’immigration subsaharienne en Normandie

La recherche des études africanistes en Normandie que nous avons entreprise


est inachevée, mais à première vue, elles sont très rares en Basse-Normandie.
Par contre, la production de la Haute-Normandie, spécialement en Seine-
Maritime, est assez riche (livres, revues, documents professionnels, mémoires
d’étudiants,…). A cela deux raisons :
- Nous l’avons vu, la Haute-Normandie réunit les ¾ des migrants africains.
- Ensuite, la nature du peuplement africain dominant incite à la recherche. Les ethnies
issues de la vallée du fleuve Sénégal, Halpularen (Toucouleur, Peul) et Soninké –
secondairement Manjak venus d’ailleurs – ont des caractéristiques hétéroculturelles
qui les distinguent fortement des autres Africains présents en Normandie.
Himéminor 2007 page 108

Socialement, la majorité des Africains haut-normands appartient aux couches


populaires prolétarisées qui ont, indépendamment de leurs origines, des problèmes
spécifiques concernant le logement, la santé, le travail, l’école, l’avenir des jeunes, la
délinquance, etc… Ces « questions sociales » sont autant d’objets d’études en vue
d’une action socio-politique.
D’autre part, ces Africains du Sahel ont conservé jusqu’à ce jour, des traits
culturels qui les singularisent, par exemple la structure familiale patriarcale
polygamique, l’excision des filles, le mariage précoce « arrangé », la haute fécondité,
la faible scolarisation et connaissance du français, l’attachement ancestral à l’Islam…
Les questions ouvertes à la recherche comportent donc une double articulation.
Les questions sociales sont doublées par une question anthropologique (par exemple,
la question – sociale - du logement est posée en régime polygamique). La réduction
des problèmes à un seul type de réponse serait une erreur. La perspective inter et
transculturelle ne peut jamais être perdue de vue.
La recherche sur la population africaine dans cette double dimension sociale et
anthropologique a été activée.
Du côté des chercheurs universitaires et des étudiants (parmi eux des étudiants
africain(e)s).
Du côté des formateurs et travailleurs sociaux confrontés à des situations
hétéroculturelles les obligeant à repenser leurs pratiques.
On notera dans la bibliographie la présence constante de cette double source
de connaissances ; il y a d’ailleurs collaboration entre la recherche universitaire et les
travaux à finalité professionnelle, des formateurs et des étudiants en carrières
sociales. On remarquera dans la bibliographie la place centrale qu’occupe la condition
féminine sous tous ses aspects (maternité, relations conjugales, éducation, formation,
travail, rapports avec les enfants).
Himéminor 2007 page 109

Conclusions
A partir de ce panorama, trois pistes peuvent être esquissées. S’agissant de la question
de l’immigration en milieu portuaire, l’étude faite au Havre confère deux enseignements. Le
premier est, en dépit de la modeste présence des immigrés dans cette ville, la confirmation de
la capacité des villes portuaires maritimes à être des réceptacles de choix pour l’accueil des
populations immigrées. En comparaison du poids occupé par cette population dans l’ensemble
de la Seine-Maritime, les chiffres obtenus au Havre montrent en effet une
« surreprésentation » des immigrés. Par ailleurs, la proximité de l’Angleterre et l’ancienneté
des liens humains et commerciaux établis entre Le Havre et ce pays contribuent à maintenir
une forte présence des Anglais tout au long du XIXe siècle, retardant dans cette ville une
évolution générale caractérisée par l’affaiblissement de cette nationalité dès le milieu du siècle.
S’agissant de la présence immigrée en milieu rural, on retiendra, à partir du
canton de Forges-les-Eaux, la stabilité de ses caractères socio-géographiques et son
déclin après la Seconde Guerre mondiale. Dans ce département, l’industrialisation de
la vallée de la Seine (raffineries, automobile…) mit fin à l’arrivée dans les cantons
ruraux des immigrés venus de pays limitrophes et employés dans l’agriculture
Le dernier enseignement est la confirmation de l’existence à l’intérieur d’un
même espace régional de deux « modèles d’immigration ». A l’immigration bas-
normande fondée sur le recours à une population assez qualifiée et employée dans
tous les secteurs d’une industrie modestement représentée s’oppose l’immigration
haut-normande pour laquelle la main d’œuvre immigrée, plus nombreuse et moins
qualifiée, est l’objet d’une répartition plus élaborée dans les secteurs de l’industrie.
Ainsi, alors que dans la vallée de la Seine les raffineries tendent à exclure les
immigrés, ceux-ci sont fortement employés dans l’automobile (Sandouville) et, de
façon plus marginale, dans le textile, lorsque le déclin de cette industrie est devenu
inexorable.
Himéminor 2007 page 110

Partie III

L’approche par les récits de vie


Himéminor 2007 page 111

L’importance des récits de vie de migrants est une évidence pour une équipe de chercheurs,
familiers de l’histoire orale, traitant d’« Histoire et mémoires des immigrations en région
Normandie ». Outre l’apport au savoir scientifique, le recueil de la mémoire orale des migrants
est une manière de reconnaître leur parole et, par là même, de dévoiler le sens qu’eux-mêmes
donnent à leurs expériences respectives de la migration, singulières, multiples, mais toujours
porteuses de significations.
D’importantes collectes ont été réalisées, ou sont en cours, dans quelques régions,
qu’elles soient le fait de chercheurs, d’universitaires ou de militants d’associations, qu’elles
aient pour objectif la connaissance, une création artistique ou la valorisation de telle ou telle
communauté. En Normandie, Basse et Haute confondues, ce type de recherche est encore
rare, à quelques exceptions près, telle les Trente entretiens sur les migrants du Havre, réalisés
en 2005 par le Cirtai de l’Université du Havre, à laquelle plusieurs d’entre nous ont participé.
Aussi, le programme d’études de l’Acsé a-t-il été l’opportunité de constituer une équipe
de chercheurs, historiens et ethnologues, formés aux méthodes de recueil et d’analyse des
récits de vie de migrants dans l’ensemble de la Normandie. Non qu’en l’occurrence il y ait
nécessairement des spécificités régionales, mais c’est précisément aux migrants de
témoigner, avec leurs mots, de leur situation et de la façon dont ils la vivent. Et c’est à nous
de les analyser, dans un cadre méthodologique et conceptuel marqué par les références,
d’une part à Florence Descamps40 et à Daniel Bertaux41, et d’autre part à Abdelmalek Sayad42,
sans pour autant nous contenter de paraphraser l’un de ses titres, emblématique pour la
compréhension des migrants : La double absence. Des illusions de l’émigré aux souffrances
de l’immigré.

Les trois parties qui suivent s’inscrivent donc dans une démarche en cours, et dans la
perspective d’une nouvelle recherche, spécifique et approfondie, sur les récits de vie des
migrants en Normandie, futur programme qui pourrait également se fédérer avec ce qui se fait
ailleurs, et voire même prendre l’initiative d’une rencontre nationale des recherches sur la
mémoire orale des migrants.
Dans un premier temps, Léonard Barzman procède à l’analyse de trente entretiens,
recueillis dans la région du Havre entre avril et juillet 2005 par des chercheurs et associés du
CIRTAI en collaboration avec la ville du Havre. Ces paroles de migrants illustrent la diversité

40
Florence Descamps, L’historien, l’archiviste et le magnétophone : de la construction de la source
orale à son exploitation, Paris : CHEFF, 2001.
41
Cf. entre autres, parmi de nombreuses références: Daniel Bertaux, Les récits de vie, Paris, Nathan,
1997.
42
La double absence. Des illusions de l'émigré aux souffrances de l'immigré, Paris, Seuil, coll. Liber,
préface de P. Bourdieu, 448 p., 1999.
Himéminor 2007 page 112

de leurs origines et de leurs parcours, informent sur de nombreux sujets, tels les motifs et
circonstances de la migration, les conditions de vie et de travail, les contraintes
administratives, les efforts pour préserver un lien avec le pays d’origine et sa culture, le regard
sur la France et la Normandie, etc. Et, au-delà de cette diversité, s’expriment, presque
toujours, une rupture plus ou moins violente, un premier contact parfois brutal et la nécessité,
ou la contrainte, de s’adapter à une nouvelle société, parfois hostile et souvent ambivalente.
Chacun de ces hommes et de ces femmes a son histoire propre, mais tous nous donnent à
entendre des paroles d’espoirs et de rêves, de désespoirs et d’amertumes, et, toujours,
d’aspiration à la reconnaissance et au respect de l’autre. Etre migrant, et enfant de migrant,
revient souvent à vivre entre deux cultures. Et même s’ils choisissent la nationalité française,
ce n’est pas pour autant qu’elle leur est reconnue spontanément par les « Français de
souche ».

Karine Le Petit, ethnologue au Crecet de Caen, présente les regards croisés


d’accueillants et d’accueillis à partir d’un ensemble d’entretiens réalisés au sein de la
communauté turque de Flers, à l’occasion d’une recherche sur la mémoire orale d’anciens
salariés de la Société Générale des Tissages de Flers.
L’arrivée de jeunes hommes turcs, dans les années soixante-dix, embauchés par
l’industrie textile, correspond à l’instauration du travail de nuit : ils ont remplacé les tisserandes
et fileuses car ces femmes n’avaient, à l’époque, pas le droit de travailler la nuit et les hommes
flériens n’étaient pas volontaires pour occuper ces postes. Les équipes de nuit ont donc été
constituées majoritairement de Turcs (95 % environ dans les filatures). Les entretiens
évoquent les conditions dans lesquelles ces hommes sont arrivés (départ de Turquie,
logement à Flers, nourriture…) et ont travaillé - avec peu de Français, mais les contremaîtres
étaient tous Français. Ils ont aussi reçu une petite formation "sur le tas" de la part des
tisserandes et fileuses. Côté accueillants et côté accueillis, les souvenirs sont très positifs, il
n’y a quasiment pas de témoignages de rejets.
Mais qu’ont partagé ces Français et ces Turcs qui se rencontraient au sein d’une même
usine ? Ces hommes s’expriment, encore aujourd’hui, avec des grandes difficultés en français
et, à l’époque, ils n’ont appris que quelques mots, directement liés à leur travail, pour faire face
à l’urgence : "fil" "défaut". Bien souvent, Français et Turcs se sont juste croisés, alors que ses
derniers apportaient un soin particulier à travailler mieux que les Français.

Marie-Pierre Legrand, doctorante en histoire à l’université de Caen et à l’université du


Havre, a réalisé trois séries d’entretiens, révélatrices de situations singulières généralement
peu exposées. L’entretien avec Mme OL, femme d’origine serbe, ayant pris la nationalité
française à l’âge de dix-huit ans, ses parents ayant immigré en France au cours des années
Himéminor 2007 page 113

soixante, mariée et mère de trois enfants, met en avant les ambiguïtés et ambivalences, entre
la culture d’origine et la culture choisie, dans l’appartenance et la transmission. Le récit de
Mme JN, Mauricienne qui a passé toute sa vie à Madagascar avant d’arriver en France il y a
sept mois, jeune mariée d’une cinquantaine d’années et mère de deux enfants adultes encore
au pays, est significatif des conflits et métissages d’identités et de nationalités. Enfin, M. MS
et Mme MDS, couple sénégalais installé, avec leurs enfants, en milieu rural en Basse
Normandie (situation peu fréquente), se sentent rejetés : maintenir leur culture est leur
manière de résister à l’environnement social, tandis qu’ils souhaitent l’assimilation de leurs
enfants…

Ces trois approches, différentes et complémentaires, tant par la méthode que par la
diversité des sujets appelés à témoigner, disent les directions de la recherche que nous
souhaitons maintenant poursuivre et amplifier.
Himéminor 2007 page 114

1. 30 entretiens du Havre
Histoires et parcours de vie de migrants

A. Cadre théorique

Nous présenterons ici, préalablement, les principaux outils théoriques qui nous
semblent pertinents pour l’analyse d’un corpus d’entretiens réalisés avec des migrants en
Normandie en juin 2005 dans le cadre des Journée Nationales de l’Immigration. Tout d’abord,
nous apporterons des précisions quant aux définitions des termes « migration », « migrants »,
« immigrés » ou « immigration ». En outre, nous expliquerons pourquoi nous avons préféré
l’emploi des deux premiers termes à celui des deux seconds. Dans un second temps, nous
examinerons les raisons du récent engouement pour la « mémoire » (qu’il s’agisse de la
« mémoire des quartiers », de la « mémoire ouvrière », etc.) tout en envisageant les moyens
dont dispose le chercheur en sciences sociales ou en histoire pour « sonder » cette mémoire.
Enfin, nous présenterons les principales approches de l’anthropologie pour appréhender
l’ethnicité ou l’identité des groupes sociaux qu’elle étudie. Nous en profiterons pour
déconstruire quelques termes très usités par le sens commun (« communautarisme »,
« mouvements identitaires »).

Migration et migrants

Pour le sens commun, la migration est un déplacement de populations qui passent d’un pays
à un autre pour s’y établir, ou même simplement d’un endroit à un autre. Ainsi, la migration est
appréhendée en tant que phénomène collectif puisque ce sont des « populations » dont il
s’agit et non pas d’individus isolés. D’autre part, migrer n’impliquerait pas nécessairement le
passage ou déplacement d’un pays à un autre mais aussi d’un village à un autre, de la
campagne à la ville, d’une région à une autre, d’Outre-mer à la Métropole… Une telle définition
laisse le champ ouvert à l’étude des populations de migrants originaires de la Bretagne ou des
Antilles par exemple. Mais toujours, dans la représentation commune, le migrant ou l’immigré
est celui qui se déplace pour venir chercher un travail, pour des raisons alimentaires.

En quoi l’immigration se distingue-t-elle de la migration ? Pour le dictionnaire Petit


Robert, l’immigration est « l’entrée dans un pays de personnes non autochtones qui viennent
s’y établir pour y trouver un emploi ». Une telle définition ne repose plus sur l’idée de
déplacement ou de mouvement mais sur l’opposition entre un dedans et un dehors. Les
« immigrés » (qualifiés « d’étrangers ») viennent de cet extérieur, quelle que soit leur origine.
Himéminor 2007 page 115

Ces derniers sont définis de façon négative comme des « non autochtones ». C’est alors le
point de vue du pays d’accueil qui est exclusivement pris en compte. Or toute d’arrivée
suppose un départ… Ce qui nous intéresse dans cette étude, ce sont justement les logiques,
le « ressenti » ou encore le « vécu » des migrants, donc de bien prendre en compte l’ensemble
de l’expérience que représente pour eux la migration. Bien plus qu’une simple arrivée ou
entrée dans un pays d’accueil, la migration est un passage d’un lieu à un autre avec le
franchissement d’une frontière : qu’elle soit réelle ou symbolique. On a ainsi pu parler de la
« barrière de la langue » qu’avaient pu subir les Bretons en s’installant en Normandie au siècle
dernier sans qu’il n’y ait le franchissement d’une frontière réelle.

L’anthropologue Van Gennep s’était intéressé dans Les rites de passage43 à


l’ensemble des rituels accompagnant différentes formes de passage. Il pouvait s’agir du
passage d’une étape de la vie à une autre (baptême, mariage, rituels dans les sociétés à
classe d’âge…), d’un état à un autre (funérailles), d’une catégorie sociale à une autre
(intégration à une corporation, à une école…). En réalité ces différentes catégories ne sont
pas exclusives : ainsi le baptême ne s’inscrit pas uniquement comme le passage d’une étape
de la vie à une autre (lié à l’âge) mais aussi marque l’entrée de l’individu dans la communauté
des croyants et ces passages sont associés à d’autres passages plus symboliques. Van
Gennep a décomposé ces rituels en une séquence en trois phases : la séparation (de l’état
initial), la marge et l’agrégation (à un nouvel état). Puisque la migration est passage d’un lieu
géographique à un autre, un tel modèle doit a priori avoir sa pertinence. C’est pourquoi nous
chercherons au travers les témoignages de migrants les éléments se référant à de tels
« rituels » accompagnant l’expérience de la migration.

La mémoire

Le terme de mémoire est très usité, que ce soit dans les disciplines des sciences humaines
(histoire et sciences sociales) ou par un certain nombre de techniciens territoriaux et cabinets
d’études en « patrimoine ». Avant de nous engager dans une discussion quant à la « mémoire
des migrants », nous avons souhaité repréciser ce que nous entendions par une telle
expression car, si la mémoire renvoie avant tout à la « faculté de se souvenir », une telle
définition, en partie juste, ne rend pas compte de l’engouement collectif que connaît l’usage
de ce terme.

Pour Florence Descamps44 ce regain d’intérêt est lié au « retour » de l’histoire orale
dans la discipline historique. Ce serait des sciences sociales que serait parti le mouvement de

43
Arnold Van Gennep, Les rites de passage, Paris, 1909.
44
Florence Descamps, L’historien, l’archiviste et le magnétophone : de la construction de la source
orale à son exploitation, Paris : CHEFF, 2001.
Himéminor 2007 page 116

réhabilitation de la source orale, et en particulier d’outre Atlantique : le département de


sociologie de l’école de Chicago avait dès le début du siècle dernier développé, selon Florence
Descamps, des « méthodes d’enquête sur le terrain à base d’entretiens et d’histoire de vie.
[…] Le champ de recherche de ce nouveau département de sociologie est la ville, elle-même
conçue comme laboratoire de recherche et d’expérimentation sociale ». Roger Park, « une
des figures du département », avait mis au point une méthode reposant d’une part sur
l’observation directe (« collecte d’information grâce à l’immersion directe dans les milieux
sociaux concernés »), d’autre part sur « l’utilisation de la méthode autobiographique comme
moyen de connaître de façon approfondie la réalité sociale, avant de l’analyser et de
l’expliquer. […] L’ouvrage « culte » d’Oscar Lewis Les enfants de Sanchez. Autobiographie
d’une famille mexicaine (1961) s’inscrit dans le genre autobiographique familial avec
l’enregistrement de plusieurs voix (frères et sœurs) pour donner « une vision cumulative,
multiple, et panoramique de chaque individu de la famille dans son ensemble et de nombreux
aspects de la vie du prolétariat américain », « c’est aussi une histoire orale vue d’en bas ».

L’histoire orale connaîtra une reconnaissance en France à partir des années soixante-
dix, essentiellement grâce aux enquêtes de Daniel et Isabelle Bertaux, sur l’histoire de la
boulangerie artisanale, avec une volonté de s’orienter « en direction des humbles et des
dominés ». Cet intérêt pour tout ce qui a trait à la vie des campagnes, aux mutations en cours
s’était manifesté lors d’une grande enquête dirigée par la Délégation Générale à la Recherche
Scientifique et Technique à Plozévet (sud Finistère). Il s’agissait d’examiner la « campagne en
changement et chercher à comprendre les processus qui affectent le monde paysan ».

Ainsi la mémoire renvoie au « ressenti », au « vécu », à la réalité de la vie sociale des


groupes étudiés, en opposition à une histoire événementielle qui privilégierait le point de vue
des classes dominantes (politiques essentiellement). Parler de mémoire renvoie aussi à
l’ensemble des mécanismes cognitifs qui interviennent lorsque la pensée transforme et se
réapproprie ce qu’elle perçoit (l’oubli, la mythification). Cela suppose que les groupes sociaux
soient dotés d’une pensée et d’une mémoire semblable à celle de l’individu humain. La
mémoire collective, ne serait-ce pas plutôt « la mémoire partagée » par l’ensemble des
individus constitutifs d’un groupe social ?

Comment appréhender la mémoire collective ? Dans la pratique, on procède quasi


systématiquement à une série d’entretiens avec pour postulat que ce qui est dit est
l’expression directe de la mémoire. Or, l’entretien est aussi mise en scène et interaction entre
un interviewé et un enquêteur. Le contenu de l’entretien est déterminé par la forme que revêt
cette relation. Il convient donc de prendre en compte le contexte des entretiens lorsque l’on
analyse leur contenu.
Himéminor 2007 page 117

À la différence de l’enquête quantitative, l’entretien ne prétend pas être représentatif.


L’enquête quantitative s’appuie sur un questionnaire qui a malheureusement tendance à
« plaquer » une série de questions sans toutefois laisser à la personne interrogée la possibilité
de « vraiment s’exprimer ». L’ethnologie ou l’anthropologie repose essentiellement sur la
méthode de l’observation participante. Il s’agit de s’immerger dans la culture ou la vie sociale
du groupe étudié en y vivant de façon prolongée. L’entretien prolongé et semi directif en
sciences sociales repose également sur la nécessité du temps pour mieux prendre
connaissance des personnes que l’on étudie.

De l’identité et de l’ethnicité

Identité et ethnicité sont deux thématiques très courantes dans les travaux et études menées
en sciences sociales à propos des « communautés de migrants » (englobant les migrants et
leurs descendants). Le postulat est que l’identité de ces personnes serait fondamentalement
autre que celle du pays d’accueil.

Il importe pour nous de revenir sur la définition à accorder à ces notions et d’introduire
les principales approches coexistant en sciences sociales. L’anthropologue Fredrik Barth45
conteste l’idée assez largement répandue que l’ethnicité d’un groupe social soit « la somme
de ses traits culturels » ; au contraire, elle est l’ensemble des caractères mis en avant par le
groupe en question pour se définir vis-à-vis d’autres groupes sociaux. Cette démarche est dite
interactionniste dans la mesure où c’est l’interaction – ou plutôt le contexte interactionnel – qui
détermine l’ethnicité des groupes sociaux, à savoir l’identité que ces derniers revendiquent
pour se différencier les uns des autres. On notera que cela implique un décalage
entre ethnicité affirmée par telle société, telle nation ou telle ethnie et ce qu’il en est réellement.

Pour illustrer ceci, donnons l’exemple des Croates, des Serbes et des Bosno
Musulmans : des peuples voisins, dont les populations s’imbriquent très souvent
territorialement, parlant de fait une même langue46. Dans la dernière période, les différences
religieuses (catholiques/orthodoxes/musulmans) ont été mises en avant par les différents
nationalismes pour se définir distinctement. Or, sous l’Empire austro-hongrois on pouvait se
déclarer Croate et orthodoxe, chose désormais considérée comme impossible… L’ethnicité
est donc une notion construite par les groupes sociaux pour se différencier les uns des autres
plus qu’une donnée objectivable.

45
« Les groupes ethniques et leurs frontières », dans Philippe Poutignat et Jocelyne Streiff-Fénart,
Théories de l'ethnicité, Paris, PUF, 1995.
46
S’il existe des « variantes dialectales », elles sont davantage territoriales qu’ethniques, à savoir que
Serbes et Croates de Krajina parlent une langue similaire mais différente de celles parlées par Serbes
et Croates de Slavonie.
Himéminor 2007 page 118

Certains anthropologues refusent cette distinction entre culture et ethnicité et


considèrent qu’étudier l’ethnicité d’un groupe social revient à substantiver sa culture. Ainsi,
l’anthropologue français Bernard Formoso47 reproche à Fredrik Barth de « minimiser la
cohérence, le poids et le pouvoir d’objectivation de schèmes culturels hérités du passé ».
Autrement dit, il conteste l’idée selon laquelle l’ethnicité ne serait qu’une construction artificielle
créée de toutes pièces par les groupes pour se différencier : « Ils oublient que chaque société
s’organise autour d’un système socioculturel qui, en tant qu’héritage collectif perçu comme tel
au travers d’une « aire de filiation », est prédisposée à influer avec les rapports avec l’extérieur
tout autant, sinon plus, qu’il est conditionné par eux ».

On retiendra donc l’opposition d’une approche interactionniste pour laquelle l’ethnicité


est avant tout mise en scène et d’une approche que l’on pourrait qualifier de substantiviste
dans la mesure où l’ethnicité est une donnée propre et objectivable caractérisant une société
donnée. Ces deux approches se retrouvent dans l’ambivalence de la notion même : faut-il voir
dans l’identité un discours ou une réalité culturelle spécifique ?

Nous avons souhaité éviter l’emploi de termes assez usité par le discours politique,
médiatique ou le sens commun tels que « communautés », « communautarisme »…
L’expression « phénomène identitaire » est aussi à éviter. Comme nous venons de le voir,
l’identité est en partie discours et mise en scène pouvant conduire, d’une part, à exagérer la
« différence ethnique » pour se différencier, et d’autre part à éluder d’autres phénomènes tels
que le syncrétisme (mélange ou métissage entre différentes cultures). Si nous nous
intéresserons à l’identité des personnes ayant participé à nos entretiens, ce n’est pas en
partant du postulat que leur identité serait fondamentalement différente de celle du pays
d’accueil, mais pour l’appréhender justement dans sa complexité (mise en scène, syncrétisme
et mélange entre l’identité du pays d’accueil et celle du pays d’origine). En outre, nous nous
intéresserons aux modalités de transmission (famille, associations et amicales) ou encore aux
biais par lesquelles elle se réalise (cuisine, langue, vêtement).

B. L’expérience de la migration

Qu’est ce que la migration ?

47
Cf. « L’ethnie en question, débats sur l’identité », in Martine Segalen (dir.), Ethnologie. Concepts et
aires culturelles Paris, Armand Colin 2001, 320 p.
Himéminor 2007 page 119

Nous avons pu entrevoir en introduction que la frontière entre migration et voyage n’est pas
nécessairement évidente à délimiter. Une migration c’est a priori un déplacement ; qu’est ce
qui confère donc à un simple déplacement le statut de migration ?

Plutôt que d’entrer dans une discussion autour d’une définition objective de la
migration, nous nous sommes intéressé au point de vue des migrants dont nous avons recueilli
les témoignages : se considèrent-ils comme migrants ? Au moment de leur installation dans
le pays d’accueil, ont-ils vécu ce déplacement comme une migration ? Y a eu il eu une prise
de conscience ultérieure ? Pourquoi ? Et quels sens donnent-ils à ces mots ?

Tout d’abord, présentons le cas d’AM, journaliste originaire d’Afrique de l’Ouest, venu
d’abord en France pour enquêter sur les « milieux d’immigrés » sans réelle intention de rester
plus durablement : « J’avais un ordre de mission avec un visa de court séjour et je suis venu
en France ». « Mais j’ai fait connaissance au cours de mes reportages avec une jeune fille très
belle blanche, et puis voilà qui est, c’est elle qui m’a fixé si vous voulez ». « Je me suis marié
et puis je me suis vu attribuer une carte de séjour, une carte de résident […] ».

RC, enseignant le Français en Tunisie est venu en France pour perfectionner sa


maîtrise de la langue : « J’ai grandi en Tunisie, j’ai fait mes études en Tunisie et je suis arrivé
de Tunisie à l’âge de 23 ans en France dans le cadre d’une coopération entre la Tunisie et la
France puisque, comme j’étais bilingue et que j’enseignais la langue française aux enfants, il
a fallu que je perfectionne mon français. Donc c’était la raison pour laquelle l’école normale de
Bizerte en Tunisie m’a demandé de passer une année à l’école normale du Mans. […] J’ai
rencontré ma femme qui est sarthoise et donc, on s’est marié, on est repartis en Tunisie. Et
comme ma femme était étudiante, elle n’a pas pu terminer ses études en Tunisie et j’ai été
obligé de repartir en France pensant que c’était pour une année ou deux. Et puis finalement
d’une année ou deux, on est maintenant depuis trente ans en France, et on s’y est installé
définitivement et durablement, on a eu des enfants, les enfants ont grandi, on a nos amis ici
et voilà »

Il n’y a pas eu à l’origine l’intention de migrer mais, dans le cas d’AM un voyage
professionnel de courte durée, pour RC un voyage de formation en tant qu’enseignant. Dans
le premier cas, c’est la rencontre d’une « jeune fille très belle blanche » qui l’a « fixé ». Dans
le second cas, il n’y a pas eu de décision de s’installer plus durablement mais une évidence :
« On reste là, voilà » suite à un mariage et à la constitution d’une famille.

R, migrant mauricien venu travaillé avec une cinquantaine de compatriotes dans des
chantiers de réparation navales au Havre insiste sur la liberté de choix qui a présidé à leur
venue en France. « Alors, nous avons quitté l’Ile Maurice le 21 septembre 1970 et nous
Himéminor 2007 page 120

sommes arrivés en France avec un contrat de travail… pendant un an… Ce qui veut dire
qu’après un an, on était soit libres de rester, soit restés libres de partir. »

Le choix était donc de rester ou de partir. Mais on reste « libre. Dans le second cas, on
conserve la liberté de « partir », ce qui suppose donc que durant cette première année en
France, il n’y avait pas d’obligation de rester, donc aucune attache forcée au territoire d’accueil.
Dans le premier cas, « liberté de rester » est gagnée et donc, en aucune façon, le fait de rester
n’est posé comme une fatalité.

Évoquons les situations fréquentes où c’est d’abord le père, considéré comme chef de
famille, qui s’installe dans un premier temps dans le pays d’accueil pour venir y travailler et qui
effectue de nombreux aller-retour avec le pays d’origine où est restée une partie de la famille.
Il en est ainsi de J, née en France, de parents originaire d’Algérie (Kabylie) : « Mon père,
d’abord, est arrivé pour travailler. Il était jeune, il était déjà marié […] Donc il est arrivé à la fin
de la guerre [d’Algérie]. Je crois qu’il a vécu pendant quelques années – exactement, je sais
pas – trois ans, cinq ans, ici au Havre. Il est arrivé directement au Havre. Il a rejoint des gens
qui étaient déjà partis, des gens de son village qui étaient déjà venus […] Donc il est venu et
après il a été relancé par son père pour revenir, pour retourner au pays […] Et puis, bon, il est
revenu en France. Après, il a été obligé de venir chercher sa femme et ses enfants […] »

On trouve ainsi une situation d’ambivalence où le père travaille dans le pays d’accueil,
mais dans les esprits tout se passe comme si il ne s’était pas réellement installé dans ce pays,
ces attaches restant celles du pays d’origine.

Ainsi et contrairement à la définition commune, ce n’est pas seulement le fait de venir


(ou aller) travailler dans un autre pays qui amène ces personnes à se considérer comme
migrants. La famille joue un rôle selon nous bien plus important dans les consciences : c’est
elle qui crée des attaches à un territoire. C’est à partir du moment où la famille arrive dans le
pays d’accueil, ou qu’une vie de couple ou familiale se constitue, que l’on trouve la volonté de
s’y installer plus durablement.

Diverses circonstances amenant à migrer


Si l’on reprend la définition des dictionnaires, l’immigré est un « non autochtone » qui vient
s’installer pour trouver un travail, autrement dit pour des raisons économiques. Nous pourrions
dire aussi que le sens commun tend à se représenter l’immigré comme un « miséreux » venant
« tenter sa chance » sans réelle garantie de poste de travail.

Pour déconstruire ce type de préjugé, nous entendons revenir ici sur les différentes
circonstances dans lesquelles les personnes interrogées ont effectué leur migration. Tout
d’abord, même si l’on constate une prédominance de motifs d’ordre économique, il convient
Himéminor 2007 page 121

de souligner qu’il n’y pas forcément d’exclusion entre migration « volontaire » ou par
« nécessité ». Ainsi un enquêteur a demandé à CB, originaire de Mauritanie : « - Quels sont
les causes de ton départ pour la France ? Est-ce que c’est une immigration volontaire ou par
nécessité. »

« - C’est plutôt par nécessité. Nous vivions mes parents et moi dans des conditions
très difficiles dans notre village. J’ai choisi de partir en aventure pour pouvoir aider mes
proches restés au Pays. C’est-à-dire ma famille, mon père, ma mère, mes frères, et mes
proches parents. »

Le terme « plutôt » implique, qu’il n’y avait pas exclusivement de la « nécessité » (sans
pour autant minorer le poids que cela a pu jouer) mais que c’était aussi le fait d’un choix, une
migration « volontaire ». T, originaire de Turquie : « Il fallait que je trouve un travail en Turquie
et comme il y avait beaucoup d’émigration, beaucoup partaient en Europe. J’étais curieux de
savoir ce qui se passait en Europe ». Il y avait nécessité de trouver un travail avec toutefois le
choix de découvrir un autre pays, un autre continent (T est originaire d’Izmir, en Asie Mineure).

On oppose souvent deux catégories de « travailleurs immigrés » : ceux qui viennent


« contrat en main » ou « en poche » (considéré comme les « bons immigrés », prévoyant,
« qui ont leur place ici »), à ceux qui viendraient « tenter leur chance » (les « mauvais
immigrés », « miséreux », qui « viennent rien dans leur poche », etc.). Concernant la seconde
catégorie, le sens commun tend également à se la représenter comme étant numériquement
la plus importante. Nombreux sont les témoignages recueillis attestant que les migrants
avaient une garantie de travail au moment de leur déplacement.

« Alors donc avec quarante-huit autres compatriotes, nous avons un contrat de travail
avec les établissements Caillard [construction de grues portuaires] de l’époque, en 1970.
Caillard avait besoin de main d’œuvre, en 1970. Caillard avait besoin de main d’œuvre
qualifiée, donc l’entreprise avait fait un appel dans les journaux […] dans toute la France… »

La présence d’un compatriote mauricien dans cet établissement a pu être utile au cours
de ces démarches : « Et il y avait une épouse d’un compatriote qui était venue travailler en
France et qui avait vu cette annonce sur le journal… Elle l’a découpé, elle l’a envoyée à son
mari [à Maurice]. On a passé une annonce sur le journal local Le Mauricien ». Ainsi, « plusieurs
personnes, dont moi et d’autres compatriotes, ont écrit à l’entreprise. L’entreprise a délégué
un de ses ingénieurs du Havre pour l’île Maurice. Et donc, il y avait une discussion avec les
gens pour voir un peu leur capacité professionnelle. ».

Une responsable d’une association d’aide aux migrants affirme que les « Turcs étaient
sûrs d’avoir un travail » (en opposition à des migrants originaires d’autres pays ou d’autres
continents). Puis, elle rajoute immédiatement : « une partie serait repartie ». On a l’impression
Himéminor 2007 page 122

que les deux sont inconsciemment liés… tout se passerait comme si le migrant qui viendrait
« contrat en main » n’aurait pas d’intention de rester durablement (et au contraire celui qui
vient sans s’assurer de la disponibilité du marché du travail voudrait rester plus longtemps).

T, originaire de Turquie, ne détaille que très peu les circonstances de sa migration :


« J’ai décidé de m’inscrire et six mois après j’ai été convoqué pour aller en Europe. Il fallait
passer un test de métier et une visite médicale par le médecin français ou allemand. On allait
ou en France ou en Allemagne. Moi, c’est la France qui m’a répondu en premier ». Une fois
arrivé en France, il a travaillé dans des chantiers de construction navale à Fécamp. Il est fort
probable qu’il ait eu une promesse d’emploi dans ces établissements avant de quitter la
Turquie.

La frontière entre un migrant qui a « contrat en main » et ceux qui viendraient « rien
dans les mains » n’est pas aussi tranchée que l’on pourrait se l’imaginer. SC, originaire du
Sénégal :

« - Vous étiez promis à un emploi avant de partir du pays d’origine ? » « - Quand j’étais
sur le bateau ». Autrement dit lorsque SC est arrivé en France, il avait déjà une promesse
d’emploi. Le voyage était peut-être le meilleur moyen pour lui d’être mis au contact de
personnes pouvant lui proposer un travail.

Le migrant n’est pas un « miséreux » vivant dans le dénuement le plus extrême. Assez
souvent, il s’agit de personnes qui étaient commerçants dans leur pays d’origine et qui, se
retrouvant en situation de famille, se sont vues dans l’obligation de venir travailler comme
ouvrier en France.

Mentionnons à ce propos LB, né à Alessandria (Italie), et KB, migrante née à Oran


(Algérie). « [On est venu] en train. Parce que mon père était là depuis deux ans. Depuis un an
et demi. On en avait un peu marre, tous, d’être séparés. Donc on a tout vendu, les meubles -
l’appartement n’était pas à nous on louait. Lui, il partageait son salaire, il envoyait de l’argent
pour vivre et lui il fallait qu’il garde pour survivre aussi. Et puis, bon, mes parents en avaient
marre de ne pas être ensemble, notre père nous manquait. Donc voilà, on a vendu les
meubles, on a acheté les billets de train, mon père nous a trouvé un endroit pour vivre c’était
à la campagne, Sotteville sur Seine à 20 km du Havre » (LB).

« Mon père était commerçant à Oran. Nous étions plutôt à l’aise nous avions une belle
petite maison. Mais mon père a fait faillite, son commerce s’est écroulé. C’était un commerce
de fruits et de légumes dans un quartier populaire que les colons appelaient le village nègre.
Voyant sa faillite, mon père a cherché du travail à Oran, c’était en 1953, il n’en a pas trouvé.
Quand il était aisé, il avait aidé un ami qui avait eu les mêmes problèmes que lui. […] Voilà
comment mon père a émigré, et est arrivé au Havre, chez monsieur L au quartier des Neiges.
Himéminor 2007 page 123

Là, mon père a travaillé, a fait différents travaux de manutention. Et un an après, il nous a
demandé de le rejoindre, c’était un novembre 1955 ». (KB).

Le passage au statut de migrant, et de la profession de commerçants à celle d’ouvriers


est vécu comme une « déchéance » sociale : « C’était vu comme définitif ? Oui, on était plus
rien, dans cette ville Alessandria. Les gens déchus tu sais… et puis ma mère avait envie de
changer de vie. Le niveau de vie était descendu vraiment… On est venu rejoindre notre père,
quoi. Il nous a trouvé un petit logement sous les toits dans une villa, une maison de campagne
de gens du Havre qui venaient les week-ends et nous on habitait en haut sous les toits. Et
mon père se farcissait le trajet, ça c’était le coté de dur… il était jamais à la maison avant onze
heures et demi. » (LB).

À côté de ces migrants « économiques », on trouve un certain nombre de migrants


« politiques » dont le départ de leur pays d’origine est lié à un événement ou une situation
politique.

JU est originaire du Chili. Après avoir trouvé refuge dans l’ambassade de France, après
le coup d’état du 11 septembre 1973 qui fut particulièrement féroce pour les partisans du
président Allende, il est arrivé en France : « Oui on [une centaine de personnes] est resté
quand même un mois et demi à l’ambassade. Oui. Et après on est parti. On est arrivé le 14
décembre 1973. Juste quand le Boeing de Iberia touchait l’aéroport d’Orly à 23h35. Je précise
toujours 23h35 parce que c’était quelque chose de… c’était inoubliable. L’accueil était
formidable […] Jamais, on a été reçu comme ça. Et dans toutes les escales qu’a fait ce vol-
là… C’était un vol pénible parce qu’on a fait des escales à Lima, à Bogota, à Caracas… L’avion
était constamment entouré par des militaires parce qu’il y avait des éléments « dangereux »
[…] Donc quand on arrive à Madrid pour changer vers l’avion d’Iberia c’était pareil, c’était
épouvantable la situation. […] il y avait des policiers, des mitrailleuses partout, comme si on
était des délinquants. C’était pénible. C’était triste… De passer de la passerelle d’un avion
pour monter dans un autre, entouré de militaires comme ça. C’était affreux. Et les femmes
paniquaient. Parce qu’elles disaient « comment va être l’accueil à Paris ? Ils vont nous mettre
directement en prison […] »

OM né à Oran, militant du PAGS (« Parti de l’Avant-Garde Socialiste »), est arrivé en


France en novembre 1999 dans des conditions également périlleuses et difficiles : « On peut
dire que je fais partie des derniers qui ont quitté l’Algérie pendant ou après la décennie noire
qu’a connue l’Algérie depuis l’arrêt du processus électoral en 1992. » Au retour d’un voyage
effectué dans le cadre d’activités militantes, j’ai compris qu’il fallait vraiment quitter […] j’ai
compris que personnellement c’est clair que les choses vont très mal. Après, bon, c’était
carrément les descentes chez moi. Je pense que j’étais tout simplement recherché. Je suis
parti à Oran […] Ce sont des copains qui ont organisé pour mon départ, et puis bon suite à
Himéminor 2007 page 124

cela, j’ai été à l’aéroport avec deux copains qui m’ont livré au gars [voir suite] qui m’a fait sortir
de l’aéroport sans pour autant passer par la PAF. Au sein de la police algérienne, il y a encore
des personnes intègres, enfin des gens qui nous tenaient informés de pas mal de choses,
hein ? Et qui n’ont absolument aucun pouvoir ? Moi, la personne qui m’a fait sortir, il m’a
accompagné jusqu’à l’entrée de l’avion, puis il m’a dit : « Voilà, bonne chance, au revoir, et
puis oublie-moi. Tu m’oublies, hein ? J’existe plus, ça y est, c’est fini. »

JU et OM ont pu obtenir assez rapidement le statut de réfugiés ; le premier a ensuite


également été naturalisé français suite à une décision du président Giscard d’Estaing. Ces
cas ne doivent pas faire oublier la situation d’autres migrants dont la reconnaissance de leur
statut de réfugiés politiques a été longue et difficile.

Il s’agit souvent de personnes originaires de pays dont la situation politique est


méconnue dans le pays d’accueil. Ainsi, D, originaire d’Arménie est arrivé en France en juin
2002 : « C’est un problème avec ma femme qui appartenait à un parti d’opposition en Arménie.
Après les élections présidentielles, quand le nouveau président a été élu, ma femme a
commencé à avoir beaucoup de problèmes, et moi avec son fils aussi […] et à cause de cela
ce n’était plus possible de rester en Arménie et d’y vivre tranquillement. L’administration
recherchait ma femme. Ils ont pris mon passeport et le passeport de ma femme pour qu’on ne
puisse quitter l’Arménie. On a quitté l’Arménie. On est allé en Russie, à Moscou […] »

Après, l’arrivée en France : « Non ça a été très long, et c’est très dur ça. Vivre sans
savoir ce qui peut t’arriver, c’est très dur. Je peux vous dire, j’ai eu une réponse de l’OFPRA
un an après. Un an. Après j’ai attendu sept mois pour avoir une réponse négative. Il fallait
attendre pour qu’on nous invite à la commission de recours presque un an […] Ils m’ont envoyé
le deuxième rejet. À ce moment on était vraiment débouté, on n’arrivait pas à comprendre
pourquoi, qu’est-ce qu’on pouvait faire […] c’est sûr qu’on ne pouvait pas rentrer en Arménie.
[…] » Il faudra encore de nombreuses procédures (et rejets) pour que D obtienne finalement
le statut de réfugié.

Enfin, on trouve des migrants venus en France dans le cadre de leurs études ou de
leur formation. OB, né le 19 mars 1956 à Madagascar, est d’origine indienne. « Oui mes études
secondaires, je les ai démarrées en France parce que mes parents m’ont donné le choix entre
un enseignement en malgache et tenter un pari sur l’avenir, venir en France. À Madagascar,
c’était devenu un peu trop court et un peu trop refermé d’où le choix de venir en France ».

Ainsi, ce n’est pas une migration vécue comme forcée, mais un choix pour donner une
portée plus grande à ses études. O insiste sur les difficultés qu’il a rencontrées en venant
étudier en France (même si le sens commun pourrait porter à croire que la condition d’étudiant
étranger est plus facile que celle de travailleur) « C’est pas facile du tout. En tant qu’étranger,
Himéminor 2007 page 125

personnellement c’était beaucoup de vexations. Je n’oublierai jamais le moment où j’ai


demandé la carte de séjour et j’étais parqué, où on n’avait pas de considération… Donc j’ai
toujours en mémoire ces méthodes qui étaient appliquées et à chaque fois que je croise un
étranger, je me dis : « Ça doit être terrible » ».

Migrer au Havre

Nous avons jusqu’à présent envisager la migration comme étant un déplacement d’un pays à
un autre, sans nous préoccuper spécifiquement des raisons qui ont prévalu dans le choix de
s’installer au Havre. Certains des migrants interrogés sont venus directement au Havre,
d’autres avaient déjà vécu ailleurs (en Normandie, dans une autre région, ou dans un autre
pays) après leur première migration.

CL est originaire de Bretagne. Elle est venue vivre au Havre suite à la mort de
son père, agriculteur, foudroyé par une crise cardiaque. « Mon père est mort en 14. Nous
étions cinq enfants. Enfin, six, mais ma petite sœur est morte en naissant. Mon père était
cultivateur – il portait son blé au moulin. Et puis il tombe de la charrette par terre. À cette
époque-là, on disait embolie, mais c’était une crise cardiaque certainement. Et le cheval est
revenu tout seul à la maison, il savait où il habitait, avec sa cargaison de blé. Voilà. […] et ma
mère, elle n’a pas pu tenir la ferme, parce que c’était trop dur pour elle, et puis payer tout le
monde, c’était cher. Elle ne pouvait, elle a vendu […] Et puis mon frère a su qu’il y avait du
travail au Havre, il avait dix-sept ans, il est venu tout seul. Il travaillait sur le port. À cette
époque-là, il y avait du travail à tire larigot. Il a dit à ma mère : « Venez au Havre ». On a pris
un meublé ».

Les Bretons ont connu un important exode à la fin du XIXe siècle et au début du
XXe siècle vers d’autres régions parmi lesquelles la Normandie venant souvent travailler dans
l’industrie. L’idée de les considérer comme des migrants fait débat. CL, elle-même, refuse
d’être considérée comme une immigrée et réagit immédiatement à la question suivante :
« - Donc on va aborder des thèmes qui sont plus centrés sur l’immigration, de la Bretagne, en
l’occurrence.

- Ce n’est pas vraiment de l’immigration, c’est tout à fait français »

Cela met en évidence le fait qu’être ou non immigré participe à la construction de


l’identité de la personne. Etre reconnu comme immigré, est immédiatement perçu comme
impliquant le fait de ne pas être français à part entière d’où la réponse « c’est tout à fait
français ». Cependant, on peut relever certains points communs avec les migrants plus
récents : une langue maternelle qui n’est pas le français, les difficultés que cela peut poser en
arrivant au Havre : « Je ne savais pas le français du tout. Pas un mot de français. […] »
Himéminor 2007 page 126

« Finalement, le fait d’être breton vous a aidé puisqu’il y avait des gens pour vous aider.

- Ah oui ! Tout le monde se connaissait. C’est une colonie par là-bas. Saint François c’est une
colonie ».

LB, mentionné précédemment, s’est installé dans les proches environs du Havre avec
sa famille. Son père travaillait déjà au Havre avant cette arrivée, et cette situation n’a été que
provisoire : « Mon père nous a trouvé un endroit pour vivre c’était à la campagne […] à 20 km
du Havre. […] On est venu rejoindre notre père. Il nous a trouvé un petit logement sous les
toits dans une villa, une maison de campagne de gens du Havre qui venaient les week-ends
et nous on habitait en haut sous les toits.

Et mon père se farcissait le trajet, ça c’était le coté dur… il était jamais à la maison
avant onze heures et demi. Au bout de trois mois, il y avait des baraquements qui avaient été
construits dans les années cinquante, des baraquements qui tenaient debout, c’était avec de
la laine de verre entre les murs. Et il avait un maximum d’Italiens qui avaient logé là… qui sont
repartis, il en restait plus qu’une centaine. À ceux qui avaient ramené leur famille, on allait
arranger ces baraquements comme des appartements. C’était comme un petit pavillon, on
s’est ressenti chez nous. »

LB a donc pu à ce moment venir vivre au Havre, avec sa famille, grâce à ce qui semble
une mesure de fortune prise en faveur des migrants et de leurs familles (réaménager les
baraquements d’après guerre en habitation en « appartements »).

T a dans un premier temps vécu à Fécamp (port de pêche) car il travaillait dans le
domaine de la réparation navale : « J’ai commencé chez Matthieu à Fécamp : faillite ! Je suis
venu au Havre. À cette époque, il n’y avait pas de chômage. Il y avait des demandes d’emploi.
Comme j’avais le permis poids lourd, on m’a demandé si je voulais être grutier mobile. Ils m’ont
donné l’adresse. J’ai dit oui et je me suis présenté le lendemain à 9 heures à Montivilliers »

« C’était l’entreprise « Télécommande contrôle ». J’ai expliqué que l’ANPE


m’avait envoyé et ils m’ont dit de revenir le lendemain. Pour faire grutier mobile, il fallait passer
un stage. Le patron a pris sa propre voiture et m’a emmené à Paris. Il m’a laissé là-bas deux
ou trois jours et comme j’étais trop doué parce qu’avant, je me servais de mécanique etc. Au
bout de quinze jours ; ils ont appelé mon patron pour qu’il revienne me chercher. Mon patron
est venu et j’ai cherché un domicile au Havre […] »

C’est la perte de son emploi initial qui a amené T a déménagé au Havre puisque c’est
dans sa banlieue (Montivilliers) qu’il a ensuite réussi à trouver un emploi de grutier. Cela met
en évidence l’aire d’attractivité économique du Havre dépassant les strictes limites de son
agglomération.
Himéminor 2007 page 127

WA, au contraire, a vécu en Hollande après avoir quitté la Chine avec ses parents :
« Je suis né en Chine à Chekiang. Le 22 juin 1974. Je suis parti dès l’âge de 3 ans, de Chine.
Et j’ai grandi en Hollande. Et à l’âge de 17 ans, mes parents ont déménagé ici en France, au
Havre. Parce que mon père était cuisinier à Hong-Kong, et puis il y avait un grand chef cuisinier
qui allait ouvrir un restaurant en Hollande. Et donc c’est comme ça que nous on est venu en
Hollande. »

Il estime que « les Chinois » auraient des compétences de migrateurs favorisant leur
adaptation à d’autres pays : « Disons que… les Chinois sont… des migrateurs et ils ne
s’adaptent pas vraiment à un endroit, ils s’adaptent à tous les endroits, là où il y a du travail.
C’est pour ça qu’ils ont des facilités à voyager maintenant. On est attaché quelque part, donc
on a du mal à partir enfin j’aurai du mal à partir, maintenant du Havre ».

