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FACULTAD DE IDIOMAS
Volume I
Trabajo Práctico-Educativo
PRESENTA
Ximena Ixchel Valverde Manzanares
Je veux exprimer mes remerciements à toutes les personnes qui m’ont aidée à réaliser ce
travail de recherche. Je remercie tout d’abord énormément mon directeur de mémoire, M.
Erwan Morel Langlais, pour sa patience et son grand engagement dans ce projet ; M.
Raymundo Arcos Hernández pour m’encourager à mener ce travail à son terme. Aux
enseignantes qui m’ont permis de mener ma proposition à la pratique. Aux étudiants qui
ont collaboré dans l’observation des cours concernés, de façon bienveillante et
participative.
Ma gratitude à tout moment envers mon fils et ma famille pour croire en moi et leur
soutien de toujours. Je dédie ce travail à mes parents où qu’ils soient. Je remercie aussi
mes amis pour m’accompagner et surmonter à mes côtés les difficultés liées à la mise en
œuvre de cette recherche.
2
La lecture est une porte ouverte sur un monde enchanté.
François Mauriac
3
SOMMAIRE
CHAPITRE I : PROBLÉMATISATION
1.1 Problématique ……………………………………………………………………………………..…………………....….. 5
1.2 Justification ………………………………………………………………...……………………………….…….…………. 6
1.3 Questions de recherche ……………………………………………………………………………..……….……….. 7
1.4 Objectifs …………………………………………………………………………………………………….….……….……... 8
1.5 Antécédents …………………………………………………………………………...…………………..………………... 9
1.6 Survol …………………………………………………………………………………………………….……..………….…. 12
CONCLUSION …………………..…………………………………………………..……………………….…...……........ 60
BIBLIOGRAPHIE, SITOGRAPHIE ………..…………..………………………………..……….…………..… 61
ANNEXES ………………..…………………………………………………………...……………………….……………….. 64
Recueil des questionnaires et des enquêtes ………….………………………………………. Volume II
4
CHAPITRE I
PROBLÉMATISATION
1.1 Problématique
5
théoriquement « prêts » à conclure la Licence. Or l’usage des textes littéraires peut tout
aussi bien favoriser la consolidation de notre bagage culturel depuis le début de nos
études, contribuant ainsi à développer l’activité langagière de compréhension écrite.
1.2 Justification
1
SAUSSURE F., Cours de linguistique générale, Paris, Payot, 1916 p. 25
6
Notre postulat consiste à poser que les fables de La Fontaine constituent à première vue
une entrée accessible en littérature car elles sont relativement connues des étudiants
mexicains en général. D’autre part, elles expriment encore avec force l’image de l’être
humain et son comportement dans la vie quotidienne, en mettant en lumière des
caractéristiques particulières pour dépeindre l’homme et la société de son temps (le XVII e
siècle) de manière ingénieuse.
Questions générales
Comment envisager la compétence de lecture et la compréhension écrite en
langues ?
Quel est le potentiel du texte littéraire pour l’enseignement-apprentissage des
langues, en l’occurrence du français ?
Question spécifiques
Le texte littéraire, abordé dès le premier semestre en français, permet-il de
familiariser les apprenants à ce type de support authentique et contribue-t-il à
construire leurs compétences culturelles simultanément à l’apprentissage de la
langue ?
Les supports littéraires peuvent-il contribuer à consolider l’enseignement-
apprentissage du français selon la perspective actionnelle (préconisée par
l’adoption de la collection Echo2 en la Licence en Langue Française) et à enrichir
par là même des compétences inter-trans-co-culturelles ?
Les fables de La Fontaine peuvent-elles constituer une première entrée en
littérature française, en partant du postulat qu’elles sont relativement connues des
étudiants et qu’elles représentent à première vue un genre pertinent pour travailler
certains objectifs pragmatiques et sociolinguistiques?
2
GIRARDET J. PÉCHEUR J. Collection de l’ensemble pédagogique Echo, Paris, CLÉ International, 2012.
7
1.4 Objectifs
Généraux
Proposer le texte littéraire comme support didactique pour développer la
compétence de lecture chez les apprenants de niveau élémentaire.
Introduire des thèmes littéraires pour commencer à constituer un bagage culturel
chez les étudiants de Langue Française et ce, dès le début de la Licence.
Spécifiques
Familiariser les étudiants de premier semestre au texte littéraire en français, ce qui
leur permettra de comprendre le contexte historique et social dans lequel la langue
cible a été utilisée à une époque donnée.
Proposer une réflexion sur l’adéquation du genre littéraire des fables (en
l’occurrence celles de La Fontaine) pour corroborer les possibilités de travail en
cours de français sur des objectifs pragmatiques, sociolinguistiques et actionnels.
8
1.5 Antécédents
3
MOIRAND, S., Situations d’écrits, Paris, Hachette, 1982.
4
MOIRAND, S., Enseigner à communiquer en langue étrangère, Paris, CLÉ International, 1979.
5
COSTE, D., Apprendre la langue par la littérature? Littérature et classe de langue, Paris : Hatier,
coll. « LAL», 1982.
6
PEYTARD, J., Littérature et classe de langue, Paris, éditions Hatier / Didier, 1982.
7
CICUREL, F., Lectures interactives en langue étrangère, Paris, Hachette, 1991.
9
Marie-Claude Albert et Marc Souchon se sont également penchés sur la
thématique qui nous intéresse dans un ouvrage intitulé Didactique du texte littéraire : Les
textes littéraires en classe de langue, publié en 20008, qui constitue en quelque sorte une
synthèse pour illustrer les progrès dans l’enseignement des langues étrangères en
mettant l’accent sur la littérature en classe de langue.
Le point sur la lecture de Claudette Cornaire, publié en 19999 traite des différentes
théories et recherche textuelle avant de proposer des approches du texte écrit. Les
références théoriques et méthodologiques que nous pouvons trouver dans cet ouvrage
sont majoritairement anglo-saxonnes, et les analyses sont attachées plutôt aux aspects
cognitifs et psychologiques du rapport au texte.
8
ALBERT, M.-C. et SOUCHON, M., Didactique du texte littéraire : Les textes littéraires en classe de langue,
Paris, Hachette, 1995.
9
CORNAIRE, C., Le point sur la lecture, Paris, CLÉ International, 1999.
10
SHRIVASTAVA, Geetanjali, « La Littérature en Didactique du Français Langue Étrangère », mémoire de
Master 1 FLE, Université Stendhal Grenoble, 2010.
11
FIGUEROA CORTÉS, Cecilia G., « Fiches pédagogiques pour améliorer l’écriture du français en utilisant le
conte Le Horla de Guy de Maupassant », mémoire de Licence de Langue Française dirigé par Magdalena
Hernández Alarcón, Université Veracruzana, 2012.
10
Nous trouvons dans le mémoire : « Élaboration des fiches pédagogiques pour la
compréhension de textes littéraires »12 une posture favorable liée au texte littéraire en
classe. Cette recherche illustre le fait que la curiosité des apprenants de français est
éveillée par rapport à la lecture de la littérature et la connaissance de la langue étrangère
à travers laquelle les apprenants parviennent à se perfectionner aux niveaux linguistique
et culturel.
Les réflexions visant à valoriser le texte littéraire en classe de langues ne sont pas
nouvelles mais nous nous attacherons à proposer une recherche originale dans le sens
où l’objectif de ce travail est celui de mettre à l’épreuve la didactisation d’un texte littéraire
dès le niveau élémentaire de la Licence de Langue Française.
12
GRAJALES HERNÁNDEZ, Indira B., « Élaboration des Fiches pédagogiques pour la
compréhension de texte littéraire », mémoire de Licence de Langue Française dirigé par Arturo
Kavanagh Suárez, Université Veracruzana, 2011.
11
1.6 Survol
12
CHAPITRE II
CADRE THÉORIQUE
13
Cité dans TIFOUR, T., Le texte littéraire: un médium culturel, 2013 p. 15
Consulté sur : http://www.ensani.ir/storage/Files/20140209091349-9577-29.pdf le 22/05/2014.
13
Connaître l’autre culture est un point de départ pour maîtriser sa langue, ce n’est
pas tout de dire que le texte littéraire en lui-même permettra d’avoir plus de vocabulaire
ou des structures grammaticales (bien qu’il fonctionne aussi pour acquérir ces savoirs)
nous souhaitons surtout mener les apprenants vers la découverte d’un contexte, d’un
auteur, d’un genre, d’une représentation d’un lieu, d’un temps, ou d’une communauté
déterminés, en utilisant des textes littéraires représentatifs. C’est faire un premier pas
pour déchiffrer l’au-delà de la langue, c’est découvrir un nouvel élément culturel, pour se
(re)penser depuis une autre perspective.
Pour J.-P. Sartre, les textes littéraires sont à la fois « en situation », selon sa
conception philosophique, et « hors situation », c’est-à-dire en décalage (même léger)
avec le contexte au sens social du terme ; et cela les rend ouverts à des lectures
diverses, notamment transculturelles 14. Cette perspective semble particulièrement
enrichissante pour nos recherches, dans le sens où la lecture peut être abordée sous
différents angles d’analyse culturelle avec les étudiants.
Les manuels de français langue étrangère sont souvent « aseptisés », c’est-à-dire
artificiels (car ils comportent encore parfois des textes fabriqués : ils ne montrent pas les
situations de communication comme elles sont dans la réalité. Les textes tirés de la
presse ou autres recettes de cuisine en guise de documents authentiques sont souvent
utilisés au début de la Licence mais que se passe-t-il quand les apprenants se côtoient à
d’autres types de documents plus culturels comme les productions artistiques, pour
lesquelles la tâche peut être d’identifier certains auteurs ou certains courants littéraires ?
La plupart des étudiants ne possèdent pas les informations les plus essentielles
parce que dès le début de la Licence, la préoccupation majeure est celle de parler
français, maîtriser le code linguistique. Nous pouvons penser que les textes littéraires
sont parfois délaissés en cours langue dans les premiers niveaux parce que la littérature
est considérée comme « un plus » et non comme un moyen de comprendre l’autre
culture, par le biais de la comparaison et de l’empathie vers autrui (c’est du moins
l’expérience que nous avons vécue en tant qu’étudiante dans ce cursus, notamment au
niveau élémentaire).
14
SARTRE, J.-P., Qu’est-ce que la littérature ? Paris, Flammarion, 1948.
Cité par BERCHOUD, M., « Textes littéraires et enseignement du français FLE-S-M », cours de Master, p. 7
consulté sur www.marieberchoud.com/ le 24/10/2014.
14
Umberto Eco dans Lector in fabula parle de « l'encyclopédie » du lecteur. Les
didacticiens de français langue étrangère parlent quant à eux de « compétence culturelle»
comme composante complémentaire à la compétence linguistique et donc indispensable
pour la compréhension d'un écrit.
Sophie Moirand propose ainsi quatre composantes à la compétence de communication 15,
permettant d’apprécier l’importance de la culture dans la communication, et, plus
largement, dans la compréhension de textes en langues étrangères :
15
MOIRAND, S., Enseigner à communiquer en langue étrangère, Paris, Hachette, 1982 p. 20
16
ECO, U., Lector in fabula, le rôle du lecteur, Paris, Grasset, 1985 pp. 8-9.
17
Cité dans LINDENMEYER KUNZE, D., « La Lecture Interactive et la compréhension de textes en classe de
français langue étrangère », 2012 p.9. Article en ligne, consulté sur :
http://www.ucs.br/etc/revistas/index.php/ple/article/viewFile/1431/1086 le 22/06/2014.
18
ECO, U., Op. cit. p. 65
15
Cet ensemble de connaissances intérieures du lecteur, Umberto Eco le défini
comme « encyclopédie » que possède de façon interne chaque lecteur, construite par son
vécu et par ses lectures précédentes. La compréhension de lecture selon Umberto Eco
est alors le résultat de la coopération de cette encyclopédie du lecteur avec le texte.
Dans le cadre de nos recherches, nous proposons de contribuer à la formation de
cette « encyclopédie » dès le début du cursus, en faisant en sorte que l’apprenant se
situe dans un contexte historique, culturel, et qu’il essaye de comprendre le texte ; même
s’il ne dispose pas de tout le vocabulaire nécessaire, ou la maîtrise de toutes les
structures morphosyntaxiques, c’est une première rencontre avec le monde des auteurs,
des genres littéraires, des histoires qui pourront former, avec le temps, une compétence
culturelle dans le cadre de leur professionnalisation en langue française :
Si on arrive à ce que les élèves n’aient pas peur dès le début de l’apprentissage à
faire face à des textes authentiques lorsqu’ils auront un niveau de langue moyen ils
seront capables de lire et comprendre des textes authentiques tels que des extraits
littéraires ou des articles des journaux19.
19
ARÉVALO BENITO, Ma. J., « La lecture et le document authentique en classe de FLE » in El texto como
encrucijada: estudios franceses y francófonos / coord. por Ignacio Iñarrea Las Heras, María Jesús Salinero
Cascante, Vol. 2, 2003, pp. 607-616, article en ligne consulté sur:
www.dialnet.unirioja.es/descarga/articulo/1011623.pdf le 13/07/2014.
16
2.2 La compétence de lecture et la compréhension écrite
20
CICUREL, F., Lectures interactives en langue étrangère, Paris, Hachette, 1991.
21
Selon Gérard Genette, le paratexte est « un appareil textuel […] qui participe e à l'édification d'un lieu
d'échange entre l'auteur et le lecteur en établissant “un pacte de lecture” […] ces lieux textuels qui
accompagnent l'œuvre littéraire désignent l'ensemble des dispositifs qui entourent un texte publié, en ce
compris les signes typographiques et iconographiques qui le constituent. Cette catégorie comprend donc les
titres, sous-titres, préfaces, dédicaces, exergues, postfaces, notes infrapaginales, commentaires de tous
ordres mais aussi illustrations et choix typographiques ». ARON P., SAINT-JACQUES, D., Le dictionnaire du
littéraire, Paris, PUF, 2002, article « Paratexte ».
