LA SOUSCRIPTION DU CONTRAT
L'objet d'un contrat d'assurance est la garantie d'un risque ayant une certaine
probabilité de réalisation. Pour qu'un contrat d'assurance soit valablement
conclu, l'assuré est tenu à certaines obligations. Les unes portent sur l'objet
de la garantie, les autres sur le prix de la couverture du risque.
DU RISQUE
Le risque peut être défini comme un événement dommageable dont la
survenance est incertaine, quant à sa réalisation ou la date de cette
réalisation.8(*) Il est l'élément fondamental du contrat. C'est lui qui détermine la
volonté de l'assureur à s'engager. Le législateur a fait de sa déclaration une
obligation en vue de protéger l'assureur contre l'assuré qui, volontairement ou
non, chercherait à sous-évaluer le risque déséquilibrant ainsi la mutualité.
D'une part, il s'agit de déclarer les circonstances objectives qui sont celles
liées à l'objet même du contrat ; par exemple en assurance-vol, la valeur des
objets couverts est une circonstance objective à déclarer ; en assurance
automobile, la déclaration portera sur l'usage, la puissance etc. du véhicule.
D'autre part, l'assuré doit déclarer toutes les circonstances dites subjectives
qui sont liées à la personne même de l'assuré. Dans la pratique, la déclaration
de ces circonstances est presque inexistante, surtout que leurs déclarations
sont souvent défavorables à l'assuré.
* 9 Civ, 26 janvier 1948, Grands arrêts du droit des assurances, édition Sirey, Paris, 1978, p.93
Cette déclaration est faite à l'assureur par lettre recommandée ou contresignée dans
un délai de quinze jours à partir du moment où il en a eu connaissance. En cas de
lettre contresignée, un récépissé servant de preuve doit être délivré à l'assuré.
Qu'elle soit recommandée ou contresignée, la lettre est adressée au domicile de
l'assureur.
Une fois que l'assuré déclare l'aggravation du risque, l'assureur qui garde le silence,
sera obligé de garantir le risque modifié moyennant l'ancienne prime. 16(*)
En vue de garantir l'ordre public dans les opérations d'assurance, des exceptions à
l'assurabilité de certains risques sont prévues.
* 13 Il s'agit du formulaire de déclaration de risque sur lequel l'assureur interroge l'assuré lors de la conclusion du
contrat
sur les circonstances qui sont de nature à faire apprécier par ledit assureur le risque
qu'il prend en charge.
* 14 Chambres réunies, 8 juill. 1953, Grands arrêts du droit des assurances, op.cit, p.105
19
Art. 15 al. 5 du code CIMA
Il s'agit des risques de guerre, qui peuvent être définis comme l'éventualité de
dommages résultant de l'état de guerre et qui peuvent se produire avant la
déclaration de guerre ou après la cessation des hostilités.16(*)
Les risques de guerre s'étendent aussi bien aux guerres elles-mêmes, qu'aux
émeutes et mouvements populaires. C'est ce que prévoit l'article 38 al.1 du
code CIMA qui dispose que : « L'assureur ne répond pas, sauf convention
contraire, des pertes et dommages occasionnés, soit par la guerre étrangère,
soit par la guerre civile, soit par des émeutes ou par des mouvements
populaires ». Cette exclusion s'explique par le fait que ces risques ne peuvent
faire l'objet d'une prévision statistique pouvant servir aux divers calculs des
compagnies d'assurance.
La guerre civile est celle entre les citoyens d'un même pays.19(*) Elle résulte
souvent des faits sociaux caractérisés par un régionalisme accentué.
Mais il est à noter que pour les cas d'émeutes et de mouvements populaires
une extension de la garantie peut être prévue dans le contrat d'assurance ou
être insérée dans une police spéciale.22(*)
* 18 Cass civ 24 juillet 1945, Grands arrêts du droit de l'assurance, op.cit, p.56
24
Art. 38 al.2 du code CIMA
* 21 Ibid. p.165
Il est loisible aux parties (assureur ou assuré) de prévoir dans leur contrat, les
risques qui ne peuvent pas faire l'objet de garantie.
