Hanane LEMSYEH
RABAT-SALÉ
Sala Al Jadida
Franck LENOIR
RABAT-SALÉ
Le tramway de Rabat-Salé: défi en terre Marocaine
Leila NDOME
BEN-GUERIR
L’université Mohammed VI et la ville de Ben-Guérir
Hanadi WAFA
BEN-GUERIR
The Green City of Ben-Guérir
EMIR DRAHSAN
BEN-GUERIR
Ville de Ben-Guérir - Ville politique
Firas EL BAHLOUL
TAMANSOURT
Infrastructures, équipements et énergie
Naoufal RHOU
TAMANSOURT ET ZENATA
Évolution de la conception des villes nouvelles au Maroc
Mohammed ASSOUSS
ZENATA
La bataille du foncier est loin d’etre gagnée
Ingrid CHEUNG
ZENATA
L’Eco-Cité Zenata et ses difficultés liées au foncier et au relogement
Chloé FRIEDLANDER
ZENATA
Zenata : quelle appropriation du projet de ville nouvelle et durable?
Hélène BARBET
RELATION FRANCE - MAROC
La CFCIM, actrice de projets de construction intégrés au Maroc?
Émilien MAUDET
L’OFFRE URBAINE FRANÇAISE AU MAROC
L’export de l’offre urbaine française au Maroc : quel challenge vis-à-vis de la
concurrence internationale ?
Ilham ZBADI
LES MÉDINAS
Ville durable Marocaine : de la médina à la ville nouvelle, retour vers le futur
Le premier article, rédigé par Hanane Lemsyeh, fait un retour sur les territoires de Rabat et
Salé, ainsi que le projet de tramway réunissant les deux villes.
Hanane LEMSYEH
RABAT-SALÉ
Sala Al Jadida
Contexte :
Salé est la ville « jumelle » de Rabat, la capitale du Maroc. Cette ville riche en histoire a
longtemps été marginalisée malgré sa position stratégique (son port, fleuve de Bouregreg, à
proximité de Rabat) du fait de son urbanisme devenu anarchique.
Après l’indépendance, Salé fut encore une fois marginalisée face à Rabat et devint une ville
dortoir principalement pour les fonctionnaires de la capitale.
Carte de Rabat et Salé. © Google Maps
En 1995, le roi feu Hassan II a donné ses ordres pour commencer les travaux d’une
nouvelle ville entre Salé et Rabat qu’ils ont nommé par la suite Sala Al Jadida (la nouvelle
Salé), principalement pour reloger les habitants des bidonvilles de la capitale. En 2000, la
ville nouvelle a été édifiée sur un terrain de 200 hectares, offert gracieusement par le Roi et
la livraison a eu lieu en 2005. Elle se situe au Sud de Salé à proximité de la rive nord du
fleuve Bouregreg. En 2007, la zone industrielle Technopolis est lancée, la première tranche
de 107 hectares est inaugurée en 2008 par le Roi Mohammed VI. Une deuxième tranche de
190 hectares est prévue pour les années prochaines. La technopole se situe à l'est de Sala
Al-Jadida. La nouvelle ville a connu beaucoup de problèmes en raison d’un manque de
planification des équipements et dépendait ainsi beaucoup de Salé et de Rabat. Aujourd’hui
la ville compte 11 établissements d’enseignement, des mosquées et des marchés avec
200.000 habitants.
Tramway Rabat-Salé
Avec la croissance démographique exponentielle des villes Rabat et Salé, la congestion de
la mobilité et le temps de parcours des usagers ainsi augmentée, en 2007, le Roi
Mohammed VI lança les travaux du Tramway Rabat-Salé qui voit ensuite le jour en 2011. Ce
projet vise à relier les deux villes, renforcer les liens entre elles et offrir une capacité de
transport adaptée à la demande. La prolongation des lignes vers Sala Al Jadida et autres
zones est prévue pour 2018.
Sources:
● Bymaro
● Telquel - Sala Al Jadida, dans l’antichambre de Rabat, 23 juillet 2014 - Citations/critiques de
Mohamed Naciri et Otmane Boujrada
● Wikipedia
Franck Lenoir a rédigé un article sur le tramway de Rabat-Salé. Il fait un exposé sur le
premier tramway moderne du royaume ainsi que les résultats obtenus.
Franck LENOIR
RABAT-SALÉ
Le contexte
Revenons sur le contexte du projet. Rabat, la capitale du Maroc et Salé sont 2 villes
limitrophes situées au nord du Maroc, sur les bords de l’atlantique. Les deux villes sont
séparées par le Fleuve Bouregreg dont le principal point de franchissement était le pont
Moulay-Hassan. Le fort développement de l’agglomération à fait passer la population de 1,3
Millions d’habitants en 2004 à 2 Millions en 2010. Cette explosion démographique a
provoqué une saturation des voies de circulation. Le pont Moulay-Hassan véritable goulot
d’étranglement devenant le symbole de cette situation paralysante. Il a été détruit en août
2012, au profit du tout nouveau pont Hassan II (inauguré en mai 2011) qui constitue un
nouvel ouvrage d’art de l’agglomération.
Bus à Rabat
Le projet de tramway moderne prend donc une toute autre ampleur. Il ancre et symbolise la
transformation de l’agglomération de Rabat-Salé. Cela explique en bonne partie l’ambition et
les moyens investis.
Modernité et confort
Les rames qui ont été choisies sont d’excellente qualité (Citadis d’Alstom). Elles sont
similaires à celles que nous pouvons retrouver en France. Elles proposent 118 places
assises pour une capacité globale d'environ 580 passagers. Les rames sont à plancher bas
intégral pour faciliter l'accès des personnes à mobilité réduite et sont bien sûr climatisées.