En revanche il est intéressant de noter cette attache qu’il a nouée avec la ville du Havre.
« Comment ça se fait que vous avez atterri ici au Havre ? C’était un choix de vos parents
toujours ? [venus directement de Hollande au Havre] - On a de la famille ici, nous on proposait
de vendre le commerce, et puis vu que mes parents cherchaient quelque chose de nouveau,
ils ont accepté, et puis bon on est venu là. » Ici, c’est la présence de membres de la famille
associée à une opportunité commerciale qui s’est présenté, qui a présidé le choix du Havre.

C. L’identité et sa transmission

Quelle identité ?

La croyance la plus communément admise est que les migrants seraient dotés d’une identité
ethnique ou culturelle fondamentalement différente et indissoluble dans celle du pays
d’accueil, et qu’ainsi « l’identité nationale » serait « mise en danger » par la présence de
migrants sur le territoire national.

Ce préjugé repose sur deux idées reçues très contestées :

- d’une part que les migrants seraient dotés d’identité(s) ou d’ethnicité(s) indissoluble(s) dans
« l’identité nationale » en raison d’un « fossé culturel insurmontable » (l’éternel « fossé » entre
« l’Occident » et « l’Orient »…). La peur du « choc de culture », annoncé après les attentats
du 11 septembre 2001 en est le corollaire.

- D’autre part, que la France serait caractérisée par une identité immuable prenant ces racines
dans « des siècles d’histoire » à commencer par celle des Gaulois. La nation française est au
contraire une construction politique parachevée d’une unification linguistique assez tardive : le
Français n’était pas parlé dans certaines régions jusqu’à la Première Guerre mondiale (Eugen
Himéminor 2007 page 128

Weber48) C’est le pouvoir politique qui a souhaité cette unification culturelle. Enfin,
l’immigration n’est pas un phénomène propre aux dernières décennies. L’identité nationale ne
s’est pas effondrée dans le passé.

Ces précisions faites, il convient d’avoir conscience de l’ambiguïté de la notion


d’ethnicité en science sociale : l’envisage-t-on comme construction et mise en scène
(l’approche interactionniste Fredrik Barth), ou au contraire comme caractérisation des traits
culturels propres à un groupe social (une approche que l’on pourrait qualifier de
substantiviste) ? Nous préférons la première approche, plus pertinente car privilégiant le point
de vue des migrants (qu’est ce qui est mis en avant ?), plutôt que de nous engager dans une
discussion autour de la substance culturelle et ethnique caractérisant les personnes
interrogées. Intéressons-nous tout d’abord à la manière selon laquelle ils se définissent.

« - Donc le pays d’origine c’est l’Italie ? - C’est l’ltalie. Je suis Piémontais […]Je
suis né à Alessandria qui est une petite ville entre Turin et Gêne […] de l’autre côté des
Alpes, je suis un gaulois transalpin pour la France cisalpine quand on est en Italie. » (LB)

À la question portant sur le pays d’origine, LB répond qu’il s’agit bien de l’Italie, puis
immédiatement il se définit comme « Piémontais ». Ceci est très caractéristique du sentiment
régional et local très prégnant en Italie au détriment de la « conscience nationale ». Ainsi, on
se dit avant tout « Piémontais, Sicilien, Calabrais… Dans les cas où l’on est d’une ville
véhiculant une identité propre très forte, on est Napolitain, Romain, Génois, Florentin… Non
sans humour, il rajoute par la suite qu’étant originaire d’Alessandria, située « de l’autre côté
des Alpes », il est un « gaulois transalpin pour la France » et « cisalpin pour l’Italie ». Il joue
ainsi de la confrontation des points de vue : pays d’origine/pays d’accueil. Se définir
ironiquement comme « gaulois » est aussi une manière de se rapprocher des Français. Le
Nord de l’Italie était sous l’antiquité peuplée de Gaulois qualifiés de cisalpins par Rome. Or,
l’origine gauloise présumée de la France est aussi un élément fort de la construction de
« l’identité nationale ». Il rajoute ensuite : « On est là depuis 1958 et je suis toujours rital. Je
suis toujours italien. On est en train d’essayer de faire l’Europe. On la fait mal, mais on la fait
quand même. Je suis toujours italien… Je suis venu j’avais douze ans, douze ans et demi, j’ai
vécu en Italie. Je parle italien couramment. »

Rappelons que le terme rital n’est pas usité en Italie. Il est apparu dans le langage
courant du français populaire pour caractériser les migrants italiens et leurs descendants.
Nous renvoyons à l’ouvrage Voyage en Ritalie49 de Pierre Milza analysant l’identité commune
recréée par la « communauté » des migrants italiens et leurs descendants vivant en France.

48
Eugen Weber, La fin des terroirs,Paris, Fayard, 1983.
49
Pierre Milza, Voyage en Ritalie, Paris, Plon, 1993.
Himéminor 2007 page 129

Etre rital renvoie plus à un syncrétisme entre les cultures des pays d’accueil et d’origine, ou
encore renvoie plus à une identité propre aux « Italiens de France » qu’à celle d’Italien.
Toutefois, le fait d’avoir vécu une première partie de sa jeunesse en Italie (douze ans) et de
parler toujours la langue du pays explique la persistance de cette identité italienne et de
migrants (« toujours rital », « toujours italien »).

AM ne se définit pas non plus comme Sénégalais (donc appartenant à l’Etat-Nation


Sénégal) mais comme Peul (un groupe social transversal aux différents états du fleuve
Sénégal que sont le Mali, le Sénégal et la Mauritanie). En premier lieu, et sans doute dans sa
façon spontanée de se définir, il affirme qu’être Peul c’est appartenir à une ethnie. Puis, il
précise que la société Peul serait un clan ou une tribu insérée au sein d’une société globale
stratifiée : « C’est dire que du sommet de la pyramide jusqu’au bas de l’échelle, les clans ou
les tribus sont classés si vous voulez… ».

Cela illustre le fait qu’il n’existe pas d’ethnicité pure qui ne pourrait être raciale.
L’ethnicité est une construction partagée par un groupe qui intègre notamment le principe de
stratification sociale. Très souvent, dans des buts de légitimation de la domination sociale et
matérielle exercée par un groupe donné, des origines « ethniques », « raciales » ou
mythologique lui sont attribuées.

« Là, vous touchez à l’une des traditions les plus conservées de nos terroirs, il s’agit
de la stratification sociale, c’est vrai que la société poular [un autre terme pour peul] à laquelle
moi j’appartiens est stratifiée à la manière pyramidale. C’est dire que du sommet de la
pyramide jusqu’au bas de l’échelle, il y a donc les clans […]. Et ce qui est extraordinaire au
niveau de cette stratification, c’est que en France des enfants qui sont nés ici respectent cette
stratification voilà donc ; on voit cela ; extraordinaire. Ceci montre quoi ? Ceci montre jusqu’à
quel point ces pères de familles peuvent accepter que tout tombe à l’eau, sauf ça entre autre.
Cette stratification ne sombra jamais et c’est pas pour demain qu’elle va tomber quel que soit
l’évolution de ces émigrés. De toute façon moi dans les mille ans à venir je ne vois, eh, en fait
c’est une manière de parler, mais aussi longtemps que possible je ne vois pas quand cette
stratification sociale sera battue en brèche par l’évolution de la mode, par l’évolution ou par la
modernité moi je ne vois, puisque le problème c’est ceux-ci qui sont nés ici et qui devaient être
des vecteurs de l’évolution ces filles et garçons, eux mêmes respectent cette stratification
sociale. »

L’ethnographe remarque alors : « Le paradoxe c’est qu’en Afrique c’est plus souple
qu’ici, dans une société occidentale. Comment vous pouvez expliquer cela ? » « Là vous
pouvez une question extrêmement importante, c’est vrai quand même : en Afrique c’est
plus souple, parce que le problème c’est que ces pères de famille et ces mères de famille
qui sont venus en France depuis 1960, ils vivent au Fouta ancien, ils vivent à l’ancienne,
Himéminor 2007 page 130

c’est-à-dire qu’ils conservent les coutumes, les traditions, telles qu’elles sont emportées,
quand ils sont venus pour la première fois. Ils refusent de larguer cet arbre de tradition donc
qu’ils ont toujours connu, alors que actuellement au Fouta nous notons une certaine
évolution. Parce que dans certains villages, un jeune thioubalo, qui sort avec une fille thiédo
donc cela veut dire que petit à petit bon la tradition elle s’effrite dans ces milieux. Mais le
problème en France on a l’impression que ces traditions sont davantage plus conservées.
Donc il y a une conservation à outrance de cette stratification sociale qui pourtant est en
train de perdre ses lettres de noblesse dans des milieux plus conservateur comme le
Fouta. »

Doit-on conclure d’après les propos d’AM que ce qu’il appelle le « respect » ou
conservation à « outrance » de cette stratification sociale chez les enfants de migrants
participe de la construction d’une identité plus appuyée chez ces derniers ? Le paradigme
interactionniste en anthropologie tend à considérer que la mise en scène d’une ethnicité est
souvent plus appuyée voir exacerbée dans des contextes où l’individu ou le groupe se trouve
en situation d’interaction forte avec des groupes sociaux revendiquant une identité autre. Ainsi
pour se définir par rapport à la société englobante, on respecterait avec le plus grand zèle des
principes de différentiation sociale interne à la société dont on est originaire. C’est en
substance ce qu’entend AM.

Les vexations qu’il a pu connaître lors de son parcours professionnel ont amené OB à
revendiquer son identité : « Le jour je vais dans des pharmacies, je postule pour être
pharmacien assistant. Je suis tombé dans deux ou trois pharmacies où on m’a dit monsieur
vous êtes sympathique, on a déjà eu des pharmaciens d’origine étrangère et les gens se
cachaient pour ne pas être servis par ces gens-là, donc on ne veut pas de vous. »

Plus tard dans l’entretien, il revendique son prénom et nom qui sont dépositaires de
son identité : « Je fais parti des gens qui n’ont pas changé mon prénom. Je suis OB et je
resterai OB. Ce n’est pas comme certains confrères qui ont certains soucis dans la
communauté et qui ont changé en se disant « sur une plaque, ça sera mieux ». « Non,
j’envisage ce nom même s’il dérange. Si les gens veulent de moi comme ça, tant mieux, sinon,
tant pis. Ce sont eux qui sont perdants. Moi, je me sens bien en France, j’estime que je suis
bien intégré, mais qu’on ne me dise surtout pas d’oublier mes origines. Je suis Indien. Je
resterai Indien jusqu’au bout. Parce que c’est comme ça. Mais je me sens Français. Si les
gens veulent de moi comme ça, veulent apprendre de moi, parce qu’ils ont beaucoup plus à
apprendre de moi que l’inverse parce que, moi, j’ai deux origines et que j’ai une civilisation
derrière moi, j’aurai gagné […] »

Examinons maintenant le point de vue d’une personne née en France de parents


migrants. J : « Je dis que je suis française parce que… à partir du moment où je suis née en
Himéminor 2007 page 131

France, je suis Française. Mes parents sont Kabyles. Tous les deux. Et je me suis longtemps
posée la question si j’étais vraiment… Enfin qui j’étais ? Réellement ? J’ai longtemps pas su
d’où je venais, parce que, par rapport à mon histoire, mon histoire familiale… »

L’hésitation est très forte pour se définir. Toutefois, elle arrive très facilement à
caractériser ses parents. Ces derniers sont Kabyles et non Algériens : on retrouve la référence
à une région qui aurait sa spécificité culturelle (notamment linguistique) plus qu’à une nation,
l’Algérie. L’identité de l’individu est liée à l’origine («…qui j’étais », « j’ai longtemps pas su d’où
je venais ? »). Le questionnement de l’identité se traduit par un doute vis-à-vis du caractère
véridique d’une identité qu’elle entrevoit de revendiquer : « Je me suis longtemps posé la
question si j’étais vraiment… ».

Lorsqu’elle évoque les origines de ses enfants, elle s’interrompt comme si elle s’effaçait
devant l’identité de ses parents : « Moi, je leur [ses enfants] dis qu’ils sont Français. Je leur
dis : « Vous êtes nés en France, vous parlez français », après il y a des origines : leur papa
est Marocain, moi, mes parents sont Kabyles… »

À la fin de l’entretien, l’ethnographe repose la question : « Comment vous définissez


vous, au delà d’un mot sur un passeport ? ».

- « Au fond de l’âme, je suis kabyle… Si je dis Française, c’est par… Mais dans ma
façon de… Je l’ai dit, c’était une difficulté pour moi, sur le plan identitaire… Dans ma façon de
penser je suis Kabyle. Je suis pas… Après, pour le reste, je suis Française ».

On notera l’opposition entre le « fond de l’âme », ou encore « la manière de pensée »,


qui est kabyle et le « reste » pour lequel elle est Française. Il ne faut pas pour autant interpréter
ces propos comme le fait d’un profond antagonisme entre deux identités inconciliables, mais
comme un doute quant à la façon de se définir pour soi-même compte tenu de son expérience
personnelle (enfants de parents kabyles, naissance et enfance au Havre, rapports difficiles
avec le pays d’origine).

D’une part, il y a un attachement des enfants de migrants au pays d’accueil de leurs


parents, qui est le pays dont ils se sentent pleinement citoyens, et d’autre part une réelle
volonté « d’assimilation » des migrants à la nation française. Ainsi R a pu dire : « On faisait le
choix d’aller en France, il faut épouser la culture française ».

Pourquoi transmettre une identité et par quels biais ?

Nous avons vu précédemment que l’identité mise en avant par les migrants ou leurs enfants
n’est pas univoque. Cela n’implique pour autant l’absence de volonté chez les premiers de
Himéminor 2007 page 132

transmettre – que ça soit dans un cadre familial ou associatif – une identité propre au pays
d’origine.

R fait état des circonstances dans lequel est apparu le souhait de créer un club visant
à rassembler des familles mauriciennes : « Disons qu’après le travail, on rentrait assez tard
comme je vous le disais. On préparait le repas et on ne sortait pas. Le dimanche et le samedi
après midi (on travaillait presque tous les samedis matins), l’après midi, on faisait les courses
de la semaine. Et il n’y avait que le dimanche, le dimanche matin, on allait à la messe. Quand
il faisait beau, on allait un peu à la plage, ainsi de suite. Après, les familles commençaient à
arriver donc on se retrouvait plus ou moins dans les familles, ainsi de suite. Et après, en 73,
quelques familles étaient arrivées et quelques amis, et on s’était dit qu’il faut qu’on trouve un
endroit pour que les familles soient regroupées et après on a fait un club »

C’est l’arrivée de nouvelles familles mauriciennes qui aurait créé le besoin de


« regrouper » les familles et de créer un club autrement dit de passer de quelque chose
d’informel (« on allait à la plage ») à une association formelle : « Oui, on a créé un club, qui
s’appelle le Dodo club, l’emblème, c’est l’oiseau de Maurice. »

Le dodo, dont l’association porte le nom, également présenté comme emblème


de Maurice, est au cœur de la reconstruction d’une identité opérée par ce club de migrants et
de familles mauriciennes. « C’est un oiseau qui est un problème, qui est sur toutes les effigies
de Maurice. C’est un oiseau qui était sur l’île quand les premiers colons sont arrivés. » Sa
difficulté à voler est présentée comme la raison de l’extinction de l’espèce. La mobilité
(aérienne) est ainsi implicitement introduite comme une condition pour survire. D’autre part, le
Dodo présent sur place avant l’arrivée de l’homme aurait également connu toutes les phases
de colonisation (« les premiers colons, les Portugais, les Arabes, les Hollandais…). Tout se
passe comme si le Dodo participait à la construction d’un mythe réfléchissant l’expérience
partagée du groupe de migrants mauriciens. Est-ce que R retranscrit fidèlement le mythe
mauricien ou le reconstruit-il autour de thématiques propres aux migrants (mobilité, survie…) :
« Dans ce club, on se retrouve un peu en famille. C’est un club, un peu culturel. On se réunit
une fois par mois, on organise des sorties avec les familles, on organise des lotos, puis on
organise aussi, quelques fois, des petites fêtes folkloriques, et on anime des messes avec des
chants mauriciens. On est seize familles à faire partie du club. On a créé ce club en 1973. […]
On s’était dit qu’il fallait qu’on se retrouve à un endroit. On s’était dit : il faut qu’on s’entraide
quand les familles commencent à arriver. Maintenant, on n’en fait plus, mais dans le passé,
on faisait des bals, une fois par an. On faisait des bals pour retrouver le folklore de Maurice.
[…] Notre folklore s’appelle le sega. À chaque fête, on se retrouve, et ce folklore, nous le
gardons chèrement. On danse, on chante et on garde notre folklore, bien sûr ».
Himéminor 2007 page 133

Le folklore se pratique puisqu’il se « chante » ou se « danse » pour être « découvert ».


La « pratique alimentaire » semble au contraire être plutôt du ressort de l’entité domestique :
« La pratique alimentaire… Mon épouse est française. Moi, je fais de la cuisine mauricienne
surtout le week-end, et la semaine, on fait la cuisine courante

Enfin le club est aussi l’occasion de parler collectivement des problèmes familiaux et
en particuliers de la scolarité, parfois difficile, des enfants : (On parle de l’île Maurice), chacun
a des nouvelles fraîches. Après on parle un peu de problèmes familiaux, qu’est ce qu’on
projette de faire dans l’avenir, puis des problèmes des enfants ceux qui ont passé le Bac, ceux
qui n’ont pas eu le Bac, ceux qui sont au collège… »

Certains migrants rapportent un souhait chez leurs enfants de revenir à leurs


« racines » ; ainsi OB : (né à Madagascar se déclarant indien) : « Il y a quelque chose d’assez
typique pour notre grande fille : jusqu’à l’âge de seize ans, elle n’avait aucune notion de la
civilisation indienne. Donc, on n’en parlait pas, on est peut-être passé à côté. On se parle en
français, mais entre nous, je m’impose très souvent de parler en indien, de même que mon
épouse. On ne veut pas oublier. Notre fille jusqu’à l’âge de seize ans n’avait aucune notion et
subitement, on s’est rendus compte qu’elle avait besoin de revenir à ses racines. Donc, elle
s’est de nouveau penchée dessus, elle a revu des films indiens et ça prouve que, qu’on veuille
ou non, ça remonte. C’est pareil. Donc on n’oublie pas. C’est en nous ».

Ainsi, la transmission de l’identité est presque un phénomène naturel (« c’est en


nous », « ça remonte », « qu’on veuille ou non »…). Pour OB. il s’agirait plutôt d’une une prise
de conscience de leur identité propre qui s’est transmise naturellement. La maîtrise se la
langue indienne ne semble pas primordiale, c’est le fait d’être indien qui l’est : « Quand
quelqu’un me dit : mais ta fille, elle ne parle pas l’Indien ! Même si elle le parle, mais elle ne le
parle pas aussi bien qu’elle devrait le parler, c’est évident. Ici, on n’a pas de communauté
indienne. Nous, on rentre le soir, après le travail on se voit quoi ? Une heure, deux heures
maxi ? Chacun a ses révisions et tout, c’est bien normal. C’est venu naturellement. Par contre,
celle qui a dix ans, c’est carré. Elle dit : je me sens bien, mais je suis avant tout indienne »

Pour OB., l’important réside dans la « connaissance » des origines, l’apprentissage de


« valeurs » liées à la « famille » ou à la « vie », dans le « respect pour les grands parents »
qui nécessite alors la maîtrise de la langue (la maîtrise de la langue ne semble pas une fin en
soi mais subordonnée à ces autres enjeux) : « Le fait de regarder des films indiens, c’est pour
vous rappeler vos origines. Oui ça fait partie des origines, ça fait partie des connaissances, et
puis ça véhicule une certaine morale aussi. C’est bien de s’en rappeler parce que souvent
dans les films indiens, ça véhicule plein de chose sur les valeurs de la famille, sur les valeurs
de la vie. »
Himéminor 2007 page 134

« - Et vous voulez qu’elles parlent couramment ? Oui nous ne voudrions pas qu’elles
perdent ceci pour pouvoir communiquer avec les grands parents. Même s’ils sont loin quand
ils viennent, ils aiment bien parler aux enfants et c’est un signe de respect que de leur parler
en indien donc, ne serait-ce que pour ça, c’est important de savoir le parler. »

Le point de vue évoqué ici est celui d’un migrant rapportant une situation où la
transmission de l’identité fait consensus entre la génération de migrants et celle des enfants
nés en France. Ce n’est pas systématiquement le cas : J (née en France) et sa sœur ont,
durant leur adolescence, été en conflit avec leurs parents pour avoir noué une relation avec
des jeunes Français. J rapporte ce que son père leur a dit : « Oui, mais vous vous rendez
compte, ils ont tué mon oncle pendant la guerre. Et ma sœur lui a répondu : c’est pas mon ami
qui a tué ton oncle. Il n’était pas né à l’époque ».

La relation entretenue par J et sa sœur est vécue par le père comme inconsidérée au
regard du drame vécu par son oncle et sa famille durant la guerre d’indépendance. « Et mon
père, après une période… il a vu que c’était des relations… qui duraient. Il a compris et il nous
a emmenés en Algérie ma sœur et moi. Il nous a emmenées avec l’idée de nous laisser là-
bas… C’est vrai qu’y avait nos racines, mais… on parlait pas comme eux, on… […] on était
pas spécialement bien accueillis et on était des enfants d’immigrés… ça commençait à la
douane quand on arrivait… Nos tenues vestimentaires étaient critiquées… parfois, ils nous
manquaient de respect… »

Tout se passe comme si le fait d’envoyer ses filles vivre en Algérie (pour les marier par
la suite) constituait une contrepartie à la mort de son oncle. « Ill avait fait ses plans, il voulait
nous laisser là-bas, il voulait nous inscrire à l’école, et puis je pense que, après, ça aurait été
le mariage… On a tout fait, on a fait la grève de la faim, ça a pas tellement marché. […] Et
puis ma mère avait par habitude, quand elle allait là-bas en Kabylie, d’aller voir les marabouts,
les Cheikhs… C’est un sage, le sage du village […] »

C’est finalement la figure de cette autorité « traditionnelle » (le sage) qui résout le conflit
en désavouant les projets des parents de J. « Elle le voyait chaque fois qu’elle allait en Algérie.
Il lui donnait des conseils… Et on l’avait adoré parce qu’’il avait dit à ma mère : tu es venue
pour quoi ? Alors elle lui avait répondu : « Je suis venue pour laisser mes filles ». Il lui avait
dit : « Je t’interdis de laisser tes filles, tu prendras tes filles, tu les ramèneras chez toi » et elle
avait dû lui dire qu’on fréquentait des Français et de là il lui avait dit : « Tu ramèneras tes
filles… ne t’inquiète pas pour le reste ». […] De là elle avait repris les passeports à mon père
et elle avait dit : il m’a dit de ramener les filles, donc je les ramène. »
Himéminor 2007 page 135

Cette expérience illustre le rapport conflictuel entre générations. Les migrants pouvant
souhaiter transmettre une identité ou un héritage à ne pas trahir, que les enfants peuvent
refuser. Il n’y a pas réception consensuelle et encore moins passive de cet héritage ou identité.

Elle n’a pas de propos particulièrement élogieux vis-à-vis des familles kabyles
fréquentées par ses parents au Havre. Au contraire, ils forment une sorte de « famille », avec
des réciprocités vécues comme « lourdes » : « Les fréquentations de mes parents… Chez
nous, ils se côtoyaient beaucoup quand ils sont arrivés au Havre. Il y a beaucoup de familles
kabyles au Havre, et ils s’invitaient régulièrement, ils avaient souvent des fêtes, baptêmes,
baptêmes du garçon, circoncision du garçon, mariages, tout ça. Donc toutes les familles
s’invitaient. C‘était comme une famille… Donc tout le monde se connaissait et c’était assez
particulier ça aussi… Parce que si, pour une raison ou une autre, vous n’alliez, vous ne
répondiez pas à l’invitation, c’était sûr que la fois d’après vous n’étiez pas invité. Donc vous
sentez un petit peu exclu et… C’était comme ça, et il fallait toujours « rendre la même » je me
souviens… Les cadeaux… il fallait rendre dans la même valeur… [Rires] j’ai trouvé çà…
Bizarre… Mais les gens s’invitaient beaucoup. Vraiment… On les connaît. Donc c’est un peu
lourd quand même hein. C’est lourd. »

On retrouve aussi chez AW (enfant de parents Chinois) ce souhait de s’extraire de la


« mentalité » du pays dont il est originaire. « En fait je suis la tradition chinoise, c’est-à-dire
que l’aîné doit toujours aider les parents. Donc, en fait, j’aide mes parents pour le commerce,
et le jour où ils n’ont plus besoin de moi, je les quitte… Moi, je savais que je pourrai jamais me
marier avec une chinoise. Parce que la mentalité est différente. J’ai une mentalité
européenne… »
Himéminor 2007 page 136

2. Turcs de Flers

Souvenirs d’une immigration ouvrière

des ouvriers turcs, primo arrivants à Flers,

au milieu des années soixante-dix

Description du corpus d’entretiens


Les entretiens ont été réalisés à Flers, dans l’Orne, en 2006 et 2007. Ils portent principalement
sur la mise en place des équipes de nuit dans les usines de la Société Générale des Tissages
de Flers (SGTF). Cette expérience fut de courte durée. L’entreprise de tissage et filature a
fermé définitivement en 1986 alors que les équipes de nuit avaient été instaurées au milieu
des années soixante-dix. Elles étaient constituées principalement de jeunes d’hommes
originaires de Turquie. Les entretiens donnent la parole à la fois à ces Turcs, pionniers de
cette immigration à Flers et à ceux qui les ont côtoyés au sein des usines.
Les entretiens ont été réalisés auprès de six personnes ayant des racines turques, dont
cinq nées en Turquie : trois hommes d’origine turque qui ont tous trois travaillé à la SGTF :
messieurs MO, AO et CK. Ils sont nés entre 1945 et 1950 et ont immigré à Flers dans les
années soixante-dix. Ils appartiennent à la première génération d’immigrés turcs à Flers ; deux
femmes de la deuxième génération : madame MY50, fille de monsieur CK, et madame VC, fille
de monsieur MO, et un enfant de la troisième génération : SY, petit fils de monsieur CK.

Parallèlement, quatorze anciens salariés de la SGTF ont évoqué leurs souvenirs liés à
cette arrivée de Turcs dans l’entreprise au cours d’un entretien plus largement dédié à leurs
souvenirs professionnels dans ces usines.

Une immigration bien accueillie

Les accueillants comme les accueillis gardent des souvenirs « sans vagues » de l’arrivée des
primo arrivants d’origine turque à Flers. Les Turcs décrivent des Flériens particulièrement
hospitaliers. Ils mettent souvent en perspective les récits de leur arrivée avec les sentiments
de rejet qu’ils vivent actuellement et qui leur semblent nouveaux. Ils ne disent presque rien sur
la situation actuelle, mais insistent pour dire qu’avant, tout allait bien. Du côté des Flériens,
ceux qui ont témoigné affirment avoir eu de bonnes relations avec ces nouveaux arrivants.
D’un côté comme de l’autre on évoque du bout des lèvres quelques personnes plus hostiles,

50
L’entretien avec Mme MY est publié en annexe.
Himéminor 2007 page 137

mais ce qui émerge avec évidence de ces souvenirs, c’est une impression positive de cette
arrivée.

M. F51. : Comment il s’appelait le gros qu’achetait tout le temps plein de tissus là enfin bref, il
est reparti en Turquie

Mme F52. : Oh je ne sais plus, il était gentil

M. F. : Oh ils étaient tous gentils

Mme F. : Tous

M. M.53 : Non, je ne me souviens pas de personne, au point de vue du refus de l’étranger, non.
Au point de vue, qu’ils n’étaient pas forcément compétents là ça a créé des problèmes de
relations de personnes qui se suivaient, là oui. Mais autrement non. Et généralement c’était
des gens assez sympathiques. On n’a pas senti de gens rejeter l’étranger comme on peut
l’entendre. Je pense qu’ils ont été bien accueillis, normalement.

Sans partager une langue commune


Et pourtant les Français ne parlent pas turc et les Turcs parlent à peine français. Ils ont appris
les mots nécessaires à leur vie quotidienne comme « manger », « se doucher », puis les mots
nécessaires à leur activité professionnelle : « défaut », « cassé », « fil », etc. Ils n’avaient pas
besoin d’en savoir davantage pour travailler. En effet, les tissages et filatures sont des usines
particulièrement bruyantes où les gens sont habitués à accompagner leurs mots de gestes.

Par ailleurs, l’immigration de Turcs à Flers semble avoir été liée à un cercle étendu de
sociabilité entre hommes originaires de la ville de Posof. Une fois à Flers, ils se sont entraidés
et organisés un peu de la même façon. Ils logeaient donc dans une petite pension de famille
à proximité de la gare, se retrouvaient dans un café où ils s’échangeaient les informations
quant aux offres d’emplois (témoignage hors micro). À l’usine, ils n’étaient jamais seuls
originaires de Turquie. Pour vivre à Flers, il ne leur était donc pas nécessaire de parler français.

KLP : Ils parlaient bien le français ?

M. L.54 : Y en a qui parlaient français, mais il fallait essayer de les comprendre. J’en avais un
qui était venu en teinture après avoir été licencié de filature, je sais pas comment que je l’ai

51
M. F., tisserand puis monteur de chaînes puis contremaître aux tissages de la Planchette puis de la
Blanchardière de 1946 à 1979.
52
Mme F., tisserande aux tissages de la Planchette puis de la Blanchardière de 1946 à 1987.
53
M. M., apprenti tisserand puis monteur de chaînes puis contremaître puis contremaître chef au tissage
de la Blanchardière (une des usines de la SGTF) de 1948 à 1986.
54
M. L., conducteur de flambeuse à la teinturerie de la Blanchardière de 1956 à 1985.
Himéminor 2007 page 138

retrouvé chez nous, j’ai voulu discuter avec, je me souviens, il parlait d’école « écoule, écoule,
écoule » ben ça voulait dire école !

KLP : Oui, c’était pas facile de communiquer avec eux ?

M. L. : Ah non, bah quand on a l’habitude déjà d’être avec eux, on arrive à les comprendre
mais là !

KLP : Vous parliez beaucoup en gestes alors ?

M. G.55 : Oui, beaucoup oui. Et puis on répétait et on recommençait avant qu’ils fassent des
bêtises. On recommençait pour voir s’il avait bien compris.

KLP : Donc ils maîtrisaient très peu la langue française ?

M. G. : Oh oui ! Y en avait un qui avait du mal, hein. Lui il parlait très peu, très très peu. En
plus il avait un physique qui faisait peur alors il ne cherchait pas trop les contacts !

KLP : Vous utilisiez les dessins ou comment vous faisiez ?

M. G. : Non, on prenait un petit papier et on leur disait 1er fil à tel endroit, 2e fil après continuez
comme ça alors il en commençait un petit bout et je lui disais dans 15 minutes tu viens me
rechercher pour voir et je recontrôlais et bon, « bah c’est bon, tu peux continuer »

Mme H56 : J’ai eu un Turc qui m’apportait des caisses de coton et je l’ai mis au courant

KLP : Comment ?

Mme H : En lui expliquant !

KLP : Comment vous avez fait pour lui expliquer ?

Mme H : Bah vous savez fallait prendre une grande bobine et puis faire marcher !

KLP : Donc par le geste en fait

Mme H : Hum

KLP : Est ce que lui vous a appris des mots en turc ?

Mme H : Ah bah non. Il m’aimait bien. Il était gentil. J’ai eu une Portugaise, un Turc… 2 Turcs

KLP : ça a dû faire drôle quand ils sont arrivés ?

55
M. G., tisserand puis monteur de chaînes puis contremaître aux tissages de la Planchette puis de la
Blanchardière de 1962 à 1986.
56
Mme H, dévideuse puis bobineuse au tissage de la Blanchardière de 1930 à 1973.
Himéminor 2007 page 139

Mme H : Bah oui ! Quand je les ai vus arriver, ils ne parlent pas français, faut lui expliquer.

Ben j’ai dit me vlà bien et puis ça a été très bien. « maman » qu’ils m’appelaient,

« maman » !

Au-delà de la langue

Alors, comment chacun peut-il avoir une perception positive de l’autre sans pour autant avoir
pu échanger ? Voici quelques propositions de pistes pour comprendre. Côté flérien : le plein
emploi des années soixante-dix ne leur fait pas porter un regard méfiant sur ces nouveaux
ouvriers. Les Turcs arrivent pour faire un travail dont les Français ne veulent pas.

M F57 : Lorsqu’on a mis en route des équipes de nuit, on a eu un peu de mal à trouver du
personnel et je m’en rappelle, le directeur technique, qui était en même temps directeur du
personnel a dû faire appel à la main d’œuvre portugaise… turque. Parce qu’on avait pas tout
à fait trouvé des volontaires, à Flers en tout cas hein

KLP : Comment ça faire appel à la main d’œuvre turque ?

M F : Bah il s’est adressé au ministère je sais pas trop quoi et on a, on a fait venir des ouvriers
de Turquie, pour faire les équipes de nuit. D’ailleurs chez Cousin, c’était pareil hein, nos
Flériens n’étaient pas bien chauds pour travailler la nuit hein, donc on a fait venir des étrangers
et ces étrangers-là ils sont là encore, mais ils se sont multipliés aussi !

KLP : Il a fallu faire savoir à l’époque dans les villages de Turquie que Flers embauchait, c’est
ça en gros ?

M F : Oh bah c’est les ministères qui s’en occupent hein, c’est les ministères qui s’en occupent,
moi je me rappelle, il s’était adressé au… peut-être par le canal de la préfecture, je sais pas,
au ministère de la main d’œuvre sans doute, et, relations avec l’ambassade de Turquie, et ça
n’a posé aucun problème, on a eu du personnel turc qui était des travailleurs hein, il n’y avait
pas de problèmes

KLP : Pourquoi la Turquie, vous savez pourquoi ?

M F : Pourquoi la Turquie, parce que, je sais pas trop pourquoi euh, sans doute qu’à l’époque
ce pays était demandeur de main d’œuvre à l’étranger hein et on a eu de très bon, on a eu
des Français quand même, mais quand même, les équipes de nuit, c’était beaucoup,
beaucoup des étrangers qui acceptaient de travailler la nuit.

57
M. F, directeur du service commercial de la SGTF aux « grands bureaux » de 1957 à 1978 puis
directeur du tissage de Pont des Vers de 1979 à 1993.
Himéminor 2007 page 140

M. B.58 : Comme c’était des ouvriers qui prenaient n’importe quel travail, que ce soit propre ou
sale, bah ils étaient embauchés parce qu’il est arrivé que les Français aimaient pas beaucoup
se salir

M. M59 : En 72 c’était une époque où le travail marchait très bien, il y avait beaucoup de
demandes, donc il fallait beaucoup de production. Donc d’installer une équipe d’homme qu’il
a fallu former et les volontaires parce que ne faisaient équipe de nuit que des gens acceptants,
des volontaires. Il fallu d’abord trouver des personnes qui veulent bien. Il était déjà très difficile
de recruter même en double équipe, d’où l’équipe de nuit il y a eu beaucoup d’étrangers, des
Portugais et des Turcs.

De plus, les Français imaginent que ces hommes vivent dans la misère en Turquie, ce qui
exacerbe leurs bons sentiments. On accueille plus généreusement des personnes
présumées dans le malheur plutôt que des gens venus chercher mieux tout simplement.

KLP : Donc y avait une très bonne relation avec eux ?

Mme H.60 : Bah fallait mieux. C’était pas de leur faute hein ! Y a eu des Portugais, des Turcs.
Y’en a qui travaillaient mieux que les Français, c’est vrai

Côté turc : les Turcs adoptent une attitude collective de travailleurs efficaces et discrets. En
effet, ils vont s’attacher à faire mieux que les Français (ou Françaises) qui occupent les mêmes
postes qu’eux, sans pour autant être rémunérés en conséquence. Ils pensent avoir à
démontrer sans cesse qu’ils sont de bons ouvriers et qui plus est, qu’ils ne sont jamais à la
source de problèmes. Aussi, s’attachent-ils à n’adhérer à aucun syndicat, à ne pas suivre les
mouvements de grève (sauf s’ils s’avéreraient être les seuls à ne pas faire grève) et dès qu’ils
acceptent un travail, ils ne rechignent sur aucune tâche, ne remettent rien en cause.

De plus, dans les filatures et tissages de la SGTF, ces jeunes hommes occupaient la
nuit, des postes qui le jour étaient occupés par des femmes. Ils mettent donc un point
d’honneur à obtenir des rendements supérieurs à ceux des femmes et décrivent leur travail
comme un travail facile.

M. G61 : Les Turcs ils étaient tous à la production, c’étaient tous des gros travailleurs !

58
M. B, apprentis régleur puis contremaître à la filature de la Blanchardière de 1952 à 1979.
59
M. M., apprenti tisserand puis monteur de chaînes puis contremaître puis contremaître chef au tissage
de la Blanchardière de 1948 à 1986.
60
Mme H., dévideuse puis bobineuse au tissage de la Blanchardière de 1930 à 1943.
61
M. G : tisserand puis monteur de chaînes puis contremaître aux tissages de la Planchette puis de la
Blanchardière de 1962 à 1986.
Himéminor 2007 page 141

KLP : Alors j’imagine que les Turcs et Portugais qui travaillaient la nuit n’étaient pas syndiqués

M. L62 : Non on avait pas de syndiqués

M. P.63 : Bah qu’est ce que vous voulez quand ça arrive à la Blanchardière, c’est des mecs qui
arrivent directement, enfin pour la mise en place de l’équipe de nuit, c’est des gens, ils bossent
que la nuit, on les voyait pas, ils bossaient la nuit. Ils parlaient pas français. Ils cherchaient pas
à venir nous rencontrer quoi que ce soit. Ça ne nous a pas posé de problèmes, ça n’a pas
dérangé nos vieilles petites habitudes de fonctionnement et là mea culpa. Bah voilà, ça s’est
fait en douce comme ça

Les salariés qui ne travaillaient pas directement avec ces ouvriers turcs en ont des souvenirs
tellement lisses qu’ils en ont même oublié leurs difficultés à s’exprimer en Français.

KLP : Qu’est ce que vous leur demandiez comme compétences ? Est ce qu’il y avait un
problème de langue ?

M. M.64 : Il fallait quand même qu’ils comprennent le français, généralement on a jamais eu


tellement de problème. Tous ceux que nous avons embauchés il fallait quand même qu’ils
parlent un peu le français, parce qu’autrement c’était impossible.

Les hommes turcs sont musulmans, mais ils n’ont jamais revendiqué des conditions
particulières pour pouvoir effectuer leurs prières sur leur lieu de travail. Le travail de nuit les
dispensait de cette demande car les prières cessent entre 21 heures et 6 heures du matin. De
plus ces hommes étaient jeunes, ils arrivaient en France en célibataires et semblent avoir
composé de façon assez souple avec leurs pratiques religieuses.

De rares rencontres

Les problèmes de langue et surtout le manque de curiosité des Français envers ces Turcs ont
donné lieu à peu de véritables rencontres entre travailleurs turcs et français à l’époque. Même

62
M. L : conducteur de flambeuse à la teinturerie de la Blanchardière de 1956 à 1985.
63
M. P, employé de la comptabilité au tissage de la Blanchardière de 1968 à 1984 puis permanent
syndical CFDT de 1984 à 1989 (date de la fermeture).
64
M. M., apprenti tisserand puis monteur de chaînes puis contremaître puis contremaître chef au tissage
de la Blanchardière de 1948 à 1986.
Himéminor 2007 page 142

si les Français se sont construits des souvenirs dans lesquels la langue n’a pas été un
obstacle. Il s’agissait juste de bonnes relations de travail, mais pas davantage.

KLP : Vous avez cherché à savoir ?

M. B65 : Oui un peu leur vie là-bas, ils étaient pas heureux hein, aussi bien au régime politique
que question salaire, ils étaient là c’est parce que c’était intéressant

KLP : Vous en parliez de ça, des conditions politiques ?

M. B : Oh bah pas beaucoup surtout c’était le pécunier qu’ils cherchaient eux

[…]

KLP : Qu’est ce qu’ils vous ont appris sur le ramadan ?

M. B : Pas grand-chose. On m’a dit que c’était un peu comme la religion catholique, pratique
qui veut. Apparemment ils n’étaient pas tellement fanatiques du ramadan mais enfin est ce
qu’il le faisait ou ne le faisait pas ils n’étaient pas obligés de me le dire ! Je voulais les faire
parler, ils voulaient peut-être me faire parler en même temps aussi hein !

KLP : Vous ne saviez pas s’ils faisaient le ramadan ou pas ?

M. B : Bah y en avait pas beaucoup à le faire. Non. Moi j’ai été en remplacement la nuit pendant
le ramadan et ils n’avaient pas l’air de… Ça n’avait pas l’air de les tracasser, ils avaient le droit
de manger mais ils auraient été peut-être fatigués quand même, pas s’ils dormaient dans la
journée, mais c’est pas des gars à dormir dans la journée en plus, non, ils pratiquaient pas
beaucoup c’était peut-être l’époque où ils pratiquaient un peu moins que maintenant je crois
qu’il y a un fanatisme qui s’est propagé un peu et… que l’islamisme a pris le dessus hein, j’ai
rien contre hein !

KLP : Et est ce qu’il avait un temps de prière, des revendications particulières ?

M. B : Non, aucune

KLP : Donc en fait pour vous c’était des gens qui travaillaient bien, qui travaillaient beaucoup ?

M. B : Oui, pas de problèmes.

KLP : Et comment ça s’est passé avec ces personnes-là vous les rencontriez ou est-ce qu’ils
étaient complètement à part dans l’entreprise ?

65
M. B, apprentis régleur puis contremaître à la filature de la Blanchardière de 1952 à 1979.
Himéminor 2007 page 143

M. L66 : Bah comme ils travaillaient la nuit, on les voyait pas. On savait, j’arrivai au tissage des
fois à 5h du matin ils étaient là. On se connaissait bien, plus ou moins. En teinture, des fois ils
arrivaient le soir à 9h, des fois un peu avant, alors on se connaissait comme ça

KLP : Est-ce qu’ils vous ont parlé de la Turquie ?

Mesdames B67 et C68 : Non

Mme B : De toute façon on avait pas tellement le temps, on se croisait, nous on faisait 1h-9h
eux ils arrivaient pour 9h et nous on partait

KLP : Et après ils ont appris le français un petit peu même s’ils ne le parlaient pas en arrivant ?

Mme H69 : Hum. Bah celui que j’avais il s’y est bien mis.

KLP : Et de quoi vous parliez tous les deux ?

Mme H : Eh bah du boulot hein !

KLP : Vous ne lui posiez pas de question sur la Turquie ?

Mme H : Ah non.

KLP : Donc c’était une ignorance réciproque en fait, vous n’avez pas tenté de les rencontrer ?

M. P70 : Mais une méconnaissance totale, il n’y a pas de problèmes qui remontent et pour
cause, on a peut-être été un peu léger, quand je dis ça, mais il n’y avait pas de problèmes à
remonter, oui, y avait pas de problèmes à remonter et pourtant avec le recul ils ont eu aussi
leur problème, comme tout le monde.

Quelques véritables rencontres ont tout de même vu le jour, mais elles sont directement
liées à la personnalité de quelques contremaîtres. Ce sont en effet les contremaîtres qui
pouvaient se déplacer dans l’usine et choisir de passer ou non du temps avec les ouvriers
postés au pied de leurs machines.

KLP : Comment s’est fait le mélange comment se sont rencontrés ou pas les gens, est ce
qu’ils reformaient des petits groupes ?

66
M. L. : conducteur de flambeuse à la teinturerie de la Blanchardière de 1956 à 1985.
67
Mme B, fileuse à la filature de la Blanchardière de 1952 à 1979.
68
Mme C, fileuse à la filature de la Blanchardière de 1961 à 1979.
69
Mme H, dévideuse puis bobineuse au tissage de la Blanchardière de 1930 à 1943.
70
M. P, employé de la comptabilité au tissage de la Blanchardière de 1968 à 1984 puis permanent
syndical CFDT de 1984 à 1989 (date de la fermeture).
Himéminor 2007 page 144

M. G.71 : Non, on s’entendait bien. Et puis tous les mois on avait décidé à la sortie du travail le
samedi matin d’aller manger ensemble. Y avait un restaurant turc dans la rue Schnetz et le
gars on s’était mis d’accord avec lui et on allait manger tous ensemble, un samedi matin à la
sortie d’usine

KLP : Qui avait décidé ça ?

M. G : Bah on avait décidé ça au début quand on s’est tous retrouvé, parce qu’ils allaient
manger les Turcs là-bas, et je dis « vous allez manger tous là, peut-être qu’on pourrait y aller
ensemble », ils ont dit « ok on va en parler » et la 1re fois qu’on a lancé cette idée là, tout le
monde a été d’accord d’y aller, alors on a maintenu

KLP : Tout le monde, sans exception

M. G : Tout le monde, oui

KLP : Donc véritablement une très bonne ambiance

M. G : Et puis c’était sympa et c’était pas cher, je ne sais pas comment ils calculaient mais je
ne sais même pas si on payait 30 francs à ce moment-là

KLP : Et vous avez découvert une autre cuisine

M. G : Bah ils cuisinaient presque français mais copieusement, et y avait des petites choses
qu’ils mettaient dedans qui faisait différent mais tout le monde aimait bien et tout le monde
était content et on rentrait vers 7h à la maison. Mais une fois par mois on se retrouvait tous
ensemble

KLP : Moment agréable ça

M. G : Oh oui, ça permettait de discuter en dehors du bruit et puis de maintenir des petites


choses sympathiques et puis discuter des choses qui n’avaient pas été et trouver une solution
avant que ça puisse dégénérer aussi hein

Les familles

Les familles, femmes et enfants de ces ouvriers turcs, se souviennent d’une arrivée
douloureuse à Flers. Elles pensaient trouver des conditions de vie meilleures que celles
qu’elles quittaient, mais n’ont en fait trouvé que des appartements vides. C’est le plus souvent

71
M. G, tisserand puis monteur de chaînes puis contremaître aux tissages de la Planchette puis de la
Blanchardière de 1962 à 1986.
Himéminor 2007 page 145

la solidarité de leur communauté déjà installée à Flers qui les a aidées à s’installer, mais aussi
quelques voisins français bienveillants.

Ni les hommes, ni les femmes, ni les enfants ne décrivent leur pays natal comme un
pays dans lequel ils ont été malheureux. Ils imaginaient simplement venir en France pour
gagner de l’argent puis repartir en Turquie. Or les petits-enfants sont nés en France, ils ne
partagent plus la langue de leurs grands-parents et n’ont plus le même attachement pour la
Turquie que leurs grands-parents.

Les jeunes hommes qui ont immigré à Flers dans les années soixante-dix sont
aujourd’hui retraités (ou proches de la retraite) et souhaitent idéalement passer la moitié de
leur temps à Flers et l’autre moitié dans leur région natale. Ils ont quitté la Turquie il y a une
trentaine d’années et venaient pour la majorité d’entre eux d’une région rurale de l’Anatolie à
proximité de Posof. Ils parlent donc un turc attaché à cette ruralité. Une langue qu’ils ont
entretenue ici à Flers, entre immigrés turcs. Une langue qu’ils ont fait évoluer ici même, en y
intégrant des mots de français (l’exemple classique étant « Caisse Régionale d’Assurance
Maladie » qui surgit parfois au beau milieu d’échanges en turc). Or leurs petits enfants
apprennent le français à l’école. Leurs parents (principalement les mères semble-t-il) leur
apprennent des mots turcs. Mais surtout pour ces enfants, la langue turque est l’objet d’un
apprentissage particulier auprès de professeurs de Turc. Ces enfants apprennent donc un
Turc dit « moderne » et ne parlent donc plus tout à fait la langue de Posof des années soixante-
dix. Cette hypothèse mériterait d’être davantage explorée.