17
en langue étrangère entretiennent une relation étroite avec celles de la langue première.
C’est du moins la réflexion que propose Sophie Moirand avec le concept de lecture
globale des textes qui consiste à :
22
MOIRAND, S., Situations d'écrit, Paris, CLÉ International, 1979, cité dans LINDENMEYER KUNZE, D.
(2012), Op. cit. p. 11
23
JOULIA, D., La lecture en langue étrangère: approche cognitive et logiciels hypermédias, consulté sur :
http://bibliotecadigital.univalle.edu.co/bitstream/10893/2770/1/Rev.%20Lenguaje34,pp.153-178.pdf
le 26/10/2014.
18
sens global du texte par des opérations de prévision et d’anticipation sur les formes
linguistiques et le contenu, à partir d’un simple balayage de page, précédant ainsi la
reconnaissance des mots dans le texte. Il va ensuite vérifier les hypothèses qu’il a
élaborées par la sélection d’indices graphiques pertinents.
Ces deux perspectives sont opposées, la première accordant plus d’importance
aux éléments linguistiques de surface du texte et la deuxième accordant plus
d’importance au lecteur avec la construction de ses hypothèses. En langue étrangère, il
nous semble que la deuxième approche peut donner des résultats intéressants, en nous
appuyant sur les étapes du modèle de K. Goodman24, qui sont résumées dans les cinq
points suivants:
19
sens : la construction d’hypothèses semble productive dans le processus de
compréhension de ce que nous lisons. Il s'agit ici d’une étape d’anticipation du sens du
texte écrit, ce qui nous permet de faire des hypothèses pour arriver à la compréhension
fine, c’est-à-dire percevoir les nuances qui rendent un texte riche en significations
linguistiques et culturelles.
Revenons à Francine Cicurel pour qui la lecture est véritablement un processus actif :
Le lecteur doit donc s’interroger sur le sens pour déduire certaines significations à
partir des représentations du texte en créant un réseau de significations caractérisé par
les personnages, le lieu, le temps et l’action, mis en perspective avec ses connaissances
antérieures (ses lectures préalables, les histoires qu’il connaît, sa culture générale, etc.).
Pour le lecteur, la première lecture d’un texte représente le repérage des informations
importantes qui permet d’établir la situation d’énonciation structurée autour des questions
suivantes: qui ? À qui ? Quoi ? Quand ? Où ? Comment ?
Pour synthétiser l’approche globale de Sophie Moirand que nous avons citée plus
haut, Francine Cicurel propose le principe de base, qui consiste en un repérage
d’informations essentielles, et qui se structure selon les paramètres suivants :
26
CICUREL F., Lectures interactives en langue étrangère, Paris, Hachette, 1991, p. 9
27
Idem.
20
Dans le cadre de notre réflexion, nous retenons la suggestion de l’écrit de F.
Cicurel, dans laquelle elle propose de réaliser une lecture sélective, en essayant de
choisir toutes les informations précises, à travers des étapes d’anticipation, de formulation
des hypothèses, et de réactivation des acquis. Nous considérons que la progression
proposée par Francine Cicurel nous permet d’établir une progression logique (du moins
dans la théorie) pour favoriser le développement de la compréhension du texte littéraire,
qui n’est pas toujours familier des étudiants, et qui peut représenter a priori une tâche
avec un haut degré de difficulté. Or si cette tâche est correctement guidée par
l’intermédiaire d’étapes construites et structurées (c’est-à-dire un étayage précis), nous
postulons que la compréhension écrite d’un texte littéraire peut être rendue possible dès
le premier semestre de Licence de Langue Française. Il faudra encore s’assurer que ces
étapes sont correctement proposées aux étudiants, non seulement au niveau linguistique
mais aussi (et surtout) sémantique et contextuel, en travaillant sur les compétences (selon
S. Moirand28) :
28
MOIRAND, S., 1982, Op. cit. p. 20
21
d’espérance, l’obscurité symbole de pessimiste, de difficultés et de tragédie ; le voyage
qui est symbolique de l’apprentissage (on parle de voyage initiatique), la colombe
symbole judéo-chrétien de la paix, etc. On peut aussi identifier des personnages-types
dans des genres littéraires de différentes langues et cultures, par exemple le héros
romantique, l’antihéros, la femme amoureuse, l’avare, le roi tyrannique, etc.
29
MOIRAND, S., Situations d’écrit. Paris, CLÉ International, 1979.
22
2.3 Le texte littéraire et son traitement en didactique de langues
Nous décrirons dans les lignes qui suivent comment les concepts antérieurs sont
liés entre eux, afin d’analyser le traitement didactique du texte littéraire dans l’histoire de
l’enseignement des langues étrangères.
La littérature, c’est d’abord un patrimoine culturel et selon Jean Peytard, c’est
même un « laboratoire de langue »30, c’est-à-dire un témoignage linguistique à travers le
temps et qui mérite d’être étudié. Le texte littéraire en tant que patrimoine culturel,
véhicule d’une culture, est donc à la fois un objet d’étude (la langue) et un moyen (la
culture). Le texte littéraire permet donc d’aborder ces aspects « dont on ne saurait faire
l’économie pour s’approprier la langue et la culture étrangères » selon Albert et
Souchon31.
La littérature a d’abord été considérée, comme nous l’avons évoqué plus haut,
comme « un plus », c’est-à-dire un aspect qui n’est pas forcément indispensable en
didactique des langues, notamment dès les premiers niveaux. Ce phénomène vient peut-
être du fait que la littérature est initialement vue comme un patrimoine culturel « élevé »
(la « culture cultivée » dont parlait Louis Porcher) dans nos langues et cultures d’origine,
comme les grandes productions culturelles d’un pays. Les grands écrivains et les grandes
œuvres littéraires (Victor Hugo, Honoré de Balzac, Guy de Maupassant, etc.) font alors
partie des « lieux de mémoire » chers à Pierre Nora 32.
30
PEYTARD, J. et alii, Littérature et classe de langue, Paris, Hatier/Didier, 1982.
31
ALBERT, M.-Cl., SOUCHON, M., Les textes littéraires en classe de langue, Paris, Hachette coll. « F »,
2000 p. 30
32
NORA, P. (dir.), Les lieux de mémoire, trois tomes, Paris, Gallimard, 2001.
33
GERMAIN, C., Evolution de l'enseignement des langues : 5000 ans d'histoire, Paris, CLÉ International,
1993.
34
PUREN, Ch., Histoire des méthodologies de l’enseignement des langues, Paris, CLÉ international, 1988.
23
également fondé notre analyse chronologique du texte littéraire en classe de langues sur
l’ouvrage Le point sur la lecture, de Claudette Cornaire35.
Au XVIe siècle, une réflexion théorique sur l’enseignement du latin appelée The
Schoolmaster a émergé, à l’initiative de Roger Ascham, où le texte était un outil
indispensable pour développer la compréhension écrite, à travers la traduction orale par
le maître jusqu’à ce que l’apprenant ait compris chaque mot. Ce dernier devait faire dans
un second temps une traduction par écrit et une retraduction en latin pour la comparer
avec la version originale. Pour Ascham, l’acquisition des connaissances par induction
était réussie grâce à l’étude des textes authentiques. C’est une imitation sur le modèle
des grands auteurs de l’Antiquité, en utilisant le même style et la rhétorique. Cette
méthode a inspiré d’autres manuels comme The French Scoolmaster, ou The English
Schoolmaster pour l’enseignement de français et d’anglais.
John Locke a proposé ensuite au XVII e siècle « l’apprentissage comme usage »,
c´est-à-dire, la routine comme moyen pour développer la mémoire et l’imitation. Pour cet
auteur, les langues étaient acquises par l’usage plutôt que par les règles ou l’art ; il a ainsi
recommandé la « traduction interlinéaire mot à mot », où la lecture des textes
authentiques était fondamentale pour apprendre une langue étrangère.
La méthode « lecture-traduction » s’inscrit dans ce continuum, inspirée des
principes de Locke, elle consistait à familiariser les élèves avec la lecture des textes en
langue cible (désormais L2), ces derniers étaient traduits en langue source (désormais
L1), et une fois que les apprenants étaient suffisamment familiarisés à la L2, on
commençait avec les explications grammaticales, pour les aider à écrire et parler en L2.
Cette méthode mettait l’accent sur les textes authentiques (très souvent littéraires) pour
faire les traductions au lieu des phrases isolées et/ou sélectionnées par le maître.
Aux XVIIIe et XIXe siècles, la Méthodologie Traditionnelle était largement utilisée
comme méthodologie didactique pour apprendre les langues modernes, avec des
variations importantes mais elle a perduré pendant plusieurs siècles pour la formation des
premiers vrais professionnels de l’enseignement des langues. Le but principal de cette
méthode était de former de bons traducteurs dans la langue littéraire, en utilisant la
grammaire comme soutien fondamental. Le texte littéraire était alors très lié à l’importance
accordée aux difficultés grammaticales et lexicales. Les grands auteurs constituaient ainsi
35
CORNAIRE C., Le point sur la lecture, Paris, CLÉ International, 1999.
24
des exemples prestigieux de formes linguistiques à imiter pour l’apprentissage de la
langue étrangère.
Au début du XXe siècle, la Méthodologie Directe a poursuivi la haute considération
accordée au texte littéraire depuis la Méthodologie Traditionnelle, les grands auteurs étant
abordés depuis une idée de prestige, même si cette fois la traduction était mise de côté
sans utiliser la langue première des apprenants (selon le principe de la méthode directe).
Le support littéraire était donc relégué aux derniers niveaux d’apprentissage, comme
c’était le cas avec le cours de Gaston Mauger qui ne donnait de légitimité aux textes
littéraires que pour les niveaux avancés36.
Le texte littéraire a ensuite pratiquement perdu tout son attrait didactique avec les
méthodologies audio-orales et SGAV, au profit de la structure de la langue et de la
fonctionnalité (l’aspect quotidien) du texte qui en est devenait presque artificiel, comme on
peut le voir avec les dialogues qui étaient proposés dans les manuels comme Voix et
images de France37.
Suite aux méthodes qui ont eu comme objectif principal de développer les
compétences orales, quelques courants non conventionnels comme « l’Approche
intégrative » proposaient une véritable compréhension de la lecture, en identifiant des
points de vue subjectifs, jugements de valeur dans les textes « objectifs », et
l’identification de l’ironie. Créée au début des années 1970, par Monique Nemmi au
Canada, cette approche proposait d’intégrer la dimension communicative du langage
avec l’apprentissage systématique du code linguistique. On utilisait alors la lecture et
l’écriture comme supports de l’oral.
Dans les années 1970, en France, l’approche communicative se posait comme
objectif principal la communication, pour cette approche. Il s’agissait de déterminer « (…)
les besoins langagiers des apprenants en fonction des actes de parole qu’ils auront à
accomplir dans certaines situations »38. La littérature a peu à peu repris sa légitimité en
didactique des langues à cette époque, bénéficiant de l’essor des sciences du langage
comme la linguistique textuelle, la psycholinguistique ou encore les recherches sur
l’interculturel, avec une valorisation du document authentique dont le texte littéraire.
36
MAUGER G., Cours de langue et de civilisation française, Paris, Hachette, 1953.
37
RIVENC P., et alii, Voix et images de France, Paris, Didier/CREDIF, 1966.
38
GERMAIN, C., Evolution de l'enseignement des langues : 5000 ans d'histoire, Paris, CLÉ International,
1993.
25
Vers une didactique actionnelle du texte littéraire
Pour le Cadre Européen Commun de Références pour les Langues (désormais
CECRL), le texte est d’abord considéré comme « toute séquence discursive orale ou
écrite » et ses fonctions sont nombreuses, en considérant les objectifs des
utilisateurs/apprenants. Pour les textes écrits, le Cadre prend en considération les livres,
les romans et d’autres supports écrits comme les revues littéraires, les magazines, les
journaux, les manuels scolaires, les bandes dessinées, entre autres. Le texte écrit qui est
déjà fixé dans l’espace et le temps peut être modifié ou changé, et certains éléments
peuvent ne pas être travaillés en compréhension de lecture.
Le texte littéraire selon le Cadre peut faire l’objet d’un entraînement sur l’ensemble
des activités langagières, par le biais du chant, du théâtre, de la lecture de romans,
contes ou encore bandes dessinées. C’est ce que précise le CECRL dans le Chapitre 4 :
« L’utilisation de la langue et l’apprenant utilisateur » dans la partie « Utilisation esthétique
ou poétique de la langue » :
39
CONSEIL DE L’EUROPE, Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues, apprendre,
enseigner, évaluer, Strasbourg, Didier, 2001 p. 47
26
distance » 40. Notre objectif est de faire interagir le texte littéraire (vu comme « un canal »)
et l’apprenant, pour créer une relation plus profonde qui contribue au développement du
savoir (référentiel, littéraire, culturel) vers le « savoir-faire » et le « savoir-agir » dans une
perspective sociale.
Le texte littéraire peut donc lui-même faire l’objet d’un enseignement-
apprentissage actionnel, qui consiste à prendre en considération :
[…] l’usager et l’apprenant d’une langue comme des acteurs sociaux ayant à
accomplir des tâches (qui ne sont pas seulement langagières) dans des
circonstances et un environnement donnés, à l’intérieur d’un domaine d’action
particulier. Si les actes de parole se réalisent dans des activités langagières, celles-
ci s’inscrivent elles-mêmes à l’intérieur d’actions en contexte social qui seules leur
donnent leur pleine signification. Il y a « tâche » dans la mesure où l’action est le fait
d’un (ou de plusieurs) sujet(s) qui y mobilise(nt) stratégiquement les compétences
dont il(s) dispose(nt) en vue de parvenir à un résultat déterminé. La perspective
actionnelle prend donc aussi en compte les ressources cognitives, affectives,
volitives et l’ensemble des capacités que possède et met en œuvre l’acteur social 41.
