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Nous sommes mémoire: l’absence de mémoire, c’est la mort. La mémoire est aussi
essentielle à la survie des organismes que l'air, l'eau ou la nourriture. Les
organismes les plus simples se passent de génération en génération, sous la forme
d'un code génétique, ce que l'espèce a acquis au cours de l’évolution. Les individus
des espèces plus évoluées, outre leur code génétique, apprennent de nouvelles
choses au cours de leur vie, c'est-à-dire qu'ils mémorisent des informations sur leur
environnement et s'en servent par la suite pour ajuster leurs comportements:
autrement dit, l’apprentissage, c’est un changement plus ou moins permanent de
notre structure mnémonique. De toutes les espèces vivantes sur terre, l'espèce
humaine a développé cette capacité d'apprentissage à un point tel qu'il est quasi
impossible d'en connaître les limites. Cette énorme capacité de rétention et de
modulation des connaissances et des savoir-faire est liée, chez l'être humain, à
l'extension formidable et récente du néocortex, cette mince couche de plusieurs
dizaines de milliards de cellules nerveuses qui tapisse la surface externe de notre
cerveau.
Une banque de données considérable sur une variété tout aussi
considérable de sujets et de techniques.
ORIGINE DES PROBLÈMES DE MÉMORISATION
Qui n'a pas connu durant ses années d'étude cette frustration d'avoir passé de
longues heures à étudier une matière et d'en avoir oublié la majeure partie le
lendemain, et la presque totalité quelques jours ou quelques semaines plus tard. Les
problèmes typiques reliés au manque de contrôle de sa mémorisation sont les oublis
et les erreurs, les difficultés à enregistrer et à se rappeler la matière apprise,
l’évaporation des connaissances acquises avant ou après les examens, le sentiment
d’étudier pour rien, l’impression de réapprendre du déjà vu, de la confusion, le
constat d’avoir dérivé hors du sujet imposé en produisant un travail, l’oubli d’une
partie des consignes ou des données du problème posé, le sentiment qu’il y a trop
d’informations à gérer, etc.
La mémoire est-elle une capacité immuable héritée de nos gènes? Est-elle une
habileté qu'on peut développer à l'aide d'exercices appropriés? Faut-il que quelqu'un
d'autre nous fasse découvrir comment utiliser notre propre potentiel de mémoire?
Apprenons-nous tous de la même façon? Tous les apprentissages s’inscrivent-ils en
mémoire selon un même processus? Autant de questions pour lesquelles les
spécialistes de la mémoire humaine et de l’apprentissage cherchent des réponses.
Les sources des problèmes de mémoire sont multiples. Si l’on exclue les difficultés
d’origine neurologique, comme une lésion cérébrale ou une maladie dégénérative,
l’origine d’une difficulté récurrente peut être d’ordre affectif et motivationnel, comme
un manque d’intérêt ou de conviction, une croyance erronée sur sa capacité ou
des objectifs irréalistes. Elle peut aussi être d’ordre cognitif et stratégique, comme
l’absence ou des connaissances erronées sur le fonctionnement de la mémoire
et des stratégies de mémorisation inadéquates. En ce qui concerne les
stratégies, citons les déficits d’observation et d’organisation des informations, de
sélection de ce qui est essentiel et de synthèse, l’apprentissage mécanique d’une
matière qu’on ne comprend pas, la croyance qu’il suffit d’avoir compris pour retenir,
le manque d’exemples concrets et personnels, etc. On trouve aussi des déficits dans
les habiletés ou les habitudes d’enregistrement, de consolidation et de maintien des
traces mnémoniques, comme l’absence de rappels et de révisions, des révisions trop
peu fréquentes et trop tard. Sur le plan de la réalisation d’une tâche ou de la
résolution d’un problème scolaire, l’ignorance des limites en temps et capacité de la
mémoire de travail amène des élèves à vouloir tout traiter mentalement au lieu
d’utiliser des notes et des modes de représentation adéquats des données pour
soutenir la pensée et le raisonnement, etc.