Limites de ces entretiens

Ces entretiens demandent à être approfondis, aussi, doivent-ils faire l’objet d’interprétations
minimales afin d’éviter toute erreur d’incompréhension. Les hommes de la première génération
maîtrisent souvent très mal le français. L’entretien avec monsieur MO a été traduit par sa fille.
Il devait en être de même lors de l’entretien avec messieurs CK et AO, mais monsieur AO
s’exprimait suffisamment bien pour être compris. Madame MY n’est donc pas intervenue pour
traduire comme cela avait été convenu. C’eût d’ailleurs été lui faire affront. Cependant,
l’entretien ne peut être exploité comme un entretien entre deux personnes partageant la même
langue. Des incompréhensions de part et d’autre subsistent et il n’est pas question d’extrapoler
sur le choix d’un mot plutôt que tel autre. De plus, les mots étaient accompagnés de gestes et
une transcription aussi fidèle soit-elle ne peut rendre compte d’explications techniques, par
exemple, dont il ne reste sur la bande que « on fait comme ça, comme ça ».
Himéminor 2007 page 146

3. Sur l’histoire de l’industrie textile à Flers

Les équipes de nuit72

Dans les années soixante-dix, durent lesquelles la concurrence internationale sévit plus
sévèrement que jamais, la SGTF (Société Générale des Tissages de Flers) décide d’exploiter
son outil de travail 24 heures sur 24. Une équipe de nuit est alors créée d’abord pour la filature
puis pour les tissages. De courte durée, une dizaine d’années seulement, cette expérience a
néanmoins totalement transformé le profil des ouvriers de l’usine. En effet, alors que le jour,
des femmes occupaient les postes de tisserandes et fileuses, la nuit ce sont des hommes qui
les ont remplacées. À l’époque, le travail des femmes la nuit était encore interdit et les
candidats Flériens aux postes de tisserand et fileur trop peu nombreux. Ce sont donc des
Turcs qui ont constitué en majorité les équipes de nuit (95 % en filature). Ils occupaient les
postes des ouvrières alors que les contremaîtres et monteurs de chaîne restaient français.
Ainsi, des ouvriers étrangers, sont venus à Flers pour y travailler puis, peu à peu y ont construit
leur vie.

M. M. : Le travail de nuit c’était quand même quelque chose de nouveau et qui nous paraissait
quand même très difficile. Et de trouver des personnes compétentes pour travailler de nuit ce
n’était pas non plus très évident. Nous allions vers des complications certaines. Autrefois en
simple équipe, une seule personne travaillait sur le nombre de machines qu’elle avait à
conduire. Ensuite est arrivée la double équipe et là, déjà, les problèmes se sont compliqués,
parce que telle tisserande conduit ses machines d’une telle manière et suit son travail d’une
certaine manière et sa collègue, elle, trouvait l’état des lieux plus ou moins dérangé par rapport
à sa manière à elle. D’où, conflit général, enfin, général, souvent de personnes qui se
plaignaient de la personne précédente. On essayait au maximum de marier en contre-équipe
des personnes qui se correspondaient et qui pouvaient se parler. Parce que si on voyait que
au moment du remplacement, ils se croisaient sans se parler, ça c’était pas bon.

Trois personnes sur les mêmes machines, c’est certain qu’il y a eu beaucoup de
problèmes. D’autant qu’en 72, c’était une époque où le travail marchait très bien, il y avait
beaucoup de demandes, donc il fallait beaucoup de production. Donc d’installer une équipe
d’hommes qu’il a fallu former et les volontaires, parce que ne faisaient équipe de nuit que des

72
Extrait du catalogue d’exposition sur l’histoire de l’industrie textile à Flers, publié par la médiathèque
en juin 2007. Messieurs CK, AO et MO , tous trois issus de la première génération d’immigrés turcs à
Flers, éprouvent encore quelques difficultés à s’exprimer en français. Leurs propos ont été synthétisés
afin d’en faciliter la lecture. Certains de ces témoignages ne paraîtront pas dans le catalogue de
l’exposition.
Himéminor 2007 page 147

gens acceptants, des volontaires. Il était déjà très difficile de recruter même en double équipe,
d’où, l’équipe de nuit il y a eu beaucoup d’étrangers, des Portugais et des Turcs.

Tous ceux que nous avons embauchés il fallait quand même qu’ils parlent un peu le
français, parce qu’autrement c’était impossible. La personne qui est tisserande faut qu’elle
puisse quand même dire ce qu’elle a vu, ce qui ne va pas. Bon, il peut faire voir éventuellement
au départ, mais je ne me souviens pas de problème de langue, sans doute que nous étions
tombés sur des personnes qui parlaient plus ou moins bien, quelquefois c’était difficile de se
comprendre, mais on arrivait quand même toujours à se comprendre.

M. F. : Lorsqu’on a mis en route des équipes de nuit, on a eu un peu de mal à trouver


du personnel et je m’en rappelle, le directeur technique, qui était en même temps directeur du
personnel, a dû faire appel à la main d’œuvre turque. Parce qu’on avait pas tout à fait trouvé
des volontaires, à Flers en tout cas, hein. On a fait venir des ouvriers de Turquie, pour faire
les équipes de nuit. Nos Flériens n’étaient pas bien chauds pour travailler la nuit, hein. On a
eu du personnel turc qui était des travailleurs, il n’y avait pas de problèmes.

M. L. : Le travail de nuit, ça a commencé en filature, je crois, à l’époque c’était des


Turcs qui sont arrivés parce que les Français voulaient pas travailler, ça marchait pas la nuit
et puis en tissage aussi y a eu des Turcs, des Portugais, y a un Marocain aussi qui a fait
tisserand, ils ont fait venir des étrangers.

M. CK est arrivé en France en 1972 et M. AO en 1974. Tous les deux sont originaires de
Turquie. Ils ont été contactés par des entreprises françaises qui, à l’époque, manquaient de
main d’œuvre. Des représentants de ces entreprises s’étaient alors rendus sur place pour
recruter des ouvriers. Leurs futures conditions de travail leurs ont été décrites par un
interprète : grands déplacements, hébergement en hôtel, etc. Une fois ces postes acceptés,
ils ont dû subir une visite médicale. Ils décrivent ces démarches pour obtenir un travail en
France comme extrêmement faciles et rapides. La SGTF n’a pas démarché directement les
ouvriers en Turquie. Ce n’est qu’en 1974, pour M. CK, et en 1977, pour M. AO, qu’ils
intégreront l’équipe de nuit de la filature de la Blanchardière.

M. AO : Je suis venu en France en 1974, 22 avril.

Comment vous avez décidé de venir en France alors que vous étiez en Turquie ?

M. AO : Parce que société STEN demander ouvriers, ouvriers simples

M. CK : En France y en a pas beaucoup ouvriers. C’est pour ça, Allemagne, Hollande,


demander à la Turquie d’envoyer ses ouvriers de chez nous, voilà c’est pour ça la STEN
demander Assedic donne ouvriers. Y en a pas. Alors la STEN envoyer 2, 3 feuilles, envoyer à
Himéminor 2007 page 148

la Turquie, téléphoner là-bas. Combien de personnes ? 4, 5 personnes, une semaine après,


arrivés là.

Vous dites Monsieur CK, qu’il y avait des tests ?

M. CK : Oui, tout est neuf là ! Y a pas de malades, les yeux ci… partout, partout, visite
médicale, toute neuve, pas occasion !

M. AO : Les gens qui étaient malades impossible sortir

M CK : Malades jamais arrivés

M. AO : Visite médicale générale et test des oreilles, et tout ça. Si c’est bon, signé et
puis on donne quelques mots de français de turc, y a un monsieur et une dame, ils posent des
questions en français et y a un interprète turc qui parlait avec nous. Là il a dit tu travailles en
déplacement, manger hôtel. Dès fois travail même secteur, des fois partir loin. Et nous
accepter ou pas accepter ? Et puis accepté, on a signé.

Donc votre premier travail c’était pour Flers ?

M. AO : Oui, arrivé ici, 74 jusqu’en 77 travail au STEN, téléphone. Après 77 trouvé


l’usine de filature, équipe de nuit.

M. CK : Je suis monsieur CK, je viens en France en 1972, c’est 15 septembre que je


commençais travail Anger, Cholet, travail bâtiment

Comment vous avez su qu’il y avait du travail en France, comment cela s’est passé ?

M. CK : La famille arrivée avant moi. Demandé patron si besoin d’ouvrier. Le patron il


a dit oui. Donner mon nom, ma femme a donné la feuille au patron. Le patron envoyé en
Turquie à consulat de français qui dit « j’ai besoin pour ouvrier de Monsieur CK ». Après arrivé
chez moi, ici on m’a demandé la feuille invité par quelqu’un. Le patron dit que c’est moi invité
ici, et commencé travail. C’est pas dur ! 74, 3 septembre, je viens de commencer chez
Planchette. J’ai demandé patron, je cherchais travail. Il dit oui, bien. Directement marqué le
patron dans les feuilles, j’ai embauché. y en a deux femmes qui travaillaient ensemble, nous
six jours avec. Après les femmes travaillent journée, nous travail de nuit à la même place, à la
même machine ».

Si quelques Français et Turcs travaillaient ensemble au sein des équipes de nuit, la grande
majorité des salariés de l’usine n’a fait que croiser furtivement ces ouvriers de la nuit lors des
changements d’équipes. Ces nouveaux venus, qui ne disposaient dans leurs bagages que de
peu de mots français, ont été formés le jour, l’espace d’une semaine, par les tisserandes (et
Himéminor 2007 page 149

exceptionnellement par quelques tisserands) puis ont ensuite travaillé exclusivement la nuit
continuant leur formation auprès des contremaîtres.

L’urgence résidait alors dans leur formation professionnelle, pour laquelle il a fallu
davantage user de gestes que de mots. Les personnes rencontrées conservent toutes de bons
souvenirs de cette arrivée d’ouvriers étrangers au sein de l’usine bien que la barrière
linguistique - et parfois le manque de curiosité - ait limité les échanges.

Est-ce que vous avez souvenir de réticences, de personnes qui refusaient cette nouvelle
arrivée ?

M. M. : Non, au point de vue du refus de l’étranger, non. Au point de vue qu’ils n’étaient
pas forcément compétents, là oui, ça a créé des problèmes de relations de personnes qui se
suivaient, là oui. Mais autrement non. Et généralement c’était des gens assez sympathiques.
On n’a pas senti de gens rejeter l’étranger comme on peut l’entendre. Je pense qu’ils ont été
bien accueillis. On a eu beaucoup de problèmes c’est au point de vue technique, les problèmes
au point de vue relations homme, généralement ils n’étaient pas violents, ils n’étaient pas des
gens à se fâcher, ils étaient calmes généralement.

La plupart des salariés français ne font guère que croiser les ouvriers étrangers

M. L. : Comme ils travaillaient la nuit, on les voyait pas. J’arrivais au tissage, des fois à 5 h du
matin ils étaient là. On se connaissait bien, plus ou moins. En teinture, des fois ils arrivaient le
soir à 9 h, des fois un peu avant, alors on se connaissait comme ça.

M. B. : C’était cinquante personnes qui travaillaient la nuit !

Mme B : On les avait la journée avec nous, parce que ça tournait pas encore la nuit,
alors on les a formés dans la journée.

M. Ch : Ah, au tout début, mais la formation n’a pas été longue.

M. B : C’était des gens qui voulaient travailler et qui étaient quand même assez doués,
c’était pas des gens de la campagne, c’était des gens d’un certain niveau déjà.

Mme Ch : Moi, j’avais un Turc qui était très sympa et qui parlait bien le français.

M. B : Moi ils voulaient absolument s’intégrer, ils ont cherché à parler français.
Himéminor 2007 page 150

Est-ce qu’ils vous ont parlé de la Turquie ?

Mesdames B et C : Non

Madame B : De toute façon on avait pas tellement le temps, on se croisait, nous on


faisait 1h-9h, eux, ils arrivaient pour 9h et nous, on partait.

Monsieur MO, comment vous décririez l’ambiance de cette usine ?

M. MO (traduit par sa fille) : On avait pas le temps d’avoir une ambiance, tout le monde
s’occupait des machines, on se voyait à peine.

De véritables rencontres

Monsieur G., vous étiez contremaître, comment se fait-il qu’ils vous aient choisi en 75 pour
travailler la nuit ?

M. G : Je pense que c’était une question de relation avec les personnes qui travaillaient
la nuit. Il fallait pas de conflits, et puis comme j’étais pas mal diplomate, je pense qu’ils ont
joué là-dessus, ils se sont dit « Avec G, la nuit, ça va être tranquille ». Parce qu’il y avait déjà
des problèmes à la filature. En équipe de nuit, il y avait des problèmes relationnels parce qu’il
y en avait qui commandaient les étrangers comme des moins que rien.

Mais je pense que c’est de ce côté-là que ça c’est décidé. Ils se sont dit y aura pas de
conflits, parce que les conflits ça perturbe pour de longs mois, de longs mois, de longues
périodes.

Est-ce qu’il y a une ambiance particulière quand on travaille la nuit ?

M. G : Euh… de travailler avec des hommes, c’est pas désagréable quand même, y a
moins d’histoires !

Vous aviez combien de personnes alors la nuit ?

M. G : Il y en avait onze, onze personnes. Les Turcs, ils étaient tous à la production,
c’étaient tous des gros travailleurs. Les Marocains, y a rien a redire pourtant c’était des
Marocains qui venaient du fin fond de l’Atlas là-bas, parce que pour les faire parler, c’était pas
facile par moment. Je sais pas si les autres Marocains les comprenaient ! Mais des sacrés
bosseurs ! On leur disait de faire comme ça, moi je n’ai jamais vu des gars aller aussi vite. Il y
avait des Turcs, des Français, il y avait un Autrichien.

Un Autrichien !
Himéminor 2007 page 151

M. G : Oui, un Autrichien, un tisserand, il parlait pas beaucoup le français, mais il ne


faisait pas de bruit. Il était un peu dans son monde, il ne cherchait pas trop les relations avec
le reste de l’équipe.

La majorité c’était des Turcs ?

M. G : Non, des Français. Pas une grosse majorité, peut-être un ou deux de plus, c’est
tout. On s’entendait bien. Et puis, tous les mois on avait décidé à la sortie du travail le samedi
matin d’aller manger ensemble. Il y avait un restaurant turc, et le gars on s’était mis d’accord
avec lui, et on allait manger tous ensemble, un samedi matin, à la sortie d’usine. On avait
décidé ça au début parce qu’ils allaient manger les Turcs là-bas, et je dis « Vous allez manger
tous là, peut-être qu’on pourrait y aller ensemble ? ». Ils ont dit « Ok, on va en parler ». Et la
première fois qu’on a lancé cette idée-là, tout le monde a été d’accord d’y aller, alors on a
maintenu. Et puis c’était sympa et c’était pas cher, je ne sais pas comment ils calculaient mais
je ne sais même pas si on payait trente francs à ce moment-là. Une fois par mois, on se
retrouvait tous ensemble, ça permettait de discuter en dehors du bruit et puis de maintenir des
petites choses sympathiques et puis discuter des choses qui n’avaient pas été et trouver une
solution avant que ça puisse dégénérer aussi.

Comment ça vous a été présenté par la direction le fait que ce soit des personnes qui
venaient directement de l’étranger ?

M. G : Ils ne s’en sont jamais occupés, ils nous les mettaient comme ça.

Transmettre et apprendre les gestes professionnels… sans partager la même langue

M. G : On prenait un petit papier et on leur disait « Premier fil à tel endroit », « Deuxième fil
après », « Continuez comme ça », alors ils en commençaient un petit bout et je lui disais
« Dans quinze minutes tu viens me rechercher pour voir » et je recontrôlais et bon, « Bah c’est
bon, tu peux continuer », mais fallait voir la vitesse qu’ils allaient !

Il y avait beaucoup de gens qui venaient de Turquie pour travailler, des Turcs ?

Mme H : Ah, oui… J’en ai connu un, très gentil. J’ai travaillé avec des Portugaises
aussi, très bien, c’est moi qui l’avais mise à travailler, elle était très gentille. Mais à côté de ça,
y en avait une autre elle était mauvaise.

Elle parlait bien français ?


Himéminor 2007 page 152

Mme H : Non. C’est moi qui l’a mise au courant en travaillant. Même un Turc, j’ai eu un
Turc qui m’apportait des caisses de coton, et je l’ai mis au courant. Il m’aimait bien. Il était
gentil. J’ai eu une Portugaise, un Turc… deux Turcs.

Ça a dû faire drôle quand ils sont arrivés ?

Mme Hi : Bah oui ! Quand je les ai vus arriver, ils ne parlaient pas français, « Faut lui
expliquer ! » Ben, j’ai dit « Me vlà bien ! » Et puis ça a été très bien. « Maman » qu’ils
m’appelaient, « Maman ».

Donc vous aviez une très bonne relation avec eux ?

Mme H : Bah, fallait mieux. C’était pas de leur faute hein, y a eu des Portugais, des
Turcs. Y’en a qui travaillaient mieux que les Français, c’est vrai.

Et après ils ont appris le français un petit peu ?

Mme H : Hum, celui que j’avais il s’y est bien mis.

Et de quoi vous parliez tous les deux ?

Mme H : Eh bah du boulot hein !

Vous ne lui posiez pas de questions sur la Turquie ?

Mme H : Ah non.

Messieurs AO, CK et MO soulignent tous trois la qualité de l’accueil qui leur a été réservé. Les
tisserandes et fileuses qui les ont formés de jour, ont pris soin de s’adapter à ces élèves
particuliers qui ne maîtrisaient absolument pas le français. Elles ont transmis leurs savoir-faire
en montrant par gestes. Parfois même les aidaient en leur touchant les mains. De leur côté,
ces nouveaux arrivants turcs regrettent de ne pas avoir pu communiquer davantage car leur
maîtrise de la langue française était insuffisante pour aller au-delà des rituels « Bonjour »,
« Bonsoir ». Les premiers mots de français qu’ils ont appris étaient directement liés à leurs
outils de travail : « le tube », « coton », « manivelle à tourner », « automatique », « défaut ».

Messieurs AO et CK, je voudrais savoir quelles ont été vos premières impressions en rentrant
dans cette usine de filature ?

M. AO : Nous avant, impressions, tout ça, on regarde pas. Nous, intéressés travail. Parce que
connaît pas français. À côté il y a deux femmes, on est des fois travail la journée, était deux
femmes à côté, bon, je dis « bonjour », « bonsoir », c’est tout, c’est pas contacté. Si par
Himéminor 2007 page 153

exemple, problèmes de machine on est venir "madame, deux minutes, trois minutes en panne"
c’est tout. Mais « comment ça va »… impossible de parler, pas de langue !

Quels sont les mots que vous avez appris en premier pour la filature ?

M. AO : « Le tube » c’est ça, « derrière les bidons », « coton », « machine »,


« manivelle à tourner », « automatique ».

Et comment cela s’est passé cette formation alors que vous parliez très peu français ?

M. AO : Parlait pas c’est sûr !

M. CK : Faut faire attention, avant les Français, tous, tous les Français c’est gentil,
gentil, gentil. Ca fait rien si les Français, les Turcs ça parlent pas, femme c’est expliqué, c’est
toucher avec la main.

M. AO : Par exemple le professeur elle appelait « voilà monsieur » et « Fais comme


ça », « Fais comme ça ». Nous on regardait, par exemple, attacher coton, comment on fait,
qu’est ce qui se passe, comment passer tuyau.

M. CK : Une semaine en formation et après je continue tout seul.

M. AO : Pourtant c’était pas dur le travail coton, on est bien regardé, comme le dit
monsieur CK, on est bien regardé professeur, c’était une femme professeur, elle était gentille,
très gentille. Bien expliqué. (Monsieur MO était assisté de sa fille pour les traductions)

Comment vous avez appris monsieur MO ?

Fille de Monsieur MO : Il y avait un monsieur qui leur a appris

M. MO : Monsieur trois mois avec moi tout seul. Comme ça, comme ça, attention casse,
on coupe. Trois mois, la tête comme ça ! Cassé, aller, encore ! Après, encore cassé ! Trois
mois comme ça !

Et c’était un monsieur français ?

M. MO : Non
Fille de Monsieur MO : Un roumain, il parlait neuf langues.

Mais est-ce qu’il y avait vraiment besoin de parler pour apprendre… avec le bruit ?

Fille de Monsieur MO : Il montrait plus. Il cassait les fils après il dit « Recommence »,
« Attache », après il noue et tout, parce que c’est pas le nœud qu’on fait nous.

Quel a été leur accueil ?

Fille de Monsieur MO : Ils étaient très gentils. Il y en avait des méchants aussi oui, mais
il y en avait plus de gentils !
Himéminor 2007 page 154

Est-ce que la langue vous a posé un problème dans votre travail ?

Fille de Monsieur MO : Dès qu’on connaît pas le métier, c’est un problème, quand on
connaît bien, il y avait pas de problème.

Vous avez travaillé la nuit, mais le matin, il fallait ensuite voir la personne qui vous
remplaçait, donc il fallait lui dire ce qui c’était passé dans la nuit ?

Fille de Monsieur MO : Il y avait un tableau où ils marquaient, il y avait un chef qui


réparait les machines et c’est lui qui marquait tout, il y avait un contremaître.

Mais vous parliez quand même avec la personne qui vous remplaçait, qu’est-ce qu’il
fallait se dire, quel type d’informations ?

Fille de Monsieur MO : Il y avait des alphabets, par exemple A, B, C, ce numéro-là ne


fonctionne pas bien, il marche mal.

Monsieur MO : ça « défaut »

Fille de Monsieur MO : Il y a un « défaut ». Bah ils ont appris les mots qu’il faut c’est
tout !

Madame MY, il a fallu que votre père apprenne la langue ?

Mme MY : ça fait depuis 72 qu’il est en France, il se fait comprendre, il comprend, mais
il peut pas faire une phrase sans faire une faute non, non, il a du mal. Il a pas été à l’école en
Turquie, il sait écrire et lire le turc, mais en France non, il a pas pu. Non, la langue française,
elle est dure hein ! Bon, moi, je parle c’est parce que j’ai été à l’école !

Ces ouvriers d’origine étrangère s’appliquaient surtout à rester le plus discrets possible
et à ne provoquer aucun problème au sein de l’usine.

M. P : Bah, qu’est-ce que vous voulez, quand ils arrivent à la Blanchardière, c’est des
mecs qui arrivent directement pour la mise en place de l’équipe de nuit, c’est des gens, ils
bossent que la nuit, on les voyait pas, ils bossaient la nuit. Ils parlaient pas français. Ils
cherchaient pas à venir nous rencontrer ou quoi que ce soit. Ça ne nous a pas posé de
problèmes, ça n’a pas dérangé nos vieilles petites habitudes de fonctionnement et là mea
culpa. Bah, voilà, ça s’est fait en douce comme ça.

Donc c’était une ignorance réciproque en fait, vous n’avez pas tenté de les rencontrer ?

M. P : Mais une méconnaissance totale, il n’y a pas de problèmes qui remontent et pour cause,
on a peut-être été un peu légers, quand je dis ça, mais il n’y avait pas de problèmes à remonter,
oui, y avait pas de problèmes à remonter. Et pourtant avec le recul ils ont eu aussi leurs
problèmes, comme tout le monde.
Himéminor 2007 page 155

Mme MY : Je sais qu’il travaillait toujours mon père, toujours, toujours. C’est vrai qu’il
a travaillé dur ! Lui, il travaille souvent le samedi, Parce que mon grand-père il a vendu ses
bœufs pour que mon père a son argent pour venir ici, pour qu’il achète son billet tout ça.

Messieurs MO, AO et CK insistent sur le fait qu’ils n’ont jamais posé de problèmes au sein de
l’usine. Ceci s’avère être le fruit d’une démarche délibérée de leur part, persuadés que les
Turcs étaient embauchés justement pour leur efficacité au travail et leur discrétion. Ils
racontent fièrement que la nuit, ils produisaient plus que les femmes le jour, ce qu’ils
contrôlaient grâce aux compteurs, bien que cela n’ait jamais eu aucun effet sur leurs revenus.

M. AO : Premièrement on est étranger. Pourquoi faire problème avec personnel ?


Deuxièmement on travaille, on est là-bas, on est parti pour travailler. Pas besoin de faire
problèmes.

M. CK : En plus y a quelque chose : les machines l’après midi et le soir y a un


contrôleur.

M. AO : Toujours l’équipe de nuit qui gagnait.

M. CK : Les femmes combien le compteur ? 1000, l’autre 1005. Nous : 1050, 1060 et
peut être 1100 !

Et vous étiez payé plus ?

M. AO : Non, non. En société filature avant, ils ont choisi les Turcs, je sais pas peut-
être travail sérieux, on ne dira rien. Par exemple le chef posait question ou boulot, on ne dira
rien : « D’accord chef, pas de problème, on va le faire »

Puis les enfants et petits-enfants ont construit leur vie à Flers

Mme MY (fille de monsieur CK) : Je suis venue en France, il nous a fait venir en France en 75.

Quand il travaillait à la Blanchardière ?

Mme MY : Oui. Il travaillait de nuit, il a toujours travaillé de nuit.

Vous saviez que vous quittiez définitivement la Turquie ?


Himéminor 2007 page 156

Mme MY : Oui, non, on savait pas définitivement, on disait bon, on part, on va gagner
de l’argent. C’est ce qu’il disait, tout le monde disait ça, on va gagner de l’argent et puis après
on va retourner en Turquie et puis non, on est là ! ça fait trente ans, on est pas partis !

SY (petit fils de monsieur CK) : Je suis un Turc mais je ne sais pas parler turc ! Je
suis né en France, à l’hôpital de France de Flers. On peut dire, mon père, il est Turc, il sait
parler turc, mais il ne sait pas parler français, il est comme moi mais c’est le contraire !

Qu’est-ce que vous avez emporté de Turquie mademoiselle MO ?

Fille de Monsieur MO : Rien du tout. Nous, on croyait qu’on allait venir dans une maison
toute prête, on pensait pas que c’était comme ça quoi, qu’il y avait rien, que c’était vide ! On
avait acheté des fauteuils, mais c’était tout.

Vous imaginiez une vie…

Fille de Monsieur MO : Comme là-bas ! Parce que, nous, là-bas, on avait tout et on croyait
que ici on avait tout ce qu’il faut, tout !

Et vous n’en aviez pas parlé avant de partir ?

Fille de Monsieur MO : Non. C’était pas prévu alors !

Vous êtes arrivée vous directement à Flers ?

Fille de Monsieur MO : Oui, d’abord l’Allemagne et après à Flers. On vient la nuit, il y a plus
rien, il n’y a pas de lumière, il y a rien ! On a pleuré toute la nuit parce que c’était pas ça qu’on
voyait nous, on croyait qu’il y avait tout, tout ce qu’il faut quoi. Pendant je ne sais pas combien
de jours, on voulait repartir. Après bon, on commence à s’habituer, on sait qu’on peut pas
partir, ça y est, après qu’ils ont acheté des trucs, des meubles et tout, bon, ça a été, mais le
temps qu’on s’habitue, qu’on apprenne à parler, ça nous a pris deux ans pour nous habituer.

Est-ce que vous avez envisagé quitter Flers ?

Fille de Monsieur MO : Non, je quitterai pas Flers ! Si je n’y suis pas obligée, mais jusqu’à
maintenant non, je ne pense pas du tout. J’ai été partout, dès que je viens à Flers, c’est le plus
beau, c’est comme mon pays, je peux pas quitter Flers quoi. On va en Turquie, bon, on passe
des vacances, quand je reviens là c’est… Là-bas, c’est mon pays natal, mais quand on vient
là, c’est mon pays aussi. Pour moi, là-bas, je peux pas rester longtemps. Pourtant c’est beau,
là-bas aussi, on a tout ce qu’il faut où on vit là-bas. La vie là-bas, c’est bien, mais, même si on
est enfermés ici, on préfère rester là. Je sais pas pourquoi ! Mes parents et nous c’est pas la
même chose. Moi si je ne vais pas à Posof, je m’en fous !
Himéminor 2007 page 157
Himéminor 2007 page 158

3. Trois situations singulières au Calvados

Analyse de l’entretien73 avec Mme OL d’origine serbe

OL est une femme de trente-sept ans, mariée et ayant trois enfants de cinq ans à douze ans.
Née en France, en Haute Normandie, de parents yougoslaves, nationalité qu’elle conservera
jusqu’à l’âge de 18 ans. OL aujourd’hui travaille dans une bibliothèque, emploi obtenu grâce
à une maîtrise et un diplôme de documentaliste soutenus en France. Le couple et leurs enfants
vivent actuellement en Basse-Normandie.
Trois entretiens, menés chez Mme OL, constitue un récit libre autour de trois thèmes :
les acquisitions transmises par les parents, le « vécu » identitaire, et la transmission de cette
identité d’origine.

Du pays d’origine à la France

Le sujet dans son pays d’origine


Les parents de OL sont Yougoslaves. Son père, originaire du Kosovo, fils de paysans
détenteurs de quelques terres cultivables et de bétail, quitte le giron familial pour travailler à
Belgrade. Ce départ surprend sa famille. Le jeune homme, devant respect au père et à son
frère aîné, aurait dû se consacrer au travail de la terre. Employé comme contrôleur de ticket
dans le tramway de la capitale, il rencontre la mère de OL. Originaire de la Serbie, à l’époque
employée dans une école, la future épouse vient du même milieu économique social.
Passionnée par les Lettres, elle ne pourra pas continuer ses études.
Marié civilement le jeune couple souffrira de la différence d’origine régionale. Les belles-
familles considèrent, réciproquement, le nouveau venu dans la famille comme un étranger, et
ce malgré l’unité yougoslave. Le couple vit à Belgrade où naît leur premier enfant, une fille, six
ans avant OL.

Les causes d’un départ vers la France


Apparemment la famille rencontre ses premiers problèmes économiques et financiers à
Belgrade. Le père de OL s’intéressera donc aux propositions offertes par la France et
l’Allemagne, nécessitant une main d’œuvre abondante au cours des années soixante. Il
choisira la France. Après un contrôle médical, condition demandée par l’administration
française pour ce type d’immigration, il y partira seul. La mère de OL quittera Belgrade avec

73
Voir sa transcription en annexe.
Himéminor 2007 page 159

son enfant : elle s’installera dans la maison familiale de son époux et vivra au Kosovo durant
deux ans encore, au cœur même de sa belle-famille.

L’arrivée dans le pays d’accueil


Le père de OL immigre à Marseille. Elle se souvient qu’il racontait avoir participé à de grands
chantiers dans les grandes villes françaises. Ainsi, il sera manœuvre pendant la construction
de la Part-Dieu de Lyon. Deux ans après son arrivée en France, il est employé dans
l’entreprise des chaussures Labell en Haute Normandie. L’entreprise fournit ou facilite la
location d’une maison. Le regroupement familial à lieu en 1966. Si le père conserve tout au
long de sa vie une activité d’ouvrier, la mère restera au foyer et ne travaillera plus en extérieur.
OL naîtra en 1969. Née sur le territoire français, il n’en reste pas moins que cette enfant
a la nationalité yougoslave. Installée avec ses parents dans un petit village, elle sera la
« yougo ». La famille comptera, en plus des parents, quatre filles, toutes élevées en France.

France « Terre d’accueil »

Les difficultés dans la découverte d’une nouvelle identité


La première difficulté connue par le couple est celui de la langue. En effet, le père seul
« baragouine » selon les propos de OL. Elle se souvient, enfant, d’une certaine honte due à
l’utilisation de la langue serbo-croate par ses parents en public. La maison ne pratique que
cette langue natale. OL découvre le Français au moment de sa scolarité. Soit la pratique du
seul serbo-croate jusqu’à l’âge de 4 ou 6 ans environ.
Le rejet de l’identité yougoslave est renforcé par sa position d’étrangère. Seule famille
étrangère au sein du village, elle est la « yougo ». Les familles locales sont même étonnées
qu’elle puisse réussir si bien à l’école. Ceci étant, OL souligne que les gens du village ont aidé
sa mère dans la découverte du pays, particulièrement lors des courses ménagères. Enfant,
elle souffre de cette différence, transformée en fierté à partir de l’adolescence. Elle parle même
de la fierté d’être bilingue et de l’originalité de la connaissance d’un pays dont on ne parlait
jamais en France.
Cependant la difficulté de la langue lui pose un autre problème. Ses parents ne
participeront à aucune réunions de parents d’élèves. Elle ressent une certaine solitude face à
l’orientation scolaire et face à ses professeurs. Il lui semble parfois être passé à côté de
quelque chose, par absence d’aide parentale au niveau des choix professionnels, lorsqu’elle
était adolescente. On retrouve ce même type de réflexion au niveau religieux. Baptisée dans
l’église orthodoxe au Kosovo, et ce malgré l’interdiction politique, elle ne pourra pas suivre
d’enseignement religieux, ou seulement quelques rites.
Himéminor 2007 page 160

Les moyens d’assimilation adoptés


L’une des premières démarches adoptée par OL, en matière d’assimilation d’une nouvelle
identité, est son application particulière dans le travail scolaire. Bonne élève durant toute sa
scolarité, elle réalise des études supérieures qui l’ont conduite à une maîtrise de linguistique
et à un diplôme de documentaliste. On ressent, ici, une application particulière de l’enfant, puis
de l’adolescente et de la jeune femme à se fondre dans le moule social proposé par
l’enseignement français. Elle le fait remarquer en appuyant sur le fait que, souvent, les enfants
d’immigrés sont bons élèves. Cette application se retrouve également chez ses sœurs, et OL
signale l’attention que portaient leurs parents à l’apprentissage scolaire.
L’assimilation se fera également par le choix de rester discret, de ne pas paraître, ne
pas afficher l’identité d’origine. Il y a clairement une envie de se fondre dans la masse, même
si, comme on le verra, OL put jouer sarcastiquement sur son identité d’origine. Enfant OL
choisi également de participer au catéchisme catholique, ce que ne feront pas ses sœurs. Fait
étrange puisque la maisonnée professe peu l’orthodoxie. Serait encore une fois une façon
pour l’enfant « yougo » du village de se fondre parmi ceux qui participent à une vie religieuse
(soit à l’époque la majorité) ?

Y a-t-il appartenance ou adoption de l’identité du pays d’accueil ?


Dans le cas de OL, on peut effectivement mesurer non seulement une forte assimilation mais
aussi le sentiment d’appartenance à l’identité française. Plusieurs points des récits nous
permettent de le confirmer. D’abord elle choisit à 18 ans la nationalité française. Pour se faire,
elle est conseillée par un ancien instituteur et ses parents. Son choix délibéré repose entre
autre sur ses vœux professionnels : les concours nationaux. Il repose également sur l’intérêt
de cette nationalité plus reconnue que la nationalité yougoslave. Il est en effet plus facile de
voyager, entre autre, avec un passeport français ! Première de sa famille à avoir adopté la
nationalité, elle exprime cette fierté d’être ainsi la première de la famille a voté. Ses parents et
ses sœurs feront également ce choix. La vie conduit OL à rencontrer M, son époux lui-même
français. Elle dit de leurs enfants qu’ils sont français même si elle leur rappelle leur origine
maternelle.
On peut en déduire que, de sa part, il y a une réelle adoption de cette nouvelle identité,
bien qu’elle rappelle à ce propos que son cœur est serbe.
Himéminor 2007 page 161

Transmission de l’identité

Conservation et ou délaissement de l’identité d’origine

Afin de repérer les éléments de conservation ou de délaissement de l’identité d’origine, nous


avons opéré par touches. Lors des entretiens nous nous sommes intéressés de manière
aléatoire et non exhaustive à différents thèmes appartenant à l’identité d’origine.
Enfant OL retournait chaque année au pays. Elle en garde un souvenir particulièrement
doux et elle cite le passage de la frontière yougoslave en train. Lors de ce transit on leur
remettait de petits drapeaux nationaux qu’elle agitait à la fenêtre du train, et le salut de la
population répondait à leur « coucou » d’enfant. Le pays est son endroit de bien-être : une
sorte de délivrance, un chez soi sécurisant. Ces retrouvailles familiales annuelles la confortent
dans un choix de vie futur : devenir enseignante ou travailler en ambassade en Yougoslavie.
Son identité française et sa double culture, française et yougoslave, lui permettraient
facilement d’arriver à satisfaire ses ambitions.
L’identité d’origine, bien que transmise par ses parents, est abandonnée au profit de
l’identité française. Parlant couramment le serbo-croate, OL fait part de la dominante du
français au cours de sa vie. De même, on notera le délaissement de la plupart des traditions
conservées en France par les parents, comme les repas de fête du Saint de sa famille,
lorsqu’elle quittera la cellule familiale (excepté bien sûr, durant les vacances en Yougoslavie).
Ce délaissement est probablement dû au choc que fut pour elle l’éclatement de la Yougoslavie
et, bien sûr, l’absence de retour durant dix ans de conflit. Ce propos revient souvent au cours
des entretiens. Les premiers événements éclatent au moment de son baccalauréat. Contente
de voir enfin dans les journaux que l’on parle de son pays, elle désespère que ce soit au profit
de la guerre. De même, on n’y parle plus de Yougoslavie mais d’Ex-Yougoslavie. OL souligne
la difficulté de se situer, au niveau identitaire, dans de telles conditions. Puis viendront les
scissions entre les régions et par-là même la fuite de sa famille paternelle serbe-kosovar. Il ne
reste, au Kosovo, que la tombe des grands-parents, maison et terres ayant été brûlées.
De l’identité yougoslave, OL s’oblige à apprendre son identité serbe. Elle reste encore
particulièrement choquée par ce conflit. Elle confie ses appréhensions à propos de sa sœur
aînée, retournée vivre en Serbie après ses études. Elle ne comprend pas que les Français
aient pu bombarder le pays en 1999, sa sœur et la famille étant à Belgrade, cachées dans une
cave comme en 1940.
Himéminor 2007 page 162

Naît donc une identité serbe, et meurent les objectifs professionnels : plus question de
repartir dans un pays en guerre, OL restera en France. Elle s’y marie et veut conserver son
patronyme accolé au nom marital - la chose s’estompe au moment de la scolarité de ses
enfants car le nom était trop long !
Elle essaie, dit-elle, de conserver, voire de retrouver, des éléments de son identité
originelle. Cela passe par la cuisine, la façon de faire le café, la conservation d’objet culte
comme une croix offerte par son père, ou la recherche d’une Gusla instrument de musique du
Kosovo que possédait son grand-père. Mais elle reconnaît que le quotidien ne lui permet pas
de cultiver suffisamment ce jardin. Cependant on sent chez elle une très forte appartenance à
la Serbie. Elle dit, d’elle-même, avoir ressenti la chose lors des événements. Elle se sentait
serbe durant les bombardements.
Ses parents sont retournés dans le pays depuis quatre ou cinq ans, pour y vivre
définitivement. L’essence familiale se retrouve donc en Serbie, ce qui la conforte dans son
identité de cœur, bien qu’elle parle du décalage entre les vrais serbes et elle-même. Elle dit
hériter d’un passé serbe, mais n’étant pas dans le pays, et n’y allant que pendant les vacances
avec son mari et ses enfants, depuis la fin des conflits, elle constate ne pas vivre vraiment le
quotidien d’un serbe.

Les moyens de pérennisation de l’identité d’origine


Les moyens de pérennisations sont pluriels. Tout d’abord, OL déclare qu’il s’agit pour elle
d’une mission mais qu’elle n’est pas assidue à la tache. Sa mère lui apprenait le cyrillique ; OL
ne peut le faire à son tour, l’enseignement étant trop ancien. Chaque année, elle retournait en
Serbie, comme le faisaient ses parents. Aujourd’hui, les enfants s’y rendent même seuls par
avion.
Parmi les différents moyens adoptés par OL nous retiendrons plus particulièrement sa
volonté de rappeler aux enfants leur origine serbe. D’ailleurs, au retour de vacances, les aînés
disent souvent qu’ils sont moitié serbes, moitié français. La chose s’estompe au cours de
l’année jusqu’aux vacances suivantes. La transmission passe par la langue. Si OL préféra ne
pas l’enseigner à son fils aîné, de peur de l’embrouiller, elle le fait volontiers avec sa troisième
enfant. Le langage passe par le jeu, les comptines, les ouvrage en serbe, mais aussi film et
musique.
Des traditions connues d’OL sont plus rarement présentes. Les fêtes orthodoxes sont
évoquées, mais non fêtées : OL a dû s’engager devant l’église catholique, lors de son mariage,
et son mari et ses enfants sont catholiques. Mais elle dit se sentir orthodoxe et continue de
faire le signe de croix « à l’envers » à l’église. Par contre, l’histoire et la culture du pays
occupent une place importante au sein de la famille, grande amatrice de culture : les vacances
Himéminor 2007 page 163

en Serbie sont riches en visites, découvertes muséographiques et musicales. Cette


pérennisation est proposée à son époux et à ses enfants. Tous sont favorables à
l’apprentissage de la langue et à la connaissance du pays. Mais le quotidien, en France, efface
ces entreprises, remises au goût du jour chaque été. Il y a donc une transmission intellectuelle
importante entre les générations. Et la pérennisation de la notion d’appartenance au peuple
serbe.

La revendication identitaire
Ce fut un propos intéressant avec OL. Son niveau de culture et de langage, sa réflexion
permanente entre les entretiens, ont offert une réflexion approfondie à propos de la
revendication identitaire. On retiendra chez elle une revendication de cœur, le jour du choix
de sa nationalité, et surtout durant la période de la décomposition de l’état yougoslave. Vivant
en France, étant française, OL ne se sent pas le droit de revendiquer son identité serbe et elle
en fait rarement part aux inconnus. Durant les bombardements, avec les personnes qui lui
demandaient de quel côté elle était, OL jouait avec cette revendication : elle précisait non sans
sarcasme, son appartenance au côté des méchants serbes.
Si la guerre l’a conduite à se sentir serbe et à refuser que les Français bombardent
Belgrade, elle insiste particulièrement sur la définition du nationalisme. Il y a deux
nationalismes : celui d’appartenance à une identité et celui, plus politique, des ultras
nationalistes. OL réfute l’existence de ce groupe tout en expliquant qu’on y retrouve très
certainement les personnes regrettant le socialisme de Tito. Sa revendication pourrait aussi
se traduire par sa volonté de transmission de son identité. Elle ne veut pas que ses enfants
oublient leur origine, et elle est aidée, dans cette démarche, par son époux - même s’il lui
rappelle souvent qu’elle est française.
Enfin, on soulignera une fierté exacerbée lors de la venue en Normandie de musiciens
et de groupes serbes : la revendication de OL se situe donc en grande partie dans la culture
musicale, littéraire et historique serbe.

Conclusion

Ce qu’elle ressent comme déracinement, conduit OL à préférer, dans tous ses choix, la
sécurité. Il n’est plus question pour elle de changer de région ou de pays. La Serbie,
éventuellement, pourrait accueillir la famille mais, en y réfléchissant, elle ne le désire pas
vraiment. OL a souffert de sa situation durant son enfance et elle s’est fondue dans l’identité
du pays d’accueil.
Himéminor 2007 page 164

OL connaît trois problèmes identitaires. Enfant elle est yougoslave, adulte elle devient
serbe mais, entre temps, elle a adopté la nationalité française. Lorsqu’on l’interroge sur ces
faits, on sent un malaise et une tristesse qui remontent.
Il y a eu transmission identitaire de la part de ses parents, eux même repartis, après les
conflits, en Serbie. À son tour, et malgré l’échec de son projet de retour en Serbie, dès la fin
de ses études, elle transmet son identité d’origine.
Il existe une nette volonté de ne pas oublier l’origine serbe. Mais en aucun cas, elle ne
dirige l’identité de ses enfants : ils sont Français, elle leur rappelle, mais avec une origine
différente. OL s’applique donc à leur apporter un souvenir identitaire essentiellement
intellectuel, les traditions plus concrètes étant délaissées en France.
Himéminor 2007 page 165

Analyse de l’entretien avec Mme JN, Mauricienne

venant de Madagascar

JN est une femme malgache approchant la cinquantaine. Jeune mariée avec un Réunionnais
vivant en Basse Normandie, elle est arrivée en France en juin 2006. Au préalable, elle fut en
couple et éleva deux enfants à Madagascar, une fille et un garçon. L’aînée vit à la Réunion, le
second est resté sur l’île d’origine. Nous verrons ici la marque profonde de l’emprunte
mauricienne de JN. Ces parents étaient tous les deux de l’Île Maurice et émigrèrent pour des
raisons économiques à Madagascar avant sa naissance.
Le récit est libre effectué chez JN, après une rencontre organisée par un tiers. Nous
avons cherché ici à connaître l’héritage identitaire du sujet, puis sa position face à son identité
et enfin la transmission à son entourage familial.

Du pays d’origine à la France

Le sujet dans son pays d’origine


JN est donc d’origine mauricienne par ses deux parents installés à Madagascar pour des
raisons économiques avant sa naissance. Elle naît donc malgache et en a l’identité. Elle sera
élevée dans un cadre fermé sur la culture mauricienne et fera une scolarité relativement
courte. L’époque veut que les Mauriciens vivent entre eux, selon les dires de l’interwiouvée.
Les parents se séparent, ne divorcent pas, la chose étant mal acceptée sur l’Île. Le père
selon JN courait après les femmes et abandonnait régulièrement sa famille. Elle a cependant
un souvenir paternel doux avant ses périodes d’aventures extra-conjugales. Sa mère ne se
remariera pas. Elle aura un amant devenant le beau-père de JN. L’enfant souffre
particulièrement avec ce beau-père. Si les mots ne sont pas exprimés clairement, il y a bien
violence entre beau-père et belle-fille mais qu’on ne peut pas évaluer.
Elevée par sa mère ensuite, JN grandit dans une culture plus mauricienne que
malgache. Adulte elle rencontre un homme malgache avec qui elle fonde une famille mais ne
se mariera pas. À partir des années soixante-dix, JN ressent les premières réelles expressions
xénophobes. Ayant un aspect hindou et malgré sa nationalité elle ne se sent pas acceptée par
les Malgaches.
Ses enfants sont encore petits mais l’attitude de son conjoint la conduit à s’en séparer.
De ses propres dires, l’homme courait les femmes sans se cacher (ce que n’aurait pas fait un
Mauricien !), il laissait sa famille, ne rentrait pas le soir, était violent. JN souligne le fait qu’il n’y
Himéminor 2007 page 166

avait rien à manger à la maison. Elle décide donc de la séparation et se met en quête d’un
travail pour subvenir à l’éducation de ses deux enfants, dont elle obtient la garde après une
amère bataille juridique. Refusant toute rencontre masculine, elle rappelle à cet égard qu’un
conjoint peut être dangereux pour sa fille encore trop jeune, JN devient agent d’accueil dans
un Hôtel de tourisme haut de gamme. Sa fille fera des études de danse puis se marie et vit
actuellement à la Réunion. Son fils plus jeune, aujourd’hui 22 ans, a fait des études
d’informaticien mais est en recherche d’emploi.

Les causes d’un départ vers la France


Selon JN, sa fille, peu de temps après son mariage, décide de rendre heureuse sa mère et
essaie de la convaincre de rencontrer l’amour. JN refuse catégoriquement, les expériences
antérieures l’ayant rendu fermée au sujet. Sa fille démarre donc une relation sur internet avec
un Réunionnais vivant en France. Lorsque l’homme accroche et devient plus entreprenant, la
fille confie à la mère le petit jeu auquel elle s’est livrée. Paniquée mais apparemment
partiellement inquiète, JN se fait aider par son fils dans un cybercafé pour prendre le relais
avec ce contact français. La relation virtuelle durera un an. L’homme décide sur demande de
JN d’envoyer l’argent nécessaire à la mise en place des papiers et du mariage. C’est à
Madagascar que le couple se retrouvera pour les épousailles, sans s’être rencontré au
préalable. Le voyage de noce les emmène en France, et JN vit dans un petit village, au sud
de Caen, dans la maison de l’époux.

L’arrivé dans le pays d’accueil


L’arrivée en Basse Normandie a donc lieu au mois de juin 2006. JN témoigne de l’accueil
particulièrement sympathique que lui réserve la famille de l’époux. Aucun problème, tout est
parfait. Arrivée par Paris, elle intègre directement le village dont elle sort peu. Elle ne connaît
aucun soucis de langue puisqu’elle maîtrise le Français. Lors du premier entretien il lui est très
certainement impossible de dire le contraire étant donné la présence de la famille autour d’elle.
Nous verrons que ses dires évolueront plus tard.

France « Terre d’accueil »

Les difficultés dans la découverte d’une nouvelle identité


Nous diviserons cette partie en trois temps. Ce choix est fondamental puisque le discours
évolue nettement à chaque entretien. Au cours du premier entretien JN fait part d’une certaine
difficulté par rapport au climat. L’entretien se déroulant au mois de janvier, elle explique qu’elle
Himéminor 2007 page 167

passe la plupart de son temps contre la cheminée. Pour le moment sortant peu, elle découvre
la France essentiellement par le biais de la télévision, constamment allumée. JN éprouve un
certain malaise dans le langage. Elle redoute de ne pas être à la hauteur dans le discours, et
son époux la pousse à participer d’avantage aux conversations qu’ils ont avec ses amis. Elle
exprime une satisfaction d’être en France, un pays libre selon elle. Par contre elle se montre
surprise, étant catholique, de la faible fréquentation du lieu de culte. Par là même, elle prend
conscience d’un certain manque de chaleur humaine auquel elle n’était pas habituée à
Madagascar.
Lors du deuxième entretien, JN est seule. À partir de ce moment elle avoue n’avoir aucun
contact avec la population locale du petit village. Elle n’a pas vraiment rencontré de Français
et sort essentiellement au milieu de la famille et des amis réunionnais de son époux. Pour
s’occuper, elle fait des samoussas qu’elle vend au restaurant de son beau-frère. JN n’a
toujours pas de titre de séjour définitif. Seulement un titre de trois mois déjà renouvelé trois
fois. Elle attend avec une certaine anxiété les contrôles de mariage blanc, mais se sent sereine
face à sa situation. Son souci premier est l’avenir de son fils. Pourra-t-elle le rapatrier en
France ?
Lors du dernier entretien, JN fait part de son extrême solitude. Elle n’a toujours aucun
contact en France et le déplore. Elle reconnaît que son mari ne veut pas qu’elle sorte sans lui.
Il redoute de mauvaises influences, voir la rencontre d’un autre homme. L’homme aurait
mauvais caractère mais aucune violence verbale ou autre n’est à déplorer. Elle espère que
les choses vont s’arranger avec le temps et prend conscience que la rencontre sur le net ne
livre pas tout de l’être aimé. L’acceptation de la situation est au profit du souci permanent
qu’elle porte sur l’avenir de son fils. Elle dit avoir besoin d’ami et d’aide.

