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LES OBLIGATIONS DE L'ASSURE A

LA SOUSCRIPTION DU CONTRAT
L'objet d'un contrat d'assurance est la garantie d'un risque ayant une certaine
probabilité de réalisation. Pour qu'un contrat d'assurance soit valablement
conclu, l'assuré est tenu à certaines obligations. Les unes portent sur l'objet
de la garantie, les autres sur le prix de la couverture du risque.

C'est l'exécution de ces obligations qui donne ouverture au droit de garantie


du risque.

Cette première partie abordera, dans un premier chapitre, l'obligation de


déclaration du risque, et dans un second chapitre, l'obligation de paiement de
la prime.

CHAPITRE I:  L'OBLIGATION DE


DECLARATION

DU RISQUE
Le risque peut être défini comme un événement dommageable dont la
survenance est incertaine, quant à sa réalisation ou la date de cette
réalisation.8(*) Il est l'élément fondamental du contrat. C'est lui qui détermine la
volonté de l'assureur à s'engager. Le législateur a fait de sa déclaration une
obligation en vue de protéger l'assureur contre l'assuré qui, volontairement ou
non, chercherait à sous-évaluer le risque déséquilibrant ainsi la mutualité.

Il est donc nécessaire, contrairement au droit commun des contrats selon


lequel, chacune des parties se renseigne elle-même avant de s'engager, que
l'assuré soit obligé de déclarer le risque à garantir (SECTION I), sous peine
de sanctions ( SECTION II).
SECTION I : LA DECLARATION DU RISQUE

La conclusion du contrat d'assurance est subordonnée principalement à la


déclaration du risque. Le contrat d'assurance étant un contrat successif ; le
risque initialement déclaré peut subir des modifications en cours de
l'exécution du contrat, nécessitant une nouvelle déclaration ( Paragraphe1).
Mais tout risque ne peut faire l'objet d'une assurance. Certains sont exclus du
champ de la garantie (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les différentes déclarations

Il peut s'agir soit de la déclaration du risque initial (A), soit de la déclaration


des modifications de risque et particulièrement de son aggravation (B).

A-La déclaration du risque lors de la formation du contrat

L'assuré, en vue de permettre à son assureur de se fixer sur sa double


décision d'accepter ou non la couverture du risque et de fixer en conséquence
le montant de la prime, doit déclarer toutes les circonstances qu'il doit savoir
capables d'influencer l'opinion du risque.9(*)

D'une part, il s'agit de déclarer les circonstances objectives qui sont celles
liées à l'objet même du contrat ; par exemple en assurance-vol, la valeur des
objets couverts est une circonstance objective à déclarer ; en assurance
automobile, la déclaration portera sur l'usage, la puissance etc. du véhicule.

D'autre part, l'assuré doit déclarer toutes les circonstances dites subjectives
qui sont liées à la personne même de l'assuré. Dans la pratique, la déclaration
de ces circonstances est presque inexistante, surtout que leurs déclarations
sont souvent défavorables à l'assuré.

Qu'il s'agisse des circonstances objectives ou subjectives, elles étaient jadis,


soumises au régime de la déclaration spontanée.10(*) L'assuré bénéficiait ainsi
de plus de liberté lors de sa déclaration.

Mais l'inaptitude de l'assuré profane de fournir toutes les informations pouvant


influencer le risque, nuisait à la bonne marche de l'assurance. Dans le souci
d'éviter ces éventuels désagréments, le système de la déclaration spontanée
fut substitué par le système fermé de questionnaires. En effet, en vertu de
l'article 12 alinéa 2 du code CIMA, l'assuré est obligé de répondre exactement
aux questions posées par l'assureur notamment dans le formulaire de
déclaration de risque par lequel l'assureur l'interroge lors de la conclusion du
contrat, sur les circonstances qui sont de nature à faire apprécier par
l'assureur le risque qu'il prend en charge. Il est donc recommandé à l'assureur
de prendre toutes les dispositions en vue de présenter des questionnaires
clairs et concis. En conséquence, lorsque avant la conclusion du contrat,
l'assureur a posé des questions par écrit à l'assuré, notamment par un
formulaire de déclaration du risque ou par tout autre moyen, il ne peut se
prévaloir du fait qu'une question exprimée en termes généraux n'a reçu
qu'une réponse imprécise.

Dans la pratique, les compagnies d'assurance présentent au souscripteur un


imprimé sur lequel sont rédigées des questionnaires dont les réponses
informeront sur les risques à garantir.

Compte tenu de la nature de l'acte de déclaration, le souscripteur doit apposer


sa signature sur l'imprimé de questionnaires, attestant ainsi la paternité de la
déclaration.

Il arrive que, les risques garantis subissent des modifications. La plus


importante de celles-ci est l'aggravation de risque.
* 8 Gérard CORNU, op.cit, p.782

* 9 Civ, 26 janvier 1948, Grands arrêts du droit des assurances, édition Sirey, Paris, 1978, p.93

* 10 Juris-classeur, Assurance et responsabilité civile, éd. technique, 1993, fasc.505.2, p.9

B-La déclaration des aggravations de risque en cours de contrat

L'aggravation de risque se traduit par un accroissement soit de la probabilité de sa


réalisation, soit de son intensité de telle sorte que si l'assureur l'avait connue à
l'origine, il n'aurait pas contracté ou ne l'aurait fait que moyennant une prime plus
élevée eu égard à l'importance des dommages éventuels. 11(*) Par exemple,
l'installation après la conclusion d'un contrat d'assurance contre le vol, d'un réseau
de gangstérisme dans la localité où se trouve le bien couvert constitue une
aggravation de risque.

La notion du risque aggravé doit être distinguée d'autres notions voisines.

Ainsi, l'on a souvent tendance à confondre l'aggravation de risque à la création d'un


risque nouveau. Ce dernier se traduit par l'exclusion dudit risque, créant ainsi une
situation de non - assurance. Autrement dit le risque nouveau sort des prévisions
des parties, soit en devenant étranger à la définition du risque, soit en tombant dans
le

champ des exclusions contractuelles. Par exemple, l'adjonction d'une remorque à un


véhicule modifie l'instrument du risque et est sanctionnée de non - assurance plutôt
que d'aggravation de risque.11(*) En conséquence, si le risque nouveau est opposable
aux victimes en assurance de responsabilité, l'aggravation du risque ne l'est pas,
sauf en cas de fausse déclaration ou de réticence intentionnelle. 12(*)

Aussi, la diminution du risque constitue un type de modification des circonstances du


risque. En principe, la loi n'oblige pas l'assuré à déclarer la diminution du risque.
Mais suite à une aggravation de risque ayant entraîné une surprime, l'assuré doit
faire la déclaration d'une diminution éventuelle du risque antérieurement aggravé
afin de bénéficier d'une révision à la baisse de la prime.

La déclaration du risque aggravé est prévue par l'article 12 alinéa1-3 de du code


CIMA qui dispose que : «  L'assuré doit déclarer en cours de contrat, les
circonstances nouvelles qui ont pour conséquence soit d'aggraver le risque, soit d'en

créer de nouveaux et rendant de ce fait inexactes ou caduques les réponses faites à


l'assureur notamment dans le formulaire mentionné à l'alinéa 2. »13(*)

Cette déclaration est faite à l'assureur par lettre recommandée ou contresignée dans
un délai de quinze jours à partir du moment où il en a eu connaissance. En cas de
lettre contresignée, un récépissé servant de preuve doit être délivré à l'assuré.
Qu'elle soit recommandée ou contresignée, la lettre est adressée au domicile de
l'assureur.

En présence d'aggravation de risque, l'assureur a plusieurs options.

Il peut procéder à la résiliation du contrat dont le risque est aggravé ; 14(*) l'assureur


aura donc, dans ce cas, à rembourser à l'assuré la portion de la prime afférente à la
période pendant laquelle le risque reste à courir. La volonté de résiliation notifiée à
l'assuré ne prend effet qu'après dix (10) jours suivant la notification.

L'assureur peut également décider de maintenir le contrat pourvu que l'assuré


consente à payer la surprime correspondant au risque aggravé. Dans le cas
contraire, c'est-à-dire que si l'assuré n'adhère pas à la nouvelle proposition de
l'assureur, le contrat est résilié avec ou sans payement d'indemnité. Au cas où
l'aggravation aura diminué ou disparu, l'assuré peut demander une nouvelle révision
de la prime à la baisse.15(*)

Une fois que l'assuré déclare l'aggravation du risque, l'assureur qui garde le silence,
sera obligé de garantir le risque modifié moyennant l'ancienne prime. 16(*)

En vue de garantir l'ordre public dans les opérations d'assurance, des exceptions à
l'assurabilité de certains risques sont prévues.

* 13 Nicolas JACOB, Droit des assurances, 2éd., Paris, Dalloz, 1980, p.105

* 11 Assemblée plénière du 13 décembre 1974 (inédit)

* 12 Ange BLONDEAU, Jurisprudence française 1968-1976, AB - CO, Paris, éd. techniques, 1978, p.140

* 13 Il s'agit du formulaire de déclaration de risque sur lequel l'assureur interroge l'assuré lors de la conclusion du
contrat

sur les circonstances qui sont de nature à faire apprécier par ledit assureur le risque
qu'il prend en charge.