La mémoire s’apprend et ses déficits sont réversibles, à condition d’apprendre
comment elle fonctionne (savoir métacognitif), et de pratiquer les stratégies de
mémorisation les plus efficientes pour soi (autorégulation métacognitive).
LE FONCTIONNEMENT DE LA MÉMOIRE
La mémoire sensorielle
Les sons qui arrivent à nos oreilles, les rayons lumineux qui entrent dans nos yeux,
les molécules chimiques qui chatouillent nos narines ou titillent notre langue, les
pressions qui s'exercent sur notre peau et nos muscles laissent dans les zones du
cerveau qui les reçoivent sous forme de signaux électriques une impression
passagère (quelques dixièmes de secondes) mais d’une durée suffisante pour
permettre à notre cerveau de comparer ces stimulations à ce qu'il a déjà en
mémoire, de reconnaître de quoi il s'agit (perception) et de décider si cela vaut la
peine d'être examiné de plus près (attention). Tout cela plus ou moins à l'insu de
notre conscience. Si notre attention est attirée pour une raison quelconque, comme
un son inhabituel, un éclat de couleur, un mouvement rapide, un objet intéressant,
une interpellation, une personne attirante, alors seulement nous prenons conscience
de cette chose particulière.
La mémoire de travail
C’est cette phase du processus de traitement des informations qui est associée à la
conscience et à la mémoire de travail, appelée aussi mémoire à court terme ou
mémoire vive. C’est aussi par cette mémoire « consciente » que passera
l’enregistrement des informations dans une mémoire à long terme où ces
informations seront stockées pour une durée plus ou moins longue, en fonction de
leur consolidation, sous forme d’engrammes (chaque engramme serait constitué par
une modification plus ou moins permanente dans la constitution et l’organisation d’un
ensemble de cellules nerveuses).
La mémoire de travail joue donc un rôle d’intermédiaire très important entre les
stimuli et notre mémoire à long terme, au sein de laquelle sont emmagasinées toutes
nos connaissances et nos savoirs faire déjà acquis. Elle est associée à la
reconnaissance et à l’interprétation consciente du monde qui nous entoure, et à
l’enregistrement des nouvelles acquisitions dans la mémoire à long terme. Fait
intéressant, cette mémoire de travail, dont on peut maintenant situer le siège dans
les aires préfrontales, est reliée étroitement au cerveau central ou système limbique,
dit également cerveau mammifère, qui est aussi le siège des émotions. La
mémorisation a une dimension émotive, qui tient à l’importance qu’une information a
pour notre vie immédiate ou future. D’où l’importance de la signification et de la
motivation dans l’enregistrement et la rétention des connaissances acquises.
Alors que notre mémoire à long terme peut stocker une quantité quasi illimitée de
données, notre mémoire de travail est au contraire très limitée en capacité (de cinq
à neuf unités d’information simultanées) et en durée (quelques dizaines de secondes
s’il n’y a pas répétition). Ces limitations de notre mémoire de travail sont à l’origine
de bien des difficultés d’apprentissage et de résolution de problème. Les difficultés
de raisonnement sont plus liées à la difficulté de gérer simultanément les données
présentes, les connaissances acquises, les hypothèses et les déductions, qu’au
manque de logique. Nous ne pouvons assimiler qu’un nombre réduit d’éléments
nouveaux, par petites doses successives. Des problèmes complexes aux données
nombreuses doivent être découpés en petites étapes ou en sous-problèmes.
Une mémoire déclarative qui se souvient des faits, des idées, des
expériences vécues, des concepts, des explications, des démonstrations
et des blocs de connaissances, accessible à la conscience mais
également active au niveau inconscient. Dans cette dernière, on peut
encore distinguer entre une mémoire épisodique, qui se souvient des
expériences vécues, auxquelles sont liées des émotions, et une mémoire
sémantique qui se souvient de connaissances plus générales, plus
abstraites, comme le langage, la définition de concepts, et les
connaissances de tous genres, littéraires, scientifiques, économiques,
légales, etc.