Les moyens d’assimilation adoptés


JN, selon l’analyse qu’on peut en faire, est a priori prête à assimiler la culture française, sans
aucune hésitation. Malgré ces différents permis de séjour, elle se fait un point d’honneur à
participer aux stages de formation réservés aux immigrés. Elle montre le livret de
renseignement pour l’immigré arrivé en France. JN suit à la lettre toutes les recommandations
gouvernementales. Elle cherche à se fondre le plus possible dans un décor qu’elle ne connaît
pas encore.

Y a-t-il appartenance ou adoption de l’identité du pays d’accueil ?


Nous ne pouvons pas proprement parler d’appartenance ou d’adoption identitaire étant
donnée l’arrivée de JN récente sur le sol national. Par contre il est très clairement établi qu’elle
y est favorable. La femme et la mère qu’est JN met consciemment en place tout un processus
Himéminor 2007 page 168

pour épouser l’identité du pays d’accueil. On peut même avancer l’idée d’un certain « calcul »
dès son arrivée, pour rapatrier son fils qu’elle veut sortir d’une misère sûrement probable.

Transmission de l’identité

Conservation et ou délaissement de l’identité d’origine


L’expression de l’identité d’origine de JN est très proche de celle de son époux Réunionnais.
Donc on comprend la conservation d’un certain nombre de rites interne à la maison, la
distribution des rôles entre l’homme et la femme, la conservation du créole - les deux langues
malgache et réunionnaise étant suffisamment proches dans leur grammaire et le vocabulaire.
Ce qui est particulièrement marquant chez JN c’est le rattachement à l’identité mauricienne de
sa mère. Celle ci prend complètement le pas sur l’identité malgache. On sent même un certain
rejet de Madagascar dû à la xénophobie vécue depuis l’enfance. On peut considérer qu’il y a
délaissement de l’identité malgache mais conservation de l’identité maternelle mauricienne :
JN se sent plus hindoue que malgache.

Les moyens de pérennisation de l’identité d’origine


Cette identité d’héritage mauricien et hindou se traduit particulièrement au moment de
l’éducation de ses enfants. Ayant eu peu de contact avec la culture malgache, c’est au moment
de la rencontre de son conjoint qu’elle y sera soumise. La séparation du couple, alors que les
enfants étaient en bas âge pousse JN à côtoyer plus encore les habitants de son pays. Ses
enfants fréquentent les écoles et par ce biais elle se mêle plus volontiers à cette culture, dont
elle apprendra et adoptera les rites sans pour autant s’identifier à l’identité malgache. On sent
ici encore un intérêt de JN pour faciliter la vie des enfants. Cependant loin d’abandonner son
héritage, elle transmet l’identité mauricienne dans le quotidien. Les exemples donnés sont
parfois très forts. Outre l’histoire, la langue et la cuisine, viennent s’ajouter les cultes.
Catholique d’abord, mais aussi plus proche d’un certain spiritisme, JN aurait reçu le don de
« donner la langue », une sorte de prophétie annoncée à ceux qui la contrent. Ce don, mis en
application, aurait tué un homme, et rendue gravement malade une fillette dont le père ne
voulait pas rendre la couronne de communion appartenant à JN. Elle aurait aussi des dons de
guérisseuse et cultive la symbolique mythique, laquelle fut transmise aux deux enfants.
Les moyens de pérennisation de l’identité d’origine sont pour le moment tous conservés
en France et JN tient à rappeler qu’elle évite dorénavant de « donner sa langue ».
Sa volonté de se fondre dans le paysage français masque complètement l’identité
d’origine mais JN ne tient pas à s’y étendre. Y aurait-il une certaine crainte à livrer le fond de
Himéminor 2007 page 169

sa pensée ? Elle souligne, par ailleurs, qu’en aucun cas la France ne ressemble aux
descriptions qu’on en fait à Madagascar, et elle assure en faire part à son fils, prêt à y venir.

La revendication identitaire
On ne peut pas parler de revendication identitaire dans le cas de JN. Elle se dit mauricienne
de Madagascar mais ne le revendique jamais et les seuls moments ou elle met en avant ce
point c’est à propos des rares difficultés qu’elle éprouve en France. JN ne veut pas être jugée
sur de telles positions. Bien au contraire, elle recherche l’identité française tout en gardant plus
secrètement son identité d’origine. Cela peut se comprendre aisément au moins sur deux
points : le premier est le cadre de vie beaucoup plus confortable qu’à Madagascar (son époux
est ouvrier et elle n’a jamais eu tant de confort et de sécurité) et le deuxième est cette volonté
d’y intégrer son fils. En matière de revendication nous ne retiendrons donc, que l’héritage
hindou maternel auquel elle tient particulièrement.

Conclusion

Peut-on réellement parler de transmission identitaire dans le cas de JN ? Au cours de sa vie


on voit bien que chacun des problèmes de JN fut résolu aisément. Il s’agit d’une femme forte,
prête à beaucoup de sacrifice pour obtenir ce qu’elle attend. Peut-on, après ces entretiens,
imaginer que son mariage, via internet, avait comme objectif de quitter Madagascar. JN a-t-
elle une réelle conscience de son identité ? Cultive-t-elle ou non cette identité, mis à part son
côté hindou ? Ou la survie de cette femme et de l’un de ses enfants efface-t-elle tout
rattachement à une identité. Un passé déjà bousculé, le rejet de Madagascar, les souffrances
dues à la présence des hommes dans sa vie auraient donc un effet d’effacement de toute
identité au profit de la recherche d’un bien être matériel.
Himéminor 2007 page 170

Analyse de l’entretien avec M. MS et Mme MDS, couple sénégalais

Il s’agit cette d’un couple de Sénégalais, d’une cinquantaine d’années. Monsieur (MS) paraît
nettement plus âgé que madame (MDS). Ils vivent en Basse-Normandie, dans une ville
moyenne du département du Calvados. Ils ont six enfants dont quatre vivent en France et sont
scolarisés, les deux aînés sont restés au Sénégal. MS travaille comme ouvrier, MDS décroche
de temps en temps des petits contrats de ménage. Les entretiens se déroulent chez le couple.
C’est MDS qui en a pris la décision après une première rencontre dans un supermarché.
Le récit est libre. Nous aurons cependant du mal à obtenir des réponses quant à la

transmission identitaire, le couple revenant continuellement sur le problème du racisme

quotidien dont il souffre. MS restera méfiant et se livrera peu, contrairement à MDS qui

finit par employer le tutoiement.

Nous proposons d’évaluer les difficultés de l’identité d’origine face à celle du pays
d’accueil, la position du couple vis-à-vis de l’identité d’origine et son implication dans l’identité
française, et enfin les éléments de pérennisation voire de revendication de cette identité.

Du pays d’origine à la France

Le sujet dans son pays d’origine


MS est originaire de la Casamance au Sénégal. MDS est née à Dakar mais selon MS sa
famille est de Casamance. MS travaillait mais vivait de petits boulots. Ils n’ont fait que très peu
d’étude et MS serait arrivé au certificat d’étude. Le couple est wolof et de confession
catholique.

Les causes d’un départ vers la France


MS explique que son départ en France fut motivé par le gain. Il ne trouvait plus assez de petits
boulots et il voulait gagner plus. Il répond donc aux attentes françaises de demande de main
d’œuvre dans les années soixante. Il choisit d’arriver directement en France en passant par le
Maroc.
Himéminor 2007 page 171

L’arrivé dans le pays d’accueil


MS arrive seul en France, laissant au Sénégal femme et enfants. Sa première destination est
Rouen où il travaillera dans le textile, puis il se rend à Paris et ensuite à Elbeuf. L’entreprise
qui l’emploi à Elbeuf l’envoie travailler sur V., la petite ville qu’il n’a plus quittée. Le
regroupement familial aura lieu dans cette ville, dix ans plus tard. MDS n’habitera donc que
dans le Calvados à V.

France « Terre d’accueil »

Les difficultés dans la découverte d’une nouvelle identité


MS dit ne pas éprouver de difficulté particulière, puis il reconnaîtra le contraire, poussé par sa
femme qui est plus prompt à se livrer. Nous ne saurons que peu de chose du temps ou MS vit
seul en France. Il dit vivre libre, puisqu’il est sans femme et sans enfants, ce qui, à l’époque,
le conduit à changer de travail quand il le désire. MDS étant plus prolixe, elle confit rapidement
que toutes les difficultés rencontrées proviennent de leur couleur de peau. La ville ne compte
que très peu d’Africains, quatre à six couples.
Le premier problème fut celui du logement lors du regroupement familial. Un
appartement trop petit et privé limitait leur possibilité de vie. La mairie subviendra à leur attente
et ils obtiendront une maison dans le centre ville. Un deuxième problème est celui du travail
de MDS. Elle a effectué plusieurs remplacements dans le cadre des écoles et de la maison de
retraite, mais ne peut obtenir un emploi à temps plein car, dit-elle, elle n’a pas la nationalité
française. Il est hors de question de demander aux commerçants locaux, car elle connaît déjà
la réponse fortement négative pour une femme noire. Noire de peau, mais de langage aussi :
selon le couple, malgré un français correct, les habitants locaux ne les comprennent pas. Les
époux pensent même qu’ils le font exprès. MDS rappelle qu’ils ne sont pas importants aux
yeux des gens. Selon elle, l’esclavage est toujours là !
Mais les difficultés les plus lourdes, hormis la couleur, sont les finances du couple. Pour
élever les enfants et vivre, ils se séparent de la voiture, ne sortent pas, et ils ne vont jamais au
restaurant. MDS dit ne pas connaître le cinéma, et elle souligne que, parfois, ils se privent de
manger. Enfin, la vie est faîte d’un isolement certain ; ils ne tiennent pas à se faire remarquer,
et les enfants ne sortent jamais, à part pour les activités sportives et l’école. Les parents les
accompagnent à chaque fois car, si une bêtise était faite, ils sont sûrs qu’on incriminerait leurs
enfants.
Himéminor 2007 page 172

Les moyens d’assimilation adoptés


Les moyens pourraient être taxés de stratégique. MS et MDS ont une notion du devoir
d’éducation très prononcé. Il ne faut pas qu’il y ait de problème avec les gens - ce qui serait
presque normal selon MDS puisque les gens sont chez eux. Le devoir parental les pousse à
contrôler systématiquement la scolarité des enfants et ils participent à toutes les réunions
d’école. Au travail, MS semble très obéissant à l’autorité. L’assimilation se fait aussi par la
connaissance locale. Les enfants mangent de tout et MDS cuisine français pour qu’ils
s’habituent.
Les deux plus petits enfants portent des noms anglo-saxons : serait-ce pour diminuer
une certaine discrimination ou un effet de mode qui touche aussi le Sénégal ?

Y a-t-il appartenance ou adoption de l’identité du pays d’accueil ?


MS et MDS ne se sentent aucunement proche de l’identité française mais ils ne rejettent en
rien l’identité du pays d’accueil. Un des enfants aînés vivant en France demande sa
naturalisation. Le couple souhaite et pense que les deux plus petits auront automatiquement
la double nationalité française et sénégalaise.
Le couple n’a qu’un désir, retourner au Sénégal en ayant mis de côté les finances
suffisantes pour bien vivre là-bas. Il n’y a aucun sentiment d’appartenance à l’identité
française.

Transmission de l’identité

Conservation et ou délaissement de l’identité d’origine


On note une très forte conservation de l’identité d’origine chez le couple et au sein de la famille.
MS se rend seul tous les deux ans au Sénégal. MDS fait tout pour que les enfants connaissent
leur pays car les deux plus petits n’y sont jamais allés. On ne remarque par contre aucun signe
extérieur de leur identité d’origine. MS adopte complètement les règles du travail. Le couple
se soumet à toutes les exigences administratives sans fautes aucune. Si la famille connaît peu
de relation française, elle fréquente quasiment tous les week-ends les familles africaines de la
ville. Ils racontent leur rencontre, leur repas et les échanges qu’ils ont ensemble.
On peut supposer que la conservation de l’identité d’origine est soulignée par le rejet
permanent de la population locale. En effet MDS dit aller de temps en temps à Paris et qu’elle
n’y ressent pas du tout le même phénomène.
Himéminor 2007 page 173

Les moyens de pérennisation de l’identité d’origine


La transmission de l’identité est constante. Le couple se fait fort d’enseigner aux enfants
l’histoire la géographie et la culture de leur pays. Ils ont pour ce faire acheter des ouvrages,
des livres d’enfants. Cette transmission passe aussi par l’application que MDS met en cuisine.
Elle rappelle que ses enfants mangent de tout, connaissent tous les plats sénégalais. Le maffé,
le Tiboudien et d’autres encore. Cette partie est particulièrement développée au cours des
entretiens car elle concerne une des activités principales de MDS (on le comprend quand on
connaît le temps qu’il faut pour réaliser les plats africains !). Pour les ingrédients nécessaires,
tous n’étant pas au supermarché local, les différentes familles de la ville vont, tour à tour, à
Caen et se servent chez un marchand togolais et ivoirien. Ils disent retrouver tous les éléments
nécessaires, même le capitaine qui est un poisson péché sur les côtes africaines, base du plat
national sénégalais.
Les enfants connaissent le wolof, souvent parlé à la maison. Nous en avons quelques
interventions dans nos entretiens. Enfin, MDS interpelle l’interlocuteur en lui prouvant qu’elle
transmet bien la culture sénégalaise puisque ça se voit partout dans la maison.

La revendication identitaire
La revendication identitaire est surtout marquée par rapport au comportement de la population
locale. MDS rappelle qu’elle n’a aucun problème avec la mairie : la municipalité la soutient
dans ses démarches et lui facilite la vie. Le maire lui aurait même conseillé de ne pas
demander d’emploi dans un des supermarchés de la ville, car elle n’aurait aucune chance de
le décrocher. En lui disant cela, il lui rappelle qu’il comprend bien son problème et sa position
d’étrangère. Si le couple revendique son identité, il en va de même pour les enfants qui
s’estiment Sénégalais. De toute façon, ils ne sont pas de la même couleur ! Pour la famille, la
France est source de trop de problèmes. Donc, on s’y fait discret et on travaille pour « mettre
de côté » pour rentrer au Sénégal.

Conclusion

Pour répondre à la problématique de la transmission identitaire, nous sommes dans un cas


quasi parfait : une famille retirée volontairement du monde français local afin d’éviter tout
jugement et racisme dont elle est victime. MS comme MDS gardent leur nationalité d’origine
sans aucune envie d’en changer.
On remarque une très forte transmission identitaire auprès des enfants qui, nés en
France, ne connaissent toujours pas le pays dont ils portent les couleurs. Cependant, derrière
les paroles de MS et MDS, on devine une envie d’assimilation pour leurs enfants. Ils ont un
Himéminor 2007 page 174

désir de réussite pour eux et sont prêts à les soutenir dans leur demande de naturalisation.
Cette volonté, le couple ne l’a pas pour lui-même : clairement exprimé, le vœu du retour dans
le pays est ce qui permet de tenir, livre MDS.
Si MS ne s’est que très peu livré, MDS, quant à elle, s’adressait facilement à
l’interlocuteur sur des sujets de son quotidien mais, de toute façon, le couple tenait plus à
parler de la xénophobie locale que de la transmission identitaire.
Himéminor 2007 page 175

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Himéminor 2007 page 191

Les sources disponibles


1. Sources archivistiques normandes

2. Listes des entreprises ayant utilisé de la main d’œuvre étrangère

3. Listes des entreprises ayant utilisé de la main d’œuvre étrangère


et versé leur archives aux archives publiques

1. Sources archivistiques normandes

Remarques préliminaires pour une lecture plus aisée des sources des cinq départements
normands.
Certains dossiers traitant d’un département sont parfois conservés dans un autre lieu
d’archives que celui où ils devraient être rattachés. Les indications sont alors notées.

Abréviations :
ADC : Archives départementales du Calvados

ADSM : Archives départementales de la Seine-maritime

ELB : Archives municipales d’Elbeuf

AMH : Archives municipales du Havre


Himéminor 2007 page 192

EURE
1851-1911 1ère GM 1921-1939 2GM 1946-1962 1963-1975 1976-1988
Algérie Cartes : 1217W Non renouvelés : 1217W
Rapatriés et Cartes séjour :
Naturalisations : 1251W70à74
1070W1à41 Cartes séjour : 1303W48à51

Afrique Familles
sub- 1071W1à6
saharienne
Indochine ADC : Statistiques
826W40923
Sud- Demandeurs
vietnam asile :
Cambodge 1251W104
Toutes Circulation : Recensement Recensement : Cartes séjour CEE : 1251W1à15
Origines 1071W : 1FELB27 Cartes séjour non CEE : 1251W
1FELB27 16 à69
Changement Indésirables : 1251W75et 76
résidence : Statistiques : 1251W86à100
1303W55 Correspondance :
1251W101à103
Titres séjour :
1251W104
Hébergement collectif :
1251W107
Refus :
1267W1à4
Indésirables : 1267W5 à15
Délits : 1267W16
Assignés :
1267W17,18
Abrogation expulsion :
1267W19à22
Naturalisés :
1267W23à37
Cartes : 1303W1à47
Naturalisation :
1303W52à54
Statistiques : 1303W56à65
Himéminor 2007 page 193

CALVADOS
1851-1911 1ère GM 1921-1939 2GM 1946-1962 1963-1975 1976-1982
Algérie Rapatriement : Statistique :
676W10524 648W7599
Tunisie Statistique :
648W7599
Maroc Statistique :
648W7599
Belgique Mariages
mixtes :Z223à
231
Espagne Rapport RG :
613W2585

Afrique noire Statistique Sénégalais,


Maliens:
648W7599
étudiants :
826W40923
Indochine Statistiques
826W40923
Toutes Etudiants :
Origines. 826W40923
Himéminor 2007 page 194

MANCHE
1851- 1ère GM 1921-1939 2GM 1946-1962 1963-1975 1976-1982
1911
Allemagne Internement :

3U1/934
Chine Travail sur le port :

45Chbg17
Toutes origines Surveillance Surveillance Naturalisations :145W85 Recensement :1FELB27
anarchiste1Z276 anarchiste1Z276
Recensement :1FELB27
Réfugiés : Expulsions :

1Z284 1Z280
Himéminor 2007 page 195

ORNE
1851-1911 1ère GM 1921-1939 2GM 1946-1962 1963-1975 1976-1982
Allemag Main d’œuvre,
ne prisonniers :

2W253
Turquie 483W80
Italie Affaire Rosselli : Dossiers
d’immigration
2W41 1058W71
Algérie Rapports des Affaires, logements
RG 1954-
1963 :348W407 348W407 /348W408
Espagn Colonie
e républicaine
de
Sées :41J95
Afrique Rapport logement et emploi :
noire
348W408
Indochi ADC :Statistiques
ne
826W40923
Toutes Recensement : Recensements, Recenseme
origines nts,
1FELB27 statistiques : statistiques :

348W408

Recensement :1FELB27
Himéminor 2007 page 196

SEINE
MARITIME
1851-1911 1ère GM 1921-1939 2èmeGM 1946-1962 1963-1975 1976-1982
Polo AMH Police: Liste :4HELB22 Associa-tions : 200W99
Gne I3C1l3, Main d’oeuvre Renouvelle Recense-ment : 200W107
I2C1l18 femmes Elbeuf:149Z5 ment carte
Statistiques main 60W369
d’oeuvre : 60W368

Allema Dossiers : Prisonniers :


Gne 3EELB8 4HELB142

Italie Dossiers : Renouvelle Main d’œuvre agricole ;


3EELB8 Statistiques main ment carte italienne
d’oeuvre : 60W368 60W369 60W547
Main d’oeuvre bettera-
viers, liniers
60W555-557
Clandes
tins
60W401

Algérie Main d’œuvre : -Main œuvre : Recensement : 60W371 Regroupe ment Regroupe
2Z3 60W367 Main d’œuvre familial : ment familial :
60W19 2JELB44 124WELB1
Indési-rables : Main d’œuvre nord-
11R69 africaine sur Le Havre,
Condamnés : Rouen , Dieppe : 60W371
11R70
Vente d’alcool :
11R205
Disparition : 11R212
Marins suspects :
11R224
Main d’œuvre :
11R234
Surveil-lance :
11R235
Surveil-lance :
11R235
Tunisie Main d’œuvre : 2Z3 -Main œuvre : Recensement : 60W371
Himéminor 2007 page 197

Autorisa-tion de 60W367
circuler : Statistiques Main
11R233 d’oeuvre : 60W368

Maroc Main d’œuvre : -Main d’œuvre : Recensement :


2Z3 60W367 60W 371
Statistiques main
Logement : 11R27 d’oeuvre : 60W368
Suspects : 11R68 Enquête :
Indésira- 5M297
bles :
11R69
Condam-
nés :
11R70
Passeports
11R155
Vente d’alcool :
11R205
Bagarres : 11R209
Autorisa-
tion de circuler :
11R233
Main d’œuvre :
11R234
Surveillan-
ce :
11R235
Réquisi-tions :
11R236
Déser-teurs :
11R237

Belgique Dossiers :3EE Main d’œuvre : Statistiques Main Renouvelle-


LB8 2Z3 d’oeuvre 60W368 ment carte
Surveillance du Port : 60W369
11R221

Espa- Main d’œuvre : Renouvelle- Clandes-tins :


Gne 2Z3 Statistiques main ment carte 60W401
d’oeuvre : 60W368 60W369 Main- d’oeuvre bettera-
vière : 60W559-561

Portu- Statistiques main Renouvelle-


Gal d’oeuvre : 60W368 ment carte
60W369
Himéminor 2007 page 198

Russie Statistiques main


d’oeuvre : 60W368
Indochine ADC:Stati-stiques
826W40923
Afrique noire Syndica-lisme : 2680W1
Chine Main d’œuvre :
2Z3
Suspects : 11R68
Diploma-tes :
11R125
Dispari-tion : 11R212
Japon Passe-ports :
11R155

Hongrie Réfugiés 1956 : 2680W26


Naturalisation Mesures :4HELB22 Police : Recensement :
Toutes natio- s alsaciens : Textiles Elbeuf : Congés main œuvre : 50W683 1FELB27
nalités. 3EELB7 149Z7 60W370 Demandes main Naturali
Naturalisation Statistiques Renouvellement cartes d’œuvre : sations :
s : 3EELB8 60W369 60W378 3EELB9
2JELB43 Demandes de travail : Rapport : 60W391, 401, -ment : F359
listes :2JELB4 60W21 405
2 Cartes travailleurs : Cartes travailleurs
AMHPolice : 60W243, 244, 247, 252 60W132,225 à 228,
I2C1l16 Carte identité : Main d’œuvre : 60W379
AMH 60W375 Main d’œuvre nord-
Réfugiés : Africaine :
I1C411-14 60W419
Main d’œuvre agricole ,
italienne
60W547
Main d’oeuvre belge
italienne bettera-viers,
liniers
60W555-557
Main- d’oeuvre :
betteravière belge,
espagnole italienne : 60W
559-561
Recen-sement :
1FELB27
Naturalisa-tions :
3EELB9

1851-1911 1ère GM 1921-1939 2ème GM 1946-1962 1963-1975 1976-1982


Himéminor 2007 page 199

2. Listes des entreprises ayant utilisé de la main d’œuvre étrangère

Calvados :
Société normande de Métallurgie à Caen (Russes, Chinois)
Mine de Soumont à Potigny (Polonais)
Société d’Electro-Métallurgie de Dives (Marocains, Polonais)
Société Quentin Girard
Orne :
Mine de la Ferrière aux Etangs (toutes nationalités)

Eure :
Nassandres Sucrerie / Entreprise Bouchon (Belges)
Georgia Pacifique France (Turcs années 70)
Tréfileries et Laminoirs du Havre, Moulin de Rugles
Compagnie Générale d’Electricité de Tillères sur Avre (Grecs, Marocains…)
Filature Meyer (Saint Marcel)

Seine-Maritime :
Ateliers Augustin-Normand (polonais)
Ateliers et chantiers de Seine-maritime au Trait
Blin et Blin Elbeuf
Cipel Elbeuf
Chantiers de Normandie de Grand-Quevilly
Chantiers de la Basse Seine
Construction aéronautique du Havre
Compagnie électrique de Forges les Eaux
Compagnie électromécanique Le Havre (polonais)
Compagnie générale de navigation de Rouen
Compagnie du Môle central Le Havre
Compagnie française des Extraits tinctoriaux et tannants à Graville
Draperies d’Elbeuf
Entreprise Vincent Patrizio au Havre
Etablissement Wanner, succursales de Rouen et du Havre
Etablissement Leconte de Rouen
Etablissement Pellerin à Elbeuf (149Z7, 149Z5,
Etablissement Quidet à Elbeuf (43Z4/5)
Fonderie lorraine de SaintEtienne du Rouvray
Forges et Chantiers de la Méditerranée du Havre
Hauts Fournaux de Grand-Quevilly
Maison Bertrand et Compagnie
Mazeline (polonais)
Morineau de Grand-Quevilly
Multiplex (polonais)
Papeteries de la Chapelle d’Arblay,
Renault Cléon –années soixante dix-Maghrébins
Renault Sandouville
Theillage de Doudeville
Tréfileries et Laminoirs du Havre (TLH) (polonais, maghrébins)
Thireau-Morel du Havre
Union des usagers du Port de Rouen
Himéminor 2007 page 200

Listes des entreprises ayant utilisé de la main d’œuvre étrangère


et versé leur archives aux archives publiques

Calvados : ADC

SMN : Section syndicale de Rufa, Caen : 28J ; CFDT SMN et Unimétal :


JP42 ; CGT : 59JP ; Militants CFDT : JP40 ;
Union des Mines de Métaux : CFDT Basse Normandie : JP889
SMS : (Société des Mines de Soumont) : 42J
Société Quentin Girard : JP34
Tréfimétaux : Syndicat CGT : 37J ; FO : 5JP ;
Institut Nationale Confédéral de défense et d’Assistance aux Travailleurs
Italiens

Seine-Maritime :ADSM

Etablissement Pellerin à Elbeuf


Etablissement Quidet à Elbeuf
Blin et Blin Elbeuf
Cipel Elbeuf
Himéminor 2007 page 201

Annexes

Annexe 1
Tableaux statistiques complémentaires à la Partie II

Annexe 2
Cartes et documents complémentaires à la Partie II

Annexe 3
Un exemple de récit de vie : « Mme M. MY »

Annexe 4
Bibliographie avec indicateurs sous logiciel Excel dans pochette contenant
un CD
Himéminor 2007 page 202

Annexe 1
Tableaux statistiques complémentaires à la Partie I

Le nombre des étrangers, naturalisés et de la population totale

par sexe

taux d’étrangers – naturalisés

taux de masculinité

tableaux :

départements

région

1851-1999
NOMBRE ET TAUX D'ETRANGERS ET DE NATURALISES AU SEIN DE LA POPULATION
Calvados rapport de masculinité

taux taux Français de


Français Etrangers Naturalisés POPTOT étrangers naturalisés naissance étrangers naturalisés
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total HommesFemmes Total Hommes Femmes Total

1851 NR NR 489985 NR NR 1146 NR NR 79 NR NR 491210 0,2% 0,0%


1876 214711 234209 448920 660 538 1198 56 46 102 215427 234255 449682 0,3% 0,0% 47,8% 55,1% 54,9%
1896 196696 217094 413790 763 708 1471 203 224 425 197662 218026 415688 0,4% 0,1% 47,5% 51,9% 47,8%
1911 187205 204610 391815 581 529 1110 266 377 643 188052 205516 393568 0,3% 0,2% 47,8% 52,3% 41,4%
1921 169298 200264 369562 4091 2512 6603 122 333 455 173511 203809 377320 1,7% 0,1% 45,8% 62,0% 26,8%
1926 174633 201197 375830 6671 3734 10405 176 391 567 181480 205322 386802 2,7% 0,1% 46,5% 64,1% 31,0%
1931 179049 203853 382902 9051 4678 13729 314 479 793 188864 209010 397874 3,5% 0,2% 46,8% 65,9% 39,6%
1936 179610 206560 386170 6865 4634 11499 683 750 1433 187158 211744 398902 2,9% 0,4% 46,5% 59,7% 47,7%

1946 179800 198477 378277 7165 4291 11456 1594 1525 3119 188559 204293 392852 2,9% 0,8% 47,5% 62,5% 51,1%
1954 205282 225438 430720 5443 3328 8771 1880 2036 3916 212605 230802 443407 2,0% 0,9% 47,7% 62,1% 48,0%
1962 226104 243053 469157 4604 2690 7294 2285 2671 4956 232993 248414 481407 1,5% 1,0% 48,2% 63,1% 46,1%
1968 243456 261608 505064 4388 2560 6948 2232 2568 4800 250076 266736 516812 1,3% 0,9% 48,2% 63,2% 46,5%
1975 264605 281430 546035 6215 3550 9765 2290 2755 5045 273110 287735 560845 1,7% 0,9% 48,5% 63,6% 45,4%
1982 276584 295844 572428 6628 4860 11488 2404 2940 5344 285616 303644 589260 1,9% 0,9% 48,3% 57,7% 45,0%
1990 289737 311618 601355 6102 4707 10809 2938 3627 6565 298777 319952 618729 1,7% 1,1% 48,2% 56,5% 44,8%
1999 302998 326145 629143 5340 4679 10019 4374 4763 9137 312712 335587 648299 1,5% 1,4% 48,2% 53,3% 47,9%
sources: Recensements de population
Himéminor 2007 page 203
NOMBRE ET TAUX D'ETRANGERS ET DE NATURALISES AU SEIN DE LA POPULATION
Eure rapport de masculinité
Français
taux taux de
Français Etrangers Naturalisés POPTOT étrangers naturalisés naissance étrangers naturalisés
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total

1851 NR NR 414934 NR NR 775 NR NR 68 NR NR 415002 0,2% 0,0%


1876 184058 187197 371255 1238 985 2223 80 71 151 185376 188253 373629 0,6% 0,0% 49,6% 55,7% 53,0%
1896 167977 168407 336384 1373 1127 2500 263 286 549 169313 169820 339133 0,7% 0,2% 49,9% 54,9% 47,9%
1911 156508 159612 316120 1085 791 1876 347 466 813 157940 160869 318809 0,6% 0,3% 49,5% 57,8% 42,7%
1921 139194 152697 291891 4080 3113 7193 172 395 567 143446 156205 299651 2,4% 0,2% 47,7% 56,7% 30,3%
1926 141098 152468 293566 5984 3924 9908 210 453 663 167893 156845 324738 3,1% 0,2% 48,1% 60,4% 31,7%
1931 139549 150335 289884 7135 4015 11150 354 513 867 147038 154863 301901 3,7% 0,3% 48,1% 64,0% 40,8%
1936 139108 149095 288203 5645 3854 9499 505 717 1222 145258 153666 298924 3,2% 0,4% 48,3% 59,4% 41,3%

1946 142722 154938 297660 6629 4564 11193 1095 1472 2567 150446 160974 311420 3,6% 0,8% 47,9% 59,2% 42,7%
1954 155712 164908 320620 5227 3409 8636 1687 1927 3614 162626 170244 332870 2,6% 1,1% 48,6% 60,5% 46,7%
1962 169165 176314 345479 7310 4802 12112 2244 2505 4749 178719 183621 362340 3,3% 1,3% 49,0% 60,4% 47,3%
1968 181216 188316 369532 5872 2876 8748 2276 2816 5092 189364 194008 383372 2,3% 1,3% 49,0% 67,1% 44,7%
1975 199070 206965 406035 8005 4180 12185 2300 2875 5175 209375 214020 423395 2,9% 1,2% 49,0% 65,7% 44,4%
1982 217260 225384 442644 8848 6436 15284 2464 2940 5404 228572 234760 463332 3,3% 1,2% 49,1% 57,9% 45,6%
1990 240928 246996 487924 10301 8056 18357 3558 4186 7744 254787 259238 514025 3,6% 1,5% 49,4% 56,1% 45,9%
1999 252913 261687 514600 8454 7056 15510 5295 5858 11153 266662 274601 541263 2,9% 2,1% 49,1% 54,5% 47,5%
sources: Recensements de population
Himéminor 2007 page 204
NOMBRE ET TAUX D'ETRANGERS ET DE NATURALISES AU SEIN DE LA POPULATION
port de masculinité
Manche rapport de masculinité
is Français
taux taux de
ce étrangers naturalisés Français Etrangers Naturalisés POPTOT étrangers naturalisés naissance étrangers naturalisés
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total

1851 NR NR 600008 NR NR 785 NR NR 89 NR NR 600882 0,1% 0,0%


1876 261499 277484 538983 384 400 784 68 75 143 261959 277959 539918 0,1% 0,0% 48,5% 49,0% 47,6%
50,1% 54,1%
1896 242256 253366 495622 319 390 709 152 19 171 242727 253875 496602 0,1% 0,0% 48,9% 45,0% 88,9%
46,5% 191153,6%
230645 241896 472541 384 389 770 422 396 818 231451 242681 474132 0,2% 0,2% 48,8% 49,9% 51,6%
62,1% 192142,3%
193525 226610 420135 1506 896 2402 113 203 316 195144 227709 422853 0,6% 0,1% 46,1% 62,7% 35,8%
57,6% 192628,9%
197000 226247 423247 2536 1229 3765 143 284 427 199479 227760 427239 0,9% 0,1% 46,5% 67,4% 33,5%
65,4% 193130,8%
199747 226920 426667 2795 931 3726 191 299 490 202733 228141 430874 0,9% 0,1% 46,8% 75,0% 39,0%
65,4% 193643,6%
199555 228348 427903 1487 1003 2490 247 336 583 201289 229687 430976 0,6% 0,1% 46,6% 59,7% 42,4%
63,4% 47,7%
1946 201501 223103 424604 2092 784 2876 612 582 1194 204205 224469 428674 0,7% 0,3% 47,5% 72,7% 51,3%
210213
60,3% 195447,6% 233987 444200 1310 665 1975 527 524 1051 212050 235176 447226 0,4% 0,2% 47,3% 66,3% 50,1%
61,2% 1962 213523
47,5% 231217 444740 1112 441 1553 626 628 1254 215261 232286 447547 0,3% 0,3% 48,0% 71,6% 49,9%
216156
63,5% 196850,0% 233228 449384 824 388 1212 660 688 1348 217640 234304 451944 0,3% 0,3% 48,1% 68,0% 49,0%
1975 216100 231790 447890 840 405 1245 630 800 1430 217570 232995 450565 0,3% 0,3% 48,2% 67,5% 44,1%
64,7% 50,1%
1982 223796 235724 459520 2504 1260 3764 724 872 1596 227024 237856 464880 0,8% 0,3% 48,7% 66,5% 45,4%
61,3% 51,1%
1990 232118 241686 473804 2126 1802 3928 963 1201 2164 235207 244689 479896 0,8% 0,5% 49,0% 54,1% 44,5%
55,5% 44,7%
1999 232376 242232 474608 2157 1929 4086 1427 1605 3032 235960 245766 481726 0,8% 0,6% 49,0% 52,8% 47,1%
53,4% 46,8%
sources: Recensements de population
53,3% 48,8%
Himéminor 2007 page 205
Himéminor 2007 page 206
NOMBRE ET TAUX D'ETRANGERS ET DE NATURALISES AU SEIN DE LA POPULATION
Seine-Maritime rapport de masculinité
Français
taux taux de
Français Etrangers Naturalisés POPULATION TOTALE étrangers naturalisés naissance étrangers naturalisés
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total HommesFemmes Total Hommes Femmes Total

1851 NR NR 757 562 NR NR 4 479 NR NR 246 NR NR 762 039 0,6% 0,0%


1876 387 740 403 423 791 163 3 739 3 512 7 251 552 539 1 091 391 479 406 935 798 414 0,9% 0,1% 49,0% 51,6% 50,6%
1896 396 895 425 263 822 158 3 560 3 646 7 206 1 015 995 2 010 400 455 428 909 829 364 0,9% 0,2% 48,3% 49,4% 50,5%
1911 411 112 445 393 856 505 3 760 2 828 6 588 1 118 1 360 2 478 414 872 448 221 863 093 0,8% 0,3% 48,0% 57,1% 45,1%
1921 398 278 452 621 850 899 11 763 6 755 18 518 517 1 109 1 626 410 558 460 485 871 043 2,1% 0,2% 46,8% 63,5% 31,8%
1926 400 822 451 774 852 596 12 184 6 457 18 641 529 1 186 1 715 413 535 459 417 872 952 2,1% 0,2% 47,0% 65,4% 30,8%
1931 410 224 449 564 859 788 15 749 6 077 21 826 839 1 268 2 107 426 812 456 909 883 721 2,5% 0,2% 47,7% 72,2% 39,8%
1936 418 029 467 526 885 555 9 722 4 715 14 437 1 245 1 846 3 091 429 586 474 077 903 663 1,6% 0,3% 47,2% 67,3% 40,3%

1946 386 035 430 939 816 974 6 654 3 756 10 410 1 902 2 543 4 445 394 591 437 238 831 829 1,3% 0,5% 47,3% 63,9% 42,8%
1954 440 750 485 273 926 023 6 825 3 687 10 512 2 409 2 915 5 324 449 984 491 875 941 859 1,1% 0,6% 47,6% 64,9% 45,2%
1962 490 493 526 060 1 016 553 9 953 4 387 14 340 3 145 4 044 7 189 503 591 534 491 1 038 082 1,4% 0,7% 48,3% 69,4% 43,7%
1968 524 400 556 804 1 081 204 13 956 5 992 19 948 3 828 4 676 8 504 542 184 567 472 1 109 656 1,8% 0,8% 48,5% 70,0% 45,0%
1975 550 055 582 950 1 133 005 21 225 10 565 31 790 4 655 5 505 10 160 575 935 599 020 1 174 955 2,7% 0,9% 48,5% 66,8% 45,8%
1982 553 196 588 260 1 141 456 24 860 15 796 40 656 5 076 6 200 11 276 583 132 610 256 1 193 388 3,4% 0,9% 48,5% 61,1% 45,0%
1990 565 147 605 724 1 170 871 21 977 16 222 38 199 6 974 7 838 14 812 594 098 629 784 1 223 882 3,1% 1,2% 48,3% 57,5% 47,1%
1999 570133 614662 1184795 18308 14461 32769 10880 10732 21612 599321 639855 1239176 2,6% 1,7% 48,1% 55,9% 50,3%
sources: Recensements de population
Himéminor 2007 page 207
NOMBRE ET TAUX D'ETRANGERS ET DE NATURALISES AU SEIN DE LA POPULATION
Normandie rapport de masculinité
Français
taux taux de
Français Etrangers Naturalisés POPULATION TOTALE étrangers naturalisés naissance étrangers naturalisés
Hommes Femmes Total HommesFemmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total

1851 2 702 007 7 517 521 2 709 017 0,3% 0,0%


1876 1 237 501 1 304 810 2 542 311 6 259 5 672 11 931 789 759 1 548 1 244 005 1 310 164 2 554 169 0,5% 0,1% 48,7% 52,5% 51,0%
1896 1 166 970 1 237 118 2 404 088 6 261 6 154 12 415 1 714 1 594 3 306 1 173 630 1 243 971 2 417 601 0,5% 0,1% 48,5% 50,4% 51,8%
1911 1 132 583 1 207 547 2 340 130 6 251 4 806 11 054 2 277 2 768 5 045 1 139 993 1 213 761 2 353 754 0,5% 0,2% 48,4% 56,5% 45,1%
1921 1 026 122 1 176 653 2 202 775 22 709 14 211 36 920 981 2 180 3 161 1 049 812 1 193 744 2 243 556 1,6% 0,14% 46,6% 61,5% 31,0%
1926 1 040 715 1 175 153 2 215 868 30 004 16 737 46 741 1 128 2 471 3 599 1 092 254 1 194 361 2 286 615 2,0% 0,16% 47,0% 64,2% 31,3%
1931 1 054 692 1 171 581 2 226 273 37 380 17 101 54 481 1 866 2 776 4 642 1 094 388 1 191 449 2 285 837 2,4% 0,20% 47,4% 68,6% 40,2%
1936 1 061 032 1 190 203 2 251 235 25 632 15 310 40 942 2 918 3 910 6 828 1 090 172 1 209 214 2 299 386 1,8% 0,3% 47,1% 62,6% 42,7%

1946 1 034 958 1 146 910 2 181 868 24 836 14 909 39 745 5 657 6 622 12 279 1 065 451 1 168 441 2 233 892 1,8% 0,5% 47,4% 62,5% 46,1%
1954 1 140 739 1 251 891 2 392 630 20 384 12 089 32 473 7 117 8 080 15 197 1 168 240 1 272 060 2 440 300 1,3% 0,6% 47,7% 62,8% 46,8%
1962 1 232 523 1 319 832 2 552 355 24 666 13 288 37 954 9 079 10 628 19 707 1 266 268 1 343 748 2 610 016 1,5% 0,8% 48,3% 65,0% 46,1%
1968 1 302 056 1 387 156 2 689 212 26 956 12 860 39 816 9 824 11 572 21 396 1 338 836 1 411 588 2 750 424 1,4% 0,8% 48,4% 67,7% 45,9%
1975 1 368 580 1 451 420 2 820 000 39 735 20 880 60 615 10 800 12 820 23 620 1 419 115 1 485 120 2 904 235 2,1% 0,8% 48,5% 65,6% 45,7%
1982 1 411 908 1 491 620 2 903 528 46 704 31 448 78 152 11 492 13 972 25 464 1 470 104 1 537 040 3 007 144 2,6% 0,8% 48,6% 59,8% 45,1%
1990 1 466 559 1 551 333 3 017 892 44 236 34 043 78 279 15 561 18 136 33 697 1 526 356 1 603 512 3 129 868 2,5% 1,1% 48,6% 56,5% 46,2%
1999 1 496 576 1 588 916 3 085 492 37 726 31 161 68 887 23 716 24 780 48 496 1 558 018 1 644 857 3 202 875 2,2% 1,5% 48,5% 54,8% 48,9%
sources: Recensements de population
Himéminor 2007 page 208
EVOLUTION DES TAUX DE MASCULINITE (= % hommes / pop.totale de référence)
source : Recensements de population
CALVADOS EURE MANCHE ORNE SEINE-MARITIME
taux de masculinité taux de masculinité taux de masculinité taux de masculinité taux de masculinité
Français
Français de Français de Français de de Français de
naissance étrangers naturalisés naissance étrangers naturalisés naissance étrangers naturalisés naissance étrangers naturalisés naissance étrangers naturalisés
1851
1876 47,8% 55,1% 54,9% 49,6% 55,7% 53,0% 48,5% 49,0% 47,6% 48,3% 50,1% 54,1% 49,0% 51,6% 50,6%
1896 47,5% 51,9% 47,8% 49,9% 54,9% 47,9% 48,9% 45,0% 88,9% 48,5% 46,5% 53,6% 48,3% 49,4% 50,5%
1911 47,8% 52,3% 41,4% 49,5% 57,8% 42,7% 48,8% 49,9% 51,6% 48,5% 62,1% 42,3% 48,0% 57,1% 45,1%
1921 45,8% 62,0% 26,8% 47,7% 56,7% 30,3% 46,1% 62,7% 35,8% 46,6% 57,6% 28,9% 46,8% 63,5% 31,8%
1926 46,5% 64,1% 31,0% 48,1% 60,4% 31,7% 46,5% 67,4% 33,5% 47,0% 65,4% 30,8% 47,0% 65,4% 30,8%
1931 46,8% 65,9% 39,6% 48,1% 64,0% 40,8% 46,8% 75,0% 39,0% 47,2% 65,4% 43,6% 47,7% 72,2% 39,8%
1936 46,5% 59,7% 47,7% 48,3% 59,4% 41,3% 46,6% 59,7% 42,4% 47,4% 63,4% 47,7% 47,2% 67,3% 40,3%

1946 47,5% 62,5% 51,1% 47,9% 59,2% 42,7% 47,5% 72,7% 51,3% 47,2% 60,3% 47,6% 47,3% 63,9% 42,8%
1954 47,7% 62,1% 48,0% 48,6% 60,5% 46,7% 47,3% 66,3% 50,1% 47,5% 61,2% 47,5% 47,6% 64,9% 45,2%
1962 48,2% 63,1% 46,1% 49,0% 60,4% 47,3% 48,0% 71,6% 49,9% 48,2% 63,5% 50,0% 48,3% 69,4% 43,7%
1968 48,2% 63,2% 46,5% 49,0% 67,1% 44,7% 48,1% 68,0% 49,0% 48,2% 64,7% 50,1% 48,5% 70,0% 45,0%
1975 48,5% 63,6% 45,4% 49,0% 65,7% 44,4% 48,2% 67,5% 44,1% 48,3% 61,3% 51,1% 48,5% 66,8% 45,8%
1982 48,3% 57,7% 45,0% 49,1% 57,9% 45,6% 48,7% 66,5% 45,4% 49,1% 55,5% 44,7% 48,5% 61,1% 45,0%
1990 48,2% 56,5% 44,8% 49,4% 56,1% 45,9% 49,0% 54,1% 44,5% 48,8% 53,4% 46,8% 48,3% 57,5% 47,1%
1999 48,2% 53,3% 47,9% 49,1% 54,5% 47,5% 49,0% 52,8% 47,1% 48,9% 53,3% 48,8% 48,1% 55,9% 50,3%

NORMANDIE
taux de masculinité
Français de
naissance étrangers naturalisés
1851
1876 48,7% 52,5% 51,0%
1896 48,5% 50,4% 51,8%
1911 48,4% 56,5% 45,1%
1921 46,6% 61,5% 31,0%
1926 47,0% 64,2% 31,3%
1931 47,4% 68,6% 40,2%
1936 47,1% 62,6% 42,7%
1946 47,4% 62,5% 46,1%
1954 47,7% 62,8% 46,8%
1962 48,3% 65,0% 46,1%
Himéminor 2007 page 209

1968 48,4% 67,7% 45,9%


1975 48,5% 65,6% 45,7%
1982 48,6% 59,8% 45,1%
1990 48,6% 56,5% 46,2%
1999 48,5% 54,8% 48,9%
NORMANDIE
TOTAL belges italiens espagnols portugais polonais algériens maroc tunisiens turcs
1936 40942 10905 6130 2567 9117
1946 39745 10416 5117 5708 992 9894
1954 32473 7029 5573 5614 1180 5766
1962 37954 4571 5372 5429 1527 3853 5297
1968 39816 2468 4852 5956 6728 2856 6660 1028 600
1975 60615 0 4135 4630 16225 12245 4845 2165
1982 78152 0 3408 3118 16744 15808 10868 2980
1990 78162 0 2556 2056 12137 12881 13721 3268 7608
1999 68887 0 2047 1752 9500 10331 11624 2155 6805

France

TOTAL belges italiens espagnols portugais polonais algériens maroc tunisiens turcs
1936 2 198 236 195 447 720 926 253 599 28 290 422 694 30 564
1946 1 743 619 153 299 450 764 302 201 22 261 423 470 22 144 16 458 1 916 7 770
1954 1 765 298 106 828 507 602 288 923 20 085 269 269 211 675 10 734 4 800 5 273
1962 2 169 665 79 069 628 956 441 658 50 010 177 181 350 484 33 320 26 569 np
1968 2 621 088 65 224 571 684 607 184 296 448 131 668 473 812 84 236 61 028 7 628
1975 3 442 415 55 945 462 940 497 480 758 925 93 655 710 690 260 025 139 735 50 860
1982 3 714 200 52 636 340 308 327 156 767 304 64 804 805 116 441 308 190 800 122 260
1990 3 596 602 56 129 252 759 216 047 649 714 47 127 614 207 572 652 206 336 197 712
1999 3 258 539 66 927 200 632 160 194 555 383 33 925 475 216 506 305 153 574 205 589
source: INSEE recensements de population
Himéminor 2007 page 210
Himéminor 2007 page 211

Population active et taux d’activité par sexe pour les étrangers et la population
totale – 1911-1936