* 14 Chambres réunies, 8 juill. 1953, Grands arrêts du droit des assurances, op.cit, p.105

* 15 Art. 15 al. 3 du code CIMA

19 
Art. 15 al. 5 du code CIMA

* 20 Gérard CORNU, op.cit, p.358

Paragraphe 2-Les exclusions de risque

L'exclusion de risque peut être définie comme une restriction de garantie


encore nommée non-assurance, écartant pour tel ou tel risque spécifié, la
couverture de l'assurance et résultant de la loi (A) ou de la convention (B).16(*)

A-Les risques exclus par la loi

Il s'agit des risques de guerre, qui peuvent être définis comme l'éventualité de
dommages résultant de l'état de guerre et qui peuvent se produire avant la
déclaration de guerre ou après la cessation des hostilités.16(*)

Les risques de guerre s'étendent aussi bien aux guerres elles-mêmes, qu'aux
émeutes et mouvements populaires. C'est ce que prévoit l'article 38 al.1 du
code CIMA qui dispose que : « L'assureur ne répond pas, sauf convention
contraire, des pertes et dommages occasionnés, soit par la guerre étrangère,
soit par la guerre civile, soit par des émeutes ou par des mouvements
populaires ». Cette exclusion s'explique par le fait que ces risques ne peuvent
faire l'objet d'une prévision statistique pouvant servir aux divers calculs des
compagnies d'assurance.

La guerre étrangère suppose l'existence d'hostilité entre deux ou plusieurs


nations. L'assureur peut décliner sa responsabilité si la réalisation du risque
est le fait de la guerre. Ce principe ne s'étend pas aux sinistres de la vie
courante.17(*) Ceux-ci demeurent normalement assurables qu'il y ait guerre ou
pas. A cet effet, le juge jouera un grand rôle d'appréciation de l'événement.

En conséquence, la garantie d'assurance est exclue dès qu'il existe un lien de


causalité entre le sinistre et un fait de guerre, même si ce fait n'est pas la
cause unique et directe du sinistre, pourvu qu'il ait exercé sur sa création ou
son aggravation une influence constitutive d'un rapport de causalité du fait de
la guerre.18(*)

Il revient donc à l'assuré de prouver l'absence de lien de causalité entre le


dommage subi et la guerre.19(*)

La guerre civile est celle entre les citoyens d'un même pays.19(*) Elle résulte
souvent des faits sociaux caractérisés par un régionalisme accentué.

L'émeute est un mouvement séditieux accompagné de violences et dirigé


contre l'autorité en vue d'obtenir la satisfaction de certaines revendications
d'ordre politique ou social, tandis que le mouvement populaire couvre tout
mouvement spontané ou concerté, d'une foule désordonnée causant des
dommages.20(*)

ces trois (03) derniers types de risque, contrairement au risque de guerre


étrangère, la charge de la preuve repose sur l'assureur. Ainsi, l'assureur,
lorsqu'il invoque l'exclusion doit prouver l'existence de troubles intérieurs et
établir sa relation avec la survenance du sinistre.21(*)

Mais il est à noter que pour les cas d'émeutes et de mouvements populaires
une extension de la garantie peut être prévue dans le contrat d'assurance ou
être insérée dans une police spéciale.22(*)

Les exclusions de risque sont aussi bien légales que conventionnelles.


* 16 Gérard CORNU, op.cit, p.782

* 17 Yvonne LAMBERT-FAIVRE, op.cit, p.163

* 18 Cass civ 24 juillet 1945, Grands arrêts du droit de l'assurance, op.cit, p.56
24 
Art. 38 al.2 du code CIMA

* 19 LAROUSSE, Larousse encyclopédique illustré, Larousse-Bordas 1997, p.114

* 20 Yvonne LAMBERT-FAIVRE, op.cit, p.164

* 21 Ibid. p.165

B- Les risques conventionnellement exclus

Il est loisible aux parties (assureur ou assuré) de prévoir dans leur contrat, les
risques qui ne peuvent pas faire l'objet de garantie.

Il peut s'agir des exclusions du fait de l'âge de l'assuré, du caractère périlleux


de l'acte, de la localité ou se trouve le bien etc.23(*)

Pour éviter toute atteinte à l'ordre public et permettre la bonne marche de


l'assurance, les exclusions conventionnelles doivent être formelles et limitées.
Cette exigence participe au devoir d'information auquel est tenu l'assureur.
L'assuré doit donc pouvoir distinguer sans équivoque, les risques assurés et
ceux exclus.

Le fait que les exclusions de risque doivent être formelles, suppose une
précision, une exactitude et une netteté dans la rédaction de la police. Par
ailleurs, l'exclusion doit être explicite, clairement exprimée. En conséquence,
toute ambiguïté dans la rédaction des exclusions, engagerait la responsabilité
de l'assureur, rédacteur de la police.

La limitation des exclusions, quant à elle, a pour but de protéger l'assuré


contre toute confusion de nature à prévoir les exclusions de risque par des
clauses trop générales telles que l'inobservation des lois et règlements.24(*)

Ainsi par exemple, les exclusions de risque ne peuvent pas porter sur les
dommages résultant de façon normalement prévisible et inévitable de la
nature même de l'activité de l'assuré25(*) ou sur la faute lourde.26(*)

L'efficacité des exclusions conventionnelles du risque résultera du fait qu'elles


soient apportées à la connaissance de l'assuré et surtout que les clauses qui
les prévoient soient rédigées en caractères apparents. Tous les risques-
évènements qui font l'objet de dénomination générique par catégories
(incendie, vol, bris des machines, etc.) sont soigneusement délimités dans la
police qui tracent les contours de la garantie contractuelle de l'assureur.27(*) On
distinguera donc les risques couverts, les risques exclus et les risques
normalement exclus mais rachetables moyennant surprime, avec l'accord de
l'assureur.

Selon l'article 1315 du code civil, la charge de la preuve incombe à celui qui
prétend se libérer d'une obligation. Autrement dit, c'est à l'assureur d'établir
que le sinistre est la réalisation d'un risque exclu

Une fois, la preuve de l'exclusion d'un risque effectivement établie, l'assureur


n'est plus tenu à l'obligation de réparation. Et cette mesure est opposable aux
bénéficiaires de la police, à ses endossataires et porteurs successifs et aux
tiers lésés sous réserve, pour ces derniers, de certaines inopposabilités
imposées par les régimes d'assurance obligatoire de la responsabilité
civile.27(*)

L'obligation de déclaration de risque comme toute autre obligation ne peut


être effective sans sanction.
* 23 Georges BRIERE DE L'ISLE, Droit des assurances, 1ère édition, 1973, p.273

* 24 SICOT et MARGET, La validité des clauses d'exclusion dans les assurances de responsabilité, Paris, éd. Sirey,
1962,

p. 665
* 25 Cass. 1er civ. 4 janv. 1979 : RGAT 1979, 490.

* 26 Cass. 1re civ. 29 Nov. 1988: RGAT 1989,114.

33
 Yvonne LAMBERT-FAIVRE, op.cit, p. 181

SECTION II : LES SANCTIONS DES OBLIGATIONS DE


L'ASSURE EN

MATIERE DE DECLARATION DU RISQUE

Les sanctions des irrégularités liées à la déclaration du risque constituent une protection de
l'assureur. L'absence de ces sanctions conduirait à une culture de mauvaise foi et de
négligence caractérisées des assurés.

Il sera ici question d'étudier des diverses sanctions (Paragraphe1), et les limites à leur
application (Paragraphe2).
Paragraphe 1 : Les diverses sanctions

En vue de protéger l'équilibre du système d'assurance, le législateur a prévu des sanctions non
seulement en cas de réticences et de fausse déclaration intentionnelle (A), mais aussi en
l'absence de celle-ci (B).

A-La sanction liée aux réticences et fausses déclarations intentionnelles

La sanction liée aux réticences et fausses déclarations intentionnelles paraît très

importante compte tenu de l'existence de la notion de mauvaise foi.

Cette sanction est prévue par l'article 18 al 1 du code CIMA qui dispose que :

« Indépendamment des causes ordinaires de nullité, et sous réserve des dispositions de


l'article 80,27(*) le contrat d'assurance est nul en cas de réticence ou de fausse déclaration
intentionnelle de la part de l'assuré, quand cette réticence ou cette fausse déclaration change
l'objet du risque ou en diminue l'opinion pour l'assureur, alors même que le risque omis ou
dénaturé par l'assuré a été sans influence sur le sinistre. »

Il en résulte que la sanction prévue dans ce cas est la nullité du contrat et les primes payées
sont acquises et l'assureur reçoit encore les primes échues à titre de dommages et intérêts.

Il revient d'abord à l'assureur de justifier l'existence de l'irrégularité c'est-à-dire d'apporter la


preuve de l'effectivité de la réticence ou de la fausse déclaration de l'assuré. Ensuite,
l'assureur a la charge d'établir l'existence de l'intention coupable de l'assuré dans l'omission ou
l'inexactitude de la déclaration. Cette obligation de preuve mise à la charge de l'assureur
paraît difficile voire impossible à rapporter parce qu'elle est subjective. La preuve devient
plus difficile encore, en cas d'irrégularité liée au caractère ambigu, incomplet ou imprécis du
questionnaire.