Le design intérieur a été soigné et uniformisé sur les 2 lignes afin de symboliser
l’agglomération. Ultime coquetterie, l’intérieur des rames reprend le code couleur utilisé pour
symboliser la ligne sur le plan (rouge ou bleue).
Résultats
Le succès est au rendez-vous. En 2014, le tramway a transporté quotidiennement en
moyenne 120 000 personnes (l’objectif à terme est de 180 000). C’est d’ailleurs pour cela
qu’en janvier dernier la société du Tramway de Rabat-Salé a annoncé l’extension de 20km
du réseau, qui devraient entrer en service en 2018. Pour la petite anecdote un fan club du
tramway a meme créé une page Facebook. Elle vient compléter la page officielle du
Tramway… Les usagers sont pleinement satisfaits et le tramway a fortement contribué à
améliorer les espaces traversés, donnant une dynamique nouvelle à l’agglomération. La
ponctualité et le confort apportés par le tramway ont généré des demandes de plus en fortes
d’amélioration des réseaux de bus. Dans ce sens, des négociations ont été engagées avec
la société d’autobus urbains Stareo, pour assurer une connectivité entre les deux modes de
transport avec un billet unique valable dans les bus et le tramway. D’autres négociations ont
lieu aussi avec les administrations pour l’émission d’une carte d’abonnement mensuelle de
250 DH. Par ailleurs depuis 2013, le parc de bus est en cours de modernisation. Cerise sur
le gâteaux et fait rare, le budget d’exploitation du tramway est à l’équilibre. A titre d’exemple
en France les recettes de la billetterie des tramways ne couvrent que 45% les frais
d’exploitation. Mais des défis restent comme par exemple celui des embouteillages dans les
rues mitoyennes aux voies du tramway. La transformation durable de la circulation à Rabat-
Salé semble donc encore promise à quelques challenges mais semble en très bonne voie.
Sources
● Société du Tramway Rabat-Salé - Dossier de présentation de la société
● Maghress - Tramway Rabat-Salé : les usagers s'en accommodent, 17 août 2011
● Agence d’Aménagement de la Vallée de Bouregreg - Livre « Tramway Rabat-Salé un regard
sur l’avenir ». Présentation officielle de l’histoire de la construction du tramway de Rabat
Salé
● O-Maroc, Reda Benkhadra - Tramways au Maroc : une histoire hors du commun, 19 juin
2014
● Usine nouvelle - La ville de Rabat vote une première extension du tramway lancé en 2011, 2
mars 2015
● Wikipedia - Tramway de Rabat-Salé
● Centre Régional d’Investissement - Le tramway de Rabat-Salé
● Wikipedia - Casablanca, économie
● La nouvelle Tribune - Le tramway Rabat-Salé, passionnément…, 10 juin 2011
● Facebook - Tramway Rabat Salé Fan Club
● Facebook - Tramway Rabat-Salé (Officiel)
Les trois prochains articles synthétisent les études des auditeurs du MS sur la ville de Ben-
Guérir, et son ambition académique.
Leila NDOME
BEN-GUERIR
Observations personnelles
La ville nouvelle de Ben-guérir est un terrain d’innovation de ville à toutes les échelles ;
● La gouvernance employée est fraiche, expérimentale et rompe totalement avec celles
traditionnelles employées dans les grandes villes
● En choisissant un site semi-aride, les concepteurs du projet ont pris un risque positif en
voulant démontrer qu’on peut faire la ville autrement dans le cadre de vie écologique, un
espace de savoir et d’innovation
● Ce projet de ville nouvelle est en synergie avec l’ensemble du réseau urbain régional et
national, et sa réussite sera un appel à toutes les collectivités territoriales au Maroc à se
réformer
● L’université polytechnique Mohammed VI se distingue comme un élément clé contribuant à
alimenter la ville nouvelle de Ben-guérir et former les cadres et leaders Marocains de
demain, ceci dans un cadre exceptionnel
● Un atout majeur de l’université Mohammed VI reste que l’établissement s’engage à recruter
des étudiants d’excellence n’ayant pas forcément les finances pour obtenir une formation et
un cadre de vie de ce standard. La convention signée en 2014 à Rabat entre le ministère de
l’éducation nationale et l’OCP consiste à propulser la qualité des classes préparatoires et les
établissements publics d’excellence avec l’octroi de bourses aux meilleurs étudiants, surtout
ceux issus de catégories sociales vulnérables
Le projet de ville nouvelle à Ben-guérir couplé avec l’université polytechnique Mohammed VI
est prometteur. La disponibilité financière de l’université vers les classes basses est un point
fort, et preuve que les concepteurs se focalisent sur le talent et ambition des jeunes
Marocains. Il sera certainement un moteur de développement du Royaume Marocain dans
les années à venir, et est un exemple à suivre sur le continent Africain.
Sources
Challenge - La nouvelle ville de Benguérir, la première ville verte en Afrique, 17 Juillet 2014.
Telquel - Enquete. Le miracle Benguérir, 22 Décembre 2012.
Hanadi WAFA
BEN-GUERIR
It is the first project in the African continent of its kind; it will offer ecological spaces,
appropriate infrastructure, social life and a framework that will guarantee well-living for
different social and culture population, where the university of Mohammed VI is the highlight,
the beating heart of the green city of Benguerir. The university includes several schools
offering various courses in industrial management, engineering, agriculture, green
technologies and sustainable development among others. It will provide a residential area for
studentsm teachers and researchers with an area of 23 hectares including villas, leisure
centres, shops and other facilities that enhance its attractiveness.