Tableaux : départements, région

Statuts sociaux des étrangers et de la population totale par sexe –1911-1936

Tableaux : départements, région


Calvados taux d'activité comparés
population active population totale taux d'activité
nb femmes /
Total dont Etrangers Total dont Etrangers Total Etrangers 100 actifs
H F T H F T H F T H F T H F T H F T TOT ETR
1911 119808 109113 228921 427 216 643 188052 205516 393568 581 529 1110 63,7% 53,1% 58,2% 73,5% 40,8% 57,9% 48 34
1921 121647 96459 218106 3114 859 3973 173511 203809 377320 4091 2512 6603 70,1% 47,3% 57,8% 76,1% 34,2% 60,2% 44 22
1926 125574 86445 212019 5315 1331 6646 181480 205322 386802 6671 3734 10405 69,2% 42,1% 54,8% 79,7% 35,6% 63,9% 41 20
1931 126092 84037 210129 7442 1901 9343 188864 209010 397874 9051 4678 13729 66,8% 40,2% 52,8% 82,2% 40,6% 68,1% 40 20
1936 119664 80140 199804 5185 1520 6705 187158 211744 398902 6865 4634 11499 63,9% 37,8% 50,1% 75,5% 32,8% 58,3% 40 23

sources : recensements de population


Himéminor 2007 page 212
Eure taux d'activité comparés
population active population totale taux d'activité
nb femmes /
Total dont Etrangers Total dont Etrangers Total Etrangers 100 actifs
H F T H F T H F T H F T H F T H F T TOT ETR
1911 102971 68233 171204 833 343 1176 157940 160869 318809 1085 791 1876 65,2% 42,4% 53,7% 76,8% 43,4% 62,7% 40 29
1921 100244 71156 171400 3060 1196 4256 143446 156205 299651 4080 3113 7193 69,9% 45,6% 57,2% 75,0% 38,4% 59,2% 42 28
1926 101707 64210 165917 4675 1766 6441 167893 156845 324738 5984 3924 9908 60,6% 40,9% 51,1% 78,1% 45,0% 65,0% 39 27
1931 97970 61333 159303 5627 1178 6805 147038 154863 301901 7135 4015 11150 66,6% 39,6% 52,8% 78,9% 29,3% 61,0% 39 17
1936 92277 57052 149329 4381 1861 6242 145258 153666 298924 5645 3854 9499 63,5% 37,1% 50,0% 77,6% 48,3% 65,7% 38 30
sources : recensements de population

Manche taux d'activité comparés


population active population totale taux d'activité
nb femmes /
Total dont Etrangers Total dont Etrangers Total Etrangers 100 actifs
H F T H F T H F T H F T H F T H F T TOT ETR
1911 137104 102186 239290 254 138 392 231451 242681 474132 384 389 773 59,2% 42,1% 50,5% 66,1% 35,5% 50,7% 43 35
1921 136368 113321 249689 1162 274 1436 195144 227709 422853 1506 896 2402 69,9% 49,8% 59,0% 77,2% 30,6% 59,8% 45 19
1926 136516 103998 240514 1813 380 2193 199479 227760 427239 2536 1229 3765 68,4% 45,7% 56,3% 71,5% 30,9% 58,2% 43 17
1931 133811 99879 233690 2401 312 2713 202733 228141 430874 2795 931 3726 66,0% 43,8% 54,2% 85,9% 33,5% 72,8% 43 12
1936 128577 94398 222975 1436 448 1884 201289 229687 430976 1487 1003 2490 63,9% 41,1% 51,7% 96,6% 44,7% 75,7% 42 24

sources : recensements de population


Himéminor 2007 page 213
Orne taux d'activité comparés
population active population totale taux d'activité
nb femmes /
Total dont Etrangers Total dont Etrangers Total Etrangers 100 actifs
H F T H F T H F T H F T H F T H F T TOT ETR
1911 97768 72491 170259 377 130 507 147678 156474 304152 441 269 710 66,2% 46,3% 56,0% 85,5% 48,3% 71,4% 43 26
1921 83960 78281 162241 958 412 1370 127153 145536 272689 1269 935 2204 66,0% 53,8% 59,5% 75,5% 44,1% 62,2% 48 30
1926 91698 70526 162224 2189 598 2787 129867 145017 274884 2629 1393 4022 70,6% 48,6% 59,0% 83,3% 42,9% 69,3% 43 21
1931 86245 65455 151700 2119 575 2694 128941 142526 271467 2650 1400 4050 66,9% 45,9% 55,9% 80,0% 41,1% 66,5% 43 21
1936 81317 62295 143612 1545 533 2078 126881 140040 266921 1913 1104 3017 64,1% 44,5% 53,8% 80,8% 48,3% 68,9% 43 26

sources : recensements de population

Seine-Inférieure taux d'activité comparés


population active population totale taux d'activité
nb femmes /
Total dont Etrangers Total dont Etrangers Total Etrangers 100 actifs
H F T H F T H F T H F T H F T H F T TOT ETR
1911 278552 180632 459184 2459 1115 3574 414872 448221 863093 3760 2828 6588 67,1% 40,3% 53,2% 65,4% 39,4% 54,3% 39 31
1921 285610 191562 477172 9641 2314 11955 410558 460485 871043 11763 6755 18518 69,6% 41,6% 54,8% 82,0% 34,3% 64,6% 40 19
1926 286314 171067 457381 9927 2171 12098 413535 459417 872952 12184 6457 18641 69,2% 37,2% 52,4% 81,5% 33,6% 64,9% 37 18
1931 289129 165069 454198 13240 1976 15216 426812 456909 883721 15749 6077 21826 67,7% 36,1% 51,4% 84,1% 32,5% 69,7% 36 13
1936 276488 153093 429581 7968 1581 9549 429586 474077 903663 9722 4715 14437 64,4% 32,3% 47,5% 82,0% 33,5% 66,1% 36 17

sources : recensements de population


Himéminor 2007 page 214
Normandie taux d'activité comparés
population active population totale taux d'activité
nb femmes
Total dont Etrangers Total dont Etrangers Total Etrangers / 100 actifs
H F T H F T H F T H F T H F T H F T TOT ETR
1911 736203 532655 1268858 4350 1942 6292 1139993 1213761 2353754 6251 4806 11057 64,6% 43,9% 53,9% 69,6% 40,4% 56,9% 42 31
1921 727829 550779 1278608 17935 5055 22990 1049812 1193744 2243556 22709 14211 36920 69,3% 46,1% 57,0% 79,0% 35,6% 62,3% 43 22
1926 741809 496246 1238055 23919 6246 30165 1092254 1194361 2286615 30004 16737 46741 67,9% 41,5% 54,1% 79,7% 37,3% 64,5% 40 21
1931 733247 475773 1209020 30829 5942 36771 1094388 1191449 2285837 37380 17101 54481 67,0% 39,9% 52,9% 82,5% 34,7% 67,5% 39 16
1936 698323 446978 1145301 20515 5943 26458 1090172 1209214 2299386 25632 15310 40942 64,1% 37,0% 49,8% 80,0% 38,8% 64,6% 39 22

sources : recensements de population


Himéminor 2007 page 215
STATUTS SOCIAUX DES ETRANGERS ET DE LA POPULATION TOTALE EN 1911

CALVADOS Etrangers POPULATION TOTALE


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
patrons ensemble 124 35 159 40435 45219 86654
dont patrons de l'agriculture 19 4 23 22815 22208 45023
patrons de l'industrie 54 13 67 10274 11161 21435
patrons du commerce 38 12 50 6372 10777 17149
professions libérales 13 7 20 974 1074 2048
employés et ouvriers ensemble 303 180 483 79373 63893 143266
dont agriculture+ 29 6 35 37201 18765 55966
industrie 211 17 228 32063 14634 46697
commerce 55 95 150 4421 7915 12336
domestiques 8 62 70 5688 22579 28267
total 427 216 643 119808 109113 228921
Etrangers POPULATION TOTALE
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
patrons
dont ensemble 29 16 25 34 41 38
patrons de l'agriculture 4 2 4 19 20 20
patrons de l'industrie 13 6 10 9 10 9
patrons du commerce 9 6 8 5 10 7
professions libérales 3 3 3 1 1 1
employés et ouvriers ensemble 71 83 75 66 59 63
dont agriculture+ 7 3 5 31 17 24
industrie 49 8 35 27 13 20
commerce 13 44 23 4 7 5
domestiques 2 29 11 5 21 12
total 100 100 100 100 100 100
Himéminor 2007 page 216

source : recensement de la population de 1911


STATUTS SOCIAUX DES ETRANGERS ET DE LA POPULATION TOTALE EN 1911

EURE Etrangers POPULATION TOTALE


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
patrons ensemble 167 66 233 31243 26818 58061
dont patrons de l'agriculture 57 28 85 16929 15257 32186
patrons de l'industrie 58 17 75 8494 6733 15227
patrons du commerce 42 17 59 5105 4701 9806
professions libérales 10 4 14 715 127 842
employés et ouvriers ensemble 666 277 943 71395 41052 112447
dont agriculture+ 325 81 406 33332 13974 47306
industrie 209 60 269 30914 16420 47334
commerce 65 59 124 2991 2023 5014
domestiques 7 77 84 4158 8635 12793
total 773 343 1116 102638 67870 170508
EURE Etrangers POPULATION TOTALE
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
patrons
dont ensemble 22 19 21 30 40 34
patrons de l'agriculture 7 8 8 16 22 19
patrons de l'industrie 8 5 7 8 10 9
patrons du commerce 5 5 5 5 7 6
professions libérales 1 1 1 1 0 0
employés et ouvriers ensemble 86 81 84 70 60 66
dont agriculture+ 42 24 36 32 21 28
industrie 27 17 24 30 24 28
commerce 8 17 11 3 3 3
domestiques 1 22 8 4 13 8
Himéminor 2007 page 217

total 100 100 100 100 100 100


source : recensement de la population de 1911
STATUTS SOCIAUX DES ETRANGERS ET DE LA POPULATION TOTALE EN 1911

MANCHE Etrangers POPULATION TOTALE


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
patrons ensemble 73 33 106 60019 59978 119997
dont patrons de l'agriculture 9 7 16 41988 42532 84520
patrons de l'industrie 28 8 36 11896 10728 22624
patrons du commerce 31 13 44 5260 6610 11870
professions libérales 5 5 10 845 108 953
employés et ouvriers ensemble 181 105 286 77085 42208 119293
dont agriculture+ 14 1 15 43010 18748 61758
industrie 155 9 164 26563 9495 36508
commerce 44 53 97 3400 2406 5806
domestiques 1 42 43 4145 11559 15704
total 254 138 392 137104 102186 239290
Etrangers POPULATION TOTALE
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
patrons
dont ensemble 29 24 27 44 59 50
patrons de l'agriculture 4 5 4 31 42 35
patrons de l'industrie 11 6 9 9 10 9
patrons du commerce 12 9 11 4 6 5
professions libérales 2 4 3 1 0 0
employés et ouvriers ensemble 71 76 73 56 41 50
dont agriculture+ 6 1 4 31 18 26
industrie 61 7 42 19 9 15
commerce 17 38 25 2 2 2
domestiques 0 30 11 3 11 7
Himéminor 2007 page 218

total 100 100 100 100 100 100


source : recensement de la population de 1911
STATUTS SOCIAUX DES ETRANGERS ET DE LA POPULATION TOTALE EN 1911

ORNE Etrangers POPULATION TOTALE


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
patrons ensemble 59 22 81 41319 37650 78969
dont patrons de l'agriculture 15 9 24 27085 25284 52369
patrons de l'industrie 22 6 28 9283 8241 17524
patrons du commerce 8 7 15 4299 4069 8368
professions libérales 4 0 4 642 56 698
employés et ouvriers ensemble 318 108 426 56449 34841 91290
dont agriculture+ 26 6 32 28604 13996 42600
industrie 271 9 280 21938 11618 32556
commerce 20 63 83 2473 1475 3948
domestiques 1 30 31 3434 7752 11186
total 377 130 507 97768 72491 170256
Etrangers POPULATION TOTALE
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
patrons
dont ensemble 16 17 16 42 52 46
patrons de l'agriculture 4 7 5 28 35 31
patrons de l'industrie 6 5 6 9 11 10
patrons du commerce 2 5 3 4 6 5
professions libérales 1 0 1 1 0 0
employés et ouvriers ensemble 84 83 84 58 48 54
dont agriculture+ 7 5 6 29 19 25
industrie 72 7 55 22 16 19
commerce 5 48 16 3 2 2
domestiques 0 23 6 4 11 7
total 100 100 100 100 100 100
Himéminor 2007 page 219

source : recensement de la population de 1911


STATUTS SOCIAUX DES ETRANGERS ET DE LA POPULATION TOTALE EN 1911

SEINE INFERIEURE Etrangers POPULATION TOTALE


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
patrons ensemble 720 246 966 54551 50121 104672
dont patrons de l'agriculture 48 22 70 21261 18753 40014
patrons de l'industrie 249 81 330 16294 17239 33533
patrons du commerce 334 99 433 14884 13665 28549
professions libérales 89 44 133 2112 464 2576
employés et ouvriers ensemble 1739 869 2608 224001 130431 354432
dont agriculture+ 133 28 161 45134 45162 90296
industrie 949 189 1138 153073 58823 211896
commerce 619 263 882 18198 18461 36659
domestiques 38 389 427 7596 7985 15581
total 2459 1115 3574 278610 180552 459184
Etrangers POPULATION TOTALE
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
patrons
dont ensemble 29 22 27 20 28 23
patrons de l'agriculture 2 2 2 8 10 9
patrons de l'industrie 10 7 9 6 10 7
patrons du commerce 14 9 12 5 8 6
professions libérales 4 4 4 1 0 1
employés et ouvriers ensemble 71 78 73 80 72 77
dont agriculture+ 5 3 5 16 25 20
industrie 39 17 32 55 33 46
commerce 25 24 25 7 10 8
domestiques 2 35 12 3 4 3
Himéminor 2007 page 220

total 100 100 100 100 100 100


source : recensement de la population de 1911
STATUTS SOCIAUX DES ETRANGERS ET DE LA POPULATION TOTALE EN 1911

NORMANDIE Etrangers POPULATION TOTALE


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
patrons ensemble 1143 402 1545 227567 219786 448353
dont patrons de l'agriculture 148 70 218 130078 124034 254112
patrons de l'industrie 411 125 536 56241 54102 110343
patrons du commerce 453 148 601 35920 39822 75742
professions libérales 121 60 181 5288 1829 7117
employés et ouvriers ensemble 3207 1539 4746 508303 312425 820728
dont agriculture+ 527 122 649 187281 110645 297926
industrie 1795 284 2079 264551 110990 374991
commerce 803 533 1336 31483 32280 63763
domestiques 55 600 655 25021 58510 83531
total 4290 1942 6232 735928 532212 1268159
Etrangers POPULATION TOTALE
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
patrons
dont ensemble 27 21 25 31 41 35
patrons de l'agriculture 3 4 3 18 23 20
patrons de l'industrie 10 6 9 8 10 9
patrons du commerce 11 8 10 5 7 6
professions libérales 3 3 3 1 0 1
employés et ouvriers ensemble 75 79 76 69 59 65
dont agriculture+ 12 6 10 25 21 23
industrie 42 15 33 36 21 30
commerce 19 27 21 4 6 5
domestiques 1 31 11 3 11 7
total 100 100 100 100 100 100
Himéminor 2007 page 221

source : recensement de la population de 1911


STATUTS SOCIAUX DES ETRANGERS ET DE LA POPULATION TOTALE - 1921-1936

CALVADOS Etrangers population totale Etrangers population totale

Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
chefs d'établissement 373 207 580 29632 26497 56129 12 24 15 24 27 26
1921 employés 159 118 277 13207 8970 22177 5 14 7 11 9 10
ouvriers 2258 380 2638 58115 32163 90278 73 44 66 48 33 41
sans emploi 65 12 77 1714 1112 2826 2 1 2 1 1 1
travailleurs isolés 259 142 401 18979 27717 46696 8 17 10 16 29 21
total 3114 859 3973 121647 96459 218106 100 100 100 100 100 100
Etrangers population totale Etrangers population totale
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1926 chefs d'établissement 466 275 741 30180 26051 56231 9 21 11 24 27 51
employés 250 113 363 13356 9571 22927 5 8 5 11 10 21
ouvriers 4290 805 5095 61585 28847 90432 81 60 77 49 30 82
sans emploi 67 11 78 1193 611 1804 1 1 1 1 1 2
travailleurs isolés 252 127 379 19260 31365 50625 5 10 6 15 33 46
total 5325 1331 6656 125574 96445 109919 100 100 100 100 100 100
Etrangers population totale Etrangers population totale
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1931 chefs d'établissement 575 284 859 30465 26318 56783 8 20 10 24 31 27
employés 314 171 485 13493 11163 24656 4 12 5 11 13 12
ouvriers 6076 815 6891 61333 26212 87545 82 58 78 49 31 42
sans emploi 105 11 116 2037 918 2955 1 1 1 2 1 1
travailleurs isolés 371 120 491 18764 19426 38190 5 9 6 15 23 18
total 7442 1401 8843 126092 84037 210129 100 100 100 100 100 100

Etrangers population totale Etrangers population totale


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1936 chefs d'établissement 629 886 915 28740 25460 54200 12 58 14 24 32 27
employés 205 143 348 12752 10786 23538 4 9 5 11 13 12
ouvriers 3739 960 4699 51194 24624 75818 73 63 70 43 31 38
sans emploi 201 21 222 4853 1681 6534 4 1 3 4 2 3
Himéminor 2007 page 222

travailleurs isolés 411 110 521 18885 17589 36474 8 7 8 16 22 18


total 5125 1520 6705 119364 80140 199504 100 100 100 100 100 100
source : recensements de population
STATUTS SOCIAUX DES ETRANGERS ET DE LA POPULATION TOTALE - 1921-1936

EURE Etrangers population totale Etrangers population totale

Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
chefs d'établissement 505 310 815 22246 18449 40695 17 26 19 22 26 24
1921 employés 125 66 191 8752 5216 13968 4 6 4 9 7 8
ouvriers 2064 654 2718 50835 26128 76963 67 55 64 51 37 45
sans emploi 43 15 58 1169 860 2029 1 1 1 1 1 1
travailleurs isolés 323 151 474 17242 20503 37745 11 13 11 17 29 22
total 3060 1196 4256 100244 71156 171400 100 100 100 100 100 100

Etrangers population totale Etrangers population totale


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1926 chefs d'établissement 716 521 1237 22366 27893 50259 15 29 19 22 38 29
employés 167 74 241 9246 5433 14679 4 4 4 9 7 8
ouvriers 3485 1043 4528 51790 24506 76296 75 59 70 51 33 43
sans emploi 20 18 38 735 431 1166 0 1 1 1 1 1
travailleurs isolés 287 116 403 17570 15947 33517 6 7 6 17 21 19
total 4675 1772 6447 101707 74210 175917 100 100 100 100 100 100

Etrangers population totale Etrangers population totale


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1931 chefs d'établissement 903 555 1458 33319 17895 51214 16 31 20 34 29 32
employés 230 58 288 9479 5881 15360 4 3 4 10 10 10
ouvriers 4121 1053 5174 48788 22712 71500 73 59 70 50 37 45
sans emploi 51 10 61 1380 736 2116 1 1 1 1 1 1
travailleurs isolés 322 102 424 16104 14109 30213 6 6 6 16 23 19
total 5627 1778 7405 97970 61333 159303 100 100 100 100 100 100

Etrangers population totale Etrangers population totale


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1936 chefs d'établissement 957 663 1620 20827 17312 38139 22 36 26 23 30 26
employés 168 71 239 8986 5874 14860 4 4 4 10 10 10
ouvriers 2747 991 3738 43032 20180 63212 63 53 60 47 35 42
Himéminor 2007 page 223

sans emploi 101 25 126 2727 1212 3939 2 1 2 3 2 3


travailleurs isolés 408 111 519 16705 12534 29239 9 6 8 18 22 20
total 4381 1861 6242 92277 57052 149239 100 100 100 100 100 100
source : recensements de population
STATUTS SOCIAUX DES ETRANGERS ET DE LA POPULATION TOTALE - 1921-1936

MANCHE Etrangers Ensemble Etrangers population totale

Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
chefs d'établissement 132 49 181 44339 44425 88764 11 18 13 33 39 36
1921 employés 312 59 371 15952 8136 24088 27 22 26 12 7 10
ouvriers 555 106 661 54922 33506 88428 48 39 46 40 30 35
sans emploi 11 3 14 651 311 962 1 1 1 0 0 0
travailleurs isolés 152 57 209 20504 26943 47447 13 21 15 15 24 19
total 1162 274 1436 136368 113321 249689 100 100 100 100 100 100

Etrangers population totale Etrangers population totale


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1926 chefs d'établissement 280 218 498 45338 43526 88864 13 12 12 39 42 40
employés 354 297 651 14699 8077 22776 16 16 16 13 8 10
ouvriers 1342 1137 2479 35201 29448 64649 61 63 62 30 28 29
sans emploi 9 7 16 678 316 994 0 0 0 1 0 0
travailleurs isolés 208 154 362 20600 22621 43221 9 8 9 18 22 20
total 2193 1813 4006 116516 103988 220504 100 100 100 100 100 100

Etrangers population totale Etrangers population totale


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1931 chefs d'établissement 280 40 320 46384 44559 90943 12 13 12 35 45 39
employés 230 77 307 16646 8817 25463 10 25 11 12 9 11
ouvriers 1695 155 1850 53212 25442 78654 71 50 68 40 25 34
sans emploi 17 8 25 900 434 1334 1 3 1 1 0 1
travailleurs isolés 179 32 211 18669 20627 39296 7 10 8 14 21 17
total 2401 312 2713 133811 99879 233690 100 100 100 100 100 100

Etrangers population totale Etrangers population totale


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1936 chefs d'établissement 218 30 254 43852 42683 86535 15 7 14 34 45 39
employés 131 85 216 15152 8573 23725 9 19 12 12 9 11
ouvriers 799 287 1086 47818 22632 70450 56 64 60 37 24 32
Himéminor 2007 page 224

sans emploi 52 1 53 1972 585 2557 4 0 3 2 1 1


travailleurs isolés 236 40 276 19783 20005 39788 16 9 15 15 21 18
total 1436 449 1805 128577 94308 222885 100 100 100 100 100 100
source : recensements de population
STATUTS SOCIAUX DES ETRANGERS ET DE LA POPULATION TOTALE - 1921-1936

ORNE Etrangers Ensemble Etrangers population totale

Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
chefs d'établissement 202 117 319 22492 27398 49890 21 28 23 27 35 31
1921 employés 57 55 112 7991 5167 13158 6 13 8 10 7 8
ouvriers 621 180 801 38460 26389 64849 65 44 58 46 34 40
sans emploi 9 3 12 579 428 1007 1 1 1 1 1 1
travailleurs isolés 69 57 122 14438 18899 33337 7 14 9 17 24 21
total 958 412 1370 83960 78281 162241 100 100 100 100 100 100

Etrangers Ensemble Etrangers population totale


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1926 chefs d'établissement 492 302 794 29195 26175 55370 18 14 16 32 37 34
employés 97 44 141 7267 5262 12529 3 2 3 8 7 8
ouvriers 2011 1698 3709 39590 23343 62933 72 78 75 43 33 39
sans emploi 8 8 16 496 273 769 0 0 0 1 0 0
travailleurs isolés 179 137 316 14530 15473 30003 6 6 6 16 22 19
total 2787 2189 4976 91078 70526 161604 100 100 100 100 100 100

Etrangers Ensemble Etrangers population totale


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1931 chefs d'établissement 369 206 575 28376 85731 114107 17 36 21 33 131 75
employés 36 66 102 6936 5332 12268 2 11 4 8 8 8
ouvriers 1530 260 1790 35043 19439 54482 72 45 66 41 30 36
sans emploi 12 2 14 696 332 1028 1 0 1 1 1 1
travailleurs isolés 172 41 213 14842 14441 29283 8 7 8 17 22 19
total 2119 575 2694 86243 65445 151688 100 100 100 100 100 100

Etrangers Ensemble Etrangers population totale


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1936 chefs d'établissement 349 215 564 27669 25742 53411 23 26 27 34 41 37
employés 39 64 103 6812 5735 12547 3 8 5 8 9 9
ouvriers 955 222 1177 32161 17905 50066 62 27 57 40 29 35
Himéminor 2007 page 225

sans emploi 36 2 38 1473 624 2097 2 0 2 2 1 1


travailleurs isolés 106 30 196 19302 12399 31701 7 4 9 24 20 22
total 1545 833 2078 81317 62295 143612 100 100 100 100 100 100
source : recensements de population
STATUTS SOCIAUX DES ETRANGERS ET DE LA POPULATION TOTALE - 1921-1936

SEINE-INF Etrangers population totale Etrangers population totale

Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
chefs d'établissement 1102 434 1536 41830 32090 73920 11 19 13 15 17 15
1921 employés 1104 298 1402 45639 24234 69873 11 13 12 16 13 15
ouvriers 6000 1094 7094 154564 82718 237282 62 47 59 54 43 50
sans emploi 575 99 674 12279 7226 19505 6 4 6 4 4 4
travailleurs isolés 860 389 1249 31298 45294 76592 9 17 10 11 24 16
total 9641 2314 11955 285610 191562 477172 100 100 100 100 100 100
Etrangers population totale Etrangers population totale
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1926 chefs d'établissement 1017 350 1367 41125 29491 70616 10 16 11 14 17 15
employés 1124 274 1398 42359 24167 66526 11 13 12 15 14 15
ouvriers 6651 1208 7859 165504 80598 246102 67 56 65 58 47 54
sans emploi 187 27 214 5074 2950 8024 2 1 2 2 2 2
travailleurs isolés 948 301 1249 32252 33861 66113 10 14 10 11 20 14
total 9927 2160 12087 286314 171067 457381 100 100 100 100 100 100
Etrangers population totale Etrangers population totale
Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1931 chefs d'établissement 1189 355 1544 40970 29578 70548 9 18 10 14 18 16
employés 1054 232 1286 43815 27585 71400 8 12 8 15 17 16
ouvriers 9499 1133 10632 164153 75132 239285 72 57 70 57 46 53
sans emploi 416 49 465 7985 2740 10725 3 2 3 3 2 2
travailleurs isolés 1082 207 1289 32206 29034 61240 8 10 8 11 18 13
total 13240 1986 15226 289129 165069 454198 100 100 100 100 100 100

Etrangers population totale Etrangers population totale


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1936 chefs d'établissement 1210 354 1564 40867 30407 71274 15 22 16 15 20 17
employés 856 233 1089 43034 26372 69406 11 15 11 16 17 16
ouvriers 4388 771 5159 141842 60492 202334 55 49 54 51 40 47
Himéminor 2007 page 226

sans emploi 564 64 628 19190 8142 27332 7 4 7 7 5 6


travailleurs isolés 950 156 1106 31555 27680 59235 12 10 12 11 18 14
total 7968 1581 9549 276488 153093 429581 100 100 100 100 100 100
source : recensements de population
STATUTS SOCIAUX DES ETRANGERS ET DE LA POPULATION TOTALE - 1921-1936

NORMANDIE Etrangers population totale Etrangers population totale

Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
chefs d'établissement 2314 1117 3431 160539 148859 309398 13 22 15 22 27 24
1921 employés 1757 596 2353 91541 51723 143264 10 12 10 13 9 11
ouvriers 11498 2414 13912 356896 200904 557800 64 48 61 49 36 44
sans emploi 703 132 835 16392 9937 26329 4 3 4 2 2 2
travailleurs isolés 1663 796 2455 102461 139356 241817 9 16 11 14 25 19
total 17935 5055 22990 727829 550779 1278608 100 100 100 100 100 100

Etrangers population totale Etrangers population totale


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1926 chefs d'établissement 2971 1666 4637 168204 153136 321340 12 18 14 23 30 29
employés 1992 802 2794 86927 52510 139437 8 9 8 12 10 12
ouvriers 17779 5891 23670 353670 186742 540412 71 64 69 49 36 48
sans emploi 291 71 362 8176 4581 12757 1 1 1 1 1 1
travailleurs isolés 1874 835 2709 104212 119267 223479 8 9 8 14 23 20
total 24907 9265 34172 721189 516236 1125325 100 100 100 100 100 100

Etrangers population totale Etrangers population totale


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1931 chefs d'établissement 3316 1440 4756 179514 204081 383595 11 24 13 24 43 32
employés 1864 604 2468 90369 58778 149147 6 10 7 12 12 12
ouvriers 22921 3416 26337 362529 168937 531466 74 56 71 49 36 44
sans emploi 601 80 681 12998 5160 18158 2 1 2 2 1 2
travailleurs isolés 2126 502 2628 100585 97637 198222 7 8 7 14 21 16
total 30829 6052 36881 733245 475763 1209008 100 100 100 100 100 100

Etrangers population totale Etrangers population totale


Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total Hommes Femmes Total
1936 chefs d'établissement 3363 2148 4917 161955 141604 303559 16 34 19 23 32 27
employés 1399 596 1995 86736 57340 144076 7 10 8 12 13 13
Himéminor 2007 page 227

ouvriers 12628 3231 15859 316047 145833 461880 62 52 60 45 33 40


sans emploi 954 113 1067 30215 12244 42459 5 2 4 4 3 4
travailleurs isolés 2111 447 2618 106230 90207 196437 10 7 10 15 20 17
total 20455 6244 26379 698023 446888 1144821 100 100 100 100 100 100
source : recensements de population
Himéminor 2007 page 228

Population active : étrangers et population totale

Taux d’activité : étrangers et population totale


1946-1999

Tableaux : départements et régions

Population active selon l’activité économique – 1946-1999

Population active selon la catégorie socio- professionnelle – 1946-1999

Tableaux : départements, régions


LES ACTIFS ETRANGERS AU SEIN DE LA POPULATION ACTIVE TOTALE -1946-1999
Français y compris naturalisés Etrangers TOTAL
H F T H F T H F T
CALVADOS
1946 120453 79362 199815 5950 1447 7397 126403 80809 207212
1954 (*) 116960 64241 186146 5762 4945 5762 122722 69186 191908
1962 119061 71333 190394 3154 638 3792 122215 71971 194186
1968 130796 80404 211200 2780 568 3348 133576 80972 214548
1975 139366 92559 231925 3659 695 4354 143025 93254 236279
1982 147671 112637 260308 2951 874 3825 150622 113511 264133
1990 145101 122723 267824 2904 1268 4172 148005 123991 271996
1999 152501 133459 285960 2750 1649 4399 155251 135108 290359

EURE
1946 93471 58517 151988 5264 2117 7381 98735 60634 159369
1954 (*) 89052 47591 136643 4190 1132 5322 93242 48723 141965
1962 92498 52022 144520 4756 893 5649 97254 52915 150169
1968 100720 56652 157372 4284 708 4992 105004 57360 162364
1975 107082 69474 176556 5824 1095 6919 112906 70569 183475
1982 118408 87427 205835 5181 1338 6519 123589 88765 212354
1990 126030 101781 227811 5656 2051 7707 131686 103832 235518
1999 135846 111891 247737 2787 2301 5088 138633 114192 252825
MANCHE
1946 133764 101402 235166 1884 302 2186 135648 101704 237352
1954 (*) 124972 85214 210186 1141 204 1345 126113 85418 211531
1962 116020 76750 192770 612 172 784 116632 76922 193554
1968 117952 76072 194024 448 136 584 118400 76208 194608
1975 112691 74623 187314 519 83 602 113210 74706 187916
Himéminor 2007 page 229

1982 118843 84822 203665 1528 203 1731 120371 85025 205396
1990 116665 89822 206487 1035 310 1345 117700 90132 207832
1999 114164 92531 206695 975 473 1448 115139 93004 208143
LES ACTIFS ETRANGERS AU SEIN DE LA POPULATION ACTIVE TOTALE -1946-1999
Français y compris naturalisés Etrangers TOTAL
H F T H F T H F T
ORNE
1946 83362 64659 148021 1872 629 2501 85234 65288 150522
1954 (*) 76343 51696 128039 1184 368 1552 77527 52064 129591
1962 73544 50985 124529 1026 359 1385 74570 51344 125914
1968 76256 52232 128488 1364 292 1656 77620 52524 130144
1975 74136 52937 127073 2298 517 2815 76434 53454 129888
1982 74196 58213 132409 1918 561 2479 76114 58774 134888
1990 68804 58246 127050 1849 764 2613 70653 59010 129663
1999 67787 57307 125094 1790 851 2641 69577 58158 127735

SEINE MARITIME
1946 257228 146246 403474 5864 1318 7182 263092 147564 410656
1954 (*) 259199 133673 392872 7610 833 8443 266809 134506 401315
1962 269148 144699 413847 7318 821 8139 276466 145520 421986
1968 289556 159684 449240 9948 988 10936 299504 160672 460176
1975 294168 181637 475805 14488 1802 16290 308656 183439 492095
1982 299221 212516 511737 13761 2649 16410 312982 215165 528147
1990 289573 234240 523813 11863 3709 15572 301436 237949 539385
1999 291471 246460 537931 10346 4721 15067 301817 251181 552998
Himéminor 2007 page 230
LES ACTIFS ETRANGERS AU SEIN DE LA POPULATION ACTIVE TOTALE -1946-1999
Français y compris naturalisés
EVOLUTION DES TAUXEtrangers
D'ACTIVITE -1946-1999 TOTAL
H F T H F T H F T
Français y compris naturalisés Etrangers TOTAL
NORMANDIE H F T H F T H F T
1946 688278 450186 1138464 20834 5813 26647 709112 455999 1165111
1954 (*)CALVADOS
667677 382783 1053886 18736 7114 22424 686413 389897 1076310
1962 1946 66% 40% 52% 83% 34% 65% 67% 40% 53%
670271 395789 1066060 16866 2883 19749 687137 398672 1085809
1954 (*) 57% 30% 43% 91% 25% 66% 58% 30% 43%
1968 715280 425044 1140324 18824 2692 21516 734104 427736 1161840
1962 52% 29% 40% 69% 24% 52% 52% 29% 40%
1975 727443 471230 1198673 26788 4192 30980 754231 475422 1229653
1968 53% 30% 41% 63% 22% 48% 53% 30% 42%
1982 758339 555615 1313954 25339 5625 30964 783678 561240 1344918
1975 52% 33% 42% 59% 20% 45% 52% 32% 42%
1990 746173 606812 1352985 23307 8102 31409 769480 614914 1384394
1982 53% 38% 45% 45% 18% 33% 53% 37% 45%
1999 761769 641648 1403417 18648 9995 28643 780417 651643 1432060
1990 50% 39% 44% 48% 27% 39% 50% 39% 44%
1999 50% 40% 45% 51% 35% 44% 50% 40% 45%
France
1946 11858252 7615784 19474036 809388 237042 1046430 12667640 7852826 20520466
EURE
1954 (*) 11514463 6383574 17898037 797850 151636 949486 12312313 6535210 18847523
1946 65% 37% 51% 79% 46% 66% 66% 38% 51%
1962 11659905 6498600 18158505 927079 165611 1092690 12586984 6664211 19251195
1954 (*) 57% 29% 42% 80% 33% 62% 57% 29% 43%
1968 12211956 6917684 19129640 1059576 208760 1268336 13271532 7126444 20397976
1962 54% 29% 41% 65% 19% 47% 54% 29% 41%
1975 12334684 7824925 20159609 1286030 298310 1584340 13620714 8123235 21743949
1968 55% 30% 42% 73% 25% 57% 55% 30% 42%
1982 12861028 9392301 22253329 1189164 376448 1565612 14050192 9768749 23818941
1975 53% 33% 43% 73% 26% 57% 54% 33% 43%
1990 12880239 10612085 23492324 1127437 492379 1619816 14007676 11104464 25112140
1982 54% 38% 46% 59% 21% 43% 54% 38% 46%
1999 13365311 11583337 24948648 997072 591716 1588788 14362383 12175053 26537436
1990 52% 41% 46% 55% 25% 42% 52% 40% 46%
1999 52% 42% 47% 59% 37% 49% 52% 42% 47%
(*) pour 1954, il s'agit de la population active ayant un emploi

1946 MANCHE
INSEE - RGP 1946 - population active- volume III-2 ème partie - p.31-32
1954 1946
INSEE -RGP66% 1954 - Tableaux 55%
45% A1 - population active
90% ayant39% un emploi76% 66% 45% 55%
1962 1954 (*) 59% 36%
Français, NC par acquisition 47% 87% 31% 68% 59% 36% 47%
1962
INSEE RGP 54%de 1962-résultat 43%
33% du dépouillement 55%
exhaustif -39% 50%
popul-mén-logts-Paris54%
1967 Imprimerie
33% Nationale43%-p.44
1968 1968 54% 33% 43% 54% 35% 48% 54% 33%
in INSEE- RGP 1975 - Nationalité-collection D n°83- sept.1981-p.67-68 -données 1968 = sondage au 1/4 43%
1975 1975 52% 32% 42% 62% 20% 48% 52% 32% 42%
1982 61% 53% 36%
Himéminor 2007 page 231

1982 INSEE
53% RGP 36% 1990 -logements
44% -population-emploi 16%-évolutions
46%1975-1982-1990 -exhaustif pour 44%
ces données
1990 1990 50% 37% 43% 49% 17% 34% 50% 37% 43%
1999 1999
INSEE RGP 49% 38%
1999 -exploitation 43%
complémentaire45% 25% 35% 49% 38% 43%
EVOLUTION DES TAUX D'ACTIVITE -1946-1999
Français y compris naturalisés Etrangers TOTAL
H F T H F T H F T
ORNE
1946 67% 46% 56% 82% 42% 66% 67% 46% 56%
1954 (*) 59% 36% 47% 75% 37% 60% 59% 36% 47%
1962 55% 35% 45% 61% 37% 52% 55% 35% 45%
1968 55% 35% 45% 71% 28% 56% 56% 35% 45%
1975 53% 35% 44% 67% 24% 50% 53% 35% 44%
1982 52% 39% 46% 50% 18% 36% 52% 39% 46%
1990 49% 40% 44% 50% 23% 37% 49% 39% 44%
1999 48% 39% 44% 52% 28% 41% 49% 39% 44%

SEINE MARITIME
1946 66% 34% 49% 88% 35% 69% 67% 34% 49%
1954 (*) 58% 27% 42% 112% 23% 80% 59% 27% 43%
1962 55% 27% 40% 74% 19% 57% 55% 27% 41%
1968 55% 28% 41% 71% 16% 55% 55% 28% 41%
1975 53% 31% 42% 68% 17% 51% 54% 31% 42%
1982 54% 36% 44% 55% 17% 40% 54% 35% 44%
1990 51% 38% 44% 54% 23% 41% 51% 38% 44%
Himéminor 2007 page 232

1999 50% 39% 45% 57% 33% 46% 50% 39% 45%
EVOLUTION DES TAUX D'ACTIVITE -1946-1999
NORMANDIE
1946 66% 39% 52% 84% 39% 67% 67% 39% 52%
1954 (*) 58% 31% 44% 94% 28% 69% 59% 31% 44%
1962 54% 30% 41% 68% 22% 52% 54% 30% 42%
1968 55% 30% 42% 70% 21% 54% 55% 30% 42%
1975 53% 32% 42% 67% 20% 51% 53% 32% 42%
1982 53% 37% 45% 54% 18% 40% 53% 37% 45%
1990 50% 39% 44% 53% 24% 40% 50% 38% 44%
1999 50% 40% 45% 55% 33% 45% 50% 40% 45%

France
1946 66% 38% 51% 81% 32% 60% 67% 37% 51%
1954 (*) 59% 30% 44% 73% 22% 54% 60% 29% 44%
1962 55% 28% 41% 69% 20% 50% 56% 28% 41%
1968 54% 28% 41% 67% 20% 48% 55% 28% 41%
1975 52% 31% 41% 62% 22% 46% 53% 30% 41%
1982 53% 36% 44% 56% 24% 42% 53% 35% 44%
1990 50% 39% 44% 57% 31% 45% 51% 38% 44%
1999 50% 41% 45% 58% 39% 49% 51% 40% 45%
(*) pour 1954, il s'agit de la population active ayant un emploi

1946 INSEE - RGP 1946 - population active- volume III-2 ème partie - p.31-32
1954 INSEE -RGP 1954 - Tableaux A1 - population active ayant un emploi
1962 Français, NC par acquisition
INSEE RGP de 1962-résultat du dépouillement exhaustif - popul-mén-logts-Paris 1967 Imprimerie Nationale -p.44

1968 in INSEE- RGP 1975 - Nationalité-collection D n°83- sept.1981-p.67-68 -données 1968 = sondage au 1/4
1975
Himéminor 2007 page 233

1982 INSEE RGP 1990 -logements -population-emploi -évolutions 1975-1982-1990 -exhaustif pour ces données
1990
1999 INSEE RGP 1999 -exploitation complémentaire
LES ETRANGERS ACTIFS PAR SEXE ET CATEGORIE PROFESSIONNELLE EN 1946

CALVADOS TOTAL hommes femmes TOTAL hommes femmes


TOTAL ACTIFS 7397 5950 1447 100,0 100,0 100,0
dont
1- Professions agricoles 1775 1056 719 24,0 17,7 49,7
12 patrons et cadres sup. 621 368 253 8,4 6,2 17,5
13 employés, ouvriers, cadres inf. 1154 688 466 15,6 11,6 32,2
2- professions non-agricoles 5622 4894 728 76,0 82,3 50,3
21 patrons et cadres supérieurs 524 439 85 7,1 7,4 5,9
211 -de l'industrie 235 215 20 3,2 3,6 1,4
212-du commerce 145 114 31 2,0 1,9 2,1
213-autres 144 110 34 1,9 1,8 2,3
22- employés, ouvriers et cadres inf. 5098 4455 643 68,9 74,9 44,4
221 -industries extractives-terrassement 819 818 1 11,1 13,7 0,1
222- industries de transformation et transports 3756 3504 252 50,8 58,9 17,4
223 - commerce 61 30 31 0,8 0,5 2,1
224- services, soins pers., santé 271 28 243 3,7 0,5 16,8
225- emplois administr. et prof. Intellectuelles 178 65 113 2,4 1,1 7,8
226-gardes et armées 13 10 3 0,2 0,2 0,2
EURE TOTAL hommes femmes TOTAL hommes femmes
TOTAL ACTIFS 7381 5264 2117 100,0 100,0 100,0
dont
1- Professions agricoles 4214 2733 1481 57,1 51,9 70,0
12 patrons et cadres sup. 1544 900 644 20,9 17,1 30,4
13 employés, ouvriers, cadres inf. 2670 1833 837 36,2 34,8 39,5
2- professions non-agricoles 3167 2531 636 42,9 48,1 30,0
21 patrons et cadres supérieurs 363 308 55 4,9 5,9 2,6
211 -de l'industrie 161 150 11 2,2 2,8 0,5
212-du commerce 96 79 17 1,3 1,5 0,8
213-autres 106 79 27 1,4 1,5 1,3
22- employés, ouvriers et cadres inf. 2804 2223 581 38,0 42,2 27,4
221 -industries extractives-terrassement 215 215 0 2,9 4,1 0,0
222- industries de transformation et transports 2221 1895 326 30,1 36,0 15,4
223 - commerce 47 32 15 0,6 0,6 0,7
Himéminor 2007 page 234

224- services, soins pers., santé 226 32 194 3,1 0,6 9,2
225- emplois administr. et prof. Intellectuelles 89 44 45 1,2 0,8 2,1
226-gardes et armées 6 5 1 0,1 0,1 0,0
LES ETRANGERS ACTIFS PAR SEXE ET CATEGORIE PROFESSIONNELLE EN 1946
MANCHE TOTAL hommes femmes TOTAL hommes femmes
TOTAL ACTIFS 2186 1884 302 100,0 100,0 100,0
dont
1- Professions agricoles 325 211 114 14,9 11,2 37,7
12 patrons et cadres sup. 59 43 16 2,7 2,3 5,3
13 employés, ouvriers, cadres inf. 266 168 98 12,2 8,9 32,5
2- professions non-agricoles 1861 1673 188 85,1 88,8 62,3
21 patrons et cadres supérieurs 286 255 31 13,1 13,5 10,3
211 -de l'industrie 142 138 4 6,5 7,3 1,3
212-du commerce 68 53 15 3,1 2,8 5,0
213-autres 76 64 12 3,5 3,4 4,0
22- employés, ouvriers et cadres inf. 1575 1418 157 72,0 75,3 52,0
221 -industries extractives-terrassement 247 246 1 11,3 13,1 0,3
222- industries de transformation et transports 1135 1099 36 51,9 58,3 11,9
223 - commerce 18 15 3 0,8 0,8 1,0
224- services, soins pers., santé 88 19 69 4,0 1,0 22,8
225- emplois administr. et prof. Intellectuelles 81 33 48 3,7 1,8 15,9
226-gardes et armées 6 6 0 0,3 0,3 0,0
ORNE TOTAL hommes femmes TOTAL hommes femmes
TOTAL ACTIFS 2501 1872 629 100,0 100,0 100,0
dont
1- Professions agricoles 934 594 340 37,3 31,7 54,1
12 patrons et cadres sup. 414 249 165 16,6 13,3 26,2
13 employés, ouvriers, cadres inf. 520 345 175 20,8 18,4 27,8
2- professions non-agricoles 1567 1278 289 62,7 68,3 45,9
21 patrons et cadres supérieurs 208 162 46 8,3 8,7 7,3
211 -de l'industrie 94 85 9 3,8 4,5 1,4
212-du commerce 42 30 12 1,7 1,6 1,9
213-autres 72 47 25 2,9 2,5 4,0
22- employés, ouvriers et cadres inf. 1359 1116 243 54,3 59,6 38,6
221 -industries extractives-terrassement 211 210 1 8,4 11,2 0,2
222- industries de transformation et transports 971 867 104 38,8 46,3 16,5
Himéminor 2007 page 235

223 - commerce 16 12 4 0,6 0,6 0,6


224- services, soins pers., santé 73 6 67 2,9 0,3 10,7
225- emplois administr. et prof. Intellectuelles 83 17 66 3,3 0,9 10,5
226-gardes et armées 5 4 1 0,2 0,2 0,2
LES ETRANGERS ACTIFS PAR SEXE ET CATEGORIE PROFESSIONNELLE EN 1946
SEINE INFERIEURE TOTAL hommes femmes TOTAL hommes femmes
TOTAL ACTIFS 7182 5864 1318 100,0 100,0 100,0
dont
1- Professions agricoles 1341 861 480 18,7 14,7 36,4
12 patrons et cadres sup. 541 329 212 7,5 5,6 16,1
13 employés, ouvriers, cadres inf. 800 532 268 11,1 9,1 20,3
2- professions non-agricoles 5841 5003 838 81,3 85,3 63,6
21 patrons et cadres supérieurs 1038 894 144 14,5 15,2 10,9
211 -de l'industrie 349 323 26 4,9 5,5 2,0
212-du commerce 388 319 69 5,4 5,4 5,2
213-autres 301 252 49 4,2 4,3 3,7
22- employés, ouvriers et cadres inf. 4803 4109 694 66,9 70,1 52,7
221 -industries extractives-terrassement 360 360 0 5,0 6,1 0,0
222- industries de transformation et transports 3670 3402 268 51,1 58,0 20,3
223 - commerce 118 73 45 1,6 1,2 3,4
224- services, soins pers., santé 308 59 249 4,3 1,0 18,9
225- emplois administr. et prof. Intellectuelles 297 165 132 4,1 2,8 10,0
226-gardes et armées 50 50 0 0,7 0,9 0,0

NORMANDIE TOTAL hommes femmes TOTAL hommes femmes


TOTAL ACTIFS 26647 20834 5813 100,0 100,0 100,0
dont
1- Professions agricoles 8589 5455 3134 32,2 26,2 53,9
12 patrons et cadres sup. 3179 1889 1290 11,9 9,1 22,2
13 employés, ouvriers, cadres inf. 5410 3566 1844 20,3 17,1 31,7
2- professions non-agricoles 18058 15379 2679 67,8 73,8 46,1
21 patrons et cadres supérieurs 2419 2058 361 9,1 9,9 6,2
211 -de l'industrie 981 911 70 3,7 4,4 1,2
212-du commerce 739 595 144 2,8 2,9 2,5
213-autres 699 552 147 2,6 2,6 2,5
22- employés, ouvriers et cadres inf. 15639 13321 2318 58,7 63,9 39,9
221 -industries extractives-terrassement 1852 1849 3 7,0 8,9 0,1
222- industries de transformation et transports 11753 10767 986 44,1 51,7 17,0
Himéminor 2007 page 236

223 - commerce 260 162 98 1,0 0,8 1,7


224- services, soins pers., santé 966 144 822 3,6 0,7 14,1
225- emplois administr. et prof. Intellectuelles 728 324 404 2,7 1,6 6,9
226-gardes et armées 80 75 5 0,3 0,4 0,1
LES ETRANGERS ACTIFS PAR SEXE ET CATEGORIE PROFESSIONNELLE EN 1946