La littérature devient alors un support qui peut susciter une réflexion qui va au-delà
de la simple analyse de la langue, du contexte ou de l’auteur. C’est aussi le point de
départ vers une démarche actionnelle se traduisant par des micro-tâches et macro-
tâches, une démarche pédagogique motivante pour l’apprenant débutant en français.
Nous postulons ainsi d’ores et déjà la pertinence de la perspective actionnelle pour
travailler le support littéraire en cours de français élémentaire.
De cette façon, nous comprenons que le texte littéraire a été un outil important
pour développer la compréhension écrite pendant longtemps bien qu’il existe des
méthodes qui négligent en quelque sorte l’utilisation de la littérature pour développer cette
compétence en tant que telle. Nous pouvons en déduire que la lecture a fait l’objet d’une
réflexion particulière dans l’apprentissage d’une langue étrangère. Au-delà du plan
linguistique, le texte littéraire peut également motiver sur le plan culturel une réflexion
cultivée (au sens du patrimoine culturel) mais aussi anthropologique (les manières de
vivre à une époque dans un contexte donné) et une réflexion inter-trans-co-culturelle : la
comparaison entre culture source et culture cible (inter-), la comparaison entre diverses
cultures mondiales (trans-) et la construction d’une culture commune (co-) entre les
apprenants.
40
Ibid. p. 78
41
CONSEIL DE L’EUROPE, Op. cit. p. 15
27
Cette dernière perspective a été proposée par Christian Puren 42 et nous semble
également intéressante dans le cadre de notre proposition didactique. Travailler la
littérature de manière actionnelle, c’est aussi une manière de transposer le support
littéraire par rapport aux méthodologies actuelles pour répondre aux besoins
d’aujourd’hui, comme le proposent M. Abdallah-Pretceille et L. Porcher :
La littérature c’est l’humanité de l’homme, son espace personnel. Elle rend compte à
la fois de la réalité, du rêve, du passé et du présent, du matériel et du vécu. Il
faudrait probablement qu’elle s’enseigne sous des formes neuves, inédites,
correspondant aux besoins des hommes aujourd’hui 43.
Nous constatons avec ces dimensions que le texte littéraire nous conduit de nous-
même vers autrui : c’est une interaction qui permet de créer des liens avec la culture cible
en nous situant dans son contexte, dans sa perspective de vie.
Le « Grand Siècle » est une époque riche aux niveaux historique et culturel 44.
Deux dates constituent les événements marquants comme les limites du XVIIe siècle :
d’une part l’assassinat d’Henri IV en 1610, quand le royaume connaît la paix, et d’autre
part 1715 qui correspond à la mort de Louis XIV le Roi Soleil, quand la France est
devenue un état unifié sous la monarchie absolue.
Au début de cette époque, la situation à l’extérieur de la France était marquée par
la Guerre de Trente ans (1616-1648), et La Fronde (1648-1652) à l’intérieur du royaume,
une révolte des nobles contre le début de leur perte d’influence, ainsi que les épidémies
42
PUREN, Ch., Perspectives actionnelles et perspectives culturelles en didactique des langues-cultures : vers
une perspective co-actionnelle co-culturelle, 2007.
Consulté sur http://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article844 le 26/10/2014.
43
ABDALLAH-PRETCEILLE M. et PORCHER L., Education et communication interculturelle, Paris, PUF,
1996, p.138 cité dans TIFOUR, T. Op.cit. p. 2
44
Nous prenons comme référence l’ouvrage de Georges Duby : Histoire de la France des origines à nos jours
/ collection In Extenso, Paris, Larousse, 2001. Chapitres 16 et 17, « la France baroque » et « l’âge classique »
pp. 407-474
28
et les famines. Dans « Le Grand Siècle », la grandeur obtenue est une victoire sur les
conditions des conflits, désunion et d’appauvrissement du peuple. La littérature témoigne
de ce phénomène. Des événements plus significatifs sont la création de L’Hôpital général
en 1656 destiné à assurer une certaine protection (mais aussi une certaine captivité) aux
marginaux : les sans-logis, les fous, les vagabonds, les prostituées). La police est ensuite
créée pour faire régner l’ordre et la sécurité dans les villes qui sont dotées à cette époque
de lanternes, et est fondé aussi un corps de pompiers (1699).
Le peuple reste misérable, il sera marqué par la peste (1 ère moitié du siècle), les
famines et les guerres de religion. Les révoltes sont nombreuses : celle des paysans
« jacqueries », des nobles « la Fronde ». Les causes de ces révoltes sont les famines, les
impôts trop élevés, des réactions par rapport à l’absolutisme royal et à la centralisation du
pouvoir. Le peuple représentait 96% de la population, le reste était divisé entre la
noblesse et le clergé.
Ce siècle est marqué par La Contre-Réforme, une réaction catholique contre les
idées réformistes protestantes de Luther et Calvin. L’Edit de Nantes avait assuré une
certaine accalmie dans le contexte des guerres de religion en 1598, mais après la mort
d’Henri IV, sa révocation par Louis XIV (1685) est défavorable aux protestants. En 1635,
Richelieu créée l’Académie Française, car le fait que la langue française représentait le
lien entre la vie politique, intellectuelle et artistique. C’est dans ce siècle que nous voyons
« (…) une société agitée de forces contradictoires, et l’équilibre d’un classicisme y est une
conquête, davantage qu’une donnée».45
45
BERCHOUD, M., « Textes littéraires et enseignement du français FLE-S-M », pp. 30-33
Consulté sur www.marieberchoud.com/ le 24/10/2014.
29
pastoral), Molière (Les Précieuses Ridicules) ou Mme de Lafayette (La Princesse de
Clèves).
Ce siècle est riche en création de courants littéraires, comme la préciosité
exprimée de façon satirique dans l’œuvre de Molière, où les femmes prennent la parole
pour réclamer leur droit au savoir et à l’instruction, comme les hommes.
Un autre courant se développe, le libertin, qui prône le libre examen, et de la
pensée détachée des limites et des dogmatismes de la religion, et qui donne lieu aux
Lumières du XVIIIe siècle. Ce courant permet de critiquer les pouvoirs et l’organisation de
la société de façon indirecte, autour de la recherche d’une société meilleure, une
contribution que nous trouvons aussi dans les Fables de La Fontaine. Quelques auteurs
renommés qui ont réalisé leurs œuvres à propos de ce courant sont : Théophile de Viau,
Saint-Amant (également poètes), Cyrano de Bergerac, qui s’intègre aussi au courant de
l’Utopie (l’Autre Monde), Fénelon (Les Aventures de Télémaque), La Bruyère avec ses
Caractères, qui sont des portraits encore valables aujourd´hui.
Nous trouvons aussi de grandes figures philosophiques comme le philosophe
René Descartes, qui propose la pensée fondée sur la raison (qui permettra des progrès
scientifiques et techniques fondamentaux), Blaise Pascal, un mathématicien de génie
(Les Pensées, Les Provinciales), sans oublier le genre épistolaire avec Mme de Sévigné
qui inspirera d’autres auteurs des siècles suivants.
Le classicisme naît comme une réaction à l’excès du baroque, le théâtre triomphe
en tant que pratique littéraire collective. Ainsi naît la figure de « l’honnête homme »,
curieux de tout, qui désire se distinguer, savoir et comprendre mais désire surtout
s’intégrer à la société. Le XVIIe siècle est une époque de transformations sociales et
culturelles : la morale prend le pas sur les excès baroques et se retrouve dans la tragédie
classique (Racine, Corneille) mais aussi dans la comédie chez Molière dont l’objectif est
de mettre en évidence les excès de son temps, par le biais du procédé castigat ridendo
mores, c’est-à-dire qu’il s’agissait de corriger les mœurs par le rire, principe hérité
d’Horace dans l’antiquité romaine. Cet intérêt pour dénoncer les mœurs déviantes au
XVIIe siècle se retrouve au théâtre, dans le roman, certaines pensées (comme les
Maximes de La Rochefoucauld) ou encore dans la poésie et la fable.
30
Les caractéristiques biographiques et littéraires de Jean de la Fontaine
46
Nous utilisons comme références historiques les données actualisées proposées sur les sites officiels
dédiés à la vie et l’œuvre de Jean de la Fontaine :
www.la-fontaine-ch-thierry.fr et www.musee-jean-de-la-fontaine-.fr consultés le 25/10/2014.
31
l’Académie Française. En 1692, la vieillesse et la maladie ont favorisé sa conversion à un
catholicisme plus fervent. Il meurt en 1695.
La Fontaine a écrit dans tous les genres, contes (divisés en cinq livres publiés
entre 1664 et 1674), discours (Discours à Madame de la Sablière), lettres (à son oncle
Jannard et à son ami Maucroix), mais ses Fables restent encore son chef d’œuvre. Il s’est
inspiré de fables anciennes (Esope et Phèdre), mais il a essayé de les améliorer en
écrivant en une langue belle et simple. La fable est une démonstration de la morale, qui à
cette époque s’avérait pertinente pour donner à la société un sens au « bien vivre », à la
décence et aux bonnes habitudes. Les fables de La Fontaine ont traversé les siècles et
sont encore souvent apprises dès l’école primaire, dans de nombreux pays et cultures
différentes.
Notre proposition de « didactisation » des fables de Jean de La Fontaine est elle-
même une mise en abîme en quelque sorte car les fables sont dès leur origine
« didactisées » pour les enfants, volonté assumée par Jean de la Fontaine pour inspirer
les bonnes mœurs et bonnes pratiques sociales de l’époque.
Il nous revient bien sûr d’éprouver cette perspective sur le terrain, avec une mise
en pratique méthodologiquement cohérente, tout en tenant compte des caractéristiques
culturelles du texte que nous souhaitons didactiser.
32
CHAPITRE III
CADRE MÉTHODOLOGIQUE
Notre recherche a pris comme point de départ une observation du milieu et une
interrogation initiale pour proposer une action concrète sur notre environnement immédiat.
Nous proposons donc une recherche-action en utilisant une technique de recherche
qualitative et quantitative (dans une moindre mesure).
Nous inscrivons en effet notre travail dans le cadre de la recherche-action car
nous pensons selon son postulat « (…) que de l’action peut naître des connaissances
(…) »47, c’est un point de départ pour notre défi de proposer que les étudiants abordent
un type de texte littéraire inconnu en langue française afin de mesurer jusqu’à quel point
ils peuvent développer leur compétence de lecture dans le domaine de la compréhension
écrite avec d’une part leurs connaissances culturelles préalables en langue maternelle et
d’autre part les outils qu’ils ont à leur disposition, en vue de développer également leurs
compétences culturelles par le biais du texte littéraire.
47
RICHER, J.-J., « Recherche-action en FLE », Synergies Chine n° 6, 2011, pp. 47-58.
Consulté sur http://gerflint.fr/Base/Chine6/richer.pdf le 27/10/2014.
33
élémentaire. La méthodologie que nous utiliserons sera structurée de façon progressive
pour atteindre les objectifs que nous nous fixons : lecture attentive des fables de La
Fontaine, sélection d’un corpus selon des critères de pertinence qui seront définis
ultérieurement, sélection d’un échantillon d’étudiants (niveau élémentaire de français),
élaboration d’une fiche pédagogique et d’une fiche d’activité (l’instrument), proposition
d’une grille d’observation de classe, élaboration de questionnaires pour vérifier les
performances atteintes par les étudiants pour l’activité langagière de la compréhension
écrite, questionnaire adressé aux professeurs qui « piloteront » la proposition didactique,
et enfin l’analyse ainsi que l’interprétation des résultats pour en saisir les limites et
corroborer (affirmer ou infirmer) notre hypothèse de départ.
Selon Ch. Puren « l’hypothèse initiale peut ne pas être à proprement invalidée,
mais devoir être modifiée : reformulée, précisée, complexifiée, soumise à conditions,
etc. »48, dans ce sens, nous nous proposons de tester le texte littéraire comme un appui
pour développer la compétence de compréhension en utilisant la méthode « hypothético-
déductive » pour le vérifier : c’est-à-dire poser une hypothèse initiale dans le cadre d’une
recherche-action qui sera mise à l’épreuve grâce à nos enquêtes auprès de la population
cible, afin de formuler des propositions didactiques en adéquation avec les résultats
obtenus.
48
PUREN Ch., Cours en ligne « Méthodologie de la recherche en didactique des langues-cultures » Chapitre
5, « Mettre en œuvre ses méthodes de recherche », 2013.
Consulté sur : www.christianpuren.com/coursméthodologie-de-la-recherche-en-dlc/chapitre-5-mettre-en-
oeuvre-ses-méthodes-derecherche/ le 18-05-2014.
34
nécessaires pour y parvenir. La recherche-action suscite un questionnement qui
permettra de déterminer selon quelles modalités nous pouvons guider les étudiants pour
avoir de meilleurs résultats d’apprentissage du français à travers le texte littéraire, dès le
niveau initial de la Licence.
Au niveau méthodologique, les étapes que nous prendrons en compte pour notre
recherche sont les suivantes :
1) lecture analytique des fables de Jean de La Fontaine et sélection d’une fable pour
l’utiliser comme support d’enseignement-apprentissage dans le cadre de notre proposition
didactique.
3) élaboration d’une fiche pédagogique visant à tester la validité didactique d’un cours
permettant de travailler la compréhension écrite autour d’une fable de Jean de la
Fontaine.
4) élaboration d’une fiche d’activités (support pédagogique) pour les cours qui seront
donnés (accompagnée de son corrigé).