Le fait que les exclusions de risque doivent être formelles, suppose une
précision, une exactitude et une netteté dans la rédaction de la police. Par
ailleurs, l'exclusion doit être explicite, clairement exprimée. En conséquence,
toute ambiguïté dans la rédaction des exclusions, engagerait la responsabilité
de l'assureur, rédacteur de la police.
Ainsi par exemple, les exclusions de risque ne peuvent pas porter sur les
dommages résultant de façon normalement prévisible et inévitable de la
nature même de l'activité de l'assuré25(*) ou sur la faute lourde.26(*)
Selon l'article 1315 du code civil, la charge de la preuve incombe à celui qui
prétend se libérer d'une obligation. Autrement dit, c'est à l'assureur d'établir
que le sinistre est la réalisation d'un risque exclu
* 24 SICOT et MARGET, La validité des clauses d'exclusion dans les assurances de responsabilité, Paris, éd. Sirey,
1962,
p. 665
* 25 Cass. 1er civ. 4 janv. 1979 : RGAT 1979, 490.
33
Yvonne LAMBERT-FAIVRE, op.cit, p. 181
Les sanctions des irrégularités liées à la déclaration du risque constituent une protection de
l'assureur. L'absence de ces sanctions conduirait à une culture de mauvaise foi et de
négligence caractérisées des assurés.
Il sera ici question d'étudier des diverses sanctions (Paragraphe1), et les limites à leur
application (Paragraphe2).
Paragraphe 1 : Les diverses sanctions
En vue de protéger l'équilibre du système d'assurance, le législateur a prévu des sanctions non
seulement en cas de réticences et de fausse déclaration intentionnelle (A), mais aussi en
l'absence de celle-ci (B).
Cette sanction est prévue par l'article 18 al 1 du code CIMA qui dispose que :
Il en résulte que la sanction prévue dans ce cas est la nullité du contrat et les primes payées
sont acquises et l'assureur reçoit encore les primes échues à titre de dommages et intérêts.
Outre ces deux obligations, l'assureur doit enfin établir le lien direct entre l'irrégularité et le
risque garanti. Ce qui veut dire que toute irrégularité intentionnelle n'entraîne pas la nullité du
contrat.
La preuve mise à la charge de l'assureur peut être apportée par tout moyen et le plus souvent
au moyen du questionnaire antérieurement soumis à l'assuré.
Il est à noter que lorsque l'irrégularité a été découverte après la réalisation du risque, il y a
nullité du contrat même à l'absence de lien direct entre cette irrégularité et le risque
garanti.27(*)
36
Juris-classeur, op.cit , p.15
précédent sommaire suivant
de la déclaration
taux de prime dû
Les limites à l'application des sanctions peuvent être soit liées au fait
Une première limite à l'application des sanctions est le jeu de la prescription. C'est
une situation qui fait perdre à l'assureur le droit d'exercer une action contre l'assuré.
En effet, selon l'art. 28 du code CIMA, toutes actions dérivant d'un contrat
d'assurance sont prescrites par deux ans à compter de l'événement qui y donne
naissance. Toutefois, ce délai ne court en cas de réticence, omission, déclaration
fausse ou inexacte sur le risque couru, que du jour où l'assureur en a eu
connaissance ; en cas de sinistre, que du jour où les intéressés en ont eu
connaissance, s'ils prouvent qu'ils l'ont ignoré jusque là. Il s'agit donc d'une
prescription biennale qui oblige l'assureur à exercer ses actions dans le délai, faute
de quoi, il perd ses droits et par conséquent rend caduque l'application des
sanctions prévues. Cette prescription est interrompue par l'une des causes
ordinaires d'interruption de la prescription et par la désignation d'experts à la suite
d'un sinistre.31(*) Il en est de même en cas de l'envoi d'une lettre recommandée avec
accusé de réception adressée par l'assureur à l'assuré en ce qui concerne l'action en
paiement de la prime et par l'assuré à l'assureur en ce qui concerne le règlement de
l'indemnité.32(*)
Une seconde limite à l'application des sanctions est, la connaissance par l'assureur
de l'irrégularité qui ouvre droit aux sanctions. En effet, si l'assureur est informé d'une
certaine irrégularité dans la déclaration et laisse continuer le contrat, il ne peut plus
s'en prévaloir pour l'application de sanctions. 33(*) De même, lorsque c'est un
intermédiaire qui obtient l'information en qualité de mandataire de l'assureur, la
connaissance du risque est opposable audit assureur et la sanction demeure
inapplicable.34(*) Il revient donc à l'assuré d'apporter la preuve de la connaissance
des faits par l'assureur ou par le mandataire de celui-ci.