France TOTAL hommes femmes TOTAL hommes femmes

TOTAL ACTIFS 1046430 809388 237042 100,0 100,0 100,0


dont
1- Professions agricoles 270738 181736 89002 25,9 22,5 37,5
12 patrons et cadres sup. 96208 58647 37561 9,2 7,2 15,8
13 employés, ouvriers, cadres inf. 174530 123089 51441 16,7 15,2 21,7
2- professions non-agricoles 775692 627652 148040 74,1 77,5 62,5
21 patrons et cadres supérieurs 119648 98827 20821 11,4 12,2 8,8
211 -de l'industrie 50711 45423 5288 4,8 5,6 2,2
212-du commerce 36767 28871 7896 3,5 3,6 3,3
213-autres 32170 24533 7637 3,1 3,0 3,2
22- employés, ouvriers et cadres inf. 656044 528825 127219 62,7 65,3 53,7
221 -industries extractives-terrassement 94904 93344 1560 9,1 11,5 0,7
222- industries de transformation et transports 417916 360566 57350 39,9 44,5 24,2
223 - commerce 12491 8878 3613 1,2 1,1 1,5
224- services, soins pers., santé 61468 13304 48164 5,9 1,6 20,3
225- emplois administr. et prof. Intellectuelles 30730 14251 16479 2,9 1,8 7,0
226-gardes et armées 38535 38482 53 3,7 4,8 0,0

source : INSEE RGP 1946 -volume III -deuxième partie-tableau I-D p.70
Himéminor 2007 page 237
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE -1954-
PAYE tableaux A1 Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T T H F T H F T étrangers TOTAL
1954-CALVADOS
0-1- pêche, agriculture, forêt 39833 27153 66986 738 306 1044 40571 27459 68030 1,8% 1,1% 1,5% 18,1 35,4
2 -industries extractives 2510 69 2579 523 2 525 3033 71 3104 17,2% 2,8% 16,9% 9,1 1,6
3 -bâtiment, travaux publics 20199 984 21183 1597 15 1612 21796 999 22795 7,3% 1,5% 7,1% 28,0 11,9
4-5 autres industries de transformat 21307 7017 28324 1173 146 1319 22480 7163 29643 5,2% 2,0% 4,4% 22,9 15,4
dont ind.prod.transf. des métaux 7756 669 8425 735 58 793 8491 727 9218 8,7% 8,0% 8,6% 13,8 4,8
6- transports et auxilliaires de transp 4946 568 5514 33 1 34 4979 569 5548 0,7% 0,2% 0,6% 0,6 2,9
7- commerce, banque, assur., spect 13767 11973 25740 304 104 408 14071 12077 26148 2,2% 0,9% 1,6% 7,1 13,6
dont commerce 12383 11219 23602 286 99 385 12669 11318 23987 2,3% 0,9% 1,6% 6,7 12,5
8 -services 4456 14186 18642 67 215 282 4523 14401 18924 1,5% 1,5% 1,5% 4,9 9,9
9- services publics admin., armée 8269 5424 13693 77 14 91 8346 5438 13784 0,9% 0,3% 0,7% 1,6 7,2
ND 2490 995 3485 433 14 447 2923 1009 3932 14,8% 1,4% 11,4% 7,8 2,0
Total 117777 68369 186146 4945 817 5762 122722 69186 191908 4,0% 1,2% 3,0% 100,0 100,0

1954-EURE
0-1- pêche, agriculture, forêt 30357 14556 44913 1925 660 2585 32282 15216 47498 6,0% 4,3% 5,4% 48,6 33,5
2 -industries extractives 396 12 408 20 0 20 416 12 428 4,8% 0,0% 4,7% 0,4 0,3
3 -bâtiment, travaux publics 11185 536 11721 696 3 699 11881 539 12420 5,9% 0,6% 5,6% 13,1 8,7
4-5 autres industries de transformat 24922 11587 36509 976 206 1182 25898 11793 37691 3,8% 1,7% 3,1% 22,2 26,5
dont ind.prod.transf. des métaux 7602 2209 9811 350 27 377 7952 2236 10188 4,4% 1,2% 3,7% 7,1 7,2
6- transports et auxilliaires de transp 2544 374 2918 30 0 30 2574 374 2948 1,2% 0,0% 1,0% 0,6 2,1
7- commerce, banque, assur., spect 8856 6876 15732 144 62 206 9000 6938 15938 1,6% 0,9% 1,3% 3,9 11,2
dont commerce 7959 6521 14480 135 58 193 8094 6579 14673 1,7% 0,9% 1,3% 3,6 10,3
8 -services 3556 9223 12779 98 178 276 3654 9401 13055 2,7% 1,9% 2,1% 5,2 9,2
9- services publics admin., armée 5668 3679 9347 201 13 214 5869 3692 9561 3,4% 0,4% 2,2% 4,0 6,7
ND 1568 748 2316 100 10 110 1668 758 2426 6,0% 1,3% 4,5% 2,1 1,7
Total 89052 47591 136643 4190 1132 5322 93242 48723 141965 4,5% 2,3% 3,7% 100,0 100,0
Himéminor 2007 page 238
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE -1954-
PAYE tableaux A1 Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T T H F T H F T étrangers TOTAL
1954-MANCHE
0-1- pêche, agriculture, forêt 63894 51766 115660 122 43 165 64016 51809 115825 0,2% 0,1% 0,1% 12,3 54,8
2 -industries extractives 1177 32 1209 58 0 58 1235 32 1267 4,7% 0,0% 4,6% 4,3 0,6
3 -bâtiment, travaux publics 15183 599 15782 576 11 587 15759 610 16369 3,7% 1,8% 3,6% 43,6 7,7
4-5 autres industries de transformat 17649 5188 22837 145 14 159 17794 5202 22996 0,8% 0,3% 0,7% 11,8 10,9
dont ind.prod.transf. des métaux 6330 541 6871 27 3 30 6357 544 6901 0,4% 0,6% 0,4% 2,2 3,3
6- transports et auxilliaires de transp 3264 448 3712 23 1 24 3287 449 3736 0,7% 0,2% 0,6% 1,8 1,8
7- commerce, banque, assur., spect 10184 9897 20081 114 30 144 10298 9927 20225 1,1% 0,3% 0,7% 10,7 9,6
dont commerce 9150 9548 18698 106 29 135 9256 9577 18833 1,1% 0,3% 0,7% 10,0 8,9
8 -services 3601 11626 15227 35 98 133 3636 11724 15360 1,0% 0,8% 0,9% 9,9 7,3
9- services publics admin., armée 8648 4271 12919 27 3 30 8675 4274 12949 0,3% 0,1% 0,2% 2,2 6,1
ND 1372 1387 2759 41 4 45 1413 1391 2804 2,9% 0,3% 1,6% 3,3 1,3
Total 124972 85214 210186 1141 204 1345 126113 85418 211531 0,9% 0,2% 0,6% 100,0 100,0

1954-ORNE
0-1- pêche, agriculture, forêt 38231 26809 65040 472 189 661 38703 26998 65701 1,2% 0,7% 1,0% 42,6 50,7
2 -industries extractives 1003 27 1030 104 1 105 1107 28 1135 9,4% 3,6% 9,3% 6,8 0,9
3 -bâtiment, travaux publics 8180 362 8542 298 5 303 8478 367 8845 3,5% 1,4% 3,4% 19,5 6,8
4-5 autres industries de transformat 11980 6793 18773 149 47 196 12129 6840 18969 1,2% 0,7% 1,0% 12,6 14,6
dont ind.prod.transf. des métaux 2947 999 3946 36 2 38 2983 1001 3984 1,2% 0,2% 1,0% 2,4 3,1
6- transports et auxilliaires de transp 2217 317 2534 11 0 11 2228 317 2545 0,5% 0,0% 0,4% 0,7 2,0
7- commerce, banque, assur., spect 6667 5732 12399 82 18 100 6749 5750 12499 1,2% 0,3% 0,8% 6,4 9,6
dont commerce 5964 5465 11429 77 18 95 6041 5483 11524 1,3% 0,3% 0,8% 6,1 8,9
8 -services 2750 8215 10965 27 104 131 2777 8319 11096 1,0% 1,3% 1,2% 8,4 8,6
9- services publics admin., armée 4322 2914 7236 10 1 11 4332 2915 7247 0,2% 0,0% 0,2% 0,7 5,6
ND 993 527 1520 31 3 34 1024 530 1554 3,0% 0,6% 2,2% 2,2 1,2
Himéminor 2007 page 239

Total 76343 51696 128039 1184 368 1552 77527 52064 129591 1,5% 0,7% 1,2% 100,0 100,0
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE -1954-
PAYE tableaux A1 Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T T H F T H F T étrangers TOTAL
1954-SEINE-MARITIME
0-1- pêche, agriculture, forêt 47134 23424 70558 619 205 824 47753 23629 71382 1,3% 0,9% 1,2% 9,8 17,8
2 -industries extractives 1150 60 1210 34 0 34 1184 60 1244 2,9% 0,0% 2,7% 0,4 0,3
3 -bâtiment, travaux publics 36408 1874 38282 2396 16 2412 38804 1890 40694 6,2% 0,8% 5,9% 28,6 10,1
4-5 autres industries de transformat 74642 34675 109317 2713 181 2894 77355 34856 112211 3,5% 0,5% 2,6% 34,3 28,0
dont ind.prod.transf. des métaux 25417 5010 30427 1394 36 1430 26811 5046 31857 5,2% 0,7% 4,5% 16,9 7,9
6- transports et auxilliaires de transp 32995 3027 36022 344 9 353 33339 3036 36375 1,0% 0,3% 1,0% 4,2 9,1
7- commerce, banque, assur., spect 33263 28192 61455 687 140 827 33950 28332 62282 2,0% 0,5% 1,3% 9,8 15,5
dont commerce 29246 25717 54963 640 132 772 29886 25849 55735 2,1% 0,5% 1,4% 9,1 13,9
8 -services 9721 28654 38375 145 240 385 9866 28894 38760 1,5% 0,8% 1,0% 4,6 9,7
9- services publics admin., armée 20167 12341 32508 208 23 231 20375 12364 32739 1,0% 0,2% 0,7% 2,7 8,2
ND 3719 1426 5145 464 19 483 4183 1445 5628 11,1% 1,3% 8,6% 5,7 1,4
Total 259199 133673 392872 7610 833 8443 266809 134506 401315 2,9% 0,6% 2,1% 100,0 100,0
1954-NORMANDIE
0-1- pêche, agriculture, forêt 219449 143708 363157 3876 1403 5279 223325 145111 368436 1,7% 1,0% 1,4% 23,5 34,2
2 -industries extractives 6236 200 6436 739 3 742 6975 203 7178 10,6% 1,5% 10,3% 3,3 0,7
3 -bâtiment, travaux publics 91155 4355 95510 5563 50 5613 96718 4405 101123 5,8% 1,1% 5,6% 25,0 9,4
4-5 autres industries de transformat 150500 65260 215760 5156 594 5750 155656 65854 221510 3,3% 0,9% 2,6% 25,6 20,6
dont ind.prod.transf. des métaux 50052 9428 59480 2542 126 2668 52594 9554 62148 4,8% 1,3% 4,3% 11,9 5,8
6- transports et auxilliaires de transp 45966 4734 50700 441 11 452 46407 4745 51152 1,0% 0,2% 0,9% 2,0 4,8
7- commerce, banque, assur., spect 72737 62670 135407 1331 354 1685 74068 63024 137092 1,8% 0,6% 1,2% 7,5 12,7
dont commerce 29246 25717 54963 640 132 772 29886 25849 55735 2,1% 0,5% 1,4% 3,4 5,2
8 -services 24084 71904 95988 372 835 1207 24456 72739 97195 1,5% 1,1% 1,2% 5,4 9,0
9- services publics admin., armée 47074 28629 75703 523 54 577 47597 28683 76280 1,1% 0,2% 0,8% 2,6 7,1
ND 10142 5083 15225 1069 50 1119 11211 5133 16344 9,5% 1,0% 6,8% 5,0 1,5
Total 667343 386543 1053886 19070 3354 22424 686413 389897 1076310 2,8% 0,9% 2,1% 100,0 100,0

1954- France
0-1- pêche, agriculture, forêt 3232800 1790200 5023000 155120 34640 189760 3387920 1824840 5212760 4,6% 1,9% 3,6% 24,0 27,7
2 -industries extractives 312980 8540 321520 60800 820 61620 373780 9360 383140 16,3% 8,8% 16,1% 7,8 2,0
3 -bâtiment, travaux publics 1184700 52600 1237300 118860 1020 119880 1303560 53620 1357180 9,1% 1,9% 8,8% 15,2 7,2
4-5 autres industries de transformat 3192200 1550620 4742820 184380 38200 222580 3376580 1588820 4965400 5,5% 2,4% 4,5% 28,2 26,4
6- transports et auxilliaires de transp 674660 73900 748560 11320 800 12120 685980 74700 760680 1,7% 1,1% 1,6% 1,5 4,0
7- commerce, banque, assur., spect 1414260 1154400 2568660 52340 19040 71380 1466600 1173440 2640040 3,6% 1,6% 2,7% 9,0 14,0
8 -services 466460 1106020 1572480 20460 51100 71560 486920 1157120 1644040 4,2% 4,4% 4,4% 9,1 8,7
9- services publics admin., armée 1048860 545400 1594260 22360 4020 26380 1071220 549420 1620640 2,1% 0,7% 1,6% 3,3 8,6
Himéminor 2007 page 240

152440 72440 224880 12740 2480 15220 165180 74920 240100 7,7% 3,3% 6,3% 1,9 1,3
Total 11679360 6354120 18033480 638380 152120 790500 12317740 6506240 18823980 5,2% 2,3% 4,2% 100,0 100,0
source : 1954 INSEE- recensement de population - population active ayant un emploi -tableaux A1
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1968

Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T H F T H F T étrangers TOTAL

1968
CALVADOS
0-1- pêche, agriculture, forêt 29384 19676 49060 316 104 420 29700 19780 49480 1,1% 0,5% 0,8% 12,7 23,7
2 -industries extractives 1576 40 1616 84 0 84 1660 40 1700 5,1% 0,0% 4,9% 2,5 0,8
3 -bâtiment, travaux publics 19976 1084 21060 1104 16 1120 21080 1100 22180 5,2% 1,5% 5,0% 33,8 10,6
4-5 autres industries de transfor 33612 12504 46116 808 116 924 34420 12620 47040 2,3% 0,9% 2,0% 27,9 22,6
6- transports et auxilliaires de tra 5596 880 6476 24 0 24 5620 880 6500 0,4% 0,0% 0,4% 0,7 3,1
7- commerce, banque, assur., sp 20516 14684 35200 244 76 320 20760 14760 35520 1,2% 0,5% 0,9% 9,7 17,0
8 -services 6496 17324 23820 84 216 300 6580 17540 24120 1,3% 1,2% 1,2% 9,0 11,6
9- services publics admin., armé 11404 10392 21796 96 28 124 11500 10420 21920 0,8% 0,3% 0,6% 3,7 10,5
Total 128560 76584 205144 2760 556 3316 131320 77140 208460 2,1% 0,7% 1,6% 100,0 100,0

1968
EURE
0-1- pêche, agriculture, forêt 19764 9872 29636 836 188 1024 20600 10060 30660 4,1% 1,9% 3,3% 20,8 19,3
2 -industries extractives 456 20 476 24 0 24 480 20 500 5,0% 0,0% 4,8% 0,5 0,3
3 -bâtiment, travaux publics 14832 876 15708 1448 4 1452 16280 880 17160 8,9% 0,5% 8,5% 29,5 10,8
4-5 autres industries de transfor 36472 17332 53804 1528 148 1676 38000 17480 55480 4,0% 0,8% 3,0% 34,0 35,0
6- transports et auxilliaires de tra 3448 540 3988 32 0 32 3480 540 4020 0,9% 0,0% 0,8% 0,6 2,5
7- commerce, banque, assur., sp 12104 8904 21008 216 96 312 12320 9000 21320 1,8% 1,1% 1,5% 6,3 13,4
8 -services 4324 11040 15364 136 220 356 4460 11260 15720 3,0% 2,0% 2,3% 7,2 9,9
9- services publics admin., armé 6496 7216 13712 24 24 48 6520 7240 13760 0,4% 0,3% 0,3% 1,0 8,7
Total 97896 55800 153696 4244 680 4924 102140 56480 158620 4,2% 1,2% 3,1% 100,0 100,0

1968
MANCHE
0-1- pêche, agriculture, forêt 45092 36024 81116 28 16 44 45120 36040 81160 0,1% 0,0% 0,1% 7,7 41,8
2 -industries extractives 708 20 728 12 0 12 720 20 740 1,7% 0,0% 1,6% 2,1 0,4
3 -bâtiment, travaux publics 16384 580 16964 196 0 196 16580 580 17160 1,2% 0,0% 1,1% 34,5 8,8
4-5 autres industries de transfor 23800 7252 31052 80 28 108 23880 7280 31160 0,3% 0,4% 0,3% 19,0 16,1
6- transports et auxilliaires de tra 3092 660 3752 8 0 8 3100 660 3760 0,3% 0,0% 0,2% 1,4 1,9
7- commerce, banque, assur., sp 12932 11088 24020 28 12 40 12960 11100 24060 0,2% 0,1% 0,2% 7,0 12,4
8 -services 5028 12128 17156 52 72 124 5080 12200 17280 1,0% 0,6% 0,7% 21,8 8,9
Himéminor 2007 page 241

9- services publics admin., armé 11032 7672 18704 28 8 36 11060 7680 18740 0,3% 0,1% 0,2% 6,3 9,7
Total 118068 75424 193492 432 136 568 118500 75560 194060 0,4% 0,2% 0,3% 100,0 100,0
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1968

Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T H F T H F T étrangers TOTAL

1968
ORNE
0-1- pêche, agriculture, forêt 26564 19904 46468 276 76 352 26840 19980 46820 1,0% 0,4% 0,8% 21,7 36,2
2 -industries extractives 492 40 532 8 0 8 500 40 540 1,6% 0,0% 1,5% 0,5 0,4
3 -bâtiment, travaux publics 9628 460 10088 372 0 372 10000 460 10460 3,7% 0,0% 3,6% 23,0 8,1
4-5 autres industries de transfor 18484 9932 28416 476 48 524 18960 9980 28940 2,5% 0,5% 1,8% 32,3 22,4
6- transports et auxilliaires de tra 2428 520 2948 12 0 12 2440 520 2960 0,5% 0,0% 0,4% 0,7 2,3
7- commerce, banque, assur., s 9188 7068 16256 132 12 144 9320 7080 16400 1,4% 0,2% 0,9% 8,9 12,7
8 -services 3520 9024 12544 40 136 176 3560 9160 12720 1,1% 1,5% 1,4% 10,9 9,8
9- services publics admin., armé 5280 5328 10608 20 12 32 5300 5340 10640 0,4% 0,2% 0,3% 2,0 8,2
Total 75584 52276 127860 1336 284 1620 76920 52560 129480 1,7% 0,5% 1,3% 100,0 100,0

1968
SEINE-MARITIME
0-1- pêche, agriculture, forêt 31232 15688 46920 268 72 340 31500 15760 47260 0,9% 0,5% 0,7% 3,2 10,4
2 -industries extractives 644 52 696 16 28 44 660 80 740 2,4% 35,0% 5,9% 0,4 0,2
3 -bâtiment, travaux publics 39980 2484 42464 3280 16 3296 43260 2500 45760 7,6% 0,6% 7,2% 31,1 10,1
4-5 autres industries de transfor 98092 39680 137772 4028 420 4448 102120 40100 142220 3,9% 1,0% 3,1% 41,9 31,4
6- transports et auxilliaires de tra 34084 3892 37976 736 8 744 34820 3900 38720 2,1% 0,2% 1,9% 7,0 8,6
7- commerce, banque, assur., s 42976 36728 79704 844 92 936 43820 36820 80640 1,9% 0,2% 1,2% 8,8 17,8
8 -services 13456 36100 49556 304 280 584 13760 36380 50140 2,2% 0,8% 1,2% 5,5 11,1
9- services publics admin., armé 25076 21888 46964 164 52 216 25240 21940 47180 0,6% 0,2% 0,5% 2,0 10,4
Himéminor 2007 page 242

Total 285540 156512 442052 9640 968 10608 295180 157480 452660 3,3% 0,6% 2,3% 100,0 100,0
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1968

Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T H F T H F T étrangers TOTAL

1968
NORMANDIE
0-1- pêche, agriculture, forêt 152036 101164 253200 1724 456 2180 153760 101620 255380 1,1% 0,4% 0,9% 10,4 22,3
2 -industries extractives 3876 172 4048 144 28 172 4020 200 4220 3,6% 14,0% 4,1% 0,8 0,4
3 -bâtiment, travaux publics 100800 5484 106284 6400 36 6436 107200 5520 112720 6,0% 0,7% 5,7% 30,6 9,9
4-5 autres industries de transfor 210460 86700 297160 6920 760 7680 217380 87460 304840 3,2% 0,9% 2,5% 36,5 26,7
6- transports et auxilliaires de tra 48648 6492 55140 812 8 820 49460 6500 55960 1,6% 0,1% 1,5% 3,9 4,9
7- commerce, banque, assur., s 97716 78472 176188 1464 288 1752 99180 78760 177940 1,5% 0,4% 1,0% 8,3 15,6
8 -services 32824 85616 118440 616 924 1540 33440 86540 119980 1,8% 1,1% 1,3% 7,3 10,5
9- services publics admin., armé 59288 52496 111784 332 124 456 59620 52620 112240 0,6% 0,2% 0,4% 2,2 9,8
Total 705648 416596 1122244 18412 2624 21036 724060 419220 1143280 2,5% 0,6% 1,8% 100,0 100,0

1968
France
0-1- pêche, agriculture, forêt 2025676 999836 3025512 94804 13084 107888 2120480 1012920 3133400 4,5% 1,3% 3,4% 8,8 15,7
2 -industries extractives 199364 6948 206312 34676 252 34928 234040 7200 241240 14,8% 3,5% 14,5% 2,8 1,2
3 -bâtiment, travaux publics 1626092 98332 1724424 364068 3248 367316 1990160 101580 2091740 18,3% 3,2% 17,6% 29,9 10,5
4-5 autres industries de transfor 3557812 1606152 5163964 347628 58428 406056 3905440 1664580 5570020 8,9% 3,5% 7,3% 33,0 27,8
6- transports et auxilliaires de tra 726516 102048 828564 25864 1572 27436 752380 103620 856000 3,4% 1,5% 3,2% 2,2 4,3
7- commerce, banque, assur., s 1798736 1451368 3250104 90964 25932 116896 1889700 1477300 3367000 4,8% 1,8% 3,5% 9,5 16,8
8 -services 723960 1444180 2168140 44360 91200 135560 768320 1535380 2303700 5,8% 5,9% 5,9% 11,0 11,5
9- services publics admin., armé 1392168 1014380 2406548 25392 7200 32592 1417560 1021580 2439140 1,8% 0,7% 1,3% 2,7 12,2
Total 12050324 6723244 18773568 1027756 200916 1228672 13078080 6924160 20002240 7,9% 2,9% 6,1% 100,0 100,0

source INSEE RGP 1968 - sondage au 1/20è pour le total des actifs- PA 49
Himéminor 2007 page 243

INSEE-RGP 1968 -résultats du sondage au 1/4 - population-ménages-logements-immeubles


fascicules départementaux - tableaux D 15
POPULATION ACTIVE PAR NATIONALITE SELON LA CATEGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE -1968
%
étrangers
Francais Etrangers TOTAL /actifs pour 100 actifs étrangers
H F T H F T H F T H F T

1968
CALVADOS
0- agriculteurs exploitants 17920 16608 34528 120 52 172 18040 16660 34700 0,5% 4,3 7,0 5,1
1- salariés agricoles 10160 2708 12868 180 52 232 10340 2760 13100 1,8% 6,5 7,0 6,9
2- patrons de l'industrie et du commer 12296 7860 20156 144 20 164 12440 7880 20320 0,8% 5,2 2,7 4,9
3- professions libérales, cadres supér 6316 1288 7604 124 12 136 6440 1300 7740 1,8% 4,5 1,6 4,1
4 - cadres moyens 10324 7964 18288 96 16 112 10420 7980 18400 0,6% 3,5 2,2 3,3
5- employés 10428 15908 26336 52 52 104 10480 15960 26440 0,4% 1,9 7,0 3,1
6 -ouvriers, dont 59436 13144 72580 2004 176 2180 61440 13320 74760 2,9% 72,1 23,7 65,1
contremaîtres, ouvriers qualifiés, apprentis 744 44 788 0 26,8 5,9 23,5
OS, manœuvres 1212 132 1344 0 43,6 17,7 40,1
mineurs, marins pêcheurs 48 0 48 0 1,7 0,0 1,4
7 -personnels de service 190411584 13488 36 116 152 1940 11700 13640 1,1% 1,3 15,6 4,5
8 -autres actifs 2336 1668 4004 24 72 96 2360 1740 4100 2,3% 0,9 9,7 2,9
Total 131120 78732 209852 2780 744 3348 133900 79300 213200 1,6% 100,0 100,0 100,0

1968
EURE
0- agriculteurs exploitants 10848 8876 19724 372 144 516 11220 9020 20240 2,5% 8,7 20,3 10,3
1- salariés agricoles 8328 932 9260 432 48 480 8760 980 9740 4,9% 10,1 6,8 9,6
2- patrons de l'industrie et du commer 9584 5692 15276 156 8 164 9740 5700 15440 1,1% 3,6 1,1 3,3
3- professions libérales, cadres supér 3496 656 4152 64 4 68 3560 660 4220 1,6% 1,5 0,6 1,4
4 - cadres moyens 6524 5576 12100 56 4 60 6580 5580 12160 0,5% 1,3 0,6 1,2
5- employés 7308 11084 18392 92 36 128 7400 11120 18520 0,7% 2,1 5,1 2,6
6 -ouvriers, dont 49760 15696 65456 3040 224 3264 52800 15920 68720 4,7% 71,0 31,6 65,4
contremaîtres, ouvriers qualifiés, apprentis 952 28 980 22,2 4,0 19,6
OS, manœuvres 2088 196 2284 48,7 27,7 45,8
mineurs, marins pêcheurs 0 0 0 0,0 0,0 0,0
Himéminor 2007 page 244

7 -personnels de service 1752 7828 9580 48 172 220 1800 8000 9800 2,2% 1,1 24,3 4,4
8 -autres actifs 2016 532 2548 24 68 92 2040 600 2640 3,5% 0,6 9,6 1,8
Total 99616 56872 156488 4284 708 4992 103900 57580 161480 3,1% 100,0 100,0 100,0
POPULATION ACTIVE PAR NATIONALITE SELON LA CATEGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE -1968
étrangers
Francais Etrangers TOTAL /actifs pour 100 actifs étrangers
H F T H F T H F T H F T
1968
MANCHE
0- agriculteurs exploitants 34596 33912 68508 4 8 12 34600 33920 68520 0,0% 0,9 5,9 2,1
1- salariés agricoles 9236 1952 11188 24 8 32 9260 1960 11220 0,3% 5,4 5,9 5,5
2- patrons de l'industrie et du commer 12312 7852 20164 68 8 76 12380 7860 20240 0,4% 15,2 5,9 13,0
3- professions libérales, cadres supér 3372 696 4068 8 4 12 3380 700 4080 0,3% 1,8 2,9 2,1
4 - cadres moyens 6652 5636 12288 28 4 32 6680 5640 12320 0,3% 6,3 2,9 5,5
5- employés 7060 10512 17572 20 8 28 7080 10520 17600 0,2% 4,5 5,9 4,8
6 -ouvriers, dont 42312 7632 49944 268 28 296 42580 7660 50240 0,6% 59,8 20,6 50,7
contremaîtres, ouvriers qualifiés, apprentis 112 8 120 25,0 5,9 20,5
OS, manœuvres 152 20 172 33,9 14,7 29,5
mineurs, marins pêcheurs 4 0 4 0,9 0,0 0,7
7 -personnels de service 1144 7440 8584 16 20 36 1160 7460 8620 0,4% 3,6 14,7 6,2
8 -autres actifs 3188 972 4160 12 48 60 3200 1020 4220 1,4% 2,7 35,3 10,3
Total 119872 76604 196476 448 136 584 120320 76740 197060 0,3% 100,0 100,0 100,0

1968
ORNE
0- agriculteurs exploitants 18680 18312 36992 100 48 148 18780 18360 37140 0,4% 7,3 16,4 8,9
1- salariés agricoles 7816 1360 9176 144 20 164 7960 1380 9340 1,8% 10,6 6,8 9,9
2- patrons de l'industrie et du commer 8000 5176 13176 80 4 84 8080 5180 13260 0,6% 5,9 1,4 5,1
3- professions libérales, cadres supér 2100 596 2696 20 4 24 2120 600 2720 0,9% 1,5 1,4 1,4
4 - cadres moyens 4540 4028 8568 40 12 52 4580 4040 8620 0,6% 2,9 4,1 3,1
5- employés 4992 6764 11756 28 16 44 5020 6780 11800 0,4% 2,1 5,5 2,7
6 -ouvriers, dont 28252 9816 38068 928 64 992 29180 9880 39060 2,5% 68,0 21,9 59,9
contremaîtres, ouvriers qualifiés, apprentis 232 12 244 17,0 4,1 14,7
OS, manœuvres 688 52 740 50,4 17,8 44,7
mineurs, marins pêcheurs 8 0 8 0,6 0,0 0,5
Himéminor 2007 page 245

7 -personnels de service 648 5904 6552 12 56 68 660 5960 6620 1,0% 0,9 19,2 4,1
8 -autres actifs 1588 1072 2660 12 68 80 1600 1140 2740 2,9% 0,9 23,3 4,8
Total 76616 53028 129644 1364 292 1656 77980 53320 131300 1,3% 100,0 100,0 100,0
POPULATION ACTIVE PAR NATIONALITE SELON LA CATEGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE -1968
étrangers
Francais Etrangers TOTAL /actifs pour 100 actifs étrangers
H F T H F T H F T H F T
1968
SEINE-MARITIME
0- agriculteurs exploitants 19060 14484 33544 140 56 196 19200 14540 33740 0,6% 1,4 5,7 1,8
1- salariés agricoles 9716 808 10524 104 12 116 9820 820 10640 1,1% 1,0 1,2 1,1
2- patrons de l'industrie et du commer 22692 17260 39952 388 40 428 23080 17300 40380 1,1% 3,9 4,0 3,9
3- professions libérales, cadres supér 14708 2592 17300 252 28 280 14960 2620 17580 1,6% 2,5 2,8 2,6
4 - cadres moyens 23920 16500 40420 260 20 280 24180 16520 40700 0,7% 2,6 2,0 2,6
5- employés 26896 40504 67400 224 76 300 27120 40580 67700 0,4% 2,3 7,7 2,7
6 -ouvriers, dont 160964 42344 203308 8416 476 8892 169380 42820 212200 4,2% 84,6 48,2 81,3
contremaîtres, ouvriers qualifiés, apprentis 2944 208 3152 29,6 21,1 28,8
OS, manœuvres 5436 268 5704 54,6 27,1 52,2
mineurs, marins pêcheurs 36 0 36 0,4 0,0 0,3
7 -personnels de service 550824460 29968 112 200 312 5620 24660 30280 1,0% 1,1 20,2 2,9
8 -autres actifs 6648 1320 7968 52 80 132 6700 1400 8100 1,6% 0,5 8,1 1,2
Total 290112 160272 450384 9948 988 10936 300060 161260 461320 2,4% 100,0 100,0 100,0

1968
NORMANDIE
0- agriculteurs exploitants 101104 92192 193296 736 308 1044 101840 92500 194340 0,5% 3,9 10,7 4,9
1- salariés agricoles 45256 7760 53016 884 140 1024 46140 7900 54040 1,9% 4,7 4,9 4,8
2- patrons de l'industrie et du commer 64884 43840 108724 836 80 916 65720 43920 109640 0,8% 4,4 2,8 4,3
3- professions libérales, cadres supér 29992 5828 35820 468 52 520 30460 5880 36340 1,4% 2,5 1,8 2,4
4 - cadres moyens 51960 39704 91664 480 56 536 52440 39760 92200 0,6% 2,5 2,0 2,5
5- employés 56684 84772 141456 416 188 604 57100 84960 142060 0,4% 2,2 6,6 2,8
6 -ouvriers, dont 340724 88632 429356 14656 968 15624 355380 89600 444980 3,5% 77,9 33,8 72,6
contremaîtres, ouvriers qualifiés, appre 0 0 0 4984 300 5284 0 0 0 26,5 10,5 24,6
OS, manœuvres 0 0 0 9576 668 10244 0 0 0 50,9 23,3 47,6
mineurs, marins pêcheurs 0 0 0 96 0 96 0 0 0 0,5 0,0 0,4
7 -personnels de service 10956 57216 68172 224 564 788 11180 57780 68960 1,1% 1,2 19,7 3,7
8 -autres actifs 15776 5564 21340 124 336 460 15900 5900 21800 2,1% 0,7 11,7 2,1
Total 717336 425508 1142844 18824 2868 21516 736160 428200 1164360 1,8% 100,0 100,0 100,0
Himéminor 2007 page 246

source INSEE RGP 1968 - sondage au 1/20è pour le total des actifs- PA 50
INSEE-RGP 1968 -résultats du sondage au 1/4 - population-ménages-logements-immeubles
fascicules départementaux - tableaux D 15
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1975

Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T H F T H F T étrangers TOTAL

1975
CALVADOS
U01-agriculture-sylviculture-pêche 19645 11810 31455 195 65 260 19840 11875 31715 1,0% 0,5% 0,8% 6,2 14,0
U02 -industries agricoles et alimentaires 6275 3095 9370 50 20 70 6325 3115 9440 0,8% 0,6% 0,7% 1,7 4,2
U03 -production, distribution d'énergie 1120 220 1340 0 0 0 1120 220 1340 0,0% 0,0% 0,0% 0,0 0,6
U04-industries des biens intermédiaires 13370 2040 15410 550 25 575 13920 2065 15985 4,0% 1,2% 3,6% 13,8 7,1
U05- industries des biens d'équipement 17330 7890 25220 505 135 640 17835 8025 25860 2,8% 1,7% 2,5% 15,3 11,4
U06 -industries des biens de consommation 5935 4920 10855 130 20 150 6065 4940 11005 2,1% 0,4% 1,4% 3,6 4,9
U07-bâtiment -génie civil agricole 16875 1055 17930 1560 20 1580 18435 1075 19510 8,5% 1,9% 8,1% 37,8 8,6
U08 -commerce 14240 10895 25135 105 45 150 14345 10940 25285 0,7% 0,4% 0,6% 3,6 11,2
U09- transports et télécommunications 7940 1955 9895 20 10 30 7960 1965 9925 0,3% 0,5% 0,3% 0,7 4,4
U10 - services marchands 14975 18235 33210 255 110 365 15230 18345 33575 1,7% 0,6% 1,1% 8,7 14,8
U11 à U14-autres activités 17375 24940 42315 180 175 355 17555 25115 42670 1,0% 0,7% 0,8% 8,5 18,9
Total 135080 87055 222135 3550 625 4175 138630 87680 226310 2,6% 0,7% 1,8% 100,0 100,0

1975
EURE
U01-agriculture-sylviculture-pêche 14125 6395 20520 515 100 615 14640 6495 21135 3,5% 1,5% 2,9% 9,4 11,9
U02 -industries agricoles et alimentaires 3610 1585 5195 120 55 175 3730 1640 5370 3,2% 3,4% 3,3% 2,7 3,0
U03 -production, distribution d'énergie 1330 205 1535 20 0 20 1350 205 1555 1,5% 0,0% 1,3% 0,3 0,9
U04-industries des biens intermédiaires 14705 6320 21025 1620 215 1835 16325 6535 22860 9,9% 3,3% 8,0% 28,2 12,9
U05- industries des biens d'équipement 16880 8665 25545 885 185 1070 17765 8850 26615 5,0% 2,1% 4,0% 16,4 15,0
U06 -industries des biens de consommation 7615 7130 14745 520 145 665 8135 7275 15410 6,4% 2,0% 4,3% 10,2 8,7
U07-bâtiment -génie civil agricole 12265 845 13110 1330 0 1330 13595 845 14440 9,8% 0,0% 9,2% 20,4 8,1
U08 -commerce 8560 7150 15710 150 25 175 8710 7175 15885 1,7% 0,3% 1,1% 2,7 9,0
U09- transports et télécommunications 5160 1690 6850 55 0 55 5215 1690 6905 1,1% 0,0% 0,8% 0,8 3,9
U10 - services marchands 10535 10820 21355 190 95 285 10725 10915 21640 1,8% 0,9% 1,3% 4,4 12,2
U11 à U14-autres activités 10535 14915 25450 100 185 285 10535 14915 25450 0,9% 1,2% 1,1% 4,4 14,4
Himéminor 2007 page 247

Total 105320 65720 171040 5505 1005 6510 110725 66540 177265 5,0% 1,5% 3,7% 100,0 100,0
Himéminor 2007 page 248
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1975

Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T H F T H F T étrangers TOTAL

1975
MANCHE
U01-agriculture-sylviculture-pêche 31765 25025 56790 45 5 50 31810 25030 56840 0,1% 0,0% 0,1% 8,8 31,1
U02 -industries agricoles et alimentaires 7470 2425 9895 10 0 10 7480 2425 9905 0,1% 0,0% 0,1% 1,8 5,4
U03 -production, distribution d'énergie 760 140 900 0 0 0 760 140 900 0,0% 0,0% 0,0% 0,0 0,5
U04-industries des biens intermédiaires 5460 1165 6625 65 0 65 5525 1165 6690 1,2% 0,0% 1,0% 11,4 3,7
U05- industries des biens d'équipement 10160 3480 13640 80 10 90 10240 3490 13730 0,8% 0,3% 0,7% 15,8 7,5
U06 -industries des biens de consommation 2480 3540 6020 15 0 15 2495 3540 6035 0,6% 0,0% 0,2% 2,6 3,3
U07-bâtiment -génie civil agricole 14365 590 14955 155 0 155 14520 590 15110 1,1% 0,0% 1,0% 27,2 8,3
U08 -commerce 10090 7975 18065 45 0 45 10135 7975 18110 0,4% 0,0% 0,2% 7,9 9,9
U09- transports et télécommunications 4505 1360 5865 5 0 5 4510 1360 5870 0,1% 0,0% 0,1% 0,9 3,2
U10 - services marchands 9875 11520 21395 80 15 95 9955 11535 21490 0,8% 0,1% 0,4% 16,7 11,8
U11 à U14-autres activités 13730 14250 27980 20 20 40 13730 14250 27980 0,1% 0,1% 0,1% 7,0 15,3
Total 110660 71470 182130 520 50 570 111160 71500 182660 0,5% 0,1% 0,3% 100,0 100,0

1975
ORNE
U01-agriculture-sylviculture-pêche 18375 12865 31240 180 45 225 18555 12910 31465 1,0% 0,3% 0,7% 8,3 24,9
U02 -industries agricoles et alimentaires 3435 1400 4835 70 55 125 3505 1455 4960 2,0% 3,8% 2,5% 4,6 3,9
U03 -production, distribution d'énergie 350 115 465 0 0 0 350 115 465 0,0% 0,0% 0,0% 0,0 0,4
U04-industries des biens intermédiaires 6690 2120 8810 785 40 825 7475 2160 9635 10,5% 1,9% 8,6% 30,6 7,6
U05- industries des biens d'équipement 7890 4770 12660 270 105 375 8160 4875 13035 3,3% 2,2% 2,9% 13,9 10,3
U06 -industries des biens de consommation 3665 4975 8640 195 120 315 3860 5095 8955 5,1% 2,4% 3,5% 11,7 7,1
U07-bâtiment -génie civil agricole 8340 450 8790 440 0 440 8780 450 9230 5,0% 0,0% 4,8% 16,3 7,3
U08 -commerce 5755 4770 10525 70 20 90 5825 4790 10615 1,2% 0,4% 0,8% 3,3 8,4
U09- transports et télécommunications 3640 1155 4795 15 0 15 3655 1155 4810 0,4% 0,0% 0,3% 0,6 3,8
U10 - services marchands 6590 7665 14255 125 35 160 6715 7700 14415 1,9% 0,5% 1,1% 5,9 11,4
U11 à U14-autres activités 7525 11025 18550 50 75 125 7525 11025 18550 0,7% 0,7% 0,7% 4,6 14,7
Total 72255 51310 123565 2200 495 2695 74405 51730 126135 3,0% 1,0% 2,1% 100,0 100,0
Himéminor 2007 page 249
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1982

Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T H F T H F T étrangers TOTAL

1982-CALVADOS
U01-agriculture-sylviculture-pêche 15244 10176 25420 116 44 160 15360 10220 25580 0,8% 0,4% 0,6% 5,0 11,0
U02 -industries agricoles et alimentair 5980 3200 9180 48 8 56 6028 3208 9236 0,8% 0,2% 0,6% 1,8 4,0
U03 -production, distribution d'énergie 1412 248 1660 8 4 12 1420 252 1672 0,6% 1,6% 0,7% 0,4 0,7
U04-industries des biens intermédiaire 12380 2124 14504 372 60 432 12752 2184 14936 2,9% 2,7% 2,9% 13,6 6,4
U05- industries des biens d'équipeme 14484 6384 20868 352 64 416 14836 6448 21284 2,4% 1,0% 2,0% 13,1 9,1
U06 -industries des biens de consomm 5716 5068 10784 80 32 112 5796 5100 10896 1,4% 0,6% 1,0% 3,5 4,7
U07-bâtiment -génie civil agricole 16392 1264 17656 852 20 872 17244 1284 18528 4,9% 1,6% 4,7% 27,4 7,9
U08 -commerce 15332 12900 28232 196 48 244 15528 12948 28476 1,3% 0,4% 0,9% 7,7 12,2
U09- transports et télécommunication 9236 2688 11924 56 0 56 9292 2688 11980 0,6% 0,0% 0,5% 1,8 5,1
U10 - services marchands 18336 25256 43592 304 164 468 18640 25420 44060 1,6% 0,6% 1,1% 14,7 18,9
U11 à U14-autres activités 17375 24940 42315 140 212 352 19340 27236 46576 0,7% 0,8% 0,8% 11,1 20,0
Total 131887 94248 226135 2524 656 3180 136236 96988 233224 1,9% 0,7% 1,4% 100,0 100,0

1982-EURE
U01-agriculture-sylviculture-pêche 10060 5756 15816 220 32 252 10280 5788 16068 2,1% 0,6% 1,6% 4,4 8,4
U02 -industries agricoles et alimentair 3868 1592 5460 128 16 144 3996 1608 5604 3,2% 1,0% 2,6% 2,5 2,9
U03 -production, distribution d'énergie 1508 308 1816 8 0 8 1516 308 1824 0,5% 0,0% 0,4% 0,1 0,9
U04-industries des biens intermédiaire 13928 5780 19708 1308 148 1456 15236 5928 21164 8,6% 2,5% 6,9% 25,3 11,0
U05- industries des biens d'équipeme 18224 9452 27676 892 176 1068 19116 9628 28744 4,7% 1,8% 3,7% 18,6 14,9
U06 -industries des biens de consomm 7560 7196 14756 392 200 592 7952 7396 15348 4,9% 2,7% 3,9% 10,3 8,0
U07-bâtiment -génie civil agricole 12520 1188 13708 1024 4 1028 13544 1192 14736 7,6% 0,3% 7,0% 17,9 7,7
U08 -commerce 10172 9524 19696 168 76 244 10340 9600 19940 1,6% 0,8% 1,2% 4,2 10,4
U09- transports et télécommunication 6344 2264 8608 76 4 80 6420 2268 8688 1,2% 0,2% 0,9% 1,4 4,5
U10 - services marchands 12816 16352 29168 352 192 544 13168 16544 29712 2,7% 1,2% 1,8% 9,5 15,4
U11 à U14-autres activités 12828 17384 30212 132 208 340 12960 17592 30552 1,0% 1,2% 1,1% 5,9 15,9
Total 109828 76796 186624 4700 1056 5756 114528 77852 192380 4,1% 1,4% 3,0% 100,0 100,0
Himéminor 2007 page 250
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1982
Francais Etrangers TOTAL part des étrangers / actifs pour 100 actifs
H F T H F T H F T H F T étrangers TOTAL

1982- MANCHE
U01-agriculture-sylviculture-pêche 25360 20560 45920 8 4 12 25368 20564 45932 0,0% 0,0% 0,0% 0,7 24,3
U02 -industries agricoles et alimentair 6700 2380 9080 8 0 8 6708 2380 9088 0,1% 0,0% 0,1% 0,5 4,8
U03 -production, distribution d'énergie 1020 200 1220 12 4 16 1032 204 1236 1,2% 2,0% 1,3% 1,0 0,7
U04-industries des biens intermédiaire 6128 1132 7260 124 4 128 6252 1136 7388 2,0% 0,4% 1,7% 7,9 3,9
U05- industries des biens d'équipeme 10956 3592 14548 64 4 68 11020 3596 14616 0,6% 0,1% 0,5% 4,2 7,7
U06 -industries des biens de consomm 3080 3932 7012 16 8 24 3096 3940 7036 0,5% 0,2% 0,3% 1,5 3,7
U07-bâtiment -génie civil agricole 16188 1032 17220 1028 4 1032 17216 1036 18252 6,0% 0,4% 5,7% 64,0 9,7
U08 -commerce 10248 9336 19584 64 0 64 10312 9336 19648 0,6% 0,0% 0,3% 4,0 10,4
U09- transports et télécommunication 4848 1584 6432 12 8 20 4860 1592 6452 0,2% 0,5% 0,3% 1,2 3,4
U10 - services marchands 12304 15096 27400 108 16 124 12412 15112 27524 0,9% 0,1% 0,5% 7,7 14,6
U11 à U14-autres activités 13730 520 14250 60 56 116 15304 16508 31812 0,4% 0,3% 0,4% 7,2 16,8
Total 110562 59364 169926 1504 108 1612 113580 75404 188984 1,3% 0,1% 0,9% 100,0 100,0

1982-ORNE
U01-agriculture-sylviculture-pêche 14640 10664 25304 152 8 160 14792 10672 25464 1,0% 0,1% 0,6% 9,5 20,8
U02 -industries agricoles et alimentair 3572 1524 5096 56 24 80 3628 1548 5176 1,5% 1,6% 1,5% 4,8 4,2
U03 -production, distribution d'énergie 532 108 640 0 0 0 532 108 640 0,0% 0,0% 0,0% 0,0 0,5
U04-industries des biens intermédiaire 5876 1916 7792 328 24 352 6204 1940 8144 5,3% 1,2% 4,3% 20,9 6,6
U05- industries des biens d'équipeme 7068 3912 10980 168 48 216 7236 3960 11196 2,3% 1,2% 1,9% 12,8 9,1
U06 -industries des biens de consomm 3876 4328 8204 96 100 196 3972 4428 8400 2,4% 2,3% 2,3% 11,6 6,8
U07-bâtiment -génie civil agricole 8244 672 8916 276 4 280 8520 676 9196 3,2% 0,6% 3,0% 16,6 7,5
U08 -commerce 6224 5400 11624 72 52 124 6296 5452 11748 1,1% 1,0% 1,1% 7,4 9,6
U09- transports et télécommunication 3536 1064 4600 52 0 52 3588 1064 4652 1,4% 0,0% 1,1% 3,1 3,8
U10 - services marchands 7540 10700 18240 124 56 180 7664 10756 18420 1,6% 0,5% 1,0% 10,7 15,0
U11 à U14-autres activités 7525 11025 18550 16 28 44 7900 11780 19680 0,2% 0,2% 0,2% 2,6 16,0
Total 68633 51313 119946 1340 344 1684 70332 52384 122716 1,9% 0,7% 1,4% 100,0 100,0
Himéminor 2007 page 251
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE EN 1982

Francais Etrangers TOTAL art des étrangers / acti pour 100 actifs
H F T H F T H F T H F T tranger TOTAL
1982-SEINE-MARITIME
U01-agriculture-sylviculture-pêche 15984 9212 25196 88 12 100 16072 9224 25296 0,5% 0,1% 0,4% 0,7 5,4
U02 -industries agricoles et alimentair 8200 4760 12960 124 44 168 8324 4804 13128 1,5% 0,9% 1,3% 1,3 2,8
U03 -production, distribution d'énergie 9464 1256 10720 276 8 284 9740 1264 11004 2,8% 0,6% 2,6% 2,1 2,4
U04-industries des biens intermédiaire 28628 7452 36080 1624 108 1732 30252 7560 37812 5,4% 1,4% 4,6% 12,9 8,1
U05- industries des biens d'équipeme 38892 11200 50092 2212 108 2320 41104 11308 52412 5,4% 1,0% 4,4% 17,3 11,2
U06 -industries des biens de consomm 9824 10244 20068 516 340 856 10340 10584 20924 5,0% 3,2% 4,1% 6,4 4,5
U07-bâtiment -génie civil agricole 32848 2668 35516 4004 12 4016 36852 2680 39532 10,9% 0,4% 10,2% 29,9 8,5
U08 -commerce 28720 28060 56780 612 248 860 29332 28308 57640 2,1% 0,9% 1,5% 6,4 12,3
U09- transports et télécommunication 33688 9484 43172 672 40 712 34360 9524 43884 2,0% 0,4% 1,6% 5,3 9,4
U10 - services marchands 33988 43536 77524 1256 432 1688 35244 43968 79212 3,6% 1,0% 2,1% 12,6 17,0
U11 à U14-autres activités 32300 46930 79230 332 368 700 34004 46930 86244 1,0% 0,8% 0,8% 5,2 18,5
Total 272536 174802 447338 11716 1720 13436 285624 176154 467088 4,1% 1,0% 2,9% 100,0 100,0