Plaisirs, peurs, anxiété, colère, désir, tristesse, tous nos souvenirs ont une certaine
coloration émotive, légère ou très vive. Ce que nous apprenons et retenons en
général le mieux, c'est ce à quoi nous attribuons une valeur affective, à tort ou à
raison, pour la satisfaction de nos besoins.
Les études sur le cerveau ont montré que certaines zones centrales responsables
des émotions étaient aussi des zones nécessaires à l'ancrage des informations dans
la mémoire à long terme. Autrement dit, sans un intérêt minimum direct ou indirect,
soit que nous anticipions un plaisir du fait même d'accomplir l'activité d'apprentissage
(motivation intrinsèque), soit que nous anticipions une récompense ou que nous
évitions une punition (motivation extrinsèque), il n'y aurait pas de mémorisation
durable. De fait, nous passons notre temps à sélectionner, consciemment et
inconsciemment, ce que nous garderons et ce qui est destiné à l'oubli. Nous
n'acheminons vers notre mémoire qu'une minorité des informations qui nous
parviennent de notre monde. La grosse majorité est évaluée et oubliée aussitôt que
reconnue.
Alors que nous mémorisons sans effort des scènes de notre vie et une grande
quantité de visages, alors que nous nous rappelons facilement les habiletés apprises
comme faire du vélo, du ski ou taper sur un clavier d'ordinateur, même après de
longues périodes sans pratique, nous éprouvons au contraire beaucoup plus souvent
des difficultés à mémoriser des mots, des noms, des informations verbales, des
concepts, des règles et nous les oublions assez vite dès que nous n'en faisons plus
usage, soit que ces informations s'effacent, soit que nous ne soyons plus capables
de retrouver le chemin qui mène à elles. À chacun de ces différents types de
mémoire seraient associées des zones différentes du cerveau et des processus
d'ancrage et de rappel spécifiques.
« La mémoire est la fonction qui oublie ». Cette boutade de Sigmund Freud indique à
quel point la mémoire du passé est considérée comme un très mauvais témoin.
Même les souvenirs que nous croyons parfaitement authentiques sont presque
toujours des reconstitutions déformées au gré des répétitions, influencées par nos
désirs, par des suggestions, par des informations acquises postérieurement, ou par
besoin de rendre cohérents des faits disparates et de combler les trous.
L’oubli, c’est la santé mentale. Imaginez que nous ne soyons pas capables d'oublier.
Nous aurions toujours présents en tête les moindres détails de chacune de nos
journées, de chaque conversation, de chaque chose vue et entendue, sentie et
goûtée. Nous pourrions par exemple nous rappeler chacun des repas de notre vie
entière. En grandissant, puis en vieillissant, nous passerions de plus en plus de
temps à chercher les informations pertinentes parmi un fatras d'informations (amas
désordonné) sans aucune espèce d'intérêt, un peu comme chercher le souvenir d’un
moment particulier dans un album de photographies qui contiendrait notre vie minute
par minute. Contrairement à la maladie d'Alzheimer qui tue en effaçant
graduellement des connaissances essentielles à la vie quotidienne, nous mourrions
noyés sous une avalanche croissante de données sans valeur utilitaire.
L’oubli prend plusieurs formes. L'amnésie antérograde est une forme d’oubli qui se
produit par défaut de constitution ou de consolidation d'une trace durable dans la
mémoire à long terme. L'oubli survient par déplacement. Dès que notre attention est
attirée dans une autre direction, l'information précédente s'efface. Une intention peu
affirmée, l'absence d'un effort volontaire, le fait de ne pas avoir développé de
stratégies adéquates pour retenir ce qui ne se retient pas tout seul, l'absence de
révision aux moments opportuns font que les informations désirées ne laissent pas
de traces mnésiques dans le cerveau. Ce type d'oubli augmente avec l'âge, le stress,
l'alcool, la marijuana et certains médicaments.