Les réticences et les fausses déclarations constituent des irrégularités. Mais avant la
réalisation des risques garantis ou avant toute découverte desdites irrégularités,
l'assuré a toujours la possibilité de contourner les sanctions légales prévues en la
matière. En effet, l'assuré peut compléter les informations données antérieurement à
l'assureur ou corriger celles-ci : c'est la rétraction. Cette dernière constitue ainsi un
obstacle à l'application de sanctions et a pour conséquence la possibilité de révision
de la prime à la hausse. Et si l'assuré n'accepte pas cette nouvelle prime, le contrat
se verra résilié.
* 31 Civ, 17 fév. 1948, Grands arrêts du droit des assurances, op.cit, p. 135
* 33 Cass. 1er civ. 8 juill. 2003; n° 2003-0198, juris-classeur, groupe Lexis Nexis, éd. 2003, n°39, p. 1694
45
Gérard CORNU, op.cit, p.392
CHAPITRE II : L'OBLIGATION DE
PAIEMENT DE
LA PRIME
Le vocable "prime" ou "cotisation" peut être défini comme une somme payée à une entreprise
d'assurance pour la garantie d'un risque.35(*)
Il est paru donc nécessaire, compte tenu de son importance, de réglementer son paiement. En
effet, en vertu de l'art. 12 al 1-1 du code CIMA, l'assuré est obligé de payer la prime ou
cotisation aux époques convenues. En conséquence, la prise d'effet du contrat est
subordonnée au paiement de cette prime.36(*)
La prime à payer par l'assuré, appelée prime nette ou encore prime chargée, est un ensemble
constitué par la prime pure et les chargements. La prime pure ou la prime de base est le
produit de la fréquence des sinistres par leur coût moyen sur un ensemble de risques
statistiquement significatifs, correspondant à la valeur du risque.37(*)
Les chargements, quant à eux, constituent la somme qu'il faut ajouter à la prime pure afin de
satisfaire certaines charges de la compagnie d'assurance. Variables, les chargements peuvent
être commerciaux ou fiscaux. Les premiers englobent les frais généraux (salaire du personnel,
impôts, loyer etc.) et les commissions (traitement des agents d'assurance par exemple). Les
seconds sont constitués par les diverses taxes et contributions à verser au profit des
organismes publics.
La fixation de la prime nette, c'est-à-dire la prime à payer est liée beaucoup plus à la valeur de
la prime pure. Celle-ci varie selon chaque risque et est calculée sur la base de la
formule suivante :
Les capitaux varient selon qu'il s'agit des assurances de choses ou des assurances de
responsabilité. En assurance de choses, les capitaux assurés correspondent à la valeur des
objets assurés alors qu'en assurance de responsabilité, les capitaux peuvent être limités ou
plafonnés.
précédent sommaire suivant
Le coût moyen des sinistres quant à lui est fondé sur l'intensité du sinistre. En effet,
la réalisation du risque assuré n'est pas toujours totale et représente ainsi un
pourcentage. Par exemple, le sinistre peut représenter 10% du risque assuré d'une
valeur de 5000 francs ; le coût moyen des sinistres sera : 5000 X 10 = 500 francs
100
Il peut arriver dans certains cas que l'autorité administrative fixe elle-même
la valeur de la prime pure. C'est le cas par exemple en assurance des engins de
remontée mécanique, (les grues, les éleveurs sous-pression etc.) lorsque trois
assureurs refusent une proposition de souscription ou un seul, une proposition de
modification39(*).
Pour éviter l'arbitraire et les conséquences d'une mauvaise foi dans le paiement de
la prime par le souscripteur, un délai doit être fixé.