35
3.2 Contexte et population cible
36
3.3 Instrument et recueil des données
La fable
Parmi les genres littéraires travaillés en classe de français, la fable est encore peu
exploitée et souvent reléguée comme support de mémorisation aux enfants à l’école
primaire. Néanmoins, elle peut être travaillée tant au niveau littéraire que culturel, en
abordant le contexte historique et idéologique du XVII e siècle, l’auteur et son message.
La fable que nous avons choisie s’appelle Le Renard et la Cigogne50 qui fait partie
du recueil de Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine (publiées entre 1668
et 1694 à Paris). Nous l’avons sélectionnée sur un critère personnel (évocateur de
souvenirs de lectures de jeunesse) et sur un critère de « disponibilité culturelle », c’est-à-
dire de relative familiarité pour les étudiants qui l’ont parfois lue dans leur enfance, le plus
souvent à l’école primaire. Il s’agit bien ici de réactiver les acquisitions antérieures sur le
plan culturel (c’est la compétence référentielle de Sophie Moirand) afin de faciliter la
compréhension d’un texte qui pouvait pourtant paraître difficile dès le premier semestre
(au niveau linguistique notamment).
Nous avons pensé dans un premier temps à proposer une version de la fable
« simplifiée », c’est-à-dire adaptée au public A1, épurée de toute difficulté lexicale et
morphosyntaxique, mais nous aurions trahi à la fois le texte original (le document brut
« authentique ») et la visée méthodologique de notre hypothèse, à savoir vérifier si la
compréhension d’un texte littéraire authentique peut être proposée dès le premier
semestre en cours de français. Nous avons finalement proposé aux étudiants une version
originale de la fable, volontairement coupée de notes explicatives au niveau lexical (sauf
pour les enseignantes) de manière à conserver le texte original « dans son jus » et de
pouvoir tester notre hypothèse de recherche de façon authentique.
La fiche pédagogique
Nous avons élaboré une fiche pédagogique qui fonctionne comme un canevas
didactique adaptable selon les spécificités du contexte d’intervention. Nous considérons
cette fiche pédagogique non comme une simple proposition didactique parmi d’autres
mais avant tout comme un instrument de recherche, accompagnée d’une fiche d’activités
50
Le lecteur trouvera à l’Annexe A p. 66 la fable du Renard et la Cigogne.
37
et soumise à une expérimentation en classe, à une évaluation de la part des
enseignantes et des apprenants pour vérifier la validité de nos hypothèses de départ.
Sans toutefois écarter totalement les aspects grammaticaux et linguistiques de
notre proposition didactique51, nous avons limité volontairement l’envergure de la fiche
pédagogique à la compréhension écrite pour circonscrire nos objectifs de classe sur
l’orientation de la recherche ciblée préalablement. En outre, nous justifions ce choix
délibéré de nous concentrer sur l’entraînement à une activité langagière en particulier
sans aborder précisément la grammaire ni le lexique, au regard de la difficulté que
pourrait supposer le travail linguistique sur une fable comportant des passés simples et du
lexique spécifique du XVII e siècle. L’expérience menée auprès des étudiants et des
apprenants s’est de plus limitée à une session de 2 heures dans le temps, ce qui a réduit
les possibilités de travail sur les activités langagières qui n’ont pas été toutes abordées.
Toutefois, il nous a semblé justifié de ne pas limiter le cours à la seule
compréhension écrite, dans le cadre d’une réflexion plus large et dans une perspective
actionnelle sur la littérature en classe de langue ; le CECRL rappelle d’ailleurs que
[…] la communication met tout l’être humain en jeu. Les compétences isolées et
classifiées ci-après se combinent de manière complexe pour faire de chaque
individu un être unique. En tant qu’acteur social, chaque individu établit des
relations avec un nombre toujours croissant de groupes sociaux qui se chevauchent
et qui, tous ensemble, définissent une identité. Dans une approche interculturelle,
un objectif essentiel de l’enseignement des langues est de favoriser le
développement harmonieux de la personnalité de l’apprenant et de son identité en
réponse à l’expérience enrichissante de l’altérité en matière de langue et de culture.
Il revient aux enseignants et aux apprenants eux-mêmes de construire une
personnalité saine et équilibrée à partir des éléments variés qui la composeront 52.
Nous avons ainsi élaboré une proposition didactique qui comporte surtout la
compréhension écrite mais aussi l’expression orale en interaction, l’expression écrite et
dans une moindre mesure la compréhension orale, dans une perspective actionnelle qui
intègre des micro-tâches et une macro-tâche finale. Au niveau de la compréhension de
lecture, nous avons élaboré une fiche pédagogique qui permet d’avancer
progressivement vers la compréhension écrite de la fable, en prenant comme références
51
Le choix de la fable s’insère dans la progression naturelle des contenus abordés en Français
Elémentaire I, selon les contenus abordés dans le Programme de l’U.E Français Élémentaire I
ainsi que dans le manuel Echo A1 travaillé en cours. Unité 1, « Apprendre ensemble » : aborder
quelqu’un, dire son nom, saluer-prendre congé, remercier, dire si on comprend).
52
CONSEIL DE L’EUROPE, Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues, apprendre,
enseigner, évaluer, Strasbourg, Didier, 2001 p. 9
38
théoriques les modèles de Francine Cicurel et Sophie Moirand (l’approche interactive de
la lecture et l’approche globale des textes) ainsi que le modèle de K. Goodman avec les
étapes qui mènent peu à peu vers l’élucidation du sens, selon une approche
« descendante » ou top-down de la compréhension écrite. Les illustrations53 et les
questions à difficulté graduelle font partie de ce dispositif et permettent d’accéder
progressivement au sens afin d’éviter la « surcharge cognitive » chez des étudiants
engagés dans un apprentissage du français à un niveau élémentaire, confrontés à la
lecture (décoder, comme en langue maternelle) et à la compréhension en langue
étrangère.
La fiche pédagogique respecte un ordre précis de paradigmes qui nous permettent
de développer les aspects indispensables pour élaborer un cours de façon ordonnée, en
établissant des objectifs à atteindre avec cohérence et de manière simple. La progression
de la fiche pédagogique nous mène vers une succession d’étapes où nous pouvons
identifier les objectifs didactiques et partager ainsi aux enseignantes notre préparation de
cours, tout en exposant ce que nous souhaitons proposer par le biais de ces activités.
Nous proposons une fiche pédagogique structurée à partir des paradigmes suivants 54 :
53
Les illustrations sont elles-mêmes tirées des gravures originales de Le Renard et la Cigogne de Jean-
Baptiste Oudry (1755), J.J. Granville (1803) et Gustave Doré (1867), tirées du site :
http://www.fablesaffables.fr/la-fontaine-illustrees-par-gustave-dore-livre-1er/
54
Ces paradigmes sont issus du modèle de fiche pédagogique proposé par Erwan Morel Langlais dans ses
cours Didáctica de lenguas extranjeras (2005) et Observación y práctica docente (2013) de l’Université
Veracruzana. Le lecteur trouvera à l’Annexe B p. 67 la fiche pédagogique décrite de façon complète pour
comprendre la nature de notre proposition.
39
5. Niveau Le niveau est spécifié selon l’échelle du CECRL, en fonction du
semestre et de l’U.E suivie.
Nous n’avons pas retenu dans cette fiche pédagogique les étapes de
conceptualisation ni celle de la systématisation grammaticale car notre objectif était
principalement orienté vers la compréhension écrite du texte littéraire, sans aborder de
manière détaillée les contenus linguistiques.
40
La fiche d’activités
Il s’agit des supports pédagogiques proposés concrètement en classe pour mener
à bien chaque étape de la classe. Selon l’approche que nous avons sélectionnée pour la
compréhension de lecture, nous avons structuré le cours dans l’ordre suivant : accès au
sens (anticipation, compréhension globale, compréhension détaillée), expression (micro-
tâche, macro-tâche), évaluation (coévaluation formative).
La fiche d’activités est une proposition didactique inédite sur cette fable, respectant pas à
pas les étapes de la fiche pédagogique.
Activité 1 : A. Première étape visuelle du paratexte, observation des gravures et
formulation d’hypothèses sur le type de document qui va être travaillé, la typologie
textuelle (la fable en l’occurrence). B. Premières hypothèses sur la scène et les
personnages. Activité langagière : expression orale.
Activité 2 : A. Deuxième étape visuelle avec une vidéo de la fable projetée sans le son,
affinage des hypothèses. B. Vidéo jouée une deuxième fois avec le son, proposition de
résumé de la fable de la part des apprenants. Activité langagière : compréhension et
expression orales.
Activité 3 : A. Premier accès à la fable écrite avec la remise en ordre des strophes pour
rétablir le sens de la fable. B. Alternance de questions ouvertes et fermées sur la
compréhension fine : scène de l’action, description des personnages (caractéristiques
physiques et morales), la morale de l’histoire.
Activité langagière : compréhension écrite, expressions écrite et orale.
Micro-tâche : expression orale en interaction à partir de dialogues joués en classe.
Macro-tâche : expression écrite consistant à créer une fable illustrée (à la fin du
semestre).
La fiche d’activité55 a été remise avant le cours programmé pour le pilotage de la
proposition didactique, accompagnée du corrigé des activités et du matériel de cours.
Avant le cours programmé, nous avons également proposé de rester à la disponibilité des
enseignantes en cas de doutes sur la fiche pédagogique.
Au niveau pédagogique, les activités ont alterné les phases de travail individuel,
en binômes et en grand groupe. L’évaluation au sein du cours a été proposée sous forme
de co-évaluation formative, c’est-à-dire une grille d’évaluation collective permettant de
55
La fiche d’activité et son corrigé sont consultables aux Annexe C p. 74 et Annexe F p. 80
41
fournir un indicateur de réussite sur la mise en œuvre du dialogue joué en fin de séance.
La macro-tâche comporte également une grille d’évaluation qui pourra être proposée de
manière sommative en fin de semestre. Cette modalité collective et formative d’évaluation
nous a semblé pertinente pour tester justement la validité de notre proposition didactique
et recueillir plus facilement les impressions des apprenants et des enseignantes.
56
Nous avons repris une partie des critères de la Grille d’observation de cours provenant du cours d’E. Morel
Langlais Observación y práctica docente, Université Veracruzana, cf. Annexe G p. 84.
42
Les questionnaires
Nous avons choisi de proposer des questionnaires comportant des questions
ouvertes, dans le cadre d’une recherche essentiellement qualitative. Ce type de question
nous a permis de recueillir et d’apprécier la qualité des réponses, constituant ainsi un
témoignage des impressions et difficultés ressenties pendant le cours, notamment sur
l’activité langagière de la compréhension écrite. Christian Puren affirme ainsi qu’ « avec la
méthode qualitative (appelé souvent « analyse qualitative »), il s’agit non pas de mesurer
les phénomènes (méthode quantitative), mais de comprendre leur nature et leur « qualité
» profondes : c’est ce qui explique que la méthode qualitative soit la plus en adéquation
avec l’épistémologie de la DLC [Didactique des Langues-Cultures]»57.
Les questions ont été volontairement les mêmes, appliquées de façon identique
aux apprenants et aux enseignantes, afin de croiser les résultats plus facilement sur les
mêmes critères. Les questions ont été répondues en français par les enseignantes et en
espagnol par les étudiants de niveau élémentaire pour ne pas limiter l’expression de leur
opinion.
57
PUREN Ch., 2013, Op. cit. p. 41
43
3.4 Techniques d’analyse des données
Les questionnaires
Les cours observés ont donné lieu à des questionnaires58 proposés le jour suivant
les séances d’observation. Le dépouillement des questionnaires s’est fait de manière
minutieuse question par question. Nous avons néanmoins décidé de réduire l’échantillon
du public cible en sélectionnant finalement 10 étudiants dans le Groupe 1 (avec
l’Enseignante A) et 10 autres étudiants dans le Groupe 2 avec l’Enseignante B. Ce nouvel
échantillonnage a été constitué en sélectionnant dans chaque groupe : 3 étudiants qui
n’ont présenté aucune difficulté pendant le cours et durant les activités proposées, 4
étudiants présentant quelques difficultés et 3 autres ayant ressenti plus de difficultés.
Cette variation nous a permis de reconstituer la diversité représentative de chaque
groupe, tout en sachant que chacun d’entre eux est forcément hétérogène et particulier,
habitué aux pratiques enseignantes de leur professeur. Nous avons ensuite tenté de
croiser les commentaires des observations de classe avec les questionnaires adressés
aux étudiants et aux enseignantes, ce qui nous a permis d’enrichir la qualité des résultats
obtenus et de mener une analyse des activités proposées dans la fiche pédagogique afin
de dégager ainsi la pertinence de notre hypothèse de départ portant sur l’étude de textes
littéraires dès le premier semestre de Licence de Langue Française.
58
Le lecteur trouvera les questionnaires adressés aux apprenants et aux enseignantes à l’Annexe H p. 93
44
CHAPITRE IV
Observations de classes
Nous avons bien pris soin de présenter quelques jours avant l’observation le motif
de notre présence et le sens de notre travail auprès des professeurs et surtout auprès des
étudiants. Dans le premier cours observé le 15 octobre 2014 avec l’Enseignante A, un
groupe de vingt-neuf étudiants du premier semestre de la Licence de Langue Française,
cours du matin (10h00 à 12h00), la salle de classe utilisée comportait un tableau, des
chaises en nombre suffisant pour tous les étudiants, un vidéoprojecteur ainsi qu’un
bureau. Elle est située au coin de la rue et il y a beaucoup de bruit à certains moments.
Le cours a commencé dix minutes après l’heure prévue (10h10, pause déjeuner oblige).