Outre ces deux obligations, l'assureur doit enfin établir le lien direct entre l'irrégularité et le
risque garanti. Ce qui veut dire que toute irrégularité intentionnelle n'entraîne pas la nullité du
contrat.

La preuve mise à la charge de l'assureur peut être apportée par tout moyen et le plus souvent
au moyen du questionnaire antérieurement soumis à l'assuré.

Il est à noter que lorsque l'irrégularité a été découverte après la réalisation du risque, il y a
nullité du contrat même à l'absence de lien direct entre cette irrégularité et le risque
garanti.27(*)
36 
Juris-classeur, op.cit , p.15
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B-La sanction en cas d'omission ou d'inexactitude non intentionnelle

de la déclaration

L'absence de l'intention coupable rend plus souple la sanction en la matière.


En effet, l'article 19 al 1 du code CIMA dispose que : « L'omission ou la
déclaration inexacte de la part de l'assuré dont la mauvaise foi n'est pas
établie n'entraîne pas la nullité de l'assurance. » Il en résulte donc que la
bonne foi de l'assuré constitue un obstacle à la nullité du contrat. Et jusqu'à
preuve contraire, toute irrégularité commise lors de la déclaration est
présumée de bonne foi.

L'attitude de l'assureur à la découverte de cette irrégularité varie selon que


cette découverte a lieu avant ou après le sinistre.

Au cas où l'omission ou l'inexactitude de la déclaration serait constatée avant


la survenance du sinistre,27(*) l'assureur peut, s'il le désire, résilier le contrat dix
(10) jours après notification de l'irrégularité à l'assuré par lettre recommandée
ou contresignée. Ce qui a pour conséquence, le remboursement à l'assuré de
la portion de la prime payée au prorata temporis.

Outre l'option de résiliation, l'assureur peut, à la découverte de l'irrégularité,


maintenir le contrat. Dans ce cas, il proposera à l'assuré le réajustement de la
prime. Si ce dernier s'y oppose, le contrat sera résilié à défaut de toute
négociation. En cas d'acceptation de la surprime, le contrat continue son
cours et l'acte doit être constaté par un écrit appelé avenant qui indique la
date de l'application de la nouvelle prime.

La découverte de l'irrégularité liée à la déclaration peut intervenir après le


sinistre.28(*) Dans ce cas, la règle proportionnelle de prime est appliquée.

En effet, le sinistre subi par l'assuré en situation irrégulière est indemnisé en


proportion du taux de prime payé par rapport au taux de prime qui aurait dû
l'être si le risque avait été complètement et exactement déclaré.29(*) La
réduction de l'indemnité est appliquée à l'intégralité de la prime même si
l'irrégularité ne concerne pas tous les risques (cas des assurances à plusieurs
risques).
Indemnité due = Dommage x taux de prime payé

taux de prime dû

L'indemnité est calculée en ce qui concerne les circonstances objectives sur


la

base de la formule suivante :

Pour les circonstances subjectives, les juges se chargeront d'apprécier la


faute et de fixer en conséquence la réduction de la valeur de
l'indemnisation.30(*)

Ces diverses sanctions tendent à obliger l'assuré à une bonne exécution de


ses obligations qui ne manquent toutefois pas de limites.
* 27 Art. 19 al. 2 C.CIMA

* 28 Art. 19 al. 3 C.CIMA

* 29 Cass,1re civ. 5 juil.1967: RGAT 1968, 406

Paragraphe 2 : Les limites à l'application des sanctions

Les limites à l'application des sanctions peuvent être soit liées au fait

l'assureur (A), soit indépendantes de ce fait (B).

A-Les limites liées au fait de l'assureur

Une première limite à l'application des sanctions est le jeu de la prescription. C'est
une situation qui fait perdre à l'assureur le droit d'exercer une action contre l'assuré.
En effet, selon l'art. 28 du code CIMA, toutes actions dérivant d'un contrat
d'assurance sont prescrites par deux ans à compter de l'événement qui y donne
naissance. Toutefois, ce délai ne court en cas de réticence, omission, déclaration
fausse ou inexacte sur le risque couru, que du jour où l'assureur en a eu
connaissance ; en cas de sinistre, que du jour où les intéressés en ont eu
connaissance, s'ils prouvent qu'ils l'ont ignoré jusque là. Il s'agit donc d'une
prescription biennale qui oblige l'assureur à exercer ses actions dans le délai, faute
de quoi, il perd ses droits et par conséquent rend caduque l'application des
sanctions prévues. Cette prescription est interrompue par l'une des causes
ordinaires d'interruption de la prescription et par la désignation d'experts à la suite
d'un sinistre.31(*) Il en est de même en cas de l'envoi d'une lettre recommandée avec
accusé de réception adressée par l'assureur à l'assuré en ce qui concerne l'action en
paiement de la prime et par l'assuré à l'assureur en ce qui concerne le règlement de
l'indemnité.32(*)

Une seconde limite à l'application des sanctions est, la connaissance par l'assureur
de l'irrégularité qui ouvre droit aux sanctions. En effet, si l'assureur est informé d'une
certaine irrégularité dans la déclaration et laisse continuer le contrat, il ne peut plus
s'en prévaloir pour l'application de sanctions. 33(*) De même, lorsque c'est un
intermédiaire qui obtient l'information en qualité de mandataire de l'assureur, la
connaissance du risque est opposable audit assureur et la sanction demeure
inapplicable.34(*) Il revient donc à l'assuré d'apporter la preuve de la connaissance
des faits par l'assureur ou par le mandataire de celui-ci.

B-Les limites indépendantes du fait de l'assureur

En espèce, on peut citer la limite du droit commun. Il s'agit de la force majeure


applicable à tous les contrats. Elle est définie comme un événement imprévisible et
irrésistibble qui provenant d'une cause extérieure au débiteur d'une obligation ou à
l'auteur d'un dommage le libère de son obligation ou l'exonère de sa
responsabilité.35(*) Dans cette hypothèse, l'assuré est exonéré de son obligation de
déclarer le risque lorsqu'une situation imprévisible, insurmontable et étrangère l'en
empêche. Il reviendra donc à l'assuré d'apporter la preuve de cette situation. Et tout
moyen lui est loisible à cet effet.

Les réticences et les fausses déclarations constituent des irrégularités. Mais avant la
réalisation des risques garantis ou avant toute découverte desdites irrégularités,
l'assuré a toujours la possibilité de contourner les sanctions légales prévues en la
matière. En effet, l'assuré peut compléter les informations données antérieurement à
l'assureur ou corriger celles-ci : c'est la rétraction. Cette dernière constitue ainsi un
obstacle à l'application de sanctions et a pour conséquence la possibilité de révision
de la prime à la hausse. Et si l'assuré n'accepte pas cette nouvelle prime, le contrat
se verra résilié.

Il ne suffit pas seulement à l'assuré d'exécuter son obligation de déclaration du


risque. Il doit aussi payer le prix de la couverture du risque.

* 31 Civ, 17 fév. 1948, Grands arrêts du droit des assurances, op.cit, p. 135

* 32 Art.29 du code CIMA

* 33 Cass. 1er civ. 8 juill. 2003; n° 2003-0198, juris-classeur, groupe Lexis Nexis, éd. 2003, n°39, p. 1694

* 34 Cass. 1re civ. 7 nov. 1972. JCP 74, éd. G,II, 17621

45
 Gérard CORNU, op.cit, p.392
CHAPITRE II : L'OBLIGATION DE
PAIEMENT DE

LA PRIME
Le vocable "prime" ou "cotisation" peut être défini comme une somme payée à une entreprise
d'assurance pour la garantie d'un risque.35(*)

La prime constitue la représentation pécuniaire du risque, la contrepartie de la garantie. Elle


est fixée en proportion du risque garanti. C'est elle qui conditionne donc tout le "jeu des
assurances".

Il est paru donc nécessaire, compte tenu de son importance, de réglementer son paiement. En
effet, en vertu de l'art. 12 al 1-1 du code CIMA, l'assuré est obligé de payer la prime ou
cotisation aux époques convenues. En conséquence, la prise d'effet du contrat est
subordonnée au paiement de cette prime.36(*)

Nous aborderons d'une part, la détermination et le paiement de la prime (SECTION I), et


d'autre part, les sanctions prévues en la matière (SECTION II).

SECTION I : LA DETERMINATION ET LE PAIEMENT


DE LA PRIME

Cette section sera consacrée à l'assiette de la prime (Paragraphe 1) et à son paiement


(Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : La détermination de la prime

La prime à payer par l'assuré, appelée prime nette ou encore prime chargée, est un ensemble
constitué par la prime pure et les chargements. La prime pure ou la prime de base est le
produit de la fréquence des sinistres par leur coût moyen sur un ensemble de risques
statistiquement significatifs, correspondant à la valeur du risque.37(*)

Les chargements, quant à eux, constituent la somme qu'il faut ajouter à la prime pure afin de
satisfaire certaines charges de la compagnie d'assurance. Variables, les chargements peuvent
être commerciaux ou fiscaux. Les premiers englobent les frais généraux (salaire du personnel,
impôts, loyer etc.) et les commissions (traitement des agents d'assurance par exemple). Les
seconds sont constitués par les diverses taxes et contributions à verser au profit des
organismes publics.