The objective of this new city is to be committed to enable and establish a new urban model
based on aspects that respect the environment and promote sustainable development. This
project impacts the kingdom both nationally and internationaly; through this project, Morocco
wants to differentiate itself academically and ecologically in the international context.
The university will provide a level of education, research and development that will embrace
promising and creative projects, allowing skilled Moroccans to participate and expand this
area. It aims to attract students and professionals and create desirable conditions that
include superior urban infrastructure and amenities, full public services, connectivity,
competitive living price and leisure in the Moroccan context, at the same time it aim to
capture the heritage, proportions, beauty and climate suitable materials of Moroccan
architecture.
Sources:
● Challenge - La nouvelle ville de Benguerir, la première ville verte en Afrique
● Youtube - Université Mohammed VI Polytechnique de Benguérir - HD
Emir Drahsan, au delà de faire son exposé sur la ville, nous propose ici son analyse critique
de la stratégie de développement adoptée.
EMIR DRAHSAN
BEN-GUERIR
Sources
Wikipedia - Ben Guerir
OCP - Villes vertes
Challenge - Le Roi lance la cité verte Mohammed VI à Ben Guerir, 10 novembre 2012
L’Economiste - L’OCP accélère son projet “ville verte”, 12 novembre 2012
Firas EL BAHLOUL
TAMANSOURT
Marrakech, ville touristique et attractive, a connu une énorme croissance urbaine sur les dix
dernières années (+160.000 habitants). Atteignant plus de 1,2 million d’habitants, le boom
de l'immobilier, à son apogée en 2007, a fait monter les prix au point de compromettre
l'acquisition par la toute récente classe moyenne. Or, pour la majorité des Marocains, la
propriété est primordiale : l'achat d'une villa ou d'un appartement constitue un acte vital. De
ce fait Mohammed VI a anticipé la croissance urbaine et le changement de la société en
lançant plusieurs programmes de villes nouvelles au sein du royaume visant la mixité
sociale dont la ville de Tamansourt (la ville victorieuse).
Cette dernière située à une dizaine de kilomètres de Marrakech, prétend etre la plus grande
du continent africain et témoigne d'une ambition économique et sociale. La maîtrise de cet
ambitieux projet d'aménagement sur 1932 hectares à terme promet l'installation de 300 000
habitants pour un budget de 3,6 M€ et a été confié à l’aménageur Al-Omrane. La ville de
Tamansourt a été planifiée de la manière suivante :
Dix ans après son lancement, Tamansourt ne séduit toujours pas : censée représenter
un programme pilote, Tamansourt est aujourd’hui considérée pratiquement comme un
échec. Certains la qualifient meme de ville-dortoir ou de ville fantôme. En effet malgré les
énormes efforts d’Al-Omrane, cette nouvelle ville ne compte que 55 000 habitants avec :
- 80% des logements prévus ayant été construits mais plus de 50% restant inoccupés,
- 4 écoles primaires, 2 collèges et 2 lycées ont été construits par Al-Omrane.
Cela n’a pas été suffisant pour faire du site une véritable ville et pour attirer plus d’habitants.
Cela s’explique par le manque de projets structurants. Concrètement, le maillon faible de
Tamansourt est sans doute :
- l’absence d’équipements publics et de services (banque, administration, hôpital…..)
- l’insuffisance de l’offre de transport urbain : Tamansourt est desservie par une seule ligne de
bus à partir de Bab Doukkala à Marrakech et avec une fréquence d’un bus par heure.
- la dépendance vis-à-vis de la ville de Marrakech (en termes d’énergie, d’eau et de
gouvernance)
Mettre en place une cité universitaire sera-t-elle la meilleure solution pour héberger les
nouveaux étudiants du campus sachant que plus de 50% des logements déjà construits sont
inoccupés et peuvent servir d’un coté de logement pour ces nouveaux venus et présentent
d’un autre coté des avantages à ne pas négliger tels que :
- Rentabiliser en partie le coût de la construction de ces logements et les entretenir,
- Réduire les coûts de construction du campus et d’investir l’argent prévu pour la cité
universitaire dans d’autres projets culturel et économique qui favoriseront à leurs tour le
développement de la ville.
- Favoriser le déplacement à travers la ville au lieu de rester sur le campus qui se situe en
périphérie, d’où le développement d’une nouvelle dynamique de déplacement qui entraînent
elle meme une dynamique économique et la lancée de la ville.
La ville de Tamansourt présente un grand potentiel pour etre une ville verte grâce à ses
nombreux terrains non bâtis, son taux élevé d’ensoleillement et sa faible pluviométrie. Ces
avantages font d’elle une ville favorable aux technologies des énergies renouvelables.
- Intégrer par exemple des systèmes de récupération et de recyclage des eaux usées et
pluviales réduira la consommation d’eau jusqu’à 50% dans les nouvelles constructions
(campus…)
- Intégrer des systèmes de récupération d’eau d’irrigation dans les espaces verts (parc,
jardin…)
- Produire de l’électricité grâce aux panneaux photovoltaïques,
- Mettre en place un système de tri, collecte et traitement de déchets ce qui permet la
valorisation énergétique, le recyclage de la matière première, la réduction jusqu’à 70% la
masse de déchet, la création de nouveaux emplois etc.
Système de récupération des eaux usées - © Entreprises Ouest France
Conclusion :
Nous vivons actuellement dans un monde où les technologies domineront un jour et se
développeront au service de la société.