La distribution de la classe a été celle de tous les cours, vingt étudiants seulement des
vingt-neuf de l’effectif total ont assisté à la séance observée. Nous considérons que la
participation des étudiants a été très dynamique, ils ont été collaboratifs dans toutes les
activités, ils ont posé des questions à l’enseignante quand ils avaient des doutes.
L’Enseignante A les a guidés tout le temps pour dégager le sens et la cohérence dans les
activités proposées. Elle a tenté de leur demander dans toutes les activités s’ils
comprenaient ou s’ils avaient des questions.
Dans la première étape de l’anticipation, l’enseignante leur a posé des questions
par rapport aux images, ils ont répondu et ont formulé leurs hypothèses en arrivant au
sens de l’histoire, ils ont reconnu la fable, et à partir des questions posées par
l’enseignante, ils se sont rendus compte que les images étaient des gravures anciennes.
L’enseignante a profité de cette thématique temporelle pour réviser les nombres, le verbe
« inviter », et certains détails de prononciation.
Quand ils sont passés aux visionnages de la vidéo, c’est-à-dire, à la deuxième
phase de l’anticipation, il était 10h30, les étudiants ont été attentifs au visionnage sans le
45
son, l’enseignante leur a posé des questions (où ? qu´est-ce qui se passe ?) et leur a
demandé de répondre en utilisant la structure « je peux voir… ». Ils ont réaffirmé leurs
hypothèses avec succès, presque tout le groupe savait déjà la trame de l’histoire. Dans le
deuxième visionnage, ils ont réussi à comprendre certains mots, et avec l’enseignante, ils
ont pu faire une comparaison de la langue actuelle française avec l’ancien français. Dans
cette étape, des doutes par rapport au vocabulaire sont apparus ainsi que sur la négation.
Les attitudes des étudiants étaient favorables à la collaboration et la disposition à vouloir
apprendre, ils ont participé activement. L’enseignante était tout le temps face au groupe,
elle faisait des gestes pour qu’ils puissent faire leurs déductions, elle gesticulait pour
expliquer et a utilisé le tableau pour écrire des mots inconnus ou proposer des exemples.
L’Enseignante A leur a ensuite demandé de mettre en ordre la fable présentée de
façon désordonnée. Ils ont très vite saisi le déroulement de la fable, presque tout le
groupe a bien réalisé cette activité. L’enseignante a demandé de réaliser un résumé des
étapes de la fable, pour constater la compréhension du texte. Ils ont réussi à comprendre
la morale de la fable, et l’enseignante a proposé un dicton comme exemple de morale
dans notre culture : quien ríe al último ríe mejor (qui correspond en français à « rira bien
qui rira le dernier »). Il y a eu des confusions à propos des questions de compréhension,
parce que dans la consigne les réponses portaient sur le texte écrit et non sur la vidéo
(décalage avec l’activité précédente), mais l’enseignante nous a demandé à expliquer ce
point pour résoudre le problème. Cette confusion a concerné les deux groupes, mais elle
a été contrôlée grâce à une consigne reformulée de façon plus précise de la part des
deux enseignantes. Jusqu’à ce moment-là, la programmation temporelle du cours était
déjà dépassée, il était 11h35, et il fallait encore répondre à quelques questions de
compréhension et passer à la micro-tâche.
L’enseignante a donné un temps supplémentaire pour répondre aux questions de
compréhension. Quand ils sont passés à la description des personnages, l’enseignante a
été surprise de voir qu´ils ont pu élaborer des phrases en utilisant « être, avoir » et
plusieurs adjectifs. L’enseignante a écrit au tableau certains mots de vocabulaire qu’ils ont
demandés pour réaliser cette partie. Pour donner une conclusion du sujet de la fable,
l’enseignante a été au-delà du sens de la morale : elle a proposé son avis par rapport à
l’intention de l’auteur pour qu’ils puissent élaborer leurs propres opinions : au-delà de la
Cigogne honnête victime de la ruse du Renard astucieux qui se retrouve piégé à son tour,
la fable incite en réalité à une certaine forme de vengeance !
46
Le temps a été un facteur de stress chez les enseignantes et les étudiants, parce
qu’ils ont jugé d’emblée qu’il n’y avait pas assez de temps pour réaliser autant d’activités
en deux heures de cours. Les étudiants ont d’ailleurs terminé le cours dans un certain état
de fatigue. Dans ce premier groupe, l’Enseignante A a manqué de temps pour proposer à
la micro-tâche (le jeu de rôles) à l’ensemble du groupe-classe mais elle est néanmoins
parvenue à faire passer un binôme sur les dialogues prévus à la fin de la séance, en
développant un dialogue « très cohérent et très amusant » selon la même enseignante A.
Dans le deuxième groupe observé le 15 octobre 2014, un groupe de vingt-quatre
étudiants du premier semestre de Licence de Langue Française niveau débutant, de
l’Université Veracruzana (cours de l’après-midi), dix-neuf étudiants seulement ont assisté
à la séance concernée. La salle de classe a été la même que dans le premier groupe et
disposée de la même façon. Le cours a commencé quinze minutes après l’heure établie
(18h15). L’Enseignante B n’a pas fait d’introduction par rapport à l’auteur ni à l’époque
comme l’Enseignante A, elle a commencé directement par les images. Dans cette phase
d’anticipation, les étudiants ont reconnu les personnages sans que l’enseignante le leur
demande. Ils ont commencé à élaborer leurs hypothèses à propos des images, mais le
manque de contextualisation ne leur a pas permis de savoir l’époque des gravures, ou
imaginer à quel siècle la fable a été créée, une différence significative par rapport au
premier groupe qui avait déjà formulé des hypothèses plus élaborées. Le temps est
respecté dans cette première partie d’anticipation, et le sens de l’histoire semblait compris
jusqu’à ce moment. L’enseignante a collé au plus près du temps pour chacune des
activités proposées.
Quand ils sont passés au visionnage sans le son, ils se sont demandés s’il y avait
des problèmes techniques avec la vidéo, car ils n’ont pas bien compris le fonctionnement
de l’activité. Une fois qu’ils ont su que le manque de son était prévu, ils ont fait des
hypothèses par rapport au lieu, aux personnages, et au temps du déroulement de
l’histoire. Ils ont ensuite abordé le deuxième visionnage mais au début de la confirmation
de leurs hypothèses, ils n’ont pas bien compris le sens global de la fable. L’enseignante
leur a demandé de réaliser leurs résumés, et ils ont pu identifier le concept de
« vengeance », le lieu et les personnages. Ensuite, l’enseignante leur a demandé de
passer à l’activité suivante, la compréhension détaillée, et ils ont rétabli l’ordre des
strophes de la fable de façon correcte (ils ont trouvé les bonnes réponses) mais sans
avoir bien compris jusqu’à ce moment la trame exacte de l’histoire... L’enseignante leur a
47
demandé d’expliquer la 4ème strophe mais ils n’ont pas pu élaborer une hypothèse bien
qu’ils avaient trouvé la bonne réponse.
Le temps des activités a été respecté, il était 19h00 à cette étape de la séance et
ils sont passés aux questions de compréhension. Les étudiants ne montraient pas
vraiment l’intention d’éclaircir leurs doutes. Nous nous sommes aperçus que l’enseignante
leur demandait s’ils comprenaient, mais les étudiants répondaient systématiquement
« oui » même s’ils ne comprenaient pas bien. Les questions de compréhension ont été
difficiles pour eux, et de tout le groupe, seule une petite partie a répondu à toutes les
questions. La même confusion a été présentée pour le deuxième groupe par rapport à la
vidéo et au texte écrit, mais l’enseignante leur a expliqué la consigne et ils ont pu trouver
la réponse. Quand ils ont dû décrire les personnages, la description morale a manqué
parce que les étudiants n’ont pas bien compris la fable. Trois étudiants seulement ont pu
comprendre la tromperie du renard à la cigogne proposée dans la fable, ils n’ont pas pu la
justifier avec les vers du texte, et un seul étudiant a réalisé la formulation à l’oral de la
morale.
L’enseignante est ensuite passée au jeu de rôles, l’attitude des étudiants a
commencé à changer : ils semblaient un peu plus disposés à participer. L’activité s’est
développée avec succès dans le deuxième groupe malgré la nervosité des étudiants pour
passer face au groupe. L’enseignante est passée voir chaque binôme pour vérifier que les
étudiants réalisent l’activité demandée. Dans presque toutes les activités, l’enseignante
leur a demandé de se dépêcher et de ne pas bavarder. Le rôle de l’Enseignante B a été
moins actif dans sa gestualité pour faciliter le sens de la fable aux étudiants. Les morales
proposées de la part des étudiants n’ont pas toutes été pertinentes par rapport à la fable
de La Fontaine, mais ils ont tenté d’élaborer leurs dialogues en respectant les consignes,
ils ont presque tous participé, bien que le manque de compréhension détaillée en amont a
affaibli l’accomplissement des objectifs didactiques...
48
hypothèses à propos du sens de l’histoire. Deux étudiants seulement ont dit que la vidéo
a été peu utile. Toutes les étapes de l’anticipation leur ont semblé utiles pour arriver à la
compréhension fine ; la plus acceptée a été la vidéo, et les images en second lieu. Un
seul étudiant nous a dit que la pertinence dépendait des connaissances préalables de
chaque apprenant. La difficulté la plus observée dans notre échantillon a été celle des
mots inconnus. Les activités que les étudiants ont considérées comme les plus efficaces
pour arriver à la compréhension ont été celles qui consistaient à rétablir l’ordre des
strophes de la fable, la vidéo et les images. L’ensemble des dix étudiants de notre
échantillon a considéré que le texte n’était a priori pas accessible pour leur niveau de
français, mais que les activités leur ont finalement permis de faire face à cette difficulté.
Un seul étudiant a considéré que le texte était a priori adapté pour les débutants. Les
étudiants ont considéré que toutes les activités étaient pertinentes et amusantes, les plus
plébiscitées ont été la vidéo, rétablir l’ordre de la fable, un étudiant nous a dit que les
activités étaient bonnes mais qu’elles lui ont semblé répétitives.
Dans le Groupe 2 (cours de l’après-midi), nous avons sélectionné un échantillon
représentatif de dix étudiants pour analyser leurs perceptions par rapport au cours donné.
Nous constatons que parmi les dix étudiants deux seulement connaissaient la fable avant
de la travailler en cours, huit ne la connaissaient pas, et un étudiant la connaissait mais
de façon très vague. La vidéo leur a paru très utile pour trouver le sens de la fable. Un
étudiant a jugé indispensable l’utilisation de la vidéo, un étudiant a considéré qu’elle était
peu utile et un autre n’a pas répondu à la question. Les étudiants ont considéré que
toutes les étapes de l’anticipation ont été pertinentes pour arriver au sens, la plus
acceptée a été la vidéo. La difficulté la plus importante pour eux a été le vocabulaire
inconnu, mais ils nous ont dit que la manière de présenter le cours (chaque étape de la
séance) leur a permis de comprendre globalement le texte et de se rapprocher du sens
de la fable.
Pour cinq étudiants de notre échantillon représentatif, le texte n’est pas accessible,
un de ces cinq étudiants nous a dit que les activités permettaient d’arriver à la
compréhension. Quatre étudiants considèrent le texte accessible et un de ces étudiants a
jugé les activités efficaces pour trouver le sens de la fable. Un étudiant nous a dit que le
texte était difficile mais qu’il y a des petites parties faciles à comprendre qui aident à
comprendre. Les activités que les étudiants ont considérées comme les plus attirantes
sont diverses, dans ce groupe nous constatons que le jeu de rôles a été très motivant
49
pour les étudiants, suivi de l’observation des images, des questions de compréhension et
de la vidéo.
59
Voir Annexe I p. 95
50
4.2 Interprétation des résultats
Groupe 1
Nous constatons dans le premier groupe que les étudiants sont très dynamiques
et collaboratifs. L’Enseignante A les a guidés dans chaque étape de la classe avec
précision dans les instructions, et en cherchant à atteindre de manière positive la
compréhension du texte écrit. Dans la phase d’anticipation, l’Enseignante A leur a
demandé de réaliser leurs propres hypothèses par rapport à la trame de l’histoire, elle leur
a demandé de penser à l’époque où la fable a été écrite, et l’époque où les gravures ont
été conçues, ce qui nous semble vraiment pertinent au niveau de la réactivation des
connaissances culturelles des apprenants (c’est la compétence référentielle de Sophie
Moirand). L’enseignante a insisté sur les détails visuels pour que les étudiants
comprennent plus précisément le sens du texte écrit. Les étudiants ont répondu de
manière positive en trouvant des éléments qui leur ont permis de comprendre la fable,
comme les mots clés en demandant les détails qu’ils n’avaient pas bien saisis.
La vidéo s’est avérée très efficace pour que les étudiants aient une
compréhension globale du sens de la fable, ils ont pu trouver les étapes constitutives de
la fable, et avoir ainsi une idée générale du sens de la morale. Quand ils sont arrivés au
texte écrit avec les strophes dans le désordre, ils n’ont pas eu de difficultés à reconstituer
l’ordre chronologique de l’histoire. De façon judicieuse, l’enseignante leur a demandé
d’élaborer un petit résumé à l’oral, avec leurs propres mots à partir de chacun des
paragraphes de la fable afin de constater qu’ils avaient bien compris l’histoire, ce qui
n’était pas prévu dans la fiche pédagogique, du moins pour cette étape de développement
des activités. L’Enseignante A a proposé de réfléchir à un dicton en espagnol en
comparaison avec la fable, ce qui a été pertinent par rapport au volet interculturel proposé
dans notre fiche pédagogique. Cet élément nous a paru vraiment intéressant et pourrait
être approfondi dans le cadre de notre proposition ; elle a également proposé de réfléchir
sur la validité de la morale proposée par La Fontaine (la vengeance), cet élément est
aussi très productif pour susciter plus de réflexion critique chez les apprenants.