La fixation de la prime nette, c'est-à-dire la prime à payer est liée beaucoup plus à la valeur de
la prime pure. Celle-ci varie selon chaque risque et est calculée sur la base de la
formule suivante :

Prime pure= taux de prime x capitaux assurés

Les capitaux varient selon qu'il s'agit des assurances de choses ou des assurances de
responsabilité. En assurance de choses, les capitaux assurés correspondent à la valeur des
objets assurés alors qu'en assurance de responsabilité, les capitaux peuvent être limités ou
plafonnés.

Quant au taux de prime, il est calculé sur la base de la formule suivante :

* 35 Yvonne LAMBERT-FAIVRE, op.cit, p.220

* 36 Art.13 al. 2 du code CIMA

* 37 Juris-classeur, op.cit, p.31

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Taux de prime= fréquence des sinistres x coût moyen des


sinistres

La fréquence des sinistres se traduit par le rapport du nombre de cas favorables à la


production d'un événement, au nombre total de cas possibles ; par exemple deux
maisons incendiées sur 25 assurées contre l'incendie.

Le coût moyen des sinistres quant à lui est fondé sur l'intensité du sinistre. En effet,
la réalisation du risque assuré n'est pas toujours totale et représente ainsi un
pourcentage. Par exemple, le sinistre peut représenter 10% du risque assuré d'une

valeur de 5000 francs ; le coût moyen des sinistres sera : 5000 X 10 = 500 francs

100

La liberté des prix et la concurrence permettent à chaque compagnie de fixer son


taux selon ses charges et sa politique commerciale. Toutefois, en vue de promouvoir
les assurances en général et celles obligatoires en particulier, l'administration
compétente en l'occurrence la direction du contrôle des assurances fixe des
minima38(*) auxquels l'assureur doit se conformer.

Il peut arriver dans certains cas que l'autorité administrative fixe elle-même

la valeur de la prime pure. C'est le cas par exemple en assurance des engins de

remontée mécanique, (les grues, les éleveurs sous-pression etc.) lorsque trois
assureurs refusent une proposition de souscription ou un seul, une proposition de
modification39(*).

Il est à noter enfin qu'en matière d'assurance automobile, la prime de référence


préalablement fixée pour chaque catégorie de véhicule subit d'autres réajustements
tels que la surprime pour conducteurs novices, l'application de la clause de bonus ou
de malus.

Paragraphe 2 : Paiement de la prime

Nous envisagerons d'une part, la date de paiement de la prime et l'avis


d'échéance (A), et d'autre part, les modalités de son paiement (B).

A-La date de paiement de la prime et l'avis d'échéance

Pour éviter l'arbitraire et les conséquences d'une mauvaise foi dans le paiement de
la prime par le souscripteur, un délai doit être fixé.

En principe la prime est payable d'avance, une fois que la garantie est accordée par
l'assureur, parce que c'est elle qui sert au règlement des sinistres survenus au cours
de l'exécution du contrat. Autrement dit, la date de paiement est la date de la
conclusion du contrat. Mais dans la pratique, la date du paiement de la prime peut
être reportée de commun accord entre l'assureur et l'assuré. Toutefois, l'assuré doit
devoir s'acquitter avant l'échéance. Il peut arriver que pour les contrats à tacite
reconduction, le défaut de paiement à la date convenue ait été enregistré en
l'absence de toute mauvaise foi ; par oubli ou négligence. Dans ce cas, une sanction
serait donc injuste pour l'assuré. C'est pourquoi, il est fait obligation à l'assureur de
rappeler au débiteur l'échéance. A cet effet, l'article 14 du code CIMA dispose  que :
« Pour les contrats à tacite reconduction, à chaque échéance de prime, l'assureur
est tenu d'aviser à la dernière adresse connue, au moins quinze jours à l'avance,
l'assuré ou la personne chargée du paiement des primes, de la date d'échéance et
du montant de la somme dont il est redevable. »

Aucune forme n'est exigée pour cet avis ; il peut donc se faire par simple lettre. Mais
cette liberté de forme peut, des fois, causer des difficultés de preuve de l'émission
de l'avis. L'assuré de mauvaise foi pourrait nier la réception de l'avis. Pour
contourner cette difficulté, l'avis d'échéance est considéré comme un simple rappel
fait au débiteur de la prime et non une condition nécessaire à la validité de la mise
en demeure.

Le paiement de la prime qui doit se faire au plus tard à la date d'échéance se réalise
suivant certaines modalités.

* 38 Voir annexe1

* 39 Jurisclasseur, op.cit, p .36

précédent sommaire suivant

B- Les modalités de paiement de la prime

Jadis, en vertu de l'article 16 alinéa1de la loi du 13 juillet 1930, la prime était


payable au domicile de l'assuré ou à tout endroit convenu. Mais suite aux
inconvénients liés à l'application de cette disposition pour les compagnies,
notamment le taux croissant des impayés, elle a été supprimée rendant ainsi
la prime portable.

En effet, selon l'article 13 alinéa 1 du code CIMA, sauf convention contraire, la


prime est payable au domicile de l'assureur ou du mandataire désigné par lui
à cet effet et titulaire d'un mandat écrit. Ce domicile peut être le siège social
de l'entreprise d'assurance, l'une de ses directions ou celui de l'entreprise
mandataire. Toutefois, les parties peuvent convenir d'opter pour la quérabilité
de tout ou partie de la prime.40(*)
Le paiement de la prime peut se faire par tout moyen. Il peut s'agir des
paiements en espèces. Dans ce cas, la monnaie, instrument du paiement doit
avoir cours légal. Le règlement peut aussi se faire par chèque postal ou
bancaire. La remise d'un tel chèque à l'assureur vaut en principe paiement de
la prime. Ce qui exclut tout chèque sans provision qui reste sans effet sur le
paiement et reconduit donc la dette. De même, le paiement peut être réalisé
au moyen de traite, de virement postal ou de prélèvement sur le compte
bancaire du débiteur.

Une fois la prime payée, l'assureur est tenu de délivrer une quittance au
souscripteur pour servir de preuve de règlement.

Outre ces modes de règlement, le paiement peut se faire par


compensation.41(*) En effet, l'assureur dont la prime n'est pas payée peut
prélever le montant sur l'indemnité due à l'assuré au titre du règlement d'un
sinistre quelconque. La compensation ne peut s'opérer que lorsque la créance
de l'assureur et celle de l'assuré sont certaines, liquides et exigibles. Ce mode
de paiement est opposable à l'assuré, à ses créanciers, aux bénéficiaires de
l'assurance et même à certaines victimes.41(*)

Il est à noter que dans l'hypothèse de souscription de plusieurs polices auprès


d'un même assureur, le problème peut se poser en cas de versement partiel
de la prime. La solution est donnée par l'article 1256 du code civil qui prévoit
une imputation du peu versé au type de police présentant le plus d'intérêt.

Par ailleurs, l'assureur peut accorder à son assuré, la possibilité de payer la


prime par fractions. Dans ce cas, la totalité de la prime doit être versée avant
l'échéance ou avant tout règlement du sinistre.

Il convient de préciser que l'obligation de paiement n'est pas dépourvue de


sanctions.

SECTION II : LES SANCTIONS A L'OBLIGATION DE


PAIEMENT DE

LA PRIME

Les sanctions en matière d'obligation du paiement de la prime présentent une


particularité. Cette dernière se traduit par une évolution dans le temps
desdites sanctions, permettant à l'assuré de régulariser le contrat avant toute
résiliation et éventuellement avant l'exécution en justice. La résiliation et
l'exécution en justice (Paragraphe2) sont toujours précédées par la mise en
demeure de l'assuré et de la suspension de la garantie (Paragraphe 1).

Paragraphe 1 : De la mise en demeure de l'assuré à la suspension de


la

garantie

A-La mise en demeure de l'assuré

La mise en demeure est définie comme un acte par lequel, un créancier

demande à son débiteur d'exécuter son obligation. Elle a pour effet principal
de faire courir les dommages et intérêts moratoires.42(*)

En assurance de dommages, la mise en demeure est la condition sine qua


non de toute autre poursuite. C'est ce que prévoit l'article 13 al. 6 du code
CIMA qui dispose que : «  L'assureur ne peut, par une clause du contrat,
déroger à l'obligation de la mise en demeure. »

En effet, le souscripteur est tenu de payer sa prime au plus tard avant


l'expiration d'un délai de dix jours qui suivent l'avis d'échéance. A défaut de
s'exécuter, l'assureur peut le mettre en demeure.

L'acte de mise en demeure est adressé à l'assuré ou à toute personne


chargée du paiement par lettre recommandée ou contresignée.43(*) Cette lettre
est envoyée au dernier domicile connu du débiteur et doit indiquer qu'elle vaut
mise en demeure en vue d'éviter toute confusion éventuelle. De même, la
lettre doit mentionner, le montant de la prime, la date d'échéance et
reproduire le texte intégral de l'art 13 du code CIMA.44(*)

En cas de coassurance,45(*) la formalité de la mise en demeure est réalisée par


l'assureur principal lorsque celui-ci a reçu un mandat général de gérer la
police. A défaut de mandat général, la mise en demeure n'affectera que la
seule prime équivalente au risque que l'auteur de l'acte a garanti.