En principe la prime est payable d'avance, une fois que la garantie est accordée par
l'assureur, parce que c'est elle qui sert au règlement des sinistres survenus au cours
de l'exécution du contrat. Autrement dit, la date de paiement est la date de la
conclusion du contrat. Mais dans la pratique, la date du paiement de la prime peut
être reportée de commun accord entre l'assureur et l'assuré. Toutefois, l'assuré doit
devoir s'acquitter avant l'échéance. Il peut arriver que pour les contrats à tacite
reconduction, le défaut de paiement à la date convenue ait été enregistré en
l'absence de toute mauvaise foi ; par oubli ou négligence. Dans ce cas, une sanction
serait donc injuste pour l'assuré. C'est pourquoi, il est fait obligation à l'assureur de
rappeler au débiteur l'échéance. A cet effet, l'article 14 du code CIMA dispose que :
« Pour les contrats à tacite reconduction, à chaque échéance de prime, l'assureur
est tenu d'aviser à la dernière adresse connue, au moins quinze jours à l'avance,
l'assuré ou la personne chargée du paiement des primes, de la date d'échéance et
du montant de la somme dont il est redevable. »
Aucune forme n'est exigée pour cet avis ; il peut donc se faire par simple lettre. Mais
cette liberté de forme peut, des fois, causer des difficultés de preuve de l'émission
de l'avis. L'assuré de mauvaise foi pourrait nier la réception de l'avis. Pour
contourner cette difficulté, l'avis d'échéance est considéré comme un simple rappel
fait au débiteur de la prime et non une condition nécessaire à la validité de la mise
en demeure.
Le paiement de la prime qui doit se faire au plus tard à la date d'échéance se réalise
suivant certaines modalités.
* 38 Voir annexe1
précédent sommaire suivant
Une fois la prime payée, l'assureur est tenu de délivrer une quittance au
souscripteur pour servir de preuve de règlement.
LA PRIME
garantie
demande à son débiteur d'exécuter son obligation. Elle a pour effet principal
de faire courir les dommages et intérêts moratoires.42(*)
Une fois la mise en demeure faite, la garantie est suspendue dans les trente
(30) jours. Toute prescription de l'action en paiement est interrompue et les
intérêts moratoires commencent par courir.
* 45 <<La coassurance est l'assurance d'un même risque par plusieurs assureurs qui, sans solidarité, prennent en
charge
une quote-part déterminée de celui-ci (se concrétise par une police unique).
>> CORNU (G.), op.cit, p.153
58
Art. 13 al. 3 C. CIMA
* 46 Civ, 10 nov. 1942, Grands arrêts du droit des assurances, op.cit, p.100
La résiliation du contrat est réalisée par l'assureur dans les dix (10) jours qui
suivent l'expiration du délai de trente (30) jours accordés pour la période de la
suspension de la garantie. Ce qui suppose que l'assuré qui ne se serait pas
acquitté de ses dettes quarante (40) jours après la mise en demeure verra
son contrat résilié unilatéralement par l'assureur. Il s'agit d'un délai minimum.
En effet, l'assureur n'est pas obligé de résilier le contrat dès l'expiration du
délai.
Même si la garantie est suspendue, le contrat demeure quelle que soit la
durée, tant que l'assureur n'a pas manifesté son intention de résiliation.
L'assuré insolvable dont le contrat a été résilié n'est pas encore libéré de son
obligation. Il peut à tout moment être assigné en justice pour répondre de ses
dettes.
B-L'exécution en justice
p. 83
65
Civ. 17 février 1948, Grands arrêts du droit des assurances, op.cit, p140.
Sous-titre II
LES OBLIGATIONS DE L’ASSUREUR
L’assureur assume deux obligations essentielles : une obligation de couverture du
risque (Chapitre 1) ; une obligation de règlement du sinistre (Chapitre 2).
L’exécution de cette dernière lui ouvre dans certains cas une faculté de recours
contre le tiers responsable du sinistre (Chapitre 3).
Chapitre 1
LA COUVERTURE DU RISQUE
1520. De toutes les obligations à la charge de l’assureur, celle portant sur la
couverture du risque est sans doute la plus importante. Même si elle est contestée
par une partie de la doctrine 4733, elle constitue selon nous l’obligation essentielle du
contrat. C’est elle dont la présence permet de le qualifier de contrat d’assurance.
Mais si toute assurance couvre un risque, encore faut-il s’entendre sur la notion de
risque (Section 1). Et une fois celle-ci appréhendée, cela ne signifie pas qu’un
contrat d’assurance couvre n’importe quel risque. C’est seulement à certaines
conditions que le risque est assurable (Section 2). Et quand il est assurable, c’est à
d’autres conditions qu’il est effectivement garanti (Section 3). Parler de couverture
de risque, c’est partir d’un substantif et lui ajouter par touches successives des
adjectifs.