Les apprenants sont ensuite passés aux questions de compréhension, ils ont pu
répondre à toutes les questions, mais il y a eu une confusion par rapport aux visionnages
de la vidéo et au texte écrit, parce que dans la consigne nous n’avions pas bien spécifié si
51
les questions devaient être répondues par rapport à la fable écrite présentée dans le
désordre. Jusqu’à ce moment-là, le temps dépassait déjà la programmation initiale, les
étudiants ont pris beaucoup de temps pour répondre à toutes les questions, ils semblaient
fatigués, tout comme l’enseignante.
Pour ce qui est du volet actionnel du cours dans ce groupe, il n’y a pas eu
suffisamment de temps pour que tous les étudiants puissent réaliser le jeu de rôles, un
seul binôme a réussi cette tâche avant la fin de la séance. Pour l’Enseignante A, les
activités ont été répétitives selon elle, considérant ainsi qu’il manquait de temps pour les
questions de compréhension, en mentionnant qu’à la fin de la séance, elle a perçu un
certain état de fatigue chez les étudiants. Elle a évoqué aussi sa surprise de voir les
étudiants participatifs, parvenant à comprendre la fable et sa morale. Elle a considéré que
la proposition d’introduire un texte littéraire de cette manière a été un succès dans son
groupe.
Nous considérons que dans ce groupe, malgré le manque de temps pour mener à
bien toutes les étapes du cours, il y a eu une bonne acceptation des activités proposées,
les étudiants ont compris chacune des parties de la séance, et ont pu accomplir leurs
tâches avec succès, à l’exception de la micro-tâche. L’enseignante a été agréablement
surprise de la participation et de l’obtention des résultats positifs dans l’ensemble.
Groupe 2
Dans le deuxième groupe comportant dix-neuf étudiants, nous avons perçu chez
l’enseignante une autre manière de gérer le temps pour tâcher de prévoir la classe en
respectant le temps programmé dans la fiche pédagogique. Nous considérons toutefois
cette stratégie comme contre-productive d’une certaine manière, car l’enseignante a
guidé le cours en respectant le temps plutôt que le sens des activités, il n’y a pas eu
assez de profondeur dans la façon de conduire la classe. Dans ce cas, les étudiants sont
passés par chacune des étapes (anticipation, compréhension globale et détaillée,
expression) de façon ordonnée et rythmée, sans pour autant comprendre l’histoire ni les
détails de façon précise (phase de compréhension fine) : ils ont trouvé les bonnes
réponses mais la plupart du temps sans pouvoir les justifier. Nous avons perçu une
certaine apathie chez les étudiants, ils n’étaient pas vraiment impliqués, peut-être en
raison de leur manque de compréhension du texte. Ils voulaient juste passer à l’activité
suivante pour terminer la séance.
52
L’activité qu’ils ont pu réaliser avec succès a été la micro-tâche, ils ont réussi à
élaborer leurs dialogues en respectant les consignes et en comprenant le sens de
l’activité. Tous les binômes ont pu jouer leurs dialogues face au groupe-classe. À la fin de
la séance, l’enseignante s’est montrée satisfaite de la fiche pédagogique proposée ; elle
nous a même demandé l’autorisation de la proposer à ses groupes du Département
d’enseignement des langues étrangères (DELEX), ce qui illustre son enthousiasme et sa
satisfaction. Elle nous a dit que le cours était très bien conçu, et que les activités étaient
intéressantes pour introduire ce type de documents.
Dans les deux groupes, les étudiants nous ont dit que les activités pour introduire
le texte écrit ainsi que la micro-tâche étaient stimulantes, mais nous nous sommes
aperçus que dans le Groupe 1, l’attitude de participation a été plus marquée au long de la
séance, une différence remarquable par rapport à l’attitude de collaboration du Groupe 2,
qui ne s’est motivé qu’à partir des jeux de rôles. Tous les étudiants nous ont expliqué
dans les questionnaires que la progression leurs a permis de parvenir graduellement à la
compréhension fine de la fable sans s’ennuyer, même si nous constatons concrètement
une situation assez différente entre les deux groupes.
Le jeu de rôles a été pertinent pour dynamiser le cours dans le deuxième groupe
(où le temps a été suffisant pour mener à bien toutes activités). La vidéo a été un facteur
d’aide positive pour que les étudiants abordent le texte écrit sans crainte, au sein des
deux groupes. Nous avons été surpris de lire dans les questionnaires qu’une des activités
préférées des étudiants a été celle qui consistait à remettre dans l’ordre les strophes de la
fable, nous pouvons en déduire que ce type d’activités (rétablir l’ordre / appariement/
association) est particulièrement intéressant et motivant pour travailler le texte littéraire,
au même titre que la vidéo qui a eu beaucoup de succès. Les étapes que nous avons
proposées en guise d’étayage pour guider la compréhension écrite se sont avérées
stimulantes et efficaces. Nous considérons que la fable a été bien choisie pour cette
activité, ce type de texte littéraire difficile à première vue sur le plan linguistique n’a
finalement pas freiné la compréhension écrite qui n’a pas été entravée par les difficultés
lexicales ni les structures grammaticales du XVIIe siècle.
Nous avons pu constater qu’un texte littéraire bien choisi et surtout bien traité
didactiquement (même si cette proposition est largement perfectible) devient accessible
pour travailler des activités langagières diverses même si le niveau de langue est
53
élémentaire. Dans notre proposition du cours, c’est la décomposition progressive de
chaque phase de la séance qui nous a permis de mener les étudiants à la compréhension
fine. Cette stratégie nous a donné la possibilité d’introduire le texte sans provoquer
d’anxiété chez les étudiants liée à la complexité de la langue française du XVIIe siècle.
Nous pensons que l’utilisation de documents vidéo et des images constituent une
référence culturelle valorisante par rapport à la culture étrangère et sont un facteur clé
dans notre proposition car nous faisons appel aux connaissances préalables des
étudiants, en profitant des images culturelles (les topoï) déjà connues par certains d’entre
eux. De cette façon, les étudiants ont plusieurs outils à leur disposition pour travailler le
texte en construisant du sens dans ce qu’ils lisent. Nous estimons que dans les niveaux
plus avancés, il serait profitable de travailler davantage la langue aux niveaux syntaxique
et morphologique avec le texte littéraire.
Nous avons utilisé l’observation de classe pour analyser les résultats, ainsi que les
questionnaires proposés aux apprenants et aux enseignantes. Globalement, nous avons
bénéficié d’une excellente collaboration et disposition de la part des deux enseignantes
ainsi que de leurs étudiants dans le cadre de nos recherches.
Lors des observations de classe, nous avons fait face aux obstacles pratiques
comme le manque de ponctualité des étudiants ainsi que la mesure du temps de classe
pendant la séance observée : des activités se sont chevauchées, en s’appropriant de la
démarche pédagogique, l’Enseignante A a anticipé certaines activités, ce qui a rendu
difficile l’observation rigoureuse des transitions entre chacune des étapes de la fiche.
Difficile aussi d’observer et de juger le comportement des apprenants pendant le cours
(une certaine apathie de quelques apprenants au moment de construire leur
apprentissage, ils ne prenaient pas suffisamment d’initiatives pour essayer d’éclaircir leurs
doutes).
La comparaison entre les deux enseignantes s’est révélée délicate car chacune
d’elles a sa manière particulière de faire le cours. L’expérience d’une des enseignantes a
été un facteur clé pour mener les apprenants vers la compréhension de la fable, et à
54
trouver le sens ou le but de chacune des activités. Toutefois, comment émettre une
opinion objective sur l’Enseignante B sans réduire nos appréciations à des jugements de
valeur subjectifs et superficiels ? Comment juger alors la réussite de la compréhension
écrite dans le Groupe 2 ? Si la proposition didactique est la même dans les deux groupes,
chaque contexte d’enseignement et d’apprentissage est différent, même au sein de la
même Licence et dans la même institution. Nous ne pouvons pas déterminer de manière
définitive laquelle des deux démarches est la plus efficace, parce que nous devons garder
à l’esprit que les groupes et les horaires 60 sont aussi différents.
Nous trouvons dans le Groupe 2 ce qu’a mentionné Philippe Meirieu dans ses
appréciations sur les « moyens d’apprendre »61 : « 2) Distinguer la tâche et l’objectif (…),
qui consiste à avancer que parfois, il y a une certaine « perversion » de l’objectif, et la
classe perd le sens parce qu’il est plus important de « cocher la bonne réponse » que de
comprendre ce qu’on demande de discerner dans le détail ».
Comment doit-on alors observer et quelles conclusions valides tirer au moment
d’observer un cours ? Il semble indispensable de croiser plus de données (observations,
questionnaires aux apprenants et aux enseignantes) sans tomber non plus dans un excès
d’exhaustivité qui ferait perdre le fil de l’interprétation des données. D’autre part,
l’Enseignante B a évoqué sa satisfaction à propos de la fiche pédagogique mais cela ne
s’est pas vraiment reflété pendant le cours avec l’ennui de certains apprenants. Peut-on
en déduire qu’il existe un décalage entre l’enthousiasme de l’enseignante et la réalité de
la classe ou doit-on moins nous fier au témoignage des apprenants ? Les réponses
données dans les questionnaires peuvent être mises en doute car les enseignantes et les
apprenants peuvent se montrer motivées mais ne pas comprendre forcément le sens du
document ni des activités proposées, ce qui constitue un biais dans l’interprétation des
résultats.
Dans les questionnaires des étudiants, nous constatons que plusieurs d’entre eux
ont répondu qu’ils avaient compris la fable, que les activités proposées leur ont semblé
pertinentes, mais dans les fiches d’activités remplies par les apprenants, le panorama
était différent : par exemple, tous ceux qui affirment avoir trouvé le sens n’ont pas
exactement compris la morale, parce qu’ils n’ont pas pu la reformuler dans leurs propres
60
On peut en effet considérer dans le cadre de cette observation que les apprenants de l’après-midi ne sont
globalement pas aussi réactifs que ceux du matin.
61
MEIRIEU Ph., Enseigner: les moyens d’apprendre, Paris, Broché, 2000. p. 13
55
mots. Or, d’autres étudiants nous ont dit que le texte ne leur a pas semblé accessible à
leur niveau de langue dans un premier temps, mais ils ont finalement bien compris la
morale et l’histoire, grâce à la progression des activités. Il est donc difficile de tirer des
conclusions hâtives, tant la situation est complexe et subtile dans le cadre de nos
recherches. Une autre difficulté s’est présentée avec certaines attitudes des étudiants par
rapport à notre observation : ils voulaient bavarder avec nous, ou nous poser des
questions quand ils avaient des doutes, ce qui ne devait pas se produire car l’enseignante
était la seule responsable du cours, et nous devions seulement fonctionner comme
observateurs.
Il aurait fallu également inclure une question sur l’intérêt que peut présenter la
réalisation de la macro-tâche afin de recueillir l’opinion des enseignantes sur la mise en
œuvre de la perspective actionnelle liée au texte littéraire. Afin de résoudre cette situation,
nous aurions dû anticiper cette difficulté avec une phase de pré-test sur un ou deux
étudiants qui auraient répondu aux questions pour vérifier si le questionnaire était fiable.
Il aurait été intéressant aussi de proposer un questionnaire avant et après les
activités de classe pour évaluer l’évolution des opinions sur la difficulté du texte littéraire.
D’autre part, une analyse plus détaillée des fiches d’activités remplies par les apprenants
nous aurait peut-être fourni d’autres indicateurs.
Nous considérons que la réussite de cette fiche pédagogique réside dans
l’adaptation que chaque enseignant lui donne, et ce qu’il décide de travailler par rapport à
la langue ou les activités langagières avec ce type de document. La fiche doit être conçue
comme un guide de propositions ouvertes, à l’instar des manuels de langue qui sont
adaptables aux contextes pédagogiques. Dans ce sens, il convient de tirer des
enseignements à partir des initiatives des professeures et de leurs propositions
d’amélioration62. Une autre manière de tester la validité de la fiche serait de la proposer
plusieurs fois sur le terrain de la classe pour constater ou réfuter les résultats obtenus,
dans l’objectif de l’améliorer, car ce type de recherches exige une expérimentation plus
solide.
62
Nous aurions pu également inclure une question pour proposer aux enseignantes et aux apprenants de
formuler des améliorations à la fiche pédagogiques, dans un souci de prise en compte de leurs besoins
spécifiques.
56
4.4 Propositions didactiques
Nous pouvons avancer que le texte littéraire, même s’il remonte à une époque
lointaine et contient des difficultés linguistiques, peut être travaillé dès le niveau
élémentaire de français, grâce à un étayage cohérent et progressif, comme nous l’avons
proposé dans notre mémoire, même s’il apparaît important d’améliorer les consignes de
travail. Il serait important de rééquilibrer le temps des activités pour accorder plus
d’importance aux tâches actionnelles et à la co-évaluation qui n’a pas été bien exploitée.
Un cours supplémentaire permettrait éventuellement de reformuler de manière plus
cohérente cette proposition didactique. Les difficultés existent et il n’est pas aisé de
mener à la perfection la didactisation d’un texte de ce genre, même si la possibilité de
travailler la littérature dès le premier semestre est bien réelle.
57
Il serait intéressant d’imaginer cet étayage par le biais de l’utilisation des
technologies éducatives (désormais TICE) qui nous permettraient de proposer des
activités de recherche linguistique et documentaire autour de la fable, de l’auteur et de
l’époque. Sur le plan didactique, les TICE permettraient également de dynamiser les
interactions électroniques, en proposant par exemple de réaliser la macro-tâche (création
d’une fable) avec des logiciels audiovisuels. La publication de ce travail serait également
facilitée par les moyens électroniques. Nous avions d’ailleurs proposé dans la fiche
pédagogique une diffusion des fables créées sur internet grâce au site institutionnel de
l’UV.