Une fois la mise en demeure faite, la garantie est suspendue dans les trente
(30) jours. Toute prescription de l'action en paiement est interrompue et les
intérêts moratoires commencent par courir.

B-La suspension de la garantie


La suspension de la garantie est la seconde étape de la procédure. Elle laisse
l'assuré supporter ses propres risques, libère ainsi l'assureur de son
obligation de réparation. La suspension intervient dans les trente (30) jours
qui suivent l'envoi de la lettre recommandée mettant en demeure le débiteur
insolvable 46(*) et est limitée à la période qui s'écoule entre l'effet de la mise en
demeure et l'échéance d'une nouvelle prime.46(*) Ce qui suppose que si le
débiteur arrive à régulariser sa situation avant l'expiration du délai de trente
(30) jours, la suspension n'aurait pas lieu. Mais, il faut noter que ce délai de
trente jours prend effet le lendemain du jour à zéro (00) heure de l'envoie de
la lettre et s'éteint le trentième jour à vingt quatre (24) heures. Si par
coïncidence, le trentième jour se trouve être un samedi, un dimanche, un jour
férié ou chômé, le délai est prolongé au premier jour ouvrable qui suit.

La suspension a pour effet de libérer l'assureur de son obligation de


réparation, tout en conservant l'obligation de paiement de la prime de l'assuré.
Ce qui signifie que tout sinistre qui surviendrait pendant cette période reste à
la charge de l'assuré. Le montant de la prime à payer est constitué du
montant de la prime due avant la suspension et celui qui suivra jusqu'à la
résiliation contrat.

Le paiement partiel de la prime ne produit aucun effet, car la remise en


vigueur est subordonnée à l'exécution intégrale des obligations de
l'assuré.47(*) Pour les primes payables à plusieurs échéances, le paiement
d'une tranche n'annule pas la suspension de la garantie.48(*)

La suspension de la garantie ayant un caractère provisoire, elle peut


reprendre ses effets à midi le lendemain du jour où la prime arriérée a été
payée. L'assuré doit payer l'intégralité de la dette c'est-à-dire la prime
arriérée, les frais de poursuite et de recouvrement ainsi que les intérêts.
Toutefois, l'assureur est libre d'accepter selon sa politique commerciale, la
remise en vigueur de la garantie suite à un paiement partiel de la dette.49(*) Par
ailleurs, la suspension peut être remise en vigueur par l'arrivée d'une nouvelle
échéance de prime.

Il est loisible à l'assureur de remettre en vigueur la garantie de façon tacite ou


expresse après l'expiration du délai de trente (30) jours.50(*) Le plus souvent
l'assuré s'engage à payer la dette suivant une certaine modalité. Ce qui fait
naître en cas de non-respect de l'engagement, une nouvelle mise en vigueur
et donc la reprise de la procédure.
La mise en demeure et la suspension de la garantie ne sont que des
procédures permettant de sauvegarder le contrat avant sa résiliation et
l'action en justice.
* 42 (R.) GUILLIEN et (J.) VINCENT, op.cit, p.365

* 43 Art. 13 al.7 C. CIMA

* 44 Voir le contenu de l'article en annexe 2

* 45 <<La coassurance est l'assurance d'un même risque par plusieurs assureurs qui, sans solidarité, prennent en
charge

une quote-part déterminée de celui-ci (se concrétise par une police unique).
>> CORNU (G.), op.cit, p.153
58
 Art. 13 al. 3 C. CIMA

* 46 Civ, 10 nov. 1942, Grands arrêts du droit des assurances, op.cit, p.100

* 47 Cass.1re civ. 9 mai 1961, RGAT 1962, p.55

* 48 Cass. 1re civ. 23 fév. 1988, RGAT 1988, p.475

* 49 Information requise auprès 

Paragraphe2 : De la résiliation du contrat à l'exécution en justice

Si après la mise en demeure et la suspension de la garantie, le débiteur de la


prime ne s'exécute pas, l'assureur peut résilier le contrat (A) et aussi le
poursuivre en justice (B)

A-La résiliation du contrat

La résiliation se révèle comme la sanction de toute la procédure due au non-


paiement de la prime. Ce dernier rend le contrat sans cause et donc nul.

La résiliation du contrat est réalisée par l'assureur dans les dix (10) jours qui
suivent l'expiration du délai de trente (30) jours accordés pour la période de la
suspension de la garantie. Ce qui suppose que l'assuré qui ne se serait pas
acquitté de ses dettes quarante (40) jours après la mise en demeure verra
son contrat résilié unilatéralement par l'assureur. Il s'agit d'un délai minimum.
En effet, l'assureur n'est pas obligé de résilier le contrat dès l'expiration du
délai.
Même si la garantie est suspendue, le contrat demeure quelle que soit la
durée, tant que l'assureur n'a pas manifesté son intention de résiliation.

L'acte de résiliation peut se faire par lettre recommandée ou contresignée


envoyée au dernier domicile connu du débiteur de la prime. Le fait que celui-ci
n'ait pas pris connaissance de la lettre ne change rien ni à son délai, ni à ses
effets. Il suffit que l'assureur prouve l'envoi et le contenu de la lettre. Cette
preuve peut se faire par tout moyen.

Aussi, la volonté de résiliation peut déjà être mentionnée dans la lettre


recommandée ayant déclenché la mise en demeure. Outre la lettre
recommandée, l'assureur pourrait employer une forme plus sûre telle qu'un
exploit d'huissier. Mais ce serait à ses frais, à moins qu'une clause de la
police ne l'ait prévue.51(*)

L'assuré insolvable dont le contrat a été résilié n'est pas encore libéré de son
obligation. Il peut à tout moment être assigné en justice pour répondre de ses
dettes.

B-L'exécution en justice

La résiliation, si elle annule le contrat, n'éponge pas les dettes de l'assuré.


Celles-ci restent donc dues à l'assureur.

En effet, l'assureur qui, après la résiliation du contrat se trouve en face d'un


débiteur insolvable, peut intenter contre celui-ci une action en paiement dans
un délai de deux (02) ans. Ce délai prend effet à partir de la naissance du
défaut de paiement. Ce qui suppose que l'exécution en justice n'est pas la
suite obligatoire de la suspension de la garantie et de la résiliation. De ce fait,
l'exécution en justice peut être exercée seule ou cumulativement avec la
suspension de la garantie ou la résiliation du contrat. Toutefois, ce délai peut
être interrompu par l'une des causes ordinaires d'interruption de la
prescription.52(*)

Pour exercer cette action en paiement, l'assureur aura, en vertu de l'art. 30 du


code CIMA, à assigner le débiteur de la prime au tribunal de première
instance du domicile de ce dernier. Sauf en matière d'immeuble ou de
meubles par nature où le tribunal compétent est celui de la situation des
objets assurés.
La décision du tribunal ayant pour effet le paiement de la dette, prendra en
compte le principal, les intérêts et les frais. L'inexécution de cette décision
pourra conduire au paiement d'astreintes ou à des saisies.

Les obligations de l'assuré ne se limitent pas à la déclaration du risque et au


paiement de la prime. Outre ces obligations, l'assuré doit, une fois que le
risque se réalise, le déclarer à l'assureur en vue de déclencher l'obligation de
ce dernier.

LES OBLIGATIONS DE L'ASSURE A LA SURVENANCE DU SINISTRE


* 51 Claude (J.) BEER, (H.) GROUTEL, Claudine (S.) JOUBERT, Droit et gestion des assurances, éd. Sirey, Paris
1981,

p. 83
65
 Civ. 17 février 1948, Grands arrêts du droit des assurances, op.cit, p140.

Sous-titre II
LES OBLIGATIONS DE L’ASSUREUR
L’assureur assume deux obligations essentielles : une obligation de couverture du
risque (Chapitre 1) ; une obligation de règlement du sinistre (Chapitre 2).
L’exécution de cette dernière lui ouvre dans certains cas une faculté de recours
contre le tiers responsable du sinistre (Chapitre 3).

Chapitre 1
LA COUVERTURE DU RISQUE
1520.     De toutes les obligations à la charge de l’assureur, celle portant sur la
couverture du risque est sans doute la plus importante. Même si elle est contestée
par une partie de la doctrine 4733, elle constitue selon nous l’obligation essentielle du
contrat. C’est elle dont la présence permet de le qualifier de contrat d’assurance.
Mais si toute assurance couvre un risque, encore faut-il s’entendre sur la notion de
risque (Section 1). Et une fois celle-ci appréhendée, cela ne signifie pas qu’un
contrat d’assurance couvre n’importe quel risque. C’est seulement à certaines
conditions que le risque est assurable (Section 2). Et quand il est assurable, c’est à
d’autres conditions qu’il est effectivement garanti (Section 3). Parler de couverture
de risque, c’est partir d’un substantif et lui ajouter par touches successives des
adjectifs.

Section 1
La notion de risque
1521.     En tant que notion, le risque peut donner lieu à plusieurs approches qui
contribuent à[...]
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Le manquement à l’obligation d’information et de
conseil de l’assureur
Par Justifit | 10/05/2021

L’assurance a une obligation d’information et de conseil à l’égard de ses assurés.