Nous avons vu que Tamansourt, la ville satellite présente effectivement un grand potentiel
sur le plan topographique, infrastructures, social et climatique, qui va dans le meme sens
que ces nouvelles technologies. Ses potentiels nous ont en effet permis de pousser la
réflexion autour des systèmes énergétiques économiques et de mobilité qui feraient d’elle un
pôle dynamique et attractif. Malheureusement le manque de projets structurants et l’absence
d’une forte gouvernance locale qui aurait permis à Tamansourt de briller, a fait aujourd’hui
de cette dernière une ville dortoir.
A ce jour, les villes intelligentes poussent de plus en plus dans le monde, il faudrait donc
anticiper l’évolution de Tamansourt et créer son « smart campus » connecté à la ville, qui
répondra au mieux aux besoins du futur et pourquoi pas plus tard, la création de la première
smart city du Maghreb.
Sources :
L’Économiste - Tamansourt ne séduit toujours pas, 16 janvier 2015
La Vie Éco - Ville nouvelle de Tamansourt : 80 villas livrées mais sans eau ni électricité, 7
septembre 2009
L’Économiste - Villes nouvelles Tamesna et Tamansourt bientôt sauvées?, 15 août 2013
Wikimapia
Blog de Rol Benzaken
Ouest France Entreprises - Vannes. Les stations Opuntias recyclent l'eau du foyer à
domicile, 4 février 2013
ActInnovation - Airdrop Irrigation : un système qui récupère l’eau de l’humidité de l’air, 11
novembre 2011
Pays de Fayence - Pour une meilleure compréhension du problème des déchets, 19
novembre 2009
Naoufal Rhou apporte un regard critique sur la conception des villes nouvelles au Maroc, en
prenant comme cas d’études les villes de Tamansourt et de Zenata, et en utilisant la grille
d’analyse du label français Eco-Quartier.
Naoufal RHOU
TAMANSOURT ET ZENATA
Durant ces 50 ans d’indépendance, le Maroc a connu une croissance urbanistique d’une
moyenne de 4% par année, ayant eu pour effet de doubler le nombre de citadins. En
comparaison, la moyenne internationale est aux alentours de 2,5 % sur cette meme période.
Par ailleurs, cette croissance s’est opérée de manière déséquilibrée. L’industrie s’est
développée grandement sur une partie limitée du pays, notamment au sud et au nord de
Casablanca sur une bande côtière de 140 km, qui recense aujourd’hui les deux cinquièmes
de la population urbaine. De ce fait, l’urbanisation s’est faite de manière hasardeuse et
chaotique pour absorber cet affluent de citadins et est pour principale cause des externalités
paralysant les grandes agglomérations, au point qu’à partir des années 2000, réparer les
dommages reviendrait à détruire pour reconstruire ; l’étalement urbain est devenu très
pénible, voire impossible à opérer.
La solution fut de construire des villes nouvelles.
Le cas de Tamansourt
À cette meme période, l’immobilier au Maroc vivait sa belle époque, la ville de Tamansourt
vit le jour en décembre 2004, sur un terrain presque gratuit. Bénéficiant de cette opportunité
foncière, l’aménageur, maître d’ouvrage et d’œuvre de la ville, ainsi que d’autres opérateurs
immobiliers, se sont mis à ce qu’il savent le mieux faire : bâtir des bâtiments. À la livraison,
les nouveaux citadins se sont retrouvés dans une petite ville dortoir, manquant cruellement
des infrastructures publiques nécessaires. Ceux qui y sont restés avaient plus besoin de
logement que de besoins en santé, en éducation, en mobilité, en divertissement etc. : ce
sont les gens pauvres et les bidonvillois.
Vue sur une voie et habitations à Tamansourt - © Hélène Barbet
Ainsi, il ne suffit pas de proposer des prix de logement très bas pour faire fonctionner sa
ville. Aujourd’hui, la conception de la ville s’opère selon une démarche systémique et
intégrée rassemblant tous les acteurs de la ville. Tamansourt a vu le jour sous la direction
d’un unique acteur.
Mohammed VI, François Hollande & co. autour de la maquette du projet de Zenata - ©
Société d’Aménagement de Zenata
Cette première étape de la réflexion peut etre comparée à celle de l’AEU : la Vision, durant
laquelle le territoire a été observé au microscope, et qui a résulté en la traduction d’objectifs
et d’orientations pour la ville de Zenata1. La SAZ s’est trouvée dans la nécessité d’engager
1 À titre d’exemple, une des ambitions motivant l’aménagement de la ville est de bannir la
voiture : pourquoi aller à cet extremum ? Passez une journée à Casablanca ; ce ne fut pas le
cas de Tamansourt, qui d’ailleurs n’avait qu’une seule ambition prépondérante : répondre
au besoin d’habitat.
des experts à l’international, de réaliser des benchmarks dans le monde (les usages et
pratiques des villes bonnes élèves), ce qui a enrichi leur méthodologie, et réduit l’incertitude
et l'ambiguïté qui tournaient autour de tout projet de développement durable. Cela est
analogue à la deuxième étape de l’AEU : l’Ambition.
Une grande ambition étant absente est la participation et la concertation des citoyens, qui
furent indirectement faites (heureusement), à travers les négociations avec les bidonvillois
(partie de la société qui est très faible ; son poids est plus fort par rapport aux autres
couches sociales mais pourtant pas prépondérant), et et aussi à travers l’écoconception qui
tient compte des grands absents : les générations futures.