Nous avons vu que la vidéo est aussi pertinente et attractive pour travailler la
littérature en classe de langues, elle pourrait être utilisée non seulement comme un média
facilitateur de la compréhension écrite mais aussi comme un média déclencheur de
parole : on pourrait imaginer d’enregistrer des vidéos de la tâche finale (macro-tâche), par
exemple, avec une diffusion électronique sur une plateforme pédagogique en ligne pour
illustrer les fables inventées et mutualiser les productions. La multimodalité est à travailler
non seulement au niveau technologique mais aussi au niveau pédagogique avec la
gestuelle, les stratégies d’anticipation, la contextualisation au début du cours sur l’époque
du document et pourquoi pas des activités ludiques plus motivantes à partir du texte
littéraire pour redynamiser le cours.
Nous pourrions aussi imaginer un prolongement de cette fiche pédagogique avec
un travail réalisé au Centre d’Autoaccès (CAAFI), à travers la conception d’un objet
d’apprentissage virtuel qui permette aux étudiants de travailler en autonomie.
La langue serait à travailler de manière plus approfondie également, surtout si
cette proposition didactique est augmentée dans le temps en s’étalant sur 4 heures de
cours au lieu de 2 heures, ce qui permettrait de mener à bien et graduellement les
objectifs pragmatiques et linguistiques annoncés dans la fiche pédagogique mais non
abordés en cours, tout comme la coévaluation formative, très intéressante à exploiter.
D’autre part, nous sommes conscients que travailler ce type de documents
pourrait être lié aux autres U.E de la Licence, et que nous pourrions les traiter en classe
avec d’autres professeurs, en cherchant à donner du sens à toute cette information
proposée aux étudiants, pour qu’ils puissent réaliser une liaison entre leurs
connaissances et « savoir-faire » de manière interdisciplinaire. Par exemple avec
l’enseignant en charge du l’U.E Littérature française, le Cours monographique de
58
littérature française (littérature, histoire, histoire de l’art), Langue et culture (évolution de la
langue française) ou encore les cours d’élaboration de matériel didactique Diseño de
materiales (« Élaboration de matériel didactique ») pour faire le lien entre littérature et
didactisation des textes littéraires.
D’une part, nous pourrions imaginer un travail plus précis et développé sur les
différentes modalités d’enseignement de la culture selon les perspectives inter-trans- et
co-culturelles, en proposant aux apprenants de comparer ce genre littéraire avec un
genre du Mexique (inter-) ou d’un autre pays (trans-), tout en les incitant à construire une
culture commune (co-) d’apprentissage concernant l’entraînement à la compréhension
écrite et concernant la fable en elle-même avec une réflexion sur le vivre-ensemble en
société, à partir de la morale de la fable.
D’autre part, l’intégration des stratégies d’enseignement en français avec le texte
littéraire dans le système scolaire francophone (français langue maternelle FLM - Lettres
modernes) seraient également très enrichissantes pour alimenter nos réflexions en
français langue étrangère (FLE)63 car langue et culture sont très liés : la littérature,
l’histoire, l’histoire de l’art, entre autres. Il conviendrait d’analyser les propositions
didactiques du FLM dans les Bulletins Officiels et notes d’Inspection de l’Education
Nationale en France afin de les comparer à celles du FLE.
63
Le cours en ligne sur la didactique du texte littéraire de Marie Berchoud est d’ailleurs destiné au FLE, FLS
et au FLM : « Textes littéraires et enseignement du français (FLE-FLS-FLM) ». Consulté sur :
http://www.marieberchoud.com/litt%C3%A9rature-textes-litt%C3%A9raires-et-apprentissages/ le 24/10/2014.
59
CONCLUSION
Les réflexions que nous avons entreprises au niveau théorique nous ont montré
que le texte littéraire a largement sa place en classe de langues puisqu’on peut
l’envisager selon Umberto Eco, comme « un outil pour développer la compréhension
d’autrui », en faisant appel à « l’encyclopédie » de chaque individu pour comprendre ce
qu’il lit. Le texte littéraire peut donc être considéré comme un document authentique mais
sans perdre pour autant son attrait esthétique ni culturel. S. Moirand, F. Cicurel et K.
Goodman nous ont permis de structurer l’instrument de nos recherches, c’est-à-dire la
fiche pédagogique, grâce à l’approche globale des textes et à la conception interactive de
la lecture ; il n’est pas nécessaire de connaître tous les mots d’un texte pour arriver au
sens, nous pouvons le construire en utilisant certaines stratégies pour nous rapprocher du
message transmis.
Nous avons choisi une des fables de Jean de La Fontaine, par rapport à l’influence
culturelle que cet auteur a eue à son époque et aujourd’hui encore. Au niveau
méthodologique, nous avons mis en œuvre un dispositif complexe de recherche incluant
la fiche pédagogique, la fiche d’activité, la grille d’observation ainsi que les
questionnaires. Or il nous a semblé difficile de tirer des conclusions hâtives, tant les
paramètres sont nombreux au moment de croiser les différents éléments de notre
dispositif de recherche. Cette proposition didactique qui a constitué en même temps un
instrument de recherche mériterait d’être réévaluée et enrichie, adaptée selon les besoins
des enseignants et des apprenants, ce qui nous rappelle que rien n’est figé et que tout
peut être appelé à être amélioré.
Nous pouvons néanmoins affirmer que cette expérience a été enrichissante car
elle nous a permis de tester sur le terrain la validité d’une hypothèse initiale, une
interrogation qui même si elle n’est pas encore totalement élucidée, nous invite à réfléchir
sur les nombreuses possibilités didactiques du texte littéraire en cours de langues
étrangères, vers la formation de professionnels disposant d’un bagage universitaire solide
en langue et culture francophones.
60
BIBLIOGRAPHIE
61
MOIRAND, S., (1979) Situations d’écrit. Paris, CLÉ International.
NORA, Pierre (dir.) (2001) Les lieux de mémoire, trois tomes, Paris, éditions Gallimard.
PEYTARD, J., et alii (1982) Littérature et classe de langue, Paris, éditions Hatier / Didier.
PUREN, Ch., Histoire des méthodologies de l’enseignement des langues, Paris, Nathan-
CLE international, 1988.
SARTRE, J.-P. (1948) Qu’est-ce que la littérature ? , Paris, Flammarion, 1948.
SITOGRAPHIE
62
sur www.christianpuren.com/coursméthodologie-de-la-recherche-en-dlc/chapitre-5-mettre-
en-oeuvre-ses-méthodes-derecherche/ le 18-05-2014
RICHER, J.-J. (2011) « Recherche-action en FLE », 2011, pp. 47-58. Article en ligne,
consulté sur http://gerflint.fr/Base/Chine6/richer.pdf le 27/10/2014.
TIFOUR, Thameur, (2013) Le texte littéraire: un médium culturel, article en ligne, consulté
sur : http://www.ensani.ir/storage/Files/20140209091349-9577-29.pdf le 22/05/2014.
63
ANNEXES
64
TABLE DES ANNEXES
65
Annexe A ‒ Fable de Jean de La Fontaine - Le Renard et la Cigogne (1678)
Notes adaptées de :
http://www.lafontaine.net/lesFables/afficheFable.php?id=18
66
Annexe B ‒ La fiche pédagogique
PLAN DE COURS
Licenciatura de Lengua Francesa
Ximena Ixchel Valverde Manzanares
1. Thématique
2. Domaine
Domaine personnel : vie privée du sujet, centrée sur le foyer, la famille et les amis et dans
lequel il s’engage également dans des activités proprement individuelles telles que lire
pour le plaisir, tenir un journal, pratiquer. C.E.C.R.L. p.41
3. Public
4. Prérequis et corequis
67
5. Niveau
6. Durée
7. Connaissances et savoir-faire
8. Objectifs généraux
Ce plan de cours est adressé aux étudiants inscrits au niveau élémentaire, ce qui suppose
la compréhension et l’utilisation des expressions familières ainsi que des énoncés très
simples qui visent à satisfaire des besoins concrets.
68
(Descripteurs pour le niveau A1, CECRL p. 26)
Les activités proposées dans le déroulement pédagogique visent à consolider ces objectifs
et renforcer notamment l’activité langagière de la compréhension écrite, en l’occurrence du
texte littéraire. La micro-tâche découlera des activités de compréhension écrite réalisées
en amont.
La macro-tâche est proposée en prolongement de cette séance, au cours du semestre.
9. Objectifs spécifiques
69
12. Déroulement pédagogique
er
1 visionnage de la vidéo de la fable sans le son, description des actions
Accès au des deux personnages. Confirmation de la nature du document (c’est une
fable) et des descriptions formulées dans la phase d’anticipation.
sens
ème
15 min.
2 visionnage de la vidéo avec le son : résumer l’histoire de la fable en
2-3 phrases simples à l’oral. Par exemple en utilisant l’expression : C’est
l’histoire de… C’est l’histoire d’un / d’une….
er
Modalités de travail : 1 visionnage : questionnement du professeur,
participation orale spontanée des apprenants.
ème
2 visionnage : résumé de la fable de manière individuelle et
confrontation en binômes des propositions formulées, participation orale
pour comparer les résumés des uns et des autres.
70
(2 phrases) avec les expressions : Mieux vaut + infinitif / Il faut…
er
Modalités de travail : 1 contact sous forme de lecture individuelle et
remise en ordre des strophes en binômes.
ème
2 lecture de la fable et réponses aux questions de manière individuelle.
Correction à l’oral pour les deux phases de compréhension détaillée.
Technique pédagogique :
Les étudiants devront réaliser en binômes des jeux de rôle pour les mettre
en scène à partir de différents canevas proposés.
Avant de proposer ces canevas, on pourra demander à la classe par
exemple si cette fable de La Fontaine est transposable à une situation
quotidienne actuelle.
Modalités de travail :
71
équipes parmi les 15 qui sont constituées dans le groupe de 30 étudiants).
- Si le professeur est pris par le temps, il peut limiter les jeux de rôles à 3 Durée totale :
dialogues au lieu de 6 (Scènes 1, 2 et 3).
1h50
1) La production orale en interaction (micro-tâche) fait l’objet d’une évaluation formative sous la forme d’une co-
évaluation : pendant qu’un binôme joue son dialogue, le reste du groupe remplit une grille de critères
accompagnée d’indicateurs de réussite (+/-, smiley, etc.).
Avant la passation des jeux de rôle, les étudiants doivent prendre connaissance des critères de réalisation de ce
dialogue : temps de préparation, temps de passation, nombre de répliques, respect de la consigne (canevas,
formulation de la morale).
Évaluation Cette co-évaluation formative représente un indicateur de compétence pour chacun des étudiants. Le professeur
apporte une rétroalimentation constructive et prépare ainsi les étudiants vers la tâche finale. A la fin de chaque
dialogue, les apprenants peuvent proposer en 2 minutes une rétroalimentaiton rapide sur le binôme qui vient de
passer en donnant une appréciation (c’est bien ! / c’est très bien ! / c’est original ! etc.) et quelques conseils en
français (tu devrais / vous devriez / Il faut…. + infinitif) ou en espagnol.
Les étudiants devront finalement remettre leurs brouillons du dialogue écrit au professeur afin de leur proposer
une rétroalimentation sur la partie écrite, en fonction des critères suivants :
Respect des consignes (scène, nombre de répliques, formulation de la morale)
Pragmatique (adéquation des actes de paroles avec la situation jouée)
Correction linguistique du dialogue (morphosyntaxe, grammaire, étendue du lexique A1, orthographe).
Prononciation, rythme et ton, articulation
Originalité du dialogue : mise en scène, gestuelle.
72
2) La production écrite finale (fable) constitue la macro-tâche qui pourra être intégrée à la note de participation
orale de fin de semestre (en accord avec le Programme d’Études pour l’U.E. : Francés Elemental I).
Le professeur évaluera les compétences acquises lors de ces évaluations grâce à des grilles d’évaluation critériée
(choix de critères formels, communicatifs et sociolinguistiques, attribution de points pour chaque élément).
Les points à évaluer pourront être les suivants :
73
Annexe C ‒ Fiche d’activités pour la compréhension écrite de la fable
Image 1 Image 2
Illustration de Jean-Baptiste Oudry, 1755 Illustration de J.J. Granville, 1803
Image 3
Illustration de Gustave Doré, 1867
Activité 2
A. A partir de la vidéo qui est projetée sans le son, précise la description de la scène et des
personnages : de quoi s’agit-il ? Qui sont les personnages ? Où et quand se passe la scène ?
B. Tu peux maintenant formuler un petit résumé de ce que tu as vu et entendu grâce à la vidéo
projetée avec le son (2 phrases).
…………………………………………………………………………………………………………………………....
…………………………………………………………………………………………………………………………....
…………………………………………………………………………………………………………………………....
74
Activité 3
A. Lis attentivement les strophes de la fable et rétablis l’ordre de l’histoire en indiquant le numéro
de chaque étape entre parenthèses.
La Cigogne et le Renard
1. L’invitation du Renard à la Cigogne
Pour se venger de cette tromperie,
A quelque temps de là, la cigogne le prie.
2. La tactique astucieuse du Renard
"Volontiers, lui dit-il, car avec mes amis,
Je ne fais point cérémonie. " 3. L’invitation de la Cigogne au Renard
A l'heure dite, il courut au logis
De la cigogne son hôtesse, 4. La vengeance de la Cigogne
Loua très fort sa politesse,
Trouva le dîner cuit à point. 5. La morale de la fable
Bon appétit surtout, renards n'en manquent point.
Il se réjouissait à l'odeur de la viande
Mise en menus morceaux, et qu'il croyait friande. ( )
75
B. Réponds aux questions ci-dessous pour comprendre la fable de manière plus précise.
7. Décris chacun des personnages en leur attribuant deux caractéristiques physiques et deux
caractéristiques morales selon la fable.