L'amnésie rétrograde est une forme d’oubli qui se produit par incapacité d'aller
récupérer dans sa mémoire une information ou des connaissances qui y sont
pourtant bien implantées. Hormis les situations de maladies, d'intoxications ou de
lésions du cerveau, les raisons d'une telle incapacité sont diverses, on peut
l'attribuer :
Au manque d'indices appropriés : c'est ce qui nous arrive quand nous
rencontrons quelqu'un dans une occasion différente de celle où nous
l'avons fréquentée quelques mois ou quelques années plus tôt, que nous
reconnaissons son visage, mais dont nous sommes incapables de nous
rappeler le nom ainsi que les circonstances dans lesquelles nous l’avons
connue. Nous enregistrons presque toujours une information avec des
indices du contexte auquel elle est associée. L'absence de ces mêmes
indices au moment où nous recherchons cette information dans notre tête
peut nous rendre incapables de la retracer. Quelle gêne parfois!
À des chocs physiques ou émotionnels sévères : telle est l'amnésie qui
survient à la suite d'un accident ou d'un choc nerveux. Curieusement ce
type d'amnésie est très sélectif, en ce sens que certains souvenirs ou
certaines connaissances disparaissent intégralement alors que d'autres
subsistent sans aucune altération.
Une autre partie du processus de récupération est plus lent, délibéré, volontaire et
exige un effort de recherche. En général nous savons si nous savons quelque
chose sur un sujet (méta mémoire) et nous ne cherchons que si nous croyons
avoir ces informations dans un coin de notre cerveau (un nom, une formule, un
souvenir). L’effort de recherche ne donne pas toujours des résultats immédiats,
mais une fois le processus de recherche enclenché, il se poursuit même à notre insu,
nous révélant quelques heures ou quelques jours plus tard le nom ou les
connaissances que nous avons cherché en vain. Il n’est pas rare par exemple de se
rappeler de tout ce qu’on a « oublié » de dire lors d’un examen, quand le temps est
fini et qu’on en est sorti.
Ce processus de récupération peut être facilité car il est aussi fonction du processus
d’enregistrement. On a en effet tendance à retrouver ses connaissances dans le
même ordre qu’on les a apprises et consolidées. Il faut donc mémoriser ses
connaissances en fonction du mode de récupération souhaité et non le
contraire. Cette caractéristique a beaucoup d’importance pour la préparation des
examens et pour l’acquisition d’une expertise professionnelle, deux types de
préparation qui ne convergent malheureusement pas souvent.
MÉMOIRE ET ÉMOTIONS
MÉMOIRE ET STRESS
Le stress peut avoir des effets dévastateurs sur la mémoire, autant sur la capacité à
enregistrer des informations nouvelles que sur la capacité à récupérer des
informations acquises. En situation de forte pression émotive, par peur, sous le coup
de la colère, ou par passion amoureuse par exemple, on devient moins réceptif, donc
plus susceptible de ne pas enregistrer des informations pourtant importantes comme
les consignes d’un exercice ou le sens d’une question d’examen, ou d’avoir de la
difficulté à se rappeler les connaissances pertinentes à la situation, quoi faire, quoi
dire, comment se comporter. L’anticipation de ces effets permet de se préparer en
conséquence et de réfléchir aux stratégies à utiliser le cas échéant.
Le rappel et la révision de ce qui a été oublié sont les deux processus par lesquels la
mémoire des connaissances se construit. De plus, il existe des périodes clés pour
que ce travail de rappel et de révision soit efficace et efficient, soit le maintien des
connaissances avec un minimum d’investissement en temps et en effort. Ce
processus, comme tout ce qui s’inscrit dans le temps, doit être prévu et planifié. Les
temps d’organisation du matériel en vue de leur mémorisation et les temps de
rappels et révisions doivent faire partie d’un échéancier et des listes de tâches
d’apprentissage.