Malgré tout, cette étape de transcription devait etre faite dans les règles de l’art : on a beau
bien penser une conception des plus rationnelle, belle et innovante possibles, au final ce
sont les habitants qui vont vivre et etre les usagers de la ville. Leurs avis et désirs pourraient
en certain points diverger, cela provoquerait certaines externalités qui constituent un risque
à la durabilité du projet. La ville est conçue pour des habitants, et c’est tout à fait légitime
qu’ils accompagnent et co-construisent la ville avec l’entité responsable.
Sources:
Ademe, Réussir la planification et l'aménagement durables, guides méthodologique
R. Escallier, Université de Nice - La croissance urbaine au Maroc, 1972
Graillot Didier, Waaub Jean-Philippe - Aide à la décision pour l'aménagement du territoire:
méthodes et outils
Catin Maurice, Cuenca Christine, Kamal Abdelhak - L’évolution de la structure et de la
primatie urbaine au Maroc
La Vie Éco
Haut commissariat au plan - Statistiques sur la croissance de l’urbanisation au Maroc
Banque Mondiale - Données de la banque mondiale - Statistiques sur la croissance
mondiale de l’urbanisation
Dans son article, Mohammed Assouss nous décrit les enjeux et objectifs du projet de ville
nouvelle et d’Eco-Cité de Zenata. Il aborde ensuite les difficultés décrites lors du voyage
d’études, quant à la mise en oeuvre de ce projet, en termes de foncier.
Mohammed ASSOUSS
ZENATA
Le Maroc a mis en place une politique de villes nouvelles depuis plusieurs décennies ; les
agglomérations marocaines se caractérisent par leur structure duale : elles comprennent la
ville ancienne, la medina, et la ville nouvelle européenne.
La ville nouvelle de Zenata, située entre Casablanca et Mohammedia, est délimitée au Nord
par l’Océan Atlantique, à l’Ouest par la SAMIR, la raffinerie de pétrole, à l’Est par le quartier
Sidi Bernoussi, au Sud par la RP 35 et s’étend sur une superficie de 2000 Ha environ.
Le Maître d’ouvrage est la caisse de dépôt et gestion (CDG du Maroc) ; sa filiale, la société
d’aménagement de la ville de Zenata, qui a été fondée en 2006 pour porter ce projet phare,
en assure le pilotage et le développement.
Ce projet est de nature à créer plus d’emplois directs mais aussi indirects, garantir la mixité
sociale et offrir des logements sociaux pour l'éradication de l’habitat insalubre afin de
permettant le relogement des 7000 ménages occupant les bidonvilles.
Par ailleurs, la ville de Zenata compte devenir la première ville écologique marocaine et
présente une énorme réserve foncière stratégique à meme de permettre le développement
urbain de la région du grand Casablanca. De plus, le projet vise à promouvoir le tourisme
dans la région, offrir des plateaux de bureaux et renforcer le pôle économique et industriel
de Mohammedia-Zenata.
La ville nouvelle de Zenata sera dotée du deuxième plus grand parc commercial d’Afrique.
L’objectif étant de construire un pôle commercial va attirer dès son opérationnalisation, les
habitants de toute la région du Grand Casablanca. Le leader mondial de l’ameublement Ikea
a annoncé l'ouverture de son premier magasin au Maroc pour un investissement de 40
millions d’euros, sur une superficie de 26000 m2 ; les travaux en question sont en cours.
L’occupation du domaine public est devenue un phénomène commun, qui n’exclut presque
aucune région au Maroc. Le projet de ville nouvelle à Zenata a été déclaré d’utilité publique
en 2006 ; l’expropriation qui en découle a concerné les 1124 ha sur 1660 ha constituant
l’assiette foncière destinée au projet, tandis que 55 ha restent toujours occupés par les
bidonvilles, en plus de 50 ha sur lesquels 640 cabanons ont été construits.
Vue sur les champs et bidonvilles © Ingrid Cheung, edit Mohammed Assouss
Le programme de relogement concernera les habitants des bidonvilles mais aussi des
résidents qui travaillaient dans les fermes historiquement implantées sur le territoire et qui
ne disposent pas de propriété foncière ni immobilière.
Cette opération consiste en la proposition d’appartements d’une valeur de 250 000 dirhams
l’unité, sur une superficie de 60 à 70 m2 moyennant une participation des bénéficiaires de
l’ordre de 100 000 dirhams, le reste est complété par le Fonds Social de l’Habitat (FSH).
Les bénéficiaires peuvent recourir à des prets dans le cadre du programme Fogarim,
moyennant un apport personnel de 20 000 dirhams.
Certains habitants des bidonvilles, meme s’ils ont l’autofinancement nécessaire, veulent
bénéficier d’une subvention gratuite et refusent de verser leur quote-part.
Aujourd’hui, malgré toutes les facilitations accordées, la population cible proteste toujours et
refuse toute solution proposée pour libérer les lieux, situation qui n’a que trop duré.
Sources :
Société d’Aménagement Zenata
Agence Urbaine de Casablanca
L’Economiste - Ville nouvelle de Zenata: le foncier totalement acquis, 18 décembre 2013
Ingrid Cheung rappelle le contexte général dans lequel s’inscrit le projet de Zenata, ainsi
que la volonté d’éco-concevoir cette ville. Elle aborde également les problématiques phares
du site liées aux bidonvilles et cabanons, puis se questionne sur l’appropriation du projet par
les habitants.
Ingrid CHEUNG
ZENATA
Un taux d’urbanisation de plus de 60%, 500 000 nouveaux citadins par an, 1,25% de taux
de croissance démographique, des centaines de milliers de ménages habitant dans des
bidonvilles... tels sont les chiffres témoignant de la forte pression qui existe sur les villes
marocaines.