1982-NORMANDIE
U01-agriculture-sylviculture-pêche 81288 56368 137656 584 100 684 81872 56468 138340 0,7% 0,2% 0,5% 2,7 11,5
U02 -industries agricoles et alimentair 28320 13456 41776 364 92 456 28684 13548 42232 1,3% 0,7% 1,1% 1,8 3,5
U03 -production, distribution d'énergie 13936 2120 16056 304 16 320 14240 2136 16376 2,1% 0,7% 2,0% 1,2 1,4
U04-industries des biens intermédiaire 66940 18404 85344 3756 344 4100 70696 18748 89444 5,3% 1,8% 4,6% 16,0 7,4
U05- industries des biens d'équipeme 89624 34540 124164 3688 400 4088 93312 34940 128252 4,0% 1,1% 3,2% 15,9 10,6
U06 -industries des biens de consomm 30056 30768 60824 1100 680 1780 31156 31448 62604 3,5% 2,2% 2,8% 6,9 5,2
U07-bâtiment -génie civil agricole 86192 6824 93016 7184 44 7228 93376 6868 100244 7,7% 0,6% 7,2% 28,2 8,3
U08 -commerce 70696 65220 135916 1112 424 1536 71808 65644 137452 1,5% 0,6% 1,1% 6,0 11,4
U09- transports et télécommunication 57652 17084 74736 868 52 920 58520 17136 75656 1,5% 0,3% 1,2% 3,6 6,3
U10 - services marchands 84984 110940 195924 2144 860 3004 87128 111800 198928 2,5% 0,8% 1,5% 11,7 16,5
U11 à U14-autres activités 83758 100799 184557 680 872 1552 89508 120046 214864 0,8% 0,7% 0,7% 6,0 17,8
Total 693446 456523 1E+06 21784 3884 25668 720300 478782 1204392 3,0% 0,8% 2,1% 100,0 100,0
Himéminor 2007 page 252

source INSEE-RGP 1982 -résultats du sondage au 1/4 -


fascicules départementaux - tableaux D 8
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON LA CATEGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE -1982
% étrangers
Francais Etrangers TOTAL /actifs pour 100 actifs étrangers
H F T H F T H F T H F T

1982
CALVADOS
1- agriculteurs exploitants 11432 9528 20960 44 28 72 11476 9556 21032 0,3% 1,7 4,3 2,3
2- artisans, commerçants, chefs entrepr. 12732 7804 20536 144 28 172 12876 7832 20708 0,8% 5,7 4,3 5,4
3-cadres, professions intellectuelles sup. 10936 3388 14324 96 20 116 11032 3408 14440 0,8% 3,8 3,0 3,6
4- professions intermédiaires 22568 15864 38432 204 76 280 22772 15940 38712 0,7% 8,1 11,6 8,8
5 -employés 13288 43324 56612 168 256 424 13456 43580 57036 0,7% 6,7 39,0 13,3
6 - ouvriers, yc agricoles 62756 16424 79180 1868 248 2116 64624 16672 81296 2,6% 74,0 37,8 66,5
Total 133712 96332 230044 2524 656 3180 136236 96988 233224 1,4% 100 100 100
1982
EURE
1- agriculteurs exploitants 7236 5316 12552 84 24 108 7320 5340 12660 0,9% 1,8 2,3 1,9
2- artisans, commerçants, chefs entrepr. 10492 6200 16692 140 16 156 10632 6216 16848 0,9% 3,0 1,5 2,7
3-cadres, professions intellectuelles sup. 8960 2484 11444 132 12 144 9092 2496 11588 1,2% 2,8 1,1 2,5
4- professions intermédiaires 18144 10872 29016 200 80 280 18344 10952 29296 1,0% 4,3 7,6 4,9
5 -employés 8604 31044 39648 108 288 396 8712 31332 40044 1,0% 2,3 27,3 6,9
6 - ouvriers, yc agricoles 56392 20880 77272 4036 636 4672 60428 21516 81944 5,7% 85,9 60,2 81,2
Total 109828 76796 186624 4700 1056 5756 114528 77852 192380 3,0% 100 100 100
1982
MANCHE
1- agriculteurs exploitants 22012 20028 42040 4 0 4 22016 20028 42044 0,0% 0,3 0,0 0,2
2- artisans, commerçants, chefs entrepr. 10532 6528 17060 72 0 72 10604 6528 17132 0,4% 4,8 0,0 4,5
3-cadres, professions intellectuelles sup. 6004 1700 7704 88 8 96 6092 1708 7800 1,2% 5,9 7,4 6,0
4- professions intermédiaires 14564 9760 24324 100 56 156 14664 9816 24480 0,6% 6,6 51,9 9,7
5 -employés 9836 26872 36708 40 24 64 9876 26896 36772 0,2% 2,7 22,2 4,0
6 - ouvriers, yc agricoles 49128 10408 59536 1200 20 1220 50328 10428 60756 2,0% 79,8 18,5 75,7
Total 112076 75296 187372 1504 108 1612 113580 75404 188984 0,9% 100 100 100
Himéminor 2007 page 253
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR SEXE ET NATIONALITE SELON LA CATEGORIE SOCIO-PROFESSIONNELLE -1982

% étrangers
Francais Etrangers TOTAL /actifs pour 100 actifs étrangers

H F T H F T H F T H F T
1982
ORNE
1- agriculteurs exploitants 11984 10224 22208 28 4 32 12012 10228 22240 0,1% 2,1 1,2 1,9
2- artisans, commerçants, chefs entrepr. 7168 4240 11408 60 8 68 7228 4248 11476 0,6% 4,5 2,3 4,0
3-cadres, professions intellectuelles sup. 3740 1084 4824 28 8 36 3768 1092 4860 0,7% 2,1 2,3 2,1
4- professions intermédiaires 8816 6656 15472 72 20 92 8888 6676 15564 0,6% 5,4 5,8 5,5
5 -employés 5380 18800 24180 28 48 76 5408 18848 24256 0,3% 2,1 14,0 4,5
6 - ouvriers, yc agricoles 31904 11036 42940 1124 256 1380 33028 11292 44320 3,1% 83,9 74,4 81,9
Total 68992 52040 121032 1340 344 1684 70332 52384 122716 1,4% 100 100 100
1982
SEINE-MARITIME
1- agriculteurs exploitants 11440 8712 20152 40 8 48 11480 8720 20200 0,2% 0,3 0,5 0,4
2- artisans, commerçants, chefs entrepr. 19992 13116 33108 428 48 476 20420 13164 33584 1,4% 3,7 2,8 3,5
3-cadres, professions intellectuelles sup. 24720 6704 31424 348 40 388 25068 6744 31812 1,2% 3,0 2,3 2,9
4- professions intermédiaires 49788 30324 80112 628 152 780 50416 30476 80892 1,0% 5,4 8,8 5,8
5 -employés 25796 88680 114476 408 556 964 26204 89236 115440 0,8% 3,5 32,3 7,2
6 - ouvriers, yc agricoles 142172 32208 174380 9864 916 10780 152036 33124 185160 5,8% 84,2 53,3 80,2
Total 273908 179744 453652 11716 1720 13436 285624 181464 467088 2,9% 100 100 100

1982
NORMANDIE
1- agriculteurs exploitants 64104 53808 117912 200 64 264 64304 53872 118176 0,2% 0,9 1,6 1,0
2- artisans, commerçants, chefs entrepr. 60916 37888 98804 844 100 944 61760 37988 99748 0,9% 3,9 2,6 3,7
3-cadres, professions intellectuelles sup. 54360 15360 69720 692 88 780 55052 15448 70500 1,1% 3,2 2,3 3,0
4- professions intermédiaires 113880 73476 187356 1204 384 1588 115084 73860 188944 0,8% 5,5 9,9 6,2
5 -employés 62904 208720 271624 752 1172 1924 63656 209892 273548 0,7% 3,5 30,2 7,5
6 - ouvriers, yc agricoles 342352 90956 433308 18092 2076 20168 360444 93032 453476 4,4% 83,1 53,5 78,6
Total 698516 480208 1E+06 21784 3884 25668 720300 484092 1204392 2,1% 100 100 100
Himéminor 2007 page 254

source INSEE-RGP 1982 -résultats du sondage au 1/4 - population-emploi-ménages-familles logements


fascicules départementaux - tableaux D 8
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE- 1999
%
étrangers
TOTAL Français Etrangers / actifs pour 100 actifs
dont par dont par
acquisition total français acquis étrangers
CALVADOS

agriculture 13010 12861 66 149 1,1% 5,2 5,2 2,0 4,7


industrie 47406 46952 517 454 1,0% 19,0 19,0 15,8 14,4
construction 13922 13336 205 586 4,2% 5,6 5,4 6,3 18,6
tertiaire 175797 173833 2490 1964 1,1% 70,3 70,4 76,0 62,3
dont commerce 34062 33788 415 276 0,8% 13,6 13,7 12,7 8,8
TOTAL 250135 246982 3278 3153 1,3% 100 100 100 100
EURE
agriculture 8222 8125 92 97 1,2% 3,7 3,8 2,2 1,7
industrie 60109 58137 1130 1972 3,3% 27,4 27,2 26,7 34,6
construction 13666 12930 243 736 5,4% 6,2 6,0 5,7 12,9
tertiaire 137427 134529 2768 2898 2,1% 62,6 62,9 65,4 50,8
dont commerce 26029 25500 442 529 2,0% 11,9 11,9 10,4 9,3
TOTAL 219424 213721 4233 5703 2,6% 100 100 100 100
MANCHE
agriculture 18859 18823 32 36 0,2% 10,3 10,3 3,1 3,3
industrie 36573 36418 152 155 0,4% 20,0 20,0 14,8 14,2
construction 13226 13111 58 115 0,9% 7,2 7,2 5,7 10,6
tertiaire 114556 113773 782 783 0,7% 62,5 62,5 76,4 71,9
dont commerce 23427 23318 101 109 0,5% 12,8 12,8 9,9 10,0
TOTAL 183214 182125 1024 1089 0,6% 100 100 100 100
ORNE
agriculture 10876 10692 44 184 1,7% 9,7 9,7 3,7 9,9
industrie 27874 27316 348 558 2,0% 24,8 24,7 29,5 30,0
construction 6987 6760 68 227 3,2% 6,2 6,1 5,8 12,2
Himéminor 2007 p. 255

tertiaire 66494 65604 721 890 1,3% 59,2 59,4 61,0 47,9
dont commerce 12714 12510 112 204 1,6% 11,3 11,3 9,5 11,0
TOTAL 112231 110372 1181 1859 1,7% 100 100 100 100
POPULATION ACTIVE AYANT UN EMPLOI PAR NATIONALITE SELON L'ACTIVITE ECONOMIQUE- 1999
%
étrangers
TOTAL Français Etrangers / actifs pour 100 actifs
dont par dont par
acquisition total français acquis étrangers
SEINE-MARITIME

agriculture 12382 12314 65 68 0,5% 2,7 2,7 0,8 0,7


industrie 99506 97345 1472 2161 2,2% 21,3 21,3 17,6 22,5
construction 29307 27578 591 1729 5,9% 6,3 6,0 7,1 18,0
tertiaire 325226 319595 6245 5631 1,7% 69,7 70,0 74,6 58,7
dont commerce 57851 56927 910 924 1,6% 12,4 12,5 10,9 9,6
TOTAL 466421 456832 8373 9589 2,1% 100 100 100 100

NORMANDIE

agriculture 63349 62815 299 534 0,8% 5,1 5,2 1,7 2,5
industrie 271468 266168 3619 5300 2,0% 22,0 22,0 20,0 24,8
construction 77108 73715 1165 3393 4,4% 6,3 6,1 6,4 15,9
tertiaire 819500 807334 13006 12166 1,5% 66,5 66,7 71,9 56,9
dont commerce 154083 152043 1980 2042 1,3% 12,5 12,6 10,9 9,5
TOTAL 1231425 1210032 18089 21393 1,7% 100 100 100 100
France

agriculture 949017 909708 14259 39309 4,1% 4,1 4,2 1,5 3,3
industrie 4230978 4012401 164746 218577 5,2% 18,4 18,4 17,7 18,1
construction 1344215 1167137 63230 177078 13,2% 5,8 5,3 6,8 14,7
tertiaire 16526356 15755059 688327 771297 4,7% 71,7 72,1 74,0 63,9
dont commerce 3051246 2906977 133832 144269 4,7% 13,2 13,3 14,4 12,0
Himéminor 2007 p. 256

TOTAL 23050566 21844305 930562 1206261 5,2% 100 100 100 100
source: INSEE RGP 1999 -exploitation complémentaire
Himéminor 2007 p. 257

Annexe 2
Cartes et documents complémentaires à la Partie II
Himéminor 2007 p. 258
Himéminor 2007 p. 259
Himéminor 2007 p. 260
Himéminor 2007 p. 261
Himéminor 2007 p. 262

La stigmatisation des étrangers au Havre à travers « l’Affaire Jacobs »

Le Havre aux Jacobs

Les dessous de l’Alcazar. – A Ti-


voli. – Un soldat dénoncé. –
« Si vous ne connaissez pas
votre métier, allez-vous
en ». – Le Bijou, ves-
tibule de l’hôpi-
tal. – Désin-
fectons.

Les dessous de l’Alcazar*

Il y a longtemps que nous ne nous sommes pas occupés de cette excellente


tribu des Jacobs, qui est, nous osons le dire, la honte de notre ville en même temps
qu’elle contribue puissamment à sa perte, à sa ruine.
La tribu qui a accaparé tous les concerts au point qu’il n’y a pas un Français qui
puisse obtenir l’autorisation d’en ouvrir un et qui les a transformés en infects bouis-
bouis vient de s’emparer de l’Alcazar.
C’est en effet le sieur Maurice Jacobs qui est le propriétaire actuel de l’Alcazar
qui, pour tout le monde est au nom de M. Achille Moch, chanteur du Bijou. L’Alcazar
est pris pour six mois, à raison de 1,000 francs pas mois, payables à l’avance ; c’est
l’ex-directeur, M. Bergère, qui est directeur artistique, mais au compte de Jacobs et à
raison de 150 francs par mois et trente pour cent sur les bénéfices ; les billets d’entrée
sont signés : Maurice Jacobs, directeur, ce qui est une nouvelle preuve que c’est bien
lui qui est le propriétaire actuel de ce concert.
M. Bergère conserve la licence qui a été payée par l’ancienne société et
l’exploite ; c’est donc un préjudice causé par Jacobs à l’Etat.
Nous nous demandons comment l’autorisation a pu être accordée au tenancier
du Bijou.
Il y a là-dessous quelque chose de louche, et puisque M. le sous-préfet ne peut
ou ne veut rien faire, nous ne savons pour quelle raison, c’est à M. Mastier, préfet de
la Seine-Inférieure que nous demandons aujourd’hui de désinfecter notre ville de
tristes individus qui sont rejetés avec dégoût, même par leurs nationaux.
Cela est si vrai que M. le Consul général d’Angleterre qui éprouve la plus grande
honte d’abriter les Jacobs sous le pavillon britannique, a fait insérer l’avis suivant dans
les principaux journaux anglais.
Nous le traduisons :
« M. le Consul général d’Angleterre au Havre prévient les jeunes filles de bonne
famille de ne pas se rendre au Havre dans la famille Jacobs, car sous le prétexte de
les placer, elles sont honteusement exploitées et livrées à la débauche.
Dans le cas où il y en aurait qui seraient déjà parties et qui se troueraient lésées,
elles n’ont qu’à se rendre au Consulat. M. le Consul général se charge de les rapatrier
et de leur donner aide et protection. »
L’avis est peu flatteur pour notre ville, on l’avouera, mais on ne peut que féliciter
M. le Consul d’Angleterre de mettre les malheureuses filles de son pays à l’abri des
pattes des Jacobs, car on sait ce qu’ils en font, pour le plus grand profit de leurs coffres-
forts.
Himéminor 2007 p. 263

Nous savons de plus que le consul anglais a également protesté par lettre
adressée à M. Kolb, commissaire central, contre l’autorisation accordée à son
compatriote d’ouvrir l’Alcazar. C’est qu’il en connaît long sur la tribu, le Consul anglais,
et que les dossiers qui le concernent sont plus que volumineux.
Bouchons-nous le nez et passons …

*Le Progès, 1901, (Archives Municipales du Havre, I1, Carton 31, liasse 8)
Himéminor 2007 p. 264

Annexe 3

Un exemple de récit de vie


Mme M. MY
Himéminor 2007 p. 265

Mme M. MY.
Le 24 mai 2006

Domicile du témoin
MD 1

PARTIES TRANSCRIPTION
GÉNÉRIQUES Sous-parties
Son père KLP – Voilà donc, Mme MY, vous êtes à Flers… On va peut-être commencer par votre papa
Mme MY – Comme vous voulez !
KLP – Ce que vous pouvez m’en dire, ce que vous connaissez de son histoire, à quel moment est-ce qu’il
est arrivé à Flers…
Mme MY – Il est venu en 72 en France, mais il est pas venu directement à Flers, il est venu à Angers je crois
31s il vient de Posof KLP – Alors il vient d’où déjà, de quelle région en Turquie ?
Mme MY – Il vient de Posof. Posof c’est vers les frontières russes la George, c’est ça ?
KLP – Géorgie ?
Mme MY – Oui, Géorgie et il est venu après son service militaire, il est venu directement avec les papiers,
avec les demandes il est venu, il est venu comme ça. Il a travaillé dans des chantiers au début, après il est
venu à Flers
1mn 06 pourquoi à Flers KLP – Est-ce que vous savez pourquoi il est arrivé à Flers ?
Mme MY – Pour travailler, pour gagner de l’argent
KLP – Mais c’est le hasard qu’il soit arrivé à Flers Ou
Mme MY – non parce qu’il y avait d’autres gens, d’autres amis de Turquie qu’il connaissait qui étaient déjà à
Flers, par correspondance ils ont fait appeler ici. Ils ont dit nous on travaille là-bas, ils se connaissent mieux
parce que quand ils sont arrivés en France, ils connaissaient pas personne, ils connaissaient pas la langue
et puis ça s’est fait comme ça et puis ils sont venus à Flers. Il y en a beaucoup à Flers de Posof. Il y en a
beaucoup à Flers des gens qui viennent de Posof. La plupart des gens qui habitent à Flers, c’est de Posof.
1mn 49 Posof KLP – Et à quoi ressemble cette région ?
Mme MY – c’est comme Flers. Disons c’est Flers, Posof c’est Flers et nous on habite vers les environs par
exemple Messei, Athis, comment on appelle Saint Georges, c’est des sortes de villages où on habitait
KLP – D’accord. C’est pas la montagne
Mme MY – Non
KLP – ça ressemble beaucoup à ici alors ?
Mme MY – Oui, moi je trouve que ça ressemble à Flers, même le temps, l’air il est de ce que nous on habite
KLP – Ah oui ! Même les températures
Himéminor 2007 p. 266

Mme MY – Oui. Il fait pas très chaud, il fait pas très froid, c’est comme, il pleut beaucoup là-bas aussi, c’est
comme Flers, moi je trouve que c’est comme Flers, l’air il est bien. Bon il y a pas de pollution parce qu’il n’y a
pas de voitures tout ça, mais, c’est comme Flers moi je trouve
2mn 48 il est venu à KLP – Donc il est arrivé à Flers et c’était pour travailler où ?
Flers, a trouvé du travail Mme MY – il savait pas où travailler, il est venu travailler, il a travaillé, je sais plus exactement, je connais
dans une usine pas tout ce qu’il a fait, mais il a travaillé un peu dans une autre usine, un peu dans des chantiers, après, il est
rentré dans le truc de tissages
KLP - En quelle année, vous savez ?
Mme MY – comment vous dire en quelle année, exactement je sais pas, je sais que après il a été licencié de
cette usine-là, ça a dû être 74.
3mn 35 elle est venue KLP – Et vous à ce moment-là alors, où étiez-vous ?
en France en 1975, son Mme MY – Moi j’étais pas là, j’étais en Turquie, il nous a fait venir en France en 75
père à la Blanchardière KLP – Quand il travaillait donc à l’usine textile, c’était la Blanchardière ?
de nuit Mme MY – Oui. Il travaillait de nuit, il a toujours travaillé de nuit. Quand nous on est arrivés, il est venu nous
chercher après, en une semaine, non, en 15 jours il est venu et puis on est retourné ici
4mn 10 les conditions KLP – Comment il a voyagé ?
de l’arrivée de la famille Mme MY – Il est venu en avion et nous on est venus en train
à Flers KLP – Vous avez quitté, vous aviez une maison là-bas
Mme MY – Oui, on était avec mes grands-parents et puis j’avais des tantes, des oncles. J’ai deux oncles,
mais mes oncles ils étaient pas là, mes oncles quand nous on était là-bas, ils étaient partis travailler et puis il
nous a pris, on est arrivés ici. Avec une autre famille on est venus
KLP – Vous étiez combien de frères et sœurs ?
Mme MY – moi, on est 2. Je suis l’aînée et j’ai un frère
KLP – Donc avec votre maman
Mme MY – Oui, avec ma mère
KLP – Donc vous étiez prévenus, vous saviez qu’il allait
Mme MY – il est venu demander l’autorisation à son père, mon père il a donné l’autorisation en disant que,
mon père il a dit la vie tout seul là-bas pour manger, pour faire à manger, c’est pas pareil, il a dit j’ai besoin
de ma femme, est-ce que tu donnes l’autorisation et mon grand-père il a donné oui
KLP – Et vous dites vous êtes partis à deux familles ?
Mme MY – Oui, il y avait une autre famille qui était venue, du même village que nous, que le monsieur il
travaille ici
KLP – Donc ils avaient fait le voyage en avions ensemble et vous êtes
Himéminor 2007 p. 267

Mme MY – repartis oui avec eux


5mn 38 ne savaient pas KLP – Donc vous saviez que vous quittiez définitivement la Turquie ?
que quittaient Mme MY – Oui, non, on savait pas définitivement, on disait bon on part, on va gagner de l’argent, c’est ce
définitivement la Turquie qu’il disait, tout le monde disait ça, on va gagner de l’argent et puis après on va retourner en Turquie et puis
non, on est là, ça fait 30 ans, on est pas partis !

5mn 57 elle ne voulait KLP – Et vous aviez fait vos bagages, vous vous souvenez précisément du moment où vous êtes partis ?
pas partir Mme MY – oui, moi j’ai trop pleuré parce que je voulais pas partir
KLP – Vous aviez quel âge ?
Mme MY – J’avais 6 ans 1/2, je voulais pas, je disais non, je veux pas quitter, ma grand-mère je voulais pas
quitter et même quand je sais que je montais dans le train je disais t’inquiètes pas grand-maman, je vais
revenir dans 3 mois ! J’avais dit ça !
6mn 27 peu de choses KLP – Et qu’est-ce que vous aviez emmené d’important dans vos bagages ?
dans les bagages Mme MY – Pas beaucoup de choses ! Juste les vêtements qu’on mettait c’est tout
KLP – Oui, pas un souvenir
Mme MY – je sais plus, non, on a pas ramené beaucoup de choses, je sais pas, quelques photos c’est tout
6mn 47 le voyage en
train

KLP – Donc ce voyage en train il a duré plusieurs jours ?


Mme MY – Oui, je crois une semaine
KLP – Une semaine ! Vous dormiez dans les trains ?
Mme MY – Oui, on dormait, on était tous dans un wagon, ça s’appelle un wagon, on était tous dans un
endroit avec l’autre famille, l’autre famille elle avait 5 enfants, leur maman, le monsieur, ma mère, moi, mon
frère, mon père, on était 9 non, 7 + 4, on était 11
07mn 53 connaissaient KLP – L’autre famille, vous la connaissiez avant le voyage ?
l’autre famille qui Mme MY – Oui, oui, ils sont du même village que mes parents, mon père
voyageait avec eux KLP – Donc ça vous rassurait
Mme MY – Oui, on est venus avec eux oui, mais on est pas, eux ils sont venus à Condé, nous on est venus
à Flers
KLP – d’accord
Mme MY – le monsieur il travaillait à Condé
KLP – Dans quelle entreprise ?

Mme MY – Je sais plus Férodo


Himéminor 2007 p. 268

KLP – D’accord
Mme MY – Oui, maintenant c’est Aliasignal (?) et puis un autre nom encore
8mn 24 sa 1re KLP – Vous vous souvenez de votre première impression en arrivant ici ?
impression en arrivant à Mme MY – Ah oui ! Parce qu’on avait pas nous, c’était des maisons vous savez, il y en a qu’ils étaient en
Flers pierre ou en terre les maisons où nous on habitait là-bas et quand on est venus ici, la maison que mon père il
avait louée, c’était au 4e étage et quand on montait les escaliers je disais papa on monte où là, c’est où ça ? !
J’avais l’impression que je suis en train de monter la montagne tellement que c’était haut ! Et puis et les
escaliers ils étaient très hauts, les maisons que je voyais j’étais étonnée !
9mn 02 logement KLP – Donc l’autre famille habitait Condé, donc vous n’avez pas partagé l’appartement ?
Mme MY – Non, non, nous quand on est arrivé mon père il avait son appartement. Il était avec des copains
quand il est venu, quand il est venu il était avec des copains de Posof qu’il connaissait et puis quand nous on
est arrivés, ils sont partis dans des foyers eux, où il y a les jeunes là avant et puis
KLP – C’était où cet appartement ?
Mme MY – C’était au Pont Féront, à côté Leclerc, on a habité ici, je sais plus combien d’année, 5/6 ans on a
habité, c’était une F2, il y avait une chambre et il y avait la salle et puis cuisine, WC, salle de bain
9mn 53 équipement de KLP – Et l’équipement de l’appartement ?
l’appartement Mme MY – Il n’y avait pas beaucoup de choses ! Il y avait juste la gazinière, il y avait, 2/3 matelas qu’ils
avaient mis par terre (rires), il y avait pas de lit rien du tout
KLP – Alors que vous en aviez à Posof
Mme MY – Ah oui, on avait nos lits, oui, ceux qui s’étaient avant dans les années, c’était des lits, on était
bien, on avait tout, bon c’était pas le moderne il faut dire, mais on était habitués à ce que nous on avait,
quand on est venus, on avait pas ça
KLP – Oui, pour vous c’était moins bien
10mn 32 elle n’osait pas Mme MY – Oui, on osait pas sortir, je sortais pas
sortir KLP – Pourquoi vous n’osiez pas sortir
Mme MY – on connaissait pas, on avait peur de se perdre, c’était pas du tout pareil
10mn 47 son père leur KLP – Votre papa vous parlait de son travail ?
parlait de son travail Mme MY – oui, il nous parlait, quand il partait il disait il allait travailler sur une machine, des fois il nous
ramenait, il avait ramené beaucoup de tissus qu’il achetait, que eux ils donnaient des chutes, des trucs
comme ça, que ma mère elle faisait des coussins, elle nous a fait des couvertures, des trucs comme ça que
mon père il ramenait de son boulot
KLP – Vous compreniez ce qu’il faisait
Mme MY – Oui, il nous expliquait qu’est-ce qu’il faisait. Il nous disait c’est ça que je fais avec la machine.
Himéminor 2007 p. 269

11mn 34 le travail KLP – Donc on en était à votre arrivée et votre papa qui vous racontait son métier, enfin ce qu’il faisait ici à la
de nuit Blanchardière et le fait qu’il travaille la nuit, ça vous semblait normal, enfin lui est-ce qu’il avait déjà travaillé
la nuit ?
Mme MY – Non, je sais pas, je pense pas, et on était pas trop rassurés quand il était pas là, il nous disait
bien fermer la porte, t’inquiète pas, ici il n’y a pas de ce problème-là, pas de voleurs, il nous disait toujours
ça, mais bon, ça s’est passé, ça fait 30 ans et on a rien eu !
12mn 12 relations avec KLP – Et il travaillait avec d’autres hommes, est-ce qu’il s’est fait des amis ?
ses collègues Mme MY – oui, il avait des autres Turcs qui travaillaient aussi avec lui, après il a eu des copains par rapport
à ce que ils se comprenaient, il a eu des copains aussi
KLP – Oui, principalement d’autres personnes d’origines turques ?
Mme MY – Oui, il y en avait oui
KLP – Et des Français après est-ce qu’il y en avait ? Est-ce qu’il a aussi eu des amis
Mme MY – Si, il a eu des amis français, bon, ils venaient pas, mais dans l’usine il avait des copains oui qu’ils
ont aidés parce que des fois ils se comprenaient pas, ils aident avec des gestes, non, il a pas eu de
problèmes, il a eu des copains
12mn 54 l’apprentissage KLP – Oui parce qu’il a fallu apprendre la langue pour votre papa
de la langue Mme MY – Oui, et c’est pas encore, ça fait depuis 72 qu’il est en France, bon il se fait comprendre, il
comprend, mais, il peut pas faire une phrase sans faire une faute non, il a du mal. Il a pas été à l’école en
Turquie, il sait écrire et lire le turc, mais en France non, il a pas pu. Ma mère qui est en France depuis 30
ans, même elle, elle comprend, mais elle a du mal à faire les phrases. Non, la langue française, elle est
dure ! Bon, moi, je parle c’est parce que j’ai été à l’école !
13mn 33 elle, elle est KLP – Dès que vous êtes arrivé vous êtes allée à l’école ? Comment ça s’est passé ?
allée à l’école Mme MY – Oui, oui, j’étais à l’école. Ils m’ont mis en CP, mais j’étais perdue. Après ils m’ont mis dans une
classe spéciale pour apprendre le turc, j’ai été 2 ans. Après j’ai fait CE2, non CP, après j’ai fait CE1, CE2,
CM1, CM2. Après j’ai été au lycée
KLP – Vous êtes allée au lycée ?
Mme MY – Oui, j’ai fait CAP de couture, j’ai eu mon CAP
KLP – Ici à Flers ?
Mme MY – Oui, au lycée Fernand Léger
14mn 13 CAP la couture KLP – Pourquoi vous avez choisi couture
un métier de femme Mme MY – (rires) parce que c’était pour mon père, c’est ce qu’il disait, c’est un métier de femme
KLP – Il disait que c’était un métier de femme ?
Mme MY – Oui. Et après j’ai travaillé dans la couture. Et après, je suis à la maison (rires), j’ai eu mon fils et
après j’ai plus travaillé
Himéminor 2007 p. 270

14mn 34 son père lui KLP – Et vous dites votre papa vous disait que c’était un métier de femme la couture et lui la nuit, il était
n’avait pas le choix tisserand c’est ça ?
Mme MY – Oui
KLP – Et il considérait que c’était un métier d’hommes ou un métier de femmes ?
Mme MY – il avait pas le choix lui ! Il avait pas le choix ! Après il a été dans une autre usine là où il faisait les
plaquettes de freins, là Férodo eh, mais il avait pas le choix mon père, parce que c’était là-bas, ils
embauchaient là-bas, il est parti là-bas. Parce que les autres turques qui travaillaient là-bas, ils l’ont fait
rentrer là-bas, mais c’est pas parce qu’il connaissait le métier, non, c’est pas ça, c’était comme ça, il a pas
choisir comme ça
15mn 15 son travail KLP – Et après, quand la Blanchardière a fermé, il a travaillé chez Férodo ?
chez Ferodo Mme MY – Non, il a été un an et demi au chômage, après il a travaillé à Férodo
KLP – Jusqu’à quand chez Férodo ?
Mme MY – jusqu’en 2002, il est à la retraite
15mn 33 comparaison KLP – Et est-ce que ça ressemblait un peu, est-ce que c’était du tissage aussi ?
tissages de la Mme MY – Non, c’est pas du tout, non, non, non c’est pas du tout, là-bas c’est des trucs, j’sais pas en coton,
Blanchardière et c’est pas du tout pareil parce que là-bas c’est du fer
l’amiante chez Ferodo KLP – de l’amiante
Mme MY – De l’amiante oui, il a travaillé dans l’amiante. Et puis c’est pas du tout pareil. Là-bas, quand mon
16mn 12 infection au père il venait du tissage, il était propre, bon il y avait les trucs, mais il était propre. Quand il venait de chez
niveau du bras Férodo, il avait les mains qui étaient toutes noires, il se faisait brûler, il avait des ampoules partout. Au début,
jusqu’à ce qu’il apprenne le métier, il était, et même à un moment il avait, parce que bon il voulait pas aller au
médecin, il brûlait l’aiguille avec son briquet et il perçait les ampoules et à un moment ça s’est infecté et il
avait tout le bras qui était gonflé, devenu presque, ils allaient presque le couper son bras et après quand le
médecin, on avait rappelé le médecin, je sais, je me rappelle, c’est le docteur (?) il a fait, après il a été à
l’hôpital. Encore une semaine, dix jours, il aurait plus son bras !
KLP – Et dans l’entreprise personne ne disait rien ?
Mme MY – il a pas dit, il a rien dit, non, non, il a rien dit, il a gardé pour lui, il avait mal, mais ça faisait pas
longtemps qu’il était rentré, il avait peur qu’il se fasse virer, j’sais pas il avait pas dit, mais heureusement
qu’on avait ramené le médecin, parce qu’il pouvait plus dormir à cause des douleurs il pouvait plus dormir et
je sais que c’est moi qui a appelé le médecin, il est venu à la maison, heureusement, il a fait une piqûre et
puis
17mn 33 la dangerosité KLP – Et l’amiante chez Férodo, vous vous souvenez à quel moment il a su que c’était dangereux son
de l’amiante métier ?
Mme MY – il a su que après que l’amiante c’était dangereux pour lui, là il est amianté, il est à 5 % d’amiante,
c’est pour ça qu’il a été plus tôt à la retraite, normalement il devait pas à son âge, il était pas à la retraite, il a
Himéminor 2007 p. 271

gagné par l’amiante 5 ans je crois. À la télé ils avaient fait voir. Il est amianté quoi. Il est malade. L’amiante,
c’est, il peut pas marcher beaucoup, il est essoufflé
18mn 14 quelle est sa KLP – Comment il en parle de Férodo maintenant ?
vision sur ces 2 emplois Mme MY – pour lui c’était une usine très bien, parce qu’il travaille aussi de nuit là-bas, il a travaillé aussi de
nuit, il gagnait bien, mais le tissage, pour lui le tissage c’était pas un métier lourd, il aimait bien son métier !
(rires)
KLP – Le premier, à la Blanchardière ?
Mme MY – Oui
18mn 43 le travail des KLP – Je vais peut-être dire quelque chose de complètement stupide, mais est-ce qu’il connaissait ce métier-
hommes de la famille en là en Turquie déjà, est-ce que
Turquie (maçon, Mme MY – Non, non, non parce que mon père il était, mon grand-père c’était un agriculteur, c’était un
agriculteur) paysan, alors j’sais pas mon père il agrandit avec son père, il connaissait l’agriculteur, il savait pas beaucoup
de choses. Mais mon grand-père il prenait des gens dans des villages, il ramenait dans des grandes villes
pour faire travailler, il était comme chef, il ramenait les gens et puis là-bas il connaissait des patrons et puis il
ramenait les gens ils travaillaient là-bas et mon grand-père lui il faisait le chef, il travaillait pas lui, il faisait voir
le métier. Mais en maçonnerie
KLP – D’accord, donc il était dans l’agriculture, il avait sa ferme et en même temps il avait
Mme MY – Oui. Il laissait comme il y avait son frère à mon grand-père, il laissait sa femme, ses enfants avec
son grand frère qui était parce qu’ils étaient ensemble, ils avaient pas séparé leur foyer, c’était un foyer que
tout le monde était, qui vivait là-bas et l’argent qu’il gagnait mon grand-père, il partageait avec son frère. Et
mon, je dis mon grand-père aussi au frère de mon père, lui il faisait le travail de l’agriculteur au village
20mn 27 sa retraite à KLP – Aujourd’hui votre papa est reparti en vacances en Turquie, à Posof ?
Posof Mme MY – Oui il est parti à Posof, normalement on habite pas à Posof, mais depuis 98 on habite plus à
Posof. Mon grand-père et ma grand-mère ils étaient assez âgés, mon père il a ramené dans sa maison qui
est à Boursa et ils ont pas trop vécu. Ma grand-mère elle a vécu un an après elle a décédé et mon grand-
père il a vécu 11 ans avec son autre fils, le frère à mon père, après il a décédé en 2002, 2001 pardon, 2001
et mon père il veut aller à Posof, où il y avait la maison à son père. Bon, elle est vieille la maison, mais il va
faire rénover, il veut habiter là. Il veut pas la grande ville, il veut pas.
21mn 30 les retours à KLP – Et quand il est venu ici avec vous, j’imagine qu’il n’a pas pu retourner en Turquie pendant de
Posof pour les vacances nombreuses années, et vous non plus ?
(1600 km en voiture : 1 Mme MY – 3 ans, on est resté 3 ans après qu’on aille en Turquie
semaine) KLP – Et vous partiez juste pour les vacances d’été ?
Mme MY – Oui, on est partis en voiture, on a toujours été en voiture. Mon père il avait eu son permis en 72,
pardon en 76 et on est partis en 78, la première année qu’on est partis en vacances
KLP – Combien de temps on met pour aller en Turquie en voiture ?
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Mme MY – On mettait… parce que à Posof, de d’ici à Posof on mettait une semaine. On partait France,
Italie, Yougoslavie, la Bulgarie et la Turquie. De la Turquie où nous on habite à Boursa, il y a 1600 km pour
aller à Posof.
KLP – Ah oui !
Mme MY – Et mon père il s’arrêtait juste une demi journée chez de la famille qu’il y avait à Boursa et les
temps de se reposer un peu après on prenait la route pour aller à Posof.
KLP – Vous dormiez dans la voiture
Mme MY – oui, on dormait dans la voiture oui, on s’arrêtait pour manger
KLP – Donc tous les ans vous avez pu retourner
Mme MY – non, pas tous les ans, tous les 2 ans après
KLP – Tous les 2 ans
Mme MY – Oui, c’est cher vous savez un voyage, on peut pas, on faisait pas tout ce qu’on voulait, on voulait
économiser de l’argent pour aller parce que son père, sa mère ils demandaient qu’on aille là-bas
KLP – Que vous alliez les voir
Mme MY – Oui
23mn 13 aide financière KLP – Est-ce que vous les aidiez financièrement aussi ?
à la famille en Turquie Mme MY – Oui, beaucoup, oui, mon père beaucoup
KLP – Il était le seul à travailler dans la famille ?
Mme MY – Oui, c’était le grand, mon père c’est le grand de, des enfants de mon grand-père, mon père il est
l’aîné et il a encore des autres frères, mais ils travaillaient, ais c’est pas pareil l’argent là-bas et ici, il aidait
beaucoup. Il a aidé, même tout de suite il aide mon père, c’est vrai, il a toujours aidé bon, il voient pas des
fois, ils sont pas remerciant ! Il a toujours aidé, toujours, toujours, toujours. Il a été toujours au secours de
ses frères, de ses neveux, de ses, toujours
KLP – Ah jusqu’aux neveux
Mme MY – Oui, oui, mon père il a toujours aidé, même tout de suite là, même tout de suite ! Il a toujours
aidé !
KLP – Ils se rendent compte que c’est un effort pour lui ?
Mme MY – Oui, il se croit, parce qu’il est le grand alors il se croit un peu obligé je pense. Nous on veut pas,
même mon frère, même moi, on est toujours en train de le disputer : écoutes papa tu as ta vie ! C’est vrai
qu’il a travaillé dur, il a travaillé dur ! Lui, il avait pas, il travaille souvent le samedi, souvent il travaille le
samedi
KLP – Chez Férodo ou
Mme MY – Oui
KLP – Et à l’usine de tissage aussi,
Mme MY – je me rappelle pas trop, mais je sais qu’il travaillait toujours mon père, toujours
Himéminor 2007 p. 273

KLP – Les nuits et le samedi


Mme MY – Oui. Il fallait, c’était ça ! Parce que mon grand-père il a vendu ses bœufs pour que mon père a
son argent de poche pour venir ici, pour qu’il achète son billet tout ça
KLP – Donc il lui est redevable
Mme MY – Oui
25mn 14 la famille ne KLP – C’est le seul à être venu en France, le seul de la famille ?
remercie pas Mme MY – Oui
KLP – C’est l’aîné et le seul à être venu en France, donc effectivement
Mme MY – Oui. J’ai une tante qui est venue, la sœur à mon père, mais elle est venue marier le monsieur qui
habitait ici et elle est partie, il s’est marié avec ma tante, mais c’est pas pareil
KLP – Donc elle, elle n’aide pas la famille
Mme MY – Non, non. Les filles et les garçons s’est pas pareil chez nous. Les garçons ils aident plus le, la
famille que les filles
KLP – Et vous donc vous souhaiteriez arrêter
Mme MY – Ah oui, non, mais parce que ils voient pas ! Ils sont pas remerciés. Mon oncle qui est à Boursa, je
sais que l’argent qu’il a envoyé, parce que j’étais avec ma mère parce que mon père soit il était pas là, soit il
dormait je sais pas et quand j’allais à la poste avec ma mère parce que bon pour parler, je sais combien de
fois il a envoyé de l’argent à son frère pour que, parce qu’il faisait construire sa maison, parce qu’il avait des
dettes tout ça, j’ai vu combien de fois ! Et là maintenant il voit pas parce qu’il a plus besoin de lui !
KLP – Il pense que c’était normal
Mme MY – Oui, il, faut pas trop aider, moi je dis, faut pas trop aider
KLP – Surtout que pour votre père et votre famille c’était des sacrifices
26mn 30 son mari aide Mme MY – oui, moi mon père il a aidé, maintenant c’est mon mari ! Il a pas de père, il a pas de mère mon
aussi la famille (son mari, il aide son frère
frère) KLP – Il aide son frère qui est resté
Mme MY – Qui est au Posof
26mn 43 rencontre avec KLP – Comment vous l’avez rencontré votre mari ?
son mari, Mme MY – ma mère elle est du même village de mon mari et puis ma mère quand elle allait chez ses
parents, j’allais là-bas hi ! Et puis ! On s’est vus, le coup de foudre, j’sais pas ! On s’est écrit pendant 5 ans,
on se téléphonait, on s’écrivait et après je suis partie en vacances au village à côté mon grand-père, en
soixante, en 98 ils m’ont demandé, mais mon père il a pas voulu le, me donner et… Moi je voulais, mais mon
père il voulait pas, moi je voulais, mais mon père il voulait pas
KLP – Pourquoi ?
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Mme MY – Il voulait pas, je sais pas, il voulait pas ! Après on est revenus ici, après on est partis encore en
vacances en 90 et là il a envoyé encore d’autres personnes pour me faire demander, là c’était à Boursa en
grande ville et puis là il m’a donnée ! C’est moi qui ai dit je veux et puis ça s’est fait !

27mn 44 mariée à KLP – Vous vous êtes mariés à Posof ?