MÉMORISATION ET COMPRÉHENSION
LES STRATÉGIES DE MÉMORISATION
Nous avons vu que certaines acquisitions se font apparemment sans peine, sans
effort et souvent même malgré soi, comme des événements marquants, des visages
attachants et certaines expériences «brûlantes». Les habiletés psychomotrices
comme conduire une automobile, faire du vélo ou du ski, nager ou danser,
s'acquièrent avec la pratique et l'entraînement régulier sans demander un effort
délibéré de mise en mémoire et se conservent malgré de longues interruptions.
Il n'en va pas de même, pour la plupart d'entre nous, d'une masse de connaissances
et d'habiletés intellectuelles qui demandent un effort délibéré pour être acquises et
des révisions à intervalles réguliers pour se conserver. Le moindre métier exige
d'avoir mémorisé un plus ou moins grand nombre de concepts spécifiques, de
procédés et de règles. Les conseils qui suivent sont particulièrement destinés à
faciliter la mise en mémoire et le rappel de ces savoirs intellectuels. L'ensemble des
stratégies, des méthodes et des techniques de mémorisation peuvent être ainsi
rassemblées en quatre grands principes.
INTENTION
APPROFONDISSEMENT
SYNTHÈSE
INTÉRIORISATION
L'intention
C’est un principe stratégique qui consiste à mettre au clair ce qu'on se propose de
retenir et pourquoi. Quand on vise un objectif de mémorisation précis, on est plus à
même de choisir les moyens adéquats pour l'atteindre et pour en vérifier la
réalisation. Quand on sait pourquoi on veut atteindre cet objectif, on est d'autant plus
motivé à fournir l'effort nécessaire à son atteinte.
Ayant clarifié ses intentions générales par rapport à un apprentissage désiré, il faut
encore qu'on clarifie, cas par cas, ce qui devrait être su par cœur, ce qu’on doit
savoir où trouver rapidement et ce qui peut être laissé dans les livres pour
consultation au besoin. Il y a donc une réflexion à mener pour décider quoi et
pourquoi mémoriser telle chose plutôt que telle autre. Avoir mémorisé des
informations dont on a un usage régulier représente un gain de temps considérable
(pensez à un médecin qui devrait passer en revue ses manuels de médecine pour le
moindre bobo). Par contre, faire un effort important pour mémoriser des
connaissances qu'on a de grandes chances d'oublier d'ici à ce qu'on en ait l'usage,
c'est inutile et frustrant.
Les stratégies
Prévoir dans son agenda ou sa liste de tâches une courte période de
révision de la matière du cours précédent et un tour d’horizon de la matière
à venir la veille ou juste avant chaque nouvelle période de cours.
Prévoir dans son échéancier une période mensuelle pour faire le point sur
l’ensemble de la matière vue et à voir, de façon à conserver bien fraîche
dans la mémoire une vision panoramique du domaine. Cette vue
d’ensemble facilite la mise en relation des différentes parties et évite la
fragmentation des connaissances en une multitude de faits dissociés les
uns des autres.
L'approfondissement
On oublie vite ce qu’on ne peut rattacher à rien de concret et qui n’a pas de sens
pour nous. L’approfondissement est un principe stratégique qui consiste à s’assurer
d’une bonne compréhension de la matière à retenir, à établir des liens entre cette
matière et ce qu’on connaît déjà, à faire des liens avec une réalité connue, à donner
un sens personnel à cet apprentissage.
Les stratégies
3. À établir des liens avec ce qu'on connaît déjà, autrement dit à
comprendre ce qu'on veut apprendre. On retient mieux ce qui a du sens.
Même si l’on peut apprendre et retenir délibérément des listes de noms,
d’objets ou de chiffres à l’aide de moyens mnémotechniques puissants, ce
type de mémorisation n’a qu’une utilité réduite dans la vie. Ce type de
mémoire peut cependant être utile pour la rétention de formules, de
nomenclatures ou de termes techniques.
Réécrire dans ses propres mots les points les plus importants.