Pour y faire face et anticiper la croissance urbaine, le roi Mohammed VI fait du
développement des territoires et de la maîtrise du développement urbain des priorités pour
le pays : il lance en 2004 un programme d’urbanisation visant à créer 15 villes nouvelles d’ici
2020, dont onze en périphérie des grandes agglomérations.
Il lance la meme année, le programme «Ville sans bidonvilles» afin d’éradiquer le
phénomène de l’habitat insalubre, qui représentait en 2011, 30% des logements urbains. Le
projet Zenata s’inscrit dans ce contexte.
Situé entre Casablanca et Mohammedia le long de la côte Atlantique, Zenata est un territoire
en plein essor de près de 1830 ha, qui va donner naissance à l’une des premières Éco-Cités
marocaines.
Au cœur d’un bassin de 11 millions d’habitants où vit 1 marocain sur 3, cette ville nouvelle
bénéficie de la proximité avec les deux plus grandes villes et poumons économiques du
pays : Rabat et Casablanca. Située dans la deuxième couronne Nord-Est du Grand
Casablanca, Zenata peut aussi profiter de la présence de hubs d’infrastructures logistiques
et de transport (ferroviaires, routières, aériennes).
La ville de Zenata devrait etre livrée dans sa globalité d’ici 2030 et y accueillir 300 000
habitants (en particulier de classe moyenne) et 100 000 emplois. Aujourd’hui, 50 000
habitants y sont déjà présents.
Situation géographique de Zenata - © Société d’Aménagement de Zenata
L’idée du projet Zenata selon la SAZ, est d’intégrer des enjeux liés aux contextes mondial et
national : demande croissante d’énergie (en grande partie due aux villes), augmentation des
concentrations en gaz à effet de serre, raréfaction des ressources (notamment en eau),
déséquilibres Est-Ouest en termes de services dans le Grand Casablanca…
La SAZ vise donc une « éco-conception systémique » de la ville, afin de développer un
modèle d’éco-cité durable à la fois en termes socio-économiques, environnementaux et de
mobilité, et une ville attractive de services où mixités sociale et spatiale sont attendues.
Cependant comme dans tout projet de développement urbain, des difficultés existent et il
faut y faire face. Les problématiques majeures identifiées lors de la visite à Zenata
concernent la libération du foncier et le relogement.
De nombreux ménages bidonvillois restent cependant réticents et insatisfaits par rapport aux
propositions de compensation, qui leur demandent une contribution financière. Ils
souhaiteraient plutôt bénéficier d’un logement gratuit.
De plus, en ayant accepté le relogement, des dérives existent. Lors de notre visite, on nous
a par exemple relaté des cas où certaines familles acceptent le relogement, mais continuent
de vivre dans un bidonville. Cela leur permet de vivre gratuitement et de gagner de l’argent
en sous-louant leur appartement. De meme, certains couples décident de divorcer pour que
chaque conjoint puisse bénéficier d’un logement.
Or, que ce soit pour les bidonvilles ou les cabanons ou tout autre habitation, le foncier
appartient à l’Etat, qui avait fait du territoire de Zenata, une réserve foncière stratégique,
notamment afin de résoudre les déséquilibres Est/Ouest du Grand Casablanca (en
particulier en termes de services).
Bien que la SAZ soit entièrement propriétaire du territoire, la libération du foncier reste un
des points critiques pour avancer dans le projet et « demande beaucoup de moyens et
d’efforts » selon Amine El Hajhouj, directeur général de la SAZ. De réelles résistances
existent que ce soit de la part des bidonvillois ou des cabanoniers dont certains sont là
depuis des décennies.
Néanmoins, malgré des abus, la Société d’Aménagement de Zenata ne souhaite pas aller à
la confrontation et essaient de trouver des solutions dans l’intéret de la paix sociale. Dans le
cas des cabanons par exemple, elle propose des compensations financières voire meme
des logements à valeur de remplacement aux résidents. Pour les résidents permanents des
cabanons ayant peu de moyens et pour lesquels la compensation financière ne suffirait pas,
un relogement est aussi proposé.
Cet exemple de projet de ville nouvelle marocaine montre encore une fois les difficultés liées
aux réalités du terrain qu’il est essentiel de prendre en compte et auxquelles il faut
s’adapter. Il convient de rester vigilant quant aux dérives existantes, tout en essayant de
comprendre d’où elles viennent et comment les résoudre. Pour cela, il me semble que des
phases de dialogue, de consultation, de concertation sont nécessaires tout au long du projet
et cela, dès la phase amont. Une cellule d’accompagnement social, ainsi qu’un travail avec
des associations locales ont d’ailleurs été mis en place afin d’assurer l’adhésion des
populations pouvant bénéficier du relogement. Mieux comprendre les habitants, proposer
voire de co- construire les solutions les plus adaptées, tout en tenant compte d’une certaine
urgence liée au contexte d’urbanisation croissante et rapide: quoi de mieux pour une
meilleure appropriation du projet par les habitants ?