Le non-respect de cette obligation s’apparente à une violation du contrat d’assurance et
peut être sanctionné. En cas d’infraction, il est conseillé de faire appel à un avocat
spécialisé en droit routier pour vous assister et défendre vos droits.
Table des matières  Masquer 
1 Obligation d’information et de conseil de l’assureur : de quoi s’agit-il ?
2 Conséquences du manquement à l’obligation d’information pour le client de l’assurance

Obligation d’information et de conseil de l’assureur : de quoi s’agit-il ?

En droit civil, un contrat oblige les deux parties contractantes. Chacune des parties doit
en effet respecter les obligations découlant du contrat.
Certaines de ces obligations sont librement, conjointement et réciproquement définies.
D’autres sont imposées par la loi. C’est le cas de l’obligation d’information et de
conseil de l’assureur.
Le Code des assurances et la jurisprudence imposent deux grandes obligations à
l’assureur envers l’assuré :

 L’obligation d’information
 Le devoir de conseil.

La notion de « devoir de conseil » est mal définie et n’apparaît pas dans les textes de
loi. Elle est donc le fruit de la jurisprudence (arrêt de la Cour de Cassation du 10
novembre 1964).
Le devoir de conseil trouve son origine dans l’inégalité de compétence existant
entre le professionnel (l’assureur) et le client (vous). L’assureur doit être à même de
conseiller son client, dans l’intérêt du client.
L’obligation d’information est quant à elle définie dans l’article L 112-2 du Code des
assurances.
Cet article dispose notamment que « l’assureur doit obligatoirement fournir une fiche
d’information sur le prix et les garanties avant la conclusion du contrat etc. ».
L’assureur doit remettre à l’assuré, avant la signature du contrat :

 Une fiche d’information sur le prix et les garanties


 Un exemplaire du projet du contrat
 Une fiche d’information sur la loi applicable au contrat quand ce n’est pas
la loi française

Conséquences du manquement à l’obligation d’information pour le


client de l’assurance
Le manquement de l’assureur à l’obligation d’information peut entraîner des sanctions à
son égard. Ces sanctions ne sont pas définies dans la loi mais fixées par la
jurisprudence.
La sanction peut aller jusqu’à l’annulation du contrat ou l’engagement de la
responsabilité civile de l’assureur.
Autrement dit, l’assureur qui n’a pas rempli son obligation d’information (en remettant
notamment la fiche d’information avant la signature du contrat) peut être poursuivi par le
client et condamné à des dommages et intérêts.
Le devoir de conseil est une obligation de moyens, et non une obligation de
résultat. Ce qui peut être sanctionné devant la juridiction civile est le fait que l’assureur
n’est pas fait tout son possible pour vous aider.
Exemple :
L’assureur vous a conseillé quelque chose qui en réalité, vu votre situation, n’était pas
du tout dans votre intérêt. Il vous a délibérément « trompé ». Ou bien, autre cas
possible : votre assureur ne vous a pas conseillé alors qu’en l’occurrence, vu son
expertise et vu votre méconnaissance, il aurait dû le faire.
L’assureur peut être sanctionné pour un manque de conseil avant la conclusion du
contrat (responsabilité précontractuelle) ou par un manquement lors de l’exécution
du contrat (responsabilité contractuelle).
Exemple du manquement au devoir de conseil avant la signature du contrat : votre
assureur a choisi pour vous un contrat qui ne correspond pas à vos attentes et est
contraire à vos intérêts.
A partir du moment où se forme un contrat d’assurance, assureur et assuré se voient soumis au
respect de certaines obligations, dont certaines sont contractuelles (et diffèrent donc en
fonction de chaque contrat passé entre deux ou plusieurs autres parties), et d’autres imposées
par la loi.

Bien que non contraignant dans sa phase de formation (en effet, rien ni personne n’obligent
un assureur et un proposant à signer entre eux un accord contractuel), le contrat d’assurance le
devient à partir du moment où les deux parties (assureur et souscripteur) s’obligent l’une
envers l’autre « à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose », conformément à la
définition général du contrat qui est donnée à l’article 1101 du Code Civil. C’est pourquoi le
contrat d’assurance relève, comme tout contrat, du droit des obligations.

Nous avons énuméré et développé dans la partie précédente les obligations de l’assuré  envers
l’assureur, en ne nous attachant qu’à celles qui étaient mentionnées dans le Code des
Assurances (un recensement exhaustif des obligations relevant de clauses contractuelles étant
voué à l’échec puisqu’il nécessiterait de prendre en considération la totalité des contrats
d’assurances existant). Après nous être attachés à décrire les obligations légales de l’assuré
envers l’assureur, il convient maintenant de s’intéresser aux obligations de l’assureur envers
son assuré et/ou son souscripteur.
Comme l’ont remarqué certains juristes, il existe un déséquilibre et une double inégalité dans
les relations contractuelles entre les parties au contrat d’assurance, dans la mesure où en fait,
l'assuré profane est désarmé face au professionnel de l'assurance, tandis qu’en droit, des
sanctions légales s'attachent au défaut d'information exacte de l'assuré (ce qui n'est pas le cas
pour le professionnel de l'assurance).

C’est notamment pour rééquilibrer les relations contractuelles entre les parties (notamment
dans la phase précontractuelle de formation du contrat d’assurance) que la jurisprudence a mis
en place, comme nous allons le voir, la notion de devoir de conseil.

Obligations précontractuelles de l’assureur


Avant la formation du contrat d’assurance (qui est légalement considéré comme scellé,
rappelons-le, avec la remise de la police ou de la note de couverture), l’assureur a envers le
proposant (qui pourra être le futur souscripteur et/ou assuré) deux types d’obligations distincts
identifiés par le Code des Assurances et la jurisprudence :
1) Une obligation d’information
2) Un devoir de conseil.

La distinction entre « obligation d’information » et « devoir de conseil » fait l'objet de vastes


débats doctrinaux et jurisprudentiels, dans la mesure où la notion de « devoir de conseil » n’est
nulle part mentionnée dans les textes de loi, à l’inverse de la notion d’ « obligation
d’information » (mentionnée à l’article L 112-2 du Code des Assurances). Néanmoins, la
jurisprudence a bien fait émerger cette notion (même si elle ne la désigne pas toujours par le
biais de la même formule), notamment depuis l’important arrêt du 10 novembre 1964, qui
obligeait le courtier à être "un guide sûr et un conseiller expérimenté".
Obligation d’information de l’assureur
L’obligation d’information de l’assureur envers l’assuré est établie par la loi et, plus
précisément, par le Code des Assurances, qui stipule, à l’article L112-2 :

« L'assureur doit obligatoirement fournir une fiche d'information sur le prix et les garanties
avant la conclusion du contrat.

Avant la conclusion du contrat, l'assureur remet à l'assuré un exemplaire du projet de contrat


et de ses pièces annexes ou une notice d'information sur le contrat qui décrit précisément les
garanties assorties des exclusions, ainsi que les obligations de l'assuré. Les documents remis au
preneur d'assurance précisent la loi qui est applicable au contrat si celle-ci n'est pas la loi
française, les modalités d'examen des réclamations qu'il peut formuler au sujet du contrat, y
compris, le cas échéant, l'existence d'une instance chargée en particulier de cet examen, sans
préjudice pour lui d'intenter une action en justice, ainsi que l'adresse du siège social et, le cas
échéant, de la succursale qui se propose d'accorder la couverture.[…]»
Le Code des Assurances contraint donc l’assureur à remettre au proposant, avant la conclusion
du contrat, plusieurs éléments :
- une fiche d’information sur le prix et les garanties,
- un exemplaire du projet du contrat et de ses pièces annexes
- une fiche d’information sur la loi applicable au contrat quand ce n'est pas la loi française..

Rappelons qu’une exception est cependant faite pour :


- les contrats garantissant les grands risques,
- les contrats à caractère temporaire, comme les assurances voyage ou les assurances sports
d’hiver.

L'assureur doit fournir ces éléments à l’assuré même si ce dernier ne lui en fait pas la demande,
afin de permettre au preneur d'assurance de procéder à un comparatif des garanties et prix
pratiqués.

Afin de fournir un moyen permettant à l’assureur de prouver qu’il a bien communiqué ces
informations au preneur d’assurance, l’Article R112-3 du Code des Assurances stipule :

« La remise des documents visés au deuxième alinéa de l'article L. 112-2 est constatée par une
mention signée et datée par le souscripteur apposée au bas de la police, par laquelle celui-ci
reconnaît avoir reçu au préalable ces documents et précisant leur nature et la date de leur
remise. »

Le manquement de l’assureur à cette obligation d’information peut entraîner des sanctions


(non prévues par la loi mais fixées par la jurisprudence) allant jusqu’à la nullité du contrat ou la
mise en cause de la responsabilité civile précontractuelle de l’assureur.
Devoir de conseil de l’assureur
Le devoir de conseil, mis à jour par la jurisprudence suite notamment à l’arrêt déjà cité du 10
novembre 1964 (lequel obligeait le courtier à être « un guide sûr et un conseiller expérimenté
»), est destiné à orienter le choix du cocontractant au mieux de ses intérêts. Il suppose
nécessairement de la part du professionnel de l’assurance qu’il livre une appréciation quant à
l’opportunité ou non de souscrire à tel ou tel type de contrat d’assurance. Selon un auteur,
Monsieur de Saint Affrique, il s'agit pour l’assureur de « chercher à savoir », de « faire savoir »
et de « savoir guider ».