S’imaginer dans la position de quelqu’un qui doit enseigner ces contenus
et produire ses propres explications en termes clairs et compréhensibles.
La synthèse
La mémoire, c’est comme l’estomac. Quand on le charge trop, il à tendance à
rejeter. Il est donc très important de se faire des menus mnémoniques légers, en
sélectionnant les informations et en faisant une synthèse très soigneuse de ce qu'on
se propose de mémoriser. Il n'est pas nécessaire de tout apprendre par cœur.
Certains mots clés et certaines images bien fixés en mémoire suffisent à déclencher
le retour de la majorité des informations qui y sont reliées. Avec un bon résumé, un
tableau ou un schéma, on peut fixer en mémoire un ensemble de connaissances
plus vaste, qu'on pourra reconstituer au besoin par association et logique. On trouve
dans les manuels et dans les articles scientifiques des tableaux, des modèles, des
résumés qu’on peut utiliser tel quels. Mais il est encore meilleur que cette synthèse
soit un produit original de notre propre réflexion, suite à une étude approfondie, plutôt
qu'un emprunt.
Les stratégies
Concevoir ses propres schémas ou n’emprunter que ceux qui vous
conviennent.
Organiser l’information sur chaque fiche de façon très visuelle : mise en
page, couleurs, graphisme, symboles, dessins, etc.
Ne jamais surcharger une fiche.
L'intériorisation
Intérioriser, c’est faire vivre dans sa tête les connaissances acquises. Cela
consiste à évoquer dans sa tête les informations sélectionnées pour être retenues.
Les revoir, les redire, se les expliquer, les visualiser, les entendre. Plus cette
représentation mentale est précise, détaillée, dynamique, vivante, meilleure
sera son ancrage dans la mémoire à long terme. On peut imaginer sa conscience
comme un écran géant sur lequel on projette ce qu'on veut retenir, avec le son. On
peut aussi évoquer, si cela est pertinent, les goûts, les odeurs ou les sensations
tactiles.
Par ailleurs, on ne retient pas les contenus de façon égale selon qu'on les a appris
au début, au milieu ou à la fin de la période d'étude (effet de primauté et de récence),
et selon que ces contenus ont un caractère remarquable ou non. On retient en effet
mieux le début et la fin, les informations redondantes, les faits insolites, les exemples
frappants, les anecdotes croustillantes. Cette rétention spontanée se fait souvent au
détriment des idées et des principes généraux, qui ont un caractère plus abstrait, et
sont donc moins accrocheurs que les exemples qui les illustrent. On aura donc
intérêt à doser son effort pour compenser ces effets et mémoriser les informations
plus discrètes et moins bien placées, en commençant tantôt par le milieu, tantôt à
l’envers, et surtout en discriminant l’anecdotique de l’essentiel et en mettant plus
l’emphase sur la mémorisation des idées principales.
Les stratégies
L’intériorisation consiste à faire l'effort d'évoquer dans sa tête le matériel qu'on veut
retenir, après avoir caché le matériel original. C'est précisément cet effort de rappel
qui permet la constitution d'une trace mnémonique durable tout en constituant le
chemin qui permettra de retrouver ce matériel mémorisé plus tard. Pour que cette
trace s'établisse de façon solide, il faut faire l'effort de se rappeler et de réviser
plusieurs fois dans les moments et les jours qui suivent, puis à intervalles de plus en
plus espacés par la suite. La révision consiste à vérifier et éventuellement à
réapprendre ce qui est oublié. Le meilleur moyen d’ancrer des connaissances et des
habiletés en mémoire est enfin de les utiliser le plus souvent possible, sous les
diverses formes disponibles (écriture, discussion, applications). L’utilisation de plus
d’une modalité sensorielle favorise cette intériorisation et les récupérations
ultérieures : visualisations, images, schémas (modalité visuo-spatiale), répétitions à
haute voix avec variations de ton et de rythme (modalité auditive et verbale), actions,
gestes, mimiques (modalité kinesthésique).