Sources :
Agence Française de Développement
L’économiste, le premier quotidien économique du Maroc
● Les cabanoniers refusent de déménager, 19 janvier 2012
● Ville nouvelle de Zenata, l’acquisition du foncier entièrement verrouillée, 30 novembre 2011
● Casablanca / ville sans bidonvilles, le programme sera bouclé en 2014, 28 janvier 2014
Le Matin - « Zenata, une éco-cité qui équilibre le Grand Casablanca », 10 novembre
2011
Société d’Aménagement de Zenata
● Plaquette Ville nouvelle de Zenata
● Cadre de politique de réinstallation, révision 12, novembre 2014
Usine Nouvelle - Zenata : la ville nouvelle de Casablanca aux ambitions écolos –14
mai 2013
La Vie Éco
● Maroc : des villes nouvelles pour rééquilibrer le développement urbain – le 14 août
2014
● Villes sans bidonvilles : l’envers du décor, 9 septembre 2014
Chloé Friedlander aborde les thématiques de relogement des bidonvillois, de conflit avec les
cabanoniers et de l’agriculture, sous l’angle de la participation et l’appropriation du projet
Zenata par les habitants, tout en rappelant l’influence française dans ce projet.
Chloé FRIEDLANDER
ZENATA
L’aspect participatif du projet d’Eco-cité est fortement mis en avant dans la communication
de l’aménageur. Il est compris comme une dimension essentielle du développement
durable. Dans quelles mesures l’implication des habitants est-elle mise en œuvre, de la
conception à la gestion urbaine?
Sur le site officiel de l’Eco-cité de Zenata, “l’implication” et la “participation des citoyens” sont
au coeur du projet. Une démarche inséparable du concept de ville durable à la française. Un
cabinet composé de Français étant à l’origine du projet, il n’y a donc rien d’étonnant. C’est
meme un signal fort de la part des décideurs d’accorder une telle place à la démocratie
participative.
Au delà de l’aspect politique, la participation des habitants est un sujet central de la gestion
urbaine. En France, la volonté d’impliquer les habitants dans l’appropriation de l’espace
public est venue avec la politique de la ville. Les grands ensembles construits après-guerre
pour répondre à la crise du logement ont rapidement montré leurs limites : détérioration du
cadre de vie, du lien social, du sentiment de sécurité, et ghettoïsation. Si la solution miracle
n’existe pas, le constat lui est clair. Des habitants acteurs de leur quartier garantissent une
vie de quartier positive, des relations sociales apaisées et un environnement mieux
respecté.
L’implication des habitants à Zenata met-elle en place les bases nécessaires à un tel
fonctionnement ?
L’aménageur nous a rapporté 3 cas de conflits. Leur analyse répond en partie à nos
questions.
1. Le refus des bidonvillois d’emménager dans les logements sociaux
Comme dans le reste du Maroc, le relogement des bidonvillois (douars compris) dans des
logements sociaux fait partie du projet de Zenata. De grands ensembles ont été construits à
cet effet. Et pourtant, les habitants des douars et des bidonvilles refusent d’y emménager.
Un mouvement de protestation a meme émergé : hisser le drapeau marocain sur son toit
signifie le refus de quitter le bidonville. Les drapeaux étaient nombreux. Pourquoi refuser un
logement qu’on vous offre ? D’abord, parce que les bidonvillois ne veulent pas payer de
loyer ou de factures d’eau, d’électricité... Ensuite, ils affirment préférer leur mode de vie plus
convivial que celui offert par les grands ensembles, anonyme et individualiste.
Quant à ceux qui acceptent un logement, il n’est pas rare que ce soit pour le revendre peu
de temps après, empocher la plus-value et retourner au bidonville, raconte l’aménageur.
L’opposition forte au relogement et au type d’habitat proposé enseigne au moins une
chose : ce qui a été conçu pour les bidonvillois n’a pas été approprié par eux. L’aménageur,
malgré les réunions d’information, les campagnes de négociation, n’a pas su “faire avec” les
habitants. Si le cœur y était, pourquoi un tel échec? D’abord parce que l’implication des
habitants peut prendre une infinité de formes. Ici, l’information et la négociation n’étaient
visiblement pas suffisantes. La pomme de discorde est d’ordre économique et culturel. Le
travail d’implication aurait dû porter sur la forme d’habitat en lien avec un mode de
subsistance informel.
On assiste à Zenata à des conflits ouverts entre parties prenantes. L’équation des intérets
des habitants, des élus et de l’aménageur n’est pas résolue. L’inscription de l’implication des
habitants aux priorités du projet, n’a pas véritablement pris corps dans le projet de ville
durable, ni dans la conception, ni dans la mise en œuvre du projet. Les trois exemples
précédents montrent pourtant à quel point elle est stratégique. Tout comme en France, le
manque d’expérience des acteurs traditionnels de l’aménagement dans le domaine de la
participation a mené à des opérations inefficaces, voire contre-productives. Conduire un
projet de ville « hors-sol » fait courir le risque d’exclure les actuels habitants, de créer des
tensions entre anciens et nouveaux arrivants, et d’entraîner une ségrégation entre les
différents groupes. On a vu précédemment que le manque de lien social et de mixité
engendre la dégradation de certains quartiers en France. L’absence d’appropriation de
l’espace public a coût social et économique. C’est pourquoi il faut encourager la formation et
la diffusion d’une expertise pour l’animation d’une gouvernance partagée. Pour que les villes
de demain fassent véritablement corps avec leurs habitants car ce sont bien eux qui font la
ville.
Sources :
Société d'Aménagement de Zenata
Usine nouvelle - Zenata, la ville nouvelle de Casablanca aux ambitions écolos, 14 mai 2013
Medias24 - La ville nouvelle de Zenata tient à son pari de création d’emploi, 24 juin 2015
Morrocco on the Move - Zenata EcoCity
CSTB - Le statut et l’enjeu politique de la gestion urbaine, 2007
CSTB - La participation des usagers à la conception des projets urbains, 2006
CSTB - L’amélioration de la gestion urbaine : un enjeu majeur du développement urbain
durable, 2007
Sources :
● Présentation de M. CONFAIS et Mme CHEBANI à la CFCIM Casablanca, le 24 mars 2015
● Site officiel de la CFCIM
● Site de Business France
● Site du parc industriel d’Ouled Salah
● Site du parc industriel de Bouskoura
Dans son article, Émilien Maudet montre le role des entreprises françaises et de l’influence
historique française dans les projets urbains au Maroc. Il se questionne également sur
l’export de la ville à la française au Maroc dans un contexte de plus en plus compétitif.