Section 1
La notion de risque
1521. En tant que notion, le risque peut donner lieu à plusieurs approches qui
contribuent à[...]
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Le manquement à l’obligation d’information et de
conseil de l’assureur
Par Justifit | 10/05/2021
En droit civil, un contrat oblige les deux parties contractantes. Chacune des parties doit
en effet respecter les obligations découlant du contrat.
Certaines de ces obligations sont librement, conjointement et réciproquement définies.
D’autres sont imposées par la loi. C’est le cas de l’obligation d’information et de
conseil de l’assureur.
Le Code des assurances et la jurisprudence imposent deux grandes obligations à
l’assureur envers l’assuré :
L’obligation d’information
Le devoir de conseil.
La notion de « devoir de conseil » est mal définie et n’apparaît pas dans les textes de
loi. Elle est donc le fruit de la jurisprudence (arrêt de la Cour de Cassation du 10
novembre 1964).
Le devoir de conseil trouve son origine dans l’inégalité de compétence existant
entre le professionnel (l’assureur) et le client (vous). L’assureur doit être à même de
conseiller son client, dans l’intérêt du client.
L’obligation d’information est quant à elle définie dans l’article L 112-2 du Code des
assurances.
Cet article dispose notamment que « l’assureur doit obligatoirement fournir une fiche
d’information sur le prix et les garanties avant la conclusion du contrat etc. ».
L’assureur doit remettre à l’assuré, avant la signature du contrat :
Bien que non contraignant dans sa phase de formation (en effet, rien ni personne n’obligent
un assureur et un proposant à signer entre eux un accord contractuel), le contrat d’assurance le
devient à partir du moment où les deux parties (assureur et souscripteur) s’obligent l’une
envers l’autre « à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose », conformément à la
définition général du contrat qui est donnée à l’article 1101 du Code Civil. C’est pourquoi le
contrat d’assurance relève, comme tout contrat, du droit des obligations.
Nous avons énuméré et développé dans la partie précédente les obligations de l’assuré envers
l’assureur, en ne nous attachant qu’à celles qui étaient mentionnées dans le Code des
Assurances (un recensement exhaustif des obligations relevant de clauses contractuelles étant
voué à l’échec puisqu’il nécessiterait de prendre en considération la totalité des contrats
d’assurances existant). Après nous être attachés à décrire les obligations légales de l’assuré
envers l’assureur, il convient maintenant de s’intéresser aux obligations de l’assureur envers
son assuré et/ou son souscripteur.
Comme l’ont remarqué certains juristes, il existe un déséquilibre et une double inégalité dans
les relations contractuelles entre les parties au contrat d’assurance, dans la mesure où en fait,
l'assuré profane est désarmé face au professionnel de l'assurance, tandis qu’en droit, des
sanctions légales s'attachent au défaut d'information exacte de l'assuré (ce qui n'est pas le cas
pour le professionnel de l'assurance).
C’est notamment pour rééquilibrer les relations contractuelles entre les parties (notamment
dans la phase précontractuelle de formation du contrat d’assurance) que la jurisprudence a mis
en place, comme nous allons le voir, la notion de devoir de conseil.
« L'assureur doit obligatoirement fournir une fiche d'information sur le prix et les garanties
avant la conclusion du contrat.
L'assureur doit fournir ces éléments à l’assuré même si ce dernier ne lui en fait pas la demande,
afin de permettre au preneur d'assurance de procéder à un comparatif des garanties et prix
pratiqués.
Afin de fournir un moyen permettant à l’assureur de prouver qu’il a bien communiqué ces
informations au preneur d’assurance, l’Article R112-3 du Code des Assurances stipule :
« La remise des documents visés au deuxième alinéa de l'article L. 112-2 est constatée par une
mention signée et datée par le souscripteur apposée au bas de la police, par laquelle celui-ci
reconnaît avoir reçu au préalable ces documents et précisant leur nature et la date de leur
remise. »
Le devoir de conseil de l’assureur est donc une obligation de moyens qui vaut pour les
assureurs comme pour les intermédiaires d’assurances et qui engage la responsabilité civile
professionnelle de ceux qui manquent à cette obligation.