Boursa, cérémonie à Mme MY – Non, non, non, à Boursa, je me suis mariée, les papiers j’ai fait là-bas, à la mairie on a signé et là
Flers on a fait comment on appelle, le mariage on a fait ici, la robe de mariée, la musique tout ça on a fait ici
KLP – La fête vous l’avez faite ici en France ? !
Mme MY – Oui
KLP – Alors que vous aviez plus de famille en Turquie non ?
Mme MY – Oui, mais je sais pas, je voulais ici moi, parce que là-bas je connais pas beaucoup de monde. Il a
sa famille, la famille à mon père, mais non moi je voulais ici
28mn 18 son mari a des KLP – Et la famille de votre mari ?
cousins en France Mme MY – Il a des fils de ses oncles, il en a plein ici, ici il a de la famille mon mari, il a pas de frères et
sœurs, mais ceux qu’ils habitent ici, il y en a à Flers, il y en a au Mans, il y en a à (Lille ?), les fils à son oncle
KLP – Qui étaient là avant que lui n’arrive à Flers ?
Mme MY – oui, oui, oui avant, ça faisait longtemps ils sont venus
28mn 45 demande de KLP – Donc vous vous êtes mariés, enfin vous avez fait les papiers en Turquie et puis vous êtes repartis
regroupement familial immédiatement ensemble en France, comment ça s’est passé ?
pour que son mari Mme MY – Avec mon mari non, j’ai fait les demandes. Mais moi je suis venue là, j’ai travaillé, j’ai fait les
vienne en France demandes de regroupement familial ça s’appelle. Et puis après, ça s’est accepté, l’État français il a accepté
et puis mon mari il est venu
29mn 09 le travail de KLP – Et il a trouvé du travail aussitôt ?
son mari Mme MY – non, il a pas trouvé de travail aussitôt, 6 mois après il a travaillé. Il est parti en stage pour
apprendre un peu le français et après il a travaillé en, comment on appelle, les toits, les charpentes
KLP – En couverture
Mme MY – Oui, en couverture il a travaillé. Là-bas il faisait le travail de maçonnerie mon mari, il connaît plus
le travail de maçonnerie, après il a travaillé en maçonnerie et puis là il travaille en maçonnerie. Il a travaillé
dans tout mon mari
29mn 47 apprentissage KLP – Et pour apprendre le français, vous dites il a fait un stage, mais c’était vous aussi
de la langue Mme MY – Oui, un peu, mais c’était plus le stage et c’était plus à son boulot. Là il parle très bien. Il sait pas
lire, écrire, mais bon lire, encore un peu, mais il sait pas trop écrire, mais comment dire, il parle très bien, il
comprend très bien, il parle très bien, avec à l’u… dans son travail il a appris le français, bon il a un accent,
mais il parle bien
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30mn 15 les enfants KLP – Entre vous, vous ne parlez pas français
parlent mieux français Mme MY – si avec mes enfants, mes enfants ils ont du mal à parler le Turc. Ils parlent, mais ils ont du mal
que turc KLP – Je vous entendais tout à l’heure, il y a quand même beaucoup de phrases ou de mots
Mme MY – En français oui
KLP – En turc aussi
Mme MY – Oui
KLP – Vous mélangez les deux
Mme MY – Oui, on mélange les 2. Moi je veux plus, bon, j’habite en France, c’est sur que mes enfants ils
parlent mieux le français, ils écrivent, mais le turc, je voudrais pas qu’ils perdent parce que là, on va partir en
vacances normalement, ils ont du mal ! Après quand ils font des phrases là-bas les enfants ils rigolent, ils
disent ouais comment tu parles ! Ils sont gênés. Nous c’était pareil, mais moi c’était moi, mais bon moi je
connaissais plus le turc, mais mes enfants qui sont nés ici ils ont du mal
KLP – Vous déjà, vous aviez du mal à parler turc ?
Mme MY – Non, moi je suis arrivée à 6 ans, je savais quand même parler, à 6 ans, je parlais le turc, mais
bon, c’était pas pareil, ma mère elle parle pas français ma mère, moi je parle avec mon père, ma mère, je
parle turc.
KLP – Vous avez pu entretenir le turc
Mme MY – Oui. Maintenant moi je parle le français, mes enfants ils ont du mal alors ils disent pas le turc, ils
disent en français, je suis obligée de répondre en français, c’est pour ça ils ont du mal mes enfants, surtout
le petit il a du mal. L’autre fois, il y a ma tante qui a téléphoné au téléphone, il a du mal, du mal. Il disait,
parce qu’il y avait mon frère qui était en Turquie : tu veux quoi ? Il veut lui envoyer quelque chose, mais il
arrivait pas dire qu’est-ce qu’il voulait, il disait en français ! (rires)
31mn 48 un cours de KLP – Et comment vous faites pour lui apprendre le turc alors, c’est dans la vie quotidienne comme ça ou
turc Mme MY – Oui, dans la vie quotidienne et puis maintenant il y a des profs turcs aussi. Ils vont à l’école tous
les lundis, le 2e, pas le petit, le 2e il va tous les lundis à l’école turque une heure
KLP – Donc c’est après l’école normale
Mme MY – Oui, de 4h30 jusqu’à 6h, bon, ils prennent à 5 heures moins le quart le cours, jusqu’à 6 heures il
apprend le turc
KLP – c’est que la langue ou c’est aussi la religion ?
Mme MY – Non, non, que la langue
KLP – Que la langue, donc pendant une heure toutes les semaines, et vous trouvez qu’il progresse ?
Mme MY – Oui, oui il a des bonnes notes
32mn 25 évolution de la KLP – Et en discutant avec vous ? Est-ce que c’est le même turc que celui que vous parlez vous ?
langue turque
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Mme MY – non. Plus, comment on appelle, plus moderne. Moi je parle quand j’étais à Posof, maintenant,
mes enfants ils parlent comme si la ville. C’est comme ici, vous avez chacun, comme à Marseille par
exemple, ils ont du mal à parler, c’est pas du tout pareil bon
KLP – Et c’est vous qui essayez de parler comme eux ou c’est eux qui
Mme MY – c’est moi j’essaye parler comme eux ! Ma langue, la langue que moi je parle le turc, c’est plus
« gras »
KLP – Vous pouvez me donner un exemple en turc
Mme MY – Par exemple, je dis moi (gueliedim ?) ça c’était quand je parlais au village et mon fils il dit maman
(gueliorum ?) c’est pas pareil, il y a, il est plus doux !
KLP – Mais vous comprenez quand même tout ce qu’il dit
Mme MY – Oui, oui tout ce qu’il dit
KLP – Mais vous essayez de vous adapter à ce que lui apprend
Mme MY – Oui, y a pas de problèmes, on se comprend
33mn 38 des moments KLP – Et est-ce qu’il y a des moments dans la famille où vous décidez de ne parler que turc ? Pour
où on ne parle que turc justement que le petit puisse apprendre
Mme MY – Quand ma mère elle est là. Ma mère, je lui parle turc alors, ma mère elle lui parle turc, il est
obligé de répondre turc. Là, cette semaine on va aller chercher la sœur à mon mari qui est venu en All… En
Hollande parce qu’elle a son fils, nous on va aller chercher parce que c’est la sœur à mon mari, là samedi, ils
vont aller chercher et elle, elle parle turc, bon les enfants, ils vont être obligés de parler avec leur tante
turque. parce qu’elle va pas du tout comprendre. Ma mère elle comprend quand même quand ils disent mais
ma belle sœur elle va pas comprendre
KLP – Ils vont progresser alors
Mme MY – Oui, on va voir !!! Elle va rester 2/3 semaines pas plus
34mn 35 être présente KLP – Et donc si j’ai la possibilité de rencontrer votre papa au mois de janvier comme on a dit, vous pourriez
si rencontre avec son être là ?
père Mme MY – Oui, il y a pas de problème, vous venez chez moi, j’appelle mon père et puis le jour que
KLP – Qu’il puisse parler librement
Mme MY – Oui, il va vous expliquer plus du tissage, qu’est-ce qu’il a fait, dans quelle machine qu’il a
travaillé, il va voir dire plus. Moi je sais qu’il a travaillé dans le tissage, mais bon, je sais pas trop, même dans
le livre que j’avais dit
35mn 08 apprendre la KLP – Et donc, vous, vous avez fait votre CAP de couture, ça dure combien de temps un CAP de couture ?
couture Mme MY – 3 ans
KLP – Et a formation vous plaisait ?
Mme MY – Quand j’étais à l’école, oui
KLP – Votre maman, vous m’avez dit, elle faisait déjà de la couture avec les chutes de tissus
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Mme MY – Oui, oui, elle faisait à la main, on avait pas de machine, ma mère elle cousait à la main. Elle nous
faisait des coussins à la main ou pour s’asseoir
KLP – Donc vous aviez déjà appris avec elle
Mme MY – Oui. Moi j’avais une poupée je faisais (rires) à ma poupée. Oui, mais moi j’étais sur la machine,
c’était pas main
KLP – Vous avez appris à la machine
Mme MY – oui à l’école
35mn 52 CES à la KLP – Donc après ce CAP qu’est-ce que vous avez fait, vous avez trouvé du travail tout de suite ?
Sauvagère (usine de Mme MY – non j’ai pas travaillé tout de suite, je suis resté 7 mois après l’école sans rien faire, de toute façon
couture) puis travaille à j’allais partir en vacances avec mes parents alors je peux pas et après quand je suis venue, j’ai fait une
Promopub (la Ferté formation comment on appelle, un CES, après l’usine elle a fermé, elle a fait faillite l’usine où j’étais
Macé) KLP – C’était où ?
Mme MY – c’était à la Sauvagère
KLP – C’était quoi comme usine ?
Mme MY – C’était une usine de couture, mais c’était petit, c’était pas très grand, mais j’ai oublié le nom, je
sais plus. Après j’étais encore au chômage et après j’ai trouvé à la Ferté Macé, c’était comme une formation
de 6 mois, pas une formation, ouais si, ils nous ont formés sur les machines. Après bon quand j’ai bien, ils
ont vu que je travaillais bien, après ils m’ont embauchée
KLP – Une formation de 6 mois ?
Mme MY – Oui
KLP – C’est long quand même. Et qu’est-ce que c’était votre métier là-bas, comment s’appelle cette
entreprise,
Mme MY – c’était Promopub, c’était le non tissé
37mn 05 le non tissé KLP – du non tissé ?
Mme MY – oui, le nom tissé ça s’appelait
KLP – Je sais pas c’que c’est
Mme MY – Le non tissé, c’est quand ils faisaient les blouses, quand ils travaillent dans les hôpitaux où ils
font les opérations, ils mettent des blouses, après ils le jettent après une opération, c’est ça qu’on faisait, le
non tissé c’était ça. On faisait, il y avait des couleurs, il y avait le jaune, il y avait du violet, il y avait du bleu, il
y avait encore quelle couleur… vert, il y avait ces couleurs-là, il y avait le pantalon et le haut. Le haut, c’est
des manches courtes comme ça et c’était élastique comme ça, on faisait ça le non tissé. On faisait des… Ils
mettent là
KLP - Des espèces de chaussons là
Mme MY – Oui, on faisait ça, on faisait les capuches, on travaillait pour l’hôpital, des hôpitaux.
KLP – Donc pour vous ça consistait en quoi exactement ?
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Mme MY – C’était pas ce que j’ai appris moi à l’école, c’était du tissu que je travaillais moi et quand j’ai
trouvé le boulot, c’est pas pareil, c’était le non tissé, c’était pas le tissu. Ils nous ont formé 6 mois
KLP – ça ressemble presque à du papier ou du plastique
Mme MY – Oui, c’est plutôt comme ça
KLP – ça ressemble quand même, est-ce qu’il faut coudre ?
Mme MY – Oui, oui, oui, on cousait sur des surfileuses, sur une machine qui faisait l’élastique on faisait quoi
encore, ah on mettait des étiquettes, on collait des étiquettes sur une machine plate, une machine normale,
c’est ça, on cousait comme on cousait le tissu on faisait
38mn 59 elle était KLP – Donc vous, vous avez fait plusieurs machines ou vous n’aviez qu’une machine ?
polyvalente Mme MY – non, moi je faisais plusieurs machines, j’étais polyvalente
KLP – Toute votre carrière dans cette usine vous avez changé
Mme MY – J’étais toujours polyvalente
KLP – En fonction de quoi, des remplacements ?
Mme MY – Non, disons, une fille travaille sur une machine, mais elle en avait beaucoup, elle arrive pas à
suivre, là-bas j’allais, je l’aidais, je mettais sur une machine en attendant et puis bon, je retournais, je
contrôlais, je coupais des fils, j’étais polyvalente ! Je m’adaptais vite au boulot, à la poste que j’étais
KLP – C’était quoi toutes les machines ? Vous vous souvenez de leurs noms et ce qu’elles faisaient ?
Mme MY – On avait une surjeteuse, une surfileuse, une boutonnière, on avait une machine plate, le
repassage, on avait quoi encore, c’est ça les machines qu’il y avait
KLP – Et vous, vous alliez de l’une à l’autre
Mme MY – Oui
40mn 12 KLP – Et l’ambiance de travail
l’ambiance chez Mme MY – Ah c’était super !!! Ah, où j’ai travaillé 4 mois, je voulais partir au travail, je voulais pas, ma
Promopub patronne elle était pas gentille du tout, elle nous disputait. Et à Promopub, je me disais quand est-ce que
l’heure elle va arriver pour que j’aille au boulot ah oui, c’était superbe ! On était 5 filles turques qui
travaillaient, il y avait d’autres française, on était 5 filles turques c’était des bonnes copines, ah si, il y avait
une ambiance, on était super !
KLP – Il y avait combien de personnes au total ?
Mme MY – on doit être 9/10, Promopub on était 9/10
KLP – Que des femmes ?
Mme MY – Non, Promopub, il y avait 2 garçons, il y avait un garçon qui s’appelait Lucas et un garçon qui
s’appelait Bruno
KLP – C’était des contremaîtres ?
Mme MY – Non, ils étaient sur une machine comme nous. Non, non
KLP – Et l’ambiance était bonne avec eux aussi ?
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Mme MY – Oui, on était comme des frères et sœurs, je sais pas, on était bien. On rigolait, on travaillait, on
s’aidait et notre chef Monsieur Jacques, lui, il était super ! Il nous ramenait les croissants le vendredi. On
avait la pause disons normalement c’est 5 minutes, on mettait 10 minutes ou plus, il nous disait rien parce
que du moment qu’on faisait le rendement, il y avait pas de problème. Ah il était super ! Je le regrette, il
ouvre une usine, j’y vais ! Moi que je veux pas travailler, là il était très gentil
41mn 53 horaires KLP – Donc vraiment une bonne ambiance. Et quel était votre rythme de travail ? Vous travailliez le jour, la
nuit ?
Mme MY – Non, on travaillait à la journée. On prenait le boulot à 8h, on arrêtait à 5h
42mn 07 repas du KLP – Et le midi vous mangiez sur place ?
midi Mme MY – Oui
KLP – Donc chacun apportait sa gamelle, comment ça se passait
Mme MY – Oui. On emmenait chacun son casse-croûte et on mangeait
KLP – Et vous mangiez ensemble
Mme MY – Oui, on mangeait ensemble. Il y a des filles françaises qui s’habitaient là-bas et ils partaient, nous
on restait là
42mn 24 relations avec KLP – Et avec les filles françaises, vous vous entendiez bien aussi ?
ses collègues françaises Mme MY – Ah oui super, jamais on a eu des problèmes, jamais ! Jamais on s’est disputé avec une fille,
jamais
KLP – C’était vraiment tout le monde
Mme MY – Ah oui, oui, bon il y en avait une ou 2, mais ils nous faisait pas trop voir, non mais on était bien. Il
y en avait une ou 2 qui était un peu, je vais pas dire le mot, vous avez compris ! J’aime pas ce mot-là alors
j’ai pas envie de le dire, mais on était bien. Mais après ils ont compris qu’on était des gens bien, après ça
allait
KLP – Il a fallu du temps
Mme MY – Oui, et après ils nous ont vu et après ça c’est passé bien après
43mn 06 son KLP – Comment vous êtes arrivée dans cette entreprise, vous connaissiez d’autres personnes ?
recrutement Mme MY – Non, non, c’est par l’ANPE
KLP – Par l’ANPE, donc c’était le hasard en fait que vous retrouviez 5 autre femmes turques
Mme MY – Oui. Il y en avait une copine qui travaillait déjà là-bas, c’est la fille qui nous ramenait avec sa
voiture, mais moi je travaillais par l’ANPE. C’est l’usine qui avait organisé ça, qu’ils allaient faire du non tissé
et il fallait des gens pour le former et puis c’était nous, on s’est inscrit, on était plusieurs, ils ont fait des tests
et après ils nous ont choisies
KLP – Et ça a donné quoi après, qu’est-ce qu’il fallait faire ?
Mme MY – on a passé par des tests, après par rapport aux notes qu’on a eues, c’est là qu’ils ont choisi les
gens et après ils nous ont formés
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KLP – Donc sans vous voir quoi, c’est par rapport à un examen
Mme MY – oui. Et après on est parti, ils nous ont vu et il y avait d’autres filles qui étaient sélectionnées,
après les 6 mois ils ont pas pu, ils ont été partis. Nous on est resté. J’ai travaillé 4 ans et demi

CD 2

PARTIES TRANSCRIPTION
GÉNÉRIQUES Sous-parties
Convivialité fêtes KLP – et vous parlez de cette bonne ambiance dans cette usine, est-ce que vous fêtiez des anniversaires,
des
Mme MY – Oui, on fêtait, notre chef il savait à tout le monde son anniversaire, il fêtait toujours notre
anniversaire. Et nous aussi on fêtait une quête pour faire l’anniversaire au chef, on était non mais, je vous dis
c’était bien, à Noël, on faisait un pot, jour de l’an, bon on travaillait pas, mais on faisait une journée avant,
c’était bien
KLP – Donc un pot ou un repas en commun ?
Mme MY – Un pot, oui, on avait des gâteaux et de la boisson
KLP – Et l’anniversaire, vous parlez d’une quête donc il y avait un cadeau
Mme MY – Oui, on avait un cadeau oui
KLP – Et qu’est-ce que vous avez eu par exemple ?
Mme MY – Moi j’ai eu une fois un maquillage, une boite de maquillage et j’ai eu un parfum, j’ai eu quoi
encore, j’ai eu une écharpe, je sais pas si ça s’appelle une écharpe et on avait eu quoi, de la vaisselle des
trucs comme ça, je dois avoir encore mes tasses de café que j’avais eues aussi, non, c’était bien, je vous dis
que c’était bien !
KLP – Et est-ce qu’il y avait des fêtes comme les catherinettes, vous savez les femmes de 24 ans je crois qui
sont pas mariées
Mme MY – non, je sais pas, il n’y avait pas ça
KLP – Il n’y avait pas de fête spéciale
Mme MY – non, non il n’y avait pas ça
1mn 33 le ramadan KLP – C’était les anniversaires, Noël… Et quand vous dites qu’il y avait en gros la moitié des femmes qui
étaient d’origine turque et la moitié qui était d’origine française
Mme MY – Oui, on était 5 nous
KLP – Oui, donc vous fêtiez Noël, mais est-ce qu’il y avait des fêtes turques que vous fêtiez ?
Mme MY – Oui, comme nous que on faisait le ramadan, pendant le mois que on faisait le ramadan, ils
respectaient
KLP – C’est-à-dire
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Mme MY – Ils essayaient de pas trop boire, manger à côté de nous parce que comme nous on faisait. Nous
pendant les repas, nous on travaillait. Par exemple on voulait pas s’arrêter, pourquoi faire s’arrêter parce
qu’on mange pas et notre chef par exemple les vendredis il nous disait de sortir plus tôt, une ou deux heures
avant
KLP – Pendant le ramadan
Mme MY – Pendant le ramadan parce que nous on travaillait à midi. Il nous respectait, nous on les respectait
aussi. Non, mais il était très compréhensif et comme nous c’était la fête du ramadan on ramenait plein de
gâteau, nos gâteaux spécial turcs là, on ramenait à l’usine. Et je sais qu’à mon patron je faisais le café turc.
Parce qu’il avait été en Turquie, il aimait le café turc et moi il m’avait demandé le café turc, j’avais acheté le
paquet et quand il recevait des clients il me disait est-ce que tu peux faire le café turc et je faisais le café turc
KLP – Ah oui, quand il recevait des clients, donc il était fier en fait de
Mme MY – Oui, je faisais son café. Bon disons, je prenais 1/4 d’H pour faire le café et mon 1/4 d’h il mettait
sur mon, comme si j’ai travaillé
3mn 12 le café turc KLP – Alors comment on fait un café turc ?
Mme MY – (rires) Café turc, on fait disons, on est 2 personnes, il faut mettre la tasse, il faut remplir l’eau et
puis mettre dans une casserole, normalement, on a une casserole spéciale pour le café turc, mais bon, j’en
ai pas, ça s’appelle du (jezvé ?) ça s’appelle et on mettait une cuillère à café par personne et on remplissait
le tasse, disons on est 3 personnes, il fallait que je mette 3 tasses de l’eau froide dans le casserole et après
on met par rapport au sucre disons 1 sucre par tasse, on mettait 3 sucre et après on mélange, mélange,
mélange et après on voit, comment ça s’appelle, les boules ? Il y a des boules qui vient
KLP – ça bout, quand ça bout ?
Mme MY – Oui, ça bout et puis on voit qu’il y a un truc dessus, on prend avec la cuillère, on met dans les
tasses parce que quand ça va bouillir, ça va partir le truc qui est dessus, ça c’est ça, je peux pas vous
expliquer, le café turc, c’est ça. Il y a le truc qui est dessus
KLP – il faut écumer
Mme MY – Oui, écumer pour mettre dans les tasses parce que quand on va mettre l’eau qui a bouillie après
ça va sortir, c’est comme le cappuccino voyez, c’est ça
KLP – Une espèce de mousse
Mme MY – Mousse, mousse, c’est ça, la mousse, mais faut pas boire le fond du café turc
KLP – c’est trop fort ?
Mme MY – oui, c’est trop fort, c’est un truc, une sorte de pâte
4mn 53 ne mange KLP – Est-ce qu’il y a d’autres choses comme ça que vous avez su conserver de la Turquie, est-ce que vous
pas de cuisine mangez
français Mme MY – On mange pas du tout français
KLP – Pas du tout
Himéminor 2007 p. 282

Mme MY – non. Moi, chez moi on mange pas du tout français. Il y a rien qu’on mange français. Tout ce que
je fais c’est turc
KLP – vous trouvez tous les ingrédients ici ?
Mme MY – Oui, il y en a maintenant. Je sais pas si vous voyez, vous voyez la ZUP
KLP – Pas très bien, mais
Mme MY – Le truc de commercial. Là-bas il y a les spécial turc, des magasins turcs. Il y en a une au Pont
Férron. Vous voyez, il y avait un café Relax avant, maintenant c’est, comment on appelle ça, vous voyez le
rond point pour aller à Messei ?
KLP – Oui
Mme MY – Il y a une sorte de bâtiment, il y a des cafés turcs
KLP – Là il y a une épicerie
Mme MY – Oui, il y a une épicerie turque là-bas
KLP – Vous vous fournissez là-bas et vous trouvez tout
5mn 59 avant, pour Mme MY – Oui, avant, il y en avait pas ici à Flers, on allait à Paris, à Paris il y en avait
trouver les KLP – Vous alliez à Paris ?
ingrédients turcs, Mme MY – Oui, on allait à Paris disons tous les 2 mois ou 1 mois on allait et puis on faisait nos courses : le
allaient à Paris fromage, on a des spécial de riz, on a des, comment on appelle ça, oh je sais pas le nom, des pois chiches,
des haricots, des trucs comme ça, turc, on ramène les soupes tout ça, les saucisses, on ramenait de là-bas.
On faisait nos réserves ! Et après quand ça c’était terminé, on allait à Paris
6mn 44 partage de KLP – Oui, je pense à l’usine, quand vous mangiez ensemble le midi, en fait peut-être les autres femmes ne
nourriture connaissaient pas les plats que vous mangiez ?
Mme MY – Oui, on en donnait, comme par exemple ça (brioche chaude), on en donnait quand les filles
8mn 30 le bébé est françaises disaient hum, c’est quoi ça c’est bon ? On disait goûte et nous quand on faisait les 5 filles qu’on
sacré, la femme mangeait, on prenait une table de là-bas dans l’usine, on mettait tout ce qu’on a ramenait et on mangeait
enceinte doit goûter ensemble. On était toujours, comment on appelle ça, les Turcs, on a une tendance à donner toujours. Il faut
les plats qu’on lui que, par exemple ça, quand moi j’en fais, il faut que je donne à mes voisines. J’ai mes 3 voisines là. Quand
propose j’en fais cuire, il faut que je ramène à elle, à elle, à elle, j’en ramène toujours
KLP – Et vos voisines elles sont turques ?
Mme MY – Non, non, c’est des Français, mais je partage toujours
KLP – Et est-ce que elles, elles font la même chose après ?
Mme MY – ma voisine qu’est de face oui, elle donne jamais mon plat sans rien vide, mais les autres non,
moi, je dis rien, mais
KLP – Et vous continuez à donnez quand même ?
Mme MY – Ah oui, moi je donne toujours. Je sais pas l’odeur chez nous, on dit qu’en l’odeur il sort, l’autre
personne elle va sentir l’odeur et ça se fait pas, je sais pas, nous on partage, toujours, toujours. C’est pas
Himéminor 2007 p. 283

bien si on donne pas. L’autre fois on a fait du barbecue, mon voisin il était au jardin, et, il fallait que je le
propose, bon il a pas voulu, mais monsieur, il faut que vous, parce que l’odeur il est venue. Surtout chez
nous, pour une femme enceinte, c’est ! La femme enceinte c’est sacré parce que le bébé, même si la
personne elle veut pas, il faut que le bébé il en goûte. Je sais pas !
8mn 46 une KLP – Donc à l’usine, c’était vraiment ce repas, et les françaises, elles finissaient par faire la même chose
générosité qu’on ne que vous ?
retrouve pas chez les Mme MY – Non, non, c’est pas pareil du tout non
Français KLP – Elles vous ont demandé des recettes ?
Mme MY – Si, on a donné des recettes de gâteaux, mais c’est pas pareil, les français, c’est pas pareil. Je
vois, j’étais enceinte de mon fils, et il y avait une fille, elle avait ramené un gâteau, tu vois, elle savait que
j’étais enceinte et elle avait pris dans le boulangerie, elle avait pris des gâteaux, je sais pas sur le coup,
j’avais envie de manger de, c’était mille feuilles ça je sais et je regardais, mais elle a mangé sans que me
proposer. Nous on propose. Même que on veut pas, « est-ce que tu veux un peu ? » on disait ça et elle a
pas dit. Après j’avais une fille, elle était partie acheter des cigarettes, je lui ai donné de l’argent, je lui ai dit tu
m’achètes ça, tu m’achètes ça, elle avait acheté plain de gâteaux elle m’avait ramené ! Sur la machine j’étais
en train de manger ! Parce que j’avais trop envie !
KLP – Donc même si vous, vous avez eu cette générosité, vous ne l’avez pas retrouvée chez les français ?
Mme MY – Non, il y en a pas du tout, du tout
KLP – C’est gênant ça quand même !
Mme MY – Oui, mais c’est pas pareil, vous êtes, je sais pas, c’est pas du tout pareil chez vous et chez nous.
Ce qu’ils disaient parce qu’au début quand je suis habité ici : non, non, non, on veut pas, ne vous dérangez
pas, mais madame, je les ai expliqués, j’ai dit chez nous, même que vous, vous pensez que ça me gêne,
mais non, ça me gêne pas, moi j’ai fait, moi, quand vous faites un truc, je dois sentir l’odeur et c’est sur que,
moi, chez nous, on partage, chez nous partager, c’est quelque chose de, je sais pas, on partage !
10mn 33 Le ramadan 10mn 33 KLP – Alors, vous n’avez pas de fille
et la fête du mouton transmission des Mme MY – J’ai pas de fille, j’ai 3 garçons
valeurs et KLP – Et vous leur transmettez quand même ces valeurs là
participation aux Mme MY – Oui, oui. Ils savent mes enfants, ils savent, j’apprends nos coutumes. Ils font, pendant la fête du
fêtes ramadan, on part chez des gens ramasser des bonbons, les enfants, ils doivent partir chez des gens
ramasser des bonbons, ramasser, comment dire, leur souhaiter bonne fête et eux ils donnent des bonbons,
des gâteaux, des chocolats. Pendant le ramadan après la fête, on achète plein de paquets de bonbons,
12mn 15 être habillé plein. C’est comme vous, c’est le, comment on appelle, l’Halloween c’est ça ? Halloween, nous on achète
neuf pour les fêtes plein, après les enfants ils vient, ils disent bonne fête, nous on donne les bonbons, les chocolats
KLP – Ils ne vont pas chez n’importe qui j’imagine !
Himéminor 2007 p. 284

12mn 43 pendant la Mme MY – Non, ils vont pas chez des français par exemple, ils vont chez des turcs, c’est tout, ils vont pas
fête du mouton chez des français parce que, quand c’était Halloween, moi je savais pas au début que c’était, qu’il fallait avoir
des bonbons. Il y a des enfants ils sont venus quand j’habitais ici, bon j’avais des bonbons, j’en ai toujours,
j’en ai donné, mais j’ai dis, c’est pas notre fête ! Eh, ils sont pas venus après.
KLP – Et vos enfants ne participent pas aux fêtes Halloween
Mme MY – Non
KLP – Et Noël, au travail, vous disiez que vous fêtiez Noël, est-ce que vous fêtez Noël en famille ?
Mme MY – Non, normalement on fête pas Noël
KLP – Même avec les enfants, vous arrivez à maintenir
Mme MY – Oui, on fait pas de l’arbre de Noël, on le fait pas chez nous, ça se fait pas
KLP – Donc c’est la fête du ramadans
Mme MY – Oui, nous c’est important. Pendant la fête du ramadan et pensant la fête du mouton, nous, moi
j’achète toujours neuf à mes enfants parce que le jour de la fête, il faut qu’on s’habille neuf.
KLP – Le jour de l’Aïd ou
Mme MY – Les deux, les 2 fêtes. Mes enfants ils ont toujours des vêtements neufs, des chaussures neufs,
tous les 3, même mon mari. Et on s’habille tout neuf. Et on fait des gâteaux, on ramène à nos familles et
pendant la fête du mouton, c’est, on coupe une vache. Par exemple là cette année on a coupé une vache et
on était 7 personnes
KLP – Ah, je pensais que ce n’était que les moutons
Mme MY – Non, il y a les vaches aussi, du moment que c’est une viande, mouton, vache, agneau, bœuf,
c’est tout, pas de poulet, pas des autres, on mange pas et puis après, il faut qu’on donne à 7 personnes, le
moins qu’on doit donner, il faut qu’on donne à 7 personnes, 7 familles je veux dire, 7 familles et après on
peut donner plus. Moi j’ai donné par exemple à 15 familles j’ai donné, j’ai fais 15 paquets, j’ai donné à 15
familles, c’est, il y a la famille, y a les voisins et puis les gens que l’on veut

13mn 47 dates du KLP – Donc c’était quand par exemple cette année le ramadan ?
ramadan et de la fête Mme MY – j’ai oublié exactement les dates, mais c’était au mois de janvier et l’autre c’était au mois de
du mouton novembre. Après la fête du ramadan, faut compter 2 mois et 10 jours pour la fête du mouton
KLP – D’accord, donc c’est les deux plus importantes
14mn 07 la Mme MY – Oui, et il y a la naissance de, du prophète
naissance du KLP – Là c’est à date fixe ?
prophète Mme MY – Oui
KLP – C’était quand ?
Mme MY – c’était quand, je sais pas, j’ai oublié, vous voyez j’oublie ! Il y a pas longtemps, il y a 1 mois 1/2
de ça, il y a pas longtemps
Himéminor 2007 p. 285

KLP – Et qu’est-ce que vous faites pour cette fête là ?


Mme MY – là on fait beaucoup de prières, on fait un plat spécial ce jour là
KLP – Quel plat ?
Mme MY – Par exemple un truc qui sent très bon, par exemple un truc à l’huile, j’ai fais une sorte de galette,
parce que l’huile ça sent fort et soit on fait comme dans les galettes des rois, vous voyez, il y a un truc
dedans
KLP – Une fève ?
Mme MY – oui, non, non, non il y a une sorte de pâte salée là dans les galettes des rois
KLP – La frangipane ?
Mme MY – oui, il y a un truc dedans, on fait un truc comme ça sucré qu’on donne aux gens. Moi par exemple
quand j’ai fais les galettes dans l’huile j’ai donné à mes voisins, des turcs là, j’ai des turcs.

15mn 24 la mosquée KLP – On parlait de la fête du prophète, donc, vous faites quelque chose qui sent très bon, et vous partagez
avec votre
Mme MY – Et les prière on les fait soi même
KLP – Les prières vous les faites à la maison ou vous allez
Mme MY – On a une mosquée, le jour du prophète on a été à la mosquée avec les femmes, les hommes, les
hommes ils sont en bas, les femmes ils sont en haut. Est-ce que vous avez été visité le, la mosquée
KLP – Ici ? Non
Mme MY – Oui, on appelle loisirs interculturels, franco-turc ça s’appelle
KLP – c’est où ?
Mme MY – vers Leclerc
KLP – Et c’est écrit
Mme MY – Oui, c’est écrit sur le
KLP – Donc ça ressemble à une maison normale
Mme MY – Oui, c’est une maison, on dirait une maison, on dirait elle est grande
KLP – Et on peut visiter ?
Mme MY – Oui, vous pouvez aller visiter. Faut mettre un foulard juste un peu et puis faut se déchausser et
puis on avait été le jour du prophète et puis on a distribué des bonbons comme ça que les gens ils avaient
ramenés. Vous vous dites le curé, nous on dit un autre nom
KLP – Vous dites quoi
Mme MY – Eh lui il a fait la messe, les prières. Nous on dit Imam et puis l’imam nous a lu le Coran tout ça et
puis après on est rentrés
KLP – Vous allez régulièrement à la mosquée ?
Himéminor 2007 p. 286

Mme MY – les femmes y vont pas, ils vont pas beaucoup les femmes, mais les hommes oui. Par exemple
mon père quand il était là, il partait, on fait 5 fois la prière. Et puis il allait presque 5 fois à la mosquée.
KLP – Tous les jours ?
Mme MY – Oui, tous les jours, oui on y va tous les jours, chez nous la prière on fait 5 fois dans la journée
17mn 20 droit de KLP – Comment il faisait quand il travaillait ?
prier dans l’usine Mme MY – Quand il travaillait il faisait pas
KLP – Il y avait pas un endroit dans les entreprises
Mme MY – Après, après son chef ils avaient parlé et puis après le patron il avait donné une autorisation. Du
moment qu’il faisait son travail, qu’il faisait son rendement, qu’il y avait rien qui gênait ils avaient fait un
endroit pour les gens qui faisaient la prière dans l’usine. Même nous on avait droit, il disait rien notre chef
KLP – Vous le faisiez ?
Mme MY – Ah oui, oui, des fois on faisait pas, mais bon, quand on avait envie, il nous disait, il y avait pas de
problème, on avait un endroit pour faire la prière
KLP – Où vous pouviez être tranquilles ?
Mme MY – Oui, c’était une salle, on mettait nos tapis et puis on faisait notre prière
(enfants)
KLP – Des tapis que vous apportiez ?
Mme MY – Oui, qu’on a ici oui

18mn 19 son Mme MY – ça c’est de mon trousseau


trousseau KLP – Donc vous avez fait ça ici
Mme MY – Oui, c’est ma main, c’est ma main qui a travaillé ça. Vous voyez, j’ai fait une mosquée
KLP – Oui, donc c’est du point de croix ?
Mme MY – Oui, j’sais pas, c’est du point de je sais pas quoi. Ça c’est jauni par à force de mettre aux pieds,
mais bon ça fait longtemps, ça fait 15 ans que je l’ai
KLP – Donc c’est un tissu qui est doublé ?
Mme MY – Oui, que j’ai cousu moi-même
KLP – Est-ce que ça fait partie des morceaux de tissus que votre papa rapportait
Mme MY – non, ça, c’est des trucs que j’ai rapportés de l’usine
Petit garçon – Quand on fait… pardon, excuses
Mme MY – Pendant les grandes vacances, il faisait des prix. C’est des chutes. Et ça c’est ce que j’ai fait
aussi, mais il y en a plein que j’ai donné, nous on donne beaucoup. Et ça c’est le tapis qu’on achète
KLP – C’est pas la même matière
Mme MY – Non, c’est pas du tout la même matière, il y a plusieurs matières. Ça c’est du
KLP – Du velours
Himéminor 2007 p. 287

Mme MY – Du velours
KLP – Et ça c’est la Mecque ?
Mme MY - Oui, ça c’est la Mecque. Ça c’est, je sais pas, une sorte de tapis noir et blanc
KLP – Et ça c’est vous qui l’avez fait également ?
Mme MY – Oui, ça c’est moi qui l’ai fait
KLP – Comment vous avez fait ça, à la machine ?
Mme MY – Non, à la main, avec une aiguille, à la main
KLP – Et les ? ça, ça reste accroché, comment ça s’appelle ?
Mme MY – Oui, ça s’accroche ça, on appelle un (taspin). Oui, après la prière, quand on a fini la prière, on dit
33 fois, voyez, par rapport au, voyez là, de là, voyez, il y a un truc spécial, par là, il y a 33 perles, alors quand
on fait ça, ça et ça on dit une prière, après ici, on change, il y a un autre nombre
KLP – Une 2e série
Mme MY – Oui, c’est la même chose
20mn 13 (je prends des photos de Mme MY et de son trousseau)
21mn 39 le faisait le Mme MY – Et je travaillais quand je faisais ça, c’est après le boulot que je faisais ça. Quand je rentrais le
soir après son travail soir, après je faisais ça, quand j’avais un temps de libre, je faisais mon trousseau
KLP – Et le tapis de prières, ça fait partie du trousseau ? Il porte un nom particulier ?
22mn 58 cadeaux Mme MY – Oui, ça fait partie du trousseau on appelle (demande si le micro marche) on a 2 noms, on dit
pour mariage (lamazlour) et (cédjédé). (cédjédé) c’est un nom qui est plus moderne je crois
KLP – plus moderne
24mn 26 constitution Mme MY – Oui, (lamazdour) ça fait un peu, mais on dit les deux
du trousseau KLP – Et il faut en avoir combien dans un trousseau ?
Mme MY – MY a pas de limite, moi j’en avais fait 22, j’avais fait avec ma main
KLP – 22 !
Mme MY – 22 comme ça j’en avais fait, avec plusieurs modèles et, comment on appelle, les tapis en velours,
mon père il avait acheté en Belgique, dans un magasin spécial turc, il avait acheté, il en avait acheté je sais
plus, 35/40 que les gens ils, quand on se marie chez nous, les gens ils viennent, pour nous féliciter ils nous
ramènent cadeau, par exemple la vaisselle ou, j’sais pas moi, un fer à repasser ou une lampe, des trucs
comme ça. Moi j’en ai eu plein, quand je me suis mariée, j’avais pas beaucoup de choses, mon père il m’a
acheté les choses essentielles, mais par exemple j’avais pas un fer à repasser, c’est un cousin à mon mari
qui m’a acheté, j’avais pas la table, c’est un autre cousin qui m’a acheté, ma gazinière, c’est un autre
quelqu’un qui m’avait acheté, bon mon père il m’avait acheté quand même le lit, les fauteuils, la télé, mon
tapis, plein de choses
KLP – Au moment du mariage ?
Mme MY – Oui
Himéminor 2007 p. 288

KLP – ça coûte cher un mariage !


Mme MY – Avant, avant parce que pour faire les demandes de regroupement familial, il faut qu’on ait notre
appartement
KLP – Ah oui
Mme MY – Oui, il faut notre appartement. J’ai payé 6 mois de loyer avant que mon mari il vient, plus que 6
mois, 9 mois j’ai payé, oui, j’ai pris mon appart au mois de décembre, mon mari il est venu au mois de
septembre
KLP – Et qu’est-ce qu’il y avait dans votre trousseau ?
Mme MY – Mon trousseau, il y avait, j’avais dessus de lit, des oreillers, des têtes d’oreillers, j’avais, comment
on appelle, des tapis, j’avais de la dentelle pour mettre vous voyez des trucs comme ça, j’avais quoi encore,
de la vaisselle, des gants de toilette, des serviettes pour s’essuyer le visage que nous on a fait
(dis tout « je vais faire voir » pour que j’éteigne le micro)

MD 2
25mn 11 faire un Mme MY – Oui, les filles de maintenant elles font moins, mais chez nous on fait beaucoup de
trousseau pour la travail manuel, on fait beaucoup de couture, on fait beaucoup de broderie, on fait beaucoup de
belle-famille crochet, il y en a beaucoup, beaucoup, dans notre trousseau, il y en a beaucoup
KLP – C’est pas le CAP de couture qui vous a appris ça, c’est votre maman ?
Mme MY – Ma maman, elle connaissait pas trop, bon, elle fait, mais elle connaît pas trop, c’est
plutôt (bruit micro) oui, par rapport à nos coutumes, on est obligés d’apprendre
KLP – Qui vous a transmis alors ?
Mme MY – j’ai appris par ma tante, des dames qui faisaient ou toute seule, j’ai appris toute seule.
Par exemple, je fais ce modèle-là, et je fais toute seule, personne m’apprend. Quand je vois chez
quelqu’un je dis est-ce que tu peux me prêter, elle me prête et je ramène, je fais toute seule.
KLP – Les chaussettes, vous dites c’est votre maman
Mme MY – ça, oui, c’était ma mère qui avait fait, quand elle faisait pour, elle, elle mettait pas, mais
c’est nos grands-mères qui mettent ça
KLP – Elle a fait quand même pour votre trousseau
Mme MY – oui, elle a fait quand même pour mon trousseau, au cas où j’aurais ma belle-mère.
Malheureusement j’ai pas eu ma belle-mère, elle est décédée ma belle-mère quand moi j’étais
fiancée avec mon mari
KLP – C’était pas pour vous, c’était pour accueillir
Mme MY – Oui, parce qu’on fait un trousseau par exemple, disons j’aurais eu ma belle-mère, il
fallait que je mette une paire de chaussettes, un gant de toilette, une serviette, une taie d’oreiller et
on fait, je sais pas, un tissu pour faire une robe, on fait un trou, on appelle un (bourtcha), on appelle
Himéminor 2007 p. 289

un (bourtcha), on fait ça, on le ferme avec un nœud de papillon, avec un ruban tout ça et on met
dessus belle-mère et eux, ils vont savoir que c’est à la belle-mère et on fait aux belles sœurs aussi.
Disons mon mari il avait ses sœurs, on a fait tous un trousseau pour elle, elles aussi, elle avait des
trucs comme ça
KLP – Que pour les femmes, pas pour les hommes ?
Mme MY – les hommes si disons, j’aurais eu mon beau-père, il aurait eu un mouchoir qu’on a
brodé, un on appelle un coucou de prière qu’on allait mettre pour quand il fait sa prière, on met un
tapis de prières, plein de trucs comme ça
KLP – Vous dites, les jeunes femmes font moins
Mme MY – Elles font moins. Bon encore il y a le trousseau, mais moins, les jeunes de maintenant,
les filles ils font pas, c’est plutôt les mamans qui préparent tandis que moi, moi j’ai fait toute seule
mon trousseau. Ma mère elle était pas trop, elle était malade ma mère alors je voulais pas trop la
fatiguer
28mn 14 KLP – Et est-ce que vous, ce que vous savez faire vous l’apprenez à d’autres, à des jeunes filles ?
transmission de la Mme MY – par exemple j’ai ma nièce, bon elle a sa mère, mais des fois elle veut pas trop
couture, la dentelle… apprendre avec sa mère, moi je l’explique. Je dis prends un crochet, bon, elle est petite encore,
à sa nièce mais moi j’ai appris à 12 ans, j’ai fait une dentelle là que vous avez vue.

Tu vas faire, tu le finis, tu le donnes à moi, en souvenir de ce que je t’ai appris. J’ai fait, j’ai donné à
cette dame-là
KLP – Et vous demandez la même chose à votre nièce ?
Mme MY – Non, j’ai pas encore demandé ! Mais elle a du mal
KLP – Quel âge elle a ?
Mme MY – Elle va avoir 11 ans là
KLP – Elle commence tout juste alors
Mme MY – Oui, elle a l’âge de mon fils, le 2e, ils ont une journée de différence entre ma nièce et
moi, et mon fils !
KLP – Elle est à Flers ?
Mme MY – Oui, ils habitent pas loin de chez moi, ils ont une maison aussi à côté.
KLP – Vous pouvez les voir assez souvent
Mme MY – Oui, tous les jours on se voit, tous les jours
29mn 23 ne travaille KLP – Vous avez arrêté votre métier quand vous vous êtes marié
plus depuis 1993 Mme MY – Je me suis mariée, j’étais enceinte de mon fils, le grand là je j’ai accouché après j’ai
(licenciement pris le boulot et ça a été licenciement économique quand je suis sortie de l’usine, c’était un
économique) licenciement économique. Il y avait plus ce poste-là, il y en avait plus.
Himéminor 2007 p. 290

KLP – Et après vous n’avez pas souhaité retravailler


Mme MY – Mon mari il a pas voulu parce que j’avais mon fils petit et je voulais pas donner à des
nourrices et ma mère elle pouvait pas le garder et comme j’allaitais, ça c’est fait comme ça, après
j’ai plus travaillé, depuis 93 je travaille pas.
30mn 11 la couture KLP – Et je comprends mieux maintenant que vous m’avez montré votre trousseau, je comprends
un métier de femmes mieux pourquoi on retrouvait 5 femmes turques dans une entreprise de confection.
Mme MY – oui, il y en a beaucoup, la confection, ça c’est moins, il y en a plus maintenant, mais il y
en a pas beaucoup qui travaillent dans la couture, il y en a pas beaucoup ici, à Flers il y en a juste
comment on appelle ça, je sais pas si c’est Delcroix, il y en a une, mais c’est pas beaucoup, ils font
des trucs de fauteuil
Mme MY – C’est plus comme avant, avant mon père il disait c’était un travail de femme, c’était
couru, maintenant les filles de maintenant ils travaillent n’importe où, ils vont travailler à Férodo, à
Charal, à Flêchard, moi, mon père il voulait pas moi. Quand mon père il travaillait à l’usine où il
travaillait à Férodo, moi, il m’a fait faire un test. On faisait un test et j’avais gagné le test, après il a
dit non, j’ai réfléchi je veux pas. Il a pas voulu que j’aille travailler avec lui
KLP – Et pourquoi
Mme MY – je pense qu’il y avait beaucoup d’hommes, c’est pour ça

32mn achète des KLP – Vous me parlez du marché à Hérouville Saint-Clair, j’ai le sentiment que vous vous déplacez
meubles turcs en beaucoup pour trouver des produits turcs en fait
Belgique Mme MY – oui, des produits turcs, si, si, par exemple, on part en Belgique pour acheter des
meubles turcs. Les meubles c’est turc.
KLP – C’est-à-dire ils sont fabriqués en Turquie ?
Mme MY – En Turquie, ils sont venus de Turquie mes meubles que j’ai commandé, par camions ils
sont venus
KLP – Et on les trouve qu’en Belgique
Mme MY – En Belgique, il y en a, à Paris, il y en a, mais bon avant on allait à Belgique parce que
avant il y avait plus de meubles de ramenés là-bas, tandis qu’ici non. À Paris, il y en a aussi, mais
moi mes meubles ils sont venus de Turquie. Mes fauteuils, mes meubles, tout ça c’est turc.
KLP – Vous tenez beaucoup à ce que l’alimentation, les meubles, à rester dans une ambiance
turque quand même
Mme MY – Oui, ça c’est la Turquie là (poster au-dessus du canapé), c’est Istanbul où mon mari il
habite. Mon mari il habitait là-bas Istanbul. J’ai été visité cette mosquée (mosquée bleue) oh ! C’est
très beau ! Faut partie ne Turquie !!! C’est pas cher le billet.
Himéminor 2007 p. 291

33mn 18 voyages en KLP – Vous y partez régulièrement ?


Turquie Mme MY – ça va faire 4 ans je suis pas partie cette année, mais là je vais partir. Parce que comme
j’ai acheté la maison, j’ai pas pu trop
KLP – Votre petit dernier, il a quel âge ?
Mme MY – Il va avoir 7 ans au mois d’août. Il est parti quand il avait 10 mois et il avait un peu
moins de 3 ans
KLP – Donc 2 fois, il est parti 2 fois
Mme MY – Oui, il va partir cette année encore
KLP – C’est un petit pendentif
Mme MY – Oui drapeau de Turquie
KLP – Tu te souviens de la Turquie ?
Fils de Mme MY – Non
KLP – Tu y retournes cette année, tu es content ?
Fils de Mme MY – Oui
KLP – Tu crois que tu vas pouvoir parler ?
Fils de Mme MY – Oui
Mme MY – Un peu ! Il a du mal mon chéri !
KLP – Il va se débrouiller
Mme MY – Oui, il faut bine. On va aller au village parce que il y a son oncle au village et il aime
bien les animaux alors son oncle il a des vaches, des bœufs, des poulets comme ça, ils adorent,
on est partis, mais il était petit, il comprenait pas trop, mais on était partis, il y a ma tante qui
habitait Posof aussi. On est partis et oh vous auriez vu, il prend un grand bout de bois pour taper
sur les vaches ! C’était mignon, c’était trop beau, j’avais pris en caméra, c’était trop mignon !
34mn 50 ses enfants KLP – Vos enfants, est-ce qu’ils mangent à la cantine ?
n’aiment pas la Mme MY – Non, jamais
cuisine française KLP – Jamais
Mme MY – Jamais, j’ai laissé 2 fois lui quand il était à la maternelle l’année dernière, il a rien
mangé, rien du tout
Fils de Mme MY – J’ai eu que de l’eau
Mme MY – Rien du tout ! Ils veulent pas ! Mon fils, le grand qu’est parti à l’hôpital il a rien mangé
quand il était à l’hôpital, j’ai été obligé de ramené (de ?) chez moi, il veut pas !
KLP – Il va falloir qu’ils trouvent des femmes qui sachent leur faire la cuisine comme vous alors !
Mme MY – heureusement, j’espère. Ou il me dit, quand il était un peu plus petit, qu’on habitait en
HLM : maman, je vais prendre la maison qui est en face de nous, parce qu’il y avait une femme
turque là-bas où j’habitais « dans 10 ans tu sors d’ici parce que c’est moi qui vais prendre
Himéminor 2007 p. 292

l’appartement pour que ma mère elle apprend à ma femme à manger » ! Ils mangent pas la cuisine
française, ils veulent pas
35mn 42 la viande KLP – Alors il y a à la fois le goût, la façon de cuisiner, et aussi, est-ce que la viande elle est hallal
hallal MY – Hallal oui, bon, c’est pas une question de hallal, on mange pas la viande qu’est pas, on
achète jamais au magasin la viande, c’est, on fait couper par des musulmans et c’est mieux que on
mari ramène, bon, il passe au laboratoire, la viande, après mon mari il ramène, il désosse à la
maison et on partage. Après on fait nous-même nos steaks, nos viandes hachées, tout ça c’est
nous qui faisons
KLP – C’est important pour vous que vos enfants ne mangent pas autre chose que la viande hallal
Mme MY – Oui, ils mangent pas du tout oui, là on va aller couper le poulet là au mois de juin, c’est
des usines vers Fléchard, vous voyez, par là-bas il y a un endroit, c’est nous qui coupons les
poulets, c’est nous qui nettoyons et puis qu’on ramène à la maison. On achète jamais au magasin
KLP – Vous amenez vos grands fils pour qu’ils apprennent ?
Mme MY – Oui, ils savent oui, lui, je le ramène
KLP – Le plus petit aussi alors oh pardon !
Fils de Mme MY – Mais j’ai peur.
Mme MY – Oui, il aime pas qu’on voie qu’on fait les couper
KLP – Oui, c’est pour ça qu’il faut les habituer petits
Mme MY – Mon fils quand il va être grand, il va couper aussi, il faut qu’il apprenne à couper
37mn 11 seuls les KLP – C’est les hommes comme les femmes qui peuvent couper ?
hommes peuvent Mme MY – Les femmes non, les hommes. Les femmes ne peuvent pas couper
couper la viande KLP – Mais vous y allez quand même regarder ?
Mme MY – Oui, moi je tiens, je tiens les pattes
Fils et mère en même temps – Il teint, après il coupe le grand-père
KLP – c’est le grand-père qui fait ?
Mme MY – Oui, c’est toujours avec mon père que j’allais, c’est pour ça ! Et là mon père il est pas
là, c’est ton père qui va couper !
KLP – Oui, donc après c’est vos garçons qui devront le faire
Mme MY – Oui, quand ils vont être grands. Ils peuvent pas couper tout de suite, il faut qu’ils aient
la puberté, ils peuvent pas
KLP – Votre grand par exemple
Mme MY – Il peut pas couper, il est pas encore, quand il sera oui, un homme, là il peut
KLP – à quel moment il devient un homme ?
Mme MY – je sais pas, après la puberté, là il va avoir 14 ans, d’ici 1 an peut être il devient un
homme, je sais pas
Himéminor 2007 p. 293

KLP – c’est vous qui


Mme MY – Même en normal aussi, c’est vers cet âge-là qu’ils deviennent un homme, je sais pas
38mn 14 la KLP – Oui, il y a pas une date précise, une cérémonie particulière ?
circoncision Mme MY – Si, si, on fait (fait signe de couper)
KLP – Mais c’est tout petit garçon non ?
Mme MY – lui il a pas été encore fait le petit là. Faut pas trop attendre, lui quand on va partir en
vacances il va se faire couper
KLP – En Turquie, vous faites faire en Turquie ?
Mme MY – C’est pas obligatoire, mais c’est mieux en Turquie, il y a des vêtements spéciaux en
Turquie alors il va se faire !
KLP – mais il devient pas un homme pour autant ?
Mme MY – Non, il devient pas un homme, un homme c’est quand ils sont, quand ils finissent la
puberté, c’est là qu’il devient un homme
Fils de Mme MY – Tu vas acheter (?) quand on était partis, blanc, rouge, kaki
Mme MY – Oui, d’accord, c’est un vêtement de pacha on appelle nous
KLP – Et tu es content alors ? Que ce soit la fête autour de toi ?
Fils de Mme MY – Oui, je vais avoir plein d’argent
KLP – ça te fait plaisir
Mme MY – Oui parce qu’on donne beaucoup d’argent et on donne des bijoux qu’on achète.
Fils de Mme MY – Je t’en donne pas, je garde tout pour moi !
Mme MY – (tout bas à son fils « chut, il y a le truc là » désignant le micro) Eh c’est ça.
Himéminor 2007 p. 294

Annexe 4
Bibliographie avec indicateurs sous logiciel Excel dans pochette contenant un CD
Himéminor 2007 p. 295

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