Émilien MAUDET
Au cours de cette semaine à la découverte des grands projets des villes marocaines, j’ai
gardé un œil ouvert sur l’environnement dans lequel évolue nos entreprises françaises au
Maroc : quel est le contexte et les difficultés ; quels sont les leviers pour réussir le défi de
l’export de l’offre Vivapolis ; mais également quels sont nos atouts pour rivaliser avec la
concurrence internationale ?
Un contexte propice...
Pays de plus en plus ouvert vers l’extérieur, le Maroc a un volume d’échanges commerciaux
internationaux important : une quarantaine de milliards d’euros par an. Depuis de
nombreuses décennies, la France jouit d’une position de partenaire historique de ce
Royaume. Elle était jusqu’en 2011 son premier partenaire commercial avec une part de
marché de 18% des échanges extérieurs, soit près de 7,5 milliards d’euros !
Véritable porte d’entrée pour l’Europe vers le marché africain, le Maroc est la première
destination des investissements français sur ce continent. La raison première : sa stabilité
politique qui lui confère un atout précieux dans cette région du monde. Encore aujourd’hui,
La France est le premier bailleur de fonds bilatéral du pays. 62% de l’aide publique
étrangère reçue provient de l’hexagone. On y observe ainsi une profonde marque du
paysage français, aussi bien sur sa structure administrative qu’économique.
Trains ONCF, Caisse des Dépôts et de Gestion, Ministère de l’équipement, chambres
régionales de commerce... Bienvenue dans l’environnement des 750 filiales d’entreprises
françaises au Maroc ! Parmi lesquelles 36 entreprises du CAC 40 qui œuvrent au
développement du pays.
Fort heureusement, la taille des projets ciblés (nouveaux quartier et villes nouvelles)
induisent un intéret politique fort, et implique systématiquement les hautes personnalités de
la monarchie. Nous avons observé la puissance de ces derniers et leur absence d’hésitation
à financer et à tordre le code des marchés publics pour impulser des projets phares
innovants comme les tramways ou les villes nouvelles. Ainsi, nous avons vu que de grands
projets d’aménagement ont été confiés à une grande entreprise privée du secteur minier, à
des proches de la monarchie et à des universitaires. Autant de situations en décalage par
rapport aux règles administratives.
Tamansourt, aperçu d’un morceau de cette ville nouvelle : un chantier à perte de vue
La proximité de la France avec le pouvoir central du Maroc est un atout majeur, car les villes
marocaines se font régulièrement accompagner par les villes françaises dans leurs projets
sous l’impulsion du gouvernement. La conquete de ce marché des villes nouvelles par nos
offres intégrées doit donc se faire en étroit lien avec ces acteurs.
François Hollande et Mohamed VI au projet de ville nouvelle à Zenata ©SkyscraperCity
A l’instar, de tout grand projet exporté par les français (avions, métros, ponts, centrales
électriques...), la nécessité d’avoir un démonstrateur emblématique en France semble une
évidence pour convaincre les hauts décideurs marocains.
Un défi supplémentaire reste à relever pour conquérir ces marchés : faire un démonstrateur
adapté aux problématiques des pays émergents. Car nous avons pu voir qu’au Maroc les
enjeux des villes nouvelles sont souvent sensiblement différents. Là où la France se
concentre sur la smart city, les énergies renouvelables et la protection de l’environnement, le
Maroc lui fait également face à des enjeux de bidonvilles, de villes adossées aux industries
lourdes en plein développement, de raréfaction de l’eau et parfois aussi d’insalubrité.
Sources :
La Tribune - Commerce mondial : la France peut-elle regagner des parts de marché ?, 27
mai 2015
Challenges - Comment la France peut-elle regagner ses parts de marché ?, 27 mai 2015
Ambassade de France au Maroc - Les relations économiques franco-marocaines
CFCIM - Présentation du Maroc
Métropolitiques - L’exportation au Maroc de la “ville durable” à la française, 16 juin 2014
SkyscraperCity - Zenata, ville nouvelle
Bymaro - Mosque Hassan II
Ilham Zbadi adopte une approche futuriste du patrimoine passé du Royaume du Maroc et
relance le débat sur l’approche globale de ville de demain.
Ilham ZBADI
LES MÉDINAS
Préservation de l’identité
Une ville durable c’est aussi une ville capable de conserver son identité et mettre en avant la
richesse de son patrimoine. Ainsi la médina s’est dressée comme un rempart face à la
colonisation et à l’effacement de l’identité marocaine. L’artisanat marocain et les métiers
ancestraux comme les tanneurs de cuir à Fès, lui doivent leurs survies. A ce sujet, l’artisanat
profitait aussi des circuits courts (le magasin est aussi le lieu de production).
Sources
[1] Blog Carfree, Marcel Robert - La Médina, ville du futur, 9 avril 2011
[2] ENS - Qu’est-ce que la ville durable ?
[3] Archimedia, Marc Gossé - La médina, modèle urbain pour le XXIe siècle ?
[4] Ludovic Philippon - Le développement durable dans l'habitat méditerranéen : Introduction
à une réflexion d'ordre social.
[5] Jordi Peralta - Tannerie Chouwara