En ce qui concerne le devoir de conseil, il n’est autre qu’une expression particulière du devoir
de loyauté, visant à orienter la décision de l'assuré en opportunité et en faveur de ses intérêts.
Dans sa plus parfaite expression, le devoir de conseil de l’assureur devrait pouvoir permettre au
proposant de répondre en toute objectivité à la question de savoir s’il doit conclure ou ne pas
conclure.
Ce devoir de conseil concerne tout autant l’intermédiaire d’assurance qui le plus souvent est
l’unique interlocuteur du proposant. La réglementation sur l’intermédiation est venue légaliser
ce devoir de conseil. Elle oblige l’intermédiaire, avant la conclusion de tout contrat, à recueillir
les besoins et exigences du proposant pour ensuite préciser les raisons qui motivent le conseil
fourni quant à un produit d’assurance déterminé. Ces différents échanges doivent être
consignés par écrit ou sur un support durable, évitant ainsi toute contestation ultérieure.
Dans la définition de l’assurance que nous avons donnée, nous avons vu que la principale
fonction de l’assureur est de « délivrer, dans le cadre réglementaire d’un contrat et moyennant
le paiement d’une prime ou cotisation, une prestation en cas de réalisation d’un risque ». Lors
de la souscription du contrat, l’obligation de l’assureur était conditionnelle, elle devient
certaine par la réalisation du sinistre.
Les sinistres que l’assureur doit indemniser sont uniquement ceux qui entrent dans les
garanties accordées et définies contractuellement, sous réserve des obligations imposées par la
loi.
Par exemple, une assurance contre l’incendie, incluse dans un contrat multirisque habitation
(MRH) couvrira nécessairement « tous dommages causés par conflagration, embrasement ou
simple combustion », mais ne couvrira pas, « sauf convention contraire » (nous dit le texte de
loi), « ceux occasionnés par la seule action de la chaleur ou par le contact direct et immédiat du
feu ou d'une substance incandescente s'il n'y a eu ni incendie, ni commencement d'incendie
susceptible de dégénérer en incendie véritable. » (article L122-1 du Code des Assurances).
Quant aux sinistres résultant de cas fortuits ou de la faute de l’assuré, ils sont couverts sauf s’il
s’agit d’une faute intentionnelle ou dolosive de la part de l’assuré (Art. L 113-1 du Code des
Assurances).
En outre, l’assureur ne peut et ne doit payer que le montant des dommages dans la limite de la
garantie et pour des sinistres survenant dans une période de temps couverte par le contrat et
non « au-delà ».
C’est ainsi qu’il est écrit à l’article 121-1 du Code des Assurances :
« L'assurance relative aux biens est un contrat d'indemnité ; l'indemnité due par l'assureur à
l'assuré ne peut pas dépasser le montant de la valeur de la chose assurée au moment du
sinistre. »
La couverture des dommages occasionnés par les personnes sous la responsabilité
de l’assuré
Enfin, le Code des Assurances impose à l’assureur l'obligation de se porter garant des
dommages commis par une personne sous la responsabilité de l’assuré et ce, que la faute
commise par cette dernière soit intentionnelle ou non.
« L'assureur est garant des pertes et dommages causés par des personnes dont l'assuré est
civilement responsable en vertu de l'article 1384 du code civil, quelles que soient la nature et la
gravité des fautes de ces personnes. ».
L’article du Code Civil auquel il est fait référence ici, et qui traite de la responsabilité civile,
stipule :
« On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait, mais
encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre, ou des choses
que l'on a sous sa garde. »
Le droit civil français considère qu’il y existe quatre types de rapports dans lesquels une
personne est considérée comme responsable d’une autre :
Ainsi, si l’on s’en tient à ce qui est écrit dans le Code des Assurances :
- l’assureur des parents devra couvrir les dommages causés par leur enfant mineur,
- l’assureur du commettant devra couvrir les dommages commis par son préposé dans le cadre
de l’exercice de ses fonctions,
- l’assureur d’un instituteur devra couvrir les dommages commis par son élève pendant le
temps qu’il était sous sa surveillance,
- l’assureur d’un artisan devra couvrir les dommages commis par son apprenti pendant le temps
qu’il était sous sa surveillance.