………………………….……………. ………………………….…………….
……..…………………….…........….. ……..…………………….…........…..
…………………..…………………… …………………..……………………
…..........................................……… …..........................................………
76
8. Que signifie le vers suivant tiré de la fable ? Souligne la bonne réponse.
Pour se venger de cette tromperie,
A quelque temps de là, la cigogne le prie
a. Pour sa vengeance, la Cigogne critique la maison du Renard.
b. Pour se venger de l’astuce du Renard, la Cigogne l’invite chez elle peu de temps après.
c. Pour prendre sa revanche de la Cigogne, le Renard prend le temps nécessaire.
10. Quel est le message de Jean de La Fontaine dans cette fable ? Comment a-t-il transmis ce
message ?
………………………………………………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………………………………………………
77
Annexe D ‒ Consignes et critères de co-évaluation formative pour la micro-tâche
Consignes de la micro-tâche :
Par équipes de 2, tirez au sort un dialogue et jouez-le en classe. Préparez pendant 20
minutes au minimum 5 répliques par personnage, vous devez inviter, dire ce que vous
pouvez faire ou ne pas faire, exprimer vos goûts. Formulez une morale à la fin du
dialogue. A l’aide de la grille de co-évaluation, proposez des conseils aux équipes qui ont
joué leurs dialogues (cochez les cases qui correspondent à la performance atteinte).
78
Annexe E ‒ Consignes et barème de la macro-tâche
Consignes:
Nous avons étudié une fable de La Fontaine qui s’appelle ‘Le Renard et la Cigogne’. Nous
avons également joué des petits dialogues avec une morale. Tu peux maintenant créer ta
propre fable en imaginant les personnages et leurs caractéristiques respectives, le(s)
lieu(x), les circonstances de l’action et formuler une morale en adéquation avec l’intention
de la fable. Les personnages peuvent être des animaux, des humains ou même des
objets. Propose une illustration de la fable en utilisant des logiciels informatiques (Paint /
Gimp, Photoshop, etc.). Une fois compilées à la fin du semestre, les fables illustrées
seront publiées de manière électronique sur le site de l’Université.
Longueur attendue : 15 vers (environ 150 mots), avec ou sans rimes (versification libre).
Barème :
79
Annexe F ‒ Corrigé de la Fiche d’activités
(Ce ne sont que des propositions et suggestions de réponses).
B. Décris les personnages, imagine où et quel moment se passe chacune des scènes proposées
dans les illustrations.
Il y a une cigogne et un renard, la scène se passe à la campagne / dans une forêt.
Dans l’image 2, ils sont peut-être dans un restaurant, ils mangent.
Image 1 Image 2
Illustration d’Oudry, 1755-1759 Illustration de Granville, 1803-1847
Image 3
Illustration de Gustave Doré, 1867
Activité 2
A. A partir de la vidéo qui est projetée sans le son, précise la description de la scène et des
personnages : de quoi s’agit-il ? Qui sont les personnages ? Où et quand se passe la scène ?
Il s’agit d’une histoire / c’est un conte / c’est une fable.
Un renard invite une cigogne à manger dans la forêt.
Après, la Cigogne invite le Renard à manger chez elle.
80
B. Tu peux maintenant formuler un petit résumé de ce que tu as vu et entendu grâce à la vidéo
projetée avec le son (2 phrases).
Dans la fable, le Renard invite la cigogne à manger mais elle ne peut pas manger comme lui.
La Cigogne invite le Renard à manger chez elle pour se venger. Le Renard ne peut pas
manger comme la Cigogne.
Activité 3
A. Lis attentivement les strophes de la fable et rétablis l’ordre de l’histoire en indiquant le numéro
de chaque étape entre parenthèses.
La Cigogne et le Renard
81
B. Réponds aux questions ci-dessous pour comprendre la fable de manière plus précise.
1. Qui est l’auteur de la fable et à quelle époque l’a-t-il écrite ? L’auteur de la fable s’appelle
Jean de La Fontaine, il a écrit cette fable entre 1668 et 1694 (au dix-septième siècle).
7. Décris chacun des personnages en leur attribuant deux caractéristiques physiques et deux
caractéristiques morales selon la fable.
82
8. Que signifie le vers suivant tiré de la fable ? Souligne la bonne réponse.
10. Quel est le message de Jean de La Fontaine dans cette fable ? Comment a-t-il transmis ce
message ?
Jean de La Fontaine a utilisé des animaux pour critiquer les défauts des hommes et des
femmes de son époque. Il a dénoncé les mauvaises actions des hommes, il a recommandé
de bonnes actions.
83
Annexe G ‒ Grille d’observation de classe (Modèle d’E.Morel Langlais)
Institution
Cours observé
Date, horaire : ………………..……………………………………………………………………………..…………………………
Public : …………………………………………………………...…..……………………………………………………………………
Age, niveau : ………………………………………….…………..……………………………………………………………………
Nombre d’élèves dans la séance observée : ..……………………………………….……………………………………
Situation de la séance dans la progression pédagogique : ………….………..……………………………………
Objectifs généraux : ………………..…………………………………………….…………………………………………………
Démarche envisagée (de manière générale): ………………..……………..……………………………………………
………………..……………………………………………………………………..………………..………………………………………
Supports utilisés : ………………..…………………………………………..………………………………………………………
Remarques (circonstances particulières du cours) : ………….………..………………………..……………………
84
Rituel de classe (salutations, observations particulières, annonce des objectifs)
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………………….…
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………………….…
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………………….…
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………………….…
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………………….…
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
Démarche
…………………………………………………………………………………………………………………………….…
pédagogique
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………………….…
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………………….…
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………………….…
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………………….…
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………………….…
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………………….…
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………………….…
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………………………………………….…
85
Distribution des salles et des chaises :
en U □ en rangées □ par petits groupes □ autre distribution : …………………………
Salle de Décoration / ambiance de l’espace physique de la classe :
classe ………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
………………..…………………………………………………..………………………………………………………….
86
Capacité d’écoute et d’attention aux élèves (échange d’opinions,
rétroalimentaiton, relances, compréhension des difficultés,
encouragements et propositions de remédiations / supports
complémentaires au cours…) : ….………………………………………………………….
……………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………….
Explication, clarté, reformulations des consignes (rôle du facilitateur) :
………………..…………………………………………………..…………………………………………
………………..…………………………………………………..…………………………………………
Attention portée à l’hétérogénéité des élèves (pédagogie de gran
groupe / pédagogie différenciée, etc.) ……………………………………..…………….
………………..…………………………………………………..…………………………………………
………………..…………………………………………………..…………………………………………
Capacité à prévoir et gérer l’imprévu (rôle proactif):
………………..…………………………………………………..…………………………………………
………………..…………………………………………………..…………………………………………
Articulation des savoirs (théoriques, heuristiques, axiologiques), rappel
des objectifs et justification pédagogique des activités proposées aux
élèves : …………………………………………………………………………………………….….
………………..…………………………………………………..…………………………………………
………………..…………………………………………………..…………………………………………
Place accordée à l’autonomie des élèves (de quelle manière, à quels
moments) : …………………………………………………………………………………………..
Pédagogie ………………..…………………………………………………..…………………………………………
………………..…………………………………………………..…………………………………………
Attitude pendant la réalisation d’activités en autonomie/groupes :
………………..…………………………………………………..…………………………………………
………………..…………………………………………………..…………………………………………
87
Utilisation du tableau (fréquence, organisation visuelle du tableau,
utilisation par les apprenants) :
………………..…………………………………………………..…………………………………………
………………..…………………………………………………..…………………………………………
Évaluation des savoirs travaillés en classe (rôle d’évaluateur, variation
des procédés : évaluation sommative, formative, formatrice : caractère
formateur de l’évaluation, auto-évaluation, co-évaluation, à quels
moments) :
………………..…………………………………………………..…………………………………………
………………..…………………………………………………..…………………………………………
88
apprenants : relation didactique ↔ pédagogie)
………………..…………………………………………………..…………………………………………
………………..…………………………………………………..…………………………………………
89
………………..…………………………………………………..…………………………………………
………………..…………………………………………………..…………………………………………
Enseignement de la culture : culture enseignée (Culture cultivée et/ou
culture anthropologique) perspective didactique adoptée (traditionnelle/
éclectique / co-culture, etc.), importance dans le cours (omniprésente /
équilibrée, accessoire, etc.), angle choisi (ethnocentré / interculturel /
pluriculturel / aucun angle particulier…), intégration de l’enseignement de
la culture au cours (intégration avec un continuum dans les activités de
classe / séparé / diffus…)
………………..…………………………………………………..…………………………………………
………………..…………………………………………………..…………………………………………
90
Attitude envers l’enseignant (docile, respectueuse, indifférente, rebelle, etc.)
………………..……………………………………………………………………………..…………………………………………
………………..…………………………………………………..……………………………………………………………………
Attitude envers la classe (rôle actif, proactif : prend des initiatives, interactif, intéressé,
impliqué, passif, etc.) :
………………..……………………………………………………………………………..…………………………………………
………………..…………………………………………………..……………………………………………………………………
Capacité d’écoute et d’attention entre les élèves (échange d’opinions, solidarité, respect,
etc.)
………………..……………………………………………………………………………..…………………………………………
Élèves ………………..…………………………………………………..……………………………………………………………………
………………..……………………………………………………………………………..…………………………………………
Mobilité dans l’espace de la classe (encouragés à bouger lors d’activités d’apprentissage,
se lèvent en demandant/sans demander l’autorisation, etc.):
………………..……………………………………………………………………………..…………………………………………
………………..…………………………………………………..……………………………………………………………………
Capacité de l’enseignant (rôle de médiateur) et des élèves à gérer les interactions (et
éventuels conflits) au sein de la classe:
………………..……………………………………………………………………………..…………………………………………
………………..…………………………………………………..……………………………………………………………………
Temps consacré et pertinence des modalités de travail par les interactions en classe :
91
………………..……………………………………………………………………………..…………………………………………
………………..…………………………………………………..……………………………………………………………………
Références bibliographiques :
Cours de l’IUFM Université Blaise Pascal, Académie de Clermont-Ferrand (Ministère de l’Education
Nationale), 2007-2008
Cours de l’IUFM Université Picardie Jules Verne, Académie d’Amiens (Ministère de l’Education Nationale)
2007-2012
DARGIROLLE Françoise. (thèse dir. C. Puren) "L’observation de classe dans la formation des enseignants de
langues étrangères". Thèse pour obtenir le grade de Docteur de l'Université Paris-III Sorbonne Nouvelle,
2002.
PUREN Christian (dir.) L’observation de classe, Paris, Didier, 1999
92
Annexe H ‒ Questionnaires proposés aux enseignantes et aux étudiants
93
Questionnaire pour les professeurs
94
Annexe I ‒ Tableau de recueil des données
N.B : Les questionnaires renseignés par les étudiants (échantillons des 10 apprenants de
chaque groupe) et les enseignantes sont consultables dans le Volume II de ce mémoire.
Les réponses apportées par les étudiants en espagnol apparaissent ici directement
traduites en français.
2) L´enregistrement de la
fable a-t-il contribué à
anticiper le sens ?64
95
globale pour atteindre son A4 : Oui, toutes/la fable
la phase de A5 : Oui/Bonne façon écrite.
compréhension fine ? d´apprendre/connaissance A5 : Oui, toutes/images.
Quel élément t´a le acquis. A6 : Oui, toutes/les deux
plus aidé ? A6 : Oui/imaginer/vidéo visionnages.
avec son. A7 : Oui, toutes/images.
A7 : Oui/compréhension A8 : Oui, toutes/vidéo.
détaillée/vidéo et images. A9 : Oui, toutes/vidéo.
A8 : Oui/vidéo A10 : Oui, toutes/vidéo et
A9 : Oui mais texte.
répétitives/vidéo.
A10 : Dépend personne et
situation/utiles/vidéo.
96
analyse-pratique-
comparaison avec les
autres.
97
Questionnaire adressé aux enseignantes :
9) L’enregistrement de la
fable a-t-il contribué à
anticiper le sens ?65
11) Jugez-vous
indispensable chaque Oui, mais pour les Oui, parce que chacun
étape d’anticipation en illustrations, je suggère de permet la compréhension
compréhension travailler seulement deux, d’un texte littéraire.
globale pour atteindre parce que trois, c’est trop !
la phase de
compréhension fine ?
Quel élément vous
semble favoriser le
plus la compréhension
sur ce type de texte
littéraire ?
65
Nous avons commis une erreur au moment d’imprimer les fiches des questionnaires : nous avons imprimé
o
la feuille incorrecte dans laquelle se trouvait la question n 2, qui consiste à demander aux apprenants et aux
enseignantes à propos d´un enregistrement que nous avions enlevé de la première version de la fiche
o
d’activités (remplacée par des illustrations). La nouvelle version de la question n 2 porte sur la pertinence des
o o
illustrations. Malgré notre erreur, nous avons demandé de répondre à la question n 2 à la question n 4 par
rapport aux images proposées dans la fiche.
98
12) Une fois que vous La plus efficace, le fait de La vidéo et les images.
avez proposé le texte présenter chaque segment
écrit aux apprenants, de la fable avec un titre pour
quelles techniques rétablir l´ordre correct.
pédagogiques vous
sont-elles semblé les
plus efficaces?
13) Vous avez abordé un Le niveau de langue n´est Oui, parce que si bien le
texte littéraire du XVIIe pas accessible, en réalité, texte est complexe, les
siècle dès le premier on n´entre pas dans la activités ont permis aux
semestre… langue mais il y a une apprenants de comprendre.
Considérez-vous ce compréhension globale et
type de texte les activités proposées
accessible pour ton permettent la participation
orale et écrite des étudiants.
niveau de langue ?
99