Le devoir de conseil de l’assureur est donc une obligation de moyens qui vaut pour les
assureurs comme pour les intermédiaires d’assurances et qui engage la responsabilité civile
professionnelle de ceux qui manquent à cette obligation.

En ce qui concerne le devoir de conseil, il n’est autre qu’une expression particulière du devoir
de loyauté, visant à orienter la décision de l'assuré en opportunité et en faveur de ses intérêts.
Dans sa plus parfaite expression, le devoir de conseil de l’assureur devrait pouvoir permettre au
proposant de répondre en toute objectivité à la question de savoir s’il doit conclure ou ne pas
conclure.

Ce devoir de conseil concerne tout autant l’intermédiaire d’assurance qui le plus souvent est
l’unique interlocuteur du proposant. La réglementation sur l’intermédiation est venue légaliser
ce devoir de conseil. Elle oblige l’intermédiaire, avant la conclusion de tout contrat, à recueillir
les besoins et exigences du proposant pour ensuite préciser les raisons  qui motivent  le conseil
fourni quant à un produit d’assurance déterminé. Ces différents échanges doivent être
consignés par écrit ou sur un support durable, évitant ainsi toute contestation ultérieure.

Obligations de l’assureur postérieures à la formation du


contrat
Une fois le contrat formé, et bien que restant contraint de continuer à respecter
les obligations précontractuelles mentionnées ci-dessus (« obligation d’information » et «
devoir de conseil »), l’assureur est néanmoins tenu par la loi d’être attentif à respecter deux
types d’obligations :
- l’exécution de la prestation déterminée par le contrat,
- la couverture des dommages causés par les personnes relevant de la responsabilité de
l’assuré.
L’indemnisation des sinistres
L’Article L113-5 du Code des Assurances stipule : « Lors de la réalisation du risque ou à
l'échéance du contrat, l'assureur doit exécuter dans le délai convenu la prestation déterminée
par le contrat et ne peut être tenu au-delà. ».

Dans la définition de l’assurance que nous avons donnée, nous avons vu que la principale
fonction de l’assureur est de « délivrer, dans le cadre réglementaire d’un contrat et moyennant
le paiement d’une prime ou cotisation, une prestation en cas de réalisation d’un risque ». Lors
de la souscription du contrat, l’obligation de l’assureur était conditionnelle, elle devient
certaine par la réalisation du sinistre.

Par conséquent, d’après l’article du Code des Assurances précédemment cité, l’assureur est


avant tout tenu de réparer les dommages survenus aux biens assurés, autrement dit de payer
les sinistres dans les délais convenus.

Les sinistres que l’assureur doit indemniser sont uniquement ceux qui entrent dans les
garanties accordées et définies contractuellement, sous réserve des obligations imposées par la
loi.

Par exemple, une assurance contre l’incendie, incluse dans un contrat multirisque habitation
(MRH) couvrira nécessairement « tous dommages causés par conflagration, embrasement ou
simple combustion », mais ne couvrira pas, « sauf convention contraire » (nous dit le texte de
loi), « ceux occasionnés par la seule action de la chaleur ou par le contact direct et immédiat du
feu ou d'une substance incandescente s'il n'y a eu ni incendie, ni commencement d'incendie
susceptible de dégénérer en incendie véritable. » (article L122-1 du Code des Assurances).

Quant aux sinistres résultant de cas fortuits ou de la faute de l’assuré, ils sont couverts sauf s’il
s’agit d’une faute intentionnelle ou dolosive de la part de l’assuré (Art. L 113-1 du Code des
Assurances).

En outre, l’assureur ne peut et ne doit payer que le montant des dommages dans la limite de la
garantie et pour des sinistres survenant dans une période de temps couverte par le contrat et
non « au-delà ».

L’assureur est également tenu, avec l’assuré, de respecter le principe indemnitaire, à la base


des assurances de dommage et d’une partie des assurances de personnes, selon lequel
l’assurance ne peut être une source de bénéfice pour l’assuré (elle ne peut en aucun cas lui
permettre de s’enrichir). Selon ce principe, le montant de l’indemnité versée à l’assuré victime
du sinistre doit au mieux le mettre dans une condition économique égale à celle qui était la
sienne avant la survenance de l’événement dommageable, mais en aucun cas supérieure.

C’est ainsi qu’il est écrit à l’article 121-1 du Code des Assurances :

« L'assurance relative aux biens est un contrat d'indemnité ; l'indemnité due par l'assureur à
l'assuré ne peut pas dépasser le montant de la valeur de la chose assurée au moment du
sinistre. »
La couverture des dommages occasionnés par les personnes sous la responsabilité
de l’assuré
Enfin, le Code des Assurances impose à l’assureur l'obligation de se porter garant des
dommages commis par une personne sous la responsabilité de l’assuré et ce, que la faute
commise par cette dernière soit intentionnelle ou non.

L’Article L121-2 du Code des Assurances stipule en effet :

« L'assureur est garant des pertes et dommages causés par des personnes dont l'assuré est
civilement responsable en vertu de l'article 1384 du code civil, quelles que soient la nature et la
gravité des fautes de ces personnes. ».

L’article du Code Civil auquel il est fait référence ici, et qui traite de la responsabilité civile,
stipule :

« On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait, mais
encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre, ou des choses
que l'on a sous sa garde. »

Le droit civil français considère qu’il y existe quatre types de rapports dans lesquels une
personne est considérée comme responsable d’une autre :

-  le père ou la mère est considéré comme responsable de son enfant mineur,


- le maître ou le commettant est considéré comme responsable de son domestique ou préposé
dans le cadre de l’exercice de ses fonctions,
- les instituteurs sont responsables de leurs élèves pendant le temps qu'ils sont sous leur
surveillance,
- les artisans sont responsables de leurs apprentis, également pendant le temps qu'ils sont sous
leur surveillance.

Ainsi, si l’on s’en tient à ce qui est écrit dans le Code des Assurances :
- l’assureur des parents devra couvrir les dommages causés par leur enfant mineur,
- l’assureur du commettant devra couvrir les dommages commis par son préposé dans le cadre
de l’exercice de ses fonctions,
- l’assureur d’un instituteur devra couvrir les dommages commis par son élève pendant le
temps qu’il était sous sa surveillance,
- l’assureur d’un artisan devra couvrir les dommages commis par son apprenti pendant le temps
qu’il était sous sa surveillance.

La relation entre un assuré (ou plus précisément un souscripteur) et un assureur est régie par


un contrat d’assurance. Le contrat d’assurance répond donc, de par sa forme juridique, à la
définition qui est donnée à l’article 1101 du Code Civil et qui stipule que le contrat est une «
convention » où les contractants s’obligent les uns envers les autres « à donner, à faire ou à ne
pas faire quelque chose ».

Autrement dit, à partir du moment où il est formé, le contrat d’assurances, comme d’ailleurs
n’importe quel autre type de contrat, produit des obligations réciproques pour chacune des
parties, obligations que ces dernières sont légalement obligées d’honorer, sous peine
d’encourir des sanctions civiles.

Par conséquent, dès lors qu’un souscripteur adhère à un contrat d’assurances, il est tenu de
respecter plusieurs engagements, dont certains sont fixés par la loi, et d’autres par les clauses
particulières du contrat. C’est à l’examen de ces obligations de l’assuré que nous allons nous
atteler ici.

Etant donné qu’il est impossible, du fait de l’infinie diversité des contrats d’assurance, de
recenser toutes les obligations spécifiques auxquelles un assuré peut être astreint en adhérant
à un contrat particulier, nous nous attacherons ici à recenser les obligations de
l’assuré mentionnées dans les textes de lois et, par conséquent, applicables à tous les types de
contrats d’assurances non-vie (car certaines obligations de l’assuré décrites ci-dessous ne
s’appliquent pas dans le cas des assurances vie).
Les obligations de l’assuré figurent à l’article L.113-2 du Code des Assurances, qui en mentionne
quatre.

Le paiement de la prime

Son caractère obligatoire


L’article L.113-2 du Code des Assurances stipule que « l’assuré est obligé de payer la prime ou
cotisation aux époques convenues ». Cette obligation de payer la prime est valable uniquement
pour les assurances Non-Vie, en assurance vie le paiement de la prime n’étant pas obligatoire.

Rappelons que le débiteur de la prime n’est pas toujours l’assuré, mais plutôt le souscripteur du
contrat.