Autrement dit, à partir du moment où il est formé, le contrat d’assurances, comme d’ailleurs
n’importe quel autre type de contrat, produit des obligations réciproques pour chacune des
parties, obligations que ces dernières sont légalement obligées d’honorer, sous peine
d’encourir des sanctions civiles.
Par conséquent, dès lors qu’un souscripteur adhère à un contrat d’assurances, il est tenu de
respecter plusieurs engagements, dont certains sont fixés par la loi, et d’autres par les clauses
particulières du contrat. C’est à l’examen de ces obligations de l’assuré que nous allons nous
atteler ici.
Etant donné qu’il est impossible, du fait de l’infinie diversité des contrats d’assurance, de
recenser toutes les obligations spécifiques auxquelles un assuré peut être astreint en adhérant
à un contrat particulier, nous nous attacherons ici à recenser les obligations de
l’assuré mentionnées dans les textes de lois et, par conséquent, applicables à tous les types de
contrats d’assurances non-vie (car certaines obligations de l’assuré décrites ci-dessous ne
s’appliquent pas dans le cas des assurances vie).
Les obligations de l’assuré figurent à l’article L.113-2 du Code des Assurances, qui en mentionne
quatre.
Le paiement de la prime
Rappelons que le débiteur de la prime n’est pas toujours l’assuré, mais plutôt le souscripteur du
contrat.
L’échéance principale de la prime (date à laquelle la prime est exigible) est librement fixée par
les parties. A noter que l’on peut également avoir, en vertu de la loi de 1930 sur la divisibilité
des primes, des échéances intermédiaires.
Les modalités de règlement
La prime doit être payée par le souscripteur ou par toute personne se substituant à lui. Le
paiement doit être adressé à l’assureur ou à son mandataire (=l’intermédiaire d’assurances) à
son domicile (on dit alors de la prime qu’elle est « portable » – puisqu’il faut la porter chez
l’assureur ou le mandataire). Enfin la prime est payable par tous moyens de paiement, les
compensations (entre la prime due par l’assuré et l’indemnisation de sinistre due par
l’assureur) étant possibles.
Les conséquences du non-paiement par l’assuré
En cas de non-paiement de la prime par l’assuré, la procédure contentieuse entre l’assureur et
l’assuré se déroule de la manière suivante :
- 10 jours après la date d’échéance du contrat, l’assureur envoie une lettre de mise en demeure
au souscripteur ;
- 30 jours après la date d’envoi de la mise en demeure, si le souscripteur ou l’assuré n’a
toujours pas réglé sa prime ou cotisation, commence alors une période de suspension des
garanties, au cours de laquelle l’assuré n’est plus couvert contre les risques figurant sur le
contrat.
- 10 jours après le début de la période de suspension des garanties, si le souscripteur ou
l’assuré n’a toujours pas procédé au règlement de sa prime, a alors lieu la résiliation du contrat.
N.B. : Si le souscripteur règle sa cotisation entre la date de suspension des garanties et la date
de résiliation, les garanties reprennent effet le lendemain du jour du règlement à 12 heures.
Depuis la loi Bérégovoy du 31/12/1989, les éléments permettant d’évaluer le risque sont
fournis à l’assureur à travers les réponses du proposant à un questionnaire que l’assureur lui
soumet (alors qu’avant cette loi, la législation stipulait seulement que l’assuré devait déclarer
toutes les circonstances connues de lui).
L’article L.113-2 du Code des Assurances stipule que « l’assuré est obligé de répondre
exactement aux questions posées par l'assureur, notamment dans le formulaire de déclaration
du risque par lequel l'assureur l'interroge lors de la conclusion du contrat, sur les circonstances
qui sont de nature à faire apprécier par l'assureur les risques qu'il prend en charge ».
Si l’assureur ne peut établir la mauvaise foi du souscripteur (mais c’est de plus en plus rare
compte tenu de la précision des questionnaires utilisés), on dit qu’il y a de la part du
souscripteur "omission" ou "déclaration inexacte".
« L’assuré est obligé de déclarer, en cours de contrat, les circonstances nouvelles qui ont pour
conséquence soit d'aggraver les risques, soit d'en créer de nouveaux et rendent de ce fait
inexactes ou caduques les réponses faites à l'assureur, notamment dans le formulaire
mentionné au 2° ci-dessus.