Visualiser dans sa tête les aide mémoire, fiches, schémas, tableaux qui
forment la synthèse des connaissances acquises (modalité visuelle et
spatiale de la mémoire).
Provoquer des rappels à périodes régulières et réviser les points oubliés.
Plus fréquemment au début pour s’assurer d’une bonne consolidation de la
trace initiale puis de temps à autre par la suite pour maintenir un accès
facile aux connaissances acquises.
Avant le cours: de s’informer du sujet traité, de relire ses notes de cours et
de lire la section du manuel de référence ou tout autre texte indiqué;
Après le cours: de réorganiser ses notes assez rapidement et d’en extraire
les points essentiels sous forme de fiches aide-mémoire.
APPLICATIONS À LA LECTURE
Pour retenir les éléments essentiels de sa lecture, il est primordial de clarifier
rapidement ce qu’on cherche dans un texte. Ce qui est essentiel à retenir d’un texte
n’est pas à chercher chez l’auteur mais dans son intention comme lecteur. La
méthode de lecture devrait être choisie en fonction de cette intention. On ne lit pas
de la même façon un chapitre de manuel de cours, un article scientifique pointu ou
une thèse d’auteur. On ne choisit pas les mêmes contenus selon qu’on fait de la
recherche documentaire, qu’on développe l’argumentaire d’un essai ou qu’on
prépare un examen. Avant de lire dans le détail, il est bon de se faire une idée de
l’ensemble du texte (intention de l’auteur, idée directrice, différents ensembles du
texte et idées principales). On soulignera ensuite les points clés, en fonction de son
intention. À la fin de la lecture, on prendra en notes et on organisera les points qu’on
considère utiles et essentiels (toujours en fonction de son intention initiale) sous
forme d’aide-mémoire (fiches résumé, fiches synthèse, schémas, etc.) et on
consacrera son effort de mémorisation sur ces éléments clés, si besoin est, et non
sur l’ensemble du texte.
Ellis, 1983
Les êtres humains sont affectés, non par la réalité, mais par la façon dont ils
perçoivent cette réalité. Les croyances irrationnelles induisent des verbalisations
internes irrationnelles et mésadaptées. La remise en question volontaire de ces
croyances peut amener à un changement des verbalisations internes et à des
conduites mieux adaptées.
La thérapie rationnelle émotive vise à montrer aux individus comment ils induisent
eux-mêmes leurs échecs et comment ils peuvent changer cela.
La thérapie rationnelle émotive provoque le changement chez les individus en les amenant à
identifier clairement, comprendre, débattre et changer les verbalisations internes négatives
pour des verbalisations plus rationnelles.
Meichenbaum (1989) croit plutôt à une influence réciproque de la pensée sur les
sentiments et des sentiments sur la pensée.
Exemple 1 de pensée irrationnelle: «Je ne dois pas faire de fautes; si j'en fais,
c'est terrible.»
Conséquences attendues: stress, anxiété, désordres physiologiques.
À remplacer par: «Je fais de mon mieux; je ne veux pas faire de fautes mais si j'en
fais, je peux le prendre. Ça sera dommage, mais ça ne sera pas terrible.»
Exemple 2 de pensée irrationnelle: «Tout le monde devrait m'approuver et si ce
n'est pas le cas, c'est épouvantable.»
«C'est agréable d'être approuvé par les autres; mais si ce n'est pas le cas, c'est
correct tout de même.»
Exemple 3 de pensée irrationnelle: «Les gens devraient être comme je le veux.»
«Les gens sont ce qu'ils sont: je ne peux pas les changer mais je peux changer
ma façon de réagir à eux.»
EXEMPLE DE FICHE-SYNTHÈSE
AIDE-MÉMOIRE
Théorie de l'attribution
Weiner, 1979
L'aptitude d'une personne, son effort et la difficulté de la tâche ont une
influence sur la façon dont cette personne perçoit l'origine de ses succès et de
ses échecs.