Fig. 0.2: Profil général d'un pont avec les différents types de fondations au rocher
Une des principales difficultés des fondations de viaduc à grande portée (c'est-à-dire des ponts
culminant à plus de 100 m de hauteur et mesurant 400, voire 800 m de long) par rapport à des
ouvrages plus classiques est la reprise des efforts latéraux et du moment déstabilisant.
Une autre difficulté est que les déplacements différentiels post construction doivent rester très
faibles. Un tassement différentiel de 5 mm sous une semelle de fondation de 10 m de diamètre
engendre un déplacement en tête de 5 cm d'une pile de pont de 100 m de haut. Un tel
déplacement annihilerait le rôle des joints de dilatation s'il était dans l'axe du tablier
(AASHTO, 1989), et pourrait déstabiliser la pile du pont par excentration de son poids propre
s'il était dans un axe perpendiculaire au tablier. Pour ce qui est des déplacements différentiels
pendant la construction (qui sont les plus importants du fait de la fermeture des discontinuités
rocheuses à la suite des premières mises en charge), le problème est moins grave car l'on peut
corriger les déplacements pendant la construction des piles.
Comme le montre la figure précédente représentant un profil type de pont, les fondations des
grandes piles de viaduc sont généralement profondes, alors que les fondations des culées sont
superficielles (avec ancrage ou non). On retrouve donc les trois classes de fondation sur
rocher, et donc par là même les différents problèmes liés à ces fondations au rocher.
3.- Problèmes spécifiques des fondations au rocher
3.1.- Discontinuités du massif
Des discontinuités mal prises en compte, ou non détectées, peuvent être la cause de la rupture
d'un ouvrage.
3.2.- Existence de lits de matériaux de faible résistance ou de karsts sous la surface du
massif
La capacité portante du massif peut être diminuée par la présence de matériaux peu compacts
ou de karsts non détectés à l'intérieur du massif. II s'agit d'un problème de reconnaissance
géotechnique, parfois difficile à résoudre dans des conditions de coûts acceptables.
3.3- Méthodes d'excavation
L'emploi d'explosifs à haute dose pour creuser la fouille peut diminuer considérablement la
résistance mécanique du massif environnant en ouvrant et/ou en créant des fractures.
3.4.- Chutes de blocs, talus instables
Lors de la réalisation des plates formes de travail, du creusement des fonds de fouilles, des
blocs peuvent être déstabilisés et tomber. Il faut effectuer une étude cinématique préalable des
blocs découpés par les travaux de creusement et de terrassement et prévoir d'éventuels
clouages ou la purge des blocs instables. Pour accéder au rocher sain, il arrive parfois qu'il
faille descendre de plus d'une dizaine de mètres. Pour des raisons de place, les pentes de talus
sont assez fortes et il est bon de vérifier la stabilité de l'ensemble. Il faut également analyser la
stabilité d'ensemble lorsqu'un talus est fortement chargé en tête par le poids de la culée d'un
pont.