L'assuré doit, par lettre recommandée, déclarer ces circonstances à l'assureur dans un délai de
quinze jours à partir du moment où il en a eu connaissance. ».
a) « soit de dénoncer le contrat » : dans ce cas la résiliation du contrat ne peut prendre effet
que 10 jours après la notification par l’assureur à l’assuré de son refus de continuer à garantir le
risque qu’il avait initialement accepté de prendre en charge et à condition que l’assureur
rembourse à l’assuré « la portion de prime ou de cotisation afférente à la période pendant
laquelle le risque n'a pas couru ».
Toutefois, si l’assureur a continué, après avoir été informé de cette aggravation des risques, à
percevoir les primes de l’assuré, ou bien s’il a payé une indemnité suite à la survenance d’un
sinistre, ces actes sont considérés par la loi comme un « consentement au maintien de
l'assurance ». Dans ce cas, l’assureur ne pourra « plus se prévaloir de l'aggravation des risques
».
La loi stipule en effet que l’assuré est obligé « de donner avis à l'assureur, dès qu'il en a eu
connaissance et au plus tard dans le délai fixé par le contrat, de tout sinistre de nature à
entraîner la garantie de l'assureur. Ce délai ne peut être inférieur à cinq jours ouvrés.
Ce délai minimal est ramené à deux jours ouvrés en cas de vol et à vingt-quatre heures en cas
de mortalité du bétail.
Les délais ci-dessus peuvent être prolongés d'un commun accord entre les parties
contractantes.
Lorsqu'elle est prévue par une clause du contrat, la déchéance pour déclaration tardive au
regard des délais prévus, ne peut être opposée à l'assuré que si l'assureur établit que le retard
dans la déclaration lui a causé un préjudice. Elle ne peut également être opposée dans tous les
cas où le retard est dû « à un cas fortuit ou de force majeure. ».
Date du sinistre
Suite à ce qui a été dit précédemment, on est alors en droit de se poser la question suivante :
Comment fixer la date à laquelle a eu lieu le sinistre ?
Dans les assurances de choses, la date du sinistre correspond à la date de réalisation du fait
dommageable, tandis que dans les assurances de responsabilité, elle correspond soit à la date
du fait générateur, soit à la date à laquelle le responsable a fait l’objet d’une réclamation ou
d’une action en justice par la victime.
Sanction en cas de déclaration tardive de sinistre
Quelle sanction la loi prévoit-elle contre l’assuré lorsqu’il manque à l’obligation légale qui lui est
faite de déclarer dans un délai maximal (en général de 5 jours ouvrés, sauf cas particuliers) la
survenance d’un sinistre à son assureur ?
Dans cette situation, la loi prévoit une déchéance de garantie, à condition que l’assureur
apporte la preuve du préjudice que lui a causé l’assuré en ne respectant pas le délai maximum
légal qui lui était accordé pour déclarer son sinistre à partir du moment où il en a eu
connaissance.
En outre, ce terme peut être employé dans deux grands cas de figure :
1) au sens strict, la déchéance suppose que le droit qu’elle frappe soit effectivement nié ;
2) au sens large, elle vise tout manquement de l’assuré, y compris pendant et avant le sinistre.
Pour pouvoir être appliquée, la déchéance doit figurer en caractères très apparents dans le
contrat remis à l’assuré. En outre, elle ne peut être opposée à ce dernier s’il n’est couvert que
par une note de couverture et/ou si son retard dans la déclaration est dû à un cas fortuit ou de
force majeure.
Enfin, comme le stipule le texte de loi, la preuve est à la charge de l’assureur qui l’invoque («
Lorsqu'elle est prévue par une clause du contrat, la déchéance pour déclaration tardive au
regard des délais prévus ne peut être opposée à l'assuré que si l'assureur établit que le retard
dans la déclaration lui a causé un préjudice » - 4° de l’article L.113-2 du Code des Assurances).
Au cas où les circonstances se trouvent réunies pour pouvoir l’invoquer, la déchéance est
opposable :
- à l’assuré souscripteur lui-même,
- aux bénéficiaires en faveur desquels existe une stipulation pour autrui,
- aux bénéficiaires de l’indemnité en cas de décès.