L’échéance principale de la prime (date à laquelle la prime est exigible) est librement fixée par
les parties. A noter que l’on peut également avoir, en vertu de la loi de 1930 sur la divisibilité
des primes, des échéances intermédiaires.
Les modalités de règlement
La prime doit être payée par le souscripteur ou par toute personne se substituant à lui. Le
paiement doit être adressé à l’assureur ou à son mandataire (=l’intermédiaire d’assurances) à
son domicile (on dit alors de la prime qu’elle est « portable » – puisqu’il faut la porter chez
l’assureur ou le mandataire). Enfin la prime est payable par tous moyens de paiement, les
compensations (entre la prime due par l’assuré et l’indemnisation de sinistre due par
l’assureur) étant possibles.
Les conséquences du non-paiement par l’assuré
En cas de non-paiement de la prime par l’assuré, la procédure contentieuse entre l’assureur et
l’assuré se déroule de la manière suivante :
- 10 jours après la date d’échéance du contrat, l’assureur envoie une lettre de mise en demeure
au souscripteur ;
- 30 jours après la date d’envoi de la mise en demeure, si le souscripteur ou l’assuré n’a
toujours pas réglé sa prime ou cotisation, commence alors une période de suspension des
garanties, au cours de laquelle l’assuré n’est plus couvert contre les risques figurant sur le
contrat.
- 10 jours après le début de la période de suspension des garanties, si le souscripteur ou
l’assuré n’a toujours pas procédé au règlement de sa prime, a alors lieu la résiliation du contrat.

N.B. : Si le souscripteur règle sa cotisation entre la date de suspension des garanties et la date
de résiliation, les garanties reprennent effet le lendemain du jour du règlement à 12 heures. 

Les renseignements donnés lors de la proposition

Lors de la déclaration de risque, le proposant doit fournir à l’assureur un certain nombre


d’informations (personnes ou biens à garantir, caractéristiques de ces derniers, antécédents de
sinistre, moyens de prévention existant…) permettant à ce dernier d’évaluer l’étendue et/ou
l’assurabilité du risque qu’il lui est demandé de garantir.

Depuis la loi Bérégovoy du 31/12/1989, les éléments permettant d’évaluer le risque sont
fournis à l’assureur à travers les réponses du proposant à un questionnaire que l’assureur lui
soumet (alors qu’avant cette loi, la législation stipulait seulement que l’assuré devait déclarer
toutes les circonstances connues de lui).

L’article L.113-2 du Code des Assurances stipule que « l’assuré est obligé de répondre
exactement aux questions posées par l'assureur, notamment dans le formulaire de déclaration
du risque par lequel l'assureur l'interroge lors de la conclusion du contrat, sur les circonstances
qui sont de nature à faire apprécier par l'assureur les risques qu'il prend en charge ».

Cette obligation qui est faite à l’assuré de déclarer toutes les circonstances permettant


d’évaluer le risque présuppose que l’assuré répondra à toutes les questions qui lui seront
posées sans intention de tromper l’assureur. C’est la raison pour laquelle l’on dit que le contrat
d’assurance est un contrat de "bonne foi".

Cette présupposition de la bonne foi de l’assuré signifie également que ce sera à l’assureur


d’établir, le cas échéant, la mauvaise foi du souscripteur et la fausse déclaration intentionnelle.

Si l’assureur ne peut établir la mauvaise foi du souscripteur (mais c’est de plus en plus rare
compte tenu de la précision des questionnaires utilisés), on dit qu’il y a de la part du
souscripteur "omission" ou "déclaration inexacte".

Déclaration des circonstances nouvelles en cours de contrat


Aggravation du risque ou apparition d’un risque nouveau
Toujours à l’article L.113-2 du Code des Assurances, il est écrit :

« L’assuré est obligé de déclarer, en cours de contrat, les circonstances nouvelles qui ont pour
conséquence soit d'aggraver les risques, soit d'en créer de nouveaux et rendent de ce fait
inexactes ou caduques les réponses faites à l'assureur, notamment dans le formulaire
mentionné au 2° ci-dessus.

L'assuré doit, par lettre recommandée, déclarer ces circonstances à l'assureur dans un délai de
quinze jours à partir du moment où il en a eu connaissance. ».

Cette obligation de déclarer les modifications de risque en cours de contrat (aggravation de


risque et risque nouveau) concerne aussi bien les assurances de personnes que les assurances
de dommages. En revanche, comme nous le rappelions en introduction, elle ne concerne pas
les assurances vie.
Modification ou résiliation du contrat d’assurance
L’article L.113-4 du Code des Assurances précise que, une fois informé de l’aggravation des
risques assurés ou de l’apparition d’un risque nouveau, l’assureur a deux possibilités. Il a en
effet la faculté :

a) « soit de dénoncer le contrat » : dans ce cas la résiliation du contrat ne peut prendre effet
que 10 jours après la notification par l’assureur à l’assuré de son refus de continuer à garantir le
risque qu’il avait initialement accepté de prendre en charge et à condition que l’assureur
rembourse à l’assuré « la portion de prime ou de cotisation afférente à la période pendant
laquelle le risque n'a pas couru ».

b) « soit de proposer un nouveau montant de prime ». Face à cette situation,  l’assuré peut,


dans un délai de 30 jours à compter de la proposition, ou bien accepter la proposition de
l’assureur, ou bien ne pas y donner suite ou bien encore la refuser expressément. Si l’assuré
souhaite mettre un terme à sa relation contractuelle avec l’assureur, suite à cette hausse du
montant de prime induite par l’aggravation du risque, ce dernier a la faculté de résilier le
contrat au terme des 30 jours, à la condition « d'avoir informé l'assuré de cette faculté, en la
faisant figurer en caractères apparents dans la lettre de proposition », stipule la loi.

Toutefois, si l’assureur a continué, après avoir été informé de cette aggravation des risques, à
percevoir les primes de l’assuré, ou bien s’il a payé une indemnité suite à la survenance d’un
sinistre, ces actes sont considérés par la loi comme un « consentement au maintien de
l'assurance ». Dans ce cas, l’assureur ne pourra « plus se prévaloir de l'aggravation des risques
».

La déclaration des sinistres

Obligation de l’assuré de déclarer un sinistre à son assureur


Enfin, l’assuré est tenu d’informer son assureur de la survenance d’un événement
dommageable susceptible de faire jouer l’une des garanties du contrat, dans un délai légal fixé
par la loi (sauf accord contractuel rallongeant les délais de déclaration fixé entre les parties).

La loi stipule en effet que l’assuré est obligé « de donner avis à l'assureur, dès qu'il en a eu
connaissance et au plus tard dans le délai fixé par le contrat, de tout sinistre de nature à
entraîner la garantie de l'assureur. Ce délai ne peut être inférieur à cinq jours ouvrés.

Ce délai minimal est ramené à deux jours ouvrés en cas de vol et à vingt-quatre heures en cas
de mortalité du bétail.

Les délais ci-dessus peuvent être prolongés d'un commun accord entre les parties
contractantes.

Lorsqu'elle est prévue par une clause du contrat, la déchéance pour déclaration tardive au
regard des délais prévus, ne peut être opposée à l'assuré que si l'assureur établit que le retard
dans la déclaration lui a causé un préjudice. Elle ne peut également être opposée dans tous les
cas où le retard est dû « à un cas fortuit ou de force majeure. ».
Date du sinistre
Suite à ce qui a été dit précédemment, on est alors en droit de se poser la question suivante :
Comment fixer la date à laquelle a eu lieu le sinistre ?

Dans les assurances de choses, la date du sinistre correspond à la date de réalisation du fait
dommageable, tandis que dans les assurances de responsabilité, elle correspond soit à la date
du fait générateur, soit à la date à laquelle le responsable a fait l’objet d’une réclamation ou
d’une action en justice par la victime.
Sanction en cas de déclaration tardive de sinistre
Quelle sanction la loi prévoit-elle contre l’assuré lorsqu’il manque à l’obligation légale qui lui est
faite de déclarer dans un délai maximal (en général de 5 jours ouvrés, sauf cas particuliers) la
survenance d’un sinistre à son assureur ?

Dans cette situation, la loi prévoit une déchéance de garantie, à condition que l’assureur
apporte la preuve du préjudice que lui a causé l’assuré en ne respectant pas le délai maximum
légal qui lui était accordé pour déclarer son sinistre à partir du moment où il en a eu
connaissance.

La déchéance est, juridiquement, la perte d’un droit destinée à sanctionner le comportement


de son titulaire. En assurance, il s’agit de la perte du droit de l’assuré à bénéficier de la garantie
en raison d’irrégularités commises par lui.

En outre, ce terme peut être employé dans deux grands cas de figure :
1) au sens strict, la déchéance suppose que le droit qu’elle frappe soit effectivement nié ;
2) au sens large, elle vise tout manquement de l’assuré, y compris pendant et avant le sinistre.

Pour pouvoir être appliquée, la déchéance doit figurer en caractères très apparents dans le
contrat remis à l’assuré. En outre, elle ne peut être opposée à ce dernier s’il n’est couvert que
par une note de couverture et/ou si son retard dans la déclaration est dû à un cas fortuit ou de
force majeure.

Enfin, comme le stipule le texte de loi, la preuve est à la charge de l’assureur qui l’invoque («
Lorsqu'elle est prévue par une clause du contrat, la déchéance pour déclaration tardive au
regard des délais prévus ne peut être opposée à l'assuré que si l'assureur établit que le retard
dans la déclaration lui a causé un préjudice » - 4° de l’article L.113-2 du Code des Assurances).

Au cas où les circonstances se trouvent réunies pour pouvoir l’invoquer, la déchéance est
opposable :
- à l’assuré souscripteur lui-même,
- aux bénéficiaires en faveur desquels existe une stipulation pour autrui,
- aux bénéficiaires de l’indemnité en cas de